Charte_identite-fr


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CHARTE DE L’IDENTITÉ CHARISMATIQUE
de la Famille Salésienne de Don Bosco
1

1.2 Page 2

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ABRÉVIATIONS
AA
ACG
ACGS
ADMA
AG
CD
ChL
Const.
Cron.
DCE
DS
FMA
FS
GS
LG
MB
MD
NAe
PC
PO
PVA
SCG
SDB
SRS
UR
TAD
VC
Apostolicam actuositatem : Décret du Concile Vatican II sur l’apostolat des laïcs.
Actes du Conseil Général des SDB.
Actes du Chapitre Général Spécial des SDB (1971-1972).
Association de Marie Auxiliatrice.
Ad gentes : Décret du Concile Vatican II sur l’activité missionnaire de l’Eglise.
Christus Dominus : Décret du Concile Vatican II sur la charge pastorale des évêques dans
l’Eglise.
Christifideles laici : Exhortation apostolique de Jean-Paul II sur la vocation et la mission des laïcs
dans l’Eglise et dans le monde (1988).
Constitutions (+ sigle du Groupe de la FS).
Cronistoria dell’Istituto delle FMA.
Deus caritas est : Encyclique de Benoît XVI (2006).
Damas Salesianas [Dames Salésiennes].
Filles de Marie-Auxiliatrice.
Famille Salésienne.
Gaudium et spes : Constitution pastorale du Concile Vatican II sur l’Eglise dans le monde de ce
temps.
Lumen Gentium : Constitution dogmatique du Concile Vatican II sur l’Eglise.
Mémoires Biographiques de Jean Bosco.
Mulieris dignitatem : Lettre apostolique de Jean-Paul II sur la dignité et la vocation de la femme à
l’occasion de l’année mariale (1988).
Nostra aetate : Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l’Eglise avec les religions
non-chrétiennes.
Perfectae caritatis : Décret du Concile Vatican II sur la rénovation et l’adaptation de la vie
religieuse.
Presbyterorum ordinis : Décret du Concile Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres.
Projet de Vie Apostolique de l’Association des Salésiens Coopérateurs (2007).
Sœurs de la Charité de Jésus.
Salésiens de Don Bosco.
Sollicitudo rei socialis : Encyclique de Jean-Paul II sur le développement humain et la notion
chrétienne de progrès (1987).
Unitatis redintegratio : Décret du Concile Vatican II sur l’œcuménisme.
Traité de l’amour de Dieu ou Théotime.
Vita consecrata : Exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II sur la vie consacrée et sa
mission dans l’Eglise et dans le monde (1996).
2

1.3 Page 3

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PRÉSENTATION
Aux Responsables des Groupes
de la Famille Salésienne
Très chers Frères et Sœurs,
nous sommes au début de la période de trois années de préparation à la célébration du
Bicentenaire de la naissance de Don Bosco, qui mobilise avec des modalités diverses tous les
Groupes de la Famille Salésienne et le Mouvement salésien tout entier. Cette période de préparation
et de célébration, qui va du 16 août 2011 au 16 août 2015, est un “temps de grâce et de renouveau” ;
elle nous est offerte par l’Esprit pour mieux connaître le charisme de Don Bosco et l’assimiler dans
notre vie personnelle et dans celle de nos Groupes. Et, elle aussi, la Charte d’Identité pour notre
Famille, que j’ai l’intention de vous présenter, nous stimulera et nous orientera sur ce chemin.
Le 31 janvier 1995, Solennité de Saint Jean Bosco, le P. Egidio Viganò, septième Successeur de
Don Bosco, nous a donné la Charte de Communion dans la Famille Salésienne de Don Bosco. Dans
la présentation il indique qu’elle décrit à grands traits « les points fondamentaux qui construisent
l’unité de l’esprit de Don Bosco. La charte commence par l’âme de la Famille » parce que le
« sentiment de lui appartenir se nourrit moins de règles extérieures que de la vitalité de l’esprit
commun ». L’apport de réflexion sur l’esprit salésien, offert par cette première Charte, aide à
comprendre que nous sommes une Famille spirituelle et donc que c’est l’esprit qui fonde nos
relations mutuelles.
En l’an 2000, le 25 novembre – c’est le jour où nous rappelons la mort de la Vénérable Maman
Marguerite –, le P. Juan Edmundo Vecchi, huitième Successeur de Don Bosco, nous a offert la
Charte de la Mission de la Famille Salésienne de Don Bosco. C’est ainsi que le P. Vecchi écrivait
dans la présentation : elle nous présente « l’orientation et la sensibilité des groupes de la Famille
salésienne en fait de mission apostolique. Nous pouvons donc très bien reconnaître en elle un texte
inspirateur. Elle demande de chaque membre des groupes de la Famille un engagement qui a
toutes les caractéristiques salésiennes ». Avec cette deuxième Charte on voit clairement que notre
Famille est une Famille apostolique et qu’elle opère avec les buts et le sens d’une action pastorale.
Le 31 janvier 2012, Solennité de Saint Jean Bosco, en cette première année de préparation au
Bicentenaire de sa naissance, je vous remets, en tant que neuvième Successeur de Don Bosco, la
Charte de l’Identité charismatique de la Famille Salésienne de Don Bosco. Elle est et sera un repère
pour nous tous sur le chemin commun de notre Famille et sur le chemin spécifique de chaque
Groupe. Une première ébauche a été publiée le 24 mai 2011, Solennité de Marie Auxiliatrice.
Marie, elle-même qui est notre inspiratrice et notre soutien, nous met entre les mains cette “aide”
pour notre croissance charismatique. “Marie renouvelle la Famille Salésienne de Don Bosco”,1
écrivait le P. Viganò dans sa première lettre après son élection comme Recteur majeur. Elle
continue également de nos jours son œuvre, en éclairant notre esprit et en ouvrant notre cœur aux
nouveaux développements du charisme commun.
La Charte d’Identité recueille la réflexion et l’expérience qui ont mûri en ces années à partir des
deux Chartes précédentes sur la communion et sur la mission dans notre Famille. Ces documents
ont été inclus dans ce nouveau texte au niveau de leurs expressions fondamentales. Dans cette
nouvelle Charte sont, en effet, décrits les éléments typiques qui caractérisent la Famille Salésienne,
c’est-à-dire ces aspects dans lesquels tous les Groupes se reconnaissent et sont reconnus : ce qui
1 E. VIGANÒ, MARIE RENOUVELLE LA FAMILLE SALÉSIENNE DE DON BOSCO, dans ACG 289, Rome 25 mars 1978.
3

1.4 Page 4

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rend ainsi possible de réaliser l’échange d’expériences, la collaboration et de les distinguer bien
visiblement.
Ce qui est décrit dans cette troisième Charte, qui comprend et intègre les deux précédentes, est
l’identité charismatique de la Famille Salésienne, c’est-à-dire tout ce qui se rapporte à la mission, à
l’esprit, aux relations, à la formation, aux méthodes d’éducation et d’évangélisation. Certainement
aussi l’histoire du charisme, considéré dans ses origines et dans son développement, fait partie de
l’identité ; en effet, une identité sans mémoire, n’ayant pas de racines, est dépourvue d’avenir. Et
pour tout cela la Charte recueille l’expérience des différents Groupes de la Famille, en exposant,
dans une synthèse à grands traits, cette identité du charisme salésien qui est le patrimoine de tous.
La description de l’identité du charisme salésien de notre Famille, présente dans cette Charte, est
issue d’un long processus de réflexion et de convergence, surtout au sein de la Consulte mondiale
de la Famille Salésienne. Les fruits, que nous comptons retirer d’une plus forte conscience et d’un
plus grand partage de l’identité commune, sont le renforcement de l’unité de notre Famille, celui du
sentiment de lui appartenir, comme aussi celui du caractère significatif qui la revêt. Une identité
faible, en effet, génère une fragmentation sur le plan de l’idéal à atteindre, un affaiblissement des
liens et une insignifiance au niveau de l’action. D’où l’invitation adressée à tous les Groupes pour
qu’ils ravivent et intensifient l’identité commune, de manière à en faire don à toute l’Eglise.
Si nous croyons à la Famille Salésienne, nous trouverons l’enthousiasme, les ressources
intérieures et les modalités opérationnelles pour la faire grandir dans son identité. Alors notre
Famille bénéficiera d’une vitalité à même d’attirer de nouvelles vocations.
C’est ce que nous confions à l’Esprit Saint et à Marie Auxiliatrice, à Don Bosco, comme à tous
nos Saints et à tous nos Bienheureux.
Avec mon affection et ma reconnaissance
Rome, 31 janvier 2012
Solennité de Saint Jean Bosco
Père Pascual Chávez Villanueva
IXème Successeur de Don Bosco
4

1.5 Page 5

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CHAPITRE PREMIER
LA FAMILLE SALÉSIENNE DANS L’ÉGLISE
Art. 1 - Expérience charismatique et spirituelle du Fondateur
Avec une humble et joyeuse gratitude nous reconnaissons que Don Bosco, grâce à une initiative
de Dieu et à la maternelle médiation de Marie, commença dans l’Eglise une originale expérience de
vie évangélique.
L’Esprit façonna en lui un cœur habité par un grand amour pour Dieu et pour les frères, en
particulier les petits et les pauvres ; et, de cette façon, il fit de lui le Père et le Maître d’une
multitude de jeunes, ainsi que le Fondateur d’une vaste Famille spirituelle et apostolique.
La charité pastorale, qui trouve dans le Bon Pasteur sa source et son modèle, fut pour Don Bosco
porteuse d’une constante inspiration dans son œuvre d’éducateur et d’évangélisateur, en orientant sa
vie, sa prière et son élan missionnaire. Par le choix de la devise Da mihi animas, caetera tolle il
voulut exprimer sa passion pour Dieu et pour les jeunes, disposé qu’il était à tous les sacrifices
pourvu qu’il eût la possibilité de réaliser la mission que, lors du rêve de ses neuf ans, il avait
entrevue.
Pour répondre aux attentes de la jeunesse et des milieux populaires de son époque, il fonda en
1841 l’Oratoire conçu comme une grande famille de jeunes et fonda la Pieuse Société de Saint
François de Sales, volontairement considérée comme une partie vivante de l’Eglise qui reconnaît
dans le Souverain Pontife son centre d’unité.
La rencontre avec Marie-Dominique Mazzarello en 1864 mit en lui la conviction qu’il fallait
étendre aussi les fronts de son action éducative vers les jeunes filles ; pour cela, avec elle, il fonda
en 1872 l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice, toutes données à une œuvre éducative menée
avec son propre esprit, dans la même teneur, quoique interprété au féminin par la Sainte de
Mornese.
Don Bosco eut aussi de multiples contacts avec de nombreux catholiques, hommes et femmes,
qui se dévouaient de diverses manières au bien des jeunes, à la défense et à l’affermissement de la
foi parmi les gens en milieu populaire ; avec eux il fit l’expérience de la force et de l’efficacité
d’une action menée dans l’union et l’unité. Naquit ainsi l’Association des Coopérateurs salésiens
(on dit à présent : ‘Salésiens Coopérateurs’), engagés à accomplir dans leurs familles, dans les
communautés chrétiennes auxquelles ils appartiennent et dans la société, l’apostolat commun auprès
des jeunes, vers les milieux populaires et dans les lieux de mission, en étant animés par l’esprit de
Valdocco lui-même.
Pour la fondation de ces trois premiers groupes Don Bosco réserva du temps, des énergies, un
engagement dans la formation et dans l’organisation. Tout en reconnaissant la diversité des champs
d’action, il fut sans cesse convaincu que la force apostolique de la Famille tout entière dépendait de
l’unité des buts, de l’esprit, de la méthode et du style éducatif. Furent signe et garantie de cette unité
les liens juridiques des FMA et des Coopérateurs avec la Congrégation salésienne et, d’une manière
particulière, avec son Supérieur, le Recteur majeur.
De Don Bosco prit naissance aussi l’Association des Dévots de Marie Auxiliatrice (on dit à
présent : ‘Association de Marie Auxiliatrice’) pour encourager la vénération envers le Très Saint
Sacrement et la dévotion à Marie Secours des Chrétiens. Autour de Don Bosco commencèrent à se
rassembler également les premiers Anciens Elèves.
5

1.6 Page 6

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Art. 2 - Développement de la Famille
L’envergure de Don Bosco est celle “des grands « charismatiques »”2 et celle d’un saint : c’est
pourquoi il se place avec une note d’originalité parmi les Fondateurs d’Instituts de vie consacrée,
religieux et séculiers, et d’Associations apostoliques de laïcs dans l’Eglise. En suscitant la stupeur et
la reconnaissance, en effet, la graine initiale a grandi jusqu’à devenir un arbre vigoureux.
Aux quatre premiers Groupes fondés par lui, de nombreux autres Groupes se sont ajoutés au
cours du vingtième siècle et au début du nouveau millénaire. Le Fondateur fut une source à laquelle
certains de ses fils spirituels ont puisé l’inspiration et l’orientation pour fonder, en différents
continents et en divers contextes socioculturels, de nouveaux Groupes, apparus parfois en
collaboration avec les Filles de Marie-Auxiliatrice et avec le soutien des Salésiens Coopérateurs et
des Amis de l’œuvre salésienne.
L’appartenance à la Famille Salésienne a été officiellement reconnue pour un grand nombre de
ces Groupes, chacun à un titre différent. Tout en ayant des vocations spécifiques, ils reconnaissent
en Don Bosco le « Patriarche » commun, se sentent animés par son esprit, qu’ils appliquent selon
des caractéristiques propres, et se retrouvent dans la mission commune du service des jeunes, des
pauvres, des personnes souffrantes, ainsi que des peuples non encore évangélisés.
D’autres Groupes sont dirigés vers une agrégation possible à cette unique grande Famille, signe
significatif de la vitalité permanente de l’Eglise.
Dans l’actualisation du renouveau encouragé par le Concile Vatican II, a grandi de plus en plus
la conscience d’appartenir à une unique Famille spirituelle et apostolique ; s’est précisé le rôle
d’animation des Salésiens, avec le rappel répété d’une indispensable référence au Recteur majeur ;
se sont intensifiés les échanges entre les Groupes, ce qui a conduit à une communion de plus en plus
fraternelle et à un partage, vécu de plus en plus avec conviction, aussi bien des propositions de la
formation que de l’action missionnaire.
Art. 3 - Configuration institutionnelle
Le mot famille décrit le lien qui existe entre les différents Groupes, bien qu’avec des intensités
diverses. Il ne traduit pas une simple affinité ou une vague sympathie, mais il est l’expression
institutionnelle de la communion intérieure, charismatique et spirituelle ; c’est pourquoi il aide à
préciser les différents niveaux d’appartenance à la Famille Salésienne.
Cette appartenance débouche sur un esprit commun qui fonde la mission dont l’inspiration
provient du charisme de Don Bosco, tout en respectant les caractéristiques propres et originales de
chaque groupe. Cela exige un sage discernement, qui peut conduire à la reconnaissance officielle.
Par suite les titres d’appartenance sont divers. Le premier est celui qui est propre aux Salésiens,
aux Filles de Marie-Auxiliatrice, aux Coopérateurs/trices et aux membres de l’Association de Marie
Auxiliatrice : ce sont les quatre premiers Groupes constitués par Don Bosco et héritiers directs de
son œuvre. Ils doivent servir d’élément de référence et de point de comparaison pour tous les autres
Groupes en ce qui concerne l’esprit, le champ d’action missionnaire, la méthodologie de l’activité
pédagogique et apostolique.
Un deuxième titre d’appartenance est celui des nombreux Groupes de vie consacrée, tant
religieux que séculiers, ainsi que de quelques Associations catholiques, apparues grâce à la force
créative de quelques fils de Don Bosco. Elles enrichissent d’expressions charismatiques et
spirituelles particulières le patrimoine commun de la Famille.
Enfin, un troisième niveau est constitué par des titres particuliers d’appartenance que l’on peut
envisager pour des personnes qui font partie du vaste Mouvement Salésien et trouvent dans la
Famille Salésienne leur noyau animateur. Le composent les Amis de Don Bosco, le Mouvement
Salésien des Jeunes et, d’une manière plus générale, le Volontariat social salésien et une vaste
présence d’éducateurs et d’éducatrices, d’hommes et de femmes catéchistes, d’adultes
2 ACGS, n. 7.
6

1.7 Page 7

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professionnels, de politiques sympathisants, de collaborateurs et de collaboratrices, appartenant
même à différentes religions et cultures, qui opèrent dans les cinq continents.
Le titre juridique d’appartenance est conféré par la lettre de reconnaissance officielle que le
Recteur majeur envoie en réponse à la demande présentée par chacun des Groupes.
Art. 4 - Unité et diversités
La Famille Salésienne de Don Bosco est une communauté charismatique et spirituelle formée de
différents Groupes, fondés et reconnus officiellement, liés par des rapports de parenté spirituelle et
d’affinité apostolique.
Cette communauté reconnaît les diversités. Celles-ci sont dues à de nombreux facteurs : la
différence de genres, masculin et féminin ; les vocations spécifiques distinctes ; les divers
ministères exercés au service du peuple de Dieu ; les formes de vie distinctes en tant qu’il s’agit de
religieux ou de religieuses, de laïcs consacrés ou de laïques consacrées, de chrétiens et de
chrétiennes célibataires ou unis dans le mariage ; le projet de vie salésienne propre à chaque Groupe
et codifié dans les Statuts respectifs ; les variations sur le plan social, le plan culturel, le plan
religieux et le plan ecclésial constatées en passant du contexte dans lequel vit et œuvre un Groupe à
celui qui correspond à un autre Groupe.
L’unité se nourrit de la consécration baptismale commune qui fait entrer tous et chacun dans le
Mystère trinitaire et dans la communion de l’Eglise ; de la participation à la mission salésienne pour
le service des jeunes et des pauvres et pour le développement d’un nouvel humanisme chrétien ; de
la rénovation de la qualité de la vie citoyenne et de l’apport d’une dimension mondiale à la
solidarité ; du partage de l’esprit de Don Bosco ; de l’échange de dons spirituels à l’intérieur de la
Famille ; de la référence commune à Marie Auxiliatrice et à Don Bosco, leur saint Fondateur ou
Patriarche ; de l’attachement par un lien spécial au Recteur majeur, successeur de Don Bosco.
Art. 5 - Le Mystère trinitaire source de la communion
La Famille apostolique de Don Bosco est avant tout et surtout une Famille charismatique, ce qui
veut dire un don de l’Esprit à l’Eglise en vue d’une mission (cf. 1 Co 12,1.4-6) ; ses racines les plus
vraies et les plus profondes se trouvent, en effet, dans le Mystère trinitaire, ou, en d’autres termes,
dans cet amour infini qui unit le Père, le Fils et l’Esprit, source, modèle et fin de toute famille
humaine.
Si telle est son origine, les membres de la Famille Salésienne reconnaissent dans leur vie la
primauté du Dieu-Communion. Et c’est le cœur de la mystique salésienne.3
Cette communion avec le Dieu trinitaire est opportunément codifiée dans les textes
constitutionnels de chaque Groupe.
Faire référence à Dieu Père apporte aux membres et aux Groupes de la Famille Salésienne
l’inspiration et la motivation de s’accueillir cordialement comme des frères et des sœurs, du fait
qu’ils sont aimés par Lui et appelés par Lui à collaborer dans le vaste champ de la mission
salésienne ; et constitue une invitation à surmonter les peurs, les réserves et les méfiances, et à
mettre en valeur tout ce que chacun peut et réussit à donner.
Faire référence à Dieu Fils, à Jésus, Apôtre du Père, envoyé d’une façon spéciale aux petits, aux
pauvres et aux malades, motive chaque Groupe à mettre en relief l’un ou l’autre de ses éléments
essentiels : Jésus enfant ou adolescent ; la vie cachée de Jésus à Nazareth ; Jésus obéissant, pauvre
et chaste ; sa physionomie de bon Samaritain ; Jésus bon Pasteur qui bénit les enfants et réunit
autour de lui des disciples, hommes et femmes ; le Christ qui en croix manifeste son amour
miséricordieux, victimal ou oblatif ; le Seigneur ressuscité, prémices et espérance des ressuscités
(cf. 1 Co 15,20 ; 1 Th 4,14). La Famille Salésienne vise de cette façon à revivre toutes les attitudes
3 Cf. E. VIGANÒ, Discours de clôture, dans Atti del Convegno di studio sulla Animazione della Famiglia Salesiana.
(Rome 1980), p. 56.
7

1.8 Page 8

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et tous les comportements du Seigneur Jésus, en différenciant ses services au bénéfice des
destinataires particuliers de chaque Groupe.
Faire référence à Dieu Esprit Saint renvoie à la fécondité de notre Famille parce que c’est
l’Esprit qui, en suscitant Don Bosco comme Fondateur, lui a donné une postérité spirituelle ; ainsi
sont apparus des Groupes particuliers à la suite de l’action de différents fondateurs, tous cependant
liés à Don Bosco considéré comme leur Patriarche.4
L’Esprit demande donc à tous de mettre en valeur la diversité des charismes et la multiplicité des
forces en présence dans les communautés chrétiennes, d’être capables de percevoir sa présence dans
les consciences des personnes, même en dehors du giron de l’Eglise,5 et d’établir de sages rapports
de dialogue et de collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté.
Art. 6 - Dans la communion de l’Eglise
L’Esprit de Dieu distribue aux fidèles, « en vue du bien commun » (1 Co 12,7), différents
charismes, en les intégrant harmonieusement à la vie de l’Eglise dans la perspective de sa mission
du salut de l’humanité.6
Il est à l’origine d’une merveilleuse diversité de Groupes d’hommes consacrés et de femmes
consacrées qui, tandis qu’ils contribuent efficacement à la mission de l’Eglise, l’enrichissent avec
différents dons, en manifestant de cette façon la sagesse multiforme de Dieu et en rendant visibles
les notes caractéristiques de l’Eglise elle-même, énoncées quand on la dit une, sainte, catholique et
apostolique.7
La Famille Salésienne est un ensemble de chrétiens et de chrétiennes, d’hommes consacrés et de
femmes consacrées qui, avec l’originalité de leur propre charisme et de leur propre esprit, se
mettent au service de la mission de l’Eglise, spécialement dans le vaste monde de la jeunesse, des
milieux populaires, des pauvres et des populations non encore évangélisées (apostolicité).
En vivant au cœur de l’Eglise et en réalisant la mission salésienne, elle met en évidence les
différents dons, intègre les vocations particulières dans le contexte de vie d’une Famille spirituelle
et apostolique unique, exprime la communion entre les différents ministères, tous orientés au
service du peuple de Dieu (catholicité).
Présente dans les Eglises locales, elle favorise la communion entre elles et avec le Successeur de
Pierre, en revivant ainsi l’attachement dévoué au Pape transmis par Don Bosco (unité) ; elle
participe à leur action apostolique, en offrant une contribution originale spécialement dans le
secteur de la pastorale des jeunes et de la pastorale des milieux populaires ; elle encourage l’entente
et la collaboration avec d’autres associations et institutions pour une éducation intégrale de la
personne ; elle prend soin de l’orientation des jeunes sur le plan des vocations, en les éduquant à la
foi et en les dirigeant vers l’engagement apostolique dans l’Eglise et pour le monde. Pour réaliser la
mission éducative les divers Groupes mettent en valeur l’apport des anciens élèves et des anciennes
élèves, même s’ils appartiennent à d’autres religions ou épousent des visions du monde différentes
(catholicité).
La Famille de Don Bosco, en pratiquant une spiritualité typique d’origine charismatique, enrichit
tout le Corps de l’Eglise avec un modèle de vie chrétienne tout à fait particulier8 (sainteté). En
constitue la preuve et le témoignage le groupe nombreux de fils et de filles spirituels de Don Bosco
qui déjà sont déclarés saints ou saintes, ou bien qui sont en route vers la béatification et la
canonisation.
Art. 7 - Pour un nouvel humanisme chrétien
4 Cf. ACGS, n. 171.
5 Cf. GS, n. 22 § 5.
6 Cf. LG, n. 12 § 2 ; AA n. 3 § 4.
7 Cf. PC, n. 1 § 2.
8 Cf. ACGS, n. 159.
8

1.9 Page 9

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La Famille apostolique de Don Bosco est dite salésienne parce qu’elle est rattachée à saint
François de Sales : comme il proposait, dans son œuvre et ses écrits, un humanisme chrétien et une
méthodologie de la charité qui correspondaient bien aux intimes aspirations de Don Bosco, ce
dernier l’a choisi comme inspirateur et patron.
C’est un humanisme qui n’ignore pas la faiblesse de l’homme, mais qui est fondé sur
l’inébranlable confiance en la bonté intrinsèque de la personne, parce qu’elle est aimée par Dieu et
par Lui appelée à la perfection chrétienne, dans toutes les formes de vie.
Cet humanisme est un aspect constitutif de l’expérience charismatique et spirituelle des Groupes
fondés par Don Bosco et il a été pris à leur compte, comme un précieux héritage, par les autres
Groupes aujourd’hui agrégés à l’unique Famille.
Toute la Famille Salésienne s’insère, donc, dans ce grand courant, en offrant à l’Eglise une
contribution originale dans le secteur éducatif et dans le travail apostolique.
Humanisme “salésien”, pour Don Bosco, signifiait : mettre en valeur tout le positif enraciné
dans la vie des personnes, dans les réalités créées, dans les événements de l’histoire. Cela le portait
à percevoir les valeurs authentiques présentes dans le monde, spécialement si elles plaisaient aux
jeunes ; à s’insérer dans le courant culturel et l’évolution du développement humain de son époque,
en favorisant le bien et en refusant de gémir sur toutes les formes de mal ; à rechercher avec sagesse
la coopération d’un grand nombre, dans la conviction que chacun a des dons qu’il faut découvrir,
reconnaître et mettre en valeur ; à croire dans la force de l’éducation qui soutient la croissance du
jeune et l’encourage à devenir un honnête citoyen et un bon chrétien ; à s’en remettre toujours et de
toutes les manières à la providence de Dieu, perçu et aimé comme Père.
Avec la fondation des Groupes constitutifs de sa Famille et avec d’autres initiatives apostoliques,
comme l’expansion missionnaire, Don Bosco entendit offrir une contribution personnelle à la
réalisation d’un projet de « société chrétienne » à rétablir dans le contexte de sécularisation propre
au XIXème siècle, ou à fonder dans des contextes non encore évangélisés.
En fidélité créative à Don Bosco, les Groupes de la Famille Salésienne sont engagés à offrir à la
société d’aujourd’hui leur service, en faisant leurs les orientations novatrices fortement proposées
par le Concile Vatican II et par le magistère pontifical exprimé ensuite au sujet des relations de
l’Eglise avec les autres religions et avec la société contemporaine, centrées sur le dialogue
interreligieux,9 sur la défense de la dignité de la personne humaine et de la famille, sur la promotion
de la justice et de la paix,10 sur le dialogue interculturel spécialement dans les contextes
multiethniques, et sur la protection de l’univers créé.
Art. 8 - L’apport précieux de la femme
L’expérience salésienne vécue par les premiers Groupes et par ceux apparus successivement est
née et s’est enrichie grâce à l’apport significatif et efficace de nombreuses femmes.
Il est reconnu que Don Bosco a reçu une aide importante de la part de Maman Marguerite dans
l’élaboration du Système Préventif et dans la réalisation du climat de famille dont on faisait
l’expérience à Valdocco.
Et nous ne pouvons pas oublier Marie-Dominique Mazzarello : elle a su effectuer une lecture au
féminin de l’expérience de Don Bosco, en lui donnant un visage concret et original aussi bien dans
la vie spirituelle que dans la vie éducative et apostolique, qui constitue un patrimoine propre aux
Filles de Marie-Auxiliatrice.
Les premières Volontaires de Don Bosco, guidées par le Père Philippe Rinaldi, ont inauguré la
sécularité consacrée féminine dans la Famille Salésienne : unies entre elles par les liens spirituels
des vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, elles ont accompli la mission salésienne
commune dans les contextes de la famille et du lieu quotidien de travail.
9 Cf. LG, n. 16 ; NAe, nn. 2-5.
10 Cf. GS, nn. 77-93.
9

1.10 Page 10

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A l’origine de presque tous les nouveaux Groupes de femmes consacrées de la Famille
Salésienne, apparus au XXème siècle, nous trouvons un petit groupe de chrétiennes, en général
d’humble condition et déjà, sous des formes diverses, dévouées à des œuvres apostoliques, qui
nourrissent un idéal de vie consacrée et, guidées par un évêque ou par un prêtre salésien, suscitent et
développent de nouvelles fondations.
Dans les dernières décennies du XXème siècle, une juste prise en considération de la femme dans
les différents continents a porté les Groupes de la Famille Salésienne, et d’une manière particulière
les Congrégations religieuses, les Instituts séculiers féminins et les Associations laïques salésiennes,
à réfléchir sur la mise en valeur du génie féminin dans notre monde, en suivant les orientations,
porteuses d’innovation en bien des aspects, du magistère de Jean-Paul II.11
Art. 9 - Pour de nouvelles formes de solidarité
Le phénomène actuel de la mondialisation a augmenté l’interdépendance entre les personnes et
les peuples dans la sphère économique, dans la sphère culturelle, dans la sphère politique et dans la
sphère religieuse ; les occasions favorables sont incontestables, mais se montre bien réel également
le danger qu’elle se traduise dans des formes de domination qui causent de nouvelles pauvretés et
une marginalisation croissante ; mais il y a une autre façon d’interpréter la mondialisation et c’est la
solidarité inspirée et guidée par les valeurs évangéliques.
Celle-ci « n'est donc pas un sentiment de compassion vague ou d'attendrissement superficiel pour
les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c'est la détermination
ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de tous et de
chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous ».12
Les Groupes de la Famille Salésienne sont engagés à exercer cette solidarité au moyen de divers
types d’intervention éducative et apostolique :
1. L’éducation, qui est la forme la plus élevée de la solidarité si elle est comprise et réalisée
selon les critères suggérés par l’assistance salésienne que, de nos jours, nous pourrions définir
comme « éthique de la proximité, éthique de celui qui se veut proche », ce qui signifie : des
interventions personnalisées, des rapports d’amitié et de confiance, une écoute des attentes les plus
profondes des jeunes et des pauvres, un dépistage de réponses possibles et efficaces, un
accompagnement fidèle.
2. Le volontariat civil, social et missionnaire, de nos jours très répandu chez les jeunes et les
adultes, qui peut être pour certains une authentique vocation, en tant qu’il exige une disponibilité
d’énergies et de temps ; il met au contact avec les problèmes concrets des gens, engage à soutenir
des initiatives d’amélioration et de développement, invite à exercer la coresponsabilité, demande
vivement l’acceptation pour soi-même d’une éducation au don et au service.
3. L’engagement social et politique, concrétisé surtout par les Groupes de membres séculiers,
selon les critères exprimés par le magistère de l’Eglise. Nous lisons dans Gaudium et spes :
« L’Eglise tient en grande considération et estime l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la
chose publique et en assurent les charges pour le service de tous »13 ; et dans Christifideles laici :
« les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à
l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de
promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun ».14
Art. 10 - Dans l’échange des dons
11 Cf. MD, nn. 20-21, nn. 28-31 ; VC, nn. 57-58.
12 Cf. SRS, n. 38.
13 GS, n. 75.
14 Cf. ChL, n. 42.
10

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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Tous héritiers du charisme et de l’esprit salésien, les Groupes établissent entre eux une relation
très profonde, de sorte que chaque Groupe réalise l’identité de la Famille Salésienne, mais pas sans
référence à celle des autres.
En effet, entrer à faire partie d’un Groupe, en vertu d’une vocation spécifique, comporte d’entrer
dans la Famille tout entière ; c’est comme se sentir confiés les uns aux autres dans une relation de
réciprocité.
C’est alors que les différents membres acceptent que la Famille vive la totalité de ses dons et de
ses valeurs : dans les divers groupes, en effet, on voit que sont accentués des aspects spirituels
particuliers qui constituent le patrimoine commun et qui, donc, ne peuvent manquer dans aucun
cœur salésien. La communion de la Famille les met à la disposition de tous.
Tout cela rejaillit au bénéfice de la mission, parce que cela permet de réaliser d’une manière plus
adéquate et efficace la promotion humaine et l’éducation chrétienne de la jeunesse, des gens
pauvres, des malades et des populations non encore évangélisées.
L’histoire, relativement courte, de la Famille Salésienne témoigne que, sans une réelle
communion, se propage le danger d’un appauvrissement progressif jusqu’à l’infidélité au projet de
Don Bosco. Se rendre compte que, sans les autres, les membres d’un Groupe particulier ne peuvent
être eux-mêmes est nécessaire : tous devraient en avoir une grande conscience qu’il leur faut
cultiver ; ce qui inspirerait des langages cohérents et des attitudes concrètes.
Art. 11 - Avec Marie présente dans la maison
Depuis son enfance, Don Bosco a regardé vers Marie comme vers une Maîtresse de vie et une
Mère, parce que c’est ainsi qu’elle lui avait été indiquée par le Personnage du rêve des neuf ans.
Dans sa première expérience éducative, en s’insérant dans le chemin de l’Eglise locale, il confia
son œuvre à Notre-Dame de la Consolata ; les garçons « pauvres et en péril » percevaient en Elle
une protection et une consolation.
Plus tard, en vivant en communion avec l’Eglise universelle la définition du dogme marial, il
leur proposa Marie Immaculée : il la leur présentait comme l’éducatrice des énergies d’amour et
d’efficace soutien pour leur croissance, humaine et chrétienne.
Enfin, en ayant fait l’expérience dans la fondation et le développement de son œuvre que « Marie
a tout fait », et même avec des interventions extraordinaires, il dédia la Congrégation naissante à la
Vierge honorée sous le titre de Secours des Chrétiens.
De plus en recevant de Marie l’inspiration pour fonder l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice,
il voulut que ce dernier fût « le monument vivant de sa gratitude envers l’Auxiliatrice ».15 C’est à
Elle qu’il confia également les Coopérateurs Salésiens, afin de les placer sous Sa protection et de
leur permettre de trouver en Elle l’inspiration pour l’engagement apostolique. Il fonda aussi
l’Association des Dévots de Marie Auxiliatrice, liée au sanctuaire de Turin, comme un signe de
reconnaissance pour la présence maternelle de Notre-Dame dans toute son œuvre.
Cette référence spéciale à Marie a marqué profondément l’identité charismatique et spirituelle
des divers Groupes de la Famille Salésienne apparus au long du XXème siècle. Certains l’ont même
inséré dans l’appellation avec laquelle ils sont officiellement reconnus dans l’Eglise, par exemple :
les Filles des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie,
les Sœurs Catéchistes de Marie Immaculée Auxiliatrice,
les Sœurs Ancelles du Cœur Immaculé de Marie,
les Sœurs Missionnaires de Marie Secours des Chrétiens,
les Filles de la Royauté de Marie Immaculée,
les Sœurs de “Maria Auxiliatrix”.
15 Cron. 1, p. 306 ; cf. Const. FMA : (1975), art. 1 ou (1982), art. 4 ; cf. MB X, p. 600.
11

2.2 Page 12

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En outre, si tous les Groupes de la Famille Salésienne vénèrent Marie Auxiliatrice en tant que
leur Patronne principale, certains mettent en évidence sa présence au moyen de différents titres,
pour souligner des aspects particuliers de leur apostolat.
Marie est considérée non seulement comme Mère de l’Eglise et Auxiliatrice des chrétiens, mais
aussi comme Mère de l’humanité tout entière, de sorte que des collaborateurs et des collaboratrices
de différents Groupes de la Famille Salésienne, membres également d’autres religions, nourrissent
envers Elle une sincère dévotion.
On peut donc affirmer d’une manière bien fondée que la Famille Salésienne est une Famille
mariale.
Art. 12 - Avec une référence à Don Bosco
Initiateur d’une véritable école de spiritualité apostolique, Don Bosco est un point de repère pour
tous ceux qui, en répondant à une impulsion particulière de l’Esprit, sentent qu’ils sont appelés à
partager, de nos jours, sa mission dans les différents états de vie et dans les diverses formes
d’engagement.
Cela signifie que l’appartenance à la Famille Salésienne est construite autour de Lui comme
autour d’un centre unificateur. Effectivement, les fondateurs des Groupes apparus au XXème siècle
sont tous des fils spirituels de Don Bosco, membres de sa Congrégation. Ce fut leur préoccupation
constante d’en réaliser la vaste mission dans de nouveaux contextes et avec de nouvelles forces
apostoliques, dans lesquelles ils ont fait passer l’esprit de leur Père et Maître. Ce qui relie les
différents Groupes et leurs membres en une Famille unique, c’est une sorte de parenté spirituelle en
Don Bosco, due à la présence de l’Esprit, Lui qui dans l’Eglise unit entre eux les porteurs de
charismes particuliers.
C’est une parenté qui trouve son expression dans la charité pastorale propre à Don Bosco. La
passion apostolique fut l'énergie spirituelle qui l’a poussé à « chercher les âmes et ne servir que
Dieu seul » : fruit d’une charité qui a rempli son cœur, son esprit et ses projets dans le but de donner
de l’expansion et de la stabilité à son œuvre. Pour cela il rassembla autour de lui différentes
personnes ; il en coordonna et harmonisa les fonctions, les multiples dons, ainsi que les différents
états de vie et les ministères.
Don Bosco trouvait la source d’une si grande force dans l’intériorité sans cesse ouverte à la
relation avec Dieu. Pour nous aussi l’amour éducatif et apostolique demande une forme concrète et
exigeante d’intériorité.
Art. 13 - Le Recteur majeur dans la Famille Salésienne
L'appartenance à la Famille apostolique de Don Bosco a sa source dans la communion et se
nourrit de communion. Réponse de conformité à l’Esprit, elle fait tendre à l’unité en donnant corps
à des expressions concrètes, même institutionnalisées, de façon à garantir une relation efficace et
une collaboration opérationnelle.
L'appartenance à la Famille Salésienne a donc besoin d’un centre vital pour actualiser la
référence au Rédempteur, à la mission commune et au même esprit.
Selon la pensée de Don Bosco, ce centre est le Recteur majeur. Tous lui reconnaissent un triple
ministère d’unité : Successeur de Don Bosco, Père commun, centre d’unité de la Famille tout
entière. Il lui revient le rôle institutionnel d’admettre à la Famille Salésienne les Groupes qui en font
la demande, selon des critères préétablis.
Pour cette mission qui est la sienne il perçoit le devoir d’offrir les orientations nécessaires pour
assurer la fécondité du charisme salésien dans chaque Groupe de la Famille. Par l’exemple et le
magistère, il construit peu à peu l’unité et assure, dans la variété des vocations spécifiques, la
fidélité à l’esprit et la coordination de certaines initiatives. Il exerce ce ministère avec la paternité
qui fut propre à Don Bosco : paternité traduite par une attitude qui demande de la compréhension et
12

2.3 Page 13

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de la bonté, une attention à la croissance de chacun, un souci de guider dans la fidélité au charisme,
un engagement pour la fécondité de la vocation salésienne dans toutes ses expressions. C’est tout à
fait comme Don Bosco l’a laissé par écrit : « Votre Recteur aura soin de vous et de votre salut
éternel ».
13

2.4 Page 14

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CHAPITRE DEUX
LA MISSION DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 14 - Mission charismatique dans l’Eglise et pour l’Eglise
La mission de l’Eglise découle de la libre initiative du Père, passe à travers le mandat de Jésus
Christ et se trouve perpétuée grâce à l’œuvre de l’Esprit Saint.16 Elle est unique et confiée à tous les
membres du peuple de Dieu, en vertu du Baptême et de la Confirmation. Des charismes particuliers
de l’Esprit en font toutefois effectuer la réalisation avec des modalités diverses en rapport avec des
destinataires différents.17
La mission de Don Bosco et de sa Famille spirituelle s’insère dans cette vocation à l’apostolat
commune aux chrétiens. Mais parce qu’elle répond à un don spirituel, elle est d’origine
charismatique : c’est Lui, l’Esprit du Père et du Seigneur ressuscité, qui, s’il envoya dans le passé
Don Bosco vers les jeunes et vers les milieux populaires, continue de même dans le cours de
l’histoire à envoyer ses fils et ses filles spirituels pour en perpétuer l’apostolat auprès des jeunes,
vers les milieux populaires et dans les lieux de mission.
Cet envoi particulier passe par l’intermédiaire, entre autres, des signes des temps.18 Pour nous,
les besoins et les attentes, les aspirations et les exigences spirituelles de la jeunesse, spécialement la
jeunesse pauvre, des gens simples et des peuples non encore évangélisés, sont des signes au moyen
desquels l’Esprit, dans le changement des événements et dans les différents contextes sociaux et
culturels, appelle et envoie les divers Groupes de la Famille Salésienne pour accomplir leur mission.
Cette mission, du fait qu’elle est accomplie dans l’Eglise et pour l’Eglise, est soumise à
l’approbation de son autorité et de sa législation ; c’est pourquoi la mission charismatique est
insérée dans l’accomplissement harmonique de l’action de l’Eglise aux différents niveaux.
D’autre part, la mission charismatique trouve une actualisation pratique dans le droit particulier
de chaque Groupe de la Famille Salésienne. A l'intérieur de la Société de Saint François de Sales, de
l'Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice et des autres Instituts religieux, l’autorité qui envoie ou
mandate est exercée respectivement par les Supérieurs/res légitimes. Dans certains cas, le sujet qui
envoie est collégial : cela se produit, par exemple lors de l’élection des membres du Conseil général
grâce à l’œuvre d’une assemblée capitulaire.
Dans le cas des Volontaires de Don Bosco et des autres Instituts séculiers, comme aussi pour les
Salésiens Coopérateurs, les Dames Salésiennes et les autres Associations laïques salésiennes, il n’y
a pas d’autorité qui envoie. Chaque personne est cependant tenue de suivre fidèlement les
indications concernant la mission, contenues dans les Statuts, qui déterminent pour elle, selon le
droit particulier, l’exercice concret de l’apostolat salésien séculier.
Art. 15 - Famille apostolique
La Famille Salésienne est une Famille apostolique. Les Groupes qui la composent sont tous des
sujets responsables de la mission commune, toutefois dans une mesure et des formes différentes.19
16 Cf. LG, nn. 2-4 ; AG, nn. 2-4 ; UR, n. 2.
17 Cf. LG, n. 9 § 2, n. 13 §§ 1-2, n. 17, n. 32 ; AA, n. 2 § 1 ; AG, n. 2 § 1, n. 5, n. 6, n. 10, nn. 35-37.
18 Cf. GS, n. 11.
19 Cf. ACGS, n. 163.
14

2.5 Page 15

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En fondant la Société de Saint François de Sales et l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice,
Don Bosco leur a donné une configuration de Congrégations religieuses, non pas contemplatives
mais « apostoliques ». Selon l'intention de leurs Fondateurs, fils spirituels de Don Bosco, toutes les
autres Congrégations religieuses qui aujourd’hui sont membres de la Famille Salésienne, ont une
claire orientation apostolique et font partie des Instituts religieux reconnus comme « apostoliques ».
Quelques Groupes sont apparus dans les lieux que l’on dit « de mission » avec le but spécifique de
prendre part à l’œuvre d’évangélisation ad gentes dans la diversité des contextes et des cultures.
Rentrent dans cette catégorie : les Sœurs de la Charité de Jésus, les Sœurs Ancelles du Cœur
Immaculé de Marie, les Sœurs Missionnaires de Marie Secours des Chrétiens, les Sœurs Catéchistes
de Marie Immaculée Auxiliatrice, les Filles de la Royauté de Marie Immaculée, les Sœurs
Annonciatrices du Seigneur, les Sœurs de “Maria Auxialitrix”.
Les Associations “Salésiens Coopérateurs”, “Dames Salésiennes”, “Témoins du Ressuscité” et
“Canção Nova” sont des Associations ecclésiales de type apostolique, fondées avec l’objectif
spécifique de réaliser, d’une manière vaste et minutieuse et avec une modalité séculière, la mission
de Don Bosco et des Fondateurs respectifs.
Les Instituts séculiers “Volontaires de Don Bosco”, “Filles de la Royauté de Marie Immaculée”,
“Volontaires Avec Don Bosco” et “The Disciples” ont tous des finalités apostoliques : leurs
membres effectuent un apostolat salésien de type séculier dans le contexte de la famille, du monde
du travail, des rapports sociaux, des engagements civils.
En vertu de sa vocation particulière, chaque membre d’un Groupe ou d’un autre est un envoyé,
appelé à accomplir la mission commune selon le rôle qui lui est confié, selon les capacités et les
possibilités qui lui sont propres.
D’après les normes constitutionnelles, chez les Salésiens, les Filles de Marie-Auxiliatrice et les
autres Instituts religieux, la mission est assumée et accomplie avant tout par la communauté – aussi
bien provinciale que locale – qui est donc le sujet principal de la mission.
Art. 16 - « Mission auprès des jeunes, vers les milieux populaires et dans les lieux de mission »
La mission de la Famille Salésienne est orientée vers les jeunes et les adultes, considérés comme
protagonistes et destinataires de l’éducation et situés dans leurs contextes sociaux, culturels,
religieux et ecclésiaux particuliers, avec une spéciale référence aux « lieux de mission ». Pour
indiquer ce fait, on emploie couramment la formule “mission auprès des jeunes, vers les milieux
populaires et dans les lieux de mission”, trois dimensions qui se complètent mutuellement.
1. Mission auprès des jeunes. Selon les intentions précises de Don Bosco, les Groupes de la
Famille fondés par lui ont comme destinataires privilégiés les jeunes pauvres, laissés à l’abandon,
mis en péril ou, en langage moderne, la jeunesse masculine et féminine qui a le plus besoin d’aide
en raison de situations de pauvreté économique, de carence affective, culturelle ou spirituelle. Ce
choix est partagé d’une manière explicite par d’autres Groupes et codifié dans leurs textes
constitutionnels. Dans le monde des jeunes, tous les Groupes prêtent une particulière attention à
ceux qui révèlent des signes de vocation apostolique spécifique, laïque, consacrée et sacerdotale.
Certains Groupes se tournent de préférence vers les adolescents et vers les jeunes de sexe
masculin. D’autres Groupes privilégient la jeunesse féminine considérée dans toutes les étapes de la
période de l’évolution personnelle. D’autres encore se tournent vers la totalité de la jeunesse sans
distinction. Nombreux sont les Groupes qui portent une attention privilégiée aux jeunes, garçons et
filles, victimes de graves formes de marginalisation, d’exploitation et de violence.
2. Mission vers les milieux populaires. Eclairé par une Lumière venue d’en haut, Don Bosco
s’occupa aussi des adultes, avec une préférence pour les plus humbles et les plus pauvres, pour les
milieux populaires, le sous-prolétariat urbain, les immigrés, les marginaux, en un mot, pour tous
ceux qui présentaient un plus grand besoin d’aide matérielle et spirituelle. Fidèles à l’orientation de
Don Bosco, les Groupes de la Famille Salésienne partagent ce choix préférentiel. L’Association de
15

2.6 Page 16

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Marie Auxiliatrice a inséré dans son nouveau Règlement l’apostolat salésien orienté en particulier
vers le milieu populaire.
Une attention spéciale est donnée à la famille, lieu principal d’humanisation destiné à préparer
les jeunes à l’amour et à l’accueil de la vie, première école de la solidarité entre les personnes et les
peuples. Tous sont engagés à lui garantir la dignité et la solidité pour qu’elle devienne, d’une
manière de plus en plus évidente, une petite « église domestique ».20
Quelques Groupes, en vertu d’un charisme spécial, étendent leur apostolat salésien à des
catégories particulières de personnes : les Filles des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie aux
lépreux ; les Sœurs de la Charité de Jésus aux personnes âgées ; l’Association Damas Salesianas
aux malades.
3. Apostolat missionnaire ad gentes [“lieux de mission”]. Don Bosco développa en lui l’idéal
missionnaire et prit part d’une manière concrète à l’œuvre missionnaire de l’Eglise de son temps. Il
voulut que la Société Salésienne et l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice fussent intensément
dévouées aux «missions» ; et c’est ainsi que se comportèrent les deux Congrégations religieuses dès
leurs origines, avec une extraordinaire expansion qui les a rendues présentes dans tous les
continents. La coopération missionnaire a été également, dès son début, une dimension essentielle
de l’Association des Salésiens Coopérateurs. Elles aussi, les Sœurs Missionnaires de Marie Secours
des Chrétiens et les Sœurs Catéchistes de Marie Immaculée Auxiliatrice sont, d’une manière
prioritaire, intensément dévouées au travail missionnaire. Cette forme d’apostolat salésien rentre
clairement dans la mission des Volontaires de Don Bosco, des Filles des Sacrés-Cœurs de Jésus et
de Marie, des Salésiennes Oblates du Sacré-Cœur de Jésus, des Sœurs de la Charité de Jésus, des
Témoins du Ressuscité, des Dames Salésiennes et des Disciples.
Art. 17 - En service pour l’Evangile
Le Fils de Dieu s’est incarné pour révéler le visage d’un Père “qui aime la vie” et se mettre au
service du « bien-être » physique et spirituel des hommes, spécialement ceux qui ont le plus besoin
d’aide et d’espérance : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et
donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45).
En suivant l’exemple et l’enseignement de Jésus de Nazareth, l’Eglise et, en elle, la Famille
Salésienne se mettent au service (diaconie) de l’humanité pour annoncer l’Evangile et appeler tous
et chacun à la plénitude de la vie.
C’est un service qui, selon les indications du Magistère postconciliaire21 comprend : le
renouvellement de l’humanité au moyen d’œuvres sociales et au moyen de différentes formes
d’intervention éducative ; le témoignage chrétien personnel et communautaire ; l’annonce explicite
de l’Evangile au moyen de l’enseignement religieux et de la catéchèse ; le travail missionnaire
effectué dans le dialogue interreligieux (spécialement le partage de vie et de prière), la collaboration
avec des membres d’autres religions pour lutter contre des situations injustes, et l’accompagnement
de ceux qui se préparent à entrer dans l’Eglise ; l’animation de la prière (en particulier la prière
liturgique) de la communauté chrétienne ; les multiples initiatives de solidarité humaine et
chrétienne ; les nombreuses formes de coopération missionnaire ; la présence évangélisatrice dans
des zones marquées d’indifférentisme religieux ou d’athéisme.
Former « de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens » est plusieurs fois exprimé par Don Bosco
dans ses intentions pour indiquer tout ce dont les jeunes ont besoin pour vivre en plénitude leur
existence humaine et chrétienne : le vêtement, la nourriture, le logement, le travail, l’étude et le
temps libre ; la joie, l’amitié ; une foi active, la grâce de Dieu, un chemin de sanctification ; de la
participation, du dynamisme, une insertion sociale et ecclésiale. L’expérience éducative lui suggéra
un projet ainsi qu’un style d’intervention particulier, que lui-même exprima sous forme condensée
20 Expression de Saint Augustin reprise en LG, n. 11 § 2 [texte latin — le texte français la traduit par : “Eglise qu’est le foyer”].
21 Cf. l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI et l’Encyclique Redemptoris Missio de Jean-Paul II.
16

2.7 Page 17

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sous le nom de Système préventif : cette méthode « s’appuie tout entière sur la raison, la religion et
l’affection ».22
Les différents Groupes de la Famille Salésienne, en reprenant les intuitions et les expériences de
Don Bosco et en les relisant, au sujet de l’évangélisation, à la lumière de l’ecclésiologie rénovée par
le Concile et du Magistère pontifical, expriment leur action d’éducateurs et d’évangélisateurs en des
formules différentes : « service éducatif et pastoral », accompli selon le Système préventif ;
« éduquer en évangélisant, évangéliser en éduquant » ; « éducation intégrale dans le style du
Système préventif » ; éduquer et évangéliser selon la « pédagogie de la bonté » ; et autres
formulations analogues.
Fondamentalement, il y a trois secteurs dans lesquels la Famille Salésienne accomplit son service
multiforme pour l’Evangile : la promotion humaine, l’éducation, l’évangélisation.
Pour tous les Groupes l’évangélisation, entendue comme une annonce et un témoignage de
l’Evangile est l’objectif prioritaire de la mission propre.
Art. 18 - Dans les nouveaux contextes religieux et culturels
Sur le chemin du renouveau et de la communion entre toutes les forces qui la composent, la
Famille Salésienne a mûri certains choix fondamentaux au sujet de l’engagement missionnaire dans
les nouveaux contextes culturels marqués, entre autres, par un changement de mentalités et de
mœurs de plus en plus rapide et par la mobilité humaine croissante avec la présence, sur le même
territoire, de personnes qui appartiennent à des religions et des cultures différentes.
1. Promouvoir l’humanisme salésien. Il porte à mettre au centre la personne, dont la dignité
doit être protégée et promue dans toutes ses expressions. Sur le plan de l’éducation, cela signifie
réveiller et mobiliser toutes les possibilités des jeunes : les capacités de la raison ; le patrimoine
affectif aux multiples facettes ; les énergies de la volonté orientées par la liberté et fortifiées par la
grâce.
Il pousse, en outre, à apprécier toutes les valeurs qui s’avèrent authentiquement humaines. Parmi
ces dernières, celles : du travail et de la culture ; des relations amicales et de l’engagement civil ; du
goût artistique, de la compétence professionnelle et des conquêtes scientifiques ; de l’honnêteté
morale aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public ; des petites réalités quotidiennes
qui donnent de la saveur à la vie. Ces valeurs doivent être défendues et promues de la part de tous.
De plus, avec l’humanisme salésien, on se prodigue pour donner du sens à la vie de chaque jour
et construire des raisons d’espérance et des perspectives d’avenir pour la personne et la société.
Enfin, avec lui, on se propose d’aider chacun à trouver la place qui lui convient dans la société et
dans l’Eglise, en reconnaissant qu’être aidé à déterminer sa vocation est un droit pour tout jeune.
2. S’insérer dans les situations concrètes. Pour tous les Groupes de la Famille Salésienne qui
œuvrent dans les différents continents, s’engager en faveur de la personne est un défi qui n’est pas
facile, à cause de la diversité et de la complexité des contextes locaux considérés sous l’angle
social, culturel et religieux. Pour déterminer des interventions possibles et efficaces en réponse aux
exigences qui apparaissent, est demandée la capacité de lire les situations de l’endroit avec
intelligence et compétence, toujours en s’inspirant des orientations du Pape et de l’épiscopat local.
3. Veiller à la significativité. Cette insertion devient significative soit en raison du
témoignage de partage qu’on offre, soit en raison des propositions opérationnelles qui peuvent
naître de l’écoute directe et prolongée des gens, soit en raison des dynamiques d’éducation
réciproque qui se développent lorsqu’un destin commun est sérieusement construit.
Ensemble, alors, sont affrontées les difficultés et déterminées les perspectives à propos : des
problèmes qui peuvent surgir avec des personnes et des institutions ; de la défense et de la
promotion des valeurs éthiques dans le respect, en même temps, des positions différentes et des
22 MB XIII, p. 919 - [traduction en français] : J. BOSCO, Le système préventif dans l’éducation de la jeunesse, dans
Constitutions de la Société de saint François de Sales. Edition 2005, pp. 236-242 - [citation p. 237].
17

2.8 Page 18

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convictions personnelles de conscience ; des solutions nouvelles, qui doivent être recherchées en
partant d’expériences passées et en regardant vers l’avenir ; de la défense des droits de ceux qui
sont plus faibles et plus exposés ; de la présence efficace là où sont traitées les questions politiques,
surtout là où sont élaborées les politiques relatives à l’éducation ; de la promotion d’une opinion
publique nourrie de valeurs humaines, évangéliques et salésiennes.
Il est évident que le critère de significativité de la présence salésienne a des applications
distinctes selon la diversité des contextes géographiques et culturels : ce qui est possible et opportun
en un lieu peut ne pas l’être dans un autre ; ce que quelques-uns peuvent faire dans certaines
situations peut s’avérer impossible pour d’autres. La fidélité à l’unique mission n’impose pas le
même parcours à des personnes qui vivent des situations différentes.
4. Assumer le défi de la communication sociale. Don Bosco eut l’intuition de l’efficacité de la
communication sociale et laissa en héritage à sa Famille spirituelle la tâche de la mettre en valeur
comme instrument de croissance personnelle et de croissance communautaire, et, en même temps,
comme moyen pour défendre et promouvoir la foi au sein des milieux populaires.
De nos jours, les instruments techniques et informatiques rendent public ce qui autrefois était
considéré comme privé, agissent d’une manière instantanée et envahissante en entraînant des
masses énormes de population et en fascinant surtout les jeunes, provoquent des changements dans
les styles de pensée et de relation, diffusent des propositions de vie qui ne sont pas toujours dans la
ligne d’un humanisme inspiré par des valeurs chrétiennes.
D’autre part, ces instruments offrent des occasions inédites d’éducation et d’évangélisation. En
effet, les possibilités de liaison en réseau et de communication à distance permettent de réaliser
diverses formes d’intervention et de mettre en route des synergies qui dans le passé n’étaient pas
pensables. La Famille apostolique de Don Bosco entend mettre à profit les possibilités encore
inexplorées dans la mission salésienne et saisir les occasions que la société offre, en conjuguant des
capacités acquises et la créativité qui vise à innover.
Art. 19 - Communion et collaboration dans la mission
Le lien qui unit les membres de notre Famille est celui d’une « communion missionnaire ».23 Les
différents Groupes sont donc appelés à vivre le don de communion qui vient de Dieu, en
accomplissant le service évangélique, commun et cependant diversifié, selon les destinataires
spécifiques, les objectifs particuliers et les différents styles.
Don Bosco fit preuve, dans toute son action d’éducateur, de pasteur et de fondateur, d’une
grande capacité de deviner les possibilités et les qualités de chacun, de rendre coresponsables même
les plus jeunes de ses collaborateurs, d’harmoniser dans le travail apostolique des compétences très
diverses, de déterminer pour chaque personne un travail en accord avec le caractère, l’intelligence,
la formation de cette dernière. Il fut sans cesse conscient de la nécessité, dans le service éducatif et
pastoral, d’une charité qui porte à la coopération : il était convaincu que l’Esprit Saint suscite les
charismes au profit de toute l’Eglise.
La communion entre les Groupes dans la et pour la mission est en train de se révéler de plus en
plus indispensable en ce qui concerne l’engagement éducatif et missionnaire ; en effet, on perçoit
comme urgente la nécessité de coordonner les interventions, de proposer différents modèles de vie
chrétienne et de garantir la mise en place de ministères complémentaires.
Ainsi, œuvrer ensemble intensifie l’efficacité du témoignage, rend plus convaincante l’annonce
de l’Evangile, favorise une charité apostolique plus vive, permet d’approfondir les traits
caractéristiques de chaque Groupe tandis que cela manifeste et intensifie l'identité de la Famille
dans la communion et dans la mission.
Pour ce faire, tout en respectant l’autonomie de chaque Groupe, il faut garder et, si besoin est,
inventer des formes possibles de collaboration.
23 ChL, n. 32.
18

2.9 Page 19

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Art. 20 - Autonomie et originalité de chaque Groupe
La communion dans la et pour la mission ne compromet pas l’autonomie et l’originalité de
chaque Groupe de la Famille ; bien au contraire elle les éclaire et les renforce.
En effet, les différents Groupes bénéficient d’une autonomie propre sur le plan non seulement de
la vie spirituelle, de la formation, de la gestion économique et du gouvernement, mais aussi de
l’apostolat, en accomplissant la mission dans des structures propres et selon des modalités
particulières.
Il ne s’agit pas, en effet, d’imposer une uniformité d’intervention opérationnelle entre tous : cela
provoquerait le nivellement des différences, en entraînant des confusions et des incertitudes dans le
travail apostolique. Il s’agit plutôt d’harmoniser la propre intervention dans l’ensemble d’un projet
partagé par tous.
L’originalité de chaque Groupe dans la communion doit donc être reconnue et promue. Pouvoir
bénéficier du service spécifique de chaque Groupe est un droit pour les jeunes ; et c’est une richesse
pour la Famille et pour l’Eglise tout entière, puisque de cette manière sont multipliées les forces qui
œuvrent pour le bien de la jeunesse. Cette communion dans l’autonomie invite à être coresponsable
dans la mission, mais n’implique pas nécessairement de l’être dans chacune des initiatives ou dans
chaque territoire particulier.
Art. 21 - Coresponsables dans l’apostolat
Etre coresponsable demande, comme condition préalable, que chaque Groupe assure une
capacité autonome quant à son développement, à la formation des membres, aux initiatives
apostoliques, et qu’il réalise, avec le plus grand effort possible, la vocation et la mission spécifiques
en garantissant, à l’intérieur de lui, la vitalité qui est le fruit de la fidélité et de la créativité.
Sont d’autre part souhaitables :
1. les collaborations entre les Groupes, de l’un à l’autre, pour accomplir la mission salésienne
dans ses différents secteurs et domaines et dans les divers types d’œuvres ;
2. la collaboration des Groupes qui vivent et œuvrent dans le même territoire, menée en
liaison avec les structures pastorales de l’Eglise locale et les institutions civiles, de manière à offrir
la contribution salésienne, diversifiée dans ses richesses et ses contenus, à la construction commune
de la civilisation de l’amour.
Il est évident que la réalisation d’un projet commun impose un chemin de convergence qui peut
comporter, parfois, le renoncement à des points de vue particuliers ou à des perspectives liées au
seul Groupe d’appartenance.
Etre coresponsable demande, en tout cas, l’engagement commun à tenter d’atteindre quelques
objectifs partagés. Tous les Groupes sont appelés à faire connaître, avec les valeurs de l’Evangile,
les traits caractéristiques de l’identité charismatique et spirituelle de la Famille apostolique de Don
Bosco. Ces traits qualifient la Famille entière et ne peuvent donc pas constituer l’objet d’une
préoccupation qui concernerait seulement quelques Groupes. Tous, et aussi chacun des membres,
sont directement responsables dans l’animation et la promotion de l’héritage spirituel reçu.
Les objectifs que doit reconnaître et tenter d’atteindre chacun des Groupes sont :
1. Partager la préoccupation éducative dans le contexte historique actuel, en cherchant les
voies les plus opportunes pour éduquer les jeunes, garçons et filles, aux valeurs fondamentales de la
vie et à la rencontre avec l’Evangile.
2. Informer sur le Système préventif : il représente le condensé de la sagesse pédagogique de
Don Bosco et constitue le message prophétique qu’il a laissé à ses héritiers et à toute l’Eglise. C’est
une expérience spirituelle et éducative qui se fonde sur la raison, la religion et l’affection.
19

2.10 Page 20

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La raison souligne les valeurs de l’humanisme chrétien, telles que la recherche de sens, le
travail, l’étude, l’amitié, la joie, la piété, la liberté non séparée de la responsabilité, l’harmonie entre
la sagesse humaine et la sagesse chrétienne.
La religion signifie accorder une place à la Grâce qui sauve, cultiver le désir de Dieu, favoriser la
rencontre avec le Christ Seigneur en tant qu’il offre un sens plein à la vie et une réponse à la soif de
bonheur, s’insérer progressivement dans la vie et dans la mission de l’Eglise.
L’affection [“amorevolezza” … “amour de tendresse”] exprime la nécessité que, pour mettre en route
une relation éducative efficace, le jeune non seulement soit aimé, mais qu’il sache qu’il est aimé ;
elle conduit à un style particulier de rapports et à ce que le jeune veuille bien que soient réveillées
les énergies de son cœur, énergies qu’elle fait mûrir jusqu’à l’oblativité.
La raison, la religion et l’affection sont de nos jours, plus qu’hier, des éléments indispensables
pour l’action éducative et des ferments précieux pour faire éclore une société plus humaine, en
réponse aux attentes des nouvelles générations.
3. Faire connaître par le témoignage et la parole l’esprit salésien : l’humanisme salésien fait
fond, dans un pari, sur chaque personne et engage les éducateurs et les éducatrices à œuvrer
inlassablement pour sa croissance, même dans des conditions parfois difficiles ; il est le prélude
d’une nouvelle civilisation de l’amour.
4. Promouvoir le Mouvement salésien : Don Bosco mobilisait beaucoup de gens dans son
projet éducatif et missionnaire ; il demandait, à tous les niveaux, de porter une attention pour ses
jeunes et pour les personnes frappées par divers besoins. Le vaste Mouvement salésien et la liaison
entre les nombreuses forces qui œuvrent en lui sont une offre utile à tous.
20

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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CHAPITRE TROIS
LA SPIRITUALITÉ DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 22 - Horizons de la spiritualité apostolique de la Famille Salésienne
La spiritualité apostolique est le centre qui inspire et anime la vie de communion dans la et pour
la mission de la Famille Salésienne. C’est, en effet, une communion dont l’origine n’est pas
l’élaboration d’un projet humain, ni le fruit d’une organisation fût-elle parfaite ou de techniques
même raffinées d’association, mais elle découle de la charité pastorale qui, suscitée par l’Esprit
dans le cœur de Don Bosco, l’anima jusqu’à la sainteté.
Spiritualité signifie que notre vie est guidée par l’Esprit, Lui qui gratifie de ses charismes les
différents Groupes qui appartiennent à l’unique Famille. Apostolique signifie un dynamisme
intérieur qui pousse au don de soi et au service, en procurant une efficacité salvatrice à l’action
d’éducation et d’évangélisation et en unifiant toute l’existence autour de ce centre qui inspire.
Dans un élan de foi, d’espérance et de charité, les membres de la Famille Salésienne prennent
part à l’action de Dieu qui œuvre sans cesse pour communiquer à chaque personne son amour
miséricordieux et se sentent profondément insérés dans la communion et dans l’apostolat de
l’Eglise.
Art. 23 - Collaborer avec Dieu Père
Faire de Dieu le centre unificateur de sa propre vie, la source de la communion fraternelle et
l’inspirateur de sa propre action, suppose avoir une certaine image de Dieu. Non le Dieu lointain,
qui reste totalement plongé dans son silence solitaire et imperturbable et se désintéresse de la terre,
mais le Dieu-Amour (cf. 1 Jn 4,16) qui se donne tout entier à l’humanité, un « Père qui œuvre sans
cesse » (cf. Jn 5,17) en partageant la vie de ses fils, tandis qu’il s’applique tout entier à aller
efficacement et avec un amour infini au-devant des attentes profondes des personnes ; un Dieu
engagé dans notre histoire au point de s’exposer à la liberté de l’homme en acceptant le risque du
refus, toujours en se donnant comme un amour qui pardonne (agapè).24
Silencieusement mais efficacement à l’Œuvre dans l’histoire, ce Dieu associe à Lui-même des
collaborateurs actifs et des collaboratrices laborieuses qui, dans les situations concrètes de vie,
mobilisent avec ardeur leurs énergies pour annoncer Son amour et pour accomplir des œuvres de
bien, en puisant en Lui la force pour aimer, donner et servir.
Pour la Famille Salésienne et ses membres, « vivre en présence de Dieu » signifie cultiver une
intense et continuelle relation d’amour avec Lui (“union à Dieu”) ; et donc se sentir totalement
rempli d’un amour semblable au Sien, celui que l’on donne d’une manière bénévole et désintéressée
et que l’on prodigue pour les destinataires privilégiés de sa mission personnelle ; signifie également
savoir percevoir et accueillir les signes de Sa mystérieuse présence dans les attentes et dans les
demandes des hommes et des femmes de notre temps.
C’est à ce Dieu, Père miséricordieux, que Don Bosco a adressé d’un cœur tout affligé son
invocation : « Da mihi animas, caetera tolle ». A tous ses disciples, hommes et femmes, Don Bosco
répète : « La plus divine des choses divines, c’est de coopérer avec Dieu à sauver les âmes, et c’est
une route sûre de haute sainteté ».
24 Cf. DCE, n. 10.
21

3.2 Page 22

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Art. 24 - Vivre les sentiments du Christ
Don Bosco a mis au centre de sa vie spirituelle et de son action apostolique une dévotion vécue
avec conviction à l’égard de Jésus présent dans l’Eucharistie, le Maître de maison – comme il avait
l’habitude de dire –, et du divin Sauveur, dont il a voulu imiter les gestes porteurs de salut.
Greffés sur le Christ en vertu du Baptême, nous nous laissons devenir semblables à Lui, dociles à
l’action de l’Esprit, au point de pouvoir dire avec saint Paul : « Pour moi, la Vie c’est le Christ »
(Ph 1,21), « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) ; mais en accueillant
aussi l’autre exhortation de l’Apôtre : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le
Christ Jésus » (Ph 2,5).
Ces sentiments sont :
la conscience éveillée d’être l’Envoyé de Dieu, guidé en tout par l’Esprit ;
l’obéissance inconditionnelle à la volonté du Père pour accomplir la mission qui Lui est confiée,
en affrontant avec courage les difficultés et les contradictions (cf. Jn 5, 17s.) ;
l’engagement constant et généreux pour délivrer les personnes de toute sorte de mort et
communiquer à tous la vie et la joie ;
le souci passionné des petits et des pauvres porté avec la sollicitude du Bon Pasteur ; l’amour qui
pardonne toujours jusqu’à Le faire devenir victime sur la croix ;
la promesse d’être le compagnon de route de ses disciples comme Il le fut avec les deux
d’Emmaüs.
C’est l’image du Bon Pasteur, en particulier, qui inspire et guide notre action, en indiquant deux
perspectives précieuses pour la spiritualité apostolique salésienne.
La première : l’apôtre, homme ou femme, du Seigneur Jésus met au centre de son attention la
personne en tant que telle et l’aime comme elle est, sans préjugés ni exclusions, exactement comme
fait le Bon Pasteur, même avec la brebis perdue.
La seconde : l’apôtre, homme ou femme, met en avant non lui-même mais toujours et seulement
le Seigneur Jésus, l’Etre unique qui peut délivrer de toute forme d’esclavage, l’Etre unique qui peut
conduire aux pâturages de la vie éternelle (cf. Jn 10,1-15), l’Etre unique qui n’abandonne jamais la
brebis perdue, au contraire l’aide en solidarité avec elle à dépasser ce moment de faiblesse et, plein
de confiance et d’espérance, la cherche, la remet dans une situation sûre et la conduit de nouveau
pour qu’elle ait la vie en plénitude.
La joie la plus profonde pour un fils et une fille de Don Bosco est de s’ancrer dans le Christ et de
se conformer à Lui. D’où l'amour pour la Parole et le désir de vivre le mystère du Christ rendu
présent par la liturgie de l’Eglise ; la célébration assidue des sacrements de l'Eucharistie et de la
Réconciliation, qui éduquent à la liberté chrétienne, à la conversion du cœur et à l’esprit de partage
et de service ; la participation au mystère de la Pâque du Seigneur, c’est-à-dire de son Passage dans
la vie d’un être humain, qui ouvre à la compréhension nouvelle de la vie et de son sens pour la
personne et la communauté, dans une dimension intérieure et une dimension sociale.
Art. 25 - Etre docile à l’Esprit
La vie chrétienne est, de par sa nature, une vie dans l’Esprit. Engagée sur le chemin de
renouveau promu par le Concile Vatican II, la Famille Salésienne a cherché à approfondir les
rapports du Seigneur Ressuscité avec l’Esprit, en définissant sa propre identité autour du charisme
de Don Bosco, vrai don de l’Esprit et source de la spiritualité qui anime sa Famille apostolique.
Les éléments essentiels de la personne de l’Esprit Saint tirés de la Parole révélée s’avèrent
particulièrement éclairants pour la vie spirituelle et apostolique des membres des différents Groupes
de la Famille Salésienne : l’Esprit est Créateur et donne la vie ; il est l’Envoyé du Père et du
22

3.3 Page 23

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Ressuscité pour en prolonger, dans l’histoire, l’œuvre de salut ; il est Celui qui introduit les croyants
dans le Christ/Vérité pour qu’ils vivent en Lui et de Lui ; il est la Voix qui parle aux consciences
des personnes pour les ouvrir à la lumière de la vérité et les disposer au don d’amour ;25 il est une
Présence particulièrement vivante et efficace dans les communautés chrétiennes, en les unifiant
dans la communion et dans le service, en infusant dans les fidèles l’esprit de la mission ; il est Celui
qui précède, assiste et accompagne tous ceux qui sont engagés dans l’œuvre d’évangélisation.26
Les attitudes que les membres de la Famille Salésienne sont appelés à assumer vis-à-vis de lui
sont : une sérénité et une confiance, dans la certitude que nous sommes sans cesse soutenus par la
force de l’Esprit ; une docilité à ses inspirations secrètes ; un discernement judicieux de sa présence
dans les événements humains, aussi bien personnels que communautaires ; une sage et courageuse
collaboration à son action pour l’avènement du Règne de Dieu dans la vie des personnes, dans
l’Eglise et dans la société ; une reconnaissance pour le charisme de Don Bosco et une générosité
pour réaliser son projet éducatif et apostolique.
Art. 26 - Communion et mission dans l’Eglise
Don Bosco eut un grand amour pour l’Eglise et il le manifesta dans le sentiment d’appartenance
à la communauté ecclésiale. Dans le même temps, conscient d’avoir reçu un charisme particulier
pour l’éducation de la jeunesse, il le développa pour l’édification de l’Eglise dans les différents
contextes culturels.
La Famille de Don Bosco a, parmi les trésors de sa maison, une riche tradition de fidélité filiale
au Successeur de Pierre et, aussi, de communion et de collaboration avec les Eglises locales : « Les
fatigues, quelles qu’elles soient, sont bien peu de chose, quand il s’agit de l’Eglise et de la
Papauté ».27 « Quand le Pape nous manifeste un désir, que ce soit pour nous un commandement ».28
Ce dévouement inconditionnel au Pape, exprime, en Don Bosco, sa passion pour l’Eglise. Et,
pour nous, c’est un héritage que nous accueillons et nous vivons.
Qui dit Eglise, en effet, dit présence visible du Christ ressuscité dans l’histoire de l’humanité ; dit
communion des frères dans l’unité de la foi et dans la variété des charismes et des ministères ; dit
charité qui pousse à faire connaître l’amour de Dieu en annonçant l’Evangile ; dit service rendu à
l’humanité pour la construction d’un monde qui corresponde au projet de Dieu ; dit famille qui
trouve son centre d’unité dans le Christ Seigneur et le serviteur de l’unité dans le Successeur de
Pierre.
La spiritualité héritée de Don Bosco est éminemment ecclésiale : elle manifeste et alimente la
communion de l’Eglise en construisant, au sein des communautés chrétiennes, un réseau de rapports
fraternels et de collaborations efficaces ; elle est une spiritualité éducative qui vise à aider les jeunes
et les pauvres à se sentir à leur aise dans l’Eglise, à être des constructeurs de l’Eglise et à prendre
part à sa mission ; elle est une spiritualité qui enrichit toute l’Eglise par le don de la sainteté de
beaucoup de ses fils et de ses filles.
Art. 27 - Spiritualité du quotidien
Si Don Bosco s’inspira de Saint François de Sales, c’est qu’il reconnaissait en lui le maître d’une
spiritualité qui veut être simple parce qu’elle va à l’essentiel, populaire parce qu’elle est ouverte à
tous, sympathique parce qu’elle est chargée de valeurs humaines et donc particulièrement
disponible pour l’action éducative. Dans son œuvre fondamentale (Traité de l’amour de Dieu ou
Théotime) le saint évêque de Genève parle d’“extase”. Ce mot n’indique pas tant des phénomènes
spirituels extraordinaires que, selon l’étymologie du terme, l’idée de sortir de soi et de se pencher
25 Cf. AA, n. 29 § 3 ; GS, n. 22 § 5.
26 Cf. AG, n. 4.
27 MB V, p. 577 ; Const. SDB, art. 13.
28 Cf. MB V, p. 573.
23

3.4 Page 24

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vers l’autre ; c’est l’expérience de celui qui se laisse attirer, convaincre et conquérir par Dieu, en
pénétrant de plus en plus dans Son mystère.
Pour Saint François de Sales [TAD, Livre VII, Ch. IV], les extases sacrées « sont de trois sortes » :
– l’extase « de l’entendement » [de l’intelligence], due à la stupeur pour ce que Dieu est, mais
aussi à l’émerveillement pour les grandes œuvres qu’il a accomplies dans la création et
qu’il accomplit encore dans la vie des personnes et dans l’histoire des hommes ; vécue
dans un regard qui mûrit si l’on s’applique à la méditation de la Parole ; c’est la Parole, en
effet, qui ouvre les yeux et fait voir les choses avec le même regard que celui de Dieu ;
– l’extase « de l’affection », source de ferveur dans l’expérience personnelle de l’amour de
Dieu pour nous, de sorte que grandit le désir d’y correspondre et, nourris par cet amour,
nous sommes disposés à donner nos talents et notre vie pour sa gloire et pour la cause de
son Royaume ; elle suppose une constance dans la vigilance, dans la purification du cœur,
dans la pratique de la prière ;
– l’extase « de l’action » et de la vie, selon Saint François de Sales, celle qui couronne les
deux autres, parce que la première pourrait aboutir finalement à n’être qu’une pure
spéculation et la deuxième à n’être qu’un simple sentiment. L’extase de l’action, au
contraire, révèle une générosité et une gratuité qui ne peuvent venir que de Dieu ; et elle se
transforme en dévouement concret et dynamique pour le bien des personnes sous des
formes variées de charité.
La Famille Salésienne, dans sa relecture de Don Bosco Fondateur, a traduit les exigences de la
spiritualité et de la mystique de Saint François de Sales par une formule simple et exigeante :
spiritualité du quotidien.
Art. 28 - La « contemplation opérante » de Don Bosco
La mystique de Don Bosco trouve une expression dans sa devise Da mihi animas, caetera tolle,
et s’identifie avec l’« extase de l’action » de Saint François de Sales. C’est la mystique d’une
activité quotidienne menée en plein accord de pensée, de sentiment et de volonté avec Dieu : c’est
pourquoi les besoins des frères, en particulier des jeunes, et les préoccupations apostoliques invitent
à la prière, tandis que la prière constante alimente l’activité, marquée de générosité et de sacrifice,
qui est menée avec Dieu pour le bien des frères.
C’est la mystique de la « contemplation opérante » ainsi décrite par le bienheureux Père Philippe
Rinaldi, profond connaisseur du monde intérieur de Don Bosco : « Don Bosco a uni, avec la plus
haute perfection, son activité extérieure, inlassable, absorbante, très vaste, pleine de responsabilités,
à une vie intérieure qui, au commencement, reposa sur le sentiment de la présence de Dieu et qui,
un peu à la fois, devint effective, persistante et vive de manière à consister en une union parfaite
avec Dieu. De cette façon, il a réalisé en lui l’état le plus parfait, qui est la contemplation opérante,
l’extase de l’action, dans laquelle il s’est usé jusqu’à son dernier souffle, avec une sérénité
extatique, pour le salut des âmes ».29
La Famille Salésienne assume cette mystique, si intensément vécue par Don Bosco, qu’il a
laissée en précieux héritage aux hommes et aux femmes devenus ses disciples spirituels.
Art. 29 - Charité apostolique dynamique
La charité apostolique dynamique représente la substantifique moelle de l’esprit de Don Bosco,
l’essentiel de la vie salésienne, ainsi que la force de l’engagement apostolique des membres de la
Famille Salésienne.
29 RINALDI F., Conferenze e scritti (LDC, Leumann - Turin 1990) p. 144.
24

3.5 Page 25

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Charité [au sens théologique] désigne le nom même de Dieu (cf. 1 Jn 4,16). Elle n’indique pas
seulement les énergies du cœur humain, mais elle exprime que l’on s’associe à la miséricorde
prévenante du Père, au cœur compatissant du Christ et à l’amour indicible de l’Esprit Saint. Voici le
signe distinctif des disciples du Seigneur : “S’aimer les uns les autres d’un cœur animé par l’Amour
qu’est Dieu Lui-même”.
Apostolique désigne une participation à l’amour infini du Père qui envoie Jésus pour que les
hommes aient la vie en abondance ; elle signifie le partage de l’empressement du Bon Pasteur pour
le salut de tous ; elle traduit l’ouverture au flot d’amour avec lequel l’Esprit est à l’œuvre dans les
consciences et dans l’histoire des personnes.
Dynamique désigne la vivacité de mouvement, la capacité d’innover, de ne pas se contenter du
déjà fait, de ne pas s’abandonner à l’habitude, d’éviter toute solution médiocre ou commode, qui
serait le contraire d’une recherche, effectuée avec passion et créativité, de ce qui est plus nécessaire
et efficace pour répondre concrètement aux attentes de l’univers des jeunes et du milieu populaire.
Pour les disciples de Don Bosco, tout cela s’appelle avoir un cœur “oratorien” animé par la
ferveur, le zèle, la mise à disposition de toutes les ressources, la recherche de nouvelles
interventions, la capacité de résister dans les épreuves, la volonté de repartir après les échecs,
l’optimisme cultivé et répandu ; sans oublier cette sollicitude, pleine de foi et de charité, qui trouve
en Marie un exemple lumineux de don de soi.
Dans les Groupes où le service salésien s’adresse aux jeunes enfants, la charité apostolique
dynamique est marquée d’une tendresse évangélique ; dans les Groupes où est menée l’éducation de
garçons et/ou de filles adolescents ou jeunes adultes, elle est pratiquée en les accueillant, en les
faisant participer et en les guidant vers les objectifs des étapes de la croissance ; dans les Groupes
où l’on se donne pour le bien de personnes atteintes de diverses formes de pauvreté, elle prend le
ton de l’amour miséricordieux et secourable à l’image de la Providence ; dans les Groupes où
l’apostolat est orienté vers les malades et les personnes âgées, elle se transforme en charité
compatissante ; chez les Filles des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, elle se présente comme un
amour victimal, spécialement pour servir les lépreux ; dans les Groupes engagés dans un apostolat
salésien au milieu de personnes qui ont une vie simple et sont perdues dans des villages lointains ou
plongées dans les périphéries urbaines sous le harcèlement du mal, elle se transforme en humble
amour vécu dans la solidarité et oblatif.
Art. 30 - Grâce d’unité
Les termes utilisés dans l’expérience salésienne pour exprimer les canaux par où passe la charité
apostolique sont : grâce d’unité, intériorité apostolique, dimension contemplative de la vie, synthèse
du vécu, mouvement unique de charité envers Dieu et envers les jeunes, liturgie de la vie.
Evangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant est une expression désormais répandue pour
exprimer l’unité intérieure des membres de la Famille Salésienne, car elle ne regarde pas seulement
la méthodologie éducative, mais aussi la spiritualité de chaque membre et des Groupes : quand on
se laisse guider par l’Esprit, alors la vie et l’apostolat ne font plus qu’un seul tout, comme aussi la
prière et l’action, l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain, la préoccupation de soi-même et
le dévouement aux autres, l’éducation sur le plan humain et l’annonce de l’Evangile, l’appartenance
à un Groupe et l’insertion dans l’Eglise. Tout converge vers l’unité ; et telle est la synthèse du vécu
propre à la sainteté. De là découle une force incroyable d’action et de témoignage, en raison de
l’énergie de l’Esprit qui a pris possession de toute la personne et peut faire d’elle un instrument
libre et joyeux de son action.
La charité apostolique constitue, pour tout membre de la Famille Salésienne, le principe intérieur
et dynamique capable d’unifier les multiples et diverses activités et préoccupations quotidiennes.
Ses deux pôles, à savoir la passion pour Dieu et la passion pour le prochain, sont inséparables : elle
favorise leur fusion en un unique mouvement intérieur.
25

3.6 Page 26

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Art. 31 - Prédilection pour les jeunes et dévouement pour le milieu populaire
Pour accomplir d’une manière efficace la mission auprès des jeunes et du peuple, les disciples,
hommes et femmes, de Don Bosco cultivent une réelle prédilection pour les jeunes et se prodiguent
en faveur du milieu populaire. Ils ont la conviction de faire une expérience de Dieu précisément
dans leur rencontre avec ceux auxquels ils sont envoyés : la jeunesse et les gens simples, en
particulier les pauvres.
Les jeunes, garçons et filles, sont reconnus comme un don de Dieu à la Famille Salésienne :
ils constituent le champ indiqué par le Seigneur et par Marie à Don Bosco dans lequel il devra
accomplir son action ; ils représentent pour nous tous la substance de la vocation et de la mission
salésiennes.
Vivre le dévouement total pour les jeunes, cela signifie avoir le cœur continuellement tourné vers
eux, en percevant leurs aspirations et leurs désirs, leurs problèmes et leurs exigences. Cela veut dire
aussi les rencontrer au point où ils se trouvent dans leur maturation personnelle ; mais pas
seulement pour leur tenir compagnie, bien plutôt pour les conduire là où ils sont appelés ; pour cela
les éducateurs devinent les énergies de bien que les jeunes portent en eux : ils les soutiennent
pendant la phase pénible de la croissance, tant humaine que chrétienne, en déterminant avec eux et
pour eux des chemins possibles d’éducation. Dans leur cœur d’éducateurs et d’évangélisateurs
passionnés résonne continuellement l’appel de Saint Paul : « La charité du Christ nous presse à tout
moment » (cf. 2 Co 5,14).
Le milieu populaire est le cadre naturel et ordinaire où s’effectue la rencontre des jeunes,
surtout de ceux qui ont le plus besoin d’aide. L'engagement de la Famille de Don Bosco s’adresse
aux gens simples : celle-ci cherche à les soutenir dans leur effort de promotion humaine et de
croissance dans la foi, en mettant en évidence et en encourageant les valeurs humaines et
évangéliques dont ils sont porteurs, telles que le sens de la vie, l’espérance d’un avenir meilleur,
l’exercice de la solidarité.
Don Bosco a tracé, également avec l’Association des Salésiens Coopérateurs et l’Association de
Marie Auxiliatrice, un chemin d’éducation à la foi pour le peuple, en mettant en valeur les contenus
de la religiosité populaire.
Il se prodigua en outre à développer la communication sociale, afin d’atteindre le plus grand
nombre possible de personnes engagées dans le travail d’éducation et d’évangélisation.
Art. 32 - Affection salésienne
L'amorevolezza de Don Bosco est, sans l’ombre d’un doute, un trait caractéristique de sa
méthode pédagogique qui, encore aujourd’hui, est considéré comme valable, aussi bien dans les
contextes demeurés chrétiens que dans ceux où vivent des jeunes qui appartiennent à d’autres
religions.
Cette affection [“amorevolezza” … “amour de tendresse”] ne peut cependant pas être ramenée à la
seule dimension d’un principe pédagogique, mais il faut la reconnaître comme un élément essentiel
de notre spiritualité.
L’amorevolezza est, en effet, un amour authentique car sa source est Dieu ; elle est un amour qui
se manifeste dans les langages de la simplicité, de la cordialité et de la fidélité ; elle est un amour
qui génère le désir de lui donner une réponse identique ; elle est un amour qui suscite la confiance,
en ouvrant la voie à une saine familiarité et à une communication profonde (“l’éducation est une
affaire de cœur”) ; elle est un amour qui se répand en établissant un climat de famille, dans lequel il
est beau et enrichissant d’être ensemble.
Pour l’éducateur, elle est un amour qui demande de fortes énergies spirituelles : la volonté d’y
être et d’y rester, l’abnégation de soi-même et le sacrifice, la pureté dans les sentiments d’affection
26

3.7 Page 27

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et la chasteté, la maîtrise de soi dans les attitudes, l’écoute accomplie avec le sens du partage et
l’attente patiente pour déterminer les moments et les moyens les plus opportuns, la capacité de
pardonner et de reprendre les contacts, la mansuétude de celui qui, parfois, sait même perdre mais
continue à croire avec une espérance illimitée. Il n’y a pas d’amour vrai sans ascèse et il n’y a pas
d’ascèse sans la rencontre avec Dieu dans la prière.
L’amorevolezza est un fruit de la charité pastorale. Don Bosco disait : « Cette affection
réciproque entre nous, sur quoi est-elle fondée ? [] sur le désir que j’ai de sauver vos âmes, qui
furent rachetées par le sang précieux de Jésus Christ et, vous, vous m’aimez parce que je cherche à
vous conduire vers la route du salut éternel. Donc le bien de nos âmes est le fondement de notre
affection ».30
L’amorevolezza est alors un signe de l’amour de Dieu et un instrument pour réveiller sa présence
dans le cœur de tous ceux qui sont rejoints par la bonté de Don Bosco ; elle constitue une voie qui
conduit à l’évangélisation.
D’où la conviction que la spiritualité apostolique de la Famille Salésienne se caractérise par le
fait qu’elle est fondée non sur un amour entendu dans un sens général et vague, mais sur la capacité
des membres d’aimer et de se faire aimer.
Art. 33 - Optimisme et joie dans l’espérance
En Jésus de Nazareth, Dieu s’est révélé comme « le Dieu de joye »31 ; et l’Evangile est une
“heureuse nouvelle” qui commence avec les “Béatitudes” : elles sont la participation des hommes à
la béatitude même de Dieu. Il s’agit d’un don non superficiel, mais profond car la joie est, bien plus
qu’un sentiment éphémère, une énergie intérieure qui résiste même aux difficultés de la vie. Saint
Paul rappelle : « Je suis comblé de consolation ; je surabonde de joie dans toute notre tribulation »
(2 Co 7,4). En ce sens la joie que nous ressentons ici-bas est une joie pascale reçue comme un don,
comme un acompte de la joie totale dont nous bénéficierons dans l’éternité.
Don Bosco a su comprendre le désir de bonheur présent chez les jeunes et il a traduit leur joie de
vivre dans les termes de la gaieté, de la cour de récréation et de la fête ; mais il n’a jamais cessé
d’indiquer Dieu comme source de la vraie joie. Quelques-uns de ses écrits, tels que Il Giovane
Provveduto [La Jeunesse Instruite], la biographie de Dominique Savio, l’apologue contenu dans
l’histoire de Valentino [et de sa vocation étouffée], sont la démonstration de la correspondance qu’il
établissait entre la grâce et le bonheur. Et son insistance sur la “récompense du paradis” projetait les
joies d’ici-bas dans la perspective de ce qui s’accomplirait dans la plénitude.
A l’école de Don Bosco, le membre de la Famille Salésienne cultive en lui-même quelques
attitudes qui favorisent la joie et la communiquent aux autres :
1. La confiance dans la victoire du bien : « En tout jeune, même le plus misérable, – écrit
Don Bosco – il y a un point accessible au bien et le premier devoir de l’éducateur est de chercher ce
point, cette corde sensible du cœur et d’en tirer profit ».32
2. L'estime des valeurs humaines : les disciples, hommes et femmes, de Don Bosco
perçoivent les valeurs du monde et refusent de gémir sur leur temps ; ils prennent en considération
tout ce qui est bon, surtout si cela plaît aux jeunes et aux gens.
3. L'éducation aux joies quotidiennes : il faut un effort patient d’éducation pour apprendre, ou
réapprendre, à goûter, avec beaucoup de simplicité, les multiples joies humaines que le Créateur
met chaque jour sur notre route.
30 JEAN BOSCO, Lettre “A don Giuseppe Lazzero e alla comunità degli artigiani di Valdocco”, Rome, 20 [janvier 18]74,
dans Epistolario, vol. IV, p. 208, édité par Francesco Motto, LAS – Rome 2003. — [Au sujet de Valentino dont il est question
plus loin, voir FRANCIS DESRAMAUT, Don Bosco en son temps, pp. 694-696].
31 SAINT FRANÇOIS DE SALES, A la Présidente Brulart, Annecy, (vers le 18 février) 1605, in Œuvres, vol. XIII, p.16.
32 MB V, p. 367.
27

3.8 Page 28

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Parce qu’ils se confient totalement au « Dieu de joye » et que, par leurs actions et leurs paroles,
ils témoignent de l’« Evangile de la joie », les disciples, hommes et femmes, de Don Bosco sont
toujours joyeux. Ils répandent cette joie et savent éduquer à la joie de la vie chrétienne et au sens de
la fête, eux qui se souviennent de l’appel de Saint Paul : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ;
laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie (Ph 4,4).
Art. 34 - Travail et tempérance
L’exercice de la charité apostolique porte en lui-même l’exigence d’une conversion et d’une
purification, c’est-à-dire de la mort du “vieil homme” pour que naisse, vive et se développe
l’“homme nouveau” qui, à l’image de Jésus Apôtre du Père, est prêt à se sacrifier chaque jour dans
le travail apostolique. Se donner, c’est se vider de soi-même, et se vider de soi-même, c’est se
laisser totalement remplir de Dieu, pour faire don aux autres de Dieu. Si le détachement, le
renoncement, le sacrifice sont des éléments dont on ne peut pas faire l’économie, ce n’est pas parce
qu’on a du goût pour l’ascétisme, mais simplement parce que c’est dans la logique de l’amour. Il
n’y a pas d’apostolat sans ascèse et il n’y a pas d’ascèse sans mystique. Celui qui se met tout entier
au service de la mission n’a pas besoin de pénitences extraordinaires ; sont bien suffisantes, si elles
sont accueillies avec foi et offertes avec amour, les difficultés de la vie et les fatigues du travail
apostolique.
L'ascèse recommandée par Don Bosco a des aspects divers :
ascèse “d’humilité” pour estimer n’être que des serviteurs devant Dieu ;
ascèse “de mortification”, pour travailler à devenir maîtres de soi, en pratiquant personnellement
la garde des sens et du cœur et en veillant à ce que la recherche d’une vie commode ne tarisse
pas la générosité ;
ascèse “de courage et de patience” pour pouvoir persévérer dans l’action alors qu’on est aux
prises avec la dure réalité ;
ascèse “d’abandon” quand les événements portent plus près de la croix du Christ.
Art. 35 - Initiative et souplesse
Le désir de faire le bien incite à rechercher les voies les plus adaptées pour le réaliser. On peut
envisager : la lecture correcte des besoins et des possibilités concrètes, le discernement spirituel à la
lumière de la Parole de Dieu, le courage de prendre des initiatives, la créativité pour déterminer des
solutions inédites, l’adaptation aux circonstances changeantes, la capacité de collaboration, la
volonté de faire des vérifications.
Le Père Philippe Rinaldi rappelle aux Salésiens – et son affirmation est valable pour tous les
Groupes de la Famille Salésienne – :
« Cette souplesse d’adaptation à toutes les formes de bien qui surgissent constamment au sein de
l’humanité, est l’esprit propre à nos Constitutions ; et le jour où s’introduirait une variation contraire
à cet esprit marquerait la fin de notre Société ».33
Don Bosco a souvent recommandé l’esprit d’initiative :
« Chaque fois qu’il s’agit du bien de la jeunesse en péril ou de gagner des âmes à Dieu, je cours
en avant jusqu’à la témérité ».34
« Que l’on accorde vraiment et toujours un large consentement là où on le peut ; plions-nous aux
exigences modernes, ainsi qu’aux usages et aux coutumes des divers lieux : à condition de ne pas
avoir à agir contre sa conscience ».35
33 Atti del Capitolo Superiore, 6 janvier 1923, n. 17, p. 41. Texte partiellement repris en E. VIGANÒ, Le Père Philippe
Rinaldi Témoin et Interprète authentique de l’« esprit salésien », en ACG 332, Rome, 5 décembre 1989, p. 18.
34 MB XIV, p. 662 ; Const. SDB, art. 19.
35 MB XIII, p. 283.
28

3.9 Page 29

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Ce n’est pas seulement un problème de stratégie, mais un fait spirituel, car il comporte un
renouvellement continuel de soi-même et de son action personnelle en obéissance à l’Esprit et à la
lumière des signes des temps.
La naissance de nombreux Groupes de la Famille Salésienne apparus au XXème siècle a été le
fruit de l’esprit d’initiative et de la souplesse des Fondateurs respectifs, qui furent des fils fidèles et
créatifs de Don Bosco.
Art. 36 - La prière vécue selon l’esprit salésien
La prière vécue selon l’esprit salésien est une “prière apostolique” : elle comporte, d’une part, un
mouvement qui permet à une personne de s’élever depuis son action jusqu’à Dieu et, d’autre part,
un mouvement qui, depuis Dieu, la reconduit vers l’action où elle Le porte, parce que l’esprit et le
cœur de cette personne qui agit sont remplis de Son amour.
Don Bosco ne réservait pas de longs moments pour la prière et il ne se servait pas de méthodes
ou de formes particulières (il se contentait des “pratiques du bon chrétien”), parce que l’action et la
prière faisaient, en lui, un seul tout. Le travail extraordinaire qui l’absorbait du matin au soir ne
perturbait pas sa prière, au contraire il la suscitait et l’orientait ; et la prière développée au plus
profond de son cœur nourrissait en lui des énergies sans cesse renouvelées de charité pour se
dévouer de tout son être au bien de ses pauvres jeunes.
Le nom même d’oratoire donné à sa première institution est là pour signifier que tout, dans
l’ambiance qui y régnait, était prière ou pouvait devenir prière ; et que tout ce qui se faisait de bien
dans cette maison était le fruit de la prière : de Don Bosco, de ses collaborateurs et de ses garçons.
La prière ainsi présente et sous-jacente est, donc, typique de tous ceux qui vivent la spiritualité
de Don Bosco et réalisent sa mission. Sans toutefois négliger ces moments de prière explicite,
nourrie de l’écoute de la Parole de Dieu et d’une réponse d’amour : ce qui transforme la vie en
prière et la prière en vie.
Art. 37 - Marie Auxiliatrice, Maîtresse de spiritualité apostolique
La dévotion à Marie a été (en même temps que la dévotion à Jésus dans l’Eucharistie et la
dévotion au Pape) l’une des trois dévotions qui ont marqué la vie spirituelle et apostolique de Don
Bosco. Toute la Famille Salésienne, et elle a le fort sentiment de l’être, est une Famille mariale née
grâce à la sollicitude maternelle de l’Immaculée Auxiliatrice. Chaque Groupe, en effet, exprime
cette conviction dans les textes constitutionnels qui lui sont propres.
Pour les Salésiens, Marie Auxiliatrice sert de modèle et de guide dans leur action éducative et
apostolique,36 de mère et de maîtresse de vie dans leur expérience de formation,37 particulièrement
invoquée dans leur prière.38
Pour les Filles de Marie-Auxiliatrice, la Vierge Marie, humble servante, mère du Sauveur, mère
et éducatrice de toute vocation salésienne, est considérée comme « la vraie Supérieure » de
l’Institut.39 C’est Elle qui leur est un modèle de foi, d’espérance, de charité et d’union au Christ, de
sollicitude et de bonté maternelle, de vie consacrée, de prière, de disponibilité, d’écoute, de docilité
et de collaboration, de charité apostolique.40
Le Salésien Coopérateur (la Salésienne Coopératrice) « découvre dans la Vierge Immaculée et
Auxiliatrice l’aspect le plus profond de sa vocation : être un vrai “Coopérateur de Dieu” dans la
réalisation de son dessein de salut ».41
36 Cf. Const. SDB, articles 20, 34, 92.
37 Cf. Ibid., art. 98.
38 Cf. Ibid., articles 84, 87, 92.
39 Cf. Const. FMA, articles 17, 18, 44, 79, 114.
40 Cf. Ibid., articles 4, 7, 11, 14, 37, 39, 44, 79, 71.
41 PVA - Statuts, art. 20 § 2.
29

3.10 Page 30

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Pour les membres de l’Association de Marie Auxiliatrice, se remettre entre les mains de Marie se
traduit par « vivre la spiritualité du quotidien avec des attitudes évangéliques, en particulier celle de
l’action de grâce à Dieu pour les merveilles qu’Il accomplit continuellement et celle de la fidélité
envers Lui, même à l’heure de la difficulté et de la croix en suivant l’exemple de Marie ».42
Selon les Sœurs de la Charité de Jésus, Marie les aide à vivre en étant animées par l’Esprit Saint,
à mettre Jésus Christ au centre de leur vie personnelle, à nourrir dans leurs relations avec les
personnes une grande confiance en Elle et un amour sincère, à imiter ses exemples de Femme
remplie de foi qui cherche la volonté de Dieu dans le quotidien, de Mère remplie d’amour et de
sollicitude pour les autres, de Disciple du Fils dont elle écoute la Parole, de Consolatrice des
affligés, de Secours des chrétiens et de Mère des hommes.43
Les Dames Salésiennes s’expriment ainsi dans leur Ideario [“Livre de vie”] : « Marie est la
première laïque engagée, qui, dans le don de son être, accueille fidèlement le plan de Dieu,
transforme en vie sa parole, en tant que femme, épouse et mère, maîtresse de vie et témoin,
première évangélisée et évangélisatrice. Elle est la source d’inspiration et le modèle à suivre pour la
Dame Salésienne, et tout cela nous pousse à la proclamer Première Dame Salésienne, norme, guide,
source d’inspiration, mère, sœur et fidèle compagne dans notre mission ».44
Se remettre chaque jour entre les mains de Marie caractérise, donc, notre spiritualité. Se
remettre entre les mains de quelqu’un exprime un dynamisme ascendant : c’est accomplir le geste
du don de soi pour répondre avec générosité à une mission à réaliser ; mais cela exprime aussi un
dynamisme descendant : c’est accueillir avec confiance et reconnaissance l’aide de Celle qui guida
Don Bosco et continue à guider la Famille spirituelle qui a pris son origine en lui.
42 Nouveau Règlement ADMA, art. 4.
43 Cf. Const. SCG, art.12.
44 Cf. Ideario DS, art.14.
30

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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CHAPITRE QUATRE
LA FORMATION
À LA COMMUNION ET À LA MISSION
DANS LA FAMILLE SALÉSIENNE
Chaque Groupe de la Famille Salésienne veille à la formation de ses membres en puisant au
patrimoine commun et à ses spécificités propres. Toutefois on peut déterminer des éléments
communs, des convergences possibles, des collaborations souhaitables.
Art. 38 - Connaissance des identités spécifiques
La communion de la Famille Salésienne se fonde, non seulement sur le charisme commun et sur
la même mission, mais aussi sur la connaissance et sur l’appréciation des différents Groupes qui la
composent. L’unité, en effet, ne consiste jamais à être de l’uniformité, mais elle résulte de la
pluralité d’expressions qui convergent vers un unique centre.
Il est alors nécessaire de favoriser la connaissance réciproque pour bénéficier des dons et des
particularités de chacun, en tant qu’ils concourent à former une richesse dont les bienfaits retombent
sur tous.
Dans tout cela peuvent être d’une grande utilité les contacts occasionnels ou réguliers, informels
ou institutionnalisés, comme aussi les rencontres vécues dans la fraternité et les moments de prière
en commun.
Diffuser la Charte de l’Identité charismatique de la Famille Salésienne de Don Bosco, les écrits
qui concernent Don Bosco, les plaquettes qui présentent la personne des Fondateurs/trices ou des
Cofondateurs/trices, l’Etrenne annuelle du Recteur majeur, les documents programmatiques de
chaque Groupe, le Bulletin salésien, le compte rendu d’expériences apostoliques particulièrement
significatives, voilà autant de façons de concourir à la connaissance et à l’estime réciproques en
consolidant, dans le même temps, l’unité de la Famille.
Une attention particulière doit être apportée aux Groupes qui ont été commencés directement par
Don Bosco, ainsi qu’à ceux qui sont présents et œuvrent dans le territoire où l’on se trouve.
Art. 39 - Formation partagée
Pour garantir l’unité de l’esprit et la convergence sur le plan de la mission, il est nécessaire qu’il
y ait aussi des moments de formation en commun, surtout quand il s’agit de mettre en lumière ou
d’approfondir des aspects essentiels du charisme, ou encore d’élaborer des projets à partager. Le
tout est à effectuer sans cesse dans le respect des autonomies légitimes, mais aussi dans cet esprit de
famille qui exprime et consolide l’unité.
Pour se former ensemble :
1. il faut avant tout apprendre à penser ensemble, parce qu’il y a toujours le danger de
chercher à amener les autres à son propre point de vue. Et “penser ensemble” est possible quand on
surmonte la peur de la confrontation et du partage, quand chacun cesse de tout centrer sur sa
personne pour le faire sur les autres, quand on vise le bien pour lui-même et non sa réussite
personnelle, quand on unit la vérité à la charité.
31

4.2 Page 32

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2. en outre, il faut apprendre à travailler ensemble, en déterminant les modalités et les
stratégies pour une richesse partagée et un dialogue constructif.
3. toujours et de toutes les manières, il faut prier ensemble parce que l’Esprit est Lumière de
vérité et lien d’unité, l’Esprit est l’Inspirateur de tout ce qui est bon, juste et opportun en ce qui
concerne le bien de chacun et de l’ensemble.
Les occasions de formation en commun peuvent être multiples :
– sessions d’étude sur des aspects de l’expérience charismatique, celle qui nous est commune
et celle qui est différenciée, de la spiritualité qui nous est propre, du patrimoine hérité de
Don Bosco, des défis que posent les signes des temps, des principaux événements
ecclésiaux ou des directives importantes du Magistère du Pape et des Evêques ;
– séances pour discuter d’engagements et de problèmes de pastorale des jeunes, de thèmes
particuliers de la pédagogie salésienne, des stratégies de mission au sujet de la nouvelle
évangélisation ;
– participation au discernement dans des situations qui présentent une difficulté particulière
ou en vue de programmes de formation ou de projets apostoliques à réaliser ensemble.
Dans cette question de formation partagée, la Consulte de la Famille Salésienne, qui sollicite la
présence et l’apport de tous les Groupes, revêt une particulière importance.
Art. 40 - Insertion dans les différents contextes
La mission demande la capacité de s’insérer dans des contextes culturels, sociaux et ecclésiaux
diversifiés, en sachant percevoir des urgences et des besoins et en faisant preuve de capacité de
collaboration avec tous ceux qui œuvrent pour le bien.
Pour cela, il est nécessaire d’acquérir une formation pour être apte à l’écoute sans préjugés, à
l’accueil sans soupçons, à l’appréciation sans jalousie, au partage sans réserve.
C’est de cette façon que l’on concourt à l’insertion de la foi et du charisme dans une culture tout
en construisant la communion ecclésiale, qui est toujours plus large que la communion particulière
d’un Groupe et que celle de la Famille Salésienne elle-même.
C’est une formation qui est acquise sur le terrain concret de la rencontre effectuée avec des
groupes, des mouvements et des associations qui expriment la richesse de l’Eglise et se mettent au
service du Royaume.
En tête de ces organisations vient le vaste Mouvement salésien, dont la Famille spirituelle de
Don Bosco constitue le centre animateur.
C’est une formation qui est aussi favorisée par des occasions importantes que fournissent la
présence des Groupes de la Famille dans les Eglises locales et la collaboration avec d’autres
associations ecclésiales qui œuvrent sur le territoire. La grâce multiforme de Dieu donnée aux
différents mouvements ecclésiaux s’exprime dans une spiritualité particulière et dans une forme
apostolique originale qu’il faut reconnaître et accueillir, pendant qu’à tous nous faisons don de notre
identité charismatique et de l’apport de notre mission spécifique.
C’est une formation qui éduque à l’estime réciproque, à la prévenance dans la charité et dans la
volonté de collaboration, à l’action menée avec patience et clairvoyance, à la disponibilité au
sacrifice que cela, parfois, peut comporter.
Comme Famille Salésienne, stimulés par l’exemple de Don Bosco qui à l’égard de tous eut des
sentiments et des paroles d’accueil et de reconnaissance et avec tous sut partager des intuitions, des
expériences et des réalisations, nous sommes appelés à attester encore le don reçu en le partageant
avec toute l’Eglise.
32

4.3 Page 33

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Art. 41 - Méthode de collaboration
Savoir collaborer ne va pas de soi ; cela exige une formation qui tienne compte de quelques
éléments essentiels.
1. Il faut avant tout s’éduquer au partage dans tout ce qui concerne des projets. Toute activité
éducative et apostolique part de l’analyse de la situation de ses destinataires et vise à atteindre des
objectifs déterminés à court terme, à moyen terme et à long terme. Tout cela doit être étudié et
programmé ensemble, en mettant en valeur les compétences, en respectant la diversité des points de
vue et en favorisant la convergence.
2. Il faut, ensemble, mettre en route les processus logiques de la coordination. Faire agir
simultanément des forces différentes dans la réalisation d’une œuvre entreprise n’aboutit jamais à
un résultat automatique. En effet, cela demande certaines capacités : connaître exactement le
problème que l’on veut résoudre ; expliquer clairement le but qu’on se propose ; réfléchir d’une
manière réaliste les possibilités d’intervention ; évaluer les forces et les ressources disponibles ;
déclarer honnêtement les apports que l’on peut et que l’on entend donner.
3. Il faut aussi se soumettre à la logique de la réciprocité. Il y a celui qui donne et l’autre qui
reçoit : cela ne doit pas se produire toujours dans le même sens ; ce ne doit jamais être à sens
unique. La réciprocité suppose : la conscience du don venu de quelqu’un et du don venu de l’autre ;
la reconnaissance de sa valeur personnelle et de celle d’autrui ; l’accueil et l’échange de sensibilités,
d’idées et de compétences complémentaires ; l’offrande de prestations présentée avec générosité et
humilité.
4. Il faut, enfin, s’éduquer à la responsabilité partagée. Le bon résultat de la collaboration
dans le domaine éducatif et dans le domaine apostolique dépend aussi bien de l’acceptation d’une
responsabilité principale qui coordonne le projet que de la reconnaissance des responsabilités des
autres, en laissant à tous la possibilité de participer activement à la réalisation du projet commun.
Art. 42 - Rôle du prêtre dans la Famille Salésienne
Le Concile Vatican II présente les prêtres comme des guides et des éducateurs du peuple de
Dieu. Il déclare : « Des cérémonies, même très belles, des groupements, même florissants, n’auront
guère d’utilité s’ils ne servent pas à éduquer les hommes et à leur faire atteindre leur maturité
chrétienne ».45
Et il justifie son affirmation de la façon suivante : « Comme éducateurs de la foi, les prêtres ont à
veiller, par eux-mêmes ou par d’autres, à ce que chaque chrétien parvienne, dans le Saint-Esprit, à
l’épanouissement de sa vocation personnelle selon l’Evangile, à une charité sincère et active et à la
liberté par laquelle le Christ nous a libérés ».46
Le prêtre salésien est ainsi appelé à ses responsabilités les plus significatives sur le terrain de la
formation. La Parole de Dieu, les sacrements et en particulier l’Eucharistie, le service de l’unité et
de la charité représentent le trésor le plus grand de l’Eglise.
En paraphrasant une parole conciliaire, il est permis d’affirmer qu’il n’est possible de former
spirituellement une Famille apostolique, telle la Famille Salésienne, qu’en assumant comme racine
et comme centre la célébration de l’Eucharistie, point de départ de toute éducation qui tend à former
l’esprit de famille.47
Les Groupes de la Famille Salésienne ont sans cesse mis en évidence cette exigence de formation
et, dans cette Charte de l’Identité, ils réaffirment la nécessité d’y répondre.
45 PO, n. 6 § 2.
46 Ibid.
47 Cf. PO, n. 6 § 5.
33

4.4 Page 34

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CHAPITRE CINQ
LA COMPOSITION ET L’ANIMATION
DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 43 - Une Famille en croissance
La Famille Salésienne, en ces dernières décennies, a connu un authentique printemps. Aux
premiers Groupes se sont unis, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, d’autres Groupes qui, avec des
vocations spécifiques, ont enrichi la communion et élargi la mission salésienne.
Aux yeux de tous il apparaît avec évidence combien la Famille a grandi, comment s’est multiplié
le travail apostolique en différents Pays du monde et comment s’est étendu le champ d’action au
bénéfice de tant de jeunes et d’adultes. Cela invite non seulement à rendre grâce à Dieu, mais
suscite aussi la conscience d’une plus grande responsabilité : en effet, la vocation de notre Famille
est, comme toute autre vocation, au service de la mission, d’une manière particulière pour le salut
de la jeunesse, surtout celle qui est le plus dans une grande pauvreté, le plus laissée à l’abandon, le
plus en danger.48
Les Groupes formellement inscrits à la Famille Salésienne sont les suivants :
1. La Société de Saint François de Sales [Salésiens de Don Bosco]
2. L’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice [Salésiennes de Don Bosco]
3. L’Association des Salésiens Coopérateurs
4. L’Association de Marie Auxiliatrice
5. L’Association des Anciens Elèves et des Anciennes Elèves de Don Bosco
6. L’Association des Anciens Elèves et des Anciennes Elèves des Filles de Marie-
Auxiliatrice
7. L’Institut des Volontaires de Don Bosco
8. Les Filles des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie
9. Les Salésiennes Oblates du Sacré-Cœur de Jésus
10. Les Apôtres de la Sainte Famille
11. Les Sœurs de la Charité de Jésus
12. Les Sœurs Missionnaires de Marie Secours des Chrétiens
13. Les Filles du Divin Sauveur
14. Les Sœurs Ancelles du Cœur Immaculé de Marie
15. Les Sœurs de Jésus Adolescent
16. L’Association des Dames Salésiennes
17. Les Volontaires Avec Don Bosco
18. Les Sœurs Catéchistes de Marie Immaculée Auxiliatrice
19. Les Filles de la Royauté de Marie Immaculée
20. Les Témoins du Ressuscité
48 Cf. PASCUAL CHÁVEZ, La Famille Salésienne hier et aujourd’hui : la graine est devenue un arbre et l’arbre une
forêt, Etrenne 2009 du Recteur majeur.
34

4.5 Page 35

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21. La Congrégation de Saint Michel Archange [“Micaeliti”]
22. La Congrégation des Sœurs de la Résurrection
23. La Congrégation des Sœurs Annonciatrices du Seigneur
24. The Disciples
25. Canção Nova
26. Les Sœurs de Saint Michel Archange [“Micaelite”]
27. Les Sœurs de Maria “Ausiliatrix”
28. La Communauté de la Mission de Don Bosco
29. Les Sœurs de la Royauté de Marie Immaculée
30. Visitation Sisters of Don Bosco
Art. 44 - Une Famille ouverte
La Famille Salésienne, qui se présente comme un grand Mouvement pour le salut des jeunes et
s’engage sous une variété de formes pour l’apostolat dans les missions, dans les milieux populaires,
dans la communication sociale et dans le soin des vocations, est ouverte à d’autres Groupes qui
demandent officiellement à être reconnus par le Recteur majeur.
Les critères essentiels pour être reconnu dans la Famille Salésienne sont :
1. La participation à la “vocation salésienne” : c’est-à-dire le partage, dans quelques aspects
importants, de l’expérience humaine et charismatique de Don Bosco. En effet, il reste, Lui, pour
tous les Groupes la personne qui, dans l’inspiration des origines, a tracé un chemin particulier pour
ses disciples et pour l’apostolat ; en tant que tel, il est source d’inspiration et point de convergence.
2. La participation à la mission salésienne en faveur des jeunes et/ou des milieux populaires.
Cela signifie que chaque Groupe inclut, parmi ses buts spécifiques, quelques éléments typiques de
la mission salésienne, traduits cependant dans des formes et avec des modalités particulières.
3. Le partage de l’esprit, de la méthode éducative et du style missionnaire, c’est-à-dire du
patrimoine spirituel et pédagogique de Don Bosco.
4. La vie évangélique selon l’esprit salésien, autrement dit une vie qui s’inspire des conseils
évangéliques considérés comme porteurs d’un chemin vers la sainteté ; elle se concrétise soit dans
la profession des vœux qui est propre à la consécration religieuse, soit dans les différentes formes
de promesses ou d’engagement qui définissent la physionomie de chaque Groupe.
5. Une fraternité active qui porte chaque Groupe à se relier aux autres Groupes de la Famille
Salésienne et à œuvrer en plein accord et en synergie avec eux.
Art. 45 - Points de référence
En vertu de leur communion apostolique de nature charismatique, les Groupes qui constituent la
Famille Salésienne reconnaissent dans le Recteur majeur, Successeur de Don Bosco, le Père et le
centre d’unité de la Famille elle-même.
D’autre part, les Salésiens de Don Bosco, en héritiers particuliers qu’ils sont de sa richesse
charismatique, portent la responsabilité d’animer l’ensemble de la Famille Salésienne. Ils ont, en
effet, la responsabilité de « maintenir l’unité de l’esprit, stimuler le dialogue et la collaboration
fraternelle pour un enrichissement mutuel et une plus grande fécondité apostolique ».49 Ils
effectuent donc un service non pas en tant qu’ils détiendraient l’autorité de gouvernement, mais en
tant qu’ils veulent agir avec l’humble et joyeux dévouement de personnes qui assurent l’animation
49 Const. SDB, art. 5 § 3.
35

4.6 Page 36

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et les progrès d’un cheminement de fidélité au don reçu, en favorisant la communication, le partage
et la réalisation de ce dernier.
Art. 46 - Organismes d’animation et moments de rencontre
Pour assurer une animation régulière et efficace pour la Famille Salésienne, nous disposons de
quelques organismes essentiels de coordination et nous favorisons des occasions spécifiques de
rencontre.
Au niveau mondial, au niveau régional, au niveau national, au niveau provincial et au niveau
local, l’unité et l’animation sont soutenues et intensifiées par des Conseils ou des Consultes de la
Famille Salésienne.
La rencontre de la Consulte, aux différents niveaux, est organisée pour aider à atteindre les
objectifs suivants :
1. Etudier et approfondir la personne de Don Bosco, sa vie, sa pédagogie, sa spiritualité pour
connaître, comprendre et assumer de mieux en mieux son projet apostolique et ses critères d’action
pastorale.
2. Renforcer le sentiment d’appartenance, en favorisant une connaissance directe et concrète
des différents Groupes de la Famille et en mettant en valeur l’identité spécifique de chacun.
3. Proposer des rencontres et des expériences de formation en commun.
4. Connaître les défis pastoraux de la société et de l’Eglise locales, dans lesquelles s’insère la
Famille Salésienne, en étudiant les synergies pastorales, qui s’avèrent possibles, selon la spécificité
de chaque Groupe, et dans la communion de la même mission salésienne.
5. Chercher à mettre en route, chaque fois que c’est possible, des initiatives apostoliques
concrètes, partagées par tous les Groupes qui œuvrent dans le territoire.
La Consulte Mondiale tient sa réunion chaque année à la Maison Généralice des Salésiens et
propose des lignes essentielles d’animation pour l’année pastorale qui suit.
Dans chacune des Régions ou des Provinces a lieu chaque année la Journée de la Famille
Salésienne, avec la proposition de moments significatifs de formation et de partage.
Au niveau mondial, ont lieu chaque année les Journées de Spiritualité de la Famille Salésienne.
Elles représentent un moment de communion, de réflexion et de partage, pendant lequel, d’une
manière spécifique, on veut approfondir le contenu de l’Etrenne du Recteur majeur. Ce document
est proposé chaque année par le Successeur de Don Bosco comme une invitation à une coordination
dans la réflexion et dans la réalisation concrète d’un aspect particulier de la spiritualité et de la
mission salésiennes.
36

4.7 Page 37

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Art. 47 - Prière
Saint Jean Bosco,
Père et Maître de la Jeunesse,
docile aux dons de l’Esprit Saint et
ouvert aux réalités de ton époque,
tu as laissé en héritage
à la Famille Salésienne
le trésor de ta prédilection
“pour les petits et pour les pauvres” :
Apprends-nous à être, chaque jour,
signes et porteurs de l’amour de Dieu pour eux,
en faisant grandir dans l’âme de chacun
les sentiments du Christ Bon Pasteur lui-même.
Demande pour tous les membres de ta Famille
un cœur rempli de bonté,
la constance dans le travail,
la sagesse dans le discernement,
le courage d’être des témoins du sens de l’Eglise
et la générosité missionnaire.
Obtiens-nous la divine grâce
de rester fidèles à l’alliance
très particulière que le Seigneur
a scellée avec nous, et fais que,
guidés par Marie, Secours des chrétiens,
nous parcourions joyeusement,
en compagnie des jeunes,
la route qui conduit à l’Amour.
Amen.
37

4.8 Page 38

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PRÉSENTATION
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE PREMIER
LA FAMILLE SALÉSIENNE DANS L’ÉGLISE
Art. 1 - Expérience charismatique et spirituelle du Fondateur
Art. 2 - Développement de la Famille
Art. 3 - Configuration institutionnelle
Art. 4 - Unité et diversités
Art. 5 - Le Mystère trinitaire source de la communion
Art. 6 - Dans la communion de l’Eglise
Art. 7 - Pour un nouvel humanisme chrétien
Art. 8 - L’apport précieux de la femme
Art. 9 - Pour de nouvelles formes de solidarité
Art. 10 - Dans l’échange des dons
Art. 11 - Avec Marie présente dans la maison
Art. 12 - Avec une référence à Don Bosco
Art. 13 - Le Recteur majeur dans la Famille Salésienne
CHAPITRE DEUX
LA MISSION DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 14 - Mission charismatique dans l’Eglise et pour l’Eglise
Art. 15 - Famille apostolique
Art. 16 - « Mission auprès des jeunes, vers les milieux populaires et dans les lieux de mission »
Art. 17 - En service pour l’Evangile
Art. 18 - Dans les nouveaux contextes religieux et culturels
Art. 19 - Communion et collaboration dans la mission
Art. 20 - Autonomie et originalité de chaque Groupe
Art. 21 - Coresponsables dans l’apostolat
CHAPITRE TROIS
LA SPIRITUALITÉ DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 22 - Horizons de la spiritualité apostolique de la Famille Salésienne
Art. 23 - Collaborer avec Dieu Père
Art. 24 - Vivre les sentiments du Christ
Art. 25 - Etre docile à l’Esprit
Art. 26 - Communion et mission dans l’Eglise
Art. 27 - Spiritualité du quotidien
Art. 28 - La « contemplation opérante » de Don Bosco
Art. 29 - Charité apostolique dynamique
Art. 30 - Grâce d’unité
Art. 31 - Prédilection pour les jeunes et dévouement pour le milieu populaire
Art. 32 - Affection salésienne
Art. 33 - Optimisme et joie dans l’espérance
Art. 34 - Travail et tempérance
Art. 35 - Initiative et souplesse
Art. 36 - La prière vécue selon l’esprit salésien
Art. 37 - Marie Auxiliatrice, Maîtresse de spiritualité apostolique
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CHAPITRE QUATRE
LA FORMATION
À LA COMMUNION ET À LA MISSION
DANS LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 38 - Connaissance des identités spécifiques
Art. 39 - Formation partagée
Art. 40 - Insertion dans les différents contextes
Art. 41 - Méthode de collaboration
Art. 42 - Rôle du prêtre dans la Famille Salésienne
CHAPITRE CINQ
LA COMPOSITION ET L’ANIMATION
DE LA FAMILLE SALÉSIENNE
Art. 43 - Une Famille en croissance
Art. 44 - Une Famille ouverte
Art. 45 - Points de référence
Art. 46 - Organismes d’animation et moments de rencontre
Art. 47 - Prière
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