2007|fr|05: Aimer la vie: L'arc-en-ciel


E TRENNE 2007

di Pascual Chávez Villanueva


AIMER LA VIE

L’ARC-EN-CIEL


Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l’homme…voici le signe de l’Alliance que j’institue entre moi et vous et tous les êtres vivants… je mets mon arc dans la nuée et il deviendra le signe d’alliance entre moi et la terre”. (Gn 8,21 sv)



Le livre de la Genèse nous montre comment Dieu, qui aime la vie, est vainqueur du chaos et avec sa parole créatrice modèle le cosmos. Tout ce qu’il a fait ne pouvait pas ne pas être un chef-d’œuvre, vu la qualité de l’Artiste. Mais déjà à partir du chapitre 3 et dans suivants, le décor devient tout autre. Une fois renversé le dessein originel de Dieu, à cause du péché qui submerge la face de la terre par la violence et la dépravation de l’homme, l’univers retourne au chaos. Cependant le mal, avec sa logique interne de destruction et de mort, ne peut pas avoir le dernier mot. Ainsi, après le tsunami du déluge, Dieu conclut une alliance avec l’homme, en prenant l’engagement de ne jamais permettre que l’univers créé par lui soit détruit et qu’il devienne un désert peuplé de rage et de désespoir. Le signe de cette alliance avec l’humanité est l’arc-en-ciel : juste après la pluie il apparaît dans le ciel et il semble vouloir embrasser le firmament, pour rappeler à la créature la promesse du Créateur.


Le Dieu ami de la vie n’aime pas simplement la vie humaine, mais toute la vie, la végétale et l’animale, car toute la création est œuvre de son amour. En même temps que la valeur et la dignité de la vie humaine, de la première à la dernière page, la Bible exprime le soin amoureux de Dieu pour la nature, explicité par les paroles de Gn 1,13 : «  Et Dieu vit ce qu’il avait fait, et Dieu vit que cela était très bon». Animaux, plantes, firmament, soleil, océans… tout est bon, tout a une valeur en soi, tout proclame la gloire de Dieu, comme le chante le Psaume 18 : «  Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce ; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance ». Toutes les créatures sont, en effet, invitées à bénir le Seigneur, selon ce que récite le Cantique de Daniel : «  Vous toutes, œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ( anges, cieux, eaux, soleil et lune, astres du ciel, pluies et rosées, vents, feu et chaleur, rosée et giboulée, gel et froidure, glaces et neiges, nuits et jours, lumière et ténèbres, éclairs et nuées, montagnes et collines, toutes choses germant sur la terre, sources, mers et rivières, baleines et tout ce qui se meut dans les eaux, oiseaux, bêtes et bestiaux, fils de l’homme) (3,57-88)


Mais cette reconnaissance est réelle seulement dans la mesure où l’homme reconnaît à son tour la dignité du lieu qu’il habite, et décide de respecter la nature, d’accueillir les créatures et d’accepter la richesse de leur diversité. Seule cette acceptation concrète de tout ce qui existe, mais surtout de l’être vivant, conduit à affirmé la valeur de la création et des droits de celui qui y a été mis comme gardien et, par conséquent, à dépasser l’exploitation et les abus, et à réaliser un développement qui respecte le milieu et à mener une cohabitation harmonieuse avec les autres êtres vivants.

La civilisation industrielle a favorisé aujourd’hui la production et la croissance de richesses, mais trop souvent elle a exagéré dans l’exploitation des ressources, provoquant la déshumanisation de l’homme qui, sans s’en apercevoir, s’est transformé en un pur et simple producteur/consommateur.

La culture de la vie nous mène vive une véritable attitude écologique : à l’amour envers tous les êtres humains, mais aussi envers les animaux et les plantes ; en un mot à l’amour envers toute la création, et à défendre et à promouvoir tous les signes de vie contre les mécanismes de destruction et de mort.


En face des menaces d’exploitation désordonnée, d’oppression de la nature, de développement insoutenable, qui sont en train de produire pollution, effet de serre, déboisement, cimentation, désertification, appauvrissement des ressources, fruit d’une insatiable avidité et d’un manque de responsabilité non seulement vis-à-vis de la création de Dieu qui nous l’a donné comme notre maison à tous, mais aussi vis-à-vis des générations futures, il me semble opportun de rappeler les paroles du grand chef indien Seattle : ce qui blesse la Terre, blesse les fils et les filles de la Terre.

Dieu s’engage à préserver la nature, mais pas sans nous : il nous a fait ses collaborateurs, il nous a investis de responsabilité. L’opération arc-en-ciel pour la sauvegarde de la création est l’œuvre de Dieu, de tous et de chacun.