RM-homélie de la messe de remerciement pour les béatifications P. Auguste Czartoryski, de Soeur Eusebia Palomino et d’Alessandrina Da Costa


A Soyez de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets@


(Homélie de la messe de remerciement pour les béatifications, par le P. Pascual Chavez, RM)

(Cfr 1 P 4, 7b-11; Lc 22, 24-30)


La Famille Salésienne vient de vivre une fin de semaine vraiment inoubliable. « Le Seigneur a fait pour nous des merveilles: réjouissons-nous ». C’est le coeur rempli de joie et d’émotion que nous sommes réunis dans cette Basilique du Sacré-Coeur, où Don Bosco et le Prince Auguste Czartoryski sont venus ensemble assister à sa consécration, pour remercier Dieu du don de la sainteté salésienne, manifestée de nouveau de façon éclatante dans la béatification du P. Auguste Czartoryski, de Soeur Eusebia Palomino et d’Alessandrina Da Costa.


Leur béatification est une nouvelle preuve que la Famille Salésienne est une école de sainteté et que chacun de nous peut y trouver des modèles à imiter dans sa vie personnelle. Aujourd’hui, les Coopérateurs et Coopératrices ont reçu, par la reconnaissance de la sainteté d’un membre de leur Association, le diplôme officiel de l’authenticité évangélique. Il arrive tout à fait oppor-tunément, au moment où vous, chers Coopérateurs et Coopératrices, êtes en train de reformuler votre Règlement de Vie, pour qu’il vous remémore que l’objectif de votre vie, c’est votre sanctification.


Recevoir un don de cette importance entraîne des responsabilités. Le cheminement intérieur, spirituel, de ces trois frères et soeurs béatifiés, éclairé par la parole de Dieu, nous offre des moyens pour répondre au Seigneur. On pourrait résumer les choses par cette exhortation de Saint Pierre: « Soyez de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».


Les Saints ont une grande valeur pour l’Église et pour les Congrégations, les Instituts, les Sociétés de Vie Apostolique ou les Associations de laïcs auxquels ils appartiennent, mais ils sont aussi une réserve précieuse d’humanité. Ils ont du sens pour le monde, non seulement en raison du bien qu’ils ont fait – dans certains cas considérable, dans d’autres cas plus modeste – mais surtout en raison des valeurs qu’ils ont incarnées et qu’ils ont laissées en héritage à la société.


Dans un contexte de plus en plus sécularisé, souvent même marqué par l’hostilité et les antagonismes vis-à-vis des croyants, le bienheureux Auguste Czartoryski, la bienheureuse Eusebia Palomino et la bienheureuse Alessandrina Da Costa, nous enseignent comment y faire face.


Avant tout, avec la sérénité inspirée par la logique des béatitudes évangéliques.


Dans cet esprit, l’engagement spirituel de chacun de nous doit se renforcer. La primauté de Dieu doit devenir évidente: « Le moyen de remporter la victoire sur le monde, c’est notre foi »  (1 Jn 5, 4). Voilà notre carte gagnante: nous montrer de vrais croyants, enthousiastes et courageux, conscients que – comme le dit St François de Sales – « nous ne sommes pas vraiment humains et chrétiens si nous n’aimons pas Dieu plus que nous-mêmes ». Voilà la source de l’humanisme salésien et de notre sainteté salésienne.


Pour y arriver, voici quelques recommandations essentielles, qui peuvent constituer un programme de vie pour chacun de nous et chacun de nos groupes, communautés ou familles:



  1. La sobriété et l’austérité de notre mode de vie, qui permettent de résister à la culture consumériste, qui tend à faire de nous de parfaits consommateurs de produits, de sensations, d’expériences. Se contenter de l’essentiel, en résistant à la tentation de la vanité, de l’orgueil, de l’auto-satisfaction, du gaspillage, du superflu, surtout dans un monde où existe un fossé scandaleux entre les gens et les nations riches, qui possèdent la plus grande partie des richesses, et l’immense majorité de la population mondiale qui a du mal à survivre. A l’ « homme consommateur », nos bienheureux opposent l’ « homme serviable ».


  1. La charité sincère et industrieuse, celle qui fait de chacun de nous un signe de l’amour prévenant et protecteur de Dieu, celle qui fait de nous de bons samaritains toujours prêts à venir en aide à ceux qui en ont besoin, mieux même, à nous mettre en route à la rencontre des plus pauvres, des exclus et des marginaux. Vivre, non pas repliés sur nous-mêmes, mais sans cesse attentifs et disponibles à rendre service, à vivre comme Jésus. A l’ « homme égolâtre », nos bienheureux opposent l’ « homme solidaire ».


  1. La voie royale de l’humilité et du service qui nous authentifie comme des hommes et des femmes à l’esprit évangélique, comme d’authentiques disciples de Jésus qui est venu et a vécu parmi nous comme quelqu’un qui sert, donnant ainsi la preuve de son pouvoir. Vivre, sans chercher à être les premiers et les gagnants selon les critères du monde, mais suivant la logique de l’Evangile: « Pour vous, il n’en sera pas ainsi; mais que le plus grand d’entre vous se comporte comme le plus petit ». A l’ « homme orgueilleux », nos bienheureux opposent l’ « homme humble ».


Voilà la contribution qu’apportent le Bienheureux Czartoryski, la Bienheureuse Palomino et la Bienheureuse Da Costa à la construction d’un monde meilleur, qui reste possible.


Chers frères, soeurs, amis, accueillons le don que nous font ces membres de notre Famille Salésienne. Aujourd’hui, ils nous disent: « Soyez de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».


Père Pascual Chavez V.

Rome, Basilique du Sacré-Coeur

26 avril 2004