351-400|fr|356 L'exhortation sur la vie consacrée stimule notre marche postcapitulaire

L'EXHORTATION SUR LA VIE CONSACRÉE

STIMULE NOTRE MARCHE POSTCAPITULAIRE



1. Dans la lancée de l'Eglise - 2. Notre lecture - 3. Le don de notre vie consacrée - 4. La spiritualité : une exigence prioritaire - Programme et cheminement - Une pastorale de la spiritualité - 5. Les nombreux terrains de la communion - Experts en communion - 6. Un aréopage pour nous : l'éducation - Conclusion.



Rome, 8 septembre 1996

Fête de la Nativité de Marie



Chers confrères,


Au moment où je vous écris, le document du CG24 a été remis à toutes les provinces. A la première communication, réalisée par nos organes de presse qui a eu lieu durant son déroulement, a suivi la transmission et le témoignage personnel de la part de ceux qui y avaient participé. L'édition officielle des Actes en différentes langues a été envoyée dernièrement. Elle comprend les documents promulgués selon les Constitutions 1 accompagnés d'autres textes utiles pour la pleine compréhension de l'événement et des orientations du Chapitre.

Je suppose que les provinces et les communautés locales s'attachent à comprendre et à intérioriser les motivations offertes par le document, sur la participation des laïcs dans l'esprit et la mission de Don Bosco, et à essayer de les appliquer dans les relations, la structuration, l'organisation du travail et les programmes de formation continue.

Je vous rappelle qu'il est indispensable de traduire dans la pratique et dans la vie, de façon organisée et communautaire, les propositions du CG24 comme je l'ai dit dans le discours de clôture : « Il faudra que les indications du Chapitre s'intègrent dans un projet unitaire et trouvent les moyens de se traduire au mieux dans la vie (mentalité, dispositions, capacités, expériences). Il s'agit de reporter ses larges perspectives sur le terrain de la vie quotidienne. C'est un défi : trouver la médiation efficace entre les indications et la pratique, entre le document et son application concrète » 2.

Le CG24 interpelle chacun : il invite à réveiller et à activer les ressources apostoliques encore latentes en nous, dans notre charisme, dans l'expérience chrétienne et éducative des nombreux laïcs qui collaborent dans nos activités ou que le Seigneur pousse intérieurement à travailler pour les jeunes.



1. Dans la lancée de l'Eglise


Le CG24 se situe au cœur du projet pastoral de l'Eglise pour cette dernière partie du siècle. Il en assume les motifs, les objectifs, les contenus et les modalités d'action.

Ce projet a un nom : nouvelle évangélisation. Nous l'avons entendu et répété maintes fois et nous en avons saisi les implications et les exigences générales. Mais il faut peut-être en approfondir le sens et les conséquences pratiques pour notre vie et notre action éducative.

Il s'agit en effet de prendre conscience des réalisations et des tendances de la culture actuelle, à la lumière de l'Evangile et de la vocation de la personne humaine, pour comprendre à nouveau la signification de salut que l'événement, la présence actuelle et la parole du Christ peuvent avoir sur elle, et pour rénover par conséquent le témoignage chrétien, l'annonce de l'Evangile et l'intervention des disciples du Christ dans l'histoire.

Cela demande donc de méditer à nouveau le mystère chrétien, de lire avec vigilance tout ce qui se passe et de faire un tri attentif des nombreuses opinions qui défient nos convictions et notre expérience de consacrés. Car la foi nous porte à confesser que le Christ est le salut pour tous les temps : hier, aujourd'hui et toujours.

Dans ce mouvement pour une nouvelle évangélisation, la réflexion sur l'Eglise a pris une importance particulière : les documents du magistère ne cessent d'en parler et certains événements significatifs l'ont célébrée, comme les assemblées synodales au niveau de l'Eglise universelle ou de continents. D'où une nouvelle conscience ecclésiale et un renouveau progressif dans la manière de concevoir la relation entre l'Eglise et le monde.

L'Eglise se sait le Peuple de Dieu. Elle proclame et exprime dans l'histoire de l'homme le mystère de la présence active de Dieu. Elle témoigne de la filiation divine qui s'est révélée en Jésus Christ, elle l'enseigne et aide à la vivre. Elle a la mission de convoquer, d'orienter et de rassembler les individus et l'humanité pour qu'ils vivent cette vocation et en assument toutes les conséquences, même temporelles. Elle a donc conscience de devoir manifester dans le monde et dans l'histoire une forme de vie, une annonce et des choix historiques qui conviennent à des images de Dieu et à ses fils dans le Christ.

Dans ce contexte elle a voulu approfondir, à la lumière de la Parole, de son expérience pluriséculaire et du climat actuel, les trois conditions fondamentales dans lesquelles ceux qui ont été appelés à la foi vivent en plénitude leur vocation de disciples du Christ : les conditions du laïcat, du ministère et de la consécration religieuse.

L'exhortation apostolique Vita consecrata a livré sa réflexion sur cette dernière. Elle résulte d'un long travail : sa préparation, la réalisation de la IXe assemblée du Synode des évêques et l'élaboration bien soignée du document qui a suivi. Celui-ci a été publié pendant que notre CG24 était en pleins travaux. Il lui a fourni les principes inspirateurs et le cadre de référence pour comprendre les relations entre les différentes réalisations du charisme salésien, et a eu un poids décisif sur les orientations pratiques. Vous en trouverez la trace tout le long du texte dans les abondantes citations et références.

En ce moment d'étude et d'application du CG24, il est donc bon de reprendre l'exhortation pour aller au-delà d'une lecture superficielle de légitime curiosité. C'est ce que je me propose ici, après l'avoir étudiée avec les membres du Conseil général pour notre profit personnel et dans le but de partager avec vous quelques unes de ses perspectives.

Cela aura, je pense, deux effets salutaires. Nous situer plus profondément dans la communion de l'Eglise qui est appelée partout à réfléchir sur la vie consacrée comme étant d'intérêt général. Car c'est à bon droit que les Pères du Synode ont utilisé une expression, reprise et soulignée abondamment : « De re nostra agitur » 3. Il s'agit d'un point qui intéresse toute l'Eglise.

Cela nous aidera, en outre, à mieux mettre au point quelques nœuds fortement sentis au CG24, dont la bonne compréhension conditionnera la qualité de notre vie et l'efficacité de notre manière de faire.




2. Notre lecture


Ce n'est pas le moment de faire une présentation systématique du contenu de l'exhortation. Elle s'organise en trois chapitres autour de la consécration, de la communion et du service, et son langage non spécialisé est à la portée de toutes les personnes consacrées.

Les différents points de vue pour lire l'exhortation : biblique, théologique, historique, juridique et pastoral, ont été abondamment traités dans des congrès, des séminaires et des publications, en particulier ceux qui sont dirigés par des religieux. On y trouve un matériel utile pour la lecture personnelle et communautaire.

L'exhortation mentionne aussi des problèmes doctrinaux et pratiques encore à éclaircir, qui ont été confiés à des commissions d'étude. Nous sommes intéressés surtout par ceux qui regardent les Instituts mixtes et les nouvelles formes de vie évangélique 4. Nous les suivons et nous attendons des développements ultérieurs pour décider, le cas échéant, une orientation conforme à notre identité charismatique. C'est ce qu'a indiqué le CG24 dans une délibération concernant la forme de notre Société : « A la lumière de l'exhortation apostolique Vita Consecrata (n° 61) et des développements juridiques en cours sur la " forme " des instituts religieux, le CG24 estime important d'étudier la possibilité d'une forme " mixte " de notre société et d'examiner à fond si les nouveautés inhérentes à cette forme répondent à notre charisme et au projet original de notre Fondateur » 5.

Mais au lieu de nous arrêter maintenant sur ces points, je veux parcourir le texte avec vous pour recueillir et intérioriser quelques points en vue de les collationner avec notre expérience et de les situer dans le temps que nous vivons comme Congrégation.

C'est une lecture qui demande l'accueil intérieur, l'attention préférentielle accordée à certains points essentiels et sûrs, la confrontation avec notre vie concrète et notre mentalité.

Certains ont déjà indiqué les limites de l'exhortation. Ils nous rappellent que nous vivons dans le temps et que, après cet effort important de réflexion, il y a encore devant nous du chemin à parcourir. En prendre acte avec sérénité fait partie de la coresponsabilité des religieux vis-à-vis de toute l'expérience de la vie consacrée. Mais il serait mesquin et inutile de s'y arrêter alors que l'exhortation nous offre tant de richesses. La sagesse demande de donner à chaque élément son juste poids en fonction de la vie.

Sur la même lancée, il sera utile aux communautés d'en faire une lecture créative qui ne se contente pas de prendre acte du contenu, mais cherche à le reformuler sur mesure en comparant l'écrit et leur vécu. Le texte doit servir à stimuler l'évaluation, la réflexion, la conversion et le changement.

Ce qui nous importe enfin est une lecture pastorale. Les personnes consacrées ont accueilli avec gratitude cette exhortation de Jean Paul II. Elles la considèrent comme un outil de révision et de relance au sein de leur Institut, mais aussi comme une occasion de faire prendre conscience du don de la vie consacrée dans la communauté ecclésiale et dans l'histoire humaine. Elle est souvent peu connue dans sa signification essentielle, même là où les personnes consacrées sont en contact quotidien avec les gens. On se demande si notre langage et nos signes sont à même de la faire comprendre ou si nous n'avons pas négligé de communiquer notre expérience.

Nous, nous avons un intérêt particulier à présenter aux jeunes la beauté de sa signification éternelle et sa valeur pour aujourd'hui. Cela fait partie de l'itinéraire de foi que nous avons cherché à expliciter au cours de ces six dernières années, répond au moment particulier de définition de la vie que traversent les jeunes, et rencontre leur profond désir d'en connaître les meilleures réalisations. Nous devons donc reprendre possession de notre expérience pour en faire un message et la communiquer avec efficacité.



3. Le don de notre vie consacrée


La répétition du mot don est impressionnante. Il se réfère à la totalité de la vie consacrée, à chacune de ses manifestations historiques ou charismes, à bien de ses composantes ou aspects particuliers : les vœux, la communauté, le service de charité. Un don reçu est un don offert. L'abondance des modalités sous lesquelles cette référence est sans cesse proposée laisse en fin de lecture l'impression que le don se situe parmi les catégories fondamentales qui permettent de saisir, dans sa juste lumière, la nature de la vie consacrée. Le don ramène à la gratuité, à l'amour qui en est à l'origine, à la joie de se sentir objet de prédilection, à son excellence.

On s'arrête souvent sur les questions qui concernent notre identité de consacrés. Plus souvent encore il nous arrive d'écouter ou de nous mettre à analyser les difficultés à surmonter pour réussir à être significatifs. Ce qui nous y provoque, c'est l'ambiance séculière peu encline à reconnaître la valeur d'options et de motivations qui vont au-delà du fonctionnel, du temporel ou du pratique. C'est aussi l'inefficacité apparente de nos efforts par rapport aux grands phénomènes de notre temps : la perte du sens religieux, la désorientation éthique, les pauvretés qui prennent de l'extension et deviennent toujours plus extrêmes, les conflits qui dégénèrent en violence prolongée. C'est encore la faible réponse des vocations, en particulier là où semble prévaloir la rationalité, le bien-être et le développement. Et c'est surtout la conscience de nos limites personnelles et institutionnelles pour réaliser un projet qui nous attire dans sa présentation idéale.

Nous salésiens, en particulier, nous nous demandons comment vivre et raconter notre expérience aux jeunes ouverts aux significations et disponibles aux expériences spirituelles, mais tiraillés par des sollicitations multiples et fugaces, portés vers des projets plus immédiats, différents de nous par les goûts, le langage et le style de vie. Ils nous interrogent souvent sur la signification et les raisons de notre existence consacrée.

Cette confrontation avec le monde n'est pas étrangère à l'expérience du croyant et de la personne consacrée. Nous en trouvons de nombreuses traces dans la Bible. Les psaumes l'expriment avec une efficacité insolite et sous forme d'invocation insistante lorsqu'ils font allusion au défi du sceptique : « Où est-il ton Dieu ? » 6. Car la présence de Dieu et l'expérience qu'elle provoque chez l'homme ne peut se réduire à une vision purement temporelle et ses signes sont assez étrangers à la perception humaine : enveloppés dans le mystère, ils requièrent la foi et la grâce.

L'exhortation n'a pas ignoré ces données d'une analyse qui n'est pas simplement sociologique ni conjoncturelle, mais théologique. Elles se lisent en filigrane. Mais elle n'a pas voulu en faire un chapitre important. Elle n'a même pas considéré comme négative la nécessité de se mesurer avec le contexte sécularisé où nous sommes appelés à témoigner de notre option pour la primauté de Dieu et de la charité. Pas plus qu'elle n'a voulu se plaindre, à tort ou à raison, de certaines déviations de la vie consacrée dans l'ensemble du processus complexe de rénovation qui a suivi le Concile Vatican II.

Sa vision est positive et stimulante. Elle tourne avec insistance les yeux vers les valeurs de la vie consacrée, qu'elle éclaire de points de vue nouveaux.

Certains d'entre eux font appel à l'expérience personnelle de ceux qui se sont sentis appelés à ce genre de vie : la lumière particulière dans laquelle le Christ nous est apparu et la fascination qu'il a exercée sur nous, la richesse des perspectives qui s'ouvrent à l'existence quand elle se centre sur Dieu, la paix qu'on éprouve à aimer d'un cœur sans partage, les joies du don à la mission, le privilège de jouir de l'intimité du Christ et de participer de façon consciente à la vie de la Trinité. Le tout exprimé dans l'icône de la Transfiguration du Christ devant ses disciples, choisis par lui, témoins de sa gloire.

C'est une invitation à revisiter nos moments de Tabor, les aspects les meilleurs de notre expérience personnelle, pour les interpréter à la lumière de la Parole de Dieu et les assumer comme des motivations pour avoir le courage de rester fidèles.

La valeur de la vie consacrée se révèle aussi dans et par l'Eglise. Elle produit des fruits abondants de sainteté et de service en chaque saison de l'Eglise 7. De rapides tranches de l'histoire en font voir la persistance, la richesse, la diversité de formes et la correspondance aux besoins de la communauté chrétienne, qui ont caractérisé l'apparition des différents modes de la vie consacrée ouverte aujourd'hui encore à de nouvelles expressions. Un Evangile qui se déroule dans le temps ! Elle ne cesse de proposer la sainteté, respecte le style de vie du Christ, aide à découvrir les signes du Royaume et conduit sans cesse à la réalisation définitive de l'homme. C'est pourquoi elle est indispensable, moins à l'organisation du travail de l'Eglise qu'à son expérience essentielle : le mystère, la relation avec son Seigneur.

La considération de la valeur de notre consécration, dans l'échange avec d'autres vocations ecclésiales, dans un « harmonieux ensemble de dons » s'accorde de façon particulière au temps que nous vivons. Le CG24 nous le rappelle dans sa description du rôle de la communauté religieuse au sein de la CEP : « Par sa vie même, le salésien SDB traduit l'Evangile en un langage accessible surtout aux jeunes : par les valeurs de la consécration il pose des questions et indique une possibilité de sens ; par son dévouement, il annonce que le vrai bonheur consiste à perdre sa vie pour la retrouver ; par son style, il rend attrayant l'esprit des béatitudes et annonce la joie de la Pâque ; par son action en communauté, il devient une image de l'Eglise, sacrement du Royaume » 8.

Comme éducateurs engagés dans la promotion humaine et la culture, nous sommes encouragés aussi par les perspectives qui parlent de l'incidence de la vie consacrée sur l'histoire de l'homme non seulement à travers le service, mais aussi à cause des horizons qu'elle ouvre, des valeurs dont elle témoigne et des dispositions qu'elle crée.

Fixer les yeux sur le don de Dieu et y découvrir la profondeur de la sagesse, la clarté de la vie, la beauté des expériences, la joie des rencontres, la générosité de l'amour, voilà qui nous met dans un climat de contemplation.

Les lectures superficielles du concret de la vie consacrée peuvent en effet laisser l'impression qu'elle est étrange, inefficace et insignifiante. Si nous remontons aux sources de notre façon de vivre, à la grande présence qui l'a provoquée, à la Parole qui éclaire son sens et son destin, nous prenons plus vivement conscience du mystère qui opère en nous, et nous saisissons dans leur profondeur les faits qui nous interrogent.

L'action de grâce traverse donc le document dès les premiers mots. Quelqu'un a dit que le texte passe sans cesse de la théologie à la doxologie, de la réflexion à la louange de Dieu.

La contemplation du don de Dieu suscite le confiance sereine pour affronter les difficultés présentes et espérer en l'avenir. Certes il y a des questions de signifiance, d'adaptation pastorale, de style de vie, de dialogue culturel. Nous sommes à une époque de récolte et de semailles. Mais Jean Paul II nous encourage : « Vous n'avez pas seulement à vous rappeler et à raconter une histoire glorieuse, mais vous avez à construire une grande histoire ! Regardez vers l'avenir, où l'Esprit vous envoie pour faire encore avec vous de grandes choses » 9. Notre vie est « une vie que la main du Christ " touche ", que sa voix rejoint, que sa grâce soutient » 10. Elle se déroule, comme un exode, de la lumière de la Transfiguration à la lumière définitive de la Résurrection 11.



4. La spiritualité : une exigence prioritaire


La spiritualité se présente comme la dimension fondamentale de la vie consacrée, comme le point de convergence qui unifie toute les perspectives à partir desquelles elle s'approfondit : théologiques, historiques, bibliques, pastorales. Elle est donc un point qui imprègne l'exhortation tout entière.

Mais elle se condense aussi dans certains numéros qui la présentent sous une forme directe et pratique. Les titres de ces numéros constituent une synthèse facile à comprendre : une existence transfigurée : l'appel à la sainteté 12, un ferme engagement dans la vie spirituelle 13, la formation permanente 14, une réponse spirituelle à la recherche du sacré et à la nostalgie de Dieu 15. Jamais séparée de la réflexion théologique ni de l'activité apostolique, et moins encore en opposition avec elles, elle s'enracine solidement dans la première et donne sa forme caractéristique à la seconde.

C'est à bon droit que l'étude approfondie de l'exhortation permet d'affirmer que, s'il est un point fort à souligner dans le document, c'est bien la spiritualité réaliste et incarnée, qui se révèle tant dans la doctrine presque « mystique » que dans les multiples références explicites au besoin et au devoir de spiritualité 16.

C'est de l'Esprit, qui en est la source et le germe, que prennent forme la configuration particulière de la consécration, le style de la mission, la vie communautaire et la pratique originale des vœux.

La spiritualité est donc comme le principe d'individuation à partir duquel se développe l'identité. La vie consacrée en effet ne naît pas d'un projet général, pensé en chambre, mais d'expériences concrètes de vie dans l'Esprit, selon lequel on accueille, sent, approfondit et exprime l'amour pour Dieu et le prochain, qui s'est révélé en plénitude dans le Christ. L'exhortation le répète en de nombreux points, mais s'y arrête surtout dans l'introduction quand elle trace le visage spirituel des diverses formes de vie consacrée qui sont apparues au cours du temps. 17

C'est à exprimer totalement chaque spiritualité originale que tendent la règle, les projets et les ordonnances. « Tous ces éléments, bien intégrés dans les différentes formes de vie consacrée, constituent une spiritualité particulière, c'est-à-dire un projet concret de relation avec Dieu et avec le milieu, caractérisé par des accents spirituels et des choix d'action déterminés, qui font ressortir et présentent l'un ou l'autre aspect de l'unique mystère du Christ. Quand l'Eglise reconnaît une forme de vie consacrée ou un Institut, elle confirme que dans le charisme spirituel et apostolique se trouvent toutes les conditions objectives pour atteindre la perfection évangélique personnelle et communautaire » 18.

La vie spirituelle est donc « une exigence prioritaire, inscrite dans l'essence même de la vie consacrée, du fait que, comme tout autre baptisé, et même pour des raisons encore plus contraignantes, celui qui professe les conseils évangéliques est tenu de tendre de toutes ses forces vers la perfection dans la charité » 19.

C'est d'elle que dépend la fécondité apostolique et l'attrait de la vocation sur les nouvelles générations. Elle se présente comme l'énergie et le carrefour pour le renouveau qui a été au centre de la réflexion, des projets et des attentes de ces dernières années : « Tendre vers la sainteté : voilà en bref le programme de toute vie consacrée, également dans la perspective de son renouveau au seuil du troisième millénaire » 20.

Cet impératif, répété après l'évaluation opérée par le Synode, semble désigner la spiritualité comme « l'ultime frontière » de la vie consacrée, comme l'unique possibilité qu'elle a de se rendre significative et féconde. C'est elle seule en effet qui pourra donner de la crédibilité à la proposition éthique, parce qu'elle est animée de la vérité et de l'amour ; elle seule qui pourra, dans la pastorale, aller au-delà de la simple initiation catéchistique et des aspects d'organisation, parce qu'elle s'inspire de la logique de la grâce et des sacrements, et elle seule qui pourra vivifier par la charité l'annonce, la célébration, le témoignage et le service 21.



Programme et cheminement


Le discours sur la vie spirituelle devient concret lorsque qu'il rappelle les dimensions et les exigences confirmées par l'expérience séculaire de la vie consacrée.

Avant tout la fidélité au patrimoine spirituel de chaque Institut 22. Une fidélité créative et non la simple observance matérielle ou la conservation statique. Il faut se rattacher à l'âme, aux dispositions et aux options évangéliques des fondateurs et des fondatrices pour répondre aux défis qui nous viennent de la mentalité dominante ou des problèmes actuels de la convivialité humaine. Chaque charisme comporte en effet une forme de relation avec le Père, avec le Fils et avec l'Esprit Saint qui s'exprime dans l'histoire. Cette fidélité créative ne concerne pas les seules activités apostoliques, mais avant tout le style de vie des personnes et des communautés. C'est de là que vient l'invitation à la transparence évangélique, à la radicalité et au courage apostoliques. C'est dans le contexte de cette fidélité, affirme l'exhortation, qu'« il apparaît aujourd'hui nécessaire pour tous les Instituts de renouveler leur considération de la Règle, parce que, dans cette dernière et dans les constitutions, un itinéraire est tracé pour la " sequela Christi " » 23 et que s'offre l'authentique tradition spirituelle de l'Institut. Cela invite à explorer sans cesse et à tirer de notre patrimoine des richesses toujours nouvelles.

Parmi les dimensions à cultiver avec une attention particulière vient en première place la dimension contemplative, qui s'exprime par le sens de la présence de Dieu accueilli avec amour et gratitude. C'est à elle que font allusion nos Constitutions quand elles affirment que « quand il travaille au salut de la jeunesse, le salésien fait l'expérience de la paternité de Dieu et ravive continuellement en lui-même la dimension divine de son activité. [...] Il entretient son union avec Dieu, conscient qu'il faut prier sans cesse, en un dialogue simple et cordial avec le Christ vivant et avec le Père qu'il sent tout proche. Attentif à la présence de l'Esprit et faisant tout par amour de Dieu, il devient, comme Don Bosco, contemplatif dans l'action » 24.

Cette dimension est sans cesse nécessaire à tous : « La théologie, pour pouvoir mettre pleinement en valeur son âme sapientiale et spirituelle ; la prière, pour qu'elle n'oublie jamais que voir Dieu signifie descendre de la montagne avec un visage si rayonnant qu'il faut le couvrir d'un voile ; l'engagement, pour renoncer à s'enfermer dans une lutte sans amour ni pardon » 25.

La dimension contemplative traverse et imprègne toutes les formes de vie consacrée, bien qu'elle ait pour chaque charisme ses lieux et ses moments typiques qui la manifestent. Comment l'assume et la pratique le salésien, deux textes l'expriment qui relient étroitement la prière et la rencontre éducative. Le premier est l'article 95 des Constitutions : « Le besoin de Dieu, perçu dans l'engagement apostolique le porte à célébrer la liturgie de la vie jusque dans l'" activité infatigable sanctifiée par la prière et l'union à Dieu ..." ». Le second concerne le moment éducatif comme lieu caractéristique de notre expérience de Dieu : « Don Bosco nous a appris à reconnaître la présence active de Dieu dans notre travail éducatif, à en faire l'expérience comme d'une vie et d'un amour. [...] Nous croyons que Dieu nous attend dans les jeunes pour nous offrir la grâce de Le rencontrer [...]. Le moment éducatif devient ainsi le lieu privilégié de notre rencontre avec Lui » 26.

La dimension contemplative puise sa nourriture et sa force aux sources qui la préservent de l'érosion et des chutes de tension. L'exhortation souligne la Parole de Dieu, la communion avec le Christ dans la liturgie, en particulier dans l'Eucharistie et la Réconciliation, la direction spirituelle. Elle insiste sur la valeur de la Lectio divina : « Pratiquée suivant les possibilités et les circonstances de la vie de communauté, elle invite à partager avec joie les richesses puisées dans la Parole de Dieu, grâce auxquelles des frères et des sœurs progressent ensemble et s'aident à avancer dans la vie spirituelle » 27. On sait qu'elle comporte une approche attentive du texte, une intériorisation de la Parole, la confrontation avec la vie, et le partage. Elle nous suggère de récupérer des moments et des formes de communication spirituelle qui porteraient à donner plus de relief à la Parole de Dieu comme le veut l'article 87 des Constitutions : « La Parole, écoutée avec foi, est pour nous source de vie spirituelle, aliment pour la prière, lumière pour connaître la volonté de Dieu dans les événements et force pour vivre notre vocation dans la fidélité. »

La dimension apostolique ressort du lien intérieur qui unit la consécration et la mission : « Leur appel comprend donc l'engagement à se donner totalement à la mission ; de plus, sous l'action de l'Esprit Saint, qui est à l'origine de toute vocation et de tout charisme, la vie consacrée elle-même devient une mission, comme l'a été la vie de Jésus tout entière » 28. Il est donc indispensable de comprendre et d'entretenir une spiritualité de l'action qui conduit à « voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu » 29. C'est la signification immédiate de l'icône du lavement des pieds où « Jésus dévoile la profondeur de l'amour de Dieu pour l'homme » 30.

La spiritualité comporte encore une dimension ascétique, de résistance ou de combat spirituel, représentée par l'icône de Jacob en lutte contre l'ange. « L'ascèse, aidant à dominer et à corriger les tendances de la nature humaine blessée par le péché, est vraiment indispensable pour que la personne consacrée reste fidèle à sa vocation et suive Jésus sur le chemin de la Croix » 31. Il s'agit d'un point qui ne s'accorde guère avec la sensibilité courante qui recherche la satisfaction des désirs et qui la justifie. Chaque institut a une tradition ascétique cohérente et son propre style spirituel. Le nôtre la définit par quelques mots clés : travail, tempérance, cœur et compétence dans la tâche d'éducation, relation fraternelle.

Un point important de cette ascèse est d'intégrer dans le projet de vie en Dieu quelques tendances qui, lorsqu'elles se développent de façon autonome, compromettent la qualité de l'expérience spirituelle et les finalités de la mission : la recherche excessive de l'efficacité et de la compétence professionnelle coupées de la finalité pastorale, la sécularisation de la mentalité et du style de vie, les formes, parfois larvées, de nationalisme ou l'affirmation excessive de la particularité culturelle 32.

La spiritualité est un cheminement qui conduit à assumer la totalité de l'existence dans ses différentes phases. « Le sujet trouve, dans toutes les étapes de sa vie, une tâche différente à accomplir, une manière spécifique d'être, de servir et d'aimer » 33.

Quelques traits décrivent pour les divers âges de l'homme la possibilité et les risques qui s'y trouvent et l'effort qu'ils requièrent : le vide spirituel dans la phase d'activité intense ; l'habitude, la désillusion et le danger de l'individualisme à l'âge adulte ; le retrait de l'activité durant les années de vieilesse et de maladie. Mais chaque phase comporte aussi une grâce particulière du Seigneur et une invitation pressante à progresser et à répondre avec maturité par la formation permanente.

Chez nous, elle a eu des développements satisfaisants depuis les années 70 grâce aux cours qui se sont multipliés dans toutes les régions. Le CG23 a relancé un point qui était déjà en voie de réalisation : la communauté locale et le quotidien comme lieu de croissance continue surtout par la qualité des relations et de la communication, par les moments de prière, le projet communautaire et la réalisation coresponsable de la mission.

Il ne faut pas sous-évaluer l'importance de l'engagement personel systématique ; c'est peut-être le moment de le proposer une fois de plus. Notre vie a besoin d'intégrer la réflexion et la pratique, l'étude et l'activité, le silence et la rencontre, même si cela ne se relie pas pour nous à une rigoureuse alternance de moments. C'est une des clés pour tendre à la qualité spirituelle, pastorale et culturelle dont j'ai parlé dans le discours de clôture du CG24 34.



Une pastorale de la spiritualité


Un point nouveau souligné par l'exhortation est que la vie spirituelle n'est pas une simple condition préalable, une base ou une préparation pour que les personnes consacrées puissent servir l'homme, mais un point essentiel de leur mission. Elles sont invitées à devenir des guides spirituels compétents et à multiplier des activités en vue d'accompagner les fidèles dans leur cheminement vers le Seigneur 35.

C'est dans cette perspective qu'il faut lire avec attention l'exhortation qui confie aux personnes consacrées la tâche de « susciter chez tous les fidèles une réelle aspiration à la sainteté, un fort désir de conversion et de renouveau personnel, dans un climat de prière toujours plus intense et de solidarité dans l'accueil du prochain, particulièrement des plus démunis » 36. Il ne s'agit pas d'un simple devoir individuel, mais d'une tâche pour la communauté et d'une finalité pour l'Institut : « Tous les Instituts et toutes les communautés se présentent comme des écoles de spiritualité évangélique authentique » 37.

Le service de la dimension spirituelle sort des frontières de la communauté chrétienne et se présente comme un accompagnement et un soutien pour tous ceux qui sont en recherche d'un sens ou d'une orientation. « Ceux qui embrassent la vie consacrée, hommes et femmes, se situent, par la nature même de leur choix, en acteurs privilégiés de la recherche de Dieu qui anime depuis toujours le cœur de l'homme et le conduit dans de multiples voies d'ascèse et de spiritualité » 38.

C'est notre pari pour ce sexennat. Nous sommes conscients d'avoir accompli un cheminement de rénovation de mentalité, d'avoir repensé les contenus et les méthodes de notre travail pastoral, d'avoir mis à jour nos structures de vie communautaire et de gouvernement. En ce moment nous sommes engagés à faire appel aux laïcs, à partager avec eux la responsabilité, à nous former ensemble. Mais, comme je l'ai souligné dans le discours de clôture, « la recherche du CG24 d'une source de communion entre les laïcs et les salésiens l'a conduit à la spiritualité. Dans la Congrégation, les confrères ont en général conscience que notre lien avec les laïcs a besoin d'une plus grande vigueur spirituelle si nous voulons relever ensemble les difficiles défis de la mission salésienne à l'heure présente » 39.

L'exhortation avait déjà anticipé cette affirmation en ces termes : « Aujourd'hui, beaucoup d'Instituts, souvent en raison de situations nouvelles, sont parvenus à la conviction que leur charisme peut être partagé avec les laïcs, qui, par conséquent, sont invités à participer de façon plus intense à la spiritualité et à la mission de l'Institut lui-même » 40.

Pour faciliter cette tâche, nous avons des cadres de référence qui donnent une idée adaptée de notre spiritualité. Les salésiens ont leurs Constitutions qui contiennent un chapitre sur l'esprit salésien, point de départ et base des autres présentations. Le P. Egidio Viganò a énoncé quelques traits qui forment le patrimoine commun de toute la Famille salésienne 41, et la Charte de communion les a repris et explicités. Pour les jeunes, des « manifestes » et des propositions ont été libellés depuis les années 80, et le CG23 leur a donné l'autorité d'une proposition partagée communautairement. Récemment, les responsables des deux dicastères de la pastorale des jeunes FMA et SDB en ont rédigé une présentation soignée.

Le CG24 a cherché à souligner ce qui nous conduit à partager au mieux notre mission avec les laïcs : l'amour préférentiel sous forme de charité pastorale pour les jeunes, spécialement les plus pauvres 42, la qualité de la rencontre éducative et l'esprit de famille 43, l'engagement pour l'Eglise et pour le monde stimulé par le « Da mihi animas » 44, le quotidien, fait de devoir, de relations et de compétence, vécu en présence de Dieu 45, la pratique éducative du Système préventif sans cesse renouvelée 46.

Ainsi notre spiritualité a été formulée pour les religieux, pour les jeunes et pour les laïcs. Nous disposons de textes de méditation et d'orientation. « Nous concluons le CG24 avec la conviction que la spiritualité salésienne que nous proposons [aux laïcs] répond parfaitement à une demande réelle et à un désir. Du reste, leur demande d'une spiritualité nous pousse à découvrir les trésors de la Famille, à développer et à approfondir les traits que Don Bosco nous a confiés avec une efficacité extraordinaire » 47.

Mais il faut reconnaître que ce qui nous initie à une spiritualité, c'est la rencontre de quelqu'un qui en a fait l'expérience et la vit avec joie et conviction, c'est la participation à un groupe qui la communique et y fait participer, sous la conduite et l'orientation spirituelle de quelqu'un qui en connaît les sentiers et les ressources.

C'est sur ces points : vécu, communauté, communication et orientation, qu'il nous faut mettre l'accent, du moment que nous en connaissons les formulations et les perspectives.



5. Les nombreux terrains de la communion


Un autre filon dont il faut tirer parti dans la lecture de l'exhortation concerne la communauté. Sa nouveauté réside dans la mission de communion qui est confiée aux personnes consacrées. La réflexion suit en effet deux directions : l'une, pour la vie même de la communauté, assume et confirme les propositions du document précédent La Vie fraternelle en communauté, « Congregavit nos in unum Christi amor » 48 ; l'autre concerne l'extérieur.

A partir du Concile Vatican II, tous les Instituts ont opéré le changement qui conduit de la communauté, entendue surtout comme « vie commune », à l'expérience de communion. La première souligne l'importance des structures qui règlent la convivialité. La seconde vise l'amour réciproque, le partage des projets, la communication profonde, la coresponsabilité.

Par un itinéraire d'accentuations et d'équilibres, nous avons, nous aussi, porté à l'unité charismatique les deux éléments indispensables à une présence communautaire réelle et susceptible de témoigner :

- l'élément « spirituel » ou la fraternité dans le Christ qui s'exprime dans l'unité des cœurs et la qualité des relations interpersonnelles ;

- et l'autre plus visible, la « vie commune » ou vie de communauté, qui consiste à habiter ensemble dans sa maison religieuse , à participer aux actes communs et à mener à bien, dans un engagement unanime, les activités pastorales.

« Il est clair que la " vie fraternelle " ne sera pas automatiquement assurée par l'observance des normes qui règlent la vie commune ; mais il est évident que la vie en commun a pour but de favoriser intensément la vie fraternelle. » 49 Notre charisme, notre pratique, notre mission et notre esprit caractéristique de famille nous portent à unir étroitement les deux aspects : communion d'esprit et vie de communauté.

C'est à cette fusion, qui requiert de la maturité humaine et de la profondeur spirituelle, que nos Constitutions attribuent une signifiance et une incidence pastorale particulières, au point d'en faire un élément indispensable de notre mission : « Vivre et travailler ensemble est pour nous, salésiens, une exigence fondamentale et une voie sûre pour réaliser notre vocation. C'est pourquoi nous nous réunissons en communauté, où nous nous aimons au point de tout partager en esprit de famille, et où nous construisons la communion des personnes » 50.

Le CG23 la voit comme un signe, une école et un milieu de foi pour les jeunes 51, un lieu préférentiel de formation permanente pour les salésiens 52, une présence qui témoigne sur le territoire 53, un centre de communion et de participation 54, le sujet d'une pastorale organique 55, une proposition de vocation 56.

Le CG24 a pris la peine d'expliciter, du point de vue théorique et dans les applications pratiques, sa qualité de noyau animateur et les conditions internes qui lui permettent de le devenir : l'identité charismatique, l'unité d'esprit et de projet, la connaissance et la pratique du Système préventif, l'intériorité apostolique, la créativité, la capacité de communiquer. Il a encore étudié sous quelles formes elle doit l'exercer dans le concret : le souci d'associer, la participation, la répartition des responsabilités, les processus de formation.

Tandis que ce cadre stimulant doit devenir la mentalité commune, nous faisons nous aussi l'expérience de l'incidence des phénomènes externes et internes qui créent des obstacles à la communauté et à la communion. Parmi les premiers notons la revendication de plus d'espaces de liberté personnelle, la mentalité de consommation qui incite à posséder des biens individuels, l'explosion des communications. Parmi les seconds, nous avons la diminution des effectifs, l'élargissement de notre champ de travail réel et potentiel, l'appel de nouveaux besoins, une relation nouvelle avec l'extérieur.

L'exhortation revient avec force sur la valeur indispensable de la vie fraternelle pour la rénovation et l'efficacité de la mission 57. Jean Paul II l'avait déjà soulignée il y a quelques années dans son discours à la réunion plénière de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique : « Toute la fécondité de la vie religieuse dépend de la qualité de la vie fraternelle en commun. Plus encore, le renouveau actuel de l'Eglise et dans la vie religieuse se caractérise par une recherche de communion et de communauté » 58.

La confirmation de ce point provient d'un approfondissement de la dimension trinitaire, d'où dérivent les conséquences ecclésiologiques et anthropologiques proposées une fois de plus non seulement comme paradigme des relations réciproques, mais comme présence actuelle, cause et origine de la communion entre les religieux. « La vie fraternelle elle-même [...] se présente comme une confession trinitaire riche de sens. Elle confesse le Père, qui veut faire de tous les hommes une seule famille ; elle confesse le Fils incarné, qui rassemble les rachetés dans l'unité, [...] elle confesse l'Esprit Saint comme principe d'unité dans l'Eglise » 59.

La communauté n'est donc pas seulement en fonction du travail. Elle est « un espace humain habité par la Trinité » 60, où Dieu se fait présent et opère par la mémoire du Seigneur, par l'amour dans lequel nous nous engageons et voulons nous enraciner, et par l'unité de ceux qui se présentent comme disciples du Christ.



Experts en communion


La communion est aussi un contenu et une fin de la mission. « Jamais jusqu'à présent une si " grande mission " n'avait été reconnue de façon si explicite à la vie fraternelle » 61.

Forts d'une expérience personnelle qui est un don de Dieu, les personnes consacrées, comme individus et comme communautés, sont appelées à répandre, à renforcer ou à recréer la communion : ils deviennent « experts en communion » 62, levain d'unité, artisans de réconciliation.

Les terrains d'action sont nombreux. Dans l'Eglise universelle, la communion se renforce partout par le témoignage fraternel et le travail de toute la vie consacrée, par la solidarité active qui engage les personnes consacrées à accourir aux frontières de l'évangélisation, par la disponibilité aux appels urgents de l'Eglise, par leur union au Saint-Père. Il ne faut pas négliger l'incidence sur la communion universelle qui dérive de notre présence, de notre action parmi les jeunes et les adultes, de la profession de notre foi, de notre parole et de nos prises de position. C'est notre spiritualité qui nous pousse à donner un apport personnel quotidien à l'unité du corps du Christ : « De notre amour pour le Christ naît inséparablement l'amour pour son Eglise, peuple de Dieu, centre d'unité et communion de toutes les forces qui travaillent pour le Royaume » 63.

« A l'intérieur des Eglises particulières, révèle l'exhortation, les personnes consacrées ont également un rôle significatif. [...] Les charismes de la vie consacrée peuvent fortement contribuer à l'édification de la charité dans l'Eglise particulière » 64. C'est un deuxième terrain où la communion devient une tâche de notre mission. L'exhortation en indique les modalités pratiques : « La collaboration des personnes consacrées avec les évêques pour le développement harmonieux de la pastorale diocésaine » 65, la sauvegarde de leur patrimoine spirituel particulier pour qu'il prenne place dans le travail pastoral, le dialogue entre les supérieurs et les évêques, l'attention de ceux-ci au charisme recherchée et accueillie par les religieux 66.

C'est un point nécessaire en vue de l'éducation des jeunes à la foi, où l'expérience de l'Eglise est indispensable et pas facile. Il est intéressant de rappeler comment dans son Eglise particulière, travaillée par des tensions doctrinales et pastorales, Don Bosco a voulu se situer non comme l'une des parties, mais dans les nœuds de la communion. Dans la solution d'un conflit personnel il a fait prévaloir le bien de l'Eglise sur son désir naturel de justice.

L'exhortation présente encore la mission de communion sur un autre terrain : celui des relations entre les personnes consacrées. « Des personnes unies par un engagement commun dans la " sequela Christi " et animées par le même Esprit Saint ne peuvent que manifester visiblement la plénitude de l'Evangile de l'amour, comme des sarments de l'unique Vigne. Se souvenant de l'amitié spirituelle qui a souvent lié sur la terre les divers fondateurs et fondatrices, tout en restant fidèles à la nature de leur Institut, ces personnes sont appelées à vivre une fraternité exemplaire qui soit stimulante pour les autres composantes de l'Eglise, dans l'engagement quotidien à témoigner de l'Evangile » 67.

Les indications pratiques ne manquent pas non plus : connaissance, amitié, participation active aux organes d'animation et de coordination, communication et échange pour « comprendre le dessein de Dieu dans les vicissitudes actuelles de l'histoire, pour mieux y répondre par des initiatives apostoliques appropriées » 68.

Dans ma relation sur l'état de la Congrégation, j'ai écrit : « On est beaucoup plus sensibles et attentifs à élargir la communion entre les instituts de vie consacrée et l'on y participe aussi par des apports valables dans les événements et les organismes de coordination [Conférence italienne des supérieurs majeurs (CISM), Confédération latino-américaine des religieux (CLAR), préparation du Synode, tâches communes] » 69. C'est un critère à maintenir et une route à poursuivre.

Il ne faut pas sous-évaluer la possibilité d'établir des collaborations systématiques et stables avec d'autres religieux pour des entreprises déterminées qui requièrent une convergence de compétences et de ressources. Des essais ont déjà été tentés avec les centres d'études. La complexité du contexte actuel et les nouvelles exigences de l'évangélisation conduisent non seulement à s'accorder sur les lignes d'action, mais aussi à envisager quelques activités communes.

Il y a encore le domaine du territoire ou de la communauté humaine, à rayon immédiat comme à rayon large : le quartier, la ville, la nation, le monde. Ils ont besoin de s'unir, désirent la paix, la réconciliation et la convivialité dans la dignité et la sécurité. Aux anciens conflits qui aparaissent sous de nouvelles formes dans les familles, la société et la politique, s'ajoutent ceux qui caractérisent notre temps comme l'extranéité culturelle, la marginalité, les fondamentalismes divers, les pluralités en conflit. Elles finissent souvent par dresser des barrières réelles ou psychologiques, le rejet ou le désintérêt.

Etre des « experts en communion », c'est savoir créer des moments et des raisons de s'unir, concilier les divergences quotidiennes de vue, susciter la volonté de se rencontrer et de vivre ensemble, favoriser les structures et les espaces humanisants, être pacifiques dans le sens fort du terme, veiller à la qualité des relations, travailler à détruire les préjugés sociaux ou ethniques, développer sa capacité de dialoguer avec des mentalités différentes. Plusieurs souhaitent dans ce but la constitution et le lancement de communautés internationales et interculturelles qui soient des laboratoires d'accueil et de valorisation des diversités.

Un dernier terrain indiqué par l'exhortation, sur lequel se porte pour l'instant notre attention parce qu'elle rencontre l'engagement demandé par le CG24, est celui des laïcs, en particulier ceux qui nous sont « proches et associés » 70.

Relisons le passage que j'ai déjà cité à propos de la spiritualité : « Aujourd'hui, beaucoup d'Instituts, souvent en raison de situations nouvelles, sont parvenus à la conviction que leur charisme peut être partagé avec les laïcs, qui, par conséquent, sont invités à participer de façon plus intense à la spiritualité et à la mission de l'Institut lui-même » 71. Un riche exposé de motifs charismatiques, ecclésiaux et pastoraux appuie l'affirmation.

Je ne m'étends pas à confronter les indications et les motifs avec ceux que présente notre document capitulaire sur le même sujet. La convergence est trop évidente pour qu'elle nous échappe. Il importait seulement de parcourir une nouvelle fois cette partie de l'exhortation pour relever que nous cherchons à réaliser ce que propose l'Eglise et pour montrer que tous ces domaines se relient et se renforcent les uns les autres. Y travaillent ceux qui, selon la même exhortation, vivent et propagent la « spiritualité de la communion » 72 et deviennent « témoins et artisans du projet de communion qui est au sommet de l'histoire de l'homme » 73.



6. Un aréopage pour nous : l'éducation


Il ne nous aura pas échappé que le premier des aréopages énumérés pour la mission des personnes consacrées est « le monde de l'éducation » 74.

L'éducation est à prendre dans son acception la plus large : comme croissance de la personne et comme ensemble de médiations qui se mettent à son service pour la rendre consciente d'elle-même et de son destin, lui donner une connaissance valable de la réalité, développer sa capacité d'évaluer et de choisir, l'ouvrir au sens et au mystère, lui annoncer la Parole de Dieu.

Le modèle de l'éducateur est en effet « le Maître intérieur [de l'Eglise] qui pénètre les profondeurs les plus inaccessibles du cœur de tout homme et qui connaît le mouvement secret de l'histoire » 75.

La fonction éducatrice de l'Eglise dans le monde est à entendre dans cette perspective et cette ampleur. L'éducation des personnes et de l'humanité n'est pas une option libre de la charité ni un simple aspect sectoriel de sa mission : elle en est le cœur même et la voie indispensable. Dieu sauve l'homme en l'éduquant en tant qu'il s'adresse à sa conscience et attend sa réponse. De la même façon l'Eglise exerce son ministère en éclairant, en proposant, en interpellant la liberté. Elle devient médiatrice de l'action éducatrice de Dieu, le prolongement et l'actualisation du magistère qu'a exercé le Christ à l'égard des disciples et des foules, le signe de l'action de l'Esprit qui transforme les cœurs.

C'est pourquoi tout en elle a un caractère éducatif : présence, annonce, célébration, services divers. Tout tend à rendre l'homme conscient de ce qu'il est, à l'aider à découvrir et à embrasser ce que le Créateur a mis en lui de bon, de noble et d'éternel, à l'ouvrir à la relation qui le constitue dans sa dignité avec le Père, le Fils et le Saint Esprit.

C'est dans ce contexte que se situe la tâche éducative des personnes consacrées, plus en vertu de leur option de vie que des institutions spécifiques qu'elles créent ou des tâches professionnelles qu'elles assument. En ce sens toutes les formes de vie consacrée sont fortement éducatrices de l'homme et en premier lieu des chrétiens. Le signe qu'elles offrent, les valeurs qu'elles assument, le service qu'elles rendent incitent et aident à croître en humanité et en foi.

Parmi les personnes consacrées, certaines assument par profession le travail d'éducateurs et en font le lieu pour vivre leur option radicale pour Dieu et le service de leurs frères, spécialement des plus nécessiteux.

La mission porte ces religieux à opérer sur trois terrains. Le premier comprend tout ce qui concerne la promotion intégrale de la personne, selon les besoins qui se révèlent dans le concret. Leur travail en ce domaine, inspiré de l'amour du Christ pour se mettre à sa suite, est une évangélisation authentique.

Le second terrain comprend l'initiation chrétienne, l'éducation de ceux qui ont opté pour la foi ou se montrent disponibles à l'envisager. Il s'agit de les accompagner pour les aider à vivre dans l'histoire en fils de Dieu, incorporés à l'existence du Christ, membres de son peuple. La catéchèse et la formation d'une mentalité évangélique en constituent les parties principales.

Le troisième est l'humanisation et l'évangélisation de la culture comme forme collective d'éducation selon le processus décrit par l'exhortation apostolique Evangelii nuntiandi pour « atteindre et comme bouleverser par la force de l'Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d'intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l'humanité » 76.

Ce cadre de référence est indispensable pour comprendre avec réalisme quels sont les défis qui s'adressent à la mission des religieux éducateurs et quelles réponses ils peuvent donner.

L'éducation ainsi entendue ne se limite pas au secteur scolaire ni aux seules institutions spécifiques connues, même si elles représentent la pièce maîtresse de l'effort social pour offrir à tous des possibilités de prévention, de récupération et de croissance. Le type de société où nous vivons a multiplié les problèmes des jeunes et des adultes. Auparavant, l'itinéraire éducatif se déroulait selon un scénario adapté à la majorité ; il est nécessaire à présent de s'adapter aux situations multiples, qui se diversifient au fur et à mesure que la société devient plus complexe. C'est à bon droit que l'exhortation relie à l'éducation, le besoin des religieux de renouveler leur attachement à l'engagement culturel 77 et leur présence dans le monde de la communication sociale 78.

Elle l'appelle « aréopage », lieu de dialogue ouvert et non seulement système d'institutions, précisément parce qu'il faut instaurer un dialogue franc sur le sens de la vie, avec des interlocuteurs diversement orientés ou démotivés, et parce qu'il faut, par des activités nouvelles, venir à la rencontre de nouvelles demandes de culture et de vie.

Pour nous, tout cela trouve son terrain d'application préférentiel chez les jeunes, spécialement les plus pauvres. Ils mettent à l'épreuve le réalisme de notre amour et notre capacité d'annonce. Il devient providentiel pour eux et pour l'Eglise que quelqu'un descende sur la place pour entamer avec eux un dialogue.

L'exhortation reconnaît que « par leur consécration propre, par leur expérience particulière des dons de l'Esprit, par leur écoute assidue de la Parole et par la pratique du discernement, par le riche patrimoine de traditions éducatives constitué avec le temps dans leur institut, par la connaissance approfondie des vérités d'ordre spirituel (cf. Ep 1, 17), les personnes consacrées sont en mesure de mener une action éducative particulièrement efficace, en apportant une contribution spécifique aux démarches des autres éducateurs et éducatrices » 79.

La citation de Don Bosco : « Que les jeunes ne soient pas seulement aimés, mais qu'ils sachent qu'ils sont aimés » 80 figure dans l'évocation des « exemples admirables de personnes consacrées qui ont vécu et qui vivent la recherche de la sainteté à travers leur engagement pédagogique, tout en proposant la sainteté comme un but dans l'éducation » 81.

Elle nous rappelle que l'éducation n'est pas pour nous la simple conséquence de la résolution de nous sanctifier, mais le lieu humain où elle acquiert sa physionomie caractéristique, parce qu'elle contient aussi, selon le caractère de notre vocation, le moment de la grâce. La première place que nous donnons à Dieu dans notre vie et notre choix de marcher à la suite du Christ se traduisent par un désir de les faire vivre dans le cœur des jeunes qui grandissent, afin qu'ils y trouvent le sens et le bonheur.

L'unité avec laquelle nous vivons les deux aspects façonne le visage de notre spiritualité qui s'identifie au Système préventif et crée le style de notre communion comme « esprit de famille » 82.

Le Pape Jean Paul II nous l'avait indiqué dans sa lettre Iuvenum Patris : « Il me plaît de considérer surtout de Don Bosco le fait qu'il réalise sa sainteté personnelle au moyen de l'engagement éducatif vécu avec zèle et d'un cœur apostolique, et qu'il sait proposer en même temps la sainteté comme objectif concret de sa pédagogie. Précisément, un tel échange entre " éducation " et " sainteté " est l'aspect caractéristique de sa figure » 83.



Conclusion


Chers confrères, j'ai voulu rappeler votre attention sur l'exhortation qui éclaire la vie consacrée pour vous encourager à la lire et à l'accueillir de façon créative. Je me suis contenté de commenter quelques aspects que je juge plus indiqués pour le moment, et en vue de l'application du CG24.

Je pense en effet que c'est à la lumière des intentions les plus fondamentales du CG24 que nous avons besoin d'exprimer notre espérance dans les ressources de notre vocation, d'accorder une attention préférentielle à notre vie spirituelle et à sa communication, de devenir des hommes de communion, de repenser la portée de l'éducation pour réaliser la vocation, la spiritualité et la communion.

Je conclus cette lettre le 8 septembre, jour de la Nativité de Marie. Dans beaucoup de provinces, c'est autour de cette fête qu'ont eu lieu les professions. Les communications qui nous parviennent du monde nous montrent encore une fois que « le Seigneur aime la Congrégation, qu'il la veut vivante pour le bien de son Eglise et qu'il ne cesse de l'enrichir de nouvelles énergies apostoliques » 84. J'ai eu personnellement la satisfaction de recevoir douze premières professions dans notre noviciat de Oktiabrskij, près de Moscou, et vingt-deux autres à Smarho_ (Biélorussie).

Cela nous encourage à présenter avec confiance aux jeunes la vie consacrée et l'expérience que nous en faisons à la suite de Don Bosco.

Que la Très Sainte Vierge Marie, qui a accueilli le don de Dieu et l'a chanté dans le Magnificat, nous aide à vivre avec joie notre expérience de charité pastorale, à la partager avec simplicité dans nos communautés et à la communiquer avec efficacité aux jeunes.


Je vous salue tous cordialement

et souhaite que votre travail porte beaucoup de fruit.



P. Juan E. Vecchi








NOTES


1 Cf. Const. 148

2 CG24 n° 256

3 Proposition, n° 2

4 Cf VC n° 61, 62

5 CG24 n° 192

6 Ps 42, 4

7 Cf. VC n° 5

8 CG24 n° 151

9 VC n° 110

10 VC n° 40

11 Cf.ib.

12 Cf. VC n° 35

13 Cf. VC n° 93

14 Cf. VC n° 69

15 Cf. VC n° 103

16Cf. Castellano Cervera J., Dimensione teologica e spirituale della vita consacrata : tradizione, novità, profezia, in AA.VV. Vita consacrata, Rogate, Rome 1996, p. 38

17 Cf. VC n° 5-11

18 VC n° 93

19 Ib.

20 Ib.

21Cf. Castellano Cervera J., Dimensione teologica e spirituale della vita consacrata : tradizione, novità, profezia, in AA.VV. Vita consacrata, Rogate, Rome 1996, p. 55

22 Cf. VC n° 36

23 VC n° 37

24 Const. 12

25 VC n° 38

26 CG23 n° 95

27 VC n° 94

28 VC n° 72

29 VC n° 74

30 VC n° 75

31 VC n° 38

32 Cf. VC n° 38

33 VC n° 70

34 Cf. CG24 n° 242-243

35 Cf. VC n° 39

36 Ib.

37 VC n° 93

38 VC n° 103

39 CG24 n° 239

40 VC n° 54

41 Cf. ACS n° 324

42 Cf. CG24 n° 89-90

43 Cf. CG24 n° 91

44 Cf. CG24 n° 95

45 Cf. CG24 n° 97

46 Cf. CG24 n° 99

47 CG24 n° 240

48 Cf. CIVCSVA, 2 février 1994

49 Le vie fraternelle en communauté n° 3

50 Const. 49

51 Cf. CG23 n° 216-218

52 Cf. CG23 n° 222

53 Cf. CG23 n° 225-226

54 Cf. CG23 n° 232-234

55 Cf. CG23 n° 239-246

56 Cf. CG23 n° 252

57 Cf. VC n° 72

58 Jean Paul II, Discours à l'Assemblée plénière de la CIVCSVA, 20 nov. 1992

59 VC n° 21

60 VC n° 41

61Ciardi F., La comunione in « Vita Consacrata », in Religiosi in Italia, n° 294, p. 120

62 Cf. VC n° 46

63 Const. 13

64 VC n° 48

65 Ib.

66 Cf. ib.

67 VC n° 52

68 VC n° 53

69 Vecchi J. E., La Société de saint François de Sales durant le sexennat 1990-1995 - 4.3 n° 276

70 Cf. VC n° 54-56

71 VC n° 54

72 Cf. VC n° 51-57

73 VC n° 46

74 Cf. VC n° 96-97

75 VC n° 96

76 Cf. EN n° 19

77 Cf. VC n° 98

78 Cf. VC n° 99

79 VC n° 96

80Don Bosco, Lettre de Rome 1884, MB XVII, 110 ; [reportée dans le livret des Constitutions : Ecrits de Don Bosco III, p. 246]

81 VC n° 96

82 Cf. Const. 16

83 IP n° 5 ; [ACS n° 325, p. 17]

84 Const. 22