2021|fr|06, Lettre d’un cœur reconnaissant

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LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR

Père Ángel Fernández Artime


Lettre d’un cœur reconnaissant


« Presque par hasard, je suis tombé sur une enveloppe contenant une lettre qui m'avait été remise par une jeune femme lors de ma visite à la maison salésienne de la ville d'Americana au Brésil, dans la Province Salésienne de São Paulo »

C'est avec plaisir que je viens vous retrouver dans cet espace si cher à Don Bosco lui-même. Dans de nombreux Bulletins publiés au cours de sa vie (Don Bosco a vécu encore onze ans après la fondation du Bulletin Salésien), notre bon Père racontait à ses lecteurs ce qui se passait au Valdocco et dans les autres maisons salésiennes. De plus, il enthousiasmait aussi ses jeunes et ses lecteurs avec les nouvelles qui venaient d'Amérique, d'abord d'Argentine puis d'autres pays.


Je crois qu'aujourd'hui encore nous pouvons être enthousiastes et devons faire connaître le bien qui se fait ; nous devons également accompagner la douleur de ceux qui souffrent, comme en ce moment, et non seulement à cause du Covid, mais accompagner aussi la souffrance actuelle au Brésil et en Inde. Cette réalité doit toujours nous rapprocher du cœur et de la souffrance des autres. C'est la vie : il y a tant de raisons d'être reconnaissants, tant de raisons de se réjouir et d'autres raisons de pleurer et d'être aux côtés de ceux qui souffrent.


Ceux qui me lisent depuis sept ans auront remarqué que, dans mes salutations, j'essaye avant tout de transmettre quelque chose de ma vie, quelque chose des « miracles » que le Seigneur me permet de découvrir et de voir à travers le monde, pour communiquer des témoignages simples qui touchent le cœur, comme celui que je vais évoquer.


En rangeant mes papiers, je suis tombé, presque par hasard, sur une enveloppe contenant une lettre qui m'avait été remise par une jeune femme lors de ma visite à la maison salésienne de la ville d'Americana au Brésil, dans la Province Salésienne de São Paulo.


Je me souviens qu'au cours de cette visite, j'ai rencontré des garçons et des filles entre 16 et 24 ans, avec qui j'ai eu des dialogues d'une grande profondeur. Pendant deux heures, nous avons parlé « de Dieu et des Hommes ». Ce fut un beau dialogue avec une centaine de jeunes de cette maison salésienne.


Quand j'ai trouvé la lettre et que je l'ai relue, je me suis dit que, présumant la permission d'Elian, je devais partager ce message simple que m'avait envoyé le cœur d'une jeune femme qui avait trouvé dans une maison salésienne un lieu et des gens qui ont changé sa vie.


J'ai pensé à Don Bosco qui était enthousiaste à l'idée de faire connaître le bien qui se faisait et comment son Système éducatif et évangélisateur transformait la vie de ses garçons. Aujourd'hui, il serait heureux de faire connaître ce que disent de nombreux jeunes de notre temps. Certains peuvent être insatisfaits, bien sûr, mais beaucoup sont heureux dans les maisons de Don Bosco, où ils ont trouvé des amis et vécu des moments de joie à partager, une école qui les prépare à la vie, une vie pleine pour connaître Dieu librement, une maison qui accueille sans condition, comme c'est arrivé à Elian.




La différence dans ma vie


Elian écrit dans sa lettre :

« Americana, le 12 octobre 2017.

Cher Père Ángel, je m'appelle Elian T.S. et j'ai 17 ans.

Je suis émue car il ne m'arrive pas souvent d'être honorée de la présence et de l'attention de quelqu'un qui représente ceux qui accomplissent un travail si beau et si formidable que cela apporte une différence dans ma vie.

Je peux dire que ceux qui connaissent ou simplement s'approchent d'une œuvre salésienne ne sont plus les mêmes, quelles que soient leur religion, leur appartenance ethnique ou leur couleur. Les enseignements, les valeurs et les sentiments affectueux qui nous sont transmis, à nous, les jeunes, peuvent avoir un impact sur nous de telle sorte que leur empreinte vous marque pour la vie.

Je suis arrivée à America en 2005 et, bien que venant d'un milieu religieux différent, à l'âge de 7 ans, j'ai commencé à m'impliquer dans le monde salésien.

De ce contact avec l'histoire et l'œuvre de Don Bosco, j'ai pu en apprendre davantage sur la vie, beaucoup plus que ce que de nombreux jeunes recherchent dans le monde sans le trouver. J'ai pu constater que les choses difficiles de la vie peuvent être surmontées avec l'aide de gens proches de vous, avec un sourire en fin d'après-midi lorsqu’on est fatigué. J'ai fait l'expérience que les prêtres de la maison où je me trouve peuvent souvent être de bons amis et de bons conseillers, et que rien n'est plus beau que l'action de Dieu dans notre vie.

Je ne peux pas dire que cela a été toujours facile. Très souvent, j'ai ressenti de la fatigue et de la frustration, et j'aurais aimé abandonner mes engagements et mon travail, mais heureusement, avec Don Bosco, j'ai pu rencontrer des personnes (dont je me rappelle le visage souriant avec affection) qui m'ont toujours aidée et ne m'ont pas laissé "tomber", des gens qui m’ont ouvert leur cœur, m'ont montré et appris à aimer comme Jésus, et comment le "Père et Maître de la Jeunesse" aimait ses jeunes. J'ai ainsi pu rejoindre l'Équipe Missionnaire, le Groupe Cœur de Jésus et l'Oratoire Saint Dominique Savio auquel je me dédie actuellement et qui signifie beaucoup pour moi car, à travers les sourires des enfants que j'y fréquente, j'expérimente et je sens que tout cela vaut la peine d'être vécu.

Je sais que je parle beaucoup, mais aucun des mots qui sortent de ma bouche ou qui sont écrits ici ne suffirait à dire ma reconnaissance et mon affection pour cet homme de foi qui s'est donné pour nous, les jeunes, et pour ceux qui continuent à faire la même chose aujourd'hui, les Salésiens et les hommes et les femmes des maisons de Don Bosco. C'est magnifique !

Merci pour tout et pour être notre Recteur Majeur.

Avec ma grande affection, Elian T.S. ».


Voilà pour la lettre de cette jeune femme dont je ne sais pas ce qu’elle est devenue ni où elle peut se trouver actuellement : peut-être à l'Université ou au début d'une autre étape de sa vie, peut-être avec un travail professionnel, peut-être en pensant à son avenir et à son projet de vie, peut-être, peut-être ... Mais ce dont je ne doute absolument pas, c'est que ce qu'elle porte dans son cœur (et cette lettre en est un petit mais bien précieux échantillon) lui donnera la force d'être une « grande dame » dans la vie et de donner le meilleur d'elle-même aux autres. Tel est le sens de l'éducation et de la famille : se préparer à la vie pour toujours donner le meilleur de soi-même.


Que le Seigneur de la Vie vous bénisse tous !