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CHAPITRE GÉNÉRAL XXVI SALÉSIENS DE DON BOSCO

« Da mihi animas, caetera tolle »

PRÉSENTATION

Très chers Confrères,

J’ai la joie de vous présenter les Actes du 26ème Chapitre Général, qui s’est terminé, on ne peut mieux, le samedi 12 avril 2008. En effet, cette date de conclusion revêt pour nous une signification symbolique : elle nous rappelle l’entrée de Don Bosco à Valdocco le jour de Pâques 1846. Si pour lui ce jour signifia le commencement d’une nouvelle étape de sa mission, pour nous ce 12 avril 2008 représente la mise en route d’une période de six années qui nous conduira à la célébration du bicentenaire de la naissance de notre Fondateur et Père bien-aimé.

Au cours du déroulement du Chapitre vous avez déjà eu l’occasion d’être informés en temps utile au sujet de l’intense expérience salésienne vécue, de la méthode de travail suivie, des différents contenus approfondis. En outre vous aurez certainement entendu parler de ce grand événement vécu par ceux qui ont participé au Chapitre : provinciaux, délégués et invités. A présent la promulgation des décisions capitulaires nous appelle à leur application (cf. Const. 148).

La publication des Actes, avec les documents qui en font partie, rend officielles les orientations prises et marque le point de départ de la période des six années 2008 – 2014. Je souhaite que la lecture personnelle, l’étude communautaire et la mise en pratique des lignes d’action produisent comme fruit précieux le fait que le cœur de chacun de vous s’enflammera dans la même passion spirituelle et apostolique que celle de Don Bosco. Que le Seigneur Jésus, grâce à son Esprit, puisse “ouvrir votre cœur” (cf. Ac 16,14).

Dans cette présentation que je formule, je désire vous illustrer le thème, la méthode de discernement, les personnes (physiques ou morales) impliquées, l’esprit du Chapitre et les décisions prises. Cet ensemble d’éléments vous serviront de guide dans la lecture du document et surtout dans son application.

Thème : “Da mihi animas, caetera tolle”

Le thème du CG26 est unitaire, même s’il est articulé en pôles thématiques. A première vue, il peut sembler que le CG26 ait traité de cinq sujets différents ; en réalité il s’agit d’un unique thème : le programme de vie spirituelle et apostolique de Don Bosco.

La devise “Da mihi animas, caetera tolle” peut être pleinement comprise si l’on connaît la vie et l’œuvre de Don Bosco, notre Fondateur et Père bien-aimé. Il s’agit, en effet, de son projet personnel de vie, qui est exprimé comme une prière personnelle. Elle doit être interprétée à la lumière du don apostolique de soi, de la créativité pastorale, du travail inlassable, en un mot de la mystique apostolique de Don Bosco, mais aussi à la lumière des renoncements affrontés, des nombreuses difficultés surmontées, des engagements tenus par Don Bosco, de son ascétique. La personne implicitement présente dans cette devise est Don Bosco ; le premier pôle “repartir de Don Bosco” la montre visiblement et la pose comme fondement de tout le reste.

Le “da mihi animas” se traduit dans l’engagement d’évangéliser les jeunes, spécialement les plus pauvres. En effet, la passion apostolique de Don Bosco et du salésien s’exprime immédiatement dans la capacité d’accueillir les urgences de l’évangélisation et d’œuvrer pour qu’à tous il soit fait don de Jésus Christ et de son évangile. Dans l’action évangélisatrice nous transmettons la passion apostolique également aux laïcs, aux familles et surtout aux jeunes ; à eux en particulier nous avons le courage de proposer la vie consacrée salésienne, à la suite de Jésus sur les pas de Don Bosco, non pas comme une possibilité de réalisation personnelle parmi d’autres, mais comme un appel de Dieu.

Le “caetera tolle” nous rend disponibles pour quitter tout ce qui nous empêche d’aller là où se trouvent les plus graves besoins des jeunes : les nouveaux fronts d’action de la mission salésienne. L’évangile est une bonne nouvelle pour les pauvres et il est proclamé par des pauvres. Les besoins les plus urgents des jeunes sont leurs pauvretés matérielles, mais aussi celles qui sont affectives, culturelles, spirituelles ; elles nous appellent à une disponibilité radicale et à laisser de côté tout le reste. Les pauvretés des jeunes nous demandent aussi d’être solidaires avec eux, de partager avec eux une vie simple et pauvre, de mettre à leur disposition les ressources que nous avons.

Les défis de la postmodernité nous appellent à surmonter la fragmentation de notre vie et de notre culture. C’est pourquoi le thème du CG26 doit nous aider à vivre la “grâce d’unité”, c’est-à-dire à accueillir le don de l’unification de notre vie, à assumer le programme de vie spirituelle et pastorale de Don Bosco comme critère d’unité, à le traduire au niveau de l’action dans nos choix personnels et communautaires, de province, de région et de congrégation.

Méthode de discernement

Comme l’avait déjà fait le CG25, pour l’étude des pôles thématiques le CG26 a adopté la méthode du discernement. Le fait de prendre une méthode déjà expérimentée, utilisée aussi pour le projet de vie personnelle et le projet de vie communautaire, a facilité le travail, mais surtout a aidé à mieux mettre en valeur les capacités du discernement. Celui-ci nous a permis de cheminer sur une voie sûre et d’offrir un développement du thème capitulaire vers un projet, et pas seulement vers une étude doctrinale.

Dans l’interpellation par Dieu, au moyen du discernement, ont été repérés dans chaque pôle les appels urgents et les priorités. L’interpellation ne nous décrit donc pas d’une manière exhaustive toutes les exigences liées à un pôle thématique, mais seulement celles qui sont prioritaires ; le discernement nous a conduits à effectuer des choix. Discerner est précisément distinguer ce qui est fondamental de ce qui est secondaire à un moment déterminé, et effectuer en conséquence des choix.

Par exemple, pour repartir de Don Bosco, le CG26 a repéré et proposé trois voies principales : revenir à lui, revenir aux jeunes, renforcer l’identité charismatique et raviver la passion apostolique. De façon analogue, pour répondre à l’urgence de l’évangélisation le Chapitre a choisi ces priorités : prendre soin de la communauté salésienne de manière qu’elle soit une communauté évangélisée et une communauté évangélisatrice, mettre au centre la proposition de Jésus Christ, approfondir l’apport de l’éducation à l’évangélisation, prêter attention aux contextes régionaux. La même méthode a été ensuite suivie également pour les autres pôles.

Dans l’analyse de la situation, le discernement nous a conduits à recueillir les aspects positifs, les signes d’espoir, les ressources, mais aussi les difficultés, les retards, les défis, en rapport avec les choix fondamentaux repérés dans l’interpellation. Il en sort une vision des thèmes toute centrée sur la lecture des priorités ; on met ainsi en évidence un cadre de lumières et d’ombres, qui aussitôt nous oriente vers la recherche des voies d’action les plus opportunes.

Dans les lignes d’action de chaque pôle, nous trouvons une nouveauté : au début sont indiqués les processus à mettre en route pour le changement. C’est-à-dire que l’on fait ressortir les situations à surmonter et que l’on propose le but où les lignes d’action doivent conduire ; il s’agit de passer d’un état de faiblesse à une nouvelle configuration de la vie. Ce sont des processus de conversion des mentalités et de changement des structures ; ils indiquent notre exode et notre pâque.

Les lignes d’action présentées sont au nombre de dix-sept ; mais en réalité il s’agit de cinq grandes lignes pour mener l’action, spécifiées dans leurs modalités concrètes de réalisation. Il s’agit, en effet, fondamentalement de réaliser ces tâches : repartir de Don Bosco, répondre aux urgences de l’évangélisation, avoir le courage de proposer aux jeunes la vocation consacrée salésienne, donner un témoignage crédible de pauvreté évangélique et de vie simple, aller sur les nouveaux fronts d’action de la mission salésienne.

Les lignes d’action se spécifient au moyen des interventions ponctuelles. Celles-ci sont attribuées à différentes personnes (physiques ou morales). Il est nécessaire de remarquer qu’il n’est pas du devoir de tous de tout faire, mais aux différentes personnes (physiques ou morales) est demandé un apport spécifique. C’est avec la contribution de tous que les lignes d’action pourront être réalisées ; chacun est envoyé pour faire sa part. Voici alors l’importance des personnes (physiques ou morales) que l’on doit impliquer.

Personnes (physiques ou morales) responsables

Le CG26 peut accomplir le changement désiré dans la vie de la Congrégation et donc devenir une réalité, seulement s’il y a des personnes (physiques ou morales) qui, d’une manière généreuse et responsable, en assument la mentalité et les orientations. La pluralité des personnes (physiques ou morales) impliquées est une garantie pour une action efficace.

Le CG26 s’adresse en premier lieu au salésien. Après les Chapitres généraux 23, 24 et 25 qui ont donné de l’importance à la communauté locale, le CG26 entend mettre au centre de ses attentions le confrère considéré en tant que tel. C’est lui qui a reçu de Dieu le don de la vocation salésienne ; c’est donc lui qui est appelé à répondre à ce don avec une fidélité créative et à assumer le programme spirituel et pastoral de Don Bosco “da mihi animas, caetera tolle”.

Le CG26 entend raviver dans le cœur de chaque confrère la passion apostolique et il lui propose un profil caractérisé par l’identité charismatique ; de cette façon il peut être Don Bosco pour les jeunes d’aujourd’hui. Il est appelé à avoir une vie spirituelle intense et profonde, à vivre la vie fraternelle avec familiarité et joie, à demeurer avec les jeunes, à être audacieux dans l’action d’évangélisation, à aller dans les lieux de fronts d’action de notre mission, à vivre pauvrement, à impliquer des laïcs, des familles et des jeunes eux-mêmes dans l’ardeur pastorale, à proposer aux jeunes la vie consacrée salésienne, à aimer et à faire connaître Don Bosco.

Le CG26 interpelle ensuite directement chaque communauté. En effet, dans les lignes d’action il y a presque toujours des interventions qui sont proposées à la communauté, pour que celle-ci les assume dans son cheminement. En particulier, la communauté prend l’initiative de l’action évangélisatrice, se soucie des vocations à la vie consacrée salésienne et donne son témoignage de pauvreté évangélique. La communauté évangélisée est appelée à être une communauté évangélisatrice ; son témoignage est la première proposition de vocation ; sa vie vécue dans la simplicité et dans l’austérité manifeste son amour pour la pauvreté ; elle va avec audace parmi les jeunes pauvres ; là où elle vit, elle propose de nouveau avec les jeunes l’expérience de Valdocco.

De cette façon le CG26 demande à la communauté salésienne de continuer les processus que le CG25 avait mis en route, en cherchant à leur garder encore toute leur consistance quantitative et qualitative. Dans la communauté le confrère grandit dans la “sequela” du Christ et réalise le don de soi à Dieu pour les jeunes. Il est appelé à assumer lui-même les nouvelles exigences de sa vocation ; dans le même temps la communauté qui vit la plénitude du dynamisme dont il fait preuve favorise chez lui la formation continue.

Le CG26 indique encore d’autres personnes (physiques ou morales) : la province, la région, le Recteur majeur avec le Conseil général. En mettant en valeur la subsidiarité, chacun accomplit ses tâches et tous coopèrent à la réalisation de la même interpellation et des mêmes lignes d’action. Il est hors de doute que l’action ne peut pas être limitée à ces personnes (physiques ou morales). Aussitôt entre en jeu l’implication et l’action comme protagonistes de jeunes, de laïcs et de familles et ensuite de la communauté éducative et pastorale. Comme aussi il n’est pas pensable de vivre et d’agir sans la Famille salésienne et sans la liaison avec le territoire et l’Eglise locale.

Esprit du CG26

Le Chapitre Général a été un événement inoubliable, qui deviendra bien vite une page d’histoire à raconter surtout de la part de ceux qui l’ont vécu. Il s’est aussi traduit dans un beau document, qui pourtant risquerait de rester “lettre morte” sans un esprit capable de l’animer. Le CG26 est donc aussi un esprit ; nous devons alors reconnaître quel est l’esprit du CG26.

De même que l’“esprit du Concile Vatican II” est vivant et opérant, ainsi nous pouvons dire qu’il y a un “esprit du CG26” qu’il faut accueillir. Il est constitué de la même passion que celle qui brûlait dans le cœur de Don Bosco et le poussait à chercher la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il a guidé l’Assemblée dans le discernement et dans la rédaction du document et il fait en sorte que le texte capitulaire se transforme en vie, en vitalité et en vivacité pour chaque confrère, pour les communautés, les provinces, les régions et la Congrégation tout entière.

C’est l’Esprit du Christ qui anime et vivifie. L’esprit du CG26 est un don de l’Esprit du Ressuscité pour notre Congrégation. Il a répandu l’abondance de ses dons sur nous tous dans une Pentecôte renouvelée. Il ouvre l’esprit de chaque confrère dont il réchauffe le cœur et qu’il enflamme ainsi dans une passion renouvelée, appelée à donner des fruits abondants. De cette façon le CG26 n’est pas seulement une page d’histoire ou seulement un document, mais il entre dans l’histoire pour chacun de nous et pour la Congrégation.

Décisions concernant les Constitutions et les Règlements

Le Chapitre Général a produit également quelques décisions concernant les Constitutions et les Règlements généraux ainsi que le gouvernement de la Congrégation. Certaines d’entre elles sont relatives au gouvernement central et aux régions, d’autres parlent du rapport entre la communauté salésienne et l’œuvre ainsi que de l’économe local, une autre encore est liée à nos institutions d’éducation du niveau supérieur.

En particulier, je mets en évidence l’orientation exprimée au sujet de ce qu’on appelle les “dicastères de la mission salésienne”. Le Chapitre a exprimé l’exigence d’une plus grande collaboration, menée avec une recherche d’unité plus développée, dans la mise en place et dans la réalisation de la mission salésienne. J’encourage les provinces à tenir compte de cette sensibilité et à s’en inspirer dans l’animation provinciale.

Il me semble important de faire remarquer aussi l’orientation concernant les trois régions de l’Europe. En prenant en considération les processus culturels d’unification de l’Europe, les expériences de collaboration actuellement en cours de réalisation et les restructurations des provinces, il faut intensifier les formes de coordination, favoriser les synergies, dépasser une vision de chaque région et donc avoir un regard européen.

J’estime, d’autre part, intéressante l’indication exprimée au sujet du rapport entre la communauté salésienne et l’œuvre. L’orientation offerte aidera à approfondir aussi du point de vue institutionnel et juridique ce qui avait été l’action du CG25 qui demandait de considérer comme deux authentiques personnes morales la communauté salésienne et la communauté éducative et pastorale.

Le Chapitre Général est maintenant remis à toute la Congrégation. Les provinces et les quasi-provinces, au moyen des Chapitres provinciaux, avaient déjà produit leurs lignes d’action, en déterminant les objectifs, les processus et les interventions. Maintenant, au moyen des indications du CG26, elles sont appelées à compléter le travail déjà accompli, en reportant ce qui concerne chaque salésien, les communautés locales et la communauté provinciale.

Nous nous confions à Marie Auxiliatrice. Au moyen de son intervention maternelle, pour contribuer au salut de la jeunesse, l’Esprit Saint a suscité Don Bosco (cf. Const. 1). Elle l’a guidé dans la réalisation de la mission auprès des jeunes. « C’est Elle qui a tout fait ». Elle est notre Mère et notre Maîtresse. D’Elle nous apprenons la docilité à l’Esprit Saint et la profondeur de la vie spirituelle, qui est la racine de la fécondité de notre mission. Nous Lui recommandons les défis de l’évangélisation, les vocations à la vie consacrée salésienne, les jeunes pauvres. Que Marie, notre Secours, intercède pour nous.

P. Pascual Chávez Villanueva
Recteur majeur
Rome, 11 mai 2008
Solennité de la Pentecôte

INTRODUCTION

“J’ai promis à Dieu que ma vie, jusqu’à son dernier souffle, serait pour mes pauvres garçons” (Mémoires Biographiques XVIII, 258).

La passion de Don Bosco pour le salut de la jeunesse est notre héritage le plus précieux. Le 26ème Chapitre général s’est proposé de la raviver dans chaque salésien en mettant au centre de la réflexion des communautés et des provinces la célèbre devise de notre Père et Fondateur Da mihi animas, caetera tolle. Ainsi, a commencé un processus de renouveau intérieur et de réflexion, qui a débouché sur les apports parvenus à l’assemblée capitulaire afin de servir de point de départ pour ses travaux.

Pèlerins aux lieux de Don Bosco, nous avons perçu dès le début que la devise Da mihi animas, caetera tolle recueille l’expérience charismatique des origines et le témoignage de beaucoup de confrères d’hier et d’aujourd’hui. Elle nous interroge sur notre capacité à être Don Bosco dans notre temps et nous invite à être des enthousiastes de son projet de sainteté, des témoins joyeux et crédibles de l’esprit salésien, passionnés pour Dieu et dévoués aux jeunes “jusqu’au dernier souffle”. Nous nous trouvons ainsi à la source de la vie consacrée et au cœur de la mission, car dans cette devise se résument la mystique et l’ascétique qui caractérisent la vocation salésienne. Tout cela signifie, pour nous, revenir à Don Bosco et repartir avec lui pour aller à la rencontre des jeunes d’aujourd’hui.

Nous les avons rendus présents comme principaux interlocuteurs pendant toute la durée du Chapitre, en ayant le vif désir de leur révéler l’amour de Dieu. Le front d’action auprès des jeunes est aujourd’hui plus que jamais rempli de défis et de ressources ; il se présente avec des attraits et des difficultés. Il est pour nous indispensable de comprendre les attentes et les besoins des jeunes, d’apprécier les valeurs auxquelles ils sont le plus sensibles et de reconnaître les capacités qui leur sont propres. Nous devons nous rendre compte des menaces et des obstacles qu’ils doivent affronter et surmonter dans leur recherche de vie, sur la route de la liberté, dans l’expérience de l’amour. C’est notre responsabilité, au niveau de notre vocation, d’accepter le défi de cette urgence, de ne pas déserter ce front d’action qui nous appartient. L’éducation et l’évangélisation sont la contribution la plus grande que nous puissions offrir aux jeunes, à l’Eglise et à la société d’aujourd’hui dans l’esprit du système préventif, au moyen des méthodes et des contenus propres à celui-ci.

En accueillant l’invitation du Recteur majeur formulée dans la lettre de convocation, nous avons explicité le “repartir de Don Bosco” sur la base de quatre thèmes : l’urgence d’évangéliser, la nécessité d’appeler, la pauvreté évangélique et les nouveaux fronts d’action. Il ne s’agit pas de thèmes séparés, mais d’aspects constitutifs du programme de vie spirituelle et apostolique de notre Père et Fondateur. Ce sont des éléments de grande actualité, desquels découlent des engagements concrets et exigeants de renouveau. Ce sont nos priorités pour ce moment.

Nous les avons déterminées en nous mettant en résonance avec l’Eglise et à l’écoute de la Congrégation, en portant notre attention sur les différents contextes régionaux, en recueillant les témoignages les plus vivants et les plus prophétiques, en discutant sur les nouvelles pauvretés et sur les défis que l’évangélisation présente à toute l’Eglise, aussi bien dans les pays de vieille tradition chrétienne que dans les pays de mission. La discussion entre nous a été très utile pour nous, aussi bien lors des débats en assemblée que pendant les travaux de commission ; mais l’ont été encore plus le climat de prière et de fraternité qui a caractérisé notre vie en commun, et surtout la parole autorisée du Saint-Père Benoît XVI.

Nous sommes ainsi parvenus à la rédaction du texte que nous présentons maintenant, comme mémoire de l’expérience recueillie et du partage effectué lors de l’effort que nous avons accompli pour déchiffrer et interpréter les signes des temps. Dans ce texte les pôles sont articulés en :

interpellation par Dieu : avec le regard tourné, dans le même temps, vers Don Bosco et vers les jeunes, nous avons fait œuvre de discernement pour percevoir ce que Dieu veut de nous aujourd’hui ;

situation : nous avons rassemblé tout ce que les confrères nous ont offert comme fruit de leur recherche et exposé de leur expérience, et nous avons déterminé tant les aspects positifs que les aspects liés à des problèmes, en étant conscients que Dieu nous parle à travers l’histoire ;

lignes d’action : introduites par quelques idées qui peuvent favoriser le changement dans les mentalités et les structures, elles déterminent sous forme de synthèse les principales priorités que la Congrégation entend affronter au cours de la prochaine période de six années ; elles s’articulent autour d’interventions qui concernent chaque salésien, la communauté, la province, la région et le gouvernement central, et elles proposent des indications qui doivent être assumées et concrétisées dans les différents contextes.

Le fruit de notre travail arrive à présent entre les mains des confrères et devient une invitation au renouveau et à la fidélité à Don Bosco et, à travers lui, à Dieu et aux jeunes. Constituent pour nous un stimulant et un encouragement ces confrères, ces jeunes, ces laïcs et ces autres membres de la Famille salésienne, qui ont porté témoignage par la sainteté à la beauté de notre projet de vie, à la fécondité de l’esprit salésien et à la force spirituelle du Da mihi animas, caetera tolle.

Les prochaines années apparaissent pour nous salésiens comme un temps de grâce. En 2009, le 150ème anniversaire de la fondation de la Congrégation ; en 2010, le centenaire de la mort du bienheureux Michel Rua ; et, en 2015, le bicentenaire de la naissance de Don Bosco : tout cela fait de la prochaine période une saison extraordinaire. Nous aurons moyen de faire mémoire de notre expérience charismatique et d’en approfondir l’histoire, pour la faire devenir nôtre et la vivre avec la passion et le caractère radical du Da mihi animas, caetera tolle, pour la proposer et la partager avec joie et avec la puissance d’une prophétie. Nous avons devant nous un temps favorable pour revenir à Don Bosco et repartir avec lui et comme lui, passionnés pour Dieu et pour les jeunes, attentifs et dociles à l’Esprit, confiants dans la présence de l’Auxiliatrice. C’est un parcours et une grâce que nous voulons partager avec tous les membres de la Famille salésienne.

Les confrères
du 26ème Chapitre Général

I. REPARTIR DE DON BOSCO

“Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi, observé en moi, tout cela, mettez-le en pratique” (Ph 4,9).

INTERPELLATION PAR DIEU

« Le Seigneur nous a donné en Don Bosco un père et un maître. Nous l’étudions et nous l’imitons. En lui nous admirons un splendide accord de la nature et de la grâce. Profondément humain, riche des vertus de sa race, il était ouvert aux réalités de ce monde. Profondément homme de Dieu, comblé des dons de l’Esprit Saint, il vivait “comme s’il voyait l’invisible”.

Ces deux aspects se sont fondus dans un projet de vie d’une profonde unité : le service des jeunes. Don Bosco le réalisa avec une constante fermeté au milieu des obstacles et des fatigues, et avec toute la sensibilité d’un cœur généreux. “Pas un de ses pas, pas une de ses paroles, pas une de ses entreprises qui n’ait eu pour but le salut de la jeunesse… En toute vérité il n’eut rien d’autre à cœur que les âmes” » (Const. 21).

1 Revenir à Don Bosco

A l’écoute de l’Esprit nous sentons que nous sommes appelés à revenir à Don Bosco, considéré comme guide sûr pour marcher à la suite du Christ avec une ardente passion pour Dieu et pour les jeunes, surtout les plus pauvres.

Revenir à Don Bosco signifie l’aimer, l’étudier, l’imiter, l’invoquer et le faire connaître, en nous appliquant à la connaissance de son histoire et à l’étude des origines de la Congrégation, à l’écoute constante des attentes des jeunes et des provocations de la culture d’aujourd’hui. La richesse des sources et des études salésiennes, dont à présent nous disposons, nous permet d’approfondir les motivations qui l’ont conduit à des choix déterminés, les buts et les projets qui progressivement se sont précisés dans son action, la synthèse originale de pédagogie et de pastorale qu’il a atteinte en s’inspirant de Saint François de Sales. En particulier ces éléments nous invitent fortement à découvrir la riche humanité, qui faisait de lui immédiatement un ami des jeunes, et la profonde spiritualité, qui le poussait chaque jour à dédier sa vie à la plus grande gloire de Dieu et au salut des âmes.

Revenir à Don Bosco signifie également approfondir les multiples expressions de la transmission du charisme dans les contextes culturels des différents pays et mettre en valeur l’apport de l’expérience acquise dans la vie par de nombreuses générations de salésiens, parmi lesquels ressortent quelques brillantes figures de sainteté. Cela permet aux confrères, dans chaque Région, de redécouvrir la richesse de la tradition reçue et d’en tirer de l’inspiration pour une insertion authentique du charisme dans la culture.

2 Revenir aux jeunes

Revenir à Don Bosco signifie “être dans la cour”, c’est-à-dire se tenir auprès des jeunes, spécialement des plus pauvres, pour découvrir en eux la présence de Dieu et les inviter à s’ouvrir à son mystère d’amour. Don Bosco revient parmi les jeunes d’aujourd’hui à travers le témoignage et l’action d’une communauté qui vit son esprit, animée par la même passion apostolique. Il recommande à chaque salésien de rencontrer les jeunes avec joie dans leur vécu quotidien, et pour cela de s’engager à écouter leurs appels, à connaître leur monde, à encourager leurs actions de protagonistes, à réveiller leur sens de Dieu et à leur proposer des itinéraires de sainteté selon la spiritualité salésienne. C’est sans cesse Don Bosco qui nous demande d’affronter avec audace les défis des jeunes et de donner des réponses courageuses aux crises de l’éducation de notre temps, et pour cela d’impliquer un vaste mouvement de forces au profit de la jeunesse.

Dans le rêve des neuf ans, Don Bosco a reçu Marie comme mère et maîtresse et s’est laissé guider par elle dans la mission en faveur des jeunes. C’est pourquoi, nous aussi, nous la sentons présente dans nos maisons et nous la proposons aux jeunes comme modèle spirituel et aide pour leur croissance.

3 Identité charismatique et passion apostolique

En approfondissant l’itinéraire spirituel de Don Bosco et en revivant de nos jours sa passion apostolique, nous sentons que nous sommes appelés à faire resplendir la fascination de son charisme, à en montrer la beauté, à en communiquer la force d’attraction. Cela nous engage à développer un témoignage visible et crédible de notre vocation, une démarche radicale à la suite du Christ, un sens fort d’appartenance à l’Eglise, à la Congrégation et à la Famille salésienne, une claire perception de notre identité spirituelle et pastorale. Sans une proposition charismatique, qui captive et implique, le processus d’identification dans la vocation est, en effet, difficile.

Chaque salésien est appelé à regarder vers le cœur du Christ, bon pasteur et apôtre du Père, et à se mettre à sa suite, sur l’exemple de Don Bosco, avec un style de vie d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. De cette façon il se dévoue aux jeunes avec générosité, vit avec joie sa vocation dans la communauté et trouve ainsi le chemin de la sainteté.

Don Bosco, qui remet les Constitutions à Don Giovanni Cagliero avant que celui-ci ne parte pour la Patagonie, nous indique la manière de construire aujourd’hui la forme définitive, la “belle copie”, de la Congrégation : lui être fidèles au moyen de l’observance, vécue avec conviction, de notre Règle de vie. La croix, ensuite, qui nous est remise lors de la profession perpétuelle, avec les images qu’elle porte gravées, nous invite à passer notre vie avec les jeunes et pour les jeunes jusqu'au dernier souffle, et à assumer l’invitation de Don Bosco : “cherche à te faire aimer”.

SITUATION

4 Revenir à Don Bosco

La personne de Don Bosco est toujours attirante et actuelle. Beaucoup de confrères ont le désir de mieux le connaître et de l’imiter dans leur propre vie. Un signe en est donné dans la disponibilité croissante pour participer à des temps de formation qui renvoient aux origines du charisme. Même des jeunes et des laïcs demeurent impliqués dans cet intérêt renouvelé.

Un soutien dans le parcours d’approfondissement de notre expérience spirituelle et apostolique a été offert par la publication de nouvelles études salésiennes et par l’édition critique des sources historiques. Pour éviter une connaissance purement affective ou nostalgique, nous percevons l’exigence de mettre mieux en lumière l’expérience mystique de Don Bosco et d’approfondir la richesse spirituelle et pédagogique de notre tradition, avec une particulière attention à la mise en pratique du système préventif et à son insertion dans les cultures.

En grand nombre et de qualité sont les attestations d’estime et de reconnaissance pour le service éducatif, que nous rendons dans des contextes difficiles et avec des jeunes à risque. Les demandes pressantes de vivre que tant de jeunes nous font parvenir suscitent en nous le besoin de trouver des réponses adéquates et nous donnent la conviction de l’efficacité et de l’actualité du charisme salésien dans le monde d’aujourd’hui.

5 Revenir aux jeunes

Les confrères et les communautés apportent un dévouement généreux au service éducatif et pastoral. Ils réalisent un intense travail pour les jeunes défavorisés, les pauvres, les milieux populaires, au moyen d’une multiplicité d’œuvres et d’initiatives. Devant des situations d’urgence éducative, nous nous laissons interpeller et souvent nous savons trouver les moyens et les modalités pour une réponse adéquate.

La passion de quelques confrères fait tache d’huile et enthousiasme de nombreux adultes qui, de collaborateurs, deviennent coresponsables et, de cette façon, rendent possibles la vie et l’action des communautés éducatives et pastorales. Nous apprécions aussi la disponibilité de nombreux jeunes pour être des protagonistes : ils deviennent apôtres de leurs compagnons jusqu’à faire mûrir des choix de vocation à une consécration spéciale. Parfois cependant le type de gestion de l’œuvre empêche une présence plus directe des confrères au milieu des jeunes et des laïcs, en absorbant leurs énergies dans des tâches qui pourraient être confiées à d’autres.

On doit constater que, pour un bon nombre de confrères, le monde des jeunes se présente difficile et lointain, avec la crainte et la sensation de ne pas être préparés de façon adéquate. La difficulté à comprendre leurs langages accentue le fait de se sentir étranger à leur culture, et cela peut se traduire par une distance physique et affective.

6 Identité charismatique et passion apostolique

Beaucoup de confrères se sont engagés dans le renouveau de la vie spirituelle. Cela se manifeste dans le climat joyeux d’un bon nombre de communautés, dans le dynamisme pastoral qui les anime et dans la profondeur de leur vie de prière. Beaucoup ont trouvé dans leur projet personnel de vie et dans celui de la communauté une aide pour leur propre croissance. Nous ne pouvons pas oublier, d’autre part, les nombreux confrères âgés et malades qui vivent avec sérénité et esprit de foi, qui offrent leur maladie pour le salut des jeunes, qui soutiennent la communauté par la prière. Là où cela s’est produit, on a constaté une heureuse implication d’adultes et de jeunes dans l’unique mission, surtout quand leur a été offert un parcours de formation.

Avec souffrance nous reconnaissons toutefois que dans les communautés sont entrés des modèles de vie marqués d’individualisme, de confort, d’embourgeoisement, d’immobilisme, de refus des signes visibles de la vie consacrée. Ce sont des dangers contre lesquels déjà Don Bosco avait mis en garde les premiers salésiens.

L’activisme et la recherche de l’efficacité, le manque d’un projet communautaire, l’individualisme, une distribution des tâches insuffisante ou désordonnée sont des obstacles à la prière, rendent fragile la vie intérieure, refroidissent les relations fraternelles, diminuent les attentions envers chaque confrère. Affaiblir l’ascétique du caetera tolle nuit à la passion apostolique, qui trouve son inspiration et son expression dans le da mihi animas.

Ces lumières et ces ombres des communautés montrent avec clarté les difficultés que rencontre notre vie consacrée pour réaliser la synthèse demandée par le Concile Vatican II entre la sequela Christi, le charisme du Fondateur et l’adaptation aux conditions changeantes des temps (PC 2).

LIGNES D’ACTION

7 Processus à mettre en place pour le changement

Pour affronter les exigences de l’interpellation par Dieu et les défis qui proviennent de la situation et pour réaliser les lignes d’action qui en découlent, il est nécessaire de convertir les mentalités et de modifier les structures, en passant :

  • d’une connaissance superficielle de Don Bosco à une étude sérieuse et engagée de l’histoire, de la pédagogie, de la pastorale et de la spiritualité de notre Père et Fondateur et de la réflexion de la Congrégation ;
  • d’une pastorale centrée sur les activités qu’il faut mener, à une pastorale plus attentive à rencontrer les jeunes là où ils se trouvent ;
  • de l’accomplissement routinier de la vie spirituelle et de l’action pastorale à l’acceptation vécue du “da mihi animas, caetera tolle” comme invocation et passion de chaque jour.

Ligne d’action 1

Revenir à Don Bosco

8 S’engager à aimer, à étudier, à imiter, à invoquer et à faire connaître Don Bosco, pour repartir de lui.

9 Que le salésien

  • réveille dans son cœur un intérêt renouvelé pour une connaissance plus systématique et approfondie de Don Bosco acquise en s’appliquant de façon sérieuse et persévérante à l’étude de l’histoire, de la spiritualité, de la pédagogie et de la pastorale salésiennes et du système préventif en vue d’une mise en œuvre de ce dernier ;
  • lise et médite fréquemment les Constitutions, vrai “testament de Don Bosco” (Const. 196) ;
  • renouvelle sa dévotion personnelle à Don Bosco afin de partager la passion pour Dieu et pour les jeunes qui animait notre Fondateur.

10 Que la communauté

  • fasse référence aux Constitutions dans la vie de chaque jour : qu’elle les utilise ordinairement dans les réunions communautaires, spécialement dans les réunions de discernement ; qu’elle choisisse des moments opportuns pour en faire la lecture et le commentaire ; qu’elle propose des occasions de révision de vie ;
  • pratique la lectio divina avec une sensibilité salésienne, par ex. en faisant référence aux textes de notre tradition et à la situation des destinataires ;
  • prévoie dans le projet communautaire des temps spécifiques de formation et de mise à jour sur la réalité salésienne, pour les confrères et aussi pour les laïcs coresponsables de la mission ;
  • mette à jour la section salésienne dans la bibliothèque de la maison.

11 Que la province

  • favorise la mise à jour des confrères, des laïcs coresponsables et des membres de la Famille salésienne dans les études concernant la réalité salésienne ; mette en place des retraites spirituelles avec une référence à la Parole de Dieu certes, mais en plus aux sources du charisme ; propose de temps en temps des pèlerinages dans les lieux salésiens ;
  • mette en valeur la préparation immédiate à la profession perpétuelle, considérée comme une occasion privilégiée pour approfondir des thèmes de la réalité salésienne et pour faire une relecture des Constitutions ;
  • ait soin d’envoyer quelques confrères à des cours de spécialisation dans les études concernant la réalité salésienne auprès de l’UPS ou d’autres Centres, en vue de l’animation de la province et en vue des exigences de la formation ;
  • s’engage à répandre la connaissance de Don Bosco en utilisant les médias ;
  • étudie et approfondisse l’histoire du charisme salésien dans son propre contexte culturel.

12 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • engage des ressources adéquates en personnel dans l’Université Pontificale Salésienne, dans l’Institut Historique salésien et dans les autres Centres où l’on se livre à l’étude et à la diffusion de la réalité salésienne ;
  • coordonne et organise une collaboration entre ces Centres pour approfondir théologiquement l’expérience spirituelle de Don Bosco, développer ses intuitions pédagogiques et pastorales, étudier l’insertion progressive du charisme dans la culture des différents contextes ;
  • étudie la possibilité d’expériences spécifiques de formation permanente sur les contenus fondamentaux de la spiritualité salésienne, en ayant une attention particulière pour les directeurs, en préparation au bicentenaire de la naissance de Don Bosco ; mette en place une équipe internationale de confrères pour l’animation des lieux d’origine du charisme salésien ;
  • rende accessibles dans les diverses langues et disponibles aussi sous une forme numérique les textes salésiens considérés comme les plus importants ;
  • s’occupe de la traduction et de la publication d’une collection des principales sources salésiennes.

Ligne d’action 2

Revenir aux jeunes

13 Revenir aux jeunes, spécialement aux plus pauvres, avec le cœur de Don Bosco.

14 Que le salésien

  • apprenne à rencontrer Dieu à travers les jeunes auxquels il est envoyé (cf. Const. 95) ;
  • trouve le temps de se tenir au milieu des jeunes en ami, en éducateur et en témoin de Dieu, quel que soit son rôle dans la communauté ;
  • lorsque l’âge, la santé ou d’autres motifs l’empêchent d’avoir une présence physique au milieu des jeunes, qu’il coopère à la mission auprès des jeunes au moyen de la prière, de l’intérêt porté, de l’offrande de sa propre vie.

15 Que la communauté

  • retrouve le sens et vise au renouveau de la pratique de l’assistance salésienne (cf. Const. 39), en impliquant les laïcs coresponsables ;
  • prévoie chaque année dans le projet de vie communautaire quelques rencontres de formation qui prennent comme thème l’étude approfondie de la condition des jeunes ;
  • accueille les jeunes aussi bien pour des temps de partage de vie que pour des rencontres de réflexion sur leur condition ;
  • programme des initiatives pour rencontrer les jeunes dans leurs milieux de vie.

16 Que la province

  • développe une attention constante et approfondie à l’évolution de la réalité des jeunes dans son territoire, en dialogue avec les institutions ecclésiales et civiles ;
  • étudie la possibilité de constituer des centres de spiritualité qui permettent d’offrir aux jeunes des occasions de prière, des propositions de récollection et de retraite spirituelle et des propositions d’éducation à l’écoute de la Parole de Dieu et à la vie sacramentelle.

17 Que la région

  • favorise la collaboration des provinces pour établir des critères et des normes de comportement auxquelles doivent se conformer les confrères et les laïcs coresponsables de la mission salésienne, afin de garantir dans nos milieux la sécurité des enfants mineurs et de prévenir toute forme d’abus, cela venant accomplir ce qui est dit en CG25, 36 [ACG 378, pp. 41-42].

18 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • intensifie la présence salésienne dans les institutions internationales qui s’intéressent aux politiques concernant les jeunes.

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Identité charismatique et passion apostolique

19 Redécouvrir le sens du Da mihi animas, caetera tolle comme programme de vie spirituelle et pastorale.

20 Que le salésien

  • demande chaque jour à Dieu, dans son engagement à la vivre, la grâce de réaliser l’unité entre la contemplation et l’action apostolique, de façon à éviter le risque de la dispersion et de la superficialité ;
  • assume la responsabilité de sa propre formation spirituelle et pastorale afin de parvenir à un stade de maturité authentique dans sa vocation ;
  • reprenne ou renforce, en regardant vers l’expérience de Don Bosco, la pratique de se faire accompagner par un guide spirituel ;
  • partage son parcours personnel de foi, la richesse de la spiritualité salésienne et l’action apostolique avec les confrères, les laïcs coresponsables, les membres de la Famille salésienne et les jeunes.

21 Que la communauté

  • organise les rythmes quotidiens de vie de manière à accorder à chaque confrère de participer aux temps communautaires et d’être réellement présent au milieu des jeunes ;
  • prenne soin de la qualité de la prière communautaire et des célébrations liturgiques (cf. Const. 86) ;
  • donne de l’importance aux fêtes salésiennes, en les considérant comme une occasion de formation communautaire et de communication du charisme ;
  • mette en valeur le service que le directeur, en tant que premier responsable de la formation, exerce au moyen du mot du soir, de la conférence, de l’entretien personnel, de l’animation fraternelle.

22 Que la province

  • prépare des confrères pour remplir le rôle de guides spirituels dans les communautés, avec une particulière attention pour les communautés de formation initiale ;
  • accompagne les communautés dans la rédaction du projet communautaire afin que soient garantis des parcours de formation permanente capables d’atteindre les confrères de tous les âges ;
  • prévoie des interventions de formation pour aider les confrères à vivre une chasteté resplendissante, qui traduise l’amour de Dieu pour les jeunes et prévienne toute forme de contre-témoignage et d’abus à leur égard.

II. URGENCE D’ÉVANGÉLISER

“Annoncer l’Evangile n’est pas un motif d’orgueil pour moi, c’est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile” (1 Co 9,16).

INTERPELLATION PAR DIEU

« “Cette Société était à ses origines un simple catéchisme”. Pour nous aussi, l’évangélisation et la catéchèse sont la dimension fondamentale de notre mission. Comme Don Bosco, nous sommes appelés, tous et en toute occasion, à être des éducateurs de la foi. Notre science la plus éminente est donc de connaître Jésus-Christ, et notre joie la plus profonde est de révéler à tous les insondables richesses de son mystère. Nous cheminons avec les jeunes, pour les conduire à la personne du Seigneur ressuscité afin que, découvrant en Lui et dans son Evangile le sens suprême de leur existence, ils grandissent en hommes nouveaux » (Const. 34).

23 Communauté évangélisée et communauté évangélisatrice

“Le mot évangélisation a un sens très riche. Au sens large, il résume l’entière mission de l’Eglise : en effet, toute sa vie consiste à réaliser […] l’annonce et la transmission de l’Evangile, qui est « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1,16) et qui, au sens le plus profond, s’identifie avec Jésus Christ (cf. 1 Co 1,24). […] En tout cas, évangéliser signifie non seulement enseigner une doctrine, mais plutôt annoncer le Seigneur Jésus par des paroles et des actions, c’est-à-dire se faire un instrument de sa présence et de son action dans le monde” (Congrégation pour la Doctrine de la foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation, n. 2). Insérés dans l’Eglise et guidés par l’Esprit, nous travaillons pour l’avènement du Royaume de Dieu, “en apportant aux hommes le message de l’Evangile, étroitement lié au développement de l’ordre temporel” (Const. 31).

La source de toute l’œuvre d’évangélisation réside dans la rencontre personnelle avec le Christ. Cette expérience est pour nous un événement quotidien qui se renouvelle dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la participation au mystère pascal à travers la liturgie et les sacrements, dans le partage fraternel et dans le service apporté aux jeunes.

Marie, qui la première a accueilli et porté l’annonce du Salut, nous enseigne à réaliser des communautés évangélisées et des communautés évangélisatrices. D’elle nous apprenons que la profondeur de l’expérience de Dieu est la racine de la mission et que la première et principale voie d’évangélisation est le témoignage de la foi. Ce témoignage devient plus convaincant lorsque nous nous approchons des jeunes en amis et que nous les accompagnons en pères et en maîtres, tout rayonnants de joie et d’espérance. De cette manière nous transmettons celui en qui nous croyons et nous montrons par notre vie celui que nous annonçons.

24 Place centrale de la proposition de Jésus Christ

Nous percevons l’évangélisation comme l’urgence principale de notre mission, conscients que les jeunes ont le droit d’entendre l’annonce de la personne de Jésus présentée comme source de vie et promesse de bonheur dans le temps présent et dans l’éternité. Donc notre “tâche fondamentale s’avère être de proposer à tous de vivre l’existence humaine comme Jésus l’a vécue. […] Doivent être au centre de [l’] action apostolique l’annonce de Jésus Christ et de son Evangile, ainsi que l’appel à la conversion, à l’accueil de la foi et à l’insertion dans l’Eglise ; de là ensuite naissent les chemins de foi et de catéchèse, la vie liturgique, le témoignage de la charité active” (Benoît XVI, Lettre au P. Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur des Salésiens, à l’occasion du 26ème Chapitre général, 1er mars 2008, n. 4).

A travers l’Eglise, le Seigneur Jésus nous appelle à réaliser une nouvelle évangélisation : “nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans ses expressions” (Jean-Paul II, Discours à l’assemblée du CELAM, 9 mars1983). Cela nous engage à préparer, avec créativité et audace, des itinéraires diversifiés pour conduire les jeunes à la rencontre personnelle avec le Christ, de manière qu’ils fassent mûrir la volonté de le suivre et deviennent des apôtres de l’Evangile, des constructeurs d’un monde nouveau. Cette tension est l’âme de toute notre intervention éducative ; nous devons la communiquer également aux laïcs en les impliquant de plus en plus dans des tâches pastorales.

25 Evangélisation et éducation

L’évangélisation demande de sauvegarder à la fois l’intégralité de l’annonce et la progression par étapes dans la proposition. Don Bosco eut cette double attention pour pouvoir proposer à tous les jeunes une profonde expérience de Dieu, en tenant compte de leur situation concrète.

Dans la tradition salésienne nous avons formulé ce rapport par diverses expressions : par exemple “d’honnêtes citoyens et de bons chrétiens” ou bien “évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant”. Nous percevons l’exigence de continuer la réflexion sur ce délicat rapport. En tout cas, nous sommes convaincus que l’évangélisation propose à l’éducation un modèle d’humanité pleinement réussie et que l’éducation, quand elle arrive à toucher le cœur des jeunes et développe le sens religieux de la vie, favorise et accompagne le processus d’évangélisation : “Sans éducation, en effet, il n’y a pas d’évangélisation durable et profonde, il n’y a pas de croissance et de marche vers la maturité, on n’obtient pas de changement de mentalité et de culture” (Benoît XVI, Lettre au P. Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur des Salésiens, à l’occasion du 26ème Chapitre général, 1er mars 2008, n. 4).

C’est pourquoi, dès le premier instant, l’éducation doit s’inspirer de l’Evangile et l’évangélisation doit s’adapter à la condition évolutive du jeune. C’est seulement ainsi qu’il pourra découvrir dans le Christ sa véritable identité personnelle et croître vers la pleine maturité ; c’est seulement ainsi que l’Evangile pourra toucher en profondeur son cœur, le guérir du mal et l’ouvrir à une foi libre et personnelle.

Conscients que nous sommes appelés à éduquer et à évangéliser aussi les mentalités, les langages, les mœurs et les institutions, nous nous engageons à développer le dialogue entre la foi, la culture et les religions ; cela aidera à éclairer avec l’Evangile les grands défis présentés à la personne humaine et à la société par des changements propres à notre époque et à transformer le monde au moyen du levain du Royaume.

26 Evangélisation dans les différents contextes

L’urgence de porter l’annonce du Seigneur Ressuscité nous entraîne à être confrontés à des situations qui résonnent en nous comme un appel et une préoccupation : les peuples non encore évangélisés, la laïcisation qui menace des terres de longue tradition chrétienne, le phénomène des migrations, les nouvelles et dramatiques formes de pauvreté et de violence, l’expansion de mouvements et de sectes. Nous sentons que nous sommes interpellés aussi par quelques événements, comme le dialogue œcuménique, le dialogue interreligieux et le dialogue interculturel, comme la nouvelle sensibilité pour la paix, pour la sauvegarde des droits de l’homme et pour celle de la création, comme les nombreuses expressions de solidarité et de volontariat qui de plus en plus se répandent dans le monde.

Ces éléments, reconnus dans les Exhortations apostoliques qui ont suivi les Synodes des divers continents, constituent des défis pour toute l’Eglise et nous engagent à trouver de nouvelles voies pour communiquer l’Evangile de Jésus Christ dans le respect et la mise en valeur des cultures locales. De là ressort l’exigence pour chacune de nos régions et chacune de nos provinces de s’efforcer de déterminer les formes les plus appropriées pour réaliser la mission commune dans la spécificité des contextes.

SITUATION

27 Communauté évangélisée et communauté évangélisatrice

Beaucoup de confrères vivent avec intensité la passion pour Dieu et pour les jeunes. Elle se manifeste dans le désir d’une vie consacrée plus prophétique, qui se caractérise par la profondeur spirituelle, la fraternité sincère et le courage apostolique. De cette manière, en vivant et en travaillant ensemble, ils ont le sentiment de pouvoir donner un témoignage authentique et joyeux du charisme et aussi le sentiment que, par leur intermédiaire, les jeunes sont attirés à être confrontés sérieusement à la proposition chrétienne et à la vie consacrée elle-même.

D’autre part, on rencontre la superficialité spirituelle, l’activisme frénétique, le style de vie bourgeoise, la faiblesse du témoignage évangélique, le dévouement non total à la mission. Cela se traduit par l’embarras éprouvé pour faire apparaître sa propre identité de personne consacrée et par la timidité pour accomplir une tâche apostolique. La complexité de certaines œuvres risque parfois d’absorber les énergies des confrères dans des tâches de gestion, ce qui affaiblit leur engagement premier d’éducateurs et d’évangélisateurs.

28 Place centrale de la proposition de Jésus Christ

L’éducation des jeunes à la foi, relancée par le CG23, voit l’engagement généreux de beaucoup de confrères pour proposer des expériences et des parcours diversifiés selon les âges, adaptés aux différentes conditions des jeunes et aux diverses réalités culturelles. Malgré cela, on constate que l’invitation à construire des itinéraires pour conduire les jeunes à rencontrer le Seigneur Jésus n’a pas été pleinement accueillie.

Nos initiatives ne sont pas toujours clairement orientées vers l’éducation de la foi. Les processus de catéchèse sont faibles et dans bien des cas ils ne suscitent pas chez les jeunes une vie sacramentelle convaincue et régulière, une véritable appartenance à l’Eglise et un courageux engagement apostolique. Le manque d’organisation et de continuité, fruit aussi d’une insuffisance de réflexion et d’étude, a parfois conduit à mettre en place une pastorale des initiatives et des événements plus que des processus. Dans d’autres cas les propositions n’ont pas été suffisamment insérées dans les parcours des églises locales.

Dans de nombreux contextes on fait l’expérience d’une certaine fatigue due à l’éloignement de la foi de la part des jeunes, aux résistances provoquées par une mentalité laïcisée répandue même parmi les familles, à un respect mal compris des traditions religieuses non chrétiennes, au manque de courage de la part des éducateurs.

29 Evangélisation et éducation

Nous percevons que le charisme salésien fait partie d’une manière vivante des Eglises locales et qu’il est estimé d’elles. Le Système préventif de Don Bosco est plus actuel que jamais et jouit en tout lieu d’une grande force d’attraction. Beaucoup de jeunes sont ouverts à la recherche d’un sens pour leur vie et disposés à accueillir une proposition sérieuse et courageuse d’éducation et de vie chrétienne. Il ne manque pas de jeunes prêts à prendre un engagement personnel direct dans l’évangélisation de leurs copains du même âge, en particulier dans le cadre d’associations. D’autres au contraire, victimes du manque d’attention à leur égard de la part de la société d’aujourd’hui, ont besoin de notre aide pour parvenir à avoir conscience des demandes profondes que pourtant ils portent en eux.

Nous constatons la croissance du nombre de laïcs et de membres de la Famille salésienne qui sont coresponsables non seulement pour des questions d’organisation, mais aussi dans la prise en charge de tâches pastorales dans nos œuvres et dans leur propre milieu de vie. Souvent, cependant, nous ne nous sommes pas préoccupés d’une manière adéquate de leur offrir une formation systématique.

Nous sommes héritiers d’une forte tradition dans le domaine de la recherche et des publications relatives à la catéchèse et à la pastorale des jeunes. Nous percevons toutefois qu’il y a le danger de voir diminuer cet engagement, étant donné la difficulté rencontrée pour trouver et préparer du personnel spécialisé et pour coordonner les initiatives. Nous percevons également la difficulté rencontrée pour être présents de manière significative dans le dialogue entre la foi, la culture et les religions qui constitue aujourd’hui un défi fondamental pour notre mission.

Une impulsion a été donnée aux institutions d’éducation supérieure pour répondre aux exigences de préparation scolaire et professionnelle des jeunes. Ces centres sont fréquentés par des étudiants de nationalités, de cultures et de religions diverses. Cela comporte l’engagement d’assurer non seulement la qualité de l’enseignement et de la recherche, mais aussi l’identité salésienne et la proposition d’évangélisation.

30 Evangélisation dans les différents contextes

Dans les régions de récente évangélisation nous rencontrons des milieux qui sont disposés à accueillir l’Evangile. L’emplacement en milieu populaire de nos œuvres permet le contact avec beaucoup de gens et offre la possibilité d’œuvrer de diverses manières au service de la foi. La missio ad gentes, qui est une partie essentielle de notre charisme, continue à susciter de l’enthousiasme chez des confrères qui s’offrent pour la mission et à impliquer de nombreux jeunes dans des projets de volontariat. Nous nous engageons à connaître et à comprendre les cultures, les langues, les religions et les traditions locales pour y insérer l’Evangile. Dans quelques pays en voie de développement il y a des communautés qui jouent un rôle prophétique dans le domaine de la justice sociale.

Dans les pays de longue tradition chrétienne il reste des expressions du sentiment religieux populaire qui sont une grande richesse pour la transmission de la foi et qui méritent d’être mieux conservées, développées et, si nécessaire, purifiées. Dans le monde occidental on perçoit cependant une crise diffuse de la culture qui s’inspire des valeurs chrétiennes, de manière que l’Eglise n’est plus une référence autorisée pour beaucoup de personnes et d’institutions. De là jaillit une difficulté particulière pour proposer l’Evangile et pour éduquer à la foi.

Beaucoup de nos œuvres ont une action qui se déroule dans un contexte, aux multiples religions, aux multiples ethnies et aux multiples cultures, qui présente de nouveaux défis et de nouvelles occasions à l’évangélisation. Dans ces œuvres apparaît d’une manière particulière la relation avec l’Islam, qui exige la définition de stratégies adéquates de dialogue et d’annonce. Là où n’est pas possible une annonce explicite ou immédiate de Jésus Christ, notre présence d’éducateurs chrétiens constitue un signe prophétique et dépose une graine précieuse d’évangélisation.

LIGNES D’ACTION

31 Processus à mettre en place pour le changement

Pour affronter les exigences de l’interpellation par Dieu et les défis qui proviennent de la situation et pour réaliser les lignes d’action qui en découlent, il est nécessaire de convertir les mentalités et de modifier les structures, en passant :

  • d’une mentalité qui privilégie les rôles de gestion directe à une mentalité qui privilégie la présence d’évangélisation au milieu des jeunes ;
  • d’une évangélisation faite d’événements sans continuité à un itinéraire systématique et intégral ;
  • d’une mentalité individualiste à un style communautaire qui implique les jeunes, les familles et les laïcs dans l’annonce de Jésus Christ ;
  • d’une attitude d’autosuffisance pastorale au partage des projets des églises locales ;
  • de la considération de l’efficacité de notre présence sur la base de l’estime qu’en ont les autres, à son évaluation sur la base de la fidélité à l’Evangile ;
  • d’une attitude de supériorité culturelle à un accueil positif des cultures qui sont différentes de la propre culture ;
  • du fait de considérer la Famille salésienne seulement comme une occasion de rencontre, de connaissance et d’échange d’expériences, à l’engagement d’en faire un véritable mouvement apostolique en faveur des jeunes ;
  • d’un modèle d’évangélisation orienté seulement vers la transformation de la personne à une évangélisation capable de viser aussi à la transformation des structures sociales et politiques.

Ligne d’action 4

Communauté évangélisée et communauté évangélisatrice

32 Mettre la rencontre avec le Christ dans la Parole et dans l’Eucharistie au centre de nos communautés, pour être des disciples authentiques et des apôtres crédibles.

33 Que le salésien

  • prévoie dans son projet personnel de vie le temps nécessaire pour la prière individuelle et la prière communautaire ; accomplisse avec soin la méditation de la Parole de Dieu ; accorde de la valeur au sacrement de la Réconciliation et donne une place centrale à l’Eucharistie quotidienne.

34 Que la communauté

  • prévoie dans le projet de vie communautaire des initiatives opportunes qui favorisent la place centrale de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie ;
  • implique les confrères âgés, selon ce qui leur est possible, dans le travail d’évangélisation, afin qu’ils y contribuent au moyen de leur expérience et de leur sagesse, comme aussi en qualité de guides spirituels et de confesseurs. 

35 Que la province

  • offre des parcours vers un renouveau fort ainsi que des moyens appropriés pour y aider, en prenant soin de la qualité des Retraites Spirituelles, des récollections mensuelles et de la lectio divina ;
  • assure un accompagnement adéquat pour la formation des confrères en stage pratique et des confrères du quinquennium.

Ligne d’action 5

Place centrale de la proposition de Jésus Christ

36 Proposer avec joie et courage aux jeunes de vivre l’existence humaine comme l’a vécue Jésus Christ.

37 Que le salésien

  • s’applique à une étude systématique et spirituelle de la Parole de Dieu, pour l’assimiler et trouver en Jésus l’inspiration, le critère et la fin de toute action éducative et pastorale ;
  • donne un témoignage de la foi, en racontant ce que la rencontre avec le Christ a opéré dans sa propre vie ;
  • se mette soigneusement à jour dans les disciplines dans lesquelles sont possibles une interprétation critique de notre temps et une proposition efficace de la foi.

38 Que la communauté

  • formule dans le projet éducatif et pastoral des itinéraires d’annonce, de catéchèse et d’éducation à la foi, appropriés à ses destinataires et à ses contextes ;
  • offre aux laïcs de la communauté éducative et pastorale, qui ont déjà effectué un choix pour la vie chrétienne, une formation qui puisse les aider à être des éducateurs de la foi ;
  • éduque les jeunes à la prière personnelle et développe avec soin un style de célébration qui puisse communiquer une expérience authentique de la rencontre joyeuse et vivante avec le Seigneur Jésus ;
  • propose fréquemment et avec une note éducative le sacrement de la Réconciliation comme étape essentielle du chemin de conversion et l’Eucharistie comme source et sommet de la vie chrétienne ;
  • favorise les associations de jeunes, comme lieu où les jeunes puissent être des protagonistes dans le chemin de la foi et dans le service rendu à leurs frères.

39 Que la province

  • revoie le projet éducatif et pastoral de la province dans l’optique de la nouvelle évangélisation, en déterminant les lignes les plus indiquées pour porter l’Evangile même dans les milieux et dans les situations qui présentent de nouveaux défis ;
  • renforce la préparation des confrères et des laïcs coresponsables dans le domaine des disciplines pastorales : pastorale des jeunes, catéchèse, liturgie, missiologie et communication sociale.

40 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • développe, par l’intermédiaire du Dicastère de la Formation, une préparation théologique et pastorale plus consistante dans les parcours de la formation spécifique.

Ligne d’action 6

Evangélisation et éducation

41 Veiller avec soin dans chaque milieu à rendre plus efficace l’intégration d’une évangélisation et d’une éducation selon la logique du Système préventif.

42 Que le salésien

  • donne de la valeur à la relation directe et cordiale avec chaque jeune en la considérant comme une modalité privilégiée pour le témoignage et l’annonce.

43 Que la communauté

  • examine son action pastorale pour vérifier si elle sauvegarde à la fois l’intégralité de l’annonce et la progression par étapes dans la proposition, selon la logique de l’itinéraire ;
  • s’intéresse au renouveau de la catéchèse et s’ouvre aux nouvelles formes d’accompagnement d’enfants, de jeunes et d’adultes dans le parcours de l’initiation chrétienne ;
  • s’occupe de la formation de la conscience morale et qu’elle éduque les jeunes à l’engagement social et politique en s’inspirant de la doctrine sociale de l’Eglise ;
  • favorise d’opportunes réflexions sur le rapport entre la foi, la culture et les religions pour annoncer l’Evangile au sein des grandes questions qui traversent la conscience de l’homme d’aujourd’hui.

44 Que la province

  • fasse en sorte que d’une manière sûre toutes les œuvres, au moyen de l’action éducative, réalisent un réel travail d’évangélisation ; 
  • prépare du personnel et favorise des initiatives de formation qui puissent aider à mettre en valeur la communication sociale en vue de l’éducation et de l’évangélisation ;
  • accompagne et vérifie la qualité de l’enseignement de la religion et de la catéchèse dans nos milieux.

45 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • s’emploie, par l’intermédiaire des Dicastères compétents, à l’approfondissement du rapport entre l’évangélisation et l’éducation, pour actualiser le Système préventif et faire correspondre le cadre de référence de la pastorale des jeunes au changement des conditions culturelles ;
  • favorise, par l’intermédiaire du Dicastère de la Pastorale des Jeunes, une réflexion sur l’apport que le critère constitué par l’Oratoire (cf. Const. 40) peut offrir pour le renouveau de la catéchèse conduit dans l’Eglise.

Ligne d’action 7

Evangélisation dans les différents contextes

46 Adapter à la culture le processus d’évangélisation pour apporter une réponse aux défis des contextes régionaux.

47 Que le salésien

  • apprenne les langues des peuples avec lesquels il travaille afin d’assurer une évangélisation qui soit vraie et insérée dans la culture.

48 Que la communauté

  • fasse l’étude et le projet des interventions, des méthodes et des stratégies d’évangélisation des jeunes de son contexte de vie, en relation avec la culture et les choix des églises locales ;
  • dans un contexte plurireligieux, qu’elle forme des jeunes et des adultes chrétiens à être des disciples missionnaires, dans le respect des autres traditions religieuses.

49 Que la province

  • accompagne chaque communauté dans l’établissement du projet de réponses spécifiques aux défis du contexte dans lequel elle travaille ;
  • propose aux confrères et aux laïcs des initiatives de formation sur le thème de l’insertion de la foi dans la culture ;
  • encourage l’esprit missionnaire, mette généreusement à la disposition du Recteur majeur du personnel salésien pour la missio ad gentes et favorise les vocations missionnaires également parmi les laïcs et les familles ;
  • éduque les confrères en formation initiale à la sensibilité missionnaire et au dialogue avec les différentes traditions, culturelles comme religieuses.

50 Que la région

  • anime les provinces pour qu’elles soient effectivement à même de développer l’évangélisation en tenant compte du contexte, selon les indications des Conférences Episcopales et des Synodes des Continents, et en partageant les expériences plus significatives.

51 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • favorise des expériences de communautés interculturelles qui soient un signe de communion et de fraternité et aident à l’évangélisation dans des contextes multiculturels et multiethniques ;
  • accompagne au moyen d’indications opportunes, par l’intermédiaire des Dicastères pour la mission salésienne, l’action d’évangélisation et d’éducation en faveur de jeunes et de familles d’autres religions.

III. NÉCESSITÉ D’APPELER

“Levez les yeux et regardez ; déjà les champs sont blancs pour la moisson” (Jn 4, 35).

INTERPELLATION PAR DIEU

« En réponse aux besoins de son peuple, le Seigneur ne cesse d’adresser des appels à le suivre et de prodiguer les dons les plus variés pour le service de son Royaume. Nous sommes persuadés que beaucoup de jeunes sont riches de ressources spirituelles et présentent des germes de vocation apostolique. Nous les aidons à découvrir, à accueillir et à mûrir le don de la vocation, qu’elle soit laïque, consacrée ou sacerdotale, pour le bien de toute l’Eglise et de la Famille salésienne. Avec la même attention, nous prenons soin des vocations d’adultes » (Const. 28).

52 Témoignage comme première proposition de vocation

Nous reconnaissons avec gratitude que la vocation salésienne est une grâce que nous avons reçue de Dieu. Il nous a appelés à vivre à la suite du Christ obéissant, pauvre et chaste, à l’intérieur d’une communauté fraternelle, avec une mission auprès des jeunes, selon l’exemple de Don Bosco. La générosité de confrères et l’exemple de communautés qui vivent la primauté de Dieu, l’esprit de famille et le don de soi à la mission sont la première et la plus belle proposition de vocation que nous puissions offrir aux jeunes.

Nous sommes conscients qu’un jeune découvre l’appel à la vie consacrée salésienne quand il rencontre une communauté significative, un modèle dans lequel il peut trouver son identité, une expérience de vie spirituelle et d’engagement apostolique, l’aide d’un guide qui l’accompagne vers le choix du Christ et le don de soi.

Le manque de vocations vécu par quelques provinces, tandis qu’il nous oblige à une inévitable vérification, nous interpelle à intensifier l’authenticité de notre vie et à faire grandir notre capacité à faire des propositions. Nous sommes, en effet, convaincus que Dieu continue à appeler beaucoup de jeunes au service du Royaume et que les facteurs qui peuvent favoriser leur réponse sont divers.

53 Vocations à l’engagement apostolique

Nous ressentons aujourd’hui plus fortement que jamais le défi d’établir une culture de la vocation dans chaque milieu, de manière que les jeunes découvrent la vie comme un appel et que toute la pastorale salésienne devienne réellement une pastorale de la vocation. Cela demande d’aider les jeunes à surmonter la mentalité marquée d’individualisme et la culture de l’autoréalisation, qui les pousse à projeter l’avenir sans se mettre à l’écoute de Dieu ; cela demande aussi d’impliquer et de former les familles et les laïcs.

Un engagement particulier doit être porté pour susciter chez les jeunes la passion apostolique. Comme Don Bosco nous sommes appelés à les encourager à être apôtres de leurs copains, à assumer diverses formes de service ecclésial et social, à s’engager dans des projets missionnaires. Pour favoriser un choix de vocation avec engagement apostolique, on devra proposer à ces jeunes une vie spirituelle plus intense et un accompagnement personnel systématique.

Tel est le terrain dans lequel fleuriront des familles capables d’un témoignage authentique, des laïcs engagés à tous les niveaux dans l’Eglise et dans la société et aussi des vocations pour la vie consacrée et pour le ministère.

54 Accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne

Don Bosco, tout en œuvrant avec une inlassable générosité pour encourager diverses formes de vocations dans l’Eglise, appelait quelques jeunes à demeurer pour toujours avec lui. Pour nous aussi, la proposition de la vocation consacrée salésienne, adressée aux jeunes, fait partie de la fidélité à Dieu en raison du don reçu. C’est à cela que nous pousse le désir de partager la joie de suivre le Seigneur Jésus, en demeurant avec Don Bosco, pour donner de l’espérance à de nombreux autres jeunes du monde entier.

Encourager les vocations consacrées exige quelques choix fondamentaux : la prière constante, l’annonce explicite, la proposition courageuse, le discernement sérieusement mené, l’accompagnement personnalisé. La prière doit être un engagement quotidien des communautés et doit impliquer les jeunes, les familles, les laïcs, les groupes de la Famille salésienne. L’annonce demande de mettre en valeur les multiples occasions qui se présentent dans le cours de l’année liturgique pour parler de la vocation. La proposition et le discernement exigent cette proximité cordiale qui suscite la confiance et permettent de deviner les signes de vocation qu’un jeune peut manifester. L’accompagnement demande d’aider les jeunes à intensifier leur vie spirituelle, à faire l’expérience de formes adaptées d’apostolat, à vivre l’expérience de vie en communauté, à connaître la Congrégation, à vérifier les motivations et à mettre en œuvre les dynamiques qui conduisent à une décision.

Nous reconnaissons qu’il est nécessaire que chaque province ait des communautés de vocations ou des maisons de vocations qui puissent accueillir les jeunes en recherche pour eux-mêmes d’une rencontre avec la vie consacrée salésienne. D’autre part, dans l’animation des vocations, il faut mettre en valeur, avec des modalités diverses, l’apport indispensable des familles.

55 Les deux formes de la vocation consacrée salésienne

Don Bosco a voulu que la Congrégation se caractérise par la présence, sous l’angle de la complémentarité, de salésiens laïcs et de salésiens marqués d’un ministère ordonné. Nous sommes donc appelés à rendre prioritaire et visible l’unité de la consécration apostolique, tout en la réalisant sous les deux formes différentes. Ce que nous pouvons faire en renforçant la primauté de Dieu et la suite radicale du Christ en tant que fondement de notre vie.

La consécration apostolique salésienne donne à la manière d’être un ministre ordonné la connotation particulière d’éducateur, en mettant l’annonce de la Parole, la célébration liturgique et la conduite de la communauté au service de la croissance des jeunes ; c’est l’apport spécifique que doit offrir le ministre aux communautés éducatives et pastorales, ainsi qu’aux Eglises locales.

La même consécration caractérise le salésien coadjuteur, en en faisant un éducateur et un évangélisateur à plein temps, capable de porter dans tous les domaines de l’éducation et de la pastorale la valeur de son état de laïc et d’être proche des jeunes et des réalités du travail (cf. Const. 45).

Conscients que la Congrégation compromettrait son identité, si elle ne conservait pas cette complémentarité, nous sommes appelés à approfondir l’originalité salésienne du ministère ordonné et à soutenir davantage la vocation du salésien coadjuteur.

SITUATION

56 Témoignage comme première proposition de vocation

Beaucoup de confrères respirent la joie de vivre et s’emploient pour établir un milieu favorable à la naissance des vocations. L’attitude d’un bon nombre de salésiens qui accueillent les jeunes avec des gestes simples mais significatifs, tels que la salutation cordiale, la conversation amicale, la présence pleine d’animation, devient un témoignage pour la vocation. L’exemple d’un âge avancé serein et actif et l’offrande patiente des confrères malades, qui savent donner à leur vie “une nouvelle signification apostolique” (Const. 53), peut faire connaître aux jeunes la beauté d’une existence donnée et encore féconde.

Le manque de vocations a sensibilisé les communautés et les confrères à la réflexion sur la manière de mener aujourd’hui une animation au sujet des vocations. En invitant les jeunes, les laïcs et les familles à se joindre à elles, beaucoup de communautés prient pour les vocations, avec différentes modalités de prière et de célébration.

D’autre part, notre vie ne manifeste pas toujours la place centrale de Dieu et un style inspiré par les béatitudes. Parfois nous ne sommes pas disponibles pour accueillir les jeunes en communauté. Nous trouvons aussi des difficultés pour assurer un accompagnement éducatif et spirituel. L’individualisme sur le plan pastoral affaiblit la valeur du “vivre et travailler ensemble” et rend peu crédible l’invitation à partager notre vie fraternelle. Les comportements qui ne sont pas en accord avec la vie consacrée, en particulier avec le vœu de chasteté, et les sorties de la Congrégation influent négativement sur les choix des jeunes. Egalement la culture propagée par les médias, qui souvent banalisent l’affectivité et offrent une image déformée de la personne consacrée, constitue un obstacle pour qu’on puisse se reconnaître dans cette vocation.

57 Vocations à l’engagement apostolique

Beaucoup de communautés s’appliquent à attribuer de l’importance à la dimension de la pastorale des jeunes sur le plan de la vocation. Néanmoins, on constate le risque d’une action menée dans l’improvisation et au rythme des occasions ; souvent on propose des expériences significatives mais isolées, fruit d’activités non coordonnées entre la pastorale des jeunes et l’animation des vocations.

La crise de la famille, la mentalité courante qui est empreinte de relativisme et qui porte à un usage immodéré des biens de consommation, l’influence négative des médias sur la conscience et sur les comportements constituent un obstacle fort pour la culture des vocations. Nous n’avons pas toujours rendu sensibles de manière opportune les communautés éducatives et pastorales aux questions de l’apostolat et des vocations ; et nous n’avons pas toujours mis en valeur la coresponsabilité dei laïcs et la collaboration avec les groupes de la Famille salésienne.

La présence de nombreux jeunes dans nos milieux est l’occasion pour développer le dialogue sous l’angle de l’éducation, pour entrer en confidence, pour les aider à découvrir les desseins de Dieu sur leur vie, pour les inviter au don de soi. Cependant nous ne savons pas toujours susciter en eux le désir de devenir apôtres parmi leurs copains, au moyen de la proposition de parcours spirituels et d’engagements diversifiés de service. Nous risquons de cette façon d’abaisser au plus bas le niveau de la proposition et de ne pas savoir susciter des vocations apostoliques, en nous privant du contexte naturel dans lequel peuvent mûrir des vocations dans une consécration spéciale.

58 Accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne

Il y a quelques provinces qui ont un engagement pour les vocations bien structuré et partagé. Elles ont mis en place des groupes de recherche, des récollections spirituelles dont le thème porte sur la vocation, des expériences de volontariat, des communautés qui constituent une proposition et de nouvelles formes de maison de vocations. Elles utilisent aussi les moyens de la communication sociale pour favoriser la connaissance du charisme de Don Bosco.

Est assez courante la pratique de faire rencontrer les confrères en formation initiale avec les jeunes en recherche de vocation ; cela s’avère particulièrement utile parce que les jeunes, au moyen de ce témoignage, peuvent découvrir la vie consacrée comme une modalité attrayante de vie chrétienne.

Les adolescents et les jeunes sont généreux, mais ils montrent des difficultés à assumer un engagement suivi. La mentalité du recrutement porte quelquefois à avoir des candidats à la vie consacrée qui présentent de la fragilité dans leurs motivations. Malheureusement certains jeunes sont introduits dans les étapes de formation sans avoir l’aptitude suffisante. D’autres ont derrière eux une situation familiale difficile qu’il faut connaître et dont il faut tenir compte de manière à ne pas compromettre leur marche vers la maturité. L’animation des vocations est orientée presque exclusivement vers les étudiants, tandis que nous négligeons les jeunes ouvriers.

Dans l’accompagnement spirituel on trouve parfois un manque de préparation chez les salésiens. En outre, dans l’organisation des initiatives et des propositions en vue de la vocation, on note encore des faiblesses tant au niveau provincial qu’au niveau local. Quand la continuité n’est pas assurée au moyen de projets, le changement de fonction des confrères engagés dans l’animation des vocations s’avère particulièrement délicat. Dans quelques provinces il n’y a pas de communautés d’accompagnement des vocations.

59 Les deux formes de la vocation consacrée salésienne

Beaucoup de salésiens prêtres vivent leur ministère au service des jeunes, dans un style éducatif fidèle aux intuitions de Don Bosco. Dans quelques cas cependant on rencontre un vague pastoral et une prise en charge partielle de l’identité charismatique. Cela invite à caractériser de mieux en mieux les itinéraires de la formation spécifique.

Souvent la vocation du salésien coadjuteur n’est pas connue, car il se trouve qu’elle a peu de visibilité et qu’elle est faiblement présentée. Cela dépend entre autres de sa mise en œuvre, pour la majorité des cas, dans des rôles de gestion et pas directement dans l’activité auprès des jeunes. Dans les maisons de vocations, dans les prénoviciats et les noviciats, cette figure n’est pas toujours présentée avec un relief adéquat. Dans certains contextes demeure le préjugé que la vocation du salésien prêtre est plus importante que celle du coadjuteur. Egalement la diminution de notre présence au milieu des jeunes ouvriers a pesé négativement sur la proposition de cette vocation.

Là où, au contraire, pour un nombre significatif, des salésiens coadjuteurs, culturellement et professionnellement qualifiés, sont placés dans des rôles de responsabilité, alors on favorise la visibilité de cette vocation et on suscite chez les jeunes le désir de la suivre. La naissance dans toutes les régions de l’étape de la formation spécifique du salésien coadjuteur a été positive.

LIGNES D’ACTION

60 Processus à mettre en place pour le changement

Pour affronter les exigences de l’interpellation par Dieu et les défis qui proviennent de la situation et pour réaliser les lignes d’action qui en découlent, il est nécessaire de convertir les mentalités et de modifier les structures, en passant :

  • du fait de penser que nous sommes les protagonistes de l’animation des vocations au fait de reconnaître humblement que nous sommes comme des intermédiaires de l’action de Dieu ;
  • d’une proposition occasionnelle et vague à la mise en place d’un projet bâti avec attention et bien ciblé, qui puisse établir une culture des vocations ;
  • d’une animation des vocations gérée par nous-mêmes tout seuls à des projets partagés avec les groupes de la Famille salésienne et avec l’Eglise locale ;
  • de la manière de concevoir l’animation des vocations comme une réponse au problème du manque de vocations au goût retrouvé d’aider les jeunes à découvrir le projet de Dieu ;
  • d’une mentalité qui fait déléguer l’animation des vocations à quelques personnes responsables à l’implication de tous, confrères, communautés et laïcs ;
  • d’une animation des vocations détachée de la pastorale des jeunes à une animation comprise et vécue comme le couronnement de la pastorale des jeunes elle-même.

Ligne d’action 8

Témoignage comme première proposition de vocation

61 Témoigner avec courage et avec joie de la beauté d’une vie consacrée, toute donnée à Dieu dans la mission auprès des jeunes.

62 Que le salésien

  • maintienne vive la conscience du don de sa vocation personnelle, en assumant une attitude de reconnaissance à l’égard de Dieu ;
  • s’engage dans le témoignage d’une vie remplie de joie et partage l’histoire de sa vocation personnelle, lorsque l’occasion s’en présente ;
  • veille avec soin à être fidèle dans sa vocation en ayant recours constamment à l’accompagnement spirituel ; dans les moments de difficulté qu’il accorde aussi de la valeur aux aides offertes par les sciences humaines ;
  • prie chaque jour pour les vocations ;
  • transforme, au moment de l’âge avancé et en temps de maladie, la patience réclamée par les désagréments et par les souffrances en une offrande, empreinte de confiance, pour les vocations.

63 Que la communauté

  • ouvre la maison aux jeunes, en particulier à ceux qui sont en discernement de leur vocation, en les invitant à partager les principaux moments de la vie communautaire ;
  • soutienne le chemin vers la maturité affective des confrères, en les aidant surtout dans les moments difficiles ;
  • examine chaque année son propre témoignage de vie ;
  • propose des occasions de prière pour les vocations, en impliquant aussi les jeunes.

64 Que la province

  • développe fortement chez les confrères un sens d’appartenance pour qu’ils témoignent de la valeur du “vivre et travailler ensemble”.

Ligne d’action 9

Vocations à l’engagement apostolique

65 Susciter chez les jeunes l’engagement apostolique pour le Royaume de Dieu avec la passion du "Da mihi animas, caetera tolle" et favoriser leur formation.

66 Que le salésien

*soit convaincu que chaque jeune reçoit une mission de Dieu ; qu’il l’accompagne à la découvrir.

67 Que la communauté

  • élabore une proposition d’animation des vocations adaptée au contexte, en impliquant la communauté éducative et pastorale, la Famille salésienne, en tenant compte des choix de l’Eglise locale et en assurant des ressources économiques ;
  • s’occupe de la pastorale familiale au moyen d’expériences de rencontre, de réflexion, de prière, pour que les parents soient ouverts à la vocation de leurs enfants ;
  • mette en valeur les ressources qu’apportent sur le plan de l’apostolat et de la vocation les associations, le volontariat et l’animation missionnaire ;
  • saisisse les occasions offertes par l’année liturgique pour l’animation des vocations ;
  • présente avec conviction la figure du salésien coopérateur, en tant que proposition d’une vocation apostolique laïque.

68 Que la province

  • élabore une proposition d’animation des vocations dans le cadre du projet éducatif et pastoral de la province ; assure les conditions pour que le directeur puisse jouer le rôle de premier animateur des vocations et renforce la figure du co* ordinateur pastoral de chaque œuvre ;
  • offre aux jeunes des expériences de service apostolique, de travail dans des associations et de volontariat ;
  • collabore avec les groupes de la Famille salésienne, avec l’Eglise locale et avec les autres instituts de vie consacrée dans le soutien des vocations.
  • favorise la mise à jour des salésiens et des laïcs coresponsables sur le discernement de la vocation et sur l’accompagnement ;
  • investisse, de manière appropriée, des ressources d’ordre économique et des ressources en personnel pour les initiatives d’animation des vocations.

Ligne d’action 10

Accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne

69 Faire la proposition explicite de la vie consacrée salésienne et promouvoir de nouvelles formes pour l’accompagnement des vocations et pour la maison de vocations.

70 Que le salésien

  • apprenne à reconnaître les signes de vocation que les jeunes manifestent ; qu’il ait à cœur de leur proposer la vie consacrée salésienne ;
  • soit disponible pour assurer un accompagnement spirituel, en veillant à sa préparation personnelle.

71 Que la communauté

  • organise des rencontres et des groupes de vocations avec un itinéraire pour le discernement et l’accompagnement ;
  • oriente les jeunes, qui y sont préparés, vers la participation aux propositions provinciales de discernement de la vocation en vue de la vie consacrée salésienne.
  • mette en valeur les fêtes et les événements habituellement soulignés concernant nos saints, ainsi que les anniversaires des professions religieuses et des ordinations, en en faisant une occasion d’animation des vocations ;
  • favorise le partage d’expériences sur la manière d’accompagner les jeunes dans le chemin de vocation.

72 Que la province

  • étudie la possibilité de nouvelles formes de maison de vocations pour avoir une ou plusieurs communautés dans lesquelles soit * réalisé l’accompagnement de la vocation des jeunes candidats ;
  • favorise la réflexion et la collaboration entre la pastorale des jeunes et la formation ;
  • propose des initiatives d’animation des vocations selon les tranches d’âge, en couvrant toute la période de l’évolution et en prêtant attention à leur marche vers la maturité affective ;
  • collabore avec les groupes consacrés de la Famille salésienne pour des propositions de vocation adressée également aux jeunes filles ;
  • prévoie des propositions spécifiques de vocation pour les jeunes immigrés de familles catholiques ou de minorités ethniques et pour les autochtones ;
  • tienne davantage compte, dans le discernement de la vocation, des critères indiqués dans la Ratio ;
  • implique les jeunes confrères dans l’animation des vocations au niveau local et au niveau provincial.

73 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • développe, par l’intermédiaire du Dicastère de la pastorale des jeunes et du Dicastère de la formation, une réflexion sur de nouvelles formes de maison de vocations et sur l’accompagnement spirituel ; et qu’il offre aux provinces les indications opportunes ;
  • étudie, avec le Dicastère de la formation, le Dicastère de la pastorale des jeunes et le Dicastère des missions, les problèmes concernant l’âge des candidats, les parcours spécifiques pour les vocations d’autochtones, les critères pour l’acceptation de ceux qui viennent d’autres expériences de vocation.

Ligne d’action 11

Les deux formes de la vocation consacrée salésienne

74 Développer la complémentarité et la spécificité des deux formes de l’unique vocation salésienne et assumer un engagement renouvelé pour la vocation du salésien coadjuteur.

75 Que le salésien

  • accorde de la valeur et favorise l’unicité de la vocation consacrée salésienne dans ses formes complémentaires.

76 Que la communauté

  • soit aux côtés des confrères ordonnés pour que leur ministère soit empreint du charisme éducatif, en privilégiant les engagements pastoraux qui ont pour but direct les jeunes ;
  • favorise la présence des confrères coadjuteurs au milieu des jeunes dans des rôles d’animation éducative et pastorale, et pas seulement dans des secteurs d’organisation ou d’administration ;
  • fasse connaître la figure du salésien coadjuteur, en présentant les modèles les plus significatifs de cette vocation.

77 Que la province

  • fasse de la célébration de la profession perpétuelle une occasion pour approfondir et expliquer la complémentarité des deux formes de la vocation salésienne ;
  • favorise, là où c’est possible, la présence de salésiens coadjuteurs dans les différents services d’animation de la province, en particulier dans l’animation des vocations et dans la commission provinciale pour la formation ;
  • soutienne la formation spécifique du salésien coadjuteur, qui est en train de se réaliser au niveau régional ou au niveau interrégional.

78 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • développe une réflexion sérieuse et mise à jour sur la complémentarité et la spécificité des deux formes de vocation consacrée salésienne de la Congrégation.

IV. PAUVRETÉ ÉVANGÉLIQUE

“Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi” (Mt 19, 21).

INTERPELLATION PAR DIEU

« Don Bosco a vécu la pauvreté comme un détachement du cœur et un service généreux de ses frères, dans un style de vie austère, ingénieux et riche d’initiatives. A son exemple, nous vivons nous aussi dans le détachement de tout bien terrestre et, avec un esprit entreprenant, nous participons à la mission de l’Eglise et à son effort pour la justice et la paix, en particulier par l’éducation de ceux qui sont dans le besoin. Le témoignage de notre pauvreté, vécue dans la communion des biens, aide les jeunes à surmonter l’instinct de possession égoïste et les ouvre au sens chrétien du partage » (Const. 73).

79 Témoignage personnel et témoignage communautaire

En assumant la condition humaine, le Seigneur Jésus a choisi de naître et de vivre pauvrement, s’est confié totalement au Père et a partagé la situation de vie des pauvres, en les proclamant bienheureux en tant que destinataires de la Bonne Nouvelle et héritiers du Royaume. Il a demandé à quelques-uns de tout quitter pour le suivre de plus près : par leur vie, ils annonceraient que Dieu est la vraie richesse. C’est de cet appel que naît la pauvreté du salésien, pauvreté qui exprime l’abandon confiant entre les mains du Père, la proximité et le service des pauvres, la béatitude d’une existence remplie de l’amour pour Dieu et pour les frères.

Don Bosco, homme aux humbles origines, fit l’expérience dès l’enfance des privations et des valeurs d’une existence pauvre. A l’école de maman Marguerite il apprit le goût pour le travail et la sobriété, la sérénité dans les épreuves et la solidarité avec ceux qui sont dans le besoin. En mettant une confiance totale dans la Providence, il décida de vivre pauvrement et de dépenser toutes ses énergies pour les jeunes auxquels Dieu l’avait envoyé : “Pour vous j’étudie, pour vous je travaille, pour vous je vis, pour vous je suis disposé à donner jusqu’à ma vie” (Const. 14). Le détachement de tout ce qui rend insensible à Dieu et fait obstacle à la mission est le sens profond du cetera tolle et constitue le critère pour vérifier notre manière de vivre la pauvreté.

La première manifestation de la pauvreté est la remise totale de soi à Dieu, dans la disponibilité aux exigences des jeunes ; cela comporte le renoncement à soi-même et aux projets individuels pour partager ceux de la communauté. Conscients de l’avertissement de Don Bosco au sujet des commodités de l’existence et du confort, nous sommes appelés à vivre un style de vie austère, à assumer un travail inlassable sans céder à l’activisme, à maintenir notre cœur libéré de l’attachement à des biens et à des instruments. En particulier la communauté se sent appelée à rechercher des formes institutionnelles de témoignage qui expriment une pauvreté crédible et prophétique.

80 Solidarité avec les pauvres

En raison de notre vocation, nous sommes appelés à nourrir, avec une attention et un sens du partage, une écoute du cri des pauvres et à leur proposer l’annonce du Royaume en tant que fondement de la véritable espérance et du vrai levain d’un monde nouveau. Cela comporte le choix préférentiel pour les jeunes qui sont le plus dans le besoin, l’attention à ce qui leur est nécessaire, le partage de leur situation, l’abandon, en la surmontant, d’une mentalité qui ne connaît que des gestes d’assistance à outrance et de paternalisme, l’engagement à faire d’eux les protagonistes de leur développement.

Fidèles à notre charisme, nous ne nous contentons pas d’offrir des aides immédiates, mais nous entendons dénoncer et contrecarrer les causes de l’injustice, en contribuant à établir une culture de la solidarité, en développant par l’éducation la conscience morale, la citoyenneté active, la participation politique, le respect du milieu, en proposant des initiatives et des projets d’intervention, en collaborant avec des organismes et des institutions qui favorisent la vie. Cet engagement demande de renouveler dans les communautés et dans les milieux éducatifs la sensibilité à ces thèmes et de surmonter l’embourgeoisement qui provoque de l’indifférence au drame mondial de la pauvreté.

81 Gestion responsable et solidaire des ressources

Don Bosco nous rappelle “que ce que nous avons n’est pas à nous, mais aux pauvres ; malheur à nous si nous n’en faisons pas un bon usage” (Const. 79). La pratique de la pauvreté demande, pour les ressources qui nous sont confiées, une gestion qui soit en accord avec les buts de la mission, responsable, transparente et solidaire. Cela signifie entre autres une présentation des comptes claire et complète, un usage raisonnable et optimal des biens immeubles, un esprit d’initiative pour trouver les ressources nécessaires pour assurer les conditions de maintien des œuvres, le respect des règles dans les contrats de travail, l’attention à la situation du milieu social dans lequel nous sommes placés, la démarche pour redécouvrir la valeur de la gratuité dans l’hospitalité et pour certains services rendus, la solidarité avec les communautés, les provinces et la Congrégation.

Les défis de l’illégalité courante, de l’injustice planétaire et de l’accaparement des biens de la part d’un petit nombre de personnes nous appellent à dénoncer ces scandales et à élaborer une culture de ce qui est essentiel, de la distribution équitable des ressources, du développement soutenable. La pauvreté assume de cette façon une forte valeur éducative : elle affirme la primauté de l’être sur l’avoir, réalise une authentique solidarité chrétienne avec les pauvres, conteste les styles de vie marqués par la consommation à outrance.

SITUATION

82 Témoignage personnel et témoignage communautaire

En général les confrères offrent le témoignage d’un travail généreux et d’un don de soi gratuit jusqu’à un âge avancé, en mettant au service des pauvres ce qu’ils sont et ce qu’ils ont ; malgré la diminution du nombre des confrères, les communautés font marcher de nombreuses œuvres sur des fronts diversifiés.

Parfois nous risquons de réduire l’exercice de la pauvreté à n’être qu’une question de dépendance du supérieur ; on constate aussi une gestion irrégulière de l’argent et de comptes personnels. La sobriété n’est pas toujours vécue dans la nourriture, dans le logement, dans les voyages, dans l’utilisation des instruments de communication, dans l’organisation des temps de repos, dans le soin de la santé. Dans certains contextes se produisent, d’une manière exagérée, un attachement et un soutien à la famille d’origine, qui ne sont pas en accord avec le vœu de pauvreté.

Dans de nombreuses communautés on vit le partage des biens et l’on aide les familles qui se trouvent dans la gêne. Il y a des confrères qui prêtent leurs services pour l’administration et l’entretien de la maison, mais l’augmentation en nombre du personnel salarié risque d’affaiblir la coresponsabilité dans les services communs. N’étant ni impliqués dans la gestion économique de la communauté ni suffisamment informés, certains sont portés à ne pas se rendre compte des difficultés de la maison, du coût de la vie, des problèmes quotidiens affrontés par les pauvres. Et le scrutinium paupertatis ne réussit pas toujours à modifier des pratiques incorrectes.

La formation initiale semble parfois être dépourvue de l’attention à la pauvreté évangélique vécue concrètement dans le quotidien : on connaît les implications du vœu de pauvreté, mais on n’apprend pas sur le plan de la pratique à penser et à vivre en pauvre.

83 Solidarité avec les pauvres

Nombreuses sont les interventions pour contrecarrer les formes les plus graves de pauvreté, comme l’accueil des immigrés, les projets de soutien au développement, l’aide aux peuples éprouvés par la guerre et par des calamités naturelles, la promotion humaine dans les territoires de mission. Le travail que nous effectuons dans les institutions scolaires pour éduquer aux exigences de la justice et à la cause de la paix est important ; dans ces institutions nous proposons la culture de la solidarité au moyen d’initiatives en faveur de ceux qui sont le plus dans le besoin et en faveur des exclus. Nous travaillons pour les pauvres, mais parfois ce n’est pas auprès d’eux et avec eux : en effet, nous ne sommes pas toujours attentifs à favoriser leur action de protagonistes dans les projets de développement. On remarque chez quelques confrères la résistance pour aller vers les jeunes qui sont le plus dans le besoin et pour s’offrir à rejoindre de nouvelles présences sur le secteur d’action contre les pauvretés des jeunes.

Les structures imposantes, qui parfois ne sont plus significatives eu égard au contexte social, les moyens souvent coûteux et tape-à-l’œil, un emploi incongru de l’argent, tout cela risque de ne pas donner un témoignage de pauvreté communautaire et institutionnelle. D’autre part certaines œuvres, commencées en faveur des plus pauvres, se sont peu à peu tournées vers les classes moyennes.

84 Gestion responsable et solidaire des ressources

De nombreux efforts ont été effectués pour obtenir une plus grande transparence dans l’administration, en particulier au moyen d’une rédaction plus soignée du bilan, une meilleure utilisation des bâtiments, un respect croissant de la réglementation en vigueur, une solidarité efficace au niveau provincial. Nous encourage le fait que des bienfaiteurs privés, des institutions ecclésiastiques et publiques continuent à avoir confiance dans notre travail et à accorder des fonds pour soutenir nos œuvres.

Pour la gestion des ressources économiques nous n’avons pas toujours la compétence nécessaire ; malgré l’engagement pour qualifier les économes, tous ne jouissent pas d’une préparation adéquate. La pratique du budget est peu courante. Dans le rapport avec les employés on note parfois un style patronal, peu respectueux de leur dignité ; il faut sans cesse nous rappeler à être plus attentifs à la pratique d’une justice sociale vis-à-vis d’eux. On a aussi du mal à rendre coresponsables les laïcs dans les choix de gestion.

Les urgences et la complexité croissante de certaines activités risquent de faire de l’œuvre salésienne une entreprise, avec le danger d’excès dans l’importance donnée au fonctionnement et dans la recherche du rendement, surtout quand s’affaiblit la préoccupation pour les buts pastoraux. Dans la conduite de projets de grandes dimensions, relatifs à de nouvelles structures et à des restructurations, on risque de perdre des énergies, du temps et de l’argent.

LIGNES D’ACTION

85 Processus à mettre en place pour le changement

Pour affronter les exigences de l’interpellation par Dieu et les défis qui proviennent de la situation et pour réaliser les lignes d’action qui en découlent, il est nécessaire de convertir les mentalités et de modifier les structures, en passant :

  • d’un dévouement apostolique peu convaincu à un don de soi inconditionné aux exigences de la mission ;
  • d’une estime théorique et d’une observance formelle de la pauvreté à la pratique effective et à la vraie liberté intérieure dans l’esprit des béatitudes ;
  • d’une connaissance vague et indifférente des situations de pauvreté à une solidarité concrète avec les pauvres et un plus grand engagement pour la justice sociale ;
  • d’une mentalité ne considérant que les problèmes locaux et renfermée sur elle-même, à une solidarité provinciale et mondiale ;
  • d’une compétence inadéquate à une approche plus professionnelle dans l’administration ;
  • d’une mentalité de patron dans la gestion des ressources à la conscience que nous sommes les administrateurs de biens qui nous sont confiés.

Ligne d’action 12

Témoignage personnel et témoignage communautaire

86 Donner un témoignage crédible et courageux de pauvreté évangélique, portée dans la vie personnelle et dans la vie communautaire selon l’esprit du "Da mihi animas, caetera tolle".

87 Que le salésien

  • développe le détachement intérieur en se rappelant les paroles de Don Bosco : “la pauvreté, il faut l’avoir dans le cœur pour la pratiquer” ;
  • exprime la pauvreté par un travail marqué par l’assiduité et le sacrifice, en ayant horreur de la paresse et de la frénésie ; qu’il prête aussi son concours pour les travaux et les services de la maison ;
  • ait soin de sa santé et programme, en accord avec la communauté, les temps opportuns de repos ;
  • vive la tempérance voulue par Don Bosco avec un train de vie sobre dans la nourriture, l’habillement, les voyages, l’ameublement, l’usage des instruments de travail, des médias et du temps, en acceptant avec maturité la gêne occasionnée par le manque d’un bien utile ou nécessaire ;
  • redécouvre les exigences de la dépendance par rapport au supérieur et à la communauté (cf. Const. 75) et du partage des biens demandé par les Constitutions (cf. Const. 76) ; qu’il rende compte des biens qu’il a reçus à un titre ou à un autre.

88 Que la communauté

  • fasse en sorte que d’une manière sûre tous les confrères connaissent et mettent en pratique les indications du directoire provincial – section pauvreté et administration - en particulier celles qui concernent l’utilisation personnelle des biens et des instruments technologiques ;
  • fasse chaque année le scrutinium paupertatis en vue d’un témoignage plus crédible ;
  • prépare le budget annuel, présente le bilan, informe régulièrement les confrères sur la situation économique et les sensibilise sur le coût de la vie ; remette ponctuellement à la Province l’argent de la gestion qui s’avérerait disponible (cf. Règl. 197).

89 Que la province

  • élabore un plan de solidarité économique qui garantisse une équitable distribution des ressources et définisse les critères permettant d’assurer un train de vie commun entre les différentes communautés ;
  • veille à ce qu’il y ait de la cohérence entre les indications sur la pauvreté qui sont proposées aux confrères en formation initiale et la pratique effective des personnes individuelles et des communautés.

Ligne d’action 13

Solidarité avec les pauvres

90 Développer la culture de la solidarité avec les pauvres dans le contexte local.

91 Que la communauté

  • exprime la solidarité avec les pauvres non seulement au moyen des œuvres de bienfaisance, mais aussi par des choix qui ont des répercussions sur son train de vie ;
  • éduque, en collaboration avec la communauté éducative et pastorale, à la culture de la solidarité, en aidant les jeunes à interpréter avec un esprit critique les phénomènes économiques et sociaux de notre temps, en les impliquant dans des initiatives et des projets de promotion et de développement, en favorisant l’adhésion à des initiatives de solidarité équitable ;
  • éduque au respect de la diversité ethnique et religieuse et favorise l’esprit de fraternité.

92 Que la province

  • prévoie pour les confrères en formation initiale des expériences au service des jeunes les plus défavorisés ; choisisse les secteurs de plus grande pauvreté dans l’ouverture de nouvelles œuvres.

93 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • aide les provinces à croître dans l’engagement en faveur de la justice sociale ;
  • apporte son appui aux institutions qui soutiennent les droits des jeunes et, quand c’est possible et opportun, prenne position au nom de la Congrégation contre leur violation.

Ligne d’action 14

Gestion responsable et solidaire des ressources

94 Gérer les ressources d’une manière responsable et transparente, en accord avec les buts de la mission, et faire fonctionner les formes nécessaires de contrôle au niveau local, au niveau provincial et au niveau mondial.

95 Que la communauté

  • vérifie périodiquement les objectifs et les stratégies de l’œuvre, pour éviter qu’elle ne devienne une activité d’entrepreneurs plus qu’un service d’éducation et d’évangélisation ;
  • fasse en sorte que d’une manière sûre l’opération de gestion financière de tous les secteurs soit enregistrée par le service administratif (cf. Règl. 198), que l’inventaire soit mis à jour et que dans le roulement du personnel administratif soient transmises toutes les informations nécessaires ;
  • assure une bonne planification et une bonne gestion du personnel employé, en respectant et en faisant respecter les droits et les devoirs sanctionnés par la législation ;
  • soit responsable de la planification, de l’exécution et du contrôle, effectué au moyen d’appareils de surveillance, des travaux de construction et d’entretien, en accord avec l’économe provincial (cf. Règl. 195) ;
  • étudie sa propre situation économique, pour assurer la viabilité de l’œuvre et, si cela dépend d’aides extérieures, pour mettre en route des plans de financement autosuffisant ;
  • fasse attention à un emploi correct des financements qui proviennent d’autres organismes ou d’autres institutions ; respecte les intentions des bienfaiteurs.

96 Que la province

  • accompagne avec l’aide de laïcs compétents, qui soient de confiance et partagent notre esprit, la gestion économique de chacune des maisons et en fasse les vérifications nécessaires ;
  • favorise la sensibilité éthique dans la gestion et dans l’utilisation des moyens financiers, en se servant des professionnels de qualité disponibles dans ce domaine ;
  • fasse en sorte que les structures de nos œuvres soient adaptées à la réalisation de la mission, soient utilisées de façon adéquate et soient prises en charge soigneusement dans l’entretien ;
  • tienne compte, pour demander des financements, des lignes opérationnelles du projet organique de la Province, afin d’éviter de mettre en route des initiatives et des structures qui dans le temps ne pourraient pas être maintenues ;
  • repense la formation initiale au sujet de la pauvreté, en aidant les confrères à faire un usage correct du temps, des biens et de l’argent ; en offrant des notions essentielles de comptabilité et de gestion ; en les impliquant dans la conduite de la maison ;
  • éduque les communautés à la sensibilité écologique, en favorisant les initiatives qui sur le territoire sont mises en œuvre pour le respect du milieu de vie, l’emploi de l’énergie de remplacement et l’économie des ressources ;
  • étudie la possibilité de contrats communs pour l’acquisition de biens et la gestion des articles de consommation courante et les propose aux communautés dans le but de faire des économies.

97 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • appelle, au niveau des ressources et du personnel, à une solidarité plus concrète entre les provinces et les régions, également à travers la formule de jumelages ;
  • veille à ce que la gestion des ressources financières des provinces soit réalisée sur un mode éthique et solidaire ;
  • assure une effective supervision des actes des économats provinciaux, en vérifiant dans le même temps le processus de mise en œuvre des projets financés par la Congrégation ;
  • donne des indications pour que la distribution de ce qui relève de la bienfaisance soit effectuée par l’intermédiaire des canaux institutionnels au niveau de la Direction Générale ou de la province ; veille à ce qu’il y ait une distribution équitable des ressources et que soient respectées les intentions des bienfaiteurs ;
  • par l’intermédiaire du Dicastère de la Communication Sociale, qu’il juge d’utiliser le système “Free/Libre Open Source Software” [FLOSS] et qu’il donne des indications aux provinces.

V. NOUVEAUX FRONTS D’ACTION

“L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres” (Lc 4,18).

INTERPELLATION PAR DIEU

« Notre action apostolique se réalise dans une pluralité de formes que déterminent d’abord les besoins de ceux dont nous nous occupons. Nous rendons effective la charité salvifique du Christ par l’organisation d’activités et d’œuvres à but éducatif et pastoral, attentifs à répondre aux besoins du milieu de vie et de l’Eglise. Sensibles aux signes des temps, nous avons le souci, dans un esprit d’initiative et d’adaptation constante, de les vérifier, de les renouveler et d’en créer de nouvelles. L’éducation et l’évangélisation de nombreux jeunes, surtout parmi les plus pauvres, nous incitent à les rejoindre là où ils sont et à les rencontrer dans leur manière de vivre, grâce à des types de service adéquats » (Const. 41).

98 Principale priorité : les jeunes pauvres

Don Bosco, en parcourant les rues de Turin, vit les besoins de la “jeunesse en péril” et répondit promptement en ouvrant de nouveaux secteurs d’action et en agissant avec “témérité” pour “gagner des âmes à Dieu”. En parcourant les routes du monde, nous aussi, nous rencontrons les visages des jeunes immigrés, des enfants exploités par le tourisme sexuel et par le travail d’enfants mineurs, des toxicomanes, des porteurs du V.I.H. et des malades du sida, de ceux qui sont socialement désadaptés, de ceux qui sont au chômage, de ceux qui sont victimes de la violence, de la guerre et des fanatismes religieux, des enfants soldats, des enfants de la rue, des handicapés physiques et mentaux, des jeunes à risque. Nous sommes frappés à la vue de certains lieux de marginalisation dans lesquels les jeunes vivent, comme les périphéries des villes et les bidonvilles, et à la vue de certaines situations de marginalisation, comme celles des réfugiés, des indigènes, des gitans et d’autres minorités ethniques. Nous reconnaissons aussi les attentes des jeunes spirituellement et culturellement pauvres, qui sollicitent notre engagement : des jeunes qui ont perdu le sens de la vie, qui sont dépourvus d’affection à cause de l’instabilité de leur famille, déçus et amenés à constater le vide laissé en eux par la mentalité qui développe la consommation à outrance, indifférents religieusement, démotivés par les doctrines permissives, par le relativisme moral, par la culture de mort qui est répandue.

Don Bosco sentit qu’il était envoyé par Dieu pour répondre au cri des jeunes pauvres et eut l’intuition que, s’il était important de donner des réponses immédiates à leur malaise, il était encore plus important d’en prévenir les causes. Sur son exemple, nous voulons aller à leur rencontre, convaincus que la façon la plus efficace pour répondre à leurs pauvretés est justement l’action préventive. C’est pourquoi nous percevons la nécessité d’approfondir son système éducatif pour expliciter les tâches qu’il demande d’effectuer pour surmonter le malaise et la marginalisation des jeunes : éducation morale, promotion de la dignité de la personne, engagement social et politique, exercice de la citoyenneté active, défense des droits des enfants mineurs, lutte contre l’injustice et construction de la paix. En reconnaissant que, chez les jeunes pauvres, on rencontre une ouverture à l’Evangile et une disposition à l’accueillir, nous leur annonçons avec courage Jésus Christ et nous leur proposons des chemins de foi.

99 Autres priorités : famille, communication sociale, Europe

Il faut réserver une particulière attention à la situation actuelle de la famille qui est la première à accomplir l’éducation et qui est le premier lieu de l’évangélisation. Toute l’Eglise a pris conscience des graves difficultés dans lesquelles se trouve la famille et elle perçoit la nécessité d’offrir des aides extraordinaires pour sa formation, son développement et l’exercice responsable de sa tâche éducative. C’est pourquoi, nous aussi, nous sommes appelés à faire en sorte que la pastorale des jeunes soit de plus en plus ouverte à la pastorale familiale.

Nous sentons aussi que nous sommes interpellés par les nouvelles technologies de la communication sociale et par les défis éducatifs qu’elles posent. Les occasions de communication d’aujourd’hui deviennent pour les jeunes un moyen habituel pour se rencontrer, échanger des messages, partager avec rapidité et mobilité, mais aussi d’une manière impersonnelle et virtuelle. La culture des personal media [médias à usage personnel et privé] peut compromettre le développement de la capacité de relation vers la maturité et expose surtout les jeunes au danger de rencontres et de dépendances fortement négatives ; c’est dans cette “cour de récréation ”que nous devons nous rendre présents pour écouter, éclairer, orienter.

Nous partageons la préoccupation de l’Eglise pour les conditions futures de l’Evangile dans le monde occidental et, en particulier, en Europe. En effet, s’affaiblit de plus en plus la référence aux racines chrétiennes qui ont contribué à l’identité du continent, inspiré la pensée, les mœurs et l’art, orienté l’histoire des peuples, enrichi l’Eglise de splendides figures de sainteté, nourri pendant des siècles l’élan missionnaire dans le monde tout entier. En raison de l’interdépendance entre les peuples, le destin de l’Europe implique le monde entier et devient une préoccupation de l’Eglise universelle. S’ouvre ainsi un nouveau front d’action par rapport au passé ; pour nous Salésiens, c’est une invitation “à porter une attention croissante à l'éducation des jeunes à la foi” ( Ecclesia in Europa, n. 61).

100 Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres

L’attention aux nouveaux fronts d’action nous engage à renouveler notre mentalité, en développant la coresponsabilité dans les projets, qui ne sont jamais ceux d’un individu, mais ceux de la communauté salésienne et de la communauté éducative et pastorale. Les nouveaux besoins des jeunes demandent le détachement personnel d’avec des rôles, des situations et des liens qui menacent la réelle disposition à accueillir le changement, comme ils demandent aussi le courage apostolique qui dispose à repenser des initiatives et des œuvres pour mieux répondre à leurs demandes.

Un nouveau modèle de gestion des œuvres demande que soient assurées la consistance quantitative et qualitative de la communauté ; la coresponsabilité réelle des confrères et des laïcs ; la disponibilité du directeur pour son devoir principal ; la promotion de nouvelles formes de présences plus souples ; les projets menés en commun avec la Famille salésienne et le travail en réseau avec d’autres organisations et d’autres agences au service de l’éducation, en synergie avec l’Eglise et la société.

Cela permettra de faire naître des “nouvelles présences”, c’est-à-dire des projets inédits en réponse aux besoins qui se manifestent, ou de renouveler les œuvres et les propositions qui existent déjà de façon à en faire des “présences nouvelles”, c’est-à-dire plus efficacement orientées vers la mission.

SITUATION

101 Principale priorité : les jeunes pauvres

Il est courant de porter l’attention sur les formes si nombreuses de pauvreté présentes aujourd’hui dans le monde et, en particulier, sur celles qui menacent le présent et l’avenir des jeunes. Et la Congrégation est fortement engagée en faveur de la croissance humaine et de la promotion sociale dans les secteurs où la pauvreté est plus évidente. Dans nos maisons les jeunes sont accueillis sans aucune forme de discrimination et notre service éducatif et pastoral est offert à tous. Sont particulièrement efficaces les œuvres qui préparent les jeunes au monde du travail en leur offrant de la valeur professionnelle et de l’accompagnement.

Dans les provinces sont nées des expériences positives pour répondre aux pauvretés qui se manifestent. On développe le travail en réseau, en collaboration avec la Famille salésienne, avec des éducateurs et des volontaires des communautés éducatives et pastorales, avec des personnes du monde tant ecclésial ou social qu’associatif, avec les organisations non gouvernementales. Des aspects positifs qui favorisent l’ouverture aux nouveaux fronts d’action sont la capacité accrue de penser et d’agir au moyen de projets, la confiance et la disponibilité des institutions, privées comme publiques, l’engagement à investir sur la formation en vue d’habiliter des salésiens et des laïcs à des réponses adéquates.

D’autre part il existe une certaine résistance à rénover, à donner une nouvelle qualité, à convertir notre mentalité. S’avère encore faible la formation de salésiens et de laïcs pour savoir lire les signes des temps et conjurer le danger de se tenir éloigné des jeunes. Ensuite, parfois, notre engagement éducatif ne réussit pas à rejoindre quelqu’un qui se trouve à l’extérieur de notre milieu de vie. Pour répondre aux nouvelles pauvretés, quelquefois les provinces se sont reposées sur l’esprit d’initiative d’un confrère sensible et elles n’ont pas toujours mis en place des initiatives programmées ensemble.

102 Autres priorités : famille, communication sociale, Europe

C’est une préoccupation particulière que suscite, dans presque tous les contextes, la situation de la famille. Elle est menacée non seulement par le relativisme moral qui est répandu, mais aussi par des processus qui cherchent à lui enlever sa légitimité à être une institution. On arrive même à la désagréger et à reconnaître d’autres formes d’union, avec de graves conséquences sur le plan éducatif, telles que l’abandon des enfants mineurs, le fait d’imposer à des personnes de vivre en commun, les violences à l’intérieur des familles. C’est pourquoi dans les provinces s’est accrue l’attention portée sur la famille, qui est la référence essentielle pour l’éducation, mais les engagements qui ont été pris jusqu’à maintenant sont encore insuffisants.

Se sont accrus la sensibilité et l’engagement de la Congrégation dans le domaine de la communication sociale. En sont le signe, par exemple, l’institution de la Faculté de Sciences de la communication sociale à l’UPS, la mise en œuvre de différents projets pour l’éducation à l’usage critique des médias, la présence croissante sur internet de sites d’institutions, la plus grande familiarité avec le réseau informatique tant pour les échanges personnels que pour la formation à distance, la nouvelle manière de voir du Dicastère pour organiser la communication sociale. Nous avons toutefois conscience que les mondes virtuels habités par les jeunes sont multiples et que nous ne sommes pas toujours capables de les partager et de les animer en raison d’un manque de formation, de temps et de sensibilité.

Au cours des dernières décennies nous avons assisté à un affaiblissement progressif de la présence salésienne dans quelques nations d’Europe. La diminution préoccupante du nombre des vocations a engagé les confrères à maintenir le plus possible les présences en impliquant les laïcs, à redéfinir les frontières des provinces, à construire des projets communs pour mieux répondre aux défis de l’éducation et de l’évangélisation. On perçoit que cet effort ne peut pas être maintenu sans un projet courageux de la part de toute la Congrégation.

103 Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres

Dans le travail en faveur des jeunes pauvres, on a obtenu, dans quelques provinces, de bons résultats en formant, en impliquant et en rendant coresponsables les laïcs. Il s’agit d’une attention de plus en plus courante, mais elle n’est pas encore assumée de façon appropriée dans toutes nos présences.

Parfois se présente un modèle d’organisation que l’on n’a pas su renouveler selon l’exigence des temps : il subsiste une mentalité héritée du style traditionnel de conduite des maisons. Cela se manifeste, par exemple, dans la rigidité de la mise en place des activités, dans l’insuffisance d’attention aux rythmes de vie des jeunes, dans la lenteur à donner de nouvelles bases ou de nouvelles orientations aux présences et aux œuvres, dans la difficulté à rendre coresponsables les laïcs dans les postes de décision.

Pour nous adapter aux conditions de l’époque qui avaient changé, nous avons souvent adopté la stratégie de l’agrandissement des œuvres, en les portant à des dimensions difficiles à gérer, au point qu’elles ne sont plus en mesure de répondre aux nouvelles pauvretés avec la souplesse et l’urgence que ces dernières demandent.

LIGNES D’ACTION

104 Processus à mettre en place pour le changement

Pour affronter les exigences de l’interpellation par Dieu et les défis qui proviennent de la situation et pour réaliser les lignes d’action qui en découlent, il est nécessaire de convertir les mentalités et de modifier les structures, en passant :

  • d’une attention occasionnellement portée sur les jeunes pauvres à des projets bien ciblés et durables en vue de leur service ;
  • d’une mentalité qui ne connaît que des gestes d’assistance à outrance à l’implication des jeunes pauvres pour qu’ils soient les protagonistes de leur développement et s’engagent dans le domaine social et politique ;
  • d’une intervention directe pour les victimes de l’injustice à un travail en réseau pour en combattre les causes ;
  • d’une pastorale des jeunes qui ne porte pas suffisamment l’attention sur les contextes familiaux à une pastorale des jeunes qui investisse davantage en déployant ses énergies en faveur de la famille ;
  • d’une attitude timide et d’une présence sporadique dans les médias à un usage responsable et à une animation éducative et évangélisatrice de plus grand poids ;
  • d’une situation d’affaiblissement progressif des œuvres dans quelques pays d’Europe à un relance du charisme ; de la tendance à se concentrer sur la gestion d’œuvres désormais consolidées à une souplesse courageuse et créative ;
  • d’une action éducative autosuffisante au travail en réseau avec tous ceux qui ont à cœur les besoins des jeunes.

Ligne d’action 15

Principale priorité : les jeunes pauvres

105 Effectuer des choix courageux en faveur des jeunes pauvres et à risque.

106 que la communauté

  • affronte les nouvelles pauvretés que vivent les jeunes de son contexte de vie et maintienne vive la sensibilité pour les formes les plus graves ;
  • exprime la prédilection pour les pauvres en établissant, avec la communauté éducative et pastorale, des projets pour des initiatives explicitement dédiées aux jeunes les plus pauvres de son secteur ;
  • se sente particulièrement solidaire avec les œuvres de la province dédiées aux plus pauvres ;
  • cherche des réponses aux pauvretés spirituelles des jeunes, en proposant des expériences et des parcours qui puissent réveiller la dimension religieuse de la vie et les aider à découvrir Jésus comme Sauveur.

107 Que la province

  • donne pour sûr que dans le projet organique de la Province il y ait des œuvres explicitement dédiées aux jeunes les plus pauvres et à risque, et qu’elle prépare du personnel qualifié ;
  • fasse en sorte que d’une manière sûre, dans le projet éducatif et pastoral de chaque œuvre, on offre une proposition de promotion humaine et d’éducation à la foi qui soit appropriée à la situation des jeunes les plus pauvres ;
  • prenne avec courage, là où c’est nécessaire, la décision de donner à ses œuvres de nouvelles bases et de nouvelles dimensions pour quelles soient au service des jeunes pauvres et des catégories populaires ;
  • étudie la possibilité de mettre en œuvre des projets et d’établir des espaces pour offrir aux jeunes une solution qui vienne * remplacer des formes de divertissement physiquement et moralement dangereuses ;
  • encourage la défense des droits des enfants mineurs et des jeunes et dénonce leur violation avec un courage de prophète et une sensibilité d’éducateur.

Ligne d’action 16

Autres priorités : famille, communication sociale, Europe

108 Apporter une attention privilégiée à la famille dans la pastorale des jeunes ; intensifier la présence éducative dans le monde des médias ; relancer le charisme salésien en Europe.

109 Que la communauté

  • implique et forme les parents dans l’action éducative et évangélisatrice des enfants ;
  • développe des itinéraires d’éducation affective, surtout pour l’âge de l’adolescence, et accompagne les jeunes dans l’expérience des fiançailles, en mettant en valeur l’apport des parents, des laïcs coresponsables et des groupes de la Famille salésienne ;
  • favorise les nouvelles formes d’évangélisation et de catéchèse des familles et par l’intermédiaire des familles ;
  • prévoie des projets éducatifs pour aider les jeunes à faire un usage critique et responsable des différents types de médias (“mass media”, “folk media”, “personal media”, “convergent media”, etc.) et encourage leur action de protagonistes dans le domaine de la communication sociale et de l’expression des jeunes et des gens du peuple ;
  • fasse usage des technologies de la communication sociale pour donner une plus grande visibilité à sa propre présence et pour diffuser le charisme.

110 Que la province

  • coordonne et soutienne les efforts des communautés éducatives et pastorales dans l’éducation affective des jeunes et dans l’accompagnement des fiancés ;
  • définisse une stratégie réaliste pour favoriser une présence éducative de plus grand poids dans le monde des médias et des expressions artistiques des jeunes et des gens du peuple, et qu’elle prépare du personnel qualifié dans ce domaine ;
  • développe avec les laïcs et la Famille salésienne des projets de pastorale familiale.

111 Que le Recteur majeur avec son Conseil

  • offre, par l’intermédiaire du Dicastère de la pastorale des jeunes, des orientations sur les itinéraires d’éducation affective des jeunes, pour soutenir l’engagement des provinces et des communautés ;
  • réfléchisse, par l’intermédiaire du Dicastère pour la communication sociale, du Dicastère pour la formation et du Dicastère pour la pastorale des jeunes, sur les nouveaux défis de la culture des personal media en vue de la formation des salésiens, en vue de la préparation des laïcs, en vue de l’aide à apporter aux jeunes ;
  • définisse la nature et les objectifs de l’intervention de la Congrégation pour une présence salésienne rénovée en Europe.

Ligne d’action 17

Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres

112 Revoir le modèle de gestion des œuvres pour une présence éducative et évangélisatrice plus efficace.

113 Que la province

  • renforce la consistance quantitative et qualitative de la communauté salésienne et l’aide à discerner quelle est sa responsabilité principale dans l’animation de l’œuvre ;
  • détermine les interventions nécessaires pour mettre en route de “nouvelles présences” ou pour rénover celles qui existent de manière qu’elles soient mieux orientées vers la mission ;
  • repense la distribution des responsabilités dans chaque communauté, vérifie le fonctionnement des conseils aux différents niveaux pour que le directeur puisse accomplir son devoir principal ;
  • réfléchisse sur la complexité des œuvres et détermine dans le projet organique de la Province des formes plus souples de présence ;
  • sollicite et mette en valeur l’apport de la Famille salésienne en vue de l’établissement d’un projet commun pour la présence sur le territoire ;
  • favorise le travail en réseau avec des personnes de la Famille salésienne, de l’Eglise et de la société.

DÉCISIONS DU CG26

Sur la base des propositions formulées par les Chapitres provinciaux, ou individuellement par des confrères, comme aussi par le Conseil Général et par l’Assemblée capitulaire elle-même, après l’examen effectué par la Commission juridique et par l’Assemblée, le Chapitre Général a adopté les décisions suivantes. Quelques-unes d’entre elles concernent des articles des Constitutions et des Règlements généraux ; d’autres sont des orientations à mettre en œuvre pour le gouvernement de la Congrégation.

1. TRANSFERT DE LA QUASI-PROVINCE DU MYANMAR À LA RÉGION ASIE EST – OCÉANIE

114 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant pris en considération la demande formulée par le Chapitre de la quasi-Province salésienne du Myanmar ;
  • compte tenu du fait que le Myanmar appartient géographiquement à la région de l’Asie du Sud-Est et fait partie de l’ANASE, “Association de Nations de l’Asie du Sud-Est”, et que par conséquent s’avèrent plus faciles les liaisons entre ces Etats ;
  • compte tenu du fait que culturellement le Myanmar a plus d’affinités avec de nombreux Pays de la Région Asie Est – Océanie ;

décide que la quasi-Province “Marie-Auxiliatrice” du Myanmar sera transférée de la Région Asie du Sud à la Région Asie Est – Océanie, selon l’article 154 des Constitutions.

2. RÉGIONS DE L’EUROPE

115 Le 26ème Chapitre Général

  • compte tenu du fait que sont en cours des processus d’unification et de nouvelle configuration des Provinces à l’intérieur des trois régions d’Europe ;
  • ayant estimé positivement les initiatives réalisées pendant la période des six années, les processus de collaboration et d’échange en cours et le travail des organismes constitués ;
  • conscient qu’est mûr le temps pour un “Projet Europe” de la part de la Congrégation ;

décide de maintenir l’actuelle configuration des trois Régions d’Europe et demande au Recteur majeur avec son Conseil de renforcer la coordination des Conseillers Régionaux entre eux et avec les Conseillers de secteur concernés, et de mettre sur pied le bureau prévu au numéro 129 du CG25, pour le développement des projets et la réalisation d’objectifs communs.

3. TÂCHE CONFIÉE AU VICAIRE DU RECTEUR MAJEUR POUR L’ANIMATION DE LA FAMILLE SALÉSIENNE

116 Le 26ème Chapitre Général, ayant pris acte de

  • l’estimation positive exprimée par les membres de la Famille Salésienne sur le fait de confier au Vicaire du Recteur majeur la tâche d’animation de cette Famille elle-même ;
  • la nécessité d’assurer au Vicaire la possibilité de se dévouer en priorité aux tâches liées à son rôle ;

en confirmant que la tâche d’animation de la Famille Salésienne est confiée au Vicaire du Recteur majeur, demande que l’équipe d’animation de la Famille Salésienne (CG25, 133) soit renforcée et qu’elle ait un Coordinateur. Au terme de la période des six années sera effectuée une vérification.

4. DICASTÈRE POUR LA PASTORALE DES JEUNES, DICASTÈRE POUR LA COMMUNICATION SOCIALE ET DICASTÈRE POUR LES MISSIONS

117 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant pris en considération la complexité de la mission ;
  • vu le besoin d’une plus grande coordination entre le Dicastère pour la Pastorale de Jeunes, le Dicastère pour la Communication Sociale et le Dicastère pour les Missions, en particulier dans l’animation des secteurs partagés au sein de l’activité ;

demande au Recteur majeur avec son Conseil de promouvoir des équipes menant une animation concertée entre Dicastères pour ces secteurs, et d’en confier la Coordination à l’un ou l’autre des Conseillers, en sauvegardant dans tous les cas le fait qu’il n’existe qu’une seule pastorale salésienne et qu’elle demande à être organisée.

5. VÉRIFICATION DES STRUCTURES D’ANIMATION ET DE GOUVERNEMENT CENTRAL DE LA CONGRÉGATION

118 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant considéré que le prochain Chapitre Général sera appelé à vérifier ce que donne le fait de confier l’animation de la Famille Salésienne au Vicaire du Recteur majeur, à vérifier la coordination des trois Dicastères (Pastorale des Jeunes, Communication Sociale, Missions) ainsi que la configuration des Régions d’Europe ;
  • ayant considéré d’autre part qu’une telle révision attire l’attention sur l’entière structure du Conseil Général ;

demande au Recteur majeur avec son Conseil de développer pour le prochain Chapitre Général une vérification des structures d’animation et de gouvernement central de la Congrégation, en impliquant les Provinces.

6. ELECTION DES CONSEILLERS RÉGIONAUX

119 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant reconnu que, pour l’élection des conseillers régionaux, l’indication d’un seul nom lors du scrutin par vote secret permet de connaître avec une plus grande clarté l’orientation prédominante des confrères de la Région ;

décide que l’article 128 des Règlements généraux sera modifié au moyen de l’expression “en écrivant un seul nom sur leur bulletin de vote”.

7. RAPPORT ENTRE LA COMMUNAUTÉ ET L’ŒUVRE

120 Le 26ème Chapitre Général reconnaît qu’il y a actuellement dans la Congrégation une pluralité de modèles de gestion des œuvres :

  • œuvres gérées par une communauté salésienne qui est le noyau animateur d’une plus vaste communauté éducative et pastorale ;
  • activités et œuvres entièrement confiées par les Salésiens aux laïcs, ou fondées par les laïcs, et reconnues dans le projet provincial, selon les critères indiqués aux numéros 180 –182 du CG24 ;
  • modalités de gestion diversifiées, qu’on ne peut pas ramener à un modèle unique : y demeure le rapport entre une communauté locale et l’œuvre (ou plusieurs œuvres), mais cette dernière (ou ces dernières) ou encore quelques-uns de leurs secteurs sont gérés par des laïcs.

En conséquence :

  • ayant considéré la diversité des contextes et les différentes exigences, ainsi que la nécessité de vérifier, en en faisant l’expérience, la possibilité de nouvelles formes de gestion des œuvres ;
  • ayant reconnu comme incontournable la nécessité d’assurer la consistance qualitative et quantitative des communautés, pour garantir le “vivre et travailler ensemble” qui “est pour nous, salésiens, une exigence fondamentale et une voie sûre pour réaliser notre vocation” (Const. 49) ;

décide qu’est donné le pouvoir au Provincial, avec le consentement de son Conseil, et dans le cadre du Projet organique de la Province, de

  • déterminer quelles œuvres ou quels secteurs d’œuvres, tout en maintenant la référence à une communauté locale, peuvent être confiés à la gestion des laïcs ;
  • définir leurs responsabilités, les critères de nomination, la durée des charges ; les processus de décision et les organes de gouvernement ; les compétences du Directeur et du Conseil local, les compétences du Provincial et du Conseil provincial.

8. ÉCONOME LOCAL

121 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant considéré que dans différents contextes on n’est pas en mesure de confier à un confrère le rôle d’économe de la communauté locale, ou qu’il s’avère qu’ont pris des dimensions importantes la complexité et l’articulation des activités qui dépendent directement de la communauté religieuse,

décide qu’est reconnu aux Provinces le pouvoir d’insérer dans le Directoire Provincial une règle qui prévoie la possibilité, dans des circonstances déterminées, d’assigner à un laïc, nommé par le Provincial, qui aura entendu le Directeur, les fonctions de l’économe de la communauté locale. Sur invitation du Directeur, il pourra participer, sans droit de vote, au Conseil de la communauté chaque fois que l’on aura demandé sa présence.

Ce pouvoir reconnu aux Provinces demande le respect des conditions suivantes :

  • Que soit toujours respectée la distinction constitutionnelle du rôle du Directeur d’avec celui de l’économe, en rejetant la pratique qui voit le Directeur engagé dans des rôles et des tâches administratives.
  • Que soient définies avec clarté la durée de la fonction et les domaines des responsabilités d’ordre économique confiées au laïc, en particulier pour les attributions dans lesquelles leur exercice implique l’institution. Cela vaut pour les pouvoirs de signature, pour les délégations, pour les procurations, pour la gestion de la trésorerie, etc.
  • Le laïc appelé à remplir les fonctions de l’économe devra toujours agir en étroite dépendance par rapport au Directeur et au Conseil.
  • L’économe provincial, dans ces cas, accompagnera et soutiendra la communauté et le laïc auquel ont été assignées les fonctions de l’économe.
  • Que le Provincial trouve et prépare des confrères en mesure d’assumer des rôles d’administration et de gestion, au service des communautés et de la Province.

9. MODIFICATION DE L’ARTICLE 13 DES RÈGLEMENTS GÉNÉRAUX

122 Le 26ème Chapitre Général

  • ayant considéré le nombre important d’institutions salésiennes d’éducation du niveau supérieur, dans lesquelles, pour un nombre substantiel, des salésiens sont engagés et que fréquentent de nombreux élèves ;
  • retenant opportun que, dans l’article 13 des Règlements généraux, soient explicitement indiquées ces institutions d’éducation du niveau supérieur, au même titre que les autres institutions scolaires de différents niveaux et les centres de formation professionnelle ;
  • afin que soient appliqués également à ces activités et à ces œuvres les critères signalés par le même article 13 et par l’article 14 des Règlements généraux, spécialement pour ce qui concerne les “destinataires préférentiels” et les objectifs éducatifs et pastoraux ;

décide que soit modifié l’article 13 des Règlements Généraux, au moyen de la formulation suivante :

L’école, les centres professionnels et les institutions d’éducation du niveau supérieur

13 L’école aux différents niveaux, les centres professionnels et les institutions d’éducation du niveau supérieur ont pour but de promouvoir le développement intégral du jeune par l’assimilation et la relecture critique de la culture, et par l’éducation de la foi, en vue de la transformation chrétienne de la société.

Le processus éducatif, conduit dans un style salésien et avec une compétence professionnelle, technique et pédagogique reconnue, sera fondé sur de solides valeurs culturelles et répondra aux attentes des jeunes. Ses programmes s’efforceront d’harmoniser les activités de formation intellectuelle et professionnelle et celles du temps libre.

On vérifiera périodiquement la validité des contenus et des méthodologies pédagogiques et didactiques, dans leur rapport avec le contexte social, le monde du travail et la pastorale de l’Eglise.

ANNEXES

ANNEXE 1

Lettre de Sa Sainteté BENOÎT XVI à l’occasion du 26ème Chapitre Général au P. PASCUAL CHÁVEZ VILLANUEVA, Recteur majeur des Salésiens de Don Bosco

  1. Il m’est particulièrement agréable de faire parvenir mes cordiales salutations à Vous-même et aux membres du 26ème Chapitre Général, qui constitue un moment de grâce dans la vie de cette Congrégation désormais présente dans tous les continents. Dans ce Chapitre sont appelées à aller de pair la richesse et la diversité des expériences, des cultures, des attentes des Salésiens, engagés dans de multiples activités apostoliques et désireux de rendre de plus en plus efficace leur service dans l’Eglise. Le charisme de Don Bosco est un don de l’Esprit pour le Peuple de Dieu tout entier, mais c’est seulement dans l’écoute docile et dans la disponibilité pour accueillir l’action divine qu’il est possible de l’interpréter et de le rendre, également en cette époque qui est la nôtre, actuel et fécond. L’Esprit Saint, qui à la Pentecôte descendit avec abondance sur l’Eglise naissante, continue en tant que vent à souffler où il veut, en tant que feu à fondre la glace de l’égoïsme, en tant qu’eau à baigner ce qui est aride. En répandant sur les Capitulaires l’abondance de ses dons, Il atteindra le cœur des Confrères, les fera brûler de son amour, les enflammera dans le désir de sainteté, les poussera à s’ouvrir à la conversion et les renforcera dans leur audace apostolique.
  2. Les fils de Don Bosco appartiennent à la troupe compacte de ces disciples que le Christ a consacrés à lui au moyen de son Esprit par un acte spécial d’amour. Il les a réservés pour lui ; c’est pourquoi la primauté de Dieu et de son initiative doit resplendir dans leur témoignage. Quand on renonce à tout pour suivre le Seigneur, quand on Lui donne ce que l’on a de plus cher en affrontant tout sacrifice, alors il ne doit pas être surprenant si, comme cela s’est produit pour le divin Maître, on devient un “signe de contradiction”, car la manière de penser et de vivre de la personne consacrée finit par se trouver souvent en opposition avec la logique du monde. En réalité, c’est un motif de réconfort car cela témoigne que son style de vie constitue une solution de remplacement par rapport à la culture de l’époque et qu’il peut remplir en elle une fonction de quelque manière prophétique. Il est nécessaire cependant, dans ce but, de veiller sur les influences possibles de l’esprit du monde pour se défendre et pouvoir ainsi continuer sur la route entreprise avec détermination, en surmontant un “modèle libéral” de Vie consacrée et en menant une existence toute centrée sur la primauté de l’amour de Dieu et du prochain.
  3. Le thème qui a été choisi pour ce Chapitre Général est le programme même de vie spirituelle et apostolique qu’avait pris pour lui Don Bosco : “Da mihi animas, caetera tolle”. En lui est renfermée toute la personnalité du grand Saint : une profonde spiritualité, l’esprit d’initiative créatif, le dynamisme apostolique, la possibilité d’une activité inlassable, l’audace pastorale et surtout le fait de se donner sans réserve à Dieu et aux jeunes. Il fut un saint d’une seule passion : “la gloire de Dieu et le salut des âmes”. Il est d’une importance vitale que chaque salésien tire continuellement son inspiration de Don Bosco : qu’il le connaisse, l’étudie, l’aime, l’imite, l’invoque, fasse sienne cette même passion apostolique qu’il avait et qui jaillit du cœur du Christ. Dans une telle passion il y a la capacité de se donner, de se passionner pour les âmes, de souffrir par amour, d’accepter avec sérénité et joie les exigences quotidiennes et les renoncements de la vie apostolique. La devise “Da mihi animas, caetera tolle” exprime sous forme de synthèse la mystique et l’ascétisme du salésien. Il ne peut y avoir de mystique ardente sans une ascèse robuste qui la soutienne ; et vice versa personne n’est disposé à payer un prix élevé et exigeant, s’il n’a pas découvert un trésor fascinant et inestimable. Dans une époque d’éclatement et de fragilité comme est la nôtre, il est nécessaire de surmonter la dispersion de l’activisme et de cultiver l’unité de la vie spirituelle au moyen de l’acquisition d’une profonde mystique et d’une solide ascétique. Cela nourrit l’engagement apostolique et constitue une garantie d’efficacité pastorale. C’est en cela que doit consister le chemin de sainteté de tout Salésien, c’est sur cela que doit être concentrée la formation des nouvelles vocations à la vie consacrée salésienne. La lectio divina et l’Eucharistie, vécues quotidiennement, sont la lumière et la force de la vie spirituelle du salésien consacré. Il doit donner à sa journée l’aliment de l’écoute et de la méditation de la Parole de Dieu, en aidant aussi les jeunes et les fidèles laïcs à la mettre en valeur dans leur vie quotidienne et en s’efforçant ensuite de traduire en témoignage ce que la Parole indique. “L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus. Nous ne recevons pas seulement le Logos incarné de manière statique, mais nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande” (Encyclique Deus caritas est, 13). Mener une vie simple, pauvre, sobre, visant à l’essentiel et austère : cela aidera les Salésiens à fortifier leur réponse de vocation, devant les risques et les menaces de la médiocrité et de l’embourgeoisement, cela les conduira à être plus proches de ceux qui sont dans le besoin et laissés en marge.
  4. Sur l’exemple de leur Fondateur bien-aimé, les Salésiens doivent être brûlés par la passion apostolique. L’Eglise universelle et les Eglises particulières dans lesquelles ils sont insérés attendent d’eux une présence caractérisée par un élan pastoral et par un zèle audacieux pour l’évangélisation. Les Exhortations apostoliques post-synodales relatives à l’évangélisation dans les différents continents, pourront servir à les stimuler et à les orienter pour réaliser dans les divers contextes une évangélisation centrée sur les cultures. La récente Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation peut les aider à approfondir la manière de communiquer à tous, spécialement aux jeunes les plus pauvres, la richesse des dons de l’Evangile. Que l’évangélisation soit le front d’action principal et prioritaire de leur mission d’aujourd’hui. Elle présente des engagements multiples, des défis urgents, des champs d’action vastes, mais sa tâche fondamentale s’avère être de proposer à tous de vivre l’existence humaine comme Jésus l’a vécue. Dans les situations où il y a plusieurs religions et dans celles où il y a de la laïcisation il faut trouver des voies inédites pour faire connaître, spécialement aux jeunes, la personne de Jésus, afin qu’ils en perçoivent l’attrait incessant. C’est pourquoi doivent être au centre de leur action apostolique l’annonce de Jésus Christ et de son Evangile, ainsi que l’appel à la conversion, à l’accueil de la foi et à l’insertion dans l’Eglise ; de là ensuite naissent les chemins de foi et de catéchèse, la vie liturgique, le témoignage de la charité active. Leur charisme les met dans la situation privilégiée de pouvoir mettre en valeur l’apport de l’éducation dans le domaine de l’évangélisation des jeunes. Sans éducation, en effet, il n’y a pas d’évangélisation durable et profonde, il n’y a pas de croissance et de marche vers la maturité, on n’obtient pas de changement de mentalité et de culture. Les jeunes nourrissent des désirs profonds de vie pleine, d’amour authentique, de liberté constructive ; mais souvent malheureusement leurs attentes sont trahies et ne vont pas jusqu’à la réalisation. Il est indispensable d’aider les jeunes à mettre en valeur les ressources qu’ils portent en eux sous forme de dynamisme et de désirs positifs ; de les mettre en contact avec des propositions riches d’humanité et de valeurs évangéliques ; de les inciter à s’insérer dans la société avec un rôle actif au moyen du travail, de la participation et de l’engagement pour le bien commun. Cela demande à celui qui les guide d’élargir les sphères de l’engagement éducatif avec une attention aux nouvelles pauvretés des jeunes, à l’éducation au niveau supérieur, à l’immigration ; cela demande en outre d’avoir une attention à la famille et à son implication. Sur cet aspect si important je me suis arrêté dans la Lettre sur l’urgence d’éducation, que j’ai récemment adressée aux fidèles de Rome, et qu’à présent idéalement je remets à tous les Salésiens.
  5. Dès l’origine la Congrégation salésienne s’est engagée dans l’évangélisation en différentes parties du monde : depuis la Patagonie et l’Amérique Latine, jusqu’à l’Asie et à l’Océanie, à l’Afrique et à Madagascar. A un moment où en Europe le nombre des vocations diminuent et les défis de l’évangélisation sont croissants, la Congrégation salésienne doit être attentive à renforcer la proposition chrétienne, la présence de l’Eglise et le charisme de Don Bosco dans ce continent. Comme l’Europe a été généreuse avec l’envoi de nombreux missionnaires dans le monde entier, qu’ainsi à présent toute la Congrégation, en faisant appel spécialement aux Régions riches en vocations, soit disposée à venir à son aide. Pour prolonger dans le temps la mission parmi les jeunes, le Saint Esprit a guidé Don Bosco à donner vie à diverses forces apostoliques animées du même esprit et réunies par le même engagement. Les tâches de l’évangélisation et de l’éducation demandent, en effet, le concours de nombreuses personnes, qui sachent travailler en synergie ; c’est pour cela que les Salésiens ont impliqué dans cette œuvre de nombreux laïcs, les familles et les jeunes eux-mêmes, en suscitant parmi eux des vocations apostoliques capables de maintenir vivant et fécond le charisme de Don Bosco. Il faut proposer à ces jeunes l’attrait de la vie consacrée, le caractère radical de la “sequela” du Christ obéissant, pauvre et chaste, la primauté de Dieu et de l’Esprit, la vie fraternelle en communauté, le fait de s’employer totalement pour la mission. Les jeunes sont sensibles à des propositions d’un engagement exigeant, mais ils ont besoin de témoins et de guides qui sachent les accompagner dans la découverte et dans l’accueil de ce don. Dans ce contexte je sais que la Congrégation est en train de porter une attention spéciale à la vocation du salésien coadjuteur, sans laquelle elle perdrait la physionomie que Don Bosco voulut lui donner. Certes, c’est une vocation qu’il n’est pas facile de discerner et d’accueillir ; elle éclot plus facilement là où sont encouragées parmi les jeunes les vocations laïques apostoliques et où leur est offert un témoignage joyeux et enthousiaste de la consécration religieuse. Que l’exemple et l’intercession du Bienheureux Artémide Zatti et d’autres frères coadjuteurs vénérés, qui ont employé leur existence pour le Royaume de Dieu, obtiennent également aujourd’hui à la Famille salésienne le don de ces vocations.
  6. Je saisis volontiers cette occasion pour adresser mes remerciements particuliers à la Congrégation salésienne pour le travail de recherche et de formation qu’elle mène à l’Université Pontificale Salésienne, où également se sont formés et ont été enseignants quelques-uns de mes collaborateurs actuels les plus proches et les plus estimés. Elle a une identité qui lui vient du charisme de Don Bosco et elle offre à toute l’Eglise une contribution originale et spécifique. Unique parmi les Universités Pontificales, elle a une Faculté de Sciences de l’Education et un Département de Pastorale des jeunes et de Catéchétique, soutenus par les apports d’autres Facultés. En vue d’une étude qui se serve de la diversité des cultures et soit attentive à la multiplicité des contextes, il est souhaitable que l’on y développe la présence d’enseignants provenant de toute la Congrégation. Dans l’urgence éducative qui existe dans de nombreuses parties du monde, l’Eglise a besoin de la contribution de spécialistes qui approfondissent la méthodologie des processus de pédagogie et de formation, l’évangélisation des jeunes, leur éducation morale, en élaborant ensemble des réponses aux défis de la civilisation postmoderne, de la coexistence interculturelle et de la communication sociale et en cherchant dans le même temps à venir en aide aux familles. Le système préventif de Don Bosco et la tradition salésienne en éducation pousseront sûrement la Congrégation à proposer une pédagogie chrétienne d’actualité, qui s’inspire du charisme spécifique qui lui est propre. L’éducation constitue l’un des points nodaux de la question anthropologique d’aujourd’hui, à la solution de laquelle l’Université Pontificale Salésienne ne manquera pas, j’en suis sûr, d’offrir une précieuse contribution.
  7. Monsieur le Recteur majeur, la tâche qui se tient devant la Congrégation Salésienne est ardue, mais aussi exaltante : chaque membre de votre grande Famille religieuse est, en effet, appelé à rendre présent Don Bosco parmi les jeunes de notre temps. En 2015 vous célébrerez le bicentenaire de sa naissance et, avec les choix que vous opérerez en ce Chapitre Général, vous commencez déjà la préparation des célébrations de cet important événement jubilaire. Que cela vous serve d’aiguillon pour être de plus en plus “des signes crédibles de l’amour de Dieu pour les jeunes” et pour faire en sorte que les jeunes soient vraiment l’espérance de l’Eglise et de la société. Que la Vierge Marie, que Don Bosco vous a enseigné à invoquer comme Mère de l’Eglise et Secours des Chrétiens, vous soutienne dans vos projets. “C’est Elle qui a tout fait”, répétait Don Bosco au terme de sa vie, en faisant allusion à Marie. Ce sera donc encore Elle qui devra être votre guide et votre maîtresse. Elle vous aidera à communiquer “le charisme de Don Bosco”. Elle sera pour votre Congrégation et pour la Famille salésienne tout entière, pour les éducateurs et surtout pour les jeunes, Mère et Etoile de l’espérance. En présentant à votre attention ces réflexions que je fais, je vous renouvelle l’expression de ma gratitude pour le service que vous rendez à l’Eglise, et, tandis que je vous assure ma constante prière, je donne de tout cœur à Vous-même, Recteur majeur, aux membres de l’Assemblée capitulaire et à la Famille salésienne tout entière une Bénédiction Apostolique spéciale.

Du Vatican, 1er Mars 2008

ANNEXE 2

Intervention du Cardinal Franc Rodé, CM, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique

Da mihi animas, caetera tolle

  1. C’est la devise que, jeune prêtre, Don Bosco a choisie et elle l’accompagna pendant toute sa vie. C’est le programme de vie de Don Bosco et de chaque Salésien,[Cf. Const. 4.] le slogan que vous avez choisi pour marquer le déroulement solennel du 26ème Chapitre Général de la Société Salésienne de Saint Jean Bosco.

    Dans cette rencontre capitulaire, qui vous voit réunis, venus de pays différents et de cultures diverses, se manifestent l’abondance et la beauté des dons du Seigneur. Pour tous et pour chacun de vous et pour tous vos confrères Salésiens présents dans le monde entier, je rends grâce au Donneur de tout bien, qui, dans son infinie bonté, a fait don à l’Eglise de la grande Famille de Saint Jean Bosco.

    Mes salutations et mes remerciements pour l’engagement vivant de tous les Salésiens dans l’Eglise et dans le monde ne peuvent pas ne pas aller au P. Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur, successeur de Don Bosco, pour Son engagement non seulement en faveur de la nombreuse Famille salésienne, mais de toute la vie consacrée.

  2. Le Chapitre Général est le signe de l’unité dans la diversité, est une rencontre fraternelle, est un moment de réflexion communautaire, pour se maintenir dans la fidélité à l’Evangile, au charisme du Fondateur et à notre temps.[Cf. Const. 146.] C’est le moment privilégié pour ouvrir tout grand les yeux du cœur et commencer à regarder, à s’apercevoir, à évaluer ; c’est un moment favorable pour découvrir, ensemble, sur quelles routes le Seigneur vous envoie ; un passage depuis le découragement jusqu’à l’espérance, à la redécouverte de la présence du Seigneur au milieu de vous dans la Parole et dans le Pain de la vie éternelle.

    Son déroulement solennel est un souvenir vivant du chemin parcouru, la réalisation du rêve du petit Jean Bosco dans l’aujourd’hui de l’histoire, pour vous projeter vers l’avenir, avec une vive espérance et une pleine confiance, dans l’œuvre du Seigneur.

  3. La foi chrétienne, devant un monde complexe et devant ses crises, est exposée à toutes les questions et les défis sur Dieu, sur son entrée dans l’histoire en la personne de Jésus, sur la nature de l’homme et sur le sens de sa vie et de la mort. L’Eglise aussi est mise en question : son rôle et son influence dans le monde dans certains milieux sont banalisés et contestés. La vie consacrée est marquée par la crise, surtout en Amérique du Nord et en Europe : diminution numérique, incertitudes sur l’identité, tentations de renoncement et de découragement.

    Revenir aux origines, redonner la place centrale à Jésus Christ, retrouver l’esprit des Fondateurs, peut nous aider à répondre avec confiance, créativité et courage à ces multiples défis.

  4. Ces jours-ci chacun de vous est appelé à renouveler le choix fondamental pour le Christ, un choix repensé avec une claire conscience et défini dans un travail communautaire selon le projet évangélique des Constitutions : votre alliance spéciale avec le Seigneur ; une rencontre d’amour qui marque et oriente toute la vie ; le don total de vous-mêmes à Dieu et aux jeunes ; le sens de votre existence consacrée par la puissance de l’Esprit.

    Après vous être arrêtés dans les années passées sur l’identité salésienne,[CG22] sur la mission auprès des jeunes,[CG23] sur le partage avec les laïcs[CG24] et sur la communauté,[CG225] pendant ces assises capitulaires votre attention se focalisera sur l’identité charismatique et sur la passion apostolique. C’est revenir au cœur de votre vocation dans l’Eglise, à l’esprit le plus pur du Fondateur.

    Don Bosco ritorna, répéterez-vous en ces jours. Vous souvenant de ce que vous écrivait le Saint-Père Jean-Paul II dans la Lettre Iuvenum Patris : « “Don Bosco ritorna” est un chant traditionnel de la Famille Salésienne : il exprime le souhait d’ “un retour de Don Bosco” et d’ “un retour à Don Bosco”, pour être des éducateurs capables d’une fidélité au passé et en même temps attentifs, comme lui, aux mille besoins des jeunes d’aujourd’hui, pour retrouver dans son héritage les prémisses pour répondre encore aujourd’hui à leurs difficultés et à leurs attentes ».[Jean-Paul II, Lettre Juvenum Patris pour le centenaire de la mort de Saint Jean Bosco, Rome 31 janvier 1988, n. 13. ]

    Revenir à Don Bosco et repartir de Don Bosco pour se ranimer le cœur.

    Vous vous disposez donc à revenir aux sources de la spiritualité salésienne, du charisme salésien, au cœur de votre appel, qui trouve sa source dans le cœur même du Christ avec « l’attitude du Bon Pasteur qui conquiert par la douceur et le don de soi ».[Cf. Const. 11.]

  5. Il y a cinq modalités différentes pour parler de spiritualité. Est certainement à éviter celle qui conduit au spiritualisme, presque un refuge dans un monde de l’esprit dans lequel tout s’avère parfait et raréfié ; il est nécessaire, au contraire, de conserver son caractère original de vie selon l’Esprit et l’enracinement dans l’existence quotidienne qui, avec ses fatigues et ses tensions, ses élans et ses âpretés, reflète ainsi l’épaisseur de chemins spirituels – de chaque personne et de l’Eglise – denses de vie et de mystère.

    C’est seulement ainsi qu’il sera possible d’éviter cet appauvrissement des langages de la vie chrétienne qui aujourd’hui s’avèrent presque usés par un emploi trop vague, ou trop rhétorique. L’exubérance du lexique dit combien il est difficile aujourd’hui de prononcer des mots spirituels vrais, qui n’aient peur ni des incertitudes de la vie ni de la référence au mystère. La pudeur et la sobriété du mot pourront restituer à nos langages la possibilité de communiquer l’intense beauté d’une vie vécue dans la perspective de l’Evangile.

  6. Dès le début de son existence Don Bosco se laissa guider par un unique désir : que toute sa vie soit consacrée au bien des jeunes. Son œuvre n’est pas l’expression de l’activisme, le caractère joyeux et ouvert du saltimbanque des Becchi est vraiment et proprement une consécration reçue consciemment et volontairement, une mission pour le salut intégral des jeunes.

    Da mihi animas, caetera tolle. Le but de l’éducation préventive de Don Bosco – une existence humaine individuelle, sociale et religieuse accomplie – est évident dans l’expression “salut de l’âme” : la soif de la sainteté. Une sainteté “des jours de semaine”, celle que Don Bosco indique à ses jeunes et à ses premiers collaborateurs.

    Une “sainteté” qui n’est pas un objectif proposé seulement à quelque “bon” garçon, à quelque élite aristocratique, mais à tous les jeunes de Valdocco : « c’est la volonté de Dieu que nous devenions tous saints ; il est très facile d’y parvenir ; une grande récompense est préparée au ciel pour celui qui devient saint ».[Bosco G., Vita del giovanetto Savio Domenico scritta dal Sacerdote Giovanni Bosco, p. 50, OE XI p. 200. ]

    Dans le climat de sainteté de Valdocco ses propositions fortes et généreuses deviennent crédibles. Il « sait proposer la sainteté comme but concret de sa pédagogie »,[Cf. JP, n. 5.] rappelait le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, en le proclamant Père et Maître de la jeunesse. « Il me plaît de considérer chez Don Bosco surtout le fait qu’il réalise sa sainteté personnelle dans sa tâche éducative vécue avec zèle et d’un cœur apostolique, et qu’il sait proposer, en même temps, la sainteté comme but concret de sa pédagogie ».[JP, n. 5.] C’est ici qu’il faut chercher « ce message prophétique, qu’il a laissé aux siens et à toute l’Eglise ».[Ibidem, n. 8.]

  7. « C’est justement un tel échange entre “éducation” et “sainteté” qui est l’aspect caractéristique de sa personne : il est un “éducateur saint”, s’inspire d’un “modèle saint” — François de Sales —, est disciple d’un “maître spirituel saint” — Joseph Cafasso —, et sait former parmi ses jeunes un “élève saint” — Dominique Savio ».[Ibidem, n. 5.] Et nous pouvons continuer cette liste avec les bienheureux Laure Vicuña et Zéphyrin Namuncurá, le dernier, quant à l’ordre chronologique, à avoir été indiqué dans la Famille Salésienne comme exemple de sainteté, le 11 novembre de l’an passé.

    Ce message prophétique que vous a laissé le Fondateur présente le visage original de votre identité charismatique, de votre consécration apostolique, de votre méthode éducative basée sur la raison, la religion et la tendre affection.[Cf. “Il Sistema Preventivo”, dans “Regolamento per le case della Società di S. Francesco di Sales”, en Giovanni Bosco “Scritti pedagogici e spirituali”, 166.]

    Il est urgent de récupérer le vrai visage de la sainteté. Pour chaque Salésien, pour chaque jeune qui s’approche de vous. Pour continuer à être, comme Don Bosco, des maîtres saints de jeunes saints, des maîtres de spiritualité pour jeunes. [Cf. JP, n. 16] Pour réaliser le projet de vie que vous a laissé le Fondateur : « être dans l’Eglise signes et porteurs de l’amour de Dieu pour les jeunes, spécialement les plus pauvres ».[Const. 2.]

  8. L’article 3 de vos Constitutions dit que votre vie est une « vie de disciples du Seigneur », et que vous vous êtes offerts totalement à Dieu « pour marcher à la suite du Christ et travailler avec Lui à la construction du Royaume ».[Const.]

    En vue de cette offrande le Père vous consacre par le don de Son Esprit et vous envoie pour être apôtres des jeunes.[Cf. ibidem] Le don de l’Esprit doit envahir votre cœur de sa douce puissance pour vous rendre capables d’une pleine fidélité à votre vie de disciples. Le secret de la réussite consiste à savoir consolider constamment les liens de l’alliance avec Dieu.

    En tant que consacrés au Père, vous êtes appelés à reproduire dans l’Eglise et dans le monde, au moyen des conseils évangéliques, « les traits caractéristiques de Jésus — chaste, pauvre et obéissant »,[VC, n. 1] en ayant soin de votre foi, de votre sequela Christi, de votre activité remplie d’amour pour vous conformer au Seigneur Jésus, afin d’être capables de communiquer ce vécu dans une relation d’éducation. Tout le reste peut fournir des supports, des modalités, des instruments à la tâche de plus en plus difficile de communiquer la foi, surtout aux jeunes, mais c’est là bien peu de chose en face de ce qui est demandé et auquel ne peut renoncer celui qui s’engage dans une telle entreprise, à savoir : posséder une foi vive et un amour vivant, incarnés et soutenus par une solide formation.

    Telles sont votre nature profonde, votre vocation, la réalisation définitive de vous-mêmes. Les conseils évangéliques sont cette tension relationnelle, la disposition permanente au Toi. « Il n’existe pas d’autre façon de vivre digne de l’homme, en dehors de la perspective du don de soi ».[Jean-Paul II, Message pour la journée des vocations, 2003.]

  9. Don Bosco naît alors qu’il ne s’est pas encore écoulé trente ans depuis la Révolution française. Déjà pendant tout le siècle précédent (le “siècle des lumières”) la foi avait subi des attaques au nom d’une raison divinisée qui prétend lutter contre tout ce qu’elle appelle « superstition». Au cours du XIXème siècle l’attaque se mélange, d’une manière souvent très enchevêtrée, avec les questions sociales et nationales.

    L’époque de Don Bosco est donc une époque de première industrialisation, de mouvements du Risorgimento, de restaurations et de révolutions. La ville de Turin au temps du Risorgimento est une ville en forte expansion à cause de l’immigration massive de personnes venues des campagnes piémontaises, et le monde des jeunes est en proie à des problèmes très graves : analphabétisme, chômage, dégradation morale et manque de soutien religieux.

    “J’ai seize ans … et je ne sais rien” : ainsi se présenta Barthélemy Garelli, le premier des enfants de Don Bosco. « A Barthélemy s’ajoutèrent d’autres jeunes – raconta lui-même Don Bosco –. Pendant cet hiver-là je réunis aussi quelques adultes qui avaient besoin de leçons de catéchisme adaptées pour eux ».[Bosco G., Memorie dell’Oratorio, adapté par Bosco T., 1985. ]

    Ainsi commença l’Oratoire : avec les jeunes en recherche de travail. Don Bosco leur donna une maison, un cœur ami, une instruction et une protection, en garantissant pour eux des contrats honnêtes de travail ; il fonda des écoles professionnelles, des ateliers. Il offrit de même une aide égale aux étudiants. Il orienta les jeunes à conquérir une place dans le monde, en les aidant à obtenir de la compétence et de l’habileté sur le plan professionnel ; il les guida vers la vie chrétienne, en prenant soin de leur formation religieuse, de leur fréquentation des sacrements et de leur amour filial envers Marie.

  10. Cet engagement est aujourd’hui encore d’actualité. Si à une époque il y avait presque seulement la cour, l’église, l’atelier, l’école, de nos jours nous sommes en présence de différents types d’institutions éducatives, d’écoles, de centres d’alphabétisation, de communautés d’accueil pour les enfants et les jeunes en difficulté, de centres de prévention contre la toxicomanie, de services de conseillers, d’interventions humanitaires en faveur des jeunes qui vivent dans la rue, de camps de réfugiés où se trouvent en grand nombre des enfants et des jeunes, des centres d’accueil pour immigrés… Toujours avec l’œil et le cœur attentifs aux endroits et aux situations où la pauvreté et la gêne ont besoin d’un surplus de compassion, de proximité, d’amour et de protection.

    A notre époque où la mondialisation des secteurs de la communication et de l’économie se joint à l’extension de pauvretés et de marginalisations qui frappent surtout les jeunes générations, l’Eglise perçoit avec préoccupation l’urgente nécessité de surmonter, spécialement dans le secteur de l’éducation, le drame d’une profonde rupture entre l’Evangile et la culture, qui conduit à sous-estimer et à mettre en marge le message de salut du Christ. Aujourd’hui, plus que dans le passé, nous avons besoin d’un regard prophétique sur les temps nouveaux, si complexes et difficiles, et surtout de l’audace des saints, ayant un cœur grand et généreux.

    “J’ai seize ans … et je ne sais rien”. C’est le cri qui est, nous l’entendons, répété par tant de jeunes que nous rencontrons sur notre chemin, qui semblent vivre, surtout ces années-ci, avec une nonchalance et une indifférence non seulement au sujet de la foi, mais particulièrement au sujet de l’amour dont on recherche le sens profond ou éprouve la nostalgie pour l’avoir perdu, tandis que d’une manière contradictoire on le réduit à n’être qu’un fragment du sentiment et de l’émotivité.

    Nous sommes devant l’ère du vide [G.Lipovetsky, L’era del vuoto. Saggi sull’individualismo contemporaneo, 1995] à cause de l’individualisme contemporain. « Il me semble – disait le Saint-Père en répondant aux demandes des jeunes du Diocèse de Rome – que le grand défi de notre temps soit la laïcisation : c’est-à-dire une façon de vivre et de présenter le monde comme “si Deus non daretur”, c’est à dire si Dieu n’existait pas […]. La première nécessité, me semble-t-il, c’est que Dieu soit de nouveau présent dans notre vie, que nous ne vivions pas comme si nous étions autonomes, autorisés à inventer ce que sont la liberté et la vie. Nous devons prendre acte du fait d’être des créatures, constater qu’il y a un Dieu qui nous a créés et que rester dans sa volonté n’est pas une dépendance mais un don d’amour qui nous fait vivre ».[Benoît XVI, Entretien avec les jeunes, au cours de la Rencontre avec les jeunes du Diocèse de Rome, en préparation à la XXIème Journée Mondiale de la Jeunesse, Rome, jeudi 6 avril 2006.]

  11. Il est nécessaire d’être capable de parler de la vérité, sans en avoir peur, même quand elle nous semble inconfortable. Comme le fait, continuellement, le Saint-Père.

    Sur ce thème Romano Guardini écrivait : « Que celui qui parle dise ce qui est, et comment il le voit et l’entend. Donc, qu’il exprime aussi par la parole ce qu’il porte au plus profond de lui-même. Ce peut être difficile en certaines circonstances, cela peut provoquer des ennuis, des préjudices, des dangers ; mais la conscience nous rappelle que la vérité oblige ; qu’elle a quelque chose d’inconditionnel, qu’elle possède de la hauteur. D’elle, on ne dit pas : Tu peux la dire quand il te plaît, ou quand tu dois atteindre un but ; mais : Tu dois dire, quand tu parles, la vérité ; tu ne dois ni la réduire ni l’altérer. Tu dois la dire toujours, simplement, même lorsque la situation te pousserait à garder le silence, ou lorsque tu peux esquiver avec désinvolture une demande ».[R. Guardini, Le virtù, Brescia, 1972, p. 21.] Il y a, donc, un impératif auquel on ne peut pas et on ne doit pas échapper : attester que la vérité doit reprendre sa place et son emplacement cohérent non seulement dans notre prédication et notre catéchèse, mais surtout dans la vie des personnes pour qu’elles puissent aboutir à une existence chargée de sens.

    Le ministère que vous exercez vous place, en premier lieu, devant la transmission de la foi. Nous le savons, celle-ci n’est pas principalement un contenu abstrait, mais un style de vie qui découle du choix de se mettre à la “sequela” du Christ et d’assumer en nous sa parole comme promesse et réalisation de soi.

    « Les prêtres […] ne pourraient être ministres du Christ s’ils n’étaient témoins et dispensateurs d’une vie autre que la vie terrestre, mais ils ne seraient pas non plus capables de servir les hommes s’ils restaient étrangers à leur existence et à leurs conditions de vie. Leur ministère même exige, à un titre particulier, qu’ils ne prennent pas modèle sur le monde présent, et, en même temps, il réclame qu’ils vivent dans ce monde au milieu des hommes, que, tels de bons pasteurs, ils connaissent leurs brebis et cherchent [donc à étudier…] à la lumière du Christ les problèmes de leur temps ».[PO, nn. 3.4.]

  12. Nos jeunes, d’autre part, vivent une profonde solitude. Elle naît souvent du fait de ne pas se sentir accueillis, acceptés pour ce qu’on est ou même du fait de se sentir refusés ; les différentes formes de trahison que la vie impose, depuis l’amitié jusqu’à l’amour, en famille ou avec ceux qui ont le même âge, font apparaître d’une manière évidente le sens profond de solitude où beaucoup sont plongés.

    Je suis convaincu que nos jeunes désirent de nous un témoignage de pleine gratuité et de pardon sincère. Ils veulent être aimés pour ce qu’ils sont, mais ce n’est pas pour cela que nous devons oublier que, pour nous, aimer, c’est rechercher leur bien sans trêve et avec une extrême patience.

    Le Concile écrivait dans Gaudium et spes : « L’homme vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a ».[GS, n. 35.] Le contexte culturel dans lequel nous vivons vit indubitablement une primauté équivoque du faire et de l’avoir par rapport à l’être. La réponse aux demandes des jeunes n’est pas de trouver des techniques ou des initiatives concrètes : nous irions à la rencontre de l’échec. Si nous désirons faire quelque chose pour les jeunes, il est nécessaire avant tout d’être des personnes ayant un grand cœur, parce que, comme le disait en son temps Don Bosco, l’éducation est une affaire du cœur.

    Cette dernière, quoi qu’il en soit, demande de notre part d’assumer la tâche de savoir récupérer avec force la rencontre interpersonnelle et les actions pour guider nos jeunes : ce sont de véritables instruments pour la transmission vivante de la foi. S’il n’y a pas de rencontre en tête à tête, la foi ne se transmet pas. Nous pouvons l’appeler direction spirituelle ou par d’autres manières, mais la tradition de l’Eglise nous apporte le fait que c’est seulement à travers la relation interpersonnelle, qui implique l’homme comme personne, que se produit la transmission de la foi.

    C’est justement pour cela qu’il est indispensable de repenser votre manière d’ « être, avec un style salésien, les signes et les porteurs de l’amour de Dieu pour les jeunes, spécialement les plus pauvres ».[Cf. Const. 2.]

    « Aimer ne suffit pas ». L’idéal de sainteté salésienne est de « se faire aimer ».[Cf. MB XVII, 107-114]

    « Cherche à te faire aimer », c’est ce que Don Bosco conseillait à Don Rua quand il alla à Mirabello, en 1863. « Comme je ne peux pas me trouver sans cesse à côté de toi […] je te parle avec la voix d’un tendre père qui ouvre son cœur à l’un de ses fils les plus chers » ; il lui donne divers conseils parmi lesquels apparaît celui de se faire aimer.[Cf. MB VII, 524] Don Bosco insiste : « aimer ne suffit pas », il est nécessaire de savoir « se faire aimer ».

    « L’art des arts est l’art de l’amour – enseignait Guillaume de Saint-Thierry –. La nature elle-même et Dieu artisan de la nature en ont réservé à eux-mêmes l’enseignement. Car l’amour, qui est suscité par le Créateur de la nature, si sa pureté naturelle n’est pas troublée par des affections étrangères, s’enseigne lui-même : mais seulement à ceux qui se laissent éduquer par lui, éduquer par Dieu. L’amour, en effet, est une force de l’âme, qui la conduit, comme en raison d’un poids naturel, au lieu et au but qui lui sont propres ».[Guillaume de Saint-Thierry, Natura e grandezza dell’amore, 1,1-2, Magnano 1990.]

    L’art de l’amour, l’amour pour la vérité, on les apprend dans le style de vie du Christ chaste, pauvre et obéissant, humble et sobre, tendu vers la charité. La vie consacrée devient ainsi confessio Trinitatis, signum fraternitatis, servitium caritatis, [Cf. Vita consecrata. ] témoignage prophétique lumineux, manifestation de la forme de vie de Jésus, présence incisive à l’intérieur de l’Eglise et prophétie paradoxale et fascinante dans un monde désorienté et confus.

  13. « Don Bosco, à des fins pédagogiques, – écrivait en 1985 le P. Egidio Viganò, Recteur majeur de la Société – concrétisait son sens de l’Église en trois comportements pratiques et fermes ; il les appelait des « dévotions ». La première allait à Jésus-Christ, présent dans l’Eucharistie ; la seconde s’adressait à Marie, modèle et mère de l’Église, honorée comme le Secours du Peuple chrétien au cours de l’histoire ; la troisième vénérait le Pape, successeur de Pierre, tête du Collège épiscopal, pour le service pastoral de l’Église entière ».[ Lettre du Recteur majeur, en ACG 315, p. 5.]

    « Les fatigues, quelles qu’elles soient, sont bien peu de chose, quand il s’agit de l’Eglise et de la papauté ».[Cf. Const. 13] Amour pour le Christ, pour Marie, pour l’Eglise et le Pape. Que votre sentire cum ecclesia soit non seulement un engagement concret de la vie de chaque salésien et des Personnes en charge de responsabilité dans la Société, mais aussi un témoignage de la dimension ecclésiale de votre foi et un engagement pour éduquer les jeunes à ce sentiment.

  14. Pour invoquer la bénédiction du Seigneur sur vous et sur votre Chapitre général ainsi que sur les engagements des prochains jours, je reprends les mots de Benoît XVI dans la Lettre encyclique Spe salvi : « La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance. Certainement, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée ».[ Spe Salvi, n. 49.]

    Que Marie, Mère de l’Eglise et Auxiliatrice des Chrétiens,[Cf. Const. 8.] Don Bosco, tous les nombreux saints et bienheureux salésiens soient vos étoiles et fassent de vous des phares d’espérance pour toute l’humanité, surtout pour les jeunes.

Rome, 3 mars 2008.

ANNEXE 3

Discours du Recteur majeur, le P. Pascual Chávez Villanueva, à l’ouverture du CG26

« J’ai un vif désir de vous voir afin de vous communiquer quelque don spirituel, pour vous affermir, ou plutôt pour éprouver le réconfort parmi vous de notre foi commune à vous et à moi » (Rm 1,11-12).

1. Accueil des invités

Eminence Révérendissime Card. Franc Rodé, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique,

Eminence Révérendissime Card. Raffaele Farina, Bibliothécaire et Archiviste de la Sainte Eglise Romaine,

Eminence Révérendissime Card. Miguel Obando Bravo,

Eminence Révérendissime Card. Joseph Zen,

Excellentissime Mgr Angelo Amato, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,

Excellentissime Mgr Gianfranco Gardin, Secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique,

Excellentissime Mgr Gino Reali, Evêque de Porto et Santa Rufina,

Excellentissime Mgr Francesco Brugnaro, Archevêque de Camerino, Ancien élève et Coopérateur,

Excellentissimes Evêques Salésiens : Mgr Carlo Chenis, Mgr Zef Gashi, Mgr Stanislav Hocevar, Mgr Calogero La Piana, Mgr Basile Mvé, Mgr Pierre Pican, Mgr Peter Stump, Mgr Luc Van Looy, Mgr Adrian van Luyn, Mgr Rosario Vella,

Révérendissime Sœur Enrica Rosanna, Sous-secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique,

Très Révérende Mère Antonia Colombo, Supérieure Générale de l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice,

Très chers Responsables des différents Groupes de la Famille Salésienne,

Très Révérend Père Pietro Trabucco, Secrétaire de l’Union des Supérieurs Généraux,

Très Révérend Père Mario Toso, Recteur de l’Université Pontificale Salésienne,

au nom de toute l’Assemblée capitulaire, je Vous remercie de tout cœur pour votre présence en ce moment si rempli de signification pour la Société de Saint François de Sales et je Vous exprime combien est agréable à nous tous votre participation, qui vient honorer l’ouverture de notre 26ème Chapitre Général et encourager notre travail.

2. Bienvenue aux Capitulaires

Très chers Confrères Capitulaires, Provinciaux et Supérieurs de quasi-Provinces, Délégués des provinces, Observateurs invités, venus du monde entier pour prendre part à ces importantes assises de notre Congrégation bien-aimée.

A vous tous, je désire souhaiter la bienvenue avec le cœur de Don Bosco. Sentez-vous chez vous et à votre aise ! La maison de Don Bosco est votre maison. La Maison Généralice est aussi la maison de Don Bosco, comme l’a été celle de Valdocco, où nous avons voulu, en esprit de prière et de contemplation, commencer les premières heures de cette Assemblée ; comme l’a été la maisonnette des Becchi, sur la façade de laquelle est reportée l’inscription avec les paroles de Don Bosco : “C’est ma maison”.

Le thème central du Chapitre, “Repartir de Don Bosco”, est une invitation adressée à toute la Congrégation. Il nous a conduits sur les lieux où notre père et fondateur bien-aimé, docile à la voix et à l’action de l’Esprit Saint, accueillit les débuts et favorisa le développement de ce charisme, dont nous sommes les héritiers, les garants, les témoins et les communicateurs. Les Becchi et Valdocco sont le berceau de notre expérience charismatique. Là se trouve notre identité, parce que c’est là que nous sommes tous nés, comme le chante, plein de joie, le psalmiste en pensant à la ville de Dieu : “en elle, tout homme est né […] En toi, toutes mes sources” (Ps 87 [86]).

Notre ADN est le même que celui de notre père Don Bosco, dont les gènes sont la passion pour le salut des jeunes, la confiance dans la valeur d’une éducation de qualité, la capacité d’impliquer beaucoup d’individus jusqu’à fonder un vaste mouvement de personnes capables de partager, dans la mission auprès des jeunes, la mystique du “da mihi animas” et l’ascétique du “caetera tolle”. Avec vous je formule les souhaits les plus vifs pour que notre Chapitre soit le point de mise en route pour repartir de Don Bosco et parvenir à l’année 2015, moment où, dans la joie et la reconnaissance, nous célébrerons le deuxième centenaire de sa naissance.

3. Le Chapitre Général

J’ai voulu mettre au début de ce discours d’ouverture la citation de saint Paul, tirée de la lettre aux Romains, parce que, me semble-t-il, il y exprime tout ce que j’ai dans le cœur et tout ce que j’attends de ces assises. S’il est vrai que n’importe quel Chapitre Général est un événement qui dépasse quant à sa substance le seul accomplissement formel de ce qui est prescrit par les Constitutions, à plus forte raison je retiens que le CG26 doit l’être plus encore. Ce sera un événement de Pentecôte, qui aura l’Esprit Saint comme principal protagoniste ; il se déroulera entre mémoire et prophétie, entre reconnaissance fidèle aux origines et ouverture inconditionnée à la nouveauté de Dieu. Et nous serons tous des sujets actifs, avec nos responsabilités et nos attentes, riches d’expérience, disponibles à l’écoute, au discernement, à l’accueil de la volonté de Dieu sur la Congrégation.

C’est Dieu lui-même qui nous convoque : continuellement et en tout temps il appelle et il envoie ses prophètes, pour qu’il y ait pour tous la vie en abondance. Les appels de Dieu demandent de la générosité, un dévouement total et une disposition à accueillir même la souffrance pour “donner la vie” ; il ne naît pas de vie sans “les douleurs de l’accouchement”. Dieu ne nous invite pas à consolider des situations de stagnation ou plus encore de mort, mais il envoie son Esprit pour redonner la vie et la vitalité, transformer les personnes et, à travers elles, renouveler la face de la terre.

Je ne peux pas ne pas rappeler en ce moment la vision pénétrante d’Ezéchiel sur le peuple de Dieu exilé, privé du Roi, du Temple et de la Loi. Sur les ossements desséchés, sur ce peuple mort, Dieu envoie l’Esprit et voici que réapparaissent les nerfs et que croît la chair. Il recouvre ces corps de peau et souffle son haleine de vie (cf. Ez 37,8ss). Certainement la nouveauté que Dieu veut offrir au monde peut se heurter à la résistance psychologique et spirituelle mise à « renaître d’en haut » (Jn 3,3), comme ce fut le cas pour Nicodème. Au contraire, ce qui nous est demandé, c’est la disponibilité exemplaire d’Abraham qui se laisse guider par le Dieu de la promesse (cf. Gn 12,1-3) ; il ne s’accroche pas non plus au fils tant attendu et parvient à renoncer à Isaac, sans hésiter à le sacrifier pourvu qu’il ne perde pas son Dieu. Toujours dans cette logique de disponibilité, nous avons un modèle parfait d’ouverture illimitée en la Vierge Marie, prête à laisser tomber son projet de vie pour assumer celui de Dieu (cf. Lc 1,35ss).

Le CG26 vise à quelque chose de nouveau et d’inédit. Nous presse l’urgence de revenir aux origines. Nous sommes appelés à trouver de l’inspiration dans la même passion apostolique que celle de Don Bosco. Nous sommes invités à puiser aux sources premières du charisme et, dans le même temps, à nous ouvrir avec audace et créativité à des modalités nouvelles pour l’exprimer aujourd’hui. Pour nous il s’agit de savoir comment découvrir pour le même diamant, notre charisme, de nouvelles facettes qui nous permettent de mieux répondre aux situations des jeunes, de comprendre et de servir leurs nouvelles pauvretés, d’offrir de nouvelles occasions d’assurer leur développement humain et leur éducation, leur chemin de foi et leur plénitude de vie.

Il est important que chacun de nous, chers Capitulaires, entre profondément en accord avec Dieu, qui nous appelle “aujourd’hui”, afin que l’inspiration et la force de son Esprit ne soient pas contrariées dans notre cœur, mises sous silence sur nos lèvres et déformées dans leur logique (cf. Ep 4,30). Tout cela signifie que l’effort auquel nous sommes appelés est celui d’élargir le plus possible l’arc de notre réceptivité « spirituelle », pour découvrir au plus profond de nous-mêmes la volonté de Dieu vis-à-vis de la Congrégation, et pour conformer de plus en plus notre façon de penser et de parler à la Parole de Dieu. Que les paroles que chacun d’entre nous se sentira appelé à prononcer, portent le moins possible le poids de la chair, car “ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit». (Jn 3,6).[Cf. V. Bosco, Il Capitolo : momento di profezia per tenere il passo di Dio, Elle Di Ci, Turin 1980, p 8.]

4. Attitudes de pleine participation au CG26

Comment vivre alors l’expérience capitulaire de façon constructive ? Quel type d’engagement chaque Capitulaire doit-il assumer ? Avec quelles attitudes participer au Chapitre Général ?

En cultivant l’esprit prophétique

La conscience d’être convoqués par Dieu réveille en nous le sens de dépendance vis-à-vis de Lui et l’acceptation profonde de la mission qu’Il nous confie. Cela exige de nous une écoute continue, humble, obéissante. A la différence d’un congrès ou d’une réunion, où souvent prévaut la dialectique, nous nous trouvons ici à vivre un moment de discernement et de débat à propos de la vie de la Congrégation et au sujet de notre charisme, qui est un grand don de Dieu pour l’Eglise et pour les jeunes.

Nous ne pouvons pas tenir le rôle de spectateurs. Cela transformerait l’événement en simple fait de chronologie ; il n’en resterait qu’un vague souvenir, incapable de faire jaillir d’authentiques dynamismes transformateurs de l’histoire. C’est précisément le devoir du prophète : mu par l’Esprit du Christ et porteur de la Parole de Dieu, il est capable de transformer l’histoire. Pour que tout cela s’accomplisse dans notre expérience, le CG26 nous propose une pleine implication de nos personnes. Tous nous sommes appelés à vivre cet événement de façon responsable, à en saisir l’importance vitale et à raviver chaque jour l’intérêt et la disponibilité pour le chemin que l’Esprit nous conduit à accomplir.

Le Chapitre sera significatif et fécond, si, au lieu d’être un simple “fait”, qui se produit dans l’espace et le temps, il devient une “expérience” profonde qui touche avant tout notre personne elle-même. Et il la touchera, si dans la réalisation du Chapitre, nous sommes capables de trouver Dieu. A partir de là commenceront une régénération et une renaissance ; alors nous pourrons faire connaître à tous les confrères de la Congrégation “ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché” (1 Jn 1,1).

La croissance personnelle et le service à rendre à la Congrégation, qui sont mis en jeu dans l’expérience capitulaire vont de pair. Souvent on entend dire que la participation à un Chapitre Général représente une expérience intense de formation permanente ; et c’est vrai. Toutefois, personnellement, je préférerais parler d’une expérience charismatique, dans le sens le plus profond du terme, c’est-à-dire d’une expérience de l’Esprit et, puisqu’il s’agit d’une assemblée, d’une véritable Pentecôte communautaire.

Il ne s’agit pas seulement de ne pas décevoir les confrères, mais de ne pas gaspiller un “temps propice”, un “kairós”, donc de ne pas décevoir Dieu et les jeunes, les deux pôles qui configurent notre identité, autour desquels tourne notre vie et au service desquels se justifie notre existence.

En opérant le discernement

Précisément parce que le Chapitre n’est pas un congrès, mais un temps de discernement, il doit être vécu avec cette attitude, qui requiert de la préparation, une sérieuse réflexion, une prière sereine et profonde, un apport personnel, une conscience de sa propre adhésion, une écoute de Dieu et de soi-même.

Dans cette perspective ont contribué à établir ce climat spirituel aussi bien les journées de spiritualité salésienne vécues aux Becchi et à Turin que la Retraite Spirituelle et les deux jours de présentation de la Congrégation à travers les Secteurs et les Régions. L’atmosphère idéale dans laquelle Dieu accomplit son œuvre et conduit l’histoire, et aussi celle de notre Congrégation, c’est la charité : “Ubi caritas et amor, Deus ibi est”.

L’Esprit agit, souffle son haleine de vie et répand ses flammes de feu là où il y a une communauté réunie au nom du Christ et unie par l’amour. C’est la communion des cœurs qui nous convoque autour du même projet apostolique, celui de Don Bosco, et rend possible l’unité dans la diversité des contextes, des cultures, des langues.

En faisant route avec le Dieu de l’histoire

Aujourd’hui la situation du monde et de l’Eglise nous demande de faire route avec le Dieu de l’histoire. Nous ne pouvons pas renoncer à notre vocation d’être, en tant que consacrés, les éléments les plus efficaces et incisifs, à la façon de la pointe de diamant, dans le Royaume de Dieu, les sentinelles du monde et les senseurs [appareils qui détectent les changements et les orientations] de l’histoire. Notre vocation à être “signes et porteurs de l’amour de Dieu” (Const. 2) nous pousse à être ce que le Seigneur attend de tous ses disciples : “le sel de la terre et la lumière du monde” (cf. Mt 5,13-14). Voilà les deux images utilisées par Jésus pour définir et caractériser ses disciples. Elles sont toutes les deux très éloquentes et nous disent que se mettre à la suite du Christ n’est pas tant déterminé par le « faire » que par l’ « être », c’est-à-dire que c’est plus une question d’identité qu’une question d’efficacité, plus un problème de présence significative que de réalisations grandioses.

Ici également, ce qui importe n’est pas tant le renouveau de la Congrégation ou son avenir que la passion pour Jésus et le Royaume de Dieu. Voilà notre espérance. Et c’est là que se trouvent la vitalité, la crédibilité et la fécondité de notre Institut. En effet, l’ouverture aux demandes, aux provocations, aux incitations et aux défis de l’homme moderne, dans notre cas à ceux des jeunes, nous libère de toute forme de sclérose, d’atonie, et d’impasse, d’embourgeoisement et nous met en route “au pas de Dieu”. Nous éviterons alors de regarder en arrière, et de devenir ainsi des statues de sel, ou bien de nous illusionner par de stériles fuites en avant, non conformes à la volonté de Dieu.

Un élément typique de Don Bosco et de la Congrégation a toujours été la sensibilité à l’histoire et, aujourd’hui plus que jamais, nous ne pouvons pas la négliger. Elle nous rendra attentifs aux demandes pressantes de l’Eglise et du monde. Elle nous fera “aller” et “sortir” à la recherche des jeunes. Cela devra se traduire dans un document capitulaire capable de remplir de feu le cœur des confrères. Ce texte constituera une véritable carte de navigation dans les années à venir. Voilà pourquoi est importante la lecture des “signes des temps”, dont j’ai voulu indiquer quelques-uns dans les ACG 394, dans la lettre de convocation du CG26.

En construisant sur le roc

Dans ma lettre circulaire, portant le titre « TU ES MON DIEU ! JE N’AI PAS D’AUTRE BONHEUR QUE TOI » (Ps 16,2) et publiée dans les ACG 382, je parlais d’une vie consacrée de type libéral qui a désormais épuisé ses possibilités et n’a plus d’avenir. On a fait des efforts de renouvellement et on a essayé de croître, mais pas exactement selon la logique d’une vie qui est consacrée avant tout à Dieu. Beaucoup d’expériences confirment l’impression qu’on a voulu construire la maison sur le sable, et non sur le roc. Toute tentative de refonder la vie consacrée qui ne nous reconduirait pas à Jésus-Christ, fondement de notre vie (cf. 1 Co 3,11), et qui ne nous rendrait pas plus fidèles à Don Bosco, notre fondateur, est destinée à échouer.

Il n’y a pas de doute que la vie consacrée est en train de vivre une période encore plus délicate que celle qui a suivi immédiatement le Concile, malgré tous les efforts de renouvellement qui ont été effectués. Devant ce panorama peut apparaître la tentation d’un simple retour à la situation du passé, dans laquelle on puisse récupérer la sécurité et la tranquillité, au prix d’une fermeture aux nouveaux signes des temps, qui nous poussent à répondre avec davantage d’identité, de visibilité et de crédibilité.

La solution n’est pas dans des choix pour effectuer une restauration ; en effet, on ne peut pas enlever à la vie consacrée la force prophétique qui l’a toujours distinguée et qui la rend dynamique et fait d’elle une contre-culture. Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, ce qui est mis en jeu pendant la période des six prochaines années n’est pas la survie, mais la prophétie de notre Congrégation. Nous ne devons donc pas cultiver un “acharnement institutionnel”, en cherchant à prolonger la vie à tout prix ; nous devons plutôt chercher avec humilité, avec constance et avec joie à être des signes de la présence de Dieu et de son amour pour l’homme. C’est seulement ainsi que nous pourrons être une force entraînante et fascinante.

Eh bien, pour être une présence prophétique dans l’Eglise et dans le monde, la vie consacrée doit éviter la tentation de se conformer à la mentalité répandue dans ce monde et marquée de laïcité, d’hédonisme et de tendance à user à outrance des biens de consommation, et elle doit se laisser guider par l’Esprit, qui l’a suscitée pour être une forme privilégiée de “sequela ” et d’imitation du Christ. Nous pourrons ainsi connaître et assumer la volonté de Dieu sur nous, dans cette phase de l’histoire, et l’intégrer dans notre vie avec joie, conviction et enthousiasme. « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Rm 12,2). Nous ne pouvons pas oublier que la vie chrétienne, et à plus forte raison la vie consacrée, n’ont pas d’autre vocation et d’autre mission que d’être « sel de la terre » et « lumière du monde ».

Sel de la terre, nous le sommes quand nous vivons l’esprit des Béatitudes, quand nous construisons notre vie à partir du Sermon sur la montagne, quand nous vivons une existence qui constitue une solution de remplacement. Il s’agit d’être des personnes qui, en face d’une société soucieuse de privilégier le succès, l’éphémère, le provisoire, l’argent, la jouissance, la puissance, la vengeance, le conflit, la guerre, choisissent la paix, le pardon, la miséricorde, la gratuité, l’esprit de sacrifice, en commençant par le cercle restreint de la famille ou de la communauté pour aller ensuite jusqu’à la société.

Jésus nous avertit cependant qu’il est possible que le sel perde sa saveur, que ses disciples ne soient pas authentiques. Il en signale les effets désastreux : « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens ». Ou bien nous sommes des disciples dont l’identité évangélique est claire, et alors nous sommes significatifs et utiles pour le monde, ou bien nous devons être jetés et méprisés, nous sommes des misérables, nous ne sommes rien. Le christianisme, la foi, l’évangile, la vie consacrée ont une valeur sociale et une responsabilité publique, parce qu’ils sont une vocation et une mission, et ne peuvent pas être compris et vécus “à usage privé”.

C’est le sens de l’exhortation par laquelle Jésus conclut ses déclarations : « Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes ». Jésus veut que ses disciples fassent du Sermon sur la montagne un programme de vie. Douceur, pauvreté, gratuité, miséricorde, pardon, abandon à Dieu, confiance, amour porté aux autres sont donc les œuvres évangéliques que l’on doit faire resplendir, celles qui nous font devenir “sel” et “lumière”, celles qui nous aident à établir cette société de remplacement qui ne permet pas à l’humanité de se corrompre complètement.

Nous, chers confrères, nous sommes appelés à être espérance, à être lumière et sel ; nous sommes appelés à une mission envers la société et le monde, une mission qui peut être résumée en un mot : sainteté ! Etre lumière et sel veut dire être saint. L’article 25 des Constitutions présente la profession comme une source de sanctification. Après avoir parlé des confrères qui, en vivant en plénitude le projet de vie évangélique, deviennent des entraîneurs sur notre chemin de sanctification, il conclut : « Le témoignage de cette sainteté, qui se concrétise dans la mission salésienne, révèle la valeur unique des béatitudes et constitue le don le plus précieux que nous puissions offrir aux jeunes ».

Jean-Paul II nous disait : “Ce serait un contresens que de se contenter d’une vie médiocre, vécue sous le signe d’une éthique minimaliste et d’une religiosité superficielle […] Il est temps de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire”,[Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte, n. 31. Cf. aussi Repartir du Christ, n. 46.] qu’est précisément la sainteté. En paraphrasant don Bosco, je dirai qu’il est fascinant d’être saint, parce que la sainteté est luminosité, tension spirituelle, splendeur, lumière, joie intérieure, équilibre, limpidité, amour porté jusqu’à l’extrême.

S’il est vrai que la vie consacrée est « un don divin que l’Eglise a reçu de son Seigneur », « un arbre » planté « par Dieu » dans l’Eglise, un « don spécial » qui aide l’Eglise dans la mission de Salut, et qu’elle « appartient » fermement à la vie et à la sainteté de l’Eglise (cf. LG 43 et 44), il s’ensuit que le déroulement d’un Chapitre est un événement ecclésial dans le sens le plus authentique du mot. Il s’agit d’un véritable “kairós”, dans lequel Dieu agit pour porter l’Eglise à être de plus en plus l’épouse du Christ, toute resplendissante, sans tache et sans rides.

5. Thème et objectif du CG26

Dans une étude linguistique effectuée au lendemain de la détermination du thème du CG26, le P. Julian Fox écrivait que le mot qui revenait le plus fréquemment dans les interventions du Recteur majeur, à partir de la présentation des documents du CG25, était “passion”, uni ordinairement à “da mihi animas”. [La référence remonte essentiellement à une phrase située au n. 20 de CG25 [ACG 378, p. 34] : “Chaque communauté est formée d’hommes, plongés dans la société, qui expriment la passion évangélique du « da mihi animas, cetera tolle » avec l’optimisme de la foi, le dynamisme et la créativité de l’espérance, la bonté et le don total de la charité”. Chaque communauté exprime la passion, basée sur l’Evangile, du “da mihi animas”’. Ainsi, tandis que le RM ne fait pas en réalité mention du terme “passion“ parmi les premières choses qu’il écrivait à la Congrégation tout entière en guise d’introduction aux documents du CG25, il est alors en train d’introduire un document qui le fait, et bientôt lui-même reprend ensemble, d’une manière ou d’une autre, les deux termes “passion” et “da mihi animas” dans les lettres qui suivront. Nous pouvons dire qu’ils étaient là depuis le commencement de sa conscience d’être Recteur majeur. (J. Fox, 06.04.2006).] Sa conclusion est que le “da mihi animas” de Don Bosco est ce qui donne un contenu et du sens au mot “passion”, fréquemment employé par moi dans mes écrits ; autrement dit, le terme “passion” décrit très bien le sens du “da mihi animas”.

Ce langage s’est fait plus intense à partir du Congrès international de la vie consacrée, qui s’est déroulé à Rome à la fin de novembre 2004 et qui eut précisément comme thème du programme “Passion pour le Christ, passion pour l’Humanité”. Comme membre du Conseil exécutif et de la Commission théologique de la USG, j’ai eu la possibilité de contribuer au choix de ce thème, qui entendait souligner de nouveau la place centrale de la “passion” dans le témoignage contemporain de la vie consacrée.

A l’intérieur de la tradition salésienne et dans le contexte plus large de la vie consacrée, ce choix est effectué dans le but de nous ramener, nous qui sommes consacrés, à cultiver une puissante force entraînante, une immense énergie qui sont précisément celles du désir. L’union profonde entre “passion” et “da mihi animas” appartient à notre structure génétique, non au niveau formel, mais au niveau essentiel. Dans cette manière de ressentir les choses, qui est un don charismatique de notre fondateur, cette “passion” nous relie profondément à Dieu et aux jeunes. Le choix du thème “Da mihi animas, caetera tolle” a donc voulu aller aux racines de notre charisme, au choix “fondamental” spirituel et apostolique de Don Bosco, que lui-même a laissé comme programme de vie aux Salésiens (cf. Const. 4). Cette devise synthétise, en effet, notre identité charismatique et notre mission.

Da mihi animas exprime une mission désirée, demandée, acceptée. La mission est un don de Dieu ; c’est Lui qui veut être au milieu des jeunes par notre intermédiaire, parce que Lui-même veut les sauver, veut leur donner sa plénitude de vie ; la mission doit donc être désirée, car elle naît dans le cœur de Dieu Sauveur, et non pas de notre volonté. La mission est en outre un don qui doit être demandé ; le missionnaire des jeunes n’est le propriétaire ni de sa vocation ni des destinataires ; la mission se réalise en premier lieu dans le dialogue avec le Maître de la moisson ; cela implique une relation profonde avec Dieu, vraie condition préalable de toute mission. La mission est ensuite un don que l’on accepte ; cela demande l’identification avec le charisme et le souci de la fidélité à la vocation au moyen de la formation initiale et de la formation permanente ; ce sera cette fidélité qui nous protégera de la désaffection à l’égard de Dieu et des jeunes.

Caetera tolle représente la disposition intérieure et l’effort ascétique pour accueillir la mission. C’est un choix de détachement de tout ce qui nous éloigne de Dieu et des jeunes. Ce choix nous demande : une vie personnelle et communautaire plus simple et plus pauvre, avec, en conséquence, une réorganisation institutionnelle du travail, qui puisse nous aider à surmonter le risque d’être les gestionnaires des œuvres plus que les évangélisateurs des jeunes ; l’attention aux nouvelles pauvretés des jeunes et de nos destinataires en général ; l’ouverture aux nouveaux fronts d’action de l’évangélisation dans un engagement apostolique profondément renouvelé.

L’objectif du CG26 est de toucher le cœur du salésien, pour faire en sorte que chaque confrère soit “un nouveau Don Bosco”, un de ses interprètes aujourd’hui ! Nous avons défini ce but en disant que le CG26 veut réveiller « le cœur de chaque confrère par la passion du “Da mihi animas” ». Nous sommes certains d’atteindre l’objectif, si chaque salésien s’identifie avec Don Bosco, en l’accueillant dans sa vie comme “père et modèle” (cf. Const. 21). C’est pourquoi nous devrons renouveler notre attention et notre amour vis-à-vis des Constitutions, en en cueillant toute la force charismatique.

A ce sujet, je voudrais vous indiquer d’une manière particulière le chapitre deux des Constitutions qui nous présente l’“esprit salésien”. Nous nous souvenons de ce que Don Bosco nous a laissé par écrit dans son Testament spirituel : “Si vous m’avez aimé dans le passé, continuez à m’aimer dans l’avenir par l’exacte observance de nos Constitutions”.[TESTAMENT SPIRITUEL DE DON BOSCO, Ecrits de Don Bosco, dans CONSTITUTIONS ET REGLEMENTS, éd. 2005, p. 255. ] Et Don Rua nous répète : « Quand le Vénérable D. Bosco envoya ses premiers fils en Amérique, il voulut que la photographie le représentât au milieu d’eux en train de remettre à Don Giovanni Cagliero, chef de l’expédition, le livre de nos Constitutions. Que de choses D. Bosco exprimait avec cette attitude ! […et il nous disait :] Je voudrais vous accompagner moi-même, vous encourager, vous consoler, vous protéger. Mais ce que je ne peux pas faire, moi, ce petit livre le fera. Gardez-le comme le trésor le plus précieux ».[Lettre circulaire du 1er décembre 1909, dans Lettere circolari di Don Michele Rua ai Salesiani, Direction Générale des Œuvres Salésiennes, Turin 1965, p. 498.] Et enfin Don Rinaldi affirmait : “Tout Don Bosco se trouve en elles”.

6. Identité charismatique et passion apostolique

Le thème du CG26 “Da mihi animas, caetera tolle” a comme sous-titre l’expression “Identité charismatique et passion apostolique”. En fin de compte, le renouveau profond dont a besoin la Congrégation en ce moment historique et auquel vise ce Chapitre Général, dépend de l’union inséparable de ces deux éléments. A mon avis, il faut surmonter dès le départ le dilemme classique entre “identité charismatique et influence sociale”. En réalité, c’est un faux problème : il ne s’agit pas, en effet, de deux facteurs indépendants et leur mise en opposition peut se traduire en des tendances idéologiques qui dénaturent la vie consacrée, deviennent la cause de tensions inutiles et d’efforts stériles, provoquent un sentiment d’échec. Je me demande donc : où trouver l’identité salésienne, celle qui a garanti l’influence sociale de la Congrégation, influence qui s’est manifestée dans le “phénomène salésien”, comme il fut appelé par Paul VI, fruit de son incroyable croissance en nombre de vocations et de son expansion mondiale ?

Il se produit pour nous ce que l’Eglise vit aujourd’hui. Elle « se trouve toujours devant deux impératifs sacrés qui la maintiennent dans une tension insurmontable. D’une part elle est liée à la mémoire vivante, à l’assimilation théorique et à la réponse historique relatives à la révélation de Dieu dans le Christ, révélation qui est l’origine et le fondement de son existence. D’autre part, elle est liée à la communication généreuse du Salut offert par Dieu à tous les hommes et envoyée pour cette communication qu’elle parvient à faire au moyen de l’évangélisation, de la célébration sacramentelle, du témoignage vivant et de la collaboration généreuse de chacun de ses membres. Le souci de l’identité et l’exercice de la mission sont sacrés d’une manière égale. Quand la fidélité aux origines et la préoccupation pour l’identité sont disproportionnées ou sont excessives, l’Eglise se convertit en une secte et succombe au fondamentalisme. Quand la préoccupation pour son influence aux yeux de la société et en face des causes communes de l’humanité est portée jusqu’à la limite, au point où l’on oublie ses propres sources premières, alors l’Eglise arrive au bord de la dissolution et finalement de l’insignifiance ».[O. González de Cardenal, Ratzinger y Juan Pablo II. La Iglesia entre dos milenios, Ed. Sígueme, Salamanque 2005, pp. 224 ss. ]

Voici les deux éléments constitutifs pour l’Eglise et, donc, pour la Congrégation : son identité, qui consiste dans le fait d’être composée de disciples de Jésus Christ, et sa mission, qui est centrée sur le fait que ceux-ci travaillent pour le salut des hommes, dans notre cas celui des jeunes. La préoccupation proche de l’obsession pour l’identité débouche sur le fondamentalisme et ainsi on perd l’influence. L’angoisse pour une influence sociale dans l’accomplissement de la mission, à n’importe quel prix et au détriment de l’identité en allant jusqu’à la perdre, conduit au contraire à la dissolution du fait lui-même d’“être Eglise”.

Cela signifie que la fidélité de l’Eglise, et a fortiori celle de la Congrégation, dépend de l’union inséparable de ces deux facteurs : identité charismatique et influence sociale. Souvent, en formulant ces éléments comme antagonistes ou simplement en les disjoignant, “ou identité ou influence”, nous pouvons tomber dans une conception erronée de la vie consacrée, en pensant que, s’il y a beaucoup d’identité de foi et de charisme, l’engagement social peut en souffrir et, en conséquence, il peut y avoir peu de signification de notre vie. Nous oublions que “la foi sans les œuvres est stérile” (Jc 2,20). Il ne s’agit pas d’une alternative, mais d’une intégration !

En parlant du renouveau de la vie consacrée, dans le numéro 2 du Décret Perfectae Caritatis, le Concile Vatican II proposait cette orientation de base : “La rénovation adaptée de la vie religieuse comprend à la fois [c’est moi qui souligne] le retour continu aux sources de toute vie chrétienne ainsi qu’à l’inspiration originelle des instituts et, d’autre part, la correspondance de ceux-ci aux conditions nouvelles d’existence”.

Il est donc fait référence à trois points dans ce programme de renouveau : 1) un retour continu aux sources de toute vie chrétienne ; 2) un retour continu à l’inspiration originelle des instituts ; 3) la correspondance des instituts aux conditions nouvelles d’existence. Il y a cependant un critère qui devient normatif, à savoir que les trois demandes de la réforme vont ensemble : simul [à la fois]. Il ne peut y avoir aucune rénovation adaptée si ces perspectives sont envisagées séparément. C’est peut-être en cela qu’a consisté l’erreur de certaines tentatives de réforme de la vie consacrée qui ont échoué. Dans la période qui a suivi immédiatement le Concile, tandis que quelques-uns soulignaient l’inspiration originelle de l’institut au moyen d’une forte identité, d’autres optaient pour la correspondance à la nouvelle situation du monde contemporain avec un engagement social plus fort. Ainsi les polarisations restaient toutes les deux infécondes et sans une force effective de conviction.

A plusieurs reprises j’ai partagé la profonde impression que me fit la visite à la Maison Mère des Sœurs de la Charité à Calcutta, justement en raison de la conviction particulière que Mère Teresa a su transmettre à ses Sœurs : plus tu te donnes de mal pour ceux dont personne ne s’occupe, et qui sont le plus dans la pauvreté et le besoin, plus tu dois exprimer la différence, la raison fondamentale de cette préoccupation, qui consistent dans le Christ Crucifié. L’unique forme, dans laquelle devient clair le témoignage de la vie consacrée, se réalise quand elle est capable de révéler que Deus caritas est. Mère Teresa écrivait : “Une prière plus profonde te porte à une foi plus vibrante, une foi plus vibrante à un amour plus expansif, un amour plus expansif à un don de toi-même plus altruiste, un don de toi-même plus altruiste à une paix durable”.

L’identification avec la société contemporaine, sans une profonde identification avec Jésus Christ, perd sa capacité de constituer un symbole et sa force d’inspiration. C’est seulement cette inspiration qui rend possible la différence dont la société a besoin. La seule identification avec un groupe social ou avec un programme politique déterminé, même chargé d’un impact social, n’est plus éloquente ni crédible. Pour ce but il y a d’autres institutions et d’autres organisations dans le monde d’aujourd’hui.

Voici ce que Don Bosco a su faire d’une façon extraordinaire. Dans l’article 21, notre texte des Constitutions nous le présente d’une manière magistrale, en appliquant précisément à Don Bosco les noms de Père et de Maître et en nous l’offrant comme modèle. Les raisons qui sont données sont au nombre de trois :

a) Il réussit à réaliser dans sa propre vie un splendide accord de la nature et de la grâce

  • profondément humain - profondément homme de Dieu
  • riche des vertus de sa race - comblé des dons de l’Esprit Saint
  • il était ouvert aux réalités de ce monde - il vivait comme s’il voyait l’invisible

Voilà donc son identité.

b) Ces deux aspects se sont fondus dans un projet de vie d’une profonde unité : le service des jeunes

  • avec une constante fermeté
  • au milieu des obstacles et des fatigues
  • avec toute la sensibilité d’un cœur généreux
  • pas un de ses pas, pas une de ses paroles, pas une de ses entreprises qui n’ait eu pour but le salut de la jeunesse

Voilà en quoi réside son influence.

c) En toute vérité il n’eut rien d’autre à cœur que les âmes

  • totalement consacré à Dieu et pleinement dévoué aux jeunes
  • il éduquait en évangélisant et il évangélisait en éduquant

Voici la grâce de l’unité.

Aujourd’hui la Congrégation a besoin de cette conversion, qui nous fasse dans le même temps récupérer l’identité charismatique et la passion apostolique. Notre engagement pour le salut des jeunes, spécialement des plus pauvres, passe nécessairement par l’identification charismatique.

En Don Bosco la sainteté resplendit à partir de ses œuvres, c’est vrai ; mais les œuvres ne sont que l’expression de sa vie de foi. L’union à Dieu, c’est vivre en Dieu sa propre vie ; c’est demeurer en Sa présence ; c’est participer à la vie divine qui est en nous. Don Bosco fit de la révélation de Dieu et de son Amour, la raison de sa propre vie, selon la logique des vertus théologales : avec une foi qui devenait signe attrayant pour les jeunes, avec une espérance qui était parole lumineuse pour eux, avec une charité qui se faisait geste d’amour à leur égard.

7. Conclusion

Très chers Confrères Capitulaires, le 3 avril 2002 j’ai été élu Recteur majeur par le CG25 et les jours suivants furent élus le Vicaire et les autres Conseillers de Secteur et de Région, avec la tâche d’animer et de gouverner la Congrégation pendant la période des six années 2002-2008. Au long de ces six années nous avons cherché à vivre avec intensité cette tâche, en nous investissant avec nos meilleures énergies.

Un peu plus d’un an après, le P. Luc Van Looy, a été appelé par le Saint-Père au ministère épiscopal comme Evêque du Diocèse de Gand, en Belgique. Cela nous a obligés à nommer un nouveau Vicaire, le P. Adriano Bregolin, et en conséquence un nouveau Régional pour l’Italie et le Moyen-Orient en la personne du P. Pier Fausto Frisoli. L’un de nous, le P. Valentín de Pablo, est décédé au cours de la Visite Extraordinaire qu’il effectuait dans la quasi-Province AFO. Deux Conseillers, le P. Antonio Domenech et le P. Helvécio Baruffi, ont été durement éprouvés par la maladie. Et enfin, le 23 janvier de cette année, le Saint-Père a nommé Evêque le P. Tarcisio Scaramussa, qui était Conseiller pour la Communication Sociale, en lui confiant la tâche importante d’Auxiliaire dans l’Archidiocèse de São Paulo.

Je remercie chacun des Conseillers : en se tenant proches de moi, ils apportèrent une collaboration loyale, généreuse et compétente dans les différentes charges qui leur étaient confiées. Et arrive aujourd’hui le moment de donner de nouveau la parole à l’Assemblée Capitulaire, qui représente la plus grande expression de l’autorité dans la vie de la Congrégation. Donc à vous tous, très chers confrères, la parole, mais aussi l’invitation à ouvrir votre cœur à l’Esprit, le grand Maître intérieur qui nous guide toujours vers la vérité et la plénitude de vie.

Je conclus en confiant cet événement, Pentecôte pour notre Congrégation, à Notre-Dame, à Marie Auxiliatrice. Elle a toujours été présente dans notre histoire et elle fera en sorte que sa présence et son aide ne nous manquent pas en cette heure. Comme au Cénacle, Marie, l’experte de l’Esprit, nous enseignera à nous laisser guider par Lui pour pouvoir « discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Rm 12,2b).

Rome, 3 mars 2008.

P. Pascual Chávez Villanueva
Recteur majeur

ANNEXE 4

Hommage du Recteur majeur au Pape à l’occasion de l’audience pontificale

Très Saint-Père,

nous ressentons une grande joie et nous considérons comme un merveilleux don de Dieu de pouvoir rencontrer Votre Sainteté à l’occasion de notre 26ème Chapitre Général. Je suis heureux de pouvoir Vous présenter les membres du nouveau Conseil Général, élus la semaine dernière, et tous les autres Inspecteurs-Provinciaux, ainsi que les délégués respectifs des 96 Circonscriptions qui forment les subdivisions de notre Société Salésienne. Sont également présents quelques invités tenant le rôle d’observateurs. En tout 233 membres, qui représentent les Salésiens, au nombre de presque 16 000, qui œuvrent dans 129 pays du monde.

La joie que produit en nous la rencontre avec le Saint-Père est le fruit et l’expression de notre Charisme. En effet, notre Père Don Bosco avait l’habitude de dire : “N’importe quelle fatigue est peu de choses, lorsqu’il s’agit de l’Eglise et de la Papauté” (MB V, 577). Il avait une vision enracinée dans la certitude de la présence vivante de l’Esprit Saint dans l’Eglise, dans la conviction que le Pape est le Vicaire du Christ sur la terre, et dans la conscience que Notre-Dame est l’Auxiliatrice des Chrétiens. En cohérence avec de tels principes il favorisa et réalisa des initiatives, prit des décisions et accepta des tâches difficiles, en faisant toujours de la volonté du Saint-Père un point de référence fondamental pour son action et pour sa spiritualité. Cette façon de voir est vivante en nous, Très Saint-Père, et par là, en plus d’exprimer que nous sommes proches de la personne du Pape et en union avec elle, nous entendons exprimer notre Amour et notre plein dévouement au service de l’Eglise.

Le Chapitre qui se déroule actuellement a focalisé son attention sur un point important du Charisme de notre Congrégation Salésienne : “Da mihi animas, caetera tolle”. Cette courte prière est la devise que Don Bosco a choisie, dès les débuts, pour son apostolat parmi les jeunes. Ainsi, tout à la fois, il entendait exprimer la totale remise de lui-même à Dieu, une grande passion apostolique et la disponibilité totale pour tout renoncement, pourvu qu’il pût accomplir sa mission.

Pendant ce Chapitre Général nous avons pris en considération le don total à Dieu qui, effectué près des jeunes, animait notre Saint Fondateur et nous avons voulu y comparer le nôtre. Nous nous sommes proposé de revenir à Don Bosco et de repartir de lui avec la volonté de l’étudier, de l’aimer, de l’imiter et de l’invoquer, en nous appliquant à la connaissance de son histoire et des origines de la Congrégation ; et tout cela pour “revenir aux jeunes”, pour être à l’écoute de leurs appels et prendre en charge leurs inquiétudes et leurs attentes, à la lumière de la culture d’aujourd’hui.

Nous ressentons toute l’actualité du Charisme éducatif dont nous sommes porteurs, Très Saint-Père, et nous entendons le vivre intensément pour le bien de la jeunesse comme un apport original à la mission d’évangélisation qui est celle de l’Eglise.

Le déroulement d’un Chapitre Général est toujours aussi un moment de vérification et nous sommes heureux de pouvoir constater que nos Confrères sont en train d’œuvrer avec fidélité et efficacité dans de nombreuses parties du monde. Il y a trente ans le P. Egidio Viganò, Recteur majeur de l’époque, faisait commencer le “Projet Afrique”. Une vaste initiative de jumelages missionnaires a permis que notre présence a pu se multiplier, en s’étendant jusqu’à atteindre 42 pays du continent. A présent les Confrères en Afrique sont plus de 1 200 et, pour la plus grande partie d’entre eux, ils sont autochtones. En Amérique Latine, nous continuons à travailler avec un grand engagement dans le domaine de l’éducation. L’attention portée aux jeunes les plus pauvres vivant dans les banlieues des villes, dans la rue comme aussi dans les zones du continent de moindre développement est toujours grande. En Asie et en Océanie, où la religion catholique est peu répandue, au vu des pourcentages, nous avons une grande floraison de vocations et l’évangélisation est menée avec enthousiasme et avec fruit, surtout parmi les populations d’origine tribale. C’est le cas en Inde, en Indonésie, au Vietnam, à Timor, jusqu’aux Iles Fidgi et aux Iles Samoa. Un rêve nous reste dans le cœur, celui de nous dévouer également à la jeunesse de la grande Chine et d’accomplir le rêve missionnaire de Don Bosco. Quand il plaira au Seigneur d’ouvrir également cette porte, ce sera une grande joie pour toute l’Eglise comme aussi pour notre Congrégation.

Nous avons conscience, Sainteté, que la “missio ad gentes” est une vocation qui nous appelle avec un engagement renouvelé également vers le continent européen, comme aussi vers les zones de majeur développement du continent nord-américain et de l’Australie. Don Bosco nous pousse à rechercher de nouveaux chemins pour rencontrer également ces jeunes, qui très souvent ne présentent pas les signes d’une pauvreté matérielle, mais sont certainement d’une grande pauvreté du point de vue spirituel ; ils sont à la recherche de réponses et n’ont pas d’amis pour leur cœur ; ils sont affamés de vie et ont perdu le sens de la vie. C’est pour tout cela que le Chapitre Général est orienté vers une formulation d’un “Projet Europe”, dans le but de dessiner à nouveau d’une manière plus tranchante et efficace la présence salésienne dans ce continent. C’est-à-dire de rechercher une nouvelle proposition d’évangélisation pour répondre aux besoins spirituels et moraux de ces jeunes, qui nous apparaissent un peu comme des pèlerins sans guides et sans but.

Très Saint-Père, tandis que nous renouvelons les sentiments de notre filiale reconnaissance, nous Vous donnons l’assurance de notre prière constante pour les intentions que vous portez pour l’Eglise et pour le monde, et nous accueillons de votre part avec joie les indications qui pourront de façon plus claire marquer le chemin de notre Congrégation au cours de six prochaines années, qui nous prépareront d’une manière immédiate à célébrer le bicentenaire de la naissance de Don Bosco (1815-2015).

Veuillez voir toujours en nous des fils très dévoués et nous bénir.

Rome, 31 mars 2008.

P. Pascual Chávez Villanueva
Recteur majeur

ANNEXE 5

Discours de Sa Sainteté BENOÎT XVI durant l’audience accordée aux membres du Chapitre le 31 mars 2008

Chers membres du Chapitre Général de la Congrégation salésienne,

Il m’est agréable de vous rencontrer aujourd'hui tandis que vos travaux capitulaires sont en train d’arriver à leur phase conclusive. Je remercie avant tout le Père Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur, pour les sentiments qu'il a exprimés au nom de vous tous, en confirmant la volonté de la Congrégation d'œuvrer toujours avec l’Eglise et pour l’Eglise, en plein accord avec le Successeur de Pierre. Je le remercie également pour le service généreux effectué au cours de la période des six années passées et je lui présente mes souhaits pour la charge qui vient de lui être renouvelée. Je salue également les membres du nouveau Conseil Général, qui aideront le Recteur majeur dans sa tâche d'animation et de gouvernement de toute votre Congrégation.

Dans le message adressé pour le début de vos travaux au Recteur majeur et, par son intermédiaire, à vous les membres du Chapitre, j’avais exprimé quelques attentes que l’Eglise place en vous, Salésiens, et j’avais aussi présenté quelques considérations pour la route de votre Congrégation. Aujourd’hui j’ai l’intention de reprendre et d’approfondir certaines de ces indications, également à la lumière du travail que vous êtes en train d’effectuer. Votre XXVIème Chapitre Général se situe dans une période de grands changements sociaux, économiques, politiques ; de problèmes aggravés sur le plan de la morale, de la culture et du milieu de vie ; de conflits irrésolus entre ethnies et nations. En ce temps qui est le nôtre il y a, d’autre part, des communications plus intenses entre les peuples, de nouvelles possibilités de connaissance et de dialogue, une confrontation plus vive sur les valeurs spirituelles qui donnent un sens à l’existence. En particulier, les appels que les jeunes nous adressent, surtout leurs demandes sur les problèmes de fond, reflètent les intenses désirs qu’ils nourrissent d’une vie pleine, d’un amour authentique, d’une liberté constructive. Ce sont des situations qui interpellent à fond l’Eglise et sa capacité d’annoncer aujourd’hui l’Evangile du Christ avec tout son poids d’espérance. Je souhaite donc vivement que toute la Congrégation salésienne, grâce aussi aux résultats de votre Chapitre Général, puisse vivre avec un renouveau d’élan et de ferveur la mission pour laquelle l’Esprit Saint, par l’intervention maternelle de Marie Auxiliatrice, l’a suscitée dans l’Eglise. Je veux aujourd’hui vous encourager et, avec vous, tous les Salésiens à continuer sur la route de cette mission, en restant pleinement fidèles à votre charisme originel, dans le contexte qui désormais est celui du bicentenaire imminent de la naissance de Don Bosco.

Avec le thème “Da mihi animas, caetera tolle” votre Chapitre Général s'est proposé de raviver la passion apostolique dans chaque Salésien et dans toute la Congrégation. Cela aidera à mieux caractériser le profil du Salésien, de manière à ce qu'il devienne de plus en plus conscient de son identité de personne consacrée “pour la gloire de Dieu” et soit de plus en plus enflammé dans un élan pastoral “pour le salut des âmes”. Don Bosco voulut que la continuité de son charisme dans l'Eglise fût assurée par le choix de la vie consacrée. De nos jours également, le mouvement salésien ne peut croître dans la fidélité à son charisme que si un noyau fort et vital de personnes consacrées continue à demeurer en son sein. C'est pourquoi, afin d’affermir l'identité de toute la Congrégation, votre premier engagement consiste à renforcer la vocation de chaque salésien à vivre en plénitude la fidélité à son appel à la vie consacrée. Toute la Congrégation doit tendre à être continuellement “une mémoire vivante du mode d'existence et d'action de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son Père et à ses frères” (Vita consecrata, 22). Que le Christ soit le centre de votre vie ! Il faut se laisser saisir par Lui et de Lui repartir sans cesse. Que tout le reste soit considéré “comme désavantageux à cause de la supériorité de la connaissance du Christ” et que toute chose soit regardée “comme des déchets, afin de gagner le Christ” (Ph 3,8). C'est de là que naissent l'amour ardent pour le Seigneur Jésus, l'aspiration à s’identifier à Lui en en assumant les sentiments et la forme de vie, l'abandon confiant au Père, le dévouement à la mission évangélisatrice, qui doivent caractériser chaque Salésien :  ce dernier doit sentir qu’il est choisi pour se mettre à la suite du Christ obéissant, pauvre et chaste, selon les enseignements et les exemples de Don Bosco.

Le processus de laïcisation, qui progresse dans la culture contemporaine, n’épargne malheureusement pas non plus les communautés de vie consacrée. C'est pourquoi il faut veiller sur des formes et des styles de vie qui risquent d'affaiblir le témoignage évangélique, de rendre inefficace l'action pastorale et de fragiliser la réponse à une vocation. Je vous demande donc d'aider vos Confrères à conserver et à raviver la fidélité à l'appel. La prière adressée par Jésus à son Père avant sa Passion, pour Lui demander de garder en son nom tous les disciples qu'Il lui avait donnés et pour ne voir se perdre aucun d'eux (cf. Jn 17,11-12), vaut en particulier pour les vocations de spéciale consécration. C'est pourquoi “la vie spirituelle doit être en première place dans le projet” de votre Congrégation ( Vita consecrata, 93). Que la Parole de Dieu et la liturgie soient les sources de la spiritualité salésienne ! En particulier que la lectio divina, pratiquée quotidiennement par chaque Salésien, et l'Eucharistie, célébrée chaque jour dans la communauté, en soient l’aliment et le soutien. C'est de là que naîtra l'authentique spiritualité du dévouement apostolique et de la communion ecclésiale. La fidélité à l'Evangile vécu sine glossa [sans commentaire] et à votre Règle de vie, en particulier un train de vie austère et la pauvreté évangélique pratiquée de manière cohérente, l'amour fidèle pour l'Eglise et le don généreux de vous-mêmes aux jeunes, notamment à ceux qui sont le plus dans le besoin et à ceux qui sont frappés d’un handicap, seront la garantie de la floraison de votre Congrégation.

Don Bosco est un exemple admirable d’une vie marquée par la passion apostolique, vécue au service de l’Eglise dans la Congrégation et la Famille salésienne. A l’école de Saint Joseph Cafasso, votre Fondateur apprit à assumer la devise “Da mihi animas, caetera tolle” comme la synthèse d’un modèle d’action pastorale inspiré de la figure et de la spiritualité de Saint François de Sales. L’horizon dans lequel se situe ce modèle est celui de la primauté absolue de l’amour de Dieu, un amour qui parvient à façonner des personnalités ardentes, désireuses de contribuer à la mission du Christ pour embraser toute la terre du feu de son amour (cf. Lc 12,49). A côté de l’ardeur de l’amour de Dieu, l’autre caractéristique du modèle salésien est la conscience de la valeur inestimable des “âmes”. Cette perception engendre, par contraste, un sens aigu du péché et de ses conséquences dévastatrices dans le temps et dans l’éternité. L’apôtre est appelé à collaborer à l’action rédemptrice du Sauveur, afin que personne ne soit perdu. “Sauver les âmes” fut donc l’unique raison d’être de Don Bosco. Le Bienheureux Michel Rua, son premier successeur, résuma toute la vie de votre Père et Fondateur bien-aimé de la façon suivante : “Pas un de ses pas, pas une de ses paroles, pas une de ses entreprises qui n’ait eu pour but le salut de la jeunesse… En toute vérité il n’eut rien d’autre à cœur que les âmes”.

De nos jours également, il est urgent d’alimenter cette passion dans le cœur de chaque Salésien. Ainsi celui-ci n'aura pas peur d'avancer avec audace dans les secteurs les plus difficiles de l'action évangélisatrice en faveur des jeunes, spécialement des plus pauvres d'un point de vue matériel et spirituel. Il aura la patience et le courage de proposer aux jeunes de vivre le même dévouement total dans la vie consacrée. Il aura le cœur ouvert pour reconnaître les nouveaux besoins des jeunes et écouter leur appel à l'aide, en laissant éventuellement à d'autres les domaines déjà consolidés d'intervention pastorale. C’est pourquoi il affrontera les exigences totalisantes de la mission avec une vie simple, pauvre et austère, dans le partage des conditions elles-mêmes des plus pauvres et il aura la joie de donner davantage à ceux qui dans la vie ont le moins reçu. La passion apostolique deviendra ainsi contagieuse et impliquera également d’autres personnes. Le Salésien devient donc promoteur du sens de l’apostolat, en aidant avant tout les jeunes à connaître et à aimer le Seigneur Jésus, à se laisser fasciner par Lui, à cultiver l'engagement pour évangéliser, à vouloir faire du bien aux jeunes de leur âge, à être les apôtres d’autres jeunes, comme Saint Dominique Savio, la Bienheureuse Laure Vicuña et le Bienheureux Zéphyrin Namuncurá ainsi que les cinq jeunes Bienheureux Martyrs de l’oratoire de Poznań. Chers Salésiens, que votre engagement soit de former des laïcs qui aient un cœur apostolique, en les invitant tous à cheminer dans la sainteté de vie qui fait mûrir des disciples courageux et d’authentiques apôtres.

Dans le message que j’ai adressé au Recteur majeur au début de votre Chapitre Général j’ai voulu remettre idéalement à tous les Salésiens la Lettre que j’ai récemment adressée aux fidèles de Rome, sur la préoccupation au sujet de ce que j’ai appelé une grande “urgence éducative”. « Eduquer n'a jamais été facile et, aujourd'hui, cela semble devenir toujours plus difficile : c'est pourquoi un grand nombre de parents et d'enseignants sont tentés de renoncer à leur devoir, et ne parviennent pas à comprendre quelle est, véritablement, la mission qui leur est confiée. Trop d'incertitudes et trop de doutes circulent dans notre société et dans notre culture, trop d'images déformées sont véhiculées par les moyens de communication sociale. Il devient difficile, dans ces conditions, de proposer aux nouvelles générations quelque chose de valable et de sûr, des règles de comportement et des objectifs qui méritent d'y consacrer sa propre vie » (Discours lors de la remise au diocèse de Rome de la Lettre sur le devoir urgent de l’éducation, 23 février 2008). En réalité, l'aspect le plus grave de l'urgence éducative est le sentiment de découragement qui gagne de nombreux éducateurs, en particulier les parents et les enseignants, face aux difficultés que présente aujourd’hui leur tâche. J’écrivais, en effet, dans la lettre que je viens de citer ceci : « Seule une espérance fiable peut être l'âme de l'éducation, comme de la vie tout entière. Aujourd'hui notre espérance est assiégée de toutes parts et nous risquons de redevenir nous aussi, comme les païens d'autrefois, des hommes “sans espérance et sans Dieu dans ce monde”, comme l'écrivait l'Apôtre Paul aux chrétiens d'Ephèse (Ep 2,12). C'est ici précisément que naît la difficulté peut-être la plus profonde pour une véritable œuvre éducative :  à la racine de la crise de l'éducation se trouve, en effet, une crise de  confiance  dans  la  vie », qui, au fond, n'est rien d'autre que le manque de confiance en ce Dieu qui nous a appelés à la vie. Dans l'éducation des jeunes, il est extrêmement important que la famille soit un sujet actif. Celle-ci est souvent en difficulté pour affronter les défis de l'éducation ; bien des fois elle est incapable d'offrir son apport spécifique, ou bien elle est absente. La prédilection et l'engagement en faveur des jeunes, qui sont une caractéristique du charisme de Don Bosco, doivent se traduire en un même engagement pour l'implication et la formation des familles. Votre pastorale des jeunes doit donc s'ouvrir résolument à la pastorale familiale. S'occuper des familles n'est pas soustraire des forces au travail pour les jeunes, mais c’est au contraire le rendre plus durable et plus efficace. Je vous encourage donc à approfondir les formes de cet engagement, sur lequel vous vous êtes déjà mis en route : cela tournera même à l’avantage de l’éducation et de l’évangélisation des jeunes.

Face à ces multiples tâches, il est nécessaire que votre Congrégation assure, spécialement à ses membres, une solide formation. L'Eglise a un besoin urgent de personnes qui aient une foi solide et profonde, une préparation culturelle mise à jour, une sensibilité humaine authentique et un sens pastoral fort. Elle a besoin de personnes  consacrées,  qui soient capables de vouer leur vie à demeurer sur ces fronts d’action. Ce n'est qu'ainsi qu'il deviendra possible d'évangéliser efficacement. C'est donc à cet engagement de formation que votre Congrégation doit se vouer comme à l'une de ses priorités. Elle doit continuer à former avec un grand soin ses membres sans se contenter de la médiocrité, en surmontant les difficultés de la fragilité des vocations, en favorisant un solide accompagnement spirituel et en assurant dans la formation permanente la qualification pour l’éducation et la pastorale.

Je conclus en rendant grâce à Dieu pour la présence de votre charisme au service de l'Eglise. Je vous encourage dans la réalisation des objectifs que votre Chapitre Général proposera à toute la Congrégation. Je vous assure de ma prière pour la mise en œuvre de ce que l'Esprit vous suggérera pour le bien des jeunes, des familles et de tous les laïcs impliqués dans l'esprit et dans la mission de Don Bosco. Avec ces sentiments je vous donne à présent à tous, en gage d'abondants dons célestes, la Bénédiction Apostolique.

Cité du Vatican, Salle Clémentine, 31 mars 2008.

ANNEXE 6

Discours du Recteur majeur, le P. Pascual Chávez Villanueva, à la clôture du CG26

Le CG 26 : Une carte de navigation vers le Jubilé de 2015 sous le pavillon du “Da mihi animas, caetera tolle”

Très chers confrères,

nous terminons aujourd’hui cette Pentecôte salésienne. Oui ! C’est ce qu’a voulu être le 26ème Chapitre Général : une Pentecôte, un moment de particulière ouverture à l’Esprit du Seigneur. Dans nos cœurs résonnent encore les mots que le Pape Benoît XVI nous a transmis dans son message lors de l’ouverture de nos assises : « Le charisme de Don Bosco est un don de l’Esprit pour le Peuple de Dieu tout entier, mais c’est seulement dans l’écoute docile et dans la disponibilité pour accueillir l’action divine qu’il est possible de l’interpréter et de le rendre, également en cette époque qui est la nôtre, actuel et fécond. […] En répandant sur les Capitulaires l’abondance de ses dons, [l’Esprit Saint] atteindra le cœur des Confrères, les fera brûler de son amour, les enflammera dans le désir de sainteté, les poussera à s’ouvrir à la conversion et les renforcera dans leur audace apostolique ».[Au Très Révérend Père PASCUAL CHÁVEZ VILLANUEVA, Recteur majeur des Salésiens de Don Bosco. … Du Vatican, 1er mars 2008, n. 1.]

1. L’événement capitulaire : brève chronique

En effet, c’est justement de cette façon que nous avons voulu vivre le Chapitre : sous la conduite de l’Esprit Saint, pour qu’Il fût là pour nous aider à mieux comprendre, à mettre à jour et à rendre fécond le charisme de notre Fondateur et Père. Au cours de ces journées, nous avons fait l’expérience de l’action de l’Esprit, qui enflammait notre cœur pour faire de nous des témoins éloquents et courageux du Seigneur Jésus, pour porter aux jeunes la bonne nouvelle de sa résurrection et leur proposer l’expérience joyeuse de la rencontre avec Lui.

Les journées vécues sur les lieux salésiens (Saint-François d’Assise, Valdocco, Colle Don Bosco, Basilique Marie-Auxiliatrice et Sanctuaire de la Consolata) ont été splendides, appréciées de tous pour l’occasion fournie de rester en contact immédiat avec le berceau – charismatique, spirituel et apostolique – de notre Congrégation. Pour certains, c’était la première fois qu’ils avaient la joie de visiter “nos lieux saints” ; pour d’autres, c’était la première fois qu’ils entendaient une présentation de Don Bosco, effectuée non pas tant à partir d’anecdotes de famille à raconter et pas non plus à partir de curiosités relatives à l’histoire à clarifier, mais plutôt comme une expérience spirituelle et charismatique à revivre. En somme, ces jours ont été pour tous une manière concrète et – je le souhaite – un premier pas pour “repartir de Don Bosco”.

Les fruits devront être copieux : le désir d’approfondir davantage l’héritage spirituel qui nous a été transmis, l’engagement pour faire mieux connaître Don Bosco et notre histoire salésienne, la volonté de préparer des formateurs à la réalité salésienne et, enfin, le désir de mettre plus en valeur ces lieux attachés à notre charisme.

La présentation de l’état de la Congrégation, au moyen de la relation audiovisuelle des Dicastères et des Régions, a voulu exprimer l’intention d’aller plus loin que la remise d’un livre, jointe au rapport du Recteur majeur. L’objectif spécifique a été d’informer ponctuellement les Capitulaires sur l’état de la Congrégation, pour en favoriser une vision globale et un sens de responsabilité commune. La Congrégation est l’affaire de nous tous et tous nous sommes coresponsables de sa croissance, de ses ressources, de ses défis.

La Retraite Spirituelle a été vécue comme un véritable exercice autour de l’Esprit, où a été surmontée la tentation de réduire la proposition spirituelle à un ensemble de thèmes d’étude ou de mise à jour d’ordre théologique et spirituel. Ces jours de retraite ont réussi à créer l’atmosphère de foi qui est absolument indispensable pour faire du Chapitre une expérience d’écoute de Dieu, de docilité à l’Esprit, de fidélité au Christ. Me sont apparus exemplaires – également parce qu’il n’est pas habituel de trouver cette ambiance dans d’autres expériences de Retraite Spirituelle – le silence, la prière personnelle prolongée dans l’adoration eucharistique, la célébration de la Réconciliation. Il est à noter en outre que la Retraite nous a fourni des éléments d’éclairage importants pour ce qui concerne une plus grande compréhension théologique du charisme salésien, de la mission salésienne et de la spiritualité salésienne.

Dans leur développement concret, les thèmes ont offert de significatives clés de lecture pour apprendre à être des hommes d’espérance, impliqués dans le dessein merveilleux de Dieu de sauver l’humanité, avec la mystique du “Da mihi animas”, qui fait de l’amour de Dieu la force entraînante, et avec l’ascétique du “caetera tolle”, qui nous pousse à livrer notre vie jusqu’au dernier souffle. Un élément important sous cette perspective a été l’éclairage sur la mission, qui ne consiste pas tant à réaliser des choses qu’à devenir un signe de l’amour de Dieu. Précisément cet Amour est l’unique énergie capable de libérer, en chacun de nous, les meilleures capacités. Nous ne sommes pas sans savoir que nous devons vivre tout cela sous le signe de la gratuité et de la grâce. Ce n’est qu’ainsi que l’on atteint ce don particulier de Dieu, la “grâce d’unité”, en raison de laquelle tout est consécration et tout est mission. Pour ce qui concerne les destinataires, nous avons entendu comment Don Bosco se sentit d’une manière charismatique “touché” par le danger qui pouvait constituer un risque pour le bonheur, temporel comme éternel (le “salut”), des jeunes : l’abandon dans lequel ils pouvaient se trouver vis-à-vis de Dieu et des autres, un abandon provoqué par leur pauvreté elle-même, parfois dramatique. Pour tout cela Don Bosco est pour nous un père, un maître et un modèle. A l’école de Marie Immaculée et Auxiliatrice, il voulut caractériser son identité religieuse en plaçant comme points de base de sa vie la primauté absolue de Dieu, le désir d’une continuelle union avec Lui, afin de correspondre pleinement à sa volonté (obéissance), comme expression d’un amour total (chasteté), dans le dépouillement et dans le renoncement à tout ce qui pouvait empêcher son don de soi le plus complet à la mission (pauvreté).

Je voudrais maintenant parcourir à nouveau avec vous les étapes de ce chemin de Grâce qu’a été notre Chapitre Général.

La première semaine du Chapitre (3-8 mars) a été réservée pour les procédures juridiques ordinaires (présentation et approbation du Règlement du CG26, élection des Modérateurs), et surtout pour l’étude du Rapport du Recteur majeur par les différentes Régions. Celles-ci, en réfléchissant sur le Rapport, ont repéré les grands défis qui apparaissent à partir de l’état de la Congrégation, et, en conséquence, les lignes d’avenir à présenter au Recteur majeur et à son Conseil en vue de la programmation d’animation et de gouvernement pour la période des six années 2008 – 2014.

L’étude du Rapport a été un élément fondamental pour l’approfondissement du thème capitulaire, en tenant compte du fait que, plus que jamais, ce Chapitre se proposait non pas tant l’élaboration d’un document que le renouveau de la vie de la Congrégation avec le pressant appel à “repartir de Don Bosco”. Nous être rendu compte du point où nous sommes, nous permet de mieux découvrir le chemin de “retour à Don Bosco”, les éléments à récupérer pour repartir de lui avec un élan renouvelé.

La deuxième semaine (10-15 mars) a été totalement employée dans l’étude des trois premiers pôles du thème. Ont été également présentées les questions affrontées par la Commission Juridique, spécialement celles qui avaient à voir avec la configuration du Conseil Général. Il était, en effet, nécessaire d’arriver aux élections en ayant répondu aux demandes faites par les Provinces ou individuellement par des confrères. Pour ce qui concerne l’étude des pôles du thème s’est trouvé particulièrement apprécié l’“Instrument de travail” comme point de départ de la réflexion capitulaire. Cela, d’une part, représentait la preuve évidente du bon travail accompli par la Commission Pré-capitulaire et soulignait aussi, d’autre part, la validité de l’apport offert au CG26 par les différents Chapitres Provinciaux. J’en suis heureux parce que, comme je l’avais écrit dans la lettre de convocation, le CG26, en tant que processus de réflexion, a eu son commencement justement dans les Provinces, avec l’étude des thèmes proposés et la mise en place d’un chemin de renouveau. Les Commissions ont ensuite travaillé sur un texte qui était capitulaire et non plus pré-capitulaire, un vrai document de départ et pas seulement un document d’appoint. Les apports présentés par les Commissions l’ont enrichi et perfectionné. Il s’est agi de mises au point et de changements non seulement qui étaient linguistiques, mais qui visaient surtout à répondre, d’une manière plus adéquate, à la situation selon la variété des contextes sociaux, culturels, politiques et religieux dans lesquels la Congrégation se trouve pour œuvrer. Telle a été la tâche de l’Assemblée, qui à raison est devenue ainsi le véritable auteur du document capitulaire.

La troisième semaine (17-20 mars) a été centrée plus clairement sur le travail en Assemblée, pour un partage du travail effectué par les Commissions. Ce fut alors le moment où ont pu trouver place également la pensée et la préoccupation de chacun des capitulaires qui entendaient aider à éclairer le thème, exprimer des sensibilités et des manières de voir différentes, favoriser, sur les divers aspects, un vote du document qui fût plus conscient, plus personnel, plus responsable. Il faudrait souligner le fait que c’est souvent à partir des interventions qu’est apparu ce qui nous préoccupe le plus. Ainsi, par exemple, quand on a parlé de l’urgence d’évangéliser, a été mis en évidence qu’elle doit être comprise et vécue sous la forme dans laquelle, nous salésiens, nous évangélisons ; et cela, soit pour ce qui concerne nos destinataires prioritaires (les jeunes), soit pour ce qui peut se rapporter aux modalités de l’évangélisation. Quand on parle de la nécessité d’appeler, on doit le faire avec la même conviction que celle de Don Bosco, pour aider les jeunes à découvrir le rêve de Dieu sur leur vie et les encourager à donner à Dieu au moins une occasion. Les vocations – je le disais moi-même dans le discours d’ouverture – ne sont pas une mission, mais le fruit de la mission, quand elle est bien faite. Si à cela nous ajoutons la constatation des foules immenses de jeunes qui vivent dans des situations d’extrême précarité et de lutte pour leur survie, ou d’autres qui, tout en n’ayant pas de problèmes de pauvreté matérielle, mènent une vie “sans boussole”, ou même gaspillent ce bien précieux en faisant des choix qui ne satisfont pas ou qui deviennent un chemin d’autodestruction, nous ne pouvons pas ne pas nous donner à faire pour faire mûrir des vocations. Quand nous parlons de la pauvreté évangélique, nous voyons en elle une invitation du Seigneur à faire nôtre sa béatitude, en vivant libres du souci des biens terrestres, en surmontant la tentation de l’enrichissement, en assumant un style de vie austère, simple, capable de libérer notre cœur et notre esprit de tant de choses qui font obstacle à notre don total à la mission et nous rendent ainsi moins crédibles. La richesse est un vrai danger : elle rend les hommes myopes vis-à-vis des valeurs durables (voyez le riche insensé, Lc 12,13-21), durs de cœur vis-à-vis des pauvres (voyez la parabole du pauvre Lazare et du riche qui aime à festoyer, Lc 16,19-31), idolâtres au service de Mammon (voyez les paroles prononcées par Jésus sur l’usage de l’argent, Lc 16,9-13). Il s’agit de l’un des thèmes les plus urgents, mais aussi d’un choix qui a une grande force libératrice pour nous et pour les autres. Et encore : quand nous parlons des nouveaux fronts d’action, nous devons le faire non pas en défenseurs actifs des droits de l’homme, ni en collaborateurs bien intentionnés d’ONG, mais en éducateurs consacrés, qui cherchent à répondre aux besoins des jeunes, sans porter préjudice aux œuvres que nous avons et qui accomplissent un service significatif. C’est pourquoi je confirme ici ce que j’ai dit dans “Sintesi Globale et Visione Profetica” de mon rapport initial : il est important que les œuvres répondent aux besoins des jeunes, par de nouvelles présences, là où elles sont nécessaires, ou par une présence nouvelle, là où nous sommes déjà, mais nous devons nous renouveler.[Cf. La Società di San Francesco di Sales nel sessennio 2002-2008. Rapport du P. Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur, p. 290. — [La traduction de ce Rapport existe en français sous le titre “Rapport du Recteur majeur au CG26 - Vision globale et regard prophétique”]. ]

La quatrième semaine (24-29 mars) a été vécue dans un climat de discernement pour l’élection du Recteur majeur, de son Vicaire et des Conseillers. Il s’agissait de l’un des objectifs principaux et, en même temps, de l’une des tâches les plus délicates du Chapitre Général. Guidés par le P. José Maria Arnaiz, nous sommes parvenus, en tant que capitulaires, à entrer dans cette atmosphère spirituelle qui nous a rendus conscients, libres et responsables pour exprimer notre avis au moyen du vote personnel. En général, toutes les élections ont été vécues avec tranquillité, même si, dans l’évaluation effectuée à la fin, on a noté le besoin de favoriser une plus grande connaissance des attentes sur chaque Dicastère ou chaque Région et de mieux définir le profil du Conseiller à élire au moyen d’informations plus soignées sur les noms des candidats possibles. Il n’y a pas de doute que dans la composition du Conseil Général interviennent de nombreux facteurs : avant tout, les sentiments de ceux dont les noms sont présentés en vue d’une candidature, ensuite la sensibilité culturelle dans le déroulement du processus, en outre le désir légitime de chercher à ce que soit représentée toute la Congrégation. Cependant, la grande convergence atteinte dans l’élection du Recteur majeur et de tous les Conseillers a été un signe de l’unité de la Congrégation dans la diversité des réalités qui la constituent.

Cette unité dans la diversité a eu l’une de ses expressions particulières dans la soirée de fête et de fraternité après l’élection du Recteur majeur. Les applaudissements prolongés à l’adresse des Conseillers qui ont terminé leur service (le Père Antonio Domenech, le Père Gianni Mazzali, le Père Francis Alencherry, Mgr Tarcisio Scaramussa, le Père Albert Van Hecke, le Père Filiberto Rodríguez, le Père Joaquim D’Souza, y compris les Conseillers décédés au cours de l’exercice de leur charge, le Père Valentín de Pablo et le Père Helvécio Baruffi) ont été l’expression de la reconnaissance pour le service accompli en faveur de la Congrégation, dans l’animation d’un Secteur ou celle d’une Région. Toujours au sujet des élections on ne peut pas ne pas souligner une nouveauté très significative, comme l’a été la nomination du premier Salésien Coadjuteur en tant que membre du Conseil Général.

La cinquième semaine (31 mars – 5 avril) a commencé par la visite au Vatican et l’Audience avec le Saint-Père. La visite à la Basilique Saint-Pierre, où nous avons été accueillis par le Card. Angelo Comastri, Archiprêtre de la Basilique, nous a donné la grâce de renouveler notre profession de foi devant la châsse des reliques de l’Apôtre Pierre et de prier devant la statue de Don Bosco, en demandant le courage de pouvoir dire comme lui à voix forte : “Da mihi animas, caetera tolle”. La rencontre avec le Pape Benoît XVI a été ensuite l’un des événements culminants du CG26, en accord avec la vision spirituelle que Don Bosco avait de l’Eglise. Les paroles du Saint-Père aux Capitulaires ont été accueillies comme des lignes éclairantes et programmatiques. Au cours des journées suivantes, les Commissions et l’Assemblée ont repris l’étude de la première rédaction effectuée par le Groupe de rédaction. On a continué ainsi le travail accompli pendant la Semaine sainte, avant la semaine des élections, en reprenant l’étude, en commission et en assemblée, des cinq pôles. On a aussi apporté un jugement de valeur sur les différents thèmes présentés par la Commission Juridique. La semaine s’est terminée par la visite aux Catacombes Saint-Calliste, où, après la célébration eucharistique et le repas de midi, nous avons voulu rappeler, dans la prière et la reconnaissance, le souvenir des Recteurs majeurs décédés, en particulier des trois derniers qui sont inhumés là dans le caveau : les Pères Luigi Ricceri, Egidio Viganò et Juan Edmundo Vecchi. Dans ma prière personnelle, j’ai voulu remercier le Seigneur pour le don fait à la Congrégation à travers chacun d’eux. En demandant l’aide et l’intercession de ceux qui furent mes prédécesseurs, j’ai demandé aussi pour tous les Confrères la grâce de savoir aller aux sources de notre propre identité (“revenir à Don Bosco”) pour trouver un chemin d’avenir (“repartir de Don Bosco”). Notre futur chemin de fidélité naît de la fidélité de ceux qui nous ont précédés.

Je ne vous cache pas que je me suis souvent demandé : « Mais cette expérience est-elle vraiment une expérience de Pentecôte ? Et l’Esprit Saint agit-il vraiment à travers nous pour rénover la Congrégation en réchauffant le cœur des confrères ? ». Je crois que oui. L’Esprit Saint ne change pas les situations extérieures de la vie, mais les situations intérieures ; Il a le pouvoir de rendre nouvelles les personnes et de transformer la terre. Il a agi avant tout en chacun de nous, en nous réunissant, en nous impliquant dans un projet commun, en nous amenant à être responsables de l’élaboration de tout ce qui rend possible une reprise d’identité, de visibilité et de crédibilité de notre vie et de notre mission.

Pour ce qui concerne le travail accompli par la Commission Juridique, elle a pris en examen chacune des propositions parvenues des Chapitres Provinciaux, de chaque confrère qui s’est exprimé, du Conseil Général, des Capitulaires. Elle devait présenter le tout d’une manière claire à l’Assemblée, qui ensuite exprimerait son avis. En lisant l’histoire de la Congrégation, nous nous rendons compte du poids qu’ont eu les divers Chapitres Généraux pour la configuration des structures d’animation et de gouvernement aux différents niveaux (local, provincial et mondial). C’est certain, pour atteindre quelques changements dans les structures, ont été nécessaires plusieurs Chapitres Généraux ; et cela n’est pas dû à la lenteur ou au manque de courage pour introduire des modifications significatives, mais vient plutôt de ce que l’on ne pouvait pas toujours avoir une vision complète de ce qui entrait en jeu avec ces choix. Le retour, même dans ce Chapitre Général, sur la réflexion à propos de certains aspects de l’actuelle configuration du Conseil Général signifie qu’il faut une étude sérieuse, avec des solutions de rechange, qui soit à même de présenter une proposition réellement innovatrice et valable dans son exhaustivité. De tout cela est née une première orientation approuvée par l’Assemblée Capitulaire : celle de faire, au cours de la période des six années, une vérification du Gouvernement central de la Congrégation (composition et fonctionnement), de manière que son service soit plus efficace et proche des confrères.

2. Lecture “prophétique” : vers une “compréhension” de ce qui s’est produit

Le Chapitre a produit un document, où se trouvent cinq fiches de travail, interdépendantes, sur les grands thèmes déjà indiqués dans la lettre de convocation : “Retour à Don Bosco pour repartir de lui” ; “L’urgence d’évangéliser”, “La nécessité d’appeler”, “La pauvreté évangélique” et “Les nouveaux fronts d’action”. Ces fiches de travail ont voulu donner un caractère concret à la devise “Da mihi animas, caetera tolle”, en appliquant le schéma déjà connu par le CG25 (Interpellation par Dieu, Situation, Lignes d’action) et enrichi de quelques critères de vérification, qui indiquent les objectifs à atteindre : la mentalité à faire mûrir et les structures à changer.

Je considère que le document final est vraiment bon et constructif : il tient compte de la variété des contextes et des situations dans laquelle la Congrégation se trouve pour incarner le charisme de Don Bosco. Revient alors à chaque Région et à chaque Province le travail d’insérer dans les contextes les grandes lignes d’action, avec les interventions qui s’imposent, pour les faire répondre davantage aux situations et aux défis concrets.

Je suis sûr que tous les Confrères trouveront des pages stimulantes, capables d’aider à dynamiser leur vie et à apporter de la qualité à la mission salésienne. L’ensemble peut sans doute sembler ne pas être tellement radical ; pourtant je suis convaincu que, s’il est pris à cœur, il suscitera de l’enthousiasme et, surtout, il permettra à tous de se renouveler spirituellement et de récupérer un élan apostolique.

Le document suppose une bonne connaissance de la réalité sociale et aussi de celle de la Congrégation et il exprime le désir d’opérer dans celles-ci une transformation. Le Saint-Père nous l’a rappelé le 31 mars dans son Discours au CG26 : « Votre XXVIème Chapitre Général se situe dans une période de grands changements sociaux, économiques, politiques ; de problèmes éthiques, culturels et ambiants qui sont accentués ; de conflits irrésolus entre des ethnies et des nations. Dans cette époque qui est la nôtre, il y a, d’autre part des communications plus intenses entre les peuples, de nouvelles possibilités de connaissance et de dialogue, une rencontre plus animée sur les valeurs spirituelles qui donnent du sens à l’existence. En particulier, les appels que les jeunes nous adressent, surtout leurs demandes sur les problèmes de fond, se rapportent aux intenses désirs de vie pleine, d’amour authentique, de liberté constructive qu’ils nourrissent. Ce sont des situations qui interpellent à fond l’Eglise et sa capacité d’annoncer aujourd’hui l’Evangile du Christ avec toute sa charge d’espérance ».[Cf. Annexe 5]

En effet, on ne peut pas parler d’évangélisation ou de vocations, de la simplicité de vie et des nouveaux fronts d’action sans avoir à l’esprit le décor dans lequel nous vivons et œuvrons et les défis que sont en train de rencontrer la vie salésienne et sa mission.

Nous avons eu à l’esprit les visages et les urgences des jeunes qui sont le plus dans le besoin et sont les destinataires de notre mission. Nous les avons choisis comme “préférés” par nous, précisément parce que la prédilection pour les pauvres “est implicite dans la foi, reposant sur le Christ, en ce Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir de sa pauvreté”.[Benoît XVI, Discours d’Inauguration lors de la Vème Conférence Générale de l’Episcopat Latino-américain et des Caraïbes, n. 3, Aparecida – Brésil, 13 mai 2007.] Cette foi a été assumée par Don Bosco et elle est passée dans la tradition salésienne (cf. Const. 11).

Quelles sont donc les clés de lecture du document ?

  • La première : Réchauffer le cœur des confrères, en repartant du Christ et de Don Bosco. Il ne s’agit pas d’une opération pour susciter un sentiment superficiel ou un enthousiasme passager. Est plutôt en jeu le devoir pénible et urgent d’une conversion, d’un retour au désert – comme cela fut pour Israël –, pour y rencontrer l’ami et la personne aimée des premiers jours, celui qui nous enchanta et qui remplit de promesse et d’avenir notre vie (cf. Os 2,16-25). Nous avons besoin d’une rencontre avec le Seigneur qui vienne nous parler au cœur, qui nous aide à retrouver nos meilleures énergies, celles qui jaillissent du cœur ; qui vienne redonner de la joie et de l’enchantement à notre vie, nous aider à approfondir nos motivations, à renforcer nos convictions, à nous encourager à parcourir un chemin sous le signe de la fidélité à l’alliance, en organisant notre vie personnelle, communautaire et institutionnelle selon les valeurs de l’Evangile et selon le charisme de Don Bosco.

Il me vient à l’esprit l’histoire de ce moine “bon et conformiste”, qui va voir son Père Abbé pour lui demander un conseil en vue d’améliorer sa vie, selon les récits des Pères du désert :

Il arriva une fois – raconte-t-on – que le Père Lot alla trouver le Père Abbé Joseph et lui dit :

Père Abbé, pour autant que je peux, je suis une petite règle, je pratique tous les petits jeûnes, je fais un peu de prière et de méditation, je garde ma sérénité et, pour ce qui m’est possible, je conserve pures mes pensées. Que dois-je faire d’autre ?

Alors le vieux moine se mit debout, leva les mains au ciel et ses doigts se convertirent en dix torches de feu. Et il dit :          Pourquoi ne te transformes-tu pas en feu ? [Cité par José María Arnaiz, ¡Que ardan nuestros corazones! Devolver el encanto a la vida consagrada. Publicaciones Claretianas, Madrid, 2007, p. 34]

Voilà l’objectif à atteindre avec ce Chapitre : nous transformer en feu ! L’histoire nous reporte directement à la scène éloquente et prégnante de la Pentecôte : « Leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis d’Esprit Saint » (Ac 2,3-4a). “Réchauffer le cœur” ne signifie pas autre chose que se transformer en feu, avoir les poumons remplis d’Esprit Saint.

Tout cela est en accord avec la devise qui a été celle du Congrès sur la Vie Consacrée (novembre 2004), au cours duquel nous avons voulu interpréter et vivre notre vie religieuse, en partant d’une grande passion pour le Christ et d’une grande passion pour l’Humanité.

A la lumière de ces deux grandes passions les priorités principales sont :

La spiritualité. Cela comporte un engagement tout à fait particulier afin que la Parole de Dieu et l’Eucharistie soient vraiment le centre de la vie de la personne consacrée et de sa communauté. Nous sommes convaincus que la personne consacrée doit être un signe et une mémoire vivante de la dimension transcendante qui existe dans le cœur de tout être humain. La communauté. Nous sommes conscients que le témoignage de la communion, ouverte à tous ceux qui en ont besoin, est fondamentale dans notre monde et devient non seulement soutien pour la fidélité des religieux, mais aussi témoignage d’une forme de vie apte à constituer une solution de rechange en face du modèle dominant, qui nous porte souvent à nous retrancher vers des formes d’individualisme.

La mission, à réaliser et à vivre surtout sur les fronts d’action missionnaire comme l’exclusion, la pauvreté, la laïcisation, la réflexion, la formation et l’éducation à tous les niveaux.

Ces lieux nous semblent être les “lieux” où les personnes consacrées doivent être présentes pour exprimer la dimension missionnaire de l’Eglise. Cependant la mission comprend aussi la “passion” – entendue comme souffrance ou hospitalisation – de tant de religieux qui continuent à prier pour l’Eglise et pour les ouvriers de la moisson, et la “passion”, comme martyre, de tant de religieux emprisonnés ou massacrés à cause du Royaume. Ils représentent la meilleure expression de l’Evangile.

Si nous voulons sentir en nous un cœur brûlant et enflammer de passion celui des confrères, nous devons parcourir la même route que les disciples d’Emmaüs. Au lendemain de ma réélection, je disais dans l’homélie : “Il s’agit, plus que d’une vie matérielle, d’un parcours chargé de mystagogie, d’un authentique itinéraire spirituel, valable aujourd’hui avant tout parce qu’il met en évidence comment se présente notre situation : celle de personnes désenchantées, avec une connaissance de Jésus mais sans expérience de foi, qui connaissent les Ecritures mais n’ont pas trouvé la Parole. C’est pourquoi on abandonne Jérusalem et la communauté apostolique et on retourne à la vie d’autrefois. Le chemin d’Emmaüs est une route qui nous porte de l’Ecriture à la Parole, de la Parole à la Personne du Christ dans l’Eucharistie, et de celle-ci nous reconduit à la communauté pour rester. Là, nous pourrons voir renforcée notre foi en rencontrant les frères : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon ! ».”

  • La deuxième clé de lecture est le Souci de la mission ou l’urgence d’évangéliser, parce qu’on est poussé non par une préoccupation de prosélytisme, mais par la passion pour le salut des autres, par la joie de partager l’expérience de plénitude de vie trouvée en Jésus.

Pendant le Chapitre, ce thème de l’urgence d’évangéliser a été précisément l’un des pôles et, en même temps, également un thème transversal. L’Apôtre Paul exprimait cela avec une sorte d’impératif existentiel : « Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Evangile ! » (1 Co 9,16b). Ce sens missionnaire intense incarne parfaitement le commandement que Jésus adresse à ses disciples : Soyez mes “témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre” (Ac 1,8). Don Bosco fit sien cet appel pressant de Jésus et déjà au lendemain de l’approbation des Constitutions (1874), le 11 novembre 1875, il envoya la première expédition missionnaire en Amérique Latine.

Le CG26 nous invite à nous mettre en résonance avec l’inspiration qui a été celle des débuts de Don Bosco, à savoir la dimension missionnaire de sa vie, mais aussi de son charisme. Tout cela représente un point fondamental du testament spirituel qu’il nous a laissé. Le Chapitre qui vient de se terminer nous offre l’occasion de mieux comprendre quelle est la réponse que nous sommes appelés à donner aujourd’hui.

L’urgence du souci de la mission, aujourd’hui, est particulièrement vive, en premier lieu, parce que le monde tout entier est arrivé à être une “terre de mission” ; en second lieu, parce que, de nos jours, il y a une manière différente de concevoir le souci de la mission, de réaliser la “missio ad gentes”. Celle-ci s’effectue, en effet, dans le respect des différents milieux culturels, en dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les différentes religions, et nous engage dans la promotion de l’homme et dans le développement de la culture (cf. EN 19).

Mais d’où provenait le souci de la mission qu’avait Don Bosco ? Quelles sont les raisons de son immense zèle missionnaire ?

A mon avis il y a trois grands éléments, qui doivent constituer un point de référence pour nous tous.

  • Le premier est d’être obéissant au commandement du Seigneur Jésus qui, au moment de l’Ascension, avant de quitter ce monde pour monter vers le Père, nous a dit : « Vous serez mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Il nous a donné ainsi le monde tout entier comme champ d’évangélisation et cela jusqu’à la fin de l’histoire. Pour nous salésiens, comme en général pour tous les croyants, la première raison pour être des évangélisateurs est donc l’obéissance au commandement du Seigneur Jésus.
  • Le deuxième élément de la dimension missionnaire de Don Bosco est la conviction que l’Evangile a la qualité du levain et une fonction de transformation, qu’il est capable d’agir comme un ferment dans toutes les cultures. Dans la “grande charte” de l’évangélisation que constitue l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de 1975, Paul VI a écrit que l’Evangile peut s’insérer dans toutes les cultures, c’est-à-dire qu’il peut s’exprimer diversement selon les cultures, sans qu’il s’identifie avec l’une d’entre elles. Pas même avec la culture juive dans laquelle Jésus est né, dans le sens qu’aucune culture ne concorde pleinement avec la nouveauté de l’Evangile. C’est pourquoi toutes les cultures sont appelées à se laisser purifier et élever. Il n’existe pas d’évangélisation authentique si elle ne touche pas l’âme de la culture, cet ensemble de valeurs auxquelles font référence les centres de décision de la personne. Chaque culture est importante, parce qu’elle représente l’espace où les personnes naissent, grandissent, se développent, apprennent à créer des relations, à affronter la vie, mais on doit aussi reconnaître que chaque culture a ses limites et a besoin de la lumière de l’Evangile. Aujourd’hui ensuite, quand nous parlons de l’urgence d’évangéliser, nous sommes en train de penser non seulement à l’Océanie, à l’Asie, à l’Amérique latine, mais aussi à l’Europe, qui plus que jamais a besoin de l’Evangile et du charisme salésien.
  • Le troisième élément, très spécifique du charisme de Don Bosco, est sa prédilection pour les jeunes, avec la conscience que dans les politiques des gouvernements et dans le tissu social des peuples, malgré toutes les déclarations, ils ne comptent pas et semblent devoir se résigner à n’être que des consommateurs de produits, d’expériences et de sensations. Mais cela ne correspond pas à l’Evangile, à la pratique et à la logique de Jésus qui, lorsque lui a été faite la demande « Qui est le plus important ? », a fait venir près de lui un petit enfant et l’a placé au centre. Mettre les jeunes au centre de notre attention missionnaire ! C’est l’un des éléments les plus spécifiques du riche patrimoine spirituel que Don Bosco nous a laissés. Et la tâche qui nous est confiée est de le porter dans toutes les cultures où nous allons et travaillons et où, souvent, les jeunes ne comptent pas. La grandeur de Don Bosco a été justement celle-ci : avoir fait des jeunes des protagonistes, non seulement de leur éducation, mais aussi de son expérience pédagogique et spirituelle. Don Bosco, en inaugurant des chemins nouveaux comme prêtre, a cru dans les jeunes et s’est dépensé totalement, avec son génie apostolique, pour leur assurer des occasions de développer toutes leurs dimensions et leurs énergies de bien, pour faire valoir leurs droits, pour les rendre responsables (surtout les meilleurs) de la continuation de son œuvre dans l’histoire.

Dans le Chapitre, après avoir confirmé l’urgence d’évangéliser, nous avons rappelé que, nous Salésiens, nous accomplissons cette mission selon le charisme pédagogique qui nous est propre. “La pastorale de Don Bosco ne se réduit pas à la seule catéchèse ou à la seule liturgie ; mais, elle s’étend à toutes les tâches concrètes — pédagogico-culturelles — de la vie des jeunes […] Il s’agit de cette charité évangélique, qui se traduit dans le concret […] à libérer et à promouvoir le jeunes abandonné et dévoyé”.[Cf. ACS 290, 4.2.]

Si n’est pas salésienne l’éducation qui n’ouvre pas le jeune à Dieu et à la destinée éternelle de l’homme, ne l’est pas non plus l’évangélisation qui ne vise pas à former des personnes mûres dans tous les sens et qui ne sait pas s’adapter ou n’accorde pas d’attention, en la respectant, à la condition évolutive de l’enfant, de l’adolescent, du jeune.

Il est vrai que, dans certains contextes laïcisés, l’Eglise rencontre des difficultés particulières pour évangéliser les nouvelles générations. Même si évidemment les sondages et les statistiques ne constituent pas le dernier mot et si l’on doit prendre en considération différents types du vécu religieux, qui comprennent même des formes de spiritualité intense, on ne peut pas nier que dans plusieurs pays il y a des signes d’une progressive déchristianisation. On remarque que sont plus faibles chez les jeunes aussi bien la pratique religieuse que les convictions profondes. “Il s’agit d’une tranche de la population plus sensible aux modes culturelles et certainement plus touché par la laïcisation”.[LLUIS OVIEDO TORRO’, “La religiosidad de los jóvenes”, Razón y Fe, juin 2004, p.447. ] Il semble y avoir un divorce entre les nouvelles générations de jeunes et l’Eglise. L’ignorance religieuse et les préjugés que chaque jour ils reçoivent sans esprit critique à travers certains moyens de communication ont alimenté en eux l’image d’une Eglise-institution conservatrice, qui va contre la culture moderne, surtout dans le domaine de la morale sexuelle. Il devient donc normal pour beaucoup d’entre eux de dévaluer ou de relativiser toutes les propositions religieuses qui leur sont faites.

Un autre drame particulièrement grave est la rupture qui s’est établie dans la chaîne de transmission de la foi d’une génération à une autre. Les espaces naturels et traditionnels (famille, école, paroisse) se révèlent inefficaces pour la transmission de la foi. Et, par suite, l’ignorance religieuse est en croissance dans les nouvelles générations et, ainsi, parmi les jeunes continue l’“émigration silencieuse extra-muros de l’Eglise”. “Les croyances religieuses se teintent de pluralisme et suivent de moins en moins un canon ecclésial : par suite, lentement baissent les niveaux de pratique religieuse : sacrements et prière”.[ LLUIS OVIEDO TORRO’, o.c., p. 449.]

Il n’est pas facile de définir l’image que les jeunes ont de Dieu, mais certainement le Dieu chrétien a perdu la place centrale en face d’un Dieu médiatique qui porte à la divinisation des figures du monde du sport, de la musique, du cinéma. Le jeune ressent la passion pour la liberté et ne s’arrête pas devant les portes des églises. Ils sont nombreux les jeunes qui pensent que l’Eglise est un obstacle pour leur liberté personnelle.

Devant cette situation nous pouvons nous demander : quelle éducation offrent les institutions scolaires et ecclésiales ? Pourquoi la demande religieuse a-t-elle été effacée de l’horizon de la vie des jeunes ? L’enfant, l’adolescent, le jeune sont généreux par nature et ils s’enthousiasment pour les causes qui valent vraiment la peine. Pourquoi donc le Christ a-t-il cessé d’être significatif pour eux ?

L’Eglise, si elle veut rester fidèle à sa mission de sacrement universel de salut, doit apprendre les langages des hommes et des femmes de chaque époque, de chaque ethnie, de chaque lieu. Et nous Salésiens, d’une manière particulière, nous devons apprendre et utiliser le langage des jeunes. Il n’y a pas de doute que dans l’Eglise d’aujourd’hui, mais aussi à l’intérieur de nos institutions, il existe un “sérieux problème de langage”. Au fond, il s’agit d’un problème de communication, d’insertion de l’Evangile dans les réalités sociales et culturelles ; d’un problème d’éducation à la foi pour les nouvelles générations. Voici donc un défi et une tâche pour nous aujourd’hui : être des éducateurs capables de communiquer avec les jeunes et de leur transmettre le grand trésor de la foi en Jésus Christ.

L’éducation salésienne, dans la transmission de la foi et des valeurs, part toujours de la situation concrète de chaque personne, de son expérience humaine et religieuse, de ses angoisses et de ses anxiétés, de ses joies et de ses espoirs, en privilégiant toujours l’expérience et le témoignage. Elle prend soin de la pédagogie de l’initiation chrétienne, de telle façon que le Christ soit accepté comme l’ami qui nous sauve et fait de nous des fils de Dieu plus que comme le législateur, qui nous charge de dogmes, de commandements ou de rites. On met en évidence les aspects positifs et joyeux de toute expérience religieuse, en gardant une fidélité à Don Bosco dans le rêve de ses neuf ans : “Commence donc immédiatement à leur faire une instruction sur la laideur du péché et l’excellence de la vertu”. [Don Bosco, Souvenirs autobiographiques, Apostolat des Editions, Editions Paulines, Paris 1978, p. 33.]

“Evangéliser en éduquant” veut dire, pour nous, savoir proposer la meilleure des nouvelles (la personne de Jésus) en nous adaptant et en accordant de l’attention, tout en la respectant, à la condition évolutive de l’enfant, de l’adolescent, du jeune. Le jeune cherche le bonheur, la joie de vivre et, étant généreux, il est capable de se sacrifier pour les atteindre, si vraiment nous lui montrons un chemin convaincant et si nous nous offrons comme compagnons de route compétents. Les jeunes étaient convaincus que Don Bosco les aimait, qu’il désirait leur bonheur ici sur la terre et dans l’éternité. C’est pourquoi ils acceptaient le chemin qu’il leur proposait : l’amitié avec Jésus, Voie, Vérité et Vie.

Don Bosco nous enseigne à être en même temps éducateurs et évangélisateurs (“grâce d’unité”). Comme évangélisateurs nous connaissons et nous recherchons le but : conduire les jeunes au Christ. Comme éducateurs nous devons savoir partir de la situation concrète du jeune et réussir à trouver la méthode adéquate pour l’accompagner dans son processus de marche vers la maturité. S’il est vrai que pour des pasteurs ce serait une honte de renoncer au but, pour des éducateurs ce serait un échec de ne pas réussir à trouver la méthode adéquate pour les motiver à entreprendre le chemin et pour les accompagner avec crédibilité.

  • La troisième clé de lecture est le thème des “Nouveaux fronts d’action” comme lieu naturel pour la vie consacrée et comme appel à se rendre présent dans les endroits de plus grande détérioration et de plus grand besoin, du point de vue tant religieux que culturel, écologique, social.

Conscients que la mission est la raison pour nous d’être salésiens et que les besoins et les attentes des jeunes déterminent nos œuvres, dans le Chapitre Général, l’un des thèmes les plus débattus a été justement celui des “nouveaux fronts d’action”, où les jeunes nous attendent. Il s’agit de fronts d’action sous l’angle non seulement de la géographie, mais aussi de l’économie, de la vie sociale, culturelle et religieuse. Ici nous devons agir avec le critère qui guida les choix de Don Bosco, à savoir “donner plus à celui qui a eu moins”.

Je suis content que, depuis des années déjà, dans la Congrégation soient en train de croître la sensibilité et la préoccupation, la réflexion et l’engagement pour le monde de la marginalisation et du malaise des jeunes. Cette réalité ne représente plus un secteur particulier, identifié avec quelque œuvre spéciale ou animé seulement par quelque confrère particulièrement motivé. L’attention aux derniers, aux plus pauvres, à ceux qui sont le plus dans l’embarras est en train de devenir une “sensibilité institutionnelle” qui, peu à peu, engage l’action de nombreuses œuvres des Provinces. On a multiplié les plate-formes sociales, on a mis en place un travail en réseau et on est en train d’opérer en synergie avec d’autres agences qui travaillent dans le même domaine. C’est comme si l’on avait commencé à “sortir des murs”, en tournant à travers la ville et en écoutant le cri et l’appel au secours des jeunes. Tout cela, pour nous, signifie renouveler la prédilection pour les plus pauvres, pour les plus abandonnés et pour ceux qui se trouvent dans une situation de risque psychosocial : enfants perdus, maltraités, victimes d’abus et de brimades. Avec le cœur même de Don Bosco nous ressentons le devoir de trouver de nouvelles formes d’opposition au mal qui angoisse tant de jeunes. Nous ressentons aussi le devoir de renverser la tendance culturelle et sociale, surtout au moyen de ce qui constitue notre richesse spécifique : être porteurs d’un système éducatif qui est capable de changer le cœur des jeunes et de transformer la société. Nous ne pouvons pas donner sous couvert de “charité” ce qui leur revient au nom de la “justice”. Cette année, pendant laquelle on célèbre le 60ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, nous devons faire un pas en avant et mettre tout notre projet éducatif dans l’orbite des droits des enfants mineurs, comme je l’indiquais dans l’Etrenne 2008.

En rappelant l’expérience de Don Bosco

En nous en tenant à ce qu’écrit Don Bosco lui-même dans les “Souvenirs autobiographiques”, nous voyons que l’expérience qui l’a bouleversé et poussé à une nouvelle manière d’être prêtre a été son contact avec les jeunes de la prison de Turin. Il la rapporte avec ces mots : “La vue de cette foule de jeunes gens de douze à dix-huit ans, tous sains, robustes, à l’esprit éveillé, mais réduits au désœuvrement, mangés par la vermine, privés du pain spirituel et temporel, fut pour moi quelque chose d’horrible”.[Don Bosco, Souvenirs autobiographiques, Apostolat des Editions, Editions Paulines, Paris 1978, pp. 129-130.]

Voici un premier élément à retenir : Don Bosco a vu, a écouté, a su saisir la réalité sociale, en lire l’importance et en tirer les conséquences. De cette expérience naquit en Don Bosco une immense compassion pour ces jeunes. Dans le contact avec eux il sentit l’urgence de leur offrir un milieu d'accueil et une proposition éducative selon leurs besoins : “Je me rendis compte de ce qui faisait que plusieurs étaient ramenés là : c’est qu’ils se trouvaient de nouveau livrés à eux-mêmes. Qui sait, pensais-je, si ces jeunes avaient hors d’ici, un ami qui s’intéressât à eux, les assistât, les instruisît de la religion aux jours fériés, qui sait s’ils ne se seraient pas tenus à l’écart de la ruine et si le nombre des récidivistes ne diminuerait pas ? Je fis part de ces réflexions à Don Caffasso et, sur son conseil, je me mis en devoir de chercher comment amener (ces intuitions) à réalisation”.[Ibidem,]

Et voici un deuxième élément à percevoir dans l’expérience de notre Père Don Bosco : l’invention pastorale, celle qui le conduisit à formuler avec imagination et générosité des réponses adéquates aux nouveaux défis. Tout cela impliquait d’en porter le poids en première personne et d’organiser les structures qui fussent capables de rendre possible un monde meilleur pour ces jeunes en apportant une solution de rechange.

C’est ainsi que Don Bosco pense avant tout prévenir ces expériences négatives, en accueillant les enfants qui arrivent à la ville de Turin à la recherche de travail, les orphelins ou ceux dont les parents ne peuvent pas ou ne veulent pas s’occuper, ceux qui errent dans la ville sans point de référence affective et sans la possibilité matérielle de mener une vie digne. Il leur offre une proposition éducative, centrée sur la préparation au travail, qui les aide à retrouver confiance en eux-mêmes et le sens de leur dignité personnelle. Il offre un milieu positif de joie et d’amitié, dans lequel ils acquièrent presque par contagion les valeurs morales et religieuses. Il offre une proposition religieuse simple, adaptée à leur âge et surtout alimentée par un climat positif de joie et orientée par le grand idéal de la sainteté.

Conscient de l’importance de l’éducation de la jeunesse et des gens du peuple pour la transformation de la société, Don Bosco se fait le promoteur de nouveaux projets sociaux de prévention et d’assistance. Que l’on pense à sa relation avec le monde du travail, aux contrats avec les employeurs, au temps libre, au développement de l’instruction populaire et de la culture populaire. Même si Don Bosco ne parla pas explicitement des droits des enfants – ce n’était pas dans la culture de son temps – il œuvra en cherchant à leur redonner de la dignité et à les insérer dans la société dans des conditions telles qu’ils pourraient affronter la vie avec succès (“empowerment” [action de fortifier le jeune, pour qu’il se sente la capacité et la force d’entreprendre quelque chose]).

Voici enfin un troisième élément, à mon avis très significatif, qui a caractérisé l’expérience de Don Bosco. Il comprit qu’il n’était pas suffisant de rendre moins pénible le situation de malaise et d’abandon dans laquelle vivaient ses jeunes (action palliative). De plus en plus clairement il se sentit porté à accomplir un changement culturel (action transformatrice), au moyen d’un milieu et d’une proposition éducative où seraient impliquées beaucoup de personnes appelées à lui ressembler et à mener une mission identique à la sienne. Tout cela représenta non seulement la mise en route d’une institution (l’Oratoire de Valdocco), mais aussi le premier développement de cette institution particulière qui conduisit Don Bosco à commencer un vaste mouvement pour le salut de la jeunesse : la Famille Salésienne (cf. Const. 5). Les besoins étaient nombreux. Il chercha avant tout la collaboration de sa mère, puis celle de quelques prêtres diocésains. Avec ses meilleurs jeunes il commença la Société de Saint François de Sales, puis fonda l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice et mit en place l’Association des Coopérateurs. Son esprit était dans un continuel “rêve du bien des jeunes”. Son cœur vivait une continuelle “expression de l’amour de Dieu pour les jeunes”.

Nous, comme Salésiens, nous continuons à cultiver dans notre cœur cette passion pour les plus pauvres, pour les abandonnés, pour les derniers. Plus je connais la Congrégation, répandue dans les cinq continents, plus je me rends compte que, comme Salésiens, nous avons essayé d’être fidèles à ce critère fondamental d’être proches et solidaires de ceux qui sont le plus dans le besoin, en prenant à cœur ces réalités des jeunes que la société ne veut pas voir : les enfants de la rue, les adolescents pris comme soldats, les gamins employés comme ouvriers, les enfants exploités dans le maudit tourisme sexuel, les personnes dispersées à cause de la guerre, les immigrants, les victimes de l’alcool et de la drogue, les malades du SIDA, les enfants privés de sentiment religieux… Comme je le disais ci-dessus, nous constatons que de nos jours la sensibilité chez nous s’est intensifiée et, Dieu merci, elle continue à s’intensifier. Aujourd’hui le travail des pionniers a été pris en charge par l’Institution, et surtout on est en train d’acquérir une mentalité qui nous permet de nous installer partout avec cette clé de lecture, en faisant le choix en faveur de ceux qui sont le plus exclus et marginaux. C’est une grâce de sentir que dans la Congrégation est en train de croître cette mentalité : “donner plus à qui a reçu moins”.

Tandis que dans les pays en voie de développement prédominent des visages d’enfants marqués par la pauvreté matérielle, dans les pays développés la marque qui les caractérise est la perte du sens de la vie, la capitulation devant l’usage immodéré des biens de consommation, l’hédonisme, l’indifférentisme, la toxicomanie. Les réponses sont donc nécessairement à différencier.

A la lumière de ces grandes dimensions qui peuvent et doivent changer notre vie apostolique et notre activité apostolique, devient plus évident et urgent notre besoin de nous convertir à l’essentiel, à une vie pauvre, austère et simple, qui soit une expression du détachement total d’avec tout ce qui peut nous empêcher de nous livrer jusqu’au bout à ceux que le Seigneur nous a confiés.

3. Choix effectués et mise en route pour les rendre opérationnels : perspectives d’animation et de gouvernement.====

Les dimensions mentionnées ci-dessus ont eu une première traduction dans les différentes fiches du document. En effet, les grands choix du CG26 pour la renaissance spirituelle et l’élan apostolique ont été exprimés dans les “Lignes d’action” de chacun des thèmes. Ces “Lignes d’action” nous offrent des orientations à assumer, à faire passer du papier dans la vie. Elles ne peuvent pas, en effet, être de simples déclarations d’intentions, mais doivent devenir un vrai programme de vie, d’animation et de gouvernement, ainsi que de proposition éducative et pastorale.

Pour le thème “Repartir de Don Bosco”, nous avons décidé :

Revenir à Don Bosco

Ligne d’action 1

S’engager à aimer, à étudier, à imiter, à invoquer et à faire connaître Don Bosco, pour repartir de lui.

Revenir aux jeunes

Ligne d’action 2

Revenir aux jeunes, spécialement aux plus pauvres, avec le cœur de Don Bosco.

Identité charismatique et passion apostolique

Ligne d’action 3

Redécouvrir le sens du _Da mihi animas, caetera tolle comme programme de vie spirituelle et pastorale. _

Pour le thème “Urgence d’évangéliser”, nous avons décidé :

Communauté évangélisée et communauté évangélisatrice

Ligne d’action 4

Mettre la rencontre avec le Christ dans la Parole et dans l’Eucharistie au centre de nos communautés, pour être des disciples authentiques et des apôtres crédibles.

Place centrale de la proposition de Jésus Christ

Ligne d’action 5

Proposer avec joie et courage aux jeunes de vivre l’existence humaine comme l’a vécue Jésus Christ.

Education et évangélisation

Ligne d’action 6

Veiller avec soin dans chaque milieu à rendre plus efficace l’intégration d’une évangélisation et d’une éducation selon la logique du Système Préventif.

Evangélisation dans les différents contextes

Ligne d’action 7

Adapter à la culture le processus d’évangélisation pour apporter une réponse aux défis des contextes régionaux.

Pour le thème “Nécessité d’appeler”, nous avons décidé :

Témoignage comme première proposition de vocation

Ligne d’action 8

Témoigner avec courage et avec joie de la beauté d’une vie consacrée, toute donnée à Dieu dans la mission auprès des jeunes.

Vocations à l’engagement apostolique

Ligne d’action 9

Susciter chez les jeunes l’engagement apostolique pour le Royaume de Dieu avec la passion du _Da mihi animas, caetera tolle et favoriser leur formation. _

Accompagnement des candidats à la vocation consacrée salésienne

Ligne d’action 10

Faire la proposition explicite de la vocation consacrée salésienne et promouvoir de nouvelles formes pour l’accompagnement des vocations et pour la maison de vocations.

Les deux formes de la vocation consacrée salésienne

Ligne d’action 11

Développer la complémentarité et la spécificité de deux formes de l’unique vocation salésienne et assumer un engagement renouvelé pour la vocation du salésien coadjuteur.

Pour le thème “Pauvreté évangélique”, nous avons décidé :

Témoignage personnel et témoignage communautaire

Ligne d’action 12

Donner un témoignage crédible et courageux de pauvreté évangélique, portée dans la vie personnelle et dans la vie communautaire selon l’esprit du "Da mihi animas, caetera tolle".

Solidarité avec les pauvres

Ligne d’action 13

Développer la culture de la solidarité avec les pauvres dans le contexte local.

Gestion responsable et solidaire des ressources

Ligne d’action 14

Gérer les ressources d’une manière responsable et transparente, en accord avec les buts de la mission, et faire fonctionner les formes nécessaires de contrôle au niveau local, au niveau provincial et au niveau mondial.

Pour le thème “Nouveaux fronts d’action ”, nous avons décidé :

Principale priorité : les jeunes pauvres

Ligne d’action 15 (cf. ligne d’action 13)

Effectuer des choix courageux en faveur des jeunes pauvres et à risque.

Autres priorités : famille, communication sociale, Europe

Ligne d’action 16

Apporter une attention privilégiée à la famille dans la pastorale des jeunes ; intensifier la présence éducative dans le monde des médias ; relancer le charisme salésien en Europe.

Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres

Ligne d’action 17

Revoir le modèle de gestion des œuvres pour une présence éducative et évangélisatrice plus efficace.

Le rappel des lignes d’action du CG26 dans ce discours de clôture a le but de confirmer qu’il est important que les Régions et chacune des Provinces les assument et les “intègrent dans leur culture”. Elles seront le “message concret” du CG26, qui devra être étudié et traduit, au niveau pastoral, dans les différents contextes, en déterminant aussi des critères de vérification et des éléments d’évaluation.

Je m’arrête sur le “Projet Europe”.

Aujourd’hui, plus que jamais nous nous rendons compte que notre présence en Europe doit être repensée. L’objectif – comme déjà je le disais en m’adressant au Saint-Père à l’occasion de l’Audience accordée aux membres du CG26 – est “de dessiner à nouveau d’une manière plus tranchante et efficace la présence salésienne dans ce continent. C’est-à-dire de rechercher une nouvelle proposition d’évangélisation pour répondre aux besoins spirituels et moraux de ces jeunes, qui nous apparaissent un peu comme des pèlerins sans guides et sans but”.

Il s’agit donc de rajeunir avec du personnel salésien les Provinces qui sont le plus dans le besoin pour rendre plus significatif et fécond le charisme salésien dans l’Europe d’aujourd’hui. J’ai donc l’intention d’expliquer clairement que :

  • c’est là un projet de Congrégation ;
  • il impliquera toutes les Régions et toutes les Provinces avec l’envoi de personnel ;
  • pour fortifier les communautés, appelées à être interculturelles et à rendre présent Don Bosco parmi les jeunes, spécialement les plus pauvres, ceux qui sont à l’abandon et à risque ;
  • le tout sera confié à la coordination des trois Dicastères pour la Mission.

Ce projet exigera évidemment un changement structurel dans les communautés du Vieux Continent. “Vin nouveau dans des outres neuves”. Ce n’est donc pas une action de simple “entretien de structures”, mais un projet nouveau pour exprimer une présence nouvelle, à côté des jeunes d’aujourd’hui. Nous nous mettons en mouvement avec le cœur de Don Bosco, riches de sa passion pour Dieu et pour les jeunes, pour collaborer à la construction sociale d’une Nouvelle Europe, afin qu’elle ait vraiment “une âme”, afin qu’elle retrouve ses robustes racines spirituelles et culturelles, afin qu’au niveau social elle accorde une place et des chances égales à des propositions d’éducation et de culture, sans aucune forme de discrimination et de choix sentant l’exclusion sociale.

Parmi les priorités je vous signale les plus importantes :

  • établir de nouvelles présences pour les jeunes,
  • encourager des initiatives dynamiques et innovatrices,
  • promouvoir des vocations.

Tout cela devrait aider les Salésiens qui travaillent dans ce contexte à parvenir à une mentalité de plus en plus européenne, fortifier la synergie entre les Provinces dans les différents secteurs et renforcer la collaboration au niveau Régional.

4. Vers le bicentenaire de la naissance de Don Bosco : la Congrégation en état de retour à Don Bosco pour repartir de lui

Que ferait Don Bosco aujourd’hui ? Nous ne le savons pas ! Mais nous savons ce qu’il a fait hier et donc nous pouvons savoir quoi faire pour agir comme lui aujourd’hui. C’est une question de connaissance et d’imitation.

Nous avons confirmé dans ce Chapitre qu’il est absolument indispensable de contempler Don Bosco, de l’aimer, de le connaître et de l’imiter, pour découvrir ses motivations les plus profondes et entraînantes, celles d’où il puisait l’énergie qui le faisait travailler pour les jeunes inlassablement ; ses convictions les plus solides et personnelles, qui le portaient à ne pas reculer, qui même le rendaient attrayant et convaincant ; ses objectifs définis et clairs, qui le faisaient avancer, avec une seule cause pour laquelle il voulait vivre : voir ses jeunes heureux ici-bas et dans l’éternité.

Don Bosco sentit le drame d’un peuple qui s’éloignait de la foi et surtout il sentit le drame de la jeunesse, pour qui Jésus a de la prédilection, qui était abandonnée et trahie dans ses idéaux et dans ses aspirations par les hommes de la politique, de l’économie, même aussi par l’Eglise. Je me demande si cette situation n’est pas, pour bien des points, semblable à celle que nous avons identifiée dans notre Chapitre Général.

Eh bien, devant une telle situation Don Bosco a réagi énergiquement, en trouvant des façons nouvelles de s’opposer au mal. Aux forces négatives de la société il a résisté en dénonçant l’ambiguïté et le caractère dangereux de la situation, “en contestant” – à sa manière, s’entend – les pouvoirs forts de son époque. Voilà ce que signifie avoir un esprit et un cœur de pasteur.

Se trouvant en pleine résonance avec ces besoins, il a cherché à donner une réponse, avec les possibilités qui lui étaient offertes par les conditions historiques et culturelles et par les conjonctures économiques du moment historique, et cela malgré des oppositions partiales du monde ecclésiastique, d’autorités et de fidèles. Il fonda ainsi des oratoires, des écoles de type varié, des ateliers d’apprentis, des journaux et des revues, des imprimeries et des maisons d’édition, des associations pour les jeunes établies selon un caractère religieux, culturel, récréatif ou social ; il construisit des églises, développa des missions “ad gentes”, des activités d’assistance aux émigrants ; il fonda deux congrégations religieuses et une association de laïcs qui continuèrent son œuvre.

Il eut du succès grâce aussi à ses dons remarquables de communicateur-né, malgré le manque de ressources économiques (toujours insuffisantes pour ses réalisations), son modeste bagage culturel et intellectuel (à un moment où il fallait des réponses de haute qualité) et le fait d’être fils d’une théologie et d’une conception sociale ayant de très fortes limites (et par suite insuffisantes pour répondre à la laïcisation et aux profondes révolutions sociales qui s’effectuaient). Toujours poussé par une hardiesse supérieure de foi, dans des circonstances difficiles, il demanda et obtint de l’aide de tous, catholiques et anticléricaux, riches et pauvres, hommes et femmes d’argent et de pouvoir, et représentants de la noblesse, de la bourgeoisie, du bas et du haut clergé.

Toutefois l’importance historique de Don Bosco, avant d’aller la chercher dans les très nombreuses « œuvres » et dans certains éléments méthodologiques relativement originaux – le fameux “système préventif de Don Bosco” –, est à découvrir dans la perception intellectuelle et émotive du problème de la jeunesse “abandonnée” avec sa portée morale et sociale ;

  • dans l’intuition de la présence à Turin d’abord, en Italie et dans le monde ensuite d’une forte sensibilité, dans le monde civil et dans le monde “politique”, pour le problème de l’éducation de la jeunesse et de sa compréhension de la part des classes plus sensibles et de l’opinion publique ;
  • dans l’idée qu’il lança du devoir d’intervenir sur une grande échelle dans le monde catholique et le monde civil, pour donner une réponse nécessaire pour la vie de l’Eglise et pour la survivance elle-même de l’ordre social ;
  • et dans la capacité de communiquer cette même idée à de grands groupes de collaborateurs, de bienfaiteurs et d’admirateurs.

Ni politique, ni sociologue, ni syndicaliste “ante litteram”, simplement prêtre-éducateur, Don Bosco partit de l’idée que l’éducation pouvait faire beaucoup, dans n’importe quelle situation, si elle est réalisée avec le maximum de bonne volonté, d’engagement et de capacité d’adaptation. Il s’engagea à changer les consciences, à les former à l’honnêteté humaine, à la loyauté civique et politique et, dans cette perspective, il chercha à “changer” la société, au moyen de l’éducation.

Il transforma les valeurs fortes dans lesquelles il croyait – et qu’il défendit contre tous – en faits sociaux, en gestes concrets, sans se replier dans le spirituel et dans l’ecclésial entendu comme un espace ou une expérience exempte des problèmes du monde et de la vie. Au contraire, fort de sa vocation de prêtre éducateur, il développa un engagement quotidien qui n’était pas une absence d’horizons, mais était une dimension incarnée de la valeur et de l’idéal ; qui n’était pas une niche protectrice et un refus de la confrontation ouverte, mais était le fait de se mesurer sincèrement avec une réalité plus vaste et diversifiée ; qui n’était pas un monde limité à quelques besoins peu nombreux à satisfaire et un lieu de répétition, presque mécanique, d’attitudes traditionnels ; qui n’était pas un refus de toute tension, du sacrifice exigeant, du risque, de la lutte. Il eut pour lui et pour les salésiens la liberté et la fierté de l’autonomie. Et il ne voulut même pas lier le sort de son œuvre aux changements imprévisibles des régimes politiques.

Le théologien français bien connu, Marie-Dominique Chenu, O.P., répondait, dans les années quatre-vingt du siècle dernier, à la requête d’un journaliste qui lui demandait de lui indiquer les noms de quelques saints porteurs d’un message d’actualité pour les temps nouveaux ; il affirma sans hésiter : “Il me plaît de rappeler, avant tout, celui qui a devancé le Concile d’un siècle : Don Bosco. C’est déjà, prophétiquement, un homme modèle de sainteté pour son œuvre qui est en rupture avec la façon de penser et de croire de ses contemporains”.

Il fut un modèle pour un bon nombre ; beaucoup en imitèrent les exemples, en devenant à leur tour le “Don Bosco de Bergame, de Bologne, de Messine, etc.”.

Evidemment le “secret” de son “succès” chacun le trouve dans l’une des différentes facettes de sa personnalité complexe : entrepreneur très capable d’œuvres éducatives, organisateur clairvoyant d’entreprises nationales et internationales, très fin éducateur, grand maître, etc.. Tel est le modèle que nous avons et nous sommes appelés à le reproduire le plus fidèlement possible !

5. Conclusion

Chers confrères, nous avons vécu le CG26 dans la période liturgique du Carême et dans le temps de Pâques. Le Seigneur nous a invités ainsi à accueillir l’indication du besoin que nous avons de faire une expérience pascale, si nous voulons parvenir à la renaissance spirituelle tant désirée et au renouveau de notre élan apostolique. Il n’y a pas de vie sans mort. Il n’y a pas la mystique du “Da mihi animas” sans l’ascétique du “caetera tolle”.

Je voudrais conclure en rappelant encore une expérience particulière de Don Bosco. Pendant l’été de 1846 il tombe malade et se trouve en danger de mort. Quelques semaines après, il surmonte le mal et, convalescent, il peut revenir à l’Oratoire en s’appuyant seulement sur un bâton. Les enfants accourus l’obligent à s’asseoir sur un chaise haute, le soulèvent et le portent en triomphe jusqu’à la cour. Dans la chapelle, après les prières de remerciement, Don Bosco prononce les paroles les plus solennelles et les plus chargées d’engagement de son existence : « Chers fils, ma vie, c’est à vous que je la dois. Mais, soyez-en certains, désormais je l’emploierai totalement pour vous ».[Cf. MB II, 497-498.] Don Bosco, inspiré par l’Esprit Saint, émit, en un certain sens, un vœu inédit : le vœu d’amour apostolique, d’offrande de sa propre vie pour les jeunes, qu’il observa à tout instant de son existence. Voilà ce que signifie le “Da mihi animas, caetera tolle”, qui a été la devise qui a inspiré notre Chapitre Général. Voilà le programme d’avenir pour la renaissance spirituelle et pour l’élan apostolique avec lesquels nous voulons arriver à la célébration du bicentenaire de sa naissance.

Je formule des souhaits pour que, nous et avec nous toutes les personnes reconnues pour vivre les valeurs de la Spiritualité Salésienne et du Système Educatif Salésien, nous puissions aimer les jeunes et nous engager comme Don Bosco dans la réalisation de la mission salésienne. Je souhaite que les jeunes puissent trouver en chacun de nous (comme les enfants de l’Oratoire trouvèrent en Don Bosco à Valdocco) des personnes disponibles pour cheminer avec eux, pour construire avec eux et pour eux une présence éducative attrayante et significative, capable de proposer et d’impliquer, au point de produire un changement culturel.

Une image qui peut illustrer parfaitement ce moment historique de la Congrégation est dans l’épisode de la transmission “du manteau et de l’esprit” d’Elie à Elisée, son disciple (2 R 2,1-15). Elie cherche à plusieurs reprises à éloigner de lui Elisée, d’abord à Gilgal, puis à Béthel et à Jéricho, peut-être dans le désir de se trouver seul au moment de sa disparition. Mais Elisée veut être son principal héritier spirituel et il reste à côté de lui. Comme je souhaiterais ardemment que chacun des confrères, vis-à-vis de Don Bosco, fît sien le désir d’Elisée de recevoir une double part [celle de l’héritier principal] de l’esprit d’Elie. Devenu héritier spirituel d’Elie, Elisée recueille son manteau et, avec celui-ci, se pose sur lui également l’esprit du maître. Elisée recommence à la lettre le dernier miracle d’Elie et cela donne aux disciples des prophètes l’assurance que vraiment “l’esprit d’Elie” s’est posé sur Elisée.

A ce propos, me viennent à l’esprit les paroles de Paul VI prononcées lors de la béatification de Don Rua, quand il a dit que cette béatification représentait une confirmation de sa qualité de successeur de Don Bosco et de disciple de ce dernier, de la capacité qu’il a eu d’accueillir et de transmettre l’esprit du Père. Comme Don Rua, pour recueillir l’héritage de Don Bosco, permettons à Dieu, avec notre totale disponibilité, d’agir en nous comme il a agi en lui.

Me voici ici, Très chers Confrères, à vous remettre le fruit de ce CG26, dont vous avez été les protagonistes. Je vous remets, c’est vrai, un document, qui sera comme notre carte de navigation pour la période des six années 2008-2014, mais je vous remets surtout l’esprit du CG26. Il a voulu être une intense expérience de Pentecôte pour un profond renouveau de notre vie et de notre mission. Il représente donc pour tous les Salésiens la plate-forme de lancement de la Congrégation vers le grand jubilé salésien de 2015.

Que l’Esprit puisse souffler avec force sur la Congrégation pour qu’elle ait le courage de demander encore et toujours, avec Don Bosco : “Da mihi animas, caetera tolle”.

Rome, 12 avril 2008

P. Pascual Chávez Villanueva
Recteur majeur

LISTE DES PARTICIPANTS AU 26ème CHAPITRE GÉNÉRAL

Conseil Général

  1. P CHÁVEZ VILLANUEVA Pascual Recteur majeur – Président
  2. P BREGOLIN Adriano Vicaire du Recteur majeur
  3. P CEREDA Francesco Conseiller pour la Formation – Régulateur
  4. P DOMENECH Antonio Conseiller pour la Pastorale des Jeunes
  5. P ALENCHERRY Francis Conseiller pour les Missions
  6. P MAZZALI Giovanni Econome Général
  7. P BARUFFI Helvécio Conseiller régional
  8. P D’SOUZA Joaquim Conseiller régional
  9. P FRISOLI Pier Fausto Conseiller régional
  10. P KLEMENT Václav Conseiller régional
  11. P ORTIZ G. Esteban Conseiller régional
  12. P RODRÍGUEZ M. Filiberto Conseiller régional
  13. P VAN HECKE Albert Conseiller régional
  14. P STEMPEL Marian Secrétaire général
  15. P MARACCANI Francesco Procurateur général

    Région salésienne : AFRIQUE – MADAGASCAR

  16. P GEGANTONI Genaro Sup. quasi-Province Afrique Ethiopie – Erythrée
  17. P GEBREMESKEL Estifanos Délégué Afrique Ethiopie – Erythrée
  18. P TSHIBANGU Joachim Provincial Afrique Centrale
  19. P NGOY Jean-Claude Délégué Afrique Centrale
  20. P PULIKKAL Joseph Provincial Afrique Est
  21. P SAHAYA Gnanaselvam A. Délégué Afrique Est
  22. P DUFOUR François Sup. quasi-Province Afrique Méridionale
  23. P JOHNSON Jeffrey Délégué Afrique Méridionale
  24. P JIMÉNEZ Manuel Sup. quasi-Province Afrique Occidentale Francophone
  25. P AKPOUÉ Adolphe-Marie Délégué Afrique Occidentale Francophone
  26. P CASTELLINO Riccardo Sup. quasi-Province Afrique Occidentale Anglophone
  27. L JOB Samuel Délégué Afrique Occidentale Anglophone
  28. P NGENDAKURIYO Gabriel Sup. quasi-Province Afrique des Grands Lacs
  29. P GATETE Innocent Délégué Afrique des Grands Lacs
  30. P BASAÑES Guilherme Sup. quasi-Province Angola
  31. P LASARTE Martín Délégué Angola
  32. P VEGA DIEZ José Antonio Sup. quasi-Province Afrique Tropicale Equatoriale
  33. P KIFUAYI Grégoire Délégué Afrique Tropicale Equatoriale
  34. P DE SANTIS Erminio Sup. quasi-Province Madagascar
  35. P SALERNO Rosario Délégué Madagascar
  36. P LEAL GOMES Manuel Sup. quasi-Province Mozambique
  37. P CHAQUISSE Américo Délégué Mozambique
  38. P CZERWINSKI Joseph Sup. quasi-Province Zambie-Malawi-Namibie-Zimbabwe
  39. L MAKUMBA Sylvester Délégué Zambie-Malawi-Namibie-Zimbabwe

    Région salésienne : AMÉRIQUE LATINE – CÔNE SUD

  40. P GARCÍA Fabián Provincial Argentine – Buenos Aires
  41. L CEJAS Guillermo Délégué Argentine – Buenos Aires
  42. P TIRABASSO Vicente Provincial Argentine – Bahía Blanca
  43. P CAUCAMÁN Honorio Délégué Argentine – Bahía Blanca
  44. P PALAZZO Leonardo Provincial Argentine – Córdoba
  45. P YAMANOUCHI Fidel Délégué Argentine – Córdoba
  46. P LÓPEZ A. Horacio Provincial Argentine – La Plata
  47. P HAAG Miguel Délégué Argentine – La Plata
  48. P LÓPEZ Joaquín Andrés Provincial Argentine – Rosario
  49. P AGUIRRE Adolfo Délégué Argentine – Rosario
  50. P ZANCANELLA Ovidio Geraldo Provincial Brésil – Belo Horizonte
  51. P FARIA Nilson Délégué Brésil – Belo Horizonte
  52. P DE CASTRO Afonso Provincial Brésil – Campo Grande
  53. P SHINOHARA Lauro Délégué Brésil – Campo Grande
  54. P MEDEIROS Damásio Raimundo Provincial Brésil – Manaus
  55. P ALVES Francisco Délégué Brésil – Manaus
  56. P TEIXEIRA José Valmor Cesar Provincial Brésil – Porto Alegre
  57. P FISTAROL Orestes Carlinhos Délégué Brésil – Porto Alegre
  58. P RODRIGUES João Carlos Provincial Brésil – Recife
  59. P MENEZES A. Alencar Délégué Brésil – Recife
  60. P BIAGGI Marco Provincial Brésil – São Paulo
  61. P ZACHARIAS Ronaldo Délégué Brésil – São Paulo
  62. P VITALI Natale Provincial Chili
  63. P ZURA Juan Carlos Délégué Chili
  64. P JARA Walter Luis Provincial Paraguay
  65. P GONZÁLEZ José Pablino Délégué Paraguay
  66. P ALGORTA Juan M. Provincial Uruguay
  67. P STURLA Daniel Délégué Uruguay

    Région salésienne : ASIE EST – OCÉANIE

  68. P MOLONEY Francis J. Provincial Australie
  69. P CAPRA Elio Délégué Australie
  70. P LAM Simon Provincial Chine
  71. P FUNG Andrew Délégué Chine
  72. P WONG Andrew Provincial Philippines Nord
  73. P MACASAET Martin Délégué Philippines Nord
  74. P SANCHEZ Arthur (Jr.) Provincial Philippines Sud
  75. P VILBAR Roneldo Délégué Philippines Sud
  76. P PUPPO Orlando Provincial Japon
  77. P CIPRIANI Aldo Délégué Japon
  78. P CALLEJA Andres Sup. quasi-Province Indonésie – Timor Est
  79. P DELIMARTA André Délégué Indonésie – Timor Est
  80. P HWANG Paul (Myeong Deok) Provincial Corée
  81. P KIM Francisco (Ok Chu) Délégué Corée
  82. P THEPHARAT P. John Bosco Provincial Thaïlande
  83. P ALCOSEBA Aaron Emnace Délégué Thaïlande
  84. P NGUYEN Van Them Giov. Batt. Provincial Viêt-nam
  85. P NGUYEN Thinh P. Joseph Délégué Viêt-nam
  86. L TRAN HOANG L. Francesco S. Délégué Viêt-nam

    Région Salésienne : ASIE du SUD

  87. P FERNANDES Michael Provincial Inde – Bombay
  88. P COELHO Ivo Délégué Inde – Bombay
  89. P BERGER John Provincial Inde – Calcutta
  90. P CHUNKAPURA Jose Délégué Inde – Calcutta
  91. P POONTHURUTHIL James Provincial Inde – Dimapur
  92. P KURUVACHIRA Jose Délégué Inde – Dimapur
  93. P ALMEIDA Joseph Provincial Inde – Guwahati
  94. P MAWRIE Barnes Lister Délégué Inde – Guwahati
  95. L VALERI Nello Délégué Inde – Guwahati
  96. P MADDHICHETTY Noel Provincial Inde – Hyderabad
  97. P RAMINEDI Balaraju Délégué Inde – Hyderabad
  98. P KUTTIANIMATTATHIL Jose Provincial Inde – Bangalore
  99. P ANCHUKANDAM Thomas Délégué Inde – Bangalore
  100. P PALLIPURAM Varghese Délégué Inde – Bangalore
  101. P STANISLAUS Swamikannu Provincial Inde – Madras
  102. P JOSEPH Andrew Délégué Inde – Madras
  103. P KANAGA Maria Arokiam Délégué Inde – Madras
  104. P LOBO Charles Provincial Inde – New Delhi
  105. P PEEDIKAYIL Michael Délégué Inde – New Delhi
  106. P PIRES Loddy Provincial Inde – Panjim
  107. P NORONHA Romulo Délégué Inde – Panjim
  108. P SUSAI Amalraj Provincial Inde – Tiruchy
  109. P JOHNSON Albert Délégué Inde – Tiruchy
  110. P PINTO Anthony Humer Sup. quasi-Province Sri Lanka
  111. P FERNANDO Anthony Délégué Sri Lanka
  112. P YE MAUNG Joachim Sup. quasi-Province Myanmar
  113. P SEIN MYINT Edward Délégué Myanmar

    Région Salésienne : EUROPE NORD

  114. P WÖß Franz Provincial Autriche
  115. P OBERMÜLLER Petrus Délégué Autriche
  116. P CLAES Jozef Provincial Belgique Nord
  117. P SPRONCK Herman Délégué Belgique Nord
  118. P BLAHA František Provincial République Tchèque
  119. P KOMÁREK Jan Délégué République Tchèque
  120. P MARIJANOVIC Ivan Provincial Croatie
  121. P ORKIC Pejo Délégué Croatie
  122. P PELLIZZARI Giuseppe Sup. Circonscription Europe de l’Est
  123. P PISTELLATO Onorino Délégué Europe de l’Est
  124. P WINSTANLEY Michael Provincial Grande-Bretagne
  125. P GALLANGHER James Délégué Grande-Bretagne
  126. P GRÜNNER Josef Provincial Allemagne
  127. P MENZ Heinz Délégué Allemagne
  128. L MULLER Jean-Paul Délégué Allemagne
  129. P HORAN John Provincial Irlande
  130. P ATTARD Fabio Délégué Irlande
  131. P ŁUBIAN Sławomir Provincial Pologne – Varsovie
  132. P KUŁAK Wojciech Délégué Pologne – Varsovie
  133. P WUJEK Andrzej Délégué Pologne – Varsovie
  134. P ŁEPKO Zbigniew Provincial Pologne – Piła
  135. P CHMIELEWSKI Marek Délégué Pologne – Piła
  136. P KLAWIKOWSKI Zenon Délégué Pologne – Piła
  137. P KAŹMIERCZAK Bolesław Provincial Pologne – Wrocław
  138. P DRUSZCZ Paweł Délégué Pologne – Wrocław
  139. P CHRZAN Marek Provincial Pologne – Cracovie
  140. P GOCKO Jerzy Délégué Pologne – Cracovie
  141. P TURANSKÝ Štefan Provincial Slovaquie
  142. P IŽOLD Jozef Délégué Slovaquie
  143. P SNOJ Alojzij Slavko Provincial Slovénie
  144. L SUHOVERŠNIK Marko Délégué Slovénie
  145. P HAVASI József Provincial Hongrie
  146. P ANDRÁSFALVY János Délégué Hongrie

    Région Salésienne : EUROPE OUEST

  147. P VAN DER SLOOT André Provincial Belgique Sud
  148. P BELBOOM Paul Délégué Belgique Sud
  149. P ENGER Joseph Provincial France
  150. P FEDERSPIEL Daniel Délégué France
  151. P CARVALHO João de Brito Provincial Portugal
  152. P PERIERA Artur Délégué Portugal
  153. P CODINA Joan Provincial Espagne – Barcelone
  154. P ASURMENDI Angel Délégué Espagne – Barcelone
  155. P URRA MENDÍA Félix Provincial Espagne – Bilbao
  156. P VILLOTA José Luis Délégué Espagne – Bilbao
  157. P RODRÍGUEZ PACHECO José Provincial Espagne – León
  158. P BLANCO José María Délégué Espagne – León
  159. P MORAL LAMELA Luis Manuel Provincial Espagne – Madrid
  160. P GARCÍA Miguel Ángel Délégué Espagne – Madrid
  161. P GUIJARRO Luis Alberto Délégué Espagne – Madrid
  162. P NÚÑEZ MORENO José Miguel Provincial Espagne – Séville
  163. P FERNÁNDEZ M. Francisco José Délégué Espagne – Séville
  164. P SANCHO Juan Bosco Provincial Espagne – Valence
  165. P ECHETO Antonio Délégué Espagne – Valence

    Region Salésienne : INTERAMÉRICAINE

  166. P RAMÍREZ José Pastor Provincial Antilles
  167. P LINARES Juan Délégué Antilles
  168. P ZABALA Juan Pablo Provincial Bolivie
  169. P ORTIZ Javier Délégué Bolivie
  170. P CORRAL Luis Provincial Centre Amérique
  171. P GUZMÁN René Délégué Centre Amérique
  172. P AUTHIER Richard Sup. quasi-Province Canada
  173. P PACE Michael Délégué Canada
  174. P PERESSÓN Mario Provincial Colombie – Bogotá
  175. P ROJAS José Raúl Délégué Colombie – Bogotá
  176. P NIEBLES Vidal Provincial Colombie – Medellín
  177. P GÓMEZ John Jairo Délégué Colombie – Medellín
  178. P SÁNCHEZ Francisco Provincial Equateur
  179. P ESPINOZA Alfredo Délégué Equateur
  180. P CHARLES Jacques Sup. quasi-Province Haïti
  181. P MÉSIDOR Jean-Paul Délégué Haïti
  182. P GONZÁLEZ PLASENCIA Filib. Provincial Mexique – Guadalajara
  183. P DELGADILLO Cornejo Salv. Délégué Mexique – Guadalajara
  184. P AGUILAR Miguel Provincial Mexique – Mexico
  185. P HERNÁNDEZ V. José Antonio Délégué Mexique – Mexico
  186. P SANTILLI Vicente Provincial Pérou
  187. P ATARAMA Jorge Délégué Pérou
  188. P HEUSER James Provincial Etats-Unis Est
  189. L DION Thomas Délégué Etats-Unis Est
  190. P PURDY David Provincial Etats-Unis Ouest
  191. P TRINIDAD Melchor Délégué Etats-Unis Ouest
  192. P REYES Jonny Provincial Venezuela
  193. P BIORD Raúl Délégué Venezuela

    Région Salésienne : ITALIE et MOYEN-ORIENT

  194. P MOLINARI Giovanni Provincial Italie – Adriatique
  195. P LABARILE Francesco Délégué Italie – Adriatique
  196. P MIGLIASSO Pietro Provincial Italie – Piémont et Val d’Aoste
  197. L BERTAZZI Luca Délégué Italie – Piémont et Val d’Aoste
  198. P BOZZOLO Andrea Délégué Italie – Piémont et Val d’Aoste
  199. P MARTELLI Alberto Délégué Italie – Piémont et Val d’Aoste
  200. P SOSIO Agostino Provincial Italie – Lombardie-Emilie
  201. P CAMERONI Pier Luigi Délégué Italie – Lombardie-Emilie
  202. P SALA Rossano Délégué Italie – Lombardie-Emilie
  203. P LORENZELLI Alberto Provincial Italie – Ligurie-Toscane
  204. P MADJIDI Karim Délégué Italie – Ligurie-Toscane
  205. P MARTINO Pasquale Provincial Italie – Méridionale
  206. P CELLA Luigi Délégué Italie – Méridionale
  207. P CRISTIANI Pasquale Délégué Italie – Méridionale
  208. P RIVA Eugenio Provincial Italie – Nord-Est
  209. P BARDUCA Renzo Délégué Italie – Nord-Est
  210. P BONATO Giannantonio Délégué Italie – Nord-Est
  211. P PUSSINO Gian Luigi Provincial Italie – Romaine
  212. P MANCINI Leonardo Délégué Italie – Romaine
  213. P COSSU Giovanni Sup. quasi-Province Italie – Sardaigne
  214. P MORFINO Mauro Délégué Italie – Sardaigne
  215. P PERRELLI Vito Luigi Provincial Italie – Sicile
  216. P FICHERA Paolo Délégué Italie – Sicile
  217. P MONTANTI Calogero Délégué Italie – Sicile
  218. P GIANAZZA Gianmaria Provincial Moyen-Orient
  219. P SOUCCAR Bashir Délégué Moyen-Orient

    Université Pontificale Salésienne

  220. P NICOLUSSI Giuseppe Sup. quasi-Province UPS
  221. P TONELLI Riccardo Délégué UPS

    Maison Généralice et Communauté du Vatican

  222. P BOLKOVAC Stjepan Délégué RMG

    Observateurs invités

  223. P THELEKKADAN Jacob Invité Afrique Est
  224. P OSANGER Rudolf Invité Autriche
  225. L SILVA Altair Invité Brésil – Campo Grande
  226. P LOOTS Carlo Invité Belgique Nord
  227. L JIMÉNEZ José Luis Invité Colombie – Medellín
  228. P GALVE Rafael Invité Philippines Nord
  229. L MARANGIO Claudio Invité Piémont et Val d’Aoste
  230. L THAIPARAMBIL Mathew Invité Inde - Calcutta
  231. P ELLICHERAIL Thomas Invité Inde - Calcutta
  232. L BLANCO Antonio Invité Espagne – Madrid
  233. P ONRUBIA Luis J. Invité Espagne – Madrid

INDEX THÉMATIQUE ANALYTIQUE

Accompagnement des vocations et accompagnement spirituel

  • Engagement du salésien : se faire accompagner par un guide spirituel, [20]
  • Préparation de guides spirituels (engagement pris par la province), [22]
  • Accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne : interpellation par Dieu, [54] ; situation, [58] ; ligne d’action, [69] -73
  • Que le salésien soit disponible pour assurer un accompagnement spirituel, en veillant à sa préparation personnelle, [70]
  • Promouvoir de nouvelles formes pour l’accompagnement des vocations et pour la maison de vocations, [69]. [72]

Administration (économie)

Voir : Gestion des ressources

Charisme

  • Revenir à Don Bosco pour redécouvrir les origines du charisme et les multiples expressions de sa transmission, ??? [3]. [4]
  • Identité charismatique et passion apostolique : interpellation par Dieu, [3] ; situation, [6] ; ligne d’action, [19] -22
  • Etude de l’histoire du charisme et son insertion dans la culture des différents contextes, [11]. [12]
  • Répandre la connaissance de Don Bosco et le charisme en utilisant les médias et les technologies de la communication sociale, [11]. [109]
  • Relancer le charisme salésien en Europe, [108]. [111]
  • Le charisme de Don Bosco, don de Dieu pour le Peuple de Dieu tout entier, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva
  • Identité (charismatique) du salésien, cf. Discours du Recteur majeur (“notre ADN”) ; (union inséparable entre “identité charismatique” et “passion apostolique”)
  • La prédilection pour les jeunes, élément spécifique du charisme de Don Bosco, cf. Discours du Recteur majeur

Communauté éducative et pastorale

  • Offrir aux laïcs de la communauté éducative et pastorale, qui ont déjà effectué un choix pour la vie chrétienne, une formation qui puisse les aider à être des éducateurs de la foi, [38]
  • Impliquer la communauté éducative et pastorale dans l’animation des vocations, [57]. [67]
  • Que la communauté éduque, en collaboration avec la communauté éducative et pastorale, à la culture de la solidarité, [91]
  • Coresponsabilité de la communauté salésienne et de la communauté éducative et pastorale pour un nouveau modèle de gestion des œuvres, [100]
  • Que la communauté exprime la prédilection pour les pauvres en établissant, avec la communauté éducative et pastorale, des projets pour des initiatives explicitement dédiées aux jeunes les plus pauvres de son secteur, [106]
  • Engagement des communautés éducatives et pastorales dans l’éducation affective des jeunes (avec le soutien de la province), [110]

Communication sociale

  • Communication sociale, une des priorités dans les nouveaux fronts d’action : interpellation par Dieu, [99] ; situation, [102] ; intensifier la présence éducative dans le monde des médias, (ligne d’action 16), [108]
  • Que la communauté prévoie des projets éducatifs pour aider les jeunes à faire un usage critique et responsable des différents types de médias et encourage leur action de protagonistes dans le domaine de la communication sociale, [109]
  • Que la communauté fasse usage des technologies de la communication sociale pour diffuser le charisme, [109]
  • Que la province s’engage à répandre la connaissance de Don Bosco en utilisant les médias, [11]
  • Préparer du personnel qualifié et favoriser des initiatives de formation qui puissent aider à mettre en valeur la communication sociale en vue de l’éducation et de l’évangélisation et pour une présence éducative de plus grand poids dans le monde des médias, [44]. [110]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil réfléchisse, par l’intermédiaire du Dicastère pour la communication sociale, du Dicastère pour la formation et du Dicastère pour la pastorale des jeunes, sur les nouveaux défis de la culture des personal media en vue de la formation des salésiens, en vue de la préparation des laïcs, en vue de l’aide à apporter aux jeunes, [111]
  • Dicastère pour la Pastorale des Jeunes, Dicastère pour la Communication Sociale et Dicastère pour les Missions (décision n. 4), [117]

Constitutions

  • Don Bosco, qui remet les Constitutions à Don Giovanni Cagliero, nous indique la manière de construire aujourd’hui la “belle copie” de la Congrégation, [3]
  • Engagement personnel et communautaire de lire, de méditer, de prendre comme référence les Constitutions, “vrai testament de Don Bosco”, 9. 10. [11]
  • Renouveler notre attention et notre amour vis-à-vis des Constitutions, en en cueillant toute la force charismatique, pour réveiller « le cœur de chaque confrère par la passion du “Da mihi animas” », cf. Discours du Recteur majeur

Da mihi animas, caetera tolle

  • Accepter dans sa vie le Da mihi animas, caetera tolle comme invocation et passion de chaque jour (processus à mettre en place), [7]
  • Redécouvrir le sens du Da mihi animas, caetera tolle comme programme de vie spirituelle et pastorale (ligne d’action 3), [19]
  • Susciter chez les jeunes l’engagement apostolique pour le Royaume de Dieu avec la passion du Da mihi animas, caetera tolle et favoriser leur formation (ligne d’action 9), [65]
  • Donner un témoignage crédible et courageux de pauvreté évangélique, portée dans la vie personnelle et dans la vie communautaire selon l’esprit du Da mihi animas, caetera tolle (ligne d’action 12), [86]
  • Affaiblir l’ascétique du caetera tolle nuit à la passion apostolique, qui trouve son inspiration et son expression dans le da mihi animas [6]
  • Le détachement de tout ce qui rend insensible à Dieu et fait obstacle à la mission est le sens profond du caetera tolle et constitue le critère pour vérifier notre manière de vivre la pauvreté, [79]
  • Dans le Da mihi animas caetera tolle est renfermée toute la personnalité de Don Bosco… synthèse de la mystique et de l’ascétisme du salésien, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva ; synthèse d’un modèle d’action pastorale, cf. Discours de Sa Sainteté Benoît XVI durant l’audience accordée aux membres du Chapitre le 31 mars 2008
  • Union profonde entre “passion” et “da mihi animas” [“passion pour le Christ, passion pour l’humanité”], cf. Discours du Recteur majeur
  • La signification du Da mihi animas cetera tolle éclairée par le “vœu d’amour apostolique” de Don Bosco, par l’offrande de sa propre vie pour les jeunes : c’est là une devise qui a inspiré le CG26 et un programme pour l’avenir, cf. Discours du Recteur majeur

Décisions du CG26

  1. Transfert de la quasi-Province du Myanmar à la Région Asie Est – Océanie, [114]
  2. Régions de l’Europe, [115]
  3. Tâche confiée au Vicaire du Recteur majeur pour l’animation de la Famille Salésienne, [116]
  4. Dicastère pour la Pastorale des Jeunes, Dicastère pour la Communication Sociale et Dicastère pour les Missions, [117]
  5. Vérification des structures d’animation et de gouvernement central de la Congrégation, [118]
  6. Election des Conseillers régionaux, [119]
  7. Rapport entre la communauté et l’œuvre, [120]
  8. Econome local, [121]
  9. Modification de l’article 13 des Règlements Généraux, [122]

Directeur

  • Service du directeur, en tant que premier responsable de la formation dans la communauté, [21]
  • Le directeur, premier animateur des vocations, [68]
  • Que la province repense la distribution des responsabilités dans chaque communauté pour que le directeur puisse accomplir son devoir principal, [113]
  • Respecter la distinction constitutionnelle du rôle du directeur d’avec celui de l’économe, [121]

Don Bosco

Education

Eglise

  • La mission évangélisatrice dans l’Eglise et par l’intermédiaire de l’Eglise, [23]. [24]
  • Partage des projets des Eglises locales (processus à mettre en place), [31]
  • Animation des vocations en collaboration avec l’Eglise locale, [67]. [68]
  • Nous partageons avec l’Eglise pour reconnaître l’importance de la pastorale familiale aujourd’hui et la préoccupation pour l’Evangile dans le monde occidental, d’une façon particulière en Europe, [99]
  • Pour un nouveau modèle de gestion des œuvres veiller au travail en réseau avec la Famille Salésienne, avec l’Eglise locale et la société, [100]. [113]
  • L’Eglise universelle et les Eglises particulières dans lesquelles ils sont insérés attendent des salésiens une présence caractérisée par un élan pastoral et par un zèle audacieux pour l’évangélisation, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva
  • Nous ressentons toute l’actualité du Charisme éducatif dont nous sommes porteurs et nous entendons le vivre intensément pour le bien de la jeunesse comme un apport original à la mission d’évangélisation qui est celle de l’Eglise, cf. Hommage du Recteur majeur au Pape à l’occasion de l’audience pontificale
  • Don Bosco, un exemple admirable d’une vie marquée par la passion apostolique, vécue au service de l’Eglise dans la Congrégation et la Famille salésienne, cf. Discours de Sa Sainteté Benoît XVI durant l’audience accordée aux membres du Chapitre le 31 mars 2008

Eucharistie

Europe

  • Le charisme salésien et la présence salésienne en Europe, parmi les priorités des nouveaux fronts d’action : interpellation par Dieu, [99] ; situation, [102] ; relancer le charisme salésien en Europe (ligne d’action 16), [108]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil définisse la nature et les objectifs de l’intervention de la Congrégation pour une présence salésienne rénovée en Europe, [111]
  • Régions de l’Europe (décision n. 2), [115]
  • Engagement des Salésiens pour la présence chrétienne en Europe, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva
  • “Projet Europe”, cf. Discours du Recteur majeur

Evangélisation

  • URGENCE D’ÉVANGÉLISER, [23] -51
  • Communauté évangélisée et communauté évangélisatrice : interpellation par Dieu, [23] ; situation, [27] ; ligne d’action, [32] -35
  • Signification de l’évangélisation, annonce de Jésus Christ et de son Evangile par la parole et par l’action, [23]. [24]
  • Evangélisation et éducation : interpellation par Dieu (“évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant”), [25] ; situation, [29] ; s’occuper de l’intégration d’une évangélisation et d’une éducation selon la logique du Système Préventif (ligne d’action 6), [41]. [44]. [45]
  • Que la Province revoie le projet éducatif et pastoral dans l’optique de la nouvelle évangélisation, [39]
  • Evangélisation dans les différents contextes : interpellation par Dieu, [26] ; situation, [30]
  • Adapter à la culture le processus d’évangélisation pour apporter une réponse aux défis des contextes régionaux (ligne d’action 7), [46] -51
  • Action d’évangélisation en faveur de jeunes et de familles d’autres religions, [51]
  • Mettre en valeur la communication sociale en vue de l’éducation et de l’évangélisation, [44]
  • Que la communauté implique et forme les parents dans l’action éducative et évangélisatrice des enfants ; favorise les nouvelles formes d’évangélisation et de catéchèse des familles et par l’intermédiaire des familles, [109]
  • Revoir le modèle de gestion des œuvres pour une présence éducative et évangélisatrice plus efficace (ligne d’action 17), [112]
  • Que l’évangélisation soit pour les Salésiens le front d’action principal et prioritaire de leur mission d’aujourd’hui, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva
  • Le “Souci de la mission” ou l’urgence d’évangéliser (une des “clés de lecture” du CG26), cf. Discours du Recteur majeur
  • Nous accomplissons la mission d’évangéliser selon le charisme pédagogique qui nous est propre (“en même temps éducateurs et évangélisateurs”), cf. Discours du Recteur majeur

Famille

  • La famille, une priorité des nouveaux fronts d’action : interpellation par Dieu, [99] ; situation, [102] ; apporter une attention privilégiée à la famille dans la pastorale des jeunes (ligne d’action 16), [108]
  • Que la communauté implique et forme les parents dans l’action éducative et évangélisatrice des enfants ; favorise les nouvelles formes d’évangélisation et de catéchèse des familles et par l’intermédiaire des familles, [109]
  • Que la communauté développe des itinéraires d’éducation affective, surtout pour l’âge de l’adolescence, [109]
  • Que la province coordonne et soutienne les efforts des communautés éducatives et pastorales dans l’éducation affective des jeunes, [110]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil offre, par l’intermédiaire du Dicastère de la pastorale des jeunes, des orientations sur les itinéraires d’éducation affective des jeunes, [111]
  • Développer avec les laïcs et la Famille salésienne des projets de pastorale familiale, [110]
  • La pastorale des jeunes doit s'ouvrir résolument à la pastorale familiale, cf. Discours de Sa Sainteté Benoît XVI durant l’audience accordée aux membres du Chapitre le 31 mars 2008

Famille Salésienne

  • Faire de la Famille Salésienne un véritable mouvement apostolique en faveur des jeunes (processus à mettre en place), [31]
  • Favoriser la mise à jour des confrères, des laïcs coresponsables et des membres de la Famille Salésienne dans les études concernant la réalité salésienne, [11]
  • Que le salésien partage son parcours personnel de foi, la richesse de la spiritualité salésienne et l’action pastorale avec les membres de la Famille Salésienne, [20]
  • Impliquer la Famille Salésienne dans l’animation des vocations, [57]. [67]. [68]
  • Collaborer avec les groupes consacrés de la Famille Salésienne pour des propositions de vocation adressée également aux jeunes filles, [72]
  • Développer avec les laïcs et la Famille Salésienne des projets de pastorale familiale, [110]
  • Que la Province sollicite et mette en valeur l’apport de la Famille salésienne en vue de l’établissement d’un projet commun pour la présence sur le territoire, [113]
  • Tâche confiée au Vicaire du Recteur majeur pour l’animation de la Famille Salésienne (décision n. 3), [116]

Formation

  • Responsabilité de chaque salésien pour sa propre formation spirituelle et pastorale, [20]
  • Service du directeur en tant que premier responsable de la formation dans la communauté, [21]
  • Garantir des parcours de formation permanente capables d’atteindre les confrères de tous les âges, [22]
  • Accompagnement pour la formation des confrères en stage pratique et des confrères du quinquennium, [35]
  • Préparation des confrères et des laïcs coresponsables dans le domaine des disciplines pastorales, [39]
  • Que la province repense la formation initiale au sujet de la pauvreté, [96] ; cf. aussi [92]
  • Développer, par l’intermédiaire du Dicastère de la Formation, une préparation théologique et pastorale plus consistante dans les parcours de la formation spécifique, [40]
  • Formation spécifique du salésien coadjuteur, [59]. [77]

Fronts d’action

  • NOUVEAUX FRONTS D’ACTION, [98] -113
  • “Principale priorité : les jeunes pauvres” : interpellation par Dieu, [98] ; situation, [101] ; ligne d’action, [105] -107
  • “Autres priorités : famille, communication sociale, Europe” : interpellation par Dieu, [99] ; situation, [102] ; ligne d’action, [108] -111
  • “Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres” : interpellation par Dieu, [100] ; situation, [103] ; ligne d’action, [112] -113
  • Les “nouveaux fronts d’action”, (une des “clés de lecture” du CG26), cf. Discours du Recteur majeur

Gestions des œuvres

  • Nouveaux modèles de gestion des œuvres (un des nouveaux fronts d’action) : interpellation par Dieu, [100] ; situation, [103] ; ligne d’action, [112] -113
  • Rapport entre la communauté et l’œuvre (décision n. 7), [120]

Gestion des ressources (administration, économie)

  • Gestion responsable et solidaire des ressources : interpellation par Dieu, [81] ; situation, [84] ; ligne d’action, [94] -97
  • Passer d’une compétence inadéquate à une approche plus professionnelle dans l’administration (processus à mettre en place), [85]
  • Gérer les ressources d’une manière responsable et transparente, en accord avec les buts de la mission, et faire fonctionner les formes nécessaires de contrôle (ligne d’action 14), [94]
  • Que la communauté étudie et vérifie périodiquement les objectifs et les stratégies de l’œuvre, sa propre situation économique, l’opération de gestion financière de tous les secteurs, la planification et la gestion du personnel employé, [95] *Que la communauté fasse chaque année le scrutinium paupertatis, [88]
  • Que la province accompagne la gestion économique de chacune des maisons et en fasse les vérifications nécessaires, [96]
  • Que la province favorise la sensibilité éthique dans la gestion des ressources ; éduque les communautés à la sensibilité écologique, [96] –* Que le Recteur majeur avec son Conseil veille sur la gestion des ressources financières des provinces ; assure une effective supervision des actes des économats provinciaux, [97]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil veille à ce qu’il y ait une distribution équitable des ressources et que soient respectées les intentions des bienfaiteurs, [97]
  • Econome local (décision n. 8), [121]

Insertion dans la culture

  • Que la province étudie et approfondisse l’histoire du charisme salésien dans son propre contexte culturel, [11]
  • Collaboration entre les Centres d’études de la réalité salésienne pour étudier l’insertion progressive du charisme dans la culture des différents contextes, [12]
  • Evangélisation dans les différents contextes : interpellation par Dieu, [26] ; situation, [30]
  • Adapter à la culture le processus d’évangélisation (ligne d’action 7), [46] -51
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil favorise des expériences de communautés interculturelles, [51]
  • L’évangile a la qualité du levain et une fonction de transformation dans toute culture, cf. Discours du Recteur majeur

Jésus Christ

Jeunes

  • Revenir aux jeunes : interpellation par Dieu, [2] ; situation, [5] ; ligne d’action, [13] -18
  • Revenir aux jeunes, spécialement aux plus pauvres, avec le cœur de Don Bosco (ligne d’action 2), [13]. [14]
  • Présence au milieu des jeunes (assistance salésienne), [14]. [15]. [21]
  • Partager son parcours personnel de foi, la richesse de la spiritualité salésienne et l’action apostolique avec les jeunes, [20]
  • Proposer aux jeunes de vivre l’existence humaine comme l’a vécue Jésus Christ (ligne d’action 5), [36] -40 *Sécurité des enfants mineurs et mesures de prévention contre tout abus, [17]. [22]
  • Que la province encourage la défense des droits des enfants mineurs et des jeunes, [107]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil apporte son appui aux institutions qui s’intéressent aux politiques concernant les jeunes, qui soutiennent les droits des jeunes, [18]. [93]
  • La prédilection pour les jeunes, élément spécifique du charisme de Don Bosco, cf. Discours du Recteur majeur

Jeunes pauvres

  • Principale priorité (nouveaux fronts d’action) : interpellation par Dieu, [98] ; situation, [101] *Effectuer des choix courageux en faveur des jeunes pauvres et à risque (ligne d’action 15), [105]
  • Que la communauté exprime la prédilection pour les pauvres en établissant, avec la communauté éducative et pastorale, des projets pour des initiatives dédiées aux jeunes les plus pauvres de son secteur, [106]
  • Que la communauté cherche des réponses aux pauvretés spirituelles des jeunes, [106]
  • Que dans le projet organique de la Province il y ait des œuvres dédiées aux jeunes les plus pauvres et à risque ; que, dans le projet éducatif et pastoral de chaque œuvre, on offre une proposition de promotion humaine et d’éducation à la foi qui soit appropriée aux jeunes les plus pauvres, [107]
  • Que la province, là où c’est nécessaire, prenne la décision de donner à ses œuvres de nouvelles bases et de nouvelles dimensions pour quelles soient au service des jeunes pauvres et des catégories populaires, [107]
  • Cultiver la passion pour les plus pauvres, pour les abandonnés, pour les derniers, cf. Discours du Recteur majeur

Laïcs

  • Favoriser des temps spécifiques de formation et une mise à jour sur la réalité salésienne pour les laïcs coresponsables de la mission, [10]. [11]
  • Impliquer les laïcs coresponsables dans la pratique de l’assistance salésienne, [15]
  • Que le salésien partage son parcours personnel de foi, la richesse de la spiritualité salésienne et l’action apostolique également avec les laïcs coresponsables, [20]
  • Que la communauté salésienne offre aux laïcs de la communauté éducative et pastorale, qui ont déjà effectué un choix pour la vie chrétienne, une formation qui puisse les aider à être des éducateurs de la foi, [38] –* Que la province renforce la préparation des confrères et des laïcs coresponsables dans le domaine des disciplines pastorales, [39]
  • Etablir (au niveau de la région) des critères et des normes de comportement auxquelles doivent se conformer les confrères et les laïcs coresponsables de la mission salésienne, afin de garantir dans nos milieux la sécurité des enfants mineurs et de prévenir toute forme d’abus, [17]
  • Impliquer les laïcs dans l’animation des vocations, [60]. [68]
  • Implication de laïcs compétents, qui soient de confiance et partagent notre esprit, dans la gestion des maisons et des œuvres, [96], [103]
  • Développer avec les laïcs et la Famille salésienne des projets de pastorale familiale, [110]
  • Possibilité de confier à un laïc, avec certaines conditions, la fonction d’Econome local (décision n. 8), [121]

Marie (Guide pour la mission)

Mission salésienne (auprès des jeunes)

  • Don Bosco fut guidé par Marie, Mère et Maîtresse, dans la mission auprès des jeunes, [2]
  • De Marie nous apprenons que la profondeur de l’expérience de Dieu est la racine de la mission, [23]
  • L’évangélisation comme l’urgence principale de notre mission, [24]
  • Que chacune de nos régions et chacune de nos provinces s’efforcent de déterminer les formes les plus appropriées pour réaliser la mission commune dans la spécificité des contextes, [26]
  • Témoigner avec courage et avec joie de la beauté d’une vie consacrée, toute donnée à Dieu dans la mission auprès des jeunes (ligne d’action 8), [61] ; cf. [52]
  • La pratique de la pauvreté demande, pour les ressources qui nous sont confiées, une gestion qui soit en accord avec les buts de la mission, [81]. [94]
  • Que les structures de nos œuvres soient adaptées à la réalisation de la mission, [96]
  • “Nouvelles présences”ou “présences nouvelles” efficacement orientées vers la mission, [100]. [113]
  • Union inséparable entre “identité charismatique” et “passion apostolique”, entre identité et mission, cf. Discours du Recteur majeur

Missions “ad gentes”

  • Evangélisation dans les différents contextes : interpellation par Dieu, [26] ; situation, [30] ; ligne d’action, [46] -51
  • Que la province encourage l’esprit missionnaire, mette du personnel à la disposition du service de la missio ad gentes et prenne soin des vocations missionnaires ; qu’elle éduque les confrères en formation initiale à la sensibilité missionnaire, [49]
  • Dicastère pour la Pastorale de Jeunes, Dicastère pour la Communication Sociale et Dicastère pour les Missions (décision n. 4), [117]
  • “Souci de la mission”, zèle missionnaire de Don Bosco, point de référence pour notre “missio ad gentes” d’aujourd’hui, cf. Discours du Recteur majeur

Nouveaux fronts d’action

  • Voir : Fronts d’action

Parole de Dieu

Passion apostolique

  • Identité charismatique et passion apostolique : interpellation par Dieu, [3] ; situation, [6]
  • “Da mihi animas, caetera tolle” : programme de vie spirituelle et pastorale (ligne d’action 3), [19] -22
  • Susciter chez les jeunes la passion apostolique, [53]. [65] -68
  • Union inséparable entre “identité charismatique” et “passion apostolique”, entre identité et mission, cf. Discours du Recteur majeur

Pastorale

  • Application du salésien à l’étude de l’histoire, de la spiritualité, de la pédagogie et de la pastorale salésiennes, [7]. [9]
  • Redécouvrir le sens du “Da mihi animas, caetera tolle” comme programme de vie spirituelle et pastorale (ligne d’action 3), [19]
  • Que le salésien assume la responsabilité de sa propre formation spirituelle et pastorale, [20]
  • Trouver en Jésus l’inspiration, le critère et la fin de toute action éducative et pastorale, [37]
  • Renforcer la préparation des confrères et des laïcs coresponsables dans le domaine des disciplines pastorales, [39]. [40]
  • Que la communauté examine son action pastorale pour vérifier si elle sauvegarde à la fois l’intégralité de l’annonce et la progression par étapes dans la proposition, [43]
  • Faire correspondre le cadre de référence de la pastorale des jeunes au changement des conditions culturelles, [45]
  • Animation des vocations conduite en lien très étroit avec la pastorale des jeunes et comme couronnement de la pastorale des jeunes, [53]. [57]. [60]
  • Collaboration entre la pastorale des jeunes et la formation (pour l’accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne) [72]. [73]
  • Attention portée à la famille dans la pastorale des jeunes, [99]. [104]. [108]. [110]

Pauvreté évangélique

  • PAUVRETÉ ÉVANGÉLIQUE, [79] -97
  • Témoignage personnel et témoignage communautaire : interpellation par Dieu, [79] ; situation, [82] ; ligne d’action, [86] -89
  • Solidarité avec les pauvres : interpellation par Dieu, [80] ; situation, [83] ; ligne d’action, [90] -93
  • Gestion responsable et solidaire des ressources : interpellation par Dieu, [81] ; situation, [84] ; ligne d’action, [94] -97
  • Témoignage de pauvreté évangélique, portée dans la vie personnelle et dans la vie communautaire selon l’esprit du “Da mihi animas, caetera tolle” (ligne d’action 12), [86]
  • Que le salésien développe le détachement intérieur, exprime la pauvreté par un travail marqué par l’assiduité et le sacrifice, vive la tempérance voulue par Don Bosco, [87]
  • Que la communauté fasse chaque année le scrutinium paupertatis, [88]
  • Que la province choisisse les secteurs de plus grande pauvreté dans l’ouverture de nouvelles œuvres, [92]
  • Que la province repense la formation initiale au sujet de la pauvreté, [96] ; cf. aussi [92]
  • Voir aussi : Jeunes pauvres

Présences et œuvres salésiennes

  • Nouveaux modèles dans la gestion des œuvres (parmi les nouveaux fronts d’action) : interpellation par Dieu, [100] ; situation, [103] ; revoir le modèle de gestion des œuvres pour une présence éducative et évangélisatrice plus efficace (ligne d’action 17), [112]
  • Que la province détermine les interventions nécessaires pour mettre en route de “nouvelles présences” ou pour rénover celles qui existent de manière qu’elles soient mieux orientées vers la mission, [113]
  • Que la province réfléchisse sur la complexité des œuvres et détermine dans le projet organique de la Province des formes plus souples de présence, [113]
  • Rapport entre la communauté et l’œuvre (décision n. 7), [120]

Prière

  • Que la communauté prenne soin de la qualité de la prière communautaire et des célébrations liturgiques, [21]
  • Que le salésien prévoie dans son projet personnel de vie le temps nécessaire pour la prière individuelle et la prière communautaire, [33]
  • Lorsque l’âge, la santé ou d’autres motifs l’empêchent d’avoir une présence physique au milieu des jeunes, que le salésien coopère à la mission auprès des jeunes au moyen de la prière, de l’intérêt porté, de l’offrande de sa propre vie, [14]
  • Que la communauté éduque les jeunes à la prière personnelle et prenne soin du style des célébrations, [38]
  • Que la province étudie la possibilité de constituer des centres de spiritualité qui permettent d’offrir aux jeunes des occasions de prière, des propositions de récollection et de retraite spirituelle et des propositions d’éducation à l’écoute de la Parole de Dieu et à la vie sacramentelle, [16]
  • Encourager les vocations exige une prière constante, [54]. [56] ; que la communauté propose des occasions de prière pour les vocations, en impliquant aussi les jeunes, [63]
  • Voir aussi : Eucharistie, Parole de Dieu

Projet éducatif et pastoral

  • Que la communauté formule dans le projet éducatif et pastoral des itinéraires d’annonce, de catéchèse et d’éducation à la foi, appropriés à ses destinataires et à ses contextes, [38]
  • Que la province revoie le projet éducatif et pastoral de la province dans l’optique de la nouvelle évangélisation, [39]
  • Que la province élabore une proposition d’animation des vocations dans le cadre du projet éducatif et pastoral de la province, [68]
  • Que la province fasse en sorte que d’une manière sûre, dans le projet éducatif et pastoral de chaque œuvre, on offre une proposition de promotion humaine et d’éducation à la foi qui soit appropriée à la situation des jeunes les plus pauvres, [107]

Réconciliation (sacrement)

  • Que le salésien accorde de la valeur au sacrement de la Réconciliation, [33]
  • Que la communauté propose fréquemment et avec une note éducative le sacrement de la Réconciliation, [38]

Salésien coadjuteur et salésien jeune abbé

  • Voir : Vocation consacrée salésienne : deux formes complémentaires

Solidarité

  • Solidarité avec les pauvres : interpellation par Dieu, [80] ; situation, [83] ; ligne d’action, [90] -93
  • Passer d’une mentalité ne considérant que les problèmes locaux et renfermée sur elle-même, à une solidarité provinciale et mondiale (processus à mettre en place), [85]
  • Que la province élabore un plan de solidarité économique, [89]
  • Développer la culture de la solidarité avec les pauvres dans le contexte local (ligne d’action 13), [90] -93
  • Gestion responsable et solidaire des ressources (ligne d’action 14), [94] -97
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil aide les provinces à croître dans l’engagement en faveur de la justice sociale, [93]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil appelle, au niveau des ressources et du personnel, à une solidarité concrète entre les provinces et les régions, [97]

Spiritualité salésienne

  • Que la communauté prévoie dans le projet communautaire des temps spécifiques de formation et de mise à jour sur la réalité salésienne, pour les confrères et aussi pour les laïcs coresponsables de la mission ; qu’elle mette à jour la section salésienne dans la bibliothèque de la maison, [10]
  • Centres et moyens pour l’étude et la diffusion de la spiritualité salésienne (section de la réalité salésienne) : Université Pontificale Salésienne, Institut Historique salésien et autres centres ; lieux d’origine du charisme salésien ; sources et textes salésiens traduits dans diverses langues, [11]. [12]
  • Centres de spiritualité pour les jeunes (engagement de la province), [16]

Structures d’animation et de gouvernement de la Congrégation

  • Transfert de la quasi-Province du Myanmar à la Région Asie Est – Océanie, (décision n. 1), [114]
  • Dicastère pour la Pastorale des Jeunes, Dicastère pour la Communication Sociale et Dicastère pour les Missions (décision n. 4), [117]
  • Vérification des structures d’animation et de gouvernement central de la Congrégation (décision n. 5), [118] ; cf. aussi Discours du Recteur majeur
  • Election des Conseillers régionaux (décision n. 6), [119]

Système préventif

  • Engagement du salésien pour l’étude de l’histoire, de la spiritualité, de la pédagogie et de la pastorale salésiennes et du Système préventif en vue d’une mise en œuvre de ce dernier,[4].[9]
  • Intégration d’une évangélisation et d’une éducation selon la logique du Système préventif, [41]. [45]
  • Voir aussi : Education

Témoignage

  • Témoignage comme première proposition de vocation : interpellation par Dieu, [52] ; situation, [56] ; ligne d’action, [61] -64
  • Que le salésien s’engage dans le témoignage d’une vie remplie de joie (comme proposition de vocation), [62]
  • Que la communauté effectue chaque année un examen soigné à propos de son propre témoignage de vie, [63]
  • Que la province développe fortement chez les confrères un sens d’appartenance pour qu’ils témoignent de la valeur du “vivre et travailler ensemble”, [64]
  • Témoignage personnel et témoignage communautaire de pauvreté évangélique : interpellation par Dieu, [79] ; situation, [82] ; ligne d’action, [86] -89
  • Que le salésien donne le témoignage de la pauvreté évangélique par le détachement intérieur, par le travail marqué par l’assiduité et le sacrifice, par la tempérance voulue par Don Bosco, [87]
  • Que la communauté fasse chaque année le scrutinium paupertatis en vue d’un témoignage plus crédible, [88]

Vocation – Vocations

  • NÉCESSITÉ D’APPELER, [52] -78
  • Témoignage comme première proposition de vocation : interpellation par Dieu, [52] ; situation, [56] ; ligne d’action, [61]-64
  • Vocations à l’engagement apostolique : interpellation par Dieu, [53] ; situation, [57] ; ligne d’action, [65] -68
  • Témoigner de la beauté d’une vie consacrée, toute donnée à Dieu dans la mission auprès des jeunes (ligne d’action 8) : de la part du salésien, [62] ; de la part de la communauté, [63]
  • Animation comprise comme le couronnement de la pastorale des jeunes (processus à mettre en place), [60]
  • Que la communauté élabore une proposition d’animation des vocations adaptée au contexte, en impliquant la communauté éducative et pastorale et la Famille Salésienne, [60]. [67]; mette en valeur les ressources qu’apportent sur le plan de l’apostolat et de la vocation les associations, le volontariat et l’animation missionnaire, [67]
  • Que la communauté présente la figure du salésien coopérateur en tant que proposition d’une vocation apostolique laïque, [67]
  • Que la province élabore une proposition d’animation des vocations dans le cadre du projet éducatif et pastoral de la province, [68]
  • Promouvoir de nouvelles formes pour l’accompagnement des vocations et pour la maison de vocations, [69]. [72]. [73]
  • Collaborer avec les groupes de la Famille Salésienne, avec l’Eglise locale et avec les autres instituts de vie consacrée dans le soutien des vocations, [68] ; collaborer avec les groupes consacrés de la Famille Salésienne pour des propositions de vocation adressée également aux jeunes filles, [72]
  • Que la province prévoie des propositions spécifiques de vocation pour les jeunes immigrés de familles catholiques ou de minorités ethniques et pour les autochtones, [72]

Vocation consacrée salésienne : deux formes complémentaires

  • Les deux formes de la vocation consacrée salésienne : interpellation par Dieu, [55] ; situation, [59] ; ligne d’action, [74] -78
  • Développer la complémentarité et la spécificité des deux formes de l’unique vocation salésienne (ligne d’action 11), [74] -78
  • Que la communauté soit aux côtés des confrères ordonnés pour que leur ministère soit empreint du charisme éducatif, [76]
  • Assumer un engagement renouvelé pour la vocation du salésien coadjuteur, [74]. [76]. [77]
  • Favoriser la présence de salésiens coadjuteurs dans des rôles d’animation au niveau communautaire et provincial, [76]. [77]
  • Que la province soutienne la formation spécifique du salésien coadjuteur, [77]
  • Que le Recteur majeur avec son Conseil développe une réflexion mise à jour sur la complémentarité et la spécificité des deux formes de la vocation consacrée salésienne, [78]
  • Attention spéciale à la vocation du salésien coadjuteur, cf. Lettre de Sa Sainteté Benoît XVI au P. Pascual Chávez Villanueva