2014|fr|05: Interview à Isabel Artime maman du nouveau Recteur Majeur, Àngel Fernández Artime

PREMIER PLAN

Interview à Isabel Artime

maman du nouveau Recteur Majeur,
Àngel Fernández Artime

La Congrégation salésienne est un navire qui a besoin d’un bon timonier pour naviguer.

Le XXVII Chapitre Général des Salésiens a élu Recteur Majeur de la Congrégation le P. Ángel Fernández Artime. Il est né à Luanco (Asturies) et il a fait son petit séminaire à Astudillo (Palencia), puis à Cambados (Pontevedra, Galice) et León. On le retrouve à Mohernando (Guadalajara) pour son noviciat, puis à Valladolid pour ses études de Philo. Ses deux années de pratique se passent à León. À Santiago de Compostelle (La Coruña) il prononce ses vœux perpétuels et fait ses études de Théologie. Il est ordonné prêtre à León. Les premières années de ministère se déroulent à la maison salésienne d’Avilés (Asturies) ; ensuite il va à Madrid pour des études universitaires de Théologie pastorale et de Philosophie. Plus tard il revient à León en tant que Délégué de la Pastorale des Jeunes, puis Vicaire provincial, et enfin Provincial. Directeur d’Orense, cette maison a été sa dernière destination en Espagne avant d’être nommé Provincial à Buenos Aires (Argentine) ces dernières années.

Question.— Isabel, qui vous a annoncé l’élection de votre fils comme Recteur Majeur de la Congrégation salésienne ?

Réponse.— La première personne qui me l’a dit est le provincial de León, P. José Rodríguez Pacheco. Ce fut une très grosse surprise, je ne pouvais y croire. J’ai reçu ensuite un coup de téléphone du P. Pascual Chávez, le Recteur Majeur jusqu’alors. Émue jusqu’aux larmes, je n’ai pu lui répondre. Après j’ai eu aussi des appels du secrétaire de don Pascual, le P. Juan José Bartolomé, et du P. Filiberto González, Conseiller de Communication Sociale.

Q.— Qu’avez-vous ressenti en ce moment ?

R.— J’ai dit : « Mon Dieu, il a besoin de toi, aide-le ». Mais je ne savais pas trop quoi penser, quoi faire. J’ai eu un sentiment d’inquiétude car c’est un poste d’une grande responsabilité où il devra affronter bien des difficultés. Mais aussi… d’espérance. Je lui ai toujours dit que les talents que Dieu lui a donnés, ce n’est pas pour les enterrer mais pour les donner aux autres. Étant sa mère, je sais combien il est capable.

Q.— Lorsque votre fils vous a appelée, qu’avez-vous pu lui dire ?

R.— Cela ne s’est pas passé tout de suite, mais plus de deux heures après les premiers coups de téléphone. Je lui ai raconté que je le savais déjà et que le bon Dieu va l’aider quand il en aura besoin. Il m’a répondu de ne pas m’en faire parce que l’aide et les secours ne vont pas lui manquer. Une conversation très brève. Il avait en ce moment beaucoup à faire ; il me rappellerait pour causer plus tranquillement.

Q.— Comment a-t-il connu les Salésiens ?

R.— La main de Dieu se manifeste clairement dans nos vies. Mon mari et moi nous vivions de la pêche ; lui pêchait et moi je vendais le poisson à notre poissonnerie. Un beau jour, quand Ángel avait neuf ans, María Sánchez Miñambres, une grande amie bienfaitrice de León, lui a demandé s’il voulait aller étudier chez les Salésiens de León. Ángel répondit qu’il y penserait. L’année suivante, à dix ans, il décida d’y aller. Après quatre ans, il aurait pu faire son bac à Luanco, mais il y renonça : il voulait continuer à León. Dès lors les Salésiens avaient pénétré à fond dans sa vie.

Q.— Quelles qualités de votre fils appréciez-vous davantage ?

R.— Une grande bonté. Il est très gentil, très affectueux. Très attentif à tout, à sa famille, à son travail. Tout cela parce que, depuis son enfance, nous lui avons transmis la foi. Nous avons été une famille chrétienne.

Q.— Parmi les choses que vous lui cuisinez lorsqu’il va à Luanco, qu’est-ce qu’il préfère ?

R.— Oh ! Il y a beaucoup de choses qu’il aime, mais surtout les légumes, le pot-au-feu asturien avec des choux, du « chorizo », du boudin, du lard, du « fariñon » ; et forcément aussi la « fabada » de la région. Sans oublier le poisson, tous les poissons. Ici le poisson est extra.

Q.— Un conseil que ses parents lui ont donné pour la vie ?

R.— Ce que j’ai dit avant, au sujet des talents, qui ne sont pas pour lui, qu’il ne doit pas enterrer, qu’il doit en faire profiter les autres.

Q.— Quel est le cadeau qui vous a plu davantage de tous ceux qu’Ángel a pu vous rapporter ?

R.— Une statuette de Notre-Dame Auxiliatrice qu’il m’a rapportée de León, de son temps de Provincial. Ici chez moi et depuis qu’il me l’a donnée, un cierge brûle devant elle les 24 heures du jour, la lumière ne s’éteint jamais. Je l’aime bien.

Q.— Vous souvenez-vous de quelque gaminerie de son enfance ?

R.— Il était si sage qu’il n’en faisait jamais. La seule chose est qu’à sa naissance il n’a pas pleuré, et nous étions inquiets au sujet de sa santé. Pourtant, durant les trois années suivantes, il pleurait sans arrêt. Nous étions au désespoir, mais quand nous sommes revenus chez mes parents et une fois réunis avec les autres membres de ma famille, il n’a plus pleuré du tout. Son enfance a été difficile parce qu’il restait seul pendant de longues journées ; nous étions à la poissonnerie.

Q.— Qu’avez-vous demandé à Dieu et à Notre-Dame Auxiliatrice pour votre fils ?

R.— Qu’ils l’aident beaucoup, qu’il puisse mener à bien son travail. J’appartiens à Dieu d’abord, puis aux saints. Je les ai suppliés de l’épauler dans sa nouvelle mission. Sans leur appui aucune personne ne peut faire quoi que ce soit. La Congrégation salésienne est un navire qui a besoin d’un bon timonier pour naviguer. Dieu et Don Bosco —en tant que son successeur—, l’aideront durant ces prochaines années.

José Antonio San Martín

Photos : José Pérez Mata

Légendes des Photos:

  1. Luanco (Asturies), village natal.

  2. Les parents, la sœur et la nièce du Recteur Majeur.

  3. Maison actuelle des parents à Luanco (Asturies).