Chers salésiens, soyes saints!

«  Chers salésiens, soyez saints ! » 1




Un ensemble d’heureuses coïncidences.

1. La sainteté, patrimoine permanent de famille

1.1. Dans le sillage de Don Bosco

1.2. Notre sanctification, don et défi

2. Nous éducateurs à la sainteté

2.1. La sainteté, proposition de l'éducation salésienne

2.2. Un chemin éducatif à la lumière de la spiritualité salésienne

3. La sainteté fleurit dans la communauté

3.1. Echo du CG25

3.2. Stimulés par les trois récents bienheureux

4. Invitation à la révision

Nos noms sont inscrits dans le ciel

4.1. Un hommage au concret

4.2. Une révision qui se fait prière



Rome, le 14 août 2002

Veille de l’Assomption de la B. Vierge Marie


Très chers confrères,

Quatre mois ont passé depuis la clôture du CG25, qui a été une forte expérience spirituelle salésienne. Vous avez en main les documents capitulaires « La communauté salésienne aujourd'hui », qui, au dire des confrères qui nous écrivent, ont été bien accueillis dans les Provinces et font l'objet d'études et d'assimilation, en vue du renouveau de nos communautés. Maintenant je me mets en contact avec vous par ma première lettre circulaire.

Ecrire des lettres a été la forme d’apostolat employée par saint Paul, pour surmonter la distance géographique et l'impossibilité d'être présent au milieu de ses communautés, pour donner un accompagnement à leur vie. Avec les différences qui s'imposent, les lettres du Recteur majeur, elles aussi, entendent créer la proximité avec les Provinces à travers la communication, pour partager ce qui arrive dans la Congrégation et éclairer la vie et la pratique éducative et pastorale des communautés. Je vous écris à la veille de l’Assomption de Marie et à deux jours de la date qui rappelle la naissance de notre cher père Don Bosco. Je ne vous cache pas que j’aimerais beaucoup être auprès de vous et partager vos travaux actuels et vos meilleurs rêves ; de façon particulière, je sens profondément en moi le désir de prier pour chacun de vous. Que le Seigneur vous remplisse de son Don par excellence, l'Esprit Saint, pour qu'il vous renouvelle et vous sanctifie à l'image de notre Fondateur, qui nous a été donné comme modèle (cf. Const. 21). Que Marie, l'experte de l'Esprit Saint, vous enseigne à L'accueillir et à Lui laisser une place, pour qu'il vous rende féconds dans la mission apostolique et croyants heureux en Christ, Parole du Père.

C’est précisément de sainteté que je veux vous parler aujourd'hui, en continuité avec plusieurs de mes interventions à la fin du Chapitre, en particulier après l'audience avec le Saint-Père et la béatification de M. Artémide Zatti, de sœur Maria Romero, et du P. Louis. Variara. Mon objectif n'est pas de réécrire un petit traité sur la sainteté, mais plutôt de vous la présenter comme un don de Dieu et une urgence apostolique, vous offrir quelques motivations qui vous engagent dans sa pratique et indiquer la méthodologie qui vous la rende plus facile.


Un ensemble d’heureuses coïncidences


Avoir été élu dans un Chapitre général qui a eu comme thème la communauté salésienne, lieu de notre sanctification quotidienne, et qui s'est clôturé « par le don de la béatification de trois membres de la Famille salésienne » 2 – un salésien prêtre, un salésien coadjuteur et une Fille de Marie Auxiliatrice – m’impose le thème de la sainteté ou, comme je l'ai dit dans le discours de clôture du CG25, de la primauté de Dieu : « Dieu doit être notre première “occupation” » 3. Avec son appel fait dans son discours aux capitulaires, le Saint-Père, a confirmé de son autorité suprême l'objectif de la sainteté. Dans son message envoyé à l'ouverture du Chapitre, il nous avait déjà rappelé que « tendre vers la sainteté » est « la principale réponse aux défis du monde contemporain », et qu'« il s'agit en définitive, moins d'entreprendre des activités et des initiatives nouvelles, que de vivre et de témoigner de l’Évangile, sans compromis, afin d’encourager les jeunes à la sainteté » 4. À l'audience, ensuite, il a voulu résumer tout son message dans la forte invitation : « Chers salésien, soyez saints ! La sainteté, vous le savez bien, est votre tâche essentielle » 5.

C'est un ensemble de coïncidences que j’aime lire non comme fortuites – pour un chrétien rien n'est fortuit – mais comme inscrites dans le plan de Dieu, et donc a interpréter en esprit de foi : pourquoi donc ne pas faire de la sainteté un programme de vie et de gouvernement ? C’était précisément mon intention quand, dans le discours final du Chapitre, j’ai dit que « la sainteté est aussi la consigne de ce Chapitre qui se termine avec le don de trois nouveaux bienheureux » 6.

Une aube de mon service éclairée d’une telle lumière est pour moi une invitation plus éloquente que n’importe quel souhait verbal. Elle rappelle le but par excellence. C'est un message certainement exigeant, parce qu'il indique « le but le plus élevé » dans l’absolu, mais qui ouvre à l’espérance et à l'optimisme, en nous indiquant un grand nombre de nos frères et sœurs qui ont rejoint la colline des béatitudes. En nous référant à eux, nos consanguins dans l'esprit, nous pouvons dire, en paraphrasant la liturgie : «Père, ne regarde pas nos péchés, mais la sainteté de notre famille ».

C'est pour ces circonstances qui convergent toutes vers la même signification, que j'ai pensé consacrer ma première lettre à ce thème.



1. La sainteté, patrimoine permanent de famille


Nous ne rendrons jamais assez grâce à Dieu pour le don des saints dans notre Famille charismatique. Notre histoire, comme nous l’a écrit le Pape, « est riche en saints, dont un grand nombre sont des jeunes » 7. Et à l'audience, il nous a de nouveau parlé de « nombreux saints et bienheureux qui constituent l'assemblée céleste de vos protecteurs » 8. Cela montre bien que le charisme salésien est non seulement capable d'indiquer le chemin de la sainteté, mais aussi, s’il est vécu, de rejoindre le but, comme c'est déjà réalisé en fait pour beaucoup de nos frères et de nos sœurs.

Mes prédécesseurs ont aimé s’attarder plusieurs fois devant un tel panorama 9. Je désire moi aussi contempler nos « nombreux saints et bienheureux salésiens » 10, et vous faire participer, en vous le rappelant, à ce à quoi je tiens le plus.


1.1. Dans le sillage de Don Bosco


Nos saints sont certainement « les témoins » les plus qualifiés de notre spiritualité parce qu'ils l’ont vécue et l'on vécue héroïquement. Ce qui m’intéresse en particulier, c'est le fait qu’en chacun d’eux s'incarne un aspect spécifique de notre charisme. En l’accentuant, ils l’ont rendu plus visible, plus lumineux, plus explicite. Ils s’en sont emparés et l’ont approfondi, au point qu’il s’agit là, pour ainsi dire, d’autant d’ « approfondissements monographiques » du Fondateur.

Plusieurs d'entre eux ont même donné origine à de nouvelles congrégations religieuses dans l’Eglise, comme autant de rameaux issus du même tronc. Ils ont ainsi explicité des potentialités latentes, mais insérées dans la semence originelle. Chacun d’eux accentue donc un message particulier.

L'ensemble permet de tirer la vision plus authentique et plus complète de notre expérience spirituelle. Ce sont des notes diverses qui contribuent à former une unique harmonie. Des notes les plus variés : depuis les plus connues à celles qui sont moins soulignées, prononcées presque en sourdine ; depuis celles, dirions-nous bien, qui sont plus sûres à celles qui pourraient sembler plus insolites, comme si elles étaient étrangères à notre spiritualité. Ces différentes rééditions de Don Bosco, reconnues officiellement par l’Eglise, ont tout au droit de cité parmi nous. Elles le proposent une nouvelle fois vivant à notre attention et à notre garde. Et nous, ses fils, héritiers d'un patrimoine aussi riche, nous aimons saisir en eux tel ou tel donné, que nous reconnaissons d’emblée comme un trait de la physionomie de notre Père.

Je voudrais citer, à titre d'exemple, quelques-uns de ces traits qui reproduisent de façon originale l'héritage familial commun, la sainteté salésienne :

  • Une spiritualité qui sait faire la synthèse entre le travail et la tempérance. Nous songeons alors à don Rua, modèle de rare abnégation, dont l'éloge le meilleur a été fait par Paul VI : « Si vraiment don Rua se qualifie comme le premier continuateur de l'exemple et de l'œuvre de Don Bosco, nous aimerons toujours le repenser et le vénérer sous cet aspect ascétique d'humilité et de dépendance » 11.

  • Une spiritualité et qui naît de la charité pastorale, qui réussit à se faire aimer et manifeste de la paternité de Dieu 12. Et le souvenir s'oriente vers le P. Rinaldi : « Celui qui l’approchait, lisons-nous dans les actes du procès, avait l'impression de s'approcher d'un papa » 13.

  • Une spiritualité qui s'exprime à travers l'humilité active et qui se fait « signe non équivoque de la logique de Dieu, qui s'oppose à celle du monde » 14. Ce fut l’exemple lumineux de Marie-Dominique Mazarello.

  • Une spiritualité du quotidien et du travail 15. Dans ce panorama se note l'identité laïque, tant consacrée que non consacrée. Quant au premier groupe nous pouvons penser immédiatement ou deux figures de « bon Samaritain », Simon Strugi et Artémide Zatti. Pour l'identité laïque non consacrée, nous pensons à la première de toutes les coopératrices, Maman Marguerite, dont la figure suscite toujours plus de sympathie qui fleurit en dévotion et en grâces.

  • Une spiritualité qui harmonise la contemplation et l'action 16. Et il nous semble voir le portrait de la récente béatifiée sœur Maria Romero Meneses, animatrice de 36 patronages et d'une série d’institutions pastorales qui naissaient à l’improviste au bon moment et devenaient des traditions. Ou bien Attilio Giordani, magnifique modèle de coopérateur salésien, volcan d'activités parmi ses patronnés.

  • Une spiritualité des relations et de l'esprit de famille qui le revêt tout entier de joie 17. Et nous pensons au P. Cimatti : Lorsqu'il apparaissait, affirmait avec force un témoin, les murs aussi souriaient ».

  • Une spiritualité de l’équilibre. Et nous songeons au P. Quadrio, aimant irrésistible pour ses abbés, merveilleux tressage de dons de nature et de grâce.

  • Une spiritualité qui assume la dimension oblative. Il suffit de lire les biographies des Pères Beltrami, Czartoryski et Variara pour voir comment ils ont fait de la souffrance la voie royale de leur sanctification et en ont tiré aussi, comme dans le cas du P. Variara, un nouveau charisme de congrégation. En regardant Don Bosco souffrant, ils sont arrivés à « désirer » la croix et à en tirer une joie intérieure.

  • Il nous faut enfin souligner le groupe désormais très nombreux de nos martyrs, confrères, consœurs et jeunes ! Leurs béatifications ont marqué la fin et le début des deux siècles. Fière d'avoir plus de cent ans, la Famille salésienne est heureuse de compter plus de cent martyrs, (ils sont aujourd'hui 111) 18, et elle s’en sent responsable : le martyre, l’effusion du sang ainsi que le don de sa vie dans le sacrifice quotidien, sont naturels à l'esprit salésien. Comprendrons-nous le message de ce don ? En assumerons-nous les conséquences ? Dans son homélie du dimanche 11 mars 2001, quand il a béatifié 233 martyrs espagnols, dont 32 salésiens, le Saint-Père a dit : « Au début du troisième millénaire, l’Eglise qui marche en Espagne est appelée à vivre un nouveau printemps du christianisme » 19. Pourquoi ne pas compter aussi sur l’aide inégalable de nos martyrs pour « remplir d'espérance nos initiatives apostoliques et nos efforts pastoraux dans la tâche, pas toujours facile, de notre de la nouvelle évangélisation » 20 ? Pour nous aussi, salésiens, il doit être vrai que Sanguis martyrum, semen christianorum. Le sang des martyrs est une semence de nouveaux chrétiens ! 21 Ne nous décourageons donc pas devant les difficultés : nous affrontons l'avenir en bonne compagnie !


Ce sont les pétales de la fleur de notre sainteté qui, grâce à eux, se révèle stimulante et convaincante dans la polychromie des âges, des formes de vie et de service, des temps, des messages, des ethnies, des cultures. « Sous cette diversité d’origines, de provenances géographiques, d'états de vie, de fonctions et de niveaux d'instruction se retrouve une inspiration unique : la spiritualité salésienne. […] Celle-ci peut se proposer sous forme doctrinale ; mais elle peut aussi se raconter avantageusement par les biographies qui rapprochent bien davantage ses traits des circonstances quotidiennes de la vie » 22.



1.2. Notre sanctification, don et défi


Les frères et les sœurs que nous avons rappelés représentent la sainteté déjà réalisée et désormais fixée pour toujours dans le degré de croissance rejoint. Notre sainteté, elle, est encore en devenir. Ils ont parcouru un chemin et sont arrivés au but. En connaissant leur vie et en parcourant leur route, nous apprenons, nous aussi, comment répondre à la grâce de Dieu et au don de la sainteté. Chacun d’eux est un exemple des divers parcours de vie salésienne, et de leur succès assuré. Je me demande si, et à quel point, ils influent sur notre pèlerinage terrestre.

Les frères et les sœurs qui ont atteint la sainteté nous assurent qu’elle est possible ; mais surtout ils nous montrent des voies différentes, et en même temps fascinantes, pour la conquérir. Et nous, ne trouverons-nous pas la voie la plus adaptée à nos possibilités, la plus conforme à notre situation personnelle, celle qui convient le mieux à notre état de vie ? Je souhaite que se réalise ce qu'affirme notre Règle de vie : « Les confrères qui ont vécu ou qui vivent en plénitude le projet évangélique des Constitutions nous aident et nous entraînent sur le chemin de la sanctification » 23.

De la vie de nos saints nous apprenons trois vérités importantes que devons adopter :


Notre sanctification et « la tâche essentielle » de notre vie, selon l'expression du Pape. Lorsqu’elle est rejointe, tout est rejoint ; lorsque est manquée, tout est perdu, comme c’est affirmé de la charité (cf. 1 Co 13, 1-8), essence même de la sainteté.

Contre la tendance à la médiocrité spirituelle, nous avons besoin de répéter chaque jour la priorité de ce but : notre sanctification, qui n'est autre que « ce haut degré de la vie chrétienne ordinaire » indiqué par Jean-Paul II dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte 24. « Dieu doit être notre première préoccupation, ai-je rappelé aux capitulaires en partance. C'est lui qui nous envoie et nous confie les jeunes […]. Dieu nous attend dans les jeunes pour nous donner la grâce de Le rencontrer » 25. Si notre vie est éclairée par ce désir, elle a tout, malgré ses carences ; mais si cet élan s'atténue, notre marche devient incolore, et inutile notre fatigue, malgré l'apparence d'une certaine efficience.


La sanctification est un don de Dieu. L'initiative a été et reste toujours de Dieu : la certitude de pouvoir changer notre vie s’enracine dans la certitude d'avoir déjà été objectivement transformés en Lui, si bien que la sainteté, pour utiliser le mot du cardinal Suenens, est une assomption avant d'être une ascension » 26.

« Il y a une tentation qui depuis toujours tend un piège à tout chemin spirituel et à l'action pastorale elle-même : celle de penser que les résultats dépendent de notre capacité de faire et de programmer. Certes, Dieu nous demande une réelle collaboration à sa grâce, et il nous invite donc à investir toutes nos ressources d'intelligence et d'action dans notre service de la cause du Royaume. Mais prenons garde d'oublier que “sans le Christ nous ne pouvons rien faire” (cf. Jn 15, 5) » 27.

Dans la sainteté recherchée resplendit sans discussion la primauté de Dieu : la sainteté n’est jamais un projet personnel, à programmer et à exécuter selon des temps, des méthodes et des options que nous fixons ; plus qu'un désir générique de Dieu, c'est sa volonté expresse sur chacun de nous (1 Th 4, 3) ; pure grâce, don toujours, nous ne pouvons pas la conquérir à nous seuls, mais nous ne pouvons pas non plus la refuser sans de sérieuses conséquences. Dieu nous a créés bons, même très bons (cf. Gn 1, 26-31), et il nous a pensés saints « avant la création du monde » (Ep 1, 4) ; mais reste notre part : nous pouvons aider Dieu à compléter en nous son œuvre créatrice si nous le laissons réaliser son dessein merveilleux, le plus originel, sur nous. Il ne nous demande rien de plus ; mais il n'en attend pas moins.


  • Pour nous salésiens, la sainteté se bâtit dans la réponse quotidienne, comme expression et fruit de la mystique et de l’ascèse du « Da mihi animas cetera tolle ». Une fois garantie la part de Dieu, source de toute sainteté, c’est notre réponse qu’il faut chaque jour stimuler pour que, comme dit notre saint François de Sales : « Pour abondante que soit la fontaine, ses eaux n’entreront pas en un jardin non selon leur affluence, mais selon la petitesse ou grandeur du canal par où elles sont conduites » 28.

D’où l'indispensable recours à la mortification, c'est-à-dire à la mort de tout ce qui ferme notre être au don ; tout ce qui met Dieu à la deuxième place ne mérite pas notre attention. Notre existence est une existence pascale ; le chemin vers la Pâque, nous le savons bien, passe nécessairement par le calvaire (cf. Mt 16, 21-23) : celui qui fut ressuscité avait d'abord été crucifié. Pour le chrétien, la mortification n'est donc pas l'objectif, mais le moyen ; elle n'est pas le but, mais la route ; il ne faut pas la chercher, mais il n'est pas possible de l'éviter.

Nos saints sont un témoignage vivant de ce désir de la sainteté et de cette route vers la vie et la résurrection. Il me vient à l'esprit, à ce sujet, quelques phrases de la bienheureuse Maria Romero : « Ôte-moi, Seigneur, tout ce que tu m'as donné jusqu'ici et ne m’en rends jamais plus rien à l'avenir ; mais accorde-moi la grâce de vivre chaque jour plus intimement uni à toi, dans un acte ininterrompu d'amour, d'abandon, de confiance et sans jamais perdre un seul instant ta présence » 29. « T’aimer, te faire aimer, et te voir aimé, mon Dieu adoré, est mon unique désir, espoir, ambition, préoccupation et obsession » 30.



2. Nous éducateurs à la sainteté


Vu que, comme salésiens, nous ne pouvons jamais séparer notre identité de religieux de celle d'éducateurs, ni notre consécration religieuse de la mission apostolique, traiter de notre sanctification implique nécessairement de proposer la sainteté pour nos jeunes. Pour nous aussi « le cheminement pastoral est celui de la sainteté » 31.

Le Pape a voulu nous rappeler que « notre sainteté constitue la meilleure garantie d'une évangélisation efficace, car c'est en elle que se trouve le témoignage le plus important à offrir aux jeunes destinataires de nos diverses activités » 32. Les paroles du Saint-Père semblent une paraphrase de ce qu'affirment nos Constitutions à l'article déjà cité plus haut : « Le témoignage de cette sainteté, qui se concrétise dans la mission salésienne, révèle la valeur unique des béatitudes et constitue le don le plus précieux que nous puissions offrir aux jeunes » 33.

Nous sanctifier, aussi en vue de la sanctification de nos jeunes, croître dans l'Esprit également en vue de leur croissance, en devenant toujours davantage et toujours mieux des éducateurs de saints, capables de placer la sainteté comme but explicite de nos programmes éducatifs et pastoraux, c’est donc pour nous une tâche exigeante. Le Saint-Père a voulu se poser une question semblable : « Peut-on “programmer” la sainteté ? ». Et il a répondu : « Je n'hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral et celle de la sainteté » 34. Ces mots devraient apparaître particulièrement suggestifs à notre cœur d'éducateurs.

« Les éducateurs attentifs, les accompagnateurs spirituels compétents que vous êtes, nous disait encore le Pape, sauront aller à la rencontre des jeunes qui aspirent à “voir Jésus”. Vous saurez les conduire avec une douce fermeté vers des objectifs exigeants de fidélité chrétienne » 35. « Salésiens du troisième millénaire ! Soyez des maîtres et des guides passionnés, des saints et des formateurs de saints, comme le fut saint Jean Bosco » 36.

Au cœur de ce programme, la première conviction à véhiculer est que la sainteté est accessible à tous et est « la voie supérieure à toutes les autres » 37. En effet, pour Paul, l'amour-agapè est avant tout l'élément indispensable pour bâtir l'Eglise, et sa supériorité provient du fait qu'elle n'aura jamais de fin et qu'elle nous rend semblables à Dieu qui est Amour.


2.1. La sainteté, proposition de l'éducation salésienne


Nous sommes tous appelés à la sainteté. C'est la vocation de toute vie humaine, comme nous le savons tous, qui dans le Baptême est rendue capable de cet objectif. « L’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur forme de vie » 38. Paul VI a dit que la proclamation de la vocation de tous les baptisés à la sainteté « est l'élément le plus caractéristique de tout le magistère conciliaire et, pour ainsi dire, sa fin ultime » 39.

Jean-Paul II, à son tour, a pu dire à toute l’Eglise, dans sa lettre apostolique Novo millennio ineunte : « Il est temps de proposer de nouveau cette conviction à tous, ce “haut degré” de la vie chrétienne ordinaire » 40 C’est un texte qui rappelle l’exhortation de saint Paul aux Ephésiens 41 et que le CG23 avait assumé comme orientation, en parlant du but de l'éducation des jeunes à la foi : « Faire grandir les jeunes en plénitude à l’état de l'homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ, est le but du travail du salésien » 42.

Cela peut encore parfois nous sembler quelque chose d'extraordinaire, ou de non approprié à notre temps, ou de non adapté à tous ; c'est pourtant très apprécié par celui qui prend sa propre vie au sérieux. Voici un témoignage que pourraient partager beaucoup de confrères et de laïcs engagés sérieusement dans leur maturité chrétienne. « J’ai dépassé une importante étape spirituelle : j'ai réussi à considérer la sainteté non comme un luxe, mais comme la seule possibilité de notre vie terrestre 43.

L’éducation et la pastorale que nous proposons offrent un chemin de spiritualité : « Le chemin de l'éducation à la foi révèle progressivement aux jeunes un projet original de vie chrétienne et les aide à en prendre conscience. Le jeune apprend à exprimer une manière nouvelle d'être croyant dans le monde et organise sa vie autour de quelques perceptions de foi, de certains choix de valeurs et de quelques comportements évangéliques : il vit une spiritualité » 44.

Une telle proposition exigeante réveille chez les jeunes des ressources insoupçonnables. Ce n'est pas la médiocrité qui attire et que désire le cœur humain, mais la « haute qualité » de la vie. Celle-ci, avant même d'être un impératif de l'extérieur, est une exigence intérieure de la nature humaine qui, bien que blessée par le péché, ressent l’écho de l'état primordial qui précédait la faute d'origine. C'est de cette sainteté originairement participée que se libèrent en l'homme des désirs brûlants et d’incessantes nostalgies.

Ceux qui, de façon plus radicale, marchent dans cette direction, les saints, nous procurent une profonde et mystérieuse nostalgie, parce qu’ils nous renvoient aux racines de notre être et nous font comprendre que nous sommes tous faits pour cette marche excellente. Suivre cette nostalgie, c’est le secret de la vraie grandeur et devient une source d'énergies insoupçonnées.

Cela vaut aussi et surtout pour les jeunes. Il est précisément propre à leur âge d’éprouver la fascination des valeurs ardues, même si par après, surtout aujourd'hui, ils font l'expérience de leur fragilité. Il nous revient à nous, « éducateurs de la jeunesse à la sainteté » 45, de valoriser et d’aider à développer ce désir, inscrit en chacun d’eux. Il nous a été « confié le devoir d’être des éducateurs et des évangélisateurs pour les jeunes du troisième millénaire » 46. Nous ne pouvons pas taire à nos jeunes le fait que viser la sainteté satisfait leurs plus profondes aspirations et apaise leur désir de bonheur. Nous suivons l'exemple de Jean-Paul II, qui a, à Toronto, plein de courage évangélique leur a dit : « N'attendez pas d'être plus âgé pour vous engager dans la voie de la sainteté ! La sainteté est toujours jeune, comme est éternelle la jeunesse de Dieu » 47. De cette manière, nous suivrons l'exemple même de Don Bosco, qui était convaincu que les jeunes pouvaient être saints, et qu’il y a peu de buts à leur proposer aussi fascinants que celui de devenir saints. « Soyez accueillants et paternels, nous a encore exhortés Jean-Paul II, sachant en toute occasion demander aux jeunes par votre propre vie (c’est moi qui souligne) : “Veux-tu devenir saint ?” » 48


Don Bosco, éducateur réussi, n'a pas eu peur d'indiquer des buts élevés. Gardons donc « les yeux toujours tournés vers don Bosco » 49.

On peut affirmer que la date de naissance de la sainteté de Dominique Savio est indiquée par le sermon que Don Bosco fit sur la sainteté accessible à tous. Je me permets de rapporter même un peu longuement, tout le texte qui nous est transmis par les Memorie Biografiche, parce qu’il nous fait voir d'une part le génie éducatif de Don Bosco qui sait proposer « une mesure élevée » même à ses gamins et, d'autre part, le caractère quotidien du modèle de sainteté, qui la rend proposable à tous.

« Un de ces dimanches, Don Bosco faisait un sermon sur la façon ou de se faire saints et se mit en particulier à développer trois pensées : c'est la volonté de Dieu que nous nous fassions tous saints ; il est très facile d’y arriver ; il y a une grande récompense préparée au ciel pour celui qui se fait saint. Ces paroles firent une grande impression sur Savio, qui dit ensuite à Don Bosco :

Je sens en moi un désir, un besoin de ne faire saint ; je ne pensais pas pouvoir me faire saint avec tant de facilité ; mais maintenant que j'ai compris qu’il est possible aussi de le réaliser en étant joyeux, je veux absolument me faire saint.

Don Bosco l'encouragea dans son propos, lui indiqua comment Dieu voulait de lui avant tout une joie constante et modérée ; et en lui conseillant de persévérer dans l'accomplissement de ses devoirs de piété et d'étude, lui recommanda de prendre toujours part à la récréation avec ses compagnons. En même temps il lui interdit toute pénitence rigide et les prières trop prolongées, parce que non compatibles avec son âge, sa santé et ces occupations.

Savio obéit, mais un jour Don Bosco le trouva tout affligé, en train de s’écrier :

Pauvre de moi ! Je suis vraiment dans l’embarras. Le Seigneur dit que si je ne fais pas pénitence, je n’irai pas en paradis ; et il m'est défendu d’en faire. Alors quel sera mon paradis ?

La pénitence que le Seigneur veut de toi, lui dit Don Bosco, et l'obéissance. Obéis et cela suffit » 50.



2.2. Un chemin éducatif à la lumière de la spiritualité salésienne


Ce texte montre bien que la sainteté est un processus qui se développe à l'intérieur d'une expérience spirituelle. Celle-ci sert de climat, de route, de nourriture. Une spiritualité est un chemin particulier et concret vers la sainteté. Nous avons notre spiritualité des jeunes. Il s'agit d'une spiritualité qui donne une place centrale aux jeunes, mais est pour tous, surtout les plus petits et les nécessiteux. Aujourd'hui nous avons une vision systématique suffisante de cette spiritualité, grâce aux études faites jusqu'ici. Il suffit de penser à ce que disent le CG23, le CG24, ainsi que et le P. Vecchi, qui en a fait le sujet d’une retraite spirituelle, et en a parlé aussi dans diverses rencontres du Mouvement salésien des jeunes 51.

Je pense utile d'en rappeler les traits essentiels :

  • Une spiritualité du quotidien. J'aime souligner la place privilégiée accordée à l’humble quotidien, parce que ce fut une note préférée par Don Bosco. « Durant toute sa vie, Don Bosco a dirigé les jeunes sur la voie de la sainteté simple, sereine et joyeuse, en reliant dans une unique expérience de vie la “cour de récréation”, l'“étude” et le sens constant du devoir » 52.

Il n'a jamais vu d’un bon œil les gestes exceptionnels, mais a toujours indiqué à ses jeunes la route royale du devoir personnel, dans la conviction que, s'il est embrassé avec amour et avec joie, il contient tout le nécessaire pour la croissance spirituelle. Nous savons bien que cette prédilection lui venait de loin. En s'appuyant sur saint François de Sales – voilà un apôtre de l’appel universel à la sainteté, quels que soient la catégorie et l’âge –, il aimait souligner sa préférence pour ce que Dieu nous donne, plus que pour ce que nous choisissons. La devise « ne rien demander, ne rien refuser » a un contenu pédagogique et une sagesse théologique vraiment précieux. Cette insistance sur l'amour, qui est comme le contenu par rapport au contenant, (pour nous parfois si attentifs aux formes au détriment de la substance), a été l’insistance même de Don Bosco éducateur.

Une fine sagesse pédagogique. À propos de la sainteté qu’il propose, Don Bosco s'est montré un vrai pédagogue, un maître. Il parle explicitement de sainteté à ce jeune Dominique Savio, qui était déjà capable de comprendre le mot, parce qu’il l’avait déjà lui-même prononcé. À Michel Magon, par contre, à la gare de Carmagnola, il dit : « Ecoute, viens à l'oratoire ; là tu pourras étudier, jouer et trouver des compagnons ».

Cela signifie qu'il est important pour nous, éducateurs, de savoir qu'il y a un chemin heureux de sainteté capable de satisfaire les attentes d'un jeune cœur, et donc de savoir le proposer à chaque jeune de notre patronage ou centre de jeunes ou école, avec les mots qui conviennent. Ainsi, dans tel groupe de jeunes patronnés nous parlerons expressément de la sainteté ou de la vocation, en sachant qu'ils nous comprendront. Dans d'autres cas, il faudra commencer au début : déstructurer la mentalité, purifier les images fausses de Dieu ou détruire les idoles qu’ils se sont créées et qu’ils cherchent à reproduire dans leur vie.

Le plus important est que, comme éducateurs, nous soyons conscients de ce que Dieu appelle tout le monde à la sainteté, c'est-à-dire à Lui répondre avec joie, et que c’est un chemin possible à parcourir, en sachant que nous devrons ensuite accompagner les jeunes, à partir de la situation où nous les trouvons : « Les parcours de la sainteté sont personnels » 53. C'est pourquoi « ils exigent une vraie pédagogie de la sainteté, qui soit capable de s'adapter aux rythmes des personnes » 54, sur laquelle comme salésien nous devrons réfléchir et que nous devrons exercer dans la pratique de l'accompagnement 55. Rappelons que le premier pas de Don Bosco a été d'inviter les jeunes à aller le dimanche au patronage pour s'amuser avec beaucoup de compagnons. Tel était son premier appel à la « sainteté de la joie » et à la vie sainte.

Don Bosco comprit, dès les premières années de son sacerdoce, la possibilité d'accompagner les jeunes à la plénitude de la vie chrétienne, proportionnée à leur âge, avec un type de spiritualité de jeunes organisée autour de quelques idées-force ouvertes à la foi, certes tributaires de son temps, mais prophétiques aussi, et menées à bien avec ardeur et génie pédagogique. Un facteur décisif de ce génie fut, précisément, la capacité de mettre les jeunes dans le coup et de faire d’eux les premiers bénéficiaires en même temps que de vrais protagonistes. Les jeunes eux-mêmes aideront Don Bosco « à inaugurer, dans l'expérience quotidienne, un style de sainteté nouveau, à la mesure des besoins qui caractérisent le développement du garçon. Ils furent ainsi, en quelque sorte, à la fois disciples et maîtres » 56. Notre sainteté est une sainteté pour les jeunes et avec les jeunes ; parce que dans la recherche de la sainteté aussi, « les jeunes et les salésiens marchent ensemble » 57 : ou nous nous sanctifions avec eux, en cheminant et en apprenant avec eux, ou bien nous ne serons jamais saints.


Les étapes de ce cheminement sont déjà définies avec clarté. Le CG23 en particulier nous les a présentées de façon synthétique et très stimulante, pour nous inviter à organiser la vie des jeunes en fonction d’elles et à y insister par des choix de valeurs et de dispositions évangéliques. Je vous les rappelle et vous demande avec force de vouloir reprendre le document en mains pour le commenter et l’approfondir 58 :

  • Une base de réalisme pratique centré sur le quotidien, qui est le lieu où se reconnaît la présence de Dieu et se découvre son inlassable activité, comme je l’ai déjà indiqué plus haut. « L’expérience salésienne comporte l'intuition, joyeuse et fondamentale à la fois, qu'il n'est pas nécessaire de se détacher de la vie ordinaire pour chercher le Seigneur » 59. C’est pourquoi Don Bosco parlait souvent du « sens religieux du devoir » à chaque moment de la journée ;

  • Une disposition d'espérance imprégnée de « joie ». « Je viens vous tracer, écrit-il au début de La jeunesse instruite, un plan de vie chrétienne qui […] peut vous indiquer la source des joies véritables » 60. Offrir aux jeunes la possibilité d'éprouver la vie comme fête et la foi comme un bonheur, c’est, certainement, un « style de sainteté [qui] pourrait étonner certains spécialistes en spiritualité et en pédagogie, dans la crainte de voir diminuer les exigences évangéliques et les contraintes éducatives. Mais pour Don Bosco, la source de la joie est la vie de la grâce, qui engage le jeune dans le difficile apprentissage de l’ascèse et de la bonté » 61.

  • Une amitié forte et personnelle avec le Seigneur ressuscité (cf. Const. 34), « Celui qui donne à l'homme de retrouver son identité sur la mesure même de Dieu » 62. « Le Christ n'est-il pas le secret de la vraie liberté et de la joie profonde du cœur ? Le Christ n'est-il pas l'ami suprême et en même temps un éducateur de toute amitié authentique ? Si le Christ est présenté aux jeunes avec son vrai visage, ils le voient comme une réponse convaincante et ils sont capables de recevoir son message, même s'il est exigeant est marqué par la Croix » 63. « Au contact du Seigneur ressuscité, les jeunes renouvellent un amour plus intense pour la vie » 64. Arrivés à une relation d’étroite amitié, qui dépasse la simple admiration et la sympathie stérile, ils approfondissent la connaissance et l'adhésion à la personne du Christ et à sa cause, s’ouvrent à la radicalité évangélique et répondent avec engagement et générosité.

Pour conduire à cette relation amicale il faut la prière personnelle, centrée sur l'écoute de la Parole, qui aide à mûrir « la vision de foi, en apprenant à regarder la réalité et les événements avec le regard même de Dieu, jusqu'à avoir “la pensée du Christ” (1 Co 2, 16) » 65. Don Bosco, en particulier, a pensé à « une pédagogie de la sainteté », qui privilégie « l'influence éducative de la Réconciliation et de l'Eucharistie » 66 ; ces sacrements offrent en effet « des ressources d’exceptionnelle valeur pour leur éducation à la liberté chrétienne, à la conversion du cœur et à l’esprit de partage et de service dans la communauté ecclésiale » (Const. 36).


  • Un sentiment, toujours plus responsable et courageux, d'appartenance à l'Eglise, tant particulière qu’universelle. Soutenus par la relation qui naît entre ceux qui trouvent dans le Christ un ami commun et l’unique Sauveur, « les jeunes des milieux salésien éprouvent un grand besoin de rester ensemble » 67, de faire communauté et de devenir « signe efficace de l'Eglise qu’on veut bâtir ensemble » 68. « Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? […] Avant tout un regards du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur les visages des frères qui sont à nos côté. [… Cela veut dire en outre] la capacité d'être attentif à son frère dans la foi, le considérant comme “l'un des nôtres”, pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde » 69.

  • Un « engagement » concret et actif pour le bien, selon ses propres responsabilités sociales et les besoins matériels et spirituels d’autrui. Aidez les jeunes, nous a demandé le Pape, « à être à leur tour des apôtres auprès de leurs amis et des jeunes de leur âge » 70. « L'histoire des jeunes à l'Oratoire, du vivant Don Bosco, est pleine de cet apprentissage de la vie chrétienne : être au services des autres, d'une manière ordinaire et parfois sous des formes extraordinaires » 71. Le service rendu au frère mesure le chemin de la sainteté personnelle, et celle-ci, devant tant de nécessités, réveille « une nouvelle “imagination de la charité”, qui se déploierait non seulement à travers les secours prodigués avec efficacité, mais aussi dans la capacité de se faire proche, d'être solidaire de ceux qui souffrent, de manière que le geste d'aide soit ressenti non comme une aumône humiliante, mais comme un partage fraternel » 72.

  • « La spiritualité salésienne des jeunes accorde une place de choix à Marie » 73 ; sa présence maternelle domine l’ensemble du parcours et inspire chacune de ses étapes. « Elle représente d'une manière vivante le cheminement difficile et heureux de chaque homme et de l'humanité vers son accomplissement. En Elle les routes de l'homme croisent celles de Dieu : Elle est donc une clé d'interprétation, un modèle, un type et une voie » 74. La Vierge a, en effet, une force éducatrice exceptionnelle des fils de Dieu et des disciples du Seigneur Jésus : là où est la mère de Jésus, les disciples deviennent croyants (Jn 2, 1-11) et réussissent à être fidèles (Jn 19, 25-27).






  1. La sainteté fleurit dans la communauté


Nous venons de terminer un Chapitre centré tout entier sur le thème de la communauté. En relisant l’ensemble du parcours effectué en deux mois de travail, j'ai indiqué le chemin communautaire tracé au sein des cinq modules pratiques :

« C’est la communauté salésienne qui devra mettre en œuvre ce texte qui s’adresse principalement à elle. Elle est invitée à l’assumer pour accueillir l’appel que Dieu lui adresse à travers les événements historiques et ecclésiaux, les indications de la Parole de Dieu et de notre Règle de vie, les appels des jeunes, les besoins des laïcs et de la Famille salésienne. La communauté approfondit ensuite la lecture de sa situation, en découvrant ses disponibilités et ses résistances, ses ressources et ses manques, ses possibilités et ses limites. Elle apprend en outre à reconnaître les défis fondamentaux et à les affronter avec courage et espérance ; elle sait aussi s'interroger par des questions appropriées, pour leur donner réponse. Enfin, la communauté se confronte avec les orientations proposées pour son action et détermine les conditions pour les traduire dans la pratique » 75.


3.1. Echo du CG25

La communauté est vraiment le berceau et le creuset de notre sanctification. Je voudrais souligner que la sainteté communautaire et la sainteté individuelle se réverbèrent réciproquement. S’il est juste d’attendre des communautés qu’elles aident et soutiennent leurs membres dans la recherche incessante de Dieu, il est également vrai que chaque membre, avec sa sainteté personnelle, permet d'atteindre ensemble cet objectif.

Le P. Vecchi a très bien parlé de cela quand, dans sa lettre « experts, témoins et artisans de communion », il décrivait la communauté du Valdocco comme notre modèle de communauté : « C’est une communauté à forte charge spirituelle, caractérisée par le “Da mihi animas”. Don Bosco forge ses premiers collaborateurs, avec simplicité et réalisme, selon le programme : travail, prière, tempérance. Il leur demande de faire un “exercice de charité” en faveur du prochain. L’amour de Jésus Christ et la confiance en sa grâce inspirent la préoccupation pour le bien des garçons, à partir de leurs besoins humains et spirituels. Les plus abandonnés sont aidés à prendre contact avec Dieu et avec l’Eglise et ceux qui montrent des dispositions particulières sont explicitement orientés vers la sainteté. La proximité de Dieu et la présence de la Très Sainte Vierge deviennent presque sensibles »76 .

La mission éducatrice et évangélisatrice en faveur des jeunes conduisit Don Bosco a créer une école de spiritualité, où « la sainteté se bâtissait ensemble, se partageait, ce communiquait l'un à l'autre, si bien qu'il n'était pas possible d'expliquer la sainteté des uns sans celle des autres » 77.

Et le P. Vecchi continue : « Créer ce climat de “sainteté” partagée, et en jouir, c’est une tâche des consacrés. La communauté religieuse est le lieu d’une expérience de Dieu. Tout a été pensé et prédisposé pour cela. “La vie spirituelle doit être en première place dans le projet des familles de vie consacrée […]. De cette option prioritaire, développée dans l’engagement personnel et communautaire, dépendent la fécondité apostolique, la générosité dans l’amour pour les pauvres, ainsi que la capacité de faire naître des vocations dans les nouvelles générations” (VC 93) » 78.

Le CG25 a repris le thème, de façon très spécifique, dans le deuxième module « Témoignage évangélique », en soulignant la primauté de Dieu, la marche à la suite du Christ et la grâce de l'unité : « Nous vivons cette option dans la certitude qu'elle concourt à construire un modèle différent d'humanité et de famille humaine, dans la perspective de l'espérance chrétienne. Nous répondons ainsi au don de Dieu par un cheminement communautaire et personnel de sainteté vers la pleine maturité du Christ, et nous devenons ainsi signe et prophétie des valeurs ultimes du Royaume de Dieu, dans l'esprit des béatitudes » 79.

Sous cet éclairage, la meilleure lecture de la phrase « La communauté est le lieu privilégié de formation permanente » pourrait se reformuler de la façon suivante : « La communauté est le lieu privilégié de la croissance dans la sainteté », pour faire comprendre la signification la plus profonde de ce qu’est pour nous la communauté et ce qu'on entend par formation permanente.


3.1. Stimulés par les trois récents bienheureux


Encore une fois, un coup d'œil sur nos saints nous révèle d’emblée la contribution qu'ils ont offerte aux communautés où les avait placés l'obéissance. Les exemples seraient très abondants. Je me limite à nos trois derniers bienheureux, pour faire ressortir les notes originales de chacun, convergentes sur l'objectif de bâtir la communauté : ce sont « trois splendides modèles de sainteté que nous voulons vivre dans nos communautés et offrir aux jeunes d'aujourd'hui » 80.




Le bienheureux Artémide Zatti

Tout en ayant un rôle qui aurait pu le distraire de la vie communautaire, il s’est révélé un de ceux qui y participait le plus. À commencer par sa présence ponctuelle aux actes communautaires. Je puise dans la « Positio » pour la cause de béatification :

« Souvent, dans la communauté religieuse, celui qui s'occupe des personnes étrangères s'écarte de ses propres confrères. Zatti, lui, était intimement intégré dans sa communauté. Il l’était en étant immanquablement présent aux pratiques de piété, aux repas et aux réunions. Comme infirmier, il soignait les confrères et les jeunes. Il était surtout un élément d'union spirituelle et de fraternité » 81.

Il était une source d'optimisme et de joie sereine parmi les confrères, avant même que parmi ses malades. Il fut un excellent intermédiaire entre l'institution salésienne et les catégories des laïcs : médecins, infirmiers. En somme, il se sentit membre de la communauté, même dans des moments où d’autres auraient pu se sentir trahis, comme lors de la démolition de l'hôpital. Nous lisons en effet dans la lettre écrite à sœur Hildegarde à Bahia Blanca :

« Vu que l’hôpital a été démoli au centre, à côté de l'église, pour faire place au palais épiscopal, nous avons été transférés corps et âme à l'école agricole, où nous sommes comme dans un paradis terrestre, et quand ont été faits les travaux qui ont été projetés et qui sont sur le point de commencer ces jours-ci, il n’y a pas d’hôpital ni de sanctuaire qui nous dépasse !!! Que Dieu en soit vivement remercié » 82.


Le bienheureux Louis Variara

Des difficultés il fit des ailes pour voler. C'est cet esprit qu’il inculqua à ses sœurs. Il est exemplaire de voir son attitude devant les adversités, tellement que le bien heureux appelle paradis ce que le Provincial appelle petit enfer, et il dit se trouver très bien, alors que, le même jour, son directeur écrivait au Provincial pour exprimer ses préoccupations pour sa santé et, en outre, parce qu’à Agua de Dios, continuaient des conflits armés. Le P. Variara écrit :

« Les travaux sont lents parce qu’on ne trouve pas d'ouvriers. Quinze jours ont passé sans rendement et puis s'ajoute la pluie. Les ouvriers qui restent ont bien peur qu’avec la chute des feuilles, ils ne se mettent à fuir… et ainsi on va de l'avant… Ici tous sont bons, contents, comme dans un paradis. Que le Seigneur nous aide avec ses bénédictions, parce que, avec ce travail, on ne se repose pas un instant. Je ne me suis jamais senti aussi content d'être salésien que cette année et je bénis le Seigneur de m'avoir envoyé dans ce lazaret, où j'ai appris à ne pas me laisser voler le ciel. Que le Sacré-Cœur me bénisse et je ferai mon possible pour le contenter » 83.

Sans doute l'épreuve la plus grande arriva précisément quand il reçut l'ordre de quitter Agua de Dios ; alors il montra qu'il savait renoncer à lui-même pour se conformer à la volonté de Dieu. C’est en cette circonstance qu’il confia à un confrère : « Regarde, Joseph-Joachin, pour moi, ce serait la mort si je devais quitter Agua de Dios, mais j’obéirais » 84. Et effectivement il obéit à l'ordre de son supérieur.

Le P. Variara a été fondateur, en continuant à être salésien : deux rôles qui pourraient sembler en contradiction, avec des tentations d'attitudes d'autonomie. Mais il fut toujours soumis à son directeur et à son Provincial, d'où provenaient aussi les plus grandes incompréhensions.


La bienheureuse Maria Romero

Ses mille activités ne devinrent jamais des prétextes par rapport à la vie communautaire. Dès le noviciat, elle fit preuve d’un don qui devait se révéler très utile pour la dimension communautaire : la vision positive de toutes les sœurs.

Elle disait à sœur Anne-Marie : « Comme j'étais heureuse au noviciat. Toutes les sœurs me paraissaient autant de saintes, surtout ma mère maîtresse... Combien je lui dois ! Quelle âme pure, observante de la pauvreté, délicate et compréhensive. Quand je me la rappelle, je la vois comme une vraie sainte : sa démarche digne, son recueillement reflétaient sa continuelle union avec Dieu. Ses conseils exprimaient ce qu’elle-même pratiquait. Elle impressionnait par sa façon toujours si correcte de parler, sa maîtrise de soi, sa piété. Toujours souriante et aimable, elle ne laissait cependant rien passer en nous qui ne fût comme il devait être. Son exemple était une école » 85. Avec un tel regard, nous pouvons imaginer les relations qu'elle avait avec toutes ses consœurs.



  1. Invitation à la révision


Nous sommes partis de la joyeuse certitude que nous sommes tous appelés à la sainteté. Nous l'avons appliquée à nous-mêmes, pour que notre responsabilité se sente interpellée. Nous l'avons appliquée aux jeunes, pour que, comme éducateurs, nous puissions leur montrer ce but, si ardu soit-il, dans la conviction que nous offrons un programme de béatitudes qui pourra les aider à mûrir des options et des projets de vie. Nous l'avons appliquée enfin à la communauté : lieu incontournable où se réalise le processus de notre sanctification, dans la conviction que « l'avenir de notre vitalité se joue sur notre capacité de créer des communautés charismatiques significatives aujourd'hui. » et que « la condition de fond est l'engagement renouvelé de la sainteté » 86.

Je répète ici ce que j'ai dit à la conclusion du Chapitre général : « La sainteté est la marche la plus exigeante que nous voulions réaliser ensemble dans nos communautés ; elle est “le don le plus précieux que nous puissions offrir aux jeunes” (Const. 25) ; elle est le but le plus élevé que nous devions proposer avec courage à tous. Ce n’est que dans un climat de sainteté vécue et expérimentée que les jeunes auront la possibilité de faire des options courageuses de vie, de découvrir le dessein de Dieu sur leur avenir, d'apprécier et d'accueillir le don des vocations de consécration spéciale » 87.


Nos noms sont inscrits dans le ciel


Je vous invite à présent à fixer les yeux sur ceux qui ont su voler plus haut. Nous avons un ciel étoilé au-dessus de nous. En le regardant, nous pouvons dire en toute vérité que nos noms aussi sont inscrits dans le livre de la vie (cf. Ap 13, 8 ; 17, 8). À leur exemple, proposons aux jeunes de marcher le long des sentiers de la montagne de la sainteté, poussés de façon prophétique précisément vers ceux qui semblent être les plus réfractaires.


4. 1. Un hommage au concret

Il est pédagogique de nous contraindre à une touche de réalisme et de nous soumettre à quelques questions concrètes, qui descendent au niveau de la vie quotidienne et interpellent directement notre expérience. Nous avons précisément agi ainsi au dernier Chapitre général ; en effet, chacun des modules pratiques pose des questions auxquelles il faut donner réponse. C'est une façon de faire en sorte que la communauté prenne conscience de sa propre situation, reconnaisse les défis et apprenne à trouver avec courage et espérance les réponses justes.

Je voudrais que le thème de la sainteté, comme celui des prochaines lettres, soit le motif d'une révision de vie, pour en favoriser plus concrètement la prise en charge et l'application. Il est possible de le faire en particulier ou encore en communauté. Si l’on veut, et ce serait à conseiller, on peut partir de là pour une révision communautaire à haute voix.

J'essaie d'énumérer quelques-unes des questions qui se rattachent plus directement à ce qui a été dit plus haut :


Sainteté et projet personnel de vie

  • Est-ce que je me sens appelé par Dieu et par les jeunes à devenir saint ? Si j'ai abandonné ce projet de Dieu, quelles en ont été les raisons ? Si je continue à le désirer, qu'est-ce que je fais pour le réaliser ?

  • Quelle est mon attitude en face de la troupe des saints de notre Famille ? Quelle relation ai-je avec ces modèles de Famille ? Est-ce que je les connais suffisamment ? Est-ce que je m'inspire de leur vie ?


Sainteté et vie commune

  • Suis-je convaincu de ce que « le premier service éducatif que les jeunes attendent de nous est le témoignage d'une vie fraternelle » 88, qui « est l'éloquence de la sainteté qui rend féconde notre mission » 89, et que, enfin, la sainteté « est le don le plus précieux que nous puissions offrir aux jeunes » (Const. 25) ? Comment faire pour que la sainteté soit un objectif privilégié dans le projet de vie commune ?

  • Dans la communauté où je me trouve, fait-on mémoire de nos saints ? En valorise-t-on la circonstance dans un but pastoral ? Y a-t-il des activités de mise à jour à ce sujet ?


Sainteté et mission apostolique

  • Comment est-ce que je valorise ces « paroles de feu » dans mon service éducatif et pastoral ? Et en particulier dans mes interventions auprès des jeunes ?

  • Est-ce que je crois que la sainteté, c'est-à-dire une mesure haute de vie chrétienne, est le but auquel Dieu appelle chaque jeune ? Est-ce que j’en parle aux jeunes avec les mots qui conviennent et avec des propositions concrètes et adaptée ?


4.2. Une révision qui se fait prière

« Chers salésiens, soyez saints ! » « Soyez des maîtres et des guides passionnés, des saints et des formateurs de saints, comme le fut saint Jean Bosco ». Accueillons l'invitation du Pape, et confions aux prophètes de l'avenir que sont les saints, le moment postcapitulaire que nous sommes en train de vivre. Nous espérons pouvoir en tirer une forte impulsion pour un avenir meilleur, où resplendira avec plus de transparence la primauté de Dieu en nous et partagerons avec Dieu sa passion pour le monde.

« Comment ne pas croire profondément en cette réalité pour l’accompagner par la prière et le sacrifice, afin qu’elle vive peu à peu parmi nous ? Ainsi a vécu Don Bosco ! » 90 En contemplant ce qu'a déjà accompli le Seigneur, les merveilles faites dans la Famille salésienne, nous pouvons imaginer ce qu'il voudra encore faire de plus, s'il nous trouve le cœur ouvert et bien disposé.

Ce dessein amoureux de Dieu nous provoque à la prière.

Mon Seigneur et mon Dieu ! Merci pour la vocation à participer à ta vie divine même et pour l’effusion de ton amour en nos cœurs. Que des merveilles tu as opérées le long de l'histoire de l'humanité et de l'Eglise, en suscitant des hommes et des femmes qui ont atteint un degré sublime de maturité. Tu en as fait fleurir aussi dans le jardin salésien, en commençant par Don Bosco et en continuant avec le cortège de saints et de saintes qui ont fait de la vocation salésienne une route de perfectionnement dans l’amour, de martyrs qui ont rendu témoignage au Christ jusqu'à la mort sanglante, de jeunes qui ont trouvé dans l'éducation salésienne un chemin de sainteté.

Je te bénis, Seigneur, pour les confrères et les membres de la Famille salésienne qui continuent à croire en toi et s’ouvrent à l'écoute de ta Parole et à l'action de ton Esprit. Ils sont un signe de ton amour pour les jeunes, en particulier pour ceux qui ont le plus besoin de faire l'expérience de ta proximité, de ton souci pour eux, de ton désir qu'ils soient heureux. Je te loue pour les vocations que tu continues à semer dans le champ du monde, pour les familles qui les soignent et pour les communautés qui les font croître.

Je te remercie, Père, parce que tu nous permets de vivre en cette heure de l’histoire, stimulante et pleine de défis, et parce que tu nous invites à prendre le large et à jeter les filets. Je voudrais que ceux qui écoutent cet appel éprouvent un vif sentiment de remerciement pour continuer à croire en nous et à compter sur nous, et récupèrent la foi, l'espérance et le courage de s'aventurer dans le large de la réalité des jeunes avec profondeur de vie.


La constatation de la grandeur de tes dons ne cachent pas nos limites ; pour lesquelles je sens le besoin de demander pardon.

Pèsent sur nous non seulement les manquements personnels, mais aussi ceux de l'institution, lorsque, comme Congrégation, nous remarquons n’avoir pas toujours été capables de prendre au sérieux les recommandations que nous a laissées Don Bosco dans son testament spirituel : « Veillez et faites en sorte que ni l'amour du monde ni l'affection pour vos parents ni le désir d'une vie plus aisée ne vous amènent à la grande folie de profaner les saints vœux et de trahir ainsi la profession religieuse par laquelle nous nous sommes consacrés au Seigneur... Qu'on fasse des sacrifices d'argent et de personnel, mais qu'on pratique la méthode préventive et nous aurons des vocations en abondance... Quand commenceront parmi nous les commodités et les aises, notre Société aura fini son temps... Qu'on oublie pas que nous sommes pour les enfants pauvres et abandonnés » 91.

Au lieu de cela, nous nous sommes parfois laissés tromper par l'esprit mondain dans la conception et l'organisation de notre vie personnelle et communautaire. Nous avons manqué de zèle pastoral et nous avons vécu la mission à temps partiel, en réservant plus de temps pour nos intérêts personnels. Nous avons été peu audacieux pour proposer aux jeunes le Christ comme valeur suprême de leur vie et son évangile comme route pour rejoindre la plénitude. Nous avons hélas parfois fait du mal aux jeunes qui nous avaient été confiés, et au lieu d'imprimer Ton image dans leur cœur, nous y avons laissé l'empreinte de notre égoïsme.

Je reconnais que parfois nos communautés ont manqué d'identité religieuse et que nos œuvres n'ont pas toujours été vraiment éducatives et pastorales, et je demande pardon avec humidité et douleur. Je demande pardon à tous ceux que nous avons déçus par nos attitudes : bienfaiteurs, collaborateurs, destinataires. Je demande pardon, de façon spéciale, aux jeunes auxquels nous avons causé du mal, précisément parce que ce sont eux la raison d'être de notre vie salésienne, parce qu’ils nous ont été confiés par Toi, parce que Tu nous as appelés en Don Bosco à leur offrir « maison, cour de récréation, école et paroisse ». Je demande pardon, enfin, pour le bien que nous pouvions faire et que nous n'avons pas accompli.


Nous avons confiance en toi, Seigneur, dans la certitude de ta présence et de ton accompagnement le long de l'histoire, comme tu as conduis la Congrégation et la Famille salésienne jusqu'à présent.

Nous croyons en toi, nous espérons en toi, nous n’aimons que toi.

Marie, mère et maîtresse de vie, ouvre-nous à l'action de l'Esprit, toi l’experte de l'Esprit, pour qu’il opère en nous les merveilles de la grâce qu’il a déjà opérées en nos saints. Ainsi nous pourrons être dignes de la vocation à laquelle nous avons été appelés et de la plénitude de vie que le Père a préparée pour chacun de nous. Amen.


Je vous salue avec affection et vous souhaite une année éducative et pastorale riche en fruits de sainteté, pour vous et pour vos jeunes. Que le Seigneur vous accompagne et vous bénisse.


P. Pascual Chávez Villanueva

1 Jean Paul II. Discours aux membres du Chapitre général, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 16 avril 2002, p. 3, n° 2.

2 Le CG25 aux confrères salésiens, n° 137. Les documents du CG25 –qui seront cités avec le sigle CG25 – sont publiés en ACG 378 (2002).

3 CG25, n° 191.

4 CG25, n° 143.

5 Jean Paul II. Discours aux membres du Chapitre général, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 16 avril 2002, p. 3, n° 2. Cf. CG25, n° 170.

6 CG25, n° 196.

7 CG25, n°143.

8 Jean Paul II. Discours aux membres du Chapitre général, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 16 avril 2002, p. 3, n° 2. Cf. CG25, n° 170.

9 Voici, à titre d’exemple, quelques interventions significatives des derniers Recteurs majeurs sur nos saints et sur la sainteté : Vecchi Juan E., Experts, témoins et artisans de communion, ACG 363 ; Le Père nous consacre et nous envoie, ACG 365 ; Sainteté et martyre à l’aube du troisième millénaire, ACG 368 ; Vers le 25e Chapitre général, ACG 372 ; La béatification du coadjuteur Artémide Zatti : une nouveauté explosive, ACG 376 ; Viganò Egidio, Remettons-nous ensemble à la sainteté, ACS 303 ; Don Bosco saint, ACS 310 ; Le Père Philippe Rinaldi témoin et interprète authentique de l’« esprit salésien », ACG 332 ; Ricceri Luigi, Don Rua, un rappel à la sainteté, ACS 263.

10 Cf. Jean Paul II. Discours aux membres du Chapitre général, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 16 avril 2002, p. 3, n° 3. Cf. CG25, n° 171.

11 Paul VI, Homélie de béatification, 29/09/1972.

12 Cf. Const. 10, 11; CG24, n° 90.

13 Summarium, n° 425.

14 Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, Document de travail du 21e Chapitre général (Rome 2002), p. 46.

15 Cf. CG24, n° 97-98.

16 CG23, nos 167-168.

17 Cf. CG23, nos 165-166; CG24, nos 91-93.

18 95 Espagnols, 14 Polonais, deux en Chine.

19 Jean Paul II, in L’Osservatore Romano, 13 mars 2001 (éd. franç.), p. 7.

20 Ib.

21 Tertullien, Apol. 50, 13 : CCL 1, 171.

22 ACG 368, p. 13-14.

23 Const. 25.

24 Novo millennio ineunte (NMI), n° 31.

25 CG25, n° 191

26 L’Esprit Saint notre espérance.

27 NMI, n° 38.

28 S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, livre II, chap. XI..

29 Grassiano Domenica, Con Maria tutta a tutti come Don Bosco [avec Marie toute à tous comme Don Bosco], p. 228.

30 Ib. p. 417.

31 Cf. NMI, n° 30. « Présenter la sainteté reste plus que jamais une urgence de la pastorale » (ib.).

32 Jean Paul II. Discours aux membres du Chapitre général, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 16 avril 2002, p. 3, n° 2. Cf. CG25, n° 170.

33 Const. 25.

34 NMI, nos 30-31.

35 Message du Pape au début du CG25 : CG25, n° 141.

36 Ib. n° 143.

37 1 Co 12, 31b.

38 LG, n° 40.

39 Paul VI, Sanctitas clarior, 19/1/1969.

40 NMI, n° 31.

41 Cf. Ep 4, 13b.

42 CG23, n° 160.

43 Henri d’Hellencour, Journal de bord.

44 CG23, n° 158.

45 CG25, n° 143.

46 CG25, n° 146.

47 Jean-Paul II, Discours lors de la rencontre à Downsview Park, Totonto, in L’Osservatore Romano, éd. franç. du 30 juillet 2002, p. 7, n° 6.

48 CG25, n° 143.

49 CG25, n° 144.

50 MB V, p. 209.

51 Cf. Vecchi Juan, “Andare oltre”, Thèmes de spiritualité des jeunes, LDC. Turin 2002.

52 CG23, n° 166.

53 NMI, n° 31.

54 Ib.

55 Cf. ib.

56 CG23, n° 159.

57 Jean Paul II, Message pour le début du CG25, CG25, n°145.

58 Cf. CG23, Eduquer les jeunes à la foi. Documents capitulaires (Rome 1990), nos 158-180.

59 CG23, n° 162.

60 Jean Bosco. La jeunesse instruite. Opere Edite, vol. XXVI, p. [5]. Cf. MB III, p. 9.

61 CG23, n° 165.

62 Xe symposium des évêques d’Europe. Message final, 2,a.

63 NMI, n° 9.

64 CG23, n° 168.

65 Repartir du Christ, Instruction de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, 19/05/2002, n° 24.

66 CG23, n° 173.

67 CG23, n° 169.

68 CG23, n° 170.

69 NMI, n° 43.

70 CG25, n° 145.

71 CG23, n° 179.

72 NMI, n° 50.

73 CG23, n° 177.

74 CG23, n° 157.

75 Discours de clôture du CG25 : CG25, n°184.

76 ACG 363, p. 17-18.

77 CG24, n° 104.

78 ACG 363, p. 25.

79 CG25, n° 25.

80 CG25, n° 168.

81 Positio, p. 253.

82 Positio, p. 182

83 Positio, p. 88.

84 Positio, p. 151.

85 Grassiano Domenica, Con Maria tutta a tutti come Don Bosco, [Avec Marie, toute à tous comme Don Bosco], p. 40-41.

86 P. Pascual Chávez, Présentation de La communauté salésienne aujourd’hui. Documents capitulaires, ACG 378 (2002), p. 20.

87 CG25, n° 196.

88 CG25, n° 7.

89 FMA, Document de travail du 21e Chapitre général, Rome 2002, p. 48.

90 Card. Eduardo Martínez Somalo, Intervention au CG25, CG25, n° 150.

91 Ecrits de Don Bosco in Appendice aux Constitutions de la Société de saint François de Sales, 1984, p. 255-257.

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