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1.1 Page 1

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STUDI
LE RECRUTEMENT' SALÉSIEN EN BELGIQUE (1891-1914)
Albert Druart
L'histoire d'une congrégation religieuse ne se limite pas à l'histoire de
ses origines et de ses établissements ni même à l'étude des développements
de ses textes constitutionnels; elle est construite également par l'action de
tant d'hommes et de femmes qui se sont engagés, par voeux, à promouvoir
l'idéal défini par le fondateur. Parmi ceux-là, il y a les «grands », ceux à
qui ont été confiées des responsabilités ou ceux qui ont été distingués pour
des missions de confiance; il y a en outre tous les «autres» ceux dont on
parle moins et que l'on a peut-être oubliés, mais dont le travail et l'abnega-
tion ont rendu possibles les grandes oeuvres des premiers. Cet élément humain
restera toujours indispensable. Les responsables actuels s'en rendent bien
compte, eux qui connaissent les difficultés spécifiques que cause à leurs insti-
tutions, le «manque de personnel ».
Le bon développement des oeuvres salésiennes en Belgique est ainsi
redevable à la petite centaine de jeunes belges qui, entre 1891 et 1914, ont
voulu entrer dans la congrégation fondée par Don Bosco et qui venait de
s'établir dans leur pays. Ces jeunes prenaient le relai des deux religieux arrivés
à Liège en 1891. 1 De quelles régions de Belgique venaient-ils? De quels
milieux étaient-ils issus? Comment étaient-ils formés? Leur zèle s'adressait à
des jeunes: combien ces derniers étaient-ils? Les pages qu'on va lire essaient
de répondre à ces questions. Elles le font en trois temps: une présentation
générale des confrères salésiens, une étude du recrutement salésien en Bel-
gique et l'analyse des inscriptions aux maisons de Liège et de Tournai.
Arrivés à deux en 1891 pour fonder l'orphelinat Saint-Jean Berchmans,
les religieux salésiens se retrouvaient 122 en 1913 qui dirigeaient dix oeuvres
en Belgique, sans tenir compte des huit religieux missionnaires au Katanga et
des deux salésiens aumôniers des immigrés italiens en Lorraine.ê D'autre part,
1 Sur les origines des oeuvres salésiennes en Belgique, on consultera A. DRUART) Les
origines des oeuvres salésiennes en Belgique (1881-1914), dans Salesianum, t. XXXVIII, 1976,
pp. 653-684.
2 Società di San Francesco di Sales. Antico Continente, s.1., 1913, pp. 74-79. En ce
qui concerne les maisons situées en dehors de la Belgique, mais dépendantes de la juridic-
tion du provincial belge, il faut savoir que, depuis 1908, le catalogue ne fait plus mention
des deux maisons situées en Suisse; il renseigne par contre, depuis 1906, une communauté
installée en Lorraine.

1.2 Page 2

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244 Albert Druart
ils avaient accueilli dans leurs orphelinats de Liège et de Tournai plus de
2.700 garçons qui venaient de Belgique, mais également d'Allemagne, de
France, du Grand-Duché de Luxembourg, des Pays-Bas, et d'autres pays encore...
On voudrait consacrer ces lignes à étudier d'une manière approfondie
le recrutement des religieux et des élèves. Les méthodes statistiques et les
recherches sociologiques que l'on a été amené à employer ont permis d'aboutir
à quelques explications significatives et à prendre une conscience plus juste
de la réalité.
Après un aperçu général du nombre et de la nationalité des religieux qui
travaillèrent dans ce pays, nous envisagerons les problèmes posés par le recru-
tement des vocations salésiennes en Belgique; enfin on considérera les élèves
accueillis dans les maisons salésiennes de Tournai et de Liège.
D'une manière délibérée, nous avons opté de travailler sur la base des
années civiles et non à partir des années scolaires, comme on pourrait le penser.
Ce choix a été guidé par le fait que les catalogues annuels des religieux salé-
siens, qui ont servi de référence pour l'étude du recrutement des vocations,
reprennent cette division. On a conservé la même base de travail pour les
recherches concernant les élèves de Liège et de Tournai, car les registres
consultés indiquent avec précision la date d'inscription.
tes religieux salésiens en Belgique
En 1913, la Province belge comptait 122 religieux qui provenaient de
plus de six pays différents. On comptait 57 Belges, 38 Français, 8 Italiens,
8 Allemands, 2 Suisses, 2 Luxembourgeois et 1 Polonais; il faut y ajouter 6
religieux dont on n'a pu déterminer la nationalité avec certitude. D'une ma-
nière générale, quand on parle de confrères français, il faut y inclure les
confrères alsaciens et lorrains qui, à cette époque, ne faisaient pas partie de
« l'hexagone». La répartition de ces 122 religieux par maison et par année
est reprise au tableau I.
Ces chiffres, qui reprennent tous les religieux-profès sans distinguer les
profès perpétuels des profès temporaires, sont calculés sur base des catalogues
généraux des salésiens édités chaque année, depuis au moins 1874, par la
direction générale des oeuvres de Don Bosco.' En 1905, le catalogue ne men-
tionne pas la maison de Tournai qui, on le sait, a fait partie un moment de
la province France-Nord. La tension qui régnait en France dans les rapports
entre l'Eglise et l'Etat au lendemain des lois anti-religieuses exigeait une
3 Società di San Francesco di Sales, Antico Continente} e.l., 1892 à 1913. Ce sont
les catalogues officiels de la Congrégation. Il ne faut les utiliser qu'avec circonspection;
on y a constaté des données erronées en particulier concernant le nombre et les noms
des novices.

1.3 Page 3

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 245
certaine discrétion. Pendant quelques années, il ne sera plus fait mention
dans ces catalogues des diverses maisons françaises.
L'oeuvre de Tournai réapparaîtra dès 1906 à la suite de toutes les
maisons belges, mais séparée typographiquement par un tiret." Si on veut
apprécier correctement les chiffres du tableau l, il faut se rappeler que les
maisons d'Hechtel et de Grand-Bigard étaient des maisons de formation:
TABLEAU 1 - Les religieux salésiens en Belgique par année et par maison 1891-1913
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Années
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Total de
<fJ la Province
.2
-~
~
1891
1
1892
4
1893
8
1894 13
1895 15
1896 15
2
1897 19
7
4
1898 22
6
8
1899 23 10 13
1900 18 12 14
1901 24 12 11 2
1902 27 11 21 2
1903 26 11 15 2 4 4
1904 32 17 19 4 10 3
1905 34 (20) 11 3 12 3 14
1906 34 22 22 3 13 3 23
1907 32 17 16 3 12 3 28
1908 32 22 22 3 11 3 26 1
1909 31 21 19 4 12 3 23 2
1910 28 21 19 4 13 3 23 3 2
1911 33 22 22 4 12 3 16 6 3 3
1912 30 22 17 3 11 3 17 5 3 4
1913 35 20 19 3 10 3 21 4 3 4
4
8
13
15
17
30
36
46
44
49
61
62
85
(97)1
120
111
120
115
116
124
115
122
1 Pour donner une idée plus juste du nombre des religieux salésiens, on a considéré
que la maison de Tournai pouvait compter 20 religieux en 1905.
4 Il faut savoir que d'octobre 1904 à octobre 1906, la maison de Tournai fut le siège
du provincial des maisons de France-Nord. Voir à ce sujet Segreteria generale, Capitole
superiore,seduta del 10 Ottobre 1906, dans Verbali, t. I, p. 220 va; seduta deI 19 Giugno
1906, dans Verbali, t. II, p. 84; seduta del 13 Luglio 1906, Ibidem, p. 90; seduta del 11
Setternbre 1906, Ibidem, p. 101.

1.4 Page 4

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246 Albert Druart
elles regroupaient de ce fait un plus grand nombre de religieux, les étudiants
en philosophie et en théologie ayant fait profession au sortir du noviciat,
sans qu'ils soient pour autant engagés dans l'action salésienne. Ces maisons
d'études mises à part, on remarque que les orphelinats de Liège, Gand et
Tournai employaient un personnel religieux plus important que les autres
maisons, on y reviendra.
Ces différents chiffres reprennent par année le nombre global de confrères
qui travaillaient ou étudiaient dans les diverses maisons salésiennes de Belgi-
que, sans tenir compte de leurs nationalités. Il est évident qu'au départ, les
religieux belges ne pouvaient être nombreux. La Société salésienne étant une
congrégation d'origine italienne, on est en droit de s'attendre à un personnel
religieux composé en grande partie d'Italiens. De fait, de 1892 à 1913, les
maisons belges compteront un certain nombre de confrères italiens. Ils n'ont
jamais cependant été très nombreux. Ils seront secondés par des Salésiens
d'origine française pour lesquels ne se posait pas de problème de langue. Ces
derniers viendront nombreux travailler en Belgique. La politique anti-religieuse,
qui s'est développée en France dans les premières années de 1900, visait en
premier lieu les nombreuses congrégations enseignantes. L'ensemble des lois,
adoptées sous l'impulsion de Waldeck-Rousseau, mettait un terme à l'activité
des religieux enseignants dont les Salésiens. Comme dans beaucoup d'autres con-
grégations, un certain nombre de religieux s'expatrièrent et vinrent chercher
refuge entre-autre dans notre pays. Certains salésiens allèrent en Italie, d'autres
à Guernesey. D'une manière générale, ils étaient accompagnés des garçons de
leurs maisons. On constatera l'influence de la venue de jeunes Français sur
le nombre des élèves des maisons belges. Les religieux français furent dis-
persés dans les différentes maisons de Belgique. Leur venue consolidera incon-
testablement les communautés existantes, mais il ne semble pas qu'elle fut
à l'origine de nouvelles maisons. En effet à part le scolasticat de Grand-
Blgard, dont l'ouverture n'est pas liée à l'arrivée des Salésiens français, on
ne fonda pas de nouvelles oeuvres avant 1907.
Les religieux belges quant à eux, tarderont à apparaître parmi le person-
nel des maisons salésiennes. Le catalogue fait mention des premiers Salésiens
belges dans son édition de 1896, cinq ans après la fondation de l'orphelinat
Saint-] ean Berchmans à Liège. A partir de cette date, leur nombre croîtra
régulièremen t pour atteindre 57 en 1913; ils consti tuaien t alors 46 % de
personnel salésien, les Français 31 % et les Italiens 6% seulement.
Le tableau II reprend par nationalité la composition du personnel reli-
gieux des maisons salésiennes. Il se limite à donner les nationalités par tranche
de trois ans. La dernière colonne «autres nationalités» reprend des confrères
de nationalités peu représentées: Polonais, Anglais, Autrichiens et d'autres dont
la nationalité nous est inconnue. L'examen de ce tableau permet de se rendre
compte de l'afflux des Français après 1902. D'autre part, il appert que les
religieux français n'ont jamais été beaucoup plus nombreux que les religieux

1.5 Page 5

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 247
TABLEAU II - La nationalité des religieux salésiens travaillant en Belgique
de 1891 à 1913
Années
Belges
Fran-
çais
Luxem-
Italiens Alle- bour- Suisses
mands geais
Autres
natio-
nalités
Total
1892
2
2
4
1895
7
8
15
1898
12
7
14
1
2
36
1901
23
12
13
1
49
1904
34
37
7
2
1
1
3
85
1907
43
50
7
3
1
3
4
111
1910
50
45
8
4
2
2
5
116
1913
57
38
8
8
2
2
7
122
belges. En 1907 quand ils atteignent leur nombre maximum, ils représentent
45% du personnel religieux des oeuvres salésiennes; les Belges constituent
alors les 38 %, les autres nationalités 16%. La différence en chiffres absolus
entre Français et Belges n'est pas importante: 50 et 43. On garde cependant
de cette période le souvenir d'une époque à prédominance française.' Les
chiffres envisagés ne peuvent y faire penser sérieusement. Cette impression
est due vraisemblablement à la mentalité particulière des Français, à certaines
personnalités qui laissèrent une profonde influence et au fait qu'on leur confia,
jusqu'en 1914, la plupart des postes de supérieur. De 1891 à 1914, on désigna
vingt directeurs, parmi lesquels on choisit dix Français, cinq Italiens et cinq
Belges. C'est en 1902 seulement que les supérieurs confièrent à des Belges des
postes de directeur: Louis Mertens à Gand et Henri Berck à Liège, maison de
famille." Et cependant, depuis 1891, les vocations salésiennes en Belgique
étaient une réalité.
5 Sur la présence des Salésiens français en Belgique, voir le témoignage plein de
saveur de P. Chevet, Les Salésiens français en Belgique. Ce texte manuscrit n'est pas daté;
il a été vraisemblablement rédigé entre 1934 et 1939.
6 Henri Berck (Dison 1866 - Biella Italie 1916), prêtre salésien belge. Ses parents
s'installèrent dès 1867 en Italie. C'est là qu'il connut les Salésiens. Il fit ses études secondaires
dans une école salésienne à Borgo San Martino et reçut toute sa formation religieuse en
Italie. Il revint en Belgique en 1902 pour prendre la direction de la Maison Saint-Joseph
à Liège.
Louis MERTENS (Bruxelles 1864 - Liège 1920), prêtre salésien belge, ordonné prêtre
dans le diocèse de Malines en 1889; successivement professeur au collège Notre-Dame de
Tirlemont (1889-1896),aumânier de J'Institut Saint-Victor d'Alsemberg (1896-1899) avant
d'entrer dans la Congrégation Salésienne; directeur à Gand (1902-1907), directeur de l'or-
phelinat Saint-Jean Berchmans (1907-1919). Nommé en 1910 curé-fondateur de la paroisse
Saint-François de Sales à Liège, il cumula cette fonction avec celle de directeur de l'orphelinat
jusqu'en 1919. A cette date, il conserva le poste de curé jusqu'à sa mort.

1.6 Page 6

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248 Albert Druart
Le recrutement salésien en Belgique
Dans I'ensemble des recherches en sociologie religieuse, les études con-
cernant le recrutement des vocations sacerdotales et religieuses se sont déve-
loppées au cours de ces dernières années. Elles appliquent leurs méthodes
tant aux jeunes gens entrés dans les séminaires ou les congrégations religieu-
ses qu'à ceux qui reçoivent l'ordination sacerdotale.' Conformément à notre
propos, nous nous sommes intéressés aux vocations salésiennes, plus concrè-
tement aux jeunes gens et aux adultes, originaires de Belgique, entrés chez
les Salésiens entre 1882 et 1913. On remonte jusqu'en 1882 parce que c'est
à cette date que le premier Belge est entré dans un noviciat salésien; ce fut
au noviciat de San Benigno, en Italie. On a tenu compte de tous les Belges
entrés au noviciat chez les Salésiens. Tous n'ont pas fait le noviciat en Belgique;
certains l'ont fait en Italie, d'autres en France. Bien que le noviciat belge,
installé à Hechtel, accueillait des novices d'autres nationalités, on s'est limité,
pour des raisons évidentes, aux novices originaires des diverses régions de la
Belgique. Il est certain qu'une étude plus large sur le recrutement dans la
Congrégation salésienne, ne devrait pas se limiter à une seule nationalité.
Les Salésiens, qui avaient grand souci de leur recrutement, s'empressaient
d'ouvrir un noviciat dans les pays où ils s'établissaient. Pour la Belgique, le
catalogue officiel de la Congrégation mentionne, dans son édition de 1892,
un novice à Liège. Depuis lors jusqu'en 1914, il fera état de novices chaque
année. Dans les premières années et même jusqu'en 1914, il y avait des
noviciats attachés aux diverses maisons. Liège avait quelques novices, Tournai
également et, après 1902, l'orphelinat Saint-Joseph à Gand accueillait, lui
aussi quelques candidats à la vie religieuse. Cette manière de procéder, on
le voit, perdure même après la fondation, en 1896, de la maison du noviciat.
Ces différentes maisons, ouvraient également leurs portes à des novices
d'autres nationalités: Français, Allemands, Néerlandais et Italiens. Notre étude
ne portera que sur les jeunes gens nés en Belgique, qui sont entrés en religion
dans la Congrégation salésienne, sans tenir compte du lieu où ils ont reçu
leur première formation à la vie religieuse.
Pour retrouver les novices belges, nous avons tenu compte, en plus des
catalogues annuels déjà mentionnés, des registres conservés aux archives pro-
vinciales. Le Registre des confrères tout d'abord, reprend tous les religieux
salésiens qui ont exercé un apostolat en Belgique. Il compte trois épais volu-
mes, qui ne portent ni titre ni date.
t Voir entre autres G. CHOLVY, Le recrutement des religieux dans le diocèse de Mont-
pellier (1830-1956), dans Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1958, pp. 53-73; P. BUOT-
PLEUROUX, Le recrutemente sacerdotal dans le diocèse de Besançon de 1801 à 1960, Be-
sançon, 1966; Les ordinations dans les diocèse belges de 1951 à 1960, Bruxelles, 1961,
polycopié; B. KREMER, Les entrées en première année de théologie au grand séminaire
de Malines 1803-1867, Louvain, 1971, polycopié.

1.7 Page 7

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 249
On a consulté en outre Registra ascritti 1892 - . C'est le registre où
sont consignés les noms des novices par année de noviciat. Pour les premières
années, ces listes sont portées sur des feuilles volantes qui ont été détachées
d'autres registres aujourd'hui disparus. D'une manière générale, il faut signaler
que, pour la période qui nous concerne, ces registres ne sont pas tenus avec
exactitude. Nous avons établi la liste des novices à partir de ces trois docu-
ments: les catalogues annuels, les Registres des confrères et le Registra ascritti...
Les catalogues seuls ne suffisaient pas, on ne peut s'y fier totalement. A
diverses reprises, nous n'avons pas retrouvé dans les différents registres un
nom mentionné dans la liste des novices de telle ou telle maison pour l'année
donnée. Après divers contrôles et recoupements, nous avons établi que 93
jeunes hommes ou adultes originaires des provinces de Belgique étaient entrés
au noviciat chez les Salésiens de Don Bosco entre 1882 et 1913. Tous ne
sont pas restés dans la Congrégation, certains même n'ont pas achevé le
noviciat, mais il est sûr que ces 93 personnes ont manifesté, au moins pendant
un certain temps, le désir d'embrasser la vie salésienne et que ce désir s'est
concrétisé par leur entrée au noviciat. Le tableau III indique par année le
nombre des novices belges.
Tous les religieux salésiens ne deviennent pas prêtres, certains restent
laïcs et sont appelés «coadjuteurs ». Religieux à part entière, Don Bosco les
destinait à collaborer avec leurs confrères prêtres pour toutes sortes de tâches
TABLEAU III - Les novices salésiens belges de 1882 à 1913
(Ces chiffres ne tiennent pas compte du lieu où s'est fait le noviciat.
Certains religieux ont fait le noviciat dans d'autres pays)
Années
Clercs Coadju-
teurs
Total
Années
Clercs Coadj u-
te urs
Total
1882
1
1
1898
2
2
1883
1899
3
3
1884
1900
6
6
1885
1901
1
1
1886
1902
2
1
3
1887
1903
2
1
3
1888
1904
6
6
1889
1905
1
1
1890
1
1
1906
8
2
10
1891
1907
1
1
1892
2
1
3
1908
3
3
1893
1909
5
1
1
1894
3
2
5
1910
1
6
1895
1911
5
3
8
1896
6
2
8
1912
5
3
8
1897
7
1
8
1913
5
5

1.8 Page 8

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250 Albert Druart
qui n'exigent pas le sacerdoce.' D'une manière générale, dans les recherches
que nous avons menées, on n'a pas établi de distinction entre les salésiens
prêtres et les salésiens coadjuteurs. Les uns et les autres mènent la même
vie religieuse et collaborent ensemble dans le travail, il n'apparaissait pas
opportun de les considérer isolément, on sera cependant amené à établir
quelques divisions significatives. Le tableau III fait la différence, entre les novi-
ces clercs, qui se destinent au sacerdoce, et les novices coadjuteurs. Ces derniers
seront toujours moins nombreux que les clercs. En 1913, après plus de vingt
ans de présence en Belgique, les Salésiens avaient reçu 93 novices, dont 73
novices clercs. Avant l'ouverture de la première maison salésienne, les deux
premiers candidats, en 1882 et 1890, avaient fait leur noviciat à l'étranger;
le premier en Italie, le second, qui avait connu les Salésiens à Lille, en France.
A partir de 1896, et cela jusqu'en 1959, année de la division de la province
de l'Immaculée Conception en trois provinces indépendantes, il n'y aura plus
d'année creuse. Chaque année comptera au moins quelques novices clercs.
Les lacunes, signalées dans la tenue des registres, constituèrent un handi-
cap sérieux aux recherches que nous avons menées. On s'en rendra compte
à plusieurs reprises. On a rarement pu faire état de chiffres exacts corres-
pondants au nombre de novices répertoriés. On les livre cependant ici, con-
scient que si, ils ne permettent pas des certitudes, ils autorisent quelques
lignes générales significatives.
Si l'on considère l'âge des candidats à leur entrée en religion, on dispose
d'une fourchette qui va de 15 à 49 ans. La réduction à un âge moyen amène
à 20, 44 ans; si on ne tient pas compte du novice âgé de 49 ans, l'âge
moyen descend à 20, 13 ans. Dans l'ensemble cependant, 55% des novices
avaient moins de 20 ans à leur entrée au noviciat, 38 % de 20 à 29 ans;
les plus de 30 ans ne représentent guère que 6% du nombre total des novices.
A noter du reste que nous n'avons pu déterminer l'âge d'un novice coadjuteur.
Le tableau IV donne la répartition des novices par âge.
De ces 93 candidats à la vie religieuse, tous ne sont pas restés dans la
Congrégation salésienne; 31 d'entre eux l'ont quittée soit comme prêtres,
coadjuteurs ou encore comme clercs. Si on considére le statut, on remarque
que, sur les 70 novices clercs, 57 reçurent l'ordination sacerdotale dans la
Congrégation (un seul a fait son noviciat alors qu'il était déja prêtre), soit
plus de 80%. Parmi ceux-ci, 48 sont morts salésiens et 10 ont quitté la
Congrégation, 2 par exclusion les autres pour être incardinés dans divers
diocèses de Belgique ou de France (l à Gand, 1 à Tournai, 2 à Namur, 1 à
Malines, 2 à Liège et 1 dans un diocèse français). Les confrères coadjuteurs
8 Sur le coadjuteur salésien, voir P. BRAIDO} Religiosi nuovi per il mondo del lauoro,
Rome, 1961; P. BRAIDO} Vocazione del coadiutore salesianoall'apostolato caritatiuo, pasto-
rale e educatiuo, Rome, 1964; Atti convegno mondiale Salesiano coadiutore, Roma 31 Agosto-
7 settembre 1975} Rome, 1976.

1.9 Page 9

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Age
15 ans
16 ans
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 251
TABLEAU IV: Répartition des novices par âge.
Nombre
de novices
Age
4
27 ans
13
28
10
29
13
30
11
31
9
32
9
33
4
34
5
35
3
36
1
37
1
38
49
Nombre
de novices
2
1
1
1
1
1
1
1
1
témoignent de la même perseverance: sur les 20 novices, 5 sont morts en
Congrégation et 5 la quittèrent. On atteint un taux de persévérance auquel
nous ne sommes plus habitués: 71 % pour l'ensemble des novices soit 68%
pour les candidats au sacerdoce et 75% pour les candidats à la vie religieuse
du coadjuteur.
On a d'autre part, envisagé le recrutement des novices salésiens sous
l'angle de leurs études, soit celles qu'ils avaient accomplies avant d'entrer au
noviciat, soit celles qu'ils ont poursuivies comme Salésiens. Nous ne sommes
pas en possession de toutes les données. Un exemple: pour les 57 Salésiens
arrivés au sacerdoce, nous ne disposons que de 42 indications concernant les
études secondaires, alors que les registres possédaient une rubrique à cet
effet. Il va de soi que les candidats au sacerdoce recevaient la formation phi-
losophique et théologique requise pour être admis à l'ordination. On verra
plus loin dans quelles conditions.
Généralement les novices clercs avaient reçu une formation secondaire
plus ou moins complète. Sur les 42 indications qui sont en notre possession,
27 avaient terminé au moins la seconde (15 la rhétorique et 12 la seconde),
14 avaient été jusqu'en troisième, un seul n'avait guère dépassé la quatrième.
On sait qu'ils poursuivaient leurs études au lendemain du noviciat, mais il
est certain, d'après les chiffres, corroborés d'ailleurs par les témoignages des
confrères, que seule une minorité parcourait le cycle complet des humanités
anciennes et en recevaient le diplôme. En 1910, les candidats au sacerdoce
recevaient au cours de leurs études philosophiques, en plus des traités tradi-
tionnels, quelques cours de religion, français, sciences, histoire et géographie,

1.10 Page 10

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252 Albert Druart
pédagogie, droit civique, hygiène, dessin et musique." A cette époque, le scola-
sticat était solidement établi, il n'en fut pas toujours ainsi.
Dans les premiers temps, les études sacerdotales se faisaient «sur le
tas ». Les candidats au sacerdoce, en même temps que leur travail dans les
maisons salésiennes, étudiaient par eux-mêmes divers traités sous la direc-
tion d'un prêtre expérimenté; ils présentaient leurs examens auprès d'un
confrère prêtre chez qui on avait décelé quelques aptitudes intellectuelles. Un
des examinateurs en titre était le français Pierre Chevet, bachelier ès lettres.'?
Après 1904, année de l'organisation du scolasticat de Grand-Bigard, les pro-
fesseurs chargés de l'enseignement de la philosophie ou de la théologie n'étaient
pas davantage préparés à leurs tâches. Jusqu'en 1911, il y eut deux belges
qui enseignèrent au scolasticat, l'un avait le diplôme d'instituteur qu'il avait
acquis en 1900, l'autre avait terminé un cycle secondaire d'études «latines et
françaises ». Pour l'année 1911-1912, le corps professoral s'enrichit d'un doc-
teur frais émoulu de l'Université grégorienne Y Ce dernier, E. Claeys, sera
longtemps le seul professeur en possession de diplômes universitaires.
Quant à la formation des coadjuteurs, elle ne comportait pas beaucoup
plus que la formation spirituelle reçue au noviciat. Si le confrère coadjuteur
possédait un métier, on lui confiait la responsabilité de l'atelier qui correspon-
dait à ses capacités; on lui demandait parfois de se perfectionner. Si le con-
frère ne possédait pas de métier, on le chargeait de diverses charges: portier,
sacristain, boulanger, cuisinier ...
Après le sacerdoce, peu de prêtres pou suivaient des études supérieures.
A part E. Claeys, on ne rencontre aucun Salésien de cette période qui ait
fréquenté l'université ou un autre institut d'études supérieures: 5 Salésiens
prirent le diplôme d'instituteur et 1 un diplôme en «histoire et archéologie »,
le contexte ne permet pas de penser qu'il s'agissait d'études supérieures. On
reste frappé du peu d'intérêt des religieux pour les études. Sans doute le
rapide développement de leurs oeuvres ne leur permettait-il pas d'écarter du
travail apostolique des confrères pour leur faire poursuivre des études.
Peut-être faut-il attribuer cette attitude au milieu d'où provenaient les
Salésiens. On le sait, un des buts avoués des religieux salésiens en Belgique
était de promouvoir les vocations sacerdotales parmi la jeunesse pauvre. A
9 Programme des études pour les abbés salésiens} Liège 1910, pp. 6-7.
10 Pierre CHEVET (Jauze, France 1875 - Port-à-Binson, France 1939), prêtre salé-
sien français. Arrivé de France en 1903, il resta en Belgique jusqu'en 1927, fut directeur
du scolasticat de Grand-Bigard de 1907 à 1913. Reconnu comme une bonne plume, il fut
chargé de la rédaction de l'Ami des Anciens} revue des anciens élèves de l'orphelinat
Saine-Jean Berchmans à Liège, de 1919 à 1927.
11 Emile CLAEYS (Blankenberghe 1884 - Gand 1964), prêtre salésien belge, ancien
étudiant de l'Université grégorienne, docteur en philosophie (1907), docteur en théologie
(1909), licencié en écriture sainte (1910) et bachelier en droit canon (1908).

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

▲back to top
Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 253
cet effet, ils entretenaient de petites sections secondaires dans leurs orphe-
linats. La toute grosse majorité de leurs recrues sortaient d'une maison salé-
sienne (88 sur 93). Cela nous amène à envisager l'origine socio-géographique
des jeunes gens et des adultes entrés au noviciat salésien. Les registres consultés
sont muets quant à la profession et à l'adresse des parents des candidats à
la vie salésienne. Ils n'indiquent que le lieu de naissance. On s'est livré dès
lors à une enquête auprès des administrations communales de ces divers lieux
pour leur demander la profession des parents du jeune homme dont nous leur
communiquions le nom et la date de naissance. On a lancé ainsi 91 lettres
(parmi les 93 novices, on a rencontré deux frères) auprès des officiers de
l'Etat civil. Nous avons reçu 74 réponses, qui nous donnent le renseigne-
ment pour 76 novices, soit plus de 80% de réponses. Cette modeste enquête
a fourni des indications très intéressantes.
Les données socio-professionnelles ainsi recueillies ont été regroupées
selon quelques catégories qui recouvrent les grands secteurs d'activité: les
professions libérales, les commerçants, les ouvriers artisans, les agriculteurs,
les industriels et les fonctionnaires. La première catégorie recouvre toutes les
professions à caractère intellectuel: médecin, pharmacien, écrivain, enseignant.
On a groupé sous la dénomination ouvriers-artisans tous ceux qui exercent
un métier manuel soit comme salariés, soit comme indépendants. On peut
en dresser le tableau suivant:
TABLEAU V: La profession des parents des novices salésiens) 1882-1913
1. - professions libérales
8
2. - commerçants
7
3. - ouvriers-artisans
43
4. - agriculteurs
10
5. - industriels
6
6. - fonctionnaires
2
7. - non-réponse
17
De prime abord, on reste frappé de l'origine modeste de la plupart des
novices salésiens. Il ne faut pas s'illusionner sur ce que recouvre exactement
les catégories 4 et 5; il ne s'agit ni de gros propriétaires, ni de grands indu-
striels. De plus, 45% du total des novices sont issus du milieu ouvrier. Cette
répartition correspond très bien à la population accueillie dans les orphelinats
salésiens. Elle répond à la volonté de Don Bosco qui voulait une congrégation
populaire quant à l'origine de ses membres Y Les chiffres cités prouvent que,
12 F. DESRAMAUT) Una «nuova» congregazione al serutzto dei giovani del XIX
secolo, dans Il seruizio salesiano ai giouani, Torino-Leumann, 1971, pp. 47-48.

2.2 Page 12

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254 Albert Druart
du moins jusqu'en 1914, il en a été ainsi de la province belge. D'autre part,
il est certain que le milieu social d'origine n'est pas déterminant quand il
s'agit de désigner l'un ou l'autre confrère à une charge importante dans la
Congrégation. Parmi les 58 prêtres salésiens qui firent leur noviciat entre
1882 et 1913, on choisit un provincial et 28 directeurs. Pour ces 29 confrères,
on peut dresser le tableau suivant de la profession des parents:
TABLEAU VI: La profession des parents des directeurs des maisons salésiennes) 1902-1919
1. - professions libérales
3
2. - commerçants
2
3. - ouvriers-artisans
14
4. - agrioulteurs
4
5. - industriels
1
6. - fonctionnaires
1
7. - non-réponse
4
Les données de ce tableau recoupent parfaitement les conclusions que
l'on a pu établir à partir de l'analyse du tableau précédent. Il ne fait pas
de doute que la Congrégation salésienne se recrutait en Belgique dans un
milieu social modeste. Cette caractéristique ne correspond pas avec les don-
nées habituelles du recrutement sacerdotal. Le clergé belge à cette époque
se recrutait davantage dans les milieux de petite bourgeoisie rurale." C'est
une caractéristique salésienne très significative qui correspond à une volonté
délibérée du fondateur.
On la retrouve également dans la répartition géographique des lieux
d'origine des novices salésiens. Devant notre ignorance des adresses des can-
didats au moment de leur entrée au noviciat, on a pris le parti d'établir le
classement géographique à partir des lieux de naissance. Ce point de départ
peut se justifier partiellement quand on sait que la population était moins
mobile à l'époque qu'aujourd'hui. On a repris le lieu de naissance de chacun
des novices pour les répartir par arrondissement administratif dans chacune
des provinces." Cette répartition nous amène au tableau VII.
La province de Liège vient largement en tête avec 36 candidats. Si on
additionne le nombre des novices issus des deux provinces de Liège et du
13 B. KREMER) op. cit., p. 226.
14 On a établi cette répartition à partir du Nouveau dictionnaire des communes)
hameaux, charbonnages) carrières, mines) châteaux) fermes) etc. du royaume de Belgique)
Bruxelles, 1935. Cet ouvrage offre l'avantage de ne pas tenir compte des modifications
territoriales consécutives à la fixation de la frontière linguistique.

2.3 Page 13

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TABLEAU VII: La répartition géographique des novices salésiens belges
Province d'Anvers
arrondissement d'Anvers
Province de Brabant
arrondissement de Bruxelles
de Nivelles
Province de Flandre Occidentale
arrondissement de Bruges
de Courtrai
d'Ostende
d'Ypres
de Roulers
Province de Flandre orientale
arrondissement d'Alost
de Gand
d'Audenarde
Province de Hainaut
arrondissement d'Ath
de Soignies
de Thuin
de Tournai
3 Province de Liège
3
arrondissement de Liège
de Huy
7
de Verviers
5
de Waremme
2
36
18
4
11
3
Province de Limbourg
9
2
3
2
arrondissement d'Hasselt
de Maaseik
de Tongres
1
1
Province de Luxembourg
arrondissement de Marche
4
1
de Neufchâteau
de Virton
2
1
Province de Namur
---
arrondissement de Dinant
de Namur
8
1
de Philippeville
1
2
4
16
7
5
4
-
6
4
1
1
4
2
1
1
N
Ut
Ut

2.4 Page 14

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256 Albert Druart
Limbourg, qui formaient alors le diocèse de Liège, on arrive à plus de 50%
du nombre total des novices salésiens. C'est dans l'ancien diocèse de Liège,
composé à l'époque de ces deux provinces, que sont nées les oeuvres salé-
siennes. En 1914, on comptait cinq établissements salésiens dans ce diocèse.
Le recrutement provient des diverses provinces du pays, même s'il est plus
dense dans la province de Liège et que certaines provinces sont peu représen-
tées: moins de 5% pour les provinces d'Anvers, de Flandre orientale et de
Namur. Dans la province de Liège, l'arrondissement administratif de Liège
fournit à lui seul la moitié des novices de cette province; il est suivi de
l'arrondissement de Verviers. Le rayonnement de l'orphelinat Saint-Jean Berch-
mans est évident.
Ces brèves considérations permettent de pressentir la répartition par
zone socio-professionnelle: 47 novices viennent des régions rurales, 32 de
zones industrielles et 14 sont issus de centres urbains non industriels. Cette
répartition nuance quelque peu l'impression qui s'est dégagée de l'examen des
tableaux V et VI. Elle se rapproche davantage de ce que nous connaissons
des constantes traditionnelles du recrutement sacerdotal.
Les orphelins à Liège et à Tournai
Parallèlement aux recherches menées sur le recrutement des vocations
salésiennes, on s'est interrogé sur les orphelins accueillis dans les établisse-
ments salésiens. Les archives retrouvées ont permis de mener à bien cette étude
pour les maisons de Liège et de Tournai.
Les archives des oeuvres de Don Bosco à Liège ont conservé entre
autres choses les registres des Comptes courants des enfants admis à l'orphe-
linat de 1893 jusqu'au delà de la première guerre mondiale. Ce sont de
grands livres qui consacrent une page à chaque enfant. Après les indications
d'état civil: nom, prénom, lieu et date de naissance, prix de la pension ...,
un grand espace est réservé pour y inscrire les diverses dépenses. Ces registres
sont tenus par année scolaire. On a consulté les registres des années 1893
à 1913. Les registres qui reprennent les années 1903-1904 et 1905-1906
sont perdus. Pour conserver l'unité de la méthode, nous avons adopté le
parti de compter les élèves par année civile. On a tenu compte de la date
d'inscription, qui est toujours indiquée. Les autres rubriques ne sont pas
complétées avec soin. On s'en rendra compte.
A Tournai, on n'a conservé qu'un registre intitulé Entrées de 1899
à 1948. Il reprend la liste des élèves entrés à l'orphelinat entre ces deux
dates. Malgré son titre, il fait mention de quelques élèves entrés en 1896
(7 élèves), 1897 ( 9 élèves) et 1898 (5 élèves). On peut penser que ce re-
gistre a été reconstitué à partir d'autres documents aujourd'hui disparus.
L'écriture permet de discerner au moins trois secrétaires: un premier en

2.5 Page 15

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 257
1906 pour la période 1896-1906, un deuxième en 1927 pour la période
1906-1927 et un troisième en 1948 pour la période 1927-1948. Les indica-
tions fournies pour les années 1896 à 1898 n'ont pas été retenues du fait
qu'elles paraissent peu significatives en regard du nombre des entrées les
autres années.
Chaque nom porte un numéro d'ordre de 1 à 3525. La période qui
nous intéresse se situe entre les numéros 1 et 1078. Le nombre d'inscriptions
pour les années de 1899 à 1913 n'est cependant que de 1038. La différence
de 40 provient du fait que l'on ne tient pas compte des 21 élèves inscrits
entre 1896 et 1898 et que certains ont été raturés par suite du double
emploi ou d'annulation d'inscription. Les inscriptions ne sont pas notées
selon un ordre. Sans le respecter scrupuleusement, les différents secrétaires
se sont efforcés cependant de suivre l'ordre chronologique des entrées.
Tant pour Liège que pour Tournai, on n'a pas tenu compte du fait que
les orphelins entraient à l'orphelinat pour y apprendre un métier ou pour
y poursuivre des études secondaires. On a travaillé à partir de chiffres glo-
baux. Les Salésiens eux-mêmes ne faisaient généralement pas le départ entre
les artisans et les étudiants quand ils veulent donner un aperçu général de
leurs oeuvres. Pour Liège, on possède davantage de données. Un document
établi en 1899 à «l'usage des principaux bienfaiteurs et amis de l'oeuvre»
nous renseigne sur la population scolaire pour les années 1891 à 1899.15
Le tableau VIn reprend ces différentes données. Les chiffres qu'il nous
donne ne correspondent pas pour les années 1896 à 1899, en ce qui con-
cerne les artisans, aux indications fournies dans les rapports envoyés au
TABLEAU VIII: Population scolaire à Liège de 1891 à 1899
Années
scolaires
Apprentis
Etudiants
Total
1891-92
92-93
93-94
94-95
95-96
96-97
97-98
98-99
43
18
61
86
18
104
85
32
117
85
33
118
88
52
140
91
47
138
82
54
136
116
68
184
15 Liège-Oeuvres de Don Bosco, Coup d'oeil général sur la gestion financière de
l'orphelinat St-Jean Bercbmans durant les huit premières années, 8 octobre 1891 - 1er
octobre 1899, p. 3.
2

2.6 Page 16

▲back to top
258 Albert Druart
ministère de l'Industrie et du Travail dont on a retrouvé les minutes.l" il
est raisonnable de penser que les données transmises dans ces documents
officiels cernent davantage la réalité que celles fournies aux bienfaiteurs de
l'oeuvre. La différence entre ces chiffres n'est du reste pas considérable:
91 pour les bienfaiteurs, 86 pour le ministère en 1897, 82 contre 80 en 1898
et 116 contre 115 en 1899. Ces quelques remarques donnent une idée de la
difficulté d'avancer des chiffres auxquels on puisse se fier. A décharge des
religieux, il faut noter que la population scolaire était extrêmement mobile.
D'une part, on inscrivait de nouveaux orphelins pendant toute l'année et,
d'autre part, la proportion de nouveaux par rapport aux anciens était im-
portante chaque année.
En ce qui concerne la population scolaire de Tournai, on est moins bien
informé. Le seul registre conservé ne concerne que les entrées des nouveaux
élèves. Les responsables de l'oeuvre ont affirmé ne pas posséder d'autres
registres. C'est la raison pour laquelle nos calculs ne prennent comme base
que les entrées de nouveaux élèves aussi bien à Liège qu'à Tournai. Les
chiffres que nous avons collationnés ne concernent donc que les nouveaux
élèves admis dans ces deux établissements. On s'est efforcé de répondre à
deux séries de questions concernant le nombre d'inscriptions et le lieu d'ori-
gine des élèves.
D'après les sources que l'on a mises en oeuvre, pour les périodes con-
sidérées, on peut avancer que les institutions de Liège et de Tournai ont
accueilli respectivement 1681 et 1038 nouveaux élèves, ce qui nous donne
un total de 2719 inscriptions. Ces élèves proviennent des diverses régions
de la Belgique, et des pays limitrophes: l'Allemagne, la France, le
Grand-Duché de Luxembourg, les Pays-Bas, auxquels il faut ajouter l'Italie,
la Suisse et, dans une moindre mesure, d'autres pays très peu représentés tels
que les Etats-Unis, la Rhodésie, l'Argentine. Comme pour les religieux salé-
siens, la base de notre répartition géographique a été les lieux de naissance
indiqués sur tous les registres consultés. Le livre des Entrées de Tournai ne
fournit d'ailleurs que ce renseignement qui permette de localiser une nou-
velle inscription. Il faut ajouter qu'un certain nombre d'élèves, dans les
deux institutions, ne sont pourvus d'aucune indication de lieu d'origine:
186 à Liège et 112 à Tournai, ce qui représente Il % de non-localisés pour
Saint-Jean Berchmans et 10% pour Saint-Charles.
Nous connaissons donc les lieux d'origine de 1495 orphelins liégeois
16 Liège-Oeuvres de Don Bosco, Comptes rendus annuels envoyés au ministère
de l'Industrie et du Travail depuis l'année 1878 jusqu'à l'année 1914 (minutes). Les
données contenues dans les différents rapports rédigés entre 1896 et 1967 ont été
retrouvées et réunies dans un carnet qui porte le titre Renseignements pour les rapports
généraux sur la situation de l'Enseignement technique; il est conservé à Liège-Oeuvres
de Don Bosco.

2.7 Page 17

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 259
et de 926 tournaisiens. A Liège les orphelins se répartissent selon le
tableau IX. Les étrangers, qui représentent 18% du total des inscriptions
localisées, sont eux-mêmes composés pour plus de 50% de garçons originaires
de France. On sait que les lois de Waldeck-Rousseau chassèrent les reli-
gieux de ce pays et qu'un certain nombre avaient trouvé asile en Belgique.
Les Salésiens français venus en Belgique y amenèrent leurs élèves: le nom-
bre de français subit une forte augmentation en 1903; il diminua par la suite.
A noter que, pour l'appréciation exacte des résultats, il faut tenir compte
que, pour les années de 1903 à 1906, les chiffres sont vraisemblablement
inférieurs à la réalité; les registres des années scolaires 1903-1904 et 1905-
1906 sont aujourd'hui perdus. A Tournai, la proportion d'inscriptions d'élè-
ves étrangers est beaucoup plus forte: elle représente 57% du nombre total
Années
1891
92
93
94
95
96
97
98
99
1900
01
02
03
04
05
06
07
08
09
1910
11
12
13
TABLEAU IX - Les inscriptions à Liège 1891-1913
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Total
20
46 1
1
29
26
1
19
1
36
1
38
51
63 1
3
91 3
4
69
3
43 3
2
62 2
13
31
48
39 5 10
20 2
5
63 4
8
66 4
74
67 2
2
59 1
33
76 2
7
70 9 14 2
116 11 13 6
65 5 15 2
2
2
21
1
1 11
1
1
11
1
1
1
11
1
11
2
4
12
3
1
5
12
52
1 21
4
3 53
4 33
1
2
29
1 4 24
1
3 40
6
5 49
6
7 76
11 18 120
6 12 87
5 8 56
8 13 83
51
2
84
17 11 67
9 10 39
13 19 95
17 13 96
6 3 76
11 14 84
12 15 103
29 9 108
38 2 156
29 8 102
- -- -- -- --- --- -- -- -- -
1214 55 154 21 28 6 8 9 281 186 1681

2.8 Page 18

▲back to top
260 Albert Druart
des élèves inscrits de 1899 à 1913 dont on a pu déterminer la nationalité
avec certitude (voir tableau X). Parmi ceux-ci les Français constituent les
97% de nationalité étrangère. Cela corrobore ce que nous savions déjà au
sujet de cet établissement, à savoir qu'il fut, entre 1904 et 1906, le siège
du provincial de France-Nord. Si cette dépendance se termine théoriquement
en 1906, elle se prolongea cependant jusqu'en 1913, comme en témoignent
les chiffres. Il est frappant, d'autre part, de constater que cet afflux d'élèves
étrangers ne modifiaient pas sensiblement le nombre annuel d'inscriptions.
Cela est dû, en partie, au fait que le nombre d'inscriptions de jeunes Belges
diminue pour faire place à un nombre plus grand de Français.
A part la France, on ne retrouve pas à Tournai la même diversité de
nations rencontrées à Liège. La situation géographique de la ville de Tournai
peut expliquer cette différence. Du point de vue international, Liège est
atteint plus facilement de l'Allemagne, de la Hollande, et même du Grand-
Duché de Luxembourg, nations relativement bien représentées à Liège entre
1891 et 1913. Les maisons salésiennes de Liège et de Tournai offraient un
visage européen du fait de la présence d'étrangers tant dans leur personnel
religieux que parmi leurs élèves.
Années
1899
1900
01
02
03
04
05
06
07
08
09
1910
11
12
13
TABLEAU X - Les inscriptions à Tournai 1899-1913
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13
15
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23
7
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25
31
20
29
26
35
29
19
4
2
19
5
51
26
22
34
32
41
36
65
69 1
73
49
1
1
3
2
1
3
1
4
7 24
3 8 26
19 14 74
6
2 59
54 15 92
26 3 36
23 2 45
36 4 65
33 7 71
41
2 63
36 12 77
65
3 94
73 10 118
73 10 112
50 13 82
- -- -- - -- -- - -- -- -- -
384 1 528 1
3 1 1 7 542 112 1038

2.9 Page 19

▲back to top
Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 261
Si on approfondit l'examen de la population belge de ces deux maisons,
on s'aperçoit que les diverses provinces du pays y sont représentées. La
distribution des élèves belges par province dépend en grande partie de la
situation géographique de la maison considérée, Liège drainera, en plus de
sa province, les provinces de Limbourg, Namur et Luxembourg; Tournai,
le Hainaut et la Flandre occidentale. Les tableaux XI et XII donnent la ré-
partition par province des inscrits à Liège et à Tournai. Le rayonnement de
l'orphelinat Saint-Jean Bechmans apparaît plus étendu que celui de Saint-
Charles. Le nombre total de Belges inscrits y est de loin supérieur. La ques-
tion linguistique n'influence guère la répartition des élèves. Le Limbourg
est bien représenté à Liège et la Flandre occidentale à Tournai. L'effectif
TABLEAU XI - La répartition par province des inscriptions à l'orphelinat St.-Jean Berchmans
de Liège 1891-1913
Années
1891
92
93
94
9S
96
97
98
99
1900
01
02
03
04
05
06
07
08
09
1910
11
12
13
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2
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2
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2
2
31
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21
1
10
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3 26
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4
10
3
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9
11
2
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7
2
5
28
51
2
5 10 3
2
25 10 2
5
4
11
17 2 2 4
3
5
20
51
5
1
2
11
7
42
2
2
4
2
3 31 12 4
5
3
71
1
3 21 24 1
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7
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1
6
1
4
20 20 3
5
7 12 1
3 30 14 7
2
2
5
3 36 15 5 4
1 20
3 5 41 25 8 13
1
8
1 26 21 4
4
--------------
74 130 10 14 47 561 230 66 82
Total
1
20
46
29
26
19
36
38
63
91
69
43
62
31
39
20
63
66
67
59
76
70
116
65
1214

2.10 Page 20

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262 Albert Druart
TABLEAU XII - La répartition par province des inscriptions à l'orphelinat St, Charles
de Tournai 1899-1913
Années
1899
1900
01
02
03
04
05
06
07
08
09
1910
11
12
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1
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23
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73
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20
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17 2 1
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1 3 13 3
92
31
1
2
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20
4
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1
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2
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61
13
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5
5
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29
1
4
4
9
1
19
- -- -- -- -- -- - -----
13 54 89 27 162 24 3
4
8
384
venant de cette dernière province est originaire, pour plus de la moitié, de
l'arrondissement de Courtrai qui comprenait alors la région de Mouscron-
Comines, qui appartient aujourd'hui au Hainaut. Il importe de le savoir
pour interpréter au mieux les résultats. A Liège, le Limbourg apporte les
18% du nombre total des inscrits belges; ce pourcentage dépasse de loin les
autres provinces, celle de Liège mise à part (Anvers 6%, Namur 6%, Luxem-
bourg 5 %, Hainaut 3 %, Flandre orientale 1%, Flandre occidentale moins de
1%). Comme on peut le penser, la province de Liège fournit le plus gros contin-
gent: 46% des inscrits. Il est constitué d'élèves provenant des divers arron-
dissements de la province avec une forte majorité d'élèves issus de Liège-ville
et de l'arrondissement de Liège. L'arrondissement de Verviers est également
bien représenté: 21 % du nombre d'inscrits de la province de Liège; on
compare cette distribution avec la répartition par arrondissement dans la
province de Hainaut: l'arrondissement de Tournai, où est située la maison
salésienne, fournit à lui seul plus de 60% des inscrits de la province. Les
autres arrondissements sont peu représentés.
Les recherches concernant l'origine socio-professionnelle des élèves nous

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 263
ont été impossibles. Les renseignements fournis dans les livres de «Comptes-
courants des enfants» de la maison de Liège permettent cependant de se
faire une certaine opinion. L'examen rapide auquel on s'est livré a permis
d'établir quelques données. A cet effet, nous avons recueilli toutes les indi-
cations concernant les prix des pensions payées pour les enfants admis à
l'orphelinat Saint-Jean Berchmans de Liège. Nous sommes, à nouveau, con-
traints de faire état d'une documentation lacunaire. Pour la période 1891 à
1913, sur les 1681 garçons inscrits, nous possédons 1502 indications de pen-
sion, soit 80 % du nombre total. Le tableau XIII reprend par année toutes
les indications de pension qui proviennent des livres de comptes conservés.
En examinant ce tableau, il faut se rappeler que les chiffres donnés pour
les années 1903 à 1906 sont incomplets, les registres des années 1903-1904
et 1905-1906 n'ont pas été retrouvés. Pour la commodité de la lecture, nous
avons regroupé les pensions en quelques grandes séries. La fourchette, qui
TABLEAU XIII - Les pensions à Liège de 1891 à 1913
Années
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96
2 8 17
1
28 12 40
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3
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11 2
34 15 49
98
2 5 30 18 2 2
59 17 76
99
1 8 51 37 4 2
4
107 13 120
1900
2 3 40 36 2
83 4 87
01
16 35 1 1
1
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02
1 23 40 6
11
72 11 83
03
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75 9 84
04
1 6 41 4 8 1
4 65 2 67
05
2 1 6 19 2 5 2
1 38 1 39
06
3 2 13 54 9 2 1
2 86 9 95
07
7 6 20 44 7 3
2 89 7 96
08
5 14 37 5 2
5 68 8 76
09
2 3 5 21 31 2
7 71 13 84
1910
2 5 21 12 35 9
1 6 91 12 103
11
2 8 18 20 42 7 3 1 7 108
108
12 15 4 47 28 46 6 5
151 5 156
13
12 13 10 42 4 2 1 1 85 17 102
1
1
60
1
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1
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1
64
1
18
1
17
1
35 1502
11
179 1681
1

3.2 Page 22

▲back to top
264 Albert Druart
° est très large, s'échelonne de franc à plus de 600 francs; voici le détail des
chiffres: 30, 50, 60, 75, 90, 100, 115, 120, 125, 135, 150, 160,
175, 180, 200, 220, 225, 240, 250, 270, 280, 300, 350, 360, 400, 420, 450,
480, 500, et plus de 600 francs. La pension normale était fixée à 250 francs par
an et par enfant." Un certain nombre d'enfants bénéficiaient d'une fondation:
«Un don de six mille francs assure à perpétuité l'admission gratuite d'un
orphelin. La désignation de l'enfant est offerte au bienfaiteur dont le don
atteint dix mille francs ».18 Le livre «Fondations de lits », que l'on a re-
trouvé à Liège, fait mention, pour la période 1914, de vingt fondations de
lit." Ce mode de paiement n'était utilisé que pour trente-cinq garçons, soit
2% seulement du nombre d'enfants pour lesquels nous avons des indications
de pension. Quelques enfants étaient admis gratuitement '00'. Le nombre
d'enfants ainsi recueillis à l'orphelinat représente 3% des élèves. Si la pen-
sion normale était de 250 francs, on remarque, à partir de 1909, une aug-
mentation sensible du nombre de ceux qui payaient 200 francs. Ce glissement
s'accentue encore l'année suivante. Nous n'avons trouvé aucun document
officiel qui fasse état d'une augmentation de la pension après 1909. La majo-
rité des garçon payaient une pension qui varie entre 101 et 200 francs:
1237 indications se situent entre ces deux sommes, soit plus de 80%.
Les renseignements concernant les personnes qui payaient les pensions
ne sont pas très explicites. Hormis ceux qui étaient admis gratuitement ou
bénéficiaient d'une fondation, 1407 enfants devaient payer pension (93%
de ceux pour qui nous disposons d'une indication de pension). On n'est pas
en mesure de déterminer avec certitude la personne - bienfaiteur ou famille
- qui payait la pension. Pour les premières années, les indications sont
particulièrement peu claires. Il est certain cependant que, de 1891 à 1893,
Monseigneur Doutreloux assurait lui-même la pension de neuf garçons. Quand
les indications deviennent plus explicites, à partir de 1904, on remarque
que les pensions pouvaient être payées soit par des institutions (administra-
tion communale, bureau de bienfaisance, hospice civil), soit par des bienfai-
teurs, soit encore par la famille. On ne peut citer de chiffres exacts, mais
il semble que, pour la période de 1904 à 1913 il y ait toujours un nombre
assez élevé d'enfants pour lesquels la famille ou les parents s'acquittaient du
paiement de la pension. En 1904, sur 65 indications de pensions, celle-ci
est payée par la famille de 33 enfants; en 1913, on atteint cette même propor-
tion, proche de 50%. Ces chiffres sont livrés à titre indicatif, car, dans de
nombreux cas, on ne peut affirmer qu'ils correspondent à la réalité. Ils
permettent cependant de déceler une certaine tendance, à savoir qu'une
17 E. LAUMONT) La charité à Liège) Liège, 1897, p. 18.
18 Ibidem.
19 Liège-Oeuvres de Don Bosco, Fondations de lits. Ce carnet fournit le nom des
bienfaiteurs, le montant de leur fondation et les noms des élèves qui en bénéficient.

3.3 Page 23

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Le recrutement salésien en Belgique (1891"1914) 265
partie des garçons admis à l'orphelinat y sont placés par leurs parents et ne
sont donc pas des orphelins. D'autre part la pension peut paraître élevée;
eUe équivaut à plus ou moins vingt-cinq mille francs belges d'aujourd'hui
quand il s'agit de 250 francs et à plus de trente mille francs si elle s'élève
à 300 francs. Somme importante surtout si elle doit sortir d'un porte-mon-
naie d'une famille à revenu modique, comme l'étaient les familles d'ouvriers
à cette époque. Bien sûr, cette somme pouvait être versée en plusieurs fois,
par mois, ou par trimestre. Quant à savoir si elle était régulièrement versèe,
nous ne sommes pas en mesure de le dire. Sur l'ensemble des registres que
nous avons dépouillés, on a trouvé une seule fois cette mention, en 1911,
« retiré par la famille qui manque de ressources». La pension de ce garçon
était fixée à 200 francs.
De toute façon, il semble bien que l'échelonnement des pensions an-
nuelles permettait aux religieux d'en sortir au point de vue financier. Ceux
qui payaient plus que la pension normale, venaient en aide à ceux qui
payaient moins. Si on considère que la pension normale de 250 francs suf-
fisait à assurer l'entretien d'un garçon pendant un an, il importait aux
religieux de percevoir une somme globale qui correspondait à autant de
fois 250 francs qu'il y avait d'élèves inscrits. On a fait ce calcul pour 1911,
seule année pour laquelle nous possédons toutes les indications de pension.
Cette année-là, on voit 108 garçons inscrits; parmi ceux-ci 7 bénéficient d'une
fondation, les 101 autres payaient pension. Pour assurer l'entretien de ces
garçons, les Salésiens avaient besoin de 25.250 francs. Or les pensions qu'ils
percevaient s'élevaient à 25.330 francs, chiffre qui dépasse de peu le minimum
considéré comme nécessaire. On a fait ce même calcul pour quelques autres
années, prises au hasard: 1893, 1900, 1901 et 1913. Pour cette dernière
année, on relève un bénéfice de 605 francs. D'autres années, on doit con-
stater un certain déficit: 750 francs en 1893, 3380 francs en 1900, 420 francs
en 1901. Dans l'ensemble il semble que la situation financière des religieux ne
devait pas être trop difficile. Ces chiffres ne correspondent pas, il est vrai, aux
chiffres d'une année scolaire. Cependant il ne semble pas qu'ils doivent
s'en écarter tellement.
Les diverses données factuelles et numériques, que l'on a mises en
oeuvre provoquent certaines questions et permettent certaines affirmations.
Il est certain que les répartitions géographiques, aussi bien des maisons
salésiennes, des vocations religieuses que de la provenance des élèves des
instituts de Liège et de Tournai, autorisent l'établissement d'une carte de
la Belgique salésienne." L'équilibre n'est pas respecté dans la répartition des
dix oeuvres salésiennes sur le territoire de ce pays. Les chiffres, que nous
20 Se reporter aux cartes Ï, II et III des pages 271 à 273.

3.4 Page 24

▲back to top
266 Albert Druart
avons collationnés concernant le recrutement des Salésiens, correspondent
dans les grandes lignes, aux chiffres qui éclairent les origines des inscriptions
des élèves, mis à part peut-être la province de Hainaut qui, si elle fournit
la majorité des élèves belges de Tournai, a cependant un recrutement salé-
sien faible. Le tableau XIV ci-après établit la parallèlisme, par provinces
entre le nombre de novices salésiens et le nombre d'inscriptions. Il confirme
que les provinces de Liège et de Limbourg fournissent un nombre élevé, à
la fois de novices et d'élèves.
TABLEAU XIV: Répartition par provinces du nombre dlélèves et de novices salésiens en
Belgique entre 1891 et 1914
Provinces
Nombre d'élèves
Nombre de novices
Anvers
87
3
Brabant
154
7
Flandre occidentale
99
9
Flandre orientale
41
4
Hainaut
209
8
Liège
585
36
Limbourg
249
16
Luxembourg
70
6
Namur
90
4
D'un point de vue linguistique, le recrutement apparaît nettement à
prédominance francophone: sur les 93 novices rencensés, 5 sont originaires
de l'arrondissement de Bruxelles-capitale, 56 sont issus des provinces fran-
cophones du sud du pays et 32 seulement viennent des provinces flamandes
du nord. Cette répartition s'inversera dans les années qui suivirent la période
étudiée présentement.
Quant à l'origine sociale d'un grand nombre de salésiens, elle se révèle
assurément modeste comme l'analyse l'a montré au travers des indications
que l'on a pu rassembler. On peut penser qu'elle nous éclaire également sur
l'origine sociale des élèves; c'est sur ces derniers, en effet, que comptaient
les religieux salésiens pour assurer leur relève.

3.5 Page 25

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Le recrutement salésien en Belgique (1891-1914) 267
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3.6 Page 26

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3.7 Page 27

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répartis par arrondissement 1891-1913.

3.8 Page 28

▲back to top
270 Albert Druart
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GRAPHIQUE IV - Les inscrits de la province de Hainaut à l'Orphelinat St-Charles répartis
par arrondissement 1899-1913.

3.9 Page 29

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