Signore, da chi andremo?


Signore, da chi andremo?

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1. LETTRE DU RECTEUR MAJEUR

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"Seigneur, à qui irions-nous? Tu as des paroles de vie éternelle" (Jn 6,69)

Parole de Dieu et vie salésienne aujourd'hui


Sommaire:

1. Contempler le Christ, en écoutant la Parole de Dieu

2. Ecouter la Parole de Dieu en salésiens

2.1 Don Bosco, “prêtre de la Parole”

- Formation biblique et ministère pastoral

-Utilisation pédagogique efficace

2.2 Les jeunes, lieu et raison de notre écoute de Dieu

3. "Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu" (Ac 6,2)

3.1 Ecouter la Parole pour faire une expérience de Dieu

- Adorer en silence

- Renoncer à se fabriquer des images de Dieu

3.2 Ecouter la Parole pour devenir communauté

- Réunis parce que sauvés

- Responsables des frères

3.3 Ecouter la Parole pour demeurer fidèles

- “Source de vie spirituelle” (Const. 87)

- "Aliment pour la prière" (Const. 87)

- “Lumière pour connaître la volonté de Dieu dans les événements” (Const. 87)

- “Force pour vivre notre vocation dans la fidélité” (Const. 87)

3.4 Ecouter la Parole pour devenir apôtres

- Réussir à créer des milieux de fort impact spirituel

- Offrir une pastorale de processus de maturation spirituelle

4. "Comme Marie nous accueillons la Parole et la méditons dans notre cœur" (Const. 87)



Rome, 13 juin 2004

Solennité du Corps et du Sang du Christ


Très chers confrères,

Je vous écris dans la solennité de la Fête-Dieu, "mémorial" du Seigneur, mystère de sa vie offerte sur la croix et signe de son amour inconditionnel pour nous. Elle nous rappelle que l'Eglise comme authentique communauté des croyants naît de l'Eucharistie. Nous tous nous restons étonnés devant l'imagination inouïe de Jésus, qui s'incarna pour devenir "chair" pour nous et nous communiquer ainsi sa vie divine.

Même si les lectures du cycle C de cette fête font méditer sur le texte de Luc de la multiplication des pains, nous ne pouvons pas omettre de considérer le discours eucharistique de Jean, qui continue à être le plus pénétrant. Il nous fait comprendre que la Parole est devenue vraiment chair et que ses auditeurs sont donc invités à devenir ses commensaux, aujourd'hui comme hier.

Je souhaite que nos célébrations eucharistiques dans lesquelles Jésus nous nourrit à sa table avec le pain de sa Parole et de son Corps puissent être source d'unité et de fraternité de nos communautés, source de passion salvatrice des jeunes; de telle manière que nous puissions donner nos vies pour eux, pour qu'ils aient la vie en abondance.

Ce fut le secret de la force et de la sainteté de nos nouveaux bienheureux, Don Auguste Czartoryski, Sœur Eusebia Palomino, Alexandrina da Costa ; cette dernière vécut les treize dernières années de sa vie en particulier sans aucune autre nourriture que la sainte communion. L'Eucharistie a été la source de la robustesse spirituelle de nos saints jeunes, Dominique Savio et Laure Vicuña ; leur fidélité au Seigneur s'est nourrie de sa Parole et de son Corps et elle est arrivée au don parfait d’eux-mêmes, jusqu’à la mort au service des autres. C’est là aussi notre chemin pour devenir des disciples authentiques de Jésus.

Être ses disciples, en partageant sa vie et sa mission, ce n'est pas, en effet, une tâche facile aujourd'hui ; elle ne l'a jamais été, d’ailleurs. Les quatre évangélistes racontent de façon unanime qu’il fut facile à Jésus — même trop (cf. Mc 1,16-20 ; Jn 2,1-11) — d’appeler quelques-uns à le suivre, mais qu'il ne réussit pas si bien à les garder longtemps fidèles à ses côtés (Mc 14,50 ; Jn 18,15.27).

Le quatrième évangile nous a laissé un souvenir, aussi mémorable que dramatique, de la difficulté que les disciples les plus proches de Jésus trouvèrent à rester avec Lui. Après la merveilleuse multiplication des pains sur la montagne devant des milliers d'hommes (Jn 6,3-14) et après la rencontre imprévue et rassurante sur la mer agitée, dans l'obscurité absolue (Jn 6,16-21), à la synagogue de Capharnaüm, Jésus s'offrit à la foule rassasiée et aux disciples étonnés, comme le vrai pain de vie descendu du ciel (Jn 6,35.41). Il leur demandait de croire à sa Parole et de manger son corps. Pour la première fois, note le narrateur, "beaucoup de ses disciples", ayant compris la dureté de ce discours et étant scandalisés, "se retirèrent et cessèrent de faire route avec Lui" (Jn 6,66 ; cf. 6,60).

Les Douze, interpellés par Jésus, exprimèrent à travers Pierre leur volonté de rester, non qu'ils eussent compris ce discours, mais parce qu'ils n'avaient personne d’autre vers qui aller, ayant comme Lui autorité ; non parce que les paroles de Jésus auraient été adoucies, mais parce qu'elles avaient été reconnues comme des paroles de vie éternelle (Jn 6,68). Aujourd'hui comme hier, les vrais disciples restent avec Jésus, malgré la dureté de son discours, parce qu'il n’y en a pas d’autre qui vraiment mérite leur foi et parce que seules ses paroles donnent espoir en face des attentes et assurent une vie sans fin.

Chers confrères, je voudrais tant que tous nous pussions écouter Jésus comme les Douze, et que comme eux nous l'aidions à nourrir — et de pain et de Dieu — nos jeunes. J’aurais un grand désir, c’est de nous voir l’écouter même quand il vient à notre rencontre, alors que, comme des croyants dépaysés ou mis en difficulté, nous sommes plongés dans l’obscurité ou submergés par le mal. Je souhaiterais si ardemment nous voir dédier un peu plus de notre temps à accueillir Jésus et à entendre sa parole, "la seule chose nécessaire" (Lc 10,42), parce que nous avons enfin compris que personne d’autre que Lui n’a les paroles qui nous donnent l’espérance et nous font vivre aujourd'hui et à jamais. Je vous invite donc à repartir du Christ, Parole de Dieu.




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