ACG 433 %28CG28%29_fr


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actes
du Conseil général
de la Société salésienne
de saint Jean Bosco
ORGANE OFFICIEL D’ANIMATION ET DE COMMUNICATION POUR LA CONGRÉGATION SALÉSIENNE
N. 433
année CII
septembre 2020
“Quels Salésiens
pour les jeunes d’aujourd’hui ?”
RÉFLEXION POSTCAPITULAIRE
DE LA SOCIÉTÉ DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

1.2 Page 2

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Editrice S.D.B.
Édition hors commerce
Sede Centrale Salesiana
Via Marsala, 42
00185 Roma
Tipolitografia Istituto Salesiano Pio XI - Via Umbertide, 11 - 00181 Roma
Tel. 06.78.27.819 - Fax 06.78.48.333 - E-mail: tipolito@donbosco.it
Achevé d’imprimer : Septembre 2020

1.3 Page 3

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INDEX DES ACTES DU CG28
PRÉSENTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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LIGNES DE PROGRAMMATION
DU RECTEUR MAJEUR
POUR LA CONGRÉGATION SALÉSIENNE
APRÈS LE CHAPITRE GÉNÉRAL 28 . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1. SALÉSIEN DE DON BOSCO POUR TOUJOURS. Un sexennat
pour grandir dans l’identité salésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2. Dans une Congrégation où nous sommes invités par le « DA MIHI
ANIMAS, CŒTERA TOLLE » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3. À vivre le « SACREMENT SALÉSIEN DE LA PRÉSENCE » . . . 26
4. La formation pour être SALÉSIENS PASTEURS AUJOURD’HUI 31
5. PRIORITÉ ABSOLUE pour les jeunes, les plus pauvres et les plus
abandonnés et sans défense. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
6. AVEC LES LAÏCS DANS LA MISSION ET DANS LA FORMA-
TION. La force charismatique qui nous est offerte par les laïcs et par
la Famille Salésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
7. C’EST L’HEURE D’UNE PLUS GRANDE GÉNÉROSITÉ DANS
LA CONGRÉGATION. Une Congrégation universelle et missionnaire 46
8. En accompagnant les jeunes vers un FUTUR DURABLE. . . . . . . . . 50
MESSAGE DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANÇOIS
AUX MEMBRES DU CG28. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
– Ravivez le don que vous avez reçu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
– L’« option Valdocco » et le don des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
– L’« option Valdocco » et le charisme de la présence . . . . . . . . . . . . . 62
– L’« option Valdocco » dans la pluralité des langues . . . . . . . . . . . . . 66
– L’« option Valdocco » et la capacité de rêver . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5

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« QUELS SALÉSIENS
POUR LES JEUNES D’AUJOURD’HUI ? » . . . . . . . . . . 69
1. Priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui 71
- Reconnaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
- Interpréter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
- Choisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2. Profil du Salésien aujourd’hui. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
- Reconnaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
- Interpréter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
- Choisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
3. Avec les laïcs dans la mission et la formation. . . . . . . . . . . . . . . . 101
- Reconnaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
- Interpréter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
- Choisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
DÉLIBÉRATIONS DU CG28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
1. Modifications des Constitutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
- Élection du Recteur Majeur (C 128). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
- Élection du Vicaire du Recteur Majeur et des Conseillers Généraux
(C. 142 §1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
2. Modifications des Règlements Généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
- Fonctions du Conseiller Régional (R 135) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
- Utilisation du système informatique dans les votes électifs (R 131) 120
3. Délibération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
- Modalités du déroulement de la Visite Extraordinaire (R 104) . . . . 121
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
1. Discours du Recteur Majeur, Père Ángel Fernández Artime,
à l’ouverture du CG28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
2. Intervention du Cardinal João Braz de Aviz,
Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée
et les Sociétés de Vie Apostolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6

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3. Lettre des jeunes au CG28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
4. Discours du Recteur Majeur, Père Ángel Fernández Artime,
à la clôture du CG28. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5. Chronique des travaux du CG28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
LISTE DES PARTICIPANTS AU CG28. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
7

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PRÉSENTATION DU RECTEUR MAJEUR
Mes chers Confrères,
Quatre mois se sont écoulés depuis la clôture du CG28 qui s’est
terminé trois semaines plus tôt que prévu, en raison de la pandémie
qui a rendu impossible notre séjour au Valdocco. Aujourd’hui, je m’a-
dresse à vous avec un sentiment de joie profonde en vous présentant
ce que nous avons vécu au Valdocco, et avec la satisfaction de ce qui
a été, me semble-t-il, un travail fructueux, réalisé par nous tous, capi-
tulaires, et conclu ensuite au sein du Conseil Général. L’Assemblée
Capitulaire a, en effet, confié au Recteur Majeur et à son Conseil la
tâche de terminer ce qui était resté inachevé au moment de la clôture
anticipée du CG28.
Le document, qui parvient maintenant à tous les confrères par le biais
de cette publication, a pour sous-titre « Réflexion postcapitulaire » et
non pas « Documents capitulaires », comme c’était l’usage dans le
passé. Et ce, parce que l’Assemblée Capitulaire n’est pas parvenue à
l’approbation finale du texte par un vote. Seules quelques délibéra-
tions capitulaires, notamment celles de nature juridique, ont vu le jour
au cours des quatre premières semaines de nos travaux.
Comme je l’ai dit en d’autres occasions, en raison des circonstances
dans lesquelles nous avons dû vivre, le CG28 a été un Chapitre « spé-
cial. » Cependant, cela n’a pas été un Chapitre sans lignes directrices
ni lignes de programmation. En fait, le document que je vous présen-
te contient une première partie que les confrères du Conseil Général et
moi-même considérons très importante pour l’animation, le gouver-
nement et la vie de la Congrégation pour les six prochaines années.
Il s’agit des lignes de programmation que le Recteur Majeur propose
à la Congrégation pour le sexennat 2020-2026. Dans cette ample
proposition, vous trouverez, chers Confrères, la réflexion suivie par le
Chapitre Général, fruit du Chapitre lui-même et de la synthèse du
chemin parcouru dans notre Congrégation au cours des six années
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1.7 Page 7

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précédentes. Il s’agit d’une riche et ample réflexion qui recueille tout
d’abord l’esprit de ce qui est contenu dans le Message que le Saint-
Père François a envoyé au Chapitre Général ; elle rassemble égale-
ment les éléments que le Pape a indiqués comme essentiels et qui
étaient déjà présents dans la réflexion développée par l’Assemblée
Capitulaire sur les deux premiers noyaux thématiques. Le troisième
noyau – comme vous le savez – a été élaboré par le Conseil Général.
Ces lignes de programmation devront, bien sûr, être un objet d’étude,
d’analyse et d’approfondissement tant pour les Provinces que pour
chaque Confrère, en particulier pour les Directeurs dans leur service
d’animation et de gouvernance des communautés locales. Je suppose
qu’elle sera un objet d’étude pour le Provincial et son Conseil.
Je considère que, bien qu’à des rythmes différents liés à la particula-
rité de chaque Province, toute la Congrégation devra suivre ce che-
min, qui est identitaire, charismatique, et offre des lignes directrices et
d’action pour notre situation actuelle.
À ces lignes de programmation du sexennat, suit le Message du Saint-
Père qui touchera sans aucun doute le cœur de chaque Salésien et
sera surtout un motif de méditation, d’étude, d’approfondissement et
de réflexion personnelle.
Les trois noyaux thématiques proposés comme thèmes des travaux
capitulaires ont connu un ample développement, même s’ils ne sont
pas passés par toutes les phases d’étude et d’élaboration initialement
prévues. Les textes offrent de riches réflexions, des propositions
précises et appropriées pour la vie des Provinces et de toutes nos
présences dans le monde.
Enfin, le document contient les délibérations capitulaires et, comme
dans tous les Chapitres Généraux, quelques annexes avec des messa-
ges et des discours.
Je pense que le document que nous avons maintenant entre les mains
nous permettra d’approfondir les motivations ecclésiales, charisma-
tiques et identitaires qui nous aideront à poursuivre le chemin de fi-
délité qu’en tant que Congrégation et au plan personnel, nous souhai-
tons continuer. Aujourd’hui, notre monde, l’Église et les jeunes avec
10

1.8 Page 8

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leurs familles ont besoin de nous, aujourd’hui comme hier, pour conti-
nuer à vivre un chemin de fidélité au Seigneur Jésus. Ils ont besoin de
nous en tant que personnes significatives et courageusement prophé-
tiques. Que le Seigneur nous accorde ce don ! Car avec la médiocrité
et les peurs, nous ne pourrons offrir aux jeunes que peu de choses qui
ne pourront pas transformer leur vie et lui donner un sens.
Je suis tout à fait convaincu que nous souhaitons tous appartenir à
une Congrégation qui se sente très vivante et dans laquelle chaque
confrère renouvelle chaque jour son don de lui-même : non pas d’une
manière quelconque, mais en sentant que cela en vaut la peine.
Je souhaite vivement que ce CG28 « spécial » aide chaque confrère à
raviver la passion apostolique qui a caractérisé notre Père Don Bosco,
pour être d’autres Don Bosco aujourd’hui, dans toutes les parties du
monde, dans toutes les cultures et dans toutes les situations.
J’ajoute une demande. En vous remettant ce document, avec un regard
de foi et une grande confiance, je demande à chacun de vous, chers
Confrères, d’en faire un motif de prière, un patient objet d’étude, de
lecture attentive et méditée, afin qu’il puisse toucher votre cœur. Je
vous demande d’intérioriser la spiritualité que vous trouverez dans
ces réflexions capitulaires, d’entrer en dialogue avec les propositions
qui se veulent significatives et prophétiques dans notre façon de les
assumer et de les traduire dans notre vie. Je pense qu’un temps signi-
ficatif d’étude, de prise de connaissance, d’intériorisation et de dialo-
gue, cœur à cœur, devant le Seigneur, devrait être la tâche principale
confiée à chaque confrère, à chaque Province et Vice-province, à
chaque Région et à chaque Conférence Interprovinciale.
Mes bien chers Confrères, la promulgation de cette Réflexion post-
capitulaire est datée du 16 août 2020, à deux cent cinq ans de la nais-
sance de Don Bosco et à cent soixante-deux ans du début de notre
Congrégation. Jusqu’à aujourd’hui, le parcours de notre Congrégation
et de la Famille Salésienne a été magnifique. Si notre réponse conti-
nue à être fidèle au Seigneur, il ne fait aucun doute que bien plus beau
sera ce qui sera écrit pour le bien des jeunes à travers le don quotidien
de nous-mêmes, partout où il y aura un jeune qui aura besoin de Salé-
siens capables d’être des amis, des frères et des pères.
11

1.9 Page 9

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La Vierge Auxiliatrice, notre Mère, nous accompagne sur ce chemin et,
comme pour Don Bosco, elle continuera à « tout faire. » Apprenons
d’Elle ce que signifie écouter attentivement la voix de l’Esprit Saint et
Lui être dociles ; apprenons à cultiver la profondeur de la vie en Dieu
et le don de soi simple et convaincu chaque jour. Cela fera de nous des
signes et des porteurs de plus en plus authentiques de l’Amour de Dieu
pour les jeunes.
Nous nous confions à l’Auxiliatrice, notre Mère, « pour devenir,
parmi les jeunes, témoins de l’amour inépuisable de son Fils. » (C 8)
Père Ángel Fernández Artime
Recteur Majeur
Rome, 16 août 2020
Anniversaire de la naissance de Don Bosco
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LIGNES DE PROGRAMMATION DU RECTEUR MAJEUR
POUR LA CONGRÉGATION SALÉSIENNE
APRÈS LE CHAPITRE GÉNÉRAL 28
Mes bien chers Confrères Salésiens du monde entier,
C’est avec grand plaisir que je m’adresse à vous tous après le Chapi-
tre Général et après la conclusion de la première session plénière du
nouveau Conseil Général. Avec cette lettre, que j’ai partagée avec tout
le Conseil Général, j’entends vous offrir à tous, chers Confrères, une
véritable « feuille de route » pour le prochain sexennat, car l’interrup-
tion du Chapitre Général, en plein déroulement, ne nous a pas permis
d’avoir les documents capitulaires qui auraient été la norme et le guide
pour les six prochaines années.
Face à la douloureuse réalité de la pandémie causée par le virus
COVID-19, qui a frappé et continue d’affliger le monde, nous avons
vécu quelque chose d’unique : l’interruption d’un Chapitre Général.
C’est la première fois qu’un événement similaire se produit dans
l’histoire de notre Congrégation – si nous excluons l’événement tra-
gique de la Première Guerre Mondiale qui a rendu impossible la tenue
du XIIème Chapitre Général pendant le Rectorat du Père Paul Albera :
la tenue de ce Chapitre a dû attendre presque douze ans.
Dans notre cas, cependant, l’interruption des travaux du Chapitre ne
veut dire en aucun cas que le 28ème Chapitre Général ait été pauvre en
signification et n’ait pas produit de contenus riches. En outre, tous les
capitulaires sont retournés dans leur propre Province (certains après
plusieurs mois d’attente au Valdocco) enrichis par l’expérience accu-
mulée et par un sentiment salésien nourri et renforcé aux « sources du
Valdocco », sources de notre naissance charismatique.
Malgré la menace de la pandémie et le risque de suspension de l’As-
semblée, le Chapitre Général a pu, au cours de la dernière semaine,
élire le Recteur Majeur et tous les membres du Conseil Général, et
nous confier la tâche de poursuivre la réflexion sur les points qui
n’avaient pas été abordés.
13

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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Cette lettre et tout ce qui est contenu dans le volume intitulé « Réflexion
postcapitulaire » se veut une réponse fidèle au mandat reçu de l’As-
semblée Capitulaire.
Il faut ajouter à cela un sentiment de profonde gratitude envers le
Seigneur pour ce que nous avons vécu ; surtout pour l’avoir vécu au
Valdocco. En effet, notre CG28 a été marqué de manière particulière
par le fait qu’il s’est déroulé au Valdocco, berceau de notre charisme,
lieu saint où notre Père Don Bosco « répondait à la vie des jeunes
avec un visage et une histoire. »1 Eh bien, nous avons vécu notre
Chapitre Général au Valdocco avec la claire conscience que c’est la
maison de tous.
C’est ce que nous a rappelé le Saint-Père François qui voulait faire à
Don Bosco, en la personne de ses fils réunis en Assemblée Capitulai-
re, le très beau cadeau de sa visite.
Le Pape m’avait dit quelques mois auparavant son désir personnel de
venir au Valdocco. Au début du Chapitre Général, les conversations
que nous avons eues avec les responsables des visites du Pape ont
confirmé la visite prévue pour les 6 et 7 mars. Tout était prêt. Nous
l’attendions le vendredi 6 mars à midi. Il serait resté avec nous au Val-
docco jusqu’au matin du 7, puis il serait allé rendre visite à sa famille.
Malheureusement, la pandémie du coronavirus et les restrictions im-
posées partout par l’État italien ont rendu impossible cette visite qui
aurait été un événement unique dans notre histoire, du moins pour la
durée de la présence du Saint-Père et sa participation directe au Cha-
pitre Général, comme il l’avait souhaité.
Au téléphone, le Pape nous a envoyé ses salutations que j’ai parta-
gées avec toute l’Assemblée Capitulaire ; et le lendemain, nous avions
entre les mains le Message qu’il adressait au CG28 et que vous trou-
verez dans cette publication.
1 PAPE FRANÇOIS, Message aux membres du CG28, Rome 4 mars 2020. Je profite de cette
première note pour vous dire que ma lettre sera enrichie par des citations textuelles du
Message que le Pape François a pensé pour nous comme Congrégation et comme As-
semblée Capitulaire, et qu’il nous a envoyé au moment le plus opportun de nos réflexions
et de nos travaux. En raison de l’importance des paroles du Saint-Père, j’ai décidé de ne
pas les reporter dans les notes en bas de page mais dans le corps du discours. Il suffira de
voir le texte entre guillemets pour reconnaître la parole du Pape.
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2.2 Page 12

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Dès le début du CG28, nous avons vécu profondément conscients de
faire en sorte que « l’Esprit ravive le don charismatique de [notre]
Fondateur. » C’est ce que le Saint-Père souhaitait en nous invitant à ne
pas fermer les fenêtres au bruit et aux cris qui montaient de la cour du
Valdocco, en évoquant le premier oratoire. Ce « bruit de fond » doit
nous accompagner, nous garder sans repos et audacieux [« inquieti e
intrepidi »] dans notre discernement.
Tout cela nous occupera ces six prochaines années pour le bien des
jeunes du monde entier. Des jeunes qui ont pris un visage concret et
visible dans le splendide groupe qui a vécu le Chapitre Général avec
nous pendant quelques jours, qui nous a interpellés, qui nous a parlé
avec le cœur et l’esprit, et qui nous a émus.
Et parce qu’au Valdocco tout nous parle de Don Bosco et de ses jeunes,
et parce que les jeunes d’aujourd’hui nous appellent, nous parlent et
nous attendent, nous nous proposons comme Congrégation quelques
objectifs qui nous mettront en mesure d’apporter une réponse à la
réalité d’aujourd’hui et qui nous feront sortir de nos peurs et de nos
« zones de confort », où qu’elles se trouvent et quelles qu’elles soient.
Ces lignes, chers Confrères, ont pour objectif de devenir un program-
me d’action pour le prochain sexennat, en continuité absolue avec le
chemin précédemment parcouru par la Congrégation et qui, pour ce
motif également, nous donne force et courage.
Les défis que nous devons affronter au cours des six prochaines années
sont divers et variés. Je vous les présente comme fruit de la réflexion
effectuée au cours du Chapitre Général et après celui-ci. Je les propose
à toute la Congrégation, ayant connu en détail, au cours des six dernières
années, la réalité que nous vivons et, dernièrement, le cheminement de
l’Église. Je les propose à toutes les Provinces, après les avoir partagés
avec les membres du Conseil Général, parce que ces défis doivent être
le miroir devant lequel chaque Province du monde est appelée à se
confronter, et doivent devenir les critères pour définir les buts, les ob-
jectifs, les processus et les actions concrètes pour le prochain sexennat,
dans tous les lieux où le charisme des fils de Don Bosco a pris racine.
Les défis auxquels nous devons répondre et les objectifs à poursuivre
sont les suivants :
15

2.3 Page 13

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1. SALÉSIEN DE DON BOSCO POUR TOUJOURS. Un sexen-
nat pour grandir dans l’identité salésienne
2. Dans une Congrégation où nous sommes invités par le « DA
MIHI ANIMAS, CŒTERA TOLLE »
3. À vivre le « SACREMENT SALÉSIEN DE LA PRÉSENCE »
4. La formation pour être SALÉSIENS PASTEURS AUJOUR-
D’HUI
5. PRIORITÉ ABSOLUE pour les jeunes, les plus pauvres, les
plus abandonnés et sans défense
6. AVEC LES LAÏCS DANS LA MISSION ET DANS LA FOR-
MATION. La force charismatique que les laïcs et la Famille
Salésienne nous offrent
7. C’EST L’HEURE D’UNE PLUS GRANDE GÉNÉROSITÉ
DANS LA CONGRÉGATION. Une Congrégation universelle
et missionnaire
8. En accompagnant les jeunes vers un FUTUR DURABLE
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2.4 Page 14

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1. SALÉSIEN DE DON BOSCO POUR TOUJOURS : « Frère ou
pas frère, moi, je reste avec Don Bosco. » (Cagliero) UN
SEXENNAT POUR GRANDIR DANS L’IDENTITÉ SALÉSIENNE
« Le Seigneur nous a donné en Don Bosco un père et un maître.
Nous l’étudions et nous l’imitons. En lui nous admirons un splen-
dide accord de la nature et de la grâce. Profondément humain,
riche des vertus de sa race, il était ouvert aux réalités de ce mon-
de. Profondément homme de Dieu, comblé des dons de l’Esprit
Saint, il vivait “comme s’il voyait l’invisible”. » (C 21)
Dans ma dernière intervention dans la salle capitulaire, lors du dis-
cours de clôture du CG28, j’ai fait référence à un dialogue que j’avais
eu, la veille, avec un confrère. Il a demandé à me parler et m’a dit :
« Ne nous laissez pas seuls. Nous avons besoin d’aide pour être vrai-
ment Salésiens, pour ne pas perdre notre identité. »
J’ai senti profondément qu’à ce moment-là, le Seigneur nous parlait
aussi par l’intermédiaire de notre confrère. Et il nous faisait compren-
dre l’importance et l’urgence de grandir et de consolider l’identité cha-
rismatique dans notre Congrégation.
Le point de départ essentiel et fondamental est notre condition de
personnes consacrées. L’avenir de la vie consacrée – et de la vie salé-
sienne pour nous, personnes consacrées – a sa raison d’être dans son
fondement qui est Jésus-Christ. Comme personnes consacrées, vivre
à la suite du Christ – la sequela Christi – façonne notre identité en y
intégrant notre formation pastorale. Comme personnes consacrées,
comme Salésiens de Don Bosco, Dieu fait de nous « une mémoire
vivante du mode d’existence et d’action de Jésus. »2 Et le défi voca-
tionnel, pour toute la vie consacrée, et pour nous de façon particulière
en tant que Salésiens de Don Bosco, est de « revenir toujours à Jésus »,
en renonçant à tout ce qui n’est pas Lui ou qui nous éloigne de Lui.
Avec beaucoup d’humilité et une claire vision, nous devons reconnaî-
tre que la sortie des crises de la vie religieuse, de la vie salésienne, des
2 JEAN PAUL II, Exhortation Apostolique postsynodale Vita Consecrata, Rome 25 mars
1996, 22.
17

2.5 Page 15

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difficultés de chaque Province, ne se trouvera pas dans de nouveaux
projets, ni dans des plans stratégiques, ni dans une « programmation
3.0. » La plupart du temps, face au désenchantement, à la fatigue exis-
tentielle, au manque de motivation..., il s’agit de revenir au Christ, à
la vie religieuse, à la vie consacrée salésienne. Parce que nous pouvons
vivre en croyant à tort qu’en faisant des choses, tout prend un sens.
Non, chers Confrères : sans Jésus-Christ au centre de nos pensées,
de nos sentiments, de notre vie, de nos rêves, de notre travail..., il n’y
a pas d’avenir, et nous ne pouvons rien offrir de significatif. Selon
les mots du Pape François : « Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il
offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il
veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous
contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. »3
N’oublions pas que la mission salésienne et la Congrégation elle-mê-
me sont nées de Dieu, suscitées par son Esprit : « Humblement et avec
action de grâce, nous croyons que la Société de saint François de Sa-
les est née, non d’un simple projet des hommes, mais par l’initiative
de Dieu » (C 1) ; et que chacun de nous, Salésiens de Don Bosco, est
envoyé aux jeunes par Dieu lui-même (cf. C 15).
Après ce Chapitre Général 28 « spécial », je pense que l’on attend de
nous, Salésiens, 162 ans après le début de notre Congrégation, que
nous soyons prêts et disponibles à écouter le souffle de l’Esprit de
Dieu, l’Esprit Saint, pour continuer à avoir Jésus Christ Seigneur com-
me fondement et centre de notre vie, pour renouveler la prophétie qui
doit caractériser notre vie, et pour continuer à grandir en humanité,
jusqu’à devenir ces « experts en humanité » qui savent regarder et
contempler, jusqu’à se laisser émouvoir par la douleur et les besoins
de nos frères et sœurs (à commencer par ceux de nos communautés),
des jeunes, garçons et filles, et de leurs familles. Nous devons prendre
notre service prophétique au sérieux. Notre contribution spécifique est
d’être une icône du style de vie de Jésus totalement consacré au Père
et à son projet pour l’humanité : le Royaume. On attend donc de nous
que nous soyons signes et témoins de la présence paternelle de Dieu
– qui est une présence douce, capable d’un regard de tendresse et les
3 PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique Gaudete et Exsultate, Rome 19 mars 2018, 1.
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2.6 Page 16

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bras ouverts, grands ouverts surtout aux plus pauvres, à nos jeunes –
en faisant de notre fraternité une réalité, en la rendant attrayante,
fascinante, et en vivant avec simplicité et sobriété.
Le Seigneur Ressuscité invitait ses disciples à retourner en Galilée
pour le rencontrer et le revoir. Cette invitation est pour nous d’une
grande actualité et, m’exprimant en clé salésienne, je voudrais dire
que notre Galilée pour la rencontre avec le Seigneur aujourd’hui, com-
me Salésiens de Don Bosco, passe par le Valdocco, les débuts du
Valdocco, même fragiles, mais avec la force et la passion contenues
dans la fameuse phrase : « Frère ou pas frère, moi, je reste avec Don
Bosco », que le jeune Jean Cagliero a exprimée avec toute l’ardeur et
l’enthousiasme de sa jeunesse. Le Valdocco est, en fait, l’atmosphère
spirituelle et apostolique où chacun de nous respire l’air de l’Esprit, où
nous nourrissons et renforçons notre identité charismatique. C’est le
lieu de la « transfiguration » pour chaque Salésien qui, s’appliquant à
tous les éléments de notre spiritualité, peut contribuer à faire de cha-
cune de nos maisons un authentique Valdocco, où il sera possible de
rencontrer notre Seigneur Jésus Christ face à face dans la vie quoti-
dienne.
Jésus passe, regarde avec amour et nous appelle à le suivre. Et dans le
mystère de cet appel, dans le regard qui ne nous juge pas mais nous
sonde et nous fixe, dans l’aventure qui nous entraîne à marcher sur
ses traces, chacun peut découvrir le projet que Dieu a pensé pour
chacun de nous de façon originale. Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui
décident de quitter la Congrégation souffrent de la même chose : ne
pas avoir été en contact avec le Seigneur Jésus et ne pas avoir eu la mê-
me passion que le jeune Cagliero pour rester avec Don Bosco afin de
suivre Jésus. Voilà pourquoi, parfois, toute autre offre pastorale qui a
des lueurs d’autonomie, d’autogestion, d’indépendance, de gestion de
sa propre vie et de ses ressources économiques, exerce chez certains
frères une fascination suffisante pour les pousser à demander à aller
ailleurs. Nous devons honnêtement reconnaître que c’est le cas. Par-
fois, même le don du ministère sacerdotal n’est pas pleinement com-
pris, qui est exploité et vécu comme « pouvoir. » Ce fait obscurcit l’al-
liance que Dieu a établie avec nous dans le don de la consécration
religieuse qui est au centre de notre vie personnelle et communautaire.
19

2.7 Page 17

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PROPOSITION
Ce sexennat devra se distinguer par un travail en profondeur dans la
Congrégation pour croître en profondeur charismatique, en identité
salésienne, dans toutes les phases de la vie, avec un engagement sérieux
dans chaque Province et dans chaque communauté salésienne, pour
en arriver à dire comme Don Bosco : « J’ai promis à Dieu que ma vie,
jusqu’à son dernier souffle, serait pour mes pauvres garçons. »4
Pour cette raison :
À chaque étape de la formation, avec la profondeur qui lui cor-
respond, nous prendrons soin, comme une urgence et une nécessi-
té inéluctables, des éléments qui donnent de l’identité charisma-
tique à chaque Salésien et qui nous font être amoureux de Don
Bosco et des jeunes avec le cœur de Jésus Bon Pasteur.
Nous donnerons la priorité aux caractéristiques de notre identité
charismatique de personnes consacrées qui font de nous des signes
prophétiques : une vie heureuse enracinée dans l’Évangile, une foi
forte ancrée en Dieu, une communion qui rend la vie communau-
taire attrayante, une attitude prophétique face à l’injustice et au
mal, et un regard d’espoir accompagné d’un désir de conversion.
Dans les Provinces, il faudra discerner avec soin les obédiences
données aux confrères, afin de ne pas risquer de perdre le sens au-
thentique et la passion du cœur salésien, et de ne pas tomber dans
des formes de généricisme charismatique ou de se diriger vers des
réalités pastorales diocésaines qui conduisent à se séparer de la
Congrégation.
Nous continuerons à être très attentifs à ce que, en tant que Congré-
gation, nous ne soyons pas pris par le « virus du cléricalisme et du
carriérisme. »5
4 MB XVIII, 258, cité aussi dans nos Constitutions à l’article 1.
5 Cf. PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique Postsynodale Christus Vivit, Rome, 25 mars
2019, 98. Dans l’Exhortation, on trouve cette citation : « Le cléricalisme est une tentation
permanente des prêtres, qui interprètent “le ministère reçu comme un pouvoir à exercer
plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire apparte-
nir à un groupe qui possède toutes les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’ap-
prendre quoi que ce soit”. » (Pape François, Discours d’ouverture de la XVème Assemblée
Générale Ordinaire du Synode des Evêques, Rome, 3 octobre 2018.
20

2.8 Page 18

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Dans la réflexion et le partage au sein de chaque communauté,
nous valoriserons la première partie du document « Animation et
gouvernance de la communauté. Le service du Directeur Salé-
sien », qui présente « l’identité consacrée salésienne. »
21

2.9 Page 19

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2. Dans une Congrégation où est URGENT le « DA MIHI ANIMAS,
CŒTERA TOLLE »
« Humblement et avec action de grâce, nous croyons que la Société
de saint François de Sales est née, non d’un simple projet des
hommes, mais par l’initiative de Dieu. Pour contribuer au salut
de la jeunesse, “cette part, la plus délicate et la plus précieuse de
la société humaine”, l’Esprit Saint suscita, avec l’intervention
maternelle de Marie, saint Jean Bosco.
Il forma en lui un cœur de père et de maître, capable de se donner
totalement : “J’ai promis à Dieu que ma vie, jusqu’à son dernier
souffle, serait pour mes pauvres garçons”. » (C 1)
Les témoignages des débuts de notre histoire congrégationnelle et la
réflexion qu’elle a développée au fil des ans mettent en évidence un
fait très significatif : l’expression qui exprime le mieux le zèle et la
charité pastorale des Salésiens de Don Bosco est « Da mihi animas,
cœtera tolle. »
Le jeune Dominique Savio qui, en présence de ce jeune prêtre de
34 ans qu’était Don Bosco, a vu cette inscription à l’entrée de son
bureau, l’a parfaitement comprise : « J’ai compris. Ici, on ne fait pas
commerce d’argent, mais commerce d’âmes, j’ai compris. »6 En
regardant Don Bosco, nous apprenons sa profonde spiritualité et ces
qualités particulières d’éducateur qui ont marqué sa façon d’entrer en
relation avec les adolescents et les jeunes. En Don Bosco et dans son
histoire, nous rencontrons le fondement de notre action éducative et
pastorale qui se caractérise par une proposition très concrète de vie
chrétienne, par l’attention portée à chaque jeune, en s’engageant à lui
proposer les réponses concrètes dont il a besoin, par la confiance en la
présence de Dieu.
Notre tâche, surtout dans l’accompagnement des jeunes, doit se carac-
tériser par la capacité pédagogique et spirituelle créative, typique de
notre Père Don Bosco, à travers laquelle nous pouvons surmonter les
6 GIOVANNI BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico, allievo dell’Oratorio di S. Fran-
cesco di Sales, in ISS, Fonti Salesiane: I. Don Bosco e la sua opera, LAS, Roma 2014,
1040. (Pour l’édition française, cf. Dominique Savio par Don Bosco, traduction de Fran-
cis DESRAMAUT, Apostolat des Éditions, Paris, 1978, p. 54).
22

2.10 Page 20

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distances par rapport à la sensibilité des nouvelles générations, en leur
offrant une écoute aimante et une compréhension compatissante, en
suscitant les grandes questions sur le mystère de la vie et en les aidant
à chercher le Seigneur et à Le rencontrer.
Le Chapitre Général 26 a abordé précisément tout cela en réfléchissant
sur la devise de Don Bosco : « Da mihi animas, cœtera tolle. » Avec
la vision d’aujourd’hui et avec la connaissance de notre réalité, je
pense pouvoir dire que pour nous, il est nécessaire et urgent que
notre Congrégation vive, respire et marche en essayant de faire
du « Da mihi animas, cœtera tolle » une réalité dans l’annonce de
l’Évangile, en faveur de nos jeunes et pour notre propre bien.
Notre mission nous place très souvent à la frontière, là où nous en-
trons habituellement en contact avec des chrétiens d’autres confes-
sions, avec des membres d’autres religions, avec des non-croyants
ou des croyants éloignés : nous devons accomplir notre mission avec
eux et pour eux aussi. Chaque temps et chaque lieu sont propices à
l’annonce de l’Évangile.
Mes chers Confrères, aujourd’hui, après le CG28 :
Il est urgent de donner la priorité absolue à l’engagement pour
l’évangélisation des jeunes avec des propositions conscientes,
intentionnelles et explicites. Nous sommes invités à leur faire
connaître Jésus et la Bonne Nouvelle de l’Évangile pour leur vie.
Il est urgent d’aider les jeunes (et leurs familles) à découvrir la
présence du Christ dans leur vie comme la clé du bonheur et du
sens de l’existence.
Il est urgent d’accompagner les enfants, les adolescents et les
jeunes dans leur processus d’éducation à la foi, afin qu’ils puis-
sent adhérer personnellement à la personne du Christ.
Il est urgent d’être de « vrais éducateurs » qui, à partir de leur
expérience personnelle, accompagnent le jeune dans le dialogue
avec Dieu dans la prière et la célébration des sacrements.
Sans cela, chers Confrères, d’autres efforts titanesques de la Congré-
gation tendront à fournir une bonne promotion humaine et une assis-
23

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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tance sociale – qui sont toujours fort nécessaires et font partie de not-
re identité charismatique – mais ne nous conduiront pas à la première
raison pour laquelle l’Esprit Saint a suscité le charisme salésien en
Don Bosco : « Fidèles aux tâches que Don Bosco nous a transmises,
nous sommes évangélisateurs des jeunes. » (C 6) Le premier objectif
de notre pastorale auprès des jeunes est la conversion des personne à
l’Évangile de Jésus-Christ.
Avec toutes les nuances de la sensibilité historique, dont nous devons
tenir compte, et la compréhension linguistique de l’époque, que nous
considérons nécessaire, nous ne pouvons pas négliger l’élément es-
sentiel et constitutif qui a caractérisé l’action éducative et pastorale de
Don Bosco, que le Recteur Majeur, Père Vecchi, exprimait comme
suit : « La pédagogie de Don Bosco est une pédagogie de l’âme, de la
grâce, du surnaturel. Lorsque nous réussissons à activer cette énergie,
commence le travail d’éducation le plus fructueux. L’autre, valable en
soi, est propre et concomitant à celui-ci qui le transcende. »7
Le « cœtera tolle » nous rend prêts à abandonner tout ce qui nous em-
pêche d’aller vers ceux qui ont le plus besoin de nous. C’est l’ascèse
qui émane de l’option précédente, renonçant à beaucoup de choses
(goûts personnels, préférences, et même actions et services légitimes),
à ce qui ne nous permet pas de consacrer toutes les énergies du cœur
pastoral à ce à quoi nous avons donné la priorité.
PROPOSITION
C’est pourquoi, je propose à notre Congrégation, pour le prochain
sexennat, d’être exigeants avec nous-mêmes en répondant à
l’« URGENCE DE PROPOSER À NOUVEAU AVEC UNE PLUS
GRANDE CONVICTION LA PREMIÈRE ANNONCE parce que
“Rien n’est plus ‘solide’, plus profond, plus sûr, plus dense et plus
sage que cette annonce” (ChV 214). »8
7 J.E. VECCHI, Indicazioni per un cammino di spiritualità salesiana, in ACG 354, 1995,
p. 26.
8 CG28, Priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui. Premier noyau
thématique, n. 4.
24

3.2 Page 22

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Pour cette raison :
Le Recteur Majeur et son Conseil, et chaque Province, s’engage-
ront, durant ce sexennat, à prendre les décisions appropriées pour
qualifier la présence salésienne dans l’évangélisation et l’éduca-
tion à la foi. Il s’agit ici d’une authentique conversion pastorale,
personnelle et communautaire à laquelle nous sommes appelés.
Nous devrons promouvoir une pastorale des jeunes qui les ac-
compagne en vue de leur maturation personnelle, de leur crois-
sance dans la foi, et qui ait pour principe unificateur la dimension
vocationnelle (DF 140, ChV 254).9
Nous continuerons à travailler à tous les niveaux de notre Congré-
gation pour provoquer « un changement de mentalité face à la
mission à accomplir. » (Pape François au CG28)10
Nous ferons connaître et estimer comme pilier fondamental de
notre œuvre d’évangélisation et d’éducation ce qui a été essentiel
pour Don Bosco et pour tant de générations de Salésiens : la mer-
veilleuse présence de notre Mère, la Vierge Auxiliatrice, dans nos
propositions éducatives et dans notre prière avec les jeunes.
9 Document final du Synode des Jeunes, désigné par DF, Rome, 27 octobre 2018.
10 Le Pape François nous a dit : « L’“option Valdocco” pour votre CG28 est une bonne
occasion pour vous confronter avec vos sources et demander au Seigneur : “Da mihi
animas, cœtera tolle”. “Tolle” surtout ce qui a été peu à peu incorporé et perpétué en
cours de route, qui aurait pu être une réponse adéquate en d’autres temps mais qui vous
empêche aujourd’hui de configurer et de façonner la présence salésienne de manière
évangéliquement significative dans les différentes situations de la mission. Cela néces-
site, de votre part, de surmonter les peurs et les appréhensions qui peuvent découler du
fait d’avoir cru que le charisme se réduisait ou s’identifiait avec certaines œuvres ou
structures bien déterminées. Vivre fidèlement le charisme est quelque chose de plus
riche et de plus stimulant que le simple abandon, retrait ou réajustement des maisons ou
des activités ; cela implique un changement de mentalité face à la mission à accomplir. »
25

3.3 Page 23

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3. VIVRE LE « SACREMENT SALÉSIEN » DE LA PRÉSENCE
« Notre vocation est marquée par un don spécial de Dieu, la
prédilection pour les jeunes : “Il suffit que vous soyez jeunes, pour
que je vous aime beaucoup”. Cet amour, expression de la charité
pastorale, donne son sens à toute notre vie.
Pour leur bien, nous offrons avec générosité notre temps, nos
talents et notre santé : “Pour vous j’étudie, pour vous je travaille,
pour vous je vis, pour vous je suis disposé à donner jusqu’à ma
vie”. » (C 14)
Dans son Message au Chapitre, le Pape François nous a parlé de
« l’option Valdocco » et du « charisme de la présence », ce charisme
que je me permets de qualifier librement de « sacrement salésien » de
la présence. Le Pape écrit ceci : « Avant même des choses à faire, le
Salésien est un rappel vivant d’une présence où disponibilité, écoute,
joie et dévouement sont les notes essentielles pour susciter des pro-
cessus. La gratuité de la présence sauve la Congrégation de toute
obsession militante et de tout réductionnisme technico-fonctionnel.
Le premier appel est d’être une présence joyeuse et gratuite parmi les
jeunes. » Notre être de disciples du Seigneur, notre manière authen-
tique et profonde d’être apôtres de la jeunesse, passe avant tout par
notre présence parmi les gens et, d’une manière spéciale, parmi les
enfants et les jeunes.
Ce qui a été dit de manière familière ne peut pas être mieux exprimé.
Il s’agit, chers Confrères, de retrouver le premier amour vocationnel,
celui que nous avons tous éprouvé lorsque nous avons senti que le
Seigneur nous appelait à être une présence joyeuse et gratuite parmi les
jeunes. J’ose dire qu’il n’y a pas un seul Salésien qui, d’une manière
ou d’une autre, n’ait ressenti cela dans son cœur.
Au cours du CG28, nous avons réfléchi sur cet aspect. Nous avons
réalisé que de nombreux jeunes vivent dans une véritable situation
d’« orphelins », même s’ils ont des parents. Les jeunes eux-mêmes
nous ont dit dans leur message au CG28 : « Nous avons peur, nous
sommes embarrassés, frustrés et avons besoin d’être aimés... Une des
conséquences de notre peur est la difficulté que nous éprouvons à nous
engager... Nous pensons que notre société est individualiste et que
26

3.4 Page 24

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nous aussi, nous sommes souvent individualistes... Nous voulons être
capables de “retourner à l’essentiel du premier amour” (ChV 34) qui
est le Christ, à sa façon d’être compagnon et ami des jeunes. Notre
recherche d’épanouissement spirituel et personnel nous préoccupe.
Nous voulons avancer vers la croissance spirituelle et personnelle, et
nous voulons le faire avec vous, les Salésiens. »11
Nous ne doutons pas de cette vérité des jeunes eux-mêmes, que nous
avons en même temps reconnue dans la salle capitulaire : « Ils nous
demandent du temps et nous leur donnons de l’espace ; ils nous de-
mandent des relations et nous leur fournissons des services ; ils nous
demandent une vie fraternelle et nous leur offrons des structures ; ils
nous demandent de l’amitié et nous leur organisons des activités. Tout
cela nous engage à redécouvrir les richesses et le potentiel de “l’esprit
de famille”. »12
Ces mêmes jeunes qui nous ont accompagnés pendant le Chapitre
Général nous ont lancé un appel fort à être une présence significative
pour eux. Ils nous ont dit explicitement : « Notre recherche d’épa-
nouissement spirituel et personnel nous préoccupe. Nous voulons
avancer vers la croissance spirituelle et personnelle, et nous voulons le
faire avec vous, les Salésiens (...) Nous aimerions que vous, précisé-
ment, nous guidiez avec amour dans les réalités que nous vivons (...)
Salésiens, n’oubliez pas les jeunes car nous, nous ne vous avons pas
oubliés, ni vous ni le charisme que vous nous avez appris ! Cela, nous
voulons l’exprimer de tout notre cœur. En étant ici [au Chapitre], nous
avons réalisé un rêve : nous trouver en cet endroit spécial du Valdocco,
là où a commencé la mission salésienne, réunissant Salésiens et jeunes
pour la mission salésienne, avec notre volonté d’être saints ensemble.
Vous avez notre cœur entre vos mains. Vous devez prendre soin de
votre précieux trésor. S’il vous plaît, ne nous oubliez pas et continuez
à nous écouter. »13
Chers Confrères, c’est un grand privilège de sentir battre le cœur des jeu-
nes ! Et je ne doute pas que dans toute la Congrégation, il n’y ait de
11 Lettre des jeunes au CG28.
12 CG28, Priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui. Premier noyau
thématique, n. 5.
13 Lettre des jeunes au CG28.
27

3.5 Page 25

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nombreux confrères qui sont aujourd’hui pour les jeunes de vrais Don
Bosco. Mais je ne m’en contente pas. Nous devons l’être tous. Nous
devons continuer sur la voie de la conversion. Cet engagement exige de
nous un changement de mentalité et de rythmes de vie, une mentalité et
un cœur ouverts, un dépassement d’habitudes enracinées et cristallisées.
Les jeunes nous disent qu’ils nous aiment bien, qu’ils ont besoin de
nous, qu’ils nous attendent. L’expression de Don Bosco « applique-toi
à te faire aimer » est aujourd’hui d’une grande actualité. La présence ne
consiste pas uniquement à passer du temps avec les jeunes en groupe
mais de les rencontrer individuellement, personnellement, pour instau-
rer une relation qui permette de connaître et d’entendre leurs désirs, leurs
difficultés et leurs efforts et, parfois, leurs peurs et leurs craintes. C’est
une relation qui veut aller au-delà d’une connaissance superficielle, qui
offre une amitié caractérisée par la confiance mutuelle et par le partage
réciproque. La bonté affectueuse (« amorevolezza ») est ainsi devenue
la forme substantielle de la charité de Don Bosco. Il nous demande
aujourd’hui, comme dans la Lettre de Rome de 1884, d’être capables de
nous rencontrer, d’être disponibles à l’accueil et capables de familiari-
té. Comme Don Bosco, nous devons cultiver encore l’art de faire le pre-
mier pas, en éliminant distances et barrières, et en faisant naître la joie
et le désir de se revoir, d’être amis. Cet art consiste aussi à créer, avec
patience et dévouement, une atmosphère riche d’humanité, un climat
familier où les enfants et les jeunes se sentent tout à fait libres et capa-
bles de s’exprimer et d’être eux-mêmes, en assimilant avec joie les
valeurs qui leur sont proposées. Cette pédagogie de l’esprit de famille est
aussi une école de la foi pour les jeunes. Nous leur offrons amour et
accueil inconditionnel pour qu’ils puissent découvrir progressivement et
à partir d’une option de liberté personnelle, la confiance et le dialogue,
ainsi que la célébration et l’expérience communautaire de la foi.
Et n’oublions pas que la présence salésienne est une présence particu-
lière, c’est-à-dire que le Salésien traite les jeunes avec un profond
respect, les rencontre à leur niveau de liberté, et les traite comme des
sujets actifs et responsables de la communauté éducative et pastorale.
Pour cela, le Salésien apprend un style d’écoute, de dialogue et de
discernement personnel et communautaire. Et cela vaut non seulement
pour la pastorale parmi les jeunes mais aussi dans les maisons de for-
mation où « l’on apprend à être Salésiens. »
28

3.6 Page 26

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Mais cette modalité de présence n’est pas possible si l’on se tient à
distance des jeunes : loin d’eux physiquement et loin de leur psycholo-
gie et de leur monde culturel. Là est le danger. La juste alternative est de
vivre comme Salésiens, comme fils de Don Bosco, la même expérien-
ce de paternité qu’il a lui-même vécue avec ses jeunes et qui se traduit
en un véritable amour et, en même temps, en une réelle « autorité » en-
vers les jeunes eux-mêmes. Et ce, à partir de la grande valeur qu’a pour
nous la présence au milieu des jeunes. Dans le message du Pape au
CG28, on peut lire : « Votre consécration est, avant tout, le signe d’un
amour gratuit du Seigneur et pour le Seigneur chez ses jeunes, qui ne se
définit pas principalement par un ministère, une fonction ou un service
particulier, mais par une présence. Avant même des choses à faire, le
Salésien est un rappel vivant d’une présence où disponibilité, écoute,
joie et dévouement sont les notes essentielles pour susciter des proces-
sus. La gratuité de la présence sauve la Congrégation de toute obsession
militante et de tout réductionnisme technico-fonctionnel. Le premier
appel est d’être une présence joyeuse et gratuite parmi les jeunes. »
Je me permets de rappeler qu’aujourd’hui, la présence concerne aussi
le monde numérique, un nouvel et véritable aréopage pour nous, un
habitat des jeunes d’aujourd’hui. Ici aussi nous devons être présents
avec une claire identité salésienne, avec le désir d’annoncer la Bonne
Nouvelle, tout naturellement avec la joie et la simplicité des disciples
du Seigneur.14
PROPOSITION
Pour ce sexennat, je propose, comme expression de notre CONVER-
SION, ce qui est déjà demandé par le CG26, à savoir :
« Que le Salésien trouve le temps de se tenir au milieu des jeunes
en ami, en éducateur et en témoin de Dieu, quel que soit son rôle
dans la communauté. »15
14 « La révolution numérique nous demande de comprendre les profondes transformations
qui ont lieu non seulement dans le domaine de la communication, mais surtout dans la ma-
nière dont nous établissons et gérons nos relations humaines. » (Noyau thématique 1 éla-
boré par le CG28)
15 CG26, « Da mihi animas, cœtera tolle », n.14.
29

3.7 Page 27

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Bien qu’il semble étrange de devoir demander à un Salésien de trouver
du temps pour être avec les jeunes, je pense que c’est extrêmement
nécessaire.
Pour cette raison, on propose de
Promouvoir une présence effective et affective parmi et avec les
jeunes, en communion de vie et d’action. Et valoriser et relancer
la belle expérience et la figure renouvelée de l’assistant, non seu-
lement pour le stagiaire (« tirocinante ») mais pour toute la vie du
Salésien de Don Bosco.
Soigner le style « oratorien » (oratoire-centre de jeunes) dans
chaque présence : l’atmosphère familiale, l’accueil, la spiritualité
et la dimension de la joie profonde.
Accompagner le dynamisme des jeunes en promouvant leur pro-
tagonisme et leur leadership dans chaque maison et dans la mis-
sion salésienne qui s’y déroule.
Assurer la présence de formateurs dans les communautés de for-
mation où l’esprit salésien est communiqué avant tout par l’exem-
ple : être parmi les jeunes confrères, en les aidant fortement à être
les premiers responsables de leur propre formation.
Engager le Dicastère pour la Communication Sociale, à différents
niveaux, à offrir des instruments et des stimulants pour un proces-
sus constant de vérification, d’actualisation, d’inculturation de la
mission salésienne dans l’habitat numérique où vivent les jeunes,
en impliquant nos universités, en réseau avec d’autres Centres et
Agences qui suivent et étudient de plus près les transformations
que le monde numérique apporte parmi les nouvelles générations.
30

3.8 Page 28

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4. LA FORMATION POUR ÊTRE
SALÉSIENS PASTEURS AUOURD’HUI
« Eclairé par la personne du Christ et par son Evangile vécu selon
l’esprit de Don Bosco, le salésien s’engage dans un processus de
formation qui dure toute la vie, et il en respecte les rythmes de ma-
turation. Il fait l’expérience des valeurs de la vocation salésienne
dans les divers moments de son existence et accepte l’ascèse qu’un
tel cheminement comporte.
Avec l’aide de Marie, mère et maîtresse de vie, il s’efforce de de-
venir éducateur pasteur des jeunes, selon la forme de vie, laïque ou
sacerdotale, qui lui est propre. » (C 98)
La formation est vraiment un cadeau précieux du Seigneur qui fait
mûrir en nous, en tant que Salésiens de Don Bosco, le don inestima-
ble de l’appel du Père à la vocation chrétienne et consacrée. Bien que
la réalité numérique des vocations ne soit pas homogène partout dans
le monde, la Congrégation est bénie chaque année avec l’entrée de
quelque 450 novices. Remercions Dieu parce que, comme le disent
nos Constitutions, chaque appel manifeste combien le Seigneur aime
l’Église et notre Congrégation (cf. C 22).
Cependant, l’Assemblée capitulaire a également reconnu certaines de
nos faiblesses et les a exprimées ainsi : « En effet, nous constatons que
l’identité consacrée salésienne semble parfois faible et peu enracinée :
le primat de Dieu dans la vie personnelle et communautaire n’apparaît
pas toujours clairement ; des formes de cléricalisme et de sécularisme
risquent d’introduire la « mondanité spirituelle » dans la Congréga-
tion ; la promotion du Salésien laïc reste rare dans certaines régions ; le
manque de personnel formé dans le domaine de la salésianité, malgré
l’abondance du matériel disponible, est le signe d’une attention insuf-
fisante à l’approfondissement du charisme. »16 De fait, cette requête est
apparue très fortement au cours des travaux de notre CG28.
J’oserais dire que si cela se produit dans toutes les Congrégations
religieuses, et même dans la formation des séminaires diocésains, la
distance abyssale que l’on perçoit entre la formation et la mission
16 CG28, Profil du Salésien aujourd’hui. Second noyau thématique, n. 16.
31

3.9 Page 29

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salésienne est sans aucun doute un grand défi pour nous. Peut-être
cette distance est-elle due à la grande différence qui existe entre la ré-
alité des maisons de formation initiale et la vie dans les communautés
apostoliques (les communautés habituelles de toutes les Provinces) ;
peut-être le phénomène dépend-il aussi du fait que la formation ne ré-
ussit pas toujours à toucher le cœur du jeune Salésien en formation ;
peut-être dans le cursus de formation transmettons-nous des connais-
sances et des informations qui ne réussissent pas à toucher la vie et la
mission salésienne. La croissance est un processus lent d’unification
de la personne, qui met en relation expériences de la vie, besoins exis-
tentiels, connaissances, mission, rapports, vocation, projet de vie...
Dans ce processus d’unification, nous nous formons pour être des édu-
cateurs et des pasteurs dans un monde nouveau et dans une mission
renouvelée. Quelle que soit la raison des limites de la formation que
nous constatons, nous nous trouvons face à un grand défi que la
Congrégation a mis en évidence et que nous devons affronter avec
décision au cours du sexennat.
D’un autre côté, on ne peut nier qu’il existe cette conviction dangereu-
se selon laquelle la formation se terminerait après avoir accompli les
étapes initiales ; et, dans le cas des candidats à la prêtrise, qu’elle co-
ïnciderait avec leur accès au ministère. Cette idée fausse nous fait beau-
coup de mal et nous conduit à payer des prix élevés dans le ministère
pastoral. Il s’agit donc de comprendre la formation comme un proces-
sus de transformation personnelle qui dure toute une vie, même s’il se
caractérise par une intensité particulière et avec une attention spéci-
fique dans les premières étapes. En définitive, la formation est un che-
minement nécessaire pour construire et sauvegarder notre vocation.
Souvent, nous ne savons pas transformer la vie pastorale quotidienne
en une opportunité permanente pour notre formation et « c’est pour-
quoi la communauté – tant religieuse que pastorale et éducative – n’est
pas en mesure de devenir le milieu naturel et ordinaire dans lequel on
se forme. »17 Nous sommes conscients de certaines faiblesses pasto-
rales possibles : superficialité, improvisation, activisme. Le danger de
l’individualisme n’est pas moins important. Tout cela demande de
17 Ibidem, n. 18.
32

3.10 Page 30

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l’humilité, de la clarté, de l’authenticité et une nouvelle impulsion dans
la compréhension communautaire de notre vie et de notre mission.
Comme cela a été dit au Chapitre Général, la formation initiale est une
réalité multiforme, positive et prometteuse. Face à cette situation, la
formation des formateurs, c’est-à-dire des confrères qui, avec une
« vocation particulière dans leur propre vocation », accompagnent la
formation des jeunes Salésiens ; et la constitution de bonnes équipes
de personnes qui puissent accompagner les étapes de la formation est
une réelle urgence et une réelle priorité, puisque la communauté est
le premier lieu de formation.
Doit-on parler de la nécessité d’adopter un nouveau style de forma-
tion ? Dans son message au Chapitre Général, le Pape François nous
en parle : « Penser à la figure du Salésien pour les jeunes d’aujourd’-
hui implique d’accepter que nous sommes plongés dans un temps de
changements, avec toute l’incertitude qui en découle. »18 « Il est donc
nécessaire de renouveler notre style de formation, qui doit être pensé
de plus en plus de manière personnalisée, holistique, relationnelle,
contextuelle et interculturelle. »19 Nous devrons continuer à avancer
pour mettre en place et vivre réellement la formation dans l’horizon de
la vocation, et donc bien loin d’être comprise, comme nous avons
parfois tendance à le faire, uniquement comme un devoir qui dure
quelques années et que l’on doit nécessairement accomplir pour arri-
ver à la « vie réelle », à la vie concrète, à celle que l’on recherchait.
Quel concept dangereux de la formation que celui qui oppose la vie
réelle à la formation du Salésien éducateur et pasteur !
En somme, la formation est un véritable travail artisanal, tant de la
part de ceux qui accompagnent les confrères que de la part de chacun
dans son propre processus de formation. Dans ce domaine aujourd’hui,
il n’y a pas de place pour la « production en série. » L’artisanat parle
d’œuvres d’art uniques, faites à la main, une par une. En parlant de ce
travail artisanal, nous ne pouvons aujourd’hui négliger la figure de la
femme dans les milieux éducatifs salésiens. En effet, « la présence de
la femme dans un grand nombre de nos œuvres est un donné de fait,
18 Ibidem, n. 20.
19 Ibidem, n. 20.
33

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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tant parmi nos destinataires que parmi les responsables de l’éduca-
tion. »20 En ce sens, le Pape François nous a lancé un appel fort dans
son Message en disant : « Qu’en serait-il du Valdocco sans la présen-
ce de Maman Marguerite ? Vos maisons auraient-elles été possibles
sans cette femme de foi ? [...] Sans une présence réelle, effective et
affective des femmes, vos œuvres n’auraient pas le courage et la
capacité de décliner la présence comme hospitalité, comme maison.
Face à la rigueur qui exclut, nous devons apprendre à générer la nou-
velle vie de l’Évangile. Je vous invite à poursuivre une dynamique
dans laquelle la voix de la femme, son regard et son action – appréciés
dans leur singularité – trouvent un écho dans la prise de décision, en
tant qu’acteur non auxiliaire mais constitutif de vos présences. »
Un style et un modèle de formation renouvelés, même avec le ton qua-
si solennel qu’y met le Pape François, ne seront pas possibles si l’on
oublie le protagoniste le plus important qui n’est ni le formateur ni la
personne en formation, mais l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu, envers qui
chacun de nous doit être docile. Pour cette raison, nos Constitutions se
souviennent que « chaque Salésien assume la responsabilité de sa
formation. » (C 99) Permettez-moi d’ajouter que chaque confrère doit
laisser l’Esprit Saint transformer son cœur tout au long de sa vie et à
tout moment.
Un parcours formateur vécu de cette manière nous permettra de conso-
lider dans la Congrégation ce que j’ai affirmé dans les pages précé-
dentes : le « Da mihi animas » doit être le moteur de la passion édu-
cative et évangélisatrice, et aussi « l’énergie » de tout le processus de
formation.
En fait, la nature apostolique de notre charisme détermine notre for-
mation de manière décisive. Comme nous le rappelle le Pape Fran-
çois dans son message, « il est important de faire valoir que nous ne
sommes pas formés pour la mission, mais que nous sommes formés
dans la mission, à partir de laquelle tourne toute notre vie, avec ses
choix et ses priorités. La formation initiale et la formation permanen-
te ne peuvent pas être une instance préalable, parallèle ou séparée de
l’identité et de la sensibilité du disciple. »
20 CG24, n. 166.
34

4.2 Page 32

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Il est évident que nous avons devant nous l’un des noyaux thématiques
essentiels du cheminement de la Congrégation pour les six prochaines
années : prendre soin de la vocation de chaque confrère en particulier,
et des jeunes confrères en formation, de telle manière que nous arri-
vions tous à être Salésiens de Don Bosco de qui nos enfants, nos jeu-
nes et leurs familles ont besoin aujourd’hui.
PROPOSITION
Nous nous engageons à combler le fossé entre formation et mission
en favorisant dans la Congrégation une culture renouvelée de la
formation dans la mission pour aujourd’hui, à travers le monde
salésien, par des mesures et des décisions très importantes.
Pour cette raison :
Nous promouvons un engagement renouvelé dans l’accompagne-
ment formatif des confrères, qui puisse toucher le cœur et nous
rendre disponibles pour un don de soi vrai et radical. À cet effet,
nous valorisons le document « Jeunes Salésiens et Accompagne-
ment. Orientations et Directives », où l’on réaffirme que notre mo-
dèle de formation ne peut être que le Système Préventif.
Les communautés de formation initiale conserveront un style de
vie sobre et caractérisé par une profondeur spirituelle et une
grande capacité de service et de travail, qui préserve de l’embour-
geoisement et forme aux besoins de la mission. L’accompagne-
ment pastoral sera garanti comme stratégie fondamentale pour une
formation à la mission et dans la mission.
Nous investissons nos énergies dans la recherche et la formation de
formateurs et affrontons courageusement la remise en question des
références institutionnelles et des structures de formation.
Le Secteur de la Formation effectuera un travail sérieux et exigeant
de mise à jour de la Ratio, en renforçant ce qui favorise l’intégra-
tion entre formation et mission, et empêche que se produise un écart
entre les deux dimensions. Le Secteur garantira des processus de vé-
ritable maturation, de personnalisation et d’accompagnement.
35

4.3 Page 33

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5. PRIORITÉ ABSOLUE POUR LES JEUNES, LES PLUS PAUVRES
ET LES PLUS ABANDONNÉS ET SANS DÉFENSE
« Le Seigneur a indiqué à Don Bosco les jeunes, spécialement les
plus pauvres, comme premiers et principaux destinataires de sa
mission.
Appelés à cette même mission, nous en saisissons l’extrême im-
portance : les jeunes vivent à l’âge des choix de vie fondamentaux
qui préparent l’avenir de la société et de l’Eglise.
Avec Don Bosco nous réaffirmons notre préférence pour la
“jeunesse pauvre, abandonnée, en péril”, qui a le plus besoin
d’être aimée et évangélisée, et nous travaillons spécialement dans
les lieux de plus grande pauvreté. » (C 26)
J’aimerais commencer à développer cette priorité à partir des quelques
phrases que j’ai pu consacrer à cette question dans ma dernière inter-
vention dans la Salle Capitulaire, avant la conclusion anticipée de no-
tre CG28. Je peux vous assurer, chers Confrères, que les mots étaient
peu nombreux mais la conviction était forte et grande.
J’ai dit : « Je rêve que dire aujourd’hui “Salésiens de Don Bosco”
signifie dire consacrés “fous”, c’est-à-dire des Salésiens qui aiment
avec un vrai cœur salésien, voire “un peu fou”, orienté vers les plus
pauvres.
« Chers Confrères, si nous nous éloignons des plus pauvres, ce sera la
mort de la Congrégation. Don Bosco l’a dit en parlant de pauvreté et
de richesse. Je me permets d’ajouter : si, un jour, nous abandonnons
les jeunes, et parmi eux les plus pauvres, commencera alors le déclin
de la Congrégation, une Congrégation qui, grâce à Dieu, jouit au-
jourd’hui d’une bonne santé, malgré nos fragilités !
« Restons donc attentifs à ce que je considère comme une authentique
“résolution capitulaire”, non pas au sens propre car son contenu se
trouve déjà dans nos Constitutions : une option radicale, préférentielle,
personnelle, institutionnelle et structurelle en faveur des jeunes les
plus défavorisés, les plus pauvres et les exclus. C’est une option qui se
manifeste tout particulièrement dans la défense des enfants et des
jeunes exploités et victimes de toutes formes d’abus : depuis l’abus
sexuel jusqu’à la violence, depuis l’injustice jusqu’à l’abus de pouvoir.
36

4.4 Page 34

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Ce quatrième défi est un très bel engagement que chaque Salésien
doit porter dans son cœur. Un sexennat guidé par cette lumière nous
donnera beaucoup de vie. »
Je suis convaincu que le fait d’assumer cette perspective comme
indispensable sera très significatif dans toute la Congrégation et dans
tous les contextes, cultures et continents. Aujourd’hui, il existe de
nombreuses pauvretés chez les jeunes, qui exigent une attention
urgente de la part de toute la famille humaine, et sans aucun doute de
notre part à nous, Salésiens, d’une manière particulière. En effet,
l’histoire de notre Congrégation se caractérise par des appels à aller à
la rencontre des jeunes les plus pauvres. « Comme fils de Don Bosco,
[les Salésiens] ont contracté un engagement historique à servir les
jeunes pauvres. »21
Notre Père Don Bosco lui-même nous a dit en son temps : « Tout le
monde nous verra et nous accueillera avec sympathie, à condition que
nos préoccupations et nos requêtes soient en faveur des enfants des
pauvres, ceux qui sont le plus en péril dans la société. Ce doit être
pour nous la plus grande satisfaction que personne ne puisse nous
enlever. »22
Il y a de nombreuses années, le CG19 déclarait : « Aujourd’hui plus
que jamais, Don Bosco et l’Église nous envoient travailler parmi les
pauvres, les moins fortunés et le peuple. »23 Le CG20 a parlé aussi de
la priorité absolue des « jeunes » et parmi eux « les pauvres et les
abandonnés » lorsqu’il a demandé qui étaient les destinataires concrets
de notre mission.24
Nous avons nous-mêmes dit dans notre récent Chapitre que nous som-
mes consacrés à Dieu pour les jeunes les plus pauvres. Comme Don
Bosco, nous avons nous aussi promis dans notre profession religieuse
de nous offrir à Dieu en engageant nos forces au service des jeunes,
surtout des plus pauvres, et que pour cela nous devons « écouter
ensemble l’appel que Dieu nous adresse à travers les pauvretés des
21 CGXX, n. 580.
22 MB XVII, 272 ; Cf. MB XVII, 207.
23 CGXIX, ACS 244, p. 94.
24 CGXX, n. 45.
37

4.5 Page 35

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jeunes. Cet appel requiert également une profondeur spirituelle pour
ne pas tomber dans l’activisme ou dans une mentalité d’entreprise,
une préparation culturelle pour comprendre les phénomènes dans
lesquels nous sommes plongés et les nouvelle pauvretés des jeunes,
une disponibilité à travailler ensemble, en abandonnant tout indivi-
dualisme pastoral, de la flexibilité pour repenser notre style de vie et
nos œuvres, surtout lorsqu’elles n’expriment plus l’énergie mission-
naire du charisme et répondent principalement à la logique du main-
tien des choses en l’état. »25
En somme, l’appel que je lance à tout le monde est de vraiment re-
garder les visages de nos enfants et de nos jeunes jusqu’à arriver à
connaître leurs histoires de vie, souvent traversées par de véritables tra-
gédies. Si cela se produit, c’est parce que nous aimons vraiment les
jeunes et cela nous causera de la souffrance et de la douleur pour
eux. Le Pape François, parlant de l’option Valdocco et du don de la
jeunesse, nous dit quelque chose de précieux, qui ne m’a pas laissé
indifférent : « L’Oratoire salésien et tout ce qui en a découlé, ainsi que
le racontent les Mémoires de l’Oratoire, est né comme une réponse à
la vie de jeunes avec un visage et une histoire, qui ont mis en mouve-
ment ce jeune prêtre incapable de rester neutre ou inactif devant ce
qui se produisait. Ce fut bien plus qu’un geste de bonne volonté ou de
gentillesse (...). Je crois plutôt à un acte de conversion permanente et
à une réponse au Seigneur qui, “fatigué de frapper” à nos portes, attend
que nous allions le chercher et le rencontrer... ou que nous le laissions
sortir quand il frappe de l’intérieur. Une conversion qui a impliqué (et
compliqué) toute la vie de Don Bosco et celle de son entourage. Don
Bosco, non seulement ne choisit pas de se séparer du monde pour
rechercher la sainteté, mais se laisse interpeller et choisit comment et
dans quel monde vivre. »26
25 CG28, Priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui. Premier noyau
thématique, n. 8.
26 PAPE FRANÇOIS, Message au CG28.
38

4.6 Page 36

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PROPOSITION
Au cours du sexennat, la Congrégation dans toutes ses Provinces
fait l’option radicale, préférentielle, personnelle – c’est-à-dire de la
part de chaque Salésien – et institutionnelle en faveur des jeunes
les plus désavantagés, garçons et filles, pauvres et exclus, avec une
attention particulière à la défense de ceux qui sont exploités et
victimes de tout abus et de toute violence (« abus de pouvoir, abus
économiques, abus de conscience, abus sexuels. »27)
Pour cette raison :
Dans chaque présence salésienne dans le monde et dans chaque
Province, les décisions nécessaires doivent être prises pour que les
enfants et les jeunes les plus pauvres, dans les lieux où nous som-
mes présents, ne soient jamais exclus d’une maison salésienne,
quel que soit l’effort à fournir. Penser, décider, créer des moyens
pour rendre ce choix possible (comme l’a toujours fait notre Père
Don Bosco).
Dans chaque Province et chaque maison salésienne, il y aura un
code éthique pour le soin, la prévention et la défense des jeunes
mineurs qui nous sont confiés, avec l’engagement de les protéger
contre tout type d’abus, d’où qu’ils viennent. Pour nous, les jeunes
garçons et filles sont sacrés au nom de Dieu.
Au niveau mondial, au niveau provincial et au niveau local, nous
nous engageons à promouvoir les différents réseaux, les actions et
les bonnes pratiques qui concernent notre travail et notre présence
parmi les garçons et les filles les plus pauvres, particulièrement
aussi parmi les réfugiés et les immigrés. Les organisations salé-
siennes comme DBNetwork, DBGA et RASS doivent contribuer
à assurer la protection des mineurs et à marcher en communion
toujours plus grande avec le Dicastère (Secteur) de la Pastorale
des Jeunes de la Congrégation.
27 ChV 98.
39

4.7 Page 37

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6. AVEC LES LAÏCS DANS LA MISSION
ET DANS LA FORMATION
« Nous réalisons dans nos œuvres la communauté éducative et
pastorale. Elle associe, dans un climat de famille, jeunes et adultes,
parents et éducateurs, au point de devenir une expérience d’Église,
révélatrice du dessein de Dieu.
Dans cette communauté, les laïcs, associés à notre travail, apportent
la contribution originale de leur expérience et de leur style de vie.
Nous accueillons et suscitons leur collaboration et nous leur of-
frons la possibilité de connaître et d’approfondir l’esprit salésien
et la pratique du Système Préventif. Nous favorisons la croissan-
ce spirituelle de chacun d’eux et proposons, à qui y serait appelé,
de partager plus étroitement notre mission dans la Famille Salé-
sienne. » (C 47)
Cet article de nos Constitutions contient les éléments les plus essentiels
de notre mission partagée avec les laïcs. Avec cette vision, nous devons
nous confronter et vérifier dans quelle mesure le cheminement de la
Congrégation, de chaque Province et de chaque confrère va dans cet-
te direction, qui exprime bien notre identité charismatique. Nous som-
mes engagés dans la formation des laïcs qui partagent la mission avec
nous, en soutenant leur croissance personnelle, leur chemin de foi et
leur identification vitale avec l’esprit salésien. En outre, nous devons
leur offrir les moyens de mener à bien les tâches qui leur sont confiées.
La (re)découverte de la vocation et de la mission des laïcs est l’une des
grandes frontières du renouveau proposé par le Concile Vatican II et
reflété dans le Magistère qui a suivi.28 Notre CG24 a certainement été
une réponse charismatique à l’ecclésiologie de communion de Vatican
II. Nous savons très bien que Don Bosco, dès le début de sa mission
au Valdocco, a impliqué de nombreux laïcs, amis et collaborateurs afin
qu’ils puissent participer à sa mission parmi les jeunes. Dès le début,
« il suscite le partage et la coresponsabilité chez des ecclésiastiques et
des laïcs, hommes et femmes. »29 Il s’agit donc, malgré nos résistan-
ces, d’un point de non-retour car, en plus de correspondre aux actions
28 CG28, Avec les laïcs dans la mission et dans la formation, Noyau thématique 3,
Reconnaître.
29 CG24, n. 71.
40

4.8 Page 38

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de Don Bosco, le modèle opérationnel de la mission partagée avec les
laïcs proposé par le CG24 est en fait « le seul praticable dans les condi-
tions actuelles. »30
Vingt-quatre ans après la célébration de ce Chapitre Général, nous
devons reconnaître que la réception et la mise en œuvre de ce qui a été
décidé ont été très différentes. Dans certaines Régions de la Congré-
gation, la présence des laïcs dans la mission salésienne est devenue
plus évidente. Dans d’autres, le cheminement est beaucoup plus lent.
Dans d’autres cas, l’expérience de communion en est encore à ses
débuts – comme un chemin à peine entrepris – et parfois nous ren-
controns aussi des phénomènes de véritable résistance.
Il est certain qu’au cours de ces années, même dans les réalités cultu-
relles les plus diverses, des progrès ont été réalisés. Souvent, les rela-
tions entre Salésiens et laïcs sont caractérisées par la cordialité, l’ap-
préciation mutuelle, le respect, la collaboration et, lorsqu’il y a une
identité claire, la réalité des communautés éducatives et pastorales est
très riche – même si la valeur de la vocation et de la mission des laïcs
n’est pas toujours bien perçue. En fait, nous avons tendance à recon-
naître plus facilement ce qu’ils font que leur identité de laïcs.
Il est vrai que parmi les laïcs des présences salésiennes dans les 134
pays où nous nous trouvons, il y a une grande variété : beaucoup tra-
vaillent avec un contrat et beaucoup d’autres, surtout les plus jeunes,
travaillent comme volontaires. Il y a des laïcs qui ont une forte iden-
tité chrétienne et charismatique, et d’autres qui sont loin de cette
réalité. Il y a des catholiques, il y a des chrétiens d’autres confessions
ou des laïcs qui professent d’autres religions, et aussi des gens indif-
férents au fait religieux.
De même, les modalités de relation entre les communautés et les œu-
vres sont différentes selon la réalité existante, les contextes, etc. Dans
la réflexion faite au Conseil Général, nous avons pris conscience de
cette grande diversité, comme en témoigne notre contribution au noyau
thématique 3 du Chapitre, qui n’a pas été développé en Assemblée
capitulaire à cause du COVID-19.31
30 CG24, n. 39.
31 Ibidem, nn. 12-17.
41

4.9 Page 39

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Comme je l’ai déjà dit, dès le début, notre Fondateur s’est soucié d’im-
pliquer le plus grand nombre possible de collaborateurs dans son pro-
jet opérationnel : de Maman Marguerite aux employeurs, des bonnes
gens du peuple aux théologiens, des nobles aux hommes politiques de
l’époque. Nous sommes nés et avons grandi historiquement en com-
munion avec les laïcs, et eux avec nous. Et même, il faut souligner
l’importance que les jeunes ont eue dans le développement du charis-
me et de la mission salésienne : Don Bosco a trouvé chez les jeunes ses
premiers collaborateurs, qui sont ainsi devenus co-fondateurs de la
Congrégation.
Moi-même – comme sûrement d’autres Recteurs Majeurs – j’ai souvent
exprimé avec une forte conviction que la participation des laïcs au cha-
risme salésien et à la mission salésienne n’est pas une concession de no-
tre part, une grâce que nous leur offrons, ni un moyen de survie – com-
me beaucoup de confrères l’ont souvent pensé. C’est un droit lié à leur
vocation spécifique. Bien sûr, ici, la différence est évidente entre être
de simples travailleurs dans une maison salésienne et faire partie, en
même temps, d’un travail, d’une mission et d’une vocation. Il s’agit
d’une relation radicalement différente. Cela exige de nous, dans de
nombreux cas, un changement de perspective décisif. En tant que per-
sonnes consacrées, nous sommes une incarnation spécifique du charis-
me salésien, mais nous n’en sommes pas les seuls dépositaires.
D’où une priorité absolue : partager l’esprit salésien et croître en co-
responsabilité, ce qui requiert le partage de certains parcours de for-
mation et d’expériences orientées vers la mission, sans négliger évi-
demment des parcours de formation spécifiques aux Salésiens consa-
crés et aux laïcs. La formation conjointe dans la mission partagée est
une priorité absolue et doit concerner surtout le noyau animateur.32
Les laïcs sont des compagnons de route, non des substituts ou des
remplaçants des religieux : eux et nous avons des identités et des
tâches spécifiques pour la mission. Nos collaborateurs laïcs ont donc
besoin de connaître et d’expérimenter de très près Don Bosco et ce qui
se vit dans les maisons salésiennes où ils se trouvent. Cette connais-
sance et cette formation ne sont pas seulement reçues par le biais de
32 Cf. Animation et gouvernance de la communauté, 106 et 122.
42

4.10 Page 40

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cours académiques mais, d’une manière très particulière, en réflé-
chissant, en vérifiant et en programmant ce qui est vécu ensemble
dans une présence. Il est essentiel de franchir de nouvelles étapes
dans la formation commune et conjointe, spécialement en ce qui
concerne les aspects liés à la connaissance et au vécu de notre cha-
risme partagé. Nous savons, en effet, que « le premier et le meilleur
moyen de se former et de former au partage et à la coresponsabilité
est le fonctionnement correct de la communauté éducative et pasto-
rale (CEP). »33
Il me reste à souligner de manière très spéciale et ferme que la mission
partagée avec les laïcs a son développement le plus complet et le plus
authentique lorsqu’ils sont membres de l’un des 32 Groupes de la
Famille Salésienne dont, comme on le sait, douze sont des groupes
laïcs. Dans le cas des membres de la Famille Salésienne, le degré
d’identité charismatique est souvent très élevé et, ensemble, nous
vivons une véritable vocation dans le charisme. C’est une raison de
plus pour donner la priorité aux membres de la Famille Salésienne
dans nos présences, même en tant que travailleurs salariés, lorsque
leur professionnalisme satisfait aux mêmes conditions que les autres.
Enfin, nous ne devons pas oublier que l’avenir de cet élément charis-
matique – la mission et la formation partagées avec les laïcs – passe
par la formation des futurs Salésiens. Je ne vous cache pas, chers
Confrères, que je suis préoccupé par la tendance de certains de nos
jeunes confrères qui aspirent – et même avec véhémence, oserais-je
dire – à terminer les étapes de leur formation pour se voir investis
d’autorité, occupant des positions et des responsabilités avant les
laïcs. C’est une tendance totalement contraire à la voie que nous vou-
lons entreprendre en tant que Congrégation. Pour cette raison, « la
formation dans et pour la mission partagée doit également toucher à
la formation initiale des Salésiens, non seulement comme thème
d’étude mais aussi à travers les expériences pastorales hebdomadai-
res et estivales. L’expérience de travail avec et sous la direction de
laïcs pendant le stage (« tirocinio »), ainsi que la participation au
Conseil de la communauté éducative et pastorale, sont des moments
33 CG24, 43.
43

5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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précieux de formation, surtout s’ils sont bien accompagnés par les
membres du noyau animateur, tant laïcs que Salésiens. »34
PROPOSITION
Que toute la Congrégation et toutes les Provinces du monde fassent
des « pas en avant » en témoignant de la mission partagée et de la
formation commune, en améliorant la réalité et le fonctionnement
des CEP dans toutes les présences de la Congrégation. On peut
être plus avancé ou plus en retard dans la formation de la CEP ou
en vivant la mission et la formation en son sein, mais on ne peut
pas ne pas marcher dans cette direction. Ce que j’ai demandé lors
du CG27 reste une priorité et une urgence : « La mission partagée
entre SDB et laïcs n’est plus optionnelle – si par hasard certains le
pensaient encore. »35
On envisagera d’intégrer des laïcs dans les équipes de formation
des communautés de formation initiale.
Pour les six prochaines années, dans chaque Province et présence
salésienne, un processus de discernement sera mené conjointement
entre Salésiens et ceux qui partagent la mission et font partie du
noyau animateur pour :
Détecter de manière réaliste la situation de mission et de for-
mation partagées (reconnaître).
Pour être en phase avec le cheminement de l’Église et de la
Congrégation (interpréter).
Pour tracer et activer des processus de croissance et de trans-
formation, en synergie avec les autres réalités provinciales,
régionales et congrégationnelles (choisir).
Pour cette raison :
Les laïcs ayant une forte identité charismatique seront progressi-
vement inclus dans les équipes provinciales, en assumant même
des tâches de responsabilité, de coordination et de direction.
34 CG28, Troisième Noyau thématique, Avec les laïcs dans la mission et dans la forma-
tion, n. 43.
35 CG27, Témoins de la radicalité évangélique. Documents capitulaires : Discours du
Recteur Majeur à la clôture du CG27, n. 3.7, Rome 2014.
44

5.2 Page 42

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Dans les Provinces, sera mise en place une formation selon le
modèle opérationnel d’animation et de gouvernance des maisons
déjà décidé au CG24.
Dans les Provinces et dans les présences salésiennes, nous ren-
drons significatif le témoignage évident et fort de la Famille Salé-
sienne au sein de la CEP.
Les Centres régionaux de formation permanente, avec le soutien
des Dicastères de la Pastorale des Jeunes et de la Formation, pré-
pareront des documents adaptés aux différents contextes régionaux
et promouvront ce processus aux niveaux provincial et local. Ils
deviendront ainsi des récepteurs et des diffuseurs de bonnes pra-
tiques et de matériaux qui serviront de modèle et de stimulant pour
d’autres réalités salésiennes.
Au niveau des CEP locales, on valorisera comme parcours de for-
mation continue le troisième volet de « Animation et gouvernance
de la communauté - Le service du Directeur Salésien », consacré
à « La communauté éducative et pastorale. »
Ce processus sera l’un des domaines auxquels une attention prio-
ritaire sera accordée dans les Visites Provinciales, dans les Chapi-
tres Provinciaux de mi-sexennat, dans les Visites Extraordinaires
et dans les Visites d’Ensemble.
45

5.3 Page 43

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7. C’EST L’HEURE D’UNE PLUS GRANDE GÉNÉROSITÉ
DANS LA CONGRÉGATION. Une Congrégation universelle
et missionnaire
« Chacun de nous est appelé par Dieu à faire partie de la Société
salésienne. Pour cela, il reçoit de Lui des dons personnels et, s’il
répond fidèlement à cet appel, il trouve le chemin de sa pleine
réalisation dans le Christ.
La Société le reconnaît dans sa vocation propre et l’aide à la
développer. Lui, de son côté, en membre responsable, se met
lui-même avec ses dons au service de la vie et de l’action com-
munes.
Chaque appel manifeste que le Seigneur aime la Congrégation,
qu’il la veut vivante pour le bien de son Église et qu’il ne cesse de
l’enrichir de nouvelles énergies apostoliques. » (C 22)
Lors de la séance de clôture du CG28, j’ai dit que, selon moi, aujour-
d’hui, « c’est le temps de la générosité dans la Congrégation. » Je
ne doute pas que nous ayons une histoire de 162 ans caractérisée par
une grande générosité, déjà commencée avec Don Bosco. Cependant,
il me semble qu’aujourd’hui cette générosité est plus nécessaire que
jamais. Je vais essayer de m’expliquer clairement.
Aujourd’hui, pas moins que par le passé, la réalité nous parle de la
nécessité de l’évangélisation, des besoins pastoraux et de la promotion
humaine que nous sommes amenés à connaître dans différents contex-
tes. De fréquents appels et demandes nous sont adressés pour que nous
assumions tel ou tel service dans de nombreuses régions du monde.
Nous voyons des jeunes, garçons et filles, et leurs familles en difficulté
sur tous les continents.
Dieu continue à nous appeler partout dans le monde à être des
« témoins-signes » de son Amour sauveur pour les jeunes les plus
pauvres.
Notre aide est nécessaire en tant qu’évangélisateurs et éducateurs
pour les jeunes et les adultes des classes populaires dans les contex-
tes culturels et religieux les plus divers.
Il est également urgent pour nous d’éduquer et d’agir pour témoi-
gner et promouvoir la justice dans le monde.
46

5.4 Page 44

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La pauvreté et la misère continuent d’être pour nous un cri, la
plupart du temps silencieux, sans voix : des jeunes avec leurs
pauvretés matérielles et affectives – de vrais orphelins même s’ils
ont des parents ou une famille – leurs pauvretés culturelles (sans
accès à l’école, à l’instruction), leurs pauvretés spirituelles (sans
aucune connaissance des valeurs transcendantes, ni de Dieu).
L’espérance de trouver du travail (et parfois même de pouvoir
étudier) plus facilement continue de provoquer des migrations
massives vers les grandes villes (et aussi vers d’autres pays) avec
les conséquences naturelles de l’inadaptation et de la marginalisa-
tion sociale. Ajoutez à cela la réalité effrayante des réfugiés et
des camps où ils vivent ; dans beaucoup de ceux-ci, nos confrères
partagent la vie des réfugiés eux-mêmes (Kakuma-Kenya, Juba-
Soudan du Sud, Palabek-Ouganda).
Je pourrais allonger la liste de cet ensemble de situations.
Chers Confrères, nous appartenons tous à Dieu et à notre unique
Congrégation dont nous sommes membres avec joie. Nous sommes
tous Salésiens de Don Bosco dans le monde. Les confrères de notre
Province d’origine, où nous sommes « nés vocationnellement », auront
toujours droit à notre affection ; mais notre appartenance la plus vraie
et la plus profonde est à la Congrégation, et elle commence par notre
profession religieuse même.
Pour cette raison, dans les six prochaines années, l’ouverture d’hori-
zons doit devenir encore plus effective et réelle grâce à la disponibili-
té des confrères et à la réponse généreuse des Provinces qui ont de
plus grandes possibilités d’offrir de l’aide aux autres confrères : par-
fois avec des accords entre Provinciaux eux-mêmes, d’autres fois avec
la médiation du Recteur Majeur et de son Conseil lorsqu’il s’agit de
nouvelles fondations, de nouveaux défis missionnaires, de nouvelles
présences dans d’autres pays ou dans de nouvelles frontières mission-
naires.
Par bonheur, les Provinces économiquement les plus pauvres sont les
plus riches en vocations, et la formation de tous ces confrères est ren-
due possible grâce à la générosité de toute la Congrégation. Une fois
de plus, il est démontré que la générosité rend possibles tous les rêves.
47

5.5 Page 45

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Nous vivons à une époque où nous devons faire face à la réalité avec
une mentalité renouvelée qui nous permet de « dépasser les frontiè-
res. » Dans un monde où les frontières sont de plus en plus « une
défense contre les autres », la prophétie de notre vie de Salésiens de
Don Bosco consiste également en ceci : montrer que pour nous il n’y
a pas de frontières. La seule réalité à laquelle nous répondons est
celle-ci : Dieu, l’Évangile et la mission qui nous a été confiée. C’est
précisément pour cette raison que nos communautés internationales
et interculturelles ont aujourd’hui une grande valeur prophétique, sans
cacher le fait que construire la fraternité dans la diversité exige une
vision de foi et un engagement personnel.
La réalité missionnaire de notre Congrégation continue à nous inter-
peller et à nous présenter de beaux défis ; les missions nous poussent
en avant et nous font faire de beaux rêves qui deviennent réalité.
Lorsque dans les années 80 du siècle dernier, nous continuions, année
après année, à perdre des confrères de manière significative, le Recteur
Majeur Egidio Viganò lançait prophétiquement le « Projet Afrique »
qui est aujourd’hui une fort belle réalité. Lorsqu’en 2000, aux portes
du nouveau millénaire, l’on constatait la dure réalité pastorale et la
nécessité d’une nouvelle évangélisation pour l’Europe, le Père Pascual
Chávez lançait avec conviction le « Projet Europe. » Ces temps que
nous vivons ne sont pas des moments où il faut se préoccuper de
survivre, mais des occasions pour se montrer plus significatifs.
Dans son message au CG28, le Pape François nous a également
invités à nous méfier des peurs « qui finissent par nous fixer dans une
inertie paralysante qui prive votre mission de la parrhésie propre aux
disciples du Seigneur. Cette inertie peut aussi se manifester dans un
regard et une attitude pessimistes face à tout ce qui nous entoure et non
seulement par rapport aux transformations qui s’opèrent dans la société
mais aussi par rapport à sa propre Congrégation, aux frères et à la
vie de l’Église. Cette attitude finit par “boycotter” et empêcher toute
réponse ou tout processus alternatif. »36
36 PAPE FRANÇOIS, Message au CG28.
48

5.6 Page 46

▲back to top
PROPOSITION
Je propose à toute la Congrégation de concrétiser cette heure de gé-
nérosité en assumant tout naturellement la disponibilité de confrères
de toutes les Provinces (transferts, échanges, aide temporaire) pour
des services internationaux, de nouvelles fondations, de nouvelles
frontières que nous voulons atteindre.
Pour cette raison :
Les Provinces seront attentives et disponibles aux appels du Rec-
teur Majeur pour les besoins et les défis que nous allons relever.
Le 150ème anniversaire de la première Expédition Missionnaire de
Don Bosco en Argentine (qui adviendra en 2025) et le premier
Centenaire de la présence missionnaire dans le Nord-Est de l’Inde
(en 2022), seront l’occasion de poursuivre le projet missionnaire de
notre Congrégation.
Nous avons concrétisé l’appel missionnaire en invitant chaque Pro-
vince à lancer un projet missionnaire en son sein (réfugiés, immi-
grés, passages de frontières, enfants exploités...) au cours du sexen-
nat précédent, en donnant la priorité à la « significativité » et aux
demandes réelles d’aide des jeunes d’aujourd’hui.
Le Recteur Majeur et son Conseil indiqueront les mesures appro-
priées pour consolider dans le Dicastère (Secteur) de la Pastorale
des Jeunes de la Congrégation la section qui s’occupe prioritaire-
ment de la réalité des réfugiés et des migrants (en particulier les mi-
neurs non accompagnés et les jeunes).
49

5.7 Page 47

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8. EN ACCOMPAGNANT LES JEUNES
VERS UN FUTUR DURABLE
Nous reconnaissons que l’attention portée à un avenir durable est une
conversion culturelle, et non une mode, et comme toute conversion,
elle doit être appelée par son nouveau nom avec insistance.
L’Assemblée Capitulaire a été unanime lorsqu’il a été proposé qu’une
petite Commission prenne en charge la sensibilité qui est en nous face
à cette urgence. Le souci de la Création n’est pas une mode. C’est la
vie de l’humanité qui est en jeu, même si de nombreux fonctionnaires
publics, prisonniers d’intérêts économiques, détournent le regard ou
nient ce qui est indéniable. Cette sensibilité s’est concrétisée dans une
résolution du Chapitre approuvée par l’Assemblée. Le Pape François
a réaffirmé que nous devons éviter une « urgence climatique » qui
risque de « commettre une grave injustice à l’égard des pauvres et des
générations futures. »37
Notre engagement en faveur d’une écologie humaine intégrale décou-
le de la conviction de foi que tout est lié, et que le soin authentique
de notre vie et de notre relation avec la nature est inséparable de la
fraternité, de la justice et de la fidélité aux autres.38 Dans la vie socia-
le des êtres humains, nous ne pouvons pas exclure la protection de
l’environnement. L’écologie doit donc être intégrale, humaine. Et, par
conséquent, nous sommes invités à une conversion écologique qui
concerne non seulement l’économie et la politique, mais aussi la vie
sociale, les relations, l’affectivité et la spiritualité.
Ces dernières années, nous avons été témoins des désaccords des hom-
mes politiques de différents pays face à cette urgence. La dernière
réunion des dirigeants des Pays à Santiago du Chili (mais qui s’est
tenue à Madrid, en Espagne) a eu pour seul résultat l’accord de se
réunir à nouveau dans un an. Aucun accord opérationnel significatif.
37 PAPE FRANÇOIS, Discours aux participants à la Rencontre promue par le Dicastère
pour le Service du Développement Humain Intégral sur le thème : La transition énergé-
tique et la protection de la maison commune, Rome 14 juin 2019.
38 Cf. PAPE FRANÇOIS, Lettre Encyclique Laudato si’, Rome 24 mai 2015, nn. 137-162,
désignée sous le sigle LS.
50

5.8 Page 48

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Dans le même temps, des millions et des millions de personnes, princi-
palement des jeunes, ont lancé un cri mondial. Le Pape François, sensi-
ble à cette réalité, comme il l’a bien démontré, rappelle que les jeunes
eux-mêmes appellent à un changement radical et qu’« ils se demandent
comment il est possible de prétendre construire un avenir meilleur sans
penser à la crise de l’environnement et aux souffrances des exclus. »39
La proposition de délibération capitulaire s’exprime comme suit :
« Avec le Pape François, nous reconnaissons les preuves données par
la science que l’accélération du changement climatique résultant de
l’activité humaine est réelle. La pollution de l’air et de l’eau, l’élimi-
nation inadéquate des déchets, la perte de biodiversité et d’autres
problèmes environnementaux qui ont un impact négatif sur la vie
humaine sont en augmentation. Les modes de production et de consom-
mation non durables poussent notre monde et ses écosystèmes au-delà
de leurs limites, sapant leur capacité à fournir des ressources et des
actions vitales pour la vie, le développement et leur régénération. »40
Au moment où j’écris ces lignes, la planète Terre et tous les pays du
monde ont été touchés, dans une plus ou moins large mesure, par le
virus COVID-19 qui, à ce jour, a causé la mort de 624 000 personnes
et en a infecté 15 300 000 autres. Nous savons bien que la vie d’une
seule personne est sacrée, et que l’on éprouve une immense douleur à
cause de tant de morts. Mais il n’en est pas moins vrai que la planète
Terre saigne depuis des décennies et que la pollution provoque chaque
année beaucoup plus de victimes humaines que ne l’a fait le COVID-
19. Ce fait n’est malheureusement pas pris très au sérieux.
Il n’en est pas moins vrai que les plus pauvres – toujours les plus
pauvres ! – subissent les effets désastreux de la déforestation et des
changements climatiques, de la ruine de leurs très mauvaises récoltes,
leur seule ressource pour vivre. Même cela n’est pas dénoncé.
Je pourrais continuer la liste de ces situations. Ce n’est pas nécessaire.
Il suffit de souligner qu’en tant qu’éducateurs et pasteurs, nous ne pou-
vons pas rester indifférents à cette réalité. Nous devons faire quelque
chose.
39 LS 13.
40 CG28, Proposition pour la délibération sur l’écologie.
51

5.9 Page 49

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PROPOSITION
En écoutant le cri de tant de jeunes d’aujourd’hui au niveau mon-
dial, NOUS, SALÉSIENS, NOUS NOUS ENGAGEONS À ÊTRE
DES TÉMOINS CRÉDIBLES – personnellement et communau-
tairement – de la CONVERSION au soin de la Création et à une
Spiritualité Écologique.41
Pour cette raison :
Chaque Province du monde répondra, par l’intermédiaire du
Délégué Provincial pour la Pastorale des Jeunes, à la demande de
faire de nos écoles, de nos centres éducatifs, de nos campus uni-
versitaires, de nos oratoires-patronages, de nos paroisses, des
modèles éducatifs pour le soin de l’environnement et de la
nature. Dans l’éducation, nous devons inclure comme option
salésienne l’action en faveur de la Création : le soin de la nature,
du climat et du développement durable.
Nous élargirons, dans la mesure du possible, le réseau des institu-
tions salésiennes qui seront incluses dans la « Don Bosco Green
Alliance » (Alliance Verte Don Bosco), en promouvant la partici-
pation des jeunes aux campagnes mondiales en faveur de la dura-
bilité des causes environnementales et écologiques pour le soin de
la Création et de la vie humaine.
Nous accepterons la demande faite au CG28 par la Conférence
salésienne sur les énergies renouvelables de novembre 2019, que
la Congrégation prenne en charge 100% des énergies renou-
velables pour toutes les Provinces du monde avant 2032. Bien
que la réalité de la Congrégation soit très inégale selon les diffé-
rents pays, nous acceptons ce défi en collaboration avec les PDO
(sigle anglais pour : Bureaux de Planification et de Développe-
ment) des Provinces, les ONG salésiennes et DBN (DB Network).
41 LS 217.
52

5.10 Page 50

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CONCLUSION
Mes chers Confrères, je conclus ces lignes de programmation en vous
invitant à les accueillir non pas comme une simple lettre, mais comme
un message et un programme qui se veut l’expression du battement de
cœur de toute la Congrégation aujourd’hui dans le monde entier.
Et je propose deux éléments importants comme attitude à adopter pour
faire face à la belle opportunité des six prochaines années :
La première concerne une vertu : l’espérance. Ce n’est qu’avec
l’espérance que nous pouvons faire face à l’avenir, dans la confian-
ce que le Seigneur achèvera, avec notre humble contribution, ce
que nous proposons ici.
La seconde concerne notre attitude devant Dieu lui-même. Je vou-
drais demander à notre Congrégation qu’en ce sexennat, nous nous
laissions guider beaucoup plus par l’Esprit Saint ; que ce soit
Lui à toucher vraiment nos cœurs et à réveiller nos capacités hu-
maines pour animer et gouverner la Congrégation, les Provinces et
les communautés, afin que chacun de nous en vienne à faire de
toutes les maisons salésiennes du monde d’autres Valdocco, qui
apportent une réponse aux enfants et aux jeunes d’aujourd’hui,
comme l’a fait Don Bosco en son temps.
Au sujet de l’espérance, je voudrais souligner que c’est, comme nous
le savons, une vertu qui a beaucoup à voir avec notre foi chrétienne ;
c’est une façon différente de voir l’avenir. L’espérance chrétienne est
une façon de vivre, une façon d’avancer, une façon de regarder.
L’espérance est le fruit de la rencontre avec le Seigneur Jésus et le
fruit de l’accueil de son Esprit en nous. L’espérance n’est pas le résultat
de calculs et de prévisions. « Ni pessimiste ni optimiste, le Salésien du
XXIème siècle est un homme plein d’espérance car il sait que le centre
[de sa vie] se trouve dans le Seigneur capable de faire toutes choses
nouvelles (cf. Ap 21,5). Cela seul nous sauvera de vivre dans une
attitude de résignation et de survie défensive. Cela seul rendra notre vie
fructueuse. »42
42 PAPE FRANÇOIS, Message au CG28, citant son Homélie pour la fête de la Présentation
du Seigneur, lors de la 21ème Journée Mondiale de la Vie Consacrée, le 2 février 2017.
53

6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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Sur la nécessité de se laisser guider beaucoup plus par l’Esprit Saint de
Dieu, Lui qui est le vrai Maître intérieur, je fais miennes les paroles
du Patriarche de Constantinople, Athénagoras Ier, qui a rencontré
le Pape Paul VI (aujourd’hui saint) à Jérusalem, en janvier 1964. Le
fruit de cette rencontre dans l’Esprit de Dieu a été l’abrogation des
excommunications mutuelles qui existaient jusqu’alors et qui avaient
profondément blessé le cœur du Christ dans son Église.
En voici la substance :
« Sans l’Esprit Saint,
Dieu est loin,
le Christ reste dans le passé,
l’Évangile est une lettre morte,
l’Église une simple organisation,
l’autorité une domination,
la mission une propagande,
le culte une évocation,
et l’agir chrétien une morale d’esclave.
Mais en l’Esprit Saint,
le cosmos est soulevé pour l’enfantement du Royaume,
le Christ ressuscité est présent,
l’Évangile devient puissance de vie,
l’Église réalise la communion trinitaire,
l’autorité se transforme en service,
la liturgie est mémorial et anticipation,
l’agir humain est déifié. »43
Accueillons ce message dans notre prière.
Mes chers Confrères Salésiens, voilà ce que j’ai senti devoir vous com-
muniquer et vous demander à tous. Je vous invite à accueillir ces dé-
fis, cette feuille de route pour le cheminement du sexennat de tout vo-
tre cœur et avec un désir profond de la concrétiser dans vos commu-
nautés et vos Provinces. Ce seront certainement, avec la grâce de Dieu
43 Le texte est du Patriarche Athénagoras Ier, quoique certains l’attribuent au Patriarche
Ignace IV Hazim, en 1968.
54

6.2 Page 52

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et la présence maternelle de l’Auxiliatrice, notre Mère, des années de
fidélité de la part de la Congrégation et une réponse courageuse – et
même prophétique – aux signes des temps actuels. Que Notre Dame
Auxiliatrice continue à prendre soin de notre Congrégation et à « tout
faire », comme pour Don Bosco.
Que Sa médiation et celle de toute la Sainteté salésienne de notre
Famille soient pour nous une bénédiction dans la seule chose impor-
tante de la mission que Dieu nous confie : « Être dans l’Église signes
et porteurs de l’amour de Dieu pour les jeunes, spécialement les plus
pauvres. » (C 2)
Mon souvenir et ma prière vous accompagnent tous et chacun.
Père Ángel Fernández Artime, sdb
Recteur Majeur
Rome, 16 août 2020
205ème Anniversaire de la naissance de Don Bosco
55

6.3 Page 53

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MESSAGE DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANÇOIS
AUX MEMBRES DU CG28
Chers frères,
Je vous salue avec affection et remercie Dieu de pouvoir, bien qu’à
distance, partager avec vous un moment du chemin que vous êtes en
train de parcourir.
Il est significatif qu’après plusieurs décennies, la Providence vous
ait amenés à célébrer le Chapitre Général au Valdocco – le lieu de la
mémoire – où le rêve fondateur s’est concrétisé et a fait les premiers
pas. Je suis sûr que le bruit et le vacarme des oratoires seront la
meilleure musique, la plus efficace pour que l’Esprit ravive le don
charismatique de votre Fondateur. Ne fermez pas les fenêtres à ce
bruit de fond... Qu’il vous accompagne et vous garde sans repos et
audacieux dans le discernement ! Et permettez à ces voix et à ces
chants d’évoquer, à leur tour, en vous, le visage de nombreux autres
jeunes qui, pour diverses raisons, se trouvent comme des brebis sans
berger (cf. Mc 6,34). Le son de ces voix et cette inquiétude qui est la
vôtre vous garderont attentifs et éveillés face à tout type d’anesthésie
auto-imposée et vous aideront à rester dans une fidélité créative à
votre identité salésienne.
Ravivez le don que vous avez reçu
Penser à la figure du Salésien pour les jeunes d’aujourd’hui implique
d’accepter que nous soyons plongés dans un temps de changements,
avec toute l’incertitude qui en découle. Personne ne peut dire avec
certitude et précision (si tant est que cela ait été jamais possible) ce
qui se passera dans un avenir proche sur le plan social, économique,
éducatif et culturel. L’inconsistance et la « fluidité » des événe-
ments, mais surtout la rapidité avec laquelle les choses se suivent et
se communiquent, font de chaque type de prévision une lecture
57

6.4 Page 54

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condamnée à être reformulée au plus vite.1 Cette perspective est
encore plus accentuée par le fait que vos œuvres sont orientées
d’une manière particulière vers le monde de la jeunesse qui est en
soi un monde en mouvement et en transformation continue. Cela
requiert une double docilité : docilité aux jeunes et à leurs besoins,
et docilité à l’Esprit et à tout ce qu’Il veut transformer.
Assumer de manière responsable cette situation – à la fois au niveau
personnel et au niveau communautaire – implique de sortir d’une
rhétorique qui nous fait dire sans cesse que « tout change » et qui,
à force de le dire et de le répéter, finit par nous fixer dans une
inertie paralysante qui prive votre mission de la parrhésie propre
aux disciples du Seigneur. Cette inertie peut aussi se manifester
dans un regard et une attitude pessimistes face à tout ce qui nous
entoure et non seulement par rapport aux transformations qui s’opè-
rent dans la société mais aussi par rapport à sa propre Congréga-
tion, à ses frères et à la vie de l’Église. Cette attitude finit par
« boycotter » et empêcher toute réponse ou tout processus alter-
natif, ou par faire ressortir la position opposée : un optimisme
aveugle, capable de dissoudre la force et la nouveauté de l’Évan-
gile, en nous empêchant d’accepter concrètement la complexité que
les situations exigent et la prophétie que le Seigneur nous invite à
poursuivre. Ni le pessimisme ni l’optimisme ne sont des dons de
l’Esprit, car tous deux proviennent d’une vision autoréférentielle
capable seulement de se mesurer avec ses propres forces, capacités
ou aptitudes, nous empêchant de regarder ce que le Seigneur met en
œuvre et veut accomplir parmi nous.2 Ni s’adapter à la culture à la
mode, ni se réfugier dans un passé héroïque mais déjà désincarné
[ne sont des dons de l’Esprit]. En période de changements, il est
bon de s’en tenir aux paroles de saint Paul à Timothée : « Voilà
pourquoi, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don
qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas
un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force,
d’amour et de pondération. » (2Tm 1,6-7)
1 Cf. Constitution Apostolique sur les Universités et les Facultés ecclésiastiques Veritatis
Gaudium [la joie de la vérité], Rome, 27 décembre 2017, nn. 3-4.
2 Cf. Exhortation Apostolique postsynodale Christus vivit, Lorette, 25 mars 2019, n. 35.
58

6.5 Page 55

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Ces paroles nous invitent à cultiver une attitude contemplative,
capable d’identifier et de discerner les points névralgiques. Cela
aidera à s’engager sur le chemin avec l’esprit et la contribution
propres aux fils de Don Bosco et, comme lui, à développer « une
révolution culturelle courageuse. »3 Cette attitude contemplative
vous permettra de dépasser et d’aller au-delà de vos propres attentes
et programmes. Nous sommes des hommes et des femmes de foi, ce
qui suppose être passionnés par Jésus-Christ ; et nous savons que
notre présent et notre avenir sont imprégnés de cette force aposto-
lique et charismatique appelée à continuer à imprégner la vie de
nombreux jeunes abandonnés et en danger, pauvres et désavantagés,
exclus et rejetés, privés de droits, de logement... Ces jeunes atten-
dent un regard d’espérance capable de contredire toute forme de
fatalisme ou de déterminisme. Ils attendent de croiser le regard de
Jésus qui leur dit « qu’il y a une issue à toutes les situations difficiles
ou douloureuses. »4 C’est là qu’habite notre joie.
Ni pessimiste ni optimiste, le Salésien du XXIème siècle est un
homme plein d’espérance car il sait que le centre [de sa vie] se
trouve dans le Seigneur capable de faire toutes choses nouvelles
(cf. Ap 21,5). Cela seul nous sauvera de vivre dans une attitude de
résignation et de survie défensive. Cela seul rendra notre vie fruc-
tueuse,5 permettant au don reçu de continuer à être vécu et exprimé
comme une bonne nouvelle pour et avec les jeunes d’aujourd’hui.
Cette attitude d’espérance est capable d’établir et d’inaugurer des
processus éducatifs alternatifs à la culture dominante qui, dans de
nombreuses situations – à la fois en raison de l’extrême pauvreté
ou de l’abondance aussi extrême dans certains cas – finissent par
asphyxier et tuer les rêves de nos jeunes en les condamnant à un
conformisme assourdissant, insidieux et souvent anesthésié. Ni tri-
omphalistes ni alarmistes, hommes et femmes joyeux et pleins
d’espérance, non des automates mais des artisans actifs, [ils seront]
capables d’« afficher d’autres rêves que ce monde n’offre pas, té-
3 Encyclique sur la sauvegarde de la Maison Commune, Laudato si’, Rome, 24 mai 2015,
n. 114.
4 Christus vivit, 104.
5 Cf. Homélie du 2 février 2017, à l’occasion de la XXIème Journée de la Vie Consacrée.
59

6.6 Page 56

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moigner de la beauté de la générosité, du service, de la pureté, du
courage, du pardon, de la fidélité à sa vocation, de la prière, de la
lutte pour la justice et le bien commun, de l’amour des pauvres, de
l’amitié sociale. »6
L’« option Valdocco » pour votre CG28 est une bonne occasion pour
vous confronter avec vos sources et demander au Seigneur : « Da
mihi animas, cœtera tolle. »7 « Tolle » surtout ce qui a été peu à
peu incorporé et perpétué en cours de route, qui aurait pu être une
réponse adéquate en d’autres temps mais qui vous empêche aujour-
d’hui de configurer et de façonner la présence salésienne de manière
évangéliquement significative dans les différentes situations de la
mission. Cela nécessite, de notre part, de surmonter les peurs et
les appréhensions qui peuvent découler du fait d’avoir cru que le
charisme se réduisait ou s’identifiait avec certaines œuvres ou struc-
tures bien déterminées. Vivre fidèlement le charisme est quelque
chose de plus riche et de plus stimulant que le simple abandon, repli
ou réajustement des maisons ou des activités ; cela implique un
changement de mentalité face à la mission à accomplir.8
L’« option Valdocco » et le don des jeunes
L’Oratoire salésien et tout ce qui en a découlé, ainsi que le racontent
les Mémoires de l’Oratoire, est né comme une réponse à la vie de
jeunes ayant un visage et une histoire, qui ont fait agir ce jeune
prêtre incapable de rester neutre ou inactif devant ce qui se produi-
sait. Ce fut bien plus qu’un geste de bonne volonté ou de bonté, et
même beaucoup plus que le résultat d’un projet d’étude sur la « fai-
6 Christus vivit, 36.
7 Devise inscrite en lettres de feu dans le cœur des premiers missionnaires. Je rappelle la
lettre de Don Giacomo Costamagna à Don Bosco où, après lui avoir parlé des difficultés
du voyage et des différents échecs auxquels il a dû faire face, il conclut en disant : « Nous
demandons à l’unanimité une seule chose : pouvoir aller très vite en Patagonie pour
sauver d’innombrables âmes. » La conscience d’être envoyé à la recherche d’âmes aux
périphéries et de rester en surmontant tout échec apparent est une marque d’identité à
partir de laquelle confronter et mesurer le charisme : « Da mihi animas, cœtera tolle. »
8 Souvenons-nous de l’avertissement du Seigneur : « Vous aussi, vous laissez de côté le
commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Mc 7,8)
60

6.7 Page 57

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sabilité numérico-charismatique. » Je crois plutôt à un acte de
conversion permanente et à une réponse au Seigneur qui, « fatigué
de frapper » à nos portes, attend que nous allions le chercher et le
rencontrer... ou que nous le laissions sortir quand il frappe de l’inté-
rieur. Une conversion qui a impliqué (et compliqué) toute la vie de
Don Bosco et celle de son entourage. Don Bosco, non seulement ne
choisit pas de se séparer du monde pour rechercher la sainteté, mais
se laisse interpeller et choisit comment et dans quel monde vivre.
En choisissant et en accueillant le monde des enfants et des jeunes
abandonnés, sans travail ni formation, il leur a permis d’expéri-
menter de manière tangible la paternité de Dieu et leur a fourni des
outils pour raconter leur vie et leur histoire à la lumière d’un amour
inconditionné. Et eux, à leur tour, ont aidé l’Église à renouer avec sa
mission : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la
pierre d’angle. » (Ps 117/118,22) Loin d’être des agents passifs ou
des spectateurs de l’œuvre missionnaire, ils sont devenus, à partir de
leur condition même – dans bien des cas « illettrés religieux » et
«analphabètes sociaux » – les principaux protagonistes de tout le
processus de fondation.9 La salésianité naît précisément de cette ren-
contre capable de susciter des prophéties et des visions : accueillir,
intégrer et faire grandir les meilleures qualités comme don pour les
autres, surtout pour les marginalisés et les abandonnés de qui on
n’attend rien. C’est Paul VI qui l’a dit : « Évangélisatrice, l’Église
commence par s’évangéliser elle-même... Cela veut dire, en un mot,
qu’elle a toujours besoin d’être évangélisée, si elle veut garder
fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Évangile. »10 Tout charisme
9 Grâce à l’aide du sage Cafasso, Don Bosco a découvert qui il était aux yeux des jeunes
détenus ; et ces jeunes détenus ont découvert un visage nouveau dans le regard de Don
Bosco. Ensemble, ils ont ainsi découvert le rêve de Dieu qui a besoin de ces rencontres
pour se manifester. Don Bosco n’a pas découvert sa mission devant un miroir, mais dans
la douleur de voir des jeunes sans avenir. Le Salésien du XXIème siècle ne découvrira pas
son identité s’il n’est pas capable de souffrir avec « la foule de jeunes gens (...) sains et
robustes, à l’esprit éveillé, mais réduits au désœuvrement, (...) privés du pain spirituel et
temporel (...). [Et qui] semblaient personnifier l’opprobre de la nation, le déshonneur des
familles » (Mémoires de l’Oratoire de Saint François de Sales, 2ème décennie) ; et nous
pourrions ajouter : de notre Église même.
10 Exhortation Apostolique Evangelii nuntiandi [l’effort pour annoncer l’Évangile],
Rome, 8 décembre 1975, n. 15.
61

6.8 Page 58

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doit être renouvelé et évangélisé, et, dans votre cas, surtout par les
jeunes les plus pauvres.
Les interlocuteurs de Don Bosco hier et du Salésien aujourd’hui ne
sont pas de simples destinataires d’une stratégie planifiée à l’avance,
mais des protagonistes vivants de l’Oratoire à réaliser.11 Par eux et
avec eux, le Seigneur nous montre sa volonté et ses rêves.12 Nous
pourrions les appeler co-fondateurs de vos maisons, où le Salésien
sera un expert pour convoquer et engendrer ce type de dynamiques
sans s’en croire le maître. Cette union nous rappelle que nous
sommes « Église en sortie » et nous mobilise pour cela : une Église
capable d’abandonner des positions confortables, sûres et parfois
privilégiées, afin de trouver chez les derniers la fécondité typique du
Royaume de Dieu. Il ne s’agit pas d’un choix stratégique mais cha-
rismatique, d’une fécondité durable basée sur la croix du Christ, qui
est toujours une scandaleuse injustice pour ceux qui ont bloqué leur
sensibilité devant la souffrance ou qui ont accepté des compromis
avec l’injustice envers l’innocent. « Ne soyons pas une Église insen-
sible à ces drames de ses enfants jeunes. Ne nous y habituons jamais,
car qui ne sait pas pleurer n’est pas mère. Nous voulons pleurer pour
que la société aussi soit davantage mère. »13
L’« option Valdocco » et le charisme de la présence
Il est important de faire valoir que nous ne sommes pas formés pour la
mission, mais que nous sommes formés dans la mission, autour de
laquelle tourne toute notre vie, avec ses choix et ses priorités. La
formation initiale et la formation permanente ne peuvent pas être une
instance préalable, parallèle ou séparée de l’identité et de la sensibilité
du disciple. La mission inter gentes est notre meilleure école : à partir
11 Aujourd’hui, nous voyons comment, dans de nombreuses régions, les jeunes sont les
premiers à s’élever, à s’organiser et à promouvoir des causes justes. Loin d’empêcher ce
réveil, vos maisons salésiennes sont appelées à devenir des espaces susceptibles de
stimuler cette prise de conscience de chrétiens et de citoyens. Rappelons-nous le titre de
l’Étrenne 2020 du Recteur Majeur : « Bons chrétiens et honnêtes citoyens. »
12 Je vous invite à toujours garder à l’esprit tous ceux qui ne participent pas à ces instances
mais que nous ne pouvons ignorer si nous ne voulons pas devenir un groupe fermé.
13 Christus vivit, 75.
62

6.9 Page 59

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d’elle, nous prions, nous réfléchissons, nous étudions, nous nous
reposons. Lorsque nous nous isolons ou nous nous éloignons des
gens que nous sommes appelés à servir, notre identité de personnes
consacrées commence à se défigurer et à devenir une caricature.
En ce sens, l’un des obstacles que nous pouvons identifier n’a pas
grand-chose à voir avec une situation extérieure à nos communautés,
mais c’est plutôt celui qui nous affecte directement à travers une
expérience déformée du ministère..., et qui nous fait tant de mal : le
cléricalisme. C’est la recherche personnelle de vouloir occuper,
concentrer et déterminer les espaces en minimisant et en annulant
l’onction du Peuple de Dieu. Le cléricalisme, en vivant l’appel de
manière élitiste, confond élection et privilège, service et servilité,
unité et uniformité, divergence et opposition, formation et endoctri-
nement. Le cléricalisme est une perversion qui favorise les liens
fonctionnels, paternalistes, possessifs et même manipulateurs avec le
reste des vocations dans l’Église.
Un autre obstacle que nous rencontrons – répandu, et même justifié,
surtout en cette période de précarité et de fragilité – est la tendance
au rigorisme. En confondant l’autorité avec l’autoritarisme, celui-ci
prétend gouverner et contrôler les processus humains avec une atti-
tude scrupuleuse, sévère et même mesquine, face à ses propres li-
mites et ses propres faiblesses ou celles des autres (surtout celles des
autres). Le rigoriste oublie que le grain et l’ivraie poussent ensemble
(cf. Mt 13,24-30) et « que tous ne peuvent pas tout, et qu’en cette vie
les fragilités humaines ne sont pas complètement et définitivement
guéries par la grâce. De toute manière, comme l’enseignait saint
Augustin, Dieu t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que
tu ne peux pas. »14 Saint Thomas d’Aquin, avec une grande finesse
et une grande subtilité spirituelle, nous rappelle que « le diable en
trompe beaucoup. Certains, en les poussant à commettre des péchés ;
d’autres, en revanche, vers une rigidité excessive envers celui qui
pèche, de sorte que s’il ne peut pas les avoir avec un comportement
vicieux, il conduit à la perdition ceux qu’il possède déjà, en utilisant
la rigueur des prélats, qui, en ne les corrigeant pas avec miséricorde,
14 Exhortation Apostolique Gaudete et exsultate, 49.
63

6.10 Page 60

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les poussent au désespoir, et c’est ainsi qu’ils se perdent et tombent
dans les filets du diable. Et c’est ce qui nous arrive si nous ne par-
donnons pas aux pécheurs. »15
Ceux qui accompagnent les autres dans leur croissance doivent être
des gens à larges vues, capables de réunir limites et espérance, en
aidant ainsi à toujours regarder en perspective, dans une perspective
salvifique. Un éducateur « qui n’a pas peur de fixer des limites et, en
même temps, s’abandonne à la dynamique de l’espérance exprimée
dans sa confiance en l’action du Seigneur, est l’image d’un homme
fort, qui guide ce qui ne lui appartient pas, mais qui appartient à son
Seigneur. »16 Nous n’avons pas le droit d’étouffer et d’empêcher la
force et la grâce du possible, dont la réalisation cache toujours une
graine de Vie nouvelle et bonne. Apprenons à travailler et à faire
confiance aux temps de Dieu, qui sont toujours plus grands et plus
sages que nos mesures à courte vue. Il ne veut détruire personne,
mais sauver tout le monde.
Il est donc urgent de trouver un style de formation capable d’as-
sumer de manière structurelle le fait que l’évangélisation implique la
pleine participation, et avec une pleine citoyenneté, de chaque bap-
tisé – avec toutes ses potentialités et ses limites – et pas seulement
des soi-disant « acteurs qualifiés » ;17 une participation où le service,
et le service des plus pauvres, est la pierre angulaire qui aide à mani-
fester et à mieux témoigner de notre Seigneur qui « n’est pas venu
pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la
multitude» (Mt 20,28). Je vous encourage à poursuivre vos efforts
pour faire de vos maisons un « laboratoire d’Église » capable de
reconnaître, d’apprécier, de stimuler et d’encourager les différents
appels et missions dans l’Église.18
15 Super II Cor., cap. 2, lect. 2 (in fine). Le passage commenté par saint Thomas est
2 Co 2,6-7 où, à l’égard de celui qui l’a attristé, saint Paul écrit : « vous devez, au contraire,
plutôt lui faire grâce et le réconforter, pour éviter qu’il ne sombre dans une tristesse
excessive. »
16 J. M. BERGOGLIO, Exercices spirituels pour religieux, Parole et Silence, mars 2016,
n. 105.
17 Cf. Evangelii gaudium, 120.
18 Avant d’être un acte qui différencie ou rend complémentaire, une vocation ecclésiale est
une invitation à offrir un don particulier en fonction de la croissance des autres.
64

7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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En ce sens, je pense concrètement à deux présences de votre commu-
nauté salésienne, qui peuvent aider, comme éléments de comparaison,
à comprendre la place occupée par les différentes vocations chez
vous ; deux présences qui constituent un « antidote » contre toute
tendance cléricaliste et rigoriste : le Frère Coadjuteur et les femmes.
Les Frères Coadjuteurs sont une expression vivante de la gratuité que
le charisme nous invite à sauvegarder. Votre consécration est, avant
tout, le signe d’un amour gratuit du Seigneur et pour le Seigneur
parmi ses jeunes, qui ne se définit pas principalement comme un mi-
nistère, une fonction ou un service particulier, mais à travers une pré-
sence. Avant même des choses à faire, le Salésien est le rappel vivant
d’une présence où disponibilité, écoute, joie et dévouement sont les
éléments essentiels pour susciter des processus. La gratuité de la pré-
sence sauve la Congrégation de toute obsession activiste et de tout
réductionnisme technico-fonctionnel. Le premier appel est celui
d’être une présence joyeuse et gratuite parmi les jeunes.
Qu’en serait-il du Valdocco sans la présence de Maman Marguerite ?
Vos maisons auraient-elles été possibles sans cette femme de foi ?
Dans certaines régions et certains endroits « il y a des communautés
qui se sont longtemps maintenues et ont transmis la foi sans qu’un
prêtre ne passe les voir ; durant même des décennies. Cela s’est fait
grâce à la présence de femmes fortes et généreuses. Les femmes
baptisent, sont catéchistes, prient, elles sont missionnaires, certaine-
ment appelées et animées par l’Esprit Saint. Pendant des siècles,
elles ont maintenu l’Église debout dans ces régions avec un dévoue-
ment admirable et une foi ardente. »19 Sans une présence réelle, ef-
fective et affective des femmes, vos œuvres n’auraient pas le cou-
rage et la capacité de décliner la présence comme hospitalité,
comme maison. Face à la rigueur qui exclut, nous devons apprendre
à engendrer la vie nouvelle de l’Évangile. Je vous invite à pour-
suivre une dynamique dans laquelle la voix de la femme, son regard
et son action – appréciés dans leur singularité – trouvent un écho
dans la prise de décisions, en tant qu’acteur non auxiliaire mais
constitutif de vos présences.
19 Exhortation Apostolique postsynodale Querida Amazonia [l’Amazonie bien-aimée], 99.
65

7.2 Page 62

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L’« option Valdocco » dans la pluralité des langues
Comme autrefois, le mythe de Babel tente de s’imposer au nom de
la mondialisation. Des systèmes entiers créent un réseau de commu-
nication mondial et numérique capable d’interconnecter les diffé-
rents coins de la planète, avec le grave danger d’uniformisation
monolithique des cultures, en les privant de leurs caractéristiques et
de leurs ressources essentielles. La présence universelle de votre
Famille Salésienne est un stimulant et une invitation à conserver et à
préserver la richesse de nombreuses cultures dans lesquelles vous
êtes plongés sans chercher à les « homologuer. » D’un autre côté,
vous vous efforcez de faire en sorte que le christianisme puisse as-
sumer la langue et la culture des populations locales. Il est triste de
voir que, dans de nombreuses régions, la présence chrétienne est
toujours vécue comme une présence étrangère (en particulier euro-
péenne) ; une situation que l’on retrouve également dans les itiné-
raires de formation et les modes de vie (cf. ibid., 90).20 Au contraire,
nous agirons comme nous l’inspire cette anecdote de Don Bosco
qui, interrogé sur la langue qu’il aimerait parler, a répondu : « Celle
que ma mère m’a apprise : c’est celle avec laquelle je peux commu-
niquer plus facilement. » Selon cette certitude, le Salésien est appelé
à parler dans la langue maternelle de chacune des cultures dans les-
quelles il se trouve. L’unité et la communion de votre Famille sont
capables d’assumer et d’accueillir toutes ces différences qui peuvent
enrichir tout le corps en une synergie de communication et d’interac-
tion où chacun puisse offrir le meilleur de lui-même pour le bien du
corps entier. De cette façon, la salésianité, loin de se perdre dans
l’uniformité des tonalités, acquerra une expression plus belle et plus
attrayante... et pourra s’exprimer « en dialecte. » (cf. 2M 7,26-27)
Dans le même temps, l’irruption de la réalité virtuelle comme lan-
gage dominant dans de nombreux pays où vous accomplissez votre
mission nécessite, en premier lieu, de reconnaître toutes les possibi-
20 Cf. Evangelii gaudium, 116 : « ... comme nous pouvons le voir dans l’histoire de
l’Église, le christianisme n’a pas un modèle culturel unique, mais tout en restant pleine-
ment lui-même, dans l’absolue fidélité à l’annonce évangélique et à la tradition ecclésiale,
il revêtira aussi le visage des innombrables cultures et des innombrables peuples où il est
accueilli et enraciné. »
66

7.3 Page 63

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lités et les choses bonnes qu’elle produit, sans sous-estimer ou
ignorer l’impact qu’elle possède dans la création de liens, en particu-
lier sur le plan affectif. Même nous, adultes consacrés, ne sommes
pas à l’abri de cela. La « pastorale de l’écran », si répandue (et né-
cessaire), nous demande d’habiter le réseau de manière intelligente,
en le reconnaissant comme un espace de mission,21 ce qui nécessite,
à son tour, d’installer toutes les médiations nécessaires afin de ne
pas rester prisonniers de sa circularité et de sa logique particulière
(et dichotomique). Ce piège – même au nom de la mission – peut
nous renfermer sur nous-mêmes et nous isoler dans une virtualité
confortable, superflue et peu ou pas du tout engagée dans la vie des
jeunes, des frères de la communauté ou dans les tâches apostoliques.
Le réseau n’est pas neutre et le pouvoir qu’il a de créer une culture
est très élevé. Sous l’avatar de la proximité virtuelle, nous pouvons
nous retrouver aveugles ou éloignés de la vie concrète des gens, en
nivelant et en appauvrissant la vigueur missionnaire. Le repli indivi-
dualiste, si répandu et socialement proposé dans cette culture large-
ment numérisée, requiert une attention particulière non seulement en
ce qui concerne nos modèles pédagogiques mais aussi en ce qui
concerne l’utilisation personnelle et communautaire du temps, de
nos activités et de nos biens.
L’« option Valdocco » et la capacité de rêver
L’un des « genres littéraires » de Don Bosco étaient les rêves. À tra-
vers eux, le Seigneur a tracé sa route dans la vie de Don Bosco et
dans la vie de toute votre Congrégation, en élargissant l’imagination
du possible. Les rêves, loin de le garder endormi, l’ont aidé, comme
cela est arrivé à saint Joseph, à prendre une autre profondeur et une
autre mesure de la vie, celles qui naissent des entrailles de la com-
passion de Dieu. Il était possible de vivre l’Évangile concrètement...
Don Bosco l’a rêvé et lui a donné forme dans l’Oratoire.
21 Aujourd’hui, en fait, « une évangélisation qui éclaire les nouvelles manières de se
mettre en relation avec Dieu, avec les autres et avec l’environnement, et qui suscite les
valeurs fondamentales devient nécessaire. Il est indispensable d’arriver là où se forment
les nouveaux récits et paradigmes. » (Evangelii Gaudium 74)
67

7.4 Page 64

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Je souhaite vous offrir ces paroles comme les « mots du soir » dans
toute bonne maison salésienne au terme de la journée, en vous invi-
tant à rêver et à rêver grand. Sachez que le reste vous sera donné par
surcroît. Rêvez de maisons ouvertes, fécondes et évangélisatrices,
capables de permettre au Seigneur de montrer à de nombreux jeunes
son amour inconditionné et de vous permettre, à vous, de profiter de
la beauté à laquelle vous avez été appelés. Rêvez... Et non seule-
ment pour vous et pour le bien de votre Congrégation mais encore
pour tous les jeunes privés de la force, de la lumière et du réconfort
de l’amitié avec Jésus-Christ, privés d’une communauté de foi qui les
accueille, d’un horizon de sens et de vie (cf. Evangelii Gaudium, 49).
Rêvez... Et faites rêver !
Rome, Saint Jean de Latran, 4 mars 2020
68

7.5 Page 65

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« QUELS SALÉSIENS
POUR LES JEUNES D’AUJOURD’HUI ? »

7.6 Page 66

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1. PRIORITÉ DE LA MISSION SALÉSIENNE
PARMI LES JEUNES D’AUJOURD’HUI
RECONNAÎTRE
1. Avec un regard de foi
En tant que membres du Chapitre Général 28, nous sommes
convaincus que Dieu, par son Esprit, est présent dans la vie de
tous les jeunes de notre temps. Dans notre discernement, nous
avons d’abord essayé de reconnaître son action en essayant
d’entrer dans le rythme d’une « double docilité : docilité aux
jeunes et à leurs besoins, et docilité à l’Esprit et à tout ce qu’Il
veut transformer. » (Du Message du Pape François au CG28)
Dès le début, cela nous a incités à avoir un regard positif empreint
d’humilité, de sympathie, de courage, d’intelligence, de foi et
d’espérance, dans la certitude que « le regard de Dieu le Père est
capable de valoriser et d’alimenter les semences de bien semées
dans les cœurs des jeunes » qui doivent donc être considérés par
nous comme « une terre sacrée. » (cf. Christus Vivit, n. 67)
Appelés à être amis, pères, pasteurs et guides des jeunes, nous
désirons faire nôtre ce regard divin, ayant bien conscience de
suivre ainsi les traces de notre bien-aimé Père Don Bosco qui,
au Valdocco précisément, guidé par la main de l’Auxiliatrice, a
réalisé son œuvre.
2. À l’écoute du cri des jeunes
Qui sont les jeunes d’aujourd’hui ? Quelle est leur condition ?
Que cherchent-ils ? Que nous demandent-ils ? Pour répondre à ces
questions, nous nous sommes tout d’abord mis à l’écoute.
71

7.7 Page 67

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Nous avons eu la chance d’avoir parmi nous quelques jeunes
provenant du monde entier, qui représentaient les très nombreux
jeunes qui ont été présents dans nos Chapitres Provinciaux prépa-
ratoires au CG28. Nous avons écouté leurs voix avec attention et
émotion. Ils nous ont communiqué leur inquiétude spirituelle et
leur faim de Dieu, leur désir d’être protagonistes et artisans d’un
monde meilleur, leur peine à croire et à aller à contre- courant des
logiques de notre temps. Et ils nous ont demandé d’être moins
« gestionnaires » et davantage « pasteurs », d’être au milieu d’eux
et de prendre le temps de les accompagner.
Durant de nombreux temps de travail ensemble, nous avons aussi
pris conscience des nombreuses pauvretés des jeunes, qui nous
laissent horrifiés comme l’a été Don Bosco lors de sa première
visite dans les prisons de Turin. Le cri de nombreux jeunes touche
notre cœur encore aujourd’hui : pauvreté économique, sociale et
culturelle, pauvreté affective, relationnelle et familiale, pauvreté
morale et spirituelle. Dans de nombreux contextes, le chômage et
l’impossibilité de faire des études pénalisent de larges groupes de
jeunes.
De différentes manières, les jeunes se sont manifestés à nous com-
me des prophètes : à travers leur présence, le Seigneur nous fait
continuellement connaître ses attentes et ses appels pour le renou-
veau de notre mission. De même que Don Bosco « n’a pas décou-
vert sa mission devant un miroir, mais dans la douleur de voir des
jeunes sans avenir, le Salésien du XXIème siècle ne découvrira pas
son identité s’il n’est pas capable de souffrir avec “la foule de
jeunes gens (...) sains et robustes, à l’esprit éveillé, mais réduits
au désœuvrement, (...) privés du pain spirituel et temporel (...).
[Et qui] semblaient personnifier l’opprobre de la nation, le dés-
honneur des familles”. Et nous pourrions ajouter : de notre Église
même. » (Du Message du Pape François au CG28)
3. Dans un changement d’époque
Nous vivons un changement d’époque : aujourd’hui plus que
jamais « personne ne peut dire avec certitude et précision (si tant
est que cela ait été jamais possible) ce qui se passera dans un ave-
nir proche sur le plan social, économique, éducatif et culturel. »
72

7.8 Page 68

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(Du Message du Pape François au CG28) Et il devient donc
évident qu’il n’est plus possible de penser notre mission avec la
mentalité du « on a toujours fait ainsi. » Si d’une part cette situa-
tion désoriente, de l’autre, elle nous demande de jouer le jeu avec
humilité et courage, et nous presse de faire nôtres les dynamismes
juvéniles qui étaient si vifs chez Don Bosco. Nous sommes plus
que jamais convaincus de ce que nous a dit le Pape François pré-
cisément au Valdocco, dans la basilique de Marie Auxiliatrice, le
21 juin 2015 : « Votre charisme est d’une très grande actualité.
Regardez les rues, regardez les jeunes et prenez des décisions au-
dacieuses. N’ayez pas peur, faites comme a fait Don Bosco. »
Outre certains défis permanents qui continuent à nous interpeller,
notre époque présente des nouveautés inévitables. La révolution
numérique nous demande de comprendre les profondes transfor-
mations qui s’opèrent non seulement dans le domaine de la com-
munication, mais surtout dans la manière dont nous mettons en
place et gérons nos relations humaines. Le domaine de l’affectivi-
té, avec toutes les questions liées au genre et à l’identité sexuelle,
remet en question notre vision anthropologique. La condition des
femmes et leur rôle dans la société et dans l’Église exigent que
nous y réfléchissions plus attentivement et plus profondément.
La sensibilité écologique, qui se développe rapidement dans le
monde des jeunes, nous demande d’être prophétiques dans ce
domaine par des choix clairs et cohérents. Le contact avec les
jeunes migrants, les réfugiés et beaucoup d’autres jeunes privés
de leurs droits fondamentaux devient pour nous un appel pressant
à l’action. Enfin, l’expérience douloureuse des abus, qui touche
également notre Congrégation, est un appel fort à la conversion.
4. La transmission de la foi
Le changement rapide qui se produit affecte les processus ordi-
naires de transmission de la foi. Il existe à cet égard de grandes
différences : alors que dans certains contextes, la vie de foi ne
pose aucun problème et que les jeunes vivent naturellement leur
appartenance à l’Église, dans d’autres contextes fortement sécu-
larisés, la foi chrétienne est devenue une question qui n’a plus
aucune importance personnelle ou sociale. Dans certaines régions
73

7.9 Page 69

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où nous sommes présents, il y a du fondamentalisme, de la discri-
mination et même la persécution ; dans d’autres, nous pouvons
librement proposer l’Évangile. Nous travaillons également dans
de nombreux contextes multireligieux où la majorité des jeunes
qui fréquentent nos œuvres appartiennent à d’autres religions ou à
d’autres confessions chrétiennes.
Face à la crise mondiale de l’autorité, de la tradition et de la trans-
mission, nous sommes interpellés sur les styles, les contenus et les
moyens d’annoncer Jésus-Christ, car nous nous sentons tous
appelés à être « missionnaires des jeunes. » Convaincus de la
nécessité d’atteindre leur cœur, nous ressentons l’urgence de
proposer à nouveau la première annonce avec plus de conviction,
car « rien n’est plus “solide”, plus profond, plus sûr, plus dense et
plus sage que cette annonce. » (Christus Vivit 214)
5. Le désir de marcher ensemble
Les jeunes sont porteurs du feu vivant du charisme salésien et
nous aident à connaître, à approfondir et à mieux assumer la mis-
sion qui nous a été confiée. Depuis le début, « loin d’être des
agents passifs ou des spectateurs de l’œuvre missionnaire, ils sont
devenus, à partir de leur condition même – dans bien des cas
“illettrés religieux” et “analphabètes sociaux” – les principaux
protagonistes de tout le processus de fondation. La salésianité naît
précisément de cette rencontre capable de susciter des prophéties
et des visions » dans la conviction que « tout charisme doit être
renouvelé et évangélisé, et, dans votre cas, surtout par les jeunes
les plus pauvres. » (Du Message du Pape François au CG28)
Nous estimons donc qu’il est de notre devoir d’impliquer les jeu-
nes et nous pensons qu’ils ont le droit d’être impliqués au sein de la
communauté éducative et pastorale, qui est avant tout une famille
où tout est partagé dans un climat d’amitié, d’écoute, de respect et
de collaboration. Nous reconnaissons que beaucoup d’entre eux
« se trouvent dans une situation profonde d’abandon (comme s’ils
étaient orphelins)... à laquelle nous devons répondre en créant des
espaces fraternels et attirants où l’on vit avec sens. » (Christus Vivit,
n. 216) C’est précisément dans cette direction que les récents che-
minements synodaux nous ont permis de redécouvrir le caractère
74

7.10 Page 70

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familial de l’Église, au point qu’elle peut être considérée comme
« une famille de familles, constamment enrichie par la vie de tou-
tes les Églises domestiques. » (Amoris Laetitia, n. 87)
Enfin, nous sommes conscients que bien souvent nous ne parve-
nons pas à intercepter cette véritable « nostalgie communautaire »
des jeunes et des familles : ils nous demandent du temps et nous
leur donnons de l’espace ; ils nous demandent des relations et nous
leur fournissons des services ; ils nous demandent une vie frater-
nelle et nous leur offrons des structures ; ils nous demandent de
l’amitié et nous leur organisons des activités.Tout cela nous engage
à redécouvrir les richesses et le potentiel de « l’esprit de famille. »
INTERPRÉTER
6. Accompagnés par Don Bosco
Pour interpréter ce que nous avons reconnu jusqu’à présent, nous
voulons nous laisser guider par l’un des passages les plus signifi-
catifs de la « Lettre de Rome » de 1884. Don Bosco constate qu’à
l’Oratoire du Valdocco, entre les Salésiens et les jeunes, une bar-
rière physique et spirituelle s’est créée qui entrave l’action éduca-
tive et trahit le charisme. Dialoguant avec l’un des jeunes du rêve,
il tente d’interpréter la situation pour trouver un moyen de la ré-
soudre : « Mais comment s’y prendre pour briser cette barrière ?»
La réponse qu’il reçoit est éclairante pour nous aussi : « Familia-
rité avec les jeunes surtout en récréation. Sans familiarité, l’affec-
tion ne se prouve pas, et sans cette preuve il ne peut y avoir de
confiance. Qui veut être aimé doit montrer qu’il aime. Jésus-
Christ se fit petit avec les petits et porta nos faiblesses. Voilà le
maître de la familiarité ! »
Ce texte met en lumière les trois nœuds fondamentaux autour
desquels nous avons rassemblé l’interprétation de ce noyau thé-
matique : aller à la rencontre des jeunes là où ils se trouvent et
s’expriment spontanément ; la proximité qui crée la confiance et
rend possible l’accompagnement ; la tonalité affective de la rela-
tion éducative que Don Bosco appelle de ses vœux avec un terme
qui découle de l’expérience familiale. C’est dans cette perspective
75

8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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de foi que nous voulons chercher les raisons de ce que nous
vivons, avec ses lumières et ses ombres, pour faire ressortir les
défis qui nous attendent et identifier les critères pour y faire face.
COMMUNAUTÉ EN SORTIE VERS LES JEUNES PAUVRES
7. Deux facettes d’un même problème
Trop souvent, la pauvreté prive les enfants et les jeunes de la pos-
sibilité de grandir en paix, d’avoir une bonne éducation, de décider
de leur avenir. Il n’est pas rare que la pauvreté les éloigne égale-
ment de la communauté chrétienne et de la possibilité de rencon-
trer la joie de l’Évangile, qui est justement destinée aux derniers :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi (...) Il m’a envoyé porter la
Bonne Nouvelle aux pauvres. » (Lc 4,18) La pauvreté devient
ainsi aujourd’hui une barrière d’exclusion, qu’il faut surmonter.
Le Magistère prophétique du Pape François aide l’Église à prendre
de plus en plus conscience que s’éloigner des pauvres trahit l’É-
vangile et génère de nombreuses « maladies » dans la communau-
té chrétienne. Nous aussi, nous ressentons le besoin d’approfondir
l’interprétation de l’époque dans laquelle nous vivons, jusqu’à
reconnaître que les phénomènes sociaux et les défis spirituels, les
appels des jeunes et les motions de l’Esprit sont étroitement liés,
sans séparation possible. C’est l’expérience qu’a vécue Don Bosco
et qui l’a rendu capable de répondre aux besoins les plus urgents de
ses jeunes, et de leur faire sentir la tendresse de Dieu qui réchauffe
le cœur et insuffle l’espérance. Là où cela se produit encore au-
jourd’hui, avec un engagement généreux et une créativité pastora-
le, nous voyons une véritable floraison du charisme. En revanche,
là où les communautés perdent la « familiarité » avec les pauvres,
la vie religieuse devient tiède, au risque de devenir du sel qui perd
sa saveur, une lampe placée sous le boisseau (cf. Mt 5,13-15).
8. Consacrés à Dieu pour les jeunes les plus pauvres
Aller vers les jeunes pauvres et le faire en tant que communauté
de croyants est certainement un défi toujours nouveau, mais c’est
aussi une perspective qui nous remplit d’enthousiasme. Comme
76

8.2 Page 72

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notre Père Don Bosco, nous avons nous aussi dit à Dieu le jour de
notre profession religieuse : « Je m’offre totalement à toi (...) en
m’engageant à donner toutes mes forces à ceux à qui tu m’envoies,
surtout les jeunes les plus pauvres. » (C 24)
Cela exige de nous, tout d’abord, une capacité de discernement
communautaire : il ne s’agit pas de confier à un seul confrère la
réalisation de nouveaux projets, mais d’écouter ensemble l’appel
que Dieu nous adresse à travers les pauvretés des jeunes. Cet
appel requiert également une profondeur spirituelle pour ne pas
tomber dans l’activisme ou dans une mentalité d’entreprise, une
préparation culturelle pour comprendre les phénomènes dans les-
quels nous sommes plongés et les nouvelle pauvretés des jeunes,
une disponibilité à travailler ensemble en abandonnant tout indi-
vidualisme pastoral, de la flexibilité pour repenser notre style de
vie et nos œuvres, surtout lorsqu’elles n’expriment plus l’énergie
missionnaire du charisme et répondent principalement à la logique
du maintien des choses en l’état.
ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES EN CLÉ VOCATIONNELLE
9. Une tradition riche
« Sans familiarité, il n’y a pas de preuve d’amour et sans cette
preuve, il ne peut y avoir de confiance. » Ces paroles de Don
Bosco suffisent à nous faire comprendre la valeur que cela avait
pour lui d’atteindre le cœur du jeune, lui permettant une sincère et
confiante ouverture d’esprit. Don Bosco n’utilisait pas le mot
« accompagnement », mais toutes ses actions y tendaient précisé-
ment. Son engagement éducatif, riche en propositions et attentif
aux différentes dimensions de la croissance, tendait à accompagner
les jeunes de manière simple et concrète vers la sainteté. Négliger
cette dimension du Système Préventif, c’est le dénaturer.
Si toute l’Église, dans le cadre du Synode pour les jeunes, a redé-
couvert la valeur de l’accompagnement pour le discernement,
nous sommes, nous aussi, invités à relire les richesses de notre
tradition à cet égard. Celle-ci nous livre trois niveaux d’accom-
pagnement étroitement liés entre eux : le milieu, le groupe, la per-
sonne.
77

8.3 Page 73

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Le premier (accompagnement du milieu) se réalise par l’offre d’u-
ne ambiance accueillante, joyeuse, riche en propositions différen-
ciées et capable de déclencher des chemins de croissance.
Le second (accompagnement du groupe) favorise un plus grand
engagement dans la maturation personnelle et dans le chemin de
foi, met en valeur les aptitudes de chacun, promeut la spiritualité
du Mouvement Salésien des Jeunes et l’appartenance à celui-ci.
Le troisième (accompagnement personnel) conduit le jeune à
discerner plus profondément le sens de son existence devant Dieu.
En ce sens, le Synode sur les jeunes a parlé d’un accompagnement
« en clé vocationnelle » (Document final du Synode, nn. 138-143 ;
Christus Vivit, chapitre VIII), aidant à penser la vie non pas com-
me un projet d’autoréalisation individuelle, mais comme un che-
min pour découvrir et répondre à l’appel divin. L’expression du
Pape François « Je suis une mission » (Christus Vivit, n. 254)
indique clairement le but que poursuit l’accompagnement : aider
chacun à découvrir sa singularité comme don pour les autres.
10. Sujets et but de l’accompagnement
Comme il découle de la familiarité dans la vie quotidienne, l’ac-
compagnement implique une pluralité de sujets et n’est pas la
tâche exclusive de quelqu’un. Toute la communauté éducative et
pastorale est impliquée, même si tous n’ont pas la même aptitude
et la même préparation pour guider le discernement personnel.
Dans tous les cas, le protagoniste de chaque accompagnement est
l’Esprit du Seigneur qui nous comble de dons et de charismes ;
nous, nous sommes simplement des serviteurs et des médiateurs
de l’œuvre de Dieu.
Il est très important de souligner qu’un bon accompagnement
ne place pas le jeune dans une position passive ou subordonnée,
mais favorise, au contraire, sa participation active à la vie de la
communauté et sa coresponsabilité au service des plus pauvres. Il
s’agit donc d’un accompagnement pour l’engagement, pour une
présence active et responsable dans la société et dans l’Église. Le
protagonisme des jeunes dans la fondation de notre Congrégation
et l’engagement actif des « Compagnies » à l’Oratoire du Val-
docco ont encore beaucoup à nous dire en ce sens.
78

8.4 Page 74

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Sûrs que « ceux qui accompagnent les autres dans leur croissance
doivent être des gens à larges vues, capables de réunir limites et
espérance, en aidant ainsi à toujours regarder en perspective, dans
une perspective salvifique » (du Message du Pape François au
CG28), nous sommes appelés à promouvoir un engagement re-
nouvelé en faveur de l’accompagnement, ce qui exige, avant tout,
que nous prenions davantage soin de la préparation de confrères et
de laïcs dans ce domaine délicat, et que nous vivions nous-mêmes
l’expérience d’être accompagnés.
La perspective d’une participation active des jeunes suppose alors
une plus grande confiance dans leurs ressources : nous ne devons
pas craindre leur saine inquiétude, leurs questions et leur sensibi-
lité aux nouveaux enjeux, auxquels nous ne sommes pas toujours
prêts à faire face. Apprenons donc chaque jour à écouter avec em-
pathie et à proposer notre aide avec humilité. L’autorité authen-
tique d’un éducateur ne consiste pas dans le pouvoir de diriger,
mais dans la force de promouvoir la liberté : telle est la paternité
de Don Bosco.
CHEMINEMENT AVEC LES FAMILLES ET ÉDUCATION AFFECTIVE
11. Être proches des familles
Nous sommes conscients que la famille est l’école de l’amour,
dans laquelle nous apprenons la grammaire de l’affection à travers
laquelle Dieu se fait connaître et rencontrer. Les récents Synodes
sur la Famille et l’Exhortation Apostolique postsynodale Amoris
Lætitia ont donné de nombreuses indications pastorales sur l’ac-
compagnement des familles et sur l’éducation affective, que nous
sommes, nous aussi, appelés à accueillir et à assimiler.
Pour nous, Salésiens, l’intérêt pour la famille jaillit spontanément
du cœur même de notre charisme éducatif. Nous savons combien
Don Bosco a appris de Maman Marguerite, à tel point qu’il l’a
voulue avec lui au Valdocco comme une présence précieuse pour
faire de l’Oratoire une véritable « maison. » Par ailleurs, le jeune
Jean Bosco n’a pas grandi dans une famille parfaite : il a vécu la
souffrance d’être orphelin de père, l’incompréhension de son
frère Antoine, l’humiliation de la pauvreté, la nécessité de quitter
79

8.5 Page 75

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la maison pour chercher du travail. Tout cela a contribué à faire
mûrir en lui un cœur paternel, riche en miséricorde et accueillant.
Aujourd’hui, nous ressentons, nous aussi, le besoin d’une grande
proximité avec les familles, en les accueillant avec leurs peines et
leurs fatigues, mais surtout en valorisant les richesses qu’elles por-
tent en elles. De fait, à travers nos œuvres, nous rencontrons de
nombreuses familles dans les situations les plus variées : certaines
se tournent vers nous pour nos propositions éducatives, d’autres
partagent le choix religieux et l’inspiration charismatique, d’autres
encore vivent leurs premières années de mariage et demandent à
être accompagnées. Nombreuses sont celles qui se trouvent dans
des situations de pauvreté, de mal-être ou qui sont des familles
blessées et le fruit de secondes unions. Il y a aussi des jeunes qui
ont grandi avec nous et qui nous demandent de les accompagner
vers le mariage, et même des personnes qui vivent dans de nouvel-
les configurations relationnelles et viennent aussi dans nos milieux.
Cette complexité constitue sans aucun doute un défi et nécessite
une préparation adéquate. La présence de nombreuses familles
dans les Groupes de la Famille Salésienne, et d’autres qui colla-
borent avec nous, constitue pour nous, en tout cas, une grande res-
source, surtout si nous sommes capables d’écouter leur expérience
et de prendre en considération leur témoignage.
12. Pastorale des jeunes, famille, éducation affective
Le critère fondamental de notre travail avec les familles est le
caractère éducatif de notre mission. Nous ne voulons pas pratiquer
une pastorale familiale parallèle à la pastorale des jeunes, mais
plutôt présenter la communauté éducative et pastorale comme le
lieu et la forme de notre cheminement avec les familles.
De ce critère découle également la nécessité d’assumer de maniè-
re plus courageuse le défi de l’éducation affective et sexuelle des
jeunes. C’est une demande que le Concile avait déjà adressée aux
institutions éducatives de l’Église (cf. Gravissimum Educationis,
n. 1) et que nous avons encore trop peu prise en considération. Il
ne s’agit pas simplement de donner des informations mais d’ac-
compagner en un parcours de connaissance de soi et de découver-
te de l’appel à l’amour.
80

8.6 Page 76

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Nous savons l’importance que Don Bosco accordait à la pureté dans
la croissance des jeunes et la délicatesse avec laquelle il en parlait.
Dans un contexte qui banalise souvent la sexualité, nous sommes
appelés à présenter une vision sereine, positive et équilibrée de l’af-
fectivité, à éclairer le discours sur les langages du corps et sur le
sens de la réciprocité entre l’homme et la femme en conformité avec
la Parole de Dieu. Le soin de contextes proactifs et « préventifs »,
une animation qui sache impliquer les jeunes dans toutes leurs di-
mensions (théâtre, sport, art, jeu, musique, etc.), un accompagne-
ment personnel qui prenne soin de la dynamique profonde de la per-
sonne sont les outils que notre tradition nous offre et que nous som-
mes appelés à repenser dans les nouveaux contextes d’aujourd’hui.
CHOISIR
13. Communautés en sortie vers les jeunes pauvres
Nous allons vers les jeunes pauvres en dépassant une pasto-
rale de maintien des choses en l’état et en renouvelant nos
dynamismes communautaires.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une pastorale de la conservation à une pastorale mission-
naire qui ait pour critère de choix les besoins des jeunes.
b) D’une pastorale élitiste et exclusive à une pastorale populaire
et inclusive.
c) D’une communauté repliée sur elle-même dans des zones de
confort à un témoignage de fraternité affichée dans le partage
avec les jeunes pauvres.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Secteurs de la Pastorale des Jeunes et des Missions pro-
poseront un projet spécifique d’attention et d’accueil des pau-
vretés des jeunes.
e) Dans le cadre du réaménagement des présences, les Pro-
vinces prévoiront des communautés pouvant accueillir avec
81

8.7 Page 77

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les Salésiens des enfants et des jeunes en difficulté (migrants,
réfugiés, enfants des rues, etc.) pour leur offrir des possibi-
lités d’études, de formation professionnelle et d’insertion
dans le monde du travail.
f) La Congrégation veillera, à tous les niveaux, à ce que les
conditions de promotion et de défense des droits des jeunes
soient garanties, notamment en ce qui concerne la protection
des mineurs et des adultes vulnérables.
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) On développera, au niveau central, une coordination en réseau
avec d’autres religieux et Organisations nationales et interna-
tionales, au service des jeunes les plus pauvres.
h) On élaborera, aux niveaux provincial et local, un Code de
Conduite pour assurer un contact réel, sûr et garanti avec les
jeunes, en particulier les pauvres.
i) Les communautés adopteront des moments spécifiques et des
conditions permanentes d’accueil de jeunes : elles reverront
leurs horaires, leurs structures, leurs lieux et leurs styles rela-
tionnels pour être des communautés authentiquement ou-
vertes et accueillantes.
14. Accompagnement des jeunes en clé vocationnelle
Nous promouvons un engagement renouvelé pour l’accom-
pagnement dans une perspective vocationnelle, en prenant
soin d’une formation adéquate des Salésiens et des laïcs dans
ce domaine.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une pastorale d’initiatives et d’activités à une attention aux
parcours personnels de croissance.
b) De la fragmentation du travail pastoral en de nombreux sec-
teurs à son intégration dans une perspective vocationnelle.
c) D’une mentalité d’autosuffisance pastorale à l’implication
des jeunes selon leur degré de maturité.
82

8.8 Page 78

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PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Secteurs de la Pastorale des Jeunes et de la Formation
proposeront des parcours d’habilitation à l’accompagnement
pour Salésiens et laïcs.
e) Le Secteur de la Pastorale des Jeunes animera, soutiendra et
orientera l’engagement des Provinces sur les thèmes voca-
tionnels.
f) Chaque Province offrira aux jeunes un « temps destiné à la
maturation d’une vie chrétienne adulte » à vivre dans nos
Maisons, à travers un projet précis de partage du vécu, de
fraternité, d’apostolat et de spiritualité (cf. Document final du
Synode, n. 161).
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Le Recteur Majeur avec son Conseil envisagera d’établir une
coordination centrale pour l’animation vocationnelle.
h) Les Régions mettront en œuvre le développement et la créa-
tion de Centres régionaux de formation pour Salésiens et
laïcs sur l’accompagnement.
i) Les Provinces favoriseront l’insertion de jeunes dans les
équipes de pastorale des jeunes, dans les Consultes provin-
ciales et autres structures d’animation pastorale.
15. Cheminement avec les familles et éducation affective
Nous consolidons le cheminement avec les familles dans la
communauté éducative et pastorale, et nous proposons des
parcours plus précis d’éducation affective.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une famille considérée seulement comme destinataire de la
pastorale à la famille comme sujet actif de la mission qui doit
s’engager dans la communauté éducative et pastorale.
b) D’un schéma mental rigide et simplificateur à l’accueil et à
l’accompagnement des expériences familiales dans le respect
de leur complexité.
83

8.9 Page 79

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c) De considérer notre affectivité comme un acquis réalisé une
fois pour toutes à une formation salésienne qui l’entend
comme un chemin de croissance et de maturation du cœur.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Secteurs de la Pastorale des Jeunes et de la Formation,
en valorisant l’expérience et l’apport des familles, donneront
des indications pour l’élaboration de propositions adéquates
d’éducation affective et sexuelle et s’occuperont de la forma-
tion de Salésiens et de laïcs dans ce domaine.
e) Les Provinces promouvront des groupes familiaux inspirés
par la spiritualité salésienne, en favorisant leur leadership apos-
tolique et leur participation active dans la communauté éduca-
tive et pastorale.
f) Les Provinces encourageront la réflexion déjà engagée par
la Congrégation lors du Congrès International « Pastorale des
Jeunes et Famille » (Madrid, 2017) et élaboreront des outils
et des parcours pour soutenir les familles dans leur tâche
éducative.
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Les Provinces investiront dans la formation de personnel pour
l’accompagnement des familles et pour l’éducation affective.
h) Les Provinces favoriseront l’insertion de certaines familles
dans le Conseil de la communauté éducative et pastorale, en
promouvant des temps réguliers de communion et de forma-
tion.
i) Les Provinces encourageront l’engagement apostolique des
Groupes laïcs de la Famille Salésienne au service de la famille.
84

8.10 Page 80

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2. PROFIL DU SALÉSIEN AUJOURD’HUI
RECONNAÎTRE
16. Vocation et formation : la force du charisme nous interpelle
Dans le rêve des neuf ans, la Vierge Marie, après avoir indiqué à
Jean Bosco le champ dans lequel il devrait travailler, l’invite à de-
venir « humble, fort et robuste. » Avec ces mots, Elle lui propose
un parcours de formation exigeant et étroitement lié à la vocation
reçue et à la mission qui lui a été confiée. Nous aussi, nous recon-
naissons que la formation est un don précieux du Seigneur et une
exigence indispensable de l’itinéraire vocationnel. Cet engage-
ment pour la formation touche toutes les dimensions de notre
consécration apostolique : c’est pourquoi le CG27 a tracé de façon
cohérente le profil du Salésien comme mystique dans l’Esprit,
prophète de la fraternité et serviteur des jeunes.
En examinant les statistiques de la Congrégation, nous avons
constaté qu’au cours de la dernière décennie, nous avons eu une
moyenne annuelle d’environ 2600 jeunes en formation. Cela nous
remplit de joie et d’espérance car cela montre que notre charisme
continue à être fécond. En même temps, ce fait nous interpelle et
nous responsabilise, en nous demandant de vérifier la qualité de
notre formation initiale et permanente.
En effet, nous constatons que l’identité consacrée salésienne sem-
ble parfois faible et peu enracinée : le primat de Dieu dans la vie
personnelle et communautaire n’apparaît pas toujours clairement ;
des formes de cléricalisme et de sécularisme risquent d’introduire
la « mondanité spirituelle » dans la Congrégation ; la promotion
du Salésien laïc reste rare dans certaines régions ; le manque de
personnel formé dans le domaine de la salésianité, malgré l’abon-
85

9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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dance du matériel disponible, est le signe d’une attention insuffi-
sante à l’approfondissement du charisme.
17. Formation et mission : un décalage dont il faut prendre conscience
Dans la réflexion capitulaire sur le profil du Salésien aujourd’hui,
une préoccupation est clairement apparue : l’écart entre le par-
cours de formation, dans ses différentes phases, et la réalité de la
mission éducative et pastorale ordinaire. Certains parlent d’un dé-
calage entre formation et mission, d’autres d’une séparation entre
formation initiale et formation permanente, d’autres encore d’une
certaine incohérence entre ce que la Congrégation propose en ma-
tière de formation initiale et ce qui se vit réellement dans les com-
munautés apostoliques.
La formation actuelle, avec ses structures, ses styles et ses métho-
des, apparaît parfois plus informative que performative, car elle
ne transforme pas toujours le cœur. La mission apostolique, d’au-
tre part, n’est pas toujours en mesure de tirer de la réalité des jeu-
nes et du caractère concret de la vie les éléments pour une forma-
tion permanente : la « chaire de la réalité » a du mal à devenir lec-
ture croyante de l’histoire (lectio vitæ), en offrant des éléments
pour un renouvellement continu de notre être et de notre agir.
Nous reconnaissons également qu’il est urgent d’approfondir cer-
tains des thèmes qui doivent entrer pleinement dans le processus
de formation : la qualification pour l’accompagnement spirituel
des jeunes, qui exige la maturation de sensibilités spécifiques ; la
prise de conscience claire que notre mission est partagée avec les
laïcs et nécessite donc de nouvelles compétences relationnelles ;
l’attention croissante aux questions écologiques qui implique une
préparation spécifique en ce domaine. Enfin, le nouveau monde
numérisé exige de repenser la façon dont nous abordons l’ensem-
ble de notre vie fraternelle et de notre mission apostolique, car « le
repli individualiste, si répandu et socialement proposé dans cette
culture largement numérisée, requiert une attention particulière
non seulement en ce qui concerne nos modèles pédagogiques
mais aussi en ce qui concerne l’utilisation personnelle et commu-
nautaire du temps, de nos activités et de nos biens. » (Du Message
du Pape François au CG28)
86

9.2 Page 82

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18. Formation permanente : vivre l’existence dans une optique de
formation
Nous sommes reconnaissants de la présence d’un bon nombre de
Salésiens qui ravivent continuellement le don de Dieu qu’ils ont
reçu (cf. 2Tm 1,6) à travers « une attitude contemplative, capable
d’identifier et de discerner les points clés. » (Du Message du
Pape François au CG28) C’est la seule façon de surmonter l’i-
dée malheureusement bien ancrée que la formation s’achève
avec la conclusion des étapes initiales et l’accès au ministère.
En fait, certains confrères n’ont pas la conviction que l’engagement
dans leur propre formation est un style précis d’assumer la mission,
à tel point qu’il apparaît difficile d’allumer le désir et la passion
pour la formation permanente. Nous reconnaissons que, tant au ni-
veau central qu’au niveau provincial, un effort a été fait pour offrir
des outils et des parcours de formation ; mais ceux-ci ne portent pas
toujours les fruits escomptés. Il est difficile, en particulier, de trans-
former l’expérience pastorale quotidienne elle-même en une occa-
sion de formation car nous n’avons pas été initiés à discerner à par-
tir du caractère concret de la réalité. C’est pourquoi la communauté
– tant religieuse que pastorale et éducative – n’est pas en mesure de
devenir le milieu naturel et ordinaire dans lequel on se forme.
Mais il faut aussi reconnaître qu’il y a une certaine confusion
concernant les sujets responsables et les parcours de la formation
permanente : il y a souvent un manque de confrères préparés pour
accompagner ce parcours, et l’on se trouve en état de faiblesse de-
vant une pluralité de références formatives tant au niveau provin-
cial que local. Certains signalent le risque de réduire la formation
permanente à quelques cours de recyclage sporadiques ou de la
confier [et la confiner] à tel ou tel nouveau manuel que l’on distri-
bue [pour l’occasion]. Enfin, dans un monde toujours plus fluide,
il y a le défi du « labeur culturel » dans la Congrégation, car sans
étude, sans lecture ni mise à jour continue, il ne sera pas possible
d’échapper à une pastorale du conservatisme et de la répétition.
19. Formation initiale: une réalité en devenir qui doit être accompagnée
D’après les données et les discussions qui sont apparues au Cha-
pitre, nous reconnaissons que la formation initiale dans son en-
87

9.3 Page 83

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semble est une réalité à multiples facettes, positive et prometteuse.
C’est une grande mosaïque de situations différentes, dans laquel-
le nous reconnaissons la présence de nouveaux dynamismes dans
la Congrégation.
Qui sont les jeunes en formation aujourd’hui ? En résumé, nous
pouvons dire que la plupart d’entre eux viennent d’Asie et d’A-
frique. Dans l’ensemble, ce sont de « jeunes adultes », et non plus,
comme autrefois, des « adolescents » ; ce sont des jeunes de notre
temps, qui apportent donc avec eux tout le potentiel et la fragilité
des jeunes d’aujourd’hui ; ils sont à la recherche d’une vie authen-
tique et d’une fraternité prophétique, même si parfois les motiva-
tions qui les conduisent à la vie salésienne ont besoin de mûrir.
Étant plus proches de la jeune génération par l’âge, ils ont une fa-
cilité de contact et un langage naturel commun avec le monde des
jeunes. Tout cela implique une approche formative complètement
différente dans nos maisons de formation et nos centres d’études.
De ce changement d’époque, nous comprenons que la recherche
et la formation de formateurs sont une véritable urgence à laquelle
il faut répondre de la meilleure façon possible. Reconnaissant
qu’être formateur est une « vocation dans la vocation », il faudra
passer de l’improvisation à un authentique discernement pour le
choix qualifié des formateurs et des professeurs : il ne s’agit
pas de « recrutement », mais d’un véritable dialogue vocationnel.
Reconnaissant donc la communauté comme le premier espace de
formation, les capitulaires ont souligné combien est décisive une
équipe de formateurs agissant en synergie et sous la conduite du
Directeur qui a surtout pour tâche d’accompagner et de coordon-
ner l’engagement de tous.
20. La nécessité d’adopter un nouveau style de formation
Comme nous le dit le Pape François, « penser à la figure du Salé-
sien pour les jeunes d’aujourd’hui implique d’accepter que nous
soyons plongés dans un temps de changements. » Du Message du
Pape François au CG28) Il est donc nécessaire de renouveler
notre style de formation, qui doit être pensé de plus en plus de
manière personnalisée, holistique, relationnelle, contextuelle et
interculturelle.
88

9.4 Page 84

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Nous avons surtout besoin d’un style qui soit capable d’assumer à
partir de la mission ses registres fondamentaux, car c’est la mis-
sion qui « donne à toute notre existence son allure concrète ; elle
spécifie notre rôle dans l’Église et détermine notre place parmi les
familles religieuses » (C 3), et aussi parce que nous sommes tous
convaincus que « lorsque nous nous isolons ou nous nous éloi-
gnons des gens que nous sommes appelés à servir, notre identité
de personnes consacrées commence à se défigurer et à devenir
une caricature. » (Du Message du Pape François au CG28)
Ce nouveau style de formation dont nous rêvons devrait faire
briller l’unité de la Congrégation dans la pluralité de ses expres-
sions : il est très important, contre « le grave danger d’uniformi-
sation monolithique des cultures », de reconnaître que la présence
mondiale de notre réalité charismatique « est un stimulant et une
invitation à conserver et à préserver la richesse de nombreuses
cultures dans lesquelles vous êtes plongés sans chercher à les
“homologuer”. » (Du Message du Pape François au CG28)
INTERPRÉTER
21. L’expérience de formation de Don Bosco
Afin d’effectuer un sain discernement sur notre formation, il est
utile de réfléchir sur l’expérience de formation vécue par Don
Bosco. Il en raconte lui-même les principaux moments dans les
Mémoires de l’Oratoire, avec de nombreuses observations qui
donnent un aperçu clair de sa vision à cet égard. Nous nous arrê-
tons ici en particulier sur une des étapes de formation que Don
Bosco a le plus appréciée : celle du « Convitto Ecclesiastico »
(Foyer sacerdotal). Don Bosco dit ceci de cette institution : « Ici
on apprend à être prêtre » (G. BOSCO, Memorie dell’Oratorio di
San Francesco di Sales, in ISS, Fonti Salesiane, 1. Don Bosco e
la sua opera, LAS, Rome 2014, p. 1233).
La formation du Convitto permettait d’associer une solide propo-
sition spirituelle et culturelle (« Méditation, lecture [spirituelle],
deux conférences par jour, des cours de prédication, une vie reti-
rée, toutes facilités pour étudier... ») et l’accompagnement pour
89

9.5 Page 85

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rencontrer dans le vécu « la malice et la misère des hommes »
dans les lieux de plus grande pauvreté. Le point fort qui guidait les
jeunes prêtres à faire une synthèse entre prière et ministère, entre
réflexion et pratique pastorale, c’était un groupe de formateurs
de très haut niveau, parmi lesquels Don Cafasso. Don Bosco les
rencontrait à leur chaire lorsqu’ils donnaient des cours, mais il les
voyait aussi personnellement engagés dans les formes de ministè-
re les plus variées et les plus difficiles. Ils étaient pour lui et ses
compagnons de solides maîtres de doctrine, des apôtres entrepre-
nants et de véritables modèles de vie. Aujourd’hui, nous parle-
rions d’une équipe exemplaire et compacte accompagnant totale-
ment la manière d’assumer la mission.
Les années du Convitto ont été décisives pour la maturité aposto-
lique de Don Bosco, et il est bon de noter qu’elles ont été son
choix, sans aucune obligation de sa part. Il a pris cet engagement
alors qu’il était déjà prêtre et qu’il aurait pu immédiatement
s’immerger à plein temps dans la vie active. Mais sur les conseils
de Cafasso, il a suivi une autre voie, plus exigeante mais immen-
sément plus fructueuse. Son exemple nous apprend que la forma-
tion ne s’arrête pas à la fin des études, à la profession perpétuelle
ou à l’ordination sacerdotale, mais reste un processus ouvert à
cultiver avec soin tout au long de la vie. Il nous rappelle égale-
ment que le véritable apôtre ne mûrit pas en brûlant les étapes et
que l’investissement le plus fructueux pour la mission est celui
d’une bonne formation.
FORMATION ET VOCATION : UN ACCOMPAGNEMENT À LA LUMIÈRE DU
CHARISME
22. Le don de la formation
Dans la vie consacrée, la formation ne se réduit pas à un ensemble
de techniques et de méthodologies, mais elle est une expérience
de foi enracinée dans le mystère même de la vocation. Dieu le
Père, qui nous a choisis avant la création du monde, continue à
travailler en nous avec la puissance de son Esprit, pour nous ren-
dre toujours plus conformes au Christ. Le but de notre parcours
de formation est, en effet, d’arriver à avoir en nous les sentiments
90

9.6 Page 86

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mêmes du Fils, c’est-à-dire à ressentir, penser et agir en Lui
(cf. Ph 2, 5).
Comprendre la formation dans l’horizon de la vocation nous aide
à ne pas la considérer comme un devoir imposé de l’extérieur
– par les normes de l’Église ou de la Congrégation – mais comme
un don de la grâce qui nous aide à faire vraiment nôtre la « for-
me » de la vie consacrée salésienne, en évitant qu’elle ne reste une
sorte d’habit extérieur.
L’existence d’échecs vocationnels nous rappelle combien ce pro-
cessus est délicat et combien l’accueil initial de l’appel ne nous pro-
tège pas automatiquement contre le risque de perdre notre route ou
de faire demi-tour. Que sont, en effet, le cléricalisme, le sécularisme
et l’individualisme, sinon des déviations de l’énergie vocationnelle
qui en éteignent la beauté et en empêchent la croissance par
manque de profondeur, par manque de motivations ou par manque
de générosité ? La vocation sans formation adéquate est alors
confondue avec une sorte de « volontariat à vie » dans lequel on ne
donne pas vraiment son cœur à Dieu et aux jeunes, et où l’on n’ac-
cepte pas la conversion, à travers la formation, que cela implique.
23. Le Système Préventif comme système de formation
La formation étant une pédagogie de la grâce, elle ne pourra
jamais être avant tout une question de règles et de normes. Sans
aucun doute, celles-ci sont-elles nécessaires, car elles préservent
des erreurs et indiquent des voies bien établies, mais elles ne suf-
fisent pas à elles seules à créer les conditions d’une authentique
expérience formatrice. Nous devons donc veiller à ne pas propo-
ser de solutions essentiellement normatives à un défi qui est avant
tout charismatique et générateur.
La formation est un savoir-faire quotidien, une sagesse pratique,
une qualité du témoignage, une capacité à lire les situations et à
toucher les cœurs : autant de choses qu’aucune loi ne peut garan-
tir et qu’aucun manuel ne suffit à assurer. Comme nous le rappel-
le le vénérable Père Giuseppe Quadrio, modèle extraordinaire de
formateur et de professeur, ces qualités sont avant tout le fruit de
la docilité intérieure à l’Esprit qui suscite dans notre Famille
charismatique de vrais maîtres de vie.
91

9.7 Page 87

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Toutes les indications de sagesse pratique que Don Bosco mettait
en actes dans l’éducation sont donc valables pour notre proposi-
tion de formation. Le Système Préventif est à redécouvrir de plus
en plus comme le principe inspirateur et l’âme profonde de notre
système de formation. Cela signifie affirmer le primat de la chari-
té théologale et de la confiance sur tout légalisme et formalisme ;
transmettre les valeurs vocationnelles à travers un authentique
esprit de famille ; impliquer activement les plus jeunes confrères
et les rendre coresponsables des choix de formation. La pédagogie
du Système Préventif est, en effet, une pédagogie de la confiance,
qui croit aux ressources des jeunes et les provoque à un engage-
ment généreux, sans jamais en étouffer les intuitions ni en freiner
la créativité. C’est dans cette logique que l’article 99 de nos Cons-
titutions stipule : « Chaque Salésien assume la responsabilité de sa
formation. » En fidélité à cette inspiration, la Congrégation se
montre mère pour chaque confrère et l’aide à mûrir dans son che-
minement vocationnel.
FORMATION ET MISSION : UN PROCESSUS UNITAIRE
24. Le « da mihi animas » comme énergie du processus de formation
La nature apostolique de notre charisme détermine notre forma-
tion. Comme nous le rappelle le Pape François, « il est important
de faire valoir que nous ne sommes pas formés pour la mission,
mais que nous sommes formés dans la mission, à partir de laquel-
le tourne toute notre vie, avec ses choix et ses priorités. La forma-
tion initiale et la formation permanente ne peuvent pas être une
instance préalable, parallèle ou séparée de l’identité et de la sensi-
bilité du disciple. » (Du Message du Pape François au CG28)
Ces mots indiquent très clairement que formation et mission sont
étroitement liées et ne sont pas indépendantes l’une de l’autre.
Comprendre la formation à l’horizon de la mission signifie tout
d’abord mettre l’accent sur le « Da mihi animas » en tant qu’é-
nergie profonde du processus de formation. Si cette énergie s’é-
teint et ne libère plus de ferveur pour le bien des jeunes, la matu-
ration vocationnelle est sérieusement compromise. Si, en revan-
che, la passion apostolique est vivante, elle nourrit la croissance
92

9.8 Page 88

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humaine, l’engagement dans l’étude, le soin de la vie spirituelle,
la maturation pastorale. Le « Da mihi animas » est, en fait, la fa-
çon dont Dieu nous rend participants de son amour pour le monde.
« Don Bosco, affirme encore le Pape, non seulement ne choisit
pas de se séparer du monde pour rechercher la sainteté, mais se
laisse interpeller et choisit comment et dans quel monde vivre. »
Assumer la mission comme principe formateur exige de dévelop-
per le regard du pasteur et le courage du prophète qui sait rester
avec les jeunes pauvres et rêver avec eux et pour eux d’un monde
différent. Voilà pourquoi « la mission inter gentes est notre
meilleure école : à partir d’elle, nous prions, nous réfléchissons,
nous étudions, nous nous reposons. » (Du Message du Pape Fran-
çois au CG28)
25. Pour une plus grande intégration
Afin de surmonter le fossé entre formation et mission, il faut tout
d’abord sortir de la « mentalité de délégation » qui tend souvent à
se décharger de la responsabilité dans ce domaine délicat sur les
communautés de formation. La transmission du charisme, en
effet, ne se fait pas d’abord dans des communautés spécialement
structurées, mais dans la fraîcheur du partage quotidien du service
des jeunes. La première source de formation dans la Congrégation
se trouve dans le trésor de la vie généreuse des confrères. Là où
les communautés sont vivantes dans le service, solides dans la
spiritualité et capables de réflexion, les itinéraires proposés par les
maisons de formation sont plus incisifs, car ils conduisent à une
manière de vivre la salésianité que les jeunes confrères rencont-
rent dans la réalité ordinaire des maisons. Cela explique l’impor-
tance que notre tradition a toujours accordée au stage (« tiroci-
nio ») qui est une étape de formation typiquement salésienne.
En revanche, lorsque la mission est confondue avec le travail et
que la formation permanente dans les communautés n’est pas bien
soignée, c’est tout le processus de formation qui s’en trouve ap-
pauvri.
Une plus grande intégration exige donc « de trouver un style de
formation capable d’assumer de manière structurelle le fait que
l’évangélisation implique la pleine participation, et avec une
93

9.9 Page 89

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pleine citoyenneté, de chaque baptisé », en faisant de nos maisons
« un “laboratoire d’Église” capable de reconnaître, d’apprécier,
de stimuler et d’encourager les différents appels et missions dans
l’Église. » C’est ce que nous essayons de faire en appliquant
le modèle de la communauté éducative et pastorale. La question
de savoir comment ce modèle peut et doit affecter la formation
initiale est une question qui n’a pas encore trouvé de réponses
claires. Le Synode des jeunes a parlé, par exemple, de l’importan-
ce de former des équipes de formation différenciées comprenant
également des figures féminines « au sein desquelles interagissent
des vocations diverses. » (Cf. Document final du Synode, n. 163)
Le dialogue entre les communautés provinciales et les maisons de
formation peut également favoriser une interaction plus significa-
tive avec le parcours des communautés éducatives et pastorales, et
permettre aux formateurs une plus grande présence aux côtés des
jeunes confrères dans les expériences pastorales. Plutôt qu’une
solution structurelle unique, qui ne tiendrait pas compte de la
diversité considérable des contextes, il est donc nécessaire de
travailler à une planification de la formation renouvelée dans un
sens missionnaire, qui cherchera dans chaque milieu sa mise en
œuvre la plus appropriée.
FORMATION ET STRUCTURES : UN RENOUVEAU NÉCESSAIRE
26. Références institutionnelles et soin des processus de formation
Un des risques de notre parcours de formation, dénoncé à plu-
sieurs reprises dans la Congrégation, consiste en une certaine
fragmentation entre les différentes étapes. Le passage d’une phase
à l’autre de la formation initiale offre sans aucun doute la riches-
se de nouveaux stimuli et contribue à élargir les horizons, mais il
entraîne aussi la difficulté de devoir reprendre plusieurs fois le
chemin d’un accompagnement. Cette difficulté s’accentue lorsque
les choix de formation et les outils proposés pour l’accompagne-
ment ne sont pas correctement coordonnés.
Il en ressort la nécessité pour la Congrégation de clarifier et, si
possible, de simplifier les références institutionnelles et de déter-
miner avec plus de précision les tâches et les responsabilités des
94

9.10 Page 90

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structures de coordination entre les différentes phases et entre les
différents niveaux de la formation. Trop souvent, en effet, des dé-
cisions importantes pour les processus de formation sont ralenties
ou restent sans suite en raison d’incertitudes du système.
La Ratio et ses annexes ne manquent pas d’indications précieuses
pour le travail de formation, surtout en ce qui concerne les objec-
tifs à atteindre et les critères d’admission. En revanche, la métho-
dologie et les outils s’avèrent plus faibles. Il est donc important
de mettre en œuvre le processus de révision de l’accompagnement
de la formation qui a été entrepris dans la Congrégation et d’en
vérifier les résultats. La clarté et le partage sur ce thème sont la
première condition pour une formation plus solide et plus person-
nalisée.
27. Formateurs et Centres de formation
Tout processus de croissance nécessite des conditions structurelles
qui le facilitent. Dans cette logique, la volonté de promouvoir un
meilleur accompagnement doit se traduire par un investissement
généreux de la Congrégation dans la recherche et la formation
adéquate de formateurs qui sachent travailler en équipe sous la
direction et la responsabilité du Directeur.
Non moins important est le renouveau au sein de nos Centres
d’études, appelés à assumer avec détermination les indications de
la Constitution Apostolique « Veritatis Gaudium. » Ils rendent un
service indispensable non seulement aux jeunes confrères qui les
fréquentent, mais aussi à la solidité culturelle de nos Provinces.
Parmi ces Centres, se distingue particulièrement l’Université Pon-
tificale Salésienne qui constitue la voix culturelle la plus autorisée
de la Congrégation dans l’Église. Le renouveau dont elle a besoin
exige que nous redécouvrions les raisons qui ont conduit à sa fon-
dation il y a quatre-vingts ans.
Les Centres de formation régionaux offrent un service apprécié à
la formation permanente des confrères et sont de plus en plus ap-
pelés à prendre en charge la formation conjointe avec les laïcs.
Les Régions qui ne disposent pas encore de tels Centres devront
déterminer les formes les plus appropriées pour garantir ce type de
service.
95

10 Pages 91-100

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10.1 Page 91

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CHOISIR
28. Formation et vocation : un accompagnement à la lumière du
charisme
Nous encourageons un engagement renouvelé pour l’accom-
pagnement des confrères, au cours de leur formation, à la
lumière du charisme.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une vision de la formation comme « obligation institution-
nelle » à un regard de foi qui la conçoit comme un don et une
exigence vocationnelle.
b) Du formalisme extérieur au soin de l’accompagnement dans
une logique de confiance sincère et d’esprit de famille du
Système Préventif.
c) D’une sous-estimation de la formation permanente à la prise
en charge personnelle et communautaire de sa propre crois-
sance spirituelle et apostolique.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Le Recteur Majeur avec son Conseil étudiera le problème de
la discontinuité existant entre les étapes de la formation in-
itiale, afin de promouvoir un parcours d’accompagnement
plus unifié.
e) Le Secteur de la Formation promouvra la mise en œuvre et
la vérification des Orientations et des Directives « Jeunes
Salésiens et Accompagnement. »
f) Les communautés de formation initiale veilleront à une mise
en place de la formation en cohérence avec les grandes orien-
tations spirituelles et pédagogiques du Système Préventif :
esprit de famille, participation active des confrères, pédagogie
de la confiance (avoir et faire confiance) ; le « Curatorium »
vérifiera et promouvra cette mise en place.
g) Les Provinces et les communautés promeuvent une culture
renouvelée de l’accompagnement, en aidant les confrères à
en redécouvrir l’importance et la valeur.
96

10.2 Page 92

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CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
h) Dans les communautés de formation initiale sera garantie la
présence d’équipes capables de transmettre et de dynamiser
le Système Préventif ; les formateurs proposeront un accom-
pagnement spirituel personnel en cohérence avec la proposi-
tion de formation de la communauté ; on veillera à la pré-
sence de confesseurs adéquatement préparés.
i) Les Provinciaux et les Délégués Provinciaux veilleront au
dialogue et à la confrontation avec les communautés de for-
mation afin de favoriser la continuité de l’accompagnement
dans la formation initiale.
j) Les confrères en formation initiale seront aidés à découvrir la
valeur de l’accompagnement spirituel personnel.
29. Formation et mission : un processus unitaire
Nous nous engageons à combler le fossé entre formation et
mission, en favorisant une culture renouvelée de la formation
dans la mission à tous les niveaux.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) De la délégation laissée aux maisons de formation à la prise
de conscience que le style de vie des communautés a une
forte influence sur la formation des jeunes confrères.
b) De la formation comprise comme un temps préalable à la
mission au soin à apporter à la solidité culturelle et spirituelle
comme condition permanente de la vie apostolique.
c) D’un style de formation élitiste à l’engagement à valoriser
l’apport formateur des laïcs et la responsabilité missionnaire
de chaque baptisé.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Provinces veilleront à la qualité formative du stage
(« tirocinio »), en garantissant les conditions d’assimilation
pratique de la pédagogie salésienne et de l’accompagnement
formateur.
97

10.3 Page 93

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e) Les communautés de formation initiale conserveront un style
de vie sobre, qui préserve de l’embourgeoisement et forme
aux exigences de la mission, et intensifieront l’accompagne-
ment des expériences pastorales.
f) Les Provinces investiront dans la qualification des confrères
en salésianité et veilleront à une plus grande solidité cultu-
relle ; les communautés locales vérifieront et renforceront
leur engagement pour la formation dans la vie quotidienne.
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Le Secteur de la Formation donnera des indications pour que
le modèle de la communauté éducative et pastorale puisse
également être mis en œuvre de manière adéquate dans les
communautés de formation à travers l’implication de laïcs et
de familles dans le processus de formation.
h) Les communautés de stage garantiront l’accompagnement
formateur des stagiaires qu’ils aideront à s’intégrer dans la
communauté éducative et pastorale, et s’engageront à évaluer
leur croissance vocationnelle.
i) Les Commissions provinciales de formation aideront les com-
munautés à vérifier et à renforcer leur engagement pour la for-
mation dans la mission.
30. Formation et structures : un renouveau nécessaire
Nous investissons avec énergie dans la recherche et la formation
des formateurs et envisageons avec courage de repenser nos
références institutionnelles et nos structures de formation.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) Du repli sur les situations d’urgence à l’investissement coura-
geux dans la formation des confrères.
b) Du regard porté sur les besoins locaux à la disponibilité à
offrir des confrères et des ressources pour les exigences de la
formation de la Congrégation et pour la collaboration entre
Provinces.
98

10.4 Page 94

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c) Du risque de la superficialité au soin à apporter à des études
sérieuses et à la solidité culturelle des confrères.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Le Recteur Majeur avec son Conseil encouragera un engage-
ment généreux de la Congrégation pour le recrutement et la
formation des formateurs ; les Provinces investiront dans la
formation des confrères et la préparation de formateurs.
e) Le Recteur Majeur avec son Conseil vérifiera la structure de
gouvernance de la formation pour la rendre plus claire, plus
simple et plus fonctionnelle.
f) Le Recteur Majeur avec son Conseil reverra le nombre et la
répartition des communautés de formation initiale dans le
cadre d’un projet unitaire ; il favorisera la rénovation de l’Uni-
versité Pontificale Salésienne, le renforcement des Centres
d’études et l’animation des Centres de formation régionaux.
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Le Secteur de la Formation reverra les parties de la Ratio qui
ont besoin d’être adaptées aux circonstances actuelles, en
renforçant les indications concrètes de méthodes et d’outils
partagés.
h) Le Secteur de la Formation étudiera les meilleurs moyens
d’accompagner les communautés de formation interprovin-
ciales ; il précisera les tâches du « Curatorium » et suivra son
fonctionnement en dialogue avec les Conseillers Régionaux ;
il accompagnera les Provinciaux à prendre leurs responsabi-
lités dans la formation.
i) Les Régions promouvront les Centres de formation régionaux
et vérifieront leurs propositions ; là où ces Centres font encore
défaut, elles les institueront.
99

10.5 Page 95

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3. AVEC LES LAÏCS DANS LA MISSION
ET DANS LA FORMATION
RECONNAÎTRE
31. Réalisations et résistances dans la mission partagée avec les laïcs
Nous reconnaissons que le CG24 est pour tous un « point de non-
retour » pour le renouveau de notre façon de vivre et de travailler
ensemble. Il est au centre du magistère salésien postconciliaire, et
marque en même temps un retour aux origines du charisme salé-
sien : Don Bosco, en effet, a impliqué dès le début de nombreux
laïcs dans sa mission auprès des jeunes et des couches populaires.
Nous reconnaissons que de nombreuses avancées ont été réalisées
dans toute la Congrégation, bien que selon des modalités et des
rythmes différents : l’implication de toute la communauté éduca-
tive et pastorale ; la formation spirituelle, pédagogique et pastora-
le des laïcs ; l’insertion des jeunes dans les équipes d’animation ;
la remise confiante de certaines œuvres aux laïcs. Cette percep-
tion d’une implication mutuelle croissante, d’une richesse parta-
gée, de la force de l’aide commune et de la fécondité du charisme
se concrétise peu à peu, passant de la perspective d’impliquer les
laïcs dans l’activité éducative et pastorale à celle de partager
notre spiritualité avec eux.
En même temps, nous constatons qu’il y a encore quelques diffi-
cultés car nous ne réussissons pas toujours à faire participer les
laïcs à l’esprit salésien et à la mission salésienne : de nombreuses
Provinces doivent encore passer de l’implication utilitariste des
laïcs à la stratégie de la coresponsabilité évangélique.
Parfois, nous constatons également des phénomènes de résistance
réelle : certains religieux se plaignent du protagonisme excessif
101

10.6 Page 96

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des laïcs tandis que certains laïcs font preuve de motivations
opportunistes dans leur offre de collaboration. Par ailleurs, pour
les laïcs les plus impliqués dans l’activité éducative et pastorale, il
n’est pas facile de concilier les exigences de la mission salésienne
avec leur vie personnelle et familiale. Enfin, dans certaines situa-
tions, on constate une tendance à niveler les différents états de vie,
au point que certains pensent que les personnes consacrées ne sont
plus nécessaires pour continuer à faire vivre le charisme.
32. Relations réciproques entre Salésiens et laïcs
Très souvent, les relations entre Salésiens et laïcs sont empreintes
d’estime, de respect, de cordialité et d’esprit de collaboration,
surtout lorsqu’il y a une identité vocationnelle claire, une proposi-
tion organique de formation et un cheminement partagé avec les
organismes et les instruments appropriés comme le Conseil de
la Communauté Éducative et Pastorale et le Projet Éducatif et
Pastoral Salésien.
La contribution particulière des laïcs n’est pas toujours acceptée et
appréciée, en tenant compte de leur identité et de leur expérience
vocationnelle : on sait ce qu’ils font, mais on n’apprécie pas ce
qu’ils sont. Là où il y a un manque de clarté sur leurs identités
respectives, on assiste à une sorte de « cléricalisation des laïcs » et
de « sécularisation des personnes consacrées. » Dans ce cas, la
collaboration quotidienne, plutôt que de faire ressortir la spécifi-
cité de chacun, conduit à un aplatissement des identités. Parfois,
les laïcs sont simplement classés et positionnés dans un modèle
hiérarchique et pyramidal d’« œuvre salésienne. »
Chez les Salésiens, on ressent parfois un certain malaise dans la
gestion d’œuvres complexes qui exigent des compétences mana-
gériales, et un manque de préparation pour affronter les défis qui
découlent du modèle pastoral de partage avec les laïcs. On recon-
naît que, face au changement d’époque, on n’est pas vraiment
capable de « discerner », et donc on risque de se laisser piéger
dans des logiques de conservatisme pastoral fondées sur le « on a
toujours fait comme ça. »
On constate qu’il existe différents types de laïcs : des salariés, des
bénévoles, de jeunes adultes, des chrétiens catholiques ou d’autres
102

10.7 Page 97

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confessions, des pratiquants ou des personnes plutôt éloignées de
l’Église. Parfois, avec le même mot « laïcs », qui dans le langage
ecclésial désigne les baptisés (Christifideles laici), on fait aussi
référence à des personnes qui travaillent dans nos œuvres mais
appartiennent à d’autres religions. Afin d’éviter toute confusion
ou tout raidissement, il est important de traiter sérieusement les
questions théologiques et pastorales qui sous-tendent une telle
complexité. Il sera ainsi possible de mieux éclairer la forme que la
Communauté Éducative et Pastorale est appelée à prendre dans
des contextes multi religieux ou sécularisés.
33. Formation conjointe de Salésiens et de laïcs
Au cours de ces dernières années, ont mûri de bonnes initiatives
de formation conjointe de Salésiens et de laïcs. En ce qui concer-
ne les cours de formation, il existe d’excellentes propositions aux
niveaux local, provincial et régional. Il y a parfois un manque de
systématisation dans les parcours des cours de formation, qui se
manifeste dans la faiblesse de la planification éducative et pasto-
rale. En fait, il manque une formation plus organique qui viserait
à intégrer tous les aspects du charisme salésien (spirituel, pédago-
gique, pastoral et vocationnel). Le thème de la formation de colla-
borateurs d’autres religions et convictions reste ouvert.
Dans la vie quotidienne, la formation conjointe se fait principale-
ment à travers les cheminements de la communauté éducative et
pastorale, avec ses organismes et ses processus d’animation, de
discernement et de gouvernance. La vie de la communauté éduca-
tive et pastorale est l’un des espaces les plus efficaces pour la for-
mation conjointe entre Salésiens et laïcs, et constitue un excellent
exemple de « formation dans la mission. »
On constate chez certains confrères une certaine résistance à
s’engager dans la formation avec les laïcs et la difficulté à se
défaire d’une certaine attitude de prétendue supériorité. Une autre
source de difficulté dans la formation conjointe est la fatigue, l’ex-
cès d’activité et l’accumulation de tâches et de rôles. Certains
laïcs sont peu conscients de leur rôle dans l’Église et donc peu
disposés à assumer les responsabilités dans la formation qui en
découlent.
103

10.8 Page 98

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34. Les différentes formes de relations entre la communauté religieuse
et l’œuvre salésienne
Dans la Congrégation, il existe actuellement différentes formes de
relations entre la communauté religieuse et l’œuvre salésienne :
il y a des œuvres ou des secteurs d’œuvres confiés conjointement
à la communauté salésienne et aux laïcs ; il y a des œuvres
confiées aux laïcs dans le cadre d’un projet provincial ; il y a aus-
si des œuvres où l’animation pastorale, mais non la gestion, est
confiée à une communauté salésienne proche. Il y a des œuvres
où le nombre de confrères permet de couvrir tous les rôles de
responsabilité : dans ce cas, il y a beaucoup de collaborateurs
laïcs avec peu ou pas de responsabilités ; ici les structures d’ani-
mation de la communauté éducative et pastorale sont très faibles
ou absentes.
Lorsqu’il s’agit d’une œuvre confiée conjointement aux Salésiens
et aux laïcs, ce qu’affirme le CG24 dans les nn. 149-159 n’a pas
toujours été réalisé. Lorsqu’il s’agit d’une œuvre gérée par des
laïcs sous la direction de la Province, dans de nombreux cas, les
Provinces ont fait un gros effort de réflexion et de créativité pour
relever le défi de l’accompagnement.
Tout en reconnaissant des aspects positifs, on constate également
des problèmes d’un certain poids : la difficulté des Salésiens à
garantir un accompagnement systématique, la difficulté des laïcs
à trouver un équilibre entre les engagements requis par ces œu-
vres et les exigences de leur vie familiale, les difficultés liées au
changement [remplacement] des laïcs, l’absence de critères et
d’instruments de contrôle, la nécessité de mettre en route des
pratiques d’évaluation de la gestion, la nécessité de trouver un
cadre juridique adéquat, l’exigence d’un changement de la cultu-
re de formation des deux côtés afin de mieux se préparer à gérer
ces nouvelles réalités. Il existe même des situations où le rôle,
les compétences et les fonctions des Salésiens et des laïcs ayant
des responsabilités dans les maisons ne sont ni clairs ni bien
définis.
Confier une œuvre ou un secteur de l’œuvre entièrement aux
laïcs reste dans le cadre du projet et de la responsabilité de la Pro-
vince. Il existe des situations où la Province confie à une person-
104

10.9 Page 99

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ne morale (fondation, association, coopérative, société) une acti-
vité, une œuvre ou des secteurs de celle-ci et l’utilisation d’im-
meubles dont elle est propriétaire. Dans ce cas, une convention
régissant les relations juridiques et économiques n’est pas tou-
jours conclue.
INTERPRÉTER
35. Don Bosco, père et maître dans l’implication et dans la corespon-
sabilité
Les éléments fondamentaux pour approfondir la théorie et la pra-
tique de la communion et du partage dans l’esprit et la mission de
Don Bosco sont indiqués dans le texte du CG24 qui reste une ré-
férence essentielle dans ce domaine.
Du point de vue de l’inspiration, quelques paragraphes précieux
montrent que tout au long de son parcours existentiel, notre Fon-
dateur s’est soucié d’impliquer le plus grand nombre possible
de collaborateurs dans son projet opérationnel donnant lieu à
« un vaste mouvement de personnes qui travaillent, de diverses
manières, au salut de la jeunesse » (C 5) : depuis ses amis proches
jusqu’à ses camarades de classe, depuis Maman Marguerite jus-
qu’aux employeurs, depuis les bonnes gens du peuple jusqu’aux
théologiens, depuis les nobles jusqu’aux politiciens de l’époque
(cf. CG24, 69-86).
Nous sommes nés et avons grandi historiquement en communion
avec les laïcs et eux avec nous. En particulier, il faut souligner
l’importance que les jeunes ont eue dans le développement
du charisme salésien et de la mission salésienne : Don Bosco a
trouvé chez les jeunes ses premiers collaborateurs qui sont ainsi
devenus, en un certain sens, « co-fondateurs » de la Congréga-
tion !
Dans ce dynamisme constant orienté vers la recherche de la com-
munion, du partage et de la coresponsabilité, nous trouvons enco-
re un des traits qualifiants de notre appel à travailler pour l’avène-
ment du Royaume de Dieu dans le monde.
105

10.10 Page 100

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ÉGLISE SYNODALE POUR LA MISSION ET SPÉCIFICITÉ DES VOCATIONS
36. À la racine des réalisations et des résistances
Beaucoup des résistances à la prise au sérieux du partage de
l’esprit salésien et de la mission salésienne sont enracinées dans la
faible réception des deux grands piliers ecclésiologiques du
Concile Vatican II : la réalité de l’Église comme peuple de Dieu
en chemin dans l’histoire et l’ecclésiologie de communion qui
en découle, et qui exalte la réciprocité et la complémentarité des
différentes vocations dans l’Église.
Dans cette perspective, il est évident que la participation des laïcs
au charisme salésien et à la mission salésienne n’est pas une
concession généreuse qui leur est faite par les Salésiens consacrés,
ni une stratégie de survie. Saint Paul enseigne clairement que les
charismes sont des dons que l’Esprit distribue pour le bien com-
mun (cf. 1Cor 12) ; ils ne sont pas une prérogative d’un certain
état de vie mais enrichissent la vie de l’Église dans la diversité et
la complémentarité de ses vocations.
Convaincus qu’il n’y a pas de dignité plus élevée que celle qui
nous est conférée par le baptême, de sorte que « chaque baptisé
(...) est un sujet actif de l’évangélisation » et qu’« il serait inadé-
quat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des
acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement des-
tiné à bénéficier de leurs actions » (Evangelii Gaudium, n. 120),
nous nous sentons appelés – Salésiens, membres de la Famille
Salésienne, laïcs et jeunes – à vivre, chacun dans sa spécificité, sa
vocation propre en vue d’une édification mutuelle. Lorsque cette
approche ecclésiologique est accueillie avec joie et développée
avec conviction, les résultats sont clairement visibles : la commu-
nauté éducative et pastorale s’épanouit et devient une expérience
d’Église qui vit la communion et la mission de manière attrayante
et fructueuse.
37. La « synodalité missionnaire » de l’Église
La redécouverte de la forme synodale de l’Église a été l’un des
points marquants du récent Synode sur les Jeunes : « Le fruit de ce
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11 Pages 101-110

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11.1 Page 101

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Synode, le choix que l’Esprit nous a inspiré par l’écoute et le dis-
cernement, est de cheminer avec les jeunes en allant vers tous,
pour témoigner de l’amour de Dieu. Nous pouvons décrire ce pro-
cessus en parlant de synodalité de la mission ou de synodalité
missionnaire. » (Document final du Synode, n. 118) Les jeunes,
plus que de nous demander de faire quelque chose pour eux, nous
ont invités à marcher avec eux !
Le Pape François est encore plus radical lorsqu’il déclare que « le
chemin de la synodalité est justement celui que Dieu attend de
l’Église du troisième millénaire. » (Cf. Discours pour la commé-
moration du 50ème anniversaire de l’Institution du Synode des
Évêques, 17 octobre 2015) Conformément à ces déclarations, la
XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques
– encore en préparation et qui se tiendra en octobre 2022 – aura
justement pour thème la synodalité : « Pour une Église synodale :
communion, participation, mission. »
De telles paroles ne peuvent laisser indifférents nos milieux salé-
siens. Elles exigent plutôt une conversion du cœur et de l’esprit
associée à une volonté renouvelée de changer nos pratiques. C’est
précisément la pastorale des jeunes – qui « ne peut être que syno-
dale » (Christus Vivit, n. 206) – qui devrait s’orienter sans tarder
dans cette direction en ouvrant de nouvelles voies pour le bénéfi-
ce de tous. Il est de plus en plus évident que seuls des hommes et
des femmes de communion pourront construire l’esprit de famille
et partager la mission.
38. Réciprocité de relations, charisme des laïcs et rôle de la commu-
nauté religieuse
Une bonne identification à sa propre vocation et une connaissan-
ce adéquate de la vocation des autres sont fondamentales pour ne
pas réduire la mission partagée à une simple collaboration exécu-
tive. Les Salésiens qui vivent avec joie et spontanéité leur appel
spécifique sont capables d’une présence animatrice incisive et
fraternelle, et savent offrir aux laïcs un soutien affectif et efficace
dans les difficultés qu’ils rencontrent. Les laïcs qui assument avec
conviction leur appel baptismal au témoignage de l’Évangile sont
libérés du complexe d’être relégués aux services pastoraux de
107

11.2 Page 102

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second degré. Ensemble, on devient un « laboratoire d’Église » et
un signe prophétique de communion pour l’Église et la société.
Parfois, les jeunes accueillent mieux le témoignage des laïcs car
il est moins évident et l’on suppose que ces laïcs ne parlent et
n’agissent pas dans une logique d’appartenance. Leur vocation, en
les plaçant au cœur du monde, les rend parfois plus aptes à répon-
dre aux nouvelles demandes culturelles des jeunes. Ainsi, les laïcs
parlent un langage plus adapté aux situations ordinaires de la vie
et possèdent souvent des spécificités professionnelles qui rendent
précieuse leur présence dans la mission.
L’évolution du rôle de la communauté religieuse dépendra de
divers facteurs mais, parmi ceux-ci, seront de plus en plus impor-
tantes la disposition à « se relire » face à l’option charismatique
fondamentale, la volonté de remettre en question son rôle de ges-
tionnaire et de seul responsable de l’œuvre face à la coresponsa-
bilité avec les laïcs, la capacité de relire le sens de sa propre pré-
sence dans le contexte où elle se trouve.
GESTION DE LŒUVRE, VIE DE LA COMMUNAUTÉ ET NOYAU ANIMATEUR
39. Deux modalités opérationnelles et centralité du noyau animateur
Aujourd’hui, la Congrégation ne reconnaît que deux modes de
relation entre la communauté salésienne et l’œuvre. Le premier et
le plus important, qui doit être considéré comme la norme de ré-
férence, est composé conjointement de la communauté salésienne
et des laïcs ; le second se réfère aux « activités et œuvres confiées
à des laïcs au sein du projet provincial salésien. » (Cf. CG24,
nn. 180-182)
Nous retenons qu’il n’y a plus le modèle – qui pouvait être consi-
déré comme valable avant le Concile Vatican II – qui prévoit
l’animation de l’œuvre par les seuls Salésiens. Nous réaffirmons
avec force que la mission salésienne est structurellement commu-
nautaire et qu’elle est confiée à une communauté éducative et
pastorale et à son noyau animateur, lequel sera composé de Salé-
siens et de laïcs de manière et dans des proportions différentes et
complémentaires : la mission que Don Bosco nous a laissée n’est
jamais une action individuelle ni autoréférentielle !
108

11.3 Page 103

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Dans chacun de ces deux modèles, le « noyau animateur » ou
« Conseil de la communauté éducative et pastorale » est central et
il doit être considéré comme le moteur et le cœur de toute la com-
munauté éducative et pastorale, car de sa qualification et de son
bon fonctionnement dépend la bonne marche de l’œuvre. C’est un
précieux organe d’animation et la clé de voûte de l’œuvre : c’est
« un groupe de personnes qui s’identifient avec la mission, le
Système éducatif et la spiritualité de Don Bosco, et qui assument
de façon solidaire la tâche d’inviter, de motiver, et d’associer tous
ceux qui s’intéressent à une œuvre, pour former avec eux la com-
munauté éducative et réaliser un projet d’évangélisation et d’édu-
cation des jeunes. » (Cf. J.E. Vecchi in ACG 363, p. 8-9 ; Cadre de
Référence de la Pastorale Salésienne des Jeunes, V,1,3 ; Anima-
tion et gouvernance de la communauté, n. 121-122)
40. Œuvres confiées à des Salésiens et des laïcs
Dans les œuvres confiées à la communauté religieuse et aux laïcs,
la communauté est une partie significative du noyau animateur et
un point de référence charismatique : « Un tel niveau de partage
de l’esprit et de la mission de Don Bosco avec les laïcs marque
une nouvelle étape dans le développement de notre charisme.
D’où la nécessité, pour la communauté religieuse salésienne, de
reconsidérer et d’assumer pleinement son rôle, relativement nou-
veau, au sein de la Communauté Éducative et Pastorale. [...] Il s’a-
git de passer radicalement d’une structure d’autorité pyramidale à
un style d’une plus grande participation où les relations et les pro-
cessus personnels sont de la plus haute importance. » (Animation
et gouvernance de la communauté, n. 124)
La forme concrète de la relation de la communauté religieuse avec
l’œuvre dans son ensemble ne peut être réduite à un modèle
unique (cf. CG26, n. 120). Pour cette raison, il est nécessaire de
prendre en compte certains facteurs déterminants : les différents
niveaux d’appartenance et de partage de l’esprit salésien et de la
mission salésienne, les différents degrés de concrétisation de la
coresponsabilité, la typologie de l’œuvre, le caractère bénévole ou
contractuel de la présence des laïcs. Enfin, il convient de rappeler
que « la relation précise entre la communauté salésienne et l’œu-
109

11.4 Page 104

▲back to top
vre, ainsi que la manière dont s’exerce l’autorité du Directeur,
doivent être codifiées dans le Projet Éducatif et Pastoral Salésien
provincial et local. » (Animation et gouvernance de la commu-
nauté, n. 125)
41. Activités et œuvres gérées par des laïcs au sein du projet provincial
salésien
Le CG24 plaçait ce deuxième type d’œuvres, il y a 24 ans, parmi
les « Situations nouvelles particulières. » (Cf. CG24, Troisième
partie, chapitre III) Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que ces
innovations font partie du patrimoine ordinaire de la Congréga-
tion au niveau mondial, même si elles ont des proportions, des
formes et des modalités très différentes selon les Régions et les
Provinces.
Il est important de réaffirmer les deux conditions essentielles pour
confier une œuvre à des laïcs : il faut tout d’abord vérifier les
critères d’identité, de communion et de significativité salésienne ;
ensuite, il faut garantir l’accompagnement constant et qualifié du
Provincial et de son Conseil (cf. CG24, nn. 180-182 ; Cadre de
Référence de la Pastorale Salésienne des Jeunes, VIII,2,2 ; Ani-
mation et gouvernance de la communauté, 126).
Ces conditions doivent être soigneusement prises en compte au
moment de discerner et de confier l’œuvre aux laïcs. Un choix
charismatique et une formation adéquate sont nécessaires, en par-
ticulier pour les personnes occupant des postes de haut niveau,
ainsi qu’une rémunération et des conditions de travail justes et
équitables. Enfin, il ne faut pas oublier que ce chemin entrepris
avec les laïcs, en plus d’être accompagné, doit être constamment
vérifié.
FORMATION CONJOINTE POUR LA MISSION
42. Une priorité absolue qui engage les différents niveaux de gouver-
nance et d’animation
Partager l’esprit salésien et croître en coresponsabilité exige de
partager certains parcours de formation et des expériences orien-
110

11.5 Page 105

▲back to top
tées vers la spiritualité et la mission, sans négliger évidemment
les parcours de formation spécifiques pour consacrés salésiens et
pour laïcs. La formation conjointe dans la mission partagée est
une priorité absolue et doit s’adresser avant tout aux membres du
noyau animateur (cf. Animation et gouvernance de la commu-
nauté, nn. 106.122). Nos collaborateurs laïcs ont besoin de vivre
et de connaître Don Bosco de près, et de réfléchir sur ce qui se vit
dans nos œuvres.
Il incombe à la Province et à la Région de proposer des parcours
de formation adaptés aux Salésiens et aux laïcs. La Province est
appelée à développer un projet de formation commune au niveau
de la Province et à accompagner les processus au niveau local, en
garantissant des ressources adéquates en personnel et en moyens.
Au niveau local, un des premiers objectifs que le Directeur salé-
sien poursuit avec le Conseil de la communauté salésienne et le
noyau animateur de la communauté éducative et pastorale est l’é-
laboration d’un projet de formation qui porte attention à ce thème.
L’expérience confirme qu’il est très positif de confier à des équi-
pes mixtes, composées de Salésiens et de laïcs, l’organisation des
différentes initiatives de formation : les Salésiens offrent la sages-
se acquise dans la formation, l’assistance et la spiritualité ; les
laïcs offrent à leur tour, en plus de leurs compétences spécifiques,
les fruits du contact avec le monde des métiers, une plus grande
attention à la vie familiale, un style de simplicité et d’amitié dans
leur relation avec les femmes et le sens évangélique de la vie quo-
tidienne.
Enfin, il est bon de rappeler que la formation ne se fait pas seule-
ment à travers des cours académiques, mais surtout à partir de
l’expérience de la vie et du travail en commun, car « le premier et
le meilleur moyen de se former et de former au partage et à la co-
responsabilité est le fonctionnement correct de la communauté
éducative et pastorale [CEP]. » (CG24, n. 43)
43. Formation initiale et formation permanente des Salésiens
« Il est important de faire valoir que nous ne sommes pas formés
pour la mission, mais que nous sommes formés dans la mission, à
partir de laquelle tourne toute notre vie, avec ses choix et ses prio-
111

11.6 Page 106

▲back to top
rités. La formation initiale et la formation permanente ne peuvent
pas être une instance préalable, parallèle ou séparée de l’identité et
de la sensibilité du disciple. La mission inter gentes est notre
meilleure école : à partir d’elle, nous prions, nous réfléchissons,
nous étudions, nous nous reposons. Lorsque nous nous isolons ou
nous nous éloignons des gens que nous sommes appelés à servir,
notre identité de personnes consacrées commence à se défigurer et
à devenir une caricature. » Ces affirmations fortes du Pape Fran-
çois dans son Message au CG28 nous disent l’importance d’un
changement radical de perspective dans la formation de tous les
confrères, et en particulier de ceux qui vivent la formation initiale :
nous devons apprendre de plus en plus à réfléchir de manière cri-
tique sur l’expérience pastorale que nous vivons parmi les jeunes !
La formation dans et pour la mission partagée doit également tou-
cher à la formation initiale des Salésiens, non seulement comme
thème d’étude mais aussi à travers les expériences pastorales heb-
domadaires et estivales. L’expérience de travail avec et sous la di-
rection de laïcs pendant le stage (« tirocinio »), ainsi que la parti-
cipation au Conseil de la communauté éducative et pastorale, sont
des moments précieux de formation, surtout s’ils sont bien ac-
compagnés par les membres du noyau animateur, tant laïcs que
Salésiens.
44. Collaborateurs d’autres religions et croyances
Dans les contextes sécularisés et multireligieux, notre engagement
éducatif est partagé par des personnes de religions et de croyances
différentes. Beaucoup d’entre elles font également partie du noyau
animateur de la communauté éducative et pastorale. Leur forma-
tion est un défi délicat qui requiert sagesse, courage et créativité.
La doctrine de l’Église enseigne que la révélation de Dieu en
Christ, tout en dépassant étonnamment la sagesse humaine et l’ex-
périence des autres traditions religieuses, porte à son terme les se-
mences de vérité qu’elles contiennent et invite de nombreuses ma-
nières à s’engager dans le dialogue interreligieux. C’est pourquoi
il est possible d’identifier des valeurs communes qui jetteraient
les bases d’une formation différenciée, « inculturée » et contex-
tualisée sans perdre l’originalité de la foi chrétienne.
112

11.7 Page 107

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Le CG24 avait déjà consacré une riche réflexion à ce thème (cf.
nn. 113.183-186), en identifiant deux éléments fondamentaux qui
constituent la base de la collaboration avec les personnes d’autres
traditions et croyances : premièrement, le partage du Système Pré-
ventif (dans ses valeurs humaines et laïques avec ceux qui ne
croient pas en Dieu ; dans ses valeurs religieuses avec ceux qui
acceptent Dieu ou le Transcendant ; dans l’Évangile du Christ
avec les chrétiens d’autres Églises et communautés ecclésiales) ;
deuxièmement, l’ouverture à la recherche de Dieu de la part de
ceux qui ne professent pas une foi particulière (cf. CG24, nn.
185.100). Puisque « la mission pour les jeunes nous porte vers une
éducation qui est aussi une évangélisation », le CG24 avait égale-
ment reconnu que des positions hostiles à l’Église catholique –
telles qu’on les trouve dans certaines idéologies, sectes ou mou-
vements – sont en revanche incompatibles avec notre mission (cf.
CG24, n. 185).
Après l’expérience de ces dernières décennies, il serait utile de vé-
rifier la mise en œuvre de ces critères et les résultats concrets qui
en découlent dans le domaine de l’éducation et de l’évangélisa-
tion, afin de mettre en évidence les bonnes pratiques à renforcer et
les risques à éviter. Certes, la condition fondamentale est la pré-
sence constante de Salésiens et, si possible, de laïcs chrétiens qui
vivent leur identité vocationnelle avec joie et authenticité (cf.
CG24, nn. 183-185 ; Animation et gouvernance de la communau-
, n. 135), sans dissimuler ce qui constitue le cœur et la motiva-
tion fondamentale de leur vie. Tout aussi important est le climat de
respect, de patience, d’accueil et d’amitié, qui évite à la fois l’im-
position de valeurs et de convictions et la crainte d’aborder des
thèmes qui qualifient notre identité.
Nous sommes convaincus que nous pouvons partager, avec toutes
les personnes de bonne volonté qui souhaitent participer à la mis-
sion salésienne, la bonté affectueuse et paternelle (« amorevolez-
za ») de Don Bosco, le caractère raisonnable inhérent à son systè-
me éducatif et la confiance dans les ressources des jeunes, le
choix privilégié des plus pauvres et l’engagement pour une cultu-
re de l’accueil qui ne connaît pas de limites de race, de couleur, de
nation, de culture et de religion.
113

11.8 Page 108

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CHOISIR
45. Église synodale, mission partagée et communauté éducative et
pastorale
Nous assumons résolument la mission partagée entre Salésiens
et laïcs, en valorisant la réciprocité des vocations.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une mission confiée aux « rôles personnels » des personnes
consacrées à une prise de conscience de l’ecclésiologie de
communion et à la redécouverte du rôle du laïcat.
b) De la considération des laïcs comme de simples « collabora-
teurs » pour une meilleure mise en œuvre du travail aposto-
lique à la prise en compte de la coresponsabilité des laïcs
comme un critère charismatique fondateur.
c) De la considération des jeunes comme de simples destina-
taires de nos interventions éducatives au sentiment qu’ils sont
coresponsables de notre unique mission.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Secteurs de la Formation et de la Pastorale des Jeunes
favoriseront l’élaboration de quelques lignes directrices pour
l’animation et l’accompagnement de la communauté éduca-
tive et pastorale, à partir des « bonnes pratiques » de la
Congrégation.
e) Les Provinces accorderont une attention particulière à mieux
comprendre ce qu’est la communauté éducative et pastorale,
s’occuperont de la formation de ses membres et de la prépa-
ration du projet éducatif et pastoral salésien, et vérifieront pé-
riodiquement le cheminement effectué.
f) Les Provinces confieront progressivement des rôles de
responsabilité institutionnelle aux laïcs imprégnés du cha-
risme et professionnellement préparés aux niveaux local et
provincial, en les impliquant dans la planification pastorale et
la gestion économique.
114

11.9 Page 109

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CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Les Provinces étudieront et définiront les modèles de gestion
des différents types de tâches confiées aux laïcs dans le cadre
d’un projet provincial (Plan Organique Provincial, Projet
Éducatif et Pastoral Salésien Provincial, Directoire Provin-
cial), en particulier en ce qui concerne les tâches, les nomina-
tions, la juste rémunération financière, la durée des mandats
et les organes de décision.
h) Les Provinces assureront un accompagnement sérieux des
œuvres gérées par des laïcs, à travers la présence du Provin-
cial et de l’Équipe d’animation provinciale, et élaboreront un
statut à cet égard.
i) Les Provinces impliqueront les Groupes de la Famille Salé-
sienne dans le plan de réaménagement des présences salé-
siennes, en préparant des expériences de collaboration en fa-
veur des plus pauvres.
46. Formation conjointe pour la mission
Nous assurons des espaces et des temps de formation conjointe
et de partage de vie entre Salésiens et laïcs, pour un meilleur
service éducatif et pastoral auprès des jeunes.
ATTITUDES ET MENTALITÉS À CONVERTIR
a) D’une formation conjointe sporadique et occasionnelle à une
formation plus systématique qui visera à intégrer tous les
aspects de la mission salésienne (spirituel, pédagogique, pas-
toral et professionnel).
b) D’une formation dispensée uniquement par des personnes
consacrées à une formation planifiée et réalisée avec les laïcs.
c) D’une mentalité d’autosuffisance à une expérience réelle de
la nécessité d’une formation conjointe.
PROCESSUS À ACTIVER
d) Les Secteurs de la Formation et de la Pastorale des Jeunes
promouvront une réflexion au niveau régional pour une com-
115

11.10 Page 110

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préhension et une appréciation renouvelées de la formation
conjointe dans l’optique de la mission partagée.
e) Le Secteur des Missions coordonnera une réflexion pour ap-
profondir les conditions nécessaires à la participation de col-
laborateurs laïcs d’autres religions et croyances à la mission
salésienne, en proposant des parcours de formation adaptés et
différenciés, centrés sur les piliers du Système Préventif.
f) Les Provinces investiront dans la formation conjointe – ainsi
que dans la formation initiale – avec l’aide des structures
régionales de formation permanente et en assurant un soutien
économique pour permettre la participation des laïcs.
CONDITIONS STRUCTURELLES À GARANTIR
g) Les Provinces élaboreront un projet de formation conjointe
qui distinguera les niveaux de formation, les contenus, les des-
tinataires et les sujets, à travers des itinéraires diversifiés de
formation (humaine, spirituelle, salésienne et professionnelle).
h) La communauté locale mettra en œuvre des processus de for-
mation pour Salésiens et laïcs capables de partager la vie spi-
rituelle et fraternelle en plus de l’action éducative et pastorale.
i) La communauté locale entreprendra des itinéraires pour cons-
truire la communauté éducative et pastorale et les Conseils de
la communauté éducative et pastorale comme noyau d’ani-
mation et espace efficace pour mettre en route des expé-
riences systématiques de spiritualité, de communion et de
service avec les laïcs et avec les jeunes.
116

12 Pages 111-120

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12.1 Page 111

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DÉLIBÉRATIONS DU CG28

12.2 Page 112

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MODIFICATIONS DES CONSTITUTIONS1
1. Élection du Recteur Majeur (C 128)
Le Recteur Majeur est élu par le Chapitre Général pour une
période de six ans et ne peut être réélu que pour une seconde
période de six ans. Il ne peut se démettre de sa charge sans le
consentement du Siège Apostolique.
2. Élection du Vicaire du Recteur Majeur et des Conseillers
Généraux (C 142 §1)
Le Vicaire du Recteur Majeur reste en charge six ans et ne peut
être réélu dans la même fonction que pour une deuxième période
de six ans.
Au terme du premier mandat de six ans, le Vicaire du Recteur
Majeur peut être élu Conseiller Général ou Recteur Majeur.
Au terme du deuxième mandat de six ans, il ne peut être élu que
Recteur Majeur.
Les Conseillers Généraux restent en charge six ans. Ils peuvent
être élus dans la même fonction ou dans une autre fonction comme
Conseillers Généraux, uniquement pour un second mandat de six
ans.
Au terme du premier ou du deuxième mandat de six ans, les
Conseillers Généraux peuvent être élus Vicaire du Recteur Majeur
ou Recteur Majeur.
1 Les modifications suivantes des articles des Constitutions ont été présentées au Saint-
Père pour approbation par l’intermédiaire de la Congrégation pour les Instituts de Vie
Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique. Elles ont été approuvées par le Saint-
Père le 7 mars 2020. (Prot. n. T. 9-1/2002).
119

12.3 Page 113

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MODIFICATIONS DES RÈGLEMENTS GÉNÉRAUX
3. Fonctions du Conseiller Régional (R 135)
Les Conseillers Régionaux se tiendront en contact avec chacune
des Provinces : ils doivent les visiter périodiquement et réunir les
Conseils Provinciaux.
En accord avec les Provinciaux, ils peuvent rencontrer les Direc-
teurs et d’autres groupes de confrères et de laïcs pour leur pro-
poser ce qu’ils considèrent le plus approprié pour le bien de la
Congrégation et pour un meilleur service de la Province et de
l’Église particulière.
Ils tiendront au moins une réunion annuelle avec tous les Provin-
ciaux de la Région et se tiendront en lien avec les organismes de la
Région, les communautés de formation et les Conférences Pro-
vinciales.
4. Utilisation du système informatique pour les votes électifs
(R 131)
La procédure d’élection s’effectue par le biais du système infor-
matique (intranet). Tous les capitulaires ont accès pour cela aux
données personnelles des confrères susceptibles d’être élus. Les
capitulaires expriment leur vote en sélectionnant le nom de famille
du confrère pour lequel ils souhaitent exprimer une préférence.
En cas de dysfonctionnement technique du système informatique,
on procède au vote par bulletin.
Les scrutateurs vérifieront si le nombre des suffrages correspond
au nombre d’électeurs. Si le nombre des bulletins dépasse celui
des électeurs, le scrutin est nul ; si, au contraire, il lui correspond
ou lui est inférieur, on procédera au dépouillement. Les secrétaires
écrivent au procès-verbal les noms qui sont lus par un scrutateur.
120

12.4 Page 114

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DÉLIBÉRATION
5. Modalités du déroulement de la Visite Extraordinaire (R 104)
Le Recteur Majeur et le Conseil Général, au début du sexennat,
fixeront le calendrier et les modalités du déroulement des Visites
Extraordinaires dans chaque Région, en mettant à profit les possi-
bilités offertes par l’art. 104 des Règlement Généraux, de façon à
garantir, dans tous les cas :
- la possibilité d’un entretien personnel de chaque confrère avec
le Délégué du Recteur Majeur ;
- la connaissance des situations locales où s’accomplit notre mis-
sion ;
- l’exercice effectif des pouvoirs de juridiction requis par la natu-
re de la Visite ;
- la présence du Régional, au moins à certains moments de la
Visite, si celle-ci est effectuée par un autre Visiteur ;
- la communication entre le Visiteur et le Régional afin que celui-
ci puisse assurer un accompagnement ultérieur après la Visite ;
- des temps adéquats pour que le Conseiller Régional puisse ac-
complir les tâches propres à sa fonction au service de la Région
et des différentes Provinces (C 140 et 154 ; R 135-137).
121

12.5 Page 115

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ANNEXES

12.6 Page 116

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DISCOURS DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE ÁNGEL FERNÁNDEZ ARTIME
À L’OUVERTURE DU CG28
ANNEXE 1
Salutations aux invités
Éminence Révérendissime,
Card. João Braz de Aviz,
Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée
et les Sociétés de Vie Apostolique
Éminences Révérendissimes
Card. Tarcisio Bertone
Card. Riccardo Ezzati
Card. Raffaele Farina
Card. Oscar Andrés Rodriguez Maradiaga
Excellences Révérendissimes
Archevêques et Évêques Salésiens,
Très chère Mère Yvonne Reungoat,
Supérieure Générale des Filles de Marie Auxiliatrice,
Bien chers Responsables
des différents Groupes de la Famille Salésienne
Honorables Autorités civiles
de la Ville de Turin et de la Région du Piémont,
Au nom de tous les membres du Chapitre Général, je vous remercie de votre
présence et de votre disponibilité pour accompagner de manière significative
la journée de l’ouverture officielle du Chapitre Général 28 de la Société de
Saint François de Sales (Salésiens de Don Bosco).
Se sentir accompagné de la présence de chacun de vous nous honore et nous
parle en même temps de la responsabilité que nous avons devant l’Église,
devant toute la Famille Salésienne de Don Bosco, et surtout devant la
Congrégation Salésienne. Tout cela nous encourage à commencer cette tâche
avec un regard prophétique et plein d’espérance.
125

12.7 Page 117

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En même temps, je souhaite la bienvenue officielle à tous les confrères salé-
siens ici présents, provenant des quatre-vingt-dix circonscriptions juridiques
de la Congrégation : Provinciaux et Supérieurs des Vice-provinces, Délé-
gués provinciaux, observateurs salésiens et invités. Votre présence à tous
est importante. En effet, à la lumière de la foi que chacun de nous a au fond
de son cœur, nous avons conscience de ce fait : c’est le Seigneur qui nous a
réunis ici par les voies « mystérieuses » de sa Providence.
Au cours du premier Chapitre Général de notre Congrégation, auquel je ferai
référence au point suivant, Don Bosco commence par dire : « Nous entre-
prenons quelque chose de la plus haute importance pour notre Congréga-
tion. »1 Eh bien, nous aussi, nous avons été appelés pour une tâche très
spéciale et importante pour notre Congrégation. Aujourd’hui comme hier, ce
qui deviendra le fruit de notre CG28 sera d’une grande importance. Sans
aucun doute, les bonnes dispositions de chacun seront décisives pour les
fruits de cette Assemblée Capitulaire.
1. Le CG28 de la Société de saint François de Sales
Notre Père Don Bosco a convoqué le premier Chapitre Général le 5 septem-
bre 1877 à Lanzo Torinese. Les participants étaient vingt-trois et le Chapitre
a duré trois jours entiers. D’autres Chapitres Généraux ont suivi, comme on le
sait. Certains se sont déroulés ici, au Valdocco. Aujourd’hui, soixante-deux
ans après le dernier Chapitre Général célébré au Valdocco, berceau de notre
charisme, nous revenons, avec une foi profonde dans le Seigneur et dans son
Saint-Esprit qui continue à assister notre Congrégation et la Famille Salé-
sienne. Tenus par la main par l’Auxiliatrice, notre Mère, qui « continue à
tout faire », Don Bosco nous lance un appel qui, dans ce lieu saint salésien,
résonne de manière significative et avec une charge émotionnelle très forte.
À l’ouverture du premier Chapitre Général, Don Bosco disait à nos confrè-
res : « Le Divin Sauveur dit dans le saint Évangile que là où deux ou trois
sont réunis en son nom, Lui-même se trouve au milieu d’eux. Nous n’avons
d’autre but, dans ces réunions, que la plus grande gloire de Dieu et le salut
des âmes rachetées par le précieux Sang de Jésus-Christ. Nous pouvons
donc être sûrs que le Seigneur se trouvera au milieu de nous et conduira
Lui-même les affaires de telle manière qu’elles tourneront toutes à sa plus
grande gloire. »2
1 MB XIII, 250.
2 MB XIII, 251.
126

12.8 Page 118

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Avec la même conviction et le même regard de foi avec lequel j’ai voulu
souligner la dernière expression de Don Bosco, en l’écrivant en italiques,
nous voulons et nous devons faire face à la tâche importante que toute la
Congrégation nous confie dans ce CG28. Nous lisons dans nos Constitutions :
« Le Chapitre Général est le signe principal de l’unité de la Congrégation
dans sa diversité. Il est la rencontre fraternelle dans laquelle les Salésiens se
livrent à une réflexion commune en vue de se maintenir fidèles à l’Évangile
et au charisme de leur Fondateur, et sensibles aux besoins des temps et des
lieux. Par le moyen du Chapitre Général, la Société entière, se laissant
guider par l’Esprit du Seigneur, cherche à connaître, à un moment donné de
l’histoire, la volonté de Dieu pour un meilleur service de l’Église. »3
Je suis profondément convaincu que ce sera un moment où l’Esprit du
Seigneur nous guidera et nous fera sentir sa présence, comme Dieu seul sait
le faire, pour nous soutenir dans notre désir d’être toujours plus fidèles à
Jésus-Christ sur le chemin tracé par Don Bosco.
1.1. Avec la responsabilité de guider et d'animer un charisme de
l’Église, pour l’Église et pour le monde, suscité par l’Esprit
Avant d’évoquer le Chapitre Général, permettez-moi d’indiquer certains
éléments qui pourraient être tenus pour acquis, mais qui sont, sans aucun
doute, essentiels et d’une grande importance. Le premier d’entre eux vient
d’être annoncé.
Nous avons une grande responsabilité : le charisme de prendre soin des
jeunes avec tous les moyens à notre disposition n’est pas notre propriété
exclusive ; il ne nous appartient pas car c’est un don de l’Esprit Saint pour
l’Église et pour le monde. Et cependant, il nous demande, en tant que Salé-
siens de Don Bosco, d’en avoir le plus grand soin et d’y être très fidèles. Je
viens de rappeler, il y a quelques instants, l’article de nos Constitutions où il
est dit que le Chapitre Général doit nous pousser à découvrir et reconnaître
la volonté de Dieu en ce moment historique et ainsi mieux servir l’Église.
Notre travail de réflexion, d’étude et de confrontation, dans une atmosphère
de recherche et de discernement, n’a d’autre but que d’essayer de discerner
la volonté de Dieu pour nous aujourd’hui, face à la grande question de savoir
comment nous pouvons être consacrés authentiquement aujourd’hui et com-
ment nous pouvons être ces Salésiens que Don Bosco lui-même voudrait que
nous soyons pour les jeunes d’aujourd’hui et ceux qui viendront demain.
Je ne doute pas que nous ne portions dans nos cœurs le profond désir de
3 C 146.
127

12.9 Page 119

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continuer à faire les pas nécessaires pour que le charisme salésien soit riche
de la force de l’Évangile. Je ne doute pas que nous n’ayons dans nos cœurs
le désir d’être courageux et très libres pour rechercher ce qui nous conduit à
travers le chemin de la fidélité. Je ne doute pas que la prudence avec laquel-
le nous abordons tant de choses ne soit très loin – et doit continuer à l’être –
des peurs et des liens qui paralysent et qui n’ont rien à voir avec l’annonce
de l’Évangile et l’éducation à la foi des jeunes, ni avec leur préparation à la
vie et avec leur bonheur. N’oublions pas que les peurs et les liens personnels
et institutionnels tuent la fidélité et empêchent le charisme d’être toujours le
même et toujours vivant, même au fil des décennies et des siècles.
1.2. Avec la responsabilité de guider la communion et l’unité de vie
dans notre Congrégation
L’une des grâces que le Seigneur nous a abondamment accordée en ce
sexennat a été – comme nous le verrons dans le rapport sur l’état de la
Congrégation – celle d’une grande communion et d’une grande unité, au-de-
là des difficultés naturelles propres à chaque groupe humain, et plus encore
pour une Congrégation nombreuse comme la nôtre. Nous grandissons dans
l’unité – non dans l’uniformité – et dans la communion. Et cela est un don et
une grande valeur qui doivent être conservés aujourd’hui et toujours.
C’est pourquoi le Chapitre Général doit être le témoignage de cette pleine
communion d’esprit et dans la mission. Les différences de cultures et de
contextes, de nationalités et de langues sont une richesse et une opportunité
pour un charisme qui plonge aujourd’hui ses racines dans cent trente-quatre
pays.
Il est vraiment éclairant de voir comment notre Père a voulu que cette unité
soit très solide. Célébrant le premier Chapitre Général, Don Bosco déclarait
aux capitulaires : « Nous en sommes encore à nos débuts ; notre nombre
n’est pas encore extraordinairement grand et jusqu’à présent l’Oratoire a été
un centre pour tous [...] mais à l’avenir, si on n’étudie pas tous les moyens
pour renouer ce lien, une conception autre se fera jour bientôt et il n’y aura
plus d’unité absolue entre nous. »4
Heureusement et grâce à Dieu, cela ne s’est pas produit, et c’est l’inverse, au
contraire, qui s’est produit. La recherche de l’unité et de la communion
continue de croître et de se consolider, car un seul est le charisme, un seul
notre saint fondateur et un seul notre état de vie, une seule notre règle de
vie : les Constitutions et les Règlements des Salésiens de Don Bosco.
4 MB XIII, 286.
128

12.10 Page 120

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1.3. Pour nous occuper des intérêts de Dieu
Permettez-moi de reprendre littéralement l’expression du Père Luigi Ricceri,
Recteur Majeur, dans son discours d’ouverture du Chapitre Général Spécial
20, car elle reflète très bien la conscience claire et profonde que nous de-
vons avoir de la nature de notre tâche. Tous les Chapitres Généraux sont im-
portants ; ils nous aident tous à suivre le chemin de la fidélité dans le temps ;
ils nous poussent tous à aller de l’avant avec courage ; ils nous ouvrent tous
un chemin ou consolident le chemin existant. Et en même temps, dans tous
ces Chapitres, c’est le regard de foi qui doit être le plus important.
Je le propose et le demande d’une manière toute particulière pour notre
CG28, notamment pour le thème qui nous concernera et pour le résultat de
nos décisions. Je suis convaincu que la tâche qui nous est confiée en tant
qu’hommes de foi qui aiment l’Église et la Congrégation nous aidera à nous
concentrer sur le profil du Salésien de qui, en fidélité aux Constitutions, le
monde d’aujourd’hui et les jeunes d’aujourd’hui continuent d’avoir besoin.
Et je suis convaincu que cela sera d’une grande importance dans la forma-
tion permanente de tous les Salésiens et en particulier dans la formation
initiale des jeunes Salésiens qui veulent aujourd’hui être comme Don Bosco.
Pour cette raison, nous devons être très libres, très courageux, avoir un re-
gard de foi et un cœur attentif à percevoir avec la plus grande délicatesse la
voix du Saint-Esprit. « Notre assemblée n’est pas une assemblée d’action-
naires d’une industrie, ni une assemblée politique avec les factions à intérêts
opposés économiques, de prestige d’ambitions. Nous sommes ici Église,
mieux, une assemblée d’hommes consacrés, réunis dans le nom du Seigneur,
voués totalement à un idéal surnaturel : nous sentons que nous sommes des
hommes de foi, dont les préoccupations ont leurs racines dans la foi et dont
l’activité, et celle-ci en particulier, est tout illuminée, ravivée et motivée par
la foi. Nous sommes ici, en effet, non pour des intérêts an quelque sorte
humains, mais pour les intérêts de Dieu, de son Règne, de son Église. »5
En pensant au fruit de notre Chapitre Général, ce que je viens de mentionner
s’avère décisif : ce qui ne conduit pas à la rencontre avec Dieu en la person-
ne de son Fils Jésus-Christ ne vient pas de Dieu et ne nous servira pas. Ce
qui ne nous rend pas plus fidèles au charisme et à Don Bosco, notre Fonda-
teur, est voué à l’échec même si les mirages du moment semblent annoncer
autre chose. Nous ne sommes pas une Congrégation vieille de plusieurs
siècles ; mais nous ne sommes pas non plus les derniers nés, et nos 160 ans
d’histoire nous ont déjà beaucoup appris. Ce n’est qu’en se laissant guider
5 CGS20, Discours d’ouverture du Recteur Majeur au Chapitre Général Spécial, Rome,
1971, p. 402 dans l’édition en langue française.
129

13 Pages 121-130

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13.1 Page 121

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par l’Esprit de Dieu que la Congrégation trouve le moyen de donner la
meilleure réponse ici et maintenant. Seul un regard libre et lucide face à des
mentalités fortement sécularisées et hédonistes permet un chemin sûr. D’au-
tres tentatives, tôt ou tard, échouent, s’usent et font s’étioler l’idéal de vie
qui a conduit à la décision fondamentale du jeune Cagliero : « Frère ou pas
frère, moi, je reste avec Don Bosco. »
2. Thème et objectif du CG28
Toutes les personnes ici présentes – y compris nos invités qui nous honorent
beaucoup de leur présence – connaissent le thème du Chapitre Général que
nous déclarons officiellement ouvert aujourd’hui : « Quels Salésiens pour
les jeunes d’aujourd’hui ? »
Le thème répond à l’urgence sur laquelle concentrer notre attention, en
ce moment de notre histoire : la personne du Salésien. Celui-ci, en tant
qu’homme de Dieu, consacré et apôtre, doit être capable d’entrer le mieux
possible en harmonie avec les adolescents et les jeunes d’aujourd’hui et avec
leur monde ; et ce, afin de marcher avec eux dans le domaine de l’éducation
et de la formation à la foi, en les aidant à être de bons croyants – tenant
compte que souvent, ils professent d’autres religions – et en les préparant à
la vie, en les accompagnant dans leur recherche de sens et à la rencontre
avec Dieu.
Et nous avons bien conscience que nous ne sommes pas les seuls, Salésiens
de Don Bosco, à avoir la responsabilité de cette mission. En fait, nous la ré-
alisons en nous appuyant sur de nombreux autres éducateurs et éducatrices,
de nombreux laïcs dans toutes les présences salésiennes du monde.
Le thème que nous traiterons au cours de ces sept semaines est unique et
divisé en trois noyaux thématiques :
- La priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui
- Le profil du Salésien pour les jeunes d’aujourd’hui
- Avec les laïcs, dans la mission et dans la formation.
Le monde dans lequel nous vivons au XXIème siècle, caractérisé par la
diversité des cultures et des contextes, a besoin – et nous pouvons dire qu’il
attend – de rencontrer des Salésiens consacrés-apôtres préparés et prêts à
vivre leur vie avec l’esprit et le cœur de Don Bosco ; des Salésiens capables
de continuer à donner leur vie pour les jeunes du monde d’aujourd’hui avec
leurs langages, leurs visions [des choses] et leurs centres d’intérêt. Certes,
beaucoup de ces adolescents et jeunes se trouvent dans les maisons salé-
130

13.2 Page 122

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siennes, mais beaucoup d’autres fréquentent « d’autres cours de récréa-
tion » : nous sommes Salésiens aussi pour eux.
Je pense que continue de résonner avec une grande force ce que nous a dit le
Pape François, le 21 juin 2015, l’année du Bicentenaire de la naissance de
Don Bosco, dans ce même lieu saint salésien qu’est le Valdocco ; et c’est un
appel tout à fait actuel. Le Pape nous a demandé de ne pas décevoir les aspi-
rations profondes des jeunes : le besoin de vie, d’ouverture, de joie, de liber-
té, d’avenir ; le désir de collaborer à la construction d’un monde plus juste et
plus fraternel, au développement de tous les peuples, à la protection de la na-
ture et des milieux de vie... Le Saint-Père nous demande d’aider les jeunes à
expérimenter que les idéaux les plus authentiques ne sont pleinement mis en
œuvre que dans la vie de grâce, c’est-à-dire dans l’amitié avec le Christ.6
Ce qui est proposé au Chapitre Général comme un défi pour toute la Congré-
gation, nous espérons y parvenir de la seule manière possible et valable,
comme je l’ai déjà dit et le souligne à nouveau : dans la voie de la fidélité au
Seigneur et à Don Bosco, et dans la fidélité aux jeunes. Beaucoup de ces jeu-
nes, avec une conscience plus ou moins grande, demandent à ne pas être
abandonnés à leur destin, à un sort incertain, comme des naufragés, à cause
de notre incapacité à être éducateurs, amis, frères et pères – comme, au
contraire, l’a été Don Bosco pour les jeunes de son temps – capables de per-
cevoir leurs besoins ou d’entendre leur appel.
Pour cette raison, la réflexion du Chapitre doit se concentrer sur les éléments
qui suivent.
2.1. Donner une priorité absolue à la mission salésienne auprès des
jeunes d'aujourd’hui, et parmi eux, donner la priorité aux plus désavanta-
gés, aux plus pauvres et aux plus délaissés : une préférence pour les adoles-
cents et les jeunes d’aujourd’hui qui, en un certain sens, sont sans aucun
doute différents de ceux d’il y a dix ans, de même que sont différents aussi
les contextes sociaux et éducatifs dans lesquels ils vivent et qui, pour cette
raison, conditionnent objectivement notre mission. Nous savons bien qu’en
parlant de cette prédilection pour les jeunes, nous nous référons à quelque
chose d’essentiel et de constitutif de notre identité charismatique.
Citant le texte de la lettre de convocation au CG28, je rappelle à l’Assemblée
Capitulaire cette priorité : « Le nouveau Chapitre Général sera une opportu-
6 Cf. PAPE FRANÇOIS, Comme Don Bosco, avec les jeunes et pour les jeunes. Lettre du
Pape François au Recteur Majeur des Salésiens, LEV, Cité du Vatican, 2015,9. Voir aus-
si ACG 421, pp. 106-110 dans l’édition en langue française.
131

13.3 Page 123

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nité pour discerner attentivement et avec courage, pour vérifier si nos pré-
sences, nos œuvres et nos activités sont au service des jeunes les plus pauv-
res, si ce sont eux qui occupent notre cœur et sont au centre de nos préoccu-
pations et de nos centres d’intérêt, si nous concentrons nos énergies et nos
efforts en leur faveur. »7
2.2. Accorder la même priorité au profil du Salésien d'aujourd'hui
Ce que l’on nous demande et que l’on attend de nous, Salésiens, ne sera
possible que si nous sommes capables, comme je l’ai dit dans mon com-
mentaire de l’Étrenne à la Famille Salésienne, d’être « comme Don Bosco,
avec les jeunes et pour les jeunes. » Pour cette raison, une partie décisive de
notre réflexion et de nos délibérations capitulaires devra prêter une atten-
tion particulière à la personne du Salésien et à notre formation, initiale et
permanente.
Avec Don Bosco comme modèle,
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « homme consacré
à la foi profonde » ;
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « passion aposto-
lique pour les jeunes » ;
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « fils de Dieu qui
sait être et se sent père des jeunes » ;
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « identité charis-
matique de tous ceux qui enrichissent l’Église du charisme de Don Bos-
co et créent la communion ecclésiale » ;
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « apôtre des jeu-
nes, toujours fidèle, toujours souple et créatif » ;
– dire « salésien » aujourd’hui devrait pouvoir signifier « toujours éduca-
teur, toujours ami des jeunes. »
2.2.1. Un profil de Salésien qui ne s'improvise pas mais qui se forme
C’est l’une des raisons qui nous ont amenés à voir l’importance de ce thème
pour le Chapitre. La vocation de chacun de nous est une réponse à un appel,
un appel d’amour et de grâce que nous recevons avec gratitude et émer-
veillement, et non comme un droit ou un mérite. Il s’agit d’un appel person-
nel à un moment concret de l’histoire de chaque personne, dans la trame du
temps et souvent avec plusieurs médiations, ou peut-être même une seule ;
c’est un appel dans un contexte familial, social, religieux, culturel donné ;
7 ACG 427 (2018), pp. 11-12 dans l’édition en langue française.
132

13.4 Page 124

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c’est un appel qui rejoint le monde de chacun, avec sa propre diversité et,
peut-être, sa complexité.
Et dans des conditions et des contextes si différents, chacun de nous doit sui-
vre un chemin qui nous conduira, à la suite du Seigneur Jésus, à façonner no-
tre cœur et notre personnalité de manière à avoir en nous le même cœur pas-
toral de Don Bosco, à l’imitation de Jésus Bon Pasteur, et avec le désir de
nous donner généreusement aux autres, en particulier aux jeunes, sans vivre
dans un « généricisme », ce qui qui serait inquiétant et dangereux, mais viv-
re en tant qu’hommes consacrés, Salésiens de Don Bosco, dans l’Église,
pour les jeunes.
C’est pourquoi j’affirme avec une profonde conviction que le profil que doit
avoir le Salésien ne peut pas être le résultat d’une improvisation, mais doit
passer par les médiations des différentes étapes de formation, avec leurs ex-
périences, leurs temps et leurs personnes.
2.2.2. Avec l'aide d'équipes de formation de qualité et avec des
processus personnalisés
Nous savons bien que cette voie ne peut être suivie sans l’aide de média-
tions. Ces médiations sont souvent nombreuses et diversifiées. J’imagine
que la réflexion de notre Chapitre prendra conscience – compte tenu du pro-
fil du Salésien d’aujourd’hui – de la manière dont il devient plus important
que jamais de s’appuyer sur un discernement et un accompagnement au-
thentiques. Et pour cette raison, le rôle de la ou des communautés salésien-
nes locales, le rôle des laïcs des communautés éducatives et pastorales et ce-
lui des confrères de la Province seront d’une importance fondamentale.
La réflexion et la compréhension de notre réalité formatrice dans le monde
d’aujourd’hui nous amèneront, au cours des travaux de ce Chapitre, à nous
demander de quel renouveau de la formation nous avons besoin, car les jeu-
nes Salésiens d’aujourd’hui sont tous des « natifs numériques », issus de
contextes culturels peut-être très différents du nôtre, et certainement très dif-
férents du contexte de formation où a vécu celui qui vous parle. Nous pro-
fessons les mêmes Constitutions Salésiennes, mais dans des pays, des cultu-
res, des langages et des contextes très différents. Tout cela doit nous amener
à penser à des processus de formation personnalisés qui sont, sans doute, la
seule garantie d’un bon parcours vocationnel avec une perspective d’avenir.
Évidemment, tout cela implique la nécessité de continuer à avoir les meilleu-
res équipes de formation, des équipes consolidées et stables, non improvi-
sées mais composées de personnes préparées à ce service spécifique.
133

13.5 Page 125

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2.3. Avec les laïcs dans la mission et dans la formation
Nous connaissons tous le thème du CG24 de 1996 : « Salésiens et laïcs.
Communion et partage de l’esprit et de la mission de Don Bosco. » Après un
parcours de nombreuses années par les communautés éducatives et pastora-
les dans la mission partagée, en tant que Congrégation, nous ressentons le
besoin d’une vérification du chemin parcouru, des résultats obtenus et des
résistances rencontrées.
Nous croyons sûrement que la mission partagée avec les laïcs est une voie
pour découvrir l’identité charismatique, particulièrement clarifiée par le
CG24, et qui se manifeste aujourd’hui comme la seule manière possible de
mener à bien la mission salésienne dans la complexité de notre monde, dans
la diversité et la complexité de nombreuses situations nationales et culturel-
les et dans la multiplicité des contextes.
J’imagine que sur cette partie importante de la réflexion qui nous attend, et
qui va de pair avec la réflexion sur le profil du Salésien dont nous avons
besoin aujourd’hui et que les jeunes attendent – avec les laïcs qui partagent
la mission avec nous – le Chapitre examinera probablement certains des
points suivants sur lesquels baser notre discernement :
a) réalisations et résistances dans la mission partagée avec les laïcs
b) réciprocité nécessaire dans les relations entre Salésiens et laïcs
c) formation conjointe de Salésiens et de laïcs
d) les nouvelles situations dans les réalités d’aujourd’hui, vingt-quatre ans
après le CG24, et les orientations et critères à prendre en compte.
3. L’« heure » du Chapitre Général 28
Chers Confrères Capitulaires, ces derniers mois, je n’ai pas caché avec quel-
le espérance j’attendais la tenue de notre Chapitre Général, car je pense qu’il
aura une grande signification et une grande importance, comme cela a été le
cas pour les Chapitres précédents. Et je pense que ce sera la même chose
pour le CG28. Comme je le disais également dans la lettre de convocation,
« nous serons appelés à discerner avec réalisme, courage et détermination,
l’orientation du chemin à parcourir en ce XXIème siècle, en un moment très
spécial de renouveau et de purification dans l’Église. »8
– Nous sommes appelés à donner le primat et la centralité dans nos déci-
sions et nos délibérations à ce qui se réfère à la mission salésienne en
8 ACG 427 (2018), p. 33 dans l’édition en langue française.
134

13.6 Page 126

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faveur des enfants, des adolescents et des jeunes les plus pauvres et
les plus désavantagés, les derniers, ceux qui sont souvent ignorés ou ex-
clus.
– Nous sommes appelés à vivre dans une attitude permanente de forma-
tion, d’ouverture aux réalités qui changent toujours, à tout mettre en
œuvre, à tout âge, pour ne pas cesser d’être pour et avec les jeunes.
– Nous sommes appelés à accompagner la formation des jeunes Salésiens
d’aujourd’hui et de demain afin qu’ils soient d’authentiques hommes
consacrés, passionnés du Christ et de cette humanité qui souffre souvent,
souhaitant être aujourd’hui, avec la simplicité et la générosité de leur
donation, d’« autres Don Bosco. »
– Nous sommes appelés à avoir une vision [ample] et un cœur grand pour
mettre en valeur tout le potentiel apostolique que nous avons, Salésiens
et laïcs ensemble. Nous sommes appelés à analyser et à diagnostiquer et
à être courageux dans les décisions que nous devons prendre pour déve-
lopper pleinement la vision prophétique que la Congrégation a eue
pendant des années, nous appelant à parcourir ensemble un chemin en
faveur de la mission, du service de ceux pour qui nous sommes nés par
charisme.
CONCLUSION
Je termine la présentation de ces défis qui nous occuperont par une référen-
ce finale à Don Bosco et à notre Mère, la Vierge Auxiliatrice.
Notre Fondateur, conscient que tout ne finirait pas avec lui, mais que ce ne
serait sûrement que le début d’un long chemin à parcourir, a dit, un jour de
l’année 1875 au Père Giulio Barberis, l’un de ses proches collaborateurs:
« C’est vous qui compléterez l’œuvre que moi, je commence ; je fais l’é-
bauche, vous mettrez les couleurs [...] Je fais le brouillon de la Congrégation
et je laisse le soin à ceux qui viendront après moi de le mettre au propre. »9
Je pense qu’avec le CG28 que nous commençons aujourd’hui, nous allons
mettre au propre d’autres parties de l’ébauche que Don Bosco nous a laissée,
car l’Esprit Saint continue de nous éclairer encore aujourd’hui pour être
fidèles au Seigneur Jésus dans la fidélité au charisme des origines, avec les
visages, la musique et les couleurs d’aujourd’hui.
9 MB XI, 309.
135

13.7 Page 127

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Dans cette mission, nous ne sommes pas seuls : nous savons et sentons que
Marie, notre Mère Auxiliatrice, l’« Auxiliatrice de Don Bosco », nous guide.
Le jour de la solennité de l’Immaculée Conception de 1887, deux mois avant
sa mort, contemplant rétrospectivement le long et difficile parcours de sa
vie, il disait aux Salésiens qui l’entouraient, émus : « Jusqu’à présent, nous
avons marché sur un terrain sûr. Nous ne pouvons pas nous tromper ; c’est
Marie qui nous guide. »10
Elle est notre Mère à tous, la Mère des jeunes et de leurs familles (quand ils
en ont une). Elle est la plus sensible aux plus pauvres et aux plus désavanta-
gés. C’est elle qui nous dit, en cette heure du CG28 également : « Tout ce
qu’il vous dira, faites-le », comme cela s’est produit à Cana de Galilée.11
Que notre Mère, la Vierge Auxiliatrice, nous éclaire et nous guide comme
elle l’a fait avec Don Bosco, pour être fidèles au Seigneur et ne jamais
décevoir les jeunes, surtout les plus désavantagés.
Turin, 22 février 2020
10 MB XVIII, 439.
11 Jn 2,5.
136

13.8 Page 128

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ANNEXE 2
INTERVENTION DU CARDINAL JOÃO BRAZ DE AVIZ
PRÉFET FDE LA CONCGRÉGATION
POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE
ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTOLIQUE
L’identité de la vie consacrée
et son apport à la vie de l’Église et du monde
La Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie
Apostolique (CIVCSVA) a rassemblé dans un petit volume1 les orientations
apparues au cours de l’assemblée plénière du Dicastère au mois de novembre
2014 et dans la réflexion qui s’en est suivie. Partant du logion de Jésus
« personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car alors, le vin
fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau,
outres neuves » (Mc 2,22), nous avons essayé de recueillir les grandes orien-
tations ouvertes par le Concile Vatican II, de prendre conscience des défis
encore actuels que nous avons identifiés en approfondissant la vocation et
l’identité de la vie consacrée dans les nouveaux choix de formation, en prê-
tant attention aux relations dans l’humanum, c’est-à-dire dans la réciprocité
entre hommes et femmes, dans le service de l’autorité et de l’obéissance, dans
les modèles relationnels et dans le témoignage concernant la possession,
l’usage et l’administration des biens.
Après ce regard sur les défis, nous nous sommes demandé comment prépa-
rer les outres neuves, en recherchant la fidélité dans l’Esprit, en identifiant
des modèles de formation et en veillant à la formation des formateurs, vers
une dimension relationnelle [relazionalità] évangélique qui se manifeste
dans la réciprocité et dans les processus multiculturels, au service de l’auto-
rité en relation avec les modèles relationnels, avec les structures des
Conseils et des Chapitres.
1 CIVCSVA, À vin nouveau outres neuves. Depuis le Concile Vatican II, la vie consacrée
et les défis encore ouverts. Orientations, Cité du Vatican, LEV 2017.
137

13.9 Page 129

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1. Le renouveau postconciliaire
Plus de 50 ans se sont écoulés depuis le Concile Vatican II. Le Pape Fran-
çois, religieux comme nous, nous a offert des paroles et des gestes très
stimulants afin de faire avancer le renouveau proposé par Vatican II pour la
vie consacrée, en gardant à l’esprit les besoins d’aujourd’hui.2 Les bases
théologiques et ecclésiologiques du renouveau ont été traduits dans les actes
par les Pères conciliaires dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium
[Christ, lumière des peuples], au chapitre VI (nn. 43-47). Il s’agit de l’ag-
giornamento [mise à jour] spirituel, ecclésial, charismatique et institutionnel
de la vie consacrée dans l’Église.
Aujourd’hui nous pouvons dire que le Concile Vatican II a généré des im-
pulsions et des méthodes d’une grande efficacité dans l’aggiornamento. Une
nouvelle compréhension de la vie consacrée s’est fait jour. En fait, avant le
Concile, ses manifestations et ses structures étaient celles d’une « force com-
pacte et opérationnelle pour la vie et la mission d’une Église militante qui se
percevait en continuelle opposition vis-à-vis du monde. Dans la nouvelle
saison d’ouverture et de dialogue avec le monde, la vie consacrée s’est sen-
tie poussée en première ligne pour explorer, au bénéfice de tout le corps
ecclésial, les composantes d’une nouvelle relation Église-monde. (...) Dans
cette ligne de dialogue et d’accueil, la vie consacrée a, pas toujours mais gé-
néralement, embrassé généreusement les risques de cette nouvelle aventure
d’ouverture, d’écoute et de service. »3
Les charismes et le patrimoine spirituel de la vie consacrée, dans ce nouveau
climat, ont été mis avec confiance à la disposition de cette nouvelle relation,
mais en même temps, il a fallu courir le risque de ces nouveaux parcours.4
En cette période postconciliaire, les textes normatifs et les formes institu-
tionnelles ont été réélaborés, d’abord en réponse aux encouragements venus
du Concile, puis pour se conformer aux dispositions du nouveau Code de
Droit Canonique (1983). « Un grand effort a été consenti par chaque famille
religieuse dans la relecture et dans l’interprétation de l’“inspiration origi-
nelle des Instituts” (PC 2). Ce travail avait deux objectifs principaux : garder
fidèlement “la pensée des fondateurs et leur projet” (CIC can. 578) et “retro-
uver avec courage l’esprit entreprenant, l’inventivité et la sainteté des fon-
2 Cf. CONCILE VATICAN II, Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse,
Perfectae Caritatis [recherche de la charité parfaite], PC, n.1, Rome, 28 octobre 1965.
3 Cf. À vin nouveau, outres neuves, o.c., n. 4.
4 Ibidem.
138

13.10 Page 130

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dateurs et des fondatrices, en réponse aux “signes des temps” qui apparais-
sent dans le monde actuel” (VC 37). »5
De nouveaux itinéraires de formation, une adaptation des structures de gou-
vernance et de gestion du patrimoine économique et des activités ont été mis
en œuvre avec un grand sens de la responsabilité et un grand esprit de foi.
Les Papes de cette période ont généreusement soutenu de leur Magistère le
chemin de la vie consacrée, nous aidant « à consolider nos convictions, à
discerner les nouveaux parcours, à orienter avec sagesse et sens ecclésial les
nouveaux choix de présence et de service, dans une écoute constante des ap-
pels de l’Esprit. »6 D’une manière toute spéciale, l’Exhortation Apostolique
post-synodale Vita Consecrata (1996) avec la contemplation et la référence
directe au mystère de la Sainte Trinité, illumine le sens de la consécration, la
comprenant comme confessio Trinitatis [= louange à la Sainte Trinité] éga-
lement « lorsqu’elle relève le défi de la vie fraternelle “en vertu de laquelle
les personnes consacrées s’efforcent de vivre dans le Christ avec un seul
cœur et une seule âme (Ac 4, 32)” (VC 21). »7
Actuellement, le Pape François a demandé à la Congrégation pour les Insti-
tuts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique (CIVCSVA) et à la
Congrégation pour les Évêques de préparer la révision du document « Mu-
tuae relationes. »8 Entretemps, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a
publié le document « Iuvenescit Ecclesia. »9 Cette lettre propose un appro-
fondissement lucide des relations entre Évêques et personnes consacrées, à
la lumière de l’ecclésiologie et de la spiritualité de communion, et à la lu-
mière des deux principes coessentiels de l’Église : hiérarchie et charismes.
Ainsi, le nouveau texte de « Mutuae relationes », qui est déjà dans sa rédac-
tion finale pour être présenté au Saint-Père, a été providentiellement enrichi.
L’expérience de l’Année de la Vie Consacrée (2015) et du Jubilé de la Mis-
éricorde (2016) nous pousse maintenant à ouvrir de nouvelles voies. Nous
sommes mis au défi par l’évolution sociale, économique, politique, scienti-
fique et technologique. Les secteurs qui étaient autrefois occupés par le zèle
de la vie consacrée sont désormais gérés par l’État. Des urgences nouvelles
5 Ibidem, n. 5.
6 Ibidem, n. 6.
7 Ibidem.
8 CIVCSVA, Mutuae relationes [les rapports mutuels], Directives de base sur les rap-
ports entre les Évêques et les Religieux dans l’Église, Cité du Vatican, 1978.
9 CDF, Iuvenescit Ecclesia [l’Église rajeunit] Lettre aux Évêques de l’Église catholique
sur la relation entre les dons hiérarchiques et charismatiques pour la vie et la mission de
l’Église LEV, Cité du Vatican, 2016.
139

14 Pages 131-140

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14.1 Page 131

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et sans précédent, de nouvelles pauvretés, le développement du volontariat,
l’ouverture à de nouvelles frontières de la mission – notamment la fonda-
tion de nouvelles Églises –, tout cela crée un nouveau contexte pour la vie
consacrée. Nous sommes passés de situations monoculturelles au défi du
multiculturalisme, avec des communautés internationales présentes dans des
contextes inconnus ou multireligieux, insérées dans des contextes difficiles
et menacées par diverses formes de violence. Dans de nombreux cas, les
programmes traditionnels de formation ont connu une crise. Ces nouveautés
perçues comme une richesse amènent également des tensions et génèrent un
sentiment de fatigue généralisé, avec la tentation qui en découle de se
contenter de stratégies de survie. Nous comprenons de plus en plus que,
seuls, nous ne pourrons pas franchir cette étape nécessaire.10
2. Des défis encore ouverts
Partons d’une constatation assez évidente : « Tout système stabilisé tend à
résister au changement et s’emploie à maintenir sa position, parfois en oc-
cultant les incohérences, en acceptant de rendre opaques le vieux et le nou-
veau, en niant la réalité et les frictions au nom d’une concorde fictive ou en
allant jusqu’à dissimuler ses propres finalités par des ajustements de surface.
Malheureusement, les exemples ne manquent pas où l’on rencontre une ad-
hésion purement formelle sans la nécessaire conversion du cœur. »11
À une époque comme la nôtre où nous constatons un grand nombre d’aban-
dons de la vie consacrée, soit après le processus de formation, soit dans la
vieillesse, dans tous milieux géographiques et culturels, il est important de
rechercher les causes de ce phénomène. Il ne s’agit pas seulement de crises
émotionnelles, mais aussi de déception à cause d’une vie communautaire
sans authenticité. Parfois les valeurs proposées ne correspondent pas au
vécu, ou bien le nombre d’activités est excessif et ne permet pas une vie
spirituelle solide. Il y a aussi l’isolement des jeunes dans des communautés
de personnes âgées surtout. Même si chez de nombreux jeunes, il existe une
ouverture à la transcendance, une capacité à se passionner pour les valeurs
de l’Évangile, une vie consacrée très standardisée les bloque. Ainsi, bien des
fois, nous ne parvenons pas à toucher le cœur et à le transformer.
L’intégration entre cultures différentes dans certains Instituts est devenue un
problème : d’une part, peu de membres âgés et d’autre part, un grand groupe
10 Cf. À vin nouveau, outres neuves, o.c., nn. 6-9.
11 Ibidem, n. 11.
140

14.2 Page 132

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de jeunes de différentes cultures qui se sentent marginalisés, avec seulement
des rôles subalternes. « Il devient toujours plus clair que le plus important
n’est pas la conservation des formes, mais la disponibilité à repenser, dans
une continuité créative, la vie consacrée en tant que mémoire évangélique
d’un état permanent de conversion d’où jaillissent des intuitions et des choix
concrets. »12
Dans le contexte du renouveau de l’expérience d’autorité et d’obéissance au
milieu de la crise actuelle dans différents Instituts, on peut dire : « Parmi les
motifs principaux des abandons, d’après l’expérience de notre Congréga-
tion, on observe non sans raison : l’affaiblissement de la vision de foi, les
conflits dans la vie fraternelle et la vie de fraternité faible en humanité. »13
Un domaine où les défis actuels sont particulièrement présents est celui des
choix de formation. L’effort concret des Instituts et des Conférences de Su-
périeurs Majeurs (nationales et internationales) est très important. Une des
difficultés significatives reste encore « une faible intégration entre vision
théologique et vision anthropologique dans la conception de la formation,
du modèle de formation et de la pédagogie éducative... [et] ce manque
d’intégration ne permet pas de faire interagir et dialoguer entre elles les deux
composantes essentielles et indispensables d’un chemin de croissance : la
dimension spirituelle et la dimension humaine. »14 Les formateurs et forma-
trices doivent être sensibilisés aux valeurs des différentes cultures, des nou-
velles générations, des divers contextes de vie : il en va de l’attention due
au discernement des motivations vocationnelles dans les différentes zones
culturelles et continentales.
Les urgences des œuvres, en de nombreux Instituts, surtout féminins, pren-
nent le pas sur le parcours d’une formation systématique et organique. En
outre, il se crée souvent un déséquilibre entre la formation théologique et la
formation professionnelle, de sorte que viennent à manquer la formation
pour le « devenir disciple » [discepolato] et la formation à la vie consacrée.
Si nous portons notre regard sur les formateurs, nous constatons souvent une
préparation insuffisante, mais aussi un nombre insuffisant de personnes. La
formation des formateurs devient donc un des plus importants défis actuels.
Comment garantir une pédagogie personnelle, c’est-à-dire une personnali-
sation de la formation où, au cours de la période initiale, le formateur mar-
12 Ibidem, n. 13.
13 Ibidem, n. 24.
14 Ibidem, n. 14.
141

14.3 Page 133

▲back to top
che quotidiennement aux côtés du disciple, dans la confiance et l’espérance,
surtout comme expert sur le chemin de la recherche de Dieu ?
La communauté a un rôle important : « C’est dans la fraternité que l’on ap-
prend à accueillir les autres comme un don de Dieu, en acceptant leurs
caractéristiques positives et en même temps leurs différences et leurs limites.
C’est dans la fraternité que l’on apprend à partager les dons reçus pour
l’édification de tous. C’est dans la fraternité que l’on apprend la dimension
missionnaire de la consécration (Cf. VC 67). »15
En ce qui concerne la formation permanente ou continue, il lui reste encore
à devenir une vraie culture où l’énonciation de concepts théoriques et la ca-
pacité de révision et de vérification du vécu concret dans la communauté
vont de pair. Ici prend place également une sérieuse initiation à la gouver-
nance afin d’en éviter l’improvisation et l’exercice inapproprié et lacunaire.
En nous attardant encore sur la dimension humaine des défis lancés à la vie
consacrée, un domaine particulièrement important est celui de la réciproci-
té homme-femme. « Nous sommes héritiers, dans les modèles de vie, dans
les structures d’organisation et de gouvernement, dans les langages et dans
l’imaginaire collectif, d’une mentalité qui mettait en avant de profondes dif-
férences entre l’homme et la femme, au détriment de leur égale dignité.
Dans l’Église aussi, et pas seulement dans la société, de multiples préjugés
unilatéraux empêchaient de reconnaître les qualités du véritable génie fémi-
nin (cf. VC 58) et la contribution originale des femmes. Ce type de sous-
évaluation a touché particulièrement les femmes consacrées, tenues en mar-
ge de la vie, de la pastorale et de la mission de l’Église (Cf. VC 57). »16
Ce scénario a commencé à changer à partir du Concile Vatican II, mais
« l’on n’a pas encore atteint une synthèse équilibrée et une purification des
schémas et des modèles hérités du passé. Des obstacles persistent encore
dans les structures et il reste pas mal de méfiance quand se présente une oc-
casion de donner aux femmes “des espaces de participation dans divers sec-
teurs et à tous les niveaux, y compris dans les processus d’élaboration des
décisions, surtout pour ce qui les concerne (VC 58)”, dans l’Église et dans la
gestion concrète de la vie consacrée. »17
Dans nos milieux de vie consacrée, il reste encore à mûrir dans la réciproci-
té entre homme et femme : une maturation particulièrement nécessaire de
15 Ibidem, n. 16.
16 Ibidem, n. 17.
17 Ibidem, n. 18.
142

14.4 Page 134

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nos jours. La distance provoquée même par des motivations de type ascé-
tique et spirituel a causé un appauvrissement réciproque et une perte de sen-
sibilité pour la vision différente de l’autre. Cela se reflète aussi dans la vie
consacrée, dans la sensibilité différente chez les jeunes et les moins jeunes :
« Nous pouvons parler de dissonance cognitive entre les religieux âgés et
les jeunes. Pour les uns, les relations avec le féminin et le masculin sont ca-
ractérisées par beaucoup de réserve, voire de phobie, pour les autres par
l’ouverture, la spontanéité et le naturel. »18
Pour finir, nous devons encore signaler « la faiblesse que l’on rencontre ad
intra des Instituts, par rapport à ce processus anthropologico-culturel de vé-
ritable intégration et de complémentarité réciproque avec l’élément et la sen-
sibilité féminins et masculins. Saint Jean-Paul II a reconnu comme légitime
le désir des consacrées d’avoir “des espaces de participation dans différents
secteurs et à tous les niveaux” (VC 58), mais de fait, dans la pratique, nous
en sommes encore loin. Et on court le risque d’appauvrir gravement l’Égli-
se elle-même, comme l’a dit le Pape François : “Ne réduisons pas l’engage-
ment des femmes dans l’Église, mais promouvons leur rôle actif dans la
communauté ecclésiale. Si l’Église perd les femmes, dans sa dimension to-
tale et réelle, elle risque la stérilité.” (Discours à l’épiscopat brésilien, Rio,
27.07.2013). »19
Un autre défi ouvert concerne le service de l’autorité. Aujourd’hui encore,
on trouve dans des communautés de vie consacrée « la tendance à une cen-
tralisation verticale dans l’exercice de l’autorité, que ce soit au niveau local
ou dans les sphères plus hautes, outrepassant ainsi la nécessaire subsidiarité.
Dans certains cas, l’insistance de quelques supérieurs, convaincus de répon-
dre (de manière autonome) à leur conscience, sur le caractère personnel de
leur autorité au point de rendre quasiment vaine la collaboration des
Conseils, pourrait être suspecte. D’où une coresponsabilité faible ou ineffi-
cace dans la pratique du gouvernement ou, selon le cas, l’absence de délé-
gations opportunes. Le gouvernement ne peut certes pas se concentrer dans
les mains d’un seul, contournant ainsi les interdictions canoniques (cf. CIC
can. 636). Il y a encore dans certains Instituts des supérieurs et des supé-
rieures qui ne tiennent pas compte des décisions capitulaires. »20
Majorités préétablies, utilisation de la logique de « coalitions » [= faire bloc
pour ou contre] pour résoudre des problèmes graves sont des comportements
18 Ibidem.
19 Ibidem, n.18.
20 Ibidem, n. 19.
143

14.5 Page 135

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de gouvernance au-delà de toute logique évangélique. Des supérieurs qui
s’incrustent et se fossilisent dans le pouvoir au point, dans certains cas, de
changer même les Constitutions, font beaucoup de mal à leurs charismes et
neutralisent la croissance de nombreux autres frères et sœurs qui pourraient
aider davantage la communauté. La conversion de nombreux supérieurs et
supérieures afin qu’ils puissent vraiment aider à discerner la volonté de Dieu
est aujourd’hui indispensable. Dans certains cas, parmi les plus extrêmes, il
y a des supérieurs qui mettent fin à la maturité de toute une génération de
personnes consacrées, en construisant des relations maladives de dépendan-
ce et d’esclavage. Au Dicastère, nous devons souvent intervenir pour remé-
dier à ces situations.21
Encore un mot sur le service de l’autorité : « Il faut garder à l’esprit le fait
que l’obéissance véritable ne peut se passer de mettre à la première place
l’obéissance à Dieu, de l’autorité comme de celui qui obéit, et ne peut non
plus se passer de la référence à l’obéissance de Jésus, obéissance qui inclut
son cri d’amour “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”
(Mt 27,46) et le silence d’amour du Père. »22
Enfin, parmi les défis ouverts de la vie consacrée aujourd’hui, nous devons
dire un mot sur la gestion des biens ecclésiastiques des Instituts de Vie
Consacrée et de Sociétés de Vie Apostolique dans l’Église.
C’est le Pape François qui a attiré l’attention de la vie consacrée sur l’admi-
nistration des biens ecclésiastiques. Ces dernières années, la CIVCSVA a
organisé à Rome deux Symposiums sur le sujet dans le but de perfectionner
et d’actualiser le soin à prendre des biens qui entrent en possession de la vie
consacrée dans le monde. Au vu du nombre de participants, nous avons pu
mesurer l’intérêt suscité. Une partie du contenu a été publiée lors du premier
symposium (2014).23
« La vie consacrée a été capable, dans sa longue histoire, de s’opposer pro-
phétiquement chaque fois que le pouvoir économique a risqué d’humilier les
personnes et surtout les plus pauvres. Dans la situation mondiale actuelle de
crise financière que nous rappelle continuellement le Pape François, les
consacrés sont appelés à être vraiment fidèles et créatifs pour ne pas man-
quer à la prophétie de la vie commune à l’intérieur et de la solidarité à l’ex-
térieur, en particulier envers les pauvres et les plus fragiles. Nous sommes
21 Cf. ibidem, nn. 20-22.
22 Ibidem, n. 24.
23 Sequela Christi, La gestion des biens ecclésiastiques des Instituts de Vie Consacrée
dans l’Église, 2014/01, Études et commentaires, pp. 89-148.
144

14.6 Page 136

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passés d’une économie domestique à des processus administratifs et de ges-
tion qui échappent quasiment à notre contrôle, qui soulignent notre précari-
té et, avant même, notre manque de préparation. Nous ne pouvons pas tarder
à nous recentrer sur la transparence en matière économique et financière
comme premier pas pour nous réapproprier le sens évangélique authentique
de la communion réelle des biens à l’intérieur des communautés et de leur
partage concret avec celui qui vit à côté de nous. »24
Conclusion
Trois indications du Concile Vatican II en particulier sont au cœur de la ré-
forme de la vie consacrée en ce moment de notre histoire : la sequela Christi
vécue à la lumière des paroles de Jésus dans la transparence du témoignage
; le retour au noyau central du charisme de nos fondateurs et fondatrices,
laissant tomber les choses qui ne sont pas essentielles ; un dialogue continu
avec l’homme et la femme d’aujourd’hui pour nous tenir continuellement au
courant des questions de notre temps.
Un rôle central concerne le passage nécessaire à une spiritualité de commu-
nion vécue avec une générosité et une conviction intenses dans tout l’éven-
tail de nos relations.
Le présent Chapitre qui commence aujourd’hui pour vous, Salésiens, peut
vraiment être un moment de grâce pour faire avancer le renouveau de la
Société de Saint François de Sales.
Tous mes vœux !
Turin, 22 février 2020
24 À vin nouveau, outres neuves, n. 26.
145

14.7 Page 137

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ANNEXE 3
LETTRE DES JEUNES AUX CAPITULAIRES1
Chers Salésiens, qui êtes pour nous des pères, des maîtres et des amis,
Nous écrivons cette lettre du fond du cœur. Nous avons passé cette semaine
au Chapitre Général 28 à écouter, discerner et participer à la discussion sur
quel type de Salésien pour les jeunes d’aujourd’hui. Nous savons que nous
ne sommes pas parfaits et nous ne revendiquons nullement cette perfection.
Nous vous prions de considérer cette lettre comme celle d’un fils ou d’une
fille qui écrit à son père pour lui dire ce qu’il ou elle est, et comment il ou el-
le se sent. En groupe, nous nous sommes concentrés sur deux questions. Ce
qui suit est le résultat de notre travail.
Quelle est la situation actuelle des jeunes d'aujourd’hui dans nos
régions respectives ?
Le monde dans lequel nous vivons est complexe et présente des défis im-
portants. Il est difficile de rester authentique et c’est pour cette raison que
nous avons peur, que nous sommes embarrassés, frustrés et avons besoin
d’être aimés. Vivre une vie de foi nous oblige à suivre les chemins de l’É-
vangile, mais la culture sécularisée nous met au défi de vivre différemment.
Cette dualité rend difficile de s’enraciner dans la foi.
Une des conséquences de notre peur est la difficulté que nous éprouvons à
nous engager. L’une des questions les plus fréquentes que nous nous posons
est celle-ci : « Que dois-je faire de ma vie ? » Cela se voit lorsque nous ré-
fléchissons à notre vocation. La course à la réussite peut causer de l’incerti-
tude et ne nous permet pas d’atteindre au bonheur authentique. Nous vivons
une époque réelle de chômage, d’abandon des institutions académiques, de
manque de motivation pour les études.
Nous pensons que notre société est individualiste et que nous aussi, nous
sommes souvent individualistes. Puisque nous ne nous sentons pas aimés
1 Dans la semaine du 28 février au 7 mars 2020, des jeunes provenant des sept Régions
de la Congrégation ont partagé les journées de travail avec les capitulaires. Au terme de
cette expérience, ils ont laissé cette lettre.
147

14.8 Page 138

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par la société, nous nous réfugions derrière des « couvertures » et fuyons le
contact humain. Nous ne voulons pas que vous pensiez que nous nous
désintéressons du monde qui nous entoure ; mais il est difficile, dans notre
société sans consistance, et parfois déshumanisée, de s’engager de façon
altruiste pour répondre aux besoins de l’autre. Mais vous, vous avez encore
la capacité de réveiller en nous, les jeunes, la vocation chrétienne tournée
vers les autres, une vocation qui peut transformer notre vie et le monde qui
nous entoure, tout comme Don Bosco l’a fait avec Michel Magon.
Nous sommes critiques et souhaitons que l’Église se positionne avec nous
sur les thèmes qui nous concernent. Nous nous sentons mal à l’aise et, sou-
vent, nous ne comprenons pas ce que dit et fait l’Église sur les questions du
genre, des femmes, de la diversité sexuelle, de l’écologie durable. De plus,
nous normalisons le discours sur le bien-être cognitif, social et émotionnel,
et sur le changement climatique dont l’Église hésite à parler. Ce n’est pas
seulement une demande des jeunes, mais une demande de l’Évangile.
Cependant, avec nos défis, nous constatons que nous sommes plus dyna-
miques que jamais, en phase avec les tendances qui incluent le monde nu-
mérique, et que nous sommes créatifs et prêts à explorer tous les problèmes
du monde, mais nous voulons être accompagnés de manière holistique
(esprit, corps, âme).
Pour nous, être jeune est un état d’esprit et cela n’a rien à voir avec notre
âge. Nous voulons être, comme le dit le Pape dans Christus Vivit (n. 34),
capables de « retourner à l’essentiel du premier amour » qui est le Christ, à
sa façon d’être compagnon et ami des jeunes. Notre recherche d’épanouis-
sement spirituel et personnel nous préoccupe. Nous voulons avancer vers la
croissance spirituelle et personnelle, et nous voulons le faire avec vous, les
Salésiens.
Comment voulons-nous que les Salésiens d’aujourd’hui soient
présents et participent aux différentes réalités que vivent les
jeunes ?
Nous avons réussi à mettre notre cœur et nos rêves au même rythme. Vous
nous avez donné l’opportunité de nous connecter avec vous, Salésiens, que
nous voulons avoir avec nous. Vous l’avez fait avec votre style salésien.
Votre présence à nos côtés nous a permis d’être des protagonistes.
Nous comprenons que les Salésiens sont des parents qui nous accompa-
gnent. Nous aimerions que vous, précisément, nous guidiez avec amour dans
148

14.9 Page 139

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les réalités que nous vivons : un amour qui ne nous dicte pas ce que nous
devons dire, un amour qui ne nous impose pas ce que nous devons faire, un
amour qui nous offre des opportunités qui nous aideront à grandir en spiri-
tualité et à transformer notre vie. Nous souhaitons que vous viviez dans
notre monde comme nous voulons que notre famille participe à tous les
aspects de notre vie quotidienne ; et cela inclut aussi bien la réalité physique
que numérique.
Nous souhaitons que vous nous permettiez d’être, avec vous, les leaders de
la transformation de l’Église. Nous croyons en une place plus importante des
femmes dans l’Église. Nous croyons qu’il est impossible de grandir comme
« salésiens » sans le rôle de la femme dans notre vie : pensons, par exemple,
à la contribution significative de Marguerite Occhiena comme mère à l’Ora-
toire. Nous croyons que les femmes peuvent collaborer avec les Salésiens
pour apprendre à accompagner tous les jeunes de manière appropriée et effi-
cace. Nous croyons que les Salésiens doivent pratiquer une culture d’inclu-
sion. Nous croyons que les Salésiens doivent prendre l’initiative d’apprend-
re à travailler efficacement pour tous les jeunes, quelles que soient leurs pré-
férences (LGBTQ +, race, migrants, indigènes, ethnie, religion). Nous sou-
haitons un accompagnement intégral de chaque personne dans son contexte.
Nous croyons que, pour pouvoir accompagner, une expérience continue et
authentique d’accompagnement est nécessaire. Nous croyons que les Salé-
siens eux-mêmes ont besoin d’un accompagnement et nous sommes là pour
le faire avec vous. Nous croyons que ce type d’expérience et de rencontre est
bénéfique pour toute la Famille Salésienne. Nous soutenons le Pape François
dans son Exhortation Apostolique Christus Vivit (nn. 242-245) quand il se
réfère directement à l’importance de l’accompagnement.
Il est très important pour nous que les Salésiens reviennent à leurs racines :
être présents en dehors de leurs rôles administratifs et être avec les jeunes
dans tous les contextes. Nous vous rappelons que vous n’êtes pas limités à
votre rôle ou à votre position dans votre communauté.
Cependant, nous croyons qu’il est essentiel pour les Salésiens d’avoir des
horizons clairs. En tant que jeunes, nous avons été et continuons d’être pré-
occupés par les scandales d’abus dans l’Église. Salésiens, soyez des leaders
dans ce domaine et prenez l’initiative de protéger vos jeunes.
Il est vital pour notre croissance que notre développement spirituel continue
sans cesse. En parcourant notre chemin de vie, nous voudrions exprimer no-
tre désir d’être au service de Dieu avec le charisme salésien. Nous deman-
dons aux Salésiens de nous impliquer dans un processus décisionnel essen-
149

14.10 Page 140

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tiel et important. Nous sommes complémentaires dans la mission, et non une
partie séparée de la mission.
Salésiens, n’oubliez pas les jeunes car nous, nous ne vous avons pas oubliés,
ni vous ni le charisme que vous nous avez appris ! Cela, nous voulons l’ex-
primer de tout notre cœur. En étant ici [au Chapitre], nous avons réalisé un
rêve : nous trouver en cet endroit spécial du Valdocco, là où a commencé la
mission salésienne, réunissant Salésiens et jeunes pour la mission salésienne,
avec notre volonté d’être saints ensemble. Vous avez notre cœur entre vos
mains. Vous devez prendre soin de votre précieux trésor. S’il vous plaît, ne
nous oubliez pas et continuez à nous écouter.
Turin, 7 mars 2020
150

15 Pages 141-150

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15.1 Page 141

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DISCOURS DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE ÁNGEL FERNÁNDEZ ARTIME
À LA CLÔTURE DU CG28
ANNEXE 4
Bien chers Confrères,
Ne pensez-vous pas que Dieu nous a vraiment parlé, et beaucoup parlé, au
cours de ces quatre semaines écoulées, même si, à cause de l’arrêt prématuré
de nos travaux en raison de la pandémie de coronavirus, nous n’avons pas
abouti à un document capitulaire voté et approuvé ?
En repensant à notre Chapitre Général, j’ai envie de nous interroger : Ne
pensez-vous pas que Dieu nous a parlé à travers cette sensation forte que
nous avons eue de la présence de Don Bosco, notre Père bien-aimé ? Ne
croyez-vous pas que Dieu nous a parlé dans la très belle expérience de
fraternité que nous avons vécue ?
La réponse à ces questions que je me suis posées à moi-même avant de vous
les poser, est un oui convaincu !
Les dons du Chapitre
Chers confrères, je pense que nous sommes tous d’accord pour reconnaître
la beauté de notre fraternité, de la joie de rencontrer le frère tel qu’il est. Cette
réalité n’est pas le résultat d’une stratégie. C’est le fruit de l’Esprit, l’expres-
sion mûre de la Congrégation et de l’engagement de ceux qui ont maintenant
la responsabilité du gouvernement et de l’animation des Provinces.
Je vous demande encore : ne croyez-vous pas que Dieu nous a beaucoup
parlé dans ce climat de foi et d’honnêteté où nous avons discerné et voté ?
Je pense que oui. Ne pensez-vous pas que le Seigneur nous a parlé sous
l’extraordinaire protection de Marie Auxiliatrice ? Je pense que oui. Dieu
nous a beaucoup parlé durant ce Chapitre Général, même si nous n’avons
pas pu compléter le parcours nécessaire pour aboutir à un document à
soumettre à l’approbation finale de l’Assemblée.
Chers confrères, ne soyez pas déçus par le fait de devoir retourner dans vos
Provinces sans avoir terminé les travaux capitulaires. Je pense que ce « but
151

15.2 Page 142

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manqué » n’est pas la chose la plus essentielle. Nous ne partons pas les
mains vides : nous emportons avec nous les réflexions que nous avons
partagées, ces dernières semaines, et à partir desquelles nous avons déjà
synthétisé la première ébauche remise au Recteur Majeur et au Conseil
Général. De plus, nous sommes en possession de tout le magistère de la
Congrégation jusqu’à ce jour, en particulier celui du CG24, notamment sur
le thème de la mission partagée entre Salésiens et laïcs. Enfin, nous avons le
très beau message programmatique du Saint-Père au CG28.
Ces éléments nous permettent d’élargir notre regard avec sérénité et grande
confiance.
Un regard sur l’avenir : objectifs et défis
La seconde partie de ma réflexion, très brève, se veut un regard sur l’avenir.
Je commence par vous dire que j’ai été très impressionné par les remercie-
ments que j’ai reçus hier soir avant d’entrer dans la Basilique [N.D. Auxilia-
trice] pour prier.
Un confrère capitulaire de l’Europe de l’Est m’approche et me dit : « Cher
Recteur Majeur, je tiens à vous remercier d’avoir rendu possible la récupé-
ration de ces Lieux Saints Salésiens. Et je voudrais aussi vous dire que nous
avons besoin d’aide pour [affirmer] notre identité : ne nous laissez pas
seuls. » J’ai répondu : « Moi aussi, je te remercie. Mais pour la récupéra-
tion, on doit beaucoup au précédent Chapitre Général [CG27] pour sa réso-
lution – que, pour de nombreuses raisons, nous pensons prophétique – de
rénover et de donner de l’importance aux Lieux Saints Salésiens, cœur de
notre charisme. Ensuite, certains d’entre nous se sont employés à mettre en
œuvre cette résolution. »
À propos des lieux salésiens, chers Confrères, la plus belle chose que vous
puissiez faire, à mon avis, est la suivante : retournez dans vos Provinces en
disant à tous vos Confrères qu’ici, c’est notre Maison à tous. Ces lieux sont
les lieux de notre rêve charismatique ; ils sont le berceau où tous les Salé-
siens du monde sont nés, car c’est ici qu’est né notre charisme. Ce sont les
lieux vers lesquels tous peuvent se tourner parce que tous les Salésiens ont le
droit de ressentir, au moins une fois dans leur vie, l’émotion de se trouver
ici, au Valdocco. Je remercie vivement le Provincial du Piémont qui pourvoit
à la garde de ces lieux. J’ai promis et je continue de promettre, à lui et à la
Province ICP [Piémont et Val d’Aoste] que nous ne les laisserons pas seuls
pour prendre soin de ce magnifique patrimoine qui est celui de toute la
Congrégation.
152

15.3 Page 143

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Pour en revenir au dialogue d’hier soir, j’ai ensuite dit au confrère : « Je te
promets que nous ne vous laisserons pas seuls dans votre cheminement
d’identité. »
1. Voici notre premier objectif, notre premier défi : grandir tous, dans
toutes les Provinces, dans toutes les Régions, dans l’identité charisma-
tique, dans l’identité et la spiritualité salésiennes. Nous en avons tous
besoin et, dans certaines Provinces ou certaines Régions, d’une manière
particulière. Faisons attention à ceci : le fait d’avoir de nouvelles pro-
fessions salésiennes n’est pas, en soi, la garantie d’une identité forte.
L’identité salésienne doit être assurée avec une attention particulière et
un plus grand soin. Ces dernières années, nous avons pu clairement
vérifier que, dans certains cas, des difficultés, petites ou grandes, ren-
contrées par des confrères, dépendaient dans une large mesure d’un
manque d’identité, comme je l’ai dit dans mon rapport initial. Je suis
convaincu que dans le programme d’animation et de gouvernement de
ce sexennat, ce sera une priorité : garantir l’identité charismatique chez
tous les Salésiens. Comme je l’ai dit, il ne suffit pas d’émettre la pre-
mière profession pour dire : « J’ai [en moi] toute l’identité salésienne. »
Celle-ci est un cheminement parfois très exigeant, mais c’est un beau
défi qui donne tant de beauté et de force à notre Congrégation.
2. Un deuxième défi pour le programme du sexennat : revenir à Don Bosco,
comme le Père Pascual Chávez nous y exhortait déjà durant son rectorat.
Nous devons revenir de plus en plus à Don Bosco. Et cela signifie :
aimer les jeunes. Ils nous ont dit eux-mêmes vouloir être aimés. Par
conséquent, comme Salésiens, nous sommes tous appelés à la présence
au milieu des jeunes. C’est ce que j’appelle, avec une expression qui
me semble évidente, « sacrement salésien » de la présence. C’est un
« sacrement » indispensable pour faire route avec les enfants et les
jeunes, pour leur faire découvrir que Dieu les aime, que vraiment « Dieu
est amour » (1Jn 4,8), pour nous et pour eux. Ce n’est qu’ainsi que nous
serons vraiment évangélisateurs des jeunes. Je crois que là est le sens
du « revenir de plus en plus à Don Bosco. » Aujourd’hui c’est une tâche
et un défi, même si nous ne partons pas de zéro.
3. Un troisième défi est de former des Salésiens comme le ferait Don Bosco
aujourd’hui. Chers Confrères Capitulaires, je suis convaincu que forma-
tion est une priorité, non pas une quelconque formation cléricale, mais la
bonne formation salésienne. C’est pour cette raison que continuer à
former des formateurs est à son tour une priorité et une garantie. Nous
devons mieux prendre soin des équipes de nos maisons de formation
153

15.4 Page 144

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pour qu’elles soient vraiment salésiennes et non élitistes : cette attention
est la garantie d’un avenir authentiquement salésien. Pas de généricis-
me : l’effort dans la formation doit se baser en tout sur le véritable
esprit salésien. Ce troisième défi implique toute la formation des Salé-
siens, formation permanente et particulièrement formation initiale.
4. Quatrième défi : Je rêve que dire aujourd’hui « Salésien de Don Bosco »
signifie dire consacrés « fous », c’est-à-dire des Salésiens qui aiment
avec un vrai cœur salésien, voire « un peu fou », orienté vers les plus
pauvres. Chers amis, si nous nous éloignons des plus pauvres, ce sera la
mort de la Congrégation. Don Bosco l’a dit en parlant de pauvreté et de
richesse. Je me permets d’ajouter : si, un jour, nous abandonnons les
jeunes, et parmi eux les plus pauvres, commencera alors le déclin de la
Congrégation, une Congrégation qui, grâce à Dieu, jouit aujourd’hui
d’une bonne santé, malgré nos fragilités ! Restons donc attentifs à ce que
je considère comme une authentique « résolution capitulaire », non pas
au sens propre car son contenu se trouve déjà dans nos Constitutions :
une option radicale, préférentielle, personnelle, institutionnelle et struc-
turelle – en somme, à tous points de vue – en faveur des jeunes les plus
défavorisés, les plus pauvres et les exclus. C’est une option qui se mani-
feste tout particulièrement dans la défense des enfants et des jeunes ex-
ploités et victimes de toutes formes d’abus : depuis l’abus sexuel jusqu’à
la violence, depuis l’injustice jusqu’à l’abus de pouvoir. Ce quatrième
défi est un très bel engagement que nous devons porter dans nos cœurs.
Un sexennat guidé par cette lumière nous donnera beaucoup de vie.
5. Cinquième défi : Je pense que c’est l’heure de la générosité au sein de
la Congrégation, non seulement en argent, mais surtout en générosité et
disponibilité de confrères pour nous permettre d’ouvrir de nouvelles
présences. Et ce, pour trois motifs au moins : premièrement, notre Œuv-
re est demandée sous toutes les latitudes, notamment dans les endroits
les plus pauvres ; deuxièmement, nous pourrons établir des présences et
nous engager parmi les réfugiés, une terrible et nouvelle pauvreté ; troi-
sièmement, nous pouvons nous établir en de nouveaux lieux de mission.
Chers confrères, nous appartenons tous à Dieu et à une seule Congréga-
tion, nous sommes tous Salésiens de Don Bosco pour le monde. Je crois
qu’au prochain sexennat, cette ouverture d’horizon deviendra de plus en
plus réalité : avec la disponibilité des confrères, avec la réponse géné-
reuse des Provinces qui ont plus de possibilités pour procurer des
ressources aux autres Provinces, parfois avec l’accompagnement du
Recteur Majeur et de son Conseil, mais toujours avec un regard d’uni-
154

15.5 Page 145

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versalité. Nous vivons un temps à affronter avec une mentalité renouve-
lée qui sache dépasser les frontières : dans un monde où les frontières
risquent de se fermer de plus en plus, la prophétie de notre vie consiste
aussi en ceci : montrer que pour nous, il n’y a pas de frontières. La seule
réalité que nous ayons, c’est Dieu, l’Évangile et la mission.
6. Un sixième et dernier défi : Il concerne la Famille Salésienne. Ces der-
nières années, nous avons travaillé bien au-delà de la peine prise par cer-
tains Délégués de Groupes. Durant le Chapitre, il nous a semblé que les
temps n’étaient pas encore mûrs pour de nouvelles étapes. Mais la Fa-
mille Salésienne, avec la réalité de la mission partagée avec les laïcs,
sera le point d’arrivée et la garantie de la mission salésienne. Ce ne peut
pas être juste un champ d’action pour occuper la vie de quelque confrè-
re, ou pour vivre un peu dans l’amitié. C’est un élément charismatique
essentiel, beaucoup plus fort aujourd’hui qu’à l’époque de Don Bosco,
car la Famille Salésienne a opéré un grand développement en 160 ans.
C’est pourquoi je vous invite à continuer à croire avec plus de convic-
tion en la Famille Salésienne qui n’a pas la même consistance partout
dans la Congrégation. Dans certaines régions, c’est une très belle réali-
té, dans d’autres, elle n’en est encore qu’à ses débuts. Dans ce domaine
aussi un grand engagement nous attend.
Quelques très brèves conclusions
a) Merci à vous tous pour le don du nouveau Conseil Général. C’est un
renouveau à accueillir avec un regard de foi. Je pense qu’un des très
beaux fruits de ce Chapitre, comme toujours, est le don d’un Conseil
Général. Je suis convaincu qu’en tant que Conseil, nous nous efforçons
d’avoir un profond regard de foi, le désir d’une forte fidélité au Seigneur
et à Don Bosco, avec une grande capacité de projets. Tout le reste, ce
sont des choses que nous pourrions faire avec nos capacités, nos rela-
tions et les talents de chacun. Avec une grande satisfaction, je vous re-
mercie pour le nouveau Conseil.
b) J’ai réfléchi, ces derniers jours, et je crois qu’en tant que Recteur Ma-
jeur, mon premier engagement pour l’animation des Provinces sera d’a-
nimer les Exercices Spirituels [retraites spirituelles] par Régions, ou
par Conférences [provinciales] dans les Régions, pour les Provinciaux et
les membres des Conseils Provinciaux, pour transmettre le fruit du
CG28, Chapitre Général très spécial, pour relever les grands défis qui
s’imposent à nous.
155

15.6 Page 146

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c) Je vous remercie encore pour la grande communion qui existe entre
nous.
d) Voici la grande espérance que nous portons et dont nous sommes pro-
fondément convaincus : nous essayons d’enrichir l’Église du don du
Charisme Salésien pour le salut des jeunes.
Chers Confrères, de tout cœur, merci !
Turin, 13 mars 2020
156

15.7 Page 147

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CHRONIQUE DES TRAVAUX DU CG28
ANNEXE 5
Samedi 15 février, arrivée au Valdocco où il y a une grande organisation lo-
gistique et informatisée pour l’accueil et le logement.
Dimanche 16, après-midi, début du Chapitre Général avec le salut de bien-
venue du Recteur Majeur, quelques informations et modalités techniques,
concélébration eucharistique d’ouverture du Chapitre présidée par le Rec-
teur Majeur qui prononce une homélie autour de trois mots-clés : docilité -
fidélité - espérance.
Première semaine : 17-22 février
Lundi 17 février : présentation du rapport des Conseillers de Secteur et des
Conseillers Régionaux (première partie), avec mot du soir du Cardinal Cris-
tobal López, SDB, Archevêque de Rabat (Maroc).
Mardi 18 : poursuite de la présentation du rapport qui se termine par celui du
Recteur Majeur qui, en plus de présenter le bilan du sexennat et de vérifier
l’état de santé de la Congrégation, rappelle les défis que la Congrégation a
dû relever, tout en offrant un regard d’espérance pour l’avenir, pour exorci-
ser la tentation du découragement.
Mercredi 19 : première journée de spiritualité avec une réflexion du Père
Rossano Sala sur le thème du premier noyau thématique : « Priorité de la
mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’hui. » La matinée se termine
par l’Eucharistie présidée par le Père Sala lui-même. Dans l’après-midi,
commence l’étude du rapport du Recteur Majeur en référence aux Secteurs.
Après le dîner, a lieu un concert dans la Basilique à l’occasion du 250ème an-
niversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven.
Jeudi 20 : deuxième journée de spiritualité avec une réflexion du Père Eunan
Mc Donell sur le thème du deuxième noyau thématique : « Profil du Salésien
pour les jeunes d’aujourd’hui. » L’Eucharistie suit en fin de matinée, présidée
par le Père Eunan. L’après-midi, on étudie, cette fois-ci, le rapport des
Régions.
157

15.8 Page 148

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Vendredi 21 : troisième journée de spiritualité avec une réflexion du P. Kol-
do Gutiérrez sur le thème du troisième noyau : « Avec les laïcs dans la mis-
sion et dans la formation », avec l’Eucharistie en fin de matinée présidée par
le Cardinal Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga, SDB. Dans l’après-midi, on
termine l’étude par Régions sur le rapport du Recteur Majeur sur l’état de la
Congrégation.
Samedi 22 : jour d’ouverture officielle du CG28 qui commence par l’Eu-
charistie dans la Basilique, présidée par le Cardinal João Braz de Aviz, Pré-
fet de la Congrégation des Instituts de Vie Consacrée et des Sociétés de Vie
Apostolique ; et après le petit déjeuner, cérémonie d’ouverture dans l’Aula
Magna avec les salutations d’usage, le message du Cardinal Braz de Aviz et
le discours d’ouverture du Recteur Majeur.
La matinée se termine par le déjeuner, suivi d’un temps libre pour des réuni-
ons jusqu’au lundi 24 février.
Deuxième semaine : 24-29 février
Lundi 24 : première partie de la journée en assemblée pour le choix des pla-
ces dans l’aula, élection des secrétaires et des modérateurs, fonctionnement
des traductions, des votes, présentation du Règlement du Chapitre et choix
des Commissions. Dans l’après-midi, commentaire des propositions de
modifications du Règlement, puis première réunion des Commissions pour
l’élection du président, du rapporteur et du secrétaire. Le soir, avant la priè-
re des Vêpres et le mot du soir, le Recteur Majeur nous informe qu’en raison
du coronavirus, nous sommes appelés à être vraiment responsables pour ne
pas nous exposer ou exposer les autres, et à obéir aux ordres de l’État italien
qui a interdit, entre autres, le déplacement de groupes en car. C’est pourquoi
est annulé le voyage pour la journée de récollection au Colle Don Bosco et
Chieri prévue pour le « Mercredi des Cendres. »
Mardi 25 : Fête des Protomartyrs Salésiens de Chine, Saint Louis Versiglia
et Saint Callixte Caravario. Dans la première partie de la journée, présenta-
tion, par le P. Andrea Bozzolo, du document de travail (instrumentum labo-
ris) sur le thème du Chapitre, suivie de la deuxième synthèse des défis iden-
tifiés par les Régions après l’étude du rapport sur l’état de la Congrégation,
puis celle du document de travail sur les éléments juridiques, suivie d’un
vote sur le Règlement. Dans la deuxième partie de la journée : réponses du
Recteur Majeur et de membres du Conseil Général aux questions posées par
les Régions et par des confrères à la suite de l’étude du rapport sur l’état de
la Congrégation.
158

15.9 Page 149

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Mercredi 26 : début du Carême avec le « Mercredi des Cendres. » Le matin :
célébration de la Parole présidée par le Père Pascual Chávez qui propose une
méditation sur la Lettre de Rome de 1884 – « l’Évangile de Don Bosco » –
suivie d’un temps de prière personnelle, de l’adoration eucharistique et des
confessions. L’après-midi : réunion des Commissions pour l’élection du re-
présentant de la Commission de rédaction et pour l’organisation des groupes
de travail. La journée se termine par la célébration eucharistique présidée
par le Père Pascual Chávez.
Jeudi 27 : d’abord une réunion en assemblée pour l’approbation des pro-
cès-verbaux des jours précédents et des informations de procédure pour le
travail en Commissions ; puis, tout au long de la journée, étude en Com-
missions de la première partie (« reconnaître ») du premier noyau théma-
tique : « La priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’aujourd’-
hui. »
Vendredi 28 : toute la journée en Commissions pour l’étude de la deuxième
partie (« interpréter ») du premier noyau thématique. La journée se termine
avec le Chemin de Croix organisé par la Région Asie Est - Océanie.
Samedi 29 : au début de la journée, prière des Laudes en Assemblée et Lec-
tio Divina guidée par le Père Andrea Bozzolo sur le thème : « le Disciple
Bien-Aimé à la dernière Cène. » Plus tard dans la matinée, travail en Com-
missions sur la troisième partie (« choisir ») du premier noyau thématique. À
midi : Eucharistie présidée par l’Archevêque de Turin, Mgr Cesare Nosiglia.
Puis temps libre jusqu’au lundi 2 mars.
Troisième semaine : 2-7 mars
Lundi 2 : matinée de travail en Commissions pour conclure la réflexion sur
le premier noyau thématique, avec la participation des jeunes qui sont venus
pour cette semaine. Dans l’après-midi, assemblée pour la lecture et l’appro-
bation du procès-verbal, présentation d’un document du Dicastère pour la
Formation « Jeunes Salésiens et accompagnement. Orientations et directi-
ves », et présentation des propositions de la Commission Juridique. Ensuite,
nous retournons en Commissions.
Mardi 3 : matinée en assemblée pour l’approbation du procès-verbal, pré-
sentation de la synthèse faite par chacune des 4 Commissions sur le premier
noyau du thème, suivie d’un temps de débat. L’après-midi, travail en Com-
missions pour la première partie du deuxième thème : « Quelle formation
du Salésien pour les jeunes d’aujourd’hui ? »
159

15.10 Page 150

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Mercredi 4 : matinée en assemblée pour l’approbation du procès-verbal, test
technique du vote électronique qu’après de nombreuses interventions et au-
tres désagréments, on décide de reporter. Ensuite, premier débat sur les ques-
tions juridiques, qui a vu de nombreux capitulaires s’exprimer sur les diffé-
rents sujets. L’après-midi, travail en Commissions toujours sur la première
partie du deuxième thème.
Jeudi 5 : matinée de travail en Commissions, toujours sur la deuxième
partie du deuxième noyau thématique. Dans l’après-midi, un premier temps
de réunion en assemblée pour d’importantes communications du Recteur
Majeur concernant la situation d’urgence en Italie à cause de l’épidémie
de coronavirus : prendre au sérieux les mesures prises par l’État italien,
présenter un profil bas en tant que groupe de Capitulaires, ne donner aucu-
ne information à qui que ce soit sur ce qui se passe au Chapitre, annuler
toutes les visites et réunions y compris la présence des laïcs qui avaient
été invités au Chapitre. Le Recteur Majeur nous fait ensuite écouter les
salutations du Pape François qui voulait venir nous rendre visite ; mais dans
l’impossibilité de le faire, il nous a envoyé un message. Il nous parle enfin
de l’éventualité d’anticiper l’élection du Recteur Majeur et du Conseil
Général, étant donné l’incertitude de l’évolution de l’épidémie qui pourrait
nous conduire à la conclusion prématurée du Chapitre Général sans avoir
élu le gouvernement de la Congrégation. Après ces informations, on passe
à deux votes-sondages proposés par la Commission Juridique, avant de
commencer à travailler sur la troisième partie (« choisir ») du deuxième
noyau thématique.
Vendredi 6 : premier temps de travail dans l’aula pour la lecture et l’appro-
bation du procès-verbal, le vote pour des élections anticipées, avec un résul-
tat positif. Deuxième temps de travail pour le vote sur les éléments juri-
diques. Dans l’après-midi : travail en Commissions sur la troisième partie
du deuxième noyau thématique.
Samedi 7 : le matin, en assemblée, prière des Laudes et Lectio Divina guidée
par le P. Andrea Bozzolo sur « le Disciple bien-aimé au pied de la croix. »
Premier temps de travail : lecture et approbation du procès-verbal, suivies du
vote final sur les éléments juridiques présentés la veille. Deuxième temps de
travail : écoute des jeunes qui nous demandent d’être présents parmi eux, de
les écouter, de les accompagner, de leur faire confiance, de partager en mar-
chant ensemble et, surtout, de les aimer. À la fin de leur discours, le Recteur
Majeur bénit la statue de Maman Marguerite placée devant le « Bâtiment
Pinardi. » Puis on se rend à la Basilique pour la célébration eucharistique
présidée par le P. Fabio Attard.
160

16 Pages 151-160

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16.1 Page 151

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Quatrième semaine : 9-14 mars
Lundi 9 : Dans un premier temps, en assemblée, lecture et approbation du
procès-verbal, suivies de la présentation de la première version du premier
noyau thématique : « Priorité de la mission salésienne parmi les jeunes d’au-
jourd’hui. » Dans un deuxième temps, étude en Commissions pour une pre-
mière réaction et quelques suggestions. Dans l’après-midi, en assemblée, le
P. Pierluigi Nava, SMM, Sous-secrétaire de la CIVCSVA, invité à diriger le
discernement pour les élections, a introduit cette phase du CG avec une ré-
flexion sur « Le discernement dans la perspective ecclésiale », suivie d’un
temps de prière et de réflexion personnelle, avec les Vêpres dans la Basi-
lique et un temps d’adoration eucharistique après le dîner.
Mardi 10 : dans la matinée, Eucharistie dans la Basilique, présidée par le Pè-
re Nava qui, dans un premier temps de travail dans l’aula, présentera ensui-
te une deuxième réflexion : « Élection, discernement et formation du
consensus », suivie d’un temps de prière et de réflexion personnelle. Dans
un deuxième temps, en Commissions, discernement en vue de l’élection du
Recteur Majeur. L’après-midi, dans un premier temps, ce processus se pour-
suit et se termine par la remise des perspectives au guide (P. Nava) qui, dans
un quatrième temps, présente le résultat du discernement effectué dans les
Commissions avec les deux noms qui recueillent le plus grand nombre de
préférences : le P. Ángel Fernández Artime et le P. Fabio Attard. Après le dî-
ner : heure d’adoration eucharistique.
Mercredi 11 : après l’Eucharistie matinale dans la Basilique et durant le pre-
mier temps de travail dans l’aula, élection des secrétaires et scrutateurs pour
le vote qui suivra et qui verra la réélection du P. Ángel Fernández Artime
comme Recteur Majeur pour un second mandat de six ans. Au cours des
deux temps de travail suivants, on retourne en Commissions pour discerne-
ment en vue de l’élection du Vicaire du Recteur Majeur. Après les vêpres, le
Recteur Majeur fait le mot du soir. Après le dîner : une heure d’adoration
eucharistique.
Jeudi 12 : dans la matinée, Eucharistie dans la Basilique présidée par le Rec-
teur Majeur avec une homélie centrée sur la figure du « Bon Pasteur. » Dans
un premier temps de travail en aula, vote-sondage parmi les candidats et élec-
tion du Vicaire du RM : le P. Stefano Martoglio. Immédiatement après, on
passe aux Commissions par Régions pour identifier les candidats aux postes
de Conseillers pour les différents Secteurs (Formation - Pastorale des Jeunes
- Communication Sociale - Missions et Économat). En même temps, réunion
161

16.2 Page 152

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avec un petit groupe de Capitulaires (P. Stefano Martoglio, P. Enrico Stasi,
P. Pier Fausto Frisoli, P. Rossano Sala, P. Pascual Chávez) convoqués par le
Recteur Majeur pour étudier le choix à faire devant les mesures obligatoires
prises par le gouvernement italien dans cette situation de coronavirus : il fut
décidé de conclure le CG28 le samedi matin 14 mars par la Sainte Messe,
après quoi les Confrères pourraient partir. Cela signifiait que l’élection de
tous les Conseillers devait être conclue pour le vendredi soir précédent. Cela
signifiait aussi pour l’Assemblée de confier au Recteur Majeur et à son
Conseil toute la réflexion effectuée à partir du document de travail en vue
d’établir un « document capitulaire. » Donc, avant le déjeuner, on retourne
dans l’aula pour écouter la communication officielle du Recteur Majeur sur la
décision prise concernant la clôture du Chapitre. En début d’après-midi, les
travaux se poursuivent en Commissions par Régions, qui remettent les noms
des candidats Conseillers. Dans la deuxième partie de l’après-midi, l’Assem-
blée passe aux votes-sondages et à l’élection des Conseillers : Formation : P.
Ivo Coelho ; Pastorale des Jeunes : P. Miguel Ángel García Morcuende, qui
n’était pas capitulaire ; Communication Sociale : P. Gildásio dos Santos ;
Missions : P. Alfred Maravilla ; Économie : M. Jean Paul Muller. Après les
Vêpres, le P. Stefano Martoglio fait le mot du soir.
Vendredi 13 : le matin, dans la Basilique, l’Eucharistie est présidée par le
Père Stefano Martoglio. Puis, dans un premier temps, travail en Commis-
sions par Régions pour l’élection de leur candidat au poste de Conseiller
Régional ; et, dans un second temps, vote. Les résultats sont les suivants :
Afrique et Madagascar, P. Alphonse Owoudou (AFO) ; Amérique-Cône Sud,
P. Gabriel Romero (ARN) ; Asie Est-Océanie, P. Joseph Phuoc Nguyen
(VIE) ; Asie Sud, P. Michael Biju Pulianmackal ; Europe Centre-Nord,
P. Roman Jachimowicz (PLN) ; Interamérique, P. Hugo Orozco (MEG) ;
Méditerranée, P. Juan Carlos Pérez Godoy (SSM). Dans l’après-midi, photo
souvenir du CG28 devant le monument de Don Bosco. Puis, dans l’aula,
projection du film sur Artémide Zatti. Pour finir, nous écoutons le discours
de clôture du Recteur Majeur, suivi de la déclaration de clôture du CG28 par
le Régulateur, P. Stefano Vanoli. Nous nous retrouvons ensuite dans la Basi-
lique pour les Vêpres, le chant du Te Deum et la remise à chacun de la Croix
du Bon Pasteur. Après le dîner, se déroule la fête en l’honneur du Recteur
Majeur et le nouveau Conseil Général.
Samedi 14 : le matin, dans la Basilique, le Recteur Majeur préside l’Eucha-
ristie de clôture. Après le petit déjeuner, commencent les départs des capitu-
laires vers leurs différents lieux d’origine. Au déjeuner, on fête de manière
162

16.3 Page 153

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très simple le 80ème anniversaire de l’UPS. Et à la fin, le Père Ángel invite un
groupe de capitulaires à faire une visite au chantier de la Maison-Musée Don
Bosco, qui est devenue très belle et qui sera un grand cadeau pour la Congré-
gation et pour toute la Famille Salésienne, parce qu’elle reconstitue les
différentes phases de cette « maison-mère », de son développement et de sa
présence actuelle dans le monde.
163

16.4 Page 154

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LISTE DES PARTICIPANTS
AU CHAPITRE GÉNÉRAL 28
Conseil Général
1 P FERNÁNDEZ ARTIME Ángel
2 P CEREDA Francesco
3 P COELHO Ivo
4 P ATTARD Fabio
5 P BASAÑES Guillermo
6 P GONZÁLEZ Plasencia Filiberto
7 L MULLER Jean Paul
8 P CHAQUISSE Américo
9 P KANAGA Maria Arokiam
10 P KLEMENT Václav
11 P MARTOGLIO Stefano
12 P PLOCH Timothy
13 P ROZMUS Tadeusz
14 P VITALI Natale
15 P VANOLI Stefano
16 P FRISOLI Pier Fausto
17 P CHÁVEZ VILLANUEVA Pascual
Recteur Majeur - Président
Vicaire du Recteur Majeur
Conseiller pour la Formation
Conseiller pour la Pastorale des Jeunes
Conseiller pour les Missions
Conseiller pour la Communication Sociale
Économe Général
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Conseiller Régional
Secrétaire Général - Régulateur
Procurateur Général
Recteur Majeur Émérite
Région salésienne : AFRIQUE ET MADAGASCAR
18 P JIMÉNEZ CASTRO Manuel
19 P ITSIEKI MANZANZA Alfred
20 P TESFAY Hailemariam Medhin
21 P LAVENTURE Ignacio
22 P KITUNGWA Albert
23 P CABALA UMBI Didier
24 P KALUMBU BESA Dieudonné
25 P LIPUKA Simon Asira
26 L NJUGUNA Ngigi
27 P SELLAM Augustine
Sup. V-prov. Afrique Congo Congo
Délégué Afrique Congo Congo
Sup. V-prov Afrique Éthiopie
Délégué Afrique Éthiopie
Provincial
Délégué
Délégué
Afrique Centrale
Afrique Centrale
Afrique Centrale
Provincial
Délégué
Délégué
Afrique Est
Afrique Est
Afrique Est
165

16.5 Page 155

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28 P THEKUMCHERIKUNNEL
Joy Sebastian
29 P TLAILE Lingoan
Sup. V-prov Afrique Méridionale
Délégué Afrique Méridionale
30 P ELÉGBÉDÉ José
31 P BADJI Jésus Benoît
Provincial Afrique Occ. Francophone
Délégué Afrique Occ. Francophone
32 P KARIKUNNEL Michael
33 P KPEN-ANA Peter
Provincial Afrique Occ. Anglophone
Délégué Afrique Occ. Anglophone
34 P NGOBOKA Pierre Célestin
35 P TURABANYE Jean-Pierre
Sup. V-prov. Afrique Grands Lacs
Délégué Afrique Grands Lacs
36 P SEQUEIRAGUTIERREZ Victor Luis Sup. V-prov. Angola
37 P LUCAS Manuel Cambanje
Délégué Angola
38 P OWOUDOU Alphonse
39 P ELA ENAM André Young
Sup. V-prov. Afrique Tropicale Équatoriale
Délégué Afrique Tropicale Équatoriale
40 P RANDIMBISOA Charles Armand
41 P BIZIMANA Innocent
Sup. V-prov. Madagascar
Délégué Madagascar
42 P SARMENTO Adolfo de Jesus
43 P MATAVELE Arlindo Alberto
Sup. V-prov. Mozambique
Délégué Mozambique
44 P RYCHCIK Krzysztof
45 P KUNDA Christopher
Sup. V-prov.
Délégué
Zambie-Malawi-Namibie-
Zimbabwe
Zambie-Malawi-Namibie-
Zimbabwe
Région salésienne : AMÉRIQUE-CÔNE SUD
46 P ROMERO Hector Gabriel
47 L SAADE Osvaldo Fernando
48 P PERERA Darío Ramón
49 L CAMILETTI Agustín
50 P SANTOS Gildásio
51 P SACRAMENTO Ricardo Sávio do
52 P CARLOS Ricardo
53 P OLIVEIRA Ademir
54 P SANTOS Jefferson Luis
55 P DA CUNHA Daniel Olivera
56 P DA SILVA Gilson Marcos
57 P SANTOS Renato dos
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Argentine Nord
Argentine Nord
Argentine Sud
Argentine Sud
Brésil Belo Horizonte
Brésil Belo Horizonte
Brésil Campo Grande
Brésil Campo Grande
Brésil Manaus
Brésil Manaus
Brésil Porto Alegre
Brésil Porto Alegre
166

16.6 Page 156

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58 P PESSINATTI Nivaldo Luiz
59 P VIEIRA Francisco Inácio
60 P PICCININI Justo Ernesto
61 L OLIVEIRA Marcelo dos Santos
62 P LIRA Carlo
63 P ALBORNOZ David
64 P VILLALBA Mario
65 L CÁCERES Cristóbal
66 P BAUER Alfonso
67 P PÉREZ Jorge
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Brésil Recife
Brésil Recife
Brésil São Paulo
Brésil São Paulo
Chili
Chili
Paraguay
Paraguay
Uruguay
Uruguay
Région salésienne : ASIE EST-OCÉANIE
68 P MATTHEWS William
69 P GRAHAM Bernard
Provincial Australie
Délégué Australie
70 P NG Joseph
71 P LEONG Domingos
Provincial Chine
Délégué Chine
72 P MARTIN Gerardo
73 P CAMAYA Joel
Provincial Philippines Nord
Délégué Philippines Nord
74 P ATIENZA Godofredo
75 L VILLORDON Edward
Provincial Philippines Sud
Délégué Philippines Sud
76 P HAMAGUCHI Jacobo
77 P LAP Michael
Provincial Japon
Délégué Japon
78 P WONG Andrew
79 P BELO Lino
Sup. V-prov. Indonésie
Délégué Indonésie
80 P CHOI Timothy
81 P BAEK Marcello
Provincial Corée
Délégué Corée
82 P SAW Charles
83 P ZEY AUNG Bosco
Sup. V-prov. Myanmar
Délégué Myanmar
84 P MARAVILLA Alfred
85 P PARAPPILLY Robinson
Sup. V-prov.
Délégué
Papouasie Nouvelle Guinée
et Îles Salomon
Papouasie Nouvelle Guinée
et Îles Salomon
86 P THEPHARAT PITISANT John Bosco Provincial Thaïlande
87 P NIPHON SARACHIT Peter
Délégué Thaïlande
167

16.7 Page 157

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88 P NETO Apolinário
89 P De SOUSA Mario
90 P NGUYEN VAN QUANG Giuseppe
91 P LÊ AN PHONG Barnaba
92 L NGUYEN DUC NAM Domenico
Sup. V-prov. Timor Est
Délégué Timor Est
Provincial
Délégué
Délégué
Vietnam
Vietnam
Vietnam
Région salésienne : ASIE SUD
93 P SILVEIRA Savio
94 P FURTADO Adolph
95 P PINTO Anthony
96 P GOMES Nirmol
97 P CHUNKAPURA Jose
98 P PAURIA Joseph
99 P KURUVACHIRA Jose
100 P PATHIKULANGARA Jerry Thomas
101 P THOTTATHIMYALIL Francis
102 P SANGMA Januarius
103 L KARAKOMBIL Joby Mani (Louis)
104 P PULIANMACKAL Biju Michael
105 P THATHIREDDY Vijaya Bhaskar
106 P THUMMA Vijaya Pratap
107 P THONIKUZHIYIL Joyce Mathew
108 P KOROTH Sivy
109 P KUTTIANIMATTATHIL Jose
110 P KOCHAMKUNNEL Jose
111 P JOSEPH Andrew
112 P LOURDUSAMY Don Bosco
113 P KOORAPPALLIL Jose Mathew
114 P KERKETTA Shilanand
115 P MANIPARAMBEN Davis
116 P FERNANDES Fèlix
117 P TELLES Clive
118 P LYNGKOT Paul Olphindro
119 P CHURULIYIL Manoj
120 P ZOSIAMA John
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Inde Mumbai
Inde Mumbai
Inde Mumbai
Inde Kolkata
Inde Kolkata
Inde Kolkata
Inde Dimapur
Inde Dimapur
Inde Dimapur
Inde Guwahati
Inde Guwahati
Inde Guwahati
Inde Hyderabad
Inde Hyderabad
Inde Bangalore
Inde Bangalore
Inde Bangalore
Inde Chennai
Inde Chennai
Inde Chennai
Inde New Delhi
Inde New Delhi
Inde New Delhi
Inde Panjim
Inde Panjim
Inde Shillong
Inde Shillong
Inde Shillong
168

16.8 Page 158

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121 P SARPRASADAM Agilan
122 P JEYARAYAN Amala
123 P ROYAN Ricopar
124 P ALMEIDA Joseph
125 P ATHTHIDIYAGE Chalana
Provincial
Délégué
Délégué
Inde Tiruchy
Inde Tiruchy
Inde Tiruchy
Sup. V-prov. Sri Lanka
Délégué Sri Lanka
Région salésienne : EUROPE CENTRE-NORD
126 P OBERMÜLLER Petrus
127 L MAYER Günter
128 P WAMBEKE Wilfried
129 P HAELVOET Eric
130 P VACULÍK Petr
131 P ŽENÍŠEK Pavel
132 P ŠUTALO Tihomir
133 L BEŠLIĆ Domagoj
134 P FEDERSPIEL Daniel
135 P ERNST Xavier
136 P BRIODY James
137 P ANDERSON Kieran
138 P GESING Reinhard
139 L GOLDSMITS Mike
140 P VON HATZFELD Hatto
141 P McDONNELL Eunan
142 P HENNESSY Patrick
143 P FORMOSA Paul
144 P FALZON Robert
145 P JARECKI Tadeusz
146 P SOLARSKI Przemysław
147 P ZDZIEBORSKI Jacek
148 P JACHIMOWICZ Roman
149 P POPŁAWSKI Adam
150 P SZULCZYŃSKI Witold
151 P PIZOŃ Jarosław
152 P MAZUR Roman
Provincial Autriche
Délégué Autriche
Provincial Belgique Nord
Délégué Belgique Nord
Provincial République Tchèque
Délégué République Tchèque
Provincial Croatie
Délégué Croatie
Provincial France-Belgique Sud
Délégué France-Belgique Sud
Provincial Grande Bretagne
Délégué Grande Bretagne
Provincial
Délégué
Délégué
Allemagne
Allemagne
Allemagne
Provincial Irlande
Délégué Irlande
Sup. V-prov. Malte
Délégué Malte
Provincial
Délégué
Délégué
Pologne Varsovie
Pologne Varsovie
Pologne Varsovie
Provincial
Délégué
Délégué
Pologne Piła
Pologne Piła
Pologne Piła
Provincial Pologne Wrocław
Délégué Pologne Wrocław
169

16.9 Page 159

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153 P KAZNOWSKI Marcin
154 P WOCIAL Michał
155 P BUČÁNY Peter
156 P KAČMÁRY Martín
157 P KOŠNIK Marko
158 P KOLAR Bogdan
159 P MANÍK Karol
160 P PLATOSH Andrii
161 P ANDRÁSFALVY János
162 P VITÁLIS Gábor
Provincial Pologne Cracovie
Délégué Pologne Cracovie
Sup. V-prov. Slovaquie
Délégué Slovaquie
Provincial Slovénie
Délégué Slovénie
Sup. V-prov. Ukraine
Délégué Ukraine
Provincial Hongrie
Délégué Hongrie
Région salésienne : INTERAMÉRIQUE
163 P BATISTA Francisco
164 P MARRERO Adán Luis
165 P ORTIZ Javier
166 P ROCABADO Alvaro
167 P PRADO José Ángel
168 P GUZMÁN Rodolfo
169 P GÓMEZ RÚA John Jairo
170 P JARAMILLO Rubén
171 P VALENCIA Luis Fernando
172 P GUERRERO José Ariel
173 P SÁNCHEZ Francisco
174 P CÁRDENAS Juan
175 P MÉSIDOR Jean-Paul
176 P BONHOMME Morachel
177 P OROZCO SÁNCHEZ Hugo
178 P LARA PÉREZ Eduardo
179 P OCAMPO URIBE Ignacio
180 P MORALES Paulo Armando
181 P CAYO Manuel
182 P MEDINA Pablo
183 P ZAK Timothy
184 P CONWAY Michael
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Antilles
Antilles
Bolivie
Bolivie
Centre Amérique
Centre Amérique
Colombie Bogotà
Colombie Bogotà
Colombie Medellín
Colombie Medellín
Équateur
Équateur
Haïti
Haïti
Mexique Guadalajara
Mexique Guadalajara
Mexique Mexico
Mexique Mexico
Pérou
Pérou
États Unis Est
États Unis Est
170

16.10 Page 160

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185 P MONTEMAYOR Ted
186 L VU Alphonse
187 P MONTENEGRO Rafael
188 P OLIVEROS Ramón Alfredo
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
États Unis Ouest
États Unis Ouest
Vénézuéla
Vénézuéla
Région salésienne : MÉDITERRANÉE
189 P ASPETTATI Stefano
190 P COLAMEO Roberto
191 P MERLINI Daniele
192 P VERLEZZA Maurizio
193 P STASI Enrico
194 P BARONE Luca
195 P DEGIORGI Giorgio
196 L TOSO Gianluca
197 P GIACOMAZZI Giuliano
198 P LEONI Erino
199 P PICCINOTTI Giordano
200 P SANTORSOLA Angelo
201 P ROMA Gianpaolo
202 P BIFFI Igino
203 P GAETAN Enrico
204 P ZANCHETTA Silvio
205 P D’ANDREA Giovanni
206 P COSTA Giuseppe
207 P VIVIANO Michele
208 P LEÓN MENDOZA Alejandro José
209 P ZAKERIAN Simon
210 P MENDNOÇA José Aníbal
211 P FREITAS De SOUSA Juan Eduardo
212 P ASURMENDI MARTÍNEZ Ángel
213 P CANINO Miguel
214 P MIRANDA Fernando
215 P NÚÑEZ José Miguel
216 P PÉREZ Juan Carlos
217 P GARCÍA SÁNCHEZ Fernando
Provincial
Délégué
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Provincial
Délégué
Délégué
Délégué
Provincial
Délégué
Italie Centrale
Italie Centrale
Italie Centrale
Italie Centrale
Italie Piémont-Vallée d’Aoste
Italie Piémont-Vallée d’Aoste
Italie Piémont-Vallée d’Aoste
Italie Piémont-Vallée d’Aoste
Italie Lombardo-Émilienne
Italie Lombardo-Émilienne
Italie Lombardo-Émilienne
Italie Méridionale
Italie Méridionale
Italie Nord Est
Italie Nord Est
Italie Nord Est
Italie Sicile
Italie Sicile
Italie Sicile
Moyen-Orient
Moyen-Orient
Portugal
Portugal
Espagne Séville
Espagne Séville
Espagne Séville
Espagne Séville
Espagne Madrid
Espagne Madrid
171

17 Pages 161-170

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17.1 Page 161

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218 P GUTIÉRREZ Luis Fernando
219 P SEGURA Samuel
Délégué
Délégué
Espagne Madrid
Espagne Madrid
Université Pontificale Salésienne
220 P RIVA Eugenio
221 P MANTOVANI Mauro
Sup. V-prov. UPS
Délégué UPS
Siège Central et Maisons dépendant directement du Recteur Majeur
222 P CAMERONI Pierluigi
Délégué RMG
Observateurs invités
223 L BECERRA Christian
Invité
Pérou
224 P BOZZOLO Andrea
Invité
Italie Piémont-Vallée d’Aoste
225 L CHINAPPAN Francis
Invité
Inde Chennai
226 P HAIDUKEVICH Viktar
Invité
Pologne Varsovie
227 P HOBZA Martin
Invité
République Tchèque
228 P KETTNER Siegfried
Invité
Autriche
229 P LASARTE Martín
Invité
Angola
230 L LOPES Marçal
Invité
Timor Est
231 L METOULE David
Invité
Afrique Tropicale Équatoriale
232 P MUÑOZ RUIZ Eusebio
Invité
RMG
233 P OCHE Anthony
Invité
Afrique Occ. Anglophone
234 L PÉREZ GÓMEZ Marcelo
Invité
Espagne Madrid
235 P PULIKKAL Joseph
Invité
Afrique Est
236 P SALA Rossano
Invité
Italie Centrale
237 P SCHWEIZER Thomas
Invité
Allemagne
238 P SORO Denis
Invité
Afrique Occ. Francophone
239 P SOTO Roel
Invité
Thaïlande
240 P TIMKO Peter
Invité
Slovaquie
241 L VADAKKEVETTUVAZHIYIL
Sunny Joseph
Invité
Inde Dimapur
242 P VITO PAU Petelo
Invité
Australie
172