401-450|fr|436 Un passé qui éclaire notre présent : en dialogue avec le Père Paul Albera

Un passé qui éclaire notre présent

EN DIALOGUE AVEC LE PÈRE PAUL ALBERA



Rome, 24 juin 2021

Nativité de Saint Jean Baptiste



Mes chers Confrères,


Cette année 2021 marque le premier centenaire de la mort du Père Paul Albera (1845-1921), deuxième successeur de Don Bosco à la tête de la Pieuse Société de Saint François de Sales.


Le désir de m'adresser à chacun d'entre vous pour commémorer ensemble cet important anniversaire m'a donné l'occasion d'étudier et de mieux connaître ce grand Recteur Majeur, peut-être un peu négligé à cause de la renommée de son prédécesseur (Don Michel Rua) et de son successeur (Don Philippe Rinaldi).


Je me suis laissé interpeller surtout par la lumière de ce passé où le P. Albera a vécu sa vie qui rayonne de témoignage et de force, et nous provoque à bien des égards pour notre présent : un « aujourd'hui » de Congrégation que nous vivons à la lumière du Chapitre Général 28, le premier qui n'a pas atteint la conclusion prévue, à cause de la pandémie de COVID-19 qui afflige encore notre monde.


Comme je l'ai écrit en une précédente occasion, la période du Rectorat du Père Paul Albera a été la plus difficile et la plus dramatique pour la Congrégation. C'était l'époque de la Première Guerre Mondiale qui a causé des millions de morts et a vu plus de 2 000 Salésiens envoyés à la guerre, dont 80 y ont laissé la vie.1 Le terrible conflit a également empêché la tenue du Chapitre Général prévu ces années-là.


Je peux vous dire, chers Confrères, que la figure du Père Paul Albera m'a enthousiasmé. Avant tout, je crois avoir trouvé de nombreux éléments qui stimulent le dialogue entre notre époque et la sienne, permettant à ce passé de nous interpeller aujourd'hui avec ce qui furent, à l'époque, des décisions courageuses et claires pour la Congrégation.


La bibliographie sur le Père Albera est très riche. J'ai voulu l'inclure à la fin de cette lettre, avec d'autres études et textes sur des sujets spécifiques qui permettent d'approfondir la connaissance et l'esprit de ce grand Recteur Majeur.2


1. SALÉSIEN DE LA « PREMIÈRE HEURE »


    1. De l’enfant qui a respiré l’« air du Valdocco » au Successeur de Don Bosco


Le Père Paul Albera a été l'un des « Salésiens de la première heure », l'un de ceux qui ont connu Don Bosco personnellement et en profondeur, en vivant avec lui, en grandissant avec lui et en mûrissant à ses côtés, ainsi qu'en le voyant en action. Le Père Albera a respiré l'air du Valdocco aux côtés de Don Bosco, de Michel Rua, de Jean Cagliero et d'autres Salésiens. Il a exporté cet « air du Valdocco » à Mirabello où il fut envoyé avec le premier Directeur de cette maison, Don Rua, comme assistant et étudiant en philosophie et théologie.


Plus tard, à un âge plus mûr et après avoir été Directeur à Gênes, il devient également témoin et protagoniste du développement de l'Œuvre salésienne au-delà des frontières du Piémont, d'abord en Ligurie et puis en France.


Le Père Albera s'est vu confier la responsabilité de « Directeur spirituel » de la Congrégation, puis celle de Recteur Majeur : deuxième successeur de Don Bosco. Dans ce service de responsabilité – voyageant en bateau, à cheval, en calèche, en train et en automobile – il a vu l'esprit de Don Bosco se développer : de Turin en Amérique, en Terre Sainte, en Europe du Nord, jusqu'aux premières présences en Afrique.


Le Père Albera a été un témoin oculaire du passage du XIXème au XXème siècle : une période très délicate pour la Congrégation Salésienne, pour l'Église et pour le monde. Une période difficile, comme je l'ai déjà mentionné, surtout à cause de la Première Guerre Mondiale qui a frappé une grande partie du monde : une tragédie dont le Père Albera a été témoin du début à la fin.


    1. Qu'est-ce que cela a signifié pour le Père Albera d'être l'un des premiers Salésiens ? Quelques aperçus sur sa vie


Tout a commencé par la proposition d'admission au Valdocco. C'était en 1858, et Paul Albera avait 13 ans. Don Abrate, son curé, qui connaissait déjà Don Bosco depuis les débuts de l'Oratoire à l'église de saint François d'Assise, le présenta sans préambule : « Prends-le avec toi. » Le jeune Michel Rua, 21 ans, bras droit de Don Bosco, après avoir parlé avec Paul, confirma : « Vous pouvez le recevoir sans problème... » Dans l'Oratoire régnait l'atmosphère sereine d'une communauté de jeunes très vivante, encore très marquée par le style de sainteté laissé par Dominique Savio, mort le 9 mars 1857. Dans cet environnement, le jeune Paul Albera rencontra également Michel Magon dont il devint le compagnon et l'ami.


J'ai été profondément ému de lire qu'un an et demi après son arrivée au Valdocco, Paul a été admis, par la volonté explicite de Don Bosco lui-même, dans la Congrégation Salésienne naissante, fondée en décembre 1859. L'adolescent Albera n'avait pas encore 15 ans et était un élève du premier cours de rhétorique.


Avec le premier manuscrit des Constitutions envoyé à l'Archevêque Louis Fransoni, il y a une lettre d'accompagnement qui énumère les noms de ceux qui prirent part au début de cette fondation : Don Bosco, le prêtre Victor Alasonatti, le jeune prêtre Ange Savio, le diacre Michel Rua ainsi que 19 autres jeunes clercs (« abbés »), deux coadjuteurs et le jeune Paul Albera. Personnellement, je sens que cette « photo de groupe », que nous pouvons facilement imaginer, frappe le cœur de chacun de nous, Salésiens d'aujourd'hui, parce que nous « touchons du doigt » nos humbles origines.


Dans la lettre, les premiers Salésiens disaient : « Nous, soussignés, uniquement habités par le désir d'assurer notre salut éternel, nous nous sommes unis pour mener une vie commune afin de pouvoir nous occuper plus commodément de ce qui concerne la gloire de Dieu et le salut des âmes. Pour maintenir l'unité d'esprit et de discipline, et mettre en pratique les moyens connus utiles au but proposé, nous avons formulé quelques règles à la manière d'une Société religieuse qui, excluant toute référence politique, ne vise qu'à sanctifier ses membres, notamment par l'exercice de la charité envers le prochain. »3 À partir de ce moment, la vie de Paul Albera sera indissociablement liée à celle de Don Bosco.


À Mirabello avec Don Rua


Paul Albera poursuit sa formation et ses études au Valdocco et le 13 octobre 1863, il est envoyé avec d'autres jeunes confrères fonder la nouvelle communauté de Mirabello.


Il n'est pas inutile de s'arrêter et d'analyser la composition de cette jeune communauté qui traduit sans aucun doute la pleine confiance et le courage de Don Bosco pour confier une nouvelle et délicate mission aux mains de ces jeunes confrères. À la tête de la communauté se trouvait Michel Rua : un jeune Salésien, prêtre depuis seulement deux ans et seul prêtre du groupe ; il avait 26 ans à l'époque. Tous les autres étaient appelés, dans le langage habituel de l'époque, Salésiens « clercs » (« abbés ») : « Le Préfet François Provera (26 ans), le Directeur Spirituel Jean Bonetti (25 ans), les Assistants François Cerruti (19 ans), Paul Albera et François Dalmazzo (tous deux 18 ans). »4 Il y avait enfin une très belle particularité voulue par Don Bosco : cette première et très jeune communauté était également accompagnée de la propre mère de Michel Rua, Mme Jeanne-Marie. Peu après, quatre autres jeunes de l'Oratoire du Valdocco rejoignirent le groupe initial pour aider à la mission.


Ce furent cinq années de vie salésienne intense pour Paul Albera : tout en étudiant la philosophie et la théologie au Séminaire de Casale Monferrato, à 14 km de Mirabello, il remplissait en même temps les tâches et les responsabilités d'éducateur auprès des garçons. Comme les nouvelles lois sur l'éducation exigeaient des qualifications pour enseigner, Paul passa les examens nécessaires en octobre 1864 et devint professeur d'enseignement supérieur. La même année, un autre jeune Salésien rejoignit la communauté : Louis Lasagna, un grand ami de Paul, qui deviendra plus tard missionnaire en Uruguay. Nommé Évêque pour les Indios du Brésil, il mourra en 1895 dans un accident de chemin de fer.


Arriva le moment pour le jeune Albera et d'autres d'être admis aux « Ordres Mineurs ». À ce moment-là, la rivalité séculaire entre le clergé diocésain et d'autres formes de service dans l'Église (dans ce cas, une autre jeune Congrégation) devint tristement évidente. Le nouvel Archevêque de Turin, qui a succédé à Mgr Fransoni, n'était pas si convaincu que les garçons de Don Bosco manifestant des signes de vocation devaient rester avec lui. Et comme il y avait une pénurie de prêtres, l'Archevêque exigeait que ces jeunes gens fassent partie du clergé diocésain. Don Bosco dut faire valoir, entre autres arguments, qu'un grand nombre de séminaristes diocésains de l'époque provenaient des instituts salésiens du Valdocco et de Lanzo Torinese. Ces arguments permirent, non sans difficulté, à Paul Albera, Joseph Costamagna et François Dalmazzo de recevoir les Ordres Mineurs et ensuite le Sous-diaconat tout en restant avec Don Bosco.


Retour au Valdocco


C'était une époque difficile et troublée. Des lois anticléricales avaient déjà été adoptées en 1855. Dans les années qui suivirent, l'armée piémontaise avait occupé presque toute la Péninsule jusqu'à la proclamation de l'unification de l'Italie en 1861. Le processus d'unification du pays s'achèvera le 20 septembre 1870 avec la prise de Rome, qui marqua la fin des États Pontificaux et entraîna la suspension du Concile Vatican I qui avait débuté l'année précédente. L'histoire que nous parcourons s'inscrit dans ce contexte complexe et mouvementé.


En 1865, l'Oratoire du Valdocco est à la fois un « séminaire », un collège et une série d'ateliers, et le nombre de jeunes qui le fréquentaient (environ sept cents) augmentait en même temps que les dettes. Cette année-là, le Père Alasonatti, l'Économe, décède. La Basilique de Marie Auxiliatrice est en construction. Les Lectures Catholiques comptent 12 000 abonnés et le travail qu’elles demandent est énorme. Don Bosco se rend souvent à Rome pour obtenir l'approbation de la Congrégation et, d'une manière ou d'une autre, le travail et la responsabilité qui pesaient sur ses épaules se révèlent trop lourds. Face à cette situation, Don Rua est rappelé de Mirabello pour seconder Don Bosco.


Le jeune Albera est ordonné prêtre à Casale, le 2 août 1868. Le 9 juin de la même année, la Basilique de Marie-Auxiliatrice avait été consacrée. La même année encore, Don Bosco demande au Père Albera de revenir au Valdocco comme « Préfet des externes ». Paul revient donc à Turin pour collaborer avec Don Rua épuisé et malade. Don Bosco lui confie les séminaristes et les relations extérieures : acceptation des élèves, relations avec leurs familles et d’autres personnes, jusqu'à ce que, le 27 août 1871, Don Rua reçoive une lettre de Rome dans laquelle Don Bosco écrit : « La maison de Gênes est terminée, qu’Albera fasse ses bagages ! ».


À propos de cette période, le Père Albera lui-même a écrit : « L'année de la consécration du Sanctuaire de Marie Auxiliatrice, je suis retourné à Turin et, pendant quatre autres années, j'ai pu jouir de l'intimité de Don Bosco et puiser dans son grand cœur les précieux enseignements qui étaient d'autant plus efficaces sur nous qu’on les voyait déjà mis en pratique par lui dans sa conduite quotidienne. »5


Directeur à Sampierdarena (Gênes)


Après ces quatre années, le Père Albera sera le Fondateur et le Directeur de la maison de Marassi (1871-1872) que les Salésiens quitteront ensuite pour s’établir à Sampierdarena afin d'avoir plus d'espace à leur disposition (Marassi et Sampierdarena sont des quartiers de Gênes). Laissez-moi vous parler de ces événements d’une manière plus détendue.


Depuis 1858, les jeunes de l'Oratoire du Valdocco attendaient chaque année avec impatience les promenades d'automne organisées par Don Bosco. En 1864, ils reçurent une grande promesse : ils verraient la mer à Gênes ! C'est là que, depuis la fin de 1856, Don Bosco rencontrait les bienfaiteurs et les diffuseurs des Lectures Catholiques. Maintenant, pour notre Père, chaleureusement accueilli par l'Archevêque André Charvaz, un rêve se réalisait : les Salésiens auraient une place à Gênes.


La nouvelle communauté était composée de six Salésiens : le Père Albera, 26 ans, en tête, 2 séminaristes et 3 professeurs d'atelier. En les envoyant, le 26 octobre 1871, Don Bosco leur demanda s'ils avaient besoin de quelque chose. Albera avait 500 lires pour payer le loyer. « Mon cher Paolino ("petit Paul"), il n'y a pas besoin d'autant d'argent. La Divine Providence vit aussi à Gênes... Ouvre un pensionnat pour les jeunes les plus pauvres et les plus abandonnés. » Et Don Bosco leur donne le nécessaire pour le voyage. À leur arrivée, personne pour les attendre... Et il n'y avait rien dans la maison. Mais la Providence ne tarda pas à se manifester. Fin novembre, ils ouvrirent des ateliers de couture, de cordonnerie et de menuiserie pour une quarantaine de jeunes. Et le 3 décembre, la visite tant attendue arriva : Don Bosco en personne.


Les Salésiens sont restés presque un an à Marassi. Le Père Albera y était responsable d'un orphelinat et préparait en même temps les garçons à devenir des tailleurs, des cordonniers et des menuisiers. En novembre 1872, commença la présence à Sampierdarena et la formation professionnelle se poursuivit, s'étendant aux spécialités de relieurs, mécaniciens, imprimeurs et typographes.


Le 14 novembre 1875 est un jour particulièrement significatif et émouvant. Comme beaucoup d'entre nous s'en souviennent sûrement, c'est la date de la première Expédition Missionnaire préparée par Don Bosco et dirigée vers l'Argentine où elle arrivera après avoir touché la terre de l'Uruguay quelques jours auparavant, selon la route établie par la Compagnie de Navigation. Trois jours avant le départ, dans la Basilique de Marie Auxiliatrice, eut lieu la célébration liturgique d'adieu. Le jeune Directeur de la maison de Gênes, le Père Albera, accompagna Don Bosco sur le pont du navire pour faire ses derniers adieux aux Salésiens qui devaient être les premiers missionnaires de notre Congrégation. J'aime rappeler que depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui, alors que nous préparons la 152ème Expédition Missionnaire, sans interruption, même en temps de guerre, les missionnaires salésiens (et souvent nos sœurs Filles de Marie Auxiliatrice) ont été des pionniers, portant l'Évangile dans les lieux les plus reculés. Certaines années, il y a même eu deux Expéditions Missionnaires.


Une dernière remarque : le premier numéro du Bulletin Salésien a été imprimé à l'imprimerie de Sampierdarena, alors que le Père Albera en était le Directeur, le 10 août 1878. L'impression de la revue s'y est poursuivie jusqu'en 1882.


Provincial en France (1881-1892) : « le petit Don Bosco »


Le Père Albera devint Provincial en France à partir d'octobre 1881, lorsque Don Bosco l'envoya à Marseille comme premier Provincial des maisons salésiennes de France. Il y trouva une situation difficile puisque, l'année précédente, avait été votée la loi expulsant les Congrégations non autorisées. Cependant, sans se décourager, les Salésiens trouvèrent le moyen de ne pas être expulsés et de rester, en se déclarant « sociétés de bienfaisance ».


Quand Albera est arrivé, il y avait quatre maisons en France. En dix ans, il en fonda dix autres et accomplit un grand service, se faisant apprécier tant de ses confrères que de nombreux laïcs qui ne tarissaient pas d'éloges à son égard. Sa gentillesse et sa simplicité, son sourire, ses manières ouvertes et cordiales, sa profonde spiritualité gagnèrent le cœur des jeunes ainsi que la confiance et l'affection des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice.


Tout au long de ce parcours, Don Bosco a toujours été très présent dans la vie et le cœur du Père Albera. L'affection que Don Bosco lui portait était bien connue. Dans une lettre, par exemple, il lui confiait : « Depuis quelque temps, ma santé est de plus en plus défaillante, mais en t’écrivant, je me sens parfaitement bien. Je pense que c'est l'effet du grand plaisir que je ressens à t’écrire. » Les lettres ne sont pas les seules preuves de cette bienveillance. En effet, Don Bosco rendit visite à plusieurs reprises au Père Albera pour le soutenir dans sa mission, pour encourager les Salésiens et les jeunes, pour tenir des conférences et pour chercher des aides financières dans différentes villes.


Pendant la visite de 1884, Don Bosco était malade et souffrant. Le docteur Combal lui donne une consultation approfondie : « Son corps est comme un costume usé par l'usage quotidien ; le seul remède est le repos. » En février 1885, une rumeur alarmante se répand en France : Don Bosco est mort. Ce n'était qu'une fausse alerte, mais en janvier 1888, il était certain que Don Bosco était gravement malade. Le 12 janvier, le Père Albera arrive donc à Turin. Il ne sait pas s'il doit rester ou partir… Don Bosco l'aide à se décider : « Toi, fais ton devoir en partant. Que Dieu t’accompagne ! Je vais prier pour toi. Je te bénis de tout mon cœur. » Le Père Cerruti promet de le tenir informé. Quelques jours après son retour en France, le Père Albera reçoit un télégramme annonçant que Don Bosco est mourant. En fait, quand il l'a lu, Don Bosco était déjà mort. Il a toutefois eu le temps d'organiser son voyage pour être présent aux funérailles et de dire au revoir à son cher Père.


Ce qui est certain, en ce qui concerne les années passées en France, c'est que la présence de Don Bosco se prolonge chez le Père Albera : on l'appelait « le petit Don Bosco ». Un ancien élève de l'Oratoire Saint Léon de Marseille témoigne : « Ses manières modestes et humbles, son sourire constant, sa façon douce de nous traiter, nous donnaient du courage. » Il n'y avait pas un moment où il n'était pas parmi les jeunes. Il leur rendait visite dans la salle à manger et dans la chapelle. Il parlait peu, mais sa présence suffisait pour commander le respect… Il assistait souvent aux réunions hebdomadaires des Compagnies de Saint Louis et du Saint Sacrement, et ses paroles étaient un stimulant pour la piété et la vertu.


Directeur spirituel de la Congrégation Salésienne (1892-1910)


Le 29 août 1892, lors du VIème Chapitre Général, le Père Paul Albera est élu à l'unanimité « Catéchiste Général », c'est-à-dire Directeur Spirituel de la Congrégation, en remplacement du Père Jean Bonetti, décédé subitement l'année précédente. Il occupa ce poste pendant dix-huit ans. Durant cette période, il s'est particulièrement occupé de la formation des jeunes Salésiens par des rencontres personnelles, des Exercices spirituels et des entretiens particuliers. Le 12 octobre 1893, avec Mgr Cagliero, le Recteur Majeur Don Rua et le P. Barberis, il se rend à Londres pour assister à la consécration de l'église du Sacré-Cœur. Une anecdote intéressante donne un bon aperçu de sa personnalité : après un incident imprévu dans le train, il écrit dans son journal : « Il faut apprendre l'anglais. »


Il convient également de mentionner qu'en 1895, le Père Albera accompagne Don Rua dans son voyage en Terre Sainte et que, la même année, il participe au premier Congrès International des Coopérateurs à Bologne. Il est intéressant de mentionner ces deux faits, car dans son journal, de sa très belle écriture, le Père Albera a esquissé un autoportrait qui me touche personnellement pour la transparence et la finesse spirituelle avec lesquelles il parle de lui-même, de ses sentiments et de ses défauts.


Dans le manuscrit, daté du 31 décembre 1895, nous lisons : « L'année 1895 se perd dans l'éternité. Pour moi, elle a été pleine de joies et de peines. J'ai pu revoir la maison de Marseille où j'ai laissé une bonne partie de mon cœur. De là, je suis allé en Terre Sainte et j'ai été édifié par la compagnie de Don Rua. Quelle piété, quel esprit de sacrifice et de mortification ! Quel zèle pour la santé des âmes ; et surtout quelle égalité d'humeur ! J'ai vu Bethléem, Jérusalem, Nazareth : quels doux souvenirs ! J'ai pu participer au Congrès de Bologne. J'en garde un souvenir inoubliable... J'ai pu prêcher des retraites et récollections aux religieuses en France. Cela a fait du bien à mon âme. J'ai pu m'occuper des ordinands et j'ai été beaucoup plus satisfait que les années précédentes... J'ai écrit quelques pages sur Mgr Lasagna et elles ont été appréciées. Mais l'année 1895 se termine aussi sans que je me sois corrigé de mes défauts les plus graves. Mon orgueil est toujours au plus haut degré. Mon caractère est toujours difficile, même avec Don Rua. Ma piété est toujours superficielle et n'exerce pas une grande influence sur ma conduite, sur mes actions qui sont toutes encore humaines et indignes d'un religieux. Ma charité est capricieuse et pleine de partialité. Je ne suis pas mortifié dans mes yeux, dans mon goût, dans mes paroles... Les maladies ont beaucoup augmenté : je peux mourir à tout moment dans l'état où je me trouve : ce n'est pas une idée, c'est la réalité, et j'en suis conscient. Je veux m'engager dans la nouvelle année à vivre mieux pour mourir mieux. Je me souviens d'avoir orienté deux de mes confrères qui ont fait vœu d'esclavage à Marie. Ils m'ont édifié par leur zèle, par leur dévotion. Leur sang a scellé leur engagement, et moi, qui avais l'air d'être leur maître et directeur dans tout cela, je ne suis rien... Marie, ma Mère, ne me permettez pas d'avoir la honte de reconnaître que je suis inférieur en vertu à mes subordonnés : donnez-moi un grand amour pour vous. »6


J'aime à penser que quiconque lira cette page comprendra beaucoup de la finesse spirituelle du Père Paul Albera et de son exigence envers lui-même. En vérité, les témoignages des autres à son égard sont bien plus élogieux que ce qu'il écrit sur lui-même, car ses qualités étaient évidentes. Sa finesse et sa délicatesse étaient reconnues par tous.


L'Amérique d’un bout à l’autre


Don Bosco a raconté que dans un de ses rêves de missionnaire, il avait traversé l'Amérique depuis Valparaiso (Chili) et était arrivé à Pékin (Chine)... En 1900, on célébrait le jubilé d'argent du premier Envoi Missionnaire et on s'attendait à ce que Don Rua visite les Provinces américaines ; mais ce sera le P. Albera, alors âgé de 55 ans, qui sera envoyé en son nom.


« En janvier 1900, Don Rua annonça le jubilé de l'arrivée des premiers missionnaires salésiens en Amérique et le grand bien qui avait été fait au cours de ces 25 années par les Salésiens et les Filles de Marie Auxiliatrice dans le Nouveau Monde. À cette occasion, ne pouvant se rendre lui-même en Amérique pour célébrer la fête avec ses confrères missionnaires, il décida d'envoyer quelqu'un pour le représenter. Comme les deux premiers nommés, le Père Marenco et le Père Barberis, ne pouvaient pas accepter cet engagement pour diverses raisons, Don Rua demanda au Père Albera de les remplacer. Ainsi, du 7 août 1900 au 11 avril 1903, le Père Albera visita les 215 présences des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice en Uruguay, au Paraguay, en Argentine, au Brésil, au Chili, au Pérou, en Bolivie, en Équateur, en Colombie, au Venezuela, en Amérique Centrale, au Mexique et aux Etats-Unis. »7


Pendant près de trois ans, le Père Albera est allé de maison en maison : rencontres personnelles et de groupe, célébrations liturgiques, réceptions joyeuses et actes officiels, exerçant son ministère sacerdotal, prêchant des exercices spirituels, donnant des conférences aux communautés et aux associations, en particulier dans les maisons de formation des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice. Il a enthousiasmé [en évoquant] Don Bosco et a apporté du réconfort, comme en Équateur après la persécution religieuse, ou après l'exil, la fièvre jaune et la guérilla en Colombie et au Venezuela. Voyageant en train, en bateau, en calèche, à cheval, à pied..., il a traversé villes et forêts, affronté tempêtes de neige, mers houleuses et pluies torrentielles, s'adaptant à différents climats, froids ou chauds, à différentes altitudes, risquant sa santé précaire, connaissant même la quarantaine sur l'île de Flores. Il allait d'une République à l'autre, avec ou sans soutane, comme au Mexique, constatant que l'Oratoire du Valdocco était le modèle reproduit dans la ferveur de la vie spirituelle, dans la proposition pédagogique, dans l'activité d’évangélisation... C'était son programme habituel, réconforté par la cordialité avec laquelle il était accueilli.


Au cours de ces années, le Père Albera a encouragé de nouvelles fondations et accepté plusieurs demandes d'Évêques d’envoyer des Salésiens. Il a présidé des événements tels que le 1er Chapitre sud-américain des Directeurs Salésiens, auquel ont participé 44 Directeurs, deux Évêques et quatre Provinciaux. Il a conclu sa visite en assistant à l'ordination de 15 prêtres qui ont célébré la Messe à minuit entre 1900 et 1901, lorsque Don Rua a consacré la Famille Salésienne au Sacré-Cœur de Jésus.


Son expérience personnelle peut être résumée par ces mots tirés d'une de ses lettres : « Je me sens presque mieux ici, même si le mode de vie est bien différent de celui de l'Europe. Je suis toujours en voyage et je n'ai pas le temps d'écrire ... Les confrères me couvrent des plus délicates attentions… »

Une caractéristique permanente du Père Albera, évidente partout – que ce soit à Sampierdarena, en France ou pendant son séjour de plus de deux ans et demi en Amérique – était sa manière simple d’« être un autre Don Bosco ». Au cours de la longue visite dont nous parlons, le Père Albera n'a pas ménagé ses efforts pour enthousiasmer la Famille Salésienne et, en particulier, les Salésiens Coopérateurs.


Son souci était celui de Don Bosco pour ses jeunes : le salut de chacun. De nombreux témoignages affirment que sa présence, ses paroles, son sourire serein et sobre ont laissé l'image d'un père qui portait l'empreinte de Don Bosco.


Le 18 mars 1903, le Père Albera entame son voyage de retour au Valdocco où il arrive le 11 avril. L’ensemble de l'Oratoire a rendu grâce en chantant le Te Deum. On peut dire que le rêve de Don Bosco était devenu réalité.


Recteur Majeur (1910-1921)


Et arriva le moment qu'il n'avait jamais souhaité et qu'il aurait volontiers évité si seulement il avait pu. Le 16 août 1910, au XIème Chapitre Général, le Père Paul Albera est élu Recteur Majeur au premier tour de scrutin et à une large majorité : « De chaleureux applaudissements éclatèrent et tout le monde s'est levé pour rendre le premier hommage au deuxième successeur de Don Bosco, tandis que le nouvel élu fondait en larmes... : "Je vous remercie pour cette démonstration de confiance et d'estime que vous m'avez donnée, mais je crains que bientôt vous ne deviez procéder à une autre élection !".»8  En réalité, le Père Albera ne se considérait pas apte. Le soir même, il écrivit dans son carnet : « C'est un jour très malheureux pour moi. J'ai été élu Recteur Majeur de la Pieuse Société de St François de Sales. Quelle responsabilité sur mes épaules !... J'ai beaucoup pleuré, spécialement devant la tombe de Don Bosco. »9 Dans sa première lettre circulaire aux Salésiens, il rappelait encore : « Dès qu'il me le fut permis, j'ai couru me jeter aux pieds de notre Vénérable Père, lui reprochant à haute voix d'avoir laissé le gouvernail du navire salésien tomber entre des mains aussi misérables. »10


Le Père Eugène Ceria, dans les Annales de la Société Salésienne,11 a révélé quelques passages du journal intime du Père Albera. Quelques jours après la mort de Don Rua, Albera écrivait : « Je parle beaucoup avec le Père Rinaldi. Je désire de tout cœur qu'il soit élu Recteur Majeur de notre Congrégation. Je vais prier l'Esprit Saint de nous accorder cette grâce. » Se référant au moment du vote, le Père Ceria a noté comment les noms du Père Albera et du Père Rinaldi ont résonné dans l'assemblée. Il a ajouté que le Père Albera semblait plus préoccupé, alors que le Père Rinaldi semblait très calme. Pour finir, le nombre de votes a été de 46 en faveur du Père Albera contre 19 en faveur du Père Rinaldi. Celui-ci était calme car il était certain que la « prophétie » de Don Bosco, faite le 22 novembre 1877, se serait réalisée. En effet, le Père Rinaldi était convaincu que Don Bosco avait prophétisé alors la nomination du Père Albera comme son deuxième successeur. C'est pourquoi il avait conservé cette prophétie dans une enveloppe scellée, certain qu'elle se réaliserait. Et, en fait, elle venait de s'accomplir.12


Dès la fin du Chapitre Général, le Père Albera commença son service comme une véritable animation de la Congrégation, poursuivant le modèle de gouvernance inauguré par Don Rua et en le perfectionnant progressivement à divers aspects.13 La première partie de son Rectorat fut la plus dynamique, marquée par de nombreux voyages, réunions et participations à des événements. Nous aborderons plusieurs de ces réalités dans la deuxième partie de cette lettre, en évoquant divers aspects de son animation et leur pertinence pour nous aujourd'hui.

Le Père Albera a assuré chaque année les Expéditions Missionnaires, en fidélité à Don Bosco et comme l’a fait aussi Don Rua. Il a participé à de nombreux congrès, comme le Ier Congrès International des Anciens Élèves Salésiens à Turin-Valsalice (1911), avec plus de mille participants, ou le Vème Congrès des Oratoires Festifs et des Écoles Religieuses (1911). Il a pris grand soin de la jeune Famille Salésienne et a innové par ses choix et ses décisions pour les maisons salésiennes, en particulier par l'option préférentielle pour les orphelins pendant la période de la guerre et au moins pendant la décennie suivante. C'est précisément au moment de la Première Guerre Mondiale que la position du Père Albera et de la Congrégation suscite un grand intérêt. Il a eu un souci tout paternel pour les Salésiens appelés au front, jusqu'à la fin sereine de sa propre vie.14


Le P. Rinaldi a écrit une longue notice nécrologique sur le P. Albera, dans laquelle, en guise de bilan du Rectorat de celui-ci, il rappelle : « Le Seigneur lui a donné la consolation de voir ses fatigues récompensées par le nombre de confrères en augmentation de 705 membres pendant son Rectorat – malgré les vides causés par la guerre –, par le nombre de maisons ayant augmenté de 103, par les nouvelles missions ouvertes en Afrique (au Congo Belge), en Asie (Chine et Assam), au Chaco Paraguayen. »15


2. UN PASSÉ QUI ÉCLAIRE NOTRE PRÉSENT


Au début de cette deuxième partie, qui se situe en dialogue avec la vie et le service du Père Paul Albera en tant que Recteur Majeur, je voudrais partager avec vous, chers Confrères, ce qui m'a poussé de manière particulière à vous écrire cette lettre.


Mon intention n'est évidemment pas celle d'un historien : je ne le suis pas et, de ce point de vue, je ne pourrais pas ajouter grand-chose aux excellentes publications qui existent déjà. Mon intention est tout autre : à la lumière de la vie du Père Albera et de ses lettres circulaires, j'ai essayé de découvrir des éléments – en en choisissant quelques-uns parmi les nombreuses contributions qu'il a apportées au cours des onze années de son service comme Recteur Majeur – qui peuvent fortement éclairer, guider et provoquer la réflexion pour notre présent.


Aussi impensable que cela puisse paraître, ce que le P. Albera a vécu et décidé stimule un riche dialogue avec notre présent ; la réalité dans laquelle il a vécu ainsi que l'animation et la gouvernance qu'il a exercées, voilà plus d'un siècle, présentent de riches analogies avec notre présent et avec certaines des lignes de programmation que nous avons indiquées pour le présent sexennat après le Chapitre Général 28.


2.1. À l'école de Don Bosco


« Salésiens de Don Bosco pour toujours. Un sexennat pour grandir dans l'identité salésienne »

(CG28, Ligne de programmation 1)


En lisant les écrits du Père Albera, on est frappé par son grand amour pour Don Bosco : « La seule chose nécessaire pour devenir son digne fils était de l'imiter en tout : c'est pourquoi, à l'exemple de nombreux frères âgés qui reproduisaient déjà en eux la manière de penser, de parler et d'agir du Père, je m'efforçai de faire de même. Et aujourd'hui, à plus d'un demi-siècle de distance, je répète à vous aussi qui êtes ses fils comme moi, et qu’il a confiés à moi, fils aîné : imitons Don Bosco dans l'acquisition de notre perfection religieuse, dans l'éducation et la sanctification des jeunes, dans nos rapports avec le prochain, dans le bien fait à tous. »16


Dans la lettre circulaire Sur la discipline religieuse,17 il rappelle, comment lui et un petit groupe de garçons avaient été « à l'école de Don Bosco » : « Ainsi, peu à peu, nous nous formions à son école, d'autant plus que ses enseignements avaient un attrait irrésistible sur nos esprits qui admiraient la splendeur de ses vertus. »18 Dans cette partie de la lettre, le Père Albera nous raconte comment ce petit groupe se sentait privilégié d'avoir accès aux confidences de Don Bosco, combien ils étaient fiers d'avoir été choisis par lui pour suivre ses idéaux, combien ils étaient encouragés de voir qu'ils devenaient de plus en plus nombreux, et comment tous ces sentiments « rendaient nos intentions toujours plus généreuses et plus stable notre désir de rester toujours avec lui, et de le suivre partout. »19


Il est très significatif de lire dans son texte que « plus de cinquante ans se sont écoulés depuis ces temps heureux, mais le temps qui a passé n'a pas pu effacer de nos cœurs l'impression laissée en nous par les paroles de Don Bosco. »20 Bien des années après ces expériences, en tant que Recteur Majeur, devenu un homme mûr, le Père Albera continue à exprimer, avec l'amour d'un enfant ou d'un adolescent, sa profonde gratitude envers Don Bosco qu'il ressentait comme un Père et à qui il croyait devoir tout : « Quand je pense au jour où, jeune garçon de treize ans, je fus charitablement reçu par Don Bosco à l'Oratoire, un frisson d'émotion m'envahit, et je me rappelle l'une après l'autre les grâces presque innombrables que le Seigneur me réservait à l'école de ce très bon Père ! Mais, avec moi, combien d’autres ne doivent-ils pas répéter : "Nous sommes redevables de tout au Vénérable Don Bosco ! Nous lui devons notre éducation, notre instruction ; et, pour beaucoup, même la vocation au sacerdoce, nous la devons à la sollicitude paternelle de cet homme de Dieu qui nourrissait pour ses enfants spirituels une sainte et insurpassable affection". » 21


Nous pourrions ajouter beaucoup d'autres témoignages sur la fidélité du Père Albera à Don Bosco, mais, pour ne pas trop m'y attarder, je me limiterai à citer le magnifique portrait que le Père Rinaldi a fait de lui à sa mort : « Il s'est formé d'abord et toujours à l'école de Don Bosco, dont il a étudié jalousement tous les enseignements... La grandeur de la figure morale du Père Albera, comme Recteur Majeur des Salésiens, réside entièrement dans sa ferme intention de suivre fidèlement, sans aucune restriction ni aucune compromission, les traces de Don Bosco et de Don Rua. Là est la véritable gloire des onze années de son Rectorat. »22 Ces témoignages montrent avec quelle insistance et quelle conviction le Père Albera parlait de la nécessité de connaître Don Bosco, d'étudier sa vie et ses écrits avec amour, de le faire connaître et de parler de lui aux jeunes.


Avec les mots d'aujourd'hui, je dirais qu'en cela « nous jouons » notre fidélité charismatique et notre identité même de Salésiens de Don Bosco. Au récent Chapitre Général 28, en faisant référence au fait que nous avons devant nous un sexennat très propice pour grandir dans l'identité salésienne, j'ai écrit quelques mots d'appel fort, en disant que « notre Galilée pour la rencontre avec le Seigneur aujourd'hui, comme Salésiens de Don Bosco, passe par le Valdocco, les débuts du Valdocco, même fragiles, mais avec la force et la passion contenues dans la fameuse phrase : "Frère ou pas frère, moi, je reste avec Don Bosco ", que le jeune Jean Cagliero a exprimée avec toute l'ardeur et l'enthousiasme de sa jeunesse. Le Valdocco est, en fait, l'atmosphère spirituelle et apostolique où chacun de nous respire l'air de l'Esprit, où nous nourrissons et renforçons notre identité charismatique. C'est le lieu de la "transfiguration" pour chaque Salésien qui, s'appliquant à tous les éléments de notre spiritualité, peut contribuer à faire de chacune de nos maisons un authentique Valdocco, où il sera possible de rencontrer notre Seigneur Jésus Christ face à face dans la vie quotidienne. »23


C'est pourquoi je dis que nous risquons beaucoup dans cette affaire. Notre identité charismatique est en jeu. Être imprégné de l'esprit de Don Bosco, ou être plus ou moins indifférent à son égard, n'est pas anodin. Regarder Don Bosco comme une garantie de fidélité au Seigneur inspirée par l'Esprit Saint est décisif, car c'est en contemplant Don Bosco que nous découvrons, en termes salésiens, notre « code génétique ». Et tout comme le charisme s'est développé en lui, il doit se développer en nous, si nous choisissons la voie de la fidélité. L'article 21 de nos Constitutions présente Don Bosco comme notre modèle : « Le Seigneur nous a donné en Don Bosco un père et un maître. Nous l'étudions et nous l'imitons. En lui nous admirons un splendide accord de la nature et de la grâce. » Je suis sûr que le Père Paul Albera, qui a tant parlé à ses Salésiens de la fascination et de l'attrait que Don Bosco exerçait sur lui, serait en total accord avec ces très belles déclarations de nos Constitutions.


La rencontre avec Don Bosco, comme ce fut le cas pour les jeunes Rua, Francesia, Cagliero, Albera et tant d'autres, a été décisive dans nos vies jusqu'à aujourd'hui, du moins pour beaucoup d'entre nous. Sa figure et sa personnalité, sa foi en Dieu et dans le Seigneur Jésus-Christ, ainsi que son amour pour ses garçons, ont été et continuent d'être une source d'inspiration. Notre rencontre avec lui, certainement à travers les médiations les plus inattendues, a été une grâce, et le connaître – peu ou prou – jusqu’à l'aimer, nous a profondément marqués. Pour nous, comme le dit l'article des Constitutions que je viens de citer, Don Bosco est un « père » : une expression qui non seulement nous parle d'amour, d'affection et d'admiration, mais qui dirige aussi notre regard vers Don Bosco comme fondateur ; vers Don Bosco qui a commencé cette fascinante expérience spirituelle qu'est le charisme salésien, que nous portons dans notre cœur et dont nous faisons partie. Il a lui-même dit : « Appelez-moi Père et je serai heureux. »24 « Où que vous soyez, rappelez-vous qu'ici, à Turin, vous avez un Père qui vous aime dans le Seigneur. »25


Cherchons à connaître et à admirer ce Père, en vivant notre être Salésiens de Don Bosco (SDB) dans une relation vitale avec lui, en nous sentant heureux, en éprouvant un sentiment croissant de plénitude dans nos vies, en faisant en sorte que notre vie – la vie de chacun – malgré nos limites et nos pauvretés personnelles, fasse de nous des « Don Bosco aujourd'hui » pour chaque jeune que la Divine Providence place sur le chemin de nos vies. Et engageons-nous à étudier notre Père – ce sur quoi le Père Albera insistait déjà seulement vingt-deux ans après la mort de Don Bosco – car nous ne pouvons pas ignorer ou sous-estimer la distance chronologique et culturelle qui nous sépare de lui.


La conscience de ce besoin et la connaissance de notre Congrégation m'ont amené à affirmer, dans les lignes programmatiques du sexennat après le CG28, que ce temps devra être caractérisé par « un travail en profondeur dans la Congrégation pour croître en profondeur charismatique, en identité salésienne, dans toutes les phases de la vie, avec un engagement sérieux dans chaque Province et dans chaque communauté salésienne, pour en arriver à dire comme Don Bosco : "J'ai promis à Dieu que ma vie, jusqu'à son dernier souffle, serait pour mes pauvres garçons". »26


2.2 « Comment nous aimait Don Bosco » 27


La pédagogie de la bonté. « Vivre le "sacrement salésien" de la présence »

(CG 28, Ligne de programmation 3)


Le Père Albera, dans sa lettre circulaire sur les oratoires, les missions et les vocations, raconte que Don Rua dit un jour à un Salésien qu'il envoyait ouvrir un Oratoire festif : « Il n'y a rien là, pas même le terrain et la salle pour rassembler les jeunes, mais l'Oratoire festif est en toi : si tu es un vrai fils de Don Bosco, tu trouveras un bon endroit pour le planter et le faire grandir en un arbre magnifique plein de beaux fruits. » Le Père Albera poursuit : « Et ce fut le cas puisqu’en quelques mois, l'Oratoire était beau et spacieux, rempli de centaines de jeunes, dont les plus âgés étaient rapidement devenus les apôtres des plus jeunes. »28


Je commence par cette citation de Don Rua non pas tant pour me référer à l'Oratoire salésien – même s'il s'agit d'un thème merveilleusement charismatique auquel Don Bosco, Don Rua, Don Albera et d'autres, bien sûr, croyaient beaucoup – , mais pour montrer la grande valeur qu’il y a à porter dans notre cœur toute la force d'un éducateur, toute la passion éducative d'un pasteur, toute la pédagogie de la bonté et de la douceur, qui nous permet de vivre notre présence parmi les enfants et les jeunes comme un véritable « sacrement salésien ».


Il y a de nombreuses pages dans lesquelles le Père Albera raconte comment notre Père Don Bosco aimait ses garçons. Je vous propose de vous en brosser un des nombreux « tableaux » possibles : « L'amour de Don Bosco pour nous était quelque chose de singulièrement supérieur à tout autre affection : il nous enveloppait tous presque entièrement dans une atmosphère de contentement et de bonheur, d'où étaient bannies peines, tristesses et mélancolies... Oh ! C'est son amour qui attirait, gagnait et transformait nos cœurs... Tout en lui exerçait sur nous un puissant attrait : son regard pénétrant qui était parfois plus efficace qu'un sermon ; un simple mouvement de tête ; le sourire qui fleurissait perpétuellement sur ses lèvres, toujours nouveau et très varié, et pourtant toujours calme ; la flexion de sa bouche, comme lorsqu'on veut parler sans prononcer de mots. »29


Dans la lettre que je cite, le Père Albera fait remarquer aux Salésiens qu'il faut aimer les jeunes et, comme il le fait souvent et abondamment dans ses autres écrits, il rappelle sa propre expérience de vie aux côtés de Don Bosco. Par exemple, il écrit : « Encore maintenant, il me semble ressentir toute la douceur de sa prédilection pour le tout jeune homme que j'étais : je me sentais comme prisonnier d'une puissance émotionnelle qui alimentait mes pensées, mes paroles et mes actes, mais je ne saurais mieux décrire cet état d'esprit qui était aussi celui de mes camarades de l'époque... Je me sentais aimé d'une façon que je n'avais jamais ressentie auparavant, qui n'avait rien à voir même avec l'amour très vif que me portaient mes inoubliables parents. »30


Dans la Lettre XXVII Sur la douceur, adressée spécialement aux Provinciaux et aux Directeurs pour les encourager à se distinguer dans leurs relations avec les autres non seulement par la charité mais aussi par la douceur, le Père Albera n'hésite pas à dire que celle-ci a « une importance capitale, et elle est la note caractéristique de l'esprit de Don Bosco. »31 Dans les premières pages de la lettre, il effectue un long parcours, se référant à la fois à l'effort nécessaire pour cultiver et maîtriser son propre caractère, et aux exemples de la vie de quelques saints, jusqu'à celui qui est notre modèle, Don Bosco. Dans le rêve des neuf ans, il est demandé à Jean Bosco de pratiquer la douceur. La Dame du rêve serait à ses côtés et « lui enseignerait la manière la plus efficace de corriger et de rendre meilleurs ces petits espiègles. » Le Père Albera commente : « Nous savons tous que ce moyen n'était autre que la douceur ; et Don Bosco en était tellement convaincu qu'il s'est immédiatement mis à la pratiquer avec ardeur, en en devenant un véritable modèle. »32 Et le P. Albera conclut : « Soyons-en bien convaincus : d’après notre Vénérable [Père], le véritable secret pour gagner les cœurs, la qualité caractéristique du Salésien, consiste dans la pratique de la douceur. »33


Le Saint-Père, dans le message qu'il a adressé aux membres du Chapitre Général 28 – communiquant au dernier moment son impossibilité d'être présent, comme il l'aurait souhaité, à cause du blocus territorial imposé par la pandémie du COVID-19 – nous donne les mots et les expressions de quelqu'un qui connaît bien ceux à qui il écrit et nous « provoque » à revenir toujours à nos origines au Valdocco. Le Pape nous a parlé de « l'option Valdocco » et du « charisme de la présence », que je me permets humblement d'appeler le sacrement salésien de la présence, parce que – j'en suis convaincu – il est pour nous un « lieu théologique » de la rencontre avec Dieu à travers notre présence parmi les jeunes. Eh bien, le Saint-Père nous dit qu’« Avant même des choses à faire, le Salésien est le rappel vivant d'une présence où disponibilité, écoute, joie et dévouement sont les éléments essentiels pour susciter des processus. La gratuité de la présence sauve la Congrégation de toute obsession activiste et de tout réductionnisme technico-fonctionnel. Le premier appel est celui d'être une présence joyeuse et gratuite parmi les jeunes. »34


Nous sommes certainement en phase avec ce langage, fait de mots qui touchent notre cœur d'apôtres et d'éducateurs, mais qui parlent d'une réalité qui est bien plus qu'une prédisposition naturelle à être parmi les jeunes. Quand je dis « sacrement salésien de la présence », je ne me réfère pas seulement à la présence physique – que je crois nécessaire de toute façon – ni même au fait d'avoir et d'exercer une sympathie naturelle et visible (qui est également nécessaire), mais surtout au fait de vivre cette présence bienveillante et douce comme élément essentiel de notre spiritualité. L'affection, la délicatesse, « l’amorevolezza » (bonté affectueuse) – terme italien qui résume tout cela en une seule expression – est, surtout, un signe de l'amour de Dieu pour les jeunes à travers notre personne. C'est le fruit de la charité pastorale, c'est l'amour authentique et vrai de l'éducateur qui est ami, frère, père ; c'est l'amour qui se manifeste dans la présence avec une vraie atmosphère familiale, dans la générosité du service et du sacrifice en faveur de nos enfants et de nos jeunes. C'est une présence qui se concrétise dans l’écoute attentive et patiente, dans la maîtrise de soi et aussi dans nos efforts pour ne jamais ruiner en un instant ce que l’on est en train de construire avec tant d'efforts. C'est l'expression d’une mystique et d’une spiritualité salésiennes vraies : le contenu de ces deux mots ne doit pas nous effrayer. C'est certainement un moyen et une voie magnifique pour l'éducation et l'évangélisation des jeunes.


La présence salésienne parmi les jeunes n'est ni compliquée ni rigide. Nous acceptons de nous intéresser à ce qui les intéresse ; nous sommes heureux qu'ils puissent s'exprimer spontanément, en étant eux-mêmes. Notre présence est une présence affective et efficace (et pas seulement en paroles), une présence d'éducateur et d'ami, qui sait être proche, qui sait parler au cœur de manière personnelle et unique. Les paroles que nous ont adressées les jeunes qui ont participé au Chapitre Général 28 continuent à résonner en moi avec une force qui ne me laisse pas indifférent chaque fois que je les lis. Je vous invite, chers Confrères, à les lire et relire : « Notre recherche d'épanouissement spirituel et personnel nous préoccupe. Nous voulons avancer vers la croissance spirituelle et personnelle, et nous voulons le faire avec vous, les Salésiens (...) Nous aimerions que vous, précisément, nous guidiez avec amour dans les réalités que nous vivons (...) Salésiens, n'oubliez pas les jeunes car nous, nous ne vous avons pas oubliés, ni vous ni le charisme que vous nous avez appris ! (...) Vous avez notre cœur entre vos mains. Vous devez prendre soin de votre précieux trésor. »35. Certes, chers Confrères, c'est un privilège de percevoir et d'écouter le battement de cœur de la vie de nos jeunes, et de sentir naître et grandir en nous, dans notre cœur, ce sentiment qui nous fait dire comme Don Bosco : « Je me sens bien ici avec vous. »


L'oratoire, l'école, le groupe de jeunes sont en toi, dans chaque cœur salésien, lorsque l’on vit habités intérieurement par cette forte conviction : ils sont notre héritage ; ce sont eux, les jeunes, qui nous sauvent. Et, avec la douceur de François de Sales, nous n'avons pas d'autre moyen de les aider que d'être au milieu d'eux, présents parmi eux avec un vrai cœur d'éducateurs et de pasteurs. C'est ainsi que l'expression « l'éducation est une affaire de cœur et Dieu seul en est le maître »36 deviendra réalité.


2.3. L'esprit de piété 37


« Une Congrégation où est urgent le "Da mihi animas, cœtera tolle" »

(CG28, Ligne de programmation 2)


Je trouve tout à fait significatif que la deuxième lettre circulaire du Père Paul Albera en tant que Recteur Majeur soit consacrée à l'esprit de piété. Il l'a écrite le 15 mai 1911. Au cours de ces années-là, la Congrégation se trouvait à un moment particulièrement délicat de son histoire. Les années du Rectorat de Don Rua avaient été des années de grande expansion géographique et de croissance numérique. C'était une époque où les Salésiens vivaient un grand enthousiasme, menaient de grandes initiatives et s'engageaient dans une activité débordante, mais étaient aussi exposés à des risques et à des dangers.


Dans cette lettre, le Père Albera nous donne un panorama de ce qu'il entend par « esprit de piété » : sa nature et sa nécessité pour la vie chrétienne et religieuse, pour la fécondité apostolique, pour l'endurance et la patience dans les épreuves, pour la persévérance dans la vocation, pour la pratique du Système Préventif, etc. Mais en particulier, avec sa grande sensibilité de guide spirituel, le Père Albera met en garde contre l'activisme incontrôlé et ses dangers : « En vous parlant à cœur ouvert, je vous avoue que je ne peux me défaire de la pensée douloureuse et de la crainte que cette activité vantée des Salésiens, ce zèle qui a semblé jusqu'à présent inaccessible à tout découragement, cet enthousiasme chaleureux qui a été soutenu jusqu'à présent par des succès heureux et continus, n'échouent un jour s'ils ne sont pas fécondés, purifiés et sanctifiés par une piété vraie et ferme. »38


Le Père Albera reconnaît qu’avec la grâce de Dieu et la protection de Marie Auxiliatrice, ce furent le travail inlassable et l'énergie admirable de Don Bosco, de Don Rua, de Monseigneur Cagliero et de « tant d'autres de leurs fils » qui ont permis la diffusion rapide des œuvres salésiennes en Europe et en Amérique. En plus de cela, il exprime son appréciation et sa gratitude pour le témoignage de nombreux confrères – prêtres, clercs [abbés] et coadjuteurs – qui sont de véritables modèles d'esprit de piété et sont admirés de tous. « Mais malheureusement, je dois ajouter, et flens dico [et je le dis en pleurant], qu'il y a aussi des Salésiens qui laissent beaucoup à désirer sur ce point. Certains d'entre eux qui, lorsqu'ils étaient novices, avaient édifié tous leurs compagnons par leur ferveur, prennent des distances en ce domaine. On ne dirait pas que certains d’entre eux sont encore fils de Don Bosco, tant ils considèrent les pratiques religieuses comme un fardeau insupportable ; ils font tout pour s'en dispenser, et ils donnent partout le triste spectacle de leur laxisme et de leur indifférence [...]. Quelle étrange contradiction ! Ils vivent dans une maison religieuse, ils suivent la communauté dans de nombreux domaines, ils travaillent peut-être même selon nos règlements, mais entre-temps, ils ne sont plus vraiment religieux. »39


Le Cardinal Augustin Richelmy, lors de sa visite au CG XI, juste après l'élection du P. Albera comme Recteur Majeur, les en a avertis : « Le monde admire votre prodigieux travail, mais l'Église et Dieu admirent votre sainteté. »40 Nous ne devons pas oublier que le « feu sacré de la piété » et « l'union ininterrompue avec Dieu » étaient « la note caractéristique de Don Bosco. »41


Je vous avoue, chers Confrères, que j'ai été profondément impressionné en lisant cette lettre de dix-huit pages d'un Recteur Majeur qui, au début de son service, était si profondément préoccupé par le manque d'authenticité dans la vie de certains Salésiens de l'époque. Et je suis tout à fait sûr que le Père Albera savait très bien de quoi il parlait, ayant été Directeur spirituel de la Congrégation pendant dix-huit ans.


Je pense que tout au long de l'histoire de notre Congrégation (et certainement aussi dans la plupart des congrégations religieuses), l’insistance à être très attentif à l'authenticité de la vie consacrée est une constante – pour utiliser le langage d'aujourd'hui. En effet, la perte de cette authenticité met tout sérieusement en péril. Dans plusieurs de nos Chapitres Généraux42 et dans de très nombreux écrits des Recteurs Majeurs,43 cela a été la grande insistance, et parfois une préoccupation similaire à celle présentée par le Père Albera. Il me semble important de souligner que ce rappel constant doit nous aider à être vigilants pour continuer à être très authentiques dans notre vie de pasteurs consacrés au bien des jeunes, avec ce don de soi que nous demandons aussi comme fruit du CG28.


En parlant de l'identité charismatique, j'ai fait remarquer que l'enjeu est de taille. L'aspect auquel je fais référence maintenant n'est pas moins important. Nous discutons et faisons beaucoup d'efforts pour rencontrer les jeunes et être acceptés par eux, usant de quantités d’ingéniosités les plus à la page possible ; nous élaborons toutes sortes de plans stratégiques, nous parlons de projets 4.0 semblables au parcours développé par les entreprises technologiques. Je n'enlève rien à nos efforts pour vivre à la page et au rythme des jeunes. Cependant, je veux dire ceci avec le Père Albera qui m'accompagne dans cette réflexion : même la plus grande sympathie et les meilleurs dons naturels ne peuvent remplacer la profondeur de vie, l'intériorité, le fait d'être des hommes de Dieu qui, presque sans le prétendre, atteignent profondément le cœur des jeunes. Le Père Albera dit ceci en se référant à Don Bosco et à l'attirance qu'il a éveillée en lui et chez les premiers Salésiens : « De cette singulière attirance jaillissait l'œuvre de conquête de nos cœurs. L'attirance peut parfois être exercée par de simples qualités naturelles d'esprit et de cœur, de traits et d'allure, qui rendent sympathique celui qui les possède ; mais une telle attirance s'estompe au bout d'un certain temps jusqu'à disparaître complètement, même si elle ne donne pas lieu à des aversions et à des contrastes inexplicables. Ce n'est pas ainsi que Don Bosco nous attirait : en lui, ses nombreux dons naturels étaient rendus surnaturels par la sainteté de sa vie, et c’est dans cette sainteté que se trouvait tout le secret de son attirance qui obtenait une conquête définitive et transformait les cœurs. »44


La fascination exercée par Don Bosco ne vient pas seulement du fait qu'il était certainement un « homme de Dieu », un grand charismatique suscité par l'Esprit pour le bien des jeunes dans l'Église et dans le monde, mais aussi du fait qu'il a toujours vécu comme un simple prêtre, fondateur d'une Congrégation très jeune et pauvre ; qu'il a commencé son œuvre avec un petit groupe de jeunes, en maintenant et en nourrissant toujours sa passion pour le bien de ses jeunes ; et que, au fur et à mesure qu'il développait son œuvre, il reconnaissait et réaffirmait avec une certitude croissante que c'était la Providence qui le guidait.


Le même et unique Esprit de Dieu qui a inspiré Don Bosco est présent aujourd'hui. Du point de vue de la foi, nous n'avons aucun doute que c'est cette présence de l'Esprit qui est le fondement de notre espérance et qu'il est possible de continuer à être fidèle au Seigneur Jésus à travers la fidélité à Don Bosco et à sa mission. C'est l'Esprit qui nous unit à Don Bosco et qui fonde donc notre communion dans la salésianité. C'est Lui qui veut nous aider, dans le même élan, à être « avec Don Bosco dans notre temps » (P. Albera) ou, encore, à être « avec Don Bosco aujourd'hui ».


Mais la présence de l'Esprit n'est pas quelque chose de statique, d'étranger à notre devenir. Au contraire, il s'agit d'une invitation permanente, adressée à notre liberté, à prêter attention et à collaborer en permanence. C'est la docilité à Son appel qui rend Sa présence efficace, car sinon nous pourrions facilement « résister à l'Esprit » ou « éteindre l'Esprit » (cf. Ac 7,51 ; 1Th 5,19). C'est pourquoi nous devons, comme nous l'a rappelé le Père Albera, revenir à l'Esprit. Notre Da mihi animas cœtera tolle nous conduit à parcourir le chemin qui nous amène à être, aujourd'hui encore, des hommes profondément spirituels, des hommes à la foi profonde, qui vibrent en Dieu avec ce qu'Il nous offre chaque jour pour être chacun totalement et tout entier pour les jeunes.


« Nous vivons à une époque qui aime l'éphémère », écrivait en 1989 le Père Egidio Viganò dans ses réflexions sur la grâce d'unité.45 Analysant d'un œil attentif ce qui se passait dans ces années-là, où l'on mettait l’accent sur l'éphémère, les modes idéologiques, le mirage devant les merveilles technologiques et le dynamisme de l'efficacité, le Père Viganò nous avertit de la nécessité de la profondeur et de l'intériorité de l'Esprit. Le langage du Père Albera est différent, mais il nous met en garde contre les mêmes risques. Et si telle était la situation il y a trente-deux ans, nous pouvons constater que notre époque actuelle a encore accentué certaines de ces tendances.


Notre vocation est fascinante si elle nous amène à nous éprendre véritablement du Seigneur pour le développement du Royaume. En tant que disciples et personnes consacrées, nous devons être pour les autres « signes et porteurs » non seulement de l'amour de Dieu pour les jeunes (C 2), mais surtout de la puissance de l'Esprit du Seigneur dans notre vie, dans leur vie et dans la vie de tous. Et cela, nous dit le Père Viganò, n'est possible que si « nous nous exerçons quotidiennement à regarder en profondeur. »46


Je crois que nous pouvons reconnaître, également à partir de notre expérience personnelle et communautaire, que notre spiritualité de la vie active n'est pas facile, dans le sens où elle n'est pas quelque chose que l'on peut acquérir une fois pour toutes, mais qu'elle réclame une croissance laborieuse et exigeante de l'intériorité apostolique qui a été, est et sera la garantie de notre authenticité spirituelle. Réels et quotidiens sont les dangers, presque imperceptibles, de se laisser emporter par un regard horizontal, de se voir submergé dans une action qui aboutit en soi à un activisme asphyxiant, de s'épuiser dans le travail et les efforts d'organisation et de gestion, et tant d'autres réalités que nous connaissons : tout cela est comme une « attaque contre la vie dans l'Esprit ». En me souvenant de Don Viganò, je veux réitérer ces certitudes : l'intériorité apostolique est comme la quintessence de notre être Salésiens de Don Bosco pour le monde d'aujourd'hui. Le secret en est la grâce d'unité. Et ce n'est qu'en nourrissant cette unité intérieure que diminue le danger de devenir la proie de la superficialité spirituelle.47


Je ne doute pas que, sur le fond, l'appel à la piété du P. Albera et l'invitation à l'intériorité du P. Viganò ne renvoient à la même chose. Il s'agit aujourd'hui de donner une qualité à l'authenticité de notre vie de Salésiens de Don Bosco, afin de donner une réponse concrète à la question urgente : « Quels Salésiens pour les jeunes d'aujourd'hui ? ».


Le Da mihi animas cœtera tolle qui a conduit le jeune Dominique Savio à comprendre qu'il y avait, chez Don Bosco, un « commerce » d’âmes et non d'argent, est l'expression qui exprime le mieux le zèle pastoral et la charité de Don Bosco, et la nôtre aussi. En regardant Don Bosco, nous apprenons sa profonde spiritualité, sa foi solide et confiante, la certitude que Dieu est présent au milieu des jeunes et la nécessité de cultiver une vie intérieure robuste. La racine profonde de la spiritualité de Don Bosco a toujours été son union avec Dieu, sa vie intérieure et son dialogue avec le Seigneur. « Il ne fait aucun doute que, chez Don Bosco, la sainteté brille dans ses œuvres, mais il est certainement vrai que les œuvres ne sont que l'expression de sa foi. Ce ne sont pas les œuvres réalisées qui font de Don Bosco un saint [...] mais c'est une foi vivifiée par la charité active qui fait de lui un saint. »48 Quand elle est vécue de cette manière, comme elle l'a été pour Don Bosco et comme elle doit l'être pour nous aujourd'hui, alors notre présence parmi les jeunes, le fait d’aller à leur rencontre et de répéter aujourd'hui la promesse que même le dernier souffle de notre vie sera pour eux, tout, absolument tout, sera imprégné de cette pédagogie de la grâce, de l'âme et du surnaturel qui est contenue – et que nous sommes appelés à vivre – dans Da mihi animas cœtera tolle.


2.4. Le drame de la guerre (1914-1918)


L'option pour les enfants et les jeunes les plus pauvres : les orphelins

« Priorité absolue pour les jeunes, les plus pauvres et les plus abandonnées et sans défense »

(CG28, Ligne de programmation 5)


Pendant le Rectorat du Père Albera, l'épreuve la plus dure a été la Grande Guerre. La Première Guerre Mondiale a provoqué le départ de près de la moitié des confrères pour le front, et de nombreuses œuvres ont été réquisitionnées et transformées en casernes et en hôpitaux. Dans cette situation d'urgence, le Père Albera fit de son mieux pour accueillir les orphelins de guerre et les réfugiés dans les maisons salésiennes, même au prix de grands sacrifices. Il était soucieux de poursuivre à tout prix le travail des œuvres salésiennes, et même d'en augmenter certaines, comme les oratoires-patronages et les orphelinats. Il invitait les confrères à l'austérité et à invoquer Marie sous le titre de « Secours des Chrétiens », selon la tradition salésienne d'implorer « Notre Dame des temps difficiles ». Don Bosco, en effet, a toujours reconnu l'inspiration et le soutien de Marie Auxiliatrice ; c'est pourquoi il ne s'est pas laissé décourager par les oppositions et les difficultés qu'il a rencontrées.


Le 24 mai 1915, l'Italie entre en guerre et la Congrégation est totalement impliquée puisque la plupart des confrères sont de nationalité italienne. Dans la lettre mensuelle qui suit ce grave événement, le Recteur Majeur invite à prier pour les personnes sous les drapeaux et à faire « trois jours de jeûne strict (…) pour qu'elles soient épargnées de tout malheur. »49 Il a également demandé que la clôture de l'année scolaire ne soit pas avancée, comme beaucoup le souhaitaient, afin de ne pas ajouter des charges supplémentaires aux familles déjà en difficulté en raison du départ de leurs jeunes hommes dans les rangs de l'armée. Le Père Albera insiste donc fortement sur l'austérité comme signe de solidarité avec les pauvres et sur l’élan apostolique pour recueillir tous les enfants et jeunes qui se seraient retrouvés abandonnés.


Comme le conflit se prolonge au-delà de ce qui était prévu, le Père Albera maintient, comme ligne directrice, l'invitation à garder les yeux fixés sur Don Bosco (« imitons Don Bosco dans la recherche de notre perfection religieuse, dans l'éducation et la sanctification de la jeunesse, dans les relations avec notre prochain, dans le bien à faire à tous »).50 Il exhorte ceux qui sont restés dans les œuvres à un esprit de sacrifice et à un zèle ardent, et souhaite qu'il y ait « une sainte émulation pour assumer les charges et les travaux, sûrement lourds, qui sont indispensables pour combler les vides laissés surtout dans l'école et dans l'assistance, par ceux que la guerre a éloignés de nos institutions. »51


Il invite les Provinciaux à la créativité : « La connaissance de votre Province vous suggérera quelque mesure pratique ; étudiez-la, selon l'esprit de Don Bosco, par rapport aux circonstances actuelles et envoyez-la moi au plus tard le 20 août. Vos projets, bien détaillés [...] seront examinés à fond par le Chapitre Supérieur qui, après avoir fait les observations appropriées, vous les renverra pour exécution. »52 Comme on peut le constater, le gouvernement de la Congrégation apparaît de plus en plus prudent et centralisé selon des lignes de conduite claires et la sauvegarde du charisme. À mon avis, ce « style Albera » est avant tout l'expression de l'autorité de quelqu'un qui connaît la priorité charismatique de la mission et qui veut que tous y soient fidèles.


Peut-être est-ce précisément cet élan perfectif et opérationnel qui est le trait le plus typique et le plus dynamique de la position adoptée par le Père Albera et son Conseil face aux événements, celui qui inspire le plus les confrères à des actions héroïques, tant au front que dans les maisons. Ces paroles d'exhortation sont magnifiques : « Poussez la barque au large, c'est-à-dire lancez-vous avec ardeur dans le vaste champ de la perfection, ne limitez pas vos efforts au strict nécessaire, voyez grand dans vos aspirations, quand il s'agit de la gloire de Dieu et du salut des âmes ; éloignez-vous du rivage qui rétrécit trop vos horizons, et vous verrez combien la pêche d'âmes sera abondante [...]. En cela, la devise de l'apôtre zélé sera la même que celle du vaillant soldat : Courage, en avant ! ».53


Pendant la période difficile de la Première Guerre Mondiale, la paternité spirituelle du Père Albera s'exprime par une affectueuse sollicitude pour les confrères engagés au front et pour les jeunes qui sont encore pris en charge dans les maisons salésiennes. Nous en avons la preuve dans les lettres circulaires qu'il envoyait chaque mois à tous les confrères engagés dans le service militaire54 et les réponses rapides qu'il envoyait à chaque confrère qui lui écrivait.55 Ce fut certainement une période de grande épreuve pour le Recteur Majeur et pour la jeune Congrégation Salésienne, une expérience d'angoisse et de désarroi sans mesure qui devint un tournant dans l'histoire d'un groupe de religieux éducateurs convaincus, ainsi que dans toute l'histoire contemporaine.


Je pense qu'il est particulièrement nécessaire de rappeler certains traits de la figure du Père Albera et de son bon travail au cours de ces années-là, car cela exprime une manière d'agir dans une « situation limite ». Outre le fait de souligner, comme je viens de le faire, son attention particulière à l'égard des confrères qui étaient au front, il y a un autre aspect que je considère d’une grande force et d'une importance charismatique. Je veux parler du fait que dans les situations les plus dramatiques et extrêmes, le Père Albera n'a pas hésité une minute à faire comprendre à toute la Congrégation qu'il y avait une priorité dans la mission salésienne du moment : l'attention aux enfants et aux jeunes orphelins qui étaient les plus pauvres d’entre les pauvres, ayant perdu au moins un de leurs parents, et souvent les deux.


Le Père Albera ne s'est pas contenté de poursuivre ses activités ordinaires. Il ne s'est pas contenté d'attendre que les nuages sombres de ces années-là se dissipent, mais il a activé avec une force exceptionnelle les meilleures énergies de ces pauvres maisons où des Salésiens décimés poursuivaient la mission. Je souligne ce fait parce qu'il a beaucoup à voir avec l'option prioritaire pour les pauvres que nous demandons aujourd'hui encore à toute la Congrégation dans le monde entier.


Une première intervention spéciale a eu lieu quelques mois avant l'entrée en guerre de l'Italie, à la suite du terrible tremblement de terre survenu dans les Abruzzes, le 13 janvier 1915. Le Père Albera écrivit à ses confrères : « Inclinons-nous devant la volonté de Dieu et prions aussi pour les nombreuses victimes de ce cataclysme. Mais mon cœur me dit que Don Bosco et Don Rua ne se contenteraient pas de cela ; je suis donc disposé à accueillir, dans les limites de la charité que le Seigneur nous envoie, quelques-uns des orphelins survivants. »56 Après cet appel, les Salésiens se sont immédiatement mis au travail et ont accueilli des centaines d'orphelins dans différentes maisons (salésiennes) en Italie.


Comme je l'ai déjà mentionné, lorsque l'Italie est également entrée en guerre le 24 mai 1915, des centaines de jeunes Salésiens ont été appelés sous les drapeaux. Comme il fallait s'y attendre, le nombre de morts civils s'est multiplié et, parallèlement, le nombre d'orphelins de guerre a augmenté. Avec une ferme détermination, le Père Albera écrit : « Confiant dans la Divine Providence, dans la charité des âmes généreuses et dans le soutien des autorités, j'ai décidé d'ouvrir un institut spécial pour les enfants âgés de huit à douze ans qui se trouvent abandonnés, soit parce que orphelins de mère et que leur père est sous les drapeaux, soit parce qu'ils ont perdu leur père à la guerre. »57


De même que nous avons parlé de la singularité de l'Oratoire, il est nécessaire de mentionner l'orphelinat comme un espace éducatif très salésien, surtout à cette époque. On pourrait considérer l'orphelinat comme une institution éducative d'une autre époque, mais il révèle le « cœur oratorien » d'une manière extraordinaire. Les orphelins de chaque guerre, en particulier ceux des nations vaincues, sont doublement victimes : ils ont perdu leurs parents dans des circonstances violentes et leur patrie n'a pas les moyens de s'occuper d'eux.


Le Pape Benoît XV avait attiré l'attention de tous sur ce problème, tant les nations victorieuses que les Églises et Congrégations locales, avec des réponses diversifiées. Le Père Albera, au nom des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice, s'est engagé personnellement à soulager ce fléau ; des orphelinats accueillants ont été ouverts en Europe Centrale déchirée par la guerre. Dans la dernière année de la guerre, il dit aux Salésiens appelés au front : « J'ai immédiatement fait en sorte que près d’une centaine d’enfants réfugiés âgés de 12 à 14 ans soient logés à l'Oratoire : en même temps, j'ai lancé un appel à tous les Directeurs de nos maisons en Italie pour qu'ils accueillent le plus grand nombre possible de jeunes. »58


J'ai fait référence à cet aspect de la vie du P. Paul Albera et de son service comme Recteur Majeur parce qu'il touche directement un élément essentiel de notre charisme, qui est l'option pour les jeunes et, parmi eux, les plus pauvres et les plus abandonnés (C 2). Comme vous pouvez l'imaginer, chers Confrères, passer en revue nos Chapitres Généraux et l'enseignement des Recteurs Majeurs sur ce sujet prendrait beaucoup de temps et une longue lettre [serait nécessaire].59 Je pense que ce que j'ai dit est suffisant pour montrer que dans la Congrégation, il y a toujours eu une préoccupation pour les jeunes les plus pauvres et les plus abandonnés, et que cela coïncide avec un souci constant d'être fidèle au Seigneur dans la fidélité charismatique à Don Bosco. Cependant, à mon avis, la décision et la fermeté avec lesquelles le Père Albera a abordé cette priorité ressortent avec une force singulière.


Or, les orphelins de la Première Guerre mondiale sont pour nous aujourd'hui les orphelins de certaines guerres actuelles, comme en Syrie ; ils sont les victimes des guérillas sur le continent africain et en Amérique latine. Les orphelins d’alors sont pour nous aujourd'hui les enfants des rues de nombreux pays où le charisme de Don Bosco a pris racine. Ce sont aussi ces enfants immigrés qui arrivent seuls en terre inconnue, sans aucune protection. Ce sont tous ces enfants et ces jeunes qui, sans aucun doute, sont dans nos cœurs de Salésiens et nous blessent profondément à cause de leur condition. Et je demande, chers Confrères, qu'ils continuent à nous blesser. Ne nous habituons pas à « l’identité d'orphelin » [« orfanezza »] de notre XXIème siècle. C'est pourquoi, dans la cinquième ligne de programmation de notre Congrégation pour ce sexennat après le CG28, je vous ai demandé de donner une priorité absolue aux jeunes, aux pauvres et aux personnes les plus abandonnées et sans défense : « Je suis convaincu que le fait d'assumer cette perspective comme indispensable sera très significatif dans toute la Congrégation et dans tous les contextes, cultures et continents. Aujourd'hui, il existe de nombreuses pauvretés chez les jeunes, qui exigent une attention urgente de la part de toute la famille humaine, et sans aucun doute de notre part à nous, Salésiens, d'une manière particulière. En effet, l'histoire de notre Congrégation se caractérise par des appels à aller à la rencontre des jeunes les plus pauvres. "Comme fils de Don Bosco, [les Salésiens] ont contracté un engagement historique à servir les jeunes pauvres." (MB XVII, 272 et 207) ».60 C'est précisément pour cette raison que j'ai lancé un appel pour que nous regardions nos jeunes, les jeunes du monde et de nos propres présences, ceux que nous connaissons et ceux que nous devons aller chercher, pour connaître avec un grand respect leurs histoires de vie, leurs angoisses et leurs douleurs, leur vie même, si souvent pleine de tragédies. Ce sont aujourd'hui « nos orphelins » qui ont tant de points communs, même s'ils ne le savent pas, avec ceux des grandes guerres. Nous devons être là pour eux.


2.5. Soyez tous missionnaires 61


L'appel fort du Père Albera est le « frère » de l'invitation adressée

à toute la Congrégation après le CG 28 et nous rappelle :

« C’est l’heure d’une plus grande générosité dans la Congrégation.

Une Congrégation universelle et missionnaire »

(CG 28, Ligne de programmation 7)


Une des caractéristiques du service du Père Albera comme Recteur Majeur a été sa grande préoccupation, son animation et son engagement pour les missions, qu'il considérait comme essentielles au charisme de Don Bosco.


Ce qu'il écrit dans sa première lettre à la Congrégation, datée du 25 janvier 1911, est très significatif : « Je me surprends à craindre que le zèle ardent de nos premiers missionnaires s'estompe parmi nous, et que nous ne réalisions pas complètement les projets de Dieu sur notre humble Congrégation. Malheureusement, chaque jour, je vois le nombre de demandes pour aller en mission diminuer, et donc les mots "tene quod habes" [accroche-toi à ce que tu as] résonnent dans mon esprit comme des coups de marteau. »62 À sa grande sensibilité, en fidélité à Don Bosco et à Don Rua, il faut ajouter le fait qu'à l'occasion de sa visite en Amérique au nom du Recteur Majeur, il a pu connaître la belle et naissante réalité des missions, surtout en Patagonie, en Terre de Feu, au Mato Grosso et à Mendez et Guayaquil.


Pendant le Rectorat du Père Albera, plus de 450 Salésiens sont partis en mission. Une seule année, en 1915, l'Expédition Missionnaire a été suspendue à cause de la guerre. En 1913, la 47ème Expédition est terminée. Le 31 mai de cette année-là, le Père Albera avait envoyé une lettre circulaire à tous les Salésiens pour les encourager à venir en aide aux missions : « Il ne vous sera pas difficile, chers Confrères, de comprendre la lourde charge qui incombe à votre Recteur Majeur de fournir à ces Missions un personnel fiable et zélé et des moyens matériels. En effet, les besoins en personnel et en ressources deviennent de plus en plus sensibles, et je ressens le besoin de faire appel à votre bon cœur, mes chers Confrères, pour obtenir de l'aide. Oui, s'il vous plaît, partagez avec moi un tel fardeau, en prenant nos missions très à cœur, d'abord par vos prières et ensuite par votre action. »63 Le résultat fut que cette année-là, plus de 70 Salésiens constituaient la 47ème Expédition. Avec les Salésiens, 52 Filles de Marie Auxiliatrice ont également été envoyées en mission.


En parcourant la biographie du P. Albera, on peut constater qu'il était très préoccupé, lorsqu'il était à Turin ou au retour de certains de ses voyages, par les préparatifs de l'Expédition Missionnaire annuelle. Voici un compte rendu de quelques-uns de ses envois : « Les adieux ont eu lieu le 11 octobre 1910 dans l'église de Marie Auxiliatrice. Il embrassa l’un après l’autre les cent missionnaires qui partaient, laissant à chacun un souvenir personnel. »64 Il en fut de même en 1911, lorsque, « après la célébration d'adieu de cinquante missionnaires destinés spécialement à la Chine et au Congo, le Père Albera partit pour l'Autriche, la Pologne et l'Ukraine. »65 En octobre 1912, il salua et bénit la nouvelle Expédition Missionnaire. En faisait partie le jeune Ignace Canazei qui succéderait plus tard à l'Évêque et martyr Louis Versiglia comme Vicaire Apostolique de Shiuchow (Shaoguan). En 1929, Canazei a lui-même raconté : « Avant de partir pour la Chine, le Père Albera nous a invités à assister à la Sainte Messe qu'il allait lui-même célébrer dans la chapelle de Don Bosco. Après, il nous a parlé d'une manière paternelle. Il nous a dit entre autres : "Vous partez maintenant pour les missions. Au début, vous rencontrerez de nombreuses difficultés, mais au fil du temps, vous vous familiariserez avec la langue, les coutumes, vous ferez la connaissance de nombreuses personnes et, après une dizaine d'années, le nouveau pays deviendra pour vous une seconde patrie. »66 On pourrait dire la même chose de toutes les Expéditions Missionnaires.


Tout cela montre comment, par fidélité à Don Bosco, les missions ont été pour le Père Albera un élément charismatique essentiel et indispensable. Ainsi – c'est ma conclusion – , avec le même critère de fidélité à Don Bosco et à son charisme, elles doivent continuer à l’être pour nous aujourd'hui.


Dans la lettre circulaire du 31 mai 1913, déjà mentionnée, intitulée Les oratoires festifs - Les missions - Les vocations, le P. Albera consacre quelques pages splendides à rappeler aux Salésiens ce que les missions signifiaient pour Don Bosco, comment il les portait dans son esprit et dans son cœur. En même temps, il lance un appel à prendre « nos missions très à cœur, d'abord par la prière et ensuite par l’action », et les invite à s'enrichir « des vertus du missionnaire qui doivent être une profonde piété et un grand esprit de sacrifice pour toute la vie et pas seulement pour quelques années. »67 Dans cette lettre, le Père Albera déclare aussi comment l'Oratoire festif doit être le cœur et la vie de la Congrégation, comme il l'était pour Don Bosco : « Les missions parmi les peuples indigènes [« selvaggi »] ont toujours été l'aspiration la plus ardente du cœur de Don Bosco, et je ne crains pas de me tromper en disant que la Très Sainte Vierge Marie Auxiliatrice, dès ses premières manifestations maternelles, lui en avait suggéré une très claire intuition, alors qu’il était encore très jeune… Il nous en parlait sans cesse, à nous, ses premiers fils, qui étions émerveillés et nous sentions transportés par un saint enthousiasme ; il décrivait, avec la précision limpide d'un explorateur, des régions lointaines, des forêts immenses à la flore et à la faune mystérieuses, des fleuves majestueux, des tribus guerrières... Et puis des villes nouvelles surgissant comme par enchantement là où régnaient auparavant la solitude et la mort. »68 Pour Don Bosco, « les missions étaient le sujet favori de ses entretiens, et il savait faire naître dans les cœurs un désir si vif de devenir missionnaires que cela semblait la chose la plus naturelle du monde. »69


Chers Confrères, dans les lignes de programmation de notre CG28, j'ai fortement insisté sur la dimension missionnaire de notre Congrégation. Il est clair que nous sommes dans une période qui appelle une plus grande générosité de la part de tous, car « la réalité missionnaire de notre Congrégation continue à nous interpeller et à nous présenter de beaux défis ; les missions nous poussent en avant et nous font faire de beaux rêves qui deviennent réalité. »70


Je crois pouvoir dire que l'animation missionnaire dans notre Congrégation est une des dimensions que chaque Recteur Majeur, dans notre histoire à ce jour, a assumée avec un véritable amour. Pas une seule année – sauf 1915, comme je l’ai déjà rappelé – où, au fur et à mesure que chaque Expédition Missionnaire arrivait à maturité, il n'y ait pas eu un gros effort pour aider les différentes Églises locales et les Provinces avec la présence de nouveaux Salésiens qui ont offert de donner le meilleur d'eux-mêmes partout où ils ont été envoyés. Nous ne pouvons pas oublier que la Congrégation est aujourd'hui présente dans 134 pays parce que des missionnaires de nombreuses parties du monde, et pendant de nombreuses décennies, ont fait les premiers pas pour que le charisme de Don Bosco puisse s'enraciner dans chaque pays et région.


Aujourd'hui comme hier, comme je l'ai fait au cours de ces sept dernières années et comme l'ont fait mes prédécesseurs, je continue à inviter les confrères à être généreux, surtout ceux qui ressentent un appel particulier du Seigneur (« Allez ! De toutes les nations faites des disciples... » - Mt 28,19) dans la vocation que nous vivons tous comme Salésiens de Don Bosco. Le P. Paul Albera est un bon miroir où l’on peut regarder la grandeur et la valeur de la dimension missionnaire et des missions dans notre Congrégation.


Je crois pouvoir affirmer, sans crainte de me tromper, que la Congrégation continue à être vigilante, attentive et toujours prête à annoncer l'Évangile aux peuples qui ne le connaissent pas (C 6), convaincue que « nous reconnaissons dans le travail missionnaire un trait essentiel de notre Congrégation. » (C 30). C’est précisément pour cette raison, en totale harmonie et en dialogue avec l'esprit que le Père Albera nous a rappelé, que j'ai proposé à la fin du Chapitre Général 28 : « Je propose à toute la Congrégation de concrétiser cette heure de générosité en assumant tout naturellement la disponibilité de Confrères de toutes les Provinces [...] pour des services internationaux, de nouvelles fondations, de nouvelles frontières que nous voulons atteindre. »71


3. LA VIERGE MARIE ET DON BOSCO 72


Je ne pourrais pas conclure cette lettre sans faire référence, même brièvement, à la Vierge Marie, le grand Amour de Don Bosco, et à la profonde dévotion et conviction du Père Albera en ce qui concerne le grand don que nous, Salésiens et Famille Salésienne, avons envers « notre puissante Protectrice ».73 Dans la lettre circulaire qui s'inspire du 50ème anniversaire de la consécration du sanctuaire de Notre Dame Auxiliatrice,74 le Père Albera écrit avec son humilité habituelle : « Sans doute d'autres plumes, bien mieux trempées que la mienne, tisseront-elles dans toutes les langues et en tous lieux les louanges de la Madone de Don Bosco. » Mais il sait que « le Recteur Majeur des Salésiens ne peut pas garder le silence » quand il s'agit de joindre sa voix à celle de tant de fils de Don Bosco dans la louange reconnaissante à la Mère de Dieu. C'est pourquoi il conclut : « Que la Très Sainte Vierge Auxiliatrice guide ma plume, afin que j'écrive des choses les moins indignes d'Elle. »75


La lettre est pleine de la conviction que Marie Auxiliatrice est avant tout la Madone de Don Bosco et que, comme Salésiens, nous avons un devoir de gratitude « envers notre Reine du Ciel, pour les grands et innombrables bienfaits qu'elle a voulu si généreusement nous accorder. »76



Le Père Albera souligne que le déroulement de la vie de Don Bosco, « fils d'un humble paysan des Becchi », reste « une énigme inexplicable » si elle n'est pas comprise et savourée dans la foi, qui sait voir la main toute-puissante de la Divine Providence toujours à l'œuvre. Et il affirme avec certitude : « Don Bosco ne pouvait certainement pas avoir de doute sur l'intervention continue de Dieu et de la Très Sainte Vierge Auxiliatrice dans les divers événements de sa vie très laborieuse. »77 Après le rêve des neuf ans, « ce fut la Mère de Dieu qui le guida dans tous les événements les plus importants de sa carrière, qui fit de lui un prêtre savant et zélé, qui le prépara à être le Père des orphelins, le Maître d'innombrables ministres de l'autel, l'un des plus grands Éducateurs de la jeunesse, et enfin le Fondateur d'une nouvelle Société religieuse qui devait avoir pour mission de propager partout son esprit et sa dévotion à Elle sous le beau titre de Marie Auxiliatrice. »78


Je crois que nous pouvons dire, chers Confrères, que le passage que je viens de citer est un résumé parfait et complet de la vie de Don Bosco et de la place que la Vierge y a occupée. Elle était son soutien valide, elle l'a guidé tout au long de sa vie. À la fin, au cours de l'Eucharistie célébrée en 1887 dans l'église du Sacré-Cœur de Rome, le lendemain de la consécration de celle-ci, le vieux Don Bosco, à la santé très compromise et étouffant d'émotions et de larmes, comprend quel a été le fil conducteur de toute sa vie : « C’est Elle qui a tout fait ! ».


En tant que fils de Don Bosco, nous exprimons chaque jour notre amour et notre dévotion à la Vierge Marie dans la prière matinale de confiance à Marie Auxiliatrice : une prière voulue par Don Rua dès 1894 et qui, comme l'a écrit le Père Albera, « plut très agréablement à tous, et qu'en peu de temps et avec une grande facilité on apprit par cœur. »79 C'est le cas aujourd'hui encore.


Chers Confrères, je conclus cette lettre, écrite en référence au P. Albera et en dialogue avec lui, en réaffirmant avec une profonde conviction que notre amour et notre dévotion à la Mère du Seigneur, à Marie Auxiliatrice, ne sont pas quelque chose d'optionnel dans notre charisme.


Je voudrais dire franchement et consciemment que si l'un d'entre nous n'aime pas la Vierge Marie et ne ressent rien envers elle, s'il n'a pas le désir de vivre toutes ses journées sous la protection et la présence de la Maman du Ciel, s'il n'a pas une flamme dans le cœur qui le pousse à vouloir montrer et transmettre cet amour aux enfants, aux jeunes et au peuple de Dieu qu'il rencontre chaque jour, alors ce n’est pas un Salésien de Don Bosco.


« Nous croyons que Marie est présente parmi nous et qu’elle continue sa "mission de Mère de l'Église et d'Auxiliatrice des chrétiens." Nous nous confions à elle, l'humble servante en qui le Seigneur a fait de grandes choses, pour devenir, parmi les jeunes, témoins de l'amour inépuisable de son Fils. » (C 8)


Demandons au Seigneur que Notre-Dame Auxiliatrice, qui a toujours guidé et soutenu Don Bosco, continue à accompagner notre Congrégation et notre belle Famille Salésienne, pour le bien de l'Église et pour continuer à répondre, dans la fidélité à l'appel que l'Esprit Saint nous a adressé en Don Bosco, aux besoins de l'Église et du monde entier. En sachant que nous ne sommes pas nés d’un projet seulement humain, mais de l'initiative de Dieu qui nous a confié la part la plus précieuse de la société : les jeunes et, parmi eux, les plus pauvres et les plus abandonnés.


Que notre dévotion et notre amour pour la Mère du Seigneur soient notre garantie pour une vie belle, pleine et heureuse, dans la fidélité, en tant que disciples de son Fils Bien-aimé.





Père Ángel Fernández Artime

Recteur Majeur

APPENDICE


Chers Confrères,


Ma lettre, comme vous l'avez vu, n'est pas un travail de recherche académique, comme ceux produits par nos universités, mais une lettre d'animation fraternelle. Elle exprime mon vif désir que la grande figure du Père Paul Albera, ses mérites dans la Congrégation en faveur de la mission salésienne et de l'éducation-évangélisation des jeunes, et tout ce qu'il nous a transmis, également grâce à la lecture actuelle que nous pouvons faire de son œuvre et de sa pensée, restent dans la mémoire de tous. Pour ma part, j'ai essayé de mettre en évidence et de soumettre à votre réflexion seulement quelques aspects qui ont plus à voir avec les lignes de programmation du sexennat.


Afin de stimuler une meilleure connaissance, j'ajoute à cette lettre cette annexe avec une riche bibliographie sur le P. Paul Albera, éditée par certains de nos spécialistes, que je remercie pour leur collaboration. Je le fais parce que je considère que c'est un « acte de justice » envers le deuxième successeur de Don Bosco. Je ne doute pas que plus d'un confrère, voyant tout ce qui a été écrit sur lui, ne soit encouragé à lire quelque chose d'intéressant pour sa propre vie.



BIBLIOGRAPHIE SUR LE PÈRE PAUL ALBERA


(Édité par Marco Bay, mis à jour le 24.06.2021. Références tirées des contributions de A. Park, A. Giraudo, J. Boenzi, S. Zimniak et autres)


ÉCRITS DU PÈRE PAUL ALBERA


Albera Paolo - Calogero Gusmano, Lettere a don Giulio Barberis durante la loro visita alle case d'America (1900-1903). Introduction, texte critique et notes de Brenno Casali. (= ISS - Fonti, Serie seconda, 9), Rome, LAS, 2000.

Albera Paolo (ed.), Pratiche di pietà in uso nelle case salesiane, Torino, 1916.

Albera Paolo (ed.), Pratiche di pietà in uso nelle case salesiane, Torino, SEI, 1921 (deuxième édition).

Albera Paolo, Ai direttori delle case salesiane, in « Lettere circolari di D. Bosco e di D. Rua ed altri loro scritti ai Salesiani », Turin, Tipografia Salesiana, 1896, pp. 4-5.

Albera Paolo, L'abbé Joseph Ronchail : allocution prononcée le jour de ses funérailles, 6 avril 1898, Paris, Imprimerie Salésienne, 1898.

Albera Paolo, Lettere circolari ai Salesiani militari [32 lettres circulaires imprimées du 19 mars 1916 au 24 décembre 1918], in Archivio Salesiano Centrale E223.

Albera Paolo, Lettere circolari di Don Paolo Albera ai Salesiani, Turin, SEI, 1922.

Albera Paolo, Lettere circolari di Don Paolo Albera ai Salesiani, Turin, Direzione Generale Opere Don Bosco, 1965.

Albera Paolo, Manuale del Direttore. San Benigno Canavese : Scuola Tipografica D. Bosco, 1915.

Albera Paolo, Mgr Luigi Lasagna, Évêque titulaire de Tripoli, Supérieur des missions salésiennes d'Uruguay et du Brésil : discours funèbre prononcé dans l'église de Marie Auxiliatrice le 4 décembre 1895, Turin, Tipografia Salesiana, 1895.

Albera Paolo, Mgr Luigi Lasagna : Memorie Biografiche, S. Benigno Canavese, Scuola Tipografica Salesiana, 1900.

Les Oratoires festifs et les cours de religion. Écho du Vème Congrès tenu à Turin les 17-18 mai 1911. Rapport, propositions et études rédigés sur ordre du Président du Vème Congrès des Œuvres du même nom, le Très Révérend Père Paul Albera, Recteur Majeur de la Pieuse Société Salésienne du Vénérable D. Bosco, S.A.I.D. - Buona Stampa, Turin 1911.



BIOGRAPHIES


Beslay Jules, Le père Paul Albera, second successeur de Saint Jean Bosco. Esquisse biographique, Saint-Michel en Prizia, Éditions des Orphelins, 1956.

Favini Guido. Le Père Paolo Albera, "le petit D. Bosco", deuxième successeur de Saint Jean Bosco. Premier Visiteur des Missions salésiennes en Amérique, dans la vie et l'histoire de la Société salésienne, Turin, SEI, 1975.

Franco Angelo, Une lampe resplendissante. Vie du Père Paul Albera, S.D.B., deuxième successeur de Saint Jean Bosco, Paterson, N.J., Salesian Publishers, 1958.

Garneri Domenico, Père Paolo Albera, second successeur de D. Bosco. Memorie biografiche, Turin, SEI, 1939.

Giraudo Aldo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, Rome, LAS, 2021.

Eugenio Valentini, Albera sac. Paolo. 2° successore di don Bosco, in Eugenio Valentini - Amedeo Rodinó (edd.), « Dizionario biografico dei Salesiani », Turin, Ufficio Stampa Salesiano, 1969, 12-13.

Zimniak Stanislaw, P. Paul Albera (1845-1921) deuxième successeur de Don Bosco. Cenno biografico, in «Ricerche Storiche Salesiane» 76 (2021), 137-144.


ARTICLES «Bulletin Salésien»


Il y a 100 ans, in «Bollettino Salesiano »134 (septembre 2010), 10.

Albera Paolo, Don Rua en Palestine, in «Bollettino Salesiano» 19 (juin 1895) 151-157.

Albera Paolo, Le missionnaire catholique ! dans « Bollettino Salesiano » 48 (janvier 1923), 18.

Gusmano Calogero, Le représentant du successeur de Don Bosco en Amérique, dans « Bollettino Salesiano » (novembre 1900), 303-307 ; 24 (décembre 1900), 336-339 ; 25 (janvier 1901), 9-14 ; (février 1901), 44-45 ; (mars 1901), 66-68 ; (avril 1901), 96-99 ; (mai 1901), 123-124 ; (juin 1901), 149-156 ; (août 1901), 216-219 ; (septembre 1901), 245-247 ; (octobre 1901), 277-279 ; (décembre 1901), 242-245 ; 26 (février 1902), 42-44 ; (avril 1902), 101-104 ; (mai 1902), 150 ; (juillet 1902), 204-205 ; (août 1902), 230-233 ; (décembre 1902), 361-263 ; 27 (février 1903), 48-50 ; (mars 1903), 71-81 ; (avril 1903), 103-107 ; (mai 1903), 136-140 ; (septembre 1903), 265-271 ; (octobre 1903), 295-297 ; (novembre 1903), 329-334 ; (décembre 1903), 357-359 ; 28 (janvier 1904), 13-15 ; (février 1904), 43-44 ; (mars 1904), 76-79 ; (avril 1904), 104-111 ; (mai 1904), 138-141 ; (août 1904), 232-237 ; (septembre 1904), 267-270 ; (novembre 1904), 334-336 ; (décembre 1904), 361-364 ; 29 (janvier 1905), 17-20 ; (février 1905), 43.46 ; (mars 1905), 73-76 ; (mai 1905), 137-141 ; (juin 1905), 170-173 ; (juillet 1905), 198-202 ; (août 1905), 228-231.

Il "piccolo don Bosco" Don Albera, in « Bollettino Salesiano » 145 (janvier 2021), 28-31.

Le deuxième successeur de D. Bosco. L'elezione, l'eletto [l’Élection, l’élu] in « Bollettino Salesiano » 34 (décembre 1910), 369-372.

Mort de don Albera, dans « Bollettino Salesiano » 45 (décembre 1921), 312-339.

La elección del segundo Rector Mayor de la Sociedad Salesiana del V.ble Don Bosco, in « Boletin Salesiano. Don Bosco en el Ecuador » (8 octobre 1910),619-626.

Lettres du P. Paul Albera aux Coopérateurs, in « Bollettino Salesiano » 35 (janvier 1911), 2-8 ; 36 (janvier 1912), 2-9 ; 37 (janvier 1913), 1-6 ; 38 (janvier 1914), 1-6 ; 39 (janvier 1915), 1-7 ; 40 (janvier 1916), 1-7 ; 41 (janvier 1917), 1-7 ; 42 (janvier 1918) 1-6 ; 43 (janvier 1919), 1-7 ; 44 (janvier 1920), 1-7 ; 45 (janvier 1921) 1-7.

A l'occasion du VIème anniversaire de la mort du Père Albera 1921 - 29 octobre - 1927, in « Bollettino Salesiano » 52 (octobre 1952), 301-303.






ÉTUDES


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Boenzi Joseph, Paolo Albera's Instructions : Early Efforts to Inculcate the Spirit of Don Bosco, in Journal of Salesian Studies 13 (Fall 2005), 104-146.

Boenzi Joseph, Les visites de Paul Albera pendant la dernière maladie de Don Bosco, dans Journal of Salesian Studies 5.2 (novembre 1994), 99-113.

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Wirth Morand, Da don Bosco ai nostri giorni. Tra storia e nuove sfide (1815-2000) [De Don Bosco à nos jours. Histoire et nouveaux défis], (= Studi di Spiritualità, 11). Rome, LAS, 2000, 307-314.

XIème Chapitre Général de la Pieuse Société Salésienne présidé par le Père Paul Albera (1910). Introduction et notes, édition critique des procès-verbaux du Chapitre, transcription de certains des documents les plus importants produits par le Chapitre par Jesús-Graciliano González Miguel, Madrid, Editorial CCS, 2020, XIX-LIX.


THÈSES


Boenzi Joseph, L'enseignement de Paul Albera sur l'esprit salésien tel qu'il l'a exprimé dans ses conférences spirituelles : thèmes essentiels développés dans les retraites prêchées entre 1893 et 1910. Thèse de doctorat, Rome, Université pontificale salésienne, 1996.

Echamendi Aristu Miguel Antonio, La promoción vocacional en Don Pablo Albera. Dissertation de doctorat, Rome, Université pontificale salésienne, 1977.

Marques Sinval, O "Espirito de dom Bosco" segundo dom Paolo Albera : a partir das suas cartas circulares. Thèse de licence, Rome, Université pontificale salésienne, 2009.

Nazary Justin, La figura spirituale di don Bosco interpretata da don Paolo Albera nelle lettere circolari ai salesiani. Thèse de licence, Rome, Université pontificale salésienne, 2013.

Tullini Leonardo, Expérience de guerre et identité salésienne dans la Grande Guerre. Tratti di spiritualità nella corrispondenza dei Salesiani militari con d. Paolo Albera e altri superiori. Thèse de doctorat [n. 0871D], Rome, Università Pontificia Salesiana, 2007.


COMMÉMORATIONS


Attuoni Ercole, Don Paolo Albera: elogio funebre letto ai solenni funerali di trigesima nella chiesa parrocchiale di San Sisto in Pisa il 29 novembre 1921 alla presenza di s.e. il card. Pietro Maffi, delle autorità ecclesiastiche civili e militari, Pisa F. Mariotti, 1922.

Ferrais Emilio, In memoria del sac. Paolo Albera II successore di Don Bosco, morto a Torino il 29 ottobre 1921. Catania 17 novembre 1921, Catania, Scuola Tipografica Salesiana, 1921.

Giubileo del santuario di Maria Ausiliatrice in Torino Messa d’oro del successore di D. Bosco) 9 giugno 1918, Torino, Tip. S.A.I.D., «Buona Stampa», 1918.

Grancelli Michelangelo, Elogio funebre di Don Paolo Albera, rettor maggiore dei Salesiani, letto il 29 novembre 1921 nella chiesa di S. Agostino in Milano, Milano, Scuola Tipografica Salesiana, 1922.

Guala Francesco, Il venerabile don Bosco festeggiato nel suo successore don Paolo Albera. Discorso pronunziato a nome degli antichi allievi dei collegi ed oratorii salesiani il XXIII di giugno MCMXII, XLIII dimostrazione, Torino, Scuola Tipografica Salesiana, 1912.

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Marocco Melchiorre, Le tombe di Don Bosco, Don Rua e Don Albera a Valsalice. Torino, Scuola Tipografica Salesiana, 1922.

Massana Rovira Julián, El reverendissimo p. D. Paolo Albera, Superior General de los salesianos. Oración funebre pronunciada por el rvdo. D. Julian Massana, director de las escuelas salesianas de Madrid, en el solemne funeral celebrado en Barcelona el 1 diciembre de 1921, Madrid, Escuela Tipográfica Salesiana, 1921.

Milano Carlo, Don Giovanni Bosco educatore della gioventù. Discorso letto nella XLV dimostrazione degli antichi allievi in omaggio al Rev.mo Sig. Don Paolo Albera; 28 giugno 1914, Torino, Scuola Tipografica Salesiana, 1914.

Miral Domingo, Discurso leído en la solemne velada celebrada el día 5 de abril de 1913, en honor de don Pablo Álbera, Superior de los Salesianos, con motivo de su visita a Salamanca, Salamanca, Imp. Cat. Salmanticense y Encuadernación, 1913.

Nascimento Castro Antonio, Elogio Funebre. Sào Paulo, Editorial D. Bosco, 1976.

Novasio Domenico, D. Paolo Albera. Elogio funebre letto nella chiesa parrocchiale di Cuorgnè, S. Benigno, Scuola Tipografica Don Bosco, 1922.

Oldano Germano, Don Paolo Albera. Elogio funebre letto nella cattedrale di Alessandria il 6 dicembre 1921, Casale Monferrato, Unione Tipografica Popolare, 1922.

Olivares Luigi Maria, Don Paolo Albera: elogio funebre, Torino, SEI, 1921.

Paoli Vincenzo, Alla Santa memoria di Don Paolo Albera, Rettor Maggiore dei Salesiani, morto in Torino il 29 Ottobre 1921, Soc. Tip., Ravenna, 1921.

Rinaldi Filippo, Lettera mortuaria pel Rev.mo Sac. Paolo Albera Rettor Maggiore della Pia Società Salesiana, in “Atti del Capitolo Superiore” 2 (1921) n. 9, 307-312.

Rossi Cesare, Al reverendissimo signor don Paolo Albera. Discorso letto in occasione della XLIV dimostrazione degli Antichi Allievi di d. Giovanni Bosco, 29 giugno 1913, Torino, Scuola Tipografica Salesiana, 1913.

Salotti Carlo, In memoria di d. Paolo Albera rettor maggiore dei salesiani e secondo successore del ven. d. Bosco, Roma, Scuola Tipografica Salesiana, 1922.

Sassi Agostino, Orazione funebre di Don Paolo Albera rettor maggiore della Pia Società Salesiana, pronunciata il 1° dicembre 1921 nella chiesa di S. Francesco in Modena da Mons. Agostino Sassi, Modena, Tipografia Immacolata Concezione, 1921.

Vespignani Giuseppe, Revmo. Señor D. Pablo Albera, Rector Mayor de la Pia Sociedad Salesiana y 2º sucesor del Vble. Don Bosco, † En Turín, 29 Octubre de 1921: In Memoriam et Exemplum. Reservado para los Salesianos de la Inspectoría Argentina de S. Francisco de Sales, Buenos Aires, Escuela Tipografica Salesiana, 1921.


ASC. QUELQUES INÉDITS IMPORTANTS ET SOURCES DANS LES ARCHIVES


B0250102 ; B0250109 ; B0250210 ; B0250222.

B0320101-105, Notes confidentielles prises pour le bien de mon âme, ms autografo P. Albera 1893-1899.

B0320106-109, Notes seful for my soul, ms P. Albera 1902-1910.

B0330103; B0330109, Per le memorie di D. Paolo Albera [1923], ms G. Barberis.

B0330314, D. Paolo Albera. Ricordi personali, ms G. B. Grosso.

B040-B046: Lettere dei Salesiani sotto le armi (1915-1918) da Accame Pierino a… Zuretti Giovanni.

B0480111, Tutto per Gesù: Istruzioni per gli Esercizi Spirituali, ms aut. P. Albera, 4-6.

D868, Verbali del Capitolo Superiore (1859-69), 9-10.

D869, Verbali delle riunioni capitolari 1884-1904, 15-16.

E444, Circolari di D. Paolo Albera ai Salesiani sotto le armi durante la guerra 1915-1918 [circolari a stampa, numerate dal n. 1 (19 marzo 1916) al n. 32 (24 dicembre 1918)].



LE PÈRE ALBERA DANS L'ÉPISTOLAIRE DE D. BOSCO [E(m)


E(m): Bosco Giovanni, Epistolario. Introduzione, testi critici e note a cura di Francesco Motto. Voll. I-IX, Roma, LAS 1991-2021.

Lett. N. 1164. Al vescovo di Casale Monferrato, Pietro Maria Ferrè Torino, 14 marzo [18]68 Problemi di dimissorie del chierico Paolo Albera – richiesta di commendatizia per ottenere la dispensa di età per l’ordinazione del chierico Secondo Merlone – trasmette documento legale di costituzione del patrimonio ecclesiastico per il chierico Fagnano, in E(m) II, 512.

Lett. N. 1616. Alla contessa Geronima De Camilli *Torino, Io marzo 1872 Ha ricevuto a Varazze la sua offerta, parte della quale ha consegnato a don Albera per l’Ospizio di Marassi – assicura preghiere secondo le sue intenzioni, in E(m) III, 403.

Lett. N. 1868. Alla contessa Carlotta Callori *Sampierdarena, 26 novembre [18]73 La informa che ha ricevuto la sua lettera con il sussidio in esso contenuto per il riscatto di un chierico dal servizio militare – la ringrazia assicurando preghiere e ricompensa dal Signore – saluti da don Albera – sarà presto di ritorno, in E(m) IV, 181.

Lett. N. 2462. A don Giovanni Battista Francesia Roma, 12 [gennaio 18]77 Racconta l’udienza avuta col S. Padre il quale manda l’apostolica benedizione a lui ed a – don Albera – importanza dei Figli di Maria per le missioni, in E(m) V, 294.

Lett. N. 3395. Alla signora Luigia Pavese Dufour [Sampierdarena], 14 aprile [18]81 Ringraziamento per l’offerta che consegnerà a don Albera che deve saldare debiti con il panettiere, in E(m) VI, 336.

Lett. N. 3522. A don Giuseppe Bologna Torino, 28 [ottobre 1881] Chiede notizie delle suore, dell’ospizio, del curato e del nuovo personale – attende una lettera da don Albera, in E(m) VII, 446.

Lett. N. 3576. A don Paolo Albera *Torino, 7 [gennaio 18]82 Chiede di scrivere a due benefattori per assicurarli di aver pregato per loro — comunica a don Bologna che tratterà di persona la proposta Pirondi — annuncia sua prossima visita, in E(m) VIII, 51.

Lett. N. 3761. A don Paolo Albera *Torino, 26 novembre [18]82 Invia lettere da leggere e distribuire — saluti a don Bologna, i confratelli e benefattori — riceverà da don Caglierò le nonne relative ad alcuni salesiani in partenza per la Spagna, in E(m) VIII, 220.

Lett. N. 3768. A don Paolo Albera Torino, 4 dicembre [18]82 Lo autorizza a ritenere la somma offerta da madame Fabre — chiede un aiuto per la casa di Saint-Cyr — prega di trasmettere ima letterina ad ima benefattrice e di ringraziare personalmente le altre benefattrici — saluti ai confratelli, in E(m) VIII, 226.

Lett. N. 3808. A don Giuseppe Bologna *Varazze, 5 febbraio 1883 Prega di avvisare la signorina Abatucci del suo viaggio al Torrione e a Menthon — avvisi don Albera di preparare visite e denaro, in E(m) VIII, 266.

Lett. N. 3822. A don Paolo Albera *Lione, 16 apr[ile 18]83 Comunica la sua partenza per Parigi con il relativo indirizzo presso la contessa Combaud, in E(m) VIII, 279.

Lett. N. 4117. A don Paolo Albera *Torino, 15 nov[embre 18]84 Comunica di aver scritto ad alcune persone secondo l’accordo preso – saluta confratelli ed allievi – temendo lo scoppio del colera anche per l’anno successivo chiede loro un comportamento virtuoso e la frequenza dei sacramenti, in E(m) IX, 222.


AUTRES RÉFÉRENCES


Atti del primo capitolo americano della Pia Società Salesiana. (Preceduti dal messaggio di D. Paolo Albera), Buenos Aires (Almago), Collegio Pio IX di Arti e Mestieri, 1902.

Barberis Giulio, Lettere a don Paolo Albera e a don Calogero Gusmano durante la loro visita alle case d’America (1900-1903). Introduzione, testo critico e note a cura di Brenno Casali. (= ISS – Fonti, Serie seconda, 8). Roma, LAS, 1998.

Congresso dei cooperatori salesiani in buenos aires, 1900, Actas del segundo congreso de cooperadores salesianos celebrado en Buenos Aires los dias 19-21 noviembre de 1900 [por E. Lamarca, J. Vespignani, L.A. Pons, F. Bourdieu, P. Albera...], Buenos Aires, Escuela Tip. Salesiana del Colegio Pio IX, 1902.

Crispolti Filippo, Due giubilei e un museo salesiano; discorso letto nell’Oratorio Salesiano di Torino, Torino, SEI, 1918.

I funerali di don Albera. Imponente dimostrazione di cordoglio in La Stampa (Torino, 31 Ottobre 1921), 3.

Il cinquantenario d’un Santuario e la messa d’oro del successore di don Bosco in La Stampa (Torino, 10 Giugno 1918), 1.

Il sacerdote Paolo Albera eletto successore di don Rua in La Stampa (Torino, 17 Agosto 1910), 3.

Il salesiano sotto le armi, Torino, Scuola Tipografica Salesiana, 1939.

La morte di don Paolo Albera superiore dei Salesiani in La Stampa (Torino, 30 Ottobre 1921), 3.

Lemoyne Giovanni Battista, L’Arcivescovo vuole in Seminario il ch. Paolo Albera (MB VIII, cap. LXXXIII, 1002-1008).

Lemoyne Giovanni Battista, Uno spiacevole incontro di Don Albera coll’Arcivescovo (MB IX, cap. XLIX, 623-629).

Un grandioso funerale a Torino. Il trasporto e la tumulazione della salma di Don Albera secondo successore di Don Bosco in La Stampa (Torino, 1 Novembre 1921), 2.

1 La Seconde Guerre Mondiale, qui a détruit une grande partie de l'Europe et a également frappé très durement le Japon, a été certainement la plus douloureuse. Une guerre qui, selon les estimations les plus réalistes, a laissé derrière elle quelque 60 millions de morts.

2 Je me réfère au récent livre d'Aldo Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale [Le P. Paul Albera, maître de vie spirituelle] (LAS, Rome 2021), ainsi qu'à la thèse de Doctorat de M. Paolo Vaschetto, Salésien Coadjuteur. En outre, je me réfère au texte de Jesús Graciliano GonzÁlez Miguel, Los once primeros capítulos generales de la Congregación Salesiana [Les onze premiers Chapitres Généraux de la Congrégation Salésienne] (CCS, Madrid 2021) et à Stanisław Zimniak, Don Paolo Albera (1845-1921) secondo successore di don Giovanni Bosco. Cenno biografico [P. Paul Albera (1845-1921), deuxième successeur de Don Jean Bosco. Aperçu biographique], in « Ricerche storiche salesiane », Année XL, 1 (76), 2021, 137-144. Enfin, je partage sur le Père Albera la même vision que le Père Manuel Pérez, Salésien du Centre Salésien de Formation Permanente de Quito, en Équateur.

3 Jean Bosco, Epistolario, I, 406 cité dans Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 17.

4 Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 21.

5 Voir la lettre XXXV du 18 octobre 1920 dans Lettere circolari di Don Albera, Direzione Generale delle Opere Salesiane, Turin 1965, 362-363.

6 Cf. ASC B0320101, Notes confidentielles prises pour le bien de mon âme, manuscrit autographe P. Albera 1893-1899 du 31.12.1895 cité dans Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 58-59.

7 Jesús Graciliano González, Los once primeros capítulos generales de la Congregación Salesiana, CCS, Madrid 2021, 337.

8 Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 92.

9 Ibid., 93.

10 Lettere circolari di Don Paolo Albera ai Salesiani, 13.

11 Eugenio Ceria, Annali della Società Salesiana, vol. IV. Il Rettorato di Don Paolo Albera 1910-1921, 2-3, cité dans González, Los onces primeros capítulos generales, 350.

12 BS 1910, 267-268, cité dans Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 93 et aussi dans Morand Wirth, Da Don Bosco ai nostri giorni [De Don Bosco à nos jours], LAS, Rome 2000, 311.

13 Cf. Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 94.

14 Cf. Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 118-128.

15 AEC 9, 310-311 cité dans Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 127-128.

16 Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 132.

17 Lettere circolari di Don Paolo Albera ai salesiani, 57ss.

18 Ibid., 59.

19 Ibid.

20 Ibid.

21 BS 1921, 1, cité dans Giraudo, P. Paolo Albera Maître de vie spirituelle, 123.

22 Cité dans Giraudo, Don Paolo Albera maestro di vita spirituale, 127.

23 CG28, 19.

24 MB XVIII, 175.

25 MB XI, 387.

26 CG28, 20.

27 Lettere circolari di Don Paolo Albera ai salesiani (lettera su “Don Bosco nostro modello…”), 373.

28 Lettres circulaires du Père Paolo Albera aux Salésiens (lettre « Les oratoires festifs - Les missions - Les vocations »), 129.

29 Lettres circulaires du Père Paolo Albera aux Salésiens (lettre sur « Don Bosco notre modèle... »), 373.

30 Ibid.

31 Ibid., 307.

32 Ibid. , 316.

33 Ibid. , 317.

34 CG28, 26.

35 CG28, 27.

36 MB XVI, 447. Cf. Pietro Braido, Don Bosco educatore. Scritti e testimonianze [DB éducateur. Écrits et témoignages], LAS, Rome 1992, 340.

37 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, (deuxième lettre, « Sur l'esprit de piété »), 26 ss.

38 Ibid. , 29.

39 Ibid. , 32-33.

40 Jesús Graciliano González, XIème Chapitre Général de la Pieuse Société Salésienne présidé par le Père Paul Albera (1910), CCS, Madrid 2020, 25, n° 182.

41 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 36.

42 Cf. CG20 (1972). Sur « l'esprit de piété » chez les SDB et chez Don Bosco, dans les numéros 103, 134, 521, 532, 546, etc. Cf. CG 23, Éduquer les jeunes à la foi, Rome 1990. Sur la piété et Dieu dans la vie du Salésien, voir les numéros 7, 139, 176, 219, 220. Cf. CG26, "Da mihi animas cætera tolle", Rome 2008. Sur l'identité charismatique et la passion apostolique, dans les numéros 3, 6, 19-22.

43 Cf. Egidio Viganò, Interioridad apostólica, CCS, Madrid 1990, 169 (première édition aux Ediciones Don Bosco Argentina, Buenos Aires 1989). Cf. Egidio Viganò, Non secondo la carne ma nello spirito [Non selon la chair mais dans l’esprit], Ed. FMA, Roma 1978. Sur l'intériorité p. 41 ; 66 ; 152. Cf. Exhortation Apostolique « Vita Consecrata » : stimuli pour notre voyage postcapitulaire, dans Juan Edmundo Vecchi, Educatori appassionati esperti e consacrati per i giovani [Éducateurs passionnés, experts et consacrés pour les jeunes]. Lettres circulaires aux Salésiens du Père Juan E. Vecchi, LAS, Rome 2013, 114-122. Voir la spiritualité comme une exigence prioritaire ; cf. Pascual ChÁvez Villanueva, Lettres circulaires aux Salésiens, LAS, Rome 2021, 54.

44 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 374.

45 Egidio Viganò, Interioridad apostólica, CCS, Madrid 1990, 169.

46 Egidio Viganò, Interioridad apostólica, 12.

47 Ibid.

48 ChÁvez, Lettres circulaires aux Salésiens, 1299.

49 ASC, E212, n. 117 (24 mai 1915), cité dans Leonardo Tullini, Esperienza bellica e identità salesiana nella Grande Guerra: tratti di spiritualità nella corrispondenza dei Salesiani militari con D. Paolo Albera e altri superiori (1915-1918) [Expérience de guerre et identité salésienne durant la Grande Guerre : éléments de spiritualité dans la correspondance des Salésiens soldats avec le P. Albera et autres supérieurs], [PhD], UPS, Rome 2007, 117.

50 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 360.

51 Ibid. , 183-184.

52 Ibid. , 212.

53 Ibid. , 239.

54 Il y a eu 32 lettres circulaires aux Salésiens soldats envoyées par le Recteur Majeur, Père Paul Albera, entre le 19 mars 1916 et le 24 décembre 1918.

55 Les Archives Centrales Salésiennes contiennent environ 3390 lettres et cartes postales militaires adressées au Père Paul Albera ou à d'autres membres du Chapitre Supérieur par 791 Salésiens soldats.

56 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 171 cité dans Giraudo, Père Paul Albera Maître de vie spirituelle, 106.

57 BS 1916, 131 cité dans Giraudo, P. Paul Albera Maître de Vie Spirituelle, 112-113.

58 Lm n. 22... cf. ASC E444, Lettres mensuelles aux Salésiens soldats (1916-1918), cité dans Giraudo, Père Paul Albera Maître de vie spirituelle, 115.

59 Pascual ChÁvez V., Lettres circulaires aux Salésiens, 156, 349, 503, 609-613, 614, 735, 987, 1106. Voir aussi « Il était ému par eux ». « Nouvelles pauvretés, mission salésienne et sens dans Vecchi, Éducateurs passionnés... Lettres circulaires aux Salésiens », 166-192.

60 CG28, p. 37.

61 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 135.

62 Ibid.

63 Ibid.

64 Giraudo, P. Paul Albera Maître de vie spirituelle, 95

65 Ibid. , 97-98.

66 Ibid. , 99.

67 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 135.

68 Ibid. , 132-133.

69 Ibid. , 133.

70 CG28, 47.

71 Ibid. 49.

72 Lettres circulaires du Père Paul Albera aux Salésiens, 283.

73 Ibid.

74 Ibid. Il s'agit de la lettre numéro XXIV avec le titre « Sur le cinquantième anniversaire de la consécration du sanctuaire de Marie Auxiliatrice », 282-299.

75 Ibid. , 283.

76 Ibid.

77 Ibid. , 284.

78 Ibid.

79 Ibid. , 289-290.

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