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Le Saint-Siège
EXHORTATION APOSTOLIQUE
POST-SYNODALE
PASTORES DABO VOBIS
DE SA SAINTETÉ LE PAPE
JEAN-PAUL II
À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ
ET AUX FIDÈLES
SUR LA FORMATION DES PRÊTRES
DANS LES CIRCONSTANCES ACTUELLES
INTRODUCTION
1. « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15).
Par ces paroles du prophète Jérémie, Dieu promet à son peuple de ne jamais le laisser sans
pasteur qui le rassemble et le guide : « Je susciterai pour [mes brebis] des pasteurs qui les feront
paître ; elles n'auront plus crainte ni terreur » (Jr 23,4).
L'Église, peuple de Dieu, fait toujours l'expérience de la réalisation de cette annonce prophétique
et continue, dans la joie, à rendre grâce au Seigneur. Elle sait que Jésus Christ lui-même est
l'accomplissement vivant, suprême et définitif, de la promesse de Dieu : « Je suis le Bon Pasteur »
(Jn 10,11). Lui, « le grand Pasteur des brebis » (He 13,20), a confié aux Apôtres et à leurs
successeurs le ministère de paître les brebis de Dieu (cf. Jn 21,15-17 ; 1 P 5,2).
En particulier, l'Église ne pourrait pas, sans prêtre, vivre l'obéissance fondamentale qui est au cœur
de son existence et de sa mission dans l'histoire, l'obéissance au commandement de Jésus : «
Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19) et « faites ceci en mémoire de
moi » (Lc 22,19 ; cf. 1 Co 11, 24). C'est-à-dire le commandement d'annoncer l'Évangile et de
renouveler chaque jour le sacrifice de son corps donné et de son sang versé pour la vie du
monde.

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La foi nous enseigne que le Seigneur ne peut manquer à sa promesse. Cette promesse est
précisément le motif de la joie de l'Église et sa force devant la floraison et l'augmentation du
nombre des vocations sacerdotales que l'on note aujourd'hui en certaines parties du monde. Cette
promesse constitue aussi le fondement et le stimulant d'un acte de foi plus grand et d'une
espérance plus vive face à la grave pénurie de prêtres en d'autres parties du monde.
Nous sommes tous appelés à partager la confiance totale dans l'accomplissement ininterrompu de
la promesse de Dieu dont les Pères synodaux ont voulu témoigner de façon claire et forte : « Avec
la confiance totale en la promesse du Christ qui a dit : "Et moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20), le Synode est conscient de l'activité constante de l'Esprit Saint
dans l'Église ; il croit profondément que l'Église ne sera jamais totalement dépourvue de ministres
sacrés... Même si, en diverses régions, on note une pénurie de prêtres, l'action du Père, qui
suscite les vocations, ne manquera cependant jamais à son Église » (1).
Face à la crise des vocations sacerdotales, comme je l'ai dit en conclusion du Synode, « la
première réponse de l'Église se trouve dans un acte de foi totale à l'Esprit Saint. Nous sommes
profondément convaincus que cet abandon confiant ne décevra pas si nous demeurons fidèles à
la grâce reçue » (2).
2. Demeurer fidèle à la grâce reçue ! En effet, le don de Dieu ne détruit pas la liberté de l'homme,
mais la suscite, la développe et la demande.
Aussi, dans l'Église, la confiance totale dans la fidélité inconditionnelle de Dieu à sa promesse va
de pair avec la grave responsabilité de coopérer à l'action du Dieu qui appelle, de contribuer à
créer et à maintenir les conditions dans lesquelles le bon grain, semé par Dieu, peut prendre
racine et porter des fruits abondants. L'Église ne cessera jamais de prier le Maître de la moisson
afin qu'il envoie des ouvriers à sa moisson (cf. Mt 9,38) ; elle proposera aux nouvelles générations
un projet de vocation clair et courageux ; elle les aidera à discerner l'authenticité de l'appel de
Dieu et à y répondre avec générosité ; elle apportera une attention particulière à la formation des
candidats au presbytérat.
Vraiment, pour l'avenir de l'évangélisation de l'humanité, l'Église considère comme une tâche de
grande importance et particulièrement délicate la formation attentive des futurs prêtres, diocésains
et religieux, prolongée durant toute leur vie, pour favoriser leur sanctification personnelle dans le
ministère et une constante mise à jour de leur engagement pastoral.
Par cette œuvre de formation, l'Église poursuit dans le temps l'œuvre du Christ que l'évangéliste
Marc présente ainsi : « Jésus gravit la montagne, et il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils vinrent à
lui. Et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser
les démons » (Mc 3,13-15).

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3
Au cours de son histoire, on peut l'affirmer, l'Église a toujours revécu, avec une intensité ou des
modalités diverses, cette page de l'Évangile par l'œuvre de formation des candidats au presbytérat
et des prêtres eux-mêmes. Aujourd'hui cependant, l'Église se sent appelée à revivre dans un
nouveau type d'engagement ce que le Maître a fait avec ses Apôtres ; en cela, elle est stimulée
par les profondes et rapides transformations de la société et des cultures de notre temps, par la
multiplicité et la diversité des contextes où elle annonce l'Évangile et en témoigne. Elle est aussi
sollicitée par l'évolution favorable du nombre des vocations sacerdotales dans divers diocèses du
monde, par l'urgence d'un nouvel examen des contenus et des méthodes de la formation
sacerdotale, par l'inquiétude des évêques et de leurs communautés devant la raréfaction
persistante du clergé, par l'absolue nécessité que la « nouvelle évangélisation » trouve dans les
prêtres ses premiers « nouveaux évangélisateurs ».
C'est précisément dans ce contexte historique et culturel que s'est située en 1990 la dernière
Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, consacrée à « la formation des prêtres
dans les circonstances actuelles », vingt-cinq ans après la fin du Concile, avec l'intention de
compléter la doctrine conciliaire sur ce point et de l'adapter avec plus de pertinence aux conditions
actuelles (3).
3. Dans la continuité des textes du Concile Vatican II au sujet de l'ordre sacerdotal et de la
formation des prêtres (4) et dans le but d'en appliquer concrètement la doctrine riche et autorisée
aux différentes situations, l'Église a déjà traité plusieurs fois des problèmes de la vie, du ministère
et de la formation des prêtres.
Les occasions les plus solennelles furent les Synodes des Évêques. Dès la première Assemblée
générale, tenue en octobre 1967, le Synode a consacré cinq congrégations générales au thème
du renouveau des séminaires. Ce travail a apporté une contribution décisive à l'élaboration du
document de la Congrégation pour l'Éducation catholique : « Normes fondamentales pour la
formation sacerdotale » (5).
C'est surtout la seconde Assemblée générale ordinaire, en 1971, qui a consacré la moitié de ses
travaux au sacerdoce ministériel. Les fruits de cette longue réflexion, repris et condensés en
quelques « recommandations » soumises à mon Prédécesseur le Pape Paul VI et lues à
l'ouverture du Synode de 1974, concernaient principalement la doctrine sur le sacerdoce
ministériel et certains aspects de la spiritualité et du ministère presbytéral.
En plusieurs autres occasions, le Magistère de l'Église a continué à manifester sa sollicitude pour
la vie et le ministère des prêtres. Dans les années postconciliaires, peut-on dire, il n'y eut pas
d'intervention du Magistère qui, sous une forme ou sous une autre, n'ait pris en considération de
façon explicite ou implicite, le sens de la présence des prêtres dans la communauté, leur rôle et
leur nécessité pour l'Église et pour la vie du monde.

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4
Ces dernières années, et en de nombreux endroits, on a éprouvé la nécessité de revenir sur le
thème du sacerdoce, en l'abordant d'un point de vue relativement nouveau et plus adapté aux
circonstances ecclésiales et culturelles présentes. Du problème de l'identité du prêtre, l'attention
s'est portée vers les problèmes liés à l'itinéraire de la formation au sacerdoce et à la qualité de vie
des prêtres. En réalité, les nouvelles générations d'appelés au sacerdoce ministériel présentent
des caractéristiques notablement différentes de celles de leurs prédécesseurs immédiats et vivent
dans un monde nouveau sous bien des aspects, en continuelle et rapide évolution. Et de tout cela,
il importe de tenir compte dans l'élaboration des programmes et la réalisation des itinéraires de
formation au sacerdoce ministériel.
Quant aux prêtres qui exercent leur ministère depuis plus ou moins longtemps, ils semblent
souffrir aujourd'hui d'une dispersion excessive dans des activités pastorales toujours plus
nombreuses. Face aux difficultés de la société et de la culture contemporaine, ils se sentent
obligés de repenser leur style de vie et les priorités de leurs engagements pastoraux, alors qu'ils
éprouvent toujours plus la nécessité d'une formation permanente.
Les préoccupations et les réflexions du Synode des Évêques de 1990 ont porté sur l'augmentation
des vocations au presbytérat, sur la formation - afin que les candidats connaissent et suivent
Jésus en se préparant à célébrer et à vivre le sacrement de l'Ordre qui les configure au Christ
Tête et Pasteur, Serviteur et Époux de l'Église - et sur la définition d'itinéraires de formation
permanente propres à soutenir de façon réaliste et efficace le ministère et la vie spirituelle des
prêtres.
Ce même Synode voulait aussi répondre à une demande du Synode précédent sur la vocation et
la mission des laïcs dans l'Église et dans le monde. Les laïcs eux-mêmes avaient souhaité que les
prêtres s'engagent à les former afin de les aider de façon adéquate dans l'accomplissement de la
mission ecclésiale commune. En réalité, « plus se développe l'apostolat des laïcs, plus on ressent
fortement le besoin d'avoir des prêtres qui soient bien formés, des prêtres saints. Ainsi, la vie
même du Peuple de Dieu traduit l'enseignement du Concile Vatican II sur le rapport entre le
sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel et hiérarchique. En effet, dans le mystère de
l'Église, la hiérarchie a un caractère ministériel (cf. Lumen gentium, n. 10). Plus on approfondit le
sens de la vocation propre des laïcs, plus apparaît à l'évidence ce qui est propre au prêtre » (6).
4. Dans l'expérience ecclésiale typique du Synode, c'est-à-dire « l'expérience particulière de
communion épiscopale dans l'universalité, qui affermit le sens de l'Église universelle, la
responsabilité des évêques envers l'Église universelle et sa mission, en communion affective et
effective autour de Pierre » (7), on a entendu la voix claire et attristée de diverses Églises
particulières et, en ce Synode, pour la première fois, de certaines Églises de l'Est ; elles ont
proclamé leur foi dans l'accomplissement de la promesse de Dieu : « Je vous donnerai des
pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15). Elles ont renouvelé leur engagement pastoral pour le soin
apporté aux vocations et pour la formation des prêtres, conscientes que l'avenir de l'Église, son

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5
développement et sa mission universelle de salut en dépendent.
Reprenant maintenant le fonds très riche des réflexions, des orientations et des indications qui ont
préparé et accompagné les travaux des Pères synodaux, par cette Exhortation apostolique post-
synodale, j'y joins ma voix d'Évêque de Rome et de successeur de Pierre. Je m'adresse au cœur
de tous les fidèles et de chacun d'entre eux, en particulier des prêtres et de tous ceux qui sont
engagés dans le délicat ministère de leur formation. Oui, je désire rejoindre tous les prêtres et
chacun d'entre eux, diocésains ou religieux, par cette Exhortation.
Je fais miens les sentiments et les paroles des Pères synodaux dans le « Message final du
Synode au Peuple de Dieu » : « Pleins de reconnaissance et d'admiration, nous nous tournons
vers vous qui êtes nos premiers collaborateurs dans le ministère apostolique. Votre rôle dans
l'Église est vraiment nécessaire et irremplaçable. C'est vous qui portez le poids du ministère
sacerdotal et qui avez un contact direct avec les fidèles. Vous êtes les ministres de l'Eucharistie,
les dispensateurs de la miséricorde divine dans le sacrement de la Pénitence, les consolateurs
des âmes et les guides de tous les fidèles dans le tourbillon des difficultés de la vie d'aujourd'hui.
«Nous vous saluons de tout notre cœur, nous vous exprimons notre gratitude, et nous vous
exhortons à persévérer dans cette voie avec joie et enthousiasme. Ne cédez pas au
découragement. Notre tâche n'est pas nôtre, mais celle de Dieu.
«Celui qui nous a appelés et qui nous envoie demeure avec nous, tous les jours de notre vie. En
effet, nous œuvrons, mandatés par le Christ » (8).
CHAPITRE I
PRIS D'ENTRE LES HOMMES
La formation sacerdotale face aux défis de la fin du second millénaire
Le prêtre et son temps
5. « Tout grand prêtre, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes
dans leurs relations avec Dieu » (He 5,1).
La Lettre aux Hébreux affirme clairement l'« humanité » du ministre de Dieu : il vient des hommes
et est au service des hommes, imitant Jésus Christ, « lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière
semblable à nous, à l'exception du péché » (He 4,15).
Dieu appelle toujours ses prêtres dans des milieux humains et ecclésiaux déterminés par lesquels
ils sont inévitablement marqués et auxquels ils sont envoyés pour le service de l'Évangile du
Christ.

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6
C'est pourquoi le Synode a replacé la question des prêtres dans le contexte actuel de la société et
de l'Église. Il l'a aussi ouverte aux perspectives du troisième millénaire, comme il résulte de la
formulation même du thème: « La formation des prêtres dans les circonstances actuelles ».
Il y a assurément « une physionomie essentielle du prêtre qui ne change pas: en effet, le prêtre de
demain, non moins que celui d'aujourd'hui, devra ressembler au Christ. Au cours de sa vie
terrestre, Jésus a présenté en lui-même le visage définitif du prêtre, réalisant un sacerdoce
ministériel dont les Apôtres furent les premiers investis; ce sacerdoce est destiné à durer, à se
perpétuer constamment en toutes les périodes de l'histoire. Le prêtre du troisième millénaire sera,
en ce sens, le continuateur des prêtres qui, dans les précédents millénaires, ont animé la vie de
l'Église. Même en l'an 2000, la vocation sacerdotale continuera à être l'appel à vivre le sacerdoce
unique et permanent du Christ » (9). Pareillement, la vie et le ministère du prêtre doivent «
s'adapter à chaque époque et à tous les milieux de vie ... C'est pourquoi, nous devons chercher à
nous ouvrir, autant que possible, à la lumière suprême de l'Esprit Saint, afin de découvrir les
orientations de la société contemporaine, de reconnaître ses besoins spirituels les plus profonds,
de déterminer ses devoirs concrets les plus importants, et les méthodes pastorales à adopter, afin
de répondre de façon adéquate aux attentes humaines » (10).
Devant conjuguer le sens authentique permanent du ministère presbytéral avec les exigences et
les caractéristiques du temps présent, les Pères synodaux ont cherché à répondre à certaines
questions qui s'imposent: quels problèmes et, en même temps, quels stimulants positifs le
contexte socio-culturel et ecclésial actuel suscite-t-il chez les enfants, les adolescents et les
jeunes qui doivent mûrir pour toute leur existence un projet de vie sacerdotale ? Quelles difficultés
et quelles nouvelles possibilités offre notre temps pour l'exercice d'un ministère sacerdotal
cohérent avec le don du sacrement reçu et avec l'exigence d'une vie spirituelle appropriée ?
Je reprends maintenant quelques éléments de l'analyse de la situation que les Pères synodaux
ont développée. La grande variété de contextes socio-culturels et ecclésiaux actuels dans les
différents pays amène à ne signaler que les phénomènes les plus profonds et les plus répandus,
en particulier ceux qui se rapportent aux problèmes éducatifs et à la formation sacerdotale.
L'Évangile aujourd'hui: espoirs et obstacles
6. De nombreux facteurs semblent favoriser chez l'homme d'aujourd'hui une conscience plus
aiguë de la dignité de la personne et une nouvelle ouverture aux valeurs religieuses, à l'Évangile
et au ministère sacerdotal.
Malgré de nombreuses contradictions, nous trouvons dans la société une soif de justice et de paix
plus répandue et plus forte, un sens plus aigu d'une saine gérance de la création et du respect de
la nature, une recherche plus ouverte de la vérité et de la protection de la dignité humaine ; en
bien des groupes de la population mondiale, on note un engagement croissant pour une solidarité

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7
internationale plus concrète et pour un nouvel ordre planétaire dans le respect de la liberté et de la
justice.
Alors que se développe le potentiel d'énergie offert par les sciences et les techniques et que se
propagent l'information et la culture, on voit aussi grandir une nouvelle demande éthique, c'est-à-
dire la quête de sens et donc d'une échelle objective de valeurs qui permette de réguler les
possibilités et les limites du progrès.
Dans le domaine plus proprement religieux et chrétien, des préjugés idéologiques et des refus
violents face à la proposition des valeurs spirituelles et religieuses tombent, et des possibilités
nouvelles et inespérées d'évangélisation et de reprise de la vie ecclésiale apparaissent en
plusieurs régions du monde. On note une diffusion croissante de la connaissance des Saintes
Écritures, une vitalité et une force d'expansion de nombreuses Églises jeunes avec un
engagement de plus en plus important dans la défense et la promotion des valeurs de la personne
et de la vie humaine ; on relève encore un magnifique témoignage du martyre de la part des
Églises du Centre et de l'Est de l'Europe ainsi que celui de la fidélité et du courage d'autres
Églises encore soumises à des persécutions et à des tribulations au nom de la foi (11).
Le désir de Dieu et d'une relation vivante et significative avec lui est si manifeste aujourd'hui qu'il
favorise, là où manque l'annonce authentique et intégrale de l'Évangile de Jésus, la diffusion de
formes de religiosité sans Dieu et de multiples sectes. Leur propagation, même dans certains
milieux traditionnellement chrétiens, est, pour tous les fils de l'Église, particulièrement pour les
prêtres, un motif constant d'examen de conscience sur la crédibilité de leur témoignage
évangélique ; mais cette propagation est aussi un signe de ce que la recherche de Dieu demeure
profonde et largement répandue.
7. Plusieurs autres éléments problématiques ou négatifs se trouvent mêlés à ces facteurs et à
d'autres facteurs positifs.
Le rationalisme qui, au nom d'une conception réductrice de la « science », ferme la raison
humaine à la rencontre de la Révélation et de la transcendance divine, est encore très répandu.
On enregistre aussi une défense exaspérée du subjectivisme de la personne qui tend à la
refermer dans l'individualisme, incapable de véritables relations humaines. Ainsi, beaucoup,
surtout les adolescents et les jeunes, cherchent à compenser cette solitude par des succédanés
de nature variée, avec des formes plus ou moins fortes d'hédonisme et de fuite des
responsabilités; prisonniers de l'éphémère, ils cherchent à vivre les expériences personnelles les
plus fortes et les plus gratifiantes possibles au niveau des émotions et des sensations immédiates,
se trouvant ainsi inévitablement indifférents et comme paralysés face à l'appel d'un projet de vie
qui inclut une dimension spirituelle et religieuse ou un engagement de solidarité.

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8
En outre, partout dans le monde, même après la chute des idéologies qui avaient fait du
matérialisme un dogme et du rejet de la religion un programme, se diffuse une sorte d'athéisme
pratique et existentiel qui coïncide avec une vision sécularisée de la vie et du destin de l'homme.
Cet homme « tout préoccupé de lui-même, cet homme qui se fait non seulement centre de tous
les intérêts, mais ose se dire le principe et la raison de toute réalité » (12), se trouve toujours plus
dépourvu du « supplément d'âme » qui lui est d'autant plus nécessaire qu'une plus grande
disponibilité de biens matériels et de ressources lui donne l'illusion de l'autosuffisance. On n'a plus
besoin de combattre Dieu, on se passe tout simplement de lui.
En ce contexte, on doit noter, en particulier, la désagrégation de la réalité familiale et
l'obscurcissement ou la déformation du vrai sens de la sexualité humaine : phénomènes qui ont
une incidence très fortement négative sur l'éducation des jeunes et sur leur ouverture à toute
vocation religieuse. On note encore l'aggravation des injustices sociales et la concentration des
richesses entre les mains d'un petit nombre de personnes, comme fruit d'un capitalisme
déshumanisé (13) qui élargit toujours davantage le fossé entre peuples riches et peuples pauvres:
ainsi surviennent dans la société humaine des tensions et des inquiétudes qui troublent
profondément la vie des personnes et des communautés.
Dans le milieu ecclésial, on enregistre aussi des phénomènes inquiétants et négatifs qui ont une
incidence sur la vie et le ministère des prêtres : par exemple l'ignorance religieuse qui persiste
chez de nombreux croyants ; la faible influence de la catéchèse, étouffée par les messages plus
répandus et plus forts des moyens de communication sociale ; le pluralisme théologique, culturel
et pastoral mal compris qui, tout en partant parfois de bonnes intentions, finit par rendre difficile le
dialogue œcuménique et par mettre en danger la nécessaire unité de la foi ; la persistance d'une
méfiance et d'une quasi-intolérance envers le Magistère hiérarchique ; les poussées unilatérales
et réductrices de la richesse du message évangélique qui transforment l'annonce et le témoignage
de la foi en un simple facteur de libération humaine et sociale ou bien en un refuge aliénant dans
la superstition et dans la religiosité sans Dieu (14).
La présence sur un même territoire de groupes consistants de personnes de races et de religions
différentes est un phénomène très important, même s'il est relativement récent en plusieurs pays
d'ancienne tradition chrétienne. Ainsi se développe toujours davantage une société multiraciale et
plurireligieuse. Si ce phénomène peut être l'occasion, d'une part, d'un exercice plus fréquent et
plus fructueux de dialogue, d'une ouverture des esprits et d'expériences d'accueil et de juste
tolérance, il peut, d'autre part, être source de confusion et de relativisme, surtout chez des
personnes et des groupes à la foi peu assurée.
À ces facteurs, et en lien étroit avec la montée de l'individualisme, on peut ajouter le phénomène
du subjectivisme de la foi. On remarque chez un nombre croissant de chrétiens moins
d'attachement à l'ensemble du contenu objectif de la doctrine de la foi : on adhère de façon
subjective à ce qui plaît, à ce qui correspond à sa propre expérience, à ce qui ne dérange pas ses

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9
habitudes personnelles. Enfin, l'appel à l'inviolabilité de la conscience individuelle, légitime en soi,
ne manque pas de revêtir, en pareil contexte, des caractéristiques dangereuses et ambiguës.
De là découle le fait que l'appartenance à l'Église est de plus en plus partielle et conditionnelle, ce
qui exerce une influence négative sur l'éclosion de nouvelles vocations au sacerdoce, sur la
conscience que le prêtre a de son identité et sur son ministère dans la communauté.
Enfin, aujourd'hui encore, l'Église en plusieurs régions connaît des problèmes graves à cause de
la présence insuffisante des forces sacerdotales, qui sont donc moins disponibles. Les fidèles sont
souvent abandonnés durant de longues périodes, sans le soutien pastoral adéquat. La croissance
de leur vie chrétienne dans son ensemble en souffre et, plus encore, leur capacité de devenir eux-
mêmes les promoteurs de l'évangélisation s'en trouve amoindrie.
Les jeunes face à la vocation et à la formation sacerdotales
8. Les nombreuses contradictions et potentialités dont sont marquées nos sociétés et nos cultures
et, en même temps, nos communautés ecclésiales sont perçues et vécues avec une intensité
toute particulière par le monde des jeunes, avec des répercussions immédiates et très fortes sur
leur itinéraire éducatif. En ce sens, l'émergence et le développement des vocations sacerdotales
chez les enfants, les adolescents et les jeunes s'affrontent continuellement à des obstacles et à
des sollicitations.
Quelle puissance sur les jeunes que celle de la fascination de ce qu'on appelle la « société de
consommation », qui les rend victimes et prisonniers d'une interprétation individualiste,
matérialiste et hédoniste de l'existence humaine ! Le « bien-être », compris au sens matériel, tend
à s'imposer comme l'unique idéal de vie, un bien-être à obtenir à n'importe quelle condition et à
n'importe quel prix. Il en résulte le refus de tout sacrifice et l'abandon de tout effort pour
rechercher et pour vivre des valeurs spirituelles et religieuses. La « préoccupation » exclusive de
l'avoir supplante le primat de l'être ; et, en conséquence, les valeurs personnelles et
interpersonnelles sont interprétées et vécues non selon la logique du don et de la gratuité, mais
selon celle de la possession égoïste et de l'exploitation de l'autre.
Cela se retrouve spécialement dans la conception de la sexualité humaine déchue de sa dignité, à
savoir d'être service de la communion et du don interpersonnels, pour être réduite à un simple
bien de consommation. Ainsi, l'expérience affective de nombreux jeunes n'aboutit pas à la
croissance harmonieuse et joyeuse de leur personnalité s'ouvrant à l'autre dans le don de soi,
mais à une sérieuse régression psychologique et éthique ayant de lourdes conséquences sur leur
avenir.
Pour beaucoup de jeunes, c'est une expérience déformée de la liberté qui est à la racine de ces
tendances : loin d'être obéissance à la vérité objective et universelle, la liberté est vécue comme

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10
un assentiment aveugle aux forces de l'instinct et à la volonté de domination de chacun.
Deviennent alors en quelque sorte naturels, du point de vue des mentalités et du comportement,
l'effritement de l'adhésion intérieure aux principes moraux ; et, du point de vue religieux, sinon
dans tous les cas, le refus explicite de Dieu, du moins l'indifférence ou une vie qui, même dans
ses moments les plus significatifs et dans ses choix les plus décisifs, est vécue comme si Dieu
n'existait pas. Dans ce contexte, la réalisation et même la compréhension du sens d'une vocation
au sacerdoce deviennent difficiles ; car la vocation est un témoignage spécifique du primat de
l'être sur l'avoir ; elle est aussi une reconnaissance du sens de la vie comme don libre et
responsable de soi aux autres et comme disposition à se mettre entièrement au service de
l'Évangile et du Royaume de Dieu dans le sacerdoce.
Même dans la communauté ecclésiale, le monde des jeunes constitue souvent un « problème ».
En effet, si chez les jeunes encore plus que chez les adultes, il y a une forte tendance au
subjectivisme de la foi chrétienne et à une appartenance seulement partielle et conditionnelle à la
vie et à la mission de l'Église, dans la communauté ecclésiale on peine, pour toute une série de
raisons, à organiser une pastorale des jeunes adaptée et vigoureuse: les jeunes risquent d'être
abandonnés à eux-mêmes, aux prises avec leur fragilité psychologique, insatisfaits et critiques
face à un monde d'adultes qui, ne vivant pas leur foi de façon cohérente et mûre, ne se présentent
pas comme des modèles crédibles.
Il devient alors difficile de proposer aux jeunes une expérience intégrale et mobilisatrice de vie
chrétienne et ecclésiale et de les y former. De ce fait, la perspective de la vocation au sacerdoce
demeure éloignée des centres d'intérêt concrets des jeunes.
9. Cependant, il ne manque pas de situations stimulantes et positives pour susciter et favoriser
dans le cœur des adolescents et des jeunes une nouvelle disponibilité ainsi qu'une véritable et
authentique recherche de valeurs éthiques et spirituelles qui, par nature, offrent un terrain propice
à l'éclosion de la vocation en vue d'un don total de soi au Christ et à l'Église dans le sacerdoce.
On note d'abord que se sont atténués certains phénomènes récents qui avaient provoqué bien
des problèmes, comme la contestation radicale, les montées libertaires, les revendications
utopiques, les formes de socialisation sans discrimination et la violence.
Par ailleurs, on doit reconnaître que les jeunes d'aujourd'hui, avec la force et la fraîcheur typiques
de leur âge, sont porteurs d'idéaux qui s'insèrent peu à peu dans l'histoire : la soif de liberté, la
reconnaissance de la valeur incommensurable de la personne, le besoin d'authenticité et de
transparence, une nouvelle conception et un nouveau style de réciprocité dans les rapports entre
hommes et femmes, la recherche convaincue et passionnée d'un monde plus juste, plus solidaire
et plus uni, l'ouverture au dialogue avec tous, l'engagement pour la paix.
Chez beaucoup de jeunes de notre temps, on note le développement si riche et si vivant de

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2.1 Page 11

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11
nombreuses et diverses formes de volontariat en réponse aux besoins de personnes dans des
situations d'abandon et de précarité au sein de notre société ; cette disposition représente
aujourd'hui un ressort éducatif particulièrement important, parce qu'il stimule et soutient les jeunes
dans un mode de vie plus désintéressé, plus ouvert et plus solidaire avec les pauvres. Ce style de
vie peut faciliter la compréhension, le désir et l'acceptation d'une vocation à un service stable et
total envers les autres et notamment dans la voie de l'entière consécration à Dieu dans une vie
sacerdotale.
Le récent effondrement des idéologies, la manière fortement critique de se situer face au monde
des adultes qui n'offrent pas toujours un témoignage de vie inspirée par les valeurs morales et
transcendantes, l'expérience même de camarades qui cherchent l'évasion dans la drogue et la
violence, contribuent beaucoup à rendre plus vive et inévitable la question fondamentale des
valeurs véritablement capables de donner la plénitude de leur sens à la vie, à la souffrance et à la
mort. Chez beaucoup de jeunes, le désir religieux et le besoin de spiritualité se font plus explicites
: d'où le désir d'expériences de désert et de prière, le retour à une lecture plus personnelle et
habituelle de la Parole de Dieu et à une étude de la théologie.
Comme dans le cadre du volontariat, de même dans celui de la communauté ecclésiale, les
jeunes deviennent des protagonistes toujours plus actifs, surtout dans la participation aux divers
groupes, depuis les plus anciens mais renouvelés jusqu'aux plus récemment fondés : l'expérience
d'une Église appelée à la « nouvelle évangélisation » par la fidélité à l'Esprit qui l'anime et selon
les aspirations du monde éloigné du Christ mais qui a besoin de Lui, comme aussi l'expérience
d'une Église toujours plus solidaire avec l'homme et avec les peuples dans la défense et la
promotion de la dignité de la personne et des droits humains de tous et de chacun, tout cela ouvre
le cœur et la vie des jeunes à des idéaux fascinants et engageants qui peuvent trouver leur
réalisation concrète dans la suite du Christ et dans le sacerdoce.
Naturellement, cette situation humaine et ecclésiale, marquée d'une forte ambivalence, sera sous-
jacente non seulement à la pastorale des vocations et dans la formation des futurs prêtres, mais
encore dans le cadre de la vie et du ministère des prêtres et dans leur formation permanente.
Ainsi, si l'on comprend les formes variées de « crises » vécues par les prêtres d'aujourd'hui dans
l'exercice de leur ministère, dans leur vie spirituelle et dans l'interprétation même de la nature et
de la signification du sacerdoce ministériel, on doit aussi reconnaître, avec joie et espérance, les
nouvelles possibilités positives que le tournant historique actuel offre aux prêtres pour
l'accomplissement de leur mission.
Le discernement évangélique
10. La situation complexe actuelle, évoquée par quelques aperçus rapides et à titre d'exemples,
doit être non seulement connue mais aussi et surtout interprétée. Ainsi seulement, on pourra
répondre de façon adéquate à la question fondamentale : « Comment former des prêtres qui

2.2 Page 12

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12
soient vraiment à la hauteur des circonstances actuelles, capables d'évangéliser le monde
d'aujourd'hui ? » (15)
La connaissance de la situation est importante. Un simple relevé des données ne suffit pas ; il faut
une enquête « scientifique » qui permette de préciser le contour d'un cadre concret des
circonstances socio-culturelles et ecclésiales.
L'interprétation de la situation est encore plus importante. Elle est requise par l'ambivalence et
parfois par le caractère contradictoire de la situation qui, à la manière du champ de l'Évangile
dans lequel sont semés et poussent ensemble le bon grain et l'ivraie (cf. Mt 13, 24-30), révèlent
comme profondément enchevêtrés entre eux des difficultés et des potentialités, des éléments
négatifs et des raisons d'espérer, des obstacles et des ouvertures.
La lecture interprétative, qui sache distinguer entre le bien et le mal, entre les signes d'espérance
et les menaces, n'est pas toujours facile. Dans la formation des prêtres, il ne s'agit pas
simplement d'accueillir les facteurs positifs et de les opposer aux négatifs. Mais il importe de
soumettre ces mêmes facteurs positifs à un discernement attentif, pour ne pas les isoler l'un de
l'autre et ne pas les mettre en opposition entre eux, comme s'ils étaient des absolus en opposition.
Il en est de même pour les facteurs négatifs : il ne faut pas les rejeter en bloc et sans distinction,
parce qu'en chacun d'eux peut se cacher une valeur qui attend d'être libérée et rendue à sa vérité
totale.
Pour le croyant, l'interprétation de la situation historique se fait à partir du principe d'intelligence et
du critère des choix d'action qui en découlent, qui se trouvent dans une exigence nouvelle et
originale, le discernement évangélique ; cette interprétation naît dans la force et la lumière de
l'Évangile, de l'Évangile vivant et personnel qui est Jésus Christ, et grâce au don de l'Esprit Saint.
Ainsi, dans la situation historique et ses aléas, le discernement évangélique recueille non une
simple « donnée » dont il faut prendre acte avec précision et face à laquelle il est possible de
rester indifférent ou passif, mais plutôt un « devoir », un défi pour la liberté responsable, soit de la
personne seule soit de la communauté. C'est un défi lié à un « appel » que Dieu fait retentir dans
la situation historique elle-même : aussi, en elle et par elle, Dieu appelle l'Église en premier lieu et
le croyant à faire en sorte que « l'Évangile de la vocation et du sacerdoce » exprime la pérennité
de la vérité dans les circonstances changeantes de la vie. Il faut appliquer aussi à la formation des
prêtres les paroles du Concile Vatican II : « L'Église a le devoir, à tout moment, de scruter les
signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, de telle sorte qu'elle puisse
répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur
le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître
et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère
souvent dramatique » (16).
Ce discernement évangélique s'appuie sur la confiance en l'amour de Jésus Christ qui, toujours et

2.3 Page 13

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13
inlassablement, prend soin de son Église (cf. Ep 5,29), Lui qui est Seigneur et Maître, clef de
voûte, centre et fin de toute l'histoire humaine (17) ; il est éclairé et affermi par l'Esprit Saint, qui
suscite en tout temps et en tout lieu l'obéissance de la foi, le joyeux courage de suivre Jésus, le
don de la sagesse qui juge tout et n'est jugée par personne (cf. 1 Co 2,15) ; il repose sur la fidélité
du Père à ses promesses.
Ainsi, l'Église se sent capable d'affronter les difficultés et les défis de cette nouvelle période de
l'histoire. Elle peut aussi assurer pour le présent et pour l'avenir la formation de prêtres qui soient
des ministres fervents et convaincus pour la « nouvelle évangélisation », des serviteurs fidèles et
généreux de Jésus Christ et des hommes.
Ne nous cachons pas les difficultés. Elles ne sont ni rares ni légères. Pour les vaincre, nous avons
notre espérance, notre foi en l'indéfectible amour du Christ, et notre certitude du caractère
irremplaçable du ministère sacerdotal pour la vie de l'Église et du monde.
CHAPITRE II
IL M'A CONSACRÉ PAR L'ONCTION ET IL M'A ENVOYÉ
La nature et la mission du sacerdoce ministériel
Le regard sur le sacerdoce
11. « Tous dans la Synagogue avaient les yeux fixés sur lui » (Lc 4, 20). Ce que dit l'évangéliste
Luc au sujet de ceux qui étaient présents ce sabbat à la synagogue de Nazareth et ont écouté
Jésus commenter le passage du livre du prophète Isaïe qu'il avait lu, peut s'appliquer à tous les
chrétiens, toujours appelés à reconnaître en Jésus de Nazareth l'accomplissement définitif de
l'annonce prophétique : « Alors il se mit à dire : "Aujourd'hui cette Écriture est accomplie pour vous
qui l'entendez" (Lc 4, 21). Ce texte de l'Écriture disait : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce
qu'il m'a consacré par l'onction pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé
annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les
opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19 ; cf. Is 61, 1-2). Jésus se
présente donc comme rempli de l'Esprit Saint, « consacré par l'onction », « pour porter la Bonne
Nouvelle aux pauvres » : il est le Messie, le Messie prêtre, prophète et roi.
Les chrétiens doivent garder les yeux de la foi et de l'amour fixés sur ce visage du Christ. C'est à
la lumière de cette « contemplation » que les Pères synodaux ont réfléchi au problème de la
formation des prêtres dans les circonstances actuelles. On ne peut répondre à cette question sans

2.4 Page 14

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14
réfléchir au préalable à la finalité du processus de la formation : et la finalité, c'est le sacerdoce
ministériel, plus précisément le sacerdoce ministériel comme participation au sacerdoce même de
Jésus Christ, dans l'Église. La connaissance de la nature et de la mission du sacerdoce ministériel
est le présupposé nécessaire et en même temps le guide le plus sûr et le stimulant le plus fort
pour développer dans l'Église l'action pastorale, en vue de la promotion et du discernement des
vocations sacerdotales et de la formation de ceux qui sont appelés au ministère ordonné.
La recherche d'une connaissance exacte et profonde de la nature et de la mission du sacerdoce
ministériel est donc la voie à suivre - c'est celle que le Synode a effectivement suivie - pour sortir
de la crise de l'identité du prêtre : « Cette crise - comme je l'ai dit dans le discours de clôture du
Synode - est apparue dans les années qui ont suivi immédiatement le Concile. Elle est née d'une
interprétation erronée, parfois même volontairement tendancieuse, de la doctrine du Magistère
conciliaire. Là se trouve indubitablement l'une des causes d'un grand nombre de défections alors
subies par l'Église ; défections qui ont gravement atteint le service pastoral et les vocations au
sacerdoce, en particulier les vocations missionnaires. C'est comme si le Synode de 1990,
redécouvrant toute la profondeur de l'identité sacerdotale par tant d'interventions entendues dans
cette Aula, était venu apporter l'espérance après les défections douloureuses. Ces interventions
ont révélé notre conscience du lien ontologique spécifique qui unit le prêtre au Christ, Prêtre
Suprême et Bon Pasteur. Cette identité est sous-jacente à la nature de la formation qui doit être
donnée en vue du sacerdoce et ensuite durant toute la vie sacerdotale. C'était le but précis de ce
Synode ». (18)
À cette fin, le Synode considère qu'il fallait rappeler, de manière synthétique, ce qui a trait aux
fondements de la nature et de la mission du sacerdoce ministériel, nature et mission que la foi de
l'Église a reconnues au cours de son histoire multiséculaire et que le Concile Vatican II a
présentées aux hommes de notre temps. (19)
Dans l'Église, mystère, communion et mission
12. « L'identité sacerdotale - ont écrit les Pères synodaux -, comme toute identité chrétienne,
prend sa source dans la Très Sainte Trinité » (20), qui se révèle et se communique aux hommes
dans le Christ, constituant, en Lui et par l'action de l'Esprit, l'Église comme « le germe et le
commencement » du Royaume (21). L'exhortation Christifideles laici, synthétisant l'enseignement
du Concile, présente l'Église comme mystère, communion et mission ; « elle est mystère parce
que l'amour et la vie du Père, du Fils et de l'Esprit Saint sont le don absolument gratuit offert à
tous ceux qui sont nés de l'eau et de l'Esprit (cf. Jn 3, 5), appelés à vivre la communion même de
Dieu, à la manifester et à la communiquer dans l'histoire (mission) ». (22)
C'est à l'intérieur de l'Église comme mystère de communion trinitaire en tension missionnaire que
se révèle toute identité chrétienne, et donc aussi l'identité spécifique du prêtre et de son ministère.
En effet, le prêtre, en vertu de la consécration qu'il a reçue par le sacrement de l'Ordre, est

2.5 Page 15

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15
envoyé par le Père, par Jésus Christ, à qui il est configuré de manière spéciale comme Tête et
Pasteur de son peuple, pour vivre et agir, dans la force de l'Esprit Saint, pour le service de l'Église
et pour le salut du monde. (23)
On peut comprendre ainsi le caractère essentiellement « relationnel » de l'identité du prêtre: par le
sacerdoce naissant de la profondeur du mystère ineffable de Dieu, c'est-à-dire de l'amour du
Père, de la grâce de Jésus Christ et du don de l'unité dans l'Esprit Saint, le prêtre est intégré
sacramentellement dans la communion avec l'évêque et avec les autres prêtres, (24) pour servir
le Peuple de Dieu qui est l'Église et pour conduire tous les hommes au Christ, conformément à la
prière du Seigneur : « Père saint, garde-les dans ton nom que tu m'as donné pour qu'ils soient un
comme nous... Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que
le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 11. 21).
On ne peut donc définir la nature et la mission du sacerdoce ministériel hors de cette trame
multiple et riche des rapports qui ont leur source dans la Très Sainte Trinité et qui se prolongent
dans la communion de l'Église comme signe et instrument, dans le Christ, de l'union des hommes
avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain. (25) Ainsi l'ecclésiologie de communion devient
décisive pour saisir l'identité du prêtre, sa dignité propre, sa vocation et sa mission dans le Peuple
de Dieu et dans le monde. C'est pourquoi la référence à l'Église est nécessaire, même si elle n'est
pas première dans la définition de l'identité du prêtre. En tant que mystère, l'Église est
essentiellement relative à Jésus Christ ; en effet, elle est, de lui, la plénitude, le corps et l'épouse.
Elle est le « signe », le « mémorial » vivant de sa présence permanente et de son action parmi
nous et pour nous. Le prêtre trouve la pleine vérité de son identité dans le fait d'être une
participation spécifique et une continuation du Christ lui-même, souverain et unique prêtre de la
Nouvelle Alliance : il est une image vivante et transparente du Christ prêtre. Le sacerdoce du
Christ, expression de sa « nouveauté » absolue dans l'histoire du salut, constitue la source unique
et le paradigme irremplaçable du sacerdoce du chrétien, et en particulier du prêtre. La référence
au Christ est ainsi la clef absolument nécessaire pour la compréhension de la réalité du
sacerdoce.
La relation fondamentale avec le Christ Tête et Pasteur
13. Jésus Christ a manifesté en lui-même la figure parfaite et définitive du sacerdoce de la
Nouvelle Alliance (26) : il l'a révélée par toute sa vie terrestre, mais par-dessus tout dans
l'événement central de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.
Comme l'écrit l'auteur de la Lettre aux Hébreux, étant homme comme nous et en même temps
Fils unique de Dieu, Jésus est, en son être même, médiateur parfait entre le Père et l'humanité (cf.
He 8-9), celui qui nous donne l'accès immédiat auprès de Dieu, grâce au don de l'Esprit : « Dieu a
envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! » (Ga 4, 6 ; cf. Rm 8, 15).

2.6 Page 16

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16
Jésus accomplit sa fonction de médiateur par l'offrande de lui-même sur la Croix, par laquelle il
ouvre, une fois pour toutes, l'accès au sanctuaire céleste et à la maison du Père (cf. He 9, 24-28).
Par rapport à Jésus, Moïse et tous les « médiateurs » de l'Ancien Testament entre Dieu et son
peuple - les rois, les prêtres et les prophètes - ne se présentent que comme « figure » et « ombre
des biens à venir », et non comme « l'expression même des réalités » (cf. He 10, 1).
Jésus est le Bon Pasteur annoncé à l'avance par les prophètes (cf. Ez 34), celui qui connaît ses
brebis une par une, qui offre sa vie pour elles et qui veut les rassembler toutes comme un seul
troupeau avec un seul pasteur (cf. Jn 10, 11-16). Il est le pasteur, venu non « pour être servi, mais
pour servir » (Mt 20, 28), qui, dans le geste pascal du lavement des pieds (cf. Jn 13, 1-20), laisse
aux siens le modèle du service qu'ils devront se rendre les uns aux autres, et qui s'offre librement
comme « agneau innocent » immolé pour notre rédemption (cf. Jn 1, 36 ; Ap 5, 6-12).
Par le sacrifice de la Croix unique et définitif, Jésus confère à tous ses disciples la dignité et la
mission de prêtres de la nouvelle et éternelle Alliance. Ainsi s'accomplit la promesse que Dieu
avait faite à Israël : « Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte » (Ex 19, 6).
C'est tout le peuple de la Nouvelle Alliance - écrit saint Pierre - qui est constitué comme un «
édifice spirituel », « un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu
par Jésus Christ » (1 P 2, 5). Les baptisés sont les « pierres vivantes » qui construisent l'édifice
spirituel, faisant corps avec le Christ, « pierre vivante,...choisie, précieuse auprès de Dieu » (1 P
2, 4). Le nouveau peuple sacerdotal, qui est l'Église, non seulement a dans le Christ son image
propre et authentique, mais aussi reçoit de Lui une participation réelle et ontologique à son éternel
et unique sacerdoce, auquel il doit conformer toute sa vie.
14. Au service de ce sacerdoce universel de la Nouvelle Alliance, Jésus a appelé à lui, au cours
de sa mission terrestre, plusieurs de ses disciples ; avec l'autorité d'une mission spécifique, il
appelle et institue les Douze « pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher, avec
pouvoir de chasser les démons » (Mc 3, 14-15).
Ainsi, déjà durant son ministère public (cf. Mt 16, 18) et ensuite, en plénitude, après sa mort et sa
résurrection (cf. Mt 28, 16-20 ; Jn 20-21), Jésus confère à Pierre et aux Douze des pouvoirs tout à
fait particuliers vis-à-vis de la communauté future et pour l'évangélisation de tous les peuples.
Après les avoir appelés à le suivre, il les garde auprès de lui et il vit avec eux, leur communiquant
par l'exemple et par la parole son message de salut; enfin, il les envoie à tous les hommes. Pour
l'accomplissement de cette mission, Jésus confère aux Apôtres, avec la force de l'effusion pascale
de l'Esprit Saint, la même autorité messianique qu'il a reçue du Père, qui lui a été conférée, et qui
a été manifestée en plénitude par la Résurrection : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la
terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Voici que je suis
avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 18-20).

2.7 Page 17

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17
Jésus établit ainsi une stricte relation entre le ministère confié aux Apôtres et sa propre mission : «
Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé » (Mt 10, 40) ; «
Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a
envoyé » (Lc 10, 16). Bien plus, dans le quatrième Évangile, à la lumière de l'événement pascal
de la mort et de la résurrection, Jésus affirme avec beaucoup de force et de clarté : « Comme le
Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). De même que Jésus
a une mission qui lui vient directement de Dieu et qui rend présente l'autorité même de Dieu (cf.
Mt 7, 29 ; 21, 23 ; Mc 1, 27 ; 11, 28 ; Lc 20, 2 ; 24, 19), de même les Apôtres ont une mission qui
vient de Jésus. Comme « le Fils ne peut rien faire de lui-même » (Jn 5, 19), de sorte que sa
doctrine n'est pas sa propre doctrine, mais la doctrine de Celui qui l'a envoyé (cf. Jn 7, 16), de
même Jésus dit aux Apôtres : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5) : leur mission
n'est pas leur propre mission, mais la mission même de Jésus. Son accomplissement est possible
non à partir des forces humaines, mais seulement avec le « don » du Christ et de son Esprit, avec
la grâce sacramentelle : « Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur
seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20, 22-23). Ainsi, ce n'est
pas en vertu de quelque mérite particulier, mais seulement en vertu d'une participation gratuite à
la grâce du Christ, que les Apôtres poursuivent dans l'histoire, jusqu'à la fin des temps, la mission
de salut du Christ lui-même en faveur des hommes.
Le signe et le présupposé de l'authenticité et de la fécondité de cette mission est l'unité des
Apôtres avec Jésus et, en lui, entre eux et avec le Père, comme en témoigne la prière sacerdotale
du Seigneur, synthèse de sa mission (cf. Jn 17, 20-23).
15. À leur tour, les Apôtres, institués par le Seigneur, s'acquitteront progressivement de leur
mission en appelant, sous des formes diverses mais finalement convergentes, d'autres hommes,
comme évêques, comme prêtres et comme diacres, pour accomplir la mission reçue du Christ
ressuscité qui les a envoyés à tous les hommes de tous les temps.
Le Nouveau Testament souligne unanimement que l'Esprit du Christ lui-même a introduit dans le
ministère ces hommes choisis du milieu des frères. Par le geste de l'imposition des mains (cf. Ac
6, 6 ; 1 Tm 4, 14 ; 5, 22 ; 2 Tm 1, 6), qui transmet le don de l'Esprit, ces hommes sont appelés et
habilités à continuer le même ministère de réconcilier, de paître le troupeau de Dieu, et
d'enseigner (cf. Ac 20, 28 ; 1 P 5, 2).
Les prêtres sont ainsi appelés à prolonger la présence du Christ, unique et souverain Pasteur, en
retrouvant son style de vie et en se rendant en quelque sorte transparents à lui au milieu du
troupeau qui leur est confié. Comme l'écrit de manière claire et précise la première Lettre de
Pierre : « Les anciens qui sont parmi vous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des
souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. Paissez le troupeau de
Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non
pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de

2.8 Page 18

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18
ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. Et quand
paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 P 5, 1-
4).
Dans l'Église et pour l'Église, les prêtres représentent sacramentellement Jésus Christ Tête et
Pasteur, ils proclament authentiquement la Parole, ils répètent ses gestes de pardon et d'offre du
salut, surtout par le Baptême, la Pénitence et l'Eucharistie, ils exercent sa sollicitude pleine
d'amour, jusqu'au don total de soi-même, pour le troupeau qu'ils rassemblent dans l'unité et
conduisent au Père par le Christ dans l'Esprit. En un mot, les prêtres existent et agissent pour
l'annonce de l'Évangile au monde et pour l'édification de l'Église au nom du Christ Tête et Pasteur
en personne. (27)
Telle est la manière typique et particulière dont les ministres ordonnés participent à l'unique
sacerdoce du Christ. Par l'onction du sacrement de l'Ordre, l'Esprit Saint les configure, à un titre
nouveau et spécifique, à Jésus Christ Tête et Pasteur, il les y conforme intérieurement et les
anime de sa charité pastorale ; et dans l'Église, il en fait des serviteurs qualifiés pour l'annonce de
l'Évangile à toutes les créatures et pour la plénitude de la vie chrétienne de tous les baptisés.
La vérité du prêtre telle qu'elle émane de la Parole de Dieu, c'est-à-dire de Jésus Christ lui-même,
et de son dessein concernant la constitution de l'Église, est chantée en une joyeuse action de
grâce liturgique dans la préface de la messe chrismale : « Par l'onction de l'Esprit Saint, tu as
établi ton Fils unique prêtre de l'Alliance nouvelle et éternelle ; et tu as voulu que son unique
sacerdoce demeure vivant dans l'Église. C'est lui, le Christ, qui donne à tout le peuple racheté la
dignité du sacerdoce royal; c'est lui qui choisit, dans son amour pour ses frères, ceux qui, recevant
l'imposition des mains, auront part à son ministère. Ils offrent en son nom l'unique sacrifice du
salut à la table du banquet pascal: ils ont à se dévouer au service de ton peuple pour le nourrir de
ta Parole et le faire vivre de tes sacrements ; ils seront de vrais témoins de la foi et de la charité,
prêts à donner leur vie comme le Christ pour leurs frères et pour toi ».
Au service de l'Église et du monde
16. La relation fondamentale du prêtre est celle qui l'unit à Jésus Christ Tête et Pasteur: il participe
en effet, d'une manière spécifique et authentique, à la « consécration », ou « onction », et à la «
mission » du Christ (cf. Lc 4, 18-20). Mais à cette relation-là est intimement liée celle qui l'unit à
l'Église. Il ne s'agit pas de « relations » simplement juxtaposées : elles sont elles-mêmes
intimement unies par une sorte d'immanence réciproque. La référence à l'Église est inscrite dans
l'unique et même rapport du prêtre au Christ, en ce sens que c'est la "représentation
sacramentelle" du Christ par le prêtre qui fonde et anime son rapport à l'Église.
En ce sens, les Pères synodaux ont écrit: « En tant qu'il représente le Christ Tête, Pasteur et
Époux de l'Église, le prêtre est placé non seulement dans l'Église, mais aussi face à l'Église. Le

2.9 Page 19

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19
sacerdoce, en même temps que la Parole de Dieu et les signes sacramentels dont il est le
serviteur, appartient aux éléments constitutifs de l'Église. Le ministère du prêtre est entièrement
au service de l'Église pour promouvoir l'exercice du sacerdoce commun de tout le peuple de Dieu
; il est ordonné non seulement à l'Église particulière, mais encore à l'Église universelle (cf.
Presbyterorum ordinis, n. 10), en communion avec l'évêque, avec Pierre et sous l'autorité de
Pierre. Par le sacerdoce de l'évêque, le sacerdoce du second ordre est incorporé à la structure
apostolique de l'Église. Ainsi le prêtre, comme les Apôtres, remplit la fonction d'ambassadeur du
Christ (cf. 2 Co 5, 20). C'est là que se fonde le caractère missionnaire du sacerdoce » .(28)
Le ministère ordonné naît ainsi avec l'Église ; qu'il s'agisse de celui des évêques ou, en référence
et en communion avec eux, de celui des prêtres, il a un lien particulier avec le ministère des
Apôtres à l'origine, dont il prend réellement la succession, même si, par rapport à celui-ci, il
présente des modalités existentielles différentes.
On ne doit donc pas considérer le sacerdoce ordonné comme s'il était antérieur à l'Église : il est
entièrement au service de l'Église elle-même ; mais il ne doit pas non plus être envisagé comme
postérieur à la communauté ecclésiale, comme si celle-ci pouvait être comprise comme étant déjà
constituée sans ce sacerdoce.
La relation du prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Église s'inscrit dans l'être même du
prêtre, en vertu de sa consécration ou de l'onction sacramentelle, et dans son agir, c'est-à-dire
dans sa mission ou dans son ministère. En particulier, « le prêtre ministre est serviteur du Christ
présent dans l'Église mystère, communion et mission. Du fait qu'il participe à l'"onction" et à la
"mission" du Christ, il peut prolonger dans l'Église sa prière, sa parole, son sacrifice, son action
salvifique. Il est donc serviteur de l'Église mystère parce qu'il accomplit les signes ecclésiaux et
sacramentels de la présence du Christ ressuscité. Il est serviteur de l'Église communion parce que
- en unité avec l'évêque et en lien étroit avec le presbyterium - il construit l'unité de la
communauté ecclésiale dans l'harmonie des diverses vocations, des charismes et des services. Il
est, enfin, serviteur de l'Église mission parce qu'il fait de la communauté une communauté
annonciatrice et témoin de l'Évangile. » (29)
Ainsi dans son être même et dans sa mission sacramentelle, le prêtre apparaît, dans la structure
de l'Église, comme signe de la priorité absolue et de la gratuité de la grâce, qui est donnée à
l'Église par le Christ ressuscité. Par le sacerdoce ministériel, l'Église prend conscience, dans la
foi, de ne pas exister par elle-même, mais par la grâce du Christ dans l'Esprit Saint. Les Apôtres
et leurs successeurs, comme détenteurs d'une autorité qui leur vient du Christ Tête et Pasteur,
sont placés - par leur ministère - face à l'Église, comme prolongement visible et signe sacramentel
du Christ, à sa propre place en face de l'Église et du monde, comme origine permanente et
toujours nouvelle du salut, « lui le sauveur du Corps » (Ep 5, 23).
17. Le ministère ordonné, de par sa nature même, ne peut être accompli que pour autant que le

2.10 Page 20

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20
prêtre est uni au Christ par l'insertion sacramentelle dans l'ordre presbytéral et donc pour autant
qu'il est en communion hiérarchique avec son évêque. Le ministère ordonné est radicalement de «
nature communautaire » et ne peut être rempli que comme « œuvre collective » (30). Le Concile
s'est longuement exprimé sur cette nature communionnelle du sacerdoce, en examinant
successivement les relations du prêtre avec son évêque, avec les autres prêtres et avec les laïcs.
(31)
Le ministère des prêtres est avant tout communion et collaboration responsable et nécessaire au
ministère de l'évêque, dans sa sollicitude pour l'Église universelle et pour l'Église particulière, au
service de laquelle ils constituent avec l'évêque un unique presbyterium.
Chaque prêtre, qu'il soit diocésain ou religieux, est uni aux autres membres du presbyterium, en
fonction du sacrement de l'Ordre, par des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et
de fraternité. Tous les prêtres, en effet, diocésains ou religieux, participent à l'unique sacerdoce du
Christ Tête et Pasteur, « visent le même but: construire le Corps du Christ ; de notre temps
surtout, cette tâche réclame des fonctions multiples et des adaptations nouvelles », et le ministère
s'enrichit au cours des siècles de charismes toujours nouveaux. (32)
Les prêtres, enfin, parce que leur figure et leur engagement dans l'Église ne remplacent pas, mais
bien plutôt promeuvent le sacerdoce baptismal de tout le peuple de Dieu, le conduisant à sa
pleine réalisation ecclésiale, se trouvent en relation positive et constructive avec les laïcs. Ils sont
au service de leur foi, de leur espérance et de leur charité. Ils en reconnaissent et soutiennent,
comme frères et amis, la dignité de fils de Dieu et ils les aident à exercer pleinement leur rôle
spécifique dans le cadre de la mission de l'Église. (33)
Le sacerdoce ministériel conféré par le sacrement de l'ordre et le sacerdoce commun ou « royal »
des fidèles, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degrés (34), sont
ordonnés l'un à l'autre; ils dérivent l'un et l'autre - sous des formes différentes - de l'unique
sacerdoce du Christ. Le sacerdoce ministériel, en effet, ne signifie pas en soi un degré plus élevé
de sainteté par rapport au sacerdoce commun des fidèles; mais, par le sacerdoce ministériel, les
prêtres ont reçu du Christ, par l'Esprit, un don spécifique, afin de pouvoir aider le peuple de Dieu à
exercer fidèlement et pleinement le sacerdoce commun qui lui est conféré. (35)
18. Comme le Concile le souligne, « le don spirituel que les prêtres ont reçu à l'ordination les
prépare non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d'ampleur
universelle "jusqu'aux extrémités de la terre" ; n'importe quel ministère sacerdotal participe, en
effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres ». (36) En vertu
de la nature même de leur ministère, ils doivent donc être pénétrés et animés d'un profond esprit
missionnaire et « de cet esprit vraiment catholique qui les habituera à dépasser les limites de leur
propre diocèse, de leur nation et de leur rite, pour subvenir aux besoins de l'Église entière, prêts
au fond du cœur à prêcher l'Évangile jusqu'aux extrémités de la terre ». (37)

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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21
En outre, en particulier parce que le prêtre est, à l'intérieur de l'Église, homme de la communion, il
doit être, à l'égard de tous les hommes, homme de la mission et du dialogue. Profondément
enraciné dans la vérité et dans la charité du Christ, et animé du désir et de la nécessité intérieure
d'annoncer à tous le salut, il est appelé à nouer avec tous les hommes des rapports de fraternité
et de service, dans une recherche commune de la vérité, en travaillant à promouvoir la justice et la
paix. Il doit nouer ces rapports fraternels en premier lieu avec les frères des autres Églises et des
confessions chrétiennes, mais aussi avec les fidèles des autres religions, avec les hommes de
bonne volonté, et, d'une manière spéciale, avec les pauvres et avec les plus faibles, ainsi qu'avec
tous ceux qui aspirent, sans le savoir ou sans l'exprimer, à la vérité et au salut apporté par le
Christ, selon la parole et l'exemple de Jésus qui a dit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé
qui ont besoin du médecin, mais les malades ;... je ne suis pas venu appeler les justes, mais les
pécheurs » (Mc 2, 17).
Aujourd'hui, en particulier, la tâche pastorale prioritaire de la nouvelle évangélisation incombe à
tout le peuple de Dieu, et demande une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau
langage pour l'annonce et le témoignage évangéliques. Il exige que les prêtres soient
radicalement et totalement plongés dans le mystère du Christ et capables de réaliser un nouveau
style de vie pastorale, caractérisé par une profonde communion avec le Pape, les évêques et
entre eux, et par une collaboration féconde avec les laïcs, dans le respect et la promotion des
divers rôles, des charismes et des ministères au sein de la communauté ecclésiale. (38)
«Aujourd'hui, cette Écriture est accomplie pour vous qui l'entendez » (Lc 4, 21). Écoutons encore
une fois ces paroles de Jésus à la lumière du sacerdoce ministériel dont nous avons présenté la
nature et la mission. L'« aujourd'hui » dont parle Jésus, parce qu'il appartient à la « plénitude des
temps » et la définit - temps du salut accompli et définitif -, désigne le temps de l'Église. La
consécration et la mission du Christ exprimées par ces paroles : « L'Esprit du Seigneur... m'a
consacré par l'onction, pour porter aux pauvres la Bonne Nouvelle » sont la racine vivante d'où
germe la consécration et la mission de l'Église, « plénitude » du Christ (cf. Ep 1, 23) ; avec la
régénération baptismale, tous les chrétiens ont reçu l'effusion de l'Esprit du Seigneur, qui les
consacre pour former un temple spirituel et un sacerdoce saint. L'Esprit les envoie proclamer les
merveilles accomplies par Celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière (cf. 1 P 2,
4-10). Le prêtre participe à la consécration et à la mission du Christ de manière spécifique et
authentique, c'est-à-dire par le sacrement de l'Ordre, qui l'a configuré, dans son être même, à
Jésus Christ, Tête et Pasteur ; il participe à la mission d'« annoncer aux pauvres la Bonne
Nouvelle » au nom et en la personne du Christ.
Dans leur message final, les Pères synodaux ont condensé en une formule brève, mais riche de
sens, la « vérité », ou mieux le « mystère » et le « don » du sacerdoce ministériel, en disant : «
Notre identité a sa source ultime dans l'amour du Père. Au Fils qu'il a envoyé, Souverain Prêtre et
Bon Pasteur, nous sommes unis sacramentellement par le sacerdoce ministériel dans la
puissance de l'Esprit Saint. La vie et le ministère du prêtre sont la continuation de la vie et de

3.2 Page 22

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22
l'action du Christ lui-même. Là réside notre identité, notre vraie dignité, notre source de joie, et
notre certitude de vie ». (39)
CHAPITRE III
L'ESPRIT DU SEIGNEUR EST SUR MOI
La vie spirituelle du prêtre
Un appel « spécifique » à la sainteté
19. « L'Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4,18). L'Esprit ne se tient pas seulement « sur » le
Messie, mais il le remplit, le pénètre, le rejoint dans son être et dans son action. L'Esprit, en effet,
est le principe de la « consécration » et de la « mission » du Messie : « Parce qu'il m'a consacré
par l'onction et m'a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres... » (Lc 4,18). Par la
force de l'Esprit, Jésus appartient totalement et exclusivement à Dieu, il participe à l'infinie sainteté
de Dieu qui l'appelle, le choisit et l'envoie. Ainsi, l'Esprit du Seigneur se révèle source de sainteté
et appel à la sanctification.
Ce même « Esprit du Seigneur » est « sur » le peuple de Dieu tout entier, qui est constitué comme
peuple « consacré » à Dieu et « envoyé » par Dieu pour annoncer l'Évangile qui sauve. De
l'Esprit, les membres du peuple de Dieu sont « enivrés » et « marqués » (cf. 1 Co 12, 13 ; 2 Co 1,
21-22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30) et appelés à la sainteté.
En particulier, l'Esprit nous révèle et nous communique la vocation fondamentale que le Père
depuis l'éternité adresse à tous : la vocation d'être « saints et immaculés en sa présence dans
l'amour », en vertu de la prédestination « à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ » (Ep 1,
4-5). Non seulement il nous révèle et nous communique cette vocation, mais l'Esprit se fait en
nous principe et source de sa réalisation : lui, l'Esprit du Fils (cf. Ga 4, 6), nous conforme au Christ
Jésus et nous rend participants de sa vie filiale, c'est-à-dire de sa charité envers le Père et envers
ses frères. « Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir » (Ga 5, 25). Par ces
paroles, l'Apôtre Paul nous rappelle que l'existence chrétienne est « vie spirituelle », c'est-à-dire
vie animée et guidée par l'Esprit vers la sainteté et la perfection de la charité.
L'affirmation du Concile : « L'appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la
charité s'adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur forme de vie
» (40) s'applique tout spécialement aux prêtres : ils sont appelés, non seulement en tant que
baptisés, mais aussi et spécifiquement en tant que prêtres, à savoir à un titre nouveau et selon
des modalités propres, découlant du sacrement de l'Ordre.

3.3 Page 23

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23
20. Au sujet de la « vie spirituelle » des prêtres, et du don de la sainteté et de la responsabilité de
devenir « saints », le décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres nous offre une
synthèse riche et stimulante : « Les prêtres sont ministres du Christ Tête pour construire et édifier
son Corps tout entier, l'Église, comme coopérateurs de l'Ordre épiscopal : c'est à ce titre que le
sacrement de l'Ordre les configure au Christ Prêtre. Certes, par la consécration baptismale, ils ont
déjà reçu, comme tous les chrétiens, le signe et le don d'une vocation et d'une grâce qui comporte
pour eux la possibilité et l'exigence de tendre, malgré la faiblesse humaine, à la perfection dont
parle le Seigneur: "Vous, donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5,
48). Mais cette perfection, les prêtres sont tenus de l'acquérir à un titre particulier : en recevant
l'Ordre, ils ont été consacrés à Dieu d'une manière nouvelle pour être les instruments vivants du
Christ Prêtre éternel, habilités à poursuivre au long du temps l'action admirable par laquelle, dans
sa puissance souveraine, il a restauré la communauté humaine tout entière. Dès lors qu'il tient à
sa manière la place du Christ en personne, tout prêtre est, de ce fait, doté d'une grâce particulière
; cette grâce lui permet de tendre, par le service des hommes qui lui sont confiés et du peuple de
Dieu tout entier, vers la perfection de Celui qu'il représente ; c'est encore au moyen de cette grâce
que sa faiblesse d'homme charnel se trouve guérie par la sainteté de Celui qui est devenu pour
nous le Grand Prêtre "saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs" (He 7, 26) ». (41)
Le concile affirme avant tout la vocation « commune » à la sainteté. Cette vocation s'enracine
dans le baptême, qui définit le prêtre comme un « fidèle » (Christifidelis), comme « un frère parmi
des frères », inséré et uni au peuple de Dieu, dans la joie de partager les dons du salut (cf. Ep 4,
4-6) et dans le devoir commun de marcher « selon l'Esprit », à la suite de l'unique Maître et
Seigneur. Souvenons-nous de la célèbre parole de saint Augustin : « Pour vous, je suis évêque ;
avec vous, je suis chrétien. Le premier nom est celui d'un office reçu ; le second, de la grâce ; le
premier nom est celui d'un danger ; le second, du salut ». (42)
Avec la même clarté, le texte conciliaire parle aussi d'une vocation « spécifique » à la sainteté,
plus précisément d'une vocation qui se fonde sur le sacrement de l'Ordre, comme sacrement
propre du prêtre, donc en raison d'une nouvelle consécration à Dieu au moyen de l'ordination. À
cette vocation spécifique, saint Augustin fait allusion également en faisant suivre l'affirmation «
Pour vous, je suis évêque ; avec vous, je suis chrétien », de ces autres paroles : « Si donc être
avec vous comme racheté m'apporte plus de joie que d'être placé à votre tête, en suivant le
commandement du Seigneur, je tâcherai de vous servir, avec le plus grand dévouement, pour ne
pas être ingrat envers celui qui m'a racheté au prix de m'avoir fait votre serviteur ». (43)
Le texte du Concile continue en signalant quelques éléments nécessaires pour définir le contenu
spécifique de la vie spirituelle des prêtres. Ces éléments sont liés à la « consécration » propre aux
prêtres qui les configure à Jésus Christ Tête et Pasteur de l'Église. Ils sont liés à la « mission » ou
au ministère particulier des prêtres eux-mêmes, qui les habilitent et les engagent à être des «
instruments vivants du Christ Prêtre éternel » et à agir « au nom et en la personne du Christ lui-
même » ; ils sont aussi liés à toute leur « vie », devant manifester et témoigner d'une façon

3.4 Page 24

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24
originale le « radicalisme évangélique ». (44)
La configuration à Jésus Christ Tête et Pasteur et la charité pastorale
21. Par la consécration sacramentelle, le prêtre est configuré à Jésus Christ en tant que Tête et
Pasteur de l'Église et reçoit le don d'un « pouvoir spirituel » qui est participation à l'autorité avec
laquelle Jésus Christ, par son Esprit, guide l'Église. (45)
Grâce à cette consécration, opérée par l'effusion de l'Esprit dans le sacrement de l'Ordre, la vie
spirituelle du prêtre est empreinte, modelée, et marquée par les comportements qui sont propres
au Christ Tête et Pasteur de l'Église et qui se résument dans sa charité pastorale.
Jésus Christ est Tête de l'Église, son Corps. Il est « Tête » dans le sens nouveau et original d'être
« serviteur », selon ses paroles mêmes : « Aussi bien, le Fils de l'homme n'est pas venu pour être
servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10, 45). Le service de
Jésus atteint sa plénitude par la mort sur la croix, c'est-à-dire par le don total de soi dans l'humilité
et l'amour : « Il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave et devenant semblable aux
hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort,
et à la mort sur la croix... » (Ph 2, 7-8). L'autorité de Jésus Christ Tête coïncide donc avec son
service, avec le don total de lui-même, humble et plein d'amour, à l'Église. Et cela, en parfaite
obéissance au Père: il est l'unique vrai Serviteur souffrant du Seigneur, en même temps Prêtre et
Victime.
La vie spirituelle de tout prêtre doit être animée et vivifiée par ce type précis d'autorité ou de
service envers l'Église, précisément comme exigence de sa configuration à Jésus Christ Tête et
serviteur de l'Église (46). C'est ainsi que saint Augustin s'adressait à un évêque le jour de son
ordination : "Celui qui est à la tête du peuple doit avant tout se rendre compte qu'il est le serviteur
de beaucoup. Et qu'il ne dédaigne pas de l'être, je le répète, qu'il ne dédaigne pas d'être serviteur
de beaucoup parce que le Seigneur des seigneurs n'a pas dédaigné de se faire notre serviteur ».
(47)
La vie spirituelle des ministres du Nouveau Testament devra donc être empreinte de cette attitude
primordiale de service à l'égard du peuple de Dieu (cf. Mt 20, 24-28 ; Mc 10, 43-44), et exempte
de toute présomption et de tout désir « de faire le seigneur » sur le troupeau qui leur est confié (cf.
1 P 5, 2-3). Un service accompli librement et de bon cœur, pour Dieu: de cette façon, les ministres
- les « anciens » de la communauté, c'est-à-dire les prêtres - pourront être « forme » du troupeau
qui, à son tour, est appelé à assumer au regard du monde entier cette même attitude sacerdotale
de service pour le plein épanouissement de l'homme et sa libération intégrale.
22. L'image de Jésus Christ Pasteur de l'Église, son troupeau, reprend et présente, avec des
nuances nouvelles et plus suggestives, les mêmes sens que celle de Jésus Christ Tête et

3.5 Page 25

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25
Serviteur. Réalisant l'annonce prophétique du Messie Sauveur, chantée joyeusement par le
psalmiste en prière et par le Prophète Ezéchiel (cf. Ps 23/22 ; Ez 34, 11-16), Jésus se présente
lui-même comme « le Bon Pasteur » (Jn 10, 11.14) non seulement d'Israël mais de tous les
hommes (cf. Jn 10, 16). Et sa vie est une manifestation ininterrompue, et même une réalisation
quotidienne de sa « charité pastorale » : il éprouve de la compassion pour les foules parce
qu'elles sont fatiguées et épuisées, comme des brebis sans pasteur (cf. Mt 9, 35-36) ; il cherche
celles qui sont perdues et dispersées (cf. Mt 18, 12-14), et il éclate de joie quand il les a
retrouvées ; il les rassemble et les défend ; il les connaît et les appelle une à une (cf. Jn 10, 3) ; il
les conduit sur des prés d'herbe fraîche et vers des eaux tranquilles (cf. Ps 23/22) ; pour elles, il
prépare la table, les nourrissant de sa propre vie. Le Bon Pasteur offre sa vie, dans sa mort et sa
résurrection, comme le chante la liturgie romaine de l'Église : « Il est ressuscité, Jésus, le vrai
Pasteur, lui qui a donné sa vie pour son troupeau, lui qui a choisi de mourir pour nous sauver,
Alleluia » .(48)
Pierre appelle Jésus le « Chef des pasteurs » (1 P 5, 4) parce que son œuvre et sa mission se
poursuivent dans l'Église, par les Apôtres (cf. Jn 21, 15-17) et leurs successeurs (cf. 1 P 5, 1-4),
par les prêtres. En vertu de leur consécration, les prêtres sont configurés à Jésus le Bon Pasteur
et sont appelés à imiter et à revivre sa propre charité pastorale.
Le don que le Christ fait de lui-même à son Église, fruit de son amour, prend le sens original du
don propre de l'époux envers son épouse, comme le suggèrent plus d'une fois les textes sacrés.
Jésus est l'époux véritable, qui offre le vin du salut à l'Église (cf. Jn 2, 11). Lui, qui est « la Tête de
l'Église, lui le Sauveur du Corps » (Ep 5, 23), « a aimé l'Église et s'est livré pour elle, afin de la
sanctifier en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne ; car il voulait se la présenter
à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée" (Ep
5,25-27). L'Église est certes le corps dans lequel le Christ Tête est présent et opérant, mais elle
est aussi l'Épouse, qui sort comme une nouvelle Ève du côté ouvert du Rédempteur sur la Croix :
c'est pourquoi le Christ se tient « devant » l'Église, « la nourrit et en prend soin » (cf. Ep 5,29) par
le don de sa vie pour elle. Le prêtre est appelé à être l'image vivante de Jésus Christ, Époux de
l'Église (49) : assurément, il reste toujours dans la communauté dont il fait partie, comme croyant,
uni à tous ses frères et ses sœurs rassemblés par l'Esprit ; mais, en vertu de sa configuration au
Christ Tête et Pasteur, il se trouve en cette situation sponsale, qui le place en face de la
communauté. « En tant qu'il représente le Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église, le prêtre a sa
place non seulement dans l'Église, mais aussi en face de l'Église » (50). C'est pourquoi il est
appelé, dans sa vie spirituelle, à revivre l'amour du Christ époux envers l'Église épouse. Sa vie
doit donc être illuminée et orientée par ce caractère sponsal qui lui demande d'être témoin de
l'amour sponsal du Christ ; ainsi sera-t-il capable d'aimer les gens avec un cœur nouveau, grand
et pur, avec un authentique détachement de lui-même, dans un don de soi total, continu et fidèle.
Et il en éprouvera comme une « jalousie » divine (cf. 2 Co 11, 2), avec une tendresse qui se pare
même des nuances de l'affection maternelle, capable de supporter les « douleurs de
l'enfantement » jusqu'à ce que « le Christ soit formé » dans les fidèles (cf. Ga 4, 19).

3.6 Page 26

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26
23. Le principe intérieur, la vertu qui anime et guide la vie spirituelle du prêtre, en tant que
configuré au Christ Tête et Pasteur, est la charité pastorale, participation à la charité pastorale du
Christ Jésus : don gratuit de l'Esprit Saint, et, en même temps, engagement et appel à une
réponse libre et responsable de la part du prêtre.
Le contenu essentiel de la charité pastorale est le don de soi, le don total de soi-même à l'Église,
à l'image du don du Christ et en partage avec lui. « La charité pastorale est la vertu par laquelle
nous imitons le Christ dans son don de soi et dans son service. Ce n'est pas seulement ce que
nous faisons, mais c'est le don de nous-mêmes qui manifeste l'amour du Christ pour son
troupeau. La charité pastorale détermine notre façon de penser et d'agir, notre mode de relation
avec les gens. Cela devient particulièrement exigeant pour nous... » (51).
Le don de soi, racine et sommet de la charité pastorale, a comme destinataire l'Église. Ainsi en a-
t-il été du Christ « qui a aimé l'Église et s'est livré pour elle » (Ep 5, 25). Ainsi doit-il en être du
prêtre. Avec la charité pastorale qui imprègne l'exercice du ministère sacerdotal, comme un «
office d'amour » (52), « le prêtre, qui accueille la vocation au ministère, est en mesure d'en faire
un choix d'amour, par lequel l'Église et les âmes deviennent son intérêt principal. Vivant
concrètement cette spiritualité, il devient capable d'aimer l'Église universelle et la partie qui lui en
est confiée, avec tout l'élan d'un époux pour son épouse » (53). Le don de soi n'a pas de limites,
marqué qu'il est par le même élan apostolique et missionnaire que le Christ, le Bon Pasteur, qui a
dit : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi il faut que je les
mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10, 16).
À l'intérieur de la communauté ecclésiale, la charité pastorale du prêtre demande et exige, d'une
façon particulière et spécifique, qu'il soit en rapport personnel avec le presbyterium, en
dépendance de l'évêque et avec lui, comme l'écrit explicitement le Concile : « La charité pastorale
exige des prêtres, s'ils ne veulent pas courir pour rien, un travail vécu en communion permanente
avec les évêques et leurs autres frères dans le sacerdoce » (54).
Le don de soi à l'Église la concerne en tant qu'elle est le corps et l'épouse de Jésus Christ. C'est
pourquoi la charité du prêtre se relie d'abord à celle de Jésus Christ. C'est seulement si elle aime
et sert le Christ Tête et Époux que la charité devient source, critère, mesure, impulsion de l'amour
et du service du prêtre envers l'Église, corps et épouse du Christ. C'est bien ce dont l'Apôtre Paul
a une conscience limpide et forte, lui qui écrit aux chrétiens de l'Église de Corinthe : « Nous ne
sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus » (2 Co 4, 5). C'est surtout l'enseignement
explicite de Jésus qui ne confie à Pierre le ministère de paître son troupeau qu'après un triple
témoignage d'amour, et même d'un amour de prédilection : « Il lui dit pour la troisième fois "Simon,
fils de Jean, m'aimes-tu ?" Pierre... lui dit : "Seigneur tu sais tout ; tu sais bien que je t'aime".
Jésus lui dit : "Pais mes brebis" » (Jn 21, 17).
La charité pastorale, qui a sa source spécifique dans le sacrement de l'Ordre, trouve son

3.7 Page 27

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27
expression plénière et son aliment principal dans l'Eucharistie : « Cette charité pastorale - lisons-
nous dans le Concile - découle surtout du sacrifice eucharistique ; celui-ci est donc le centre et la
racine de toute la vie du prêtre, dont l'esprit sacerdotal s'efforce d'intérioriser tout ce qui se fait sur
l'autel du sacrifice » (55). C'est en effet dans l'Eucharistie qu'est représenté - plus précisément
rendu à nouveau présent - le sacrifice de la Croix, le don total du Christ à son Église, le don de
son corps livré et de son sang répandu, comme témoignage suprême de sa qualité de Tête et
Pasteur, Serviteur et Époux de l'Église. C'est précisément pourquoi la charité pastorale du prêtre
non seulement naît de l'Eucharistie, mais trouve dans la célébration de celle-ci sa plus haute
réalisation. De même, c'est de l'Eucharistie que le prêtre reçoit la grâce et la responsabilité de
donner un sens « sacrificiel » à toute son existence.
Cette même charité pastorale constitue le principe intérieur et dynamique capable d'unifier les
diverses et multiples activités du prêtre. Grâce à elle, peut se réaliser l'exigence essentielle et
permanente d'unité entre la vie intérieure et de nombreux actes et responsabilités du ministère. Or
cette exigence est plus que jamais impérieuse dans un contexte socio-culturel et ecclésial
fortement marqué par la complexité, la fragmentation et la dispersion. C'est seulement, en
rapportant chaque instant et chaque geste au choix fondamental, celui de « donner sa vie pour le
troupeau », que l'on peut assurer cette unité vitale, indispensable pour l'harmonie et l'équilibre de
la vie spirituelle du prêtre : « Ce qui doit permettre aux prêtres de la construire, c'est de suivre,
dans l'exercice du ministère, l'exemple du Christ Seigneur, dont la nourriture était de faire la
volonté de celui qui l'a envoyé et d'accomplir son œuvre... Menant ainsi la vie même du Bon
Pasteur, ils trouveront dans l'exercice de la charité pastorale, le lien de la perfection sacerdotale
qui ramènera à l'unité leur vie et leur action » (56).
La vie spirituelle dans l'exercice du ministère
24. L'Esprit du Seigneur a consacré le Christ et l'a envoyé annoncer l'Évangile (cf. Lc 4, 18). La
mission n'est pas un élément extérieur et parallèle à la consécration, mais elle en constitue le but
intrinsèque et vital : la consécration est pour la mission. De cette façon, non seulement la
consécration, mais aussi la mission se trouvent sous le signe et la force sanctificatrice de l'Esprit.
Il en a été ainsi de Jésus. Il en a été ainsi des Apôtres et de leurs successeurs. Il en est ainsi de
l'Église entière et, en elle, des prêtres : tous reçoivent l'Esprit comme appel et comme don de
sanctification dans et par l'accomplissement de leur mission (57).
Il existe donc, entre la vie spirituelle du prêtre et l'exercice de son ministère, un rapport intime (58)
que le Concile exprime ainsi : « C'est en exerçant le ministère d'Esprit et de justice (cf. 2 Co 3, 8-
9), que [les prêtres] s'enracinent dans la vie spirituelle, pourvu qu'ils soient accueillants à l'Esprit
du Christ qui leur donne la vie et les conduit. Ce qui ordonne leur vie à la perfection, ce sont leurs
actes liturgiques de chaque jour, c'est leur ministère tout entier exercé en communion avec
l'évêque et les prêtres. Par ailleurs la sainteté des prêtres est d'un apport essentiel pour rendre

3.8 Page 28

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28
fructueux le ministère qu'ils accomplissent » (59).
«Vivez ce que vous accomplirez et conformez-vous au mystère de la Croix du Seigneur ! » Telle
est l'invitation, la monition que l'Église adresse aux prêtres dans le rite de l'ordination quand les
offrandes du peuple saint pour le sacrifice eucharistique leur sont remises. Le « mystère », dont le
prêtre est le « dispensateur » (cf.1 Co 4, 1), c'est, en définitive, Jésus Christ lui-même qui dans
l'Esprit, est source de sainteté et appel à la sanctification. Le « mystère » doit être au cœur de la
vie quotidienne du prêtre. Il exige donc grande vigilance et vive conscience. C'est encore le rite
d'ordination qui fait précéder les paroles citées plus haut de la recommandation : « Prenez bien
conscience de ce que vous ferez ». Déjà, Paul avertissait l'évêque Timothée : « Ne néglige pas le
don spirituel qui est en toi (1 Tm 4, 13 ; cf. 2 Tm 1, 6).
Le rapport entre vie spirituelle et exercice du ministère sacerdotal peut aussi trouver son
explication à partir de la charité pastorale donnée par le sacrement de l'Ordre. Le ministère du
prêtre, précisément parce qu'il est une participation au ministère salvifique de Jésus Christ Tête et
Pasteur, ne peut manquer de rendre présente sa charité pastorale qui est à la fois source et esprit
de son service et du don de lui-même. Dans sa réalité objective, le ministère sacerdotal est amoris
officium, selon l'expression déjà citée de saint Augustin ; cette réalité objective se présente
justement comme un fondement et comme l'appel d'un ethos correspondant, qui ne peut être que
celui de l'amour, ainsi que le dit saint Augustin : « Sit amoris officium pascere dominicum gregem
» (60). Cet ethos, et donc la vie spirituelle du prêtre, n'est autre que l'accueil de la « vérité » du
ministère sacerdotal, comme amoris officium, dans la conscience et dans la liberté, et donc dans
l'esprit et le cœur, dans les décisions et dans les actions.
25. Il est essentiel, pour une vie spirituelle qui se développe dans l'exercice du ministère, que le
prêtre renouvelle sans cesse et approfondisse toujours plus sa conscience d'être ministre de
Jésus Christ en vertu de sa consécration sacramentelle et de la configuration au Christ Tête et
Pasteur de l'Église. Cette conscience ne correspond pas seulement à la vraie nature de la mission
que le prêtre accomplit en faveur de l'Église et de l'humanité, mais elle détermine aussi la vie
spirituelle du prêtre qui accomplit cette mission. En effet, le prêtre est choisi par le Christ, non pas
comme un « objet » mais comme une « personne » ; il n'est pas un instrument inerte et passif,
mais un « instrument vivant », comme dit le Concile, là où il parle de l'obligation de tendre à la
perfection (61). Et c'est encore le Concile qui présente les prêtres comme « associés et
collaborateurs » d'un Dieu « saint et sanctificateur » (62).
En ce sens, la personne du prêtre, consciente, libre et responsable, est profondément engagée
dans l'exercice du ministère. Le lien avec Jésus Christ, assuré par la consécration et la
configuration qui découlent du sacrement de l'Ordre, fonde et exige de la part du prêtre un autre
lien, qui est celui de « l'intention », celui de la volonté consciente et libre de faire, par l'acte
ministériel, ce que l'Église entend faire. Ce lien tend par sa nature à devenir le plus ample et le
plus profond possible, engageant l'esprit, les sentiments, la vie, en un mot une série de

3.9 Page 29

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29
dispositions morales et spirituelles correspondant aux actes ministériels que le prêtre accomplit.
Il n'y a pas de doute que le ministère sacerdotal, en particulier la célébration des sacrements,
reçoit son efficacité salutaire de l'action même de Jésus Christ, présente dans les sacrements.
Mais, par un dessein divin qui veut exalter l'absolue gratuité du salut, en faisant de l'homme à la
fois un « sauvé » et un « sauveur » - toujours et seulement avec Jésus Christ -, l'efficacité de
l'exercice du ministère est aussi fonction de la participation humaine et de l'accueil plus ou moins
grands (63). En particulier, la sainteté plus ou moins réelle du ministre a une véritable influence
sur sa façon d'annoncer la parole, de célébrer les sacrements et de conduire la communauté dans
la charité. Et c'est bien ce qu'affirme avec clarté le Concile : « La sainteté elle-même des prêtres
est d'un apport essentiel pour rendre fructueux le ministère qu'ils accomplissent ; la grâce de Dieu,
certes, peut accomplir l'œuvre du salut même par des ministres indignes, mais, à l'ordinaire, Dieu
préfère manifester ses hauts faits par des hommes accueillants à l'impulsion et à la conduite du
Saint-Esprit, par des hommes que leur intime union avec le Christ et la sainteté de leur vie rend
capables de dire avec l'Apôtre : "Si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2,
20) » (64).
La conscience d'être ministre de Jésus Christ Tête et Pasteur porte aussi en elle la joie d'avoir
reçu de Jésus Christ une grâce particulière : la grâce d'avoir été choisi par le Seigneur comme «
instrument vivant » de l'œuvre du salut. Ce choix témoigne de l'amour de Jésus Christ pour le
prêtre. Cet amour qui, plus grand que tout autre amour, exige qu'on y réponde. Après sa
résurrection, Jésus pose à Pierre la question fondamentale sur l'amour : « Simon, fils de Jean,
m'aimes-tu plus que ceux-ci ? ». C'est après la réponse de Pierre que la mission est conférée : «
Pais mes agneaux » (Jn 21, 15). Pour pouvoir lui confier son troupeau, Jésus demande
auparavant à Pierre s'il l'aime. Mais en réalité, c'est l'amour libre et prévenant de Jésus lui-même
qui le pousse à adresser cette demande à l'Apôtre et à lui confier « ses » brebis. Ainsi, tout acte
ministériel, en même temps qu'il conduit à aimer et à servir l'Église, pousse à mûrir toujours
davantage dans l'amour et dans le service du Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église ; cet amour
se présente toujours comme une réponse à l'amour prévenant, libre et gratuit de Dieu dans le
Christ. À son tour, la croissance de l'amour envers Jésus Christ détermine la croissance de
l'amour envers l'Église : « Nous sommes vos pasteurs (pascimus vobis) ; avec vous, nous
sommes nourris (pascimur vobiscum). Que le Seigneur nous donne la force de vous aimer au
point de pouvoir mourir pour vous, ou effectivement ou par le cœur (aut effectu aut affectu) » (65).
26. Grâce au précieux enseignement du Concile Vatican II (66), nous pouvons saisir les
conditions, les exigences, les modalités et les fruits du rapport intime qui existe entre la vie
spirituelle du prêtre et l'exercice de son triple ministère : de la Parole, des Sacrements et du
service de la Charité.
Le prêtre est avant tout ministre de la Parole de Dieu. Il est consacré et envoyé pour annoncer à
tous l'Évangile du Royaume, appelant tout homme à l'obéissance de la foi et conduisant les

3.10 Page 30

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30
croyants à une connaissance et à une communion toujours plus profondes du mystère de Dieu, à
nous révélé et communiqué par le Christ. C'est pourquoi le prêtre lui-même doit tout d'abord
acquérir une grande familiarité personnelle avec la Parole de Dieu. Il ne lui suffit pas d'en
connaître l'aspect linguistique ou exégétique, ce qui est cependant nécessaire. Il lui faut accueillir
la Parole avec un cœur docile et priant, pour qu'elle pénètre à fond dans ses pensées et ses
sentiments et engendre en lui un esprit nouveau, « la pensée du Seigneur » (1 Co 2,16). Ainsi,
ses paroles et plus encore ses choix et ses attitudes seront toujours plus transparents à l'Évangile,
l'annonceront et en rendront témoignage. C'est seulement en « demeurant » dans la Parole que le
prêtre deviendra parfait disciple du Seigneur, connaîtra la vérité et sera vraiment libre, dépassant
tout conditionnement contraire ou étranger à l'Évangile (cf. Jn 8,31-32). Le prêtre devra être le
premier à croire à la Parole dans la pleine conscience que les paroles de son ministère ne sont
pas « siennes », mais de Celui qui l'a envoyé. De cette Parole, il n'est pas maître: il en est le
serviteur. De cette Parole, il n'est pas l'unique possesseur : il en est le débiteur à l'égard du peuple
de Dieu. C'est justement parce qu'il évangélise, et pour qu'il puisse évangéliser, que le prêtre,
comme l'Église, doit prendre de plus en plus conscience du besoin permanent qu'il a d'être
évangélisé (67). Il annonce la Parole, en sa qualité de « ministre », il participe à l'autorité
prophétique du Christ et de l'Église. À cette fin, pour avoir en lui-même et pour donner aux fidèles
la garantie de transmettre l'Évangile dans son intégrité, le prêtre est appelé à cultiver en lui une
sensibilité, une disponibilité et un attachement particuliers à l'égard de la Tradition vivante de
l'Église et de son Magistère. Tout cela n'est pas étranger à la Parole, mais contribue à son
interprétation correcte et en protège le sens authentique. (68)
C'est surtout dans la célébration des sacrements, ainsi que dans la célébration de la liturgie des
heures, que le prêtre est appelé à vivre et à manifester l'unité profonde entre l'exercice de son
ministère et sa vie spirituelle. Par le don de la grâce fait à l'Église, l'Eucharistie est principe de
sainteté et appel à la sanctification. Pour le prêtre, elle occupe une place vraiment centrale, dans
son ministère comme dans sa vie spirituelle. « Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor
spirituel de l'Église, c'est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le pain vivant, dont la chair
vivifiée par l'Esprit Saint, et vivifiante, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à
offrir en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création ». (69)
Des divers sacrements, et en particulier de la grâce spécifique et propre à chacun d'eux, la vie
spirituelle du prêtre reçoit des connotations particulières : en effet, elle est structurée et modelée
par les multiples caractéristiques et exigences des sacrements célébrés et vécus.
Je voudrais faire une mention spéciale du sacrement de la Pénitence dont les prêtres sont les
ministres, mais dont ils doivent également être les bénéficiaires, devenant témoins de la
compassion de Dieu pour les pécheurs. Je propose à nouveau ce que j'ai écrit dans l'exhortation
Reconciliatio et pœnitentia : « La vie spirituelle et pastorale du prêtre, comme celle de ses frères
laïcs et religieux, dépend, pour sa qualité et sa ferveur, de la pratique personnelle, assidue et
consciencieuse, du sacrement de Pénitence. La célébration de l'Eucharistie et le ministère des

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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31
autres sacrements, le zèle pastoral, les relations avec les fidèles, la communion avec ses frères
prêtres, la collaboration avec l'évêque, la vie de prière, en un mot toute la vie du prêtre subit un
déclin inévitable si lui-même, par négligence ou pour tout autre motif, ne recourt pas de façon
régulière et avec une foi et une piété authentiques au sacrement de Pénitence. Chez un prêtre qui
ne se confesserait plus ou se confesserait mal, son être sacerdotal et son action sacerdotale s'en
ressentiraient vite, et la communauté elle-même dont il est pasteur ne manquerait pas de s'en
rendre compte ». (70)
Enfin, les prêtres sont appelés à exercer l'autorité et le service de Jésus Christ Tête et Pasteur de
l'Église en animant et en conduisant la communauté ecclésiale, c'est-à-dire en rassemblant « la
famille de Dieu, fraternité qui n'a qu'une âme, et, par le Christ dans l'Esprit, ils la conduisent à
Dieu le Père » (71). Ce « munus regendi » est une tâche très délicate et complexe qui inclut, outre
l'attention à chacune des personnes et aux vocations diverses, la capacité de coordonner tous les
dons et charismes que l'Esprit suscite dans la communauté, en les vérifiant et en les valorisant
pour l'édification de l'Église, toujours en union avec les évêques. Il s'agit d'un ministère qui
demande au prêtre d'avoir une vie spirituelle intense, riche des qualités et des vertus propres à la
personne qui « préside » et qui « guide » une communauté, à l'« ancien », dans le sens le plus fort
et le plus noble du terme, comme sont la fidélité, la cohérence, la sagesse, la faculté d'accueil de
tous, l'affabilité, la fermeté sur les choses essentielles, le détachement des points de vue trop
subjectifs, le désintéressement personnel, la patience, le goût de l'engagement quotidien, la
confiance dans le travail caché de la grâce qui se manifeste chez les gens simples et chez les
pauvres (cf. Tt 1, 7-8).
L'existence sacerdotale et le radicalisme évangélique
27. « L'Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4, 18). L'Esprit Saint donné par le sacrement de
l'Ordre est source de sainteté et appel à la sanctification. Car, d'abord, il configure le prêtre au
Christ Tête et Pasteur de l'Église, et il lui confie la mission prophétique, sacerdotale et royale à
accomplir au nom et en la personne du Christ. Ensuite, il anime le prêtre et vivifie son existence
quotidienne, l'enrichissant de dons et d'exigences, de vertus et d'élans, qui se concrétisent dans la
charité pastorale. Cette charité est une synthèse des valeurs et des vertus évangéliques et elle est
la force qui soutient leur développement jusqu'à la perfection chrétienne. (72)
Pour tous les chrétiens sans exception, le radicalisme évangélique est une exigence
fondamentale et irremplaçable, qui découle de l'appel du Christ à le suivre et à l'imiter, en vertu de
l'étroite communion de vie avec lui, opérée par le Saint Esprit (cf. Mt 8, 18-20 ; 10, 37-39 ; Mc 8,
34-38 ; 10, 17-21 ; Lc 9, 57-62). Cette même exigence s'impose également aux prêtres, non
seulement parce qu'ils sont « dans » l'Église, mais aussi parce qu'ils sont « devant » l'Église, en
tant qu'ils sont configurés au Christ Tête et Pasteur, consacrés et engagés dans le ministère
ordonné, animés par la charité pastorale. Or, dans le radicalisme évangélique et pour le
manifester, il y a toute une floraison de nombreuses vertus et exigences morales qui sont

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32
décisives pour la vie pastorale et spirituelle du prêtre. Citons par exemple la foi, l'humilité en face
du mystère de Dieu, la miséricorde, la prudence. Les différents « conseils évangéliques » que
Jésus propose dans le Discours sur la Montagne sont l'expression privilégiée du radicalisme
évangélique (cf. Mt 5-7). Parmi ces conseils, intimement coordonnés entre eux, se trouvent
l'obéissance, la chasteté et la pauvreté (73). Le prêtre est appelé à les vivre selon les modalités
et, plus encore, selon les finalités et le sens original qui découlent de l'identité du prêtre et
l'expriment.
28. « Parmi les qualités les plus indispensables pour le ministère des prêtres, il faut mentionner la
disponibilité intérieure qui leur fait rechercher non pas leur propre volonté, mais la volonté de celui
qui les a envoyés (cf. Jn 4, 34 ; 5, 30 ; 6, 38) » (74). C'est l'obéissance qui, dans le cas de la vie
spirituelle du prêtre, présente certaines caractéristiques particulières.
Celle-ci est avant tout une obéissance « apostolique », en ce sens qu'elle reconnaît, aime et sert
l'Église dans sa structure hiérarchique. En effet, il n'y a pas de ministère sacerdotal en dehors de
la communion avec le Souverain Pontife et le collège épiscopal, en particulier avec l'évêque du
diocèse, à qui « le respect filial et l'obéissance » promis à l'ordination doivent être rendus. Cette «
soumission » à ceux qui sont revêtus de l'autorité ecclésiale n'a rien d'humiliant, mais elle résulte
de la liberté responsable du prêtre qui accueille les exigences de la vie ecclésiale structurée et
organisée. Il accueille aussi la grâce du discernement et du sens de la responsabilité dans les
décisions ecclésiales. Cette grâce, Jésus en a doté les Apôtres et leurs successeurs pour que le
mystère de l'Église soit gardé fidèlement et pour que la cohésion de la communauté chrétienne
soit maintenu sur le chemin unique qui la conduit au salut.
L'obéissance chrétienne authentique, correctement motivée et vécue sans servilité, aide le prêtre
à exercer, avec une transparence évangélique, l'autorité qu'il a pour mission d'exercer auprès du
peuple de Dieu : sans autoritarisme et sans procédés démagogiques. Seul celui qui sait obéir
dans le Christ sait comment demander l'obéissance à autrui dans l'esprit de l'Évangile.
L'obéissance du prêtre présente en outre une exigence « communautaire » : ce n'est pas
l'obéissance d'un individu isolé en rapport avec l'autorité, mais au contraire cette obéissance est
profondément intégrée dans l'unité du presbyterium qui, comme tel, est appelé à vivre en
collaboration cordiale avec l'évêque et, par lui, avec le successeur de Pierre (75).
Cet aspect de l'obéissance sacerdotale demande une ascèse considérable : d'une part, le prêtre
s'habitue à ne pas trop s'attacher à ses propres préférences ou à ses propres points de vue ;
d'autre part, il laisse aux confrères l'espace suffisant pour qu'ils mettent en valeur leurs talents et
leurs capacités, à l'exclusion de toute jalousie, envie et rivalité. L'obéissance sacerdotale est une
obéissance solidaire, qui repose sur l'appartenance du prêtre à l'unique presbyterium et qui,
toujours à l'intérieur de celui-ci, et avec lui, exprime des orientations et des choix coresponsables.

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33
Enfin, l'obéissance sacerdotale a un caractère particulier, le caractère « pastoral ». Cela veut dire
que le prêtre vit dans un climat de constante disponibilité pour se laisser saisir, ou pour se laisser
« manger » a-t-on pu dire, par les nécessités et les exigences du troupeau qui doivent être
raisonnables ; elles devront parfois faire l'objet d'un discernement et être soumises à vérification,
mais il est indéniable que la vie du prêtre est totalement remplie par la faim d'Évangile, de foi,
d'espérance et d'amour de Dieu et de son mystère, laquelle, plus ou moins consciemment, est
présente dans le peuple de Dieu qui lui est confié.
29. Parmi les conseils évangéliques - écrit le Concile -, « il y a en première place ce don précieux
de grâce fait par le Père à certains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se consacrer plus facilement et
avec un cœur sans partage à Dieu seul (cf. 1 Co 7, 32-34) dans la virginité ou le célibat. Cette
continence parfaite à cause du Règne de Dieu a toujours été l'objet, de la part de l'Église, d'un
honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité, et comme une source particulière de
fécondité spirituelle dans le monde » (76). Dans la virginité et le célibat, la chasteté maintient sa
signification fondamentale, c'est-à-dire celle d'une sexualité humaine vécue comme authentique
manifestation et précieux service de l'amour de communion et de donation interpersonnelle. Cette
signification subsiste pleinement dans la virginité qui, même dans le renoncement au mariage,
réalise la « signification sponsale » du corps, moyennant une communion et une donation
personnelle à Jésus Christ et à son Église ; cette communion et cette donation préfigurent et
anticipent la communion et la donation parfaites et définitives de l'au-delà : « Dans la virginité,
l'homme est en attente, même dans son corps, des noces eschatologiques du Christ avec l'Église,
et il se donne entièrement à l'Église dans l'espérance que le Christ se donnera à elle dans la
pleine vérité de la vie éternelle ». (77)
À cette lumière, on peut facilement comprendre et apprécier les motifs du choix pluriséculaire que
l'Église d'Occident a fait et qu'elle a maintenu, malgré toutes les difficultés et les objections
soulevées au long des siècles, de ne conférer l'ordination presbytérale qu'à des hommes qui
attestent être appelés par Dieu au don de la chasteté dans le célibat absolu et perpétuel.
Les Pères synodaux ont exprimé avec clarté et avec force leur pensée dans une importante
proposition qui mérite d'être rapportée intégralement et littéralement : « Restant sauve la discipline
des Églises orientales, le Synode, convaincu que la chasteté parfaite dans le célibat sacerdotal
est un charisme, rappelle aux prêtres qu'elle constitue un don inestimable de Dieu à l'Église et
représente une valeur prophétique pour le monde actuel. Ce Synode affirme, de nouveau et avec
force, ce que l'Église latine et certains rites orientaux demandent, à savoir que le sacerdoce soit
conféré seulement aux hommes qui ont reçu de Dieu le don de la vocation à la chasteté dans le
célibat (sans préjudice pour la tradition de certaines Églises orientales et de cas particuliers de
clercs mariés provenant de conversions au catholicisme, pour lesquels il est fait exception dans
l'encyclique de Paul VI sur le célibat sacerdotal) [n. 42]. Le Synode ne veut laisser aucun doute
dans l'esprit de tous sur la ferme volonté de l'Église de maintenir la loi qui exige le célibat
librement choisi et perpétuel pour les candidats à l'ordination sacerdotale, dans le rite latin. Le

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34
Synode demande que le célibat soit présenté et expliqué dans toute sa richesse biblique,
théologique et spirituelle comme don précieux fait par Dieu à son Église et comme signe du
Royaume qui n'est pas de ce monde, signe aussi de l'amour de Dieu envers ce monde, ainsi que
de l'amour sans partage du prêtre envers Dieu et le peuple de Dieu, de sorte que le célibat soit
regardé comme un enrichissement positif du sacerdoce ». (78)
Il est particulièrement important que le prêtre comprenne la motivation théologique de la loi
ecclésiastique sur le célibat. En tant que loi, elle exprime la volonté de l'Église, même avant que le
sujet exprime sa volonté d'y être disponible. Mais la volonté de l'Église trouve sa dernière
motivation dans le lien du célibat avec l'Ordination sacrée, qui configure le prêtre à Jésus Christ
Tête et Époux de l'Église. L'Église, comme Épouse de Jésus Christ veut être aimée par le prêtre
de la manière totale et exclusive avec laquelle Jésus Christ Tête et Époux l'a aimée. Le célibat
sacerdotal alors, est don de soi dans et avec le Christ à son Église, et il exprime le service rendu
par le prêtre à l'Église dans et avec le Seigneur.
Pour une vie spirituelle authentique, le prêtre doit considérer et vivre le célibat non comme un
élément isolé ou purement négatif, mais comme un des aspects d'une orientation positive,
spécifique et caractéristique de sa personne. Laissant son père et sa mère, il suit Jésus le Bon
Pasteur dans une communion apostolique, au service du peuple de Dieu. Le célibat doit donc être
accueilli dans une décision libre et pleine d'amour, à renouveler continuellement, comme un don
inestimable de Dieu, comme un « stimulant de la charité pastorale » (79), comme une participation
particulière à la paternité de Dieu et à la fécondité de l'Église, comme un témoignage du Royaume
eschatologique donné au monde. Pour vivre toutes les exigences morales, pastorales et
spirituelles du célibat sacerdotal, la prière humble et confiante est absolument nécessaire, comme
nous en prévient le Concile : « Certes, il y a, dans le monde actuel, bien des hommes qui
déclarent impossible la continence parfaite : c'est une raison de plus pour que les prêtres
demandent avec humilité et persévérance, en union avec l'Église, la grâce de la fidélité, qui n'est
jamais refusée à ceux qui la demandent. Qu'ils emploient aussi les moyens naturels et surnaturels
qui sont à la disposition de tous » (80). Ce sera encore la prière unie aux sacrements de l'Église et
à l'effort ascétique qui donnera l'espérance dans les difficultés, le pardon dans les fautes, la
confiance et le courage dans la reprise de la marche en avant.
30. De la pauvreté évangélique, les Pères synodaux ont donné une description plus concise et
plus profonde que jamais, la présentant comme « soumission de tous les biens au Bien suprême
de Dieu et de son Royaume » (81). En réalité, seul celui qui contemple et vit le mystère de Dieu
comme Bien unique et suprême, comme vraie et définitive richesse, peut comprendre et réaliser la
pauvreté. Elle n'est certainement pas mépris et refus des biens matériels, mais elle est usage libre
de ces biens, et en même temps joyeux renoncement à ceux-ci dans une grande disponibilité
intérieure, pour Dieu et pour ses desseins.
La pauvreté du prêtre, en raison de sa configuration sacramentelle au Christ Tête et Pasteur,

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revêt des connotations pastorales précises. C'est à elles que les Pères synodaux se sont arrêtés,
reprenant et développant l'enseignement conciliaire (82). Ils écrivent entre autres : « Les prêtres, à
l'exemple du Christ, qui, de riche qu'il était, s'est fait pauvre par amour pour nous (cf. 2 Co 8, 9),
doivent considérer les pauvres et les plus faibles comme leur étant confiés d'une manière
spéciale, et doivent être capables de donner un témoignage de pauvreté par une vie simple et
austère, étant déjà habitués à renoncer généreusement aux choses superflues (Optatam totius, n.
9 ; C.I.C., can. 282) ». (83)
Il est vrai que « l'ouvrier mérite son salaire » (Lc 10, 7), et que « le Seigneur a prescrit à ceux qui
annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile » (1 Co 9, 14) ; mais il est vrai aussi que ce droit de
l'apôtre ne peut être confondu avec une quelconque pré tention de subordonner le service de
l'Évangile et de l'Église aux avantages et aux intérêts qui peuvent en dériver. Seule la pauvreté
assure au prêtre la disponibilité nécessaire pour être envoyé là où son action est plus utile et
urgente, même au prix d'un sacrifice personnel. C'est la condition préalable de la docilité de
l'apôtre à l'Esprit, qui le rend prêt à « aller » sans bagage et sans lien, suivant seulement la
volonté du Maître (cf. Lc 9, 57-62 ; Mc 10, 17-22).
Personnellement intégré dans la vie de la communauté dont il est responsable, le prêtre doit
présenter le témoignage d'une totale « transparence » dans l'administration des biens de la
communauté. Il ne les traitera jamais comme s'ils étaient un patrimoine personnel, mais comme
ce dont il doit rendre compte à Dieu et à ses frères, surtout aux pauvres. Et la conscience
d'appartenir à un presbyterium unique engagera le prêtre à favoriser soit une plus équitable
répartition des biens entre confrères, soit un certain usage commun de ces biens (cf. Ac 2, 42-45).
La liberté intérieure, nourrie et conservée grâce à la pauvreté évangélique, rend le prêtre capable
de se tenir du côté des plus faibles, de se faire solidaire de leurs efforts pour l'instauration d'une
société plus juste, d'être plus sensible et plus capable de compréhension et de discernement des
phénomènes touchant l'aspect économique et social de la vie, ainsi que de promouvoir le choix
préférentiel des pauvres. Sans exclure personne de l'annonce et du don du salut, le prêtre sait
être attentif aux petits, aux pécheurs, à tous les marginaux, selon le modèle donné par Jésus dans
le déroulement de son ministère prophétique et sacerdotal (cf. Lc 4, 18).
On n'oubliera pas la signification prophétique de la pauvreté sacerdotale, spécialement urgente
dans les sociétés d'opulence et de consommation : « Le prêtre vraiment pauvre est certainement
un signe concret de la séparation, du renoncement et non de la soumission à la tyrannie du
monde contemporain qui met toute sa confiance dans l'argent et dans la sécurité matérielle ». (84)
Sur la Croix, Jésus Christ porte à sa perfection sa charité pastorale, dans un dépouillement
extrême, extérieur et intérieur ; il est le modèle et la source des vertus d'obéissance, de chasteté
et de pauvreté que le prêtre est appelé à vivre comme expression de son amour pastoral pour ses
frères. Selon ce que Paul écrit aux chrétiens de Philippes, le prêtre doit avoir les « mêmes

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36
sentiments » que Jésus, se dépouillant de son propre « moi » pour trouver dans la charité
obéissante, chaste et pauvre, la voie royale de l'union avec Dieu et de l'unité avec ses frères (cf.
Ph 2, 5).
L'appartenance et le dévouement à l'Église particulière
31. Comme toute vie spirituelle authentiquement chrétienne, celle du prêtre possède aussi une
dimension ecclésiale essentielle et irremplaçable : elle est participation à la sainteté de l'Église
elle-même, Église dont nous professons dans le Credo qu'elle est « Communion des Saints ». La
sainteté du chrétien découle de celle de l'Église, l'exprime et en même temps l'enrichit. Cette
dimension ecclésiale revêt des modalités, des finalités et des significations particulières dans la
vie spirituelle du prêtre, à cause du rapport spécifique de celui-ci avec l'Église, toujours à partir de
sa configuration au Christ Tête et Pasteur, de son ministère ordonné et de sa charité pastorale.
Dans cette perspective, il faut considérer comme valeur spirituelle du prêtre, son appartenance et
son dévouement à l'Église particulière. Ces réalités ne sont pas seulement motivées par des
raisons d'organisation et de discipline. Au contraire le rapport avec l'évêque dans l'unité du
presbyterium, le partage de sa sollicitude pour l'Église, le dévouement pastoral au service du
peuple de Dieu dans les conditions historiques et sociales concrètes de l'Église particulière sont
des éléments qu'on ne peut pas négliger quand on veut tracer le portrait du prêtre et de sa vie
spirituelle. En ce sens, « l'incardination » ne se réduit pas à un lien juridique, mais elle suppose
aussi une série d'attitudes et de choix spirituels pastoraux contribuant à donner sa physionomie
propre à la vocation du prêtre.
Il est nécessaire que le prêtre ait conscience que le fait d'être dans une Église particulière
constitue, de soi, un élément déterminant pour vivre une spiritualité chrétienne. En ce sens, le
prêtre trouve précisément dans son appartenance et dans son dévouement à l'Église particulière
une source de sens, de critères de discernement et d'action, qui modèlent sa mission pastorale et
sa vie spirituelle.
À la marche vers la perfection peuvent aider aussi des inspirations ou des références à d'autres
traditions de vie spirituelle, capables d'enrichir la vie sacerdotale des personnes et d'animer le
presbyterium par de précieux dons spirituels. C'est le cas de beaucoup d'associations ecclésiales
anciennes et nouvelles qui accueillent aussi des prêtres dans leurs rangs, depuis les sociétés de
vie apostolique jusqu'aux instituts séculiers de prêtres, depuis les formes variées de communion
et de partage spirituel jusqu'aux mouvements ecclésiaux. Les prêtres appartenant aux ordres
religieux et aux congrégations religieuses sont une richesse spirituelle pour tout le presbyterium
diocésain auquel ils apportent la contribution de leurs charismes spécifiques et de leurs ministères
qualifiés ; par leur présence, ils stimulent l'Église particulière à vivre plus intensément son
ouverture universelle. (85)

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37
L'appartenance du prêtre à l'Église particulière et son dévouement à celle-ci jusqu'au don de sa
vie, pour l'édification de l'Église « en la personne » du Christ Tête et Pasteur, au service de toute
la communauté chrétienne, en cordiale et filiale référence à l'évêque, doivent être renforcés par
tout charisme qui inspire directement ou indirectement la vie d'un prêtre. (86)
Pour que les dons abondants de l'Esprit soient accueillis dans la joie et qu'on les fasse fructifier
pour la gloire de Dieu et pour le bien de toute l'Église, il faut d'abord que tous connaissent et
discernent leurs charismes personnels et ceux d'autrui. Ensuite, l'exercice de ces charismes doit
toujours être accompagné d'humilité chrétienne, du courage de l'autocritique, de l'intention,
prévalant sur toute autre préoccupation, d'aider à l'édification de toute la communauté, au service
de laquelle est placé tout charisme particulier. En outre, à tous est demandé un effort sincère
d'estime réciproque, de respect mutuel et de valorisation coordonnée de toutes les diversités
positives et légitimes, présentes dans le presbyterium. Tout cela aussi fait partie de la vie
spirituelle et de l'ascèse continue du prêtre.
32. L'appartenance et le dévouement à l'Église particulière ne limitent pas à cette dernière toute
l'activité et la vie du prêtre. Elles ne peuvent pas y être réduites en raison de la nature même de
l'Église particulière (87) et de celle du ministère sacerdotal. Le Concile écrit à ce sujet : « Le don
spirituel que les prêtres ont reçu à l'ordination les prépare, non pas à une mission limitée et
restreinte, mais à une mission de salut d'ampleur universelle, "jusqu'aux extrémités de la terre"
(Ac 1, 8) ; n'importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la
mission confiée par le Christ aux Apôtres ». (88)
Il en résulte que la vie spirituelle des prêtres doit être profondément marquée par l'élan et le
dynamisme missionnaires. Il leur revient, dans l'exercice de leur ministère et dans le témoignage
de leur vie, de faire de la communauté qui leur est confiée une communauté authentiquement
missionnaire. Comme je l'ai écrit dans l'encyclique Redemptoris missio, « tous les prêtres doivent
avoir un cœur et une mentalité missionnaires, être ouverts aux besoins de l'Église et du monde,
attentifs aux plus éloignés, et surtout aux groupes non chrétiens de leur milieu. Dans la prière et
en particulier dans le sacrifice eucharistique, ils porteront la sollicitude de toute l'Église pour
l'ensemble de l'humanité ». (89)
Si cet esprit missionnaire anime généreusement la vie des prêtres, il sera plus facile de répondre
à une situation toujours plus grave aujourd'hui dans l'Église, celle qui provient de l'inégale
distribution du clergé. Sur ce point, le Concile a été on ne peut plus clair et fort : « Les prêtres se
souviendront donc qu'ils doivent avoir au cœur le souci de toutes les Églises. Ainsi les prêtres des
diocèses plus riches en vocation se tiendront prêts à partir volontiers,avec la permission de leur
Ordinaire ou à son appel, pour exercer leur ministère dans des pays, des missions ou des
activités qui souffrent du manque de prêtres ». (90)
« Renouvelle en eux l'effusion de ton Esprit de sainteté »

4.8 Page 38

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38
33. « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter
la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Jésus fait retentir encore aujourd'hui dans notre cœur
de prêtres les paroles qu'il a prononcées dans la synagogue de Nazareth. Notre foi, en effet, nous
révèle la présence active de l'Esprit du Christ dans notre être, notre agir et notre vie, de la même
façon que le sacrement de l'Ordre les a formés, habilités et modelés.
Oui, l'Esprit du Seigneur est le grand protagoniste de notre vie spirituelle. Il crée le « cœur
nouveau », l'anime, le guide avec la « loi nouvelle » de la charité, de la charité pastorale. La
conscience que la grâce de l'Esprit Saint ne manque jamais au prêtre comme don totalement
gratuit et comme engagement à la responsabilité, est décisive pour le développement de sa vie
spirituelle. La conscience de ce don pénètre et soutient l'inébranlable confiance du prêtre au
milieu des difficultés, des tentations, des faiblesses qui jalonnent l'itinéraire spirituel.
Je propose de nouveau à tous les prêtres ce que j'ai dit à beaucoup d'entre eux en une autre
occasion : « La vocation sacerdotale est essentiellement un appel à la sainteté dans la forme qui
découle du sacrement de l'Ordre. La sainteté est intimité avec Dieu, elle est imitation du Christ
pauvre, chaste et humble ; elle est amour sans réserve envers les âmes, et don de soi-même pour
leur véritable bien ; elle est amour pour l'Église qui est sainte et nous veut saints, car telle est la
mission que le Christ lui a confiée. Chacun de vous doit aussi être saint afin d'aider ses frères à
réaliser leur vocation à la sainteté.
«Comment ne pas réfléchir [...] sur le rôle essentiel que l'Esprit Saint joue dans l'appel spécifique
à la sainteté propre au ministère sacerdotal ? Rappelons les paroles du rite de l'Ordination
sacerdotale, que l'on estime centrales dans la formule sacramentelle : "Nous t'en prions, Père
tout-puissant, donne à tes serviteurs que voici d'entrer dans l'ordre des prêtres. Répands une
nouvelle fois au plus profond d'eux-mêmes l'Esprit de sainteté. Qu'ils reçoivent de toi, Seigneur, la
charge de seconder l'ordre épiscopal. Qu'ils incitent à la pureté des mœurs par l'exemple de leur
conduite".
«Par l'Ordination, chers amis, vous avez reçu l'Esprit même du Christ, qui vous rend semblables à
lui afin que vous puissiez agir en son nom et vivre en vous-mêmes ses propres sentiments.
Tandis que cette intime communion avec l'Esprit du Christ assure l'efficacité de l'action
sacramentelle que vous accomplissez in persona Christi, elle requiert également de s'exprimer
dans la ferveur de la prière, dans la cohérence de la vie, dans la charité pastorale d'un ministère
inlassablement orienté vers le salut des frères. En un mot elle requiert votre sanctification
personnelle ». (91)
CHAPITRE IV

4.9 Page 39

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39
VENEZ ET VOYEZ
La vocation sacerdotale dans la pastorale de l'Église
Chercher, suivre, demeurer
34. « Venez et voyez » (Jn 1, 39). C'est ainsi que Jésus répond aux deux disciples de Jean
Baptiste qui lui demandaient où il habitait. Dans ces paroles, nous trouvons la signification de la
vocation.
Voici comment l'Évangéliste raconte l'appel d'André et de Pierre : « Le lendemain, Jean se tenait
là, de nouveau, avec deux de ses disciples. Fixant les yeux sur Jésus qui passait, il dit : "Voici
l'agneau de Dieu". Les deux disciples, l'entendant ainsi parler, suivirent Jésus. Jésus se retourna
et vit qu'ils le suivaient. Il leur dit : "Que voulez-vous ?" Ils lui répondirent : "Rabbi (ce mot signifie
Maître), où demeures-tu ?" Il leur dit : "Venez et voyez". Ils allèrent donc et virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure.
«André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et
suivi Jésus. Il rencontre d'abord son frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie" - ce qui
veut dire Christ. Il l'amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : "Tu es Simon, le fils de Jean ; tu
t'appelleras Céphas" - ce qui veut dire Pierre » (Jn 1, 35-42).
Cette page de l'Évangile est l'une des nombreuses pages où la Sainte Écriture décrit le « mystère
» de la vocation ; dans le cas présent, il s'agit du mystère de la vocation des Apôtres de Jésus. La
page de Jean, qui a aussi une signification pour la vocation chrétienne comme telle, est d'une
valeur exemplaire pour la vocation sacerdotale. L'Église, en tant que communauté des disciples
de Jésus, est appelée à fixer son regard sur cette scène, qui, en quelque manière, se renouvelle
continuellement dans l'histoire. Elle est invitée à approfondir le sens original et personnel de
l'appel à suivre le Christ, dans le ministère sacerdotal, et l'inséparable lien entre la grâce divine et
la responsabilité humaine, lien contenu et révélé par deux mots que nous trouvons plusieurs fois
dans l'Évangile : viens et suis-moi (cf. Mt 19, 21). Elle est appelée à expliquer et à décrire le
dynamisme propre de la vocation, son développement graduel et concret selon les étapes
suivantes: chercher Jésus, le suivre, et demeurer avec lui.
L'Église trouve dans cet « Évangile de la vocation » l'exemple, la force et l'élan nécessaires à sa
pastorale des vocations, c'est-à-dire la mission qui vise à s'occuper de la naissance, du
discernement et de l'accompagnement des vocations, en particulier des vocations au sacerdoce.
Parce que « le manque de prêtres est certainement la tristesse de toute Église »(92), la pastorale
des vocations doit, aujourd'hui surtout, être entreprise avec une ardeur nouvelle, vigoureuse et
plus déterminée, par tous les membres de l'Église. On doit être convaincu qu'elle n'est pas un
élément secondaire ou accessoire, ni un moment isolé ou limité, telle une simple « partie », si
importante soit-elle, de la pastorale d'ensemble de l'Église ; c'est plutôt, comme l'ont répété les

4.10 Page 40

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40
Pères synodaux, une activité intimement insérée dans la pastorale générale de toute Église (93),
une charge qui doit être incorporée et pleinement identifiée à ce qu'on appelle habituellement «
charge d'âmes » (94), une dimension connaturelle et essentielle à la pastorale de l'Église, comme
à sa vie et à sa mission (95).
Oui, le thème de la vocation est connaturel et essentiel à la pastorale de l'Église. La raison en est
que la vocation constitue, en un sens, l'être profond de l'Église, avant même son action. Le nom
de l'Église, Ecclesia, indique que sa nature est liée en profondeur à la vocation, parce que l'Église
est vraiment « convocation », assemblée des appelés : « L'assemblée de ceux qui regardent dans
la foi vers Jésus, auteur du salut, principe d'unité et de paix, Dieu l'a convoquée et il en a fait
l'Église, pour qu'elle soit aux yeux de tous et de chacun le sacrement visible de cette unité
salutaire » (96).
Une lecture proprement théologique de la vocation sacerdotale et de la pastorale qui la concerne
ne peut se faire qu'à partir du mystère de l'Église, comme mysterium vocationis.
L'Église et le don de la vocation
35. Toute vocation chrétienne trouve son fondement dans l'élection gratuite et prévenante de la
part du Père « qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le
Christ. C'est ainsi qu'Il nous a élus en Lui, dès avant la création du monde, pour être saints et
immaculés sous son regard, dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour Lui des
fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté » (Ep 1, 3-5).
Toute vocation chrétienne vient de Dieu, est don de Dieu ; mais elle n'est jamais donnée en
dehors ou indépendamment de l'Église. Elle passe toujours dans l'Église et par l'Église, parce
que, comme le rappelle le Concile Vatican II, « il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la
sanctification et le salut séparément hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un
peuple qui le reconnaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (97).
Non seulement l'Église accueille en elle toutes les vocations que Dieu lui donne sur son chemin
de salut, mais elle prend elle-même les traits d'un mystère de vocation, lumineux et vivant reflet du
mystère de la sainte Trinité. En réalité, l'Église, « peuple réuni par l'unité du Père, du Fils et de
l'Esprit Saint » (98), porte en elle le mystère du Père qui, sans être appelé ou envoyé par
personne (cf. Rm 11, 33-35), appelle tout le monde à sanctifier son nom et à accomplir sa volonté
; l'Église garde en elle-même le mystère du Fils, qui est appelé et envoyé par le Père pour
annoncer à tous le Royaume de Dieu, en les appelant tous à le suivre. L'Église enfin est
dépositaire du mystère de l'Esprit Saint qui consacre pour la mission ceux et celles que le Père
appelle par son Fils Jésus Christ.
L'Église qui, par nature, est « vocation », est génératrice et éducatrice de vocations. Elle l'est dans

5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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41
son être de « sacrement » en tant que « signe » et « instrument », dans lequel retentit et
s'accomplit la vocation de tout chrétien; elle l'est dans son action, c'est-à-dire dans l'exercice de
son ministère d'annonce de la Parole, de célébration des sacrements, de service et de
témoignage de la charité.
On peut dès lors saisir à quel point la vocation chrétienne a, par avance, une dimension
ecclésiale. Non seulement la vocation dérive « de » l'Église et de sa médiation ; non seulement
elle se fait reconnaître et s'accomplit « dans » l'Église ; mais - dans le service fondamental qu'elle
rend à Dieu - elle se présente aussi et nécessairement comme rendant service « à » l'Église. La
vocation chrétienne, dans toutes ses formes, est un don destiné à l'édification de l'Église, à la
croissance du Règne de Dieu dans le monde (99).
Ce que nous disons de toute vocation chrétienne trouve une réalisation particulière dans la
vocation sacerdotale. Cette vocation est un appel, par le sacrement de l'Ordre reçu dans l'Église,
à se mettre au service du peuple de Dieu avec une appartenance spéciale et une configuration à
Jésus Christ, comportant l'autorité d'agir « au nom et dans la personne » de celui qui est la Tête
et le Pasteur de l'Église.
Dans cette perspective, on comprend ce qu'écrivent les Pères synodaux : « La vocation de
chaque prêtre existe dans l'Église et pour l'Église : c'est par elle que s'accomplit cette vocation. Il
s'ensuit que tout prêtre reçoit la vocation du Seigneur, par l'intermédiaire de l'Église, comme un
don gracieux, une grâce gratis data (charisme). Il appartient à l'évêque ou au supérieur compétent
non seulement de soumettre à examen l'aptitude et la vocation du candidat, mais aussi de la
reconnaître. Une telle intervention de l'Église fait partie de la vocation au ministère presbytéral
comme tel. Le candidat au presbytérat doit recevoir la vocation sans imposer ses propres
conditions personnelles, mais en acceptant aussi les normes et les conditions posées par l'Église
elle-même, selon sa propre responsabilité » (100).
Le dialogue de la vocation : l'initiative de Dieu et la réponse de l'homme
36. L'histoire de toute vocation sacerdotale, comme d'ailleurs de toute vocation chrétienne, est
l'histoire d'un ineffable dialogue entre Dieu et l'homme, entre l'amour de Dieu qui appelle et la
liberté de l'homme qui, dans l'amour, répond à Dieu. Ces deux aspects indissociables de la
vocation, le don gratuit de Dieu et la liberté responsable de l'homme, ressortent de manière très
claire et particulièrement puissante dans les paroles lapidaires par lesquelles l'évangéliste Marc
présente la vocation des Douze : Jésus « gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils
vinrent à lui » (3, 13). D'un côté, il y a la décision absolument libre de Jésus, de l'autre, la « venue
» des Douze, autrement dit, leur « suite de Jésus ».
Tel est l'exemple constant, le donné indissociable de toute vocation : celle des prophètes, des
apôtres, des prêtres, des religieux, des fidèles laïcs, de toute personne.

5.2 Page 42

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42
Mais ce qui est tout à fait prioritaire, et même primordial et décisif, c'est l'intervention libre et
gratuite de Dieu qui appelle. Il a l'initiative d'appeler. Voici par exemple l'expérience du prophète
Jérémie : « La parole du Seigneur me fut adressée : "Avant que tu ne sois formé dans le sein de
ta mère, je te connaissais, avant que tu ne sortes à la lumière, je t'avais consacré; je t'ai établi
prophète des nations" » (Jr 1, 4-5). La même vérité est présentée par l'Apôtre Paul qui enracine
toute vocation dans l'éternelle élection du Christ, faite « avant la création du monde » et « selon le
bon plaisir de sa volonté » (Ep 1, 5). Le primat absolu de la grâce dans la vocation est affirmé
avec la plus grande clarté dans la parole de Jésus : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais
c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre
fruit demeure » (Jn 15, 16).
Si la vocation sacerdotale témoigne indiscutablement du primat de la grâce, la libre et souveraine
décision de Dieu d'appeler l'homme demande un respect absolu : elle ne peut nullement être
forcée par une quelconque prétention humaine, elle ne peut être remplacée par aucune décision
humaine. La vocation est un don de la grâce divine, et jamais un droit de l'homme. C'est pourquoi
« on ne peut jamais considérer la vie sacerdotale comme une promotion simplement humaine, ni
la mission du ministre comme un simple projet personnel » (101). Par là est radicalement exclue
toute prétention ou présomption de la part de ceux qui sont appelés (cf. He 5, 4). Tout l'espace
spirituel du cœur doit être rempli d'une gratitude pleine d'admiration et d'émotion, et d'une
espérance inébranlable, parce que les candidats savent que leur appui ne réside pas dans leurs
propres forces, mais seulement dans la fidélité inconditionnée de Dieu qui appelle.
«Il appela ceux qu'il voulait et ils vinrent à lui » (Mc 3, 13). Cette « venue » qui s'identifie avec la «
suite » de Jésus, exprime la réponse libre des Douze à l'appel du Maître. Il en a été ainsi de Pierre
et d'André : « Il leur dit : "Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes". Et eux, aussitôt, ayant
laissé leurs filets, le suivirent » (Mt 4, 19-20). Identique fut l'expérience de Jacques et de Jean (cf.
Mt 19, 21-22). C'est ainsi que toujours, dans la vocation, brillent ensemble l'amour gratuit de Dieu
et l'exaltation la plus haute possible de la liberté humaine, celle de l'adhésion à l'appel de Dieu et
de la confiance en lui.
En réalité, grâce et liberté ne s'opposent pas. Au contraire, la grâce anime et soutient la liberté
humaine, la délivrant de l'esclavage du péché (cf. Jn 8, 34-36), la guérissant et l'élevant dans ses
capacités d'ouverture et d'accueil du don de Dieu. Et si on ne peut contester l'initiative absolument
gratuite de Dieu qui appelle, on ne peut davantage contester l'extrême sérieux avec lequel la
liberté de l'homme est mise au défi de répondre. C'est ainsi qu'au « viens et suis-moi » de Jésus,
le jeune homme riche oppose un refus, signe - quoique négatif - de sa liberté : « Mais lui, à ces
mots, s'assombrit et il s'en alla contristé, car il avait de grands biens » (Mc 10, 22).
La liberté, donc, est essentielle à la vocation, une liberté qui, dans une réponse positive, prend le
sens d'une adhésion personnelle profonde, comme donation d'amour ou mieux comme restitution
au Donateur, qui est Dieu, auteur de l'appel, comme une oblation. « L'appel - disait Paul VI - est

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43
proportionné à la réponse. Il ne peut y avoir de vocations que libres, c'est-à-dire offertes
spontanément d'elles-mêmes, conscientes, généreuses, totales... Nous les appelons offrandes :
voilà, pratiquement, le véritable problème... C'est la voix humble et pénétrante du Christ qui dit,
aujourd'hui comme hier, plus qu'hier : "Viens". La liberté est placée devant sa plus haute épreuve :
justement, celle de l'offrande, de la générosité, du sacrifice » (102).
L'offrande libre, qui constitue le noyau le plus intime de la réponse de l'homme à Dieu qui appelle,
trouve son modèle incomparable, mieux, sa racine vive, dans l'offrande très libre de Jésus Christ,
le premier des appelés, à la volonté du Père : « C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le
Christ dit : "Tu n'as voulu ni sacrifice, ni oblation, mais tu m'as façonné un corps... Alors j'ai dit :
Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté" » (He 10, 5-7).
En communion intime avec le Christ, Marie, la Vierge Mère, a été la créature qui, plus que toutes,
a vécu la pleine vérité de la vocation, parce que personne n'a répondu comme elle par un amour
si grand à l'amour immense de Dieu (103).
37. « Mais lui, à ces mots, s'assombrit et s'en alla contristé, car il avait de grands biens » (Mc 10,
22). Le jeune homme riche de l'Évangile qui ne répond pas à l'appel de Jésus nous rappelle les
grands obstacles qui peuvent bloquer ou empêcher la réponse libre de l'homme : non seulement
les biens matériels peuvent fermer le cœur humain aux valeurs de l'Esprit et aux exigences
radicales du Règne de Dieu, mais certaines conditions sociales et culturelles de notre temps
peuvent aussi créer de nombreuses menaces et imposer des visions déformées et fausses de la
vraie nature de la vocation, en rendant difficiles, sinon impossibles, l'accueil et la compréhension
elle-même.
Beaucoup ont de Dieu une idée tellement générale et confuse qu'elle est voisine de formes de
religiosité sans Dieu, dans lesquelles la volonté de Dieu est conçue comme un destin immuable et
inéluctable auquel l'homme n'a qu'à s'adapter et se résigner en pleine passivité. Mais ce n'est pas
le visage de Dieu que Jésus Christ a voulu nous révéler. En fait, Dieu est le Père qui, avec un
amour éternel et prévenant, appelle l'homme et noue avec lui un dialogue merveilleux et
permanent, l'invitant à partager, en fils, sa vie divine elle-même. Il est certain qu'avec une vision
erronée de Dieu, l'homme ne peut même pas reconnaître ce qu'il est lui-même en vérité, puisque
la vocation ne peut être ni perçue, ni vécue dans sa valeur authentique : elle peut seulement être
ressentie comme un fardeau imposé et insupportable.
De même, certaines idées fausses sur l'homme, souvent soutenues par des arguments
prétendument philosophiques ou « scientifiques », conduisent quelquefois l'homme à comprendre
son existence et sa liberté comme totalement déterminées et conditionnées par des facteurs
externes d'ordre éducatif, psychologique, culturel ou social. D'autres fois, la liberté est entendue
en termes d'autonomie absolue, prétendant être la source unique et ultime des choix personnels,
se définissant comme affirmation de soi à tout prix. Mais, de cette manière, il devient impossible

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de comprendre et de vivre la vocation comme un libre dialogue d'amour qui naît de la
communication de Dieu à l'homme et s'achève, pour l'homme, dans le don sincère de lui-même.
Dans le contexte actuel, on trouve aussi la tendance à penser le rapport de Dieu avec l'homme
d'une façon qui relève de l'indi vidualisme et de l'intimisme, comme si l'appel de Dieu était adressé
à chaque personne de manière directe, sans aucune médiation communautaire, et comme s'il
avait pour objectif un avantage, ou même le salut de chaque candidat, et non pas le don total de
lui-même fait à Dieu pour le service de la communauté. Nous rencontrons également une autre
menace plus profonde, en même temps que subtile, qui empêche de reconnaître et de recevoir
avec joie la dimension ecclésiale inscrite naturellement dans toute vocation chrétienne, et
spécialement dans la vocation sacerdotale. En effet, comme le rappelle le Concile, le sacerdoce
ministériel acquiert sa signification authentique et réalise sa pleine vérité dans le service et la
croissance de la communauté chrétienne et du sacerdoce des fidèles (104).
Le contexte culturel que nous venons de rappeler, dont l'influence n'est pas absente chez les
chrétiens et spécialement les jeunes, aide à comprendre l'ampleur de la crise des vocations
sacerdotales elles-mêmes qui, à leur origine et durant leur développement, ont affaire à de bien
plus graves crises de foi. Les Pères synodaux l'ont déclaré explicitement, reconnaissant que la
crise des vocations au presbytérat a de profondes racines dans le milieu culturel, dans la
mentalité et la pratique des chrétiens (105).
Dès lors, il est urgent que la pastorale des vocations de l'Église s'applique résolument et en
priorité à reconstituer la « mentalité chrétienne », engendrée et soutenue par la foi. Plus que
jamais, l'évangélisation consiste à présenter inlassablement le vrai visage de Dieu comme Père
qui, en Jésus Christ, appelle chacun de nous, ainsi que l'authentique sens de la liberté humaine,
comme principe et force du don responsable de soi. C'est seulement ainsi que seront posées les
bases indispensables pour que toute vocation, y compris celle des prêtres, puisse être perçue
dans sa vérité, aimée dans sa beauté, et vécue avec dévouement total et joie profonde.
Contenu de la pastorale des vocations et moyens dont elle dispose
38. La vocation est certainement un mystère insondable qui implique la relation que Dieu établit
avec l'homme : unique et non renouvelable ; mystère perçu et ressenti comme un appel attendant
une réponse venue du fond de la conscience, « sanctuaire où l'homme est seul avec Dieu et où sa
voix se fait entendre » (106). Mais cela n'élimine pas la dimension communautaire, et
spécialement ecclésiale, de la vocation ; l'Église aussi est réellement présente et à l'œuvre dans
la vocation de tout prêtre.
Pour servir la vocation sacerdotale et son itinéraire, c'est-à-dire la naissance, le discernement et
l'accompagnement de la vocation, l'Église peut trouver un exemple dans André, l'un des deux
premiers disciples qui se mirent à la suite de Jésus. C'est lui-même qui se mit à raconter à son

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frère ce qui lui était arrivé : « Nous avons trouvé le Messie (c'est-à-dire le Christ) » (Jn 1, 41). Et la
narration de cette « découverte » ouvre la voie à la rencontre : « Et il le conduisit à Jésus » (Jn 1,
42). Aucun doute sur l'initiative absolument libre et sur la décision souveraine de Jésus : c'est
Jésus qui appelle Simon et lui donne un nouveau nom : « Jésus le regarda et dit : "Tu es Simon,
le fils de Jean ; tu t'appelleras Céphas" (ce qui veut dire Pierre) » (Jn 1, 42). Mais André avait eu
sa part d'initiative : il avait sollicité la rencontre de son frère avec Jésus.
«Et il le conduisit à Jésus ». C'est ici, dans un sens, que se trouve le cœur de toute la pastorale
des vocations par laquelle l'Église veille sur la naissance et la croissance des vocations, en se
servant des dons et des responsabilités, des charismes et du ministère reçus du Christ et de son
Esprit. L'Église, comme peuple sacerdotal, prophétique et royal, est chargée de promouvoir et de
servir la naissance et la maturation des vocations sacerdotales, par la prière et la vie
sacramentelle, par l'annonce de la Parole et l'éducation de la foi, sous l'influence et avec le
témoignage de la charité.
L'Église, dans sa dignité et sa responsabilité de peuple sacerdotal, indique comme moments
essentiels et premiers de la pastorale des vocations la prière et la célébration de la liturgie. En
effet, nourrie de la Parole de Dieu, la prière chrétienne crée l'espace idéal pour que chacun puisse
découvrir la vérité de son être et l'identité du projet de vie, personnel et unique, que le Père forme
pour lui. Il est donc nécessaire d'éduquer les enfants et les jeunes pour qu'ils soient fidèles à la
prière et à la méditation de la Parole de Dieu : dans le silence et dans l'écoute, ils pourront
percevoir l'appel du Seigneur au sacerdoce et le suivre avec promptitude et générosité.
L'Église doit accueillir chaque jour l'invitation pressante et insistante de Jésus, qui demande de «
prier le Maître de la moisson, d'envoyer des ouvriers à sa moisson » (Mt 9, 38). Obéissant au
commandement du Christ, l'Église accomplit, avant toute autre chose, une humble profession de
foi : priant pour les vocations dont elle ressent toute l'urgence pour sa vie et pour sa mission, elle
reconnaît que les vocations sont un don de Dieu et que, comme telles, elles doivent être
demandées dans une supplication incessante et con- fiante. Cette prière, charnière de toute la
pastorale des vocations, doit être pratiquée non seulement par chacun, mais par les
communautés ecclésiales tout entières. Personne ne doute de l'importance des initiatives
particulières de prière, des moments spéciaux réservés à cette demande, à commencer par la
Journée mondiale annuelle pour les vocations, et de l'engagement explicite de personnes et de
groupes particulièrement sensibles au problème des vocations sacerdotales. Mais, aujourd'hui,
l'attente de nouvelles vocations dans la prière doit devenir toujours plus une habitude constante et
largement partagée par la communauté chrétienne tout entière, et par toute réalité ecclésiale.
C'est ainsi que l'on pourra revivre l'expérience des Apôtres qui, au Cénacle, unis à Marie,
attendent en prière l'effusion de l'Esprit (cf. Ac 1, 14), qui ne manquera pas de susciter encore
dans le peuple de Dieu « les prêtres dont le monde a besoin, pour le service de la prière et de
l'Eucharistie, et pour annoncer l'Évangile du Christ » (107).

5.6 Page 46

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46
Sommet et source de la vie de l'Église (108) et en particulier de toute prière chrétienne, la liturgie
a aussi un rôle indispensable et une incidence privilégiée dans la pastorale des vocations. En fait,
elle constitue une expérience vivante du don de Dieu et une grande école de la réponse à son
appel. Comme telle, toute célébration liturgique, et surtout celle de l'Eucharistie, a de nombreux
effets. Elle nous révèle le vrai visage de Dieu ; elle nous fait communier au mystère de la Pâque,
c'est-à-dire à l'« heure » pour laquelle Jésus est venu dans le monde et vers laquelle il s'est
librement et volontairement acheminé, par obéissance à l'appel du Père (cf. Jn 13, 1) ; enfin, elle
nous manifeste le visage de l'Église, comme peuple de prêtres et communauté bien soudée, dans
la variété et la complémentarité des charismes et des vocations. Le sacrifice rédempteur du
Christ, que l'Église célèbre dans le mystère, donne une valeur particulièrement précieuse à la
souffrance vécue en union avec le Seigneur Jésus. Les Pères synodaux nous ont invités à ne
jamais oublier que « par l'offrande des souffrances, si fréquentes dans la vie des hommes, le
chrétien malade s'offre comme victime à Dieu, à l'image du Christ qui s'est consacré lui-même
pour nous tous (cf. Jn 17, 19) » et que « l'offrande des souffrances à cette intention est de grande
utilité pour la promotion des vocations » (109).
39. Dans l'exercice de sa mission prophétique, l'Église sent que, d'une façon inévitable, le devoir
lui incombe d'annoncer et de manifester le sens chrétien de la vocation, nous pourrions dire «
l'Évangile de la vocation ». Elle perçoit aussi en ce domaine l'urgence des paroles de l'Apôtre : «
Malheur à moi si je n'évangélise pas ! » (1 Co 9,16). Cet avertissement résonne avant tout pour
nous pasteurs et regarde, en même temps que nous, tous les éducateurs dans l'Église. La
prédication et la catéchèse doivent toujours mettre en évidence leurs rapports intimes aux
vocations : la Parole de Dieu donne aux croyants la lumière nécessaire pour voir la vie comme
une réponse à l'appel de Dieu et elle les accompagne pour accepter, dans la foi, le don de la
vocation personnelle.
Mais tout cela, bien qu'important et essentiel, ne suffit pas : il faut une « prédication directe sur le
mystère de la vocation dans l'Église, sur la valeur du sacerdoce ministériel, sur son urgente
nécessité pour le peuple de Dieu » (110). Une catéchèse organique et offerte à tous les membres
de l'Église dissipe les doutes, combat les idées unilatérales et déviées sur le ministère sacerdotal,
ouvre également les cœurs des croyants à l'attente du don et crée des conditions favorables pour
la naissance de nouvelles vocations. Le temps est venu de parler courageusement de la vie
sacerdotale, comme d'une valeur inestimable et comme d'une forme splendide et privilégiée de
vie chrétienne. Les éducateurs et spécialement les prêtres ne doivent pas craindre de proposer
d'une façon explicite et forte la vocation au presbytérat comme une possibilité réelle pour les
jeunes qui ont les dons et les qualités appropriés. Cela ne conditionne pas ou ne limite pas leur
liberté ; au contraire, une proposition précise, faite au bon moment, peut être décisive pour
provoquer chez les jeunes une réponse libre et authentique. Du reste, l'histoire de l'Église et celle
de tant de vocations sacerdotales, écloses même dans un âge tendre, atteste abondamment le
caractère providentiel du voisinage et de la parole d'un prêtre : non seulement de la parole, mais
du voisinage, c'est-à-dire d'un témoignage concret et joyeux, capable de faire surgir des

5.7 Page 47

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47
interrogations et de conduire à des décisions définitives.
40. En tant que peuple royal, l'Église se sent enracinée dans la « loi de l'Esprit qui donne la vie »
(Rm 8, 2), et animée par elle. Or, cette loi est essentiellement la loi royale de la charité (cf. Jc 2, 8)
ou la loi parfaite de la liberté (cf. Jc 1, 25). C'est pourquoi l'Église remplit sa mission quand elle
amène tout fidèle à découvrir et à vivre sa propre vocation dans la liberté, et à la porter à son
achèvement dans la charité.
Dans sa tâche éducative, l'Église vise avec une attention privilégiée à susciter chez les enfants,
chez les adolescents et chez les jeunes le désir et la volonté de suivre Jésus Christ en tout et de
près. L'œuvre éducative, tout en concernant la communauté chrétienne comme telle, doit
s'adresser à chaque personne: Dieu, en effet, par son appel, rejoint le cœur de chaque homme, et
l'Esprit, qui demeure au dedans de chaque disciple (cf. 1 Jn 3, 24), se donne à chaque chrétien
avec ses charismes divers et ses manifestations particulières. Chacun doit donc être aidé à
recevoir le don qui lui est confié individuellement, comme à une personne unique et irremplaçable,
et être aidé à écouter les paroles que l'Esprit de Dieu lui adresse.
Dans cette perspective, le souci des vocations au sacerdoce saura s'exprimer aussi dans une
proposition ferme et persuasive de direction spirituelle. Il est nécessaire de redécouvrir la grande
tradition de l'accompagnement spirituel personnel, qui a toujours donné des fruits nombreux et
précieux dans la vie de l'Église, démarche qui peut être complétée, dans des cas déterminés et
des conditions précises, par des formes d'analyse ou de secours psychologiques, mais non
remplacée par elles (111). Les enfants, les adolescents et les jeunes seront invités à découvrir et
à apprécier le don de la direction spirituelle, à le rechercher, à en faire l'expérience, à le demander
avec une confiante insistance à leurs éducateurs dans la foi. Les prêtres, de leur côté, doivent être
les premiers à consacrer du temps et de l'énergie à cette œuvre d'éducation et de soutien spirituel
personnel : ils ne regretteront jamais d'avoir négligé ou fait passer au second plan beaucoup
d'autres choses, même belles et utiles, si cela était inévitable pour continuer à croire à leur
ministère de collaborateurs de l'Esprit afin d'éclairer et de conduire ceux qui sont appelés.
La fin de l'éducation du chrétien est d'atteindre, sous l'influence de l'Esprit, la « pleine maturité du
Christ » (Ep 4,13). Cela se réalise quand, en imitant et en partageant la charité du Christ, on fait
de toute sa vie un service d'amour (cf. Jn 13, 14-15), en offrant à Dieu un culte spirituel qui lui soit
agréable (cf. Rm 12, 1) et en se dévouant aux frères. Le service d'amour est le sens fondamental
de toute vocation, et cela se vérifie tout spécialement dans la vocation du prêtre, qui, en effet, est
appelé à revivre de la façon la plus radicale possible la charité pastorale de Jésus, c'est-à-dire
l'amour du Bon Pasteur qui « offre sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11).
C'est pourquoi une authentique pastorale des vocations ne se lassera jamais d'éduquer les
enfants, les adolescents et les jeunes au goût de l'engagement, au sens du service gratuit, à la
valeur du sacrifice, au don de soi inconditionné. L'expérience du volontariat, pour lequel grandit

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48
l'attrait de beaucoup de jeunes, est particulièrement utile, à condition qu'il s'agisse d'un volontariat
évangéliquement motivé, capable d'éduquer au discernement des besoins, vécu chaque jour avec
dévouement et fidélité, ouvert à l'éventualité d'un engagement définitif dans la vie consacrée,
nourri de prière ; alors, il saura plus sûrement soutenir une vie d'engagement désintéressé et
gratuit, et rendra celui qui s'y adonne plus sensible à la voix de Dieu qui peut l'appeler au
sacerdoce. Au contraire du jeune homme riche, le bénévole pourrait accepter l'invitation pleine
d'amour que Jésus lui adresse (cf. Mc 10, 21) ; et il pourrait l'accepter parce que ses biens
consistent déjà dans le don de lui-même aux autres et dans la « perte » de sa vie.
Tous, nous sommes responsables des vocations sacerdotales
41. La vocation sacerdotale est un don de Dieu, qui constitue certainement un grand bien pour
celui qui en est le premier destinataire. Mais c'est aussi un don pour l'Église entière, un bien pour
sa vie et pour sa mission. L'Église, donc, est appelée à garder ce don, à l'estimer, à l'aimer: elle
est responsable de la naissance et de la maturation des vocations sacerdotales. En conséquence,
la pastorale des vocations a comme sujet actif, comme protagoniste, la communauté ecclésiale
comme telle, dans ses diverses expressions : de l'Église universelle à l'Église particulière et,
analogiquement, de celle-ci à la paroisse et à tous les membres du peuple de Dieu.
Il est plus que jamais urgent, aujourd'hui surtout, que se répande et s'enracine la conviction que
ce sont tous les membres de l'Église, sans en exclure aucun, qui ont la grâce et la responsabilité
du souci des vocations. Le Concile Vatican II a été aussi explicite que possible en affirmant que «
le devoir de favoriser l'augmentation des vocations sacerdotales appartient à toute la communauté
chrétienne, qui est tenue de s'acquitter de ce devoir avant tout par une vie pleinement chrétienne
» (112). C'est seulement sur la base de cette conviction que la pastorale des vocations pourra
manifester son visage vraiment ecclésial et développer une action concertée, en se servant aussi
d'organismes spéciaux et d'instruments adaptés de communion et de coresponsabilité.
La première responsabilité de la pastorale orientée vers les vocations sacerdotales, c'est celle de
l'évêque (113), qui est appelé à l'assumer personnellement, même s'il peut et doit susciter de
multiples collaborations. Il est un père et un ami dans son presbyterium et il lui revient de «
maintenir la continuité » du charisme et du ministère sacerdotal, en lui associant de nouvelles
forces par l'imposition des mains. Il veillera à ce que la dimension des vocations soit toujours
présente dans l'ensemble de la pastorale ordinaire, bien plus, à ce qu'elle s'intègre et s'identifie
avec elle. C'est à lui qu'il appartient de promouvoir et de coordonner les diverses initiatives en
faveur des vocations (114).
L'évêque sait qu'il peut compter avant tout sur la collaboration de son presbyterium. Tous les
prêtres sont, avec lui, solidaires et coresponsables dans la recherche et dans la promotion des
vocations presbytérales. En effet, comme l'affirme le Concile, « il appartient aux prêtres, comme
éducateurs de la foi, de veiller à ce que chaque chrétien parvienne, dans le Saint-Esprit, à

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l'épanouissement de sa vocation personnelle » (115). Et c'est là « un devoir qui découle de la
mission sacerdotale elle-même, par laquelle le prêtre participe au souci qu'a l'Église entière
d'éviter toujours ici-bas le manque d'ouvriers dans le peuple de Dieu » (116). La vie des prêtres,
leur dévouement absolu au peuple de Dieu, leur témoignage de service d'amour pour le Seigneur
et son Église - un témoignage marqué du signe de la croix, acceptée dans l'espérance et la joie
pascale -, leur concorde fraternelle et leur zèle pour l'évangélisation du monde sont les premiers
et les plus convaincants des facteurs de la fécondité des vocations (117).
Une responsabilité très particulière est confiée à la famille chrétienne, qui, en vertu du sacrement
de mariage, participe d'une façon spéciale et originale à la mission éducatrice de l'Église
maîtresse et mère. Comme l'ont écrit les Pères synodaux, « la famille chrétienne, qui est
véritablement comme une "Église domestique" (Lumen gentium, n. 11), a toujours offert et
continue à offrir les conditions favorables pour la naissance des vocations. Parce que, aujourd'hui,
l'image de la famille chrétienne est en danger, il faut donner une grande importance à la pastorale
familiale. De cette façon les familles elles-même, accueillant généreusement le don de la vie
humaine, constitueront "comme le premier séminaire" (Optatam totius, n. 2), dans lequel les
enfants pourront acquérir, dès le début, le sens de la piété, de la prière et de l'amour envers
l'Église » (118). En continuité et en harmonie avec l'action des parents et de la famille, on doit
placer l'école, qui est appelée à vivre son identité de « communauté éducatrice » avec aussi un
projet culturel capable de faire la lumière sur la dimension de la vocation, comme valeur naturelle
et fondamentale de la personne humaine. En ce sens, une fois opportunément enrichie d'esprit
chrétien (soit par une présence religieuse explicite à l'école d'État, selon les divers arrangements
nationaux, soit surtout dans le cas de l'école catholique), l'école peut faire pénétrer, « dans l'esprit
des enfants et des jeunes, le désir d'accomplir la volonté de Dieu dans l'état de vie le plus adapté
à chacun, sans jamais exclure la vocation au ministère sacerdotal »(119).
Les fidèles laïcs, en particulier les catéchistes, les enseignants, les éducateurs, les animateurs de
la pastorale des jeunes, chacun avec ses ressources et ses capacités propres, ont une grande
importance dans la pastorale des vocations sacerdotales. En effet, plus ils approfondiront le sens
de leur vocation et de leur mission dans l'Église, plus ils pourront reconnaître la valeur et le
caractère irremplaçable de la vocation et de la mission sacerdotale.
Dans le cadre des communautés diocésaines et paroissiales, les groupes de réflexion sur les
vocations doivent être estimés et encouragés. Leurs membres offrent leur contribution de prière et
de souffrances pour les vocations sacerdotales et religieuses, ainsi que leur soutien moral et
matériel.
Il faut rappeler ici également les nombreux groupes, mouvements et associations de fidèles laïcs
que l'Esprit Saint fait lever et croître dans l'Église, en relation avec une présence chrétienne plus
missionnaire dans le monde. Ces diverses organisations de laïcs se révèlent comme un milieu
particulièrement riche en vocations consacrées, comme des lieux véritablement adaptés à la

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50
proposition et à la croissance des vocations. De nombreux jeunes, en effet, précisément dans le
cadre et à cause de ces associations, ont entendu l'appel du Seigneur à le suivre sur la voie du
sacerdoce ministériel et ont répondu avec une réconfortante générosité (120). Il faut donc les faire
valoir afin qu'en communion avec toute l'Église et par leur croissance, elles donnent leur
contribution propre au développement de la pastorale des vocations.
Les instances variées et les différents membres de l'Église engagés dans la pastorale des
vocations rendront leur action d'autant plus efficace qu'ils feront davantage comprendre à la
communauté ecclésiale comme telle, à commencer par la paroisse, que le problème des
vocations sacerdotales ne peut absolument pas être délégué à certains « spécialistes sur lesquels
on se décharge » (en général des prêtres et plus particulièrement des prêtres des séminaires),
mais que c'est « un problème vital qui est au cœur même de l'Église » (121), et donc qu'il doit se
situer au centre de l'amour de tout chrétien pour l'Église.
CHAPITRE V
IL EN INSTITUA DOUZE POUR ÊTRE SES COMPAGNONS
La formation des candidats au sacerdoce
Vivre à la suite du Christ comme les Apôtres
42. « Il gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze
pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher, avec le pouvoir de chasser les démons »
(Mc 3, 13-15).
«Pour être ses compagnons » : dans ces mots, il n'est pas difficile de lire « l'accompagnement des
vocations » des Apôtres, de la part de Jésus. Après les avoir appelés et avant de les envoyer, et
même pour pouvoir les envoyer prêcher, Jésus leur impose un temps de formation destiné à
développer un rapport de communion et d'amitié profonde avec lui. Il leur réserve une catéchèse
approfondie (cf. Mt 13, 11), et il veut en faire des témoins de sa prière silencieuse à son Père (cf.
Jn 17, 1-26 ; Lc 22, 39-45).
Dans le soin qu'elle apporte aux vocations sacerdotales, l'Église, de tout temps, s'inspire de
l'exemple du Christ. Il y a eu, et il y a encore aujourd'hui dans l'Église, des modalités concrètes
très variées de pastorale des vocations, celle-ci étant destinée non seulement à discerner, mais
aussi à « accompagner » les vocations au sacerdoce. Mais l'esprit qui doit les animer et les
soutenir est le même : mener jusqu'au sacerdoce seulement ceux qui y sont appelés après les

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avoir adéquatement formés ; elle les dispose ainsi à donner une réponse consciente et libre
engageant toute leur personne à Jésus Christ, qui appelle à vivre dans son intimité et dans le
partage de sa mission de salut. En ce sens, le « séminaire », dans ses différentes formes, et, de
façon analogue, la « maison de formation » des prêtres religieux, avant d'être un lieu ou un
espace matériel, est un espace spirituel, un itinéraire de vie, une atmosphère qui favorise et
assure un processus de formation permettant à celui qui est appelé par Dieu au sacerdoce de
devenir, par le sacrement de l'Ordre, une image vivante de Jésus Christ, Tête et Pasteur de
l'Église. Dans leur Message final, les Pères synodaux ont exprimé clairement le sens original et
spécifique de la formation des candidats au sacerdoce : « Vivre au séminaire, école d'Évangile,
veut dire vivre à la suite du Christ comme les Apôtres, se laisser initier par lui au service du Père
et des hommes, sous la conduite de l'Esprit Saint, et se laisser configurer au Christ Bon Pasteur
pour un meilleur service sacerdotal dans l'Église et dans le monde. Se former au sacerdoce
signifie s'entraîner à donner une réponse personnelle à la question fondamentale du Christ :
"M'aimes-tu ?" La réponse, pour le futur prêtre, ne peut être que le don total de sa vie »(122).
Il s'agit de traduire en fonction des conditions sociales, psychologiques, politiques et culturelles du
monde actuel cet esprit, qui ne manquera jamais à l'Église ; ces conditions sont variées et
complexes, comme en ont témoigné les Pères synodaux, eu égard à la situation des différentes
Églises particulières. Avec des accents reflétant d'angoissantes préoccupations mais aussi une
grande espérance, les Pères ont pu réfléchir longuement sur les efforts de recherche et
d'adaptation des méthodes de formation des candidats au sacerdoce, en cours de réalisation dans
leurs Églises.
La présente Exhortation n'a d'autre intention que de recueillir le fruit des travaux synodaux. Elle
veut préciser quelques points acquis, désigner les objectifs auxquels on ne peut renoncer, mettre
à la disposition de tous la richesse des itinéraires de formation déjà expérimentés d'une façon
positive. Dans cette Exhortation, on fait la distinction entre la formation « initiale » et la formation «
permanente », sans jamais oublier cependant le lien profond qui les unit et qui fait des deux un
unique parcours de vie chrétienne et sacerdotale. L'Exhortation traite des différentes dimensions
de la formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale, comme aussi des milieux et des
sujets responsables de la formation des candidats.
I. LES DIMENSIONS DE LA FORMATION SACERDOTALE
La formation humaine, fondement de toute la formation sacerdotale
43. « Sans une formation humaine adéquate, la formation sacerdotale tout entière serait privée de
son fondement nécessaire » (123). Cette affirmation des Pères synodaux n'exprime pas
seulement une donnée toujours suggérée par la raison et confirmée par l'expérience : c'est une

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52
exigence qui trouve son motif le plus profond et le plus spécifique dans la nature même du prêtre
et de son ministère. Le prêtre, appelé à être « image vivante » de Jésus Christ, Tête et Pasteur de
l'Église, doit chercher à refléter en lui-même, dans la mesure du possible, la perfection humaine,
qui resplendit dans le Fils de Dieu fait homme et qui transparaît avec une singulière efficacité dans
ses attitudes avec les autres, comme les évangélistes les présentent. Le ministère du prêtre est,
certes, d'annoncer la Parole, de célébrer les sacrements, de guider la communauté chrétienne «
au nom et dans la personne du Christ », mais cela, en s'adressant toujours à des hommes
concrets : « Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en
faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu » (He 5, 1). C'est pourquoi la formation
humaine du prêtre revêt une importance particulière en raison de sa relation aux destinataires de
sa mission. En effet, pour que son ministère soit humainement plus crédible et plus acceptable, il
faut que le prêtre modèle sa personnalité humaine de façon à en faire un « pont » et non un
obstacle pour les autres dans la rencontre avec Jésus Christ Rédempteur de l'homme. Il est
nécessaire qu'à l'exemple de Jésus qui « savait ce qu'il y a dans l'homme » (Jn 2, 25 ; cf. 8, 3-11),
le prêtre soit capable de connaître en profondeur l'esprit humain, d'avoir l'intuition des difficultés et
des problèmes, de faciliter la rencontre et le dialogue, d'obtenir confiance et collaboration,
d'exprimer des jugements sereins et objectifs.
Ce n'est donc pas seulement pour acquérir un nécessaire et juste épanouissement et pour se
réaliser eux-mêmes, mais aussi pour la pratique de leur ministère, que les futurs prêtres doivent
cultiver un ensemble de qualités humaines, indispensables à la construction de personnalités
équilibrées, fortes et libres : c'est pour être capables de porter le poids des responsabilités
pastorales. D'où la nécessité de l'éducation à l'amour de la vérité, à la loyauté, au respect de toute
personne, au sens de la justice, à la fidélité à la parole donnée, à la véritable compassion, à la
cohérence et en particulier à l'équilibre du jugement et du comportement (124). Dans sa lettre aux
Philippiens, l'Apôtre Paul propose un programme simple et exigeant pour cette formation humaine
: « Tout ce qu'il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y
avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper » (Ph 4, 8). Il
est intéressant de noter que Paul, précisément dans ces qualités profondément humaines, se
donne comme modèle à ses fidèles : « Ce que vous avez appris - poursuit-il immédiatement -,
reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer » (Ph 4, 9).
La relation avec les autres est d'une particulière importance. C'est un élément vraiment essentiel
pour celui qui est appelé à être responsable d'une communauté et à être un « homme de
communion ». Cela exige que le prêtre ne soit ni arrogant, ni chicanier, mais qu'il soit affable,
accueillant, sincère dans ses propos et dans son cœur (125), prudent et discret, généreux et prêt
à rendre service, capable d'établir avec les autres et de susciter chez tous des relations sincères
et fraternelles, prompt à comprendre, à pardonner et à consoler (cf. aussi 1 Tm 3, 1-5 ; Tt 1, 7-9).
L'humanité actuelle, souvent condamnée à des situations de massification et de solitude, surtout
dans les grandes concentrations urbaines, est de plus en plus sensible à la communion : celle-ci
est aujourd'hui l'un des signes les plus éloquents et l'une des voies les plus efficaces du message

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53
évangélique.
La formation à la maturité affective du candidat au sacerdoce s'inscrit dans ce contexte comme un
élément important et décisif, véritable aboutissement de l'éducation à l'amour vrai et responsable.
44. La maturité affective suppose que l'on ait conscience de la place centrale de l'amour dans
l'existence humaine. En réalité, comme je l'ai écrit dans l'encyclique Redemptor hominis, «
l'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est
privée de sens s'il ne reçoit pas la révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait
pas l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement » (126).
Il s'agit d'un amour qui englobe la personne entière, dans ses dimensions et ses composantes
physiques, psychiques et spirituelles, et qui se traduit dans la « signification nuptiale » du corps
humain, grâce auquel la personne se donne à l'autre et l'accueille. C'est à la compréhension et à
la réalisation de cette « vérité » de l'amour humain que tend l'éducation sexuelle correctement
comprise. On note aujourd'hui une situation sociale et culturelle diffuse « qui "banalise" en grande
partie la sexualité humaine, en l'interprétant et en la vivant de façon réductrice et appauvrie, en la
reliant uniquement au corps et au plaisir égoïste » (127). Les situations mêmes des familles d'où
proviennent les vocations sacerdotales présentent souvent à cet égard des carences notables et
parfois de graves déséquilibres.
Dans ce contexte, il devient plus difficile mais aussi plus urgent d'assurer une éducation de la
sexualité qui soit vraiment et pleinement personnelle et qui ouvre à l'estime et à l'amour de la
chasteté, « vertu qui développe la maturité authentique de la personne, en la rendant capable de
respecter et de promouvoir la "signification nuptiale" du corps » (128).
Or l'éducation à l'amour responsable et la maturation affective de la personne sont absolument
nécessaires à celui qui, comme le prêtre, est appelé au célibat, c'est-à-dire à offrir, avec la grâce
de l'Esprit et par la libre réponse de sa volonté propre, la totalité de son amour et de sa sollicitude
à Jésus Christ et à l'Église. En vue de l'engagement au célibat, la maturité affective doit savoir
inclure dans les rapports humains de sereine amitié et de profonde fraternité un amour ardent, vif
et personnel pour Jésus Christ. Comme l'ont écrit les Pères synodaux, « l'amour du Christ,
prolongé par une offrande de soi universelle, est de la plus haute importance pour susciter la
maturité affective. C'est ainsi que le candidat appelé au célibat trouvera dans la maturité affective
un ferme appui pour vivre la chasteté dans la fidélité et la joie (129).
Le charisme du célibat, même authentique et éprouvé, laisse intactes les inclinations de
l'affectivité et les pulsions de l'instinct : aussi les candidats au sacerdoce ont-ils besoin d'une
maturité affective, qui les rende capables de prudence, de renoncement à tout ce qui peut la
compromettre, de vigilance corporelle et spirituelle, d'estime et de respect dans les relations
interpersonnelles entre hommes et femmes. Une aide précieuse peut être apportée par une

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54
éducation adaptée à la véritable amitié, à l'image des liens de fraternelle affection que le Christ lui-
même a vécus pendant son existence (cf. Jn 11, 5).
La maturité humaine et en particulier la maturité affective exigent une formation limpide et forte à
la liberté qui prend les traits d'une obéissance convaincue et cordiale à la « vérité » de son être
propre, au « sens » de son existence, c'est-à-dire au don sincère de soi, comme route et contenu
fondamental de l'authentique réalisation de soi (130). Ainsi comprise, la liberté exige que la
personne soit vraiment maîtresse d'elle-même, décidée à combattre et à surmonter les diverses
formes d'égoïsme et d'individualisme qui menacent la vie de chacun, prompte à s'ouvrir aux
autres, généreuse dans le dévouement et le service du prochain. Cela est important pour la
réponse à donner à la vocation, spécialement la vocation au sacerdoce, pour la fidélité à celle-ci
et aux engagements qui lui sont liés, surtout dans les moments difficiles. La vie communautaire du
séminaire peut apporter une aide en vue de cette progression de l'éducation vers une liberté mûre
et responsable (131).
L'éducation de la conscience morale est intimement liée à la formation à la liberté responsable. La
conscience morale sollicite, du plus profond du « moi », l'obéissance aux obligations morales ; en
même temps, elle révèle la signification profonde de cette obéissance, réponse consciente et
libre, donc motivée par l'amour, aux demandes de Dieu et de son amour. « La maturité humaine
du prêtre - écrivent les Pères synodaux - doit inclure spécialement la formation de sa conscience.
En effet, pour que le candidat puisse fidèlement satisfaire à ses obligations envers Dieu et l'Église
et sagement guider la conscience des fidèles, il doit s'habituer à écouter la voix de Dieu qui lui
parle au cœur et adhérer avec amour et fermeté à sa volonté » (132).
La formation spirituelle : en communion avec Dieu et à la recherche du Christ
45. Cette formation humaine, si elle est développée dans le contexte d'une anthropologie qui
admet l'entière vérité sur l'homme, s'ouvre et se complète dans la formation spirituelle. Tout
homme, créé par Dieu et racheté par le sang du Christ, est appelé à être régénéré « par l'eau et
par l'Esprit » (Jn 3, 5) et à devenir « fils dans le Fils ». C'est dans ce dessein efficace de Dieu que
se trouve le fondement de la dimension religieuse constitutive de l'être humain, laquelle d'ailleurs
est découverte et reconnue par la simple raison : l'homme est ouvert au transcendant, à l'absolu;
son cœur est inquiet jusqu'à ce qu'il repose dans le Seigneur (133).
Le processus éducatif d'une vie spirituelle comprise comme relation et communion avec Dieu
prend sa source et se développe dans cette fondamentale et indestructible exigence religieuse.
Selon la Révélation et l'expérience chrétienne, la formation spirituelle possède une originalité
unique qui provient de la nouveauté évangélique. En effet « elle est œuvre de l'Esprit et engage la
personne dans sa totalité ; elle introduit dans la communion profonde avec Jésus Christ Bon
Pasteur ; elle conduit à une soumission de toute la vie à l'Esprit, dans une attitude filiale à l'égard
du Père et dans un attachement confiant à l'Église. Elle s'enracine dans l'expérience de la croix,

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pour pouvoir introduire, dans une communion profonde, à la totalité du mystère pascal » (134).
Comme on le voit, il s'agit d'une formation spirituelle qui est commune à tous les fidèles, mais qui
demande à être structurée selon le sens et les connotations qui dérivent de l'identité du prêtre et
de son ministère. Or, pour tout fidèle, la formation spirituelle doit être centrale et doit unifier son
être et sa vie de chrétien, c'est-à-dire de créature nouvelle dans le Christ, qui progresse dans
l'Esprit. De la même manière, pour tout prêtre, la formation spirituelle constitue le « cœur » qui
unifie et vivifie son « être » et son « agir » de prêtre. En ce sens, les Pères du Synode affirment
que « sans la formation spirituelle, la formation pastorale resterait sans fondement » (135), et que
la formation spirituelle constitue « l'élément le plus important dans l'éducation sacerdotale » (136).
Le contenu essentiel de la formation spirituelle dans un cheminement déterminé vers le sacerdoce
est bien exprimé dans le décret conciliaire Optatam totius : « La formation spirituelle [...] sera
donnée de telle façon que les séminaristes soient préparés à vivre dans la communion continuelle
et familière avec le Père, par son Fils Jésus Christ, dans l'Esprit Saint. Destinés à être conformés
au Christ prêtre par la sainte ordination, ils s'habitueront à lui être attachés comme des amis dans
l'intimité de toute leur vie. Qu'ils vivent son mystère pascal de façon à savoir initier à ce mystère le
peuple qui leur sera confié. On leur apprendra à chercher le Christ dans une méditation fidèle de
la Parole de Dieu, dans une communion active aux très saints mystères de l'Église, en premier
lieu dans l'Eucharistie et l'office divin. Il le chercheront dans l'évêque qui les envoie et dans les
hommes auxquels ils sont envoyés, surtout les pauvres, les petits, les malades, les pécheurs et
les incroyants. Avec une confiance filiale, ils aimeront et honoreront la bienheureuse Vierge Marie,
que le Christ Jésus mourant sur la croix donna comme mère à son disciple » (137).
46. Ce texte conciliaire mérite d'être médité avec attention. On peut y discerner facilement
quelques valeurs et exigences fondamentales pour l'itinéraire spirituel proposé au candidat au
sacerdoce.
Ce qui s'impose avant tout, c'est la valeur et l'exigence d'une « vie intimement unie » à Jésus
Christ. L'union au Seigneur Jésus, fondée sur le Baptême et alimentée par l'Eucharistie, se traduit
par un renouvellement radical, dans la vie de chaque jour. La communion intime avec la Sainte
Trinité, c'est-à-dire la vie nouvelle de la grâce qui rend fils de Dieu, constitue la « nouveauté » du
croyant, une nouveauté qui s'étend à l'être et à l'action. Elle constitue le mystère de l'existence
chrétienne placée sous le souffle de l'Esprit ; elle doit, en conséquence, constituer l'« ethos » de la
vie du chrétien. Jésus nous a enseigné ce merveilleux contenu de la vie chrétienne, qui est le
cœur même de la vie spirituelle, dans l'allégorie de la vigne et des sarments : "Je suis la vigne
véritable et mon Père est le vigneron... Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le
sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi,
et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,
1. 4-5).

6.6 Page 56

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56
Dans la culture actuelle, les valeurs spirituelles et religieuses ne manquent pas, et l'homme, en
dépit des apparences, reste constamment affamé et assoiffé de Dieu. Mais souvent la religion
chrétienne risque d'être considérée comme une religion parmi les autres, ou d'être réduite à une
pure éthique sociale au service de l'homme. Ainsi, sa bouleversante nouveauté dans l'histoire ne
ressort pas toujours: elle est « mystère », elle est l'événement du Fils de Dieu qui s'est fait homme
et qui donne à ceux qui l'accueillent le « pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12) ; elle est
l'annonce et même le don d'une alliance personnelle d'amour et de vie de Dieu avec l'homme. Les
futurs prêtres ne pourront communiquer aux autres cette nouvelle étonnante et source de bonheur
(cf. 1 Jn 1, 1-4) que s'ils ont acquis eux-mêmes une connaissance profonde et progressé dans
l'expérience de ce « mystère », grâce à une formation spirituelle adaptée.
Le texte conciliaire, tout en soulignant la transcendance absolue du mystère chrétien, présente la
communion intime des futurs prêtres avec Jésus en y ajoutant une nuance d'amitié. Il ne s'agit pas
là d'une absurde prétention de l'homme. C'est simplement un don inestimable du Christ, qui a dit à
ses Apôtres : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son
maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait
connaître » (Jn 15, 15).
Le texte conciliaire poursuit en indiquant une autre grande valeur spirituelle : la recherche de
Jésus. « On leur apprendra à chercher le Christ ». C'est là, avec le quærere Deum, un thème
classique de la spiritualité chrétienne illustré de manière exemplaire par la vocation des Apôtres.
En racontant comment les deux premiers disciples ont suivi Jésus, Jean met en lumière la place
occupée par cette « recherche ». C'est Jésus lui-même qui pose la question: « Que cherchez-
vous ? » Et tous deux répondent : « Maître, où demeures-tu ? » L'évangéliste poursuit : « Il leur dit
: "Venez et voyez". Ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce
jour-là » (Jn 1, 37-39). En un sens, la vie spirituelle de celui qui se prépare au sacerdoce est
dominée par cette recherche: chercher et « trouver » le Maître, le suivre et demeurer avec lui.
Dans le ministère et la vie du prêtre, il faudra continuer cette « recherche », car le mystère de
l'imitation du Christ et de la participation à sa vie est inépuisable. De même, il faudra continuer à «
trouver » le Maître en vue de le désigner aux autres, et mieux encore, en vue de susciter chez les
autres le désir de chercher le Maître. Mais cela n'est vraiment possible que si l'on propose aux
autres une « expérience » de vie, une expérience qui mérite d'être partagée. Ce fut la voie suivie
par André pour conduire son frère Simon à Jésus. André, écrit l'évangéliste Jean, « rencontre au
lever du jour son frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie" - ce qui veut dire Christ. Il
l'amena à Jésus ». Et ainsi, Simon lui aussi sera appelé comme Apôtre à suivre le Messie : «
Jésus le regarda et dit : "Tu es Simon, le fils de Jean ; tu t'appelleras Céphas" - ce qui veut dire
Pierre » (Jn 1, 41-42).
Mais que signifie, dans la vie spirituelle, chercher le Christ ? Où le trouver ? « Rabbi, où
demeures-tu ? » Le décret concilaire Optatam totius semble indiquer un triple chemin à parcourir :
la méditation fidèle de la Parole de Dieu, la participation active aux saints mystères de l'Église, le

6.7 Page 57

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57
service de la charité à l'égard des « petits ». Ce sont là trois grandes valeurs et exigences qui
définissent le contenu de la formation spirituelle du candidat au sacerdoce.
47. La lecture méditée et priante de la Parole de Dieu (lectio divina), en écoutant avec humilité et
amour celui qui parle, est un élément essentiel de la formation spirituelle. C'est en effet dans la
lumière et la force de la Parole de Dieu que chacun peut découvrir, comprendre, aimer et suivre
sa vocation, et accomplir sa mission ; de telle sorte que toute l'existence trouve sa signification
plénière et radicale dans le fait d'être le terme de la Parole de Dieu qui appelle l'homme et le
principe de la parole de l'homme qui répond à Dieu. La familiarité avec la Parole de Dieu facilitera
l'itinéraire de la conversion, dans un double sens : non seulement renoncer au mal pour adhérer
au bien, mais aussi faire grandir dans le cœur les pensées de Dieu. La foi, en tant que réponse à
la Parole, devient alors le nouveau critère de jugement et d'évaluation des hommes et des choses,
des événements et des problèmes.
Tout cela, à condition que la Parole de Dieu soit entendue et accueillie selon sa vraie nature, car
elle fait rencontrer Dieu lui-même, Dieu qui parle à l'homme ; elle fait rencontrer le Christ, le Verbe
de Dieu, la Vérité, qui est également le Chemin et la Vie (cf. Jn 14, 6). Il s'agit de lire les «
écritures », en écoutant les « paroles », la « Parole » de Dieu, comme le rappelle le Concile: « Les
Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et, puisqu'elles sont inspirées, elles sont vraiment
Parole de Dieu » (138). Le Concile dit encore : « Dans cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1,
15 ; 1 Tm 1, 17) s'adresse aux hommes en son immense amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11
; Jn 15, 14-15), il s'entretient avec eux (cf. Ba 3, 38), pour les inviter et les admettre à partager sa
propre vie »(139).
La connaissance intime et pleine d'amour de la Parole de Dieu acquise dans la prière revêt une
importance toute spéciale pour le ministère prophétique du prêtre ; elle est une condition
indispensable pour qu'il l'exerce d'une manière adéquate, surtout dans le contexte de la « nouvelle
évangélisation » à laquelle l'Église est appelée aujourd'hui. Comme le Concile y invite, « tous les
clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme
diacres ou comme catéchistes, au ministère de la parole, doivent, par une lecture spirituelle
assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Écritures, de peur que l'un d'eux ne devienne
"un vain prédicateur de la Parole de Dieu au dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"
(S. Augustin, Serm. 179, 1: PL 38, 966) » (140).
La réponse fondamentale à la Parole est la prière, qui constitue sans aucun doute une valeur et
une exigence primordiales de la formation spirituelle. Cette dernière doit amener les candidats au
sacerdoce à connaître et à expérimenter le sens authentique de la prière chrétienne : être une
rencontre vivante et personnelle avec le Père, par son Fils unique sous l'action de l'Esprit, un
dialogue qui devient participation au dialogue filial de Jésus avec son Père. C'est d'ailleurs un
aspect, et non des moindres, de la mission du prêtre, que d'être « éducateur de prière ». Mais le
prêtre ne pourra former les autres à l'école de Jésus priant que s'il a lui-même été formé et s'il

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58
continue à se former à cette école. C'est cela que les hommes demandent au prêtre : « Le prêtre
est l'homme de Dieu, celui qui appartient à Dieu et fait penser à Dieu. Quand la Lettre aux
Hébreux parle du Christ, elle le présente comme un "grand prêtre miséricordieux et fidèle dans les
choses qui regardent Dieu" (He 2, 17)... Les chrétiens espèrent trouver dans le prêtre non
seulement un homme qui les accueille, qui les écoute volontiers et leur témoigne une certaine
sympathie, mais aussi et surtout un homme qui les aide à regarder Dieu, à monter vers lui. Il faut
donc que le prêtre soit formé à une profonde intimité avec Dieu. Ceux qui se préparent au
sacerdoce doivent comprendre que toute la valeur de leur vie sacerdotale dépendra du don qu'ils
sauront faire d'eux-mêmes au Christ et, par le Christ, au Père » (141).
Dans le contexte d'agitation et de bruit qui est celui de notre société, l'éducation au sens humain
profond et à la valeur religieuse du silence, atmosphère spirituelle indispensable pour percevoir la
présence de Dieu et se laisser conquérir par elle (cf. 1 R 19, 11-12), est une pédagogie
nécessaire de la prière.
48. Le sommet de la prière chrétienne, c'est l'Eucharistie, qui se présente à son tour comme «
sommet et source » des sacrements et de la liturgie des heures. L'éducation liturgique, au sens
plénier d'une insertion vitale dans le mystère de Jésus Christ, mort et ressuscité, présent et
opérant dans les sacrements de l'Église, est absolument nécessaire pour la formation spirituelle
de tout chrétien et en particulier de tout prêtre. La communion avec Dieu, axe de la vie spirituelle
entière, est un don et un fruit des sacrements. En même temps, elle est un devoir et une
responsabilité que les sacrements confèrent à la liberté du croyant, pour que cette communion
inspire les décisions, les choix, les attitudes et les actions de la vie quotidienne. En ce sens, la «
grâce » qui rend « nouvelle » la vie chrétienne est la grâce de Jésus Christ, mort et ressuscité, qui
continue à répandre dans les sacrements son Esprit, saint et sanctificateur. De même, la « loi
nouvelle » qui doit guider et régler l'existence du chrétien est inscrite par les sacrements dans le «
cœur nouveau ». C'est la loi de charité envers Dieu et envers les frères, comme réponse et
prolongement de la charité de Dieu envers l'homme qui est signifiée et communiquée par les
sacrements. On peut ainsi comprendre la valeur d'une participation « pleine, consciente et active »
(142) aux célébrations sacramentelles, pour accueillir et mettre en pratique le don de la « charité
pastorale » qui constitue l'âme du ministère sacerdotal.
Cela vaut surtout pour la participation à l'Eucharistie, mémorial du sacrifice et de la mort du Christ
et de sa glorieuse résurrection, « sacrement de piété, signe d'unité, lien de charité » (143),
banquet pascal « où le Christ est reçu en nourriture, l'âme est remplie de sa grâce, et la gloire à
venir nous est déjà donnée » (144). Or les prêtres, en qualité de ministres des choses sacrées,
sont surtout les ministres du Sacrifice de la Messe (145) : leur rôle est absolument indispensable,
parce que, sans prêtre, il ne peut y avoir d'offrande eucharistique.
Cela montre l'importance essentielle de l'Eucharistie pour la vie et le ministère du prêtre, et donc
dans la formation spirituelle des candidats au sacerdoce. Avec une grande simplicité et pour être

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59
très concret, je redis : « Il conviendra que les séminaristes participent chaque jour à la célébration
eucharistique, de façon qu'ensuite ils prennent comme règle de leur vie sacerdotale cette
célébration quotidienne. On leur apprendra en outre à considérer la célébration eucharistique
comme le moment essentiel de leur journée. Ils y participeront activement, sans jamais se
contenter d'y assister par pure habitude. Enfin, les candidats au sacerdoce seront formés aux
dispositions intimes que l'Eucharistie fait naître : la reconnaissance pour les bienfaits reçus d'en
haut, puisque que l'Eucharistie est une action de grâce ; l'attitude d'offrande, qui les pousse à unir
l'offrande d'eux-mêmes à l'offrande eucharistique du Christ; la charité, nourrie par un sacrement
qui est signe d'unité et de partage ; le désir de contemplation et d'adoration devant le Christ
réellement présent sous les espèces eucharistiques » (146).
Il est plus que jamais urgent de faire redécouvrir, à l'intérieur de la formation spirituelle, la beauté
et la joie du sacrement de pénitence. Notre culture, en effet, avec le renouveau des formes les
plus subtiles d'autojustification, risque de faire perdre le « sens du péché » et, en conséquence, la
joie consolante de la demande de pardon (cf. Ps 51/50, 14) et de la rencontre avec Dieu « riche
en miséricorde » (Ep 2, 4). Aussi est-il nécessaire d'éduquer les futurs prêtres à la vertu de
pénitence que l'Église a la sagesse d'inspirer dans ses célébrations et dans les temps forts de
l'année liturgique, et qui trouve sa plénitude dans le sacrement de la Réconciliation. De là
découlent le sens de l'ascèse et de la discipline intérieure, l'esprit de sacrifice et de renoncement,
l'acceptation de la peine et de la croix. Ces éléments de la vie spirituelle présentent souvent de
grandes difficultés pour beaucoup de candidats au sacerdoce qui ont grandi dans des conditions
relativement aisées : ils sont moins portés et moins sensibilisés à ces éléments par les exemples
et les idéaux véhiculés par les moyens de communication sociale, même dans les pays où les
conditions de vie sont plus précaires et où la situation des jeunes est plus austère. Pour cette
raison, mais surtout pour réaliser, à l'exemple du Christ Bon Pasteur, le « don radical de soi »
requis du prêtre, les Pères synodaux ont écrit : « Il est nécessaire d'inculquer le sens de la croix,
qui est au cœur du mystère pascal. Grâce à cette identification au Christ crucifié, au Christ
serviteur, le monde peut retrouver la valeur de l'austérité, de la douleur et même du martyre, au
sein de la culture actuelle, imprégnée de sécularisme, d'avidité et d'hédonisme »(147).
49. La formation spirituelle apprend aussi à chercher le Christ dans les hommes. La vie spirituelle
est certes vie intérieure, vie d'intimité avec Dieu, vie de prière et de contemplation. Mais
justement, la rencontre avec Dieu et avec son amour de Père de tous les hommes entraîne
l'exigence inévitable de la rencontre avec le prochain, du don de soi aux autres, dans le service
humble et désintéressé que Jésus a proposé à tous comme programme de vie en lavant les pieds
de ses Apôtres : « Je vous ai donné l'exemple, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai
fait pour vous » (Jn 13, 15).
La formation au don généreux et gratuit de soi, favorisée par la vie communautaire normalement
requise dans la préparation au sacerdoce, constitue une condition indispensable pour celui qui est
appelé à se faire transparence, épiphanie du Bon Pasteur qui donne la vie (cf. Jn 10, 11. 15).

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Sous cet aspect, la formation spirituelle doit développer sa dimension intrinsèque, pastorale ou
caritative. Une juste, forte et tendre dévotion au Cœur du Christ peut contribuer à cette formation
comme l'ont souligné les Pères du Synode : « Former les futurs prêtres dans la spiritualité du
Cœur du Seigneur, c'est les conduire à une vie qui corresponde à l'amour et à l'affection du Christ
Prêtre et Bon Pasteur, à son amour pour le Père, dans l'Esprit Saint, à son amour pour les
hommes jusqu'à donner sa vie en s'immolant »(148).
Le prêtre est donc l'homme de la charité ; il est appelé à apprendre aux autres à imiter le Christ et
à vivre le commandement nouveau de l'amour fraternel (cf. Jn 15, 12). Cela exige que lui-même
se laisse continuellement éduquer par l'Esprit Saint à la charité du Christ. En ce sens, la
préparation au sacerdoce implique nécessairement une solide formation à la charité, en particulier
à l'amour préférentiel pour les « pauvres », dans lesquels la foi découvre la présence de Jésus (cf.
Mt 25, 40), et à l'amour miséricordieux pour les pécheurs.
C'est dans la perspective de la charité, qui consiste dans le don de soi par amour, que l'éducation
à l'obéissance, au célibat et à la pauvreté trouve sa place dans la formation spirituelle du futur
prêtre (149). L'invitation du Concile va aussi dans ce sens : « Les séminaristes devront
comprendre clairement qu'ils ne sont pas destinés à la domination ni aux honneurs, mais qu'ils
appartiennent tout entiers au service de Dieu et au ministère pastoral. On cultivera en eux avec un
soin particulier l'obéissance sacerdotale, le goût d'une vie pauvre, l'esprit d'abnégation, si bien
qu'ils seront habitués à renoncer rapidement même aux choses permises mais non opportunes, et
à se conformer au Christ crucifié » (150).
50. Dans la formation spirituelle de celui qui est appelé à vivre le célibat, on doit être
particulièrement attentif à préparer le futur prêtre à connaître, estimer, aimer et vivre le célibat
dans sa vraie nature et dans ses vraies finalités, donc dans ses motifs évangéliques, spirituels et
pastoraux. Le présupposé et le contenu de cette préparation est la vertu de chasteté, qui qualifie
toutes les relations humaines et qui conduit « à expérimenter et à manifester... un amour sincère,
humain, fraternel, personnel et capable de sacrifice à l'exemple du Christ envers tous et envers
chacun » (151).
Le célibat des prêtres confère à la chasteté certaines caractéristiques en vertu desquelles, «
renonçant à la vie conjugale pour le règne des cieux (cf. Mt 19, 12), ils peuvent adhérer au
Seigneur par un amour sans partage qui convient parfaitement à la Nouvelle Alliance ; ils donnent
le témoignage de la résurrection du monde à venir (cf. Lc 20, 36) et trouvent une aide
particulièrement apte à l'exercice continuel de cette charité parfaite qui leur permet d'être tout à
tous dans le ministère sacerdotal » (152). En ce sens, le célibat sacerdotal n'est pas à considérer
comme une simple norme juridique ni comme une condition tout extérieure pour être admis à
l'ordination. Au contraire, le célibat est une valeur profondément liée à l'Ordination. Il rend
conforme à Jésus Christ, Bon Pasteur et Époux de l'Église. Il permet le choix d'un amour plus
grand et sans partage pour le Christ et son Église, dans une disponibilité pleine et joyeuse pour le

7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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61
ministère pastoral. Il faut considérer le célibat comme une grâce spéciale, comme un don que tous
ne peuvent comprendre, mais seulement ceux à qui c'est donné (cf. Mt 19, 11). Cette grâce exige,
avec une force singulière, la réponse consciente et libre de la part de celui qui la reçoit. Ce
charisme de l'Esprit Saint confère aussi la grâce de la fidélité durant toute la vie et celle
d'accomplir avec générosité et joie les obligations qui y sont attachées. Dans la formation au
célibat sacerdotal, la conscience de ce « don précieux de Dieu » (153) devra être solidement
établie ; et cela amènera à prier et à veiller pour que ce don soit préservé de tout ce qui peut le
menacer.
Le célibat du prêtre, authentiquement vécu, favorisera l'accomplissement de son ministère auprès
du peuple de Dieu. En particulier, en témoignant de la valeur évangélique de la virginité, le prêtre
pourra aider les époux chrétiens à vivre en plénitude le « grand sacrement » de l'amour du Christ
Époux pour son Épouse l'Église et, par sa fidélité dans le célibat, il sera une inspiration pour la
fidélité des époux(154).
L'importante et délicate préparation au célibat sacerdotal, spécialement dans les situations
sociales et culturelles d'aujourd'hui, a conduit les Pères synodaux à une série de requêtes, dont la
valeur permanente est confirmée par la sagesse de notre mère l'Église. Je les propose de
nouveau avec autorité, comme critères à suivre dans la formation à la chasteté dans le célibat : «
Les évêques, ainsi que les recteurs et directeurs spirituels des séminaires, établiront des
principes, offriront des critères et donneront des aides pour le discernement en cette matière. La
sollicitude de l'évêque et la vie fraternelle entre les prêtres est de la plus haute importance pour la
formation à la chasteté dans le célibat. Au séminaire, c'est-à-dire pendant la période de formation,
le célibat doit être présenté avec clarté, sans aucune ambiguïté et d'une façon positive. Le
séminariste doit avoir un degré suffisant de maturité psychique et sexuelle ainsi qu'une vie
assidue de prière, et doit se placer sous la direction d'un père spirituel. Le directeur spirituel doit
aider le séminariste à arriver à une décision mûre et libre qui soit fondée sur l'estime de l'amitié
sacerdotale et de l'autodiscipline, comme aussi sur l'acceptation de la solitude et sur un état
personnel physique et psychologique correct. À cet effet, les séminaristes connaîtront bien la
doctrine du Concile Vatican II, l'encyclique Sacerdotalis cœlibatus et l'Instruction pour la formation
au célibat sacerdotal publiée par la Congrégation pour l'Éducation catholique en 1974. Pour que le
séminariste puisse embrasser avec une décision libre le célibat sacerdotal pour le Royaume des
cieux, il est nécessaire qu'il connaisse la nature chrétienne et vraiment humaine de la sexualité
dans le mariage et dans le célibat, ainsi que sa finalité. Il est également nécessaire d'instruire et
d'éduquer les fidèles laïcs sur les motifs évangéliques, spirituels et pastoraux qui justifient le
célibat sacerdotal, de façon qu'ils aident les prêtres de leur amitié, de leur compréhension et de
leur collaboration » (155).
La formation intellectuelle : l'intelligence de la foi
51. La formation intellectuelle, bien qu'ayant ses exigences spécifiques, est profondément liée à la

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62
formation humaine et spirituelle, au point d'en constituer une dimension nécessaire : elle se
présente en fait comme une exigence de l'intelligence par laquelle l'homme « participe à la lumière
de l'intelligence divine » et cherche à acquérir une sagesse qui, à son tour, porte à connaître Dieu
et à adhérer à lui (156).
La formation intellectuelle des candidats au sacerdoce trouve sa justification spécifique dans la
nature même du ministère ordonné, et le défi de la « nouvelle évangélisation » à laquelle le
Seigneur appelle l'Église au seuil du troisième millénaire la rend plus urgente aujourd'hui. « Si tout
chrétien - écrivent les Pères synodaux - doit être prêt à défendre la foi et à rendre compte de
l'espérance qui vit en nous (cf. 1 P 3, 15), à plus forte raison les candidats au sacerdoce et les
prêtres doivent-ils apprécier la valeur de la formation intellectuelle dans l'éducation et dans
l'activité pastorales ; en effet, pour le salut de leurs frères et de leurs sœurs, ils doivent acquérir
une plus profonde connaissance des mystères divins » (157). La situation actuelle est fortement
marquée par l'indifférence religieuse ; elle l'est également par une défiance diffuse à l'égard de la
capacité réelle de la raison de rejoindre la vérité objective et universelle ; elle l'est encore par les
interrogations nouvelles suscitées par les découvertes scientifiques et technologiques. Tout cela
justifie la forte exigence d'un excellent niveau de formation intellectuelle permettant aux prêtres
d'annoncer, dans un tel contexte, l'immuable Évangile du Christ et de le rendre crédible face aux
légitimes exigences de la raison humaine. En outre, le phénomène du pluralisme est aujourd'hui
considérablement accentué non seulement dans la société humaine, mais aussi dans la
communauté ecclésiale. Cela demande une aptitude particulière au discernement critique. Cette
situation fait apparaître clairement la nécessité d'une formation intellectuelle plus sérieuse que
jamais.
Cette motivation « pastorale » de la formation intellectuelle confirme ce qui a été dit plus haut au
sujet de l'unité du processus éducatif, compris dans ses différentes dimensions. L'obligation de
l'étude, qui occupe une partie notable de la vie du candidat au sacerdoce, n'est pas un élément
extérieur et secondaire du développement humain, chrétien et spirituel de sa vocation. En réalité,
par l'étude, surtout de la théologie, le futur prêtre adhère à la Parole de Dieu, grandit dans la vie
spirituelle et se dispose à accomplir le ministère pastoral. Tel est le but à la fois un et multiple de
l'étude de la théologie, indiqué par le Concile (158) et repris dans l'Instrumentum laboris du
Synode : « Pour la rendre pastoralement plus efficace, la formation intellectuelle sera intégrée
dans un parcours spirituel marqué par l'expérience personnelle de Dieu, de façon à dépasser une
science purement notionnelle et à parvenir à cette intelligence du cœur qui sait "voir" d'abord et
qui est en mesure ensuite de communiquer le mystère de Dieu aux frères » (159).
52. L'étude de la philosophie, qui conduit à une compréhension et à une interprétation plus
profondes de la personne, de sa liberté, de ses relations avec le monde et avec Dieu, est un
élément essentiel de la formation intellectuelle. Elle se révèle d'une grande urgence, d'abord en
raison du lien qui existe entre les problèmes philosophiques et les mystères du salut, étudiés en
théologie, à la lumière de la foi (160), mais aussi en raison de la situation culturelle, aujourd'hui si

7.3 Page 63

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63
diffuse, où prévaut le subjectivisme comme mesure et critère de la vérité. Seule une saine
philosophie peut alors aider les candidats au sacerdoce à développer une conscience réfléchie du
rapport constitutif qui existe entre l'esprit humain et la vérité, vérité qui se révèle pleinement à
nous en Jésus Christ. On ne doit pas minimiser l'importance de la philosophie, sous prétexte de
garantir cette « certitude de vérité » qui, seule, peut être à la base du don total de la personne à
Jésus et à l'Église. Il n'est pas difficile de comprendre que certaines questions très concrètes,
comme l'identité du prêtre et son engagement apostolique et missionnaire, sont profondément
liées à la question, nullement abstraite, de la vérité. Si l'on n'est pas certain de la vérité, comment
peut-on mettre en jeu sa vie entière, et avoir la force d'interpeller sérieusement celle des autres ?
La philosophie aide beaucoup le candidat à enrichir sa formation intellectuelle du « culte de la
vérité », c'est-à-dire d'une sorte de vénération amoureuse de la vérité qui conduit à reconnaître
que la vérité elle-même n'est pas créée ni mesurée par l'homme, mais qu'elle est donnée à
l'homme par la Vérité suprême, par Dieu ; que la raison humaine peut, bien que d'une façon
limitée et non sans difficulté parfois, atteindre la vérité objective et universelle, celle même qui
concerne Dieu et le sens radical de l'existence ; enfin, que la foi elle-même ne peut pas faire
abstraction de la raison ni dispenser de l'effort de « penser » ses contenus, comme en témoignait
le grand esprit qu'est saint Augustin : « J'ai désiré sonder avec l'intelligence ce en quoi j'ai mis ma
foi, et j'ai discuté beaucoup et j'ai beaucoup peiné » (161).
Pour une compréhension plus profonde de l'homme et des phénomènes sociaux, en vue d'un
exercice aussi « incarné » que possible du ministère pastoral, les sciences de l'homme, comme
on les appelle, sont d'une utilité certaine ; ce sont la sociologie, la psychologie, la pédagogie, les
sciences de l'économie et de la politique, la science des communications sociales. Dans le cadre
précis des sciences positives ou descriptives, ces sciences de l'homme aident le futur prêtre à
prolonger l'action du Christ qui s'est fait contemporain des hommes de son temps : « Le Christ,
disait Paul VI, s'est fait contemporain de certains hommes et s'est exprimé dans leur langage. Lui
être fidèle, c'est faire en sorte qu'il continue à être notre contemporain » (162).
53. La formation intellectuelle du futur prêtre se fonde et se développe surtout dans l'étude de la
sacra doctrina, la théologie. La valeur et l'authenticité de la formation théologique dépendent du
respect scrupuleux de la nature propre de la théologie, que les Pères synodaux ont ainsi résumée
: « La vraie théologie provient de la foi et entend conduire à la foi » (163). C'est cela que l'Église,
et spécialement son Magistère, ont constamment proposé. C'est cette ligne qu'ont suivie les
grands théologiens qui ont enrichi la pensée de l'Église au long des siècles. Saint Thomas est on
ne peut plus explicite quand il affirme que la foi est comme l'habitus de la théologie, c'est-à-dire
son principe d'opération permanent (164), et que « toute la théologie est ordonnée à nourrir la foi
» (165).
Le théologien est donc avant tout un croyant, un homme de foi. Mais c'est un croyant qui
s'interroge sur sa propre foi (fides quærens intellectum), qui s'interroge afin d'arriver à une

7.4 Page 64

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64
compréhension plus profonde de sa foi. Les deux aspects, la foi et la réflexion méthodique, sont
connexes et s'interpénètrent : c'est justement leur intime coordination, leur interpénétration, qui
caractérise la vraie nature de la théologie, et, par suite, ses contenus, ses modalités et l'esprit
selon lesquels la doctrine sacrée sera élaborée et étudiée.
Or la foi, point de départ et d'arrivée de la théologie, crée une relation personnelle du croyant avec
Jésus Christ dans l'Église. Et c'est pourquoi la théologie possède, elle aussi, des connotations
intrinsèques, christologiques et ecclésiales que le candidat au sacerdoce doit faire siennes
consciemment, à cause des implications non seulement pour sa vie personnelle, mais aussi pour
son ministère pastoral. Si la foi est accueil de la Parole de Dieu, elle s'achève dans un « oui »
radical du croyant à Jésus Christ, Parole plénière et définitive de Dieu au monde (cf. He 1, 1-4). Il
doit donc en être de même de la réflexion théologique, qui trouve son centre dans l'adhésion à
Jésus Christ, Sagesse de Dieu : cette réflexion doit se considérer comme une participation à la «
pensée » du Christ (cf. 1 Co 2, 16) sous l'aspect humain d'une science (scientia fidei). En même
temps, la foi introduit le croyant dans l'Église et le rend participant de la vie de l'Église comme
communauté de foi. En conséquence, la théologie possède une dimension ecclésiale, parce
qu'elle est une réflexion sur la foi de l'Église, et cela de la part d'un théologien qui est membre de
l'Église (166).
Ces perspectives christologiques et ecclésiales, qui sont connaturelles à la théologie, aident à
développer chez les candidats au sacerdoce, en même temps que la rigueur scientifique, un
grand et vif amour envers Jésus Christ et son Église. Cet amour qui nourrit leur vie spirituelle, les
oriente aussi vers le généreux accomplissement de leur ministère. C'est précisément ce que
voulait le Concile Vatican II, quand il demandait la réorganisation des études ecclésiastiques, en
répartissant mieux les différentes disciplines philosophiques et théologiques « pour les faire
contribuer de concert à ouvrir de plus en plus l'esprit des séminaristes au mystère du Christ, qui,
concernant l'histoire entière du genre humain, ne cesse d'agir dans l'Église et d'opérer surtout par
le ministère sacerdotal » (167).
La formation intellectuelle théologique et la vie spirituelle, en particulier la vie de prière, s'unissent
et se renforcent mutuellement, sans rien ôter ni au sérieux de la recherche ni à la saveur
spirituelle de la prière. Saint Bonaventure nous prévient : « Que personne ne croie que suffisent la
lecture sans l'onction, la spéculation sans la dévotion, la recherche sans l'admiration, l'observation
sans la jubilation, l'activité sans la piété, la science sans la charité, l'intelligence sans l'humilité,
l'étude sans la grâce divine, la connaissance de soi sans la sagesse infuse de Dieu » (168).
54. La formation théologique est une œuvre complexe et laborieuse. Elle doit aider le candidat au
sacerdoce à posséder une conception des vérités révélées par Dieu en Jésus Christ, et de
l'expérience de foi de l'Église, qui soit complète et unifiée. De là découle une double exigence :
connaître « toutes » les vérités chrétiennes, sans opérer de choix arbitraires, et les connaître
d'une manière méthodique. Cela exige que l'on aide l'étudiant à opérer une synthèse qui soit le

7.5 Page 65

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65
fruit des apports des différentes disciplines théologiques, dont la spécificité n'acquiert de valeur
authentique que dans leur profonde coordination.
Dans sa réflexion sur la foi, la théologie va dans deux directions. La première est celle de l'« étude
de la Parole de Dieu » : la parole écrite dans le Livre sacré, célébrée et vécue dans la tradition
vivante de l'Église, authentiquement interprétée par le Magistère de l'Église. Cela demande l'étude
de la Sainte Écriture, « qui doit être comme l'âme de toute la théologie » (169), l'étude des Pères
de l'Église, de la liturgie, de l'histoire de l'Église et des déclarations du Magistère. La seconde
direction est celle de l'homme interlocuteur de Dieu : l'homme appelé à « croire », à « vivre », à «
communiquer » aux autres la foi, et l'« ethos » chrétien. Cela entraîne donc l'étude de la
dogmatique, de la théologie morale, de la théologie spirituelle, du droit canonique et de la
théologie pastorale.
La référence à l'homme croyant conduit la théologie à être particulièrement attentive d'une part à
l'instance fondamentale et permanente du rapport foi-religion, et d'autre part à certaines exigences
davantage liées à la situation sociale et culturelle de notre époque. Dans la première orientation,
se situe la théologie fondamentale, qui a pour objet le fait de la révélation chrétienne et de sa
transmission dans l'Église. Dans la seconde orientation, se placent des disciplines qui ont connu
et connaissent un développement plus intense, comme réponses à des problèmes aujourd'hui
fortement perçus. C'est le cas de l'étude de la doctrine sociale de l'Église qui « entre dans le
domaine... de la théologie et particulièrement de la théologie morale » (170) et qui est à ranger
parmi les « éléments essentiels » de la « nouvelle évangélisation », dont elle constitue un
instrument (171). Il en est ainsi de l'étude de la missiologie, de l'œcuménisme, du judaïsme, de
l'islam, et des autres religions non chrétiennes.
55. La formation théologique actuelle doit prêter attention à certains problèmes qui soulèvent
souvent des difficultés, créent des tensions et entretiennent des confusions dans la vie de l'Église.
Que l'on pense au rapport entre les déclarations du Magistère et les discussions théologiques, qui
ne se présente pas toujours de manière souhaitable, c'est-à-dire en esprit de collaboration : « Tout
en ayant des charismes et des fonctions différentes, le Magistère vivant de l'Église et la théologie
ont en définitive un même but : garder le peuple de Dieu dans la vérité qui libère et en faire ainsi la
"lumière des nations". Ce service de la communauté ecclésiale met en relations réciproques le
théologien et le Magistère. Ce dernier enseigne authentiquement la doctrine des apôtres et, tirant
profit du travail théologique, réfute les objections et les déformations de la foi, proposant en outre,
avec l'autorité reçue de Jésus Christ, des approfondissements, des explicitations et des
applications nouvelles de la doctrine révélée. La théologie au contraire acquiert, par la réflexion,
une intelligence toujours plus profonde de la Parole de Dieu, contenue dans l'Écriture et
fidèlement transmise par la Tradition vivante de l'Église, sous la conduite du Magistère ; elle
cherche à éclairer l'enseignement de la Révélation face aux instances de la raison, et lui donne
enfin une forme organique et systématique » (172). Quand, cependant, pour toute une série de
motifs, cette collaboration diminue, il ne faut pas se laisser égarer par des équivoques et des

7.6 Page 66

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66
confusions ; il faut savoir faire soigneusement la distinction entre « la doctrine commune de
l'Église et les opinions des théologiens ainsi que les tendances qui passent (les "modes") » (173).
Il n'y a pas de magistère « parallèle », parce que l'unique Magistère est celui de Pierre et des
apôtres, du Pape et des évêques (174).
Un autre problème, qui se rencontre surtout là où la formation intellectuelle des séminaristes est
confiée à des instituts académiques, concerne le rapport entre la rigueur scientifique de la
théologie et sa destination pastorale, et donc la nature pastorale de la théologie. Il s'agit en réalité
de deux caractéristiques de la théologie et de son enseignement qui, non seulement ne
s'opposent pas, mais concourent, même sous des profils différents, à une plus complète «
intelligence de la foi ». En fait, le caractère pastoral de la théologie ne signifie pas que la théologie
est moins doctrinale ou privée de son caractère scientifique ; elle signifie au contraire que la
théologie habilite les futurs prêtres à annoncer le message évangélique en tenant compte des
facteurs culturels de leur temps et à comprendre l'action pastorale selon une authentique vision
théologique. Ainsi, d'un côté, une étude respectueuse du caractère rigoureusement scientifique de
chacune des disciplines théologiques contribuera à la formation plus complète et plus profonde du
pasteur d'âmes, comme maître de la foi ; d'un autre côté, chez le futur prêtre, une sensibilité qui
correspond à l'orientation pastorale rendra vraiment formatrice pour lui l'étude sérieuse et
scientifique de la théologie.
L'exigence, aujourd'hui fortement ressentie, de l'évangélisation des cultures et de l'inculturation du
message de la foi soulève encore un autre problème. C'est une question éminemment pastorale
qui doit être traitée largement et avec beaucoup d'attention au cours de la formation des candidats
au sacerdoce : « Dans les circonstances actuelles, en différentes régions du monde, la religion
chrétienne est considérée comme quelque chose d'étranger aux cultures soit anciennes soit
modernes ; il est donc d'une grande importance que, dans toute la formation intellectuelle et
humaine, on considère comme nécessaire et essentielle la dimension de l'inculturation » (175).
Cela exige au préalable une théologie authentique, inspirée des principes catholiques concernant
l'inculturation. Ces principes sont liés au mystère de l'Incarnation du Verbe de Dieu et à
l'anthropologie chrétienne ; ils éclairent le sens authentique de l'inculturation. Celle-ci, face aux
cultures les plus diverses et parfois opposées présentes dans les différentes parties du monde,
veut être un acte d'obéissance au commandement du Christ de prêcher l'Évangile à toutes les
nations et jusqu'aux confins de la terre. Cette obéissance ne signifie ni syncrétisme, ni simple
adaptation de l'annonce évangélique, mais le fait que l'Évangile pénètre vitalement dans les
cultures, s'incarne en elles, dépassant leurs éléments culturels incompatibles avec la foi et la vie
chrétiennes et élevant leurs valeurs jusqu'au mystère du salut qui provient du Christ (176). Le
problème de l'inculturation peut avoir un intérêt spécial quand les candidats au sacerdoce
proviennent eux-mêmes de cultures autochtones : ils auront alors besoin de parcours de formation
adaptés, soit pour éviter le risque d'être moins exigeants et de se contenter d'une éducation plus
faible en valeurs humaines, chrétiennes et sacerdotales, soit pour mettre en valeur les éléments
bons et authentiques de leurs cultures et de leurs traditions (177).

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67
56. En suivant l'enseignement et les orientations du Concile Vatican II et les normes pratiques de
la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis, un vaste « aggiornamento » de l'enseignement
des disciplines philosophiques et surtout théologiques a été accompli dans les séminaires. Si cet «
aggiornamento » appelle encore dans certains cas des retouches et des développements, il a
contribué dans l'ensemble à améliorer toujours plus l'éducation donnée dans le cadre de la
formation intellectuelle. À ce sujet, « les Pères synodaux ont de nouveau affirmé fréquemment et
avec clarté la nécessité et même l'urgence que soit appliqué dans les séminaires et les maisons
de formation le programme fondamental des études, qu'il s'agisse du programme universel ou de
celui des divers pays ou Conférences épiscopales » (178).
Il est nécessaire de combattre fermement la tendance à abaisser le niveau et le sérieux des
études, tendance qui se manifeste dans certains secteurs de l'Église et qui est due en partie à
l'insuffisance et aux lacunes de la formation intellectuelle de base reçue par les étudiants qui
commencent le cycle philosophique et théologique. C'est la situation contemporaine elle-même
qui exige que les maîtres soient toujours davantage à la hauteur de la complexité des temps et
soient en mesure d'affronter avec compétence, clarté et profondeur d'argumentation les questions
sur le sens posées par les hommes d'aujourd'hui, questions auxquelles seul l'Évangile de Jésus
Christ apporte la réponse pleine et définitive.
La formation pastorale : communier à la charité de Jésus Christ, Bon Pasteur
57. Toute la formation des candidats au sacerdoce est destinée à les disposer d'une façon plus
particulière à communier à la charité du Christ Bon Pasteur. Cette formation doit donc, dans ses
divers aspects, avoir un caractère essentiellement pastoral. Le décret conciliaire Optatam totius
l'affirmait clairement en parlant des grands séminaires : « L'éducation complète des élèves des
grands séminaires doit tendre à faire d'eux de véritables pasteurs d'âmes, à l'exemple de notre
Seigneur Jésus Christ, Maître, Prêtre et Pasteur. Ils seront donc préparés au ministère de la
parole, afin qu'ils comprennent toujours mieux la parole révélée de Dieu, qu'ils la possèdent par la
méditation et qu'ils l'expriment par leur voix et par leur vie ; au ministère du culte et de la
sanctification, afin que, s'adonnant à la prière et aux célébrations liturgiques, ils accomplissent
l'œuvre du salut par le sacrifice eucharistique et les sacrements ; au ministère de pasteur, afin
qu'ils sachent rendre présent aux hommes le Christ, qui "n'est pas venu pour être servi, mais pour
servir et donner sa vie en rançon pour les multitudes" (Mc 10, 45 ; cf. Jn 13, 12-17), et pour que,
devenus les serviteurs de tous, ils en gagnent un plus grand nombre (cf. 1 Co 9, 19) » (179).
Le texte conciliaire insiste sur la profonde coordination qui existe entre les divers aspects de la
formation humaine, spirituelle et intellectuelle, et en même temps sur leur finalité spécifiquement
pastorale. En ce sens, la finalité pastorale assure à la formation humaine, spirituelle et
intellectuelle des contenus déterminés et des caractéristiques précises, pour unifier et spécifier
toute la formation des futurs prêtres.

7.8 Page 68

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68
Comme toute autre formation, la formation pastorale se réalise par une mûre réflexion et des
exercices pratiques ; elle plonge ses racines vivantes dans un esprit qui est le centre de tout et
constitue une force d'impulsion et de développement.
L'étude d'une véritable discipline théologique est donc nécessaire : la théologie pastorale ou
pratique, réflexion scientifique sur l'Église qui se construit chaque jour, avec la force de l'Esprit, au
cours de l'histoire, donc sur l'Église comme « sacrement universel de salut » (180), comme signe
et instrument vivant du salut de Jésus Christ dans la Parole, dans les sacrements et dans le
service de la charité. La pastorale n'est pas seulement un art, ni un ensemble d'exhortations,
d'expériences, de recettes ; elle possède sa pleine dignité théologique, parce qu'elle reçoit de la
foi les principes de l'action pastorale de l'Église dans l'histoire, d'une Église qui « engendre » tous
les jours l'Église elle-même, selon l'heureuse expression de saint Bède le Vénérable : « Nam et
Ecclesia quotidie gignit Ecclesiam » (181). Parmi ces principes et ces critères, il y a celui,
particulièrement important, du discernement évangélique de la situation socio-culturelle et
ecclésiale dans laquelle se développe l'action pastorale.
L'étude de la théologie pastorale doit éclairer l'action concrète à laquelle les candidats au
sacerdoce doivent s'adonner en faisant des stages de pastorale, de façon progressive et toujours
en harmonie avec les autres exigences de la formation. Ces « expériences » pastorales
constitueront éventuellement un vrai « noviciat pastoral » qui pourra durer un certain temps et
devra être évalué de manière méthodique.
Mais l'étude et l'activité pastorales renvoient à une source intérieure que la formation aura soin de
préserver et de mettre en valeur : la communion toujours plus profonde avec la charité pastorale
de Jésus. Comme elle a constitué l'origine et la force de l'action salvifique de Jésus, de même elle
doit aussi, grâce à l'effusion de l'Esprit dans le sacrement de l'Ordre, constituer l'origine et la force
du ministère du prêtre. Il s'agit d'une formation destinée non seulement à assurer une compétence
pastorale scientifique et une habileté pratique, mais aussi et surtout à garantir la croissance d'une
manière d'être en communion avec les sentiments et les comportements mêmes du Christ Bon
Pasteur : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5).
58. Ainsi entendue, la formation pastorale ne peut évidemment pas se réduire à un simple
apprentissage, destiné à se familiariser avec des techniques pastorales. Le projet éducatif du
séminaire se propose d'apprendre aux étudiants à acquérir une sensibilité pastorale, à assumer
avec conscience et maturité leurs propres responsabilités, à s'entraîner intérieurement à évaluer
des situations, à établir des priorités et à trouver les moyens de les réaliser, le tout à la lumière de
la foi et selon les exigences théologiques de la pastorale elle-même.
Par cette expérience initiale et progressive du ministère, les futurs prêtres pourront être introduits
dans la tradition pastorale vivante de leur Église particulière ; ils apprendront à élargir l'horizon de
leur esprit et de leur cœur à la dimension missionnaire de la vie ecclésiale ; ils s'exerceront à

7.9 Page 69

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69
certaines formes de collaboration entre eux et avec les prêtres auprès desquels ils seront
envoyés. À ces derniers revient une responsabilité éducative pastorale de grande importance, en
liaison avec l'enseignement donné au séminaire.
Dans le choix des lieux et des services en vue des expériences pastorales, on devra accorder une
attention particulière à la paroisse (182), cellule vitale des différentes expériences pastorales,
dans laquelle les stagiaires se trouveront en face des problèmes particuliers de leur futur
ministère. Les Pères synodaux ont fourni une série d'exemples concrets, comme la visite aux
malades, le soin des émigrés, des exilés et des nomades, le zèle de la charité qui se traduit en
des œuvres sociales diverses. Ils écrivent en particulier : « Il est nécessaire que le prêtre soit
témoin de la charité du Christ lui-même, qui "est passé en faisant le bien" (Ac 10, 38) ; le prêtre
doit aussi être le signe visible de la sollicitude de l'Église qui est Mère et Maîtresse. Et, parce que
l'homme d'aujourd'hui est frappé par tant d'épreuves, spécialement l'homme qui est écrasé par
une pauvreté inhumaine, par la violence aveugle et par le pouvoir injuste, il est nécessaire que
l'homme de Dieu, bien préparé à toute œuvre bonne (cf. 2 Tm 3, 17), revendique les droits et la
dignité de l'homme. Qu'il se garde, cependant, d'adhérer à de fausses idéologies, et, alors qu'il
veut promouvoir le progrès, d'oublier que le monde est racheté par la seule croix du Christ » (183).
L'ensemble de ces activités et d'autres semblables éduque le futur prêtre à vivre comme un «
service » sa mission d'« autorité » dans la communauté, en s'abstenant de toute attitude de
supériorité ou de l'exercice d'un pouvoir qui ne serait pas toujours et uniquement justifié par la
charité pastorale.
Pour une formation adaptée, il est nécessaire que les différentes expériences des candidats au
sacerdoce revêtent un caractère « ministériel », restant intimement liées à toutes les exigences
qui sont propres à la préparation au presbytérat et (sans que ce soit au détriment des études) en
référence au service de la Parole, du culte et de la présidence. Ces services peuvent devenir la
traduction concrète des ministères de lectorat, acolytat et diaconat.
59. Parce que l'action pastorale est destinée par sa nature à animer l'Église qui est
essentiellement « mystère », « communion », « mission », la formation pastorale devra tenir
compte de ces dimensions dans l'exercice du ministère.
Il est fondamental d'avoir conscience que l'Église est « mystère », c'est-à-dire œuvre divine, fruit
de l'Esprit du Christ, signe efficace de la grâce, présence de la Trinité dans la communauté
chrétienne. Cette conscience, loin d'atténuer le sens de la responsabilité propre au pasteur, le
convaincra que la croissance de l'Église est une œuvre gratuite de l'Esprit et que son service -
confié par grâce divine à la libre responsabilité humaine - est celui du « serviteur inutile » de
l'Évangile (cf. Lc 17, 10).
De plus, la conscience que l'Église est « communion » préparera le candidat au sacerdoce à

7.10 Page 70

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70
pratiquer une pastorale communautaire en cordiale collaboration avec les divers membres de
l'Église : prêtres et évêques, prêtres diocésains et religieux, prêtres et laïcs. Mais une telle
collaboration suppose d'abord la connaissance et l'estime des différents dons et charismes, des
diverses vocations et responsabilités que l'Esprit offre et confie aux membres du corps du Christ.
Elle exige aussi un sens vif et précis de son identité et de celle des autres dans l'Église. Elle
réclame en outre confiance mutuelle, patience, douceur, capacité de compréhension et d'écoute ;
enfin et surtout, elle s'enracine dans un amour de l'Église plus grand que l'amour que l'on a pour
soi et pour les groupes auxquels on appartient. Il est particulièrement important de préparer les
futurs prêtres à la collaboration avec les laïcs, pour qu'ils « soient prêts - dit le Concile - à écouter
l'avis des laïcs, en tenant compte fraternellement de leurs aspirations et en s'aidant de leur
expérience et de leur compétence dans les différents domaines de l'activité humaine, afin de
pouvoir avec eux lire les signes des temps » (184). De même, le récent Synode a insisté sur la
sollicitude pastorale envers les laïcs : « Il faut que le candidat au sacerdoce devienne capable
d'intéresser et d'initier les fidèles laïcs, surtout les jeunes, aux différentes vocations (au mariage,
aux services sociaux, à l'apostolat, aux ministères, aux responsabilités d'ordre pastoral, à la vie
consacrée, aux charges de la vie politique et sociale, à la recherche scientifique, à
l'enseignement). Surtout, il est nécessaire d'éclairer et de soutenir les laïcs dans leur vocation à
s'engager dans le monde et à le transformer à la lumière de l'Évangile, en reconnaissant la valeur
de cet engagement et en le respectant »(185).
Enfin, la conscience de l'Église comme communion « missionnaire », aidera le candidat au
sacerdoce à aimer et à vivre la dimension missionnaire essentielle de l'Église et des diverses
activités pastorales ; à être ouvert et disponible à toutes les possibilités offertes aujourd'hui
d'annoncer l'Évangile, sans oublier le service précieux que les moyens de communication sociale
peuvent et doivent rendre en cette matière (186) ; à se préparer à un ministère qui, concrètement,
pourra exiger de lui la disponibilité, en réponse à l'Esprit-Saint et à l'évêque, pour être envoyé
prêcher l'Évangile au-delà des frontières de son pays (187).
II. LES MILIEUX DE LA FORMATION SACERDOTALE
La communauté de formation du grand séminaire
60. La nécessité du grand séminaire - et de la maison religieuse analogue - pour la formation des
candidats au sacerdoce, affirmée avec autorité par le Concile Vatican II (188), a été réaffirmée par
le Synode de la façon suivante : « Il faut affirmer de nouveau que l'institution du grand séminaire,
comme le meilleur lieu de formation, est l'espace normal, même matériel, d'une vie
communautaire et hiérarchique, et aussi la maison appropriée à la formation des candidats au
sacerdoce, avec des supérieurs vraiment consacrés à ce ministère. Cette institution a donné des
fruits abondants au long des siècles et continue à en donner dans le monde entier » (189).

8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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71
Le séminaire se présente comme un temps et comme un lieu ; mais il se présente surtout comme
une communauté éducative en cheminement : c'est la communauté établie par l'évêque pour offrir
à celui qui est appelé par le Seigneur à servir comme les apôtres la possibilité de revivre
l'expérience éducative que le Seigneur a réservée aux Douze. En réalité, une relation prolongée et
intime de vie avec Jésus est présentée, dans l'Évangile, comme préalable nécessaire au ministère
apostolique. Cette intimité oblige les Douze à réaliser, d'une façon particulièrement claire et
spécifique, le détachement, proposé dans une certaine mesure à tous les disciples, à l'égard du
milieu d'origine, du travail habituel, des affections les plus chères (cf. Mc 1, 16-20 ; 10, 28 ; Lc 9,
23. 57-62 ; 14, 25-27). Bien des fois, nous avons rapporté la tradition de Marc qui souligne le lien
profond unissant les apôtres avec le Christ et entre eux : avant d'être envoyés pour prêcher et
accomplir des guérisons, ils sont appelés à « être ses compagnons » (Mc 3, 14).
La nature profonde du séminaire est d'être, à sa manière, une continuation, dans l'Église, de la
communauté apostolique groupée autour de Jésus, à l'écoute de sa Parole, en marche vers
l'expérience de la Pâque, dans l'attente de l'Esprit donné pour la mission. Tel est l'idéal auquel
doit tendre tout séminaire. Le séminaire, comme institution humaine, a connu dans l'histoire les
formes les plus diverses et de multiples vicissitudes. Son identité le stimule toujours à trouver une
réalisation concrète, fidèle aux valeurs évangéliques dont il s'inspire, et capable de répondre aux
situations et aux nécessités des temps.
Le séminaire est en lui-même une expérience originale de la vie de l'Église : en lui, l'évêque se
rend présent par le ministère que le recteur accomplit avec les autres éducateurs, en esprit de
coresponsabilité et de communion sous sa direction et son animation, pour la croissance
pastorale et apostolique des candidats. Les divers membres de la communauté du séminaire,
réunis par l'Esprit Saint en une fraternité unique, collaborent, chacun selon son propre don, à la
croissance de tous dans la foi et la charité. C'est ainsi qu'ils se préparent à devenir prêtres et donc
à prolonger, dans l'Église et dans l'histoire, la présence salvifique de Jésus Christ, le Bon Pasteur.
Déjà, sur le plan humain, le grand séminaire doit tendre à devenir « une communauté dont les
membres sont liés par une amitié et une charité profondes, pour constituer dans la joie une vraie
famille » (190). Sur le plan chrétien, le séminaire doit se constituer - continuent les Pères synodaux
- comme « communauté ecclésiale », comme « communauté des disciples du Seigneur, dans
laquelle une même liturgie imprègne toute la vie d'esprit de prière ; elle est rassemblée par
l'écoute et la méditation quotidienne de la Parole de Dieu et par le sacrement de l'Eucharistie ; elle
est unie dans l'exercice de la charité fraternelle et de l'esprit de justice ; dans cette communauté,
l'Esprit du Christ et l'amour de l'Église resplendissent, grâce au progrès de la vie communautaire
et de la vie spirituelle de chacun de ses membres » (191). Confirmant et explicitant concrètement
la dimension ecclésiale essentielle du séminaire, les Pères synodaux continuent : « Comme
communauté ecclésiale, tant diocésaine qu'interdiocésaine ou même religieuse, le séminaire doit
nourrir le sens de la communion ecclésiale des candidats avec leur évêque et avec leur
presbyterium, de sorte qu'ils participent à leur espérance et à leurs angoisses et sachent étendre

8.2 Page 72

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72
cette ouverture aux nécessités de l'Église universelle » (192).
Il est essentiel, pour la formation des candidats au sacerdoce et au ministère pastoral qui est
ecclésiale par sa nature, que le séminaire soit considéré, non d'une manière extérieure et
superficielle, c'est-à-dire comme un simple lieu d'habitation et d'étude, mais d'une façon intérieure
et profonde, comme une communauté spécifiquement ecclésiale, une communauté qui revive
l'expérience des Douze unis à Jésus (193).
61. Le séminaire est donc une communauté ecclésiale éducative, mieux, une communauté
particulière qui éduque. Ce qui détermine sa physionomie, c'est sa fin spécifique, c'est-à-dire
l'accompagnement de la vocation des futurs prêtres, et, par conséquent, le discernement de cette
vocation, l'aide pour y répondre et la préparation à recevoir le sacrement de l'Ordre avec les
grâces et les responsabilités qu'il comporte et par lesquelles le prêtre est configuré à Jésus Christ,
Tête et Pasteur, et est habilité et engagé à en partager la mission de salut dans l'Église et dans le
monde.
Le séminaire étant une communauté éducative, toute la vie que l'on y mène, dans ses
expressions les plus diverses, est axée sur la formation humaine, spirituelle, intellectuelle et
pastorale des futurs prêtres : c'est une formation qui, bien qu'ayant de nombreux points communs
avec la formation humaine et chrétienne de tous les membres de l'Église, présente des contenus,
des modalités et des caractéristiques qui découlent d'une façon particulière de la fin poursuivie:
préparer au sacerdoce.
Or les contenus et les formes de l'œuvre éducative exigent que le séminaire ait sa programmation
précise, c'est-à-dire un programme de vie ayant son unité organique en même temps qu'il
s'harmonise en accord avec la seule fin qui justifie l'existence du séminaire: la préparation des
futurs prêtres.
En ce sens, les Pères synodaux écrivent : « En tant que communauté éducative, [le séminaire]
doit suivre un programme clairement défini qui ait comme note caractéristique l'unité de la
direction, représentée par le Recteur et ses collaborateurs, par la cohérence dans
l'ordonnancement de la vie et de l'activité formatrice et par les exigences fondamentales de la vie
communautaire, laquelle comporte aussi des aspects essentiels relevant de la tâche de formation.
Ce programme doit être, sans hésitation ni flottement, au service de la finalité spécifique qui seule
justifie l'existence du séminaire : la formation des futurs prêtres, pasteurs de l'Église » (194). Et
pour que ce programme soit vraiment adapté et efficace, il faut que ses grandes lignes se
traduisent plus concrètement, en détail, par quelques normes particulières destinées à ordonner la
vie communautaire, en fixant des moyens et des rythmes temporels précis.
Un autre aspect est à souligner ici. L'œuvre éducative est par nature l'accompagnement de
personnes concrètes, qui vivent dans l'histoire, qui marchent vers des choix et vers l'adhésion à

8.3 Page 73

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73
certains idéaux de vie. C'est précisément la raison pour laquelle l'œuvre éducative doit savoir
concilier harmonieusement la vision claire du but à atteindre, l'exigence d'une marche sérieuse
vers ce but, l'attention au « voyageur », c'est-à-dire au sujet concret engagé dans l'aventure de la
formation, et donc à une série de situations, de problèmes, de difficultés, de rythmes de marche et
de croissance. Cela exige une sage souplesse, qui exclut tout compromis sur les valeurs comme
sur l'engagement conscient et libre, et qui signifie amour véritable et respect sincère pour celui qui
avance vers le sacerdoce dans ses dimensions personnelles. Cela vaut non seulement pour
chacune des personnes, mais aussi pour les différents contextes sociaux et culturels dans
lesquels vivent les séminaires et les diverses formes de leur histoire. En ce sens, l'œuvre
éducative exige un continuel renouvellement. Les Pères l'ont souligné avec force, même en ce qui
concerne la configuration des séminaires : « Étant sauve la valeur des formes classiques du
séminaire, le Synode désire que le travail de consultation des Conférences épiscopales sur les
besoins actuels de la formation se poursuive, comme cela a été prévu par le décret Optatam totius
(n. 1) et par le Synode de 1967. Les Rationes de chaque nation ou rite seront revues
opportunément, soit à l'occasion des demandes faites par les Conférences épiscopales, soit dans
les visites apostoliques des séminaires des différentes nations, pour y introduire les diverses
modalités de formation, qui doivent répondre aux besoins des peuples de culture dite autochtone,
aux besoins des vocations d'adultes, des vocations pour les missions etc. » (195).
62. La finalité et la structure éducative du grand séminaire exigent que les candidats au sacerdoce
y entrent après une certaine préparation. Celle-ci ne posait pas de problème particulier, du moins
jusqu'à ces dernières décennies, lorsque les candidats au sacerdoce provenaient habituellement
des petits séminaires et que la vie chrétienne des communautés ecclésiales offrait facilement à
tous, sans distinction, une bonne instruction et une bonne éducation chrétienne.
La situation a évolué en beaucoup d'endroits. Il y a un grand contraste entre, d'un côté, le style de
vie et la préparation de base des enfants, des adolescents et des jeunes, même s'ils sont
chrétiens et parfois engagés dans la vie de l'Église, et, de l'autre, le style de vie du séminaire et
ses exigences de formation. Dans ce contexte, en communion avec les Pères synodaux, je
demande qu'il y ait une période convenable de préparation précédant la formation donnée au
séminaire : « Il est utile qu'il y ait une période de préparation humaine, chrétienne, intellectuelle et
spirituelle pour les candidats au grand séminaire. Ces candidats doivent cependant présenter des
qualités déterminées : l'intention droite, un degré suffisant de maturité humaine et une
connaissance assez ample de la doctrine de la foi, une certaine initiation aux méthodes de prière
et à un style de vie conforme à la tradition chrétienne. Qu'ils aient aussi les comportements qui
expriment, selon les usages de leurs régions, un effort de recherche de Dieu et de la foi (cf.
Evangelii nuntiandi, n. 48) (196).
La « connaissance assez ample de la doctrine de la foi » dont parlent les Pères synodaux est
requise avant la théologie : on ne peut pas développer l'« intelligence de la foi », si on ne connaît
pas la « foi » en son contenu. Une telle lacune pourra être plus facilement comblée grâce au

8.4 Page 74

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74
prochain Catéchisme universel.
Alors que la conviction de la nécessité de cette préparation avant l'entrée au séminaire se
généralise, les opinions divergent sur ses contenus et ses caractéristiques, c'est-à-dire sur son but
premier : formation spirituelle pour le discernement de la vocation ou formation intellectuelle et
culturelle. D'autre part, on ne peut pas oublier les nombreuses et profondes diversités qui existent
non seulement chez les différents candidats, mais aussi dans les régions ou les pays. Cela invite
à prolonger la phase actuelle d'étude et d'expérimentation pour que l'on puisse définir d'une façon
plus opportune et plus significative les éléments de cette préparation ou « période propédeutique
» : temps, lieu, forme, thèmes de cette période, qu'il faut par ailleurs coordonner avec les années
suivantes de la formation au séminaire.
En ce sens, je reprends moi-même et je propose à nouveau à la Congrégation pour l'Éducation
catholique la demande formulée par les Pères synodaux : « Le Synode demande que la
Congrégation pour l'Éducation catholique recueille toutes les informations sur les premières
expériences de cette formation déjà faites ou qui se déroulent en ce moment. En temps opportun,
la Congrégation communiquera aux Conférences épiscopales les informations sur ce problème »
(197).
Le petit séminaire et les autres formes d'accompagnement de vocations
63. Comme l'atteste une longue expérience, la première manifestation d'une vocation sacerdotale
coïncide souvent avec les années de la pré-adolescence ou avec les toutes premières années de
la jeunesse. Et même chez les sujets qui se décident plus tard à entrer au séminaire, il n'est pas
rare de constater la présence d'un appel de Dieu dans des périodes bien plus anciennes.
L'histoire de l'Église témoigne sans cesse d'appels du Seigneur dans le jeune âge. Saint Thomas,
par exemple, explique la prédilection de Jésus pour l'Apôtre Jean « en raison de son jeune âge »
et en tire la conclusion suivante : "Cela fait comprendre que Dieu aime de façon spéciale ceux qui
se donnent à son service dès leur première jeunesse » (198).
L'Église prend soin de ces germes de vocation semés dans les cœurs d'enfants ; par les petits
séminaires, elle réalise un premier discernement et les accompagne avec attention. Dans
différentes parties du monde, ces séminaires continuent à faire une œuvre éducative précieuse,
pour garder et développer les germes de la vocation sacerdotale, afin que les élèves puissent plus
facilement la reconnaître et soient rendus plus capables d'y répondre. Le projet éducatif de ces
séminaires tend à favoriser, d'une manière adaptée et par étapes, la formation humaine, culturelle
et spirituelle qui conduira le jeune à prendre le chemin du grand séminaire avec une base
appropriée et solide.
«Se préparer à suivre le Christ rédempteur avec générosité d'esprit et pureté de cœur » : telle est
le but du petit séminaire indiqué dans le décret Optatam totius, qui en présente ainsi le style

8.5 Page 75

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75
éducatif : « Sous la conduite paternelle des supérieurs, avec la coopération si utile de leurs
parents, ils mèneront une vie qui convienne à l'âge, à la mentalité et à l'évolution d'adolescents, et
qui réponde pleinement aux normes d'une saine psychologie. On n'omettra pas de leur assurer
une expérience convenable des réalités humaines et des rapports normaux avec leurs familles »
(199).
Le petit séminaire pourra être dans le diocèse un point de référence pour la pastorale des
vocations, en proposant des formes opportunes d'accueil et en offrant des occasions d'information
pour les adolescents qui sont en recherche de vocation ou qui, déjà déterminés à la suivre, sont
contraints de retarder leur entrée au séminaire en raisons de diverses circonstances, familiales ou
scolaires.
64. Là où le petit séminaire - « qui, en beaucoup de régions, semble nécessaire et très utile » - ne
peut être établi, il faut faire en sorte de constituer d'autres « institutions » (200), comme, par
exemple, des groupes de vocations pour adolescents ou pour jeunes. Bien que n'étant pas
permanents, ces groupes pourront offrir, dans un contexte communautaire, des conditions
favorables à la confirmation et à la croissance des vocations. Tout en vivant dans leur famille et en
fréquentant la communauté chrétienne qui les aide dans leur parcours de formation, ces enfants
et ces jeunes gens ne doivent pas être laissés seuls. Ils ont besoin d'un groupe particulier ou
d'une communauté de référence sur laquelle ils puissent s'appuyer pour accomplir l'itinéraire de
vocation que le don de l'Esprit Saint a commencé en eux.
Comme cela s'est toujours produit au cours de l'histoire de l'Église, on observe actuellement, avec
une nouveauté et une fréquence réconfortantes, le phénomène de vocations sacerdotales
naissant à l'âge adulte, après une plus ou moins longue expérience de vie laïque et d'engagement
professionnel. Il n'est pas toujours possible ni même opportun bien souvent, d'inviter ces adultes à
suivre l'itinéraire éducatif du grand séminaire. On doit plutôt, après un soigneux discernement de
l'authenticité de ces vocations, présenter quelque forme spécifique d'accompagnement et de
formation, de manière à assurer, moyennant les adaptations voulues, l'indispensable formation
spirituelle et intellectuelle (201). Un bon dosage de relations avec les autres candidats au
sacerdoce et de périodes de présence dans la communauté du grand séminaire pourra garantir la
pleine insertion de ces vocations dans l'unique presbyterium et leur communion intime et cordiale
avec lui.
III. LES PROTAGONISTES DE LA FORMATION SACERDOTALE
L'Église et l'Évêque
65. Parce que la formation des candidats au sacerdoce fait partie de la pastorale des vocations

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76
conduite par l'Église, on doit dire que l'Église, comme telle, est le sujet communautaire qui a la
grâce et la responsabilité d'accompagner ceux que le Seigneur appelle à devenir ses ministres
dans le sacerdoce.
En ce sens, c'est la connaissance du mystère de l'Église qui nous aide à mieux préciser la place
et le devoir qu'ont ses différents membres, soit comme personnes particulières, soit comme
membres d'un groupe, dans la formation des candidats au presbytérat.
Or l'Église est, par sa nature intime, « la mémoire », le « sacrement » de la présence et de l'action
de Jésus Christ au milieu de nous et pour nous. C'est à sa présence salvifique que l'on doit l'appel
au sacerdoce : non seulement l'appel, mais l'accompagnement pour que l'appelé puisse
reconnaître la grâce du Seigneur et y répondre librement et avec amour. C'est l'Esprit de Jésus
qui fait la lumière et donne la force dans le discernement et dans le parcours de la vocation. Il n'y
a pas alors d'authentique œuvre de formation au sacerdoce sans le don de l'Esprit du Christ. Tout
formateur humain doit en être pleinement conscient. Comment ne pas y voir une « ressource »
totalement gratuite et radicalement efficace qui a son « poids » décisif dans l'engagement en vue
de la formation au sacerdoce ? Et comment ne pas se réjouir devant la dignité de tout formateur
humain qui devient, en un sens, le représentant visible du Christ pour le candidat au sacerdoce ?
Si la formation au sacerdoce est essentiellement la préparation d'un futur « pasteur » à l'image de
Jésus Christ Bon Pasteur, qui, mieux que Jésus lui-même par l'effusion de son Esprit, peut
communiquer et porter à maturité la charité pastorale qu'il a vécue jusqu'au don total de lui-même
(cf. Jn 15, 13 ; 10, 11) et dont il veut qu'elle soit revécue par tous les prêtres ?
Le premier représentant du Christ dans la formation sacerdotale est l'évêque. On pourrait dire de
l'évêque, de tout évêque, ce que l'évangéliste Marc nous dit dans le texte cité déjà plusieurs fois :
« Il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être ses
compagnons et pour les envoyer prêcher... » (Mc 3, 13-14). En réalité, l'appel intérieur de l'Esprit
a besoin d'être confirmé par l'appel authentique de l'évêque. Si tous peuvent « venir à l'évêque »
parce qu'il est le Père et le Pasteur de tous, ses prêtres le peuvent d'une manière particulière, à
cause de leur commune participation au même sacerdoce et au même ministère : l'évêque, dit le
Concile, doit les considérer et les traiter comme « des frères et des amis » (202). Et cela peut se
dire d'une façon analogique de ceux qui se préparent au sacerdoce. En ce qui concerne l'autre
point : « être ses compagnons », compagnons de l'évêque, la responsabilité de ce dernier, comme
formateur des candidats au sacerdoce, lui fait un devoir de les visiter souvent et d'être en quelque
manière « leur compagnon ».
La présence de l'évêque a une valeur particulière, non seulement parce qu'elle aide la
communauté du séminaire à vivre son insertion dans l'Église particulière et sa communion avec le
Pasteur qui la guide, mais aussi parce qu'elle authentifie et sert la finalité pastorale qui caractérise
toute la formation des candidats au sacerdoce. Surtout, en étant présent au milieu des candidats
au sacerdoce, et en leur faisant part de tout ce qui regarde la marche pastorale de l'Église

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particulière, l'évêque apporte un élément fondamental à leur formation au « sens de l'Église », qui
est une valeur spirituelle et pastorale centrale dans l'exercice du ministère sacerdotal.
La communauté éducative du séminaire
66. La communauté éducative du séminaire se construit autour des différents formateurs : le
recteur, le directeur ou père spirituel, les supérieurs et les professeurs. Ceux-ci doivent se sentir
profondément unis à l'évêque, qu'ils représentent à divers titres et de différentes manières ; ils
doivent avoir entre eux une communion et une collaboration profondes et cordiales. Cette unité
des éducateurs rend possible une réalisation adéquate du projet éducatif, et surtout elle donne
aux candidats au sacerdoce un exemple significatif et concret de la communion ecclésiale qui
constitue une valeur fondamentale de la vie chrétienne et du ministère pastoral.
Il est évident qu'une grande partie de l'efficacité de la formation dépend de la personnalité mûre et
forte des formateurs, du point de vue humain et évangélique. C'est pourquoi il importe
particulièrement de choisir avec soin les formateurs et de les encourager vivement à se rendre
toujours plus aptes à la charge qui leur est confiée. Sachant bien que la préparation des candidats
au sacerdoce dépend du choix et de la formation des formateurs, les Pères synodaux ont
longuement précisé leurs qualités. Ils ont écrit en particulier : « La charge de la formation des
candidats au sacerdoce exige non seulement une préparation spéciale des formateurs, qui soit
vraiment technique, pédagogique, spirituelle, humaine et théologique, mais aussi un esprit d'union
et de collaboration afin de réaliser dans une très étroite unité le programme de formation, de telle
sorte que soit toujours sauvegardée l'unité dans l'action pastorale du séminaire sous l'autorité du
recteur. Le groupe des formateurs donnera le témoignage d'une vie vraiment évangélique et d'une
consécration totale au Seigneur. Il est opportun qu'il jouisse d'une certaine stabilité et qu'il ait sa
résidence habituelle dans la communauté du séminaire. Il sera intimement uni à l'évêque, qui est
le premier responsable de la formation des prêtres » (203).
Les évêques doivent être les premiers à sentir leur grave responsabilité pour la formation de ceux
qui seront chargés de l'éducation des futurs prêtres. Pour ce ministère, il faut choisir des prêtres
de vie exemplaire, possédant un ensemble de qualités : « Maturité humaine et spirituelle,
expérience pastorale, compétence professionnelle, stabilité dans leur propre vocation, préparation
doctrinale dans les sciences humaines (spécialement la psychologie) correspondant à leur
charge, connaissance des méthodes de travail en groupe » (204).
Étant sauves la distinction du for interne et du for externe, l'entière liberté de choix des
confesseurs ainsi que la prudence et la discrétion qui conviennent au ministère de directeur
spirituel, la communauté presbytérale des éducateurs se sentira solidaire dans la responsabilité
d'éduquer les candidats au sacerdoce. C'est à elle, toujours en référence à l'évaluation autorisée
de l'évêque et du recteur, qu'appartient en premier lieu le rôle de promouvoir et de vérifier
l'aptitude des candidats quant aux dons spirituels, humains et intellectuels, surtout en ce qui

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concerne l'esprit de prière, l'assimilation profonde de la doctrine de la foi, la capacité d'une
authentique fraternité et le charisme du célibat (205).
En tenant compte - comme les Pères synodaux l'ont rappelé - des indications de l'Exhortation
Christifideles laici et de la Lettre apostolique Mulieris dignitatem (206), qui soulignent l'utilité d'une
saine influence de la spiritualité laïque et du charisme de la féminité sur tout parcours éducatif, il
est important de prévoir, sous des formes prudentes et adaptées aux différents contextes
culturels, la collaboration de fidèles laïcs, hommes et femmes, dans l'œuvre de formation des
futurs prêtres. Ils doivent être choisis avec soin, dans le cadre des lois de l'Église, selon leur
charisme particulier et leurs compétences éprouvées. De leur collaboration bien coordonnée et
intégrée aux responsabilités éducatives des formateurs de futurs prêtres, il est permis d'attendre
des fruits bienfaisants pour une croissance équilibrée du sens de l'Église et pour une perception
plus précise de l'identité sacerdotale, de la part des candidats au presbytérat (207).
Les professeurs de théologie
67. Ceux qui introduisent et accompagnent les futurs prêtres dans la doctrine sacrée par
l'enseignement théologique ont une responsabilité éducative particulière, qui, à l'expérience, se
révèle souvent plus décisive que celle des autres éducateurs dans le développement de la
personnalité du futur prêtre.
La responsabilité des enseignants de théologie, avant de concerner les relations pédagogiques
avec les candidats au sacerdoce, porte sur la conception qu'ils doivent eux-mêmes avoir de la
nature de la théologie et du ministère sacerdotal, comme aussi sur l'esprit et le style selon
lesquels ils doivent exposer leur enseignement théologique. En ce sens, les Pères synodaux ont
affirmé à juste titre que « le théologien doit bien avoir conscience que, dans son enseignement, il
ne tire pas son autorité de lui-même, mais qu'il doit susciter et communiquer l'intelligence de la foi
au nom du Seigneur et de l'Église. De cette façon, le théologien, tout en utilisant les nouvelles
ressources de la science, exerce son ministère par mandat de l'Église et collabore avec l'évêque
dans son devoir d'enseigner. Parce que les théologiens et les évêques sont au service de la
même Église dans la promotion de la foi, ils développeront et cultiveront une confiance réciproque
et, dans cet esprit, surmonteront aussi les tensions et les conflits (cf. le développement dans
l'Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur "la vocation ecclésiale du
théologien") » (208).
Le professeur de théologie, comme tout autre éducateur, doit rester en communion et collaborer
cordialement avec toutes les autres personnes engagées dans la formation des futurs prêtres et
apporter avec une rigueur scientifique, avec générosité, humilité et passion, sa contribution
originale et qualifiée ; celle-ci n'est pas seulement la communication d'une doctrine - même si c'est
la sainte doctrine - ; elle est surtout la présentation de la perspective qui unifie dans le dessein de
Dieu tous les savoirs humains et les différentes expressions de vie.

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En particulier, la spécificité et l'efficacité formatrice des enseignants de théologie se mesure à leur
qualité d'être avant tout « hommes de foi et pleins d'amour pour l'Église, convaincus que le sujet
adéquat de la connaissance du mystère chrétien reste l'Église comme telle, persuadés, en
conséquence, que leur devoir d'enseigner est un authentique ministère d'Église, étant assez
riches de sens pastoral pour discerner dans l'exercice de ce ministère non seulement les contenus
mais aussi leur présentation adaptée. Une totale fidélité au Magistère est requise des enseignants
: témoins de la foi, ils enseignent au nom de l'Église » (209).
Les communautés de provenance, les associations et mouvements de jeunes
68. Les communautés d'où provient le candidat au sacerdoce continuent, malgré le nécessaire
détachement que comporte le choix de la vocation, d'exercer une influence non négligeable sur la
formation du futur prêtre. Elles doivent alors être conscientes de leur part spéciale de
responsabilité.
Il faut nommer en premier lieu la famille: les parents chrétiens, comme aussi les frères et sœurs et
les autres membres du noyau familial, ne devront jamais chercher à ramener le futur prêtre dans
les étroites limites d'une logique trop humaine, sinon mondaine, même s'ils s'inspirent d'une
sincère affection (cf. Mc 3, 20-21. 31-35). Animés eux-mêmes de la volonté d'« accomplir la
volonté de Dieu », ils sauront, au contraire, accompagner le parcours formateur par la prière, le
respect, l'exemple des vertus familiales et l'aide spirituelle et matérielle, surtout dans les moments
difficiles. L'expérience enseigne que, dans beaucoup de cas, cette aide multiforme s'est révélée
décisive pour le candidat au sacerdoce. Même dans le cas de parents et de familles indifférents
ou opposés au choix de la vocation, l'expression sereine et claire de leur position et la stimulation
qui en découle pour le séminariste peuvent être d'un grand secours pour que la vocation
sacerdotale mûrisse d'une façon plus consciente et plus déterminée.
En lien profond avec la famille se trouve la communauté paroissiale ; l'une et l'autre s'unissent sur
le plan de l'éducation à la foi. De plus, la paroisse, grâce à une pastorale spéciale des jeunes et
des vocations, exerce un rôle de suppléance, par rapport à la famille. Surtout, en tant que
réalisation plus immédiate du mystère de l'Église, la paroisse offre une contribution originale et
particulièrement précieuse à la formation du futur prêtre. La communauté paroissiale doit
continuer à considérer le jeune en chemin vers le sacerdoce comme une partie vivante d'elle-
même. Elle doit l'accompagner par la prière, l'accueillir cordialement pendant les périodes de
vacances, respecter et favoriser la formation de son identité sacerdotale, en lui offrant des
occasions opportunes et des expériences propres à éprouver sa vocation à la mission
sacerdotale.
Même les associations et les mouvements de jeunes, signe et confirmation de la vitalité que
l'Esprit assure à l'Église, peuvent et doivent contribuer à la formation des candidats au sacerdoce,
en particulier de ceux qui sont marqués par l'expérience chrétienne, spirituelle et apostolique

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vécue dans ces communautés. Les jeunes qui ont reçu leur formation de base dans de telles
associations et qui s'y réfèrent pour leur expérience d'Église ne devront pas se sentir invités à se
déraciner de leur passé et à interrompre les relations avec le milieu qui a contribué à les faire
répondre à leur vocation. Ils ne devront pas effacer les traits caractéristiques de la spiritualité qu'ils
y ont reçue et vécue, en tout ce qu'ils contiennent de bon, d'édifiant et d'enrichissant (210). Pour
eux aussi, ce milieu d'origine continue à être source d'aide et de soutien sur le chemin de la
formation au sacerdoce.
Les occasions d'éducation de la foi et de croissance chrétienne et ecclésiale que l'Esprit offre à
tant de jeunes, à travers les multiples formes de groupes, de mouvements et d'associations
d'inspiration évangélique variée, doivent être considérées et vécues comme le don d'une source
nourrissante à l'intérieur et au service de l'institution. En effet, un mouvement particulier ou une
spiritualité particulière « n'est pas une structure de remplacement de l'institution. C'est au contraire
la source d'une présence qui en régénère continuellement l'authenticité existentielle et historique.
Le prêtre doit donc trouver, dans un mouvement, la lumière et la chaleur qui le rendent capable de
fidélité à son évêque, qui le disposent à remplir les obligations de l'institution et à être attentif à la
discipline ecclésiastique, en sorte que l'élan de sa foi et le goût de sa fidélité soient plus intenses »
(211).
Il est donc nécessaire que, dans la nouvelle communauté du séminaire où ils sont réunis par
l'évêque, les jeunes provenant d'associations et de mouvements ecclésiaux apprennent « le
respect des autres voies spirituelles et l'esprit de dialogue et de coopération », qu'ils s'en tiennent
avec rigueur et cordialité aux indications de formation données par l'évêque et par les éducateurs
du séminaire, en suivant avec une confiance sincère leurs consignes et leurs jugements (212).
Cette attitude prépare, en effet, et en quelque sorte anticipe le choix authentique du prêtre au
service de tout le peuple de Dieu, dans la communion fraternelle du presbyterium et en
obéissance à l'évêque.
La participation du séminariste et du prêtre diocésain à des spiritualités particulières et à des
groupes ecclésiaux est certainement en soi un facteur bienfaisant de croissance et de fraternité
sacerdotale. Cependant, elle ne doit pas gêner, mais au contraire, aider l'exercice du ministère et
la vie spirituelle propres au prêtre diocésain, qui « reste toujours le pasteur de l'ensemble. Il n'est
pas seulement le "permanent" disponible pour tous, mais il préside à la rencontre de tous - il est
en particulier à la tête des paroisses -, afin que tous trouvent l'accueil qu'ils sont en droit d'attendre
dans la communauté et dans l'Eucharistie qui les réunit, quels que soient leur sensibilité religieuse
et leur engagement pastoral » (213).
Le candidat lui-même
69. On ne peut oublier enfin que le candidat au sacerdoce est lui-même le protagoniste
nécessaire et irremplaçable de sa formation: toute formation, même sacerdotale, est finalement

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une auto-formation. Personne en effet ne peut se substituer à la liberté responsable que chacun
possède comme personne unique.
Certes, le futur prêtre doit être le premier à acquérir une conscience plus vive que le Protagoniste
par excellence de sa formation, c'est l'Esprit Saint qui, par le don du cœur nouveau, configure et
identifie à Jésus Christ Bon Pasteur : en ce sens, le candidat affermira de manière radicale sa
liberté d'accueillir l'action éducative de l'Esprit. Mais accueillir cette action signifie aussi, de la part
du candidat au sacerdoce, accueillir les « médiations » humaines dont l'Esprit se sert. C'est
pourquoi l'action des différents éducateurs n'est vraiment et pleinement efficace que si le futur
prêtre y collabore de façon personnelle, convaincue, et de bon cœur.
CHAPITRE VI
JE T'INVITE À RAVIVER LE DON QUE DIEU A DÉPOSÉ EN TOI
La formation permanente des prêtres
Les raisons théologiques de la formation permanente
70. « Je t'invite à raviver le don que Dieu a déposé en toi » (2 Tm 1, 6).
Les paroles de l'apôtre Paul à Timothée peuvent à juste titre s'appliquer à cette formation
permanente à laquelle tous les prêtres sont appelés en vertu du « don de Dieu » reçu à
l'ordination. Ces paroles nous amènent à saisir toute la vérité et l'originalité de la formation
permanente des prêtres. Un autre texte de Paul, où il écrit au même Timothée, nous y aide
également : « Ne néglige pas le don spirituel qui est en toi, qui t'a été conféré par une intervention
prophétique accompagnée de l'imposition des mains du collège des presbytres. Prends cela à
cœur. Sois-y tout entier, afin que tes progrès soient manifestes à tous. Veille sur ta personne et
sur ton enseignement ; persévère en ces dispositions. Agissant ainsi, tu te sauveras, toi et ceux
qui t'écoutent » (1 Tm 4, 14-16).
Comme on attise le feu sous la cendre, l'apôtre demande à Timothée de « raviver » le don divin,
de l'accueillir et de le vivre sans jamais perdre ou oublier cette « nouveauté permanente » propre
à chaque don de Dieu, Lui qui renouvelle toutes choses (cf. Ap 21, 5), et par conséquent de vivre
ce don dans toute sa fraîcheur et sa beauté première.
«Raviver » le don divin n'est pas seulement l'accomplissement d'un devoir confié à la
responsabilité personnelle de Timothée, ou encore le résultat d'un effort de mémoire et de volonté.
C'est le fruit du dynamisme de grâce propre au don de Dieu. En effet, c'est Dieu lui-même qui
ravive son propre don, mieux encore qui libère l'extraordinaire richesse de grâce et de

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responsabilité qu'il recèle.
Par l'effusion sacramentelle de l'Esprit Saint qui consacre et envoie, le prêtre est configuré à
Jésus Christ, Tête et Pasteur de l'Église, et il est envoyé pour accomplir le ministère pastoral.
Ainsi, pour toujours et d'une façon indélébile, le prêtre est marqué dans son être comme ministre
de Jésus et de l'Église. Il est intégré dans une condition de vie permanente et irréversible et il est
chargé d'un ministère pastoral qui, étant enraciné dans son être et engageant toute son existence,
est lui aussi permanent. Le sacrement de l'Ordre confère au prêtre la grâce sacramentelle qui le
fait participer non seulement au « pouvoir » et au « ministère » salvifique de Jésus, mais aussi à
son « amour ». En même temps, cette grâce assure au prêtre toutes les grâces actuelles qui lui
seront données chaque fois que ce sera nécessaire et utile pour bien accomplir le ministère qu'il a
reçu.
La formation permanente trouve ainsi son fondement propre et sa motivation originale dans le
dynamisme du sacrement de l'Ordre.
Il ne manque certainement pas de raisons, même sur le plan humain, pour inviter le prêtre à la
formation permanente. Celle-ci est une exigence de sa croissance humaine : chaque vie est un
cheminement constant vers la maturité qui exige une formation continue. C'est de plus une
exigence du ministère sacerdotal, si on le considère dans sa nature générale commune aux
autres professions comme service aux autres. Aujourd'hui, il n'y a pas de profession,
d'engagement ou de travail qui ne demande une mise à jour continuelle pour demeurer efficace.
L'exigence de « rester au pas » avec le cheminement de l'histoire est une autre raison humaine
qui justifie la formation permanente.
Mais ces motifs et d'autres encore sont assumés et spécifiés par les raisons théologiques
rappelées ici et approfondies dans ce qui suit.
Le sacrement de l'Ordre, par sa nature de « signe » qui est caractéristique de tous les
sacrements, peut être considéré, ce qu'il est réellement, comme Parole de Dieu: il est Parole de
Dieu qui appelle et envoie, et il est l'expression la plus forte de la vocation et de la mission du
prêtre. Par le sacrement de l'Ordre, Dieu appelle en présence de l'Église le candidat « au »
sacerdoce. Le « viens et suis-moi » de Jésus est proclamé totalement et de façon définitive dans
la célébration du sacrement de son Église ; il se manifeste et se communique par la voix de
l'Église sur les lèvres de l'évêque qui prie et impose les mains. Et le prêtre répond dans la foi à
l'appel de Jésus : « Je viens et je te suis ». Commence alors cette réponse, cette option
fondamentale, qui doit être réexprimée et réaffirmée au long des années par de si nombreuses
autres réponses, toutes enracinées et vivifiées par le « oui » de l'ordination.
En ce sens, il est donc possible de parler d'une vocation « dans » le sacerdoce. En réalité, Dieu
continue à appeler et à envoyer quand il révèle son dessein de salut dans le déroulement de la vie

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du prêtre, dans les événements de la vie de l'Église et de la société. C'est dans cette perspective
qu'apparaît la signification de la formation permanente ; elle est nécessaire pour discerner et
suivre cette constante vocation ou volonté de Dieu. C'est ainsi que l'Apôtre Pierre est appelé à
suivre Jésus même après que le Ressuscité lui a confié son troupeau : « Jésus lui dit : "Pais mes
brebis. En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu
allais où tu voulais ; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, un autre te nouera ta
ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas". Il indiquait par là le genre de mort par lequel Pierre
devait glorifier Dieu. Ayant ainsi parlé, il lui dit : "Suis-moi" » (Jn 21, 17-19). Il y a donc un « suis-
moi » qui accompagne la vie et la mission de l'apôtre. C'est un « suis-moi » qui confirme l'appel et
l'exigence de fidélité jusqu'à la mort (cf. Jn 21, 22), un « suis-moi » pouvant signifier une suite du
Christ par le don total de soi dans le martyre (214).
Les Pères du Synode ont exprimé la raison qui montre la nécessité de la formation permanente et
qui en révèle la nature profonde quand ils l'ont qualifiée de « fidélité » au ministère sacerdotal et
de « processus de conversion continue » (215). C'est l'Esprit Saint, donné dans le sacrement, qui
soutient le prêtre dans cette fidélité, qui l'accompagne et le stimule dans ce cheminement de
conversion continue. Le don de l'Esprit ne remplace pas mais sollicite la liberté du prêtre afin qu'il
coopère d'une manière responsable et assume sa formation permanente comme une tâche qui lui
est confiée. De cette façon, la formation permanente est à la fois l'expression et la condition de
cette fidélité du prêtre à son ministère, plus encore à son être même. Elle est donc amour de
Jésus Christ et cohérence avec soi-même. Mais elle est aussi un acte d'amour envers le peuple
de Dieu dont le prêtre est le serviteur. Il s'agit même d'un véritable acte de justice : le prêtre doit
en rendre compte, car il est appelé à reconnaître et à promouvoir ce « droit » fondamental du
peuple de Dieu comme destinataire de la Parole de Dieu, des sacrements et du service de la
charité qui forment le contenu original et irréductible de son ministère pastoral. La formation
permanente est nécessaire afin que le prêtre puisse répondre de façon appropriée à ce droit du
peuple de Dieu.
L'âme et la forme de la formation permanente du prêtre sont la charité pastorale. L'Esprit Saint,
qui donne la charité pastorale, conduit et accompagne le prêtre dans une connaissance toujours
plus profonde du mystère du Christ dont la richesse est insondable (cf. Ep 3,14-19) et, d'un même
mouvement, dans la connaissance du mystère du sacerdoce chrétien. Cette même charité
pastorale incite le prêtre à se préoccuper toujours plus des attentes, des besoins, des problèmes
et des sentiments des destinataires de son ministère, cela dans leurs situations concrètes,
personnelles, familiales et sociales.
Voilà donc l'objectif de la formation permanente : un projet libre et conscient pour correspondre au
dynamisme de la charité pastorale et de l'Esprit Saint qui en est la source principale et le soutien
constant. En ce sens, la formation permanente est une exigence intrinsèque du don de l'ordination
et du ministère sacramentel ainsi reçu. Elle se révèle toujours nécessaire, en tout temps.
Aujourd'hui cependant, elle est particulièrement urgente, non seulement à cause de la mutation

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rapide des conditions sociales et culturelles des personnes et des peuples auprès desquels
s'exerce le ministère presbytéral, mais aussi pour cette « nouvelle évangélisation » qui constitue la
tâche urgente de l'Église en cette fin du second millénaire.
Les diverses dimensions de la formation permanente
71. La formation permanente des prêtres, diocésains ou religieux, est le prolongement naturel et
tout à fait nécessaire du processus de structuration de la personnalité sacerdotale commencé et
développé au séminaire ou dans la maison religieuse durant la formation en vue de l'ordination.
Il est particulièrement important de percevoir et de respecter le lien intrinsèque entre la formation
précédant l'ordination sacerdotale et celle qui vient ensuite. Car s'il y avait discontinuité ou même
divergence entre ces deux étapes de la formation, il en résulterait immédiatement de graves
conséquences pour l'activité pastorale et la communion fraternelle entre les prêtres, surtout entre
ceux d'âges différents. La formation permanente n'est pas une répétition de celle qui a été acquise
au séminaire et qu'il s'agirait simplement de revoir ou d'élargir par de nouvelles applications. Avec
un contenu et surtout selon des procédés relativement neufs, elle se développe comme une
réalité vitale et intégrée. Tout en s'enracinant dans la formation reçue au séminaire, elle exige
adaptations, mises à jour et rectifications, sans pour autant opérer des ruptures ou des solutions
de continuité.
D'autre part, la formation permanente se prépare dès le temps du séminaire. Il faut éveiller l'intérêt
et le désir des futurs prêtres en leur montrant la nécessité, les avantages et l'esprit de la formation
permanente, et en assurant les conditions de sa mise en œuvre.
Parce que la formation permanente prolonge celle du séminaire, elle ne vise pas seulement une
attitude pour ainsi dire professionnelle par l'apprentissage de nouvelles techniques pastorales.
Elle doit plutôt garder vivant et complet tout un processus de maturation continue par
l'approfondissement de chacune des dimensions de la formation (humaine, spirituelle,
intellectuelle et pastorale) et de leur relation étroite et spécifique dans la charité pastorale.
72. Un premier aspect de cet approfondissement concerne la dimension humaine de la formation
sacerdotale. Le prêtre doit grandir dans le contact quotidien avec les autres et dans le partage de
leur vie de chaque jour ; il doit approfondir la sensibilité humaine qui permet de comprendre les
besoins et d'accueillir les appels, de pressentir les demandes inexprimées, de partager les espoirs
et les attentes, les joies et les soucis de la vie commune, d'être capable de rencontrer chacun et
de dialoguer avec tous. Par-dessus tout, en connaissant et en partageant, c'est-à-dire en faisant
sienne l'expérience humaine de la souffrance sous toutes ses formes, de l'indigence à la maladie,
de la marginalité à l'ignorance, à la solitude et aux diverses pauvretés matérielles ou morales, le
prêtre enrichit son expérience humaine qu'il rend plus authentique et transparente dans un amour
croissant et ardent pour l'homme.

9.5 Page 85

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Pour l'épanouissement de sa formation humaine, le prêtre reçoit l'aide de la grâce de Jésus Christ
: la charité du Bon Pasteur, en effet, s'est exprimée non seulement par le don du salut aux
humains mais aussi par le partage de leur vie; le Verbe qui s'est fait « chair » (cf. Jn 1, 14) a voulu
connaître la joie et la souffrance, expérimenter la fatigue, partager les émotions et soulager la
peine. En vivant comme un homme parmi les hommes et avec les hommes, Jésus Christ offre
l'expression la plus complète, la plus authentique et la plus parfaite de ce qui est humain: nous le
voyons prendre part à une fête aux noces de Cana, fréquenter une famille d'amis, s'émouvoir pour
la foule affamée qui le suit, rendre à leurs parents des enfants malades ou morts, pleurer la perte
de Lazare...
Le peuple de Dieu doit pouvoir dire du prêtre, dont la sensibilité humaine s'est enrichie d'une
expérience de plus en plus grande, quelque chose d'analogue à ce que l'auteur de la Lettre aux
Hébreux dit de Jésus : « Nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos
faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché » (He 4,
15).
La dimension spirituelle de la formation du prêtre est une exigence de la vie nouvelle et
évangélique à laquelle il est appelé d'une façon spécifique par l'Esprit Saint donné dans le
sacrement de l'Ordre. L'Esprit, en consacrant le prêtre et le configurant à Jésus Christ Tête et
Pasteur, crée un lien dans l'être même du prêtre ; ce lien doit être assumé et vécu d'une manière
personnelle, c'est-à-dire consciente et libre, par une vie de communion et d'amour toujours plus
riche et un partage toujours plus grand et radical des sentiments et des attitudes de Jésus Christ.
Dans ce lien entre le Seigneur Jésus et le prêtre, lien ontologique et psychologique, sacramentel
et moral, résident le fondement en même temps que la force nécessaire de cette « vie dans
l'Esprit » et de ce « radicalisme évangélique » auquel chaque prêtre est appelé et que favorise la
formation permanente sous son aspect spirituel. Cette formation est également nécessaire pour le
ministère sacerdotal, pour son authenticité et sa fécondité spirituelle. « Te consacres-tu au soin
des âmes ? », se demandait saint Charles Borromée. Et il répondait ainsi dans un discours aux
prêtres : « Ne néglige pas pour cela le soin de toi-même et ne te donne pas aux autres au point
qu'il ne reste rien de toi et rien pour toi. Tu dois sans doute te souvenir des âmes dont tu es le
pasteur, mais ne t'oublie pas toi-même. Comprenez, mes frères, que rien ne nous est aussi
nécessaire que la méditation qui précède, accompagne et suit toutes nos actions : je chanterai, dit
le prophète, et je méditerai (cf. Ps 100, 1). Si tu donnes les sacrements, mon frère, médite ce que
tu fais. Si tu célèbres la messe, médite ce que tu offres. Si tu récites les psaumes au chœur,
médite à qui et de quoi tu parles. Si tu guides les âmes, médite sur le sang qui les a purifiées. Et
que tout soit fait entre vous dans la charité (1 Co 16, 14). Ainsi nous pourrons surmonter les
difficultés que nous rencontrons chaque jour, et elles sont nombreuses. Du reste, c'est ce qu'exige
la tâche qui nous est confiée. Si nous agissons ainsi, nous aurons la force pour engendrer le
Christ en nous et chez les autres » (216).
La vie de prière, en particulier, doit être en « réforme » permanente chez le prêtre. En effet,

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86
l'expérience enseigne que, dans le domaine de l'oraison, on ne peut vivre sur son acquis. Non
seulement il faut chaque jour reconquérir la fidélité extérieure aux moments de prière, surtout ceux
de la Liturgie des Heures et ceux qui sont laissés au choix personnel sans le soutien du rythme
liturgique, mais encore faut-il spécialement rééduquer la recherche persévérante d'une vraie
rencontre personnelle avec Jésus, un dialogue confiant avec le Père et une expérience profonde
de l'Esprit.
Ce que l'apôtre Paul affirme au sujet de tous les croyants qui doivent parvenir « à constituer cet
Homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ » (Ep 4,13) peut être
appliqué d'une façon spécifique aux prêtres appelés à la perfection de la charité et donc à la
sainteté ; leur ministère pastoral lui-même exige qu'ils soient des modèles vivants pour tous les
fidèles.
La dimension intellectuelle de la formation demande aussi à être poursuivie et approfondie durant
toute la vie du prêtre, en particulier par l'étude et un « aggiornamento » culturel sérieux et
appliqué. Participant à la mission prophétique de Jésus et intégré dans le mystère de l'Église,
maîtresse de vérité, le prêtre est appelé à révéler aux hommes à la fois le visage de Dieu et le vrai
visage de l'homme en Jésus Christ (217). Cela exige cependant que le prêtre lui-même recherche
ce visage et le contemple avec vénération et amour (cf. Ps 26, 8 ; 41, 2). Ainsi seulement pourra-t-
il le faire connaître aux autres. En particulier, la poursuite de l'étude de la théologie est
indispensable pour que le prêtre puisse remplir fidèlement le ministère de la Parole, annonçant
celle-ci sans confusion ni ambiguïté, la distinguant des opinions simplement humaines, si
renommées et répandues soient-elles. Il pourra ainsi se mettre vraiment au service du peuple de
Dieu en l'aidant à rendre compte, à tous ceux qui le réclament, de son espérance chrétienne (1 P
3,15). En outre, « en s'appliquant avec conscience et persévérance à l'étude de la théologie, le
prêtre est en mesure d'assimiler sous une forme solide et personnelle l'authentique richesse de
l'Église. Il peut alors accomplir la mission qui lui fait un devoir de répondre aux difficultés sur
l'authentique doctrine catholique, de surmonter la tendance - la sienne et celle d'autrui - à la
désapprobation et à l'attitude négative vis-à-vis du Magistère et de la tradition » (218).
L'aspect pastoral de la formation permanente est bien exprimé par l'Apôtre Pierre : « Chacun
selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d'une
multiple grâce de Dieu » (1 P 4, 10). Pour vivre chaque jour selon la grâce reçue, le prêtre doit
être toujours plus ouvert pour faire sienne la charité pastorale de Jésus Christ donnée par son
Esprit dans le sacrement reçu. De même que toute l'action du Seigneur a été le fruit et le signe de
sa charité pastorale, il doit en être de même pour l'activité ministérielle du prêtre. Par ailleurs, la
charité pastorale est un don et, en même temps, un devoir, une grâce et une responsabilité
réclamant notre fidélité ; il faut donc l'accueillir et en vivre le dynamisme jusque dans ses
exigences les plus radicales. Cette même charité pastorale, comme il a été dit, incite et pousse le
prêtre à toujours mieux connaître la condition réelle de ceux et celles à qui il est envoyé, à
discerner les appels de l'Esprit dans les circonstances historiques où il se trouve, à rechercher

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enfin les méthodes les plus adaptées et les façons les plus utiles d'exercer aujourd'hui son
ministère. La charité pastorale anime ainsi et soutient les efforts humains du prêtre afin que son
activité pastorale soit adaptée, crédible et efficace. Mais ceci exige une formation pastorale
permanente.
Le cheminement vers la maturité demande non seulement que le prêtre approfondisse sans cesse
toutes ces dimensions de sa formation, mais aussi et surtout qu'il sache les intégrer avec
harmonie au point d'en arriver peu à peu à l'unité intérieure qui sera assurée par la charité
pastorale. En effet, celle-ci non seulement coordonne et unifie ces divers aspects de la formation
mais elle leur confère leur qualité spécifique de formation du prêtre en tant que tel, c'est-à-dire
comme image transparente et vivante, comme sacrement de Jésus le Bon Pasteur.
La formation permanente aide le prêtre à surmonter la tentation de ramener son ministère à un
activisme qui serait une fin en soi, de l'occuper de façon impersonnelle à toutes sortes de choses,
si spirituelles ou sacrées soient-elles, ou encore de le réduire à un fonctionnariat au service de
l'organisation ecclésiastique. Seule la formation permanente aide le « prêtre » à préserver avec un
amour vigilant le « mystère » qu'il porte en lui pour le bien de l'Église et de l'humanité.
La signification profonde de la formation permanente
73. La diversité et la complémentarité des dimensions de la formation permanente nous en font
mieux saisir la signification profonde : aider le prêtre pour que son être et son agir soient dans
l'esprit et selon le style de Jésus le Bon Pasteur.
La vérité est à faire ! Saint Jacques nous en avertit : « Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas
seulement des auditeurs qui s'abusent eux-mêmes » (Jc 1, 22). Les prêtres sont appelés à « faire
la vérité » de leur être, autrement dit à vivre « dans la charité » (cf. Ep 4, 15) leur identité et leur
ministère dans l'Église et pour l'Église. Ils sont invités à une conscience toujours plus vive du don
de Dieu, à en faire mémoire sans cesse. C'est bien l'exhortation de Paul à Timothée : « Garde le
bon dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tm 1, 14).
Dans le contexte ecclésiologique déjà évoqué à plusieurs reprises, il est possible d'apprécier la
signification profonde de la formation permanente du prêtre en fonction de sa présence et de son
action dans l'Église mystère, communion et mission.
Dans l'Église « mystère », le prêtre est appelé, au moyen de la formation permanente, à conserver
et à développer dans la foi la conscience de la vérité entière et étonnante de son être : il est
serviteur du Christ et intendant des mystères de Dieu (cf. 1 Co 4, 1). Paul demande expressément
aux chrétiens de le considérer selon cette identité et lui-même, le premier, vit conscient du don
sublime reçu du Seigneur. Il doit en être ainsi pour chaque prêtre s'il veut demeurer dans la vérité
de son être. Mais seule la foi, seul un regard avec les yeux du Christ rendent cela possible.

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En ce sens, peut-on dire, la formation permanente vise à ce que le prêtre soit un croyant et le
devienne toujours davantage, qu'il se voie toujours tel qu'il est en vérité avec les yeux du Christ. Il
doit préserver cette vérité avec un amour reconnaissant et joyeux. Il doit renouveler sa foi en
exerçant le ministère sacerdotal, se savoir serviteur de Jésus Christ et sacrement de l'amour de
Dieu pour l'homme chaque fois qu'il est intermédiaire et instrument vivant du don de la grâce de
Dieu aux hommes. Il doit reconnaître cette même vérité dans ses confrères, car tel est le principe
de son estime et de son amour envers les autres prêtres.
74. Dans l'Église « communion », la formation permanente aide le prêtre à développer cette
conscience que son ministère est ordonné en fin de compte à réunir la famille de Dieu dans une
fraternité animée par la charité et à la conduire au Père par le Christ dans l'Esprit Saint (219).
Le prêtre doit croître dans la conscience de la profonde communion qui le relie au peuple de Dieu
; il n'est pas seulement « devant » l'Église mais d'abord et avant tout « dans » l'Église. Il est frère
parmi ses frères. Revêtu par le baptême de la dignité et de la liberté des enfants de Dieu dans le
Fils unique, le prêtre est membre du même et unique corps du Christ (cf. Ep 4,16). La conscience
de cette communion pousse à susciter et à développer la coresponsabilité dans une même et
unique mission de salut en valorisant avec empressement et de bon cœur tous les charismes et
les fonctions que l'Esprit répartit aux croyants pour la construction de l'Église. C'est d'abord et
avant tout dans l'accomplissement du ministère pastoral, ordonné par sa nature au bien du peuple
de Dieu, que le prêtre doit vivre et témoigner de sa profonde communion avec tous. Comme
l'écrivait Paul VI, « il faut se faire les frères des hommes du fait même que nous voulons être leurs
pasteurs, leurs pères et leurs maîtres. Le climat du dialogue, c'est l'amitié. Bien plus, c'est le
service » (220).
De façon plus spécifique, le prêtre est appelé à développer la conscience d'être membre de
l'Église particulière à laquelle il est incardiné, c'est-à-dire intégré par un lien à la fois juridique,
spirituel et pastoral. Une telle conscience suppose et développe l'amour particulier pour sa propre
Église. En réalité, celle-ci est l'objet vivant et permanent de la charité pastorale qui doit guider la
vie du prêtre. La charité pastorale le conduit, en effet, à partager l'histoire et l'expérience de vie de
son Église particulière, avec ses richesses et ses fragilités, ses difficultés et ses espérances, et à
travailler pour elle en vue de sa croissance. Ayant beaucoup reçu de son Église particulière et
participant activement à son édification, chaque prêtre, uni à ses confrères, prolonge l'activité
pastorale de ses prédécesseurs. C'est une exigence naturelle de la charité pastorale à l'égard de
son Église particulière et de son avenir ministériel qui engage le prêtre à se soucier de se trouver,
en quelque sorte, un successeur dans le sacerdoce.
Le prêtre doit grandir aussi dans la conscience de la communion qui subsiste entre les diverses
Églises particulières, une communion enracinée dans leur être même d'Églises qui vivent
localement l'unique et universelle Église du Christ. Une telle conscience de la communion inter-
ecclésiale favorisera « l'échange des dons », en commençant par ces dons vivants et personnels

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89
que sont les prêtres eux-mêmes. D'où la disponibilité, mieux encore l'engagement généreux pour
réaliser une distribution équitable du clergé (221). Parmi ces Églises particulières, il faut rappeler
celles qui, « privées de la liberté, ne peuvent pas avoir leurs propres vocations », comme aussi «
les Églises récemment sorties de la persécution et ces Églises pauvres qui, depuis longtemps et
de la part de plusieurs, ont reçu de l'aide dans un esprit fraternel et en reçoivent encore » (222).
Au sein de la communion ecclésiale, le prêtre est appelé en particulier à croître, par sa formation
permanente, comme membre du presbyterium uni à l'évêque. Le presbyterium en toute vérité est
un mystère ; il est en effet une réalité surnaturelle, car il s'enracine dans le sacrement de l'Ordre.
Voilà sa source et son origine, le « lieu » de sa naissance et de sa croissance. En effet, « les
prêtres par le sacrement de l'Ordre sont rattachés par un lien personnel et indissoluble au Christ
unique prêtre. L'ordination leur est conférée comme individus, mais il sont insérés dans la
communion du presbyterium ensemble avec l'évêque (Lumen gentium, n. 28 ; Presbyterorum
ordinis, nn. 7-8) » (223).
Cette origine sacramentelle se reflète et se prolonge dans l'exercice du ministère presbytéral : du
mystère au ministère. « L'unité des prêtres avec l'évêque et entre eux ne s'ajoute pas comme de
l'extérieur à la nature distincte de leur service, mais elle en exprime l'essence, à savoir la mission
du Christ prêtre à l'égard du peuple rassemblé dans l'unité de la Sainte Trinité » (224). Par cette
unité presbytérale, vécue dans l'esprit de la charité pastorale, les prêtres sont témoins de Jésus
Christ qui a prié le Père « pour que tous soient un » (Jn 17, 21).
La physionomie du presbyterium est donc celle d'une vraie famille et d'une fraternité dont les liens
ne sont ni de la chair ni du sang, mais de la grâce de l'Ordre. Cette grâce assume et élève les
rapports humains, psychologiques, affectifs, amicaux et spirituels entre prêtres ; elle se manifeste
partout et se révèle concrètement dans les formes les plus variées d'entraide spiri tuelle et aussi
matérielle. La fraternité presbytérale n'exclut personne ; elle peut et doit avoir cependant ses
préférences dans le sens de l'option évangélique pour qui a le plus besoin d'aide ou
d'encouragement. Une telle fraternité « accorde une attention spéciale aux jeunes prêtres,
entretient un dialogue cordial et fraternel avec ceux d'âge moyen ou avancé ainsi qu'avec ceux qui
pour diverses raisons vivent des difficultés. Quant aux prêtres qui ont quitté le ministère ou qui n'y
sont plus fidèles, non seulement elle ne les abandonne pas, mais elle les suit avec une attention
encore plus fraternelle » (225).
Les prêtres religieux résidant et travaillant dans une Église particulière font aussi partie, à un titre
différent, de l'unique presbyterium. Leur présence constitue un enrichissement pour tous les
prêtres. Leurs divers charismes particuliers, tout en invitant les prêtres à progresser dans la
compréhension du sacerdoce, contribuent à stimuler et à accompagner leur formation
permanente. Le don de la vie religieuse dans la communauté diocésaine, quand il va de pair avec
l'estime sincère et le respect de la particularité de chaque institut et de chaque tradition spirituelle,
élargit l'horizon du témoignage chrétien et contribue de diverses façons à enrichir la spiritualité

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sacerdotale. Il joue surtout ce rôle en ce qui touche le rapport adéquat et l'influence réciproque
entre les valeurs de l'Église particulière et celles de l'ensemble du peuple de Dieu. De leur côté,
les religieux seront attentifs à maintenir un esprit de vraie communion ecclésiale, une participation
cordiale à la marche du diocèse et aux options pastorales de l'évêque, en offrant volontiers leur
propre charisme pour l'édification de tous dans la charité (226).
Enfin, c'est dans le contexte de l'Église communion et du presbyterium qu'on peut le mieux faire
face au problème de la solitude du prêtre qui a retenu l'attention des Pères synodaux. Il existe une
solitude qui fait partie de l'expérience de tous et qui est absolument normale. Mais il existe aussi
une solitude engendrée par toutes sortes de difficultés et qui, à son tour, provoque d'autres
problèmes. En ce sens, « la participation active au presbyterium diocésain, les contacts réguliers
avec l'évêque et les autres prêtres, la collaboration mutuelle, la vie commune ou fraternelle entre
prêtres, ainsi que l'amitié et les rapports cordiaux avec les laïcs engagés activement dans les
paroisses sont des moyens très utiles pour surmonter les effets de la solitude que parfois le prêtre
peut expérimenter » (227).
La solitude ne crée pas seulement des difficultés ; elle présente aussi des avantages pour la vie
du prêtre. « Acceptée dans un esprit d'oblation et de recherche dans l'intimité avec le Seigneur
Jésus Christ, la solitude peut favoriser l'oraison et l'étude, comme elle peut aussi aider la
sanctification et la croissance humaine » (228). Sans oublier qu'une certaine forme de solitude est
nécessaire pour la formation permanente. Jésus savait souvent se retirer pour prier dans la
solitude (cf. Mt 14, 23). La capacité de supporter une solitude bienfaisante est une condition
indispensable au maintien de la vie intérieure. Il s'agit d'une solitude habitée par la présence du
Seigneur qui, dans la lumière de l'Esprit, nous met en contact avec le Père. En ce sens, il est
nécessaire de faire silence et de rechercher des espaces et des temps de « désert » pour la
formation permanente intellectuelle, spirituelle et pastorale. En ce sens également, on peut
affirmer que celui qui ne sait pas bien vivre sa solitude n'est pas capable de communion vraie et
fraternelle.
75. La formation permanente est destinée à développer chez le prêtre la conscience de sa
participation à la mission salvifique de l'Église. Dans l'Église « mission », la formation permanente
du prêtre est non seulement une condition nécessaire, mais aussi un moyen indispensable pour
raviver constamment le sens de la mission et en garantir une réalisation fidèle et généreuse. Une
telle formation aide le prêtre à percevoir toute la gravité et en même temps la grâce admirable
d'une obligation qui ne peut le laisser indifférent. Comme Paul, il doit pouvoir dire : « Prêcher
l'Évangile, en effet, n'est pas pour moi un titre de gloire ; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui,
malheur à moi si je ne prêchais pas l'Évangile ! » (1 Co 9,16). Cette formation aide à percevoir
aussi l'intensité de la quête, explicite ou non, menée par les hommes que Dieu appelle au salut
sans jamais se lasser.
Seule une formation permanente adéquate réussit à soutenir le prêtre dans cette fidélité

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essentielle et décisive pour son ministère. Comme l'écrit l'Apôtre Paul, « tout ce qu'on demande à
des intendants [des mystères de Dieu], c'est que chacun soit trouvé fidèle » (1 Co 4,2). Quelles
que soient les difficultés rencon trées, même dans les conditions les plus dures ou dans un état de
fatigue compréhensible, le prêtre doit être fidèle avec toute l'énergie dont il dispose, et cela
jusqu'à la fin de sa vie. Le témoignage de Paul doit être un exemple et un stimulant pour tout
prêtre. « Nous ne donnons à personne aucun sujet de scandale - écrit-il aux chrétiens de Corinthe
-, pour que notre ministère ne soit pas décrié. Au contraire, nous nous affirmons en tout comme
des ministres de Dieu : par une grande constance dans les tribulations, dans les détresses, dans
les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les émeutes, dans les fatigues, dans les
veilles, dans les jeûnes ; par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bénignité, par un
esprit saint, par une charité sans feinte, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu ; par les
armes offensives et défensives de la justice ; dans l'honneur et l'humiliation, dans la mauvaise et
la bonne réputation ; tenus pour imposteurs et pourtant véridiques ; pour gens obscurs, nous
pourtant si connus ; pour gens qui vont mourir, et nous voilà vivants ; pour gens qu'on châtie, mais
sans les mettre à mort ; pour affligés, nous qui sommes toujours joyeux ; pour pauvres, nous qui
faisons tant de riches ; pour gens qui n'ont rien, nous qui possédons tout » (2 Co 6, 3-10).
À tout âge et dans toute condition de vie
76. La formation permanente, précisément parce qu'elle est « permanente », doit toujours être
présente dans la vie des prêtres, à tout âge et dans toute condition de vie, quel que soit le niveau
de responsabilité ecclésiale. Elle le sera évidemment en tenant compte des possibilités et des
caractéristiques correspondant à la variété des âges, des conditions de vie et des fonctions
assumées.
La formation permanente est un devoir, avant tout, pour les jeunes prêtres. Selon une fréquence
appropriée et un programme systématique de rencontres prolongeant le sérieux et la solidité de la
formation reçue au séminaire, elle les conduit peu à peu à comprendre et à vivre la richesse
unique de ce « don » de Dieu qu'est le sacerdoce. Elle leur permet aussi d'exprimer leurs
aptitudes au ministère, entre autres par une insertion toujours plus convaincue et responsable
dans le presbyterium, et par conséquent dans la communion et la coresponsabilité avec tous leurs
confrères.
Si un certain sentiment de « satiété » est compréhensible chez le jeune prêtre à peine sorti du
séminaire face à de nouveaux temps d'étude et de rencontre, il faut écarter comme absolument
fausse et dangereuse l'idée que la formation sacerdotale se termine en quittant le séminaire.
En participant aux rencontres de formation permanente, les jeunes prêtres se donneront un appui
réciproque par le partage d'expériences et de réflexions sur la façon de traduire concrètement
l'idéal sacerdotal qu'ils ont fait leur durant les années de séminaire. En même temps, leur
participation active aux rencontres de formation du presbyterium pourra être un exemple et un

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stimulant pour les autres prêtres plus avancés en âge. En effet, ils témoigneront ainsi de leur
amour envers l'ensemble du presbyterium et de leur enthousiasme pour répondre au besoin de
l'Église particulière d'avoir des prêtres bien formés.
Pour accompagner les jeunes prêtres dans cette première étape si délicate de leur vie sacerdotale
et de leur ministère, il est plus que jamais opportun, sinon tout à fait nécessaire aujourd'hui, de
créer une structure spéciale de soutien avec des conseillers et des maîtres appropriés. Les jeunes
prêtres pourront y trouver, sous un mode structuré et suivi, l'appui nécessaire pour bien
commencer leur service sacerdotal. Lors de rencontres régulières suffisamment longues et
fréquentes, éventuellement dans un cadre de vie communautaire et en résidant ensemble, on leur
donnera la possibilité de moments précieux de repos, de prière, de réflexion et d'échange
fraternel. Il leur sera ainsi plus facile, dès le début, d'assurer l'équilibre évangélique de leur vie
sacerdotale. Si les Églises particulières ne peuvent pas, à elles seules, offrir ce service à leurs
jeunes prêtres, il sera opportun que les Églises voisines s'unissent pour dégager ensemble les
ressources nécessaires et élaborer des programmes adaptés.
77. La formation permanente constitue également un devoir pour les prêtres d'âge moyen. En
réalité, ils peuvent courir des risques multiples en raison même de leur âge, par exemple un
activisme exagéré ou une certaine routine dans l'exercice du ministère. Ou encore la tentation de
présumer de soi comme si l'expérience personnelle désormais éprouvée ne devait plus se
confronter à rien d'autre ni à personne. Il n'est pas rare que le prêtre souffre alors d'une sorte de
lassitude intérieure dangereuse, signe d'une désillusion résignée face aux difficultés et aux
échecs. La réponse à cette situation est donnée par la formation permanente, par un examen
continu de son équilibre personnel et de son action, par la recherche constante de motivations et
de moyens pour sa mission. Le prêtre gardera ainsi un esprit vigilant et disponible aux requêtes
en vue du salut, constamment renouvelées, que beaucoup adressent au prêtre, « homme de Dieu
».
La formation permanente doit intéresser aussi les prêtres d'âge avancé, appelés les anciens, qui,
dans certaines Églises, forment le groupe le plus nombreux du presbyterium. Celui-ci doit leur
témoigner sa reconnaissance pour le service fidèle qu'ils ont rendu au Christ et à l'Église, ainsi
qu'une solidarité concrète qui tienne compte de leur condition. Pour ces prêtres, la formation
permanente sera moins une question d'étude, de discussion et de mise à jour culturelle qu'une
confirmation sereine et apaisante du rôle qu'ils sont encore appelés à jouer dans le presbyterium.
Ce rôle sera défini non seulement par la poursuite du ministère pastoral, éventuellement sous des
formes différentes, mais aussi par la possibilité que leur donne l'expérience de la vie et de
l'apostolat de devenir eux-mêmes d'authentiques maîtres et formateurs des autres prêtres.
Même les prêtres qui, à cause de la fatigue ou de la maladie, se trouvent dans une condition de
fragilité physique ou de lassitude morale peuvent être aidés par la formation permanente. Celle-ci
les encourage à continuer à servir l'Église d'une façon sereine et courageuse, à ne pas s'isoler de

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la communauté ni du presbyterium, à réduire leur activité extérieure pour se consacrer aux
activités de relation pastorale et de spiritualité personnelle capables d'étayer les raisons d'être et
la joie de leur sacerdoce. La formation permanente les aidera en particulier à garder vivante la
conviction, qu'eux-mêmes ont inculquée aux fidèles, d'être toujours des membres actifs dans
l'édification de l'Église, spécialement par la force de leur union à Jésus Christ souffrant et à tant
d'autres frères et sœurs qui dans l'Église participent à la passion du Seigneur. Avec eux, ils
revivent l'expérience de Paul qui disait : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure
pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui
est l'Église » (Col 1, 24) (229).
Les responsables de la formation permanente
78. Les conditions actuelles du ministère des prêtres, souvent et dans plusieurs endroits, ne
facilitent pas un engagement sérieux de formation permanente. La multiplication des tâches et des
services à rendre, la complexité de la vie humaine en général et de celle des communautés
chrétiennes en particulier, l'activisme et l'essoufflement qui caractérisent divers milieux de notre
société, autant de facteurs qui privent souvent les prêtres du temps et de l'énergie indispensables
pour « veiller sur eux-mêmes » (cf. 1 Tm 4, 16).
Cela doit faire grandir la responsabilité de tous pour surmonter ces difficultés, et même pour y voir
le défi d'élaborer et de réaliser une formation permanente répondant adéquatement à la grandeur
du don de Dieu et à la gravité des requêtes et des exigences de notre temps.
Les responsables de la formation permanente des prêtres doivent appartenir à l'Église «
communion ». En ce sens, c'est toute l'Église particulière qui, sous la conduite de l'évêque, est
responsable d'animer et d'établir les diverses modalités de la formation permanente des prêtres.
Car ceux-ci ne sont pas prêtres pour eux-mêmes, mais pour le peuple de Dieu. Aussi la formation
permanente, en assurant la maturité humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale des prêtres, a-
t-elle pour résultat un bien dont le destinataire est le peuple de Dieu lui-même. Du reste, l'exercice
même du ministère pastoral mène à un échange réciproque, constant et fécond, entre la vie de foi
des prêtres et celle des fidèles. Le partage de vie entre le prêtre et la communauté, mené et mis à
profit avec sagesse, constitue une contribution fondamentale à la formation permanente. Cette
contribution d'ailleurs ne se réduit pas à une période limitée ou à une initiative isolée, mais se
déploie à travers tout le ministère et la vie du prêtre.
En effet, l'expérience chrétienne des gens simples et humbles, les élans spirituels des personnes
éprises de Dieu, la mise en pratique courageuse de la foi par les chrétiens engagés dans diverses
responsabilités sociales et civiles, tout cela est reçu par le prêtre et, en y portant la lumière de son
service sacerdotal, il y trouve lui-même un aliment spirituel de grande valeur. Même les doutes,
les crises et les hésitations face aux situations personnelles ou sociales de toutes sortes, ou
encore les tentations de refus ou de désespoir à l'heure de la souffrance, de la maladie, de la

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94
mort, bref toutes les difficultés que rencontrent les hommes sur le chemin de la foi sont vécues par
le prêtre. Il les partage comme un frère et en souffre sincèrement dans son cœur. En cherchant
des réponses pour les autres, il est sans cesse amené à en trouver d'abord pour lui-même.
Ainsi le peuple de Dieu en entier, dans tous ses membres, peut et doit apporter une aide
appréciable à la formation permanente de ses prêtres. En ce sens, il doit leur laisser du temps
pour l'étude et la prière, leur demander ce pourquoi ils ont été mandatés par le Christ et rien
d'autre, puis collaborer dans les divers secteurs de la mission pastorale avec une attention
spéciale pour ce qui se rapporte à la promotion humaine et au service de la charité. Il doit
entretenir avec ses prêtres des contacts chaleureux et fraternels et susciter chez eux la
conscience qu'ils n'ont pas à « régenter la foi » mais plutôt à « contribuer à la joie » de tous les
fidèles (cf. 2 Co 1, 24).
Cette responsabilité de l'Église particulière dans la formation des prêtres s'exerce d'une façon
concrète et spécifique selon les différents membres qui la composent, à commencer par le prêtre
lui-même.
79. En un certain sens, c'est chaque prêtre qui est le premier responsable de sa formation
permanente dans l'Église. C'est à chaque prêtre qu'incombe réellement ce devoir, enraciné dans
le sacrement de l'Ordre, d'être fidèle au don de Dieu et au dynamisme de conversion quotidienne
venant du don lui-même. Les règlements ou les normes de l'autorité ecclésiastique à ce sujet,
comme aussi l'exemple des autres prêtres, ne suffisent pas à rendre attrayante la formation
permanente, si chacun n'est pas personnellement convaincu de sa nécessité et n'est pas décidé à
valoriser les occasions, les temps et les modalités de cette formation. La formation permanente
maintient la « jeunesse » de l'esprit, ce que personne ne peut imposer de l'extérieur, mais que
chacun doit puiser continuellement en lui-même. Celui-là seul qui garde toujours vivant le désir
d'apprendre et de grandir possède cette « jeunesse ».
La responsabilité de l'évêque et, avec lui, du presbyterium, est fondamentale. Cette responsabilité
de l'évêque se fonde sur le fait que les prêtres reçoivent par lui leur sacerdoce et partagent avec
lui sa sollicitude pastorale pour tout le peuple de Dieu. Il est responsable de la formation
permanente visant à ce que tous ses prêtres soient généreux dans la fidélité au don et au
ministère reçu, comme les veut le peuple de Dieu et comme il est en « droit » de les avoir. Cette
responsabilité conduit l'évêque, en union avec le presbyterium, à établir et à organiser un
programme de formation permanente qui n'en fasse pas quelque chose de ponctuel, mais plutôt
un projet bien élaboré qui se déroule par étapes selon des modalités précises. L'évêque exercera
sa responsabilité non seulement en assurant des lieux et des temps de formation permanente à
ses prêtres, mais aussi en y étant présent lui-même et en y participant de façon convaincue et
chaleureuse. Il sera souvent opportun, et même nécessaire, que les évêques de diocèses voisins
ou d'une même région apostolique se concertent entre eux et unissent leurs efforts pour pouvoir
présenter de meilleures propositions, vraiment profitables à la formation permanente, par exemple

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des recyclages bibliques, théologiques et pastoraux, des semaines de vie communautaire, des
cycles de conférences, des temps de réflexion et d'évaluation de l'orientation pastorale du
presbyterium et de la communauté ecclésiale.
L'évêque exercera sa responsabilité en demandant aussi la contribution que peuvent offrir les
facultés et les instituts de théologie et de pastorale, les séminaires, les organismes ou les
associations de personnes - prêtres, religieux et laïcs - engagées dans la formation sacerdotale.
Dans l'Église particulière, une place importante revient aux familles. Comme « Églises
domestiques », elles sont en effet une référence concrète pour la vie des communautés
ecclésiales animées et guidées par les prêtres. En particulier, il faut souligner le rôle de la famille
du prêtre lui-même. En communion d'intention avec lui, elle peut offrir à sa mission une
contribution originale et précieuse. Elle fut le berceau de cette vocation qu'elle a protégée et
soutenue d'un appui indispensable pour sa croissance et son développement. En se prêtant à
l'accomplissement du dessein de la Providence qui a voulu y faire germer une vocation, la famille
du prêtre, aide indispensable à sa croissance et à son développement, doit toujours demeurer,
dans le plus grand respect de ce fils qui a fait le choix de se donner à Dieu et à ses frères, comme
un témoin fidèle qui l'encourage dans sa mission, en la partageant et en restant à ses côtés avec
dévouement et avec discrétion.
Les moments, les formes et les moyens de la formation permanente
80. Si tout moment peut être un « temps favorable » (cf. 2 Co 6,2) où l'Esprit Saint conduit le
prêtre à croître dans la prière, l'étude et la conscience de ses responsabilités pastorales, il y a
cependant des moments « privilégiés », même s'ils sont habituels et prévus d'avance.
Il faut rappeler ici avant tout les rencontres de l'évêque avec son presbyterium, qu'elles soient
liturgiques (en particulier la concélébration de la Messe chrismale du Jeudi saint) ou pastorales et
culturelles pour un échange de vues sur l'activité pastorale ou pour une étude de problèmes
théologiques déterminés.
Il y a aussi les rencontres de spiritualité sacerdotale, comme les exercices spirituels, les journées
de récollection et de spiritualité, etc. Ce sont des occasions de croissance spirituelle et pastorale,
de prière plus calme et prolongée, de retour aux racines de l'être sacerdotal, de fraîcheur nouvelle
pour les motivations inspirant la fidélité et l'élan pastoral.
Les rencontres d'étude et de réflexion en commun sont également importantes. Elles préviennent
l'appauvrissement culturel et l'endurcissement sur des positions de facilité dans le domaine
pastoral, ce qui est le fruit de la paresse intellectuelle. Elles assurent une synthèse plus réfléchie
entre les divers éléments de la vie spirituelle, culturelle et apostolique ; elles ouvrent l'esprit et le
cœur aux nouveaux défis de l'histoire et aux nouveaux appels que l'Esprit lance à l'Église.

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81. Nombreux sont les types de collaboration et les moyens qui peuvent servir afin que la
formation permanente devienne une plus belle expérience de vie pour les prêtres. Entre autres,
rappelons les différentes formes de vie commune entre prêtres, toujours présentes dans l'histoire
de l'Église, dans la diversité de leurs modalités et de leur intensité. « Aujourd'hui, on ne peut pas
ne pas les recommander, surtout entre ceux qui vivent ou sont engagés pastoralement dans un
même lieu. Cette vie commune du clergé, utile à la vie et à l'action pastorales, offre à tous, prêtres
et laïcs, un exemple éclairant de charité et d'unité » (230).
Une autre forme d'aide peut être donnée par les associations sacerdotales, en particulier les
instituts séculiers de prêtres qui ont un caractère spécifiquement diocésain en vertu duquel les
prêtres s'unissent plus étroitement à l'évêque. Ils constituent « un état de consécration dans lequel
les prêtres, par des vœux ou d'autres liens sacrés, s'engagent à mettre en pratique dans leur vie
les conseils évangéliques » (231). Toutes les formes de « fraternité sacerdotale » approuvées par
l'Église sont utiles pour la vie spirituelle et aussi pour la vie apostolique et pastorale.
La pratique de la direction spirituelle contribue aussi pour beaucoup à la formation permanente
des prêtres. C'est un moyen classique qui n'a nullement perdu sa valeur, non seulement pour
assurer la formation spirituelle, mais aussi pour promouvoir et soutenir une fidélité et une
générosité constantes dans l'exercice du ministère sacerdotal. Comme l'écrivait le futur pape Paul
VI, « la direction spirituelle a une très belle fonction et on peut dire qu'elle est indispensable pour
l'éducation morale et spirituelle de la jeunesse qui veut comprendre et suivre en toute loyauté sa
vocation, quelle qu'elle soit. Et elle conserve une importance bénéfique à tout âge de la vie quand,
aux lumières et à la charité d'un conseiller pieux et prudent, nous demandons la vérification de
notre rectitude ainsi que le réconfort dans l'accomplissement généreux de nos devoirs. C'est un
moyen pédagogique très délicat mais de très grande valeur. C'est un art pédagogique et
psychologique de grande responsabilité pour qui l'exerce; c'est un exercice spirituel d'humilité et
de confiance pour qui la reçoit ». (232)
CONCLUSION
82. « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15).
Aujourd'hui encore, cette promesse de Dieu est vivante et à l'œuvre dans l'Église, consciente
d'être, depuis toujours, l'heureuse destinataire de ces paroles prophétiques. Elle en voit la
réalisation tous les jours et en de nombreuses parties de la terre ; mieux encore, en de nombreux
cœurs humains, surtout de jeunes. Au seuil du troisième millénaire, l'Église désire qu'en raison de
ses besoins graves et urgents, ainsi que de ceux du monde, cette divine promesse s'accomplisse
d'une façon renouvelée, plus ample, plus intense et plus efficace, en une extraordinaire effusion
de l'Esprit de la Pentecôte.

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La promesse du Seigneur suscite dans le cœur de l'Église une prière, une demande humble,
ardente et confiante en l'amour du Père; comme il a envoyé Jésus le Bon Pasteur, les Apôtres,
leurs successeurs et une foule innombrable de prêtres, de même il continue à manifester aux
hommes d'aujourd'hui sa fidélité et sa bonté.
L'Église est disposée à répondre à cette grâce. Elle sait que le don de Dieu exige une réponse
généreuse et unanime : tout le peuple de Dieu doit inlassablement prier et travailler pour les
vocations sacerdotales. Les candidats au sacerdoce doivent se préparer consciencieusement à
recevoir et à vivre le don de Dieu, persuadés que l'Église et le monde ont un très grand besoin
d'eux. Ils doivent se passionner pour le Christ Bon Pasteur, modeler leur cœur sur le sien et, à son
image, être prêts à parcourir les routes du monde pour proclamer à tous le Christ Chemin, Vérité
et Vie.
J'adresse un appel particulier aux familles : que les parents, spécialement les mères, soient
généreux pour donner au Seigneur leurs fils qu'il appelle au sacerdoce ; qu'ils collaborent avec
joie au cheminement de leur vocation, sûrs que, de cette manière, ils rendront plus grande et plus
profonde leur fécondité chrétienne et ecclésiale et qu'ils pourront connaître, en quelque sorte, le
bonheur de la Vierge Marie : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein » (Lc 1,
42).
Aux jeunes d'aujourd'hui, je veux dire ceci : soyez plus dociles à la voix de l'Esprit, laissez retentir
dans vos cœurs les grandes attentes de l'Église et de l'humanité, ne craignez pas d'ouvrir votre
esprit à l'appel du Christ Seigneur, découvrez le regard d'amour de Jésus fixé sur vous et
répondez avec enthousiasme à sa proposition de le suivre jusqu'au bout.
L'Église répond à la grâce par l'engagement que prennent les prêtres de réaliser la formation
permanente requise en vertu de la dignité et de la responsabilité que leur a conférées le
sacrement de l'Ordre. Tous les prêtres sont appelés à saisir l'urgence particulière de leur
formation à l'heure présente : la nouvelle évangélisation a besoin de nouveaux évangélisateurs,
de prêtres qui s'engagent à vivre leur sacerdoce comme un chemin de sainteté.
La promesse de Dieu garantit à son Église non pas des pasteurs quelconques mais des pasteurs
« selon son cœur ». Le « cœur » de Dieu s'est révélé pleinement à nous dans le cœur du Christ
Bon Pasteur. Il a toujours compassion des foules et leur donne le pain de la vérité, le pain de
l'amour et de la vie (cf. Mc 6, 30-44). Il demande à battre en d'autres cœurs - ceux des prêtres - :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37). Les gens ont besoin de sortir de l'anonymat
et de la peur ; ils ont besoin d'être connus et appelés par leur nom, de marcher avec assurance
sur les sentiers de la vie, d'être retrouvés s'ils sont perdus, de recevoir le salut comme don
suprême de l'amour de Dieu ; c'est ce que fait Jésus, le Bon Pasteur ; c'est ce que font les prêtres
avec lui.

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Au terme de cette exhortation, je tourne mon regard vers la multitude de séminaristes et de
prêtres qui, dans toutes les parties du monde, même dans les conditions les plus difficiles et
parfois dramatiques, mais toujours dans le joyeux effort de la fidélité au Seigneur et de l'inlassable
service de son troupeau, offrent quotidiennement leur vie pour la croissance de la foi, de
l'espérance et de la charité dans les cœurs et dans la vie des hommes et des femmes de notre
temps.
Vous, très chers prêtres, vous le faites parce que c'est le Seigneur qui, avec la force de son Esprit,
vous a appelés, dans les vases d'argile de votre humble vie, à rendre présent le trésor inestimable
de son amour de bon Pasteur.
En communion avec les Pères synodaux et au nom de tous les évêques du monde et de la
communauté ecclésiale entière, je veux exprimer toute la reconnaissance que méritent votre
fidélité et votre service (233).
Je vous souhaite à tous la grâce de renouveler chaque jour le don de Dieu reçu par l'imposition
des mains (cf. 2 Tm 1, 6), de connaître le réconfort de la profonde amitié qui vous lie à Jésus et
vous unit entre vous, de goûter la joie de la croissance du troupeau de Dieu vers un amour
toujours plus grand envers Lui et envers tout homme, d'entretenir la conviction sereine que celui
qui a commencé en vous cette œuvre bonne la portera à son achèvement jusqu'au jour du Christ
Jésus (cf. Ph 1, 6) ; en union avec tous et avec chacun de vous, j'adresse ma prière à Marie, mère
et éducatrice de notre sacerdoce.
Tous les aspects de la formation sacerdotale peuvent être rapportés à Marie, comme à la
personne humaine qui, plus que toute autre, a répondu à l'appel de Dieu ; elle s'est faite servante
et disciple de la Parole jusqu'à concevoir dans son cœur et en son sein le Verbe fait homme pour
le donner à l'humanité ; elle a été appelée à être l'éducatrice du prêtre unique et éternel, qui s'était
rendu docile et s'était soumis à son autorité maternelle. Par son exemple et par son intercession,
la Vierge très sainte continue à veiller sur l'essor des vocations et de la vie sacerdotale dans
l'Église.
C'est pourquoi nous, prêtres, nous sommes appelés à faire croître en nous une tendre et solide
dévotion envers la Vierge Marie, à la manifester en imitant ses vertus et en la priant fréquemment.
Marie ,
Mère de Jésus Christ et Mère des prêtres,
reçois ce titre que nous te donnons
pour célébrer ta maternité
et contempler près de toi le Sacerdoce
de ton Fils et de tes fils,
Sainte Mère de Dieu ! Mère du Christ,

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tu as donné au Messie Prêtre son corps de chair
par l'onction de l'Esprit Saint
pour le salut des pauvres et des hommes au cœur contrit,
garde les prêtres dans ton cœur et dans l'Église,
Mère du Sauveur !Mère de la foi,
tu as accompagné au Temple le Fils de l'homme,
accomplissement des promesses faites à nos pères,
confie au Père, pour sa gloire,
les prêtres de ton Fils,
Arche de l'Alliance !Mère de l'Église,
au Cénacle, parmi les Disciples,
tu priais l'Esprit
pour le Peuple nouveau et ses Pasteurs,
obtiens à l'ordre des prêtres
la plénitude des dons,
Reine des Apôtres !Mère de Jésus Christ,
tu étais avec Lui au début de sa vie et de sa mission,
tu l'as cherché, Maître parmi la foule,
tu l'as assisté, élevé de terre,
consommé pour le sacrifice unique éternel,
et tu avais près de toi Jean, ton fils,
accueille les appelés du Seigneur,
lors de leurs premiers pas sur leur chemin,
protège leur croissance, accompagne dans la vie et dans le ministère
ceux qui sont tes fils,
Mère des prêtres !Amen !Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 25 mars 1992, solennité de l'Annonciation du Seigneur,
en la quatorzième année de mon
Pontificat.
(1) Propositio 2.(2) Discours de clôture du Synode (27 octobre 1990), n. 5 : L'Osservatore Romano, 28 octobre 1990.(3)
Cf. Propositio 1.(4) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 28 ; Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum
ordinis ; Décret sur la formation des prêtres Optatam totius.(5) Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (6 janvier
1970) : AAS 62 (1970), pp. 321-384.(6) Discours de clôture du Synode (27 octobre 1990), n. 3 : l.c.(7) Ibid., n. 1 : l.c.(8)
Message des Pères synodaux au peuple de Dieu (28 octobre 1990), III : L’Osservatore Romano, 29-30 octobre 1990.(9)
Angélus (14 janvier 1990), n. 2 : L’Osservatore Romano, 15-16 janvier 1990. (10) Ibid, n. 3 : l.c..(11) Cf. Propositio 3.(12)
Paul VI, Homélie à la IXe session publique du Conc. œcum. Vat. II (7décembre 1965) : AAS (1966), p. 55.(13) Cf.
Propositio 3.(14) Cf. Ibid.(15) Cf. Synode des Évêques sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles -
Lineamenta (1989), nn. 5-6.(16) Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 4.(17) Cf.
Synode des Évêques, VIIe Ass. gén.ord., Message des Pères synodaux au peuple de Dieu (28 octobre 1990), I : l.c.(18)
Discours de clôture du Synode (27 octobre 1990), n. 4 : l.c. ; cf. Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi saint (10 mars
1991) : L’Osservatore Romano, 15 mars 1991.(19) Cf. Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium ; Décret sur le ministère
et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis ; Décret sur la formation des prêtres Optatam totius ; Cong. pour l'éducation

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catholique, Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (6 janvier 1970) : l.c., pp.321-384 ; Synode des Évêques, IIe
Ass. gén. ord., 1971.(20) Propositio 7.(21) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 5.(22)
Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 8 : AAS 81 (1989), p. 405 ; cf. Synode des
Évêques, IIe Ass. gén.ord., 1985.(23) Cf. Propositio 7.(24) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des
prêtres Presbyterorum ordinis, nn. 7-8.(25) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 1.(26)
Cf. Propositio 7.(27) Cf. Ibid.(28) Propositio 7.(29) Synode des Évêques, VIIIe Ass. gén. ord., La formation des prêtres
dans les circonstances actuelles - Instrumentum laboris, n. 16 ; cf. Propositio 7.(30) Angélus (25 février 1990) :
L’Osservatore Romano, 26-27 février 1990.(31) Cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis,
nn. 7-9.(32) Ibid. n. 8 ; cf. Propositio 7.(33) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum ordinis, n. 9.(34) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 10.(35) Cf.
Propositio 7.(36) Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 10.(37) Décret sur la formation
des prêtres Optatam totius, n.20.(38) Cf. Propositio 12.(39) Message des Pères synodaux au peuple de Dieu (28 octobre
1990), III : l.c.(40) Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 40.(41) Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum ordinis, n. 12.(42) Sermo 340, 1 : PL 38, 1483.(43) Ibid. : l.c.(44) Cf. Propositio 8.(45) Cf. Conc. œcum.
Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, nn. 2 ; 12.(46) Cf. Propositio 8.(47) Sermo
Mirin Guelferbytanus, 32, 1 ; PLS 2, 637.(48) Missel romain, Antienne de la communion du quatrième dimanche de
Pâques.(49) Cf. Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 26 : AAS 80 (1988), pp 1715-1716.(50) Propositio
7.(51) Homélie pendant l'adoration eucharistique à Séoul (7 octobre 1989), n. 2 : Insegnamenti XII/2 (1989), p. 785.(52)
St Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5 : CCL 36, 678.(53) Aux prêtres participant à un congrès promu par
la Conférence épiscopale italienne (4 novembre 1980) : Insegnamenti III/2 (1980), p. 1055.(54) Décret sur le ministère et
la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 14.(55) Ibid.(56) Ibid.(57) Cf. Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi (8
décembre 1975), n. 75 : AAS 68 (1976), pp. 64-67.(58) Cf. Propositio 8.(59) Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum ordinis, n. 12.(60) In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5 : l.c.(61) Cf. Décret sur le ministère et la vie
des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 12.(62) Ibid., n. 5.(63) Cf. Conc. œcum. de Trente, Decretum de iustificatione,
chap. 7 ; Decretum de sacramentis, can. 6 (DS 1529 ; 1606).(64) Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum ordinis, n. 12.(65) St Augustin, Sermo de Nat. Sanct. Apost. Petri et Pauli ex Evangelio in quo ait : Simon
Iohannis diligis me ? : Bibliotheca Casinensis, in « Miscellanea Augustiniana », Vol. I, publié par G. Morin, o.s.b., Rome,
Typ. Polygl. Vat., 1930, p. 404.(66) Cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, nn. 4-6 ;
13.(67) Cf. Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 15 : l.c., pp. 13-15.(68) Cf. Conc. dogm. sur la
Révélation divine Dei Verbum, nn. 8 ; 10.(69) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum ordinis, n. 5.(70) Exhort. ap. post-synodale Reconciliatio et poenitentia (2 décembre 1984), n. 31, VI :
AAS 77 (1985), pp. 265-266.(71) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum
ordinis, n. 6.(72) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 42.(73) Cf. Propositio 9.(74) Conc.
œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 15.(75) Cf. ibid.(76) Const. dogm.
sur l'Église Lumen gentium, n. 42.(77) Exhort. ap. Familiaris Consortio (22 novembre 1981), n. 16 : AAS 74 (1982), p.
98.(78) Propositio 11.(79) Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n.
16.(80) Ibid.(81) Propositio 8.(82) Cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 17.(83)
Propositio 10.(84) Ibid.(85) Cf. Cong. pour les religieux et les instituts séculiers et Cong. pour les évêques, Directives
pour les rapports mutuels entre les évêques et les religieux dans l'Église Mutuæ relationes (14 mai 1978), n. 18 : AAS 70
(1978), pp. 484-485.(86) Cf. Propositiones 25, 38.(87) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium,
n. 23.(88) Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 10 ; cf. Propositio 12.(89) Encycl.

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Redemptoris missio (7 décembre 1990), n. 67 : AAS 83 (1991), pp. 315-316.(90) Décret sur le ministère et la vie des
prêtres Presbyterorum ordinis, n. 10.(91) Homélie à 5000 prêtres provenant du monde entier (9 octobre 1984), n. 2 :
Insegnamenti VII/2 (1984), p. 839.(92) Discours de clôture du Synode (27 octobre 1990), n. 5 : l.c.(93) Cf. Propositio
6.(94) Cf. Propositio 13.(95) Cf. Propositio 4.(96) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n.
9.(97) Ibid.(98) St Cyprien, De dominica Oratione, 23 : CCL 3/A, 105.(99) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'apostolat
des laïcs Apostolicam actuositatem,n. 3.(100) Propositio 5.(101) Angélus (3 décembre 1989), n. 2 : Insegnamenti XII/2
(1989), p. 1417.(102) Message pour la Ve Journée mondiale de prière pour les vocations sacerdotales (19 avril 1968) :
Insegnamenti VI (1968), pp. 134-135.(103) Cf. Propositio 5.(104) Cf. Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 10 ;
Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 12.(105) Cf. Propositio 13.(106) Conc. œcum. Vat.
II, Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 16.(107) Missel Romain, Collecte de la
messe pour les vocations sacerdotales.(108) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum
Concilium, n. 10.(109) Propositio 15.(110) Ibid.(111) Cf. CIC, can. 220 : « Il n'est permis à personne [...] de violer le droit
de quiconque à préserver son intimité » ; cf. aussi can. 642.(112) Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n.
2.(113) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur la charge pastorale des évêques dans l'Église Christus Dominus, n. 15.(114)
Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 2.(115) Décret sur le ministère et la vie
des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 6.(116) Ibid. n. 11.(117) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur la formation des
prêtres Optatam totius, n. 2.(118) Propositio 14.(119) Propositio 15.(120) Cf. Propositio 16.(121) Message pour la XXIIIe
Journée mondiale de prière pour les vocations sacerdotales (13 avril 1985), n. 1 : AAS 77 (1985), p. 982.(122) Message
des Pères synodaux au Peuple de Dieu (28 octobre 1990), IV : l.c.(123) Propositio 21.(124) Cf. Conc. œcum. Vat. II,
Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 11 ; Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum
ordinis, n. 3 ; Cong. pour l'éducation catholique, Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (6 janvier 1970), n. 51 : l.c.,
pp. 356-357.(125) Cf. Propositio 21.(126) Enc. Redemptor hominis (4 mars 1979), n. 10 : AAS 71 (1979), p. 274.(127)
Exhort. ap. Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 37 : l.c. p. 128.(128) Ibid.(129) Propositio 21.(130) Cf. Conc.
œcum. Vat. II, Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 24.(131) Cf. Propositio 21.(132)
Propositio 22.(133) Cf. St Augustin, Conf., I, 1 : CSEL 33, 1.(134) Synode des Évêques, VIIIe Ass. gén. ord., La
formation des prêtres dans les circonstances actuelles - « Instrumentum laboris », n. 30.(135) Propositio 22.(136)
Propositio 23.(137) Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 8.(138) Const. dogm. sur la Révélation divine
Dei Verbum, n. 24.(139) Ibid., n. 2.(140) Ibid., n. 25.(141) Angélus (4 mars 1990), nn. 2-3 : L'Osservatore Romano, 5-6
mars 1990.(142) Conc. œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 14.(143) St Augustin, In
Iohannis Evangelium Tractatus 26, 13 : l.c. 266.(144) Liturgia Horarum, In festo SS. Corporis Christi, ad II Vesperas
antiphona ad Magnificat.(145) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum
ordinis, n. 13.(146) Angélus (1er juillet 1990), n. 3 : L'Osservatore Romano, 2-3 juillet 1990(147) Propositio 23.(148)
Ibid.(149) Cf. Ibid.(150) Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 9.(151) Cong. pour l'éducation catholique,
Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (6 janvier 1970) : l.c., p. 354.(152) Conc. œcum. Vat. II, Décret sur la
formation des prêtres Optatam totius, n. 10.(153) Ibid.(154) Lettre aux prêtres pour le Jeudi saint 1979 (8 avril 1979) :
Insegnamenti II/1 (1979), pp.841-862.(155) Propositio 24.(156) Conc. œcum. Vat. II, Const. past. sur l'Église dans le
monde de ce temps Gaudium et spes, n. 15.(157) Propositio 26.(158) Cf. Décret sur la formation des prêtres Optatam
totius, n. 16.(159) La formation des prêtres dans les circonstances actuelles - « Instrumentum laboris », n. 39.(160) Cf.
Cong. pour l'éducation catholique, Lettre aux évêques sur l'enseignement de la philosophie dans les séminaires (20
janvier 1972).(161) « Desideravi intellectu videre quod credidi et multum disputavi et laboravi », De Trinitate XV, 28 : CCL
50/A, 534.(162) Discours aux participants à la XXIe Semaine biblique italienne (25 septembre 1970) : AAS 62 (1970), p.

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618.(163) Propositio 26.(164) « Fides, quæ est quasi habitus theologiæ » In Lib. Boëtii de Trinitate V, 4, ad 8.(165) Cf. St
Thomas, In I Sentent. q. I, a : 1-5.(166) Cf. Congr. pour la Doctrine de la foi, Instruction sur la vocation ecclésiale du
théologien Donum veritatis (24 mai 1990), nn. 11 ; 40 : AAS 82 (1990), pp. 1554-1555 ; 1568-1569.(167) Décret sur la
formation des prêtres Optatam totius, n. 14.(168) Itinerarium mentis in Deum, Prol. n. 4 : Opera omnia, Tomus V, Ad
Claras Aquas (1891), p. 296.(169) Conc. œcum. Vat. II, Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 16.(170)
Encycl. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 41 : AAS 80 (1988), p. 571.(171) Cf. Encycl. Centesimus annus
(1er mai 1991), n. 54 : AAS 83 (1991), pp. 859-860.(172) Congr. pour la Doctrine de la foi, Instruction sur la vocation
ecclésiale du théologien Donum veritatis (24 mai 1990), n. 21 : l.c., p. 1559.(173) Propositio 26.(174) Par exemple, saint
Thomas d'Aquin écrivait : « Il faut s'en tenir davantage à l'autorité de l'Église qu'à l'autorité d'Augustin, de Jérôme ou de
quelque autre Docteur » (S. T., II-II, 10, 12) ; et encore que personne ne peut se défendre avec l'autorité de Jérôme,
d'Augustin ou de quelque autre Docteur contre l'autorité de Pierre (cf. S. T., II-II, 11, 2 ad 3).(175) Propositio 32.(176) Cf.
Encycl. Redemptoris missio (7 décembre 1990), n. 67 : l.c., pp. 315-316.(177) Cf. Propositio 32.(178) Propositio 27.(179)
Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 4.(180) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen
gentium, n. 48.(181) Explanatio Apocalypsis, Lib. II, 12 : PL 93, p.166.(182) Cf. Propositio 28.(183) Ibid.(184) Décret sur
le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 9 ; cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles
laici (30 décembre 1988), n. 61 : l.c. pp. 512-514.(185) Propositio 28.(186) Cf. Ibid.(187) Cf. Encycl. Redemptoris missio
(7 décembre 1990), n. 67-68 : l.c., pp. 315-316.(188) Cf. Décret sur la formation des prêtres Optatam totius, n. 4.(189)
Propositio 20.(190) Ibid.(191) Ibid.(192) Ibid.(193) Cf. Discours aux élèves et anciens élèves du Collège Capranica (21
janvier 1983) : Insegnamenti VI/1 (1983), pp. 173-178.(194) Propositio 20.(195) Ibid.(196) Cf. Propositio 19.(197)
Ibid.(198) In Iohannem Evangelistam Expositio, c. 21, lect. V, 2.(199) Décret sur la formation des prêtres Optatam totius,
n. 3.(200) Cf. Propositio 17.(201) Congr. pour l'Éducation catholique, Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (6
janvier 1970), n. 19 : l.c. p. 342.(202) Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n.
7.(203) Propositio 29.(204) Ibid.(205) Cf. Propositio 23.(206) Cf. Exhort. ap. post-synodale Christifideles laici (30
décembre 1988), nn. 61 ; 63 : l.c. pp. 512-514 ; 517-518 ; Lettre ap. Mulieris dignitatem (15 août 1988), nn.29-31 : l.c.,
pp. 1721-1729.(207) Cf. Propositio 29.(208) Propositio 30.(209) Ibid.(210) Cf. Propositio 25.(211) Discours aux prêtres
proches du mouvement « Communion et Libération » (12 septembre 1985) : AAS 78 (1986), p. 256.(212) Cf. Propositio
25.(213) Rencontre avec les représentants du clergé suisse à Einsiedeln (15 juin 1984), n. 10 : Insegnamenti VII/1
(1984), p. 1798.(214) Cf. St Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus, 123, 5 : l.c., 678-680.(215) Cf. Propositio
31.(216) St Charles Borromée, Acta Ecclesiæ Mediolanensis, Milan (1559), p. 1178.(217) Conc. œcum. Vat. II, Const.
past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 22.(218) Synode des Évêques, VIIe Ass. gén. ord., La
formation des prêtres dans les circonstances actuelles - « Instrumentum laboris » (1990), n. 55.(219) Conc. œcum. Vat.
II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 6.(220) Encycl. Ecclesiam suam (6 août 1964),
III : AAS 56 (1964), p. 647.(221) Cf. Congr. pour le Clergé, Directives pour la promotion de la coopération mutuelle entre
les Églises particulières et spécialement pour une répartition plus adaptée du clergé Postquam Apostoli (25 mars 1980) :
AAS 72 (1980), pp. 343-364.(222) Propositio 39.(223) Propositio 34.(224) Ibid.(225) Ibid.(226) Cf. Propositio 38 ; Conc.
œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 1 ; Décret sur la formation des
prêtres Optatam totius, n. 1 ; Congr. pour les religieux et les instituts séculiers et Congr. pour les Évêques, Directives
pour les rapports mutuels entre les évêques et les religieux dans l'Église Mutuæ relationes (14 mai 1978), nn. 2 ; 10 : l.c.,
pp. 475 ; 479-480.(227) Propositio 35.(228) Ibid.(229) Cf. Propositio 36.(230) Synode des Évêques, VIIIe Ass. gén. ord.,
La formation des prêtres dans les circonstances actuelles - « Instrumentum laboris » (1990), n. 60 ; cf. Conc. œcum. Vat.
II, Décret sur la charge pastorale des évêques dans l'Église Christus Dominus, n. 30 ; Décret sur le ministère et la vie

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des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 8 ; C.I.C., can. 550, 2.(231) Propositio 37.(232) G. B. Montini, Lettre pastorale sur
le sens moral, 1961.(233) Cf. Propositio 40.
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