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« Il fut pris de pitié pour eux parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas
de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses » (Mc 6,34)
LA PASTORALE SALÉSIENNE DES JEUNES
Rome, 25 avril 2010
Dimanche du Bon Pasteur
Très chers confrères,
je reprends la communication avec vous, en vous souhaitant un temps de grâce
dans la lumière de la Résurrection du Seigneur Jésus, qui avec son Mystère Pascal a
rempli de joie et d’espérance l’histoire. Et, nous, nous en sommes des témoins. C’est là
notre vocation et notre mission : cheminer “avec les jeunes, pour les conduire à la
personne du Seigneur ressuscité afin que, découvrant en Lui et dans son Evangile le
sens suprême de leur existence, ils grandissent en hommes nouveaux” (Const. 34).
Dans le dernier numéro des Actes du Conseil Général (n. 406), je vous ai présenté
l’Etrenne pour 2010. Aussitôt après, je vous ai écrit de nouveau pour lancer un appel à
la solidarité fraternelle envers nos confrères d’Haïti. Après ma visite à ce peuple éprouvé,
je vous ai écrit une nouvelle fois pour partager mon expérience et mon évaluation de la
situation, et pour faire connaître à tous le projet de reconstruction. Je renouvelle
l’expression de ma gratitude pour la réponse généreuse par laquelle toutes les Provinces
ont apporté leur concours et pour les nombreuses initiatives des maisons et des œuvres
menées en vue d’impliquer les communautés éducatives dans l’engagement pris pour
donner un visage à la Providence, de façon à aider le peuple haïtien à renaître des
décombres, à ressusciter comme des hommes et des femmes nouveaux.
Certes, il y a eu d’autres événements de Congrégation importants et significatifs,
comme l’unification des Provinces de l’Argentine le 31 janvier 2010, mais je ne m’arrête
pas à porter une réflexion sur eux, également parce que de plus en plus l’information
d’ANS arrive à tous ponctuellement et en temps utile.
Je passe aussitôt par contre à la présentation de cette lettre. Elle est très différente,
quant au genre littéraire, des trois dernières lettres (celle sur le 150ème anniversaire de la
fondation de la Congrégation Salésienne [ACG 404], celle pour le centenaire de la mort de
don Rua [ACG 405] et celle de l’Etrenne sur l’évangélisation [ACG 406]), mais elle est
autant ou plus importante qu’elles. En premier lieu, parce qu’elle a quelque chose à voir
avec notre mission, celle qui, comme le dit l’article 3 des Constitutions, « donne à toute
notre existence son allure concrète ; [qui] spécifie notre rôle dans l’Eglise et détermine
notre place parmi les familles religieuses ». Mais, surtout, parce qu’en obéissance à tout
ce qui fut demandé par le CG26 nous sommes en train de continuer à repenser notre
pastorale.
Je pense que la réflexion actuellement accomplie à l’UPS, dans d’autres centres d’étude
de la Congrégation et dans les Provinces trouvera, dans cette présentation que je fais de
la Pastorale Salésienne des Jeunes, un point de référence. En effet, dans la lettre, je
recueille ce qui est réalisé dans la Congrégation et comment devrait être faite la Pastorale
Salésienne des Jeunes. Mais je voudrais aider à comprendre le pourquoi.
1

1.2 Page 2

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La citation biblique que j’ai choisie comme introduction à cette lettre me semble très
éclairante. A la différence du passage connu du chapitre 10 de l’Evangile selon saint
Jean, dans lequel Jésus se présente lui-même comme le Bon Pasteur, dans le texte de
Marc 6,30-44 nous avons une manifestation concrète de l’esprit, du cœur et des mains
du Christ dans leur dimension pastorale.
L’évangéliste dit qu’en contemplant la foule immense qui l’attend, Jésus « fut pris de
pitié pour eux parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à
leur enseigner beaucoup de choses ».
Et sa pitié de bon pasteur s’exprime avant tout dans l’action de se mettre à “leur
enseigner beaucoup de choses”, et seulement après dans celle de multiplier le pain et de
nourrir tous ces gens.
Cela veut dire que pour Jésus la première réaction de la compassion pastorale est
l’évangélisation, inséparable cependant de son engagement pour satisfaire aussi les
principaux besoins des personnes, comme celui de manger.
Je cherche à offrir une vision cohérente et claire de l’état actuel de la Pastorale
Salésienne des Jeunes. Dès à présent je vous dis que ce texte devrait faire l’objet d’une
étude de la part des Provinciaux, des Conseils provinciaux, des directeurs et de ceux qui
sont en formation. J’ai l’impression que le modèle pastoral de la Congrégation n’est pas
pleinement connu, et moins encore assumé, même dans les Provinces les plus
dynamiques et chez les acteurs pastoraux les plus zélés. Je suis convaincu qu’il y aurait
à mettre en action une authentique ‘révolution culturelle’ dans la Congrégation qui, en
même temps, serait une véritable ‘conversion’ aux jeunes. Je souhaite donc que la
présentation de notre Pastorale Salésienne des Jeunes soit lue avec le regard de Jésus,
qui nous enseigne à voir ce que ne voient pas même ceux qui le cherchent, c’est-à-dire
l’abandon, le manque de guides dans lesquels les jeunes se trouvent aujourd’hui à vivre.
Ainsi notre action éducative et pastorale deviendra une révélation de Dieu, une
manifestation que “Deus Caritas est” [“Dieu est Amour”].
1. LE CHEMIN DE LA CONGRÉGATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA
PASTORALE SALÉSIENNE DES JEUNES APRÈS LE CONCILE VATICAN II
L’action salésienne en éducation et en catéchèse s’était structurée selon le modèle de
l’Oratoire de Valdocco, à l’intérieur duquel, pour répondre aux besoins des jeunes,
s’étaient développés une maison pour accueillir les jeunes sans famille ou éloignés de la
leur, des ateliers d’arts et métiers pour enseigner un travail et une école pour les jeunes
qui pouvaient accomplir les études littéraires ou scientifiques.
L’animation de ces œuvres fut confiée à quelques personnages qui constituaient le
noyau de la communauté : le Directeur, centre d’unité et guide de la communauté dans
son engagement éducatif et pastoral ; le Préfet, premier collaborateur du Directeur et
aussi responsable de l’administration ; le Conseiller, responsable de la discipline, des
questions scolaires et des problèmes d’organisation ; le Catéchiste, qui animait l’aspect
religieux, la formation catéchétique, les groupes… Ce modèle guida le développement des
œuvres éducatives de la Congrégation et resta codifié dans les Constitutions et les
Règlements jusqu’à l’année 1972.
Au cours des cinquante dernières années, on commença à sentir le besoin d’adapter ce
modèle aux nouvelles situations sociales. Ainsi fut ouvert un chemin de réflexion et de
renouvellement de la pratique éducative et pastorale, qui nous a conduits jusqu’à l’actuel
modèle pastoral.
2

1.3 Page 3

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1.1 Un long parcours
1.1.1 Les premiers pas : du CG19 (1965) au CG21 (1978)
Le CG19 représente le premier moment où apparaît la conscience communautaire dans
la Congrégation en ce qui concerne le changement qui est en train de s’effectuer dans le
monde des jeunes et l’exigence de reformuler la pratique éducative et pastorale
traditionnelle. On commence par quelques retouches partielles, mais surtout on tente un
premier renouvellement des structures centrales d’animation et de gouvernement pour
les rendre plus adaptées à la nouvelle situation, dans la fidélité à la formulation
d’origine.1
Jusqu’à ce moment-là les structures d’animation et de gouvernement de la mission de
la Congrégation s’articulaient selon les principaux secteurs de l’activité : un Conseiller
du Chapitre Supérieur responsable pour l’école, un autre pour la formation
professionnelle, le Catéchiste qui coordonne l’animation des aspects religieux et la
formation chrétienne… Le CG19 adopte, ad experimentum, jusqu’au Chapitre Général
qui suivra, une structuration d’animation mondiale qui manifeste une vision plus
unitaire de la pastorale salésienne, en instituant le Conseiller pour la Pastorale des
Jeunes qui assume la responsabilité de l’animation de tous les secteurs de la pastorale
salésienne dans les différentes œuvres.2 Au niveau provincial, en correspondance, on
institue des Délégués provinciaux chargés de l’une ou de l’autre des activités avec des
tâches d’étude, de développement, d’organisation et de coordination.
En faisant référence aux contenus de la Pastorale des Jeunes, le Chapitre présente
seulement quelques priorités : “l’œuvre « primordiale » du « patronage », opportunément
rajeunie et renouvelée [] de façon qu’elle réussisse à attirer et à servir le plus grand
nombre de jeunes, grâce à la variété de ses organismes (centres, clubs, associations
diverses, cours, cours du soir)”.3 Il élabore un document spécifique pour les Ecoles
Professionnelles, en demandant aux Provinces d’instituer une « Commission pour
l’éducation des jeunes travailleurs [… avec des] tâches de recherche, de documentation et
de consultation au service des maisons ».4 Au niveau central, sous la présidence du
Conseiller pour la Pastorale des Jeunes, il institue une Commission centrale pour
l’éducation des jeunes travailleurs.
Le CG20 (CGS), dans son effort pour repenser la vie et la mission de la Congrégation,
reformule la mission salésienne et précise à nouveau ses destinataires, en réaffirmant la
“priorité absolue à la pastorale des jeunes”,5 présente les attitudes pastorales
fondamentales qui doivent guider les Salésiens dans leur action pastorale6 et encourage
1 Actes du 19e chapitre général : “les structures de la Congrégation”. ACS 244, janvier 1966, pp.
23-53 ; 112-113.
2 Le Chapitre général a cru opportun de confier à un unique conseiller toute la pastorale des
jeunes et celle des paroisses, en raison de l’étroitesse de leurs rapports. [] le conseiller
responsable s’occupera de [la] formation générale [des jeunes] sous l’aspect religieux, moral et
intellectuel dans toutes les maisons salésiennes (patronages, internats, externats, foyers, centres
de jeunes, cercles, compagnies, associations diverses), restant sauves les compétences des
Provinciaux et la collaboration du conseiller chargé du groupe de Provinces pour ce qui regarde
les problèmes strictement locaux d’organisation, de caractère technique, scolaire, professionnel,
etc.” Idem, p. 31.
3 Actes du 19e chapitre général : “les œuvres de l’apostolat salésien”. ACS 244, janvier 1966, p.
119.
4 Idem, p. 136.
5 CG20, n. 180.
6 Cf. CG20, nn. 360-365.
3

1.4 Page 4

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à ouvrir la présence salésienne aux nouveaux besoins des jeunes au moyen de “nouvelles
présences” capables d’élargir les horizons de l’action pastorale réalisée dans les œuvres
traditionnelles.7 Dans le même temps, il confirme la nouvelle structure de l’animation
centrale de la Pastorale des Jeunes en l’incluant dans les Constitutions.8
Le CG21, en assumant les orientations du CG20, les repense et les développe en
proposant les contenus éducatifs à l’intérieur d’un cadre de référence qui avait mûri
jusqu’à cette époque-là ; il propose les lignes fondamentales pour un Projet Educatif et
Pastoral qui réponde à la nouvelle situation des jeunes9 ; il confirme que l’éducation et
l’évangélisation sont étroitement intégrées dans le système éducatif salésien.10 En outre,
il engage les Provinces à repenser le Système Préventif, à étudier la condition des jeunes
d’aujourd’hui, à exprimer d’une manière appropriée les buts, les contenus et le style
salésien dans le Projet Educatif et Pastoral, à constituer et à faire croître dans chaque
œuvre salésienne la Communauté éducative et pastorale.11 Ces orientations seront,
ensuite, codifiées dans les Constitutions et Règlements par le Chapitre Général 22.12
1.1.2 Le développement des lignes du CG21 opéré par le Dicastère (1978-1990)
Le CG21 avait engagé la Congrégation dans un profond renouvellement de la Pastorale
des Jeunes. Pour aider les communautés et les Provinces à le comprendre et à l’assumer
pleinement, le P. Juan E. Vecchi, Conseiller pour la Pastorale des Jeunes, et son équipe
réalisent un grand effort d’approfondissement des éléments fondamentaux du Projet
Educatif et Pastoral salésien et de la Communauté éducative et pastorale, en offrant des
instruments pratiques pour guider son élaboration, pour apporter de la qualité aux
programmes éducatifs et pastoraux dans les différentes œuvres selon les indications des
Chapitres.13 Au moyen de ces instruments le Dicastère oriente les Provinces pour que,
dans leur situation concrète, elles connaissent, assument et développent les lignes
centrales du modèle de la Pastorale salésienne des jeunes comme une réalité unitaire et
organisée.14
Il faut reconnaître que cet effort, systématique et global, de réflexion, de formation et de
communication est suivi par les Provinces d’une manière plutôt irrégulière. Tandis que
certaines Régions et certaines Provinces l’assument et le tentent, d’autres pour diverses
causes, continuent avec le modèle précédent, parfois en changeant seulement quelques
noms. En général, on perçoit la difficulté des confrères et des communautés pour
assumer la nouvelle mentalité et rénover la pratique quotidienne.
1.1.3 Les Chapitres Généraux 23 (1990) et 24 (1996)
7 “La mission salésienne n’a pas su trouver en beaucoup [d’endroits] cette présence nouvelle
qu’exigeait un monde en transformation. Une grande partie du XIXème CG est restée sur le papier.
(CG20, n. 393) [C’est nous qui soulignons en italique].
8 Constitutions de la Société de saint François de Sales. Ed. 1972. Art. 137. 140.
9 CG21, cf. nn. 14. 80ss. 96ss ; cf. n. 105 (projet éducatif provincial) ; et successivement pour les
différentes œuvres : n. 127 (Oratoire et Centre de jeunes) ; nn. 132. 134 (école) ; n. 140 (paroisse).
10 Idem, cf. nn. 4. 14.
11 Idem, cf. nn. 63-68. 79.
12 Cf. Constitutions art. 47 ; Règlements art. 4 et 5.
13 Cf. les documents élaborés par le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes au cours des années
1979 – 1988. On en trouve la liste dans La Pastorale Giovanile Salesiana. Quadro di riferimento
fondamentale. Deuxième édition. Rome 2000, pp. 13-14. [En français : DICASTÈRE POUR LA PASTORALE DES
JEUNES. La Pastorale Salésienne des Jeunes. Cadre Fondamental de Référence. Traduction du P. Akpoué - 2007, pp. 8-9].
14 Voir comme synthèse finale le livre : DICASTÈRE POUR LA PASTORALE DES JEUNES. Pastorale
Giovanile Salesiana. Rome 1993. Y sont rassemblés les éléments fondamentaux de la Pastorale
Salésienne des Jeunes dans des dessins brièvement commentés.
4

1.5 Page 5

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Ensuite le CG23 fait sien le cheminement précédent de la Congrégation et présente une
proposition unitaire de chemin pastoral qui rassemble d’une façon organisée tous les
éléments fondamentaux de la Proposition éducative pastorale salésienne.
Le Recteur majeur disait dans son rapport au Chapitre sur l’état de la Congrégation :
« Le secteur de la Pastorale des jeunes a besoin d’une sérieuse et nouvelle réflexion
organisée et opérationnelle [] En jugeant au niveau mondial, on peut dire que le secteur
des jeunes a été l’objet d’encouragements généraux, mais pas, sur le plan des structures,
de poussées innovatrices, décisives et opérationnelles, avec l’application de personnes, de
moyens et d’orientations contraignantes ».15 On peut affirmer que le CG23 constitue la
réponse à ce besoin : une présentation unitaire, organisée et opérationnelle de toute la
Proposition pastorale salésienne.
Le Chapitre propose à la Congrégation les lignes fondamentales d’un itinéraire salésien
d’éducation à la foi qui réponde à la condition complexe des jeunes dans ses divers
contextes et réalise dans la pratique la synthèse entre éducation et évangélisation qui
caractérise notre système éducatif ; il présente, sous une forme dynamique et
progressive, les éléments centraux des quatre secteurs de l’itinéraire d’éducation à la foi,
secteurs qui correspondent parfaitement aux quatre dimensions de la proposition
éducative et pastorale salésienne, à savoir le secteur de la maturité humaine, le secteur
de la rencontre avec Jésus Christ, le secteur de l’appartenance à l’Eglise, le secteur de
l’engagement pour le Royaume.16
Le Chapitre développe également les valeurs de la Spiritualité Salésienne des Jeunes,
qui, comme projet original de vie chrétienne et chemin de sainteté, constitue le but et
l’inspiration qui doit guider et soutenir tout le cheminement d’éducation à la foi.17
En plus de la présentation des contenus, des valeurs et des démarches de la
proposition, le Chapitre offre aussi quelques orientations pour la rendre opérationnelle :
la communauté salésienne, animatrice d’une communauté éducative et pastorale,
comme agent fondamental de la proposition18 ; une animation pastorale provinciale
capable de favoriser et de développer l’unité organisée des différents aspects de la
pastorale (le Délégué provincial pour la Pastorale des Jeunes et une équipe autour de
lui)19 ; l’orientation des vocations comme élément qualifiant de l’itinéraire20 ; l’importance
de la communication sociale comme chemin et forme actuelle pour l’évangélisation.21
Après le Chapitre un bon nombre de Provinces s’engagent avec effort et enthousiasme à
mettre en œuvre concrètement dans leur contexte propre les indications de l’itinéraire
d’éducation à la foi. Mais souvent la maigre formation des animateurs rend peu
opérationnels ces itinéraires.
Le CG24 approfondit un aspect central du modèle pastoral, son agent fondamental, la
communauté éducative et pastorale, dans laquelle les Salésiens et les laïcs partagent
l’esprit et la mission de Don Bosco. A la lumière d’une ample vérification de la situation
et du chemin accompli dans la Congrégation, le Chapitre présente les motivations
ecclésiales, charismatiques et culturelles qui invitent à aller plus loin et offre les critères
d’action et les orientations opérationnelles nécessaires.
La nouveauté, disait le Recteur majeur lors de la conclusion du Chapitre, « provient de
l’irruption [des laïcs] dans l’horizon salésien et de la place que prend leur expérience au
15 Cf. “La Società di San Francesco di Sales nel sessennio 1984-1990”. Rapport du Recteur majeur
(au CG23), n. 180.
16 Cf. CG23, nn. 120-157.
17 Cf. CG23, nn. 161 ss.
18 Cf. CG23, nn. 232-238.
19 Cf. CG23, nn. 239-246.
20 Cf. CG23, nn. 247-253.
21 Cf. CG23, nn. 254-260.
5

1.6 Page 6

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cœur de notre charisme ».22 Le Chapitre nous invite à passer de l’acceptation des laïcs
comme simples collaborateurs à leur implication dans la mission qui soit une véritable
implication, d’une aide au niveau de l’action à un véritable et propre partage de
responsabilités, de relations essentiellement établies dans le cadre de la fonction
assumée à une profonde communication, entre les personnes comme dans le groupe,
autour des valeurs de la pédagogie et de la spiritualité salésiennes, et tout cela avec des
itinéraires systématiques de formation qualifiée.
De cette façon le CG24 confirme et approfondit l’importance de la Communauté
Educative et Pastorale [CEP], comme étant la forme concrète de réalisation du projet
éducatif et pastoral salésien, en impliquant, dans un climat de famille, jeunes,
éducateurs, religieux et laïcs ; il définit le rôle spécifique de la communauté religieuse
salésienne dans l’animation de la CEP et les critères fondamentaux pour la formation
pastorale salésienne qui doit l’animer.23
1.2 Les grands objectifs de ce cheminement
Pendant ce parcours, la Congrégation découvre et réaffirme quelques aspects
caractéristiques de sa pratique pastorale : je crois qu’il est important de les présenter au
moyen d’une synthèse pour mieux comprendre l’ensemble du cadre fondamental de
référence de la Pastorale Salésienne des Jeunes.
1.2.1 Une perception de plus en plus approfondie de la nouvelle situation des
jeunes
Les milieux et les contextes, sociaux et ecclésiaux, se sont profondément transformés.
Les jeunes vivent de nouvelles valeurs et ont de nouveaux critères de vie, qui constituent
une véritable nouvelle culture ; les maillons traditionnels de la transmission de la culture
et de la religion (la famille, l’école, l’Eglise…) se sont affaiblis et souvent sont entrés en
crise. La situation dans laquelle on doit réaliser l’engagement éducatif et pastoral est
variable selon les lieux et les moments et elle est en continuel changement. Il n’est donc
pas possible de se contenter de petites retouches d’ajustement de la pratique
traditionnelle, ni de penser à un schéma d’action égal pour tous.
Avec cette conscience de plus en plus explicite, on commence à dépeindre une
“nouvelle” présence salésienne au milieu des jeunes,24 une “nouvelle évangélisation”,25
une “nouvelle éducation”,26 et même un “nouveau système préventif”.27 Par ces
affirmations on veut exprimer le besoin de repenser et d’approfondir les contenus et la
mise en place de l’éducation et de la pastorale salésiennes, en réponse à la nouvelle
situation des jeunes.
1.2.2 Un effort pour reformuler les contenus et les modalités qui étaient en cours
dans l’éducation et la pastorale traditionnelles
22 CG24, n. 231.
23 Cf. CG24, nn. 149-161.
24 Cf. PASCUAL CHÁVEZ. “Ensemble pour les jeunes d’Europe”. Intervention finale du Recteur majeur
lors de la rencontre des Provinciaux d’Europe, 5 décembre 2004. ACG 388, janvier-mars 2005,
pp. 120-122.
25 Cf. EGIDIO VIGANÒ. La “Nouvelle Evangélisation”. ACG 331, octobre-décembre 1989.
26 Cf. EGIDIO VIGANÒ. La nouvelle éducation. ACG 337, juillet-septembre 1991.
27 Cf. EGIDIO VIGANÒ. Chiamati alla libertà. Riscopriamo il Sistema Preventivo educando i giovani ai
valori. Commentaire de l’Etrenne pour 1995. Rome. FMA, pp. 9-12.
6

1.7 Page 7

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Les appels répétés et pressants de l’Eglise à renouveler la catéchèse et la formation
chrétienne, surtout celles des jeunes intégrés dans des contextes profondément
sécularisés, en donnant la priorité à l’évangélisation et à une annonce renouvelée de
Jésus Christ, ainsi que l’expérience de l’inadéquation de nombreuses propositions
offertes dans nos milieux éducatifs, font sentir l’urgence de repenser en profondeur les
contenus et les modalités de l’éducation à la foi, en particulier autour de quelques points
fondamentaux :
● Avant tout l’unité et l’intégralité de la proposition éducative et pastorale, en dépassant
la tendance à tout fragmenter que présente une pratique qui considère la pastorale
comme un secteur (‘l’aspect religieux’) venu s’ajouter aux autres aspects de l’action
éducative, plutôt que comme la qualité qui caractérise toute la proposition. Penser
l’action pastorale comme une unité organisée signifie la voir comme un unique
processus dans lequel les différents éléments qui le constituent s’articulent et se
qualifient mutuellement, en contribuant ensemble à la réalisation de la même fin, qui
est le développement intégral du jeune considéré dans la totalité de son être.
Une manifestation de cette unité est le rapport étroit qui existe entre les quatre
dimensions de la pastorale salésienne (dimension d’éducation, dimension
d’évangélisation, dimension d’association et dimension de vocation) qui doivent être
pensées et se développer en liaison intime, en particulier l’éducation et
l’évangélisation : une éducation qui développe le sens religieux de la vie et ouvre et
favorise le processus d’évangélisation, et une évangélisation qui propose à l’éducation
un modèle d’humanité pleinement réussie et respecte dans son développement la
dynamique éducative.
Le sens communautaire de la proposition salésienne, qui naît d’une communauté et
donne vie à une communauté. La communauté éducative et pastorale, dans laquelle
salésiens et laïcs partagent l’esprit salésien et la mission salésienne, est le véritable
agent de la pastorale salésienne. Dans cette ample communauté éducative la
communauté religieuse salésienne assume des tâches spécifiques de témoignage,
d’animation, de communion et de formation, comme l’affirme le CG24.28
Une mentalité qui pousse à œuvrer selon des projets. Bien que l’élaboration du Projet
Educatif et Pastoral fût déjà demandée aux Provinces en 1978,29 que ce projet fût déjà
codifié dans les Règlements Généraux six années plus tard,30 et approfondi par le
Dicastère au moyen d’un ensemble d’orientations qui en clarifiaient les contenus et la
méthodologie, sa mise en œuvre concrète n’a pas été facile. Les communautés ne
réussissaient pas à comprendre qu’il ne s’agissait pas tant d’élaborer un document,
dans lequel on présentât les multiples activités et interventions que l’on voulait
développer dans l’œuvre éducative, que surtout de les organiser et de les coordonner
de manière à les rendre à même de constituer un chemin progressif vers des objectifs
concrets et vérifiables, avec de claires options de priorité à donner et de suite
d’opérations à effectuer. Sans cette mentalité qui pousse à œuvrer selon des projets,
le projet, en effet, ne réussissait pas à guider et à orienter la pratique quotidienne.
Un style d’animation qui exprime dans la nouvelle situation des jeunes quelques
éléments centraux du Système Préventif : un style de présence au milieu des jeunes
28 “Sa tâche particulière consiste à :
- Témoigner, par la vocation du salésien prêtre et du salésien coadjuteur, de la primauté
de Dieu et du don total à l’éducation évangélisatrice ;
- Garantir l’authenticité du charisme ;
- Etre centre de communion et de participation ;
- Accueillir, susciter et inviter les laïcs à participer à l’esprit et à la mission de Don Bosco ;
- Promouvoir la formation au point de vue spirituel, salésien et de la vocation” (n. 159).
29 Cf. CG21, n. 105.
30 Cf. Règlements Généraux, art. 4.
7

1.8 Page 8

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qui privilégie les relations interpersonnelles plus que les relations institutionnelles,
un accompagnement qui veille surtout à approfondir les motivations des orientations
plutôt que leur simple accomplissement, une intervention qui fait naître la
communion et la convergence autour d’un projet partagé plus que multiplier les
initiatives.
1.2.3 Elargissement du champ d’action en réponse à la nouvelle situation
Avec la crise des organisations traditionnelles qui opèrent en éducation apparaissent
de nouveaux lieux et de nouvelles expériences, qui prennent une signification pour les
jeunes et deviennent capables de transmettre des valeurs et des styles de vie. Avec
l’allongement de l’âge des jeunes se manifestent aussi de nouvelles possibilités de
formation et d’implication ; la laïcisation progressive du milieu et la multiplication de la
marginalisation des jeunes présentent de nouveaux défis et ouvrent de nouvelles
possibilités d’éducation parmi les jeunes.
C’est pour cela que se développent partout de “nouvelles présences” qui essaient de
nouvelles formes d’approche et de rencontre avec les jeunes, aussi bien dans le secteur
de la marginalisation des jeunes que dans le domaine de la recherche d’associations, qui
mûrit vers 1988 dans le Mouvement Salésien des Jeunes ; se manifestent aussi des
Centres de pastorale des jeunes et de catéchèse, des initiatives de communication sociale
à l’adresse des jeunes pour développer les nouveaux langages et les nouveaux champs
d’expression des jeunes, des Centres de spiritualité, une plus grande attention au monde
des jeunes universitaires au moyen de foyers et de centres de jeunes établis pour eux, le
développement du volontariat missionnaire, etc. .
Si au début beaucoup de ces nouvelles présences apparaissent comme en juxtaposition
et parfois en opposition avec les présences traditionnelles, progressivement elles sont
assumées par les Provinces et intégrées dans leurs projets éducatifs et pastoraux. Plus
encore, le thème de la “nouvelle présence” s’étend à toutes les œuvres, en poussant le
renouvellement de leur pratique pastorale de sorte qu’elles deviennent de nouvelles
formes de présence et de service éducatif parmi les jeunes.
Ce nouveau type de présence demande une nouvelle organisation de l’éducation et de
la pastorale, un nouveau rapport avec la communauté ecclésiale et avec le territoire ;
c’est pour cela que lentement, mais sans répit, les Provinces renouvellent leurs présences
et tentent de les rendre plus significatives (Ecoles, Formation Professionnelle, Patronages
et Centres de jeunes…).
A partir du CG20 se produit un rapide développement des présences en paroisse, qui
cessent d’être considérées comme ‘exceptionnelles’. Et elles se multiplient dans la
Congrégation ; mais ce développement se produit avec une importante difficulté à
assumer en elles les nouvelles perspectives et l’identité de la pastorale salésienne. Dans
son rapport au CG22 (1984) le Recteur majeur fait connaître les difficultés rencontrées
pour donner à nos présences en paroisse un visage jeune et une formulation qui
s’accorde avec la proposition éducative et pastorale salésienne ; le modèle pour opérer en
pastorale des jeunes et les itinéraires d’éducation à la foi n’ont été ni explicités, ni
assumés.31
1.2.4 Rénovation des structures d’animation pastorale et de gouvernement
pastoral dans la Congrégation et dans les Provinces
31 Cf. “La Società di San Francesco di Sales nel sessennio 1978-1983”. Rapport du Recteur majeur
(au CG22), n. 184.
8

1.9 Page 9

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Depuis le CG19 la Congrégation sent le besoin de rénover les structures d’animation
pastorale. Dans la nouvelle situation, caractérisée par l’énorme variété de contextes dans
lesquels opèrent les Salésiens, il n’est pas imaginable qu’un même programme ou un
même schéma puissent s’appliquer partout sous une forme univoque. Les Provinces
doivent reprendre les orientations générales et le cadre de référence général pour les
adapter à leur propre situation, en dialogue avec les caractéristiques sociales et
culturelles du lieu. C’est pour cela qu’il est indispensable de développer dans les
Provinces un système d’animation pastorale et de gouvernement pastoral capable
d’accomplir cette réflexion et d’accompagner les communautés locales dans la mise en
pratique du modèle pastoral, en assurant aussi une communication menée souplement
avec les autres Provinces et avec le centre de la Congrégation.
L’unité organisée de la pastorale salésienne exige qu’il y ait un unique point de
référence pour toute la pastorale dans ses diverses manifestations et ses différents
secteurs : ce point est constitué par le Conseiller pour la Pastorale des Jeunes au niveau
mondial et par le Délégué pour la pastorale des jeunes au niveau provincial ; c’est à eux
qu’il revient d’animer et de guider les différents secteurs et milieux de la pastorale dans
l’unité et dans la coordination des opérations ; et pour cela, à côté du Délégué, est
requise la présence d’une équipe qui partage avec lui la responsabilité de l’animation.
Cette structure a déjà été pleinement définie dans le CG2332 et s’est répandue dans
toute la Congrégation. La difficulté consiste à ce que soit admise de la part des confrères
cette importante fonction d’animation pastorale, qui ne peut se réduire à organiser
quelques activités avec les jeunes ou à coordonner quelques événements ou quelques
secteurs, mais qui doit accompagner les communautés locales dans leur effort pour
réaliser le modèle de la pastorale : effort qui leur permet de dépasser la tendance à
perdre la vision d’ensemble pour se cantonner dans ce qui est sectoriel et de faire grandir
en elles la mentalité qui pousse à œuvrer selon des projets ainsi que la dimension
communautaire de la pastorale des jeunes. En outre, le Délégué, avec la collaboration de
l’équipe, doit coordonner tous les secteurs de la pastorale de la Province, en faisant en
sorte que dans chacun soient présentes les quatre dimensions fondamentales de la
pastorale et que se réalise, au niveau de l’action, une vraie convergence pour le service de
la mission éducative elle-même et pour l’évangélisation des jeunes. Cela demande un
Délégué à temps plein, muni d’une capacité de contact avec les communautés locales,
ainsi qu’une étroite liaison de l’animation pastorale avec le gouvernement de la Province,
à savoir le Provincial avec son Conseil.
Il n’a pas été facile dans certains endroits de comprendre et surtout de mettre en
œuvre cette nouvelle formulation, ce qui a entraîné une lenteur excessive pour assimiler
et appliquer le modèle pastoral. On a vu que les Provinces qui comptent sur une équipe
d’animation pastorale, constituée selon des critères rénovés, sur un Conseil provincial
qui donne du temps à la réflexion pastorale, sur un dialogue et un échange suivis avec le
Dicastère et avec d’autres organismes intermédiaires d’animation (Conférences, Centres
nationaux, etc.) font de fait des progrès dans le développement d’une pastorale
salésienne des jeunes dynamique, significative et capable de répondre aux nouvelles
situations.
1.2.5 Le point focal d’attention : la qualité de l’action éducative pastorale
Un premier regard porté sur le chemin parcouru depuis 1970 nous fait voir un
développement de type essentiellement extensif. Ce qui était particulièrement demandé
par les nouveaux fronts missionnaires, par les besoins sociaux qui apparaissaient, par
l’insertion de forces laïques dans nos œuvres. Pour cela, il s’est produit un
32 Cf. CG23, nn. 243-246.
9

1.10 Page 10

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agrandissement de chaque œuvre et une multiplication des présences dans presque
toutes les Provinces.
Souvent une telle extension a fini par produire une certaine baisse de qualité dans les
communautés, affaiblies et submergées par des tâches d’organisation et de gestion ; et
surtout elle n’a pas régénéré les forces comme on s’y attendait.
C’est surtout au cours de ces vingt dernières années que l’on a insisté sur le fait de se
concentrer de préférence sur la qualification de l’action éducative et pastorale. Dans
beaucoup de secteurs de la société qui est complexe, la qualité se présente aujourd’hui
comme une condition pour que l’on soit significatif et même pour que l’on produise de la
quantité. On a donc essayé de concentrer tous les efforts d’animation sur la qualité,
surtout sous les aspects suivants :
ne pas se contenter d’une pastorale qui se limite à de premières approches, à des
activités d’amusement, à des propositions qui restent dans le vague adressées au
grand groupe ou seulement à la tenue de l’administration ou de la gestion des
activités, mais concentrer les interventions sur l’objectif de la maturation humaine et
de l’éducation à la foi, avec des propositions explicites et fortes, en accordant du
temps et des ressources pour suivre systématiquement les groupes et les personnes,
en offrant une diversité de propositions selon le niveau atteint…
● assurer un cheminement systématique d’évangélisation (annonce de Jésus Christ) et
d’éducation à la foi capable de conduire les jeunes à la rencontre personnelle avec
Jésus et avec l’Eglise ; donner une éducation au sens de la vocation de la vie et à
l’engagement solidaire, qui puisse susciter et accompagner des vocations à un
engagement spécial et à une consécration dans l’Eglise et dans la Famille Salésienne.
développer la dimension éducative dans nos œuvres et dans nos propositions, en
favorisant la personnalisation des valeurs et la recherche du sens chrétien de la vie,
en soignant le type de culture que nous transmettons dans les contenus et dans les
méthodologies éducatives employées, en stimulant l’attention et l’acceptation vis-à-vis
des autres ainsi que le souci du bien commun, en apportant une attention spéciale
au développement de la dimension religieuse de la personne…
● impliquer avec davantage de coresponsabilité et qualifier les agents de la pastorale,
(communautés salésiennes, collaborateurs laïcs, animateurs de jeunes, etc.) pour les
rendre capables de répondre de façon appropriée aux défis qui, sur le plan de
l’éducation et de la pastorale, viennent des jeunes d’aujourd’hui et de vivre la mission
avec enthousiasme et dynamisme.
Telles ont été les préoccupations prioritaires dans l’animation pastorale pendant ces
dernières années.
2. LA SITUATION ACTUELLE
A la fin des années quatre-vingt, il existait un patrimoine de réflexion et de pratique
pour la pastorale salésienne extraordinairement riche et consistant : on sentait la
nécessité d’en avoir une vision d’ensemble complète et d’établir, dans une synthèse
organisée et partagée, la collection des lignes fondamentales afin d’en faciliter
l’assimilation personnelle et l’orientation de la pratique. Le Dicastère pour la Pastorale
des Jeunes chercha à répondre à cette nécessité en offrant aux Provinces et aux
communautés la collection organisée susdite, en développant ces dernières années un
processus systématique de formation pastorale, en particulier pour les confrères qui ont
10

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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des responsabilités d’animation et de gouvernement, et en insistant sur quelques points
qu’il est bon de rappeler.33
2.1 Connaissance et assimilation du modèle de pastorale
Les diverses Provinces et les différentes communautés ont fait un effort remarquable
d’assimilation et se sont engagées pour mettre en œuvre les lignes fondamentales du
modèle pastoral, pour répondre de mieux en mieux aux nouvelles exigences de la
jeunesse. Dans ce cheminement, on a fait l’expérience de quelques difficultés, comme
celle de l’écart entre la quantité de propositions reçues et la possibilité de les mettre en
pratique, celle de la diversité du rythme d’assimilation de la nouvelle mentalité pastorale
de la part des communautés et des Provinces, comme celle de l’augmentation des
demandes et des nécessités qui souvent pousse à une action dispersée et peu
programmée, qui laisse peu de place à la réflexion. De tout cela il s’ensuit que les
Provinces en arrivent à assimiler et surtout à traduire dans la pratique les orientations
de la Congrégation avec bien du mal et d’une façon limitée.
Au cours de ces années, on a présenté et approfondi ce modèle pastoral avec toutes les
équipes interprovinciales de Délégués pour la pastorale des jeunes, en vérifiant le chemin
accompli, en clarifiant les éléments fondamentaux, en particulier la compréhension de
l’unité et de l’intégralité de la pastorale salésienne dans la pluralité des œuvres, des
services et des activités, en aidant à dépasser la tendance, encore assez présente, à
perdre la vision d’ensemble pour se cantonner dans ce qui est sectoriel. Le modèle
pastoral a été également étudié dans les rencontres de Provinciaux dans les Conférences
provinciales ; on a accompagné quelques Régions et quelques Provinces, en favorisant en
elles une plus grande connaissance des lignes fondamentales et une coordination
pastorale plus efficace.
Dans cet effort d’assimilation, cependant, on perçoit souvent des conceptions qui
tendent à réduire l’importance de la pastorale : c’est le cas, par exemple, lorsque celle-ci
se ramène à l’action immédiate ; ces conceptions favorisent une vision peu unitaire entre
pastorale, vie communautaire et spiritualité, en faisant qu’il devient difficile de vivre
l’unité de la vocation et le développement intégral du “Da mihi animas”.
La spiritualité salésienne, expression concrète de la charité pastorale, constitue un
élément fondamental de l’action pastorale salésienne : elle est la fontaine d’où coule sa
vitalité évangélique, le critère pour discerner et affronter les défis quotidiens, la source de
l’enthousiasme et de la passion apostolique, le fondement de l’unité de tous ceux qui
partagent et collaborent dans la mission. “Pour nous, la récupération de la spiritualité ne
peut se détacher de la mission [] C’est pourquoi il devient inconcevable et injustifiable
d’estimer que la « mission » serait un obstacle pour rencontrer Dieu et cultiver l’intimité
avec Lui”.34
De la même manière, la vie communautaire n’est pas seulement une aide pratique
pour l’efficacité de l’action pastorale, mais elle en constitue un élément fondamental :
“Vivre et travailler ensemble est pour nous, salésiens, une exigence fondamentale et une
voie sûre pour réaliser notre vocation” (Const. 49). Comme nous le rappelait le CG25 :
« Le premier service [] que les jeunes attendent de nous est le témoignage d’une vie
fraternelle qui devienne une réponse à leur besoin profond de [communion], une
33 Cf. DICASTÈRE PER LA PASTORALE DES JEUNES. La Pastorale Giovanile Salesiana. Quadro di
riferimento fondamentale. Deuxième édition. Rome 2000. [En français : DICASTÈRE POUR LA PASTORALE DES
JEUNES. La Pastorale Salésienne des Jeunes. Cadre Fondamental de Référence. Traduction du P. Akpoué - 2007].
34 CG25, n. 191.
11

2.2 Page 12

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proposition d’humanisation, une prophétie du Royaume et une invitation à accueillir le
don de Dieu ».35
Spiritualité, communauté et action pastorale expriment ensemble la richesse de notre
mission sous des points de vue différents, et doivent être pensées et vécues dans une
relation continuelle et dans une profonde unité.
2.2 Un rapport plus systématique du Dicastère avec les équipes des délégués
provinciaux pour la Pastorale des Jeunes
Une stratégie importante dans cet effort a été de développer dans toutes les Régions ou
dans tous les groupes de Provinces la collaboration systématique des Délégués
provinciaux au moyen de rencontres régulières de vérification, d’étude et de
programmation. Les démarches du Dicastère pour contacter fréquemment et pour
accompagner les équipes provinciales ont permis d’orienter l’action pastorale de chacune
des Provinces selon les indications de la programmation de la période de six années et de
développer un lien fécond entre elles.
Pour faciliter ce rapport et ce dialogue entre le Dicastère et les équipes des Délégués
provinciaux, on a mis en place la “Consulte Mondiale” : en elle se trouvent des
représentants de tous les groupes interprovinciaux de Délégués et elle constitue un
moment fort de réflexion et d’approfondissement sur des aspects centraux de la
pastorale, en favorisant l’unité de vision et d’orientation.
En regardant chacune des Provinces, on constate qu’a été davantage comprise et
appréciée la fonction d’animation du Délégué provincial et de l’équipe : cela se voit, par
exemple, dans le choix du délégué, dans la continuité dans le service, dans la vérification
et la réorganisation de l’équipe provinciale pour la rendre plus opérationnelle et efficace,
etc.… ; on doit toutefois reconnaître que dans quelques Provinces on doit encore
renforcer cette physionomie du Délégué et son rôle comme coordinateur de toute la
Pastorale.
2.3 Quelques aspects du renouveau pastoral
Ouverture généreuse et créative à de nouveaux fronts d’action pour les jeunes,
surtout aux nouvelles et aux anciennes pauvretés (enfants de la rue, drop-out
[marginaux], immigrants…), au monde des associations recherchées pour et par les
jeunes ainsi qu’aux nouveaux langages (musique, théâtre, tourisme…), au volontariat
et, d’une manière plus modeste, mais significative, au secteur de la spiritualité des
jeunes (maisons et équipes au service de la spiritualité des jeunes).
En vérité, ces fronts d’action ne sont pas encore pleinement intégrés dans le Projet
des Provinces, éprouvent des difficultés pour se coordonner avec les présences plus
institutionnalisées, comme les écoles, les paroisses, etc. et, souvent, leur gestion et
leur organisation demandent un tel effort qu’aux salésiens qui en ont la
responsabilité il reste peu d’énergies pour veiller à la qualité et à l’organisation
méthodique de la proposition d’éducation qu’on y offre.
● Une sensibilité renouvelée pour donner plus de qualité sur le plan de l’éducation
et de l’évangélisation à la proposition éducative et pastorale que nous offrons dans
nos œuvres, au moyen d’une réflexion sur le Système Préventif pour l’adapter aux
nouveaux défis que présente le monde de l’éducation, aux nouvelles exigences du
35 CG25, n. 7; cf. aussi n. 192.
12

2.3 Page 13

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travail avec les jeunes à risque, à l’urgence du renouvellement de l’évangélisation et
de l’éducation à la foi.
Mais cette volonté d’un renouvellement trouve des difficultés pour qu’il soit traduit
dans des programmes et des processus concrets. En effet, notre pastorale est encore
peu missionnaire, c’est-à-dire qu’elle présente une attention insuffisante à la première
annonce ou à l’annonce renouvelée de l’Evangile, qu’elle ne trouve pas la manière de
s’adapter aux possibilités qu’offre un grand groupe, sans oublier cependant les
besoins de ceux qui sont plus ouverts et disponibles ; il manque dans la pastorale des
vocations une organisation méthodique, animée par la communauté et vraiment
insérée dans la pastorale ordinaire des jeunes. C’est pourquoi les initiatives, qui sont
pourtant développées en grand nombre, réussissent avec difficulté à produire un
itinéraire solide d’éducation à la foi, capable d’aider les jeunes à la personnaliser et à
l’intégrer dans leur vie.
Processus systématiques de formation pastorale et salésienne des éducateurs
Il existe dans les Provinces la préoccupation pour la formation pastorale et salésienne
des collaborateurs et des animateurs de jeunes, avec de nombreuses initiatives :
cours pour la formation des professeurs d’enseignement général et des professeurs de
centres de formation professionnelle, centres pour la formation des animateurs de
jeunes, rencontres diverses dans les communautés et les Provinces, etc. Il y a en
outre quelques centres pour la formation pastorale et salésienne des Salésiens et des
collaborateurs laïcs comme le Centre Régional de Formation Permanente de Quito,
pour la Région Interaméricaine, qui a intégré dans son programme la formation
pastorale et qui est en train de développer un cours de formation pastorale pour les
Délégués et les membres des équipes provinciales de pastorale des jeunes ; comme le
Centre Don Bosco de Lyon (France) ou le “DonBoscovormingscentrum” de Belgique
Nord, etc. En collaboration avec les IUS [Institutions Universitaires Salésiennes] * et la
Commission de l’Ecole Salésienne en Amérique, on a commencé un cours virtuel pour
la formation salésienne des professeurs de l’école, selon les lignes définies lors de la
deuxième rencontre continentale (Cumbayá II), et auquel ont déjà participé 702
professeurs.
Dans ce domaine de la formation pastorale, on doit prendre beaucoup plus de soin de
l’organisation méthodique des propositions, de leurs retombées dans la vie
quotidienne des œuvres, de la coordination et du partage des initiatives et des
programmes, d’une formulation selon le modèle de la Pastorale Salésienne des Jeunes
qui puisse favoriser une vision plus unitaire et intégrale de la pastorale ; on doit
prendre soin, en outre, du travail en équipe et du travail en réseau, ainsi que du
développement de méthodologies adaptées pour affronter positivement la complexité
de la pastorale et dépasser la tendance à perdre la vision d’ensemble pour se
cantonner dans ce qui est sectoriel.
Un objectif stratégique à poursuivre d’une manière spéciale est la formation pastorale
des Salésiens afin qu’ils puissent devenir des animateurs du nouveau modèle de la
Pastorale des Jeunes et assumer leur tâche spécifique de promoteurs et de guides de
la formation salésienne et pastorale de leurs collaborateurs.36
* [Note du traducteur : Il convient de prendre les mots “Université, universitaire”, employés ici et plus loin,
avec une signification plus large et de penser alors “Enseignement supérieur”].
3. LES DIVERS SECTEURS DE LA PASTORALE SALÉSIENNE DES JEUNES
36 Cf. CG24, n. 159.
13

2.4 Page 14

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La pastorale salésienne des jeunes est réalisée, dans un territoire donné, selon une
“pluralité de formes que déterminent d’abord les besoins de ceux dont nous nous
occupons” (Const. 41) et les exigences des milieux dans lesquels les jeunes vivent,
milieux surtout d’appauvrissement économique, politique et culturel. Cette pluralité
d’œuvres et de services laisse voir son unité et en même temps sa richesse. Chacune des
œuvres et des structures apporte sa spécificité à l’ensemble et contribue à concrétiser le
critère présenté par l’expérience de l’Oratoire décrite dans l’article 40 des Constitutions.
Pour exprimer avec clarté cette unité de la pastorale salésienne dans le territoire et dans
l’Eglise locale, on doit penser les différentes œuvres et les divers services, qui constituent
une présence salésienne dans un territoire déterminé, en termes de mutuelle référence et
de complémentarité.37
3.1 Les Patronages et les Centres de Jeunes
L’Oratoire est à l’origine et constitue le prototype de chaque œuvre salésienne. Comme
tel il est même aujourd’hui la première forme de présence salésienne au milieu des
jeunes. Aujourd’hui, cependant, la réalité de l’Oratoire prend des formes et des
caractéristiques multiples, en essayant de répondre aux besoins et aux attentes des
jeunes et d’atteindre le plus grand nombre possible d’entre eux, en particulier ceux qui
sont le plus dans un état de pauvreté et en manque du nécessaire.
En décembre 2007, dans la Congrégation, on comptait 635 Patronages du dimanche et
des jours de fête ou de fin de semaine,38 plus 164 Patronages quotidiens qui offrent
différents services aux jeunes après le temps scolaire ; il y avait aussi 529 Centres de
Jeunes pour les adolescents et les jeunes gens ; plusieurs d’entre eux offrent aux jeunes
qui sont sans travail ou en marge du système scolaire la possibilité d’acquérir une
formation de base ou de se préparer pour un travail ; quelques-uns même essaient de
récupérer les jeunes dans des situations graves de risque social.
Cette diversité de formes constitue une grande richesse, offre de multiples possibilités
de contact avec la masse d’enfants, d’adolescents et de jeunes et elle est une énorme
ressource éducative. Mais elle présente aussi le risque de centrer la dynamique du
Patronage presque uniquement dans les activités ludiques et récréatives, en diminuant
celles qui sont plus spécifiquement éducatives et formatrices. C’est pour cela que
beaucoup de Provinces se sont engagées à repenser l’identité du Patronage et du Centre
de Jeunes et à rétablir sa méthodologie pastorale d’origine, en impliquant les
communautés salésiennes et les communautés éducatives avec les différents groupes de
la Famille Salésienne. Un engagement à encourager et à accompagner.
On veut assurer l’ouverture du Patronage-Centre à tous les jeunes qui ne réussissent
pas à parvenir à d’autres structures et propositions éducatives, en particulier à ceux qui
sont le plus dans un état de pauvreté ou de risque, de sorte que le Patronage devienne le
front d’action missionnaire de la communauté chrétienne. On cherche une méthodologie
pastorale qui réussisse à répondre aux besoins les plus immédiats de la grande masse
des jeunes, sans cependant oublier de faire les propositions qui engagent et exigent
davantage pour les jeunes disposés à suivre un chemin de formation en profondeur.
37 Cf. DICASTÈRE POUR LA PASTORALE DES JEUNES. La Pastorale Giovanile Salesiana. Quadro di
riferimento fondamentale. Deuxième édition. Rome 2000, pp. 63-64 [En français : DICASTÈRE POUR LA
PASTORALE DES JEUNES. La Pastorale Salésienne des Jeunes. Cadre Fondamental de Référence. Traduction du P. Akpoué -
2007, pp. 65-66].
38 Les nombres présentés dans cette section, et dans les autres, de cette partie sont pris de Dati
statistici. Allegato alla Relazione del Rettor Maggiore. CG26. Rome 2008.
14

2.5 Page 15

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Lui-même, le milieu de l’Oratoire de Valdocco, tout en répondant aux besoins de
divertissement et d’une élémentaire formation pour la majorité des jeunes, offrait aux
meilleurs d’entre eux de sérieuses propositions de formation et d’engagement chrétien.
Plus encore il existait en lui une dynamique qui suscitait dans les jeunes l’envie
d’accroître et d’approfondir leur formation personnelle, en passant des simples besoins
dans le domaine du sport ou de l’instruction à des engagements plus systématiques et
profonds de formation humaine et chrétienne, en cessant d’être des consommateurs
d’activités pour être des protagonistes et des animateurs de ces dernières et pour être
parmi ceux qui font naître l’ambiance éducative au service de leurs compagnons.
Comment traduire aujourd’hui au sein de nos patronages cette caractéristique des
origines ?
Un autre défi auquel on veut répondre, c’est de faire du Patronage-Centre de Jeunes
une vraie communauté éducative fortement marquée par une identité et une dynamique
sur le plan de la formation, telles qu’elles apparaissent dans un milieu humain et
chrétien qui comporte une présence significative des Salésiens et des éducateurs au
milieu des jeunes, dans le partage de la vie de ces derniers, des propositions éducatives
diversifiées selon la réalité et les besoins des jeunes eux-mêmes, le développement de la
coresponsabilité des laïcs et des jeunes animateurs autour d’un PEPS, partagé par tous,
une dynamique de formation et un accompagnement approprié des groupes et des
personnes capable d’aider à personnaliser les propositions et les occasions offertes.
3.2 La Paroisse confiée aux Salésiens
L’engagement des Salésiens dans le ministère paroissial est manifesté surtout au
moyen des paroisses confiées à la Congrégation et des paroisses missionnaires. Leur
nombre a considérablement augmenté au cours des dernières années. En 2007, les
paroisses confiées à la Congrégation et les paroisses missionnaires constituaient un
ensemble de 1 212 paroisses, dans lesquelles plus de 3 000 salésiens avaient la charge
pastorale de plus de 11 millions de fidèles.
Pour la plus grande partie, ces paroisses se trouvent dans des quartiers populaires ou
dans des territoires de première évangélisation. En beaucoup d’endroits, la paroisse
confiée aux Salésiens est accompagnée du Patronage, de l’école ou même d’un Centre de
promotion sociale, avec une attention particulière pour les jeunes à risque. De cette
façon, les Salésiens, intégrés directement dans la structure d’une Eglise particulière,
offre à cette dernière l’apport original et spécifique de leur charisme.
Malgré la quantité considérable de paroisses confiées à la Congrégation, souvent ce
secteur de la pastorale salésienne ne reçoit pas l’attention, l’accompagnement et la
coordination qui conviendraient de la part des Provinces. Ces dernières années, on est en
train de développer des rencontres de curés et de salésiens engagés dans les paroisses en
vue de leur formation et de leur coordination, des rencontres interprovinciales ou
nationales en vue d’approfondir quelques défis qui ont de l’importance pour notre
présence salésienne dans le ministère paroissial ; mais il reste encore beaucoup à faire,
et à faire mieux.
Voici quelques aspects à approfondir avec urgence :
1º. Assurer l’identité salésienne dans le travail pastoral qui est réalisé dans la paroisse.
Cela exige d’assumer certains choix charismatiques dans la vie et la mission de la
communauté paroissiale ; en particulier :
- construire la paroisse en une communauté de fidèles animée par la communauté
religieuse salésienne ; une communauté articulée en groupes et en communautés
plus petites dans lesquelles on développe une plus grande communication, un
15

2.6 Page 16

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engagement plus intense, une participation plus réelle et une relation visible entre
tous ces groupes et le milieu humain et social de la paroisse ;
- offrir à tous une proposition systématique d’évangélisation et d’éducation à la foi,
en favorisant une pastorale plus missionnaire, qui soit à même de chercher et
d’entrer en contact avec tous, surtout avec les jeunes et avec ceux qui ne sont pas
proches, en devenant souvent de cette façon le premier lieu de rencontre
sympathique et significatif avec l’Eglise, avec une proposition d’évangélisation ou
de première annonce pour ceux qui ne sont pas proches et avec un itinéraire
soutenu et graduel d’éducation à la foi, surtout pour les jeunes et les familles ;
- développer un choix pour les jeunes qui soit à même d’assurer que la pastorale des
jeunes n’est pas seulement un secteur au milieu d’autres, mais qu’elle constitue la
qualité qui caractérise toute la vie de la paroisse, de manière que les jeunes se
trouvent “chez eux” dans la paroisse salésienne.
2º. Un autre défi important consiste à développer une méthodologie pastorale plus
missionnaire et salésienne, avec une grande sensibilité éducative, capable de prendre
les personnes au point où elles se trouvent pour susciter en elles le désir de s’ouvrir à
la foi et de s’impliquer dans un cheminement soutenu et graduel de vie chrétienne, en
accord avec les préoccupations et les expériences de la vie quotidienne de ces
personnes et, en particulier, de celle des jeunes, en découvrant chez ces derniers les
semences de l’Evangile et l’action de l’Esprit.
3º. On doit en outre aider la communauté paroissiale à élaborer le Projet pastoral
unitaire, global et partagé, qui puisse donner l’unité et la continuité à toutes les
initiatives qui s’offrent en elle.
Pour progresser dans cette direction, il est fondamental de veiller à la formation
pastorale des Salésiens qui se donnent à l’animation de la paroisse et des collaborateurs
laïcs, ainsi qu’à une coordination provinciale capable d’accompagner et de soutenir les
communautés paroissiales sur ce chemin.
3.3 L’Ecole et le monde de l’éducation formelle
La présence salésienne dans le domaine de l’éducation formelle, et en particulier dans
l’école, est l’une des plus consistantes, significatives et répandues.
En 2007 la Congrégation était responsable de 1 208 Institutions scolaires de différents
niveaux, avec un peu plus d’un million d’élèves, surtout dans la tranche des
préadolescents, même si, au cours de ces six dernières années, a considérablement
augmenté le nombre des élèves des écoles supérieures, et en particulier de celles qui sont
du niveau universitaire. Les Salésiens qui travaillent dans le secteur scolaire sont au
nombre de 2 286 à temps plein et 1 364 à temps partiel, avec la collaboration d’une très
grande troupe de laïcs, presque 60 000.
L’école salésienne est une présence chrétienne significative dans le monde de
l’éducation et de la culture ; elle aide les jeunes à se préparer dignement pour la vie et
contribue à former la mentalité et à transformer la société selon les valeurs humaines et
chrétiennes ; c’est pour cela qu’elle est un instrument fondamental pour l’évangélisation.
Dans beaucoup de nations de l’Asie ou de l’Afrique, l’école est souvent l’unique forme de
présence d’Eglise consentie et, en elle, la communauté chrétienne offre un témoignage de
service désintéressé rendu aux secteurs les plus pauvres de la société, est souvent un
milieu humain imprégné des valeurs évangéliques, qui porte un témoignage silencieux de
Jésus Christ et constitue aussi une occasion précieuse pour les familles chrétiennes de
l’endroit d’éduquer chrétiennement leurs enfants.
16

2.7 Page 17

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Ces dernières années la Congrégation a fait un effort considérable pour rénover sa
présence en ce domaine, surtout dans les principaux aspects suivants :
1º. La qualité éducative et pastorale du milieu où l’on vit, des programmes et des
propositions que l’on offre, de la méthodologie que l’on emploie, des structures et des
ressources matérielles elles-mêmes, des personnes qui y sont engagées, au moyen
d’un PEPS opérationnel et partagé par toute la communauté éducative, de sorte qu’il
devienne capable d’orienter et de guider la dynamique quotidienne de l’école.
En ce sens il est important de dépasser le danger de considérer la pastorale comme
un secteur à côté d’autres, et non comme ce qui constitue la qualité de toute la vie de
l’école, la qualité de la culture, de la méthodologie, des relations, des propositions,
etc. que l’on y présente et réalise ; souvent cela est bien présenté dans les documents,
mais un défi demeure pour réussir à le traduire en pratique dans la vie quotidienne
de la communauté éducative.
2º. La communauté éducative et pastorale : s’engager à construire l’école comme une
communauté humaine au service de l’éducation et de l’évangélisation des jeunes et
pas seulement comme une institution de services éducatifs. Une école est une
communauté éducative et pastorale lorsqu’en elle le centre est constitué par des
personnes, surtout celles des jeunes, avec des relations interpersonnelles, avec le
partage des valeurs de la pédagogie et de la spiritualité salésiennes, avec l’implication
et le désir d’être des protagonistes de tous dans leurs différentes fonctions.
3º. Une école qui soit la plate-forme d’une évangélisation efficace et normale, en
particulier au moyen de la promotion et de la transmission d’une culture et d’une
mentalité qui s’inspirent des valeurs évangéliques. La pastorale salésienne des jeunes
dans le domaine de l’éducation doit favoriser chez les jeunes non seulement une vie
chrétienne, mais aussi une culture qui s’inspire de la foi et des valeurs évangéliques,
qui soit une solution de rechange en face de la culture du milieu souvent caractérisée
par le laïcisme, le relativisme, le subjectivisme, l’utilisation immodérée des biens de
consommation.
Les contenus culturels qui sont offerts dans la vie quotidienne d’une école, dans les
diverses disciplines, dans la méthodologie et dans les relations, etc. ne reçoivent pas
toujours l’attention qui serait nécessaire pour garantir une cohérence entre les
contenus transmis ou les méthodologies employées et les valeurs de la foi chrétienne,
de sorte que celle-ci puisse informer efficacement la vie personnelle, professionnelle et
sociale des personnes et que soit établi un rapport fécond entre la foi et la culture.
4º. Une école qui soit attentive et ouverte aux jeunes les plus pauvres ; avec une
dynamique et une méthodologie qui préviennent l’échec scolaire et aide à le
surmonter par des cours de rattrapage, des cours du soir pour les jeunes qui se
trouvent en dehors de la structure scolaire, etc. ; qui favorisent, au moyen de
différentes matières et activités proposées, le contact et l’insertion dans la réalité
sociale, pour que soient découvertes les causes des situations de marginalisation et
d’exclusion qui s’y vivent et que soit suscité l’engagement pour les dépasser ; une
école qui développe la culture du dialogue, de la collaboration, de l’acceptation du
marginal, de la solidarité.
Ces objectifs ont été promus ces dernières années au moyen d’un effort systématique
et soutenu mis en œuvre dans beaucoup de régions de la Congrégation. Peut servir
d’exemple le processus que l’on est en train de réaliser dans l’Amérique salésienne à
partir des rencontres accomplies à l’échelon du continent comme celles de Cumbayá
(1994 et 2001) et de Brasilia (2008). Les conclusions de ces rencontres sont approfondies
dans les différentes équipes, constituées au niveau d’une Province et au niveau d’une
17

2.8 Page 18

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région, pour les traduire en programmes opérationnels capables de guider l’action des
différentes communautés éducatives, en les aidant à vérifier leur pratique éducative et à
la transformer. Cet effort est réalisé avec les différents groupes de la Famille Salésienne
qui gèrent des écoles en Amérique.
Quelque chose de semblable est en train d’être développé également en Europe
(rencontres de Rome en 1994 et en 2000, de Cracovie en 2004 et de Séville en 2010) et
dans l’Asie du sud, au moyen des coordinations interprovinciales ou nationales.
Au Brésil, avec ces mêmes buts, les Salésiens et les Filles de Marie Auxiliatrice ont
constitué un réseau de l’école salésienne, au moyen duquel on développe la formation
des professeurs et l’élaboration de textes scolaires selon la pédagogie salésienne.
Ce chemin de renouveau exige certainement une formation permanente des éducateurs
plus systématique. En plus de l’effort des Provinces pour garantir une bonne formation
éducative et salésienne avec des programmes systématiques, ont été développés, dans
quelques Provinces ou quelques régions, différents centres et divers projets de formation
éducative et de pastorale salésienne pour les collaborateurs laïcs, en particulier pour les
professeurs de nos écoles.
3.4 La Formation professionnelle et la préparation au travail
Depuis ses débuts, la Congrégation salésienne a été connue et appréciée pour ses
centres de formation professionnelle, au moyen desquels on offrait aux jeunes les plus
pauvres, ceux qui, souvent dès leur jeune âge, devaient travailler pour aider leur famille
ou ceux qui ne réussissaient pas à suivre le parcours scolaire normal, une formation
humaine et une préparation à un travail professionnel de qualité, qui leur permettait
d’affronter avec confiance et responsabilité leur avenir. Egalement de nos jours plusieurs
pays qui n’admettent pas une présence explicite de l’Eglise nous confient des œuvres de
formation professionnelle et au moyen d’elles nous pouvons constituer un témoignage
silencieux, mais clair de l’Evangile de Jésus Christ.
Les œuvres de formation professionnelle sont aujourd’hui très variées, depuis les
Ecoles techniques ou professionnelles, environ 180, qui offrent aux jeunes une formation
secondaire systématique qui permet de suivre un développement postérieur en
Université, jusqu’à des Ecoles de formation professionnelle (457) qui offrent aux jeunes
qui se dirigent vers le travail une préparation professionnelle de qualité, avec un
programme régulier reconnu. Parmi ces écoles, méritent une attention particulière les 46
écoles agricoles.
Dans le domaine de la formation professionnelle non formelle, se sont multipliés ces
dernières années plus de 300 petits centres de préparation au travail, qui offrent, aux
jeunes travailleurs ou à ceux qui se dirigent vers le travail, des cours très pratiques de
courte durée pour les rendre à même d’avoir une certaine qualification pour leur travail.
Souvent ces centres de formation professionnelle favorisent et soutiennent des
initiatives concrètes d’aide pour l’emploi des jeunes travailleurs, des coopératives d’aide
mutuelle, des centres d’artisanat et d’autres initiatives pour faciliter l’emploi des jeunes
les plus pauvres.
Dans les sociétés modernes en rapide évolution le monde technique du travail est un
secteur qui fait l’expérience de changements profonds et rapides ; c’est pour cela que la
formation professionnelle, si elle veut aider réellement les jeunes à s’insérer dans ce
monde nouveau, doit se transformer dans ses programmes, ses méthodes et aussi dans
ses instruments.
18

2.9 Page 19

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Tout cela fait qu’elle a besoin d’être d’une manière spéciale soutenue et orientée, en
particulier dans les aspects suivants :
1°. Favoriser la formation intégrale des jeunes. La formation humaine, morale et
spirituelle est aussi importante que la formation technique et professionnelle. Très
souvent un élève d’un centre professionnel de Don Bosco est préféré aux autres
surtout pour les qualités de sa personnalité, plus encore que pour l’instruction ou les
qualifications obtenues. Cela, toutefois, ne veut pas dire que l’instruction
professionnelle doive être considérée comme secondaire. Le but final d’un centre de
formation professionnel salésien, en effet, est précisément de pouvoir assurer au
jeune un emploi conforme à l’instruction reçue. Le parcours intégral de formation est
précisément orienté vers cet objectif. En conséquence, il est essentiel que chaque
centre ait un Projet Educatif et Pastoral, qui guide efficacement son action
quotidienne.
2º. Renforcer, dans la tâche d’éducation accomplie par les écoles techniques et les écoles
professionnelles, les processus de personnalisation. Aujourd’hui une bonne
préparation technique et professionnelle n’est pas suffisante, mais on demande de
plus en plus des personnes capables de penser d’une manière autonome,
intellectuellement intéressées et douées de sens critique ; des personnes en mesure
d’établir des relations positives, stables et efficaces, de promouvoir la collaboration
dans des projets communs ; capables de gérer et de résoudre les conflits, d’affronter
les changements avec imagination et créativité. Cette exigence est également très
ressentie par les jeunes eux-mêmes, qui voudraient une plus grande attention des
éducateurs à leur vie. Pour cela, il est important de développer des moments et des
parcours de communication et de relation personnelle entre les éducateurs et les
élèves, avec les familles, avec le milieu social ; de s’occuper avec soin d’une
orientation éducative marquée de respect, mais en même temps chargée de
propositions ; de programmer une formation morale et une éducation aux valeurs
réellement personnelle, communautaire et solidaire.
3º. Développer dans les différents processus éducatifs une formation sociale systématique
et approfondie qui puisse assurer une mentalité plus solidaire et une plus grande
capacité de s’engager efficacement pour la justice. Le CG23, en face de l’énorme défi
de la pauvreté, signalait la formation à la dimension sociale de la charité comme un
devoir fondamental pour donner à l’éducation de la foi un caractère concret et
crédible.39
Voici quelques éléments qui ne devraient pas manquer dans cette formation :
- une connaissance appropriée de la complexe réalité sociale et politique, en
commençant par les niveaux les plus proches et immédiats ;
- une présentation complète et systématique de l’enseignement social de l’Eglise,
comme clef de lecture de cette réalité et comme indication des buts idéaux vers
lesquels il convient de tendre dans l’engagement quotidien ;
- faire approcher par les jeunes des situations qui demandent de la solidarité et de
l’aide, surtout dans le monde du travail, par exemple en les mettant en face du
drame du chômage des jeunes, de l’exploitation, de l’immigration ou du racisme,
etc.
4º. Développer dans notre proposition éducative la pédagogie du travail comme un
élément important dans une formation humaine intégrale, en dépassant une
pédagogie trop intellectuelle et sélective. Beaucoup de jeunes courent le risque d’une
expérience d’échec scolaire ou en ont déjà vécu une ; avec peut-être en plus des
problèmes d’intégration personnelle, familiale et sociale. Pour eux, une expérience de
39 Cf. CG23, n. 204.
19

2.10 Page 20

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travail, positive, programmée et suivie avec des critères éducatifs, peut constituer une
excellente possibilité de récupérer un bon état personnel ; le jeune peut retrouver
l’estime de lui-même, redécouvrir en quoi il est habile et de quoi il est capable, être
motivé pour sa formation personnelle.
Cela demande que dans la proposition éducative nous accordions une large place à
quelques expériences de travail, à des services rendus à la communauté, à du travail
à l’intérieur d’organisations "non-profit"…, en appréciant en elles surtout la
réalisation personnelle et le service rendu pour le bien commun. Cela demande aussi
de développer des contacts, riches en qualité et en signification, avec des personnes,
des institutions et des milieux du monde du travail, en favorisant le dialogue,
l’échange et une connaissance mutuelle, ainsi qu’une collaboration dans la formation.
5º. Offrir un processus d’évangélisation réellement inséré dans la dynamique d’éducation
et de travail. Toute notre action en faveur des jeunes travailleurs a comme but
l’évangélisation, mais une évangélisation vraiment intégrée dans leur monde.
Un tel projet d’évangélisation doit veiller d’une manière particulière aux aspects
suivants :
- offrir aux élèves une vision, inspirée par les valeurs humaines et évangéliques, de
la réalité sociale, économique et relative au monde du travail, en mettant à profit
le cours de religion ou de formation morale et l’étude de la Doctrine Sociale de
l’Eglise ;
- proposer des expériences de vie spirituelle et d’ouverture à Dieu, soit dans la vie
ordinaire, soit dans des moments significatifs de celle-ci, avec un processus
gradué d’initiation à la prière et à la célébration ;
- offrir également des expériences de service gratuit et solidaire rendu aux plus
pauvres, dont les premiers seront ceux du propre milieu ;
- proposer des moments explicites d’évangélisation et d’éducation à la foi au moyen
de groupes adaptés à leur sensibilité et à leurs besoins ;
- se mettre en relation avec les initiatives pastorales de l’Eglise dans le monde du
travail et faciliter aux jeunes leur participation.
6º. Un indice significatif de la qualité et de l’efficacité de la formation reçue sera la facilité
avec laquelle les élèves qui terminent la formation trouvent un emploi et un travail et
comment ils sont capables de transformer en mieux la société dans laquelle il se sont
intégrés. Cela demande de développer une collaboration étroite avec le monde de
l’industrie et des entreprises, en favorisant leur coopération dans les programmes de
travaux pratiques offerts aux élèves et dans les "stages" de mise à jour pour les
enseignants, en cherchant à les consulter dans le processus de renouvellement et de
modernisation, en préparant avec les entreprises et les usines des programmes de
formation permanente, surtout pour les jeunes qui travaillent déjà, en pensant à des
initiatives pour accompagner les jeunes dans les premiers pas de leur insertion dans
le monde du travail.
Sur ce point, les Anciens Elèves peuvent avoir une grande importance et apporter une
aide véritable : ils peuvent être un pont excellent entre l’école et le monde du travail
dans lequel ils se trouvent déjà intégrés ; ils peuvent collaborer à la tâche éducative
de l’école au moyen du travail professionnel ou par des services bénévoles ; beaucoup,
en outre, peuvent aider les jeunes qui terminent les études, en les accompagnant
dans l’insertion dans le monde du travail, en les aidant dans des initiatives d’auto-
emploi, en établissant des bourses de l’emploi, etc.
Il existe dans la Congrégation de magnifiques expériences en ce domaine de la
formation professionnelle : on pense à des écoles techniques qui sont à l’avant-garde, qui
20

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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non seulement offrent aux jeunes une formation professionnelle de haute qualité, mais
également développent différentes initiatives pour les aider à s’insérer dignement dans le
monde du travail.
En raison, précisément, de l’importance qu’a la formation professionnelle dans notre
mission éducative des jeunes les plus pauvres, ainsi que des difficultés et des défis
qu’elle doit aujourd’hui affronter dans une société en rapide développement, il est urgent
de la soutenir en développant une plus grande coordination entre les différents centres
aussi bien dans la Province qu’au niveau national et au niveau régional, en favorisant un
échange d’expériences, de projets, de ressources et une intense collaboration entre les
centres plus développés et les autres plus modestes, surtout dans la formation des
enseignants, dans la qualification des programmes et des méthodologies… en cherchant
ensemble des moyens et des initiatives pour garantir l’entretien et le renouvellement
continuel des centres.
Ces dernières années, le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes a développé quelques
initiatives en ce sens, mais on doit certainement faire encore beaucoup plus.
3.5 Le monde de l’Université : Le chemin accompli par les IUS et par d’autres
formes de présence dans le monde universitaire
Par décision du Recteur majeur, le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes a assumé
pendant cette période de six années l’animation des IUS (Institutions Universitaires
Salésiennes). L’objectif proposé a été d’assumer et de rendre opérationnelles l’identité et
les politiques approuvées par le Recteur majeur avec son Conseil pour la présence
salésienne dans l’éducation supérieure (janvier 2003) au moyen du “Programme
Commun 2” (2003-2008), élaboré par l’Assemblée des IUS (juillet 2003). Ce programme
répond à trois objectifs (“axes”) stratégiques :
1º. La formation du personnel. Cette formation se développe surtout au moyen du Cours
Virtuel IUS [en abrégé : CVI] : “Apprentissage coopératif et technologique d’éducation
en université, dans un style salésien”. Il s’agit d’un projet réalisé d’une manière
systématique et professionnelle, qui en un temps relativement court a atteint un
nombre significatif de professeurs des IUS (environ 3 000) ; il a eu également de fortes
retombées sur le renouveau des IUS elles-mêmes et sur le développement positif du
“Programme Commun 2” ; sans cette plate-forme humaine, qui partage les valeurs de
l’éducation salésienne, il aurait été très difficile de réussir le programme proposé.
Un développement spécifique du CVI est le “Cours Virtuel de formation pour les
professeurs de l’école salésienne d’Amérique”, réalisé par plusieurs IUS en
collaboration avec le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes et la Commission de
l’Ecole Salésienne en Amérique ; il veut renforcer l’identité et la compétence éducative
des professeurs, en faisant naître entre eux une culture de coopération et de travail
en groupe, en développant de nouvelles ressources pour l’action éducative dans les
écoles, selon les lignes de la Deuxième Rencontre américaine de l’Ecole salésienne
(Cumbayá II). Le premier cours (2006-2007) a été suivi par 702 professeurs.
2º. Le deuxième axe veut consolider les fondations des institutions selon les indications
du “cadre de référence” des documents sur l’identité et les politiques. Il comprend
trois aspects ou colonnes :
- La “Charte de Navigation”, c’est-à-dire une série d’instruments et de procédures
pour garantir l’orientation et la gestion des institutions dans le cadre de référence
de l’identité et des politiques ;
21

3.2 Page 22

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- Les ressources humaines, la gestion du personnel et des dirigeants, le rôle de la
communauté salésienne ;
- Les ressources économiques, les fonds et la production des ressources, la gestion
professionnelle des ressources, les politiques d’investissements, les synergies, etc.
Le développement de ce deuxième axe a constitué l’engagement fondamental des IUS
ces dernières années. Il a été marqué par un cheminement rigoureux, systématique et
bien accompagné. La réponse des IUS a été bonne, mais non uniforme ; en général la
majorité a participé avec dévouement et selon les conditions requises ; a été impliqué
un groupe significatif de dirigeants, sous la conduite de leur Recteur lui-même. La
participation aux Séminaires de Brasilia, de São Paolo, de Lima, de San Salvador et
aux Conférences (Chili 2004, Guatemala 2006, Porto Alegre 2009) a été satisfaisante.
Toutefois, le résultat final (l’élaboration de la “Charte de Navigation”), même s’il est
méritoire pour la quantité (plus de 50% des IUS l’ont présenté) et pour la qualité (il a
été un premier essai), manifeste encore des difficultés considérables pour réaliser
dans les Universités un vrai processus de planification stratégique.
3º. Le troisième axe se propose de développer des relations par secteur entre les IUS. C’est
une initiative très concrète et importante pour établir entre les IUS une vraie
communauté scientifique de collaboration autour de projets partagés par diverses
Universités, jusqu’à arriver à la construction et au fonctionnement ordinaire d’un
réseau, au sens vrai et propre, d’Universités salésiennes qualitativement présentes
dans le monde scientifique avec les apports les plus conformes à notre charisme
d’éducation des jeunes. Actuellement existent le groupe du Cours Virtuel orienté vers
la formation du personnel, le groupe “IUS-Engineering”, le groupe “IUS-Education” ;
et sont en préparation le groupe “IUS-formation–pastorale” et le groupe “IUS-
nouvelles technologies”.
Au moyen du développement de ce programme, non seulement les IUS augmentent
quantitativement (en 2006 elles étaient 61 institutions universitaires de différent niveau :
19 en Amérique, 25 en Inde, 9 en Europe, 5 dans la Région Asie-Est - Océanie, 1 en
Afrique), mais surtout elles sont en train de se consolider et croissent en qualité, en
particulier celles de l’Amérique et de l’Europe. Au moyen de ce cheminement, est en train
de se transformer la manière de concevoir et d’organiser la présence salésienne dans
l’Université et se développent, au moyen de l’engagement de l’institution assumé pour
l’élaboration de la “Charte de Navigation”, de nouvelles formes de présence et de gestion
universitaire.
Dans chaque IUS on est en train de constituer des plates-formes avec des personnes
qui partagent la mission et la vision salésiennes ainsi que les projets universitaires ; ces
groupes deviennent capables de former le noyau animateur de la communauté
universitaire et d’être les promoteurs et les guides du renouveau de l’institution. On est
en train également de susciter davantage de synergie et de collaboration entre les IUS,
en dépassant l’attitude de ne faire référence qu’à soi-même et favorisant en elles une
conscience commune et une vision d’ensemble.
En juillet 2007, s’est déroulée la Vème Assemblée IUS, dans laquelle a été élaboré le
“Programme Commun 3”, qui reprend et approfondit les objectifs et les démarches
réalisées jusqu’alors.
3.6 L’attention au monde de la marginalisation des jeunes
L’attention aux jeunes en situation de risque a toujours été une caractéristique de la
pastorale salésienne. La nouvelle situation de nos sociétés nous met au défi d’apporter
de nouvelles réponses. La pauvreté augmente de plus en plus jusqu’à présenter une
22

3.3 Page 23

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dimension tragique, qui frappe beaucoup de personnes et de communautés, parmi
lesquelles de très nombreux jeunes, au point de devenir une réalité structurelle et
mondiale. Nous pouvons aussi parler de “nouvelles pauvretés” et donc de “nouvelles
formes de marginalisation et d’exclusion sociales”, parmi lesquelles nous atteignent
d’une manière particulière celles qui compromettent les possibilités de croissance des
jeunes, en créant des situations de grave malaise et pour certains même de déviance.
L’aspect le plus préoccupant est le développement d’une mentalité ou d’une manière
d’organiser sa vie (individualisme, utilisation immodérée des biens de consommation,
recherche absolue de l’efficacité et du profit…) qui génère de plus en plus la
marginalisation, l’exclusion, la pauvreté et la souffrance, en particulier pour les secteurs
les plus faibles, comme c’est le cas pour les jeunes.
Pour cela, au cours des cinquante dernières années, se sont multipliés des projets, des
initiatives et des œuvres qui essaient de répondre à cette situation et d’offrir aux jeunes
une nouvelle occasion de construire leur vie positivement et de s’insérer dans la société
en personne responsable. Il y a des “maisons-famille” pour accueillir et éduquer des
enfants et des jeunes en situation de grave risque (enfants sans famille, enfants de la
rue, enfants victimes d’abus sexuels ou de la prostitution…) ; des projets d’attention, de
protection, d’éducation d’enfants et de jeunes qui sont au travail, souvent depuis leur
jeune âge ; des projets pour accueillir et remettre sur un chemin de vie des jeunes
victimes des drogues ou sortis de prison…, pour accueillir et former des jeunes
immigrants souvent sans famille… et beaucoup d’autres réponses.
Dans les Provinces, il y a eu une augmentation de la sensibilité et de l’engagement
pour les différentes situations de pauvreté et de malaise des jeunes : elle est due non
seulement au service d’œuvres, de projets et d’interventions spécifiques en faveur des
jeunes se trouvant dans de graves situations de malaise, mais surtout à l’insertion de cet
engagement dans le Projet éducatif et pastoral de la Province et à l’intensification, dans
chaque communauté éducative, d’une attention spéciale pour les facteurs de
marginalisation et d’exclusion. Cette attention et cet engagement doivent être développés
encore plus dans chacune des communautés et des œuvres ; on doit faire plus attention
à la culture et à la mentalité que l’on y développe, en s’engageant à faire croître une
culture de la solidarité et de la citoyenneté active ; il est important aussi d’approfondir le
travail en réseau et en collaboration entre les diverses œuvres et les différents services
dans les Provinces et avec d’autres institutions du territoire, de prendre soin de la
formation et de la préparation éducative et salésienne des éducateurs dans cet
engagement spécifique.
Le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes a encouragé et/ou accompagné différentes
initiatives en ce sens, par exemple la rencontre européenne sur l’immigration (Barcelone
2003) ; la rencontre régionale sur l’éducation des jeunes et leur entrée dans le monde du
travail (San Salvador 2004) ; ensuite la rencontre sur la Proposition d’un travail
envisagée dans la pédagogie salésienne pour les jeunes à risque (Medellín 2006) ; la
rencontre sur la Formation Professionnelle et l’entrée dans le monde du travail (Afrique
et Madagascar – Johannesburg 2004). Il existe aussi divers organismes de coordination
régionaux ou nationaux qui encouragent un travail en réseau et une attention pour
s’insérer dans et collaborer avec des institutions sociales qui travaillent dans ce
domaine : l’organisme de coordination YAR (“youth at risk”) de l’Inde, le SCS [Service Civil
Salésien] en Italie, la “Plataforma Social” (Espagne), et d’autres.
Dans l’animation et la coordination de ce secteur les “Bureaux de planification et de
développement” constitués dans plusieurs Provinces ont une particulière importance.
Ces bureaux aident les Provinces à planifier stratégiquement leurs interventions pour le
développement et à rechercher des fonds de financement pour les projets. Il est très
important qu’il y ait un travail d’ensemble entre ces bureaux et la délégation provinciale
23

3.4 Page 24

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pour la pastorale des jeunes afin d’assurer l’insertion des projets dans le PEPS provincial
et, en même temps, de développer une planification systématique et une vérification
exigeante des objectifs du PEPS.40
3.7 Autres présences et autres formes légères au service des jeunes
Dans la société complexe et pluraliste, nous assistons à l’apparition de nouveaux lieux
ou de nouvelles formes d’éducation de la jeunesse, qui proposent des modèles et des
styles de vie qui fascinent en masse les jeunes ; que l’on pense à l’école parallèle des
mass media, aux associations qui regroupent autour d’un intérêt pour la musique et le
sport, au tourisme, aux nouvelles formes d’engagement social et ecclésial, au secteur du
temps libre, devenus de nouveaux lieux d’identification personnelle.
Pour répondre à cette nouvelle situation se sont développés dans l’ensemble du monde
salésien de nouvelles réalités et associations de jeunes, de nouvelles formes éducatives,
des services ou des œuvres plus souples et légères, capables de répondre et de s’adapter
à l’inconstance des besoins et des urgences avec une plus grande liberté d’action et
d’initiative. Ces réalités utilisent davantage les possibilités de la communication avec le
milieu naturel des jeunes, plutôt que la stabilité d’un milieu physique ; elles privilégient
la spontanéité des relations et la liberté d’adhésion, la place centrale donnée aux
personnes plus que la structure et le projet ; elles cultivent des liens de fond entre
diverses réalités et travaillent en interaction avec d’autres institutions et d’autres
services dans le territoire, en cherchant à offrir une réponse d’ensemble aux situations. Il
y est relativement plus facile d’impliquer les jeunes eux-mêmes dans une prise de
conscience du fait que le chemin à accomplir ensemble est entre leurs mains.
Voici quelques-unes de ces nouvelles formes de présence parmi les jeunes.
1º. Le Mouvement Salésien des Jeunes
Le Mouvement Salésien des Jeunes (MSJ) est une des formes de présence parmi les
jeunes : son ampleur est la plus grande avec le plus de membres. Il s’agit d’un
Mouvement à caractère éducatif, offert à tous les jeunes, pour faire d’eux les agents et les
protagonistes de leur croissance humaine et chrétienne, avec un élan missionnaire,
ouvert à ceux qui ne sont pas proches, avec la volonté que cela soit suivi d’une incidence
dans le territoire et dans la société civile, ainsi que d’une insertion et d’un apport dans
l’Eglise locale.
Les groupes et les associations de jeunes qui, tout en conservant leur autonomie
d’organisation, se reconnaissent dans la spiritualité salésienne et dans la pédagogie
salésienne, forment d’une manière explicite ou implicite le Mouvement Salésien des
Jeunes.
Son animation est partagée entre les groupes de la Famille Salésienne, en particulier
les SDB et les FMA. Un moment fort du Mouvement a été le ‘Forum Mondial’ tenu à
Turin et à Rome à l’occasion de l’an 2000 : dans les lieux des débuts du charisme
salésien, des représentants des différentes Provinces ont partagé leur expérience de
Mouvement, les grands défis qui aujourd’hui touchent le monde des jeunes, les nouvelles
possibilités de réponses et d’engagement, pour conclure en présentant à tous les jeunes
du Mouvement quelques lignes d’engagement pour les années suivantes. Ce message
final du Forum a constitué le cadre de référence de l’animation qui a été déployée ces
dernières années au moyen de différentes activités :
40 Voir les conclusions de la Rencontre sur les Bureaux de planification et de développement.
Rome, Maison Généralice, 2005.
24

3.5 Page 25

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- le message annuel du Recteur majeur aux jeunes du MSJ à l’occasion de la fête de
Don Bosco, objet d’étude et de réflexion dans les groupes ;
- l’approfondissement de l’identité du Mouvement (différentes Provinces ont élaboré une
“Charte d’Identité du MSJ”) ;
- le développement de l’intervention des jeunes comme protagonistes, avec différentes
coordinations du Mouvement dans les Provinces ou entre les Provinces (en particulier,
au cours de la période précédente de six années, a été institué le Service européen de
Coordination du MSJ avec une large participation des jeunes eux-mêmes, comme fruit
du “Confronto 2004” ;
- de multiples rencontres provinciales et/ou régionales des groupes du MSJ, comme le
“Campobosco” de l’Espagne et du Portugal, les nombreux pèlerinages de groupes de
jeunes aux lieux des origines du charisme salésien, des rencontres européennes
comme le “Confronto” et l’Eurizon, des rencontres des groupes du MSJ de l’Argentine,
du Brésil, le “Boscoree” pour les Scouts Don Bosco de l’Inde, etc. ;
- l’engagement pour une formation systématique et approfondie des animateurs et le
développement, dans plusieurs Provinces, d’un “itinéraire de formation chrétienne
pour les différents groupes” ; grandissent à l’intérieur du MSJ divers mouvements et
différentes associations qui mènent clairement une action d’évangélisation ;
- une présence plus grande du MSJ dans les Eglises locales, etc.
Le MSJ est une réalité prometteuse qui mobilise beaucoup d’enfants, d’adolescents et
de jeunes, mais qui exige un effort de plus en plus grand, systématique et coordonné
pour l’évangélisation et la formation chrétienne selon les valeurs de la Spiritualité
Salésienne des Jeunes, pour le soin à apporter à la formation personnelle et à
l’accompagnement personnel des animateurs, pour l’intensification de l’engagement de
solidarité envers les autres jeunes, surtout ceux qui sont le plus dans un état de
pauvreté et de risque, et pour une présence active et responsable dans les différents
milieux de jeunes, dans la Société et dans l’Eglise.
Au cours de la dernière période de six années ont été multipliées et approfondies les
propositions de pèlerinages de jeunes aux lieux salésiens de Turin et au Colle Don Bosco
surtout par les Provinces d’Europe, les rencontres de Spiritualité (retraites dans les lieux
salésiens avec des jeunes et des adultes… ), les rencontres de formation salésienne pour
des collaborateurs laïcs, l’expérience de formation pour de jeunes prénovices de quelques
Provinces salésiennes d’Europe, etc. La Province ICP est en train de faire un effort
considérable pour renforcer, avec l’aide des Provinces d’Europe, et mieux coordonner les
équipes salésiennes qui animent le Projet Colle et Valdocco. La Congrégation tout entière
en est reconnaissante.
On a commencé aussi, avec l’aide et la collaboration de l’Institut de Spiritualité de
l’UPS, un cheminement de réflexion et de partage entre les responsables des Maisons
Salésiennes de Spiritualité de l’Europe (mai 2004) ; ont été identifiés les éléments
fondamentaux pour une proposition de Spiritualité Salésienne des Jeunes à offrir dans
ces maisons, ainsi que les tâches d’une Maison Salésienne de Spiritualité dans le projet
pastoral de la Province.
2º. Le volontariat
Au cours de ces dernières années, dans les Provinces et dans le MSJ, a été effectué le
développement d’une multitude de groupes et d’associations de volontariat, surtout de la
part de jeunes. Le CG24 a reconnu la réalité du volontariat comme un nouveau style
d’ouverture à autrui, surtout là où il est possible de rencontrer la pauvreté et la
marginalisation, un défi contre les injustices et les égoïsmes dominants, une solution
25

3.6 Page 26

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significative pour la vocation et une confirmation de la valeur du chemin éducatif
parcouru ensemble par les jeunes et les SDB.41
Dans la Congrégation le volontariat continue à croître au moyen de multiples groupes
et organisations. Dans quelques Régions on développe surtout le volontariat local ou
national, aussi bien dans sa dimension missionnaire ou sociale qu’en lien avec la
vocation (Amérique) ; dans d’autres est très développé le volontariat international et
missionnaire (Europe) ; d’autres reçoivent des volontaires (Afrique et Asie). Le volontariat
salésien est réalisé normalement comme une offre significative présentée aux jeunes qui
ont parcouru le chemin de formation de la pastorale des jeunes et il les aide à faire mûrir
et à approfondir, comme une réponse à leur vocation, leur option de vie chrétienne
engagée ; mais souvent, pour des jeunes qui arrivent de l’extérieur de nos œuvres, il
devient même une occasion significative de contact et une offre d’évangélisation.
Le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes et le Dicastère pour les Missions ont élaboré
de nouveau le document “Le volontariat dans la Mission salésienne”, en l’enrichissant
avec les apports de la rencontre internationale de 2001 et avec l’expérience des Provinces
et des O.N.G. salésiennes. Dans ce document, on présente l’identité du volontariat
salésien, un certain nombre d’exigences et de conditions fondamentales pour son
développement, pour la formation et l’accompagnement des volontaires et pour
l’animation et l’encouragement à prodiguer au volontariat salésien dans les Provinces et
dans la Congrégation.
En 2007, ce document a été présenté à toute la Congrégation au moyen de sept
Rencontres régionales, afin qu’il soit connu et rendu opérationnel dans les différentes
Provinces grâce à un Plan provincial du volontariat, inséré dans le PEPS de la Province.
4. PERPECTIVES D’AVENIR POUR LA PASTORALE SALÉSIENNE DES JEUNES
Après avoir présenté comment a été développée et comment aujourd’hui est articulée la
Pastorale des Jeunes dans la Congrégation, en y joignant un sincère remerciement à
Dieu pour la quantité de bien qu’Il suscite chez nous dans le service rendu aux jeunes,
pour la force d’attraction de Don Bosco et de son charisme, pour l’engagement généreux
de tant de confrères, de collaborateurs laïcs et des jeunes eux-mêmes, je voudrais vous
proposer et partager avec vous quelques perspectives d’avenir, dont plusieurs nous ont
été proposées par le CG26 comme des objectifs prioritaires pour les prochaines années.
4.1 Continuer l’effort d’assimilation et de pratique du modèle de la Pastorale
Salésienne des Jeunes
Nous avons vu l’énorme effort de la Congrégation, accompli ces cinquante dernières
années, pour repenser et renouveler sa pratique éducative et pastorale, en répondant
avec une plus grande fidélité aux nouveaux besoins et aux nouvelles attentes des jeunes
ainsi qu’aux valeurs dont s’inspire le Système Préventif de Don Bosco. De nos jours nous
pouvons compter sur un ensemble de critères, d’orientations, de structures, de lignes
d’action qui traduisent dans la situation d’aujourd’hui l’esprit et le modèle d’action vécus
par Don Bosco dans son premier Oratoire : le Système Préventif.
Tout cet effort pour repenser la pratique éducative implique nécessairement une
ouverture à de nouveaux schémas de pensée et à de nouvelles pratiques, une nouvelle
41 Cf. CG24, n. 26.
26

3.7 Page 27

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mentalité et une nouvelle façon d’organiser les éléments qui constituent l’acte éducatif,
une nouvelle méthodologie et une nouvelle manière de mettre en place la présence au
milieu des jeunes… Autant de choses qui demandent de la réflexion pour vérifier
l’expérience quotidienne, du courage pour assumer de nouvelles perspectives et de
nouvelles mises en place, de la patience pour donner du temps à la transformation lente
des façons de penser et des attitudes, du partage pour qu’on ne réalise pas tout seul,
mais en groupe, ces processus pour des changements.
Aujourd’hui la Congrégation a un modèle opérationnel de la Pastorale des Jeunes,
c’est-à-dire une manière concrète de structurer et d’organiser les différents éléments de
sa pratique éducative et pastorale pour en assurer l’identité, la cohérence par rapport
aux objectifs du projet et le fait d’être un organe de fonctionnement ; un modèle fidèle
aux principes dont s’inspire le Système Préventif de Don Bosco et en même temps un
modèle qui réponde mieux aux besoins et aux situations des jeunes d’aujourd’hui. Il est
donc urgent de s’engager à connaître à fond ce modèle, à en assumer la mise en place, et
surtout à le traduire en pratique dans les divers contextes et les différents milieux. Ces
dernières années, un grand effort a été fait dans cette direction, mais on doit continuer
encore, en aidant chacun salésien et les communautés locales à comparer leur pratique
avec le modèle pour la rendre plus fidèle et significative.
En particulier, il est important d’assumer la vision unitaire et organique d’une
pastorale, centrée sur la personne du jeune et pas tellement sur les œuvres ou les
services, en dépassant une tendance, encore présente dans la pratique de tous les jours,
à perdre la vision d’ensemble pour se cantonner dans ce qui est sectoriel. On doit aussi
affermir la dimension communautaire de l’action pastorale qui se manifeste surtout
dans l’engagement de construire l’œuvre salésienne comme une communauté éducative
et pastorale, dans laquelle les personnes occupent le centre, l’emportent les relations
interpersonnelles, les éléments de communion et de collaboration sur les préoccupations
de gestion et d’organisation. Un autre aspect sur lequel les derniers Chapitres ont insisté
est la mentalité qui pousse à œuvrer selon des projets, c’est-à-dire à considérer que
l’action pastorale est comme accomplie dans un cheminement effectué graduellement
selon des objectifs précis et vérifiables, et pas tellement comme la somme de multiples
interventions et actions peu reliées entre elles.
Tout cela implique de multiplier l’effort de formation pastorale, tant des Salésiens que
des collaborateurs laïcs. Il existe de nombreuses initiatives en ce domaine, mais il est
urgent de le systématiser et d’assurer leur continuité, de manière à constituer dans
chaque communauté éducative et pastorale un noyau de personnes pleinement
identifiées par leur rapport avec les valeurs et la mise en place de la pastorale salésienne,
capables d’encourager et de guider le reste de la communauté.
4.2 Une pastorale évangélisatrice clairement orientée vers l’annonce du Christ et
vers l’éducation des jeunes à la foi
L’action éducative et pastorale de la Congrégation est en train de se multiplier partout ;
les besoins des jeunes et les demandes de la société et de l’Eglise sont de plus en plus
nombreux et pressants. Dans l’effort pour y répondre, on court le risque de se disperser
et de laisser dans l’ombre le cœur de notre mission.
Dans beaucoup de sociétés et de cultures près desquelles nous effectuons notre service
éducatif et pastoral, sont en train de se développer une culture qui marginalise la religion
et en particulier le christianisme, ainsi qu’un style de vie qui favorise le développement
de la pauvreté matérielle et spirituelle de beaucoup et qui multiplie les facteurs
d’exclusion sociale… Dans cette ambiance, s’avèrent souvent ne présenter aucunement
d’intérêt et d’importance les valeurs religieuses et les motivations des croyants, qui à une
27

3.8 Page 28

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autre époque transparaissaient et se laissaient percevoir dans le service d’éducation et de
promotion humaine.
Cette situation a poussé beaucoup de Salésiens et de collaborateurs laïcs à rénover
l’identité de leur vocation et à se donner à l’engagement éducatif et pastoral avec
beaucoup de générosité et de sacrifice ; mais il existe également le danger de rencontrer
« la superficialité spirituelle, l’activisme frénétique, le style de vie bourgeoise, la faiblesse
du témoignage évangélique, le dévouement non total à la mission. Cela se traduit par
l’embarras éprouvé pour faire apparaître sa propre identité de personne consacrée et par
la timidité pour accomplir une tâche apostolique ».42
Tout cela demande de récupérer les racines et le moteur de notre pratique pastorale, la
passion missionnaire du “Da mihi animas”, la seule qui peut garantir sa signification et
son efficacité, et de centrer notre activité, très variée, d’éducation et de pastorale sur
l’évangélisation et l’éducation de la foi, où tout trouve son unité et son sens.43
A la lumière des lignes d’action proposées par le CG26 sur le thème de l’évangélisation,
voici quelques priorités qui devront caractériser la pastorale des jeunes dans les
prochaines années :
1º. Une pastorale plus missionnaire capable de proposer « avec joie et courage aux
jeunes de vivre l’existence humaine comme l’a vécue Jésus Christ ».44 Aujourd’hui
il n’est pas suffisant de placer les jeunes dans une ambiance positive avec une
multiplicité d’activités et de propositions, pas même tout bonnement de leur offrir
une formation catéchétique, ni de les habituer à une pratique religieuse (prière et
sacrements) ; il faut une proposition claire et explicite où l’on annonce Jésus
Christ et qui puisse réveiller chez les jeunes l’envie de le connaître et de le suivre ;
il est nécessaire de leur donner un enseignement et de les initier à la prière
chrétienne, à la lecture et à la méditation de la Parole de Dieu ; il faut aussi
susciter en eux le désir de s’engager sur un chemin systématique
d’approfondissement de la foi et les aider à mettre en place leur vie personnelle
selon les valeurs de l’Evangile.
2º. Une évangélisation pleinement insérée dans le domaine de l’éducation. La pastorale
salésienne des jeunes vit et se développe dans le domaine de l’éducation, cherche
à promouvoir chez les jeunes non seulement une vie chrétienne, mais aussi une
culture qui s’inspire de la foi et des valeurs évangéliques, qui soit une solution de
rechange en face de la culture du milieu caractérisée par le laïcisme, le
relativisme, le subjectivisme, l’utilisation immodérée des biens de consommation…
L’attention aux contenus culturels qui sont offerts dans le développement
quotidien d’une œuvre ne reçoit pas toujours le soin qui lui serait nécessaire pour
garantir une cohérence entre les contenus transmis ou les méthodologies
employées sans contradiction avec les valeurs de la foi chrétienne (rencontre
culture et foi) et pour assurer une vie chrétienne capable de donner une qualité
évangélique à la vie privée, professionnelle et sociale des personnes.
Aujourd’hui, donc, il est urgent d’organiser l’engagement pastoral, en veillant avec
soin et d’une manière spéciale à l’intégration de l’évangélisation et de l’éducation
selon la logique du Système Préventif : 45
-
une évangélisation capable de s’adapter à la condition évolutive du jeune,
qui ait soin de développer les attitudes humaines fondamentales qui
42 CG26, “Urgence d’évangéliser”, n. 27.
43 Cf. Discours du Recteur majeur à la clôture du CG26 : première clé de lecture du document
capitulaire : “Réchauffer le cœur des confrères” [ACG 401, p, 146].
44 CG26, “Urgence d’évangéliser”. Ligne d’action 5, n. 36.
45 CG26, “Urgence d’évangéliser”. Cf. Ligne d’action 6, n. 41.
28

3.9 Page 29

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rendent possibles l’ouverture personnelle à Dieu et la rencontre avec Jésus,
attentive aux valeurs et aux visions de la vie, que vivent les jeunes, pour les
transformer à la lumière de l’Evangile ;
-
une éducation capable de former des mentalités, d’inspirer des visions de
vie ouvertes à la dimension religieuse, de faire mûrir des choix de vie qui
s’inspirent de l’Evangile de Jésus ; une éducation attentive, en particulier, à
développer la dimension religieuse de la personne et à favoriser les attitudes
fondamentales pour une ouverture positive à la foi ; une éducation qui
prenne soin de la formation de la conscience morale et éduque les jeunes à
l’engagement social selon l’inspiration de la doctrine sociale de l’Eglise.
4.3 Dans chaque proposition pastorale, approfondir et renforcer la dimension
donnée à la vocation
L’animation et l’orientation des vocations constituent un élément essentiel d’une
Pastorale des Jeunes qui aide chaque jeune à faire des choix de vie responsables à la
lumière de la foi. « Nous ressentons aujourd’hui plus fortement que jamais le défi
d’établir une culture de la vocation dans chaque milieu, de manière que les jeunes
découvrent la vie comme un appel et que toute la pastorale salésienne devienne
réellement une pastorale de la vocation ».46 Mais la meilleure pastorale des jeunes ne
génère pas de vocations apostoliques et consacrées sans une attention spécifique à
l’annonce explicite de la vocation, à la proposition personnelle clairement effectuée, à
l’accompagnement spirituel constant.
Le manque de vocations a sensibilisé les communautés et les confrères à la réflexion
sur la manière de faire une animation des vocations, mais cette animation est encore
pensée et accomplie comme un engagement accepté pour compléter le travail éducatif et
pastoral ordinaire, un engagement pris par quelques responsables ou quelques confrères
qui y sont particulièrement sensibles. Voici les deux processus dans un état
d’appauvrissement : une pastorale des jeunes qui ne réussit pas à orienter les jeunes
pour qu’ils aient, sous l’angle de la vocation, une vision de leur vie capable de les guider
vers des options évangéliques de don de soi et de service, et une animation de vocations
trop basée sur l’enthousiasme et peu sur le rapport de foi, profond et personnalisé, avec
Jésus Christ.
Pour cela, il est nécessaire de convertir les mentalités et de rénover certaines pratiques,
en particulier dans les trois aspects suivants :
1º. Développer dans chacun de nos milieux une culture des vocations, au moyen
d’une pastorale des jeunes résolument évangélisatrice, qui engage les jeunes à
reconnaître leur vie comme un don de Dieu et à y correspondre avec un
engagement généreux au service des autres, en particulier de ceux qui sont le plus
dans le besoin.47
2º. Assurer dans chaque itinéraire d’éducation à la foi une attention particulière à
favoriser chez les jeunes l’engagement apostolique, enraciné dans une relation
personnelle d’amitié avec Jésus Christ, réalisé dans la communion et la
collaboration à l’intérieur d’une forte expérience de communauté et mûri au
moyen d’un engagement systématique de formation personnelle.48
3º. Témoigner avec courage et avec joie la beauté de sa propre vocation salésienne,
toute donnée à Dieu dans la mission auprès des jeunes, en en faisant la
46 CG26, “Nécessité d’appeler”, n. 53.
47 CG26, “Nécessité d’appeler”. Cf. n. 60.
48 CG26, “Nécessité d’appeler”. Cf. Ligne d’action 9, nn. 65-67.
29

3.10 Page 30

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proposition explicite et en s’engageant à accompagner, dans leur chemin de
discernement et de formation relatifs à la vocation, les jeunes qui présentent des
signes de vocation religieuse salésienne.49
4.4 Une attention spéciale aux jeunes qui sont le plus en situation de pauvreté et
de risque comme caractéristique de toute présence salésienne et de toute
œuvre salésienne
Avec joie je reconnais qu’il s’est effectué une croissance de la sensibilité et de la
préoccupation, de la réflexion et de l’engagement pour le monde de la marginalisation et
du malaise des jeunes. Cette réalité ne représente plus un secteur particulier, considéré
comme une œuvre spéciale ou animé seulement par quelques confrères particulièrement
motivés. L’attention aux derniers, aux plus pauvres, à ceux qui sont dans le malaise est
en train de devenir une “sensibilité institutionnelle” qui, peu à peu, mobilise beaucoup
d’œuvres des Provinces.
Mais il existe encore une certaine résistance à donner une nouvelle qualité à la
mentalité et à la méthodologie éducative, de sorte que chacune de nos présences soit
vraiment au service des jeunes qui sont le plus dans le besoin.50 Fidèles aux indications
du CG26, nous devons continuer ce chemin et concentrer nos efforts pour développer
quelques processus qui impliquent l’ensemble de notre pastorale des jeunes :
1º. L’attention aux jeunes en situation de risque comme caractéristique et engagement
de toute présence salésienne et de tout projet éducatif. Il ne suffit pas d’avoir dans
la Province quelques œuvres ou quelques services explicitement destinés aux
jeunes les plus pauvres ; il est nécessaire que l’ouverture et l’attention aux
situations de pauvreté, d’exclusion et de marginalisation soient assumées par
chaque présence, jusqu’à devenir une caractéristique de sa signification. Il est
important que chaque communauté éducative détermine les éléments de
l’ambiance, de la dynamique et de la méthodologie de l’œuvre, ou certains critères
d’évaluation plus ou moins explicites, qui produisent de fait la sélection et
l’exclusion et qu’elle s’engage à les transformer ; qu’elle favorise pour les jeunes
qui sont le plus en situation de besoin et de risque la présence, la participation et
la possibilité d’être des protagonistes dans les activités, dans les groupes, dans les
responsabilités… ; qu’elle détermine avec une attention particulière les éléments
de la pédagogie salésienne les plus adaptés à ces jeunes et qu’elle s’engage à les
mettre en pratique.
2º. Viser à la transformation de la mentalité et des tendances culturelles, et pas
seulement à une réponse aux attentes immédiates, en favorisant une culture de la
solidarité selon le critère du “donner plus à celui qui a moins reçu”. La pauvreté et
la marginalisation dans nos sociétés sont non seulement des phénomènes
économiques ou sociaux, mais aussi, et je crois surtout, des phénomènes
culturels ; il y a diverses manières (individualiste, compétitive, hédoniste ou
marquée par l’utilisation immodérée des biens de consommation) de concevoir la
vie qui génèrent l’exclusion des plus faibles ; on ne peut donc pas se contenter
d’aider les plus désavantagés à surmonter leurs situations de marginalisation,
mais notre intervention doit viser à la transformation de leur mentalité et de celle
de l’ensemble de la société. Dans ce sens toute communauté éducative et pastorale
doit être très attentive aux valeurs et aux styles de vie qu’elle favorise avec son
action éducative quotidienne.
49 CG26, “Nécessité d’appeler”. Cf. Ligne d’action 8, nn. 61-64. – Ligne d’action 10, nn. 69-73.
50 CG26 “ Pauvreté évangélique”. Cf. n. 82. – “Nouveaux fronts d’action”. Cf. n. 101.
30

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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3º. Développer avec une attention particulière la dimension religieuse de la personne,
considérée comme un facteur fondamental d’humanisation et de prévention. Dans la
vision anthropologique du Système Préventif de Don Bosco la dimension religieuse
est un élément fondamental de la personne et de la société ; c’est pourquoi son
développement, jusqu’à l’annonce de Jésus Christ, est une exigence indispensable
de la proposition éducative salésienne. Nous croyons que dans cette relation
personnelle avec Dieu, qui passe par les voies mystérieuses de l’Esprit Saint
agissant dans le cœur de toute personne et d’une manière spéciale dans le cœur
de ceux qui sont le plus en situation de pauvreté et de besoin, se trouvent des
énergies insoupçonnées pour la construction de la personnalité et pour son
développement intégral,51 et nous croyons que c’est un élément important pour
donner de l’espérance aux jeunes qui endurent d’une manière spéciale les
conséquences dramatiques de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
C’est pourquoi, toute communauté éducative doit proposer, dans le projet éducatif
et pastoral pour ces jeunes, des expériences et des parcours qui puissent réveiller
en eux la dimension religieuse de la vie et les aider à découvrir Jésus comme
Sauveur.52 Cette proposition d’évangélisation doit être insérée pleinement dans le
processus éducatif de prévention et de récupération et être organisée dans des
itinéraires simples, très proches de la vie quotidienne et utilisés comme si on
semait un peu à la fois.
Le témoignage des éducateurs et de la communauté éducative, l’ambiance de joie,
d’accueil et de famille, la défense et la promotion de la dignité personnelle,
deviennent une première annonce et une première réalisation du salut du Christ
et une offre de libération et de plénitude de vie.
Cette première étincelle doit être ensuite traitée avec soin et développée avec
patience et persévérance, en réveillant toujours le positif qu’il y a dans le jeune, la
conscience de sa dignité, sa volonté de sortir de sa situation pénible. Toute la
communauté lui offre des expériences religieuses simples, mais de qualité, comme
des moments de prière ou de célébration, qui l’aident à s’ouvrir à la présence de
Dieu et à la relation personnelle avec lui. A partir de ces expériences la
communauté chrétienne pourra annoncer avec respect, mais aussi avec joie, la
personne de Jésus Christ.
4.5 Redéfinir nos présences pour les rendre plus significatives, c’est-à-dire pour
en faire des “nouvelles présences”
Le renouveau profond de la Pastorale des Jeunes pour mieux répondre aux besoins et
aux exigences des jeunes demande comme condition indispensable de revoir
profondément le but, l’organisation et la gestion de nos œuvres. C’est pourquoi depuis
déjà bien des années dans la Congrégation nous sommes invités à réorganiser les
présences, à les transformer et à les rendre plus significatives, à nous ouvrir à de
nouveaux fronts d’action, en rendant “nouvelles” les présences et en en développant des
nouvelles.53
Rendre nouvelles les œuvres institutionnelles que nous avons (Ecoles, Centres de
Formation Professionnelle, Paroisses, Patronages et Centres de jeunes, Résidences
universitaires, etc.…) demande de centrer la tâche de la communauté salésienne non pas
tant sur la gestion et l’organisation de l’œuvre que sur l’accompagnement et sur la
51 Cf. J. E. VECCHI, “ Il fut pris de pitié pour eux”. ACG 359, p. 34.
52 CG26, “Nouveaux fronts d’action”. Cf. Ligne d’action 15, nn. 105-107.
53 Par exemple cf. CG26, “Nouveaux fronts d’action”, n. 100. Cf. aussi Intervention finale du
Recteur majeur lors de la rencontre des Provinciaux d’Europe, 5 décembre 2004. ACG 388, 5.2.
31

4.2 Page 32

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formation des éducateurs et des jeunes, en assurant une présence directe au milieu
d’eux, dans l’animation d’un cheminement graduel d’éducation et d’évangélisation
jusqu’à des propositions de vie chrétienne engagée, dans la mobilisation des personnes
en un vaste mouvement autour d’un Projet éducatif et pastoral salésien ouvert et
partagé. Il s’agit aussi d’avoir une attention privilégiée et résolue pour les jeunes à
risque, en prenant avec courage et créativité les options nécessaires ; il s’agit également
de favoriser des initiatives et des projets qui mobilisent le plus grand nombre de
personnes et d’institutions au service de l’éducation et de l’évangélisation des jeunes, en
travaillant en réseau et en communion avec la société et avec l’Eglise.
Il ne suffit pas de renouveler les présences déjà existantes. Souvent aussi, il est
nécessaire de nous engager pour fonder de nouveaux types de présences où sont
effectuées des propositions fortes d’évangélisation et d’éducation à la foi, ainsi que de
formation salésienne des collaborateurs ; où travaillent des équipes à l’animation de
maisons salésiennes de spiritualité, de centres de catéchèse, de centres de formation des
collaborateurs laïcs ; de nouveaux types de présences où sont effectuées l’animation et la
proposition explicite de la vocation, l’animation et la conduite des associations et des
mouvements visant à l’évangélisation et à l’engagement des jeunes, comme également
l’animation et la conduite du volontariat, etc.…
Pour faciliter cet engagement de rendre plus significative et efficace la présence
salésienne dans un territoire, de mieux coordonner en lui les différents types de présence
salésienne, de favoriser le renouvellement de l’emplacement et de la définition des
œuvres, le CG25 avait demandé à chaque Province d’élaborer un Projet Organique
Provincial (POI) qui puisse offrir les critères, les conditions et les exigences concrètes
nécessaires pour atteindre cet objectif.54 Le chemin a été commencé, mais on doit aller
plus loin, au moyen d’une continuelle vérification et d’un renouvellement ininterrompu
du POI.
4.6 Une animation pastorale qui est effectuée avec de plus en plus de relation et
de coordination entre différents Dicastères, en particulier entre les
dicastères de la Mission salésienne : pastorale des jeunes, communication
sociale et missions
L’animation de la pastorale des jeunes est devenue de plus en plus complexe : les
secteurs ou les milieux se sont multipliés, avec de nouveaux aspects à organiser et à
coordonner. Certains de ces aspects sont étroitement reliés à d’autres qui sont confiés
par les Constitutions à d’autres dicastères, par exemple la réalité du volontariat avec ses
différents types a un rapport spécifique et concret avec les missions (quand il s’agit du
volontariat missionnaire) ; la paroisse confiée aux salésiens dans les territoires de
mission assume aussi la dynamique propre des stations missionnaires, accompagnées
par le dicastère pour les missions ; le dicastère pour la communication sociale, en plus
de l’animation des aspects propres aux moyens de communication sociale et aux services
de production, s’occupe de la formation des éducateurs pour qu’ils sachent établir des
milieux féconds en relations et en communications ; cet aspect se relie étroitement à la
pastorale des jeunes qu’anime la communauté éducative et pastorale, agent fondamental
de l’éducation et de l’évangélisation ; la formation pastorale des SDB et des laïcs doit être
assurée dans une mutuelle relation et une étroite collaboration entre le dicastère pour la
formation et le dicastère pour la pastorale des jeunes… Et de même d’autres domaines
où l’interdépendance est en train de devenir de plus en plus présente et où différents
dicastères sont concernés, de sorte que leur animation ne soit pas réalisée seulement par
l’un d’entre eux, sans tenir compte des autres.
54 Cf. CG25, nn. 82-84. Cf. aussi CG26, “Nouveaux fronts d’action”, n. 113.
32

4.3 Page 33

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Le CG26, devant cette réalité, a demandé au Recteur majeur et à son Conseil qu’au
cours de la prochaine période des six années soit développée une collaboration plus
organisée entre les trois dicastères de la mission (Pastorale des jeunes, Communication
sociale et Missions), de manière que, tout en sauvegardant l’unité organisée de la
pastorale des jeunes, ces secteurs partagés soient enrichis par l’apport des trois
dicastères qui animent d’une façon directe des aspects complémentaires de l’unique
mission salésienne : l’éducation et l’évangélisation des jeunes, surtout de ceux qui sont
les plus pauvres et de ceux qui appartiennent aux classes populaires, dans une culture
profondément modelée par la communication sociale et de plus en plus laïcisée,
demandent une mise en œuvre clairement missionnaire dans laquelle soit donnée la
priorité à la première annonce de l’Evangile.
Cette indication du CG26 ne se réduit pas à une proposition d’organisation, mais elle
implique une vision plus large, intégrale et accomplie ensemble de quelques aspects
centraux de la mission salésienne, confiés à ces dicastères. La pastorale des jeunes doit
être de plus en plus missionnaire, c’est-à-dire assumer les caractéristiques et les
dynamiques de l’action missionnaire, en prenant soin avec une attention particulière de
l’éveil de la dimension religieuse des jeunes, qui vivent profondément plongés dans des
milieux laïcisés, en donnant la priorité à la première annonce de Jésus Christ, en veillant
au dialogue avec d’autres religions… La pastorale des jeunes doit aussi assumer de plus
en plus la nouvelle culture de la communication sociale, qui modèle profondément un
style de vie et d’action, un ensemble de valeurs qui caractérisent les milieux, surtout
chez les jeunes, dans lesquels la pastorale des jeunes accomplit sa tâche d’éducation et
d’évangélisation.
Le salésien, donc, comme éducateur et pasteur des jeunes d’aujourd’hui, doit assumer
beaucoup d’aspects du missionnaire et du chargé de communication ; la communauté
éducative et pastorale doit devenir un centre qui développe des communications de forte
qualité humaine et chrétienne ; la proposition éducative et pastorale salésienne doit
assurer la présence et le développement de la dimension missionnaire ainsi que la
dynamique et les valeurs du monde de la communication. La Pastorale salésienne des
jeunes, la Communication sociale et l’animation missionnaire sont des aspects qui
intègrent organiquement la réalisation totale de la Mission salésienne.
CONCLUSION
Chers confrères, j’ai voulu vous remettre cette lettre en ce IVème Dimanche de Pâques,
que l’Eglise dédie au Christ Bon Pasteur, justement pour apprendre de Lui comment a
su faire notre cher père Don Bosco, qui ressentit l’appel, pour sa vocation et sa mission,
à être bon pasteur des jeunes.
Que Marie, qui fut pour notre Fondateur une mère et un guide, nous enseigne, comme
elle les lui a enseignés, le champ d’action, la mission à accomplir et la méthode pour la
réaliser.
Avec toute mon affection, en Don Bosco
P. Pascual CHÁVEZ V., sdb
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