16-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVI-Vol.6-Lettres


16-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVI-Vol.6-Lettres

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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DEDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE Mgr L'ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU Ier MONASTÈRE D'ANNECY
TOME XVI
LETTRES VOLUME VI
ANNECY
MONASTÈRE DE LA VISITATION
MCMX
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Deuxième édition
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
TOME SEIZIÈME
LETTRES
VIme VOLUME
1613-1615
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Propriété
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE Mgr L'ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU IER MONASTÈRE D'ANNECY
TOME XVI
LETTRES VOLUME VI
ANNECY
MONASTÈRE DE LA VISITATION
MCMX
Droits de traduction et de reproduction réservés
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Index OCR
Index OCR................................................................................................................................................ 7
Avant-propos .......................................................................................................................................... 20
Errata ...................................................................................................................................................... 24
Avis au lecteur........................................................................................................................................ 25
Lettres de Saint François de Sales. Année 1613..................................................................................... 26
DCCCLXXIII. A la Mère de Chantal (Inédite). Pèlerinage à Milan. Ostension du saint Suaire de
Turin. Deux audiences princières attendues. Annonce du retour à Annecy. ............................ 26
DCCCLXXIV. A l'Empereur d'Allemagne, Mathias (Minute). Dépouillé par les Genevois de son
pouvoir et de ses biens temporels, l'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir prêter son concours à
l'Empereur. ......................................................................................................................................... 28
DCCCLXXV. A la Mère de Chantal. Le Saint se dispose à repartir pour la Savoie. Une
protectrice pour la Visitation. Messages et avis divers. ................................................................ 29
DCCCLXXVI. A M. Antoine des Hayes. D'où venait l'empêchement pour le Saint d'aller prêcher à
Paris ; égards que lui témoigne le duc de Savoie. L'incivilité d'un libraire et la Defense de la
Croix. Ouvrages et éditeurs. M. et Mme de Charmoisy............................................................. 30
DCCCLXXVII. A Madame de Peyzieu (Inédite). Témoignages d'affection filiale ; félicitations à la
destinataire à propos du mariage de l'un de ses fils............................................................................ 32
DCCCLXXVIII. A la Mère de Chantal. Retour du Saint (Billet inédit). Salutations dès l'arrivée.
Promesse d'une visite pour le lendemain....................................................................................... 33
DCCCLXXIX. A la même (Fragment). Aspiration du Saint à la fin d'une journée. Souhaits
spirituels pour la Mère de Chantal...................................................................................................... 34
DCCCLXXX. A la même. Encore l'héritage de Mme de Miribel. Première entrevue du Saint et des
«bonnes damoyselles» qui devaient concourir à la fondation du monastère de Lyon........................ 34
DCCCLXXXI. A Madame de Giez. Un bienfait extraordinaire pour une jeune femme. Trois
vertus qui comprennent toute la dévotion. Souhaits de piété. Moyen de rendre plus doux le
joug du Sauveur.................................................................................................................................. 36
DCCCLXXXII. A la Mère Anne de la Vesvre, Ursuline. Sympathies du Saint pour la Congrégation
des Ursulines de Franche-Comté. La clôture ne lui paraît pas conforme à l'esprit de cet Institut...... 37
DCCCLXXXIII. A la Mère de Chantal. Un désir du Saint pour la Mère de Chantal et pour lui-même
; pourquoi il regrette d'avoir dû quitter le matin la rédaction du Traitté de l'Amour de Dieu. Les
voies les plus faciles ne sont pas toujours les meilleures. User d'amour et de douceur envers les
petits esprits et les cœurs faibles. ....................................................................................................... 38
DCCCLXXXIV. A Madame de la Valbonne (Inédite). Une âme dévoyée : pourquoi les «Dames de
la Visitation» ne sont pas répréhensibles de l'avoir assistée. Quand faut-il empêcher le mal.
Messages et souhait. ........................................................................................................................... 39
DCCCLXXXV. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Supplique instante en faveur de M. de
Charmoisy et de M. du Noyret. Si le Duc reçoit les plaintes contre les Annéciens, «sans
praejudice des defenses des accusés, Dieu sera obei.»....................................................................... 40
DCCCLXXXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Les voyageuses de Lyon et les préliminaires d'une
fondation. Le P. Grangier. Un visiteur attendu......................................................................... 41
DCCCLXXXVII. A Madame de la Fléchère. Un dépositaire fidèle. Suspension des hostilités
entre la France et la Savoie. Invitation aux noces de Louis de Sales. Craintes et espérances à
propos de M. de Charmoisy. .............................................................................................................. 42
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DCCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal (Fragment inédit). «Fraische rosee» et «tempeste» ; l'odeur
des œillets sur la fin de la journée. ..................................................................................................... 43
DCCCLXXXIX. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie (Inédite). Raisons nouvelles présentées au
prince en faveur de MM. de Charmoisy et du Noyret. Le Saint intercède aussi pour des
gentilshommes bourguignons et déclare ne craindre nullement ses calomniateurs. .......................... 43
DCCCXC. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Un cadeau du Saint. Les plaintes de Berthelot
contre Janus de Sales, sujet de mortification pour l'Evêque............................................................... 44
DCCCXCI. A Madame de Travernay. Remerciements à la destinataire ; affection de sa fille pour le
Saint.................................................................................................................................................... 45
DCCCXCII. A une personne inconnue (Fragment). Oraison funèbre de la première des filles du
Saint, qui alla voir au Ciel ce que Dieu préparait aux autres.............................................................. 47
DCCCXCIII. A la Mère de Chantal (Fragment). Effusions et souhaits de piété à l'occasion de la fête
de saint Jean-Baptiste. Panégyrique du Précurseur. ...................................................................... 48
DCCCXCIV. A Madame d'Aiguebelette. Saint François de Sales n'est pas insensible aux petites
marques d'une sainte amitié. Le désir et les effets des vertus. Bonnes nouvelles de Mme de
Charmoisy. ......................................................................................................................................... 48
DCCCXCV. A la Mère de Chantal. L'impatience de Celse-Bénigne en arrivant chez le Saint.
Recommandations de celui-ci à la Mère de Chantal ; charité et délicate discrétion de l'Evêque à
l'égard de la mère et de son fils. ......................................................................................................... 49
DCCCXCVI. A la Duchesse de Mercoeur (Inédite). Un grand Saint qui a vécu à la façon des anciens
Evêques Envoi de ses reliques............................................................................................................ 50
DCCCXCVII. A M. Claude de Blonay. Entremise charitable du Saint pour hâter la conclusion d'une
alliance. .............................................................................................................................................. 50
DCCCXCVIII. A Madame de la Fléchère. Nouvelles, messages ; envoi de reliques de saint Charles
Borromée. ........................................................................................................................................... 52
DCCCXCIX. Au Pere Pierre de Berulle, Oratorien. Le Saint recommande au Fondateur de l'Oratoire
le porteur de la présente lettre, et le prie de l'agréer dans son Institut, pour ses rares qualités........... 53
CM. A M. Nicolas de Soulfour (Fragment). Affectueux intérêt de l'Evêque de Genève pour
l'Oratoire. Grands éloges d'un ami qui désirait entrer dans cette Congrégation............................ 54
CMI. A Madame Bourgeois, Abbesse du Puits-d’Orbe. Une messagère qui vaut mieux que la
meilleure lettre. Témoignages de cordial dévouement. ................................................................. 54
CMII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Requête du Saint en faveur de ses frères et de MM. de
Charmoisy et du Noyret ; Dieu exige que le Duc leur rende justice. ................................................. 55
CMIII. Au Marquis de Lans. L'Evêque de Genève avise le gouverneur de Savoie de son retour de
Gex, des intentions des Bernois à l'égard du désarmement et des divers déplacements du duc de
Bellegarde........................................................................................................................................... 56
CMIV. A la Mère de Chantal. Le bon plaisir de Dieu. Les déserts et les fertiles campagnes de la
vie spirituelle. Pourquoi le Saint ne voulait pas d'abord et voulut ensuite que la Mère de Chantal
fût «abeille». ....................................................................................................................................... 57
CMV. A Monseigneur Jean-Pierre Camus, Eveque de Belley. Excuses pour une réponse tardive.
Mgr Camus ayant écrit au Saint qu'il désirait se démettre de sa charge, celui-ci l'engage discrètement
à n'en rien faire. Il est prié de s'intéresser à l'honneur d'une famille. Mort de Mgr de Villars,
archevêque de Vienne. ....................................................................................................................... 58
CMVI Au Duc de Bellegarde. L'Evêque annonce à son pénitent l'envoi d'une méthode pour
examiner sa conscience. Exhortation à la vie chrétienne. La vie éternelle. Obligation de
réparer le passé. Le plus vif de tous les amours. Quelques exercices recommandés. Un
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moyen de se convertir plus parfaitement au Sauveur. La toute-puissance de l'Eucharistie et
l'expérience du Saint........................................................................................................................... 60
CMVII. A la Mère de Chantal. Avis pour la dernière étape. Souhaits affectueux de bienvenue à la
voyageuse. .......................................................................................................................................... 62
CMVIII. A M. Amé de Montfort (Inédite). Assistance et conseils du Saint dans des affaires de
famille................................................................................................................................................. 63
CMIX. A la Mère de Chantal. Ce que le Saint voulait éviter en retardant l'oblation de la Sœur
Humbert. Une course à Sainte-Catherine. ..................................................................................... 64
CMX. A la Présidente Brulart. Le retour offensif des ennemis qu'on croyait vaincus nous apprend
deux leçons. Avantages des tribulations. Comment pratiquer l'oraison mentale et y suppléer
lorsqu'on ne peut la faire longue......................................................................................................... 65
CMXI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Témoignage de constant souvenir. Félicitations sur la
vocation apostolique d'un des fils de la destinataire........................................................................... 66
CMXII. A Madame de la Fléchère. L'Introduction à la Vie devote et la perfection. Un bon remède
à l'infidélité envers Dieu. Ne pas subtiliser, ne pas picoter sur sa conscience. Souhaits
spirituels. ............................................................................................................................................ 67
CMXIII. A Monseigneur Antoine de Revol, Evêque de Dol. Un regret et une tentation du Saint.
Les serpents et le charmeur. Comment Dieu récompensera «la sainte inutilité» apparente des
missionnaires du bailliage de Gex. ..................................................................................................... 69
CMXIV. A M. Louis Girod, Curé d'Arlod (Inédite). Le monastère des Ciarisses d'Annecy menaçant
ruine, l'Evêque de Genève invite chacun de ses diocésains à faire quelque aumône à cette intention.
............................................................................................................................................................ 70
CMXV. A la Mère de Chantal (Fragment). Un songe de la Sœur de Blonay proposé au Saint ; sa
réponse. Les «veritables marques des veritables graces surnaturelles.» ....................................... 71
CMXVI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Le Saint demande à la destinataire de favoriser de sa
recommandation un proche parent. La raison et le droit en ce temps-là. ...................................... 72
CMXVII. A la Soeur Favre, Religieuse de la Visitation (Fragment inédit). Pourquoi les âmes
religieuses sont heureuses. Une correspondante trop discrète....................................................... 73
CMXVIII. A la Soeur de Bréchard, Religieuse de la Visitation. Un service de charité aimablement
refusé. Les «pauvres gens» servis comme frères et membres de Jésus-Christ, plus heureux que le
«pauvre pere.» Espérance qui consolait celui-ci de ne voir pas à son gré ses filles de la Visitation.
............................................................................................................................................................ 73
CMXIX. A Madame de Murat de la Croix. Les déceptions de la vie et ses fugitives consolations.
Sympathies et condoléances. Dieu seul consolateur efficace, et à quelle condition. Promesse de
prières et offre de services.................................................................................................................. 74
CMXX. A Madame de la Fléchère. Compassion du Saint pour une pauvre veuve dont il avait béni le
mariage. Les vicissitudes de la vie humaine. Deux nouvelles oblations à la Visitation........... 75
CMXXI. A des inconnus. Rien n'est mauvais de ce que l'Eglise ordonne. La Communion sous la
seule espèce du pain. A quoi servent et comment il faut présenter les ablutions. Pourquoi doit-
on célébrer le Mariage devant l'autel.................................................................................................. 76
CMXXII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Demande d'un renseignemen. ................................. 77
CMXXIII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Remerciements au prince pour l'élargissement des
amis du Saint ; celui-ci espère qu'ils pourront rentrer bientôt dans Annecy. ..................................... 78
CMXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Supplique pour obtenir au Chapitre de Saint-
Pierre de Genève la cession de l'église et du prieuré du Saint-Sépulcre d'Annecy. ........................... 78
CMXXV. Au même. Recommandation en faveur d'un gentilhomme qui avait ses biens en France. 80
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CMXXVI. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Bienveillante courtoisie du comte de Tournon pour
le Saint et pour ses frères. Gratitude de François de Sales. Nouvelles diverses. Un écrivain
fertile. ................................................................................................................................................. 81
CMXXVII. A Madame de la Fléchère. Une illusion du prieur de Blonay. Tout va très bien à la
Visitation. De Lyon et de Paris on a demandé les Constitutions. Pourquoi faut-il tenir son cœur
«net, debonnaire et pauvre.»............................................................................................................... 82
CMXXVIII. A Madame de Cornillon, sa soeur. Le «frere le plus aymant» et la «seur la plus aymee.»
Envoi d'un chapelet rapporté de Milan. — Un moyen d'avoir toujours le cœur content............... 83
CMXXIX. A Madame de la Fléchère. Souhaits spirituels. Nouvelles de Mme de Charmoisy. ..... 84
CMXXX. A Madame de Grandmaison. La part de l'imagination dans nos tristesses. Les
«pasquins» et le monde ; comment se guérit le mal de la calomnie. Un mot de saint Grégoire.
Les injures et le Crucifix. A quoi sert une revue annuelle de l'âme ; manière de la faire. Les
chutes graves et le progrès en la dévotion. ......................................................................................... 85
CMXXXI. A M. Jacques de Vallon (Inédite). Le Saint conseille à son parent d'acquiescer à un ordre
du prince de Nemours. Que faire contre la violence, quand il n'y a remède. Une preuve de
courage contre une maigre vengeance. Encouragements et sympathies. ...................................... 87
CMXXXII. A Madame de la Fléchère. Souhaits de bon voyage et salutations. ................................ 88
CMXXXIII. A la même. Le prieur de Blonay. «Le grand ouvrier des merveilles.» Un moyen
d'être très heureux. Le voyage d'une jeune mariée. Privilège de ceux qui sont à Dieu. ........... 89
CMXXXIV. A la Duchesse de Mantoue, Marguerite de Savoie (Minute). La Congrégation de la
Visitation à la fin de l'année 1613 ; son esprit, ses pratiques. Le Saint demande à la duchesse de
vouloir bien être la protectrice officielle de l'Institut, de procurer en sa faveur des lettres patentes du
duc de Savoie et de faire poser en son nom la première pierre du futur oratoire. .............................. 90
CMXXXV. A M. Balthazard de Peyzieu (Inédite). Amitié du Saint pour la famille de Peyzieu.
Pourquoi il faut mépriser les calomnies anonymes. ........................................................................... 93
CMXXXVI. A la Mère de Chantal. Nos sentiments pour la créature et pour le Créateur. Joie et
piété du Saint la veille du 8 décembre................................................................................................ 94
CMXXXVII. A M. Philippe de Quoex. Ce que souhaite le Saint et ce qui lui est indifférent ; son
humilité et sa modération. La charité et la diversité d'opinions. Double projet de réforme à
Talloires. Deux remèdes de François de Sales contre les contradictions. Que faire quand on
s'oppose aux fautes. ............................................................................................................................ 94
CMXXXVIII. A la Soeur Favre, Religieuse de la Visitation. Une lettre qui a consolé, embaumé
l'âme du Saint. Les productions de l'amour-propre. Rien ne répare une faute comme de
l'avouer naïvement. Une grande partie de notre perfection. .......................................................... 97
CMXXXIX. A une dame. Saint François de Sales espère terminer les prédications de l'Avent.
Réflexions sur la fuite imperceptible des années. Aspirations vers l'éternité ; souhaits pour sa
possession........................................................................................................................................... 98
CMXL. A la Mère de Chantal. Le «grand petit Enfant de Bethleem» et Salomon. L'haleine du
bœuf et de l'âne, et les aspirations de notre cœur. — Gratitude du Saint pour un ornement, ouvrage
de la Mère de Chantal......................................................................................................................... 98
CMXLI. A la même. C'est en toutes circonstances qu'il faut aimer la très sainte volonté de Dieu.
Pourquoi le Saint a choisi le dernier jour de l'année pour faire de «petitz et grans changemens» en sa
Congrégation. ..................................................................................................................................... 99
CMXLII. A la même. Le côté percé du Sauveur, abri divin. — Le Sauveur, Roi des cœurs, toujours
prêt à leur donner audience. ............................................................................................................. 100
CMXLIII. A un ecclesiastique. Procès entre l'Evêque de Maurienne et le curé de Lullin.
Intervention du Saint en faveur de ce dernier................................................................................... 101
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CMXLIV. A la Mère de Chantal. Pourquoi faut-il se confier à la Providence de Dieu. .................. 102
CMXLV. A une cousine (Fragment inédit). Exhortation à l'amour de Notre-Seigneur................... 102
CMXLVI. Au Père Claude-Louis-Nicolas de Quoex, Prieur de Talloires. Obligation pour un
supérieur de réduire au devoir des sujets scandaleux. Circonstances qui aggravent la culpabilité
des délinquants. ................................................................................................................................ 103
CMXLVII. A la Mère de Chantal (Fragment). Apologue du musicien devenu sourd, et la sainte
musique d'une âme qui sert Dieu, sans joie, abandonnée entièrement au bon plaisir divin. ............ 104
CMXLVIII. A une Religieuse de la Visitation. Ce qui tenait occupé le Saint toutes les matinées ;
l'emploi meilleur qu'il aurait voulu en faire. «L'amour propre ne meurt jamais ;» ses fruits et ceux
de la vraie charité. Quel est le seul remède. Les séparations pour les mondains et les amis de
Dieu. ................................................................................................................................................. 104
Année 1614 .......................................................................................................................................... 106
CMXLIX. A Madame d'Escrilles. Quand faut-il s'abandonner entièrement entre les bras de la
Providence. Comment parler des personnes qui nous ont fait tort. Ce qui est plus efficace
contre le mal que le ressentiment. .................................................................................................... 106
CML. Au Père Nicolas de Soulfour, Oratorien. Envoi de lettres pour l'Evêque de Bazas et pour M.
de Fontaines. Attachement du Saint pour la Congrégation de l'Oratoire ; il désire en connaître les
règlements. Le Traitté de l'Amour de Dieu l'empèche d'entreprendre un travail qui lui est proposé.
.......................................................................................................................................................... 107
CMLI. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de Montpellier. Salutations affectueuses envoyées
au destinataire de passage à Lyon. Le Saint s'excuse de ne pouvoir accepter l'invitation de prêcher
à Toulouse. ....................................................................................................................................... 108
CMLII. A la Mère de Chantal. Saint François de Sales se sent pressé d'activer la rédaction de son
grand ouvrage. .................................................................................................................................. 109
CMLIII. A la même. Le Saint ménage à sa chère Congrégation la bienveillance du Conseil de Ville
d'Annecy. Pourquoi il ne veut pas qu'on demande de sa part du beau papier à M. Rolland. ...... 110
CMLIV. A la même. Un triduum de prières. Souhait d'unité...................................................... 111
CMLV. A la même. Plusieurs visiteurs ont empêché le Saint d'aller voir la Mère de Chantal. Il se
promet de célébrer avec elle, le lendemain, l'anniversaire de sa naissance et de dire la Messe à la
Visitation. ......................................................................................................................................... 111
CMLVI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Le Duc ayant agréé le projet de confier aux
Barnabites le collège de la ville, est supplié de le faire réussir. ....................................................... 112
CMLVII. A M. Philippe de Quoex. La réforme de Talloires et l'affaire de Mme des Gouffiers.
Nouvelles et commissions pour Rome. Instructions à suivre dans une négociation auprès des
Congrégations romaines. .................................................................................................................. 113
Mémoire pour M. Philippe de Quoex concernant Madame des Gouffiers (Fragment).................... 117
CMLVIII. A Madame de la Valbonne. Il ne faut jamais cesser de coopérer de son mieux au salut du
prochain. Comment aborder une âme pécheresse et avec quel sentiment. Le moindre brin du
divin amour, préférable à tous les trésors du monde. ....................................................................... 118
CMLIX. A M. Claude de Blonay. Affaires d'argent. Reconnaissance du Saint pour un service que
lui a rendu Mgr Gribaldi. Nouvelles et messages......................................................................... 119
CMLX. A Monseigneur Hildebrand Jost, Evêque nommé de Sion (Minute). Regrets sur la mort
d'Adrien de Riedmatten, évèque de Sion ; éloge de son zèle et de ses vertus. Les airs de deuil
transformés en chants d'allégresse à l'élection de Mgr Jost. François de Sales lui offre son
concours pour la cérémonie du sacre. Promesse d'entier dévouement. ....................................... 120
Autre minute de la lettre précédente................................................................................................. 122
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CMLXI. A M. Claude de Blonay. Une entrevue jugee necessaire................................................... 124
CMLXII. A M. Antoine des Hayes. Entremise du Saint pour l'une de ses parentes. Son aversion
pour les affaires d'intérét. Passage a Chambèry du Cardinal d'Est. ............................................. 124
CMLXIII. A la Mère de Chantal. Le texte des Litanies de saint Joseph, revu, corrigé et accentué par
le Fondateur de la Visitation. ........................................................................................................... 126
CMLXIV. A Madame de la Valbonne (Fragment). Pourquoi l'intercession de saint François de Paule
est propice à l'espérance des mères. ................................................................................................. 127
CMLXV. A un gentilhomme (Billet inedit). Remerciements pour un envoi de venaison. .............. 127
CMLXVI. A Madame de la Fléchère. Une lettre recommandée. ..................................................... 128
CMLXVII. A la Mère de Chantal (Inédite). Deux plans proposés pour la première église de la
Visitation. Le saint Fondateur désire «une petite eglisette bien façonnee.»................................ 128
CMLXVIII. Aux Chanoines de la Collegiale de Sainte-Marie de Samoens. Les statuts du Chapitre de
l'église cathédrale d'Annecy doivent servir de type à la collégiale de Samoëns. ............................. 129
CMLXIX. A Madame d'Escrilles. Compassion et consolation du Saint. Etre sur la croix, grace
insigne pour les âmes dédiées à Dieu. .............................................................................................. 130
CMLXXI. A la Mère de Chantal. Impressions rétrospectives de l'Evêque de Genève à propos de
l'ostension du saint Suaire. — Ce qui lui vint au cœur de dire au Cardinal de Savoie. — Une recette
de Mme de Boisy. La mort, source de la vie nouvelle. ................................................................. 132
CMLXXII. A Madame de la Fléchère. Etre toute sainte : ce que renferme ce bref souhait. La
valeur d'une once de douceur durant un procès. Une heureuse naissance................................... 133
CMLXXIII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Gratitude et félicitations. Un Théatin célèbre
du temps, orateur et écrivain. ........................................................................................................... 134
CMLXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier (Minute). Un moyen d'accroître la dévotion
au pays du Chablais. L'abbaye de Ripaille et la piété des princes de Savoie. Fermeté et
constance de l'Ordre des Chartreux. ................................................................................................. 135
CMLXXV. A Madame de la Fléchère. Le baptême d'un neveu du Saint : il se promet d'y voir M. et
Mme de Charmoisy. Nouvelles et messages. ................................................................................ 136
CMLXXVI. A la même. Le duel et les censures de l'Eglise au XVIIe siècle. Le courage
«desreglé» des catholiques qui acceptent le duel. Ce qui tourmentait le plus François de Sales à
leur sujet. Une pieuse industrie. .................................................................................................. 137
CMLXXVII. A M. Claude de Quoex. Avis et démarches pour obtenir l'annulation des vœux de Mme
des Gouffiers. ................................................................................................................................... 138
CMLXXVIII. A la Mère de Chantal. Préparatifs d'une course sur le lac. ........................................ 139
CMLXXIX. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Les Pères Barnabites à Annecy. Le Duc
est prié de favoriser leur mission, d'une incomparable utilité pour le collège de la ville. ................ 139
CMLXXX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Nouvelles de la santé du Saint. Regret d'avoir
manqué une visite désirée................................................................................................................. 141
CMLXXXI. Au Roi de France, Louis XIII. Actions de grâces pour une gratification accordée aux
églises du pays de Gex. .................................................................................................................... 141
CMLXXXII. Au Duc de Bellegarde. Double interprétation du titre de «filz» désiré par le
destinataire. Exhortation aux pratiques de piété. Le monde, malgré sa malignité, estime les
vrais dévots et la dévotion sérieuse et toute suave. .......................................................................... 142
CMLXXXIII. Au Baron François du Villars (Inédite). Plainte du Saint contre une prétention
exorbitante qu'avaient eue Us protestants à l'assemblée des Etats du bailliage de Gex. .................. 143
12/335

2.3 Page 13

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CMLXXXbis. A la Mère de Chantal (Fragment). Piété et patience de Gallois de Sales, frère du Saint,
durant sa dernière maladie................................................................................................................ 144
CMLXXXIV. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. François de Sales s'abstient prudemment de
fréquenter le duc de Nemours, alors à Annecy. La réimpression en petit format de l'Introduction à
la Vie devote engage l'auteur à préparer une nouvelle édition. Affaires de MM. du Noyret et de
Portes. ............................................................................................................................................... 145
CMLXXXV. A Dom Bruno d'Affringues, Général des Chartreux. L'Evêque de Genève sollicite
l'admission d'une postulante chez les Chartreusines de Mélan. ....................................................... 147
CMLXXXVI. Au Baron Jean-Bérold de Cusy (Inédite). Les brebis gagnent à l'absence des mauvais
bergers. Pourquoi on allait à la guerre au dix-septième siècle. ................................................... 148
CMLXXXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite). Saint François de Sales et les
offenses. L'amitié et la charité. Une amitié un peu forte ne doit pas être chatouilleuse. Un
louable projet de retraite. .................................................................................................................. 149
CMLXXXVIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Une visite empêchée.................................... 150
CMLXXXIX. A la Mère Claudine de Blonay, Abbesse de Sainte-Claire d'Evian. Unique préface
pour toute une correspondance. Propriétés de l'eau vive que l'on puise en Notre-Seigneur par la
sainte oraison ; erreur et malheur des familles religieuses qui ne s'appliquent pas à cet exercice.
Un ignorant qui en sait plus que beaucoup de savants. — Les Œuvres de sainte Thérèse. — Vertus a
faire fleurir dans un monastère. Utilité d'un bon et vertueux confesseur pour une Communauté.
.......................................................................................................................................................... 151
CMXC. A Madame de la Valbonne. Se consacrer à Notre-Seigneur, c'est une grâce dont la grandeur
se découvre avec le temps. Pourquoi Dieu permet les «secousses de l'amour-propre.»
Salutations. ....................................................................................................................................... 153
CMXCI. A Madame de la Fléchère. Affaires diverses. Un malade bien résigné. La seule chose
digne d'être estimée. ......................................................................................................................... 154
CMXCII. Au Duc de Bellegarde. Pourquoi l'amour paternel est puissant ; celui du Saint comparable
au feu. L'idéal qui sied à une grande âme. Préservatifs conseillés contre les malignes
influences de la cour......................................................................................................................... 155
CMXCIII. A M. Guillaume-François de Chabod, Seigneur de Jacob (Inédite). Témoignages de
sympathie à un ambassadeur qui n'avait pas réussi dans sa mission. Discrète invitation à sanctifier
ses derniers jours. Promesse d'une visite..................................................................................... 156
CMXCIV. A Monseigneur Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley. «La mousse des exemptions.»
Une vertu qui vaut un procès de canonisation. Un déplaisir et une crainte du Saint. Injuste
ingérence de l'Etat dans l'exercice du pouvoir spirituel de l'Eglise. L'Evêque de Genève se confie,
pour la défense de ses droits, à la vaillance de son ami. Messages pour Dijon........................... 157
CMXCV. A M. Etienne Dunant, Curé de Gex (Inédite). Règlement de plusieurs affaires intéressant
diverses paroisses du pays de Gex.................................................................................................... 159
CMXCVI. A Madame de la Fléchère. Les mauvais procédés et les répugnances de l'amour-propre :
excellentes occasions de pratiquer l'humilité. .................................................................................. 161
CMXCVII. Au Duc de Bellegarde. Progrès spirituels du duc de Bellegarde. A quelle condition
peut-on servir Dieu à la cour. Pourquoi Dieu est le plus digne objet de notre amour. ................ 161
CMXCVIII. Au Baron Paul Damas d'Anlezy (Inédite). Mme des Gouffiers aspirante à la Visitation ;
accueil que lui préparent le Fondateur et les Religieuses. Sa famille n'aura nul sujet de blâmer son
choix. ................................................................................................................................................ 163
CMXCIX. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Un échange qui accommoderait infiniment les
monastères de Saint-Dominique et de la Visitation ; il se fera, si le prince de Nemours en témoigne le
désir. Le destinataire est prié d'en parler à Sa Grandeur. ............................................................ 164
13/335

2.4 Page 14

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M. A M. Pierre-François Jay, Curé de Bonneville. Un futur assistant du Saint aux Offices de la
cathédrale. ........................................................................................................................................ 166
MI. A La Mère de Chantal. Une visite des Pères Barnabites annoncée à la Mère de Chantal. ........ 167
MII. A la même. Reprise d'un travail interrompu à regret. Un concours, et «l'eschange des
jardins» à acheminer......................................................................................................................... 168
MIII. A MM. les Proviseurs du College de Savoie a Louvain. L'introduction des Barnabites au
collège d'Annecy laisse subsister l'alliance avec le collège de Savoie à Louvain. Les Proviseurs
sont priés d'agréer ce qui a été fait et de correspondre au désir du Saint. ........................................ 169
MIV. A Madame des Gouffiers, Religieuse du Paraclet. Dieu guide les âmes qui remplissent avec
humilité quelque mission de sa Providence. Le vrai esprit de la Visitation, et comment elle doit
considérer les autres genres de vie. Pourquoi Dieu l'a créée. C'est sa «plus grande gloire qu'il y
ayt une Congrégation de la Visitation au monde.» Humilité du Fondateur ; son affection pour les
Ursulines........................................................................................................................................... 170
MV. A la même (Inédite). Succès des négociations entreprises pour l'obtention d'une dispense en
Cour de Rome. Le P. de Villars à Lyon. Prudence recommandée à la destinataire. Messages
divers. ............................................................................................................................................... 172
MVI. A la Soeur de Chastel, Religieuse de la Visitation. La nature et la grâce en la Sœur de Chastel.
Conduite à tenir dans ce conflit. A quelles conditions Dieu chérit les âmes tracassées. ........ 174
MVII. A Madame des Gouffiers, Religieuse du Paraclet. Le Saint donnera de bon cœur ses Filles
pour la fondation de Lyon. Pourquoi le genre de vie de la Visitation en facilite la diffusion. Un
trait de la Providence divine et le suffrage du Patron de l'Eglise lyonnaise. Un des plus grands
avantages des Congrégations au XVIIe siècle. Déférence que méritent les Carmélites.
Messages et salutations. ................................................................................................................... 175
MVIII. A la Mère de Chantal (Inédite). Une consolation refusée au Saint. Il termine la rédaction
du Traitté de l'Amour de Dieu. Encore l'échange des jardins. L'entrée au monastère de la
Visitation permise àquelques dames de Chambéry, mais à une condition. ...................................... 178
MIX. A la même (Inédite). Une sénatrice à confesser ; le Saint lui donne rendez-vous à la Visitation.
.......................................................................................................................................................... 179
MX. Au Chanoine Maurice Marpeaud (Inédite). Le destinataire est prié de loger en vertueuse
compagnie le fils de Mme d'Escrilles................................................................................................. 180
MXI. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. L'Evèque de Genève conserve l'espoir du prochain
retour du prince. Raisons pressantes pour le Duc de résider à Annecy. Charles-Emmanuel
désire qu'il y demeure, la guerre lui en fait un devoir. Son absence paraîtrait un abandon et
amènerait une séparation d'avec la cour de Savoie. ......................................................................... 181
MXII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Le Saint déplore le départ du prince de Nemours.
Une paroisse très mal desservie. L'épitaphe du poète Nouvellet................................................. 183
MXIII. A Madame de la Fléchère. Bonnes nouvelles. Le premier essai d'une fille «bien resolue et
de bon esprit.» Annonce d'un départ. Achèvement du Traitté de l'Amour de Dieu. Divers
messages. .......................................................................................................................................... 185
MXIV. A la Mère de Chantal. Le Saint retenu chez lui par le grand nombre des visiteurs ; il se
promet toutefois d'aller voir le lendemain la Mère de Chantal......................................................... 186
MXV. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de Montpellier (Inédite). Pénurie de prédicateurs
dans la province des Capucins de Thonon. Intervention du Saint en faveur des Cordeliers
savoyards, menacés d'une séparation préjudiciable à leurs études. Une besogne qui n'est pas
déplaisante à son auteur. Pourquoi le Traitté de l'Amour de Dieu pourrait avoir moins de succès
que l'Introduction à la Vie devote..................................................................................................... 187
14/335

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MXVI. A Monseigneur Hildebrand Jost, Evêque nommé de Sion. Plusieurs raisons inclinent
François de Sales à obliger l'Evêque de Sion. Il lui sera très agréable de prendre part à l'office de
sa consécration. ................................................................................................................................ 189
MXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Voyages en Tarentaise et en Valais. Nouvelles
diverses............................................................................................................................................. 190
MXVIII. A Madame de la Fléchère. Annonce d'une messagère de confiance. Encouragements.
Fidélité du Saint à sa chère Eglise de Genève, sa première épouse. ................................................ 191
MXIX. A la Mère de Chantal. Une nouvelle prétendante pour la Visitation. .................................. 192
MXX. A la même. Une première étape et la pensée de zèle qui donnait un élan joyeni an saint
voyageur. Consolations spirituelles réservées aux âmes apostoliques. Commentaire d'un texte
de saint Paul...................................................................................................................................... 192
MXXI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Avis donné au Duc sur la politique du gouverneur
de Milan en Valais. Eloge détaillé du nouvel Evêque de Sion. Un présent qu'il n'a pas reçu. 194
MXXII. Au Marquis Sigismond de Lans. Renseignements politiques. Les agissements du
gouvernenr de Milan pour attirer le Valais au parti de l'Espagne. Opposition de l'Evêque de Sion.
Mesures à prendre. Un festin de six heures. Qualités du nouvel Evêqne. ......................... 195
MXXIII. A la Mère de Chantal. Réponse à donner à une personne qui combat une vocation.
Respect dû à la liberté des âmes. ...................................................................................................... 196
MXXIV. A Dom Placide Bailly, Benedictin. Excellente disposition pour recevoir de grandes grâces.
Comment vivre «en ce petit pelerinage.» Document pour commencer une bonne vie religieuse.
Un anniversaire très pieusement célébré par le Saint. ................................................................. 197
MXXV. A la Mère de Chantal. Mme des Gouffiers propose de venir prendre la Mère de Chantal pour
l'accompagner à Lyon ; le Saint agrée provisoirement ce projet. ..................................................... 198
MXXVI. A la même. Où réside la foi dans l'âme des saints qui sont tentés contre cette vertu. Les
souffrances spirituelles de la Mère de Chantal ne troublent pas son saint Directeur. ...................... 199
MXXVII. A la même. Une malade reprise pour ses imprudences. .................................................. 199
MXXVIII. A la même. Demande et envoi de nouvelles. ................................................................. 200
MXXIX. A Madame de Peyzieu. Pour être tout à Dieu, nous devons crucifier nos affections les plus
vives. — Il nous faut surtout un cœur amoureux envers le prochain. — Quand cet amour est-il plus
excellent. .......................................................................................................................................... 200
MXXX. A M. Jean de la Ceppède (Minute). Remerciements au destinataire pour l'envoi d'un poème.
L'auteur a su transformer les muses païennes en chrétiennes. Puisse-t-il servir d'exemple à
d'autres poètes. — Le pouvoir des vers pour pénétrer les cœurs...................................................... 201
MXXXI. A la Mère de Chantal. Une occasion est offerte à la Mère de Chantal d'écrire à son cher
enfant. De quoi elle avait peur..................................................................................................... 202
Année 1615 .......................................................................................................................................... 203
MXXXII. A M. Claude de Blonay. Pourquoi le saint Fondateur désire envoyer à Lyon les meilleurs
de ses sujets. Marie-Aimée de Blonay sera l'une des fondatrices ; son père est prié d'agréer cette
mission si glorieuse pour sa fille. ..................................................................................................... 203
MXXXIII. A Madame Gasparde de Ballon, Religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine. La
débonnaireté de Notre-Seigneur en sa crèche ; ce qu'on y trouve et dans quelle posture il faut s'y
tenir. Que faire quand l'ennemi nous détourne de la sainte dévotion ; le péril de quitter l'oraison.
.......................................................................................................................................................... 204
MXXXIV. A Madame de la Fléchère. La malignité humaine, grand sujet de résignation. Quels
esprits ne sont pas bons à l'office de chapelain. On attend à Annecy les délégués de l'Archevêque
de Lyon............................................................................................................................................. 205
15/335

2.6 Page 16

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MXXXV. A la même. Départ imminent de la Mère de Chantal pour Lyon. Souhait du Saint. .. 206
MXXXVI. A la Mère de Chantal. Sept billets pour le voyage. Souhaits et bénédictions. Les
âmes vraiment inséparables. Motifs de confiance et de courage. La joyeuse ardeur de saint
Ignace, martyr. Promesse de la protection des bons Anges. — Douceur de l'unité des cœurs et des
esprits. Ardente prière pour la Fondatrice ; bénédictions à ses filles .......................................... 207
MXXXVII ........................................................................................................................................ 207
MXXXVIII ....................................................................................................................................... 208
MXXXIX ......................................................................................................................................... 208
MXL ................................................................................................................................................. 208
MXLI................................................................................................................................................ 209
MXLII .............................................................................................................................................. 209
MXLIII. A Madame de Peyzieu. Les marques du pur amour. De quel prix ont été payées les
vertus des chrétiens. ......................................................................................................................... 210
MXLIV. A M. Claude de Quoex. Gratitude de Son Altesse envers le Saint pour un avis important.
.......................................................................................................................................................... 211
MXLV. A la Mère de Chantal, a Lyon. Sentiments du Saint après le départ de sa chère fille
spirituelle. Nouvelles détaillées du Monastère, des Religieuses, de Françoise de Chantal, de son
goût pour la parure et de la piété de Mme de Thorens. Désir de savoir les particularités de
l'«abord» à Lyon. Bénédictions à la Fondatrice et à chacune de ses filles qui l'accompagnaient. 211
MXLVI. A M. Antoine des Hayes (Inédite). Une chère ville que le Saint serait content de revoir.
C'est l'invitation et la société d'Antoine des Hayes qui auraient ses préférences s'il pouvait aller
prêcher à Paris. Pourquoi il prend patience dans son «buisson.» Promesse d'adresser à son ami
les premiers exemplaires du Traitté de l’Amour de Dieu. M. de Granier. .................................. 214
MXLVII. Au Prince-Cardinal Maurice de Savoie. Les pièces pour la cause du bienheureux Amédée
de Savoie ont été envoyées et reçues en temps opportun. Le Cardinal est prié de s'intéresser à la
prospérité du collège d'Annecy, gêné par l'insuffisance des revenus. .............................................. 215
MXLVIII. A Madame de Peyzieu. Souhaits, offre de services, encouragements à une dame infirme
et âgée. Le moyen de rendre les langueurs salutaires et aimables............................................... 216
MXLIX. A la Mère de Chantal, a Lyon. D'où procèdent les découragements dans la vie spirituelle.
Il ne faut jamais s'arrêter dans le travail de la perfection. Un précepte des Saints recommandé à
la Mère de Chantal. La présence du Saint-Sacrement, trésor de vie pour les maisons qui en
jouissent............................................................................................................................................ 217
ML. A la meme, a Lyon. Trois consolations dont le Saint a été gratifié au château de Sales. Son
attendrissement en voyant les pigeons faire place aux petits oiseaux et leur laisser pour leur repas des
restes à suffisance. ............................................................................................................................ 218
MLI. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite). Dispense de l'abstinence. Une dénonciation
effrontée contre un frère du Saint. .................................................................................................... 219
MLII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. La nuit et les œuvres de la nuit. — Pourquoi les
princes sont tenus en conscience de ne pas recevoir sans examen les accusations. Courageuse
remontrance du saint Evêque au duc de Nemours............................................................................ 221
MLIII. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Pourquoi François de Sales s'affligeait de la calomnie
faite contre ses frères. Une prédiction du saint Evêque.................................................................... 222
MLIV. Au meme (Inédite). Protestation d'amitié............................................................................. 223
MLV. A M. Jean de Chatillon. Informations à prendre sur un ecclésiastique. ................................ 224
16/335

2.7 Page 17

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MLVI. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie. La ville d'Annecy mérite d'être exemptée des charges
de guerre. Le Saint demande au Cardinal de favoriser ce bon peuple......................................... 224
MLVII. A la Comtesse de Tournon. La destinataire est priée de faire exonérer des impôts deux
pauvres veuves réduites à la misère.................................................................................................. 225
MLVIII. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'amour ne va pas toujours en ordre. Pourquoi, même à
Sainte-Claire, François de Sales, en parlant de saint Joseph, n'a pas eu la ferveur qui lui est habituelle
à la Visitation. Bonnes nouvelles de plusieurs Religieuses et de toute la Communauté. ............ 226
MLIX. A Madame de Peyzieu. Souhaits de pieuse affection. La fièvre amoureuse du Sauveur
capable d'adoucir la fièvre corporelle. Promesse de prières. ....................................................... 227
MLX. A la Mère de Chantal, a Lyon. La préoccupation d'un écrivain «embesoigné». Une
consultation du médecin de la Sainte. Précautions épistolaires suggérées par la charité. Les
sorties, et l'autorité du Père spirituel du Monastère. Confesseurs de dévotion et confesseurs
extraordinaires. ................................................................................................................................. 228
MLXI. A M. Benigne Milletot. Soulèvement d'une paroisse qui refuse une partie de la dime au
Chapitre de Genève. Pourquoi le saint Evêque voudrait et ne voudrait pas châtier la mutinerie.
Les femmes de Seyssel. Il faut ramener les délinquants au devoir. ............................................ 230
MLXII. A Madame de Cornillon, sa sœur (Inédite). Affectueux bonsoir à la destinataire dont la
visite est très désirée par le Saint. Assurance qu'un service promis sera rendu........................... 231
MLXIII. A la Mère de Chantal, a Lyon (Inédite). Les distractions en l'oraison. Sainte affection du
Bienheureux pour l'âme de sa chère fille spirituelle. Nouvelles de plusieurs Religieuses de
l'abbaye de Sainte-Catherine et de la Visitation. Salutations particulières.................................. 232
MLXIV. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de Montpellier (Inédite). Entremise du Saint pour
faire rentrer en grace auprès du destinataire un parent qui l'avait offensé. Remerciements pouf
l'offrande d'un opuscule. Portrait du jeune Louis des Hayes. Eloge des Pères Barnabites..... 233
MLXV. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'affaire de Mme des Gouffiers. Ne pas recevoir les
postulantes avant l'âge requis. Pourquoi la Mère de Chantal pouvait répondre hardiment pour le
Saint. Avis sur les sorties extraordinaires. Trois hôtesses du Monastère d'Annecy. Un
sermon de deux heures et demie....................................................................................................... 235
MLXVI. A la même, a Lyon (Fragment). De la réception des prétendantes. Les sorties
extraordinaires et pour quelles visites il faut les permettre. ............................................................. 238
MLXVII. A Madame de la Fléchère. Faut-il rechercher la cause de nos sécheresses ? Pourquoi
Dieu les envoie. A quoi servent quelquefois les séparations....................................................... 238
MLXVIII. A une dame. Le double avantage qu'on retire souvent de certaines maladies. Dieu
n'abandonne jamais le premier l'âme qu'il a d'abord attirée à lui. .................................................... 239
MLXIX. A Madame de Peyzieu. La santé du corps et la santé de l'âme vont souvent en mouvement
contraire. La maladie purifie le cœur. — Quel est le plus excellent sacrifice qu'on puisse faire, au
temps de la vieillesse et des infirmités. ............................................................................................ 240
MLXX. A M. Antoine des Hayes. L'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir accepter une
proposition qui l'obligerait à résider en France. Remerciements pour des services rendus.
Privilèges et privilèges. Qualités et défauts de Louis des Hayes. Une de ses réponses ; son
affection pour le Saint. Nouvelles militaires. .............................................................................. 241
MLXXI. A Dom Jean de Saint-Malachie Obry, Feuillant. Amitié du Saint pour les religieux
Feuillants. Affectueuse mention de Mme Brûlart. Dévotion de François de Sales à saint
Bernard. Nouvelles de la Visitation............................................................................................. 243
MLXXII. A la Mère de Chantal, a Lyon. Un billet hâtif. Union d'intimité spirituelle entre les
âmes des deux Saints. ....................................................................................................................... 244
17/335

2.8 Page 18

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MLXXIII. A la même, a Lyon. Aucune distance ne peut éloigner les cœurs que Dieu unit. — Une
crainte du Saint. La liberté qu'il faut garder à tout prix dans l'Institut de la Visitation. Pourquoi
le Fondateur voulait qu'on s'accommodât de certains esprits un peu difficiles. Un vingt-troisième
anniversaire cher au Bienheureux. ................................................................................................... 245
MLXXIV. A la même, a Lyon. Puissants désirs de servir le divin amour qui affluent dans le cœur du
Saint. Consolations qu'il reçoit des progrès spirituels de ses chères filles d'Annecy. Que faire
pour permettre à Dieu de parachever son œuvre dans les âmes. ...................................................... 246
MLXXV. A la Soeur Favre, Assistante de la Visitation de Lyon. Inquiétudes résignées du
Bienheureux sur la santé de la Mère de Chantal. Voyage de M. Grandis à Lyon. ...................... 247
MLXXVI. A la Mère de Chantal, a Lyon. Zèle croissant du Saint pour le service de Dieu.
Béatitude et suavité des âmes totalement résignées au vouloir divin. Attente de nouvelles. ...... 248
MLXXVII A la même, a Lyon. Acquiescement de François de Sales à la volonté de Dieu.
Nouvelles de son propre cœur. ......................................................................................................... 249
MLXXVIII. A la Soeur de Bréchard, Assistante de la Visitation d'Annecy (Inédite). Prières
publiques pour la guerre. Affaire d'argent. .................................................................................. 250
MLXXIX. A M. Balthazard de Peyzieu (Inédite). Condoléances, Eloge d'un frère défunt. La
seule chose qui nous mette en repos. Préparer la mère tout doucement à la fâcheuse nouvelle.
Une grande erreur. ............................................................................................................................ 251
MLXXX. A Madame de Peyzieu. Condoléances à la destinataire, sur la mort de son fils. Le
monde le plus désirable de tous. Consolations à la mère «quasi sur le despart» pour aller où est
son enfant. ........................................................................................................................................ 252
MLXXXI. A la Soeur Favre, Assistante de la Visitation de Lyon. La Mère de Chantal hors de
danger. Nouvelles et avis spirituels. Salutations aux chères Sœurs et aux bienheureuses
Novices............................................................................................................................................. 253
Minutes écrites par Saint François de Sales pour d'autres personnes................................................... 255
MLXXXII. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier, pour les Religieuses de la Visitation.
Remerciements et promesse de prières à Son Altesse en retour de la protection qu'elle accorde à la
Visitation. ......................................................................................................................................... 255
MLXXXIII. Au Cardinal Maffeo Barberini, pour Madame des Gouffiers (Inédite). Mme des
Gouffiers se félicite d'avoir le Cardinal pour intercesseur dans son affaire. Elle en espère le succès
de sa charitable intervention. ............................................................................................................ 256
MLXXXIV. A la Duchesse de Mantoue, Marguerite de Savoie, pour les Religieuses de la Visitation
(Inédite). Les Religieuses de la Visitation d'Annecy rendent compte à leur protectrice de leurs
consolations : pose de la première pierre de l'église, envoi prochain de trois d'entre elles pour dresser
un nouveau monastère à Lyon. ......................................................................................................... 257
MLXXXV. A un Secrétaire du Duc de Savoie, pour le Supérieur d'une Communauté (Inédite). Une
réclamation injustifiée. ..................................................................................................................... 259
Appendice............................................................................................................................................. 260
I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques correspondants .................................... 262
A. Lettres de Commission de Mgr Pierre-François Costa, Nonce Apostolique a Turin .............. 262
B. Lettre du Père Jacques-Philibert de Bonivard de la Compagnie de Jésus ............................... 263
C. Lettre du Père Mathias de Dole, Capucin (Fragment) ............................................................. 264
D. Lettre de Mgr Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley.............................................................. 264
E. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie...................................................................... 265
F. Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, Secrétaire d'Etat........................................................ 266
18/335

2.9 Page 19

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G. Lettre de Mathias, Empereur d'Allemagne .............................................................................. 266
H. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie ..................................................................... 269
I. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie ........................................................................... 269
J. Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, Secrètaire d'Etat ........................................................ 270
K. Lettre de Dom Bruno d'Affringues, Général des Chartreux .................................................... 271
L. Lettre du Père Etienne Binet de la Compagnie de Jésus .......................................................... 271
II. Lettres de princes et autres personnages a differents destinataires .............................................. 272
A. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie, aux Religieuses de la Visitation d'Annecy. Le
Duc de Savoie............................................................................................................................... 272
B. Lettre de l'infante Marguerite de Savoie, Duchesse de Mantoue, a la Mère de Chantal ......... 272
C. Lettre de M. Philippe de Quoex a son frère Claude................................................................. 274
D. Lettres patentes de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie, au Souverain Sénat. Le Duc de
Savoye. ......................................................................................................................................... 278
E. Lettre Du Même Aux Nobles Syndics d'Annecy. Le Duc de Savoye...................................... 279
F. Lettre du meme aux Administrateurs du Collège Chappuisien. Le Duc de Savoye. ............... 280
G. Lettre de M. Renaud de la Grange au duc de Villeroy ............................................................ 280
H. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie aux Administrateurs du College Chappuisien. Il
Principe Mauritio, Cardinale di Savoia. ....................................................................................... 282
I. Lettre des proviseurs du Collège de Savoie a Louvain aux Administrateurs de celui d'Annecy
...................................................................................................................................................... 283
J. Lettre de Mgr Anastase Germonio, Archevêque de Tarentaise, au Clergé de son Diocèse
(Fragment) .................................................................................................................................... 283
III. La fondation du Ier Monastère de la Visitation de Lyon, deuxieme de l'Ordre .......................... 285
Lettres patantes du Roy sur l'establissement des Dames Religieuses du Monastaire Saincte Marie
de ceste ville de Lyon ................................................................................................................... 291
Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans une acception inusitée aujourd'hui ........... 293
Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de ce volume ........... 300
Table de correspondance de cette nouvelle édition avec les précédentes et indication de la provenance
des manuscrits ...................................................................................................................................... 311
Table des matieres ................................................................................................................................ 323
19/335

2.10 Page 20

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Avant-propos
Le nouveau volume sixième de la correspondance de saint François de Sales s'ouvre
par une lettre écrite de Milan, en mai 1613, et s'achève avec celles de mai 1615. Il embrasse ainsi
une période de vingt-cinq mois, marquée dans la vie de l'Evêque de Genève par une rare fécondité,
dont les manifestations diverses sont du plus haut intérêt1.
Ces lettres, la plupart datées d'Annecy, partaient dans toutes les directions, pour faire
refluer ensuite, vers le saint Auteur, des hommages universels d'estime, de respect et d'amour.
Aussi bien, la renommée du Prélat ne cesse de grandir parmi ses contemporains; l'influence de sa
sainteté et de son savoir rayonne toujours plus puissante par delà les limites de son vaste diocèse;
le nombre s'accroît toujours des âmes qui se rangent sous sa conduite, de ceux qui recourent à son
crédit et à ses lumières.
«Rien n'est caché a la chaleur du soleil en ce monde, rien n'est non plus esloigné du soin
des bons Rois en leurs monarchies,» écrivait-il à Louis XIII2. De même, rien n'échappait à sa
vigilance affectueuse, ni ne demeurait «esloigné de son soin.» Faisant face aux multiples exigences
de sa charge pastorale et de son inlassable charité, n'oubliant ni les intérêts du Ciel, ni même ceux
de la terre, il se montre à la fois Evêque, Pasteur [V] et Père. Il défend les droits de Dieu et de
l'Eglise, protège les intérêts de son peuple et se donne à tous ses enfants.
Ceux de nos lecteurs qui ne connaissent François de Sales que par sa douceur et sa
condescendance, seront charmés de constater ici qu'il est surtout l'homme incomparablement fort,
d'une intransigeance irréductible en présence du devoir.
A Gex, les protestants forcent le bailli à faiblir, renvoyant de l'assemblée des Etats de la
province prêtres et ministres, sans vouloir désigner à qui appartient la préséance. L'Evêque élève
sa voix puissante, il rappelle qu'il «n'est pas raysonnable de mettre Dagon sur l'autel avec l'Arche
d'alliance,» et proteste que si justice n'est faite, le devoir de sa charge l'obligera de s'en «douloir
ailleurs3
Que les habitants de Seyssel s'ameutent et refusent de payer les redevances au Chapitre de
Saint-Pierre de Genève, le Prélat s'afflige de demander le châtiment des rebelles, parce qu'ils sont
ses «diocesains et enfans spirituelz;» mais «en fin, il faut un peu d'affliction aux enfans a ce qu'ilz
se corrigent,... et vaut mieux» pleurer «leur tribulation temporelle que s'ilz se precipitoyent en
l'eternelle4.» L'un de ses prêtres se montre-t-il indigne de son caractère: «Je seray bien marri si ce
pauvre homme est mauvais,» écrit-il5, «mais sil l'est, il faudra pourtant le chastier.»
Le duc de Nemours, homme inquiet dans ses pensées, facile aux soupçons et prompt à la
vengeance, a prêté l'oreille aux calomniateurs; il poursuit les accusés sans les avoir entendus.
François est son vassal; mais l'Evêque redira sans crainte à celui qui est sous sa houlette de pasteur
la grande leçon de la justice. Avec une liberté tout apostolique, digne des Basile et des Ambroise,
il adjure le prince de se ressouvenir que «nulle sorte de parolle qui soit au prejudice du prochain
ne doit estre creuë [VI] avant qu'elle soit preuvee, et» qu'«elle ne peut estre preuvee que par
l'examen, parties ouÿes. Quicomque vous parle autrement, Monseigneur, trahit vostre ame6
Lui qui veut qu'on cède aux «puissances superieures7» quand il s'agit seulement d'un
sacrifice personnel, écoutons-le revendiquer, par son ami Mgr Camus, député aux Etats généraux,
la liberté de l'Eglise: «Quelle abjection, que nous ayons le glaive spirituel en main et que, comme
1 Sur deux cent quatorze Lettres, quarante sont inédites, sans compter plusieurs fragments et bon nombre de pièces
fort intéressantes données en Appendice.
2 Lettre CMLXX, p. 176.
3 Lettre CMLXXXIII, p. 196.
4 Lettre MLXI, p, 334.
5 Lettre MLV, p. 323.
6 Lettre MLII, p. 319.
7 Page 100.
20/335

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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simples executeurs des volontés du magistrat temporel, il nous faille frapper quand il l'ordonne et
cesser quand il le commande, et que nous soyons privés de la principale clef de celles que Nostre
Seigneur nous a donnees, qui est celle du jugement, du discernement et de la science en l'usage de
nostre glaive8
Au demeurant, il ne se peut imaginer sujet plus loyal et plus affectionnément dévoué à la
cause de son souverain que l'Evêque de Genève. Pendant un séjour à Sion, il entrevoit des périls
pour la couronne de Savoie; sans retard, il en avertit le Duc, jugeant avec raison l'alliance du Valais
«extremement utile aux affaires» de son maître9. Quand il apprend que Henri de Nemours est sur
le point de rompre avec Son Altesse, hardiment il intervient; il le presse de revenir à Annecy et lui
adresse à cet effet un vigoureux plaidoyer10, où l'on ne sait qu'admirer davantage, de la force des
arguments, ou des enveloppements d'expressions qui doivent ménager l'amour-propre de l'illustre
fugitif.
C'est un serviteur fidèle, ce n'est point un courtisan; «les caresses» des Princes l'«obligent
extremement, sans» l'«engager nullement11.» Il fuit la cour pour [VII] rester «dans sa bergerie,» et
se garde de brûler ses «ayslerons» à ces brillants flambeaux12.
Est-ce à cause de cette noble indépendance d'attitude que la loyauté de son dévouement fut
parfois suspectée? Sa grande âme s'attriste devant cette épreuve; mais il s'en échappe seulement
une douce plainte qui finit en prophétie: «On nous ravit le bien le plus pretieux que nous ayons,
qui est la bonne grace de nos Princes, et puis on dit: Quel mal vous fait-on?» Voir «Monseigneur
en cholere et indignation... m'est insupportable, a moy qui ay tant d'inviolables affections a ce
Prince... Un jour viendra que de m'aymer ne sera plus reproche a personne13
François de Sales, cependant, eut une incontestable influence sur les grands. Il n'en usa que
pour le bien de sa ville d'Annecy et de son diocèse. Nous le voyons solliciter pour son «pauvre
bon peuple» l'exemption des charges de guerre14, appeler la protection et les aumônes de Louis
XIII sur lés catholiques de Gex15, enfin mettre tout en œuvre pour rendre au collège Chappuisien,
«presque en friche16,» son éclat des beaux jours. Il n'avait pu doter son diocèse d'un Séminaire, au
moins veut-il que des maîtres savants et pieux préparent la jeunesse à une vie honorable devant le
monde et pleine devant Dieu. En 1613, le Saint s'ouvre de son projet à la cour de Turin17, s'adresse
au duc de Savoie, au Cardinal Maurice, et sa souple patience déconcerte doucement toutes les
résistances qui sans doute, dit-il avec autant de charité que de finesse, «ne procedent que «d'une
bonne affection, a laquelle» il s'agit néanmoins de donner la mesure et discretion18.» Enfin, quand
les Pères Barnabites sont installés, c'est lui encore qui sert d'intermédiaire pour faire agréer à
Louvain les [VIII] changements accomplis à Annecy19, tandis qu'il se réserve d'entourer les
nouveaux venus de ses dévouées et tendres sympathies.
Mais le saint Evêque se souvient que «ceux de» sa «condition doivent rendre fidele service»
au «divin Maistre» en donnant aux âmes choisies une vie plus abondante, «comme firent jadis les
premiers et plus grans serviteurs de Dieu et Pasteurs de l'Eglise20.» Aussi consacre-t-il à ses chères
Filles de la Visitation une large part de son temps, de son cœur, de ses sollicitudes. C'est pendant
cette période que nous assistons à la fondation du second Monastère de l'Ordre, à Lyon. Rien de
8 Lettre CMXCIV, p. 217.
9 Lettre MXXI, p. 275.
10 Lettre MXI.
11 Page 2.
12 Voir pp. 197, 198.
13 Lettre MLIII, pp. 320, 321.
14 Lettre au Cardinal Maurice de Savoie, p. 324.
15 Lettres CMLXX, CMLXXXI.
16 Page 145.
17 Voir note (450), p. 146.
18 Lettre au duc de Savoie, p. 190.
19 Voir Lettre MIII.
20 Préface des Règles de la Visitation.
21/335

3.2 Page 22

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mouvementé, d'intéressant comme les préliminaires de cet établissement, où l'on voit surgir la
figure si complexe de Mme des Gouffiers, et celle de Mgr de Marquemont, dont l'intervention devait
avoir une influence profonde sur les destinées de l'Institut.
Sans empressement, sans inquiétude, le Fondateur suit les événements; pour lui, dans le
gouvernement de sa vie comme dans la direction des âmes, le grand point était toujours, selon le
mot de son saint ami Vincent de Paul, «de suivre pas à pas l'adorable Providence21.» Quand elle
lui fait signe, il avance; il s'arrête quand elle lui barre le passage, et attend en toute patience, pour
reprendre sa marche, que l'obstacle soit tombé. Dans cette parfaite dépendance des ordres divins
et dans sa souveraine droiture d'intention se trouve la raison de ses succès. Il avait dit un jour: Je
«n'ay nulle sorte d'interest,» sinon «la plus grande gloire de Dieu et le plus grand service de son
Eglise; et que Dieu soit servi ou par des Religieux vestus de noir ou vestus de blanc, cela est
indifferent22.» Par son attitude et par ses actes, François de Sales répéta cette belle parole dans les
difficultés qui entravèrent d'abord la fondation du Monastère de Lyon. L'Appendice III donne une
vue d'ensemble de cette [IX] histoire, et permet d'en suivre avec plus de charme les détails à travers
les Lettres de ce volume.
Nous avons vu le grand Evêque intervenir dans les questions intéressant l'Eglise et l'Etat;
nous allons le retrouver avec sa grâce, sa bonté, sa patience inaltérable au milieu de pauvres
veuves, de solliciteurs, de petites gens dont les mille riens sont pour eux grandes affaires. Il
accueille tous ceux qui se présentent avec une telle mansuétude que la demeure épiscopale ne
désemplit pas; et l'aimable Saint voit naître sous ses pas une foule «d'empeschemens23,» inévitable
rançon de la confiance universelle qu'il inspire. Or, contraste admirable: tyrannisé par les
occupations les plus variées et souvent les plus pressantes24, rien n'arrive à troubler ni la sérénité
de son visage, ni l'harmonie tranquille de son âme qui, d'un vol puissant et doux, s'élève sans cesse
jusqu'à Dieu, pour lequel seul il agit et se donne à tous. Il «ne faut jamais cesser de cooperer au
salut du prochain,» écrivait-il, livrant sans y penser le secret de sa merveilleuse charité; «quand
vous ne feries que luy faire faire un bon souspir, Dieu en sera glorifié25
Le seul repos que prît l'infatigable Prélat au milieu de ses accablants travaux, c'était, avec
la préparation d'une nouvelle édition de l'Introduction à la Vie devote26, l'achèvement de son
Traitté de l'Amour de Dieu. Œuvre d'amour, en effet, à laquelle il mettait tout son cœur, qu'il
méditait au pied du Crucifix, étudiait dans sa propre âme, dans l'âme de ses Filles, de celle surtout
qu'il appelait aussi sa Mère, sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Il tâchait de consacrer «a ces
escrittures spirituelles27» les premières heures de la journée; le matin lui était alors «comm' une
fraische rosee,» et le préparait à «la tempeste» d'affaires qui trop souvent [X] éclatait l'«apres
disner28.» Mais le plus ordinairement, il n'avait que des lambeaux de temps arrachés «ça et la,» et
c'est presque phrase par phrase que notre grand Docteur compose son chef-d'œuvre. «Tant que je
m'en puis eschapper,» écrit-il à une de ses Filles29, «je metz tous-jours quelque petite ligne en
faveur de ce saint amour.»
Faut-il avertir le lecteur qu'il retrouvera dans cette nouvelle série de Lettres les qualités
littéraires admirées dans les précédentes: richesse du vocabulaire, souplesse de la syntaxe, choix
heureux de l'expression parfaitement subordonnée à la pensée. Ajoutons, tact délicieux de
l'écrivain qui, restant toujours lui-même, sait varier sa manière selon ses différents correspondants,
et se fait lire avec un attrait soutenu, surtout quand il s'adresse à la Mère de Chantal. Sa plume
21 Lettre du 7 décembre 1641 à M. Codoing, supérieur de la Mission d'Annecy.
22 Lettre CMXXXVII, p. 113.
23 Page 137.
24 Voir Lettre MVIII.
25 Lettre à Mme de la Valbonne, pp. 155, 156.
26 Voir p. 198.
27 Page 137.
28 Page 29.
29 Lettre CMXLVIII. p. 130.
22/335

3.3 Page 23

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court alors, fidèle interprète de son âme et de son cœur, et il laisse pénétrer jusqu'à l'intime de ses
pensées et de ses sentiments.
Quel charme encore de parcourir ces nombreuses lettres de direction où la tendresse abonde
avec la doctrine, où la grace du langage fait accepter l'austérité des conseils! Le saint Evêque y
revit tout entier, avec sa spiritualité épanouie et épanouissante, son art surnaturel de conduire les
âmes au bien «tout bellement,» avec les condescendances et les délicatesses de son grand cœur,
l'enjouement aimable de son caractère et les fines saillies de son esprit. Comme il arrive à ceux qui
vivent de l'amour divin, sous le regard du Père céleste, les moindres incidents lui fournissent les
plus édifiants sujets de conversation. Alors il y a de vraies trouvailles d'expressions imagées et
attendries, comme ce jour où un repas amical pris en commun sous ses yeux entre pigeons et petits
oiseaux, lui dicte cette lettre à sainte Jeanne de Chantal, qui est en même temps qu'une merveille
de style, une délicieuse contemplation sur la charité30. [XI]
Jour après jour s'est formée cette correspondance rayonnante de lumière et de chaleur, dans
laquelle se groupent, autour de la grande figure de l'Evêque de Genève, tant de physionomies si
diverses et parfois si curieuses: princes et seigneurs, courtisans heureux ou disgraciés, abbés
travaillant à la réforme de leurs Communautés, moines austères, hommes de lettres, de robe et
d'épée, jeunes gens au seuil de la vie, femmes du monde et religieuses de tous Ordres, et çà et là
gracieux visages d'enfants qui sourient au passage.
A la lecture de ces pages si vivantes, il semble que leur saint Auteur, avançant dans sa
carrière, réalise dans ses «escrittures» aussi bien que dans son âme, ce souhait qu'il confiait un jour
à la plus chère de ses Filles: «Bienheureux si, sur le tard, je puis ressembler a vos œilletz, car leur
odeur s'affine et s'augmente en suavité sur la fin de la journee31
Annecy, 23 octobre 1910,
Fête du Très-Saint-Rédempteur. [XII]
LES EDITEURS.
30 Lettre ML.
31 Billet à la Mère de Chantal, p. 29.
23/335

3.4 Page 24

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Errata
Page 188, note (606): tome précédent, note (811), p. 275 lire: 285.
» 263, note (856) Une récente découverte nous permet de rectifier cette note. Saint
François de Sales ne s'est pas trompé; Frère Georges, cousin-germain de son
homonyme le Carme, est bien un Capucin. Fils de François de la Faverge, le puîné,
et de Françoise de la Fléchère, Annibal naquit le 14 mars 1580. Il teste le 22
septembre 1597 au moment de sa profession dans l'Ordre de Saint-François, et dut
mourir vers 1615, car cette année-là, un novice de la même Province reçut son nom
de Religion.
Annibal de la Faverge, devenu Frère Georges, ne figure ni dans l'Armorial de
Savoie, ni dans le Nécrologe des Capucins; seuls, les Mss. Besson l'ont mentionné.
» 308, note (1002): tome XII lire: XIII.
24/335

3.5 Page 25

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Avis au lecteur
Des Lettres publiées dans ce volume, un grand nombre ont été revues sur les originaux. La
provenance indiquée à la fin de chaque pièce, est celle qui nous était connue au moment où elle
nous a été communiquée. Lorsqu'un Autographe provient d'une Communauté française exilée ou
dispersée, nous donnons l'ancienne adresse de celle-ci.
Les Lettres qui ne sont suivies d'aucune indication sont celles dont, à défaut d'Autographes
ou de copies authentiques, on a dû emprunter le texte à des publications antérieures. Voir à la fin
de ce volume la Table de correspondance, et l'Avant-Propos du tome XI, pp. xxv-xxvij.
Les Editeurs sont seuls responsables de l'adresse et de la date qui précèdent chaque pièce;
l'une et l'autre sont répétées à la fin quand elles figurent sur l'original, ou qu'elles sont
authentiques, quoique fournies par les textes imprimés. Les points remplaçant quelque
énumération de la date indiquent que cette partie de la date est donnée, mais fautivement, par
l'édition à laquelle notre texte est emprunté.
Quand la date attribuée à une lettre n'est pas absolument sûre, elle est insérée entre [ ].
Ces signes sont également employés pour les mots qu'il a fallu suppléer dans le texte.
Les divergences qui existent entre quelques minutes et le texte définitif sont données au bas
des pages. Le commencement de la variante est indiqué par la répétition en italique des mots qui
la précèdent immédiatement au texte; la fin est régulièrement marquée par la lettre de renvoi. Les
passages biffés dans les Autographes sont enchâssés entre [ ].
Des points placés au commencement ou à la fin des lettres indiquent un texte incomplet.
Quand les Autographes ont subi quelque mutilation, nous l'indiquons chaque fois.
A la suite du Glossaire se trouve un Index, dans lequel il a été jugé à propos de fondre les
noms des destinataires avec les titres des principales notes historiques et biographiques. Toutes
les notes concernant le clergé de l'ancien diocèse de Genève sont tirées des Registres de l'époque;
elles sont désignées par les deux initiales R. E.
Sauf indication contraire, tous les renseignements relatifs à la noblesse savoisienne sont
empruntés au monumental ouvrage du Comte Amèdèe de Foras, si dignement continué par le
Comte de Mareschal de Luciane: Armorial et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie.
25/335

3.6 Page 26

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Lettres de Saint François de Sales. Année 1613
(Suite)
DCCCLXXIII. A la Mère de Chantal (Inédite). Pèlerinage à
Milan. Ostension du saint Suaire de Turin. Deux
audiences princières attendues. Annonce du retour à Annecy.
Turin32, 6 mai 1613.
Hier tout tard je receu vostre lettre, ma tres chere Fille, et tout a la haste, je vous annonce
nostre retour de Milan33, ou, et tout le long du chemin, nous avons [1] esté extremement caressés.
Avanthier je fus l'un de ceux qui firent l'ostension fort solemnelle du saint Suayre34, ou Son Altesse
me fit l'honneur de me tesmoigner beaucoup de bienveuillance en diverses occasions. Je n'attens
plus que d'avoir une bonn'audience d'elle, selon qu'elle me la promit a Trein35, et une autre de
Monseigneur de Nemours: et puis, me voyla de rechef a cheval pour retourner en ma pauvre petite
coquille, qui m'est plus chere que tous les palais des grans Princes, desquelz les caressent (sic)
m'obligent extremement, sans m'engager nullement.
Je vous escriray dans deux ou troys jours par M. de Vallon36, et a tous mes amis, sinon que
je fusse si heureux de pouvoir estre despeché pour aller moy mesme; mays ce tems de guerre ne
32 Voir le tome précédent, notes (515), (1017), (1077), pp. 171, 360, 374.
33 Quand l'Evêque de Genève arriva dans cette ville, le 35 avril, il fut «reçu comme un saint. Le Cardinal Federic
Boromee, cousin» et successeur de saint Charles, «acompagné de don Juan de Mendoza, gouverneur du Milanois, alla
a sa rencontre et voulut le loger dans son palais. Mais notre humble Prelat,» le suppliant «de le laisser libre, en pauvre
pelerin,... accepta avec toute la joie possible» le modeste logement que lui offrit dans son monastère le P. D. Jean-
Ambroise Mazenta, Général des Barnabites. (Ancien Ms. de l'Année Sainte de la Visitation, 15 avril; Arpaud, Vie de
Monseigneur D. Juste Guérin, Anneci, 1857, liv. I, chap. XI.) Le souvenir du saint Archevêque, qui se retirait dans
cette même chambre au temps de ses exercices spirituels, ne fit qu'aviver sa dévotion.
Le 16 avril, «le Serviteur de Dieu eut grande peine d'achever la Messe» au tombeau du bienheureux Cardinal,
«tant il estoit ravy et hors de luy mesme, et apres, il respandit une tres grande abondance de larmes.» (Process. remiss.
Gebenn. (II), dépos. de la Mère de Chaugy, ad art. 15.) «La meilleure plume,» écrit Charles-Auguste (Histoire, etc.,
liv. VIII), «seroit bien en peine d'exprimer la longueur et ferveur des prieres qu'il fist» devant ces restes vénérés. «A
son départ, on ne sçauroit pas dire combien de tesmoignages d'amitié il receut, tant du Cardinal, que des principaux
de la ville.»
Les soldats d'un régiment espagnol qui avait jadis séjourné en Savoie, ayant rencontré l'Evêque sur la route
de Novare, le reconnurent; «ils vindrent tous a la foule... pour le toucher et recepvoir sa benediction,» et le colonel
lui-même voulut retourner «avec ses aumoniers visiter le Bienheureux au logis.» (Process. remiss. Gebenn. (I), dépos.
de Georges Rolland, ad art. 51.)
34 «C'estoit le quatriesme jour du mois de may,» dit Charles-Auguste (ubi supra), «en quel temps les chaleurs sont
des-ja extremes en ces quartiers-là, et le Bienheureux homme estoit tout trempé de sueurs. Or il arriva qu'en panchant
la teste, quelques gouttes, tant de son front que de ses larmes, tomberent sur ces sacrées reliques.» Le 4 mai 1614,
notre Saint raconte cet accident à la Mère de Chantal, en mèlant à ce récit rétrospectif les réflexions les plus touchantes.
35 Trino, ville située sur la rive gauche du Pô, au sud-ouest de Verceil. Une ceinture de gros murs, la profondeur de
ses fossés, la solidité de ses tours et de ses portes la rendaient comme imprenable. Le 22 avril, le commandant de la
ville, Becchesino, l'avait livrée au duc de Savoie.
36 Jacques de Gex, seigneur de Vallon (voir tome XII, note (582), p. 260).
26/335

3.7 Page 27

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me fait pas faveur pour cela37. J'espere pourtant que ce sera bien tost38, non jamais tant que je
desire. [2]
Nous laisserons donq lâ la croix pour cette fois. Je salue toute nostre chere trouppe et Mme
des Gouffier et tout, si ell' y est39. Dieu benisse a jamais nostre unique cœur, ma tres chere Mere.
Me voyci visité; partant, Dieu soit avec vous. Je suis en luy pour vous ce quil sçait, et vrayement
vous mesme.
6 may 1613, a Thurin.
40A Madame
[Madame la] Barone de Santal,
Superieure de la Visitation de Nicy.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, au Séminaire de Saint-Sulpice.
37 La guerre du Montferrat fixait en ce moment l'attention de presque toute l'Europe. Elle avait éclaté à la mort du duc
de Mantoue. François de Gonzague (22 décembre 1612). Comme il ne laissait qu'une fille âgée de deux ou trois ans,
le duché fut revendiqué par le cardinal de Mantoue, Ferdinand de Gonzague (voir le tome précedent, note (589), p.
202), et le Montferrat par Charles-Emmanuel Ier. Exaspéré par la conduite de Ferdinand, qui, en relâchant Marguerite
de Savoie, sa belle-sœur, retenait la jeune princesse Marie, le duc de Savoie envahit le haut Montferrat (22 avril-9
mai).
38 Le Saint ne put rentrer à Annecy que le 25 mai, veille de la Pentecôte.
39 Elisabeth Arnault des Gouffiers, Religieuse du Paraclet (voir le tome précédent, note (972), p. 343), n'était pas
encore arrivée à Annecy. Cf. ci-après, p. 6, et note (82), p. 15.
40 L'adresse est de la main d'un secrétaire.
27/335

3.8 Page 28

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DCCCLXXIV. A l'Empereur d'Allemagne, Mathias41 (Minute).
Dépouillé par les Genevois de son pouvoir et de ses biens
temporels, l'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir prêter son
concours à l'Empereur.
Annecy, 9 mai 161342.
Quam
vellem,
Imperator
Augustissime, mandatis Majestatis Vestrae
Caesareae ad amussim obtemperare posse, [3]
comitiis nimirum imperialibus, quae nunc
indicit, interesse, ingenium, si quod in me sit,
operamque meam honorificentissimis suis
conatibus impendere ac denique
augustissimum invictissimi Caesaris vultum
coram venerari! Verum haereticorum
Gebennensium rebellio, quae episcopalem
hanc cathedram omni penitus rerum
humanarum praesidio per summam perfidiam
spoliavit43, efficit ne quod volo bonum, hoc
faciam44.
Quare, quod superest, Serenissime
Caesar, nunquam intermittam, quin Deum
optimum, maximum, Sacrificiis [4]
precibusque placare contendam, ut tribuat tibi
auxilium de sancto, et omne tuum pium
consilium confirmet45. Amen.
Caesareae Majestatis Vestrae
augustissimae,
Humillimus et observantissimus,
FRANÇS, Ep. Gebenn.
Très Auguste Empereur,
Que je voudrais obéir à la lettre aux
commandements de Votre Majesté Impériale,
en assistant à la diète qu'elle publie
maintenant, [3] et en consacrant mon industrie,
selon mes moyens et mon travail, à ses très
honorables entreprises! Que je voudrais aussi
rendre en présence mes hommages à la très
auguste personne du très invincible Empereur!
Mais, du fait de la rébellion des hérétiques
genevois, cette chaire épiscopale se voit
absolument dépouillée, par une très grande
perfidie, de tout moyen d'assistance humaine:
de là, pour moi, l'impossibilité de faire le bien
que je veux.
Aussi, à l'avenir, Sérénissime César, je
ne cesserai pas d'offrir [4] mes Sacrifices et
mes prières, afin d'apaiser le Dieu tout bon et
tout-puissant, pour qu'il vous envoie son
secours d'en-baut et qu'il confirme
entièremement votre pieux projet.
De Votre Majesté Impériale très
auguste,
41 L'empereur Mathias (cf. tome XIII, note (639), p. 236) était le quatrième fils de Maximilien II et de Marie d'Autriche.
Né en 1557, il succéda en 1612 à son frère Rodolphe (voir ibid., note (589), p. 220), et mourut sans enfants en 1619.
42 Dans toutes les éditions (celle de Migne exceptée), cette lettre porte la date du 9 mai 1615. Nous croyons qu'il y a
erreur pour l'année, et qu'on doit lire 1613, car les chiffres 3 et 5 se prennent souvent l'un pour l'autre dans les
Autographes du Saint. La date du 9 mai 1613 concorde d'ailleurs avec les circonstances de la diète qui se tint cette
année même. Convoquée le 30 décembre 1612 pour le 24 avril 1613, elle ne s'ouvrit défait que le 13 août suivant et
fut clôturée le 25 octobre. (Voir Aller des Heiligen Romischen Reichs gehaltenen Reichstage abschiede und satzungen,
Francfort am Mayn, 1720, pp. 1006 seq.) En tant que Prince de Genève, François de Sales avait été averti des
convocations successives de l'assemblée. Nous avons une pièce du 3 avril 1613, par laquelle il accuse réception des
lettres de l'empereur Mathias; celles-ci étaient sans doute l'invitation officielle à la diète d'aoùt-octobre 1613.
Une seconde diète fut convoquée le 22 octobre 1613 pour le 1er mai 1614; elle ne se tint pas. Le 18 mars
1614, au château de Lyntz, l'Empereur donnait des lettres pour une nouvelle assemblée générale à Ratisbonne, le 1er
février 1615. (Voir a l'Appendice I.) Le Saint y fut encore invité; nous en avons la preuve dans une pièce qu'il délivra,
le 3 juillet 1614, à Georges Scheyffer, notaire de l'empire et porteur du message. Il a dû répondre dans le courant de
cette même année, et non le 9 mai 1615, cette date ne concordant pas du tout avec celle de l'ouverture de la diète. Les
éditeurs, qui ont pu se méprendre sur le chiffre de l'année, méritent confiance pour le quantième, qu'ils n'ont pas
introduit arbitrairement. Raison nouvelle qui confirme la vraisemblance de la date proposée.
Bien que l'Evêque de Genève fût encore à Turin le 9 mai, il aura sans doute jugé préférable, vu le caractère
officiel de sa lettre, de la dater d'Annecy, lieu de sa résidence ordinaire. (Cf. le tome précédent, p. 173.)
43 L'objet principal de la diète était d'obtenir des subsides pour guerroyer contre les Turcs.
44 Rom., VII, 19.
45 Ps. XIX, 3, 5.
28/335

3.9 Page 29

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Annessii Gebennensium, 9 Maii....
Le très humble et très obéissant
serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy en Genevois, le 9 mai....
DCCCLXXV. A la Mère de Chantal. Le Saint se dispose à
repartir pour la Savoie. Une protectrice pour la Visitation.
Messages et avis divers.
Turin, 14 mai 1613.
Et moy, ma chere Fille, je vous escris encor plus courtement pour responce a vostre lettre
du 5 de ce mois, tant pour mille petites affaires et visites que je reçoy, que pour la ferme esperance
que j'ay de vous voir bien tost, resolu, Dieu aydant, de partir d'icy samedi ou Dimanche prochain46,
pour estre a Neci au jour de la sainte Pentecoste47, puisque je n'arreste plus que pour l'affaire de
ces pauvres bannis48; car, quant [5] aux despeches, je laisseray le bon M. de Blonay49 qui, de bon
cœur, demeurera pour les solliciter. Mais cette negociation de l'appaisement de Monseigneur de
Nemours ne peut estre faite qu'en presence; or, j'ay toute ma confiance en Dieu d'en reüscir.
Je vous ay des-ja fait sçavoir que nous aurons madame la Duchesse de Mantoue, qui est la
vertu mesme, pour nostre protectrice50; mays il ne faut pas encor en faire du bruit, pour une rayson
que je vous diray. M. de la Bretonniere est encor en volonté de nous ayder en quelques choses
pour l'edification de nostre oratoire51.
Caressés cordialement les messieurs qui s'en revont, en particulier M. Floccard52. Je suis
en peyne du retardement de madame des Gouffiers53, remettant neanmoins cela a la sainte
providence de Nostre Seigneur, comme aussi nostre pauvre petite malade54. Nous ramenerons
vostre filz55, qui, a la verité, a grand desir de s'employer a la guerre, si elle suit.
Je salue fort ma chere fille madame de Thorens, et Mlle de Rabutin56, qui est aussi ma fille;
comme encor toutes celles qui sont autour de vous, que vous sçavés m'estre pretieuses plus qu'il
ne se peut dire57. [6]
46 Le 14, date de cette lettre, était un mardi; le départ eut lieu le samedi suivant, 18 mai.
47 La Pentecôte tombait le 26 mai. (Cf. ci-dessus, note (38), p. 2.)
48 MM. de Charmoisy et du Noyret, impliqués dans l'affaire Berthelot. (Voir le tome précédent, note (930), p. 327;
Lettre DCCCLIX, p. 356; note (1017), p. 360; Lettre DCCCLXIII, p. 361, et Lettre DCCCLXVII, p. 370. Cf. encore
ci-après, les lettres des 9 et 14 juin au duc de Nemours.)
49 Claude de Blonay, l'un des compagnons de voyage du Saint. (Voir le tome précédent, Lettre DCCCLXI, p. 359, et
note (1077), p. 374.)
50 Marguerite de Savoie, fille de Charles-Emmanuel et veuve de François de Gonzague, duc de Mantoue, avait accepté
d'être la protectrice de la Visitation. (Voir sa note avec une lettre de fin novembre 1613, dont elle est destinataire.)
51 Charles Chaliveau, seigneur de la Bretonnière, avait déjà antérieurement témoigné de sa bonne volonté à ce sujet.
(Voir le tome précédent, p. 328.)
52 Il est assez difficile de désigner ces «messieurs qui s'ent revont.» Quant à M. Floccard, c'est ou le chanoine
Barthélémy Floccard (voir tome XI, note (682), p. 296) qui est mentionné ici, ou plus probablement encore le collatéral
du même nom, dont les rapports avec le monastère de la Visitation furent plus fréquents.
53 Cf. ci-dessus, note (39), p. 3.
54 Sœur Claude-Françoise Roget (cf. le tome précédent, note (1052), p. 369).
55 Bernard de Sales, baron de Thorens, avait accompagné son saint frère a Milan. (Voir ibid., pp. 374, note (1077), et
375.)
56 Marie-Aimée et Françoise, filles de la Sainte.
57 Voir à l'Appendice I une lettre du P. Jacques de Bonivard, S. J., datée du 8 mai 1613, qui donnait au saint Fondateur
des nouvelles bien consolantes de ses chères Filles.
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3.10 Page 30

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Dieu soit a jamais dedans nostre cœur, pour y vivre et regner eternellement. C'est luy qui
sçait ce qu'il luy plaist que nous soyons, en la tres parfaite union qu'il a faite en luy mesme et par
luy mesme. Amen.
A Thurin, le 14 may 1613.
Il seroit mieux qu'on accommodast le proces en mon absence, a cause de ma trop grande
condescendance58. Je prieray pour le pauvre sire Pierre, et louë Dieu qu'il soit passé en bonne
disposition59.
A Madame
[Madame] la Baronne de Chantal,
Superieure de la Visitation, a Neci.
DCCCLXXVI. A M. Antoine des Hayes60. D'où venait
l'empêchement pour le Saint d'aller prêcher à Paris ; égards que
lui témoigne le duc de Savoie. L'incivilité d'un libraire et la
Defense de la Croix. Ouvrages et éditeurs. M. et Mme de
Charmoisy.
20 mai 1613.
Monsieur,
Je receu a Thurin vostre lettre du 30 mars, avec une extreme confusion d'y voir le
remerciment que vous me faites de ma perseverance au desir de servir vostre parroisse le Caresme
prochain61; puisque ma volonté, [7] ma perseverance, mon esperance demeurent frustrees et
inutiles, Son Altesse ne m'ayant pas voulu accorder que je sorte d'icy62 pour les praedications, avec
des paroles tant honnorables que rien plus, mais nullement favorables a mon intention. De sorte,
Monsieur, que je vous supplie de ne plus vous amuser a moy en façon quelcomque, puisque je suis
si impuissant a vous rendre le service que je vous dois. J'ay bien neanmoins encor un ressort en
main, lequel je vay faire jouer des demain, mays je ne m'en ose rien promettre. Si vous sçavies,
Monsieur, d'ou vient l'empeschement, vous admireries l'industrie du dœmon qui s'oppose a nos
desirs.
Pour Dieu, Monsieur, croyes bien, je vous supplie, que mon cœur est totalement dedié au
vostre, et mes desirs a vos affections, et que si je sçavois faire mieux pour faire reuscir vos
intentions, je le ferois. Je vous diray ce mot en la confiance que j'ay de vostre prudence: M.
Troüillouz63, qui sert Son Altesse es affaires de France, dit a Thurin, sur le propos de la recherche
58 Il s'agit du procès intenté contre la Visitation par Antoine de Bellegarde, seigneur de Disonche (voir le tome
précédent, note (1040), p. 366), au sujet de l'héritage légué à la Communauté par Mme de Miribel. (Ibid., note (932),
p. 328.) On voit dans une lettre du président Favre, 2 mai 1613, que celui-ci s'occupait activement de cette affaire.
(Mugnier, Correspondance du Président Favre, tome II, publié par la Société savoisienne, etc., 1905.)
59 Sans doute, le Saint désigne ici «honorable Pierre Jondel, apothicaire,» qui avait été inhumé le 6 mai à Notre-Dame
de Liesse. (Reg. par. d'Annecy.)
60 Voir tome XII, note (573), p. 251. Il est difficile de savoir d'où cette lettre a été écrite, mais d'après la teneur des
premières lignes, on pourrait proposer Chambéry, avec assez de vraisemblance.
61 La paroisse de Saint-Benoît, à Paris, dont le destinataire de cette lettre était marguiller. (Voir le tome précédent,
note (775), p. 271, et pp. 363, 399.)
62 C'est-à-dire de la Savoie.
63 Noble Jean Troulliouz, seigneur de la Salle, conseiller de Son Altesse et commissaire des guerres, nommé quatrième
président de la Chambre des Comptes, par lettres patentes du 21 août 1610, en devint le troisième, par lettres du 15
juin 1612. (Turin, Archives de la Chambre des Comptes, Patentes, vol. 25.) L'ambassadeur du Duc à Paris, M. de
Jacob, profitait de toutes les occasions pour vanter à son prince la prudente sagesse du président. Et de fait, celui-ci
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4.1 Page 31

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qui a esté faite ci devant de me faire aller a Paris: C'est Charmoysi et le sieur des Hayes qui ont ce
dessein, nul autre n'y eut pensé qu'eux. De lâ, on passe a d'autres pensees. Jusques a quand sera ce
que l'on vivra ainsy? Hors cette particularité, que vostre seule consideration me faysoit avoir plus
a cœur qu'autre chose quelcomque de celles que j'avois a traitter, Son Altesse m'a [8] comblé de
tesmoignages d'estime et de faveur autant que l'action de la guerre en laquelle je le treuvay64 le
pouvoit permettre.
Je treuve tres mauvaise la procedure du libraire qui a osé, sans rime ni rayson, mettr' un
tiltre si impudent au livret de la Croix65. Hors le tiltre et l'obmission de l'Advant Propos, sans
lequel ce livre semble un songe, je n'en serois pas si fasché, bien que tous-jours ce seroit
un'incivilité commise en mon endroit. Et sil m'eut adverti, je luy eusse rendu ce livret mille fois
plus vendable, par la correction et amendement que j'y eusse fait. Mays, pour tout cela, je ne vous
supplieray point de prendre la peyne de faire faire les deffences qui seroyent requises pour en
empescher la debite, car ce vous seroit une trop grande importunité. Je me contenteray bien qu'il
vous playse luy faire dire quil me donne cette satisfaction de remettre le tiltre. Rien ne m'est plus
a contre cœur que l'ambition des tiltres:
«Je hay l'architecteur qui, privé de rayson,
«Fait le portail plus grand que toute la mayson66.» [9]
J'ay promis le livre de l'Amour a Rigaud, de Lion67, et certaine petite besoigne pour ce
diocaese a un autre68. Passé cela, si jamais je metz la main a la plume, ce sera pour Paris, a vostre
gré; mays certes, je ne sçai ce que je pourray jamais faire.
J'espere dans cinq ou six jours voir monsieur de Charmoysi en liberté69. J'escris a madame
de Charmoysi, qui vous fera sçavoir ce qui en est et l'advis que je luy donne, puisque je suis pressé
de finir.
Monsieur, je suis plus qu'homme qui vive,
avait l'oreille de Charles-Emmanuel; il fut chargé en France (1609 et 1610) de plus d'une mission' délicate; il était
parti de Paris, en congé, le 9 décembre 1613. En mai 1613, M. Troulliouz se trouvait encore à Turin, et le 1er juin, M.
de Jacob, fatigué, malade, comptait sur lui pour être allégé d'une partie de sa charge. (Turin, Archiv. de l'Etat, Lettere
Ministri, Francia, Mazzo 13, et Negoziazioni Francia, Mazzo 7.) Adriane de Prez déclare dans son testament (1630)
qu'elle veut être inhumée à Saint-Dominique de Chambéry, «avec le sieur Troullioud, son feu mari.» (Note de M. le
comte de Mareschal.)
64 La guerre du Montferrat (voir ci-dessus, note (37), p. 2).
65 Une pseudo-seconde édition de la Defense de l'Estendart de la saincte Croix de nostre Sauveur Jesus-Christ venait
de paraître sans l'aveu de l'auteur, sous ce titre: Panthologie ou Thresor precieux de la saincte Croix, par François de
Sales, Evesque de Geneve. A Paris, chez Claude Rigaud, rüe S. Jaques, MDCXIII. L'éditeur avait emprunté l'idée
de ce fastueux frontispice il François Girard, prévôt de la collégiale de Bourg, qui, sous le nom de D. Fran., qualifie
de «Panthologie» et de «Trésor très précieux» l'ouvrage de François de Sales. (Voir tome II, pp. 417, 418.) Nous
ignorons si Claude Rigaud donna à l'auteur la satisfaction qu'il désirait.
Dans la Préface du Traitté de l'Amour de Dieu, le saint Evêque réclame encore contre l'incivilité du libraire
parisien. (Voir tome IV, pp. 17, 18.)
66 Ces deux vers, que des érudits très lettrés ont cherchés en vain dans les anthologies du XVIe siècle, sont d'un poète
savoyard, Claude-Etienne Nonvellet, 1537-1613 (cf. tome XII, note (80), p. 47). Dans un recueil de vers, aujourd'hui
presque introuvable, intitulé Les Divinailles, publié à Lyon, chez Jean de Tournes, en 1578, et réédité en 1893 à
Chambéry, par Marie Girod, l'auteur avait pris pour épigraphe ce quatrain:
«Va, mon petit livret, je ne charge ton front
«D'un tiltre ambicieux, comme ores plusieurs font,
«Je hay l'architecteur, qui, privé de raison,
«Fait plus grand le portail que toute la maison.»
François de Sales citera encore ces vers en 1616, dans la Préface de son Traitté, mais avec une variante. (Voir tome
IV, p. 18.)
67 Pierre Rigaud (voir tome XIV, note (1100), p. 383).
68 Nous connaissons les titres de plusieurs ouvrages que le saint Docteur projetait d'écrire, ou même qu'il a rédigés
(voir tome I, pp. LIII, LIV, et tome XIV, pp. 126, 127); mais il est difficile de désigner le traité qu'il destinait à son
diocèse. Peut-être s'agit-il ici d'un opuscule qu'il n'a pas eu le loisir de composer.
69 L'espoir de la mise en liberté de son ami, que saint François de Sales croyait si proche, fut de nouveau trompé. Il
avait obtenu une promesse simplement verbale; ce ne fut qu'au mois d'octobre suivant que finit la détention de M. de
Charmoisy. (Voir le tome précédent, note (1026), p. 363, et ci-après, les lettres au duc de Nemours, 9 et 14 juin, 19
juillet et 4 octobre 1613.)
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4.2 Page 32

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Vostre tres humble, fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve,
qui vous souhaite, et a madame vostre chere moytié, tout le bonheur du Ciel et de la terre.
XX may 1613.
Monseigneur de Nemours va en France dans huit jours70.
A Monsieur
Monsieur des Hayes, Maistre d'hostel du Roy,
Gouverneur de Montargis.
Revu sur l'Autographe conservé au 1er Monastère de la Visitation de Rouen. [10]
DCCCLXXVII. A Madame de Peyzieu71 (Inédite). Témoignages
d'affection filiale ; félicitations à la destinataire à propos du
mariage de l'un de ses fils.
21 mai 161372.
Madame ma chere Mere,
Les mains d'un si digne porteur vous rendront, je m'asseure, ce papier aggreable, outre la
faveur maternelle delaquelle vous recevés tout ce qui vous est presenté de ma part. Ce n'est,
Madame ma Mere, que pour vous ramentevoir l'humble et veritable affection filiale que j'ay dediee
et que vous aves acquise en moy pour vostre service. Faites moy lhonneur, je vous supplie, de me
continuer aussi au rang que vous m'aves donné en vostre bienveuillance, delaquelle je suis
extremement jaloux et ambitieux, comme d'un bien que je ne merite pas et que neanmoins m'est
assigné.
Au demeurant, Madame ma chere Mere, il faut bien que je me res-jouisse avec vous de la
consolation que vous aves de vous voir assistee et accompaignee d'une nouvelle bonne et
bellefille73, et que je vous conjure de luy [11] ordonner qu'elle me reçoive en sa bonne grace,
comme un de vos enfans plus humbles qui est, outre cela,
Vostre fidele et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
21 may 1613.
A Madame de Pezieu.
Revu sur l'Autographe conservé à Troyes,
à l'aumônerie des Dames des SS. Cœurs, dites de Picpus.
70 Le 29 mai 1613, les Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy portent «que Monseigneur doibt arriver bientost a
Chambery, qui doibt passer en poste pour aller en France.» Ce fut un faux bruit, car le prince, alors à Turin, s'y trouvait
encore au mois d'avril 1614, comme le prouve la correspondance diplomatique de la cour de Savoie.
71 Françoise de Dizimieu, veuve de François-Philibert de Longecombe, seigneur de Peyzieu. (Voir le tome précédent,
note (557), p. 181.)
72 Sur l'Autographe de cette lettre, les deux derniers chiffres ont presque complètement disparu, mais une ancienne
copie appartenant à Mme la marquise de Mailly (château de la Roche-Mailly, Sarthe) porte 1613; si cette date n'est pas
la vraie, il faudrait, à cause de l'écriture, songer à l'une des années antérieures. Il n'a pas été possible de savoir quand
se fit le mariage auquel le Saint fait allusion, ce qui aurait enlevé tout doute pour la date donnée ci-dessus. (Voir la
note suivante.)
73 Le 1er décembre 1613, saint François de Sales écrit à Balthazard de Longecombe de Peyzieu et envoie un message
à sa «chere moytié», Jeanne Armuet de Bonrepos. Celle-ci pourrait bien être la «bonne et bellefille» mentionnée ici.
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4.3 Page 33

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DCCCLXXVIII. A la Mère de Chantal. Retour du Saint (Billet
inédit). Salutations dès l'arrivée. Promesse d'une visite
pour le lendemain.
Annecy, 25 mai 161374.
Et me voyci donq au pres de ma tres chere Mere, moy mesme sans autre, avec tesmoignage de
tous ceux qui me voyent que je me porte fort bien. Demain, Dieu [12] aydant, ma tres chere Mere
m'en dira de mesme et que je soys le bien venu; ce qu'attendant, je la salue tres humblement de
tout mon cœur, et toutes nos cheres Seurs aussi.
Dieu vous donne le bonsoir, ma tres chere Mere, a qui je suis de tout mon cœur en Nostre
Seigneur. Amen.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Zeiller,
à Lunéville (Meurthe-et-Moselle).
74 L'écriture ne contredit pas la date de 1615; le ton et la teneur du billet indiquent une longue et lointaine absence et
un voyage fatigant. Au retour d'un Carême ou d'un Avent à Grenoble, le Saint n'aurait pas été si empressé de rassurer
sur sa santé la Mère de Chantal. Il est donc plus probable que ces lignes ont été écrites en revenant de Milan.
Le lendemain, la solennité de la Pentecôte rassembla sous les yeux de l'Evêque les Annéciens ravis de revoir
leur Pasteur bien aimé. Mais l'émotion des auditeurs dut être extrême lorsque le saint Prélat monta en chaire. Nous
avons l'exorde et le plan du sermon qu'il adressa à son «cher peuple», sa joie et sa couronne. On ne peut imaginer un
thème plus gracieux et plus attendrissant; l'amour de ce père, pour ses enfants était «vraiment admirable.» (Voir tome
VIII, p. 119.)
C'est ce même jour, qu'au rapport des historiens, une colombe, figurative de la descente du Saint-Esprit, étant
sortie d'une machine simulant les nues, «apres avoir long temps volé deçà et delà par l'eglise... en fin alla choisir son
repos sur la teste Due du sainct Evesque, qui estoit debout à l'autel;» et il «ne se remua point, jusques à ce qu'elle
s'envola d'elle mesme.» (Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VIII.)
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4.4 Page 34

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DCCCLXXIX. A la même (Fragment). Aspiration du Saint à la
fin d'une journée. Souhaits spirituels pour la Mère de
Chantal.
Annecy, [26 mai 161375.]
Mon Dieu, ma tres chere Mere, quil me fera grand bien d'aller doucement achever la
journee aupres de nostre Sauveur! et je supplieray sa Bonté quil aille luy mesme verser dans vostr'
ame un doux et tranquille repos, emmi lequel il la remplisse de la plus parfaite suavité de son
amour. Bon soir donq, la chere Mere de mon cœur, et bonsoir le cher cœur de ma pauvre Mere.
Dormes doucement sous la fraich'ombre des aisles du celeste Colombeau, qui soit a jamais nostre
paix et protection. J76……………………………………………………………………………….
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Collonges,
aumônier de la Visitation de Chambéry. [13]
DCCCLXXX. A la même. Encore l'héritage de Mme de Miribel.
Première entrevue du Saint et des «bonnes damoyselles» qui
devaient concourir à la fondation du monastère de Lyon.
Annecy, 27 mai 161377.
Il est mieux, ma tres chere Fille, que vous luy escrivies78, puisque le reste s'est passé avec
vous. Je voudrois bien que monsieur de Beaumont en fut79, par ce quil rangeroit plus puissamment
l'esprit de la partie80. Toutefois, si l'assemblee est de telle qualité qu'elle puisse suffire, il ni aura
75 L'allusion au «celeste Colombeau» fait croire que ces lignes ont été écrites le soir d'une fête de la Pentecôte, entre
1613 et 1618. L'écriture suggère 1614 ou 1613, et plutôt cette dernière date.
76 Le haut de l'Autographe a été coupé; le coin de droite, au bas, coupé aussi, laisse voir un J. Toutefois, le «Bon soir»
répété qui précède, semble annoncer une fin de billet.
77 Contrairement au désir du saint Fondateur (voir ci-dessus, p. 7), l'affaire de l'héritage laissé par Mme de Miribel
n'était pas terminée quand il arriva de Milan, le 25 mai. Toutefois, quatre jours après, grâce à l'entremise active du
président Favre, les deux parties passèrent un «acte de compromis». Des arbitres et surarbitres furent nommés, qui
devaient comparaître à Chambéry, le 15 juin suivant, par devant le seigneur de Disonche et Mre Jean Favre, vicaire
général de l'Evêché de Genève, représentant les «Dames de la Visitation.» (Archives de la Visitation d'Annecy.)
Cette assemblée du 29 mai est sans aucun doute celle-là même dont il est parlé dans le présent billet; ce qui justifie la
date que nous attribuons à celui-ci, d'autres particularités excluant le 26 et le 28 mai.
78 Peut-être le Saint désigne ici le président Favre, qui s'était occupé de l'affaire. (Voir la note précédente.)
79 Jacques de Menthon, baron de Beaumont et de Confignon, seigneur de Cohendier, Sauterens, Malagny, etc.,
gentilhomme de la Chambre de Son Altesse. Il était fils de Bernarde de Confignon et de Charles, seigneur de
Beaumont, Cormand et Confignon. Par contrat dotal du 6 octobre 1564, il épousa Jeanne de Cohendier, et en secondes
noces, avant 1578, Jeanne de Charansonay, qui vivait encore en 1622. Le 1er septembre 1628, M. de Beaumont fit son
testament, et mourut deux années après, sans postérité. (Généalogie manuscrite de la famille de Menthon.)
80 Avec «le seigneur de Beaumont, baron de Confignon,» agréé des deux parties «comme surarbitre,» s'assemblèrent
à Chambéry les autres surarbitres et arbitres nommés le 29 mai, savoir: de la part du Monastère de la Visitation, le
président de la Roche, le comte de Saint-Alban, les sieurs François et Léonard de Tardy, François Favre et Balland,
avocats au Sénat de Savoie; de la part du seigneur de Disonche, le président de Cugniat, Jacques de Ballians, seigneur
de Verbouz, les «sieurs d'Amoudry, Favier, Paris et Ducrest advocatz audict Senat.» Une «sentence arbitramentale»
fut rendue le 21 juin par cette assemblée, signée par ses membres et par le président Favre aussi présent. Enfin, le 30
juin, le contrat fut passé à Annecy, en présence des Religieuses de la Visitation réunies capitulairement, et du seigneur
de Disonche. Celui-ci s'engageait à remettre au Monastère la maison de Mme de Miribel, sise à Annecy, rue de la
Filaterie, et de plus, à donner «500 ducatons, fesant le tout la somme de 6460 florins 4 sols.» De leur côté, les
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pas grand hazard, puisque mesme ce [14] n'est que pour prendre un compromis. Je vous donneray
Pierre81, si vous en aves besoin.
Vous sçaves bien que je suis vostre. Bon soir, ma tres chere Fille. J'ay bien esté content de
voir ces bonnes damoyselles ce matin, et particulierement Mme de Gouffier, que je voy toute telle
que vous m'aves dit82.
Dieu aggrandisse de plus en plus son saint amour en nostre cœur.
Revu sur l'Autographe appartenant aux Missionnaires de Saint-François
de Sales, à Annecy. [15]
Religieuses abandonnaient, en faveur du seigneur de Disonche, tous leurs droits sur l'hoirie de Mme de Miribel et
s'obligeaient à faire dire à perpétuité la messe du samedi portée sur son testament. Tous frais prélevés, le Monastère
ne perçut que 5481 florins 11 sols. (Archives de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents et Livre dit
Chapitre.)
81 Sans doute Pierre Genet, fils de Mre Jean Genet et de Pernette Picquet, bourgeois d'Annecy, qui entra très jeune au
service du Saint, et le suivit à Grenoble et à Paris. «Jamais,» affirme-t-il, le Serviteur de Dieu «ne me trouva a dire
d'aucune viande que j'eusse accomodé,» (il était cuisinier) «tant bien ou mal fussent elles apprestees... Je n'ay jamais
recogneu aucun acte d'impatience... encour que je l'en donnasse l'occasion diverses fois.» Le 30 octobre 1632, jour de
sa déposition, il servait Jean-François de Sales, frère et successeur du Bienheureux. (Process. remiss. Gebenn. (I), ad
sum interrog. et art. 1, 24, 28, 31.)
82 Dès la fin de janvier 1613, Mme des Gouffiers ayant fait connaître son désir de venir au monastère d'Annecy, saint
François de Sales l'avait encouragée par la promesse d'un bon accueil. (Voir le tome précédent, Lettre DCCCL, p.
343.) La Religieuse du Paraclet fit à Lyon l'heureuse rencontre de Mme d'Auxerre, qui nourrissait le même espoir;
bientôt, la demoiselle de compagnie de celle-ci, Mme Chaudon, d'Auvergne, née Bellet, et Mme Isabeau Colin, née
Daniel, se joignirent à elles. «Ces quatre fidelles servantes de Dieu se transporterent en la ville d'Annessy» pour «epier
saintement si c'etoit la terre» qu'il «leur vouloit donner.» «Dés leur premiere entrevue» avec les saints Fondateurs, dit
une annaliste, les voyageuses «furent saisies d'admiration.» On leur permit d'entrer dans le monastère, et elles prirent
même plusieurs repas en la compagnie des Sœurs. (Mère de Chaugy, Hist. manuscrite de la Fondation du 1er Mtère de
Lyon; Vie de Soeur Marie-Renée Trunel (veuve d'Auxerre), dans Les Vies de VIII venerables Veves, Religieuses de
l'Ordre de la Visitation Sainte Marie, Annessy, 1659, etc.)
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4.6 Page 36

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DCCCLXXXI. A Madame de Giez83. Un bienfait extraordinaire
pour une jeune femme. Trois vertus qui comprennent toute la
dévotion. Souhaits de piété. Moyen de rendre plus doux le
joug du Sauveur.
Annecy, [fin mai84] 1613.
Madame,
J'ay esté estonné quand j'ay sceu que vous n'avies pas receu le remerciment que je vous
avois fait, pour l'honneur qu'il vous pleut me departir en m'escrivant. Croyes, je vous supplie, que
je ne suis pas si ingrat et nonchalant que d'avoir oublié ce devoir-la. Mays puisque cette action de
grace ne vous est pas arrivee, je la refay maintenant de tout mon cœur, vous asseurant que c'est
avec un grand surcroist de l'estime que j'avois de vostre bienveüillance, par la description plus
particuliere que Madame de Baume85 m'a fait des qualités et conditions de vostre esprit, que j'ay
treuvé extremement aymable, priant Dieu qu'il luy playse les affermir et accroistre de plus en plus.
[16]
C'est un benefice extraordinaire, qu'entre les aggreemens du monde, emmi le printems
d'une jeunesse et entre les louanges de plusieurs, vous aymies et estimies les saintes vertus. Celles
d'humilité, de modestie et de douceur sont celles qui comprennent toute la tres sainte devotion.
Seigneur, disoit le Roy David86, vous m'aves enseigné des ma jeunesse, et jusqu'à present
j'annonceray vos merveilles. Que reste-il, ma chere Dame, sinon qu'il playse a cette souveraine
Bonté de vous tenir de sa main, affin que vous puissies dire avec le mesme Roy87: Jusqu'à ma
viellesse et decrepitude, Seigneur Dieu, ne me delayssés point. Faites que cette aube croisse
jusqu'au plein midy88 du saint amour celeste, et que vostre printems fleury se convertisse en une
automne fructueuse.
Pour moy, je me res-jouy infiniment avec vous de quoy l'Espoux sacré a touché les
entrailles de vostre ame et vous a fait odorer le parfum de ses attraitz, et ne puys m'empescher de
vous dire que vous couries apres luy89, et que vous couries de sorte que vous le puyssies attaindre90.
Vous estes bien heureuse d'avoir un mary si chrestien comme est celuy que Dieu vous a donné en
sa debonnaireté, car le joug du Sauveur, qui est en soy si doux et suave91, le devient encor
davantage quand deux le portent ensemblement.
Je ne cesseray jamais de vous honnorer d'un respect et amour fort particulier, et vous
souhaiteray tous-jours la perfection du divin amour. Obligés moy, Madame, de vostre dilection, et
83 «Claire-Marguerite de Challant, fille de Georges de Challant, gouverneur et lieutenant-général de la vallée d'Aoste
et du Canavais, baron de Châtillon, Ussel pt Saint-Marcel, et d'Adrienne Costa de la Trinité,» (Notes de M. le comte
de Chevron-Villette) avait épousé, le 11 avril 1613, Gaspard de Chevron, seigneur de Giez, plus tard baron et seigneur
de Villette. Le 39 mai suivant, M. de Giez fut choisi pour «enseigne» du baron de Menthon, «coronnel au bureau de
nosseigneurs du Conseil de Genevois.» (Reg. des Délib. municip.) La destinataire, restée veuve en 1646, fut inhumée
le 8 mars 1649. (Reg. par. de Giez.)
Les rapprochements qu'on peut établir entre cette lettre et celle du 21 septembre 1612 au baron de Villette,
permettent d'en désigner avec certitude la destinataire. (Voir le tome précédent, pp. 264, 265.)
84 Cette date approximative semble justifiée par celle du mariage de la destinataire (11 avril). Le Saint dut sans doute,
avant son départ pour Milan (15 avril), ou pendant le voyage, lui adresser son premier «remerciment». Mme de Giez
ne l'ayant pas reçu, il se sera empressé de le lui renouveler par la présente lettre aussitôt après son retour à Annecy.
85 Marguerite de Genève, abbesse de Baume-les-Dames (voir le tome précédent, p. 262, note (751), et p. 265).
86 Ps. LXX, 17.
87 Ibid., v. 18.
88 Cf. Prov., IV, 18.
89 Cf. Cant., I, 2-4.
90 I Cor., IX, 34. Cf. Tr. de l'Amour de Dieu, liv. III, ch. I (tom. IV, p. 168).
91 Matt., XI, ult.
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4.7 Page 37

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implorés sur mon ame la misericorde souveraine de nostre Createur, auquel et pour lequel je suys
et veux estre des-ormais fort entierement,
Madame,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [17]
DCCCLXXXII. A la Mère Anne de la Vesvre, Ursuline92.
Sympathies du Saint pour la Congrégation des Ursulines de
Franche-Comté. La clôture ne lui paraît pas conforme à l'esprit
de cet Institut.
Annecy, juin 161393.
Ma chere Seur,
Ce me sera tous-jours une grande consolation de sçavoir que vous et vostre Congregation
profites au service de nostre commun Maistre, et si j'estois digne de contribuer a vostre
advancement, personne du monde ne s'y employeroit plus volontier que moy.
Or, pour le regard de l'advis que vous me demandes94, je vous diray sans hesiter, que vous
ne deves [18] nullement vous obliger a la closture; vostre Institut ne tend pas a cela. A Milan, d'ou
je viens, il y a quantité de Congregations, mais pas une n'observe la closture, ains sortent pour de
certaines causes limitees et gaignent beaucoup en leurs sorties95. Suivés l'esprit de vostre
Compaignie, qui fleurit en tant de lieux et despuis un si long tems en pieté.
Voyla mon advis, que je vous escris sans loysir, vous suppliant de m'aymer tous-jours en
Nostre Seigneur et me recommander perpetuellement a sa misericorde.
92 Anne de la Vesvre, l'une des quatre premières compagnes de Françoise de Xainctonge dans la fondation des
Ursulines de Dijon (25 décembre 1605), fut désignée quelques années plus tard, avec la Sœur Hélène Guélaud, pour
établir une Maison à Langres (octobre 1613). La confiance et l'attachement que lui témoignait la fondatrice, son talent
merveilleux pour le gouvernement augmentèrent les regrets de sa perte. Elle mourut le 28 avril 1616, à l'âge de trente-
sept ans. Les Annales de l'Institut sont très sobres de détails biographiques sur Anne de la Vesvre. C'était une «fille
de qualité du comté de Bourgogne,» dont la famille habitait La Vesvre, près Bellevesvre; sans doute, elle était
apparentée à Jeanne et Lucienne de Vesvre, fondatrices des Ursulines d'Autun.
Pendant le Carême de 1604, Anne «eut le bonheur de conférer diverses fois de son intérieur avec saint
François de Sales,» alors à Dijon. Le bienheureux Prélat «traita avec elle avec d'autant plus d'ouverture de cœur... qu'il
fut éclairé de Dieu sur l'état de son âme, et s'y lia d'une sincère affection.» C'est d'après son avis que la Sœur de la
Vesvre «quitta la visite et le traitement des malades,» qui ne répondaient pas au but de l'Institut des Ursulines, destiné
surtout à l'instruction de la jeunesse. (D'après Les Chroniques de l'Ordre des Ursulines, recueillies pour l'usage des
Religieuses du même Ordre par M. D. P. V. Paris, chez Jean Hénault, 1773.)
93 L'allusion au voyage de Milan sert à fixer la date; elle est confirmée parles particularités du séjour que fit à Dijon,
en 1613, Mme de Sanzelles. (Voir la note suivante.)
94 Catherine de Montholon, veuve de M. de Sanzelles, avait accompagné à Dijon, en 1613, sa fille, Mmc de
Vaulgrenant. Mise en rapports avec les Ursulines par la présidente Brûlart, leur intime amie, la noble dame songea
bientôt à se joindre à elles, mais une difficulté l'arrêtait: l'absence de clôture. La Mère Anne de la Vesvre avait
ardemment souhaité, elle aussi, la vie claustrale. Les instances de Mme de Sanzelles, qui en faisait une condition de
son entrée, et son propre désir, lui inspirèrent d'écrire au saint Evêque de Genève, qui répondit par la présente lettre
aux perplexités de la destinataire. (Voir Sénault, La Vie de Madame Catherine de Montholon, veuve de Monsieur de
Sanzelles... fondatrice des Ursulines de Dijon. Paris, Le Petit, 1653.)
95 Outre «la Compagnie de Sainte-Ursule,» le Saint avait pu voir d'autres associations ou confraternités de personnes
pieuses, celle de Sainte-Anne en particulier, «si nombreuse en femmes et vefves qui servoyent Dieu avec beaucoup
de pureté, sous l'observance de leurs propres Regles.» (Préface des Règles et Constitutions de la Visitation.)
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4.8 Page 38

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DCCCLXXXIII. A la Mère de Chantal. Un désir du Saint pour
la Mère de Chantal et pour lui-même ; pourquoi il regrette
d'avoir dû quitter le matin la rédaction du Traitté de l'Amour de
Dieu. Les voies les plus faciles ne sont pas toujours les
meilleures. User d'amour et de douceur envers les petits
esprits et les cœurs faibles.
Annecy, [6 juin] 161396.
Que je suis consolé, ma tres chere Mere, de la bonne nouvelle de vostre santé! Le grand
Dieu, que ma pauvre [19] ame et la vostre veut a jamais servir, soit beni et loué, et veuille de plus
en plus fortifier cette chere santé que nous avons dediee a sa sainteté infinie.
Mais ce pendant, nostre cher cœur comme se porte-il en vous? Helas, ma tres chere Mere,
que je luy desire de benedictions! Quand sera-ce que l'amour, triomphant entre toutes nos
affections et pensees, nous rendra tous unis au cœur souverain de nostre Sauveur, auquel le nostre
aspire incessamment? Ouy, ma tres chere Mere, il y aspire incessamment, quoy que insensiblement
pour la pluspart du tems. Certes, j'ay esté bien marry ce matin, qu'il m'ayt fallu quitter ma besoigne
sur le point qu'il m'estoit arrivé une certaine affluence du sentiment que nous aurons pour la veuë
de Dieu en Paradis, car je devois escrire cela en nostre livret97; mays maintenant je ne l'ay plus.
Neanmoins, puisque je me suis diverti seulement pour aller prendre les arres de cette mesme veuë
en la sainte Messe98, j'espere qu'il me reviendra quand il en sera tems. O Dieu, ma tres chere et
unique Mere, aymons parfaittement ce divin objet qui nous prepare tant de douceur au Ciel; soyons
bien tout a luy, et cheminons nuit et jour entre les espines et les roses, pour arriver a cette celeste
Hierusalem.
La grande fille99 va par un chemin fort asseuré, pourveu que son aspreté ne la descourage.
Les voyes les plus faciles ne nous menent pas tous-jours plus droitement ni asseurement; on
s'amuse quelquefois tant au playsir qu'on y a et a regarder de part et d'autre les veuës aggreables,
qu'on en oublie la diligence du voyage.
Il faut estre court. Voyés ce billet qu'on m'a envoyé [20] ce matin; et parce que je n'ay point
veu cette pauvre creature100, et que peut estre vous la verrés devant moy, j'ay pensé que je ferois
bien de vous l'envoyer. Helas! ma tres chere Mere, que la vanité fait de tort a ces chetifz petitz
espritz, qui ne se connoissent pas et se mettent entre les hazars! Mais pourtant, comme vous sçavés,
en bien remonstrant, il faut user d'amour et de douceur; car les advertissemens font meilleure
operation comme cela, et autrement on pourroit detraquer ces cœurs un peu foibles. Seulement, je
ne sçai comme vous pourres dire que vous sçaves la dissension. Or bien, Dieu inspirera a nostre
cœur ce qu'il dira pour ce regard, comme je l'en supplie, et de m'inspirer aussi ce que je prescheray
ce soir.
96 Les relations de cette lettre avec la suivante, fondées sur des particularités identiques, la mention d'un sermon à faire
la Fête-Dieu tombait le 6 juin paraissent justifier la date proposée. Toutefois, on ne peut affirmer que le texte
de 1626, reproduit ici, ne soit composé de plusieurs fragments de dates différentes. (Voir tome XIV, note (67), p. 14.)
97 Le Traitté de l'Amour de Dieu.
98 Cette même pensée, que la sainte Messe offre les arrhes de la vue de Dieu, se trouve développée avec ampleur à la
fin du chapitre XI, Livre III du Traitté de l'Amour de Dieu (voir tome IV, p. 202): «Bonheur infini, Theotime, et lequel
ne nous a pas seulement esté promis, mais nous en avons des arres au tressaint Sacrement de l'Eucharistie.» Analogie
évidente: elle fait croire qu'en ce temps-là, le saint Docteur rédigeait les chapitres XI et suivants, où sont décrites les
splendeurs de la vision béatifique. Ces considérations sur la sainte Eucharistie garantiraient encore la date, car elles
devaient affluer dans l'âme du Bienheureux, un jour de Fête-Dieu.
99 Soeur Mario-Jacqueline Favre (voir le tome précédent, note (554), p. 178).
100 Une étude attentive a fait découvrir un rapport entre cette «pauvre creature» et «la pauvre femme» dont il est fait
mention dans la lettre suivante à Mme de la Valbonne. Il s'agit de la même personne, Mlle Bellot. (Voir le tome
précédent, note (951), p. 335.)
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4.9 Page 39

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J'escris entre plusieurs distractions. Bon soir, ma tres chere Mere. Je suis
Vostre tres affectionné serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
DCCCLXXXIV. A Madame de la Valbonne101 (Inédite). Une
âme dévoyée : pourquoi les «Dames de la Visitation» ne sont
pas répréhensibles de l'avoir assistée. Quand faut-il empêcher
le mal. Messages et souhait.
Annecy, [7 ou 8 juin] 1615102.
La femme delaquelle vous m'escrives103, m'a donné [21] un desplaysir extremement
sensible, ma tres chere Fille, d'estre allee en un lieu ou elle ne pouvoit estre sans donner un tres
grand scandale. Pendant le Caresme, elle s'estoit fort bien comportee104, et je commençois a
prendre de la consolation en son bonheur. Despuis, je ne l'ay point veuë, sinon a son despart pour
Belley, qu'elle vint ceans, mais en une occurrence qui m'empescha de luy pouvoir parler a souhait
parce que j'estois plein de gens.
Le monde a tort de prendre a contrepoil l'office de charité que les Dames de la Visitation
ont cuidé faire en son endroit. Dieu a caché le secret des choses a venir aux hommes, et si nous ne
devions servir sinon les ames qui doivent perseverer, nous serions bien en peyne comme les
discerner d'avec les autres. Il faut, quand ce ne seroit que pour une heure, empescher le mal du
prochain. Et pleust a Dieu que cette pauvre femme fust demeuree dans les resolutions qu'elle avoit
prises a la Visitation! elle eust esté bien heureuse et de bonne odeur a tous les bons. Je dis. cecy
affin que vous sçachies respondre doucement a ceux qui murmurent.
Au reste, ma tres chere Fille, je me res-jouis de la santé de Mme de Monthoux105 et luy
souhaite toute sainte benediction. Je n'escris pas a Mme la Generale106, mais puis [22] qu'elle se
confie en vous, vous luy dires que cette creature s'en est allee a Belley, et espere qu'elle ne
reviendra plus que pour amasser ses hardes et se retirer du tout.
Mais vous, ma tres chere Fille, vives tous-jours toute a Dieu, qui vous y a tant obligee par
les graces et instructions quil vous a departies; et je suis, d'un cœur parfait,
Vostre plus humble oncle et serviteur,
101 Andrée de Nicolle de Crescherel, femme de René Favre de la Valbonne. (Voir le tome précédent, note (631), p.
216.)
102 La date se déduit du rapport de cette lettre avec la précédente; les détails qui concernent Mlle Bellot et la suite de
son histoire, car c'est d'elle qu'il est question ici, confirment le quantième.
103 Il semble que les renseignements fournis par Mme de la Valbonne furent communiqués tout de suite à la Mère de
Chantal. (Voir l'avant-dernier alinéa de la lettre précédente.)
104 Le Saint pouvait témoigner de sa bonne conduite, puisqu'elle avait fait un séjour au monastère de la Visitation.
(Voir le tome précédent, p. 335.) C'est là qu'elle reçut sans doute la visite de M. de Sevelinges, beau-frère de «l'esleu
Bellot». (Ibid., notes (948), (952), pp. 333, 335.) Ce dernier, proche parent de la trisite héroïne, résidait à Belley; ainsi
s'expliquent les voyages qu'elle fit dans cette ville.
105 Gabrielle Dyan, née à Bourg le 10 juillet 1593, de Philibert Diano ou Dyan, «maistre des monnoyes de S. A. au
pays de Bresse,» et de Philiberte Grillet du Puget. (Turin, Archives de l'Opera pia Barolo, Paquet 140, Guillet de
Monthoux, Mémoires et testaments.) Elle épousa, le 17 mai 1610, le sénateur Claude-Louis Guillet, coseigneur de
Monthoux, devint veuve en 1631, se retira en 1662 chez les Carmélites, où elle mourut onze ans plus tard. (Cf. le tome
précédent, note (177) p. 55.) C'est «une bonne ame,» écrivait le Saint le 7 novembre 1614, «et de la confession generale
delaquelle j'ay receu bien du contentement.»
106 On donnait alors ce titre à la femme dn chef de l'administration financière. Emmanuel Dyan, frère de Philibert (voir
note (105) ci-dessus) et fils de Marguerite Biscaretto et de Jacques Diano, «maistre general des monnoyes de S. A.,»
fut nommé trésorier et président général des finances de Savoie, par patentes du 21 juillet 1610; il avait épousé
Françoise Perrache.
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4.10 Page 40

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A Madame de la Valbonne.
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
DCCCLXXXV. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie.
Supplique instante en faveur de M. de Charmoisy et de M. du
Noyret. Si le Duc reçoit les plaintes contre les Annéciens,
«sans praejudice des defenses des accusés, Dieu sera obei.»
Annecy, 9 juin 1613.
Monseigneur,
Puysqu'il vous pleut m'accorder la liberté de monsieur de Charmoysi, mon parent107, je
l'attens infalliblement de vostre bonté, laquelle j'ay des-ja supplié tres humblement par quattre
diverses lettres108, d'en avoir la memoire qu'ell'a accoustumé de tenir en faveur de ses tres
obeissans serviteurs, entre lesquelz je suis des plus certains. Monsieur du Noyeret109 aussi est en
la mesm' attente, [23] ayant escrit la lettre de la sousmission (qu'il ne peut jamais rendre asses
grande) laquelle estoit desiree pour cet effect.
Je supplie donques tres humblement Vostre Grandeur, Monseigneur, de m'exaucer pour
l'un et pour l'autre, et de recevoir la multitude des plaintes que, par artifice, pourront estre faites
contre tous ses sujetz de cette ville, sans praejudice des defences et legitimes allegations des
accusés. Car ainsy, Dieu sera obei et respandra, selon mon continuel desir, ses plus cheres graces
sur Vostre Grandeur, a laquelle faysant tres humblement la reverence, je suis en toute fidelité,
Monseigneur,
Tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le 9 juin 1613.
A Monseigneur
[Monseigneur] le Duc de Genevois,
de Nemours et de Chartres.
Revu sur l'Autographe qui se trouvait à Lyon, chez les RR. Pères Jésuites,
rue Sainte-Hélène. [24]
107 Cf. ci-dessus, pp. 5, 10.
108 Ces lettres ne nous sont pas parvenues.
109 Noble et spectable Jacques Pelard, seigneur du Noyret, d'Epagny, de Serraval, coseigneur de la Val des Clets, etc.,
docteur ès-droits, fils d'Angélique de Genève de Boringe et de Henri Pelard, seigneur du Noyret, maître à la Chambre
des Comptes de Genevois. Il avait épousé (contrat dotal du 19 janvier 1577) Lucrèce de Lambert. Conseiller du duc
de Genevois, maître auditeur à la Chambre des Comptes, puis président le 23 juillet 1603, M. du Noyret n'en fut pas
moins impliqué plus tard dans l'affaire des «bastonnades1», et partagea la disgrâce de M. de Charmoisy. Il fut libéré
avant le 4 octobre 1613 (voir ci-après, la lettre de cette date au duc de Nemours); mais, comme il comptait dans le
Conseil secret du prince, des ennemis acharnés, ses tribulations durèrent encore de longs mois après la fin de son
internement. Le 3 août 1614, le Saint écrivait qu'il était «apres a demesler le reste de son affaire,» sans pouvoir en
venir à bout. (Lettre au comte de Tournon.) M. du Noyret mourut à l'âge d'environ soixante-quinze ans, et fut inhumé
à Notre-Dame d'Annecy, le 6 août 1622.
1 Voir le tome précédent, note (930), p. 327, et p. 356. La famille Pelard était propriétaire de la moitié de la ferme du
prieuré de Talloires. Cette particularité expliquerait les relations de M. du Noyret avec l'abbé commendataire, et les
hostilités de Berthelot contre lui.
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5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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DCCCLXXXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Les
voyageuses de Lyon et les préliminaires d'une fondation. Le
P. Grangier. Un visiteur attendu.
Annecy, [vers le 10] juin 1613110.
Ma chere Mere,
Faites voir, je vous prie, ces lettres a nostre madame des Gouffier, et les voyes vous mesme;
c'est affin qu'elle considere si je dis bien au P. Grangier selon ce qui s'est passé111.
La jeune damoyselle de Lion112 desire encor de me [25] parler, ainsy que M. Michel113 m'a
dit. J'irois tres volontier la, pour luy gaigner la peyne de venir et pour me gaigner le contentement
de vous voir; mais j'attens M. Berthelot, et ne sçai l'heure quil viendra. Si cependant elle venoit, je
luy parlerois ou devant ou apres, pourveu qu'ell' eut un peu de patience, car l'affaire de M. Berthelot
veut un peu de loysir114 et je desire le luy donner.
Mays bonsoir, ma tres chere et tres bonne Mere. Amen.
110 Arrivées en Savoie le 27 ou le 28 mai (voir ci-dessus, note (82), p. 15), les dames de Lyon, à l'exception de Mme
des Gouffiers, repartirent d'Annecy dix ou douze jours après. Quand ces lignes furent écrites, les voyageuses étaient
à la fin de leur séjour; les lettres toutes prêtes pour le Jésuite lyonnais (voir la note suivante), la dernière visite de «la
jeune damoyselle», tout le donne à comprendre. La date approximative de ce billet se déduit de ces circonstances et
de quelques autres qu'il serait trop long d'énumérer.
111 Le P. Pierre Grangier, né à Dijon en 1570, entra dans la Compagnie de Jésus le 30 juin 1588, fit de brillantes études
littéraires à Lyon, enseigna la grammaire à Dole en 1597, les humanités et la rhétorique à Avignon en 1599. Profès
des quatre vœux le 27 septembre 1609, il se livra à la prédication et à la direction des âmes et décéda au collège
d'Avignon, le 21 octobre 1622. (Cf. Hamy, S. J., Chronologie biogr. de la Province de Lyon, 1582-1762, Paris, 1900.)
Ses supérieurs lui reconnaissaient un bon jugement, de la prudence et des aptitudes pour l'enseignement aussi bien
que pour la prédication et la conduite spirituelle. Il était le directeur de Mme d'Auxerre, qui devint plus tard la fondatrice
du Monastère de Bellecour (voir sa Vie citée plus haut, note (82), p. 15); en cette qualité, le P. Grangier prit une large
part à la fondation. La suite de la correspondance du Saint racontera les toutes premières origines du deuxième
Monastère de la Visitation.
Dans «ces lettres» qu'il envoyait à Mme des Gouffiers, l'Evêque de Genève dut confier au P. Grangierle désir
de celle-ci de rester à Annecy, le pieux espoir que caressaient les dames de Lyon, et les promesses réciproques qui
avaient été échangées entre elles et les deux Fondateurs. «Cette benite troupe,» disent les Annales, «ne sortit d'Annecy
qu'avec regret; Mme d'Auxerre protesta qu'elle y laissait son cœur.» (Hist. de la Fondation du Ier Mtère de Lyon.)
112 «La jeune damoyselle de Lion» est sans doute Marie Bellet, qui avait épousé M. Chaudon, d'Auvergne. D'après la
Mère de Chaugy (Vie manuscrite de Sœur Marie-Renée Trunel), elle «estoit mal avec son mari et en estoit separee;»
Mme d'Auxerre la «norrisoit avec elle comme sa fille, l'ayant adoptee pour cela.» Animées toutes deux des mêmes
désirs de vie religieuse, elles firent ensemble le voyage d'Annecy. (Cf. ci-dessus, note (82), p. 15.) La liberté
conditionnelle de Mme Chaudon lui créait une situation délicate; de là, son besoin de recevoir en plusieurs fois les avis
du Saint. A Lyon, elle partagea toutes les vicissitudes par lesquelles dut passer sa protectrice avant d'arriver au terme
de ses pieux désirs, mais ne put prendre avec elle l'habit de la Visitation, le 3 février 1615. Le postulat de l'aspirante
se prolongea plus de deux ans. Dans cet intervalle, son mari étant entré chez les Capucins, elle fut admise à la vêture
(1er avril 1617) et reçut, avec le voile, le nom d'Anne-Marie. Son bonheur fut court. Le novice de Saint-François
n'ayant pu soutenir l'austérité de la Règle, se présentait au monastère de Lyon le 1er janvier 1618 et réclamait son
ancienne compagne; non sans douleur, celle-ci dut reprendre les livrées du siècle et retourner en Auvergne. Elle était
cependant encore à la Visitation de Bellecour le 27 avril de cette même année, et ne dut en sortir que vers juin, après
un noviciat «de quatorze ou quinze mois,» dit la Mère de Chaugy (ubi supra). A Brioude, Mme Chaudon répandit
partout «la bonne odeur de l'Institut,» propageant la piété parmi les jeunes filles, par le moyen de l'Introduction à la
Vie devote. La première, elle conçut le désir de voir la ville ornée d'une Maison de la Visitation, désir qui ne put
néanmoins se réaliser qu'en 1659. (D'après l'Hist. de la Fondation des Monastères de Lyon et de Brioude, et les Lettres
de Ste J.-F. de Chantal, vol. I, Paris, Plon, 1877.)
113 M. Michel Favre, aumônier de saint François de Sales et confesseur de la Visitation.
114 Il est difficile de savoir quelle était l'affaire qui demandait «un peu de loysir;» peut-être, celle des gentilshommes
annéciens calomniés par Berthelot. On se rappelle sans doute que Janus de Sales, frère du Saint, avait eu aussi
beaucoup à souffrir de ses mauvais procédés (cf. le tome précédent, note (930), p. 327, et pp. 362, 363); la lettre du
14 juin au comte de Tournon (voir ci-après, p. 32) montre que le favori du duc de Nemours ne perdait aucune occasion
de faire sentir sa haine au noble chevalier.
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5.2 Page 42

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Revu sur l'Autographe conservé au 1er Monastère de la Visitation de Marseille. [26]
DCCCLXXXVII. A Madame de la Fléchère. Un dépositaire
fidèle. Suspension des hostilités entre la France et la Savoie.
Invitation aux noces de Louis de Sales. Craintes et
espérances à propos de M. de Charmoisy.
Annecy, 11 juin 1613.
Ma tres chere Fille,
Vous estes absolument dame de tout ce qui est en mon pouvoir; tout ce que vous
m'envoyerés sera retiré et gardé soigneusement115. La verité est que je ne croy nullement que
monsieur le Grand de France116 pense a nous attaquer pour le present, puysque Son Altesse est en
suspension d'armes et en projet d'accommodement117, joint que tout le bord du Rosne a esté jusques
a present exempt de soldatesque. Si Dieu nous garde, nous serons bien gardés. Hé, je le supplie,
par sa bonté, qu'il soit nostre protection.
Nous nous attendons au bien de vous voir, en ces noces118, desquelles la presence de
monsieur vostre mari [27] et celle de nostre seur119 et la vostre seront la meilleure consolation que
je puiss' avoir.
Je suis grandement desplaysant de n'avoir encor point l'ordre de la liberté du cher cousin120,
car vous pouves penser comme ce retardement luy est ennuyeux et combien d'imaginations il luy
peut causer. Neanmoins je demeure ferme et tiens asseuré ce qu'on m'a promis, esperant que l'ordre
estant arrivé, l'ennuy de l'attente sera effacé.
Dieu soit a jamais le grand et souverain object de nos affections. Je suis en luy, sans fin ni
reserve,
Vostre plus humble et invariable serviteur et compere,
F., E. de G.
11 juin 1613.
Je salue cherement la seur121 et suis son serviteur. Item, je salue la bonne voysine122.
A Madame
Madame de la Flechere.
115 La destinataire (voir tome XIV, note (40), p. 1), craignant une invasion des troupes, avait sans doute prié le Saint
d'accepter en dépôt dans sa demeure épiscopale des objets de valeur.
116 Roger de Bellegarde (voir le tome précédent, note (833), p. 293).
117 Les prévisions du saint Evêque étaient fondées; la paix ayant été publiée le 27 juin suivant, amena la restitution de
Trino et des autres places du Montferrat au Duc, et Bellegarde, qui était prêt à envahir la Savoie par le Bugey, retira
ses troupes. Cette paix d'ailleurs ne fut guère qu'une trêve, car les clauses du traité qui concernaient l'amnistie en
faveur des transfuges et la mise en liberté de la princesse Marie ne tardèrent pas à être violées. Le 20 août 1614 les
hostilités recommençaient.
118 Les secondes noces de Louis de Sales (cf. tome XII, note (165), p. 95), que son bienheureux frère honora de la
bénédiction nuptiale, avec une grande joie. Par contrat passé à Chambéry le 18 juin 1613, le seigneur de la Thuille
épousa Madeleine Roero de Bressieu, fille d'Emmanuel-Philibert Roero Saint-Séverin, baron de Bressieu, et
d'Ennemonde de la Forest, propre sœur de Mme de la Fléchère. La belle-sœur du Saint mourut en 1657.
S'il faut en croire un historien (De Hauteville, La Maison naturelle de St Fr. de Sales, Paris, 1669, Partie II),
elle était «un peu boüillante,» ses «humeurs étoient promptes et délicates;» mais la douceur débonnaire de son vertueux
mari et son intelligente charité avaient vite fait de prévenir toutes les brouilleries et de mettre partout la paix. Elle lui
survécut «trois ans, avec une vertu tout à fait exemplaire;» le Saint avait pour Mme de la Thuille une grande estime.
119 Mme de Bressieu, belle-mère de Louis de Sales, laquelle sera destinataire en 1616.
120 M. de Charmoisy (voir Lettres DCCCLXXXV, DCCCLXXXIX, DCCCXC).
121 Voir note (119) ci-dessus.
122 Cette «voysine» serait-elle Mme de Mieudry? (Voir tome XIV, note (260), p. 85.)
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5.3 Page 43

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A Rumilly.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Bruxelles. [28]
DCCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal (Fragment inédit).
«Fraische rosee» et «tempeste» ; l'odeur des œillets sur la fin de
la journée.
Annecy, [vers le 14 juin] 1613123.
124Nicephore. En somme, le matin m'a esté comm'une fraische rosee, et cet apres disner
j'auray la tempeste. Bienheureux si, sur le tard, je puis ressembler a vos œilletz, car leur odeur
s'affine et s'augmente en suavité sur la fin de la journee. Hé, Dieu nous face la grace que, tirans
tous-jours plus du costé de nostre vespre, nous croissions devant Dieu en odeur de suavité. Amen.
Le bon soir a la dame de Gouffier.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Paray-le-Monial.
DCCCLXXXIX. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie
(Inédite). Raisons nouvelles présentées au prince en faveur de
MM. de Charmoisy et du Noyret. Le Saint intercède aussi
pour des gentilshommes bourguignons et déclare ne craindre
nullement ses calomniateurs.
Annecy, 14 juin 1613.
Monseigneur,
La nouvelle peyne en laquelle le sieur de Charmoysi se treuve a cause du danger de peste
qui l'environne, [29] ains le presse dedans sa mayson mesme125 me fait encor une fois supplier tres
humblement Vostre Grandeur de m'envoyer l'ordre quil vous a pleu, Monseigneur, de m'accorder
pour sa liberté, affin qu'il puisse au plus tost s'oster de cette mayson suspecte et, apres sa
quaranteyne, s'esloigner de ces perils.
123 L'écriture de ce fragment ne contredit pas la date; la présence de Mme des Gouffiers à Annecy et le rapport de «la
tempeste» avec certains passages des deux lettres suivantes semblent la confirmer.
124 L'Autographe a été mutilé. Le nom de «Nicephore» ferait croire que, dans la matinée, le Saint avait pu travailler
au Traitté de l'Amour de Dieu. (Voir liv. X, chap. VIII, tome V de notre Edition, p. 192.) Ecrire sur un tel sujet, était
pour lui une occupation délicieuse.
125 La peste, en effet, avait éclaté dans le Faucigny et dans le Chablais. Les Registres de plus d'une paroisse de ces
deux régions font mention du fléau, de ses ravages, et aussi des manifestations touchantes de piété que suscita en ces
quartiers la foi populaire. (Cf. Mém. de l'Acad. Sales., tome XI, pp. 110, 111.) A Thonon, les cérémonies solennelles
du baptême de plusieurs enfants nés en mai-juin 1613, ne purent se faire que six ou huit mois plus tard, à cause de la
contagion. (Reg. par.)
La résidence qui servait de prison à M. de Charmoisy était à deux kilomètres de Thonon. (Cf. le tome
précédent, note (1063), p. 371.)
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5.4 Page 44

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Le bonhomme monsieur du Noyeret126 a quelque opinion, et moy aussi, que Vostre
Grandeur n'ayt pas receu la lettre de sousmission moyennant laquelle elle m'avoit gratifié de le
vouloir eslargir, et ses enfans, puisqu'il n'a point encor la jouissance de cette faveur127; c'est
pourquoy il a derechef escrit la ci jointe, laquelle, en son nom, je presente a Vostre Grandeur, avec
tres humble supplication que je vous fay, Monseigneur, de l'exaucer et moy aussi.
Ces gentilshommes bourguignons pour lesquelz je fis encor pareille demande a Vostre
Grandeur128, attendent aussi les effectz de la bonne volonté qu'elle me tesmoigna pour leur regard,
et meritent d'autant plus de les recevoir, qu'ilz ne les desirent que pour la jalousie qu'ilz ont de
pouvoir sans contradiction porter par tout le nom de tres humbles serviteurs de Vostre Grandeur,
puisque [30] soudain qu'ilz auront sa faveur, ilz se retireront en leurs pais, sinon que quelque digne
service de Son Altesse ou de Vostre Grandeur les retint; auquel cas, ilz tesmoigneroyent bien le
tort qu'on a eu de les accuser de manquement de respect et d'honneur envers elle, a laquelle ilz font
speciale profession de tres humble affection, et sont de telle qualité et condition qu'ilz sont dignes
d'estre estimés.
Et quant aux artifices par lesquelz, aforce deseplaindre, on voudroit faire treuver mauvaise
l'intercession que j'ay faite pour tant de gens, je ne les crains nullement; car je sçai que Vostre
Grandeur ne se laissera point surprendre par telles ruses, et moyennant cela, je suis trop asseuré de
luy faire tous-jours paroistre la sincerité et equité de mes remonstrances et supplications. Et tandis,
je persevere a souhaiter que Dieu comble de prosperité
Vostre Grandeur, delaquelle je suis infiniment,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIIII juin 1613, a Neci.
A Monseigneur
Monseigneur le Duc de Genevoys,
de Nemours et de Chartres.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Bourg-en-Bresse.
DCCCXC. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Un cadeau du
Saint. Les plaintes de Berthelot contre Janus de Sales, sujet
de mortification pour l'Evêque.
Annecy, 14 juin 1613.
Monsieur,
Je vous remercie de la part qu'il vous plait me faire de vos nouvelles, que je mesnageray
tous-jours le plus [31] discrettement que je pourray. Vous aures les primices du vin grec de
126 Jacques Pelard, seigneur du Noyret (voir ci-dessus, note (109), p. 23).
127 La première lettre de soumission qui devait apaiser les tenaces rancunes du prince de Nemours lui avait été adressée
avant le 9 juin précédent. (Voir ci-dessus, Lettre DCCCLXXXV.) Les enfants du président, consignés avec lui, étaient:
Jean-Jacques, seigneur du Noyret, gentilhomme de la Chambre du duc de Nemours, Angelon-Bérard, seigneur de
Serraval, et Marin, seigneur d'Epagny. Marguerite-Suzanne, sa fille, mariée en 1612 (contrat dotal du 20 avril), ne
devait plus habiter la maison paternelle.
128 Les Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy signalent plusieurs émeutes locales qui se firent en 1613 contre les
Français résidant en Savoie, à l'occasion de la guerre du Montferrat. D'honorables personnages ayant été victimes de
ces soulèvements, avaient dû être livrés à la justice du duc de Nemours; voilà pourquoi le saint Evêque s'intéresse à
eux.
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5.5 Page 45

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Monpelier129, lesquelles, puysque j'avois destinees a monsieur le Marquis de Lans, nostre
gouverneur general130, se rencontreront a propos entre vos mains pour luy estre donnees, bien que
je ne me veuille pas pour cela exempter de luy envoyer les secondes traittes, desquelles aussi, peut
estre, reciproquement vous fera-il part.
Mes freres sont tous vos serviteurs et se rendront tous-jours pour vous suivre par tout; mais
voyla Bernardet qui me dit qu'il n'est plus tems pour ce coup131, puysque Son Excellence part
soudain apres disné, estant arrivee des ce soir passé132.
Je suis sans nouvelles de monsieur de Charmoysi nostre cousin, et ce sont bonnes
nouvelles, car sil y en avoit d'autres je serois adverti. Or, j'attens tous les jours l'ordre de sa liberté
que Monseigneur de Nemours m'a promis133; c'est pourquoy je ne luy envoye point jusques a ce
que je l'aye. A ce propos, on m'a dit que le sieur Bertelot avoit fait faire des grandes plaintes contre
mon frere le chevalier134 a Son Excellence, mays il se treuvera que c'est a tort et pour des
frivoleries: comme de ne le saluer pas, non plus qu'il n'est pas salué de luy, et semblables choses
indifferentes et dont les plaintes peuvent estre reciproques, quoy que non egales en l'inegalité des
personnes. Nous sommes icy en occupation pour telles petites observations, et cela me tient lieu
de [32] mortification, car en verité, j'aurois bien d'autres choses a faire qui seroyent plus utiles.
Je prie Dieu quil vous comble de benedictions, et suis sans fin,
Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIIII juin 1613, a Neci.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise Pensa, à Turin.
DCCCXCI. A Madame de Travernay135. Remerciements à la
destinataire ; affection de sa fille pour le Saint.
Annecy, 15 juin 1613.
Ma tres chere Fille,
Ce n'est que pour vous remercier bien simplement que je vous escris ce billet, me sentant
extremement obligé dequoy vous aggrees si fort mes lettres et l'affection que je porte a vostre ame,
a laquelle en verité je souhaite toute sainte consolation et perfection.
Je fay un mot de response a la bonne madamoyselle des Crilles136, puisqu'il vous plaist de
l'envoyer.
129 Cf. le tome précédent, p. 345, note (975), et pp. 371, 372.
130 Sigismond d'Est (voir ibid., note (158), p. 48, et note (162), p. 49).
131 Le comte avait sans doute invité les frères du Saint à venir le voir à Rumilly; mais le départ précipité du marquis
de Lans et les obligations militaires de Bernard de Sales, les empêchaient de faire cette visite de courtoisie.
132 Le duc de Savoie, apprenant que par ordre de Marie de Médicis, trois corps d'armée allaient pénétrer en Savoie
sous la conduite de Lesdiguières, du duc de Guise et de Bellegarde, commanda au marquis de Lans de faire de
nouvelles levées de troupes pour défendre les frontières de France. Le 12 juin, celui-ci enjoignait aux syndics de refaire
«les rateaux et corps de garde des portes de la ville,» (Reg. des Délib. municip., vol. 33) et le 14, après avoir passé
rapidement à Annecy, le gouverneur repartait vers Rumilly. (Ibid.)
133 Voir ci-dessus, Lettres DCCCLXXXV, DCCCLXXXVII, DCCCLXXXIX.
134 Janus de Sales, chevalier de Malte (voir le tome précédent, note (1024), p. 362, et ci-dessus, note (114), p. 26).
135 Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay. (Voir tome XIV, note (955), p.
332.)
136 Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, belle-sœur de la destinataire. (Voir le tome précédent, note (790), p. 278.)
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La petite chere filleule137, comme je pense, a quelque ressentiment secret de l'amour que je
luy ay, puisqu'elle [33] me cherit si fort. Dieu la rende si brave et si bonne que vous en ayes le
contentement que vous en deves esperer.
Je suis de tout mon cœur et sans fin,
Ma tres chere Fille,
Vostre tres humble et tres affectionné
serviteur et compere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 15 juin 1613, a Neci. A Madame de Trevernay.
137 Anne-Françoise, fille cadette de Mme de Travernay. (Voir ibid., note (945), p. 332.)
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DCCCXCII. A une personne inconnue138 (Fragment). Oraison
funèbre de la première des filles du Saint, qui alla voir au Ciel
ce que Dieu préparait aux autres.
Annecy, [18-20] juin 1613139.
Madame de Chantal confia samedi a la terre le cors de la pauvre chere petite Seur Roget140,
fille tres [34] aymable, tres vertueuse et tres aymee dans sa Congregation, et l'esprit de laquelle,
comme je croy, fut retiré au Ciel le jour precedent, car c'estoit une petite ame toute pure. Je luy
conferay ses derniers Sacremens, mais je n'eus pas la consolation de la voir expirer; et certes, c'eust
esté avec suavité que j'eusse receu les derniers souspirs de cette premiere de mes filles qui est allee
voir au Ciel ce que Dieu reserve et prepare aux autres.
Je vous prie de prier pour elle, encor que je croy qu'elle prie pour nous
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastere
de la Visitation d'Annecy.
138 Rien ne prouve, comme Migne l'a proposé (tome VI, col. 1293), que le destinataire soit un ecclésiastique.
L'annaliste qui cite ces lignes, ne dit pas à quelle personne elles furent adressées, et de fait, elles ont pu être écrites
aussi bien à l'un des amis du Saint qu'à l'une de ses filles spirituelles.
139 Le samedi, jour de l'inhumation de la Sœur Roget (voir le tome précédent, note (307), p. 106), tombait le 15 juin
1613; si ce fragment avait été écrit le lendemain ou le surlendemain, le Bienheureux aurait dit «hier» ou «avant-hier»,
au lieu de «samedi»; d'où la date proposée.
140 L'angélique malade édifia merveilleusement, dans les derniers jours de son agonie, les dames qui étaient venues de
Lyon. Avec une sainte naïveté, les Sœurs, «la voyant si bien mourir,... la chargeoient de leurs commissions pour le
Ciel, qu'elle acceptoit avec une nompareille suavité.» Cette jeune innocente «rendit sa benite ame avec un seul petit
souspir,» le 14 juin 1613, âgée de dix-huit ans. Comme le monastère n'était pas encore bâti, les PP. Dominicains
«vindrent querir le corps avec beaucoup de solannité» et l'inhumèrent dans leur église, au «costé droit du grand autel,»
assurant «par apres, avoir senti en la portant en terre et apres son enterrement, une odeur tres suave et delicieuse. Ainsy
cette petite violette respandit sa douce odeur en toute façon, devant Dieu et les hommes.» (Vie manuscrite de la Saur
Roget, par la Mère de Chaugy.)
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5.8 Page 48

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DCCCXCIII. A la Mère de Chantal (Fragment). Effusions et
souhaits de piété à l'occasion de la fête de saint Jean-Baptiste.
Panégyrique du Précurseur.
Annecy, 23 ou 24 juin 1613-1614141.
Je prie Nostre Seigneur, qui est l'Aigneau que nostre grand saint Jean nous monstra142, qu'il
vous reveste toute de la tres sainte laine de ses merites, ma tres chere [35] Mere, ma Fille. O Dieu,
quelle admirable pureté de cœur, quelle indifference a toutes choses en cet admirable ange humain,
ou homme angelique, qui semble n'aymer quasi pas son Maistre pour l'aymer davantage et plus
purement. Je ne sçay comme il eut le courage de demeurer en son desert apres qu'il y eut veu son
Sauveur et qu'il l'eut veu s'en aller de la. Il continue neanmoins ses predications, et, d'une sainte
dureté, il ne se laisse point vaincre a la tendreté et suavité de l'amour de la presence de son
souverain Bien; mays, avec un amour austere, constant et fort, il le sert en absence pour son amour.
Dieu et le grand saint Jean vous veuillent visiter en la douceur de leurs consolations, avec
toutes nos filles.
FRANÇS, E. de Geneve.
DCCCXCIV. A Madame d'Aiguebelette143. Saint François de
Sales n'est pas insensible aux petites marques d'une sainte
amitié. Le désir et les effets des vertus. Bonnes nouvelles
de Mme de Charmoisy.
Annecy, 24 juin 1613.
Ma tres chere Fille,
Ce m'a esté une lettre bien douce que celle que vous m'aves envoyee pour tesmoignage du
contentement que vous avés de mon retour144; car bien que je ne puisse jamais douter de vostre
sainte amitié, si est ce que ces petites marques me sont aggreables. Vous aves tous-jours esté en
ma memoire, mais sur tout es lieux pieux que j'ay visité. Maintenant que vous estes, comme vous
[36] dites, en solitude, je vous prie, ayes bien reciproquement souvenance de moy, affin quil plaise
a Nostre Seigneur me donner les effectz des vertus desquelles il m'a donné le desir.
Je receu il y a trois jours une lettre de la petite cousine145, qui a rencontré autant de bonheur
dela, que son mari de rigueur par deça. Elle me prie fort particulierement de vous saluer de sa part,
141 Ce fragment sert de conclusion, dans l'édition de 1626, à une lettre écrite à l'occasion de la fête de saint Jean-
Baptiste; or, l'Autographe de celle-ci, conservé à la Visitation de Poitiers, que l'on peut dater avec certitude du 23 juin
1619, ne renferme pas les présentes lignes. Il y a eu donc substitution arbitraire, en vue de l'édification des lecteurs.
Hérissant, le premier (1758), et les éditeurs venus après lui, ont bien publié le texte complet de ladite lettre d'après
l'original, mais en y intercalant le fragment interpolé par les éditeurs de 1616. Ce fragment, que nous reproduisons ici,
appartient à une autre lettre adressée à la Mère de Chantal pour la fête du saint Précurseur. (Cf. tome XIV, note (67),
p. 14.) L'appellation de «ma tres chere Mere, ma Fille» permet de le placer en 1613 ou en 1614.
142 Joan., I, 29, 36.
143 Françoise-Melchionne du Four, dame de Chabod-Lescheraine et d'Aiguebelette (voir tome XIV, note (1134), p.
393).
144 Du voyage de Turin-Milan. (Voir ci-dessus, les Lettres DCCCLXXIII, DCCCTXXV, DCCCLXXVIII.)
145 Mme de Charmoisy. A Paris, elle se vit entourée d'égards et de témoignages de sympathie; les amis du Saint se
multipliaient pour défendre ses intérêts et la réconforter. Des Hayes écrivait au prisonnier de Marclaz, le 8 juin 1613:
«J'aurai le même soin que vous auriez de ma femme, si elle était par delà; sa vertu et son mérite sont cause que je ne
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5.9 Page 49

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et je le fay en vous saluant moy mesme de la part de mon cœur qui vous souhaite mille et mille
benedictions, comme fait Mme de Chantal.
Je suis sans fin, tout parfaitement vostre.
Madame,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le XXIV juin 1613.
A Madame d'Aiguebelette.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à la Visitation d'Annecy.
DCCCXCV. A la Mère de Chantal. L'impatience de Celse-
Bénigne en arrivant chez le Saint. Recommandations de
celui-ci à la Mère de Chantal ; charité et délicate discrétion de
l'Evêque à l'égard de la mère et de son fils.
Annecy, fin juin ou commencement de juillet 1613.
Ce sera moy, si je puis, qui le premier vous annonceray, ma tres chere Fille, l'arrivee du
bienaymé Celse [37] Benine146. Il vint hier au soir tout tard, et nous eusmes de la peyne a le retenir
de vous aller voir dans le lit, ou vous esties toutes indubitablement.
Que je suis marri de ne pouvoir estre tesmoin des caresses quil recevra d'une mere
insensible a tout ce qui est de l'amour naturel, car je croy que ce seront des caresses terriblement
mortifiees. Ah! non, ma chere Fille, ne soyés pas si cruelle. Tesmoignes luy du gré de sa venue, a
ce pauvre jeune Celse Benine; il ne faut pas faire ainsy tout a coup, des si grans signes de cette
mort de nostre naturelle passion.
Or sus, je vous iray voir, si je puis, mays sobrement; car aupres d'un objet si aymable, nous
ne sçaurions pas bonnement estre visibles.
Dieu soit nostre tout, car l'amitié descend plus qu'elle ne monte. Je me contenteray de ne cesser
point de vous cherir autant comme ma fille, que vous le cherires comme vostre filz; et si, je vous
desfie de faire mieux que moy ce mestier147.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans. [38]
lui rends pas les services que je désirais, obligeant, comme elle fait, chacun à rechercher l'occasion de la servir.» (J.
Vuÿ, La Philothée de S. Fr. de Sales, II (1879), p. 129.)
146 Celse-Bénigne venait chercher sa mère pour l'accompagner en Bourgogne, où elle devait régler des affaires d'intérêt
laissées en suspens par la mort récente de son beau-père, le baron Guy de Chantal. (Voir tome XIII, note (921), p.
341.) Le jeune homme dut arriver en Savoie vers la fin de juin ou au commencement de juillet, car le 8 de ce mois il
était à La Thuille. (Voir ci-après, Lettre DCCCXCVIII.) L'objet de cette lettre en fixe approximativement la date.
147 Le dernier mot, écrit en marge de l'Autographe, étant très oblitéré, est donné ici sous toute réserve; il semble
néanmoins convenir à l'allure de la lettre.
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5.10 Page 50

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DCCCXCVI. A la Duchesse de Mercoeur148 (Inédite). Un grand
Saint qui a vécu à la façon des anciens Evêques Envoi de ses
reliques.
Annecy, 6 juillet 1613.
Madame,
La commodité d'une si digne porteuse m'a donné le courage de vous presenter des reliques
que j'ay aportees de Milan, du grand saint Charles Borrhomee, saint qui a vescu en ce mesm'aage
auquel nous sommes, mais a la façon de ces anciens Evesques sous lesquels l'Eglise a tant fleuri.
Je ne pouvois pas, ce me semble, vous offrir chose plus aggreable, Madame, ni qui tesmoignast
mieux a Vostre Grandeur qu'en mon voyage j'ay eu memoire de recommander a la divine Majesté
vos vœux et souhaitz par l'intercession de ce grand Serviteur de sa gloire.
Ainsy, pour mille grandes obligations que j'ay, je veux continuer toute ma vie a reclamer
la grace et Bonté caeleste sur vous, Madame, et demeurer invariablement,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VI julliet 1613, a Neci.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Manaud, à Marseille. [39]
DCCCXCVII. A M. Claude de Blonay. Entremise charitable du
Saint pour hâter la conclusion d'une alliance.
Annecy, 8 juillet 1613149.
Monsieur,
Autant que je puis connoistre, il m'est advis que vous pouves et deves venir,
puysque monsieur d'Avise150 continue en sa parole et la damoyselle en la correspondance de son
amour151. Ell'est a la Thuille, ou nostre Jaques152 la va treuver, sinon que par fortune elle vint
148 Les «mille grandes obligations» du Saint envers la destinataire semblent désigner des services matériels. La terre
de Thorens, vendue par la duchesse de Mercœur aux frères de François de Sales, n'était pas encore payée (cf. le tome
précédent, note (1032), p. 364). Cette allusion fait croire que la lettre s'adresse à Marie de Luxembourg (voir tome
XII, note (198), p. 111); les termes cérémonieux et l'attention délicate du Bienheureux confirment cette conjecture.
149 Par les allusions de ce billet, qui correspondent à celles de la lettre suivante, on voit qu'il a été écrit le même jour.
150 Nicolas, baron d'Avise, fils de Jean, seigneur d'Avise, Planaval, Livrogne, etc., et de Marguerite de Marnix,
descendait d'une vieille et noble famille du duché d'Aoste. Il figure parmi les nouveaux avocats au Sénat de Savoie, à
la rentrée du 4 novembre 1567, et devint membre de cette assemblée le 1er septembre 1579. Quand M. d'Avisé mourut,
le 3 octobre 1614, il était «conseiller d'Etat et premier sénateur.» (Mugnier, Reg. des Entrées du Sénat, Ire Partie.) Sa
première femme, Françoise Rolin, ne lui donna pas d'enfants; il en eut trois, Prosper, Marie, Gasparde, de la seconde,
Antoinette de la Forest, laquelle était sans doute décédée à la date de cette lettre, car le Saint ne dit rien de la mère,
quand il parle du mariage de sa fille Marie. (Cf. le tome précédent, note (926), p. 325.)
151 La fiancée de Jacques de Blonay était Marie d'Avise. Son contrat de mariage est daté du 24 octobre 1613; les noces
durent être célébrées vers le 15 novembre suivant, car le 16, Mme de la Fléchère accompagnait «l'espousee» en
Chablais. Celle-ci étant veuve, teste au château de Blonay, le 22 mai 1658.
152 Par son alliance avec la précédente, Jacques de Blonay, fils du destinataire et de Louise de Livron, coseigneur de
Saint-Paul, Bernex et Maxilly, devint baron d'Avise. Deux de ses filles entrèrent à la Visitation, l'une i Thonon, l'autre
à Chambéry.
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6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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aujourdhui icy, ou ell'a envie de venir voir la ville avec madame de la Thuille153 et sa seur154, sous
praetexte neanmoins de voir la Visitation. [40]
Vous sçaures toutes autres nouvelles par monsieur l'Abbé155 et par la lettre de Jaques, lequel
est esperdument amoureux, et qui le voudroit ouïr, il seroit occupé jour et nuit au discours de sa
passion. Je pense que quand plus tost la chose s'achevera, tout en ira mieux.
Dieu nous soit a tous favorable. Je suis en luy,
Monsieur,
Vostre plus humble tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur,
Monsieur de Blonnay.
A Sie.
Revu sur l'Autographe conservé au château de Marin (Chablais),
Archives de Blonay. [41]
153 Madeleine Roero de Bressieu, cousine-germaine des demoiselles d'Avise, qui venait d'épouser Louis de Sales,
seigneur de la Thuille. (Voir ci-dessus, note (118), p. 27.)
154 Baptisée le 19 juillet 1593 dans l'église de Saint-Léger à Chambéry, Gasparde d'Avise (voir note (151) ci-dessus),
«grandement estimee pour sa vertu, et des mondains pour sa beauté,» refusa l'alliance de Louis de Sales. A la suite
d'une Communion reçue de la main de l'Evêque de Genève, celui-ci, «soudain apres la Messe, hurta a la grille et dit a
nostre bienheureuse Mere: Nostre Seigneur m'a acordé, en communiant, nostre chere Gasparde, madamoyselle
d'Avisé.» (Livre du Couvent, du 1er Monastère d'Annecy.) «Cela fait un peu. de mal au cœur des» partisans du siècle,
écrivait-il plus tard, «mais il ny a remede, il faut que Nostre Seigneur soit servi.» (Lettre à la Mère Favre, décembre
1615.) Elle entra à la Visitation d'Annecy vers le 8 juillet 1616 et reçut le voile le 8 septembre suivant. Le 29 septembre
1617 eut lieu pour elle et deux autres Sœurs la cérémonie de l'oblation; le saint Fondateur en fut l'officiant et
commenta, par des remarques aussi savoureuses qu'instructives, en les appliquant aux Anges et aux Novices, un
épisode de la Genèse. (Voir tome IX, p. 100.) Sœur Marie-Gasparde d'Avise rejoignit la Mère de Chantal à Paris
(juillet 1620), en repartit avec elle le 21 février 1622, pour rentrer à Annecy en janvier 1623. Le 13 janvier 1624, elle
fut choisie pour la fondation du Monastère de Chambéry, qu'elle gouverna d'abord en qualité de commise dès le mois
de juin suivant, puis de supérieure (septembre 1625-juin 1629). Revenue au IER Monastère en 1636, elle y décéda le
13 janvier 1649. Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, dont elle fut secrétaire, la tenait pour «une fille d'un grand et
solide conseil» et ne la chérissait pas moins que le Bienheureux. Parmi ses vertus, il convient de signaler son amour
pour la vie commune, son aversion sincère pour les charges, sa simplicité et son ouverture de cœur à l'égard des
Supérieures. (Voir sa Vie dans l'Année Sainte de la Visitation, tome Ier, p. 314.)
155 Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance (voir tome XIII, note (165), p. 48).
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6.2 Page 52

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DCCCXCVIII. A Madame de la Fléchère. Nouvelles, messages
; envoi de reliques de saint Charles Borromée.
Annecy, 8 juillet 1613.
Ma tres chere Fille,
J'ay receu le livret ainsy que vous l'avés donné a cette bonne fille; je vous le rendray fort
fidelement de la mesme sorte, car, nous en sommes fort resoulus, il ny a rien de reservé en nous
que nous ne voulions estre pour sa divine Majesté.
La bonne madame de Chantal part dans huit ou dix jours, pour terminer finalement toutes
les affaires qu'elle peut jamais avoir en Bourgoigne156. Je suis bien ayse qu'elle aille, soit pour
revenir, soit aussi157... Son filz est a la Thuille158, mays qui reviendra aujourd'huy. M. de
Blonnay159 est icy, qui y va voir sa maistresse160, et je luy donneray vostre lettre pour la chere
seur161.
Je n'ay pas eu loysir de voir nostre Visitation despuis vous162, parce que M. d'Abondance163
ne fait que de partir tout maintenant, lequel a logé ceans.
Je vous envoye encor des devotions de saint Charles; [42] les reliques sont de l'epoque que
je vous dis. Et moy je suis incomparablement tout vostre, et
Vostre plus humble, tres affectionné
compere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
8 julliet 1613.
Je salue monsieur vostre cher mari et la voysine164.
156 La Sainte partit le 16 juillet. (Cf. ci-dessus, note (146), p. 38, et ci-après, note (174), p. 45.)
157 Ici, un ou deux mots manquent au texte publié par Datta, tome II, p. 96; il est difficile de les suppléer.
158 Voir ci-dessus, note (146), p. 38.
159 Jacques de Blonay (voir note (152), p. 40).
160 Marie d'Avise, sa fiancée (voir la lettre précédente).
161 Sans doute Mme de Bressieu qui, après le mariage de sa fille Madeleine, (voir plus haut, note (118), p. 27), était
allée très probablement l'installer dans sa nouvelle résidence.
162 Mme de la Fléchère, venue à Annecy pour assister aux noces de sa nièce avec Louis de Sales (voir Lettre
DCCCLXXXVII, p. 27), avait dû faire une halte de plusieurs jours.
163 Vespasien Aiazza, mentionné dans la lettre précédente.
164 Peut-être Mme de Mieudry (cf. ci-dessus, p. 28).
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6.3 Page 53

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DCCCXCIX. Au Pere Pierre de Berulle, Oratorien165. Le Saint
recommande au Fondateur de l'Oratoire le porteur de la présente
lettre, et le prie de l'agréer dans son Institut, pour ses rares
qualités.
Annecy, 11 juillet 1613166.
Monsieur,
Ce porteur167 est un des plus doux, sinceres et purs espritz que j'aye rencontré il y a long
tems; son affection au service de Dieu et de l'Eglise est grande. Son talent est fort sortable a cela,
car il presche fort joliment et tres devotement. Des quelque tems en ça, il a esté inspiré de se retirer
a l'abry de quelque Congregation, et la vostre luy est pour objet a cett'intention. Je l'accompaigne
de ma supplication envers vous, affin qu'il [43] vous playse le recevoir avec cette charité qui vous
a consacré au service de Dieu des vostre jeunesse et que je prie Dieu ne vous abandonner jamais.
Ou je suis extremement trompé, ou vous treuveres un esprit aggreable en ce bon
personnage, lequel vous recommandant derechef, et moy en vos saintz Sacrifices, je demeure sans
fin168……………………………………………………………………………………………….
A Monsieur
Monsieur de Berulle.
A Paris.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, au Carmel
de la rue Denfert-Rochereau.
165 Voir tome XII, note (350), p. 155.
166 La date autographe manque, mais elle a été écrite au verso, de la main d'un contemporain. On peut hésiter à la
lecture entre 1613 et 1615; toutefois, un fragment de cette même lettre, inséré dans un ancien Ms. conservé à Paris
(Archiv. Nat., M. 234), porte la date de 1613. Celle-ci doit être la vraie, car l'objet de ces lignes montre qu'elles ont
été tracées le même jour que la lettre suivante, laquelle ne peut être de 1615. (Voir ci-après, note (170) de la même
lettre.)
167 Des recherches nombreuses pour découvrir le nom du porteur, «grand serviteur de Dieu,» (voir la lettre suivante)
n'ont pas abouti jusqu'à présent.
168 Le bas de l'Autographe ayant été coupé, les clausules finales et la signature ont disparr.
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6.4 Page 54

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CM. A M. Nicolas de Soulfour169 (Fragment). Affectueux intérêt
de l'Evêque de Genève pour l'Oratoire. Grands éloges d'un
ami qui désirait entrer dans cette Congrégation.
Annecy, 11 juillet 1613170.
Vous m'eussies consolé, en passant a Chamberi, de me dire des nouvelles et particularités
de la Congregation que j'affectionne et de laquelle la naissance me donne mille contentemens. Et
cependant, Monsieur, voyla le sieur de N., mon grand amy, mays, ce qui importe, grand serviteur
de Dieu, homme doux, gracieux, humble, fort sincere, fort gentil et devot praedicateur, [44] qui va
offrir sa vie et son service a la Congrégation171. Je l'ay recommandé a monsieur de Berulle172, mais
je le vous confie et a vostre Chapitre………………………………………………………………
XI julliet 1613.
A Monsieur de Soulfour.
Revu sur une ancienne copie conservée à Paris, Archives Nationales, M. 234.
CMI. A Madame Bourgeois, Abbesse du Puits-d’Orbe173. Une
messagère qui vaut mieux que la meilleure lettre.
Témoignages de cordial dévouement.
Annecy, 16 juillet 1613.
Ma tres chere Seur, ma Fille,
Ce billet n'est que pour vous advertir que nostre bonne seur de Chantal est la meilleure et
plus grande lettre que je vous puisse envoyer174, car elle vous peut dire toutes choses et parler de
mon cœur envers vous comme du sien mesme. Elle me rapportera dedans le sien tout ce [45] que
vous luy confierés. Je vous prie aussi de luy bien confier, car il y a si long tems que je ne voy rien
de vostre cœur, que le mien en est mortifié.
Croyés bien cette chere seur, sur tout quand elle vous asseurera que je suis plus
parfaitement vostre que chose du monde, car je le suis en verité. Je ne prie point sans vous, je ne
celebre point sans vous; et si, je ne le dis pas par vantance, car je m'y sens infiniment obligé.
169 Voir tome XII, note (207), p. 116, et tome XIII, note (776), p. 284.
170 Cette date est confirmée par le voyage du destinataire qui, après un séjour prolongé à Rome, venait d'arriver en
France, et par les commencements de l'Oratoire auxquels le Saint fait allusion. (Cf. tome XIII, note (776), p. 284, et
ci-après, la lettre du 10 janvier 1614 au même.)
171 Voir ci-dessus, note (167), p. 43.
172 Vid. Epist. praeced.
173 Voir tome XII, note (607), p. 271.
174 Le baron de Chantal venait de mourir à Monthelon dans un âge très avancé; sur l'avis du Saint, la Mère de Chantal
partait pour la Bourgogne le 16 juillet, afin de ne pas laisser péricliter la fortune de ses enfants. Sœur Péronne-Marie
de Chastel et les jeunes barons de Thorens et de Chantal l'accompagnèrent. (Cf. Lettres DCCCXCV et DCCCXCVIII.)
Débrouiller les affaires du défunt ne fut pas une petite besogne pour l'ancienne châtelaine de Monthelon. «Dès le
matin, après ses exercices spirituels, elle ne bougeait d'une salle, entourée de papiers et de paysans; elle demeurait
dans sa dévote gravité et douce force, sans se troubler, sans se passionner et sans élever sa parole une fois plus que
l'autre.» (Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. VIII.) Tout ce chapitre est à lire; on y trouve
représentées au vif l'héroïque charité et la grande sagesse de la Sainte. (Voir à l'Appendice I, le fragment d'une lettre
écrite vers cette époque à saint François de Sales par le P. Mathias de Dole, Capucin.) A son retour de voyage, qui ne
dura que six semaines, elle passa à Dijon et rentra dans son monastère à la fin d'août.
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6.5 Page 55

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Je saluë toute vostre chere trouppe, toutes unies en Nostre Seigneur. Pour monsieur [de
Sauzéa175], je ne sçai s'il est la; je l'embrasse de cœur.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma tres chere et bienaymee Fille, a qui je suis
tout dedié. Amen.
Le 16 julliet 1613.
CMII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Requête du Saint
en faveur de ses frères et de MM. de Charmoisy et du Noyret ;
Dieu exige que le Duc leur rende justice.
Annecy, 19 juillet 1615.
Monseigneur,
Je presente a Vostre Grandeur une requeste pour les fins de laquelle le Conseil de Genevois
a renvoyés mes freres supplians a elle176. La justice et bonté de Vostre Grandeur luy suggereront
qu'elle ne nous peut esconduire en une si juste et civile supplication, qui ne tend qu'a nous
conserver en sa bienveuillance. [46]
J'attens de mesme, Monseigneur, la faveur quil vous pleut m'accorder pour les sieurs de
Charmoysi et du Noyeret177. C'estoit une faveur, mais si juste et raysonnable, que je ne puis croire
que chose du monde me puisse priver du contentement que j'en praetens, ni ceux pour lesquelz je
l'obtins, des fruitz que je leur en ay fait esperer.
Vostre Grandeur, qui est bonne, juste et douce a chacun, ne me sera pas, sil luy plait, ni
aspre, ni rigoureuse. Dieu, tout bon, tout juste et tout doux, exige par ses loix cette grace, cette
justice, cette douceur de Vostre Grandeur, de laquelle il a voulu que je fusse,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant, tres fidele
serviteur et orateur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVIIII julliet 1613, a Neci.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lyon.
175 André de Sauzéa (voir tome XIII, note (741), p. 271, et tome XV, pages 314, 353).
176 Sans doute, le prince avait prêté l'oreille aux plaintes de Berthelot contre Louis de Sales, seigneur de la Thuille, et
Janus, lieutenant de celui-ci (cf. ci-dessus, p. 32); Bernard était absent.
177 Voir ci-dessus, pp. 33, 39, les lettres du 9 et du 14 juin, et ci-après, celle du 4 octobre au duc de Nemours.
55/335

6.6 Page 56

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CMIII. Au Marquis de Lans178. L'Evêque de Genève avise le
gouverneur de Savoie de son retour de Gex, des intentions des
Bernois à l'égard du désarmement et des divers déplacements du
duc de Bellegarde.
Annecy, 31 juillet 1613.
Monsieur,
Comme je vous donnay connoissance de ce petit voyage de Gex179, aussi veux-je donner
advis a Vostre [47] Excellence de mon retour, et qu'hier, environ les trois heures que j'en partis, je
laissay le baillif de Nion180 et quelques autres Bernois qui vindrent prier monsieur le Grand de
France181 de faire revenir ses trouppes182, attendu qu'ilz estoyent asseurés que vous, Monsieur, ne
desarmies point et que les trouppes piemontoises et espagnoles passoyent les mons. A quoy
monsieur le Grand respondit quil les remercioit de l'advertissement, mays qu'avant que rien
remuer, il attendroit M. d'Amanzé183, quil avoit envoyé par deça aupres de Vostre Excellence, pour
apprendre ce qui est du desarmement. Je n'estois pas present quand ceci se passa, mais je le sceu
soudain.
Au reste, il est impossible que ceux qui ont veu lhonneur et le respect que ce seigneur porte
au nom de Son Altesse s'en puisse (sic) taire. Il a couché ce soir a Saint Claude, ce matin il y a fait
ses Pasques184, ce soir il couche a Chatillon; Dimanche il doit estre a Belley185 pour
l'accommodement de quelque difficulté publique, et sa compaignie, qui estoit la derniere demeuree
a Gex, se retire du costé de Bourgoigne. [48]
Je prie Nostre Seigneur quil comble Vostre Excellence de toutes benedictions, et suis,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le dernier julliet 1613.
Monsieur, et quant au sujet de mon voyage, nos ecclesiastiques et catholiques sont
demeurés consolés par l'accommodement que nous avons fait de toutes les difficultés suscitees par
nos adversaires, graces a Dieu186.
178 Sigismond d'Est, marquis de Lans, gouverneur de Savoie. (Voir le tome précédent, note (162), p. 49.)
179 Le Saint était encore à Annecy le 19 juillet; il dut probablement partir après le 20, et se rendre à Gex par Saint-
Claude. (Voir Année Sainte de la Visitation, tome XII, p. 280, et note (185) de la page suivante.)
180 Jean-Rodolphe Wagner, issu d'une famille bernoise, était depuis 1610 membre du Grand-Conseil et devint bailli
de Nyon en 1613. Il fut en 1617 capitaine en Savoie (sic), et en 1620, dans les Grisons et la Valteline, où il trouva la
mort au combat de Tirano. (Cf. Leu, Lexicon helveticum.)
181 Le duc de Bellegarde.
182 Voir ci-dessus, note (117), p. 27, et note (132), p. 32. Dès le début de la guerre du Montferrat, la république de
Berne avait redouté l'envahissement de son territoire par l'armée savoyarde; de là, l'intervention du bailli de Nyon.
183 Sans doute, Jean IV, baron d'Amanzé et gouverneur de Bourbon-Lancy. De sa femme, Isabeau d'Escars, il aurait
eu, au dire de Courtépée (Descript. du duché de Bourgogne, Dijon, 1848, tome III, pp. 118, 119), vingt et un enfants.
Au temps de la Ligue, ce gentilhomme se distingua par sa fidélité au Roi, qui érigea sa terre en vicomté, pour
récompense de ses services (1617). Son fils aîné, Gaspard, lieutenant-général au gouvernement de Bourgogne, eut
cinq fils et sept filles, dont trois entrèrent à la Visitation de Paray. Leur mère, Françoise Jaquot de Mypont, y fut reçue
à son tour, étant veuve, en 1677.
184 Pendant ce voyage, le saint Evêque, croyons-nous, reçut la confession générale de M. le Grand et se chargea de sa
conduite spirituelle. (Voir le tome précédent, note (833), p. 293.) Le duc de Bellegarde, est-il besoin de le remarquer,
ne fit pas «ses Pasques» au sens strict du mot, mais communia par dévotion.
185 C'est donc le 4 août que Roger de Bellegarde devait être à Belley, où il eut aussi une entrevue avec Camus. (Cf. ci-
après, p. 55.)
186 En vertu de l'arrêt royal du 23 décembre 1612, publié à Gex le 14 janvier suivant (voir le tome précédent, note
(835), p. 294), les églises restaient aux catholiques, mais les hérétiques étaient autorisés à construire de nouveaux
temples avec le secours des communes et à garder la jouissance, pour l'année courante, des trois quarts des revenus
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6.7 Page 57

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Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Bracq,
à Mont-Saint-Amand (Belgique).
CMIV. A la Mère de Chantal. Le bon plaisir de Dieu. Les
déserts et les fertiles campagnes de la vie spirituelle.
Pourquoi le Saint ne voulait pas d'abord et voulut ensuite que la
Mère de Chantal fût «abeille».
Annecy, 12 août 1613187.
Haussons nostre cœur, ma tres chere Mere, voyons [49] celuy de Dieu, tout bon, tout
amiable pour nous; adorons et benissons toutes ses volontés: qu'elles tranchent, qu'elles taillent sur
nous par tout ou il luy plaira, car nous sommes siens eternellement. Vous verres bien que, parmi
tant de destours, nous ferons prou et que Nostre Seigneur nous conduira par les desertz a sa sainte
terre de promission, et que de tems en tems il nous donnera dequoy priser les desertz plus que les
fertiles campaignes, dans lesquelles les blés croissent en leurs saisons, mais la manne pourtant n'y
tombe pas.
Mon Dieu, ma tres chere Mere, quand vous m'escrivistes que vous esties une pauvre abeille,
je pensay que je ne le voudrois pas tandis que vos secheresses et afflictions interieures durent; car
ce petit animal, qui en santé est si diligent et pressant, perd le cœur et demeure sans rien faire tout
aussi tost qu'il est malade. Mais despuis, je changeay de souhait et dis: Ah! ouy, je le veux bien
que ma Mere soit abeille, mesme quand elle sera en travail spirituel; car ce petit animal n'a point
d'autre remede de soy mesme en ses maladies, que de s'exposer au soleil et attendre de la chaleur
et de la guerison de sa lumiere. O Dieu, ma Fille, mettons nous ainsy devant nostre Soleil188
crucifié, et puis disons luy: O beau Soleil des cœurs, vous vivifiés tout par les rayons de vostre
bonté; nous voyci mi mortz devant vous, d'ou nous ne bougerons point que vostre chaleur ne nous
avive189, Seigneur Jesus.
Ma chere Fille, la mort est une vie, quand elle se fait devant Dieu. Appuyés vostre esprit
sur la pierre qui estoit representee par celle que Jacob avoit sous sa teste quand il vit sa belle
eschelle190, car c'est celle la mesme sur laquelle saint Jean l'Evangeliste se reposa au jour de l'exces
de la charité de son Maistre Jesus191. Nostre cœur, et le cœur de nostre cœur veillera
amoureusement sur vous. [50]
Demeurés en paix. Dieu soit a jamais au milieu de nostre cœur; qu'a jamais il le rende plus
uniquement sien. Vive Jesus! Amen, amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 12 aoust 1613.
ecclésiastiques. Les ressources manquaient donc à l'Evêque de Genève pour l'entretien du culte; de plus, les ministres
refusaient d'abandonner les biens aliénés qu'il devait racheter, et les Genevois défendaient âprement la propriété des
nombreux bénéfices dont ils étaient les détenteurs. De là, des difficultés sans nombre qui réclamèrent l'intervention
du Saint; toutefois, ses historiens ne nous ont transmis aucun détail sur les affaires qu'il eut alors à démêler.
187 Le 13 août 1613, la destinataire réglait en Bourgogne des affaires de famille. (Voir ci-dessus, note (174), p. 45.)
Le texte que nous reproduisons ici, d'après l'édition de 1626, ne renferme aucune allusion à ce voyage, ne porte à
l'absente aucune nouvelle d'Annecy. Il en faut donc conclure que la date est douteuse et que le texte est tronqué, peut-
être même composé de plusieurs fragments. (Voir tome XIV, note (67), p. 14.)
188 Malach., ult., 2.
189 Cf. Ps. XVIII, 7.
190 Gen., XXVIII, 11-13.
191 Joan., XIII, 1, 23, 25.
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6.8 Page 58

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CMV. A Monseigneur Jean-Pierre Camus, Eveque de Belley192.
Excuses pour une réponse tardive. Mgr Camus ayant écrit au
Saint qu'il désirait se démettre de sa charge, celui-ci l'engage
discrètement à n'en rien faire. Il est prié de s'intéresser à
l'honneur d'une famille. Mort de Mgr de Villars, archevêque
de Vienne.
Annecy, 14 août 1613.
Monseigneur,
Il y a environ un moys seulement que je receu la lettre qu'il vous pleust de m'escrire le
second du moys de julliet; despuis, j'ay tous-jours esté ou en voyage ou malade193, et n'ay sceu
vous rendre la response que vous desiriés, ou, pour mieux dire, la response que vous ne desiriés
pas, si j'ay bien sceu connoistre l'inclination en laquelle vous esties lhors que vous me fistes la
faveur de m'escrire194.
Maintenant, vous pouves penser si je puis bien satisfaire a vostre demande, puysqu'a la
foiblesse ordinaire de mon esprit, l'extraordinaire de mon cors, accablé des lassitudes que la fievre
m'a laissees, apporte un nouveau [51] surcroist d'imbecillite. Mays un si bon entendeur comme
vous estes, verra asses mon intention, quoy que mal estallee.195
(*) Prima Propositio. Velle deponere
(*)Première proposition. Vouloir se
onus episcopale ob causas rationi congruas, démettre de la charge épiscopale pour des
non modo nullum est peccatum, sed etiam motifs raisonnables, non seulement ne
actio est virtutis, vel modestiae, vel humilitatis, constitue aucun péché, mais c'est même un
vel justitiae, vel charitatis.
acte de vertu, ou de modestie, ou d'humilité, ou
2a Propositio. Is censetur rationibus de justice, ou de charité.
veris moveri ad episcopatum deponendum, qui
Deuxième proposition. Celui-là est
bona fide suum de se judicium suum de censé s'inspirer de raisons sérieuses, qui, de
deponendo episcopatu, desiderium suasque bonne foi, est prêt à soumettre, soit au conseil
denique quibus nititur rationes, vel consilio d'hommes sages, soit du moins à l'appréciation
prudentium, vel saltem judicio superiorum des supérieurs, son avis personnel sur le fait de
paratus est submittere, ac in utramque partem quitter l'épiscopat, son désir et les raisons de ce
eadem alacritate suum obsequium conferre. désir, et qui, en même temps, est disposé à se
3a Propositio. Quamvis cogitatio ranger avec une égale promptitude au pour et
desideriumve episcopatum deserendi, eo quo au contre.
licet modo, nullum sit peccatum, plerumque
Troisième proposition. Si la pensée ou
tamen non caret hujusmodi propositum magna le désir de quitter l'épiscopat ne constitue
tentatione acceditque frequentissime aucune faute, dans le sens que je viens de dire,
daemonum opera. Ratio est, quia dum in un tel projet, la plupart du temps, n'est pas sans
procuranda oneris depositione [52] tempus une grave tentation et, très fréquemment, le
192 Voir tome XIV, note (426), p. 139.
193 Au retour de Gex, le Saint fut en proie à des accès de fièvre qui l'empêchèrent d'écrire à son jeune et cher collègue.
Aussi, pour ne pas lui faire attendre trop longtemps la réponse, il la dicta à un secrétaire. Ce ne fut pas sans doute
Michel Favre, son aumônier, quoique la copie conservée à la Visitation de Chambéry, reproduite ici même, soit de sa
main. (Voir note (195) de la page suivante.)
194 La teneur de cette lettre et la réponse que lui fit Mgr Camus (voir à l'Appendice I) font connaître que celui-ci
songeait, dès ce temps-là, à se décharger des fonctions épiscopales. Il ne quitta son évêché qu'en 1629.
195 Ce n'est pas pour un motif de précision que le Saint, brusquement, recourt ici à la langue latine; mais, par un
sentiment de délicatesse, il aura voulu dérober à la connaissance de son secrétaire l'état d'âme de son honorable
correspondant et la consultation spirituelle qu'il lui adressait. La lettre aura donc été dictée à un serviteur qui ignorait
le latin. (Voir note (193) de la page précédente.)
58/335

6.9 Page 59

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impenditur, vix ac ne vix quidem satis in eo
sustinendo satis operae insumitur; ut qui de
repudianda uxore cogitat, vix interim de ea
recte diligenda sollicitus est. Satius ergo fuerit,
seipsum ad meliorem navandam operam
deinceps excitare, quam quia tibi non videris
recte hactenus navasse, omnem operam velle
abjicere. Porro, melius est levare oculos in
montes, unde veniat auxilium nobis196, et
sperare in Domino libenterque gloriari in
infirmitatibus nostris, ut inhabitet in nobis
virtus Christi197, quam morefiliorum Ephrem,
converti retrorsum in die belli198. Qui enim
confidunt in Domino, assument pennas velut
aquilae, volabunt et non deficient199;
deficientes autem, quemadmodum fumus
deficient200, et qui ad sarcinas formidolosus
revertitur, otium quidem habet, sed non
majorem quam qui praeliatur securitatem.
4a Propositio. Videor mihi audire
Christum dicentem: Simon Joannis, aut Petre
Joannes, diligis me? Petrumque Joannem
respondentem: Tu scis quia amo te. Tum
demum, Dominum graviter praecipientem:
Pasce [53] oves meas201. Nulla major probatio
dilectionis, quam exhibitio hujus operis202203.
démon y a sa part. Et voici pourquoi: tandis
[52] que l'on dépense du temps à se défaire du
fardeau, c'est à peine, c'est à grand peine si l'on
prend assez de sollicitude pour le soutenir. Tel
un homme qui songe à répudier sa femme; il
ne s'inquiétera pas, en attendant, de l'aimer
comme il devrait. Donc, s'exciter à mieux
remplir sa tâche, puisqu'il vous semble ne
l'avoir pas fait exactement jusqu'à ce jour, c'est
bien mieux que de l'abandonner tout à fait. Oui,
lever les yeux vers les montagnes, d'où nous
viendra le secours, espérer dans le Seigneur et
nous glorifier volontiers dans nos infirmités
pour que la vertu du Christ habite en nous,
c'est bien mieux que de retourner en arrière au
jour du combat, comme les enfants d'Ephrem.
Car ceux qui se confient dans le Seigneur
prendront des ailes comme l'aigle; ils voleront
et ne defailliront pas; ceux au contraire qui
perdent courage, s'évanouiront comme la
fumée. Le soldat qui décampe tout tremblant,
trouve sans doute le repos, mais pas autant de
sécurité que celui qui combat.
Quatrième proposition. Il me semble
entendre le Christ dire: Simon, fils de Jean, ou
Pierre-Jean, m'aimes-tu? et Pierre-Jean
répondre: Vous savez que je vous aime. Et le
Seigneur de lui commander alors d'un [53] ton
grave: Pais mes brebis. Il n'y a point de
meilleure preuve d'amour que de vous
acquitter de ce ministère.
Au demeurant, une jeune fille de Chamberi204 s'estant laissee porter trop avant en l'amour
d'un jeun' homme de vostre ville, et se desfiant que les pere et mere d'iceluy n'apportent quelque
difficulte au mariage necessaire pour couvrir son honneur et pour accomplir les mutuelles
promesses sous lesquelles elle proteste d'avoir encouru le hazard de sa reputation, elle m'a fait
prier d'interceder vers vous, Monseigneur, affin qu'il vous playse d'employer vostre charite vers
lesditz pere et mere du jeune homme, pour les disposer a consentir a un' honnorable conclusion de
l'amour d'iceluy et d'elle; attendu mesmes qu'ell' est d'une parentee fort recommandable, fille de la
seur de monsieur Boursier, ancien secretaire d'Estat de Son Altesse205. Ce gentilhomme, son cousin
196 Ps. CXX, 1.
197 II Cor., XII, 9.
198 Ps. LXXVII, 9.
199 Isaiae, XL, ult.
200 Ps. XXXVI, 20.
201 Joan., ult., 15-17.
202 S. Gregor. Mag., hom. XXX in Evang.
203 Voir à l'Appendice I, les chaudes effusions de gratitude par lesquelles Mgr Camus répondit à son saint ami. «Ne
dittes point que je vous en conte,» écrivait-il, «je dis la verité de mon sentiment.» On pouvait l'en croire; François de
Sales avait sur lui un tel ascendant, que le jeune Prélat renonça à son projet.
204 Très probablement Mlle Bellot. (Voir le tome précédent, note (951), p. 335, et ci-dessus, pp. 21, 22.)
205 Pierre Boursier vivait encore en 1619; il figure dans un acte de baptême, au 31 décembre de cette année, en qualité
de «conseiller et medecin de Son Altesse.» (Chambéry, Reg. par. de Saint-Léger.) Comme secrétaire du Duc, en 1596,
59/335

6.10 Page 60

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germain206, vous desduira mieux que je ne vous sçaurois escrire ses intentions, lesquelles estant
bonnes et raysonnables a [54] mon advis, je ne fay nulle difficulte de vous supplier de rechef de
les avoir en recommandation, et moy sur tout en vos saintz Sacrifices, puysque je suis plus que nul
homme du monde,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant
frere et serviteur.
A Neci, le 14 aoust 1613.
Helas! Monseigneur, on m'advertit que le grand ancien Archevesque de Vienne est
trespasse207: 208De medio terræ sublatus est justus209, justus vivat et requiescat, et pro illo alius
superveniat.
Je me res-joüis de la reciproque consolation que vous et monsieur le Grand aures euë en
vostre entreveuë210.
CMVI Au Duc de Bellegarde. L'Evêque annonce à son
pénitent l'envoi d'une méthode pour examiner sa conscience.
Exhortation à la vie chrétienne. La vie éternelle.
Obligation de réparer le passé. Le plus vif de tous les amours.
Quelques exercices recommandés. Un moyen de se
convertir plus parfaitement au Sauveur. La toute-puissance
de l'Eucharistie et l'expérience du Saint.
Annecy, 24 août 1613.
Monsieur,
Parmi les lassitudes et autres ressentimens que la maladie m'a laysse211, j'ay dresse le
Memorial qu'il vous [55] avoit pleu desirer de moy212, et ay voulu y adjouster un abbrege, affin
qu'il vous fust plus commode en vos confessions de le porter et voir, le grand vous demeurant
comme en reserve pour y avoir recours en vos difficultes et en tirer l'esclarcissement de ce qui se
treuveroit obscur en l'abbrege. Le tout est a la bonne foy, sans art ni couleur; car ces matieres n'en
il fut mêlé aux négociations de la paix de Bourgoin. C'est lui qui contresigne les lettres de Charles-Emmanuel à
l'Evêque de Genève, et dont les épaules servirent de pupitre au prince lorsque, de Hautecombe, en 1598, «il escrivit
de sa main propre» au P. Chérubin de Maurienne, Capucin. (P. Charles de Genève, Histoire abrégée des Missions des
PP. Capucins en Savoye, Chambéry, 1867, p. 60.) Pierre Boursier remplissait encore sa charge le 30 mars 1613; c'est
sans doute en raison de ses longs services que le Saint l'appelle «ancien secretaire,» rien ne prouvant que ses fonctions
eussent pris fin avant la date de cette lettre. La famille Boursier habitait à Chambéry la Rue de Lans, dénommée aussi,
à cause d'elle, Rue des Bourciers; sa notoriété et son ancienneté ne faisaient que donner plus d'éclat à l'inconduite de
la jeune fille.
206 Impossible de découvrir le nom du «cousin germain».
207 Pierre de Villars, archevêque démissionnaire de Vienne, était décédé le 18 juillet. (Voir tome XIV, note (378), p.
124.)
208 Du milieu de la terre, le juste a été ôté; qu'il vive, le juste, qu'il soit dans le repos, et qu'un autre vienne prendre sa
place.
209 Cf. Offic. in Sabbat.sanct., II Noct., respons. Lect. VI.
210 Voir ci-dessus, note (185), p. 48.
211 Vid. Epist. praeced. p. 51.
212 II s'agit d'un Memorial pour la confession, compose de plusieurs avis pour la bien faire et d'un examen de
conscience detaille. Le manuscrit, conserve aux Archives de la Visitation d'Annecy, est de la main de M. Michel Favre
et corrige par l'auteur. Cette piece importante de vingt-cinq pages aura sa place parmi les Opuscules.
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7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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veulent point, la simplicite leur servant de beaute, comme a Dieu qui en est l'autheur. Vous y
treuveres, Monsieur, des marques de ma maladie; car si j'eusse fait ce petit ouvrage en pleine sante,
j'eusse sans doute employe un soin plus exacte de le rendre moins indigne de vostre reception. Je
n'ay sceu non plus l'escrire moy mesme, mais ceux qui l'ont escrit n'ont point de connoissance de
l'usage auquel je l'ay dedie.
Beni soit Dieu eternellement de la bonte qu'il exerce envers vostre ame, Monsieur,
l'inspirant si puissamment a la resolution de consacrer le reste de vostre vie mortelle au service de
l'eternelle: vie eternelle qui n'est autre chose que la Divinite mesme, entant qu'elle vivifiera nos
espritz de sa gloire et felicite; vie, seule vraye vie et pour laquelle seule nous devons vivre en ce
monde, puisque toute vie qui n'aboutit pas a la vitale eternite est plustost une mort qu'une vie.
Mais, Monsieur, si Dieu vous a si amiablement inspire d'aspirer a l'eternite de la gloire, il vous a
quant et quant oblige a recueillir humblement et prattiquer soigneusement son inspiration, sous
peyne d'estre prive de cette grace et gloire; privation laquelle, a l'ouyr nommer seulement, remplit
le coeur d'effroy, pour peu qu'il ayt de courage.
C'est pourquoy, en la simplicite de mon ame, je vous conjure, Monsieur, d'estre fort attentif
pour bien conserver ce que vous aves, affin que vous ne perdies point vostre couronne213. Vous
estes indubitablement appelle a une devotion masle, courageuse, vaillante, invariable, [56] pour
servir de miroüer a plusieurs en faveur de la verité de l'amour celeste; digne reparation des fautes
passees, si jamais vous l'avies esté de la vanité des amours terrestres214.
Voyés, je vous supplie, Monsieur, comme je laysse aller mon esprit en liberté autour du
vostre, et comme ce nom de pere dont il vous a pleu m'honnorer, m'emporte. C'est qu'il est entré
dedans mon cœur, et mes affections se sont rangees aux loix de l'amour qu'il signifie, le plus grand,
le plus vif, le plus fort de tous les amours. En suite duquel il faut que je vous supplie de rechef,
Monsieur, de prattiquer diligemment les exercices que je marque es chapitres X, XI, XII et XIII
de la seconde Partie de l'Introduction, pour le mattin et le soir, pour la retraitte spirituelle et pour
les aspirations en Dieu. La bonté de vostre esprit, le courage noble que Dieu vous a donné, vous
serviront grandement a cette prattique-la, laquelle vous sera d'autant plus aysee qu'il n'est besoin
d'y employer que des momens desrobbés, ains retirés justement, en diverses occasions, ça et la,
sur les autres affaires. La dixiesme partie d'une heure, voire encores moins, suffira pour le mattin,
et autant pour le soir.
Oh! si vous pouviés doucement decevoir vostre chere ame, Monsieur, et en lieu que vous
aves entrepris de communier tous les moys un an durant (mais un an de douze moys), quand vous
auries achevé le douziesme vous y adjoustassiés le treiziesme, puis le quatorziesme, puis le
quinziesme, et que vous allassiés ainsy poursuivant de moys en moys, quel bonheur a vostre cœur,
qui, a mesure qu'il recevroit plus souvent son Sauveur, se convertiroit aussi plus parfaitement en
luy. Et cela, Monsieur, se pourroit bravement faire sans bruit, sans interest des affaires et sans que
le monde eust rien a dire. L'experience m'a fait toucher, en vingt et cinq ans qu'il y a que je sers
les ames215, la toute puissante [57] vertu de ce divin Sacrement pour fortifier les cœurs au bien, les
exempter du mal, les consoler, et en un mot les diviniser en ce monde, pourveu qu'il soit hanté
avec la foy, la pureté et la devotion convenables216.
213 Apoc., III, 11.
214 La discrétion miséricordieuse du saint Directeur sera sans doute remarquée de quiconque connaît tant soit peu
l'histoire de la cour de Louis XIII et les aventures mondaines du grand Ecuyer de France.
215 Saint François de Sales ne reçut l'Ordre de la prêtrise qu'en 1593; donc en 1613, il ne servait les âmes que depuis
vingt ans. (Cf. Préface du Traitté de l'Amour de Dieu, tome IV, p. 13.) Les «vingt et cinq ans» sont, ou une faute
d'impression, ou une erreur du copiste, ou peut-être une distraction du Bienheureux lui-même.
216 Cette direction qui promettait de si beaux fruits fut interrompue par la mort de l'Evéque de Genève. (Cf. le tome
précédent, note (833), p. 293.) Belle-garde lui survécut plus de vingt ans encore, mais l'influence du Saint persista et
fut décisive sur ses dernières années; le vieux gentilhomme les passa dans la pratique d'une dévotion intime envers la
sainte Eucharistie et la glorieuse Vierge. «Sentant ses forces s'affaiblir, lui-même demanda tous ses Sacrements, qu'il
reçut avec des tendresses merveilleuses.» (Voir son Oraison funèbre, prononcée par le P. Grisel le 19 mai 1647, dans
la chapelle des Jésuites de Dijon.) Il mourut à Paris, le 13 juillet 1646.
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7.2 Page 62

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Mais c'est asses dit, Monsieur; l'influence celeste, vostre bon Ange et vostre generosité
suppleeront a ce que mon insuffisance ne me permet pas de vous proposer. Ainsy prie je Nostre
Seigneur qu'il vous face de plus en plus abonder en ses faveurs, et suis sans fin,
Monsieur,
Vostre tres humble et fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le 24 aoust 1613.
CMVII. A la Mère de Chantal. Avis pour la dernière étape.
Souhaits affectueux de bienvenue à la voyageuse.
Annecy, vers le 23 décembre 1611, ou fin août 1613217.
Non, ma tres chere Fille, je ne suis plus en peyne de l'accident d'avant hier, car j'espere que
vous en voyla [58] quitte pour ce coup, moyennant la grace de Nostre Seigneur, a la sainte
providence duquel je remetz ma tres unique fille comme moymesme. O Dieu, Seigneur Jesus, pour
qui seul je desire nostre vie, et a qui je me resigne pour nostre mort, vostre volonte soit faite218!
Je veux bien que vous venies demain, si vous vous treuves asses forte, et croyes que si vous
aves envie de me voir, je n'en ay pas moins de vous regarder. Mays donques, disnes de bonn'heure,
plustost a neuf qu'a dix, affin que vous puissies vous reposer quattr'heures avant que.monter a
cheval.219 Je prie la Vierge Marie qu'elle vous tienne en la protection de sa pitoyable maternite, et
vostre bon Ange et le mien, quil (sic) soyent vos conducteurs, affin que vous arrivies en
prosperite220 entre les accueilz de ce pauvre tres unique pere et de vos cheres filles, qui tous vous
attendrons (sic) avec mille souhaitz, et particulierement moy qui vous suis en Nostre Seigneur ne
plus ne moins que vous mesme.
Vive Jesus! Amen.
A Madame
Madame la Baronne de Chantal m. f. (ma fille).
Revu sur 1'Autographe conserve au presbytere de Trinquetaille (Bouches-du-Rhône). [59]
217 La Mère de Chantal fit, en 1611, un voyage de plusieurs mois en Bourgogne (voir le tome précédent, note (284),
p. 98); il se termina la veille de Noël. Quoique «fort lasse,» dit la Mere de Chaugy (Memoires, etc., Partie II, chap.
V), «elle ne voulut point de plus doux rafraichissements que d'officier a l'Office de la nuit, ou elle assista tout au
long.» A la fin d'août 1613, la Sainte revenait a Annecy, apres une absence de six semaines. (Cf. ci-dessus, note (174),
p. 45.) Les deux dates peuvent donc etre proposees, toutefois avec une probabilite de plus pour 1611, a cause de la
teneur de l'adresse; on ne voit pas en effet sur celle-ci le titre de Superieure de la Visitation qu'on retrouve dans les
adresses des lettres de 1613.
218 Matt., VI, 10; XXVI, 42.
219 La fin de cet alinea avait ete interpolee par les editeurs de 1626, dans une lettre qu'ils ont datee du 22 octobre 1622,
mais qui est composee de fragments ecrits a des epoques differentes.
220 Antiphona pro Itinerario.
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CMVIII. A M. Amé de Montfort221 (Inédite). Assistance et
conseils du Saint dans des affaires de famille.
Annecy, [vers septembre 1613222.]
Monsieur mon Cousin,
J'escriray un memoyre court, mais qui vous sera, comme je pense, utile223; bien qu'hier je
dis a monsieur Ouvrier224 mon advis clairement, par le moyen duquel il aura changé d'opinion,
mesme quil emporta un des livres qui faysoyent a ce propos. Vous aures, Dieu aydant, tout ce que
je pourray, pour le tems que vous me marqués, [60] et demeureray plein [du] desir de vous
tesmoigner que c'est de tout mon cœur que je suis,
Monsieur mon Cousin,
Vostre serviteur et cousin tres affectionné,
tres humble,
FRANҪS, E. de Geneve.
La lettre que j'escrivis l'autre jour a madame ma Cousine225 fut laissee sur la table.
A Monsieur
Monsieur de Monfort.
Revu sur un fac-simile de l'Autographe, conservé au Ier Monastère de la Visitation de Paris.
221 Amé de Montfort, seigneur de Mionnas, Conzié, etc., était fils de Georges de Montfort et d'Anne de Menthon, et
avait épousé, en 1609, Michelle de Cerisier. Saint François de Sales, qui l'affectionnait beaucoup pour ses qualités,
voulut bénir son mariage. (Voir le tome précédent, note (72), p. 14.)
222 L'écriture de ce billet, le rapport évident de sa teneur avec le procès exposé dans la note suivante et avec le texte
de la lettre à Mme de Peyzieu, 21 septembre 1613 (voir ci-après) rendent très vraisemblable la date que nous lui
attribuons.
223 L'ouverture du testament d'Anne de Menthon, mère du destinataire (27 juillet 1596), avait mis celui-ci en procès,
d'abord avec son frère André et Mye de Manessy sa femme, puis avec Maurice de Montfort, leur fils unique, déshérité
par sa grand'mère paternelle, en tant qu'issu d'un mariage, illégitime pour cause de parenté. Amé plaidait la nullité de
ce mariage avant le 19 mai 1612. Le «memoyre» promis par le Saint à M. de Montfort concernait sans doute ce procès,
qui fut porté devant l'official de Genève et la cour métropolitaine de Vienne. Par une lettre du 21 septembre 1613 (cf.
la note précédente), l'Evêque intéresse ses amis de Peyzieu à la cause de son parent, qu'il croit fondée sur le droit.
Enfin, le 27 août 1618, les parties convinrent d'une transaction, homologuée par arrêt du Sénat le 29 février 1620: elle
attribuait au destinataire une rente de la maison-forte de Mionnas, et reconnaissait à son neveu, avec la qualité d'enfant
légitime, le droit de porter le nom et les armes de Montfort-Conzié.
224 Noble et spectable Henri Ouvrier, nouvel avocat à la rentrée du Sénat (4 novembre 1603), devint avocat fiscal du
Genevois et conseiller de Son Altesse en 1611. (Cf. tome XIV, note (983), p. 340.) Marié à Jeanne du Martheray avant
1613, il remplaça en 1618 Charles d'Orlier, en qualité de jugemage du Chablais, et le 13 juin de la même année, il
était reçu sénateur.
225 Mme de Montfort, femme du destinataire. (Voir le tome précédent, note (72), p. 14.)
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CMIX. A la Mère de Chantal. Ce que le Saint voulait éviter en
retardant l'oblation de la Sœur Humbert. — Une course à Sainte-
Catherine.
Annecy, [commencement de septembre] 1613226.
La lettre est arrivee asses tost, car je n'envoyeray les miennes que demain, n'ayant sceu
gaigner de les faire hier ni ce mattin. Mon sentiment a moy est que si on retarde l'oblation de ma
Seur Humbert227 directement, on la mettra au hazard d'un grand decouragement, et ses [61]
parens228 d'un grand murmurement, car ilz croiront que c'est parce qu'ilz donnent chichement la
dote de cette fille. Mays on pourra indirectement differer, sur ce que sa dote et les autres choses
requises ne sont pas encor prestes, et on pourra les retarder par divers moyens; et pendant ce
retardement, on taschera de donner ayde a son esprit pour le mieux disposer229. Mais nous en
parlerons au premier jour plus au long.
Je m'en vay confesser un homme estranger, dire la Messe, desjeuner et monter le plus tost
que je pourray a Sainte Catherine230, pour revenir de bonn'heure.
Bon jour, ma tres chere Mere, que je cheris toute comme moymesme, es entrailles de Nostre
Seigneur.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mgr Duc, Evêque démissionnaire d'Aoste.
226 L'objet principal de la lettre justifie l'année, et d'autres particularités, le mois. (Voir la note suivante.)
227 Sœur Marie-Avoye Humbert, qui avait pris l'habit le 11 septembre 1612, était de Dijon; l'affaire de la dot dut être
traitée de vive voix avec ses parents, lors du passage de la Mère de Chantal, et au retour de celle-ci, sans doute, on
examina la question de l'oblation de la novice, qui, d'après les Règles de l'Institut, devait avoir lieu le 12 septembre.
La Sœur Humbert sera destinataire en 1616; c'est là que nous donnerons sa notice.
228 Marie Espiard et Nicolas Humbert. Celui-ci fut conseiller-maître à la Chambre des Comptes de Dijon, de 1595 à
1615. Le 6 juillet 1610, Louis XIII le désigna pour la charge de vicomte-majeur; il l'exerçait encore le 9 mai 1612.
(D'après les notes de M. Musy, érudit de Dijon.)
229 De fait, la cérémonie de l'oblation fut retardée jusqu'au 25 janvier 1614.
230 Abbaye de Cisterciennes, près d'Annecy. (Voir tome XIII, note (334), p. 116.)
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CMX. A la Présidente Brulart231. Le retour offensif des ennemis
qu'on croyait vaincus nous apprend deux leçons. Avantages
des tribulations. Comment pratiquer l'oraison mentale et y
suppléer lorsqu'on ne peut la faire longue.
Annecy, [commencement de septembre 1613232.]
Il y a un mois, ma tres chere Seur, que je fus saysi d'une fievre, laquelle m'a presque tous-
jours occupé [62] jusques a present233, et tandis, j'ay receu trois de vos lettres par diverses voyes234.
Sur tout, il y en a une qui m'a esté d'extreme consolation, y voyant les marques de la parfaite
confiance que vous aves en moy, par la communication des accidens et troubles de vostre chere
ame. Or c'est la verité, que je n'entens pas si asseurement ce que vous me dites, que je n'aye quelque
sorte de doute de me tromper; neanmoins il m'est advis que je vous entens suffisamment pour vous
respondre.
Voyés-vous, ma tres chere Seur, il arrive maintes fois que pensans estre entierement
desfaitz des ennemis anciens sur lesquelz nous avons jadis remporté la victoire, nous les voyons
venir d'un autre costé dont nous les attendions le moins. Helas! cet unique sage du monde,
Salomon, qui avoit tant fait de merveilles en sa jeunesse, se tenant fort asseuré de la longueur de
sa vertu et de la confiance de ses annees passees, lhors qu'il sembloit estre hors des escalades, il
fut surpris de l'ennemi qu'il avoit le moins a craindre, selon le cours ordinaire235. C'est pour nous
apprendre deux leçons signalees: l'une, que nous nous devons tous-jours desfier de nous mesme,
cheminer en une sainte crainte, requerir continuellement les secours du Ciel, vivre en humble
devotion; l'autre, que nos ennemis peuvent estre repoussés, mais non pas tués. Ilz nous laissent
quelquefois en paix, mais c'est pour nous faire une plus forte guerre.
Mais avec cela, ma tres chere Seur, il ne faut nullement que vous vous descouragies, ains
qu'avec une paisible vaillance vous prenies le loysir et le soin de guerir vostre chere ame du mal
qu'elle pourroit avoir receu par ces [63] attaques, vous humiliant profondement devant Nostre
Seigneur et ne vous estonnant nullement de vostre misere. Certes, aussi seroit-ce chose digne
d'estonnement que nous ne fussions pas sujetz aux attaques et miseres.
Ces petites secousses, ma chere Seur, nous font revenir a nous, considerer nostre fragilité,
et recourir plus vivement a nostre Protecteur. Saint Pierre marchoit fort asseuré sur les ondes: le
vent s'esleve et les vagues semblent l'engloutir; alhors il s'escrie: Ah, Seigneur, sauvés-moy! et
Nostre Seigneur l'empoignant: Homme de peu de foy, luy dit-il, pourquoy doutes-tu236? C'est emmi
les troubles de nos passions, les vens et les orages des tentations, que nous reclamons le Sauveur,
car il ne permet que nous soyons agités que pour nous provoquer a l'invoquer plus ardamment.
En somme, ne vous faschés point, ou au moins ne vous troublés point dequoy vous aves
esté troublee, ne vous esbranlés point dequoy vous aves esté esbranlee, ne vous inquietés point
231 Parmi les destinataires que le Bienheureux appelle «Seur», la Présidente nous paraît la seule qui puisse être
proposée. Les conseils donnés ici ressemblent assez bien à ceux de la lettre du 11 février 1612. (Voir le tome précédent,
p. 164.)
232 Saint François de Sales fit en janvier 1605, une grave maladie, accompagnée «d'une fievre continue» (voir tome
XIII, pp. 2-4, 13, 15); au mois de décembre de la même année, il eut encore quelques accès, mais qui ne furent pas
longs (ibid., pp. 126, 138). En 1613, nous savons que la fièvre dont souffrit le Bienheureux fut assez maligne, laissant
après elle des «lassitudes et autres ressentimens.» (Cf. ci-dessus, pp. 51, 55.) Cette circonstance, jointe au ton plus
familier de la présente lettre, fait préférer 1613 à 1605.
Le dernier alinéa, où il est parlé d'un enfant à naître, s'accorderait mal avec la date proposée, car Roger
Brûlart, le dernier fils de la destinataire, à notre connaissance du moins, fut baptisé le 24 mars 1613. Il peut se
faire encore que cet alinéa soit une interpolation. (Cf. t. XIV, note (67), p. 14.)
233 Voir la note précédente.
234 L'édition de 1626 porte fois, par erreur, croyons-nous.
235 I Reg., XI.
236 Matt., XIV, 29-31.
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dequoy vous aves esté inquietee par ces passions fascheuses; mais reprenés vostre cœur et le
remettés doucement entre les mains de Nostre Seigneur, le suppliant qu'il le guerisse. Et de vostre
costé, faites aussi tout ce que vous pourres, par renouvellement de resolutions, par la lecture des
livres propres a cette guerison et autres moyens convenables; et ainsy faysant, vous gaigneres
beaucoup en vostre perte et demeureres plus saine par vostre maladie.
237Ma tres chere Fille, puisque vostre grossesse vous incommode beaucoup a faire
l'orayson mentale longue et ordinaire, faites-la courte et vive. Reparés ce defaut par les frequens
eslancemens de vostre cœur en Dieu, lisés souvent et peu a la fois quelque livre bien spirituel,
faites des bonnes pensees en vous promenant, priés peu et souvent, offrés vos langueurs et
lassitudes a Nostre Seigneur crucifié; et quand vous seres delivree, reprenés tout bellement vostre
train et assujettissés-vous a suivre les matieres de quelque livre propre a cela, affin que [64] venant
l'heure de l'orayson, vous ne demeuries pas esperduë comme celuy qui a l'heure du disner n'a rien
de prest. Que si quelquefois le livre vous manque, faites vostre orayson dessus quelque mystere
fertile, comme sont ceux de la Mort et Passion, le premier qui se presentera a vostre esprit.
CMXI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Témoignage de
constant souvenir. Félicitations sur la vocation apostolique
d'un des fils de la destinataire.
Annecy, 6 septembre 1613.
Madame ma tres chere Mere,
Ce porteur est trop fidele pour le laisser partir sans que je luy donne ces quatre motz qui
vous asseureront, sil vous plait, de la continuelle souvenance que j'ay de mon devoir filial envers
une si bonne mere comme vous m'estes. Que fusse je autant utile a vostre service comme je suis
dedié a vostr' honneur! Au moins n'oublie-je pas de vous souhaiter souvent la paix et consolation
celeste pour le bonheur de vostre vie, que Dieu face longue, au milieu de ces chers enfans et des
enfans de vos enfans quil vous fait voir.
J'y comprens encor nostre monsieur de Selignieu238, lequel, plus il est esloigné de cors,
plus nous le voyons souvent en esprit. Qu'il est heureux, ce cher frere, d'avoir [65] quitté ce monde
de deça, dans lequel il estoit né, pour en conquerir un nouveau et y faire naistre plusieurs ames a
Dieu239! Madame ma tres chere Mere, je m'en res-jouis avec vous, et suis sans fin
237 Voir ci-dessus, note (232), p. 62, et cf. tome XIV, note (67), p. 14.
238 Louis, seigneur de Sillignieu, fils de la destinataire et de François-Philibert de Longecombe de Peyzieu. (Voir tome
XIII, p. 130, et note (239) de la page suivante.) Le cadet de la famille, François de Longecombe, dépose que son aîné
«avoit un accez tres familier dans l'illustre maison de Sales et» qu'il «avoit cogneu tres particulierement les pere et
mere du Serviteur de Dieu.» (Process. remiss. Gebenn. (II), ad interrog. 7.) Celui-ci le chérissait comme un frère et
l'estimait singulièrement.
239 Ce nouveau monde à conquérir était une île du Brésil. Reprenant la pensée de Henri IV, qui, après 1594, avait déjà
chargé Daniel de la Touche, sieur de la Ravardière, d'aller à l'île de Maragnan, Marie de Médicis demandait le 20 avril
1611, au P. Léonard, gardien des Capucins de Paris, quatre de ses Religieux pour accompagner ce gentilhomme sur
le point de repartir. Les sieurs de Rasilly et de la Ravardière, en qualité de lieutenants-généraux du Brésil,
s'adjoignirent des compagnons, parmi lesquels en première ligne, Louis de Peyzieu. La petite troupe quitta le port de
Cancale le 19 mars 1612; elle débarquait le ô août dans la fameuse île. Le P. Claude d'Abbeville a raconté dans un
ouvrage très curieux, devenu rare, l'histoire de cette expédition1. Il y parle plus d'une fois du sieur de Peyzieu,
«gentilhomme de Dauphiné,» dit-il (p. 61), «autant vertueux et accomply qui se puisse desirer de sa qualité.»
Pour assurer et développer les fruits de la conquête, la Ravardière laissa à Maragnan une partie de ses
hommes, avec MM. de Rasilly et de Peyzieu, et revint en Fiance avec le P. Claude d'Abbeville. Ils arrivèrent à Paris
le 12 avril 1613. Les mémoires et les lettres du temps2 signalent l'enthousiasme populaire qui accueillit les voyageurs.
La présentation des Topinamboux à la cour de France, leur baptême solennel furent un événement pour la capitale.
Cependant, les Pères Capucins ne perdaient pas de vue la pensée qui les avait ramenés en Europe: celle de chercher
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7.7 Page 67

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Vostre plus humble filz et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 6 septembre 1613, a Neci.
A Madame
Madame de Pezieu.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
au château de La Roche-Mailly (Sarthe). [66]
CMXII. A Madame de la Fléchère240. L'Introduction à la Vie
devote et la perfection. Un bon remède à l'infidélité envers
Dieu. Ne pas subtiliser, ne pas picoter sur sa conscience.
Souhaits spirituels.
Annecy, 12 septembre 1613241.
J'ay vrayement esté malade, ma tres chere Fille, et bien malade, mais sans peril. Qu'eussies-
vous fait de plus, sçachant le mal que j'avois? car, comme je voy, vous pries tous-jours Nostre
Seigneur-pour moy, qui reciproquement ne manque jamais a vous faire part des chetifves oraysons
et de la tressainte Messe que je celebre. Je vay encor un peu traisnant, et ne suis pas si parfaitement
remis que je ne porte les marques du mal passé242; je le suis toutesfois assez pour faire mes
exercices ordinaires.
Tenés ferme, ma chere Fille, entreprenés d'estre parfaitement, le plus que vous pourres,
servante de Dieu, selon les advis du livre243; car ce sera bien suffisamment pour attirer plus de
perfection encor que je n'en ay pas sceu enseigner. Ayés soin de la douceur. Je ne vous dis pas que
vous aymies ce que vous deves aymer, car je sçai que vous le faites; mais je vous dis que vous
soyes esgale, patiente et douce. Reprimés les saillies de vostre naturel un peu trop vif et ardant.
[67]
Je ne sçai quel mescontentement vous pouves avoir de vos confessions, car vous les faites
tres bien. Or sus, demeurés en paix devant Nostre Seigneur, qui vous ayme il y a si long tems, vous
donnant sa tres sainte crainte et le desir de son amour. Que si vous n'aves pas bien correspondu
des collaborateurs et des ressources pour propager la foi et fonder une colonie française à Maragnan. Des messages
très pressants leur parvenaient d'ailleurs des auxiliaires laissés dans l'île. Le 2 juillet 1613, Louis de Peyzieu écrivit au
P. Archange de Pembrocke, commissaire général des Indes, et au P. Claude d'Abbeville; celui-ci a publié ces lettres à
la suite de sa relation; elles révèlent un «brave cœur» et une âme d'apôtre. Le seigneur de Sillignieu devait mourir
victime de son amour pour la France et pour sa foi, le 18 novembre 1614. (Voir plus loin, les lettres de condoléance
que saint François de Sales adresse à M. et à Mme de Peyzieu, le 21 mai 1615.)
1 Histoire de la mission des Peres Capucins en l'Isle de Maragnan et terres circonvoysines. ou est traieté des
singularitez admirables et des meurs merveilleuses des Indiens babitans de ce pais, avec les missives et advis qui ont
esté envoyer de nouveau. Par le R. P. Claude d'Abbeville, Predicateur Capucin. A Paris, de l'imprimerie de François
Huby... 1614.
2 Journal de J. Héroard, Lettres de Malherbe, Mercure français.
240 Les avis de cette lettre et le ton sur lequel ils sont donnés semblent désigner Mme de la Fléchère comme destinataire,
car elle était portée à l'impatience et «a l'indignation.» Dès 1609 et jusqu'en 1614, des conseils de ce genre lui furent
adressés.
241 On s'explique difficilement une méprise entre 1617, date de l'édition de 1626, et 1613, que nous proposons.
Néanmoins, nous croyons devoir maintenir celle-ci, parce que la maladie du mois d'août 1613 (voir ci-dessus, pp. 51,
55, 62) s'accorde mieux que toutes les autres avec les premières lignes de ce texte et le quantième du 1a septembre.
242 Cf. ci-après, p. 80, la lettre du 29 septembre à la même destinataire.
243 L'Introduction à la Vie devote.
67/335

7.8 Page 68

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jusques a present, il y a bon remede, car il faut bien correspondre d'ores-en-avant. Vos miseres et
infirmités ne vous doivent pas estonner: Dieu en a bien veu d'autres, et sa misericorde ne rejette
pas les miserables, ains s'exerce a leur faire du bien, faysant le siege de sa gloire sur leur abjection.
Je voudrois avoir un bon marteau pour esmousser la pointe de vostre esprit, qui est trop
subtil es pensees de vostre advancement. Je vous ay dit si souvent qu'il faut aller a la bonne foy en
la devotion, et, comme l'on dit, a la grosse mode. Si vous faites bien, loués en Dieu; si vous faites
mal, humiliés-vous. Je sçai bien que de faire mal de guet a pens vous ne le voules pas; les autres
maux ne servent qu'a nous humilier. Ne craignés donq plus, et ne soyés plus a picoter sur vostre
chere conscience; car vous sçaves trop bien qu'apres vos diligences, il ne vous reste plus rien a
faire autour de luy, qu'a reclamer son amour, qui ne desire de vous que le vostre.
Faites ainsy, ma tres chere Fille, et cultivés soigneusement la douceur et humilité interieure.
Je fay incessamment mille souhaitz de benediction sur vous; et sur tout, que vous soyes humble,
douce et toute succree, et que vous facies proffit de vos peynes, les acceptant amoureusement pour
l'amour de Celuy qui, pour l'amour de vous, en a tant souffert.
Je suis, ma tres chere Fille, en luy,
Tres affectionné, tout vostre,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 12 septembre.... [68]
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CMXIII. A Monseigneur Antoine de Revol, Evêque de Dol244.
Un regret et une tentation du Saint. Les serpents et le
charmeur. Comment Dieu récompensera «la sainte inutilité»
apparente des missionnaires du bailliage de Gex.
Annecy, 12 septembre245 1613.
Monsieur,
Je regrette que vous et monsieur de N.246 soyes a Paris pour un si fascheux exercice247;
mais puisqu'il n'y a remede, il faut en adoucir la peyne par la patience248. Et moy je suis, Monsieur,
en un continuel tracas que la [69] varieté des affaires de ce diocese me produit incessamment, sans
que j'aye un seul jour auquel je puisse voir mes pauvres livres, que j'ay tant aymés quelquefois et
que je n'ose plus aymer maintenant, de crainte que le divorce auquel je suis tombé contre eux ne
me fust plus aspre et ennuyeux.
Nous avons bien un petit quartier ou, despuis peu, on a restabli l'exercice de l'Eglise par
l'authorité du Roy et selon l'edit de Nantes249; mais cet exercice me met plus en exercice de disputer
contre les ministres pour les biens temporelz de l'Eglise qu'ilz nous retenoyent250, que de leur
persuader, ni au peuple, la verité des biens spirituelz auxquelz ilz devroyent aspirer; car c'est
merveille comme ces serpens bouchent leurs oreilles pour n'ouÿr point la voix du charmeur251,
pour sagement et saintement qu'on les veuille charmer. Il y a la, nombre suffisant de fort bons
pasteurs et de bons Peres Capucins252 qui, n'estans point ouÿs des hommes, sont veus de Dieu,
244 Un passage de la déposition de Mgr de Revol (Process. remiss. Parisiensis, ad art. 25) est ainsi conçu: «Par une
lettre a un sien amy, du douziesme novembre (sic) 1615, laquelle j'ay veu, leu et tenu,» le Serviteur de Dieu «escript
en ces ternies: Nous avons bien un petit quartier,» etc.; et le déposant cite in-extenso le deuxième alinéa de notre texte.
Or, ce «sien amy», c'est lui-même, puisque sous ce titre, il désigne toujours le destinataire des lettres que le Saint lui
a adressées. (Voir tome XII, note (402), p. 176.)
245 L'édition de 1641 donne la date du 12 septembre; elle est plus vraisemblable que celle de novembre fournie par la
déposition du destinataire (voir la note précédente). Les Procès de Canonisation de saint François de Sales sont parfois
inexacts pour la chronologie des faits, et d'ailleurs, l'affaire qui avait amené à Paris l'Evêque de Dol appuie notre
conjecture. (Voir note (247) ci-dessous.)
246 Sans doute, François Larchiver, né à Plouézoc'h, ancien diocèse de Tréguier. Il étudia à Paris, puis à Rome, où il
fut successivement curé de Saint-Yves des Bretons et de Saint-Louis des Français. Grand pénitencier des Bretons en
Cour de Rome, durant le jubilé de 1600, plus tard, chanoine de Verdun, il fut sacré évêque de Rennes le 24 juin 1602
et prit part à l'assemblée des Etats généraux de 1614. Mgr Larchiver mourut dans son palais épiscopal le 22 février
1619, «laissant la réputation d'un savant et saint évêque.» (D'après Guillotin de Corson, Pouillé historique de
l'archevêché de Rennes, 1880, tome I, p. 92.)
247 Un arrêt du 26 octobre 1613, rendu à Fontainebleau, tranche de la manière suivante les différends relatifs à la
présidence des Etats de Bretagne: «Le Roy en son Conseil, la Royne regente sa mere, presente... a ordonné et ordonne
qu'aux assemblees des Estats de ladicte province, qui se tiendront en la ville et diocese de Rennes, l'Evesque de Rennes
tiendra le premier lieu et l'Evesque de Dol le second, et aux assemblees qui se tiendront es autres dioceses, l'Evesque
de Dol tiendra le premier lieu et l'Evesque de Rennes le deuxiesme, et tous les autres Evesques de ladicte province,
tant au diocese de Rennes qu'aux autres, sierront apres eux.» (Archiv. Nat., E. 42a n° 233, fol. 425-427.) Les
conclusions de cet arrêt, favorable en somme à Mgr de Revol, et la date qu'il porte expliqueraient comment le 12
septembre 1613 l'Evêque de Dol et Mgr Larchiver se trouvaient ensemble à Paris. «Fascheux exercice,» en effet, pour
l'ami du Saint, puisqu'il avait pour adversaires, contre ses prétentions, les autres évêques de Bretagne et celui de
Rennes lui-même.
248 Horat., Carmin. 1. I, XXV, ad Virgil. vers. 19, ult.
249 Ce «petit quartier» est le pays de Gex. (Voir le tome précedent, pp. 254, 255, 293-297.)
250 Cf. ci-dessus, note (186), p. 49.
251 Ps. LVII, 5, 6.
252 On peut mentionner entre autres, les PP. François de Chambéry (cf. le tome précédent, pp. 129, 298, 339), Diègue
de la Cité-Neuve (ibid., p. 166) et Maximilien de Moulins. Ce dernier fut choisi par le clergé du bailliage de Gex pour
le représenter aux Etats généraux de 1614.
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7.10 Page 70

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lequel sans doute aggree bien leur sainte inutilité presente, laquelle il recompensera par apres d'une
moisson plantureuse, et s'ilz sement en pleurs, recueilleront en joÿe253.
C'est bien asses, Monsieur, vous avoir entretenu pour ce renouvellement de nostre
commerce, que je veux, Dieu [70] aydant, continuer, et ne point cesser de vous ramentevoir
souvent que je suis invariablement,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres obeissant, indigne frere
et serviteur inutile,
FRANÇS, E. de Geneve.
De Neci, ce 12 septembre 1613.
CMXIV. A M. Louis Girod, Curé d'Arlod254 (Inédite). Le
monastère des Ciarisses d'Annecy menaçant ruine, l'Evêque de
Genève invite chacun de ses diocésains à faire quelque aumône
à cette intention.
Annecy, 13 septembre 1613.
255Monsieur le Curé,
Voyant l'extreme indigence que les Dames de Sainte Claire de cette ville ont d'estre
secourues promptement pour empecher une totale ruyne des bastimens de leur monastere, ce qui
ne se peut faire qu'avec une grande somme de deniers, laquelle ne peut estre tiree d'une seule
bourse, j'ay advisé de faire inviter, tant les gens d'Eglise que les peuples, de contribuer a cett'
intention, un chacun selon ses facultés et devotion, quelqu'aumosne [71] et liberalité256. A quoy
m'assurant vous appourteres tout' aide et faveur, je me remetz pour le reste a ce qui vous sera
representé par le sieur Surveillant257, auquel j'ay envoyé l'ordre que je desire estre tenu.
Atant, je me recommande a voz oraisons et suis,
Monsieur le Curé,
Vostre humble et tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Anecy, le XIII septembre 1613.
A Monsieur
Monsieur le Curé d'Arloud.
253 Ps. CXXV, 5.
254 Louis Girod, ordonné sous-diacre le samedi des quatre-temps de Pente côte, 16 juin 1612, fut institué recteur, le
1er août suivant, de la chapelle des saints Fabien et Sébastien, fondée dans la paroisse d'Arlod, dont Amédée Bertellier
était curé. Le 11 août, «sous le bon plaisir de Mgr le Rme,» ils avaient échangé lesdites cure et chapelle, et le 13,
chacun recevait l'institution pour son nouveau bénéfice. Ordonné diacre le 22 septembre, prêtre le 22 décembre 1612,
Louis Girod signe les registres paroissiaux d'Arlod depuis le 24 octobre 1613 jusqu'en 1663. Le 9 janvier 1664 cette
cure changeait de titulaire. (R. E.; Notes de M. l'abbé Roupioz, curé d'Arlod, 1908.)
255 La lettre a été écrite de la main d'un secrétaire, mais le Saint l'a signée.
256 La pauvreté extrême des Dames de Sainte-Claire d'Annecy (voir tome XIII, note (229), p. 74) préoccupa toujours
le cœur du saint Prélat et, par tous les moyens, sa charité s'ingénia à les assister. Nous le verrons même recourir
quelques années plus tard à Victor-Amédée, prince de Piémont, et jusqu'au Saint-Siège, pour leur en obtenir des
secours.
257 Sans doute, Philippe Gaillard, curé de Montanges, surveillant de 1612 à 1616. Cette charge était une création de
Mgr de Granier. Choisis au nombre de vingt ou de vingt-cinq, parmi les prêtres les plus instruits, les surveillants
assemblaient deux fois par an les curés de leur ressort, pour traiter avec eux des questions pastorales; ils faisaient
chaque semestre la visite des cures et des églises, en dressaient les procès-verbaux, et veillaient à l'observation exacte
de la discipline. Ils avaient aussi la faculté de dispenser en de petites choses selon la nécessité. (D'après les dépositions
de Georges Rolland et de Michel Favre, Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 28 et 47.)
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8.1 Page 71

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Revu sur l'original conservé au presbytère d'Arlod (Ain).
CMXV. A la Mère de Chantal (Fragment). Un songe de la Sœur
de Blonay proposé au Saint ; sa réponse. Les «veritables
marques des veritables graces surnaturelles.»
Annecy, [vers le 15] septembre 1613258.
Quand ma mauvaise jambe me le permettra259, j'iray [72] voir la bonne santé et le bon cœur
de nostre chere cadette260. Si ces pauvres qui luy ont parlé sont de la terre ou du Ciel, je ne sçai,
Dieu le sçait261; mais je sçai bien qu'ilz luy ont parlé le langage de Jesus Christ et de saint Jean
escrivant aux Evesques d'Ephese, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie
et de Laodicee262.
Dites a cette chere fille qu'elle n'examine point curieusement le songe qu'elle a fait, mais
qu'elle prouffite soigneusement et humblement de sa santé de cœur et de cors pour le service et la
gloire de Dieu263. L'humilité et la fidelité interieure, jointes a la vraye charité et constance au bien,
sont les veritables marques des veritables graces surnaturelles. [73]
258 L'état souffrant du Bienheureux (cf. ci-dessus, Lettre CMXII) et la date approximative du songe de la Sœur de
Blonay (voir note (263) de la page suivante) justifient la date que nous attribuons à ce fragment.
259 Voir ci-après, Lettres CMXVII, CMXVIII, CMXX.
260 Sœur Marie-Aimée de Blonay (voir le tome précédent, note (826), p. 290).
261 II Cor., XII, 2, 3.
262 Apoc., I, 11; II, III.
263 La Sœur de Blonay, rapporte son historien (Charles-Auguste, Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, 1655, chap.
IV et VI), donna l'hospitalité, pendant qu'elle était chez son père, à sept pauvres, et en pansa trois de plaies très
douloureuses. C'étaient des soldats de bonne naissance, qui venaient du nord de l'Allemagne et que le malheur des
armes avait mis en cet état. Environ huit mois après sa profession (10 février 1613), Dieu la visita d'une longue
maladie. «Un matin, apres ses prieres,» dit son biographe, «attendant l'acces de sa fievre, elle s'endormit, et s'imagina
voir en songe venir vers elle les sept pauvres cavalliers qu'elle avoit logez et pensez chez son pere.» Chacun lui adressa
une des paroles que saint Jean écrivait aux Evêques de l'Asie-Mineure, et à son réveil, la fébricitante se trouva
parfaitement guérie. La Mère de Chantal ayant envoyé au saint Fondateur le récit du songe qui venait d'arriver à la
«chere cadette,» celui-ci répondit par le billet qu'on vient de lire.
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8.2 Page 72

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CMXVI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Le Saint demande à
la destinataire de favoriser de sa recommandation un proche
parent. La raison et le droit en ce temps-là.
Annecy, 21 septembre 1613.
Madame ma Mere,
Vous ayant envoyé mon frere264 pour vous ramentevoir mon obeissance et service, je ne
pensoys pas vous faire presenter si tost de mes lettres. Mays monsieur de Monfort Mionnaz, mon
proche parent265, me vient conjurer d'interceder vers vous, sachant lhonneur que j'ay en vostre
bienveuillance, affin quil vous playse le favoriser de vostre recommandation en un mauvais proces
quil a a Vienne266, ou il sçait que monsieur vostre frere a du pouvoir267. Si je ne suis extremement
trompé, la rayson et le droit sont de son costé, mays et la rayson et le droit ont bon besoin d'estre
appuyés pour ne point descheoir en ce tems. C'est pourquoy je ne fais point de difficulté de vous
supplier de rendre messieurs vos freres268 favorables a ce gentilhomme que j'affectionne beaucoup
[74] et pour ses qualités et pour le proche parentage que j'ay avec luy.
J'escris ainsy vistement, et vous asseure que je ne veux ceder a personne en la fidelité que
je vous ay dediee, en qualité,
Madame ma tres chere Mere, de
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXI septembre 1613, a Neci.
A Madame
[Madame de] Pezieu.
A Tuey.
Recommandee a monsieur Rosetain269.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
au château de la Roche-Mailly (Sarthe).
264 Probablement Jean-François.
265 Voir ci-dessus, note (221), p. 60.
266 Voir ibid., note (223).
267 Le frère de la destinataire qui avait «du pouvoir» à Vienne en 1613 auprès de l'officialité métropolitaine, ne peut
être que César de Disimieu, gouverneur de Vienne de 1590 à 1615, déjà conseiller d'Etat en 1611 et chevalier de
l'Ordre du Saint-Esprit en 1613. Il avait épousé en 1598, Marguerite de Budos. La déposition de François de
Longecombe de Pevzieu (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 54) mentionne une attestation datée du 1er août 1632,
par laquelle César de Disimieu, oncle du déposant, reconnaît avoir été guéri d'une très grave maladie par l'intercession
de saint François de Sales, en 1629. Quelques biographes le font mourir en 1615; leur erreur est donc évidente. Il
vécut jusqu'au commencement de l'année 1635. (Bibliothèque de Grenoble, Recueil des Mss. de Chorier et de Guy
Allard, R. 80, pièce 687.)
268 Mme de Peyzieu avait encore deux autres frères: Jean de Disimieu, qui épousa Laurence de Clermont, et Antoine,
chevalier de Malte, commandeur de Villeneuve-sur-le-Cher.
269 De par ses fonctions d'official forain, Rd Jean Rosetain sa note sera donnée plus tard résidait tout près du
château de Thuey ou Thoys, situé à trois kilomètres au sud-ouest de Belley. (Cf. le tome précédent, note (821), p.
288.)
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8.3 Page 73

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CMXVII. A la Soeur Favre, Religieuse de la Visitation
(Fragment inédit). Pourquoi les âmes religieuses sont heureuses.
Une correspondante trop discrète.
Annecy, [vers le 22] septembre 1613270.
Passé deux heures, Mad271……venir, puis quil luy……..et en attendant je vay……….. [75]
dont je suis en souci ce cet accident. Nous sommes [bienheureux] d'avoir un Espoux immortel.
La playe de ma jambe s'est voirement agrandie, mais elle ne laisse pas d'estre plus douce
et s'en va tout a fait guerie dans cinq ou six jours, comme j'espere.
Or sus, ma tres chere Fille, ne faites pas tant la discrette, sous pretexte du respect que vous
me voules porter, que vous ne m'escrivies tous-jours quand vostre cœur le treuvera bon; car je vous
asseure que le mien le treuvera tous-jours encor meilleur. Dieu………………………………….
[ma Fille] bienaymee.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nevers.
CMXVIII. A la Soeur de Bréchard, Religieuse de la Visitation.
Un service de charité aimablement refusé. Les «pauvres
gens» servis comme frères et membres de Jésus-Christ, plus
heureux que le «pauvre pere.» Espérance qui consolait celui-
ci de ne voir pas à son gré ses filles de la Visitation.
Annecy, [27 ou 28] septembre 1613272.
Vous me rendries certes trop aymable le mal de cette jambe, ma tres chere Fille bienaymee,
si a l'occasion d'iceluy vous me venies voir et que vous me traittassies. Certes, j'aymerois bien ce
mal qui, estant si petit, m'apporteroit tant de consolation; je n'en voudrois vrayement jamais guerir
a ce conte, non pas mesme quand ma Mere seroit venue et qu'elle vous auroit amenee avec elle.
Mays, ma tres chere Fille, comme vous sçaves, cela [76] ne doit pas estre ainsy, car encor
que l'innocence de ces cœurs de pere et de fille n'ayent pas besoin en leur candeur de tant de
retenue, si est ce qu'il faut souffrir celle que l'aigreur des autres cœurs requiert, et que le pauvre
pere, tout pauvre pere qu'il est, demeure sans estre visité par ses filles, voire par sa tres chere Mere,
sinon qu'il ayt quelque mal qui puisse, par sa grandeur, meriter ce grand bien. Ma tres chere Mere
et ma tres chere fille passeront modestement et non gueres loin du logis de ce pauvre pere et filz,
sans y entrer et sans le voir, et iront tout droit servir ces pauvres gens qui ne leur sont vrayement
270 La destinataire semble être Sœur Marie-Jacqueline Favre, qui avait pansé la jambe malade du Bienheureux. (Voir
note (272) de la lettre suivante.)
L'espoir qu'il exprime ici d'être bientôt guéri, le rapport de ce fragment avec les lettres du 28 et du 29
septembre et l'allusion à l'accident qui entraîna la mort rapide du mari de Mme de Murat de la Croix autorisent la date
proposée.
271 Il n'a pas été possible de combler les lacunes qui suivent; elles proviennent de la mutilation de l'Autographe.
272 Les Sœurs Marie-Jacqueline Favre et Marie-Adrienne Fichet avaient fait visite au Saint, et, d'une main mal assurée
parce que tremblante d'émotion, avaient pansé la plaie dont il souffrait. Voir dans l'Année Sainte de la Visitation (tome
XI, p. 8), le récit de ce petit événement. Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard, plus adroite, offrit ses services et ses
remèdes à son bienheureux Père. Il les refusa aimablement, en lui écrivant la présente lettre. La date se déduit du
rapport des Lettres CMXV, CMXVII avec celle-ci.
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8.4 Page 74

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ni filz ni pere, mais qu'elles regardent comme freres et membres de Jesus Christ. Ainsy, demeurés
en paix, ma tres chere Fille, jusques a ce que demain, s'il se peut, je porte cette mauvaise jambe en
vostre parloir; car je ne nie point que les yeux de ma tres aymee Mere et l'ordonnance de ma tres
bonne et brave fille ne luy soyent salutaires. Mais cependant, puisque vous ne pouves panser cette
jambe, pensés un peu a ce cœur de vostre pauvre et chetif pere; priés bien pour luy qui,
reciproquement, vous souhaite mille et mille benedictions.
Je salüe cherement nos Seurs. Monsieur Michel est bienheureux d'aller, quand il veut, voir
mes filles273. Un jour nous nous verrons tous ensemble en cette eternelle liberté de l'amour qui
n'aura plus de bornes ni de fin, ni d'autres limites que celles de son immensité.
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère de Bréchard par la Mère de Changy,
conservée à la Visitation d'Annecy. [77]
CMXIX. A Madame de Murat de la Croix274. Les déceptions de
la vie et ses fugitives consolations. Sympathies et
condoléances. Dieu seul consolateur efficace, et à quelle
condition. Promesse de prières et offre de services.
Annecy, 28 septembre 1613.
Mon Dieu, que cette vie est trompeuse, Madame ma tres chere Cousine, et que ses
consolations sont courtes! Elles paroissent en un moment, et un autre moment les emporte, et,
n'estoit la sainte eternité a laquelle toutes nos journees aboutissent, nous aurions rayson de blasmer
nostre condition humaine.
Ma tres chere Cousine, sachés que je vous escris le cœur plein de desplaysir pour la perte
que j'ay faite, mais plus encor pour l'imagination vive que j'ay du coup [78] que le vostre recevra,
quand il entendra les tristes nouvelles de vostre viduité si prompte, si inopinee, si lamentable! Que
si la multitude de ceux qui auront part a vostre regret vous en pouvoit diminuer l'amertume, vous
en auries tantost bien peu de reste; car nul n'a conneu ce brave chevalier decedé275, qui ne contribue
une particuliere douleur a la reconnoissance de ses merites.
273 En qualité de confesseur de la Communauté, M. Michel Favre se rendait souvent, pour l'exercice de son ministère,
à la Visitation.
274 Les éditeurs précédents adressaient cette lettre A une Cousine; l'étude du texte et la concordance des faits permettent
de désigner en toute assurance, comme destinataire, Claude-Françoise de Maillard-Tournon, fille de Prosper-Marc de
Maillard, comte de Tournon, et de Philiberte de Beaufort, baptisée le 18 mai 1597, à Chambéry, avec noble François
Martinengo pour parrain. (Reg. par. de Saint-Léger.) Elle fut admise avant ses fiançailles au nombre des dames
d'honneur des Infantes de Savoie; le duc Charles-Emmanuel, tout en la dispensant ensuite du service, la gratifia, par
mandat du 14 novembre 1612, d'un cadeau de «quattre mille ducatons, de huictante sols Savoye piece.» (Turin, Archiv.
de la Chambre des Comptes, vol. 26, Patentes, fol. 63.) Au mois de février 1613 (voir le tome précédent, note (968),
p. 341, et note (995), p. 350), saint François de Sales avait béni son mariage avec Salomon de Murât de la Croix,
qu'elle perdit soudainement le 21 septembre de cette même année. (Voir la note suivante.) Il lui laissa un fils,
Sigismond, qui fut baron de la Croix, seigneur de Saint-Marcel, comte de Tournon, général des étapes de Savoie, etc.
La jeune veuve elle n'avait que dix-huit ans vécut avec sa mère. Des fréquentes mentions que fait d'elle
sainte Jeanne-Françoise de Chantal dans sa correspondance, on peut conclure que Mme de la Croix devint une amie de
la Visitation. C'est elle qui, le 18 septembre 1614, posa la première pierre de l'église du Monastère, au nom de la
duchesse de Mantoue, protectrice de la Congrégation. (Cf. ci-dessus, p. 6.) A la fin de 1619, le seigneur de Cormand
demanda sa main; mais, comme on le voit par une lettre du Saint, le 22 août 1620 ce projet d'alliance était rompu. La
destinataire resta veuve, semble-t-il; elle vivait encore en 1643. (Cf. Mugnier et Dufour, Les Maillard, Chambéry,
1890, p. 137.)
275 Salomon de Murat de la Croix (cf. le tome précédent, note (968), p. 341, et note (274) ci-dessus) fut inhumé à
Turin, dans l'église de la Consolata. On y voit encore son tombeau qui porte une épitaphe latine, dont le comte de
74/335

8.5 Page 75

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Mais, ma tres chere Cousine, tout cela ne vous peut point soulager qu'apres le passage de
vostre plus fort sentiment, pendant lequel il faut que ce soit Dieu qui soustienne vostre esprit et
qui luy soit refuge et support. Or cette souveraine Bonté, sans doute, ma tres chere Cousine,
s'inclinera vers vous et viendra dedans vostre cœur pour l'ayder et le secourir en cette tribulation276,
si vous vous jettés entre ses bras et vous resignés en ses mains paternelles. Ce fut Dieu, ma tres
chere Cousine, qui vous donna ce mari, c'est luy qui l'a repris et retiré a soy277; il est obligé de vous
estre propice es afflictions que les justes affections, lesquelles il vous avoit eslargies pour vostre
mariage, vous causeront meshui en cette privation.
C'est en somme tout ce que je vous puis dire. Nostre nature est ainsy faite, que nous
mourons a l'heure impourveuë et ne sçaurions eschapper cette condition: c'est pourquoy il faut y
prendre patience, et employer nostre rayson pour adoucir le mal que nous ne pouvons eviter; puis,
regarder Dieu et son eternité, en laquelle toutes nos pertes seront reparees et nostre societé, desunie
par la mort, sera restauree.
Dieu et vostre bon Ange vous veiiillent inspirer toute [79] sainte consolation, ma tres chere
Cousine. J'en supplieray sa divine Majesté, et contribueray au repos de l'ame du cher trespassé
plusieurs saintz Sacrifices; et a vostre service, ma tres chere Cousine, je vous fay tres sincerement
offre de tout ce qui est a mon pouvoir, sans aucune reserve, car je suis et veux encor plus
puissamment que jamais, faire profession d'estre,
Madame ma tres chere Cousine,
Vostre plus humble et plus affectionné
cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 28 septembre 1613.
CMXX. A Madame de la Fléchère. Compassion du Saint pour
une pauvre veuve dont il avait béni le mariage. Les
vicissitudes de la vie humaine. Deux nouvelles oblations à la
Visitation.
Annecy, 29 septembre 1613278.
Ma santé se va tous les jours plus affermissant, ma tres chere Fille, mais je me treuve
grandement affoibli des jambes, et plus que je ne pensois. C'est la verité que je suis consolé de
sçavoir comme cette pauvre nouvelle vefve279 se comporte vertueusement; car voyes vous, par ce
que je fus l'officier en leur mariage280, il m'est advis que sa viduité m'est plus a cœur et que je suis
Tournon est probablement l'auteur. En voici la traduction: «A la mémoire du très noble et vaillant Salomon de Murat
de la Croix, français, fils de Jacques, seigneur des Issarts. Il promettait, s'il eût vécu l'âge requis, d'être un sujet de
gloire insigne pour sa patrie. Il courait aux supremes honneurs, lorsqu'une mort prématurée l'a enlevé à son cher père,
à son épouse et à son fils posthume bien aimés. Il a laissé les plus grands regrets. Prosper Maillard, comte de Tournon,
à son gendre très cher a placé ce monument. Ayant vécu 27 ans, il est mort à Turin, le 21 septembre 1613.»
276 Cf. Ps. XLV, 2.
277 Cf. Job, I, 21.
278 La date de l'année, qui manque dans l'Autographe, est prouvée par l'oblation des Sœurs Legros et Rosset, qui eut
lieu le 39 septembre 1613, et par la mention du malheur récent de Mme de Murat de la Croix.
279 Voir la lettre précédente.
280 Cf. ci-dessus, note (274), p. 78.
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8.6 Page 76

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plus obligé de la servir et luy souhaiter du bien. Helas, que ce monde est bigearre! on se marie d'un
costé281 et de l'autre on regrette la perte d'un mari!
Or sus, vous alles donq aux chams et a vandanges; [80] Dieu soit tous-jours avec vous et
vous comble du moust de son amour plus fervent. Nous ne laisserons pas de sçavoir de vos
nouvelles aux occurrences.
Mme de Chantal est a present un peu occupee, par ce qu'aujourdhuy nous avons receu les
oblations de deux Seurs: ma Seur Legros282 et ma Seur Rousset, de Saint Claude283, et les parens
font leurs petites affaires sur ce sujet. Je luy envoyeray vostre lettre.
Ma tres chere Fille, je suis plus incomparablement que vous ne sçauries croire, parfaitement
tout vostre.
A Neci, le jour saint Michel.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Vienne (Autriche).
CMXXI. A des inconnus284. Rien n'est mauvais de ce que l'Eglise
ordonne. La Communion sous la seule espèce du pain. A
quoi servent et comment il faut présenter les ablutions.
Pourquoi doit-on célébrer le Mariage devant l'autel.
Annecy, octobre 1613285.
Messieurs,
Ayant sceu que vous prenes quelque sorte de scandale dequoy l'on vous donne l'ablution
dans un verre apres [81] que vous aves communié, et parce que l'on conduit les espoux et espouses
devant l'autel pour celebrer le Mariage, je vous ay voulu faire ces deux motz pour vous exhorter
de ne point vous faire ce tort a vous mesmes que de croire que ce que l'Eglise nostre mere ordonne
puisse estre mauvais ou inutile.
Or, elle ordonne que les lays reçoivent la Communion es especes du pain seulement,
esquelles ilz participent neanmoins parfaittement au cors et sang de Nostre Seigneur, tout autant
comme s'ilz le recevoyent encor sous l'espece du vin, puisque ce mesme Sauveur a dit286: Qui me
mange, il vivra pour moy; et287: Qui mange ce pain, il vivra eternellement. En sorte que ce qui se
281 Allusion au prochain mariage de Marie d'Avise, nièce de Mme de la Fléchère. (Voir ci-dessus, Lettre DCCCXCVII,
p. 40.)
282 Sœur Marie-Marthe Legros (voir le tome précédent, note (672), p. 233).
283 Sœur Anne-Marie Rosset, qui sera plus tard destinataire, avait reçu l'habit le 27 septembre de l'année précédente.
(Cf. tome XIV, note (662), p. 230.)
284 Ces destinataires inconnus pourraient être les catholiques des nouvelles paroisses du pays de Gex. Le scandale
qu'ils avaient pris des rites usités alors dans les églises fait croire, ou qu'ils en étaient déshabitués, ou que, nouvellement
convertis, ils avaient quelque peine à se les rendre familiers.
285 A partir de Hérissant (1758), les éditeurs précédents donnent la date de 1603. Or, le Rituel publié par saint François
de Sales en 1612 (voir tome XV, note (821), p. 228), contient cette ordonnance qui se rapporte aux premières lignes
de notre texte: «En même temps, l'acolythe doit suivre, avec du vin blanc dans une coupe en verre, et un linge blanc
pour essuyer les lèvres des communiants.» Cette prescription ne se trouvant pas aux Constitutions synodales de 1603
et de 1605, la date que nous adoptons reste la plus vraisemblable. Rien d'ailleurs de plus facile que de confondre 1603
et 1613 dans l'écriture du Saint. Nous n'avons aucune raison pour ne pas maintenir le mois d'octobre indiqué par
Hérissant, mais il est impossible de déterminer le quantième.
286 Joan., VI, 58.
287 Ibid., v. 59.
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boit apres la Communion par le peuple, ce n'est pas le sang du Sauveur, mais seulement du vin qui
se prend pour laver la bouche et faire plus entierement avaler le precieux cors et sang des-ja receu
en la tressainte Communion. C'est pourquoy cela ne doit pas estre presenté dans le calice, mais
dans un autre vase, ou de verre, ou autrement. Que si par ci devant il a esté autrement fait, ç'a esté
par abus et par la nonchalance et paresse des officiers de l'Eglise, et contre l'intention de l'Eglise
mesme.
Et quant au Mariage, il n'est pas raysonnable de le celebrer ailleurs que devant l'autel,
puisque c'est un Sacrement si grand288, et que ceux qui le reçoivent ne sont pas hors de l'Eglise,
comme les petitz enfans qu'on apporte au Baptesme, ains sont des-ja baptizés et, par consequent,
introduitz en l'Eglise et a l'autel.
Laissés vous donq conduire, mes Amis et Freres, comme bonnes brebis, a ceux qui, sous
mon authorité et celle du Saint Siege Apostolique, vous ont esté donnés pour [82] pasteurs; et Dieu
vous benira, ainsy que je l'en prie, estant de tout mon cœur,
Vostre tres affectionné et tout dedié
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
CMXXII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Demande d'un
renseignemen.
Annecy, commencement d'octobre 1613289.
Je ne sçai, ma tres chere Mere, si monsieur le premier President a traitté avec vous pour
toute la somme que monsieur de Duzonche devoit290, car je ne m'en resouviens pas; et neanmoins
on me le demande de Foucigni, certains qui doivent traitter avec ledit sieur de Duzonche et a qui
il importe.
Cependant, avec ce petit sujet, je donne le bon jour a ma tres chere Mere, ma Fille, a
laquelle, comm'a moy mesme, je souhaite mille benedictions.
Revu sur l'Autographe qui se trouvait à Evian, chez les RR. PP. Missionnaires de Saint-François
de Sales. [83]
288 Ephes., V, 32.
289 Le premier Livre des comptes du Monastère de la Visitation d'Annecy (1612-1616) contient la note suivante: «Item,
donné a rente ce mesme jour (30 septembre 1613) a monsieur le premier President, les cinq cens ducatons dont
monsieur Desonche estoit redevable pour... la donnation faicte par madame de Mirebet (sic) a cette Congregation.»
(Voir plus haut, note (80), p. 14.) Par le Registre des Délibérations du Conseil de Ville on voit, en effet, que le président
Favre dut arriver à Annecy le 24 septembre, et sans doute il s'y arrêta plusieurs jours. Ce double renseignement et la
teneur du présent billet autorisent à croire qu'il a été écrit au commencement d'octobre.
290 Antoine de Bellegarde, seigneur de Disonche (voir le tome précédent, note (1040), p. 366, et la note ci-dessus).
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8.8 Page 78

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CMXXIII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie.
Remerciements au prince pour l'élargissement des amis du Saint
; celui-ci espère qu'ils pourront rentrer bientôt dans Annecy.
Annecy, 4 octobre 1613.
Monseigneur,
Je remercie en toute humilité Vostre Grandeur pour la liberté en laquelle il luy a pleu
remettre les sieurs de Charmoysi et du Noyeret, selon la promesse qu'elle m'en avoit faite291. Elle
ne favorisera jamais homme qui vive avec plus de fidelité et d'affection a son service que moy, qui
espere et attens de voir encor bien tost l'acces a cette ville ouvert a ces deux gentilzhommes292; car
la bonté et equité de Vostre Grandeur, Monseigneur, pressera et sollicitera son cœur a le faire, sans
qu'aucune autre entremise y soit necessaire.
Et tandis, je supplie Nostre Seigneur qu'il respande abondamment toutes sortes de saintes
prosperités sur Vostre Grandeur, de laquelle je suis,
Monseigneur,
Tres humble, obeissant et tres fidele
serviteur et orateur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le 4 octobre 1613.
A Monseigneur
[Monseigneur] le Duc de Genevois,
de Nemours et de Chartres. [84]
CMXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Supplique
pour obtenir au Chapitre de Saint-Pierre de Genève la cession de
l'église et du prieuré du Saint-Sépulcre d'Annecy.
Annecy, 7 octobre 1613.
Monseigneur,
Le pauvre Chapitre de l'eglise cathedrale de Geneve a demeuré, il y a tantost un siecle, en
cette ville de Neci sans y avoir ni mayson ni eglise que de louage293. Maintenant il se presente
291 Voir ci-dessus, pp. 23, 29, 46, les lettres au duc de Nemours, 9 et 14 juin, et 19 juillet.
292 Nous ignorons à quelle époque M. de Charmoisy put rentrer à Annecy; jusqu'au 28 décembre 1613, des Hayes
parle de sa disgrâce dans les lettres qu'il lui adresse. (Cf. J. Vuÿ, La Philothée, etc., II, pp. 132-136.) Quant à M. du
Noyret, voir plus loin, la lettre du 3 août 1614 au comte de Tournon.
293 Les chanoines de Saint-Pierre, en quittant Genève (septembre 1535), reprirent l'Office à Rumilly, dans l'église de
Sainte-Agathe. Congédiés en 1536, ils furent provisoirement admis dans celle de Saint-Maurice d'Annecy, sous le
château Nemours. Enfin, en 1538, ils s'installèrent solennellement dans l'église neuve des Cordeliers, qui avait pour
fondateur l'Evêque de Caserte, Mgr Lambert, chanoine lui-même de Saint-Pierre, et pour lors résidant à Rome. A la
mort de ce dernier, l'hospitalité qu'il avait accordée à ses confrères demeura pour ceux-ci très précaire, jusqu'à la
transaction du 15 janvier 1559, qui leur accorda l'usage de l'église, moyennant un loyer de 200 florins. En 1613, le
Chapitre était encore locataire des Cordeliers. Le recours qui fait l'objet de la présente lettre n'aboutit pas. Pendant
deux cent trente-cinq ans toutes les tentatives des chanoines de Saint-Pierre pour trouver une église devaient échouer.
Le 1er octobre 1771, les Cordeliers d'Annecy ayant été supprimés, le Chapitre devint, conjointement avec l'Evêque,
propriétaire de la vieille église, depuis église cathédrale des évêques d'Annecy. (Voir Mém. et doc. de l'Acad. Salés.,
tome XIV, Annecy, Niérat, 1891.)
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un'occasion de luy faire avoir l'eglise et le prieuré du Sepulcre294, par la resignation [85] de celuy
qui en est prouveu295. Mays, Monseigneur, avant toutes choses, le bon playsir de Vostre Altesse
est requis, lequel ledit Chapitre la supplie tres humblement de luy ouctroyer, comm'un'aumosne a
des pauvres bannis et dejettés de leur siege par les ennemis de Dieu et de Vostre Altesse
Serenissime; laquelle, certes, pour cela ne les rendra pas riches, puisque ledit prieuré n'est que de
cent ducatons de revenu, mais elle les accommodera beaucoup, ce benefice estant en cette ville et
[86] fort a la bienseance de cette compaignie qui ne cessera jamais, non plus que moy, de souspirer
et aspirer devant la divine Majesté jusques a ce que, sous les auspices de Vostre Altesse, elle
retourne en son ancien sejour.
Ce sont les souhaitz perpetuelz,
Monseigneur, de
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
VII octobre 1613, a Neci.
A Son Altesse Serenissime.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives lie l'Etat.
294 Le Saint-Sépulcre d'Annecy, fondé entre 1348 et 1360, comprenait une église, transformée aujourd'hui en poterie
et en magasin militaire; un couvent, incendié vers 1590 et qui n'a pas été relevé de ses ruines, et un hôpital devenu la
caserne Balleydier.
Les confrères hospitaliers ou chanoines, au nombre de dix-huit, qui desservaient cet établissement, se
vouaient à servir la cause des saints Lieux, soit par des aumônes, soit même de leur personne. On les voit enrichis de
plusieurs privilèges vers 1410, par une bulle d'Alexandre V. «Saint Vincent Ferrier, ce grand et apostolique predicateur
thaumaturge, de la presence et des predications duquel la ville d'Annessy a été quelques fois honorée1,» prêcha dans
cette église en 1403, à l'époque des Grands Pardons. Au XVe siècle, Martin V plaça les chanoines du Saint-Sépulcre
sous l'autorité des archevêques de Tarentaise. Le monastère eut pour premier prieur (1350-1360) un personnage qui
devait l'illustrer par sa sainteté: le bienheureux André d'Antioche, fils du prince d'Antioche, chanoine du Saint-
Sépulcre de Jérusalem. Lorsqu'on rapporta de Lyon le cercueil de saint François de Sales (22 janvier 1623), on le
déposa sur les reliques du vénéré prieur.
Dès le XVIIe siècle, l'institution du Saint-Sépulcre dégénéra. Ce ne fut plus qu'une association vague de
quelques prêtres séculiers vivant en dehors de toute discipline, éludant le contrôle des visites canoniques, et qui tomba
peu à peu dans le discrédit. Devant l'attitude sévère de Charles-Emmanuel III (1753-1773), le malheureux Chapitre se
releva un peu; il se composait de neuf chanoines quand, avant 1786, il fut supprimé par l'intendant Dupassier. (D'après
Mercier, Souvenirs historiques d'Annecy, 1878, chap. VII, et Gonthier, Œuvres historiques, 1902, tome II, pp. 391-
401.)
1 Charles-Auguste de Sales, Le Pourpris historique de la Maison de Sales, Annessy, Jacques Clerc, 1659, p. 288.
295 Celui qui était pourvu du prieuré en 1613 était Claude de Menthon-Montrottier, seigneur de Cormand, fils de
Françoise de la Chesnaye et de Pierre, seigneur de Montrottier et de Pontverre, gentilhomme de la chambre du roi de
France. Institué, quoique simple clerc minoré, curé de Minzier le 20 octobre 1587, déjà chanoine chantre de Saint-
Pierre de Genève, on le voit, en 1589, porter le titre de protonotaire du Saint-Siège apostolique. Le même personnage
résigne, le 1er octobre 1592, l'église de Saint-Jean-Baptiste de Grésy; échange la cure de Minzier contre celle de
Lovagny et'Chavanod le 2 juin 1612, puis, le 19 juin suivant, rétracte l'échange. Il s'empara, sans titre quelconque,
croit-on, du prieuré du Saint-Sépulcre à la mort d'Emmanuel-Philibert Pomeo (avril 1603). En effet, le 5 novembre de
cette même année, Clément VIII avait nommé prieur Jean-Baptiste Basso, clerc Milanais, qui fut institué le 7 avril
1607; mais Claude de Ménthon empêcha la prise de possession. (R. E.) Pour agréer au duc de Savoie, il offrit sa
démission en 1617, et Pierre-François de Rossillon lui fut donné comme successeur le 23 avril. Cette fois encore la
nomination n'eut pas de suite. L'obstiné prieur devait même faire échec au désir de Charles-Emmanuel, qui désigna,
le 1er mars 1620, Claude Vidomne de Novéry pour lui succéder1. (Voir Mercier, Souvenirs hist. d'Annecy, p. 616.)
Claude de Menthon garda la commende du Saint-Sépulcre jusqu'à sa mort, arrivée le 22 octobre 1622. Il fut inhumé
le lendemain à l'église de Lovagny, dans le tombeau de famille.
1 Celui-ci ayant dans la suite pris le parti des armes, céda sans doute le bénéfice à son frire Pierre-François, qui devint
prieur commendataire en 1623.
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8.10 Page 80

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CMXXV. Au même. Recommandation en faveur d'un
gentilhomme qui avait ses biens en France.
Annecy, 16 octobre 1613.
Monseigneur,
La grande connoissance que j'ay de la sincere et tres fidele affection que toute la mayson
de Matignien296, et particulierement le sieur d'Alemoigne297, a pour le service et obeissance de
Vostre Altesse Serenissime, me fait entreprendre de la supplier tres humblement de gratifier [87]
ledit sieur d'Alemoigne de l'accueil qu'ell' a accoustumé de faire a ses plus asseurés serviteurs. Il
a ses biens au balliage de Gex; mais ayant succé avec le lait l'inclination et resolution de consacrer
sa personne et sa vie a l'obeissance de Vostre Altesse au peril de tous ses autres biens, estimant
celuy ci le plus grand, il en va faire l'offre et la protestation. Et je l'accompagne par cet escrit,
comme tesmoin oculaire de la perpetuelle et invariable fidelité, et de feu son pere298 et de luy,
envers la couronne de Vostre Altesse, parmi tant de divers accidens qui ont tiré leurs biens hors de
sa sujettion.
Dieu, par son infinie bonté, soit a jamais a la dextre de Vostre Altesse pour la conduire en
toute sainte prosperité: c'est le souhait ordinaire,
Monseigneur, de
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
serviteur et orateur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVI octobre 1613, a Neci.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
296 Henri de Livron acquit la seigneurie de Mattignin en 1547, de noble Barthélémy, fils de Jean Lect, citoyen de
Genève (Archives de la Visitation d'Annecy, Collection J. Vuÿ), et le château avec le fief d'Allemogne, en 155s. Cette
dernière seigneurie passa à son second fils, Bernard. En 1613, la «mayson de Matignien» était représentée par Louis,
fils aîné de Henri de Livron et de Jeanne-Gasparde de Menthon. (Cf. le tome précédent, note (963), p. 339.)
297 Le Saint désigne ici Pierre, fils aîné de Bernard de Livron, seigneur d'Allemogne, et de Louise-Gabrielle de Laude
de la Vulliane ou Veillane, qui avait épousé (contrat du 24 mai 1613) Marguerite de Nicolle de Chrescherel. Par
testament du 12 décembre 1631, il déclare vouloir «être enseveli dans la chapelle des Livron, en l'église de Thoiry.»
La même pièce le qualifie de «gentilhomme servant chez le Roi de France, gouverneur du fort et préside des Allinges,
Abondance et Saint-Gingolph.» (Archives Vidart, Divonne, Ain.)
298 Bernard de Livron, qui était déjà décédé au moment du mariage de son fils Pierre. (Voir les deux notes précédentes
et tome XV, note (963), p. 339.)
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9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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CMXXVI. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Bienveillante
courtoisie du comte de Tournon pour le Saint et pour ses frères.
Gratitude de François de Sales. Nouvelles diverses. Un
écrivain fertile.
Annecy, 4 novembre 1613.
Monsieur,
J'estois a Belley quand M. de Blonnay passa en cette ville299, et a mon retour je treuvay la
lettre quil vous [88] pleut m'escrire le 18 du moys passé, par laquelle vous me renvoyes au recit
quil me fera pour certaines particularités, en l'ignorance desquelles je demeureray jusques a son
retour de Chablaix, mais avec bonne patience, puisque ce que je dois desirer le plus de sçavoir
m'est si amplement tesmoigné par vostre escrit: c'est que vous vives en santé, et moy en vostre
bienveuillance, laquelle mesme s'estend a faire des pensees si honnorables pour mes freres, comme
est celle que vous me signifies, quoy que couvertement, et que ledit sieur de Blonnay a plus
ouvertement fait entendre a mon frere de Thorens300, quil gratifia de sa visite en son passage.
Monsieur, que vous puis-je dire sur cela? sinon que, puisque le bon genie de vostre naturel
vous pousse a nous aymer tant sans merite, je le prie de continuer. Et bien que l'insuffisance et la
petite mediocrité des moyens de mes freres leur empesche la reception du bien et de lhonneur que
vous leur desires, si est ce que la proposition seule né leur peut estre que fort desirable, car elle
donnera, pour le moins, quelque commencement de bonn'impression d'eux au Prince; et eux,
donques, et moy vous sommes extremement obligés, Monsieur, par cette nouvelle obligation qui
nous rend tous-jours plus vos serviteurs.
Au demeurant, quoy que cette nouvelle legation que Son Altesse vous impose301 ayt
beaucoup de charges, ell'a aussi beaucoup d'honneurs; entre lesquelz celuy la, d'estre envoyé
comme reparateur des desordres et manquemens qui sont survenus en son service, me semble fort
grand et digne qu'il vous soit deferé. Allés donq, Monsieur, en bon voyage, et revenés bien tost,
avec le [89] contentement que Son Altesse mesme espere de vostre travail et industrie en un tant
important service.
Nous avons icy le bon M. le President de Buttet extremement malade, de la vie duquel les
medecins sont encor entre la crainte et l'esperance302. Presque tous les gens de bien en sont en
peyne et tesmoignent combien ilz l'estimoyent.
Il ne se peut dire combien Monsieur l'Evesque de Belley fait estat de vostre amitié, ainsy
quil m'a souvent repeté pendant dix jours entiers que j'ay esté avec luy. Il escrit tous-jours
incessamment, et blasme tous-jours ce quil a ci devant escrit.
Nous avons eu M. le Marquis de Lans, qui revient demain de La Roche icy.
Ce sont toutes nos nouvelles, au moins les miennes, de moy, qui vis hors des affaires et du
commerce de ceux qui les manient. Et en attendant des vostres par madame ma cousine303, comme
vous me faites esperer, je prie Dieu quil vous accompaigne tous deux et comble de benedictions,
et suis,
Monsieur,
299 Claude de Blonay revenait sans doute de Turin où se trouvait alors le comte de Tournon.
300 Bernard de Sales.
301 Le 17 novembre 1613, le Nonce de Savoie écrivait au Cardinal Borghese: «Mgr le Duc a destiné deux ambassadeurs
pour la Suisse: M. de Touruon, comme extraordinaire, pour traiter avec les cantons la confirmation et l'extension de
la Ligue, et M. de Monthoux, sénateur savoyard, comme ordinaire. On croit qu'ils partiront dans peu de jours, M. de
la Tournette, qui réside là-bas, ayant eu congé de s'en retourner.» (Archiv. Vatic., Nunz. di Savoia, vol. 162.) Cette
mission est sans aucun doute «la nouvelle legation» dont parle le Saint.
302 Jean-François de Buttet, président du Conseil de Genevois. (Voir le tome précédent, note (129), p. 35.) Ses
funérailles furent célébrées le 2 décembre 1613, à Notre-Dame de Liesse d'Annecy.
303 Philiberte de Beaufort, comtesse de Tournon, femme du destinataire. (Voir ibid., note (46), p. 1.)
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9.2 Page 82

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Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
4 novembre 1613, a Neci.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon, etc.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise Pensa, à Turin. [90]
CMXXVII. A Madame de la Fléchère. Une illusion du prieur de
Blonay. Tout va très bien à la Visitation. De Lyon et de
Paris on a demandé les Constitutions. Pourquoi faut-il tenir
son cœur «net, debonnaire et pauvre
Annecy, [vers 8] novembre 1613304.
Ma tres chere Fille,
Nous sommes un peu embarassé maintenant; c'est pourquoy je vous diray courtement que
si le bon M. le Prieur de Blonnay se pouvoit laisser conduire, il seroit a propos d'entreprendre ce
que vous m'escrivés305. Mays, a parler de cœur a cœur entre nous deux, il a un esprit attaché a ses
imaginations, qui sont trop grandes et disproportionnees a ses forces et a sa capacité, laquelle n'est
pas de gouverner, mais d'estre gouverné. Or, tout ce qui l'endommage, est que son esprit est si
fertile en pensees et projetz, quil ne se peut contenter. Je ne treuveray neanmoins pas mauvays,
ains bon, que vous luy parlies selon que Dieu vous le suggerera.
La bonne Mme de Chantal ne sçait pas que je vous escrive, car elle vous escriroit sans doute,
ayant un'ame toute particuliere en vostre endroit. Je l'ay veue ce matin, ayant esté leur aumosnier;
mais il y avoit huit jours que je ne l'avois veue, pour la multitude des affaires. Tout [91] va
extremement bien en cette petite Congregation. On a envoyé prendre les Constitutions de Lion, ou
on projette d'en eriger une306, et de Paris, pour voir si on en pourra desseigner un'autre307; car il
vous faut dire telles nouvelles, comm'aussi que j'ay esté deux fois a Bons308, ou il s'est fait un peu
de bien, mais je ne sçai ce quil aura produit du despuis. La chere seur309 en fut bien ayse, et nostre
petit'Anthoyne310 et tout.
Tenes bien vostre cœur net, debonnaire et pauvre, car bienheureux sont les pauvres, les
debonnaires et les netz de cœur311. Je suis tous-jours plus, tres fidelement vostre.
304 Probablement l'Autographe de cette lettre n'était pas daté, puisque Migne, le premier qui l'a publié, tome VI, col.
967, ajoute: «Vers octobre 1613.» L'année est juste; la teneur des présentes lignes montre, en effet, qu'elles sont de
très près antérieures à la lettre du 20 novembre écrite à la même destinataire; mais le mois est contestable. Les allusions
du texte prouveraient qu'il a été écrit peu après le retour du voyage que le Saint fit à Belley dans la seconde quinzaine
d'octobre. (Cf. la lettre précédente.)
305 A l'occasion des fiançailles de sa nièce Marie d'Avise avec Jacques de Blonay, Mme de la Fléchère avait pu connaître
de plus près le frère de celui-ci, le prieur de Saint-Paul. Peut-être songea-t-elle à tourner vers sa chère paroisse de
Rumilly, alors très «indevotement servie,» (lettre du 6 novembre 1614 au comte de Tournon) le zèle remuant de Jean-
François de Blonay. (Voir le tome précédent, note (1003), p. 354.)
306 Voir plus haut, note (81), p. 15.
307 Cette particularité n'a pas été mentionnée dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Paris; le projet ne
s'effectua qu'en 1619.
308 A l'abbaye de Bons (voir tome XIV, note (254), p. 81).
309 Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse en la même abbaye. (Ibid., note (600), p. 204.)
310 Sans doute Antoinette, fille de Mme de la Fléchère (voir le tome précédent, note (258), p. 86); celle-ci avait
probablement confié l'éducation de l'enfant à sa tante, Jeanne-Bonaventure de la Forest.
311 Matt., V, 3, 4, 8.
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9.3 Page 83

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A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin,
Archives de l'Etat.
CMXXVIII. A Madame de Cornillon, sa soeur312. Le «frere le
plus aymant» et la «seur la plus aymee.» Envoi d'un chapelet
rapporté de Milan. — Un moyen d'avoir toujours le cœur
content.
Annecy, 12 novembre 1613.
Ma tres chere Seur,
L'esperance que j'avois d'aller a Sales me faisoit concevoir celle de vous voir. Je ne l'ay
encor pas quittee [92] du tout, mays ce tems pourtant, qui s'est si fort raffroydi, allentit aussi un
peu cett'attente. Cependant, ces freres313 vous porteront ces quatre motz, par lesquelz je vous salue
avec tout l'amour et lhonneur qu'un frere le plus aymant peut rendre a une seur la plus aymee, et
vous envoye un chapelet de ceux qui ont touché les reliques de saint Charles, n'ayant rien apporté
de plus praecieux de ce pais-lâ. Que si j'eusse creu ne le vous donner moy mesme en main, il y a
long tems que je vous l'eusse addressé.
Je n'oublie pas de parler a mes freres de vostre desir, mais mon frere de Villaroget314, qui
doit adjuster l'affaire, est tous-jours long en toutes choses; je presseray neanmoins, affin que vous
ayes le cœur content. Vous l'aves, ma tres chere Seur, ma Fille, des maintenant, puisque vous
craignes et aymes Nostre Seigneur. Faites le tous-jours, et me conserves en vostre bienveuillance
avec mon frere315, puisque je suis
Vostre plus humble, tres affectionné
frere et serviteur,
F., E. de G.
XII novembre 1613, a Neci.
A Madame
Madame de Merens.
Revu sur l'Autographe conservé à Milan, Archives du prince Trivulzio. [93]
312 Gasparde de Sales (voir tome XIV, note (468), p. 158).
313 Les frères du Saint, qui se rendaient à Rumilly pour le mariage de Marie d'Avise. (Cf. la lettre suivante.)
314 Gallois de Sales, seigneur de Villaroget (voir le tome précédent, note (755), p. 263).
315 Melchior de Cornillon, seigneur de Meyrens, mari de la destinataire.
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9.4 Page 84

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CMXXIX. A Madame de la Fléchère. Souhaits spirituels.
Nouvelles de Mme de Charmoisy.
Annecy, 12 novembre 1613.
Cette seur316 ne s'en ira pas sans vous porter ce petit bon soir que je vous donne, ma tres
chere Fille, avec tout mon cœur qui est tout vostre. J'espere bien pourtant de vous escrire encor
avant vostre passage pour Chablaix317, et si vous revenes par ou mes freres ont discouru ce matin,
je pense que nous vous reverrons ou peu ou prou. Comme que ce soit, ma vrayement tres chere
Fille, je vous souhaite mille et mille consolations celestes, et suis infiniment vostre, et
Vostre plus humble serviteur et compere.
Vous me demandiés l'autre jour des nouvelles de la chere cousine, mais je n'en ay nulle,
sinon par une lettre de Monsieur l'Evesque de Montpellier318, du 22 octobre, qui me dit simplement
qu'elle estoit encor en Normandie319; mais maintenant qu'elle a receu des lettres de [94] monsieur
son mary qui la rappellent de deça, je croy qu'elle est a son despart, ou par chemin.
Nostre Seigneur soit a jamais au milieu de nos coeurs. Amen.
Vostre tres humble compere,
F., E. de G.
Le 12 novembre 1613.
316 Mme de Bressieu, mère de Mme de la Thuille et sœur de la destinataire.
317 Comme on peut le conjecturer d'une allusion au «voyage de Mme l'espousee» (voir ci-après, lettre du 20 novembre),
Mme de la Fléchère se proposait sans doute d'aller en Chablais pour installer sa nièce, Marie d'Avise, mariée à Jacques
de Blonay. (Voir plus haut, p. 40, Lettre DCCCXCVII.) Les noces durent se célébrer après la mi-novembre. (Cf. les
lettres du 16 et du 20 novembre à la même.)
318 Pierre Fenouillet se trouvait alors à Paris. (Cf. la lettre que le Saint lui adresse le 10 janvier 1614.)
319 Mme de Charmoisy ne revint à Paris que vers le 28 décembre 1613; des affaires d'intérêt l'y retinrent jusqu'au 25
février de l'année suivante. (Cf. le tome précédent, note (1022), p. 362.) Ce même jour, elle prit le chemin de la Savoie,
avec un tel désir de revoir son mari et Monseigneur son «Evêque et père, qu'elle oublia ou méprisa le froid qu'il»
faisait. (J. Vuÿ, La Philothée, etc., II, p. 137, Lettre de des Hayes à M. de Charmoisy, 26 février 1614.) La duchesse
de Guise avait songé, paraît-il, à se l'attacher en qualité de dame d'honneur; son rappel en Savoie l'empêcha d'agréer
«cette condition,» que l'ami de Charmoisy lui conseillait d'accepter «pour quelques années.» (Ibid., p. 129.)
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9.5 Page 85

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CMXXX. A Madame de Grandmaison. La part de l'imagination
dans nos tristesses. Les «pasquins» et le monde ; comment se
guérit le mal de la calomnie. Un mot de saint Grégoire.
Les injures et le Crucifix. A quoi sert une revue annuelle de
l'âme ; manière de la faire. Les chutes graves et le progrès en
la dévotion.
Annecy, vers mi-novembre 1613320
Ma tres chere Seur,
Je n'ay pas eü le bien de voir monsieur de Rogemont321, mais je ne laisse pas de sçavoir
que vous aves esté affligee [95] a rayson de certain pasquin qui a couru par dela. Et moy je voudrois
bien porter tous-jours vos peynes et travaux, ou au moins vous ayder a les supporter; mais puisque
la distance de nos sejours ne permet pas que je vous secoure d'autre sorte, je prie Nostre Seigneur
quil soit le protecteur de vostre cœur et quil en bannisse toute tristesse des-ordonnee.
Certes, ma tres chere Seur, la plus part de nos maux sont imaginaires plus que reelz. Penses
vous que le monde croÿe ces pasquins? Il se peut faire que quelques uns s'y amusent et que les
autres entrent en quelque soupçon; mays sachés que nostr'ame estant bonne et bien resignee es
mains de Nostre Seigneur, toutes sortes de telles attaques s'esvanoüissent au vent comme la fumee,
et plus le vent est gros, plus tost elles disparoissent. Le mal de la calomnie ne se guerit jamais si
bien que par la dissimulation, en mesprisant le mespris et tesmoignant par nostre fermeté que nous
sommes hors de prise, principalement en matiere de pasquins; car la calomnie qui n'a ni pere ni
mere qui la veuill'advouer, monstre qu'ell'est illegitime.
Or sus, ma tres chere Seur, je vous veux dire un mot que saint Gregoire disoit a un Evesque
affligé322: Helas! dit-il, si vostre cœur estoit au Ciel, les vens de la terre ne l'esmouvroyent
aucunement. A qui a renoncé au monde, rien de ce qui se passe de la part du monde ne peut nuire.
Jettes vous au (sic) pieds du Crucifix, et voyes combien d'injures il reçoit; supplies-le, par la
douceur avec laquelle il les a receües, quil vous donne la force de supporter ces petitz brins qui,
comm'a sa servente juree, vous sont tumbés en partage. Bienheureux les [96] pauvres, car ilz seront
320 L'Autographe qui nous a été conservé ne contient pas la fin de la lettre; si les premiers éditeurs l'ont connue, ils
l'ont supprimée, ajoutant arbitrairement la clausule finale: «Vostre tres affectionné serviteur» etc.; car, lorsque le Saint
écrit à la même destinataire, il se signe frere. Notre texte représente les deux premières pages de l'original, dont
l'écriture est très serrée; il manquerait donc un grand morceau de la présente lettre, qui, probablement, se terminait à
la troisième page.
Le 1er décembre 1613, saint François de Sales écrit à M. de Peyzieu: «J'ay fait nagueres ample response a
Mme nostre chere seur, et sur le sujet de son desplaysir... jamais la calomnie qui a honte de marquer son pere,» etc. De
ce passage, on peut déduire avec certitude que Mme de Grandmaison, sœur de M. de Peyzieu (voir le tome précédent,
note (804), p. 283), est la destinataire de cette lettre et qu'elle a été écrite à la date approximative que nous lui
attribuons.
321 Sans doute Balthazard de Rougemont, baron de Chandée, fils aîné de Jean de Rougemont, seigneur de Pierreclos,
etc., chevalier de l'Ordre du Roi, et de Béatrix de Grôlée. Ce gentilhomme fut l'une des plus glorieuses conquêtes de
l'apostolat de saint Vincent de Paul à Châtillon-les-Dombes en 1619. C'était le plus terrible spadassin de son temps;
on ne comptait plus ses victimes. Il vit M. Vincent; il l'entendit. Le fier duelliste ne put résister à un tel pasteur; la
transformation fut aussi soudaine qu'héroïque. Il se fit le bienfaiteur des pauvres, des religieux, des paroisses et, avec
une persévérance inflexible jusqu'au dernier jour, il mena une vie pénitente et détachée, relevée par des sentiments et
des traits caractéristiques d'une âme toute à Dieu. M. de Rougemont mourut avant 1635, sous l'habit de Capucin qu'il
avait voulu revêtir par humilité. (Voir Maynard, Saint Vincent de Paul, Paris, 1874, tome I, p. 121; Bulletin de la Soc.
Gorini, Bourg, avril 1908, p. 169.)
322 Vide tom. XIV huj. Edit., not. (488), p. 163.
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9.6 Page 86

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riches au Ciel, le royaume leur en appartenant323; et bienheureux les injuriés et calomniés324, car
ilz seront honnorés de Dieu.
Au reste, la reveüe annuelle de nos ames se fait, ainsy que vous l'entendes, pour les defautz
des confessions ordinaires qu'on supplee par celle ci, pour se provoquer et exercer a une plus
profonde humilité, mays sur tout pour renouveller non les bons propos, mais les bonnes resolutions
que nous devons appliquer pour remedes aux inclinations, habitudes et autres sources de nos
offences auxquelles nous nous treuverons plus sujetz. Or il est vray quil seroit plus a propos de
faire cette reveüe devant celuy qui auroit des-ja receue la confession generale, affin que par la
consideration et rapport de la vie precedente a la suivante, on peut mieux prendre les resolutions
requises; et en toutes façons cela seroit plus desirable. Mays les ames qui, comme vous, n'ont pas
cette commodité, peuvent prendre celle de quelqu'autre confesseur, le plus discret et sage qu'elles
treuveront.
Pour vostre seconde difficulté, je vous dis, ma tres chere Seur, quil n'est nullement besoin
en vostre reveiie de marquer particulierement le nombre ni les menues circonstances de vos fautes,
ains suffit de dire en gros quelles sont vos principales cheutes, quels vos particuliers detraquemens
d'esprit, et non pas combien de fois vous y estes tumbee, mais si vous estes fort sujette et addonnee
au mal. Par exemple: vous ne deves pas enquerir combien de fois vous seres tumbee en cholere,
car peut estre y auroit il trop a faire; mais simplement vous dires si vous estes sujette a ce
desreglement, si lhors quil vous arrive vous y demeurés engagee longuement, si c'est avec
beaucoup d'amertume et de violence, et en fin quelles sont les occasions qui vous y provoquent le
plus souvent: si c'est le jeu, la hautaineté ou orgueil, si c'est la melancolie ou opiniastreté. Or, ceci
soit dit par exemple. Et ainsy, en peu de tems, vous aures achevé vostre petite reveüe, sans
beaucoup tourmenter ni vostre memoire, ni vostre loysir. [97]
Quant a la troysieme difficulté, quelques cheutes es pechés mortelz, pourveu que ce ne soit
pas par dessein d'y croupir, ni avec un endormissement au mal, n'empeschent pas que l'on n'ayt
fait progres en la devotion, laquelle, bien que l'on perde pechant mortellement, on recouvre
neanmoins au premier veritable repentir que l'on a de son peché, mesme, comme je dis, quand on
n'a pas longuement trempé au malheur. De sorte que ces reveües annuelles sont grandement
salutaires aux espritz qui sont encor un peu foibles; car si bien les premieres resolutions ne les ont
pas du tout affermis, les secondes et troysiesmes les affermiront davantage, et en fin, a force de se
resoudre souvent, on demeure tout a fait resolu. Et ne faut nullement perdre courage, ains, avec
une sainte humilité, regarder son infirmité, l'accuser, demander pardon et invoquer le secours du
Ciel325.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Màcon.
323 Matt., V, 3.
324 Cf. ibid., v. 11.
325 Voir note (320), p. 95.
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CMXXXI. A M. Jacques de Vallon326 (Inédite). Le Saint
conseille à son parent d'acquiescer à un ordre du prince de
Nemours. Que faire contre la violence, quand il n'y a remède.
Une preuve de courage contre une maigre vengeance.
Encouragements et sympathies.
Annecy, 16 novembre 1613.
Monsieur mon Cousin,
On vous va signifier la recharge que Monseigneur de [98] Nemours fait pour le razement
de vos armoyries327 et, comme je pense, on vous exhibera la lettre mesme quil en escrit, par
laquelle vous verres ce que Sa Grandeur se promet de l'authorité de Son Altesse. Mays je viens
d'apprendre de plus, que si vous n'acquiesces a cette volonté tant pressante de Monsieur, Son
Altesse vous mandera et fera aller recevoir ses commandemens en Piemont, ou si je sçavois que
vous peussies effacer les faux entendre sur lesquelz cette persecution vous est faitte, je serois bien
ayse que vous allasies; mais je crains, qu'outre la despense, vous ne recevies des nouveaux
desplaysirs, car homme d'honneur m'a dit, il ny a pas 24 heures, qu'il sçavoit fort bien qu'en cas
que vous vous opposies davantage, on vous fera une nouvelle attaque sur le nom de Gex, lequel
ilz presupposent avoir esté pris par vous, quoy que ce soit un nom de prince et d'une terre qui estoit
dependante de la couronne de Savoÿe.
Ce sont, a la verité, des estranges et tres malignes passions qui enfantent ces recherches;
mays, puis qu'il n'y a remede, je persevere a croire que le meilleur sera [99] de se mocquer de tout
ceci, tesmoigner que ni vostre honneur, ni l'estime que les gens de bien font de vous ne depend ni
du gravement, ni du razement de ces armoyries328. Mays il faudroit faire cela sans monstrer ni
contre cœur ni desplaysir, car faysant cela, vous feries deux choses: l'une, que Monsieur
connoistroit tant plus tost le tort qu'il permet vous estre fait par la trop grande creance quil a en
vos hayneux; l'autre, que ceux qui vous pensent fascher n'en auroyent pas le goust qu'ilz s'en
promettent, quand ilz verroyent que vous vous mocques et mesprises leurs attaques et les effets de
leurs efforts. Et vous auries, a mon advis, sujet de dire que, tandis que vous aves veu la volonté de
326 Jacques de Gex, seigneur de Vallon (voir tome XII, note (582), p. 260). Le contenu de cette lettre, le «nom de
Gex,» qui servait de grief aux ennemis du destinataire, les salutations finales prouvent que l'adresse que nous lui
attribuons est sûre.
327 Ces armoiries étaient gravées sur les murs de l'église de Samoëns, pour perpétuer le souvenir de ses bienfaiteurs.
Charles de Gex (cf. tome XII, note (584), p. 261), grand châtelain du mandement de Samoëns, père du destinataire,
avait obtenu en 1575, par des démarches qu'il avait faites lui-même à Rome et ailleurs, l'érection de la collégiale de
Samoëns; toutefois, le doyen des nouveaux chanoines ne fut nommé que le 23 avril 1582. Le gentilhomme commença
aussi de négocier l'union de la cure de Ville-en-Sallaz à la nouvelle collégiale, par acte du 4 octobre 1586, fit fondre
des cloches, défendit le Chapitre contre l'abbaye de Sixt et légua à ses enfants ses habitudes de bienfaisance. (Voir
Tavernier, Hist. de Samoëns, Chambéry, 1892, chap. IV, V.) Dans un acte du 20 mai 1606, les chanoines reconnaissent
que «les seigneurs de Vallon et du Villars s'occupent... ordinairement a l'augmentation du divin service et decoration
de l'eglise, comme tesmognie la construction du cœur (sic) faicte et achevee ces jours passez... ayantz faict faire a
leurs propres despens les trois fenestres haultes que sont dernier le grand hautel, avec diverses autres reparations et
dons qu'ilz font souvent a ladicte esglise.» En signe de gratitude, le Chapitre leur offrit «la sepulture dudict cœur;» ils
l'acceptèrent avec reconnaissance. (Archives de la Visitation d'Annecy, Collection J. Vuÿ.)
«Le sieur de Vallon ayant fait une notable despense pour la reparation de l'eglise» de Samoëns, «avoit droit
de laisser ou mettre des marques de sa pieté pour la posterité, au lieu ou il avoit contribué,» comme saint François de
Sales l'affirmera plus tard dans une requète au duc de Nemours.
328 Il n'y eut, en effet, aucun remède. «Berthelot fit des effortz si grans et des instances si violentes, qu'en fin, contre
l'advis des gens de justice et «contre l'ordre du droit,» les armoiries de la famille de Gex «furent rasees.» (Requête du
Saint, citée à la note précédente.)
Jacques de Vallon avait épousé la sœur de M. de Charmoisy et peut-être aussi la querelle de celui-ci. (Voir
le tome précédent, note (930), p. 327, et pp. 362, 363) Voilà pourquoi, sans doute, le favori du duc de Nemours
englobait dans ses méchantes rancunes toute la parenté du seigneur de Marclaz.
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9.8 Page 88

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Monseigneur de Nemours representee sous le contreseing de ceux que vous croyies estre les
autheurs de cette belle poursuite et que vous vous douties user de surprise, vous aves opposé; mays
maintenant que vous voyes la main du sieur Defresne329, vous voules obeir sans repugnance.
Voyla mon advis, et vous asseure que si l'on faysoit le mesme tort qui vous est fait, a mes
freres, je m'en rirois et voudrois [avoir] tant de courage que de mespriser le mespris et me moquer
d'une si maigre vengeance; car en fin, tous les gens d'honneur voyent bien qu'on vous recherche
par pure passion, et que le tems ne porte pas qu'on puisse treuver du remede a ce mal, et qu'en
somme, il faut ceder aux volontés des puissances superieures, et qu'en somme, il ni va ni peu ni
prou de vostre honneur. [100]
Je vous escris sans loysir, mais non pas sans une tres grande affection de vous rendre du
service, et vous supplie de prendre en bonne part mon advis. Croyes moy, Dieu vous aydera, et
fera que cette mauvayse sayson estant passee, il en viendra un'autre ou les vrays serviteurs du
Prince auront leur tour. Je salue de tout mon cœur madame ma chere cousine330 et monsieur du
Vilars mon cousin331, estant a jamais,
Monsieur,
Vostre plus humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVI novembre 1613, a Neci.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. de la Forest, officier à Dijon.
CMXXXII. A Madame de la Fléchère. Souhaits de bon voyage
et salutations.
Annecy, 16 novembre 1613.
Il vaut bien mieux, ma tres chere Fille, vous escrire dans ce mauvais morceau de papier
que je treuve sur ma table, que de ne vous escrire point du tout. Ce n'est pourtant que pour vous
saluer et tesmoigner que je vous souhaite bon voyage332, avec toute sainte consolation, et encor a
toute vostre barque333, ce pendant que nous [101] irons attendant les saintz jours de l'Advent de
Nostre Seigneur, qui nous preparera beaucoup de benedictions, si nous luy preparons bien nos
cœurs.
329 Le sieur Dufresne ou du Fresne, l'un des secrétaires du prince de Nemours, figure dès 1595 parmi les officiers qui
remplissaient cette charge; il semble même qu'il était le plus accrédité de tous et que, pour arriver au Duc et régler
certaines affaires d'intérêt, on ne se passait pas impunément de son intervention. Jusqu'en 1621, c'est lui qui
contresigne les lettres de son maître. Nous ignorons la date de sa mort.
330 Antoinette-Françoise Vidomne de Charmoisy, femme du destinataire. (Voir tome XIV, note (42), p. 3.)
331 Claude de Gex, frère du destinataire, et coseigneur de Vallon, Morillon, Arbusigny, portait le titre de seigneur du
Villard; il mourut sans alliance. On a vu ci-dessus, note (327), p. 99, que ce gentilhomme fut, avec son aîné, un
bienfaiteur de la collégiale de Samoëns.
332 Mme de la Fléchère allait en Chablais avec sa nièce, Marie d'Avise, qui avait épousé Jacques de Blonay. (Cf. ci-
dessus, p. 94, Lettre CMXXIX, et note (337) de la page suivante.)
333 Le Saint désigne ainsi tous les invités aux noces, c'est-à-dire les familles d'Avise, de Blonay, de Bressieu, de Sales,
et plus particulièrement celle de la destinataire.
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9.9 Page 89

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Je salue madame de Brescieu, ma seur334, et Mme de la Thuille335 que j'ayme bien, et la
petite niece336, et celle que je devois nommer la premiere, madame l'espousee, ma niece337. Pour
les hommes, ilz ne sont pas du comte (sic). Il suffit que je suis tout vostre et
Vostre plus humble, tout dedié serviteur,
F.
XVI novembre 1613.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
CMXXXIII. A la même. Le prieur de Blonay. «Le grand
ouvrier des merveilles.» Un moyen d'être très heureux. Le
voyage d'une jeune mariée. Privilège de ceux qui sont à Dieu.
Annecy, 20 novembre 1613.
Vous n'aures pas peu gaigné, ma tres chere Fille, si vous aves reduit M. le Prieur de Blonnay
a une vraye indifference, car jusques a present il a esté merveilleusement attaché a son projet338.
Or Dieu, a la gloire duquel nous tendons, est le grand ouvrier des merveilles; a jamais sa lumiere
esclaire nos cœurs et nous conduise a [102] le glorifier parfaitement. Si ce bon enfant vient, je le
verray et luy parleray, et, tant quil me sera possible, le porteray au bien.
J'escris au cousin339, et par ce que je ne sçai ou il est, je vous envoye ma lettre. La chere
cousine estoit encor en Normandie le 9 de ce moys, mais attendue d'heure a autre a Paris340. Dieu
nous rende bien siens, car nous serons tres heureux en cela, tout le reste n'estant que vanité et
affliction d'esprit341.
Mon frere de la Thuille342 nous dira de vos nouvelles, puisque, comme vous m'escrives, il
ne fera pas le voyage de Mme l'espousee343. Et vous, si vous le faites, conserves vous bien et laissés
a l'espousee toutes les bonnes consolations que vous pourres, affin que le grand esloignement des
siens ne la tourmente. Ceux qui sont a Dieu treuvent par tout ce qui leur est cher.
Je suis, ma tres chere Fille, tout vostre, plus certes quil ne se peut dire.
Le 20 novembre 1613, a Neci.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [103]
334 Ennemonde de la Forest, sœur de Mme de la Fléchère et belle-mère de Louis de Sales.
335 Madeleine Roero de Bressieu, femme de Louis de Sales, seigneur de la Thuille. (Voir ci-dessus, note (118), p. 27.)
336 Gasparde d'Avise, nièce de la destinataire (ibid., note (154), p. 40).
337 La jeune dame de Blonay, Marie d'Avise. On ignore la date de son mariage, mais ces lignes montrent qu'il venait
d'être célébré, et très probablement à Rumilly. Voir encore la lettre suivante.
338 Voir à ce sujet la Lettre CMXXVII et la note (305), p. 91.
339 Sans doute M. de Charmoisy, mis enfin en liberté, avec défense, toutefois, de rentrer à Annecy. (Cf. Lettre
CMXXIII, p. 84.)
340 Mme de Charmoisy, comme on l'a vu plus haut (note (319), p. 94), ne revint à Paris que vers le 28 décembre.
341 Eccles., I, 2, 14.
342 Louis de Sales, qui avait assisté au mariage de Marie d'Avise, cousine-germaine de Mme de la Thuille. (Cf. la lettre
précédente.)
343 Marie d'Avise allait suivre son mari en Chablais. (Cf. ibid.)
89/335

9.10 Page 90

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CMXXXIV. A la Duchesse de Mantoue, Marguerite de Savoie 344
(Minute). La Congrégation de la Visitation à la fin de l'année
1613 ; son esprit, ses pratiques. Le Saint demande à la
duchesse de vouloir bien être la protectrice officielle de
l'Institut, de procurer en sa faveur des lettres patentes du duc de
Savoie et de faire poser en son nom la première pierre du futur
oratoire.
Annecy, fin novembre 1613.
Serenissima Signora,
Si è fatta in Annessi una Congregatione
di Dame honoratissime, parte vedove, parte
zitelle, lequali, scariche [104] delle cose del
mondo, attendono con grandissima pietà et
edificatione al servitio del Signor Iddio,
recitando ogni di le Hore della sacratissima
Vergine insieme nel suo choro, facendo ogni dì
l'oratione mentale, vivendo in ubedienza sotto
il governo di una Superiora che esse hanno
eletta, et osservando una essattissima
abnegatione delle cose terrene, come si suole
nelli monasterii più riformati. Le giovani non
escono mai dalla casa (nella quale non
v'entrano huomini), ma solamente le vecchie et
mature345, per soccorso degl'infermi, massime
donne, lequali quando sonno povere, patiscono
molto in quella cita, non essendovi se non un
Sérénissime Princesse.
On a érigé à Annecy une Congrégation
de Dames très honorables, veuves et jeunes
filles, lesquelles, s'étant dégagées des choses
du [104] monde, s'adonnent avec une très
grande piété et édification au service de Dieu
notre Seigneur. Chaque jour elles récitent
ensemble au chœur les Heures de la très Sainte
Vierge, elles font aussi chaque jour l'oraison
mentale, vivent dans l'obéissance sous le
gouvernement d'une Supérieure qu'elles ont
élue, et pratiquent un très rigoureux
renoncement aux choses de la terre, à l'instar
des monastères les mieux réformés. Les jeunes
ne sortent jamais de la maison (les hommes n'y
entrent pas), mais seulement les anciennes et
mûres d'âge; et c'est pour secourir les malades,
les femmes surtout. Pour celles-ci, en effet, en
cas de pauvreté, il y a beaucoup à pâtir dans
344 Née le 28 avril 1589, de Charles-Emmanuel Ier et de Catherine-Michelle d'Autriche, infante d'Espagne, Marguerite
de Savoie eut dès sa première jeunesse une grande influence à la cour; elle était l'idole de son père, charmé de voir
revivre en sa fille les nobles qualités de sa race. «Belle, altière et audacieuse, si le sort l'eût favorisée, elle eût pu
remplir le monde de son nom,» dit un biographe; «elle ne réussit à le remplir que de ses malheurs.» (Gemma
Giovannini, Le Donne di Casa Savoia, Milano, Cogliati, 1903.) Le 18 février 1608, la jeune princesse épousait
François de Gonzague, fils aîné de Vincent, duc de Mantoue; après lui avoir donné trois enfants, elle restait veuve à
vingt-quatre ans (22 décembre 1612), avec une seule fille, Marie, dont les droits contestés sur la succession de son
père amenèrent la guerre du Montferrat. (Voir plus haut, note (37), p. 2.) Marguerite, impuissante contre le mauvais
vouloir de François de Gonzague son beau-frère (cf. le tome précédent, note (589), p. 202), se retira auprès de Charles-
Emmanuel jusqu'à la mort de celui-ci (juillet 1630). L'année suivante, la malheureuse duchesse, toujours digne dans
ses épreuves, passa en Espagne, d'où elle fut bientôt envoyée en Portugal en qualité de vice-reine. Revenue à Madrid
après la révolution de 1640 et le rétablissement des Bragauce, Marguerite de Savoie mourut pieusement à Mirande le
25 juin 1655, au début d'un voyage de retour en Italie. (D'après Guichenon, Hist. généal. de la Maison de Savoie,
Turin, 1778, tome II, pp. 443, 444, et G. Giovannini, ubi supra.)
Cette princesse donna plus d'un témoignage d'amitié au monastère de la Visitation, dont elle avait accepté
d'être la protectrice. (Cf. plus haut, p. 6.) Le 22 août 1622, elle écrit à saint François de Sales son regret de ne s'être
pas trouvée à Turin pendant le séjour qu'il venait d'y faire: «Il me reste,» lui dit-elle en finissant, «à prier V. S. de me
fournir l'occasion de lui témoigner, en lui rendant quelque service, ma persévérante affection, car vous m'y trouverez
toujours disposée.» Ces bienveillantes dispositions envers le Saint dataient sans doute du printemps 1613.
La date approximative attribuée à cette lettre se déduit de celles du 22 décembre 1613 adressées à saint
François de Sales, à sainte Jeanne-Françoise de Chantal et aux Religieuses de la Visitation par le duc de Savoie et la
duchesse de Mantoue. (Voir ces lettres à l'Appendice, I, II.)
345 Cf. tome XIV, pp. 299, 300, 305, 306, 329-331, et tome XV, p. 39.
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10.1 Page 91

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povero hospitale che non ha modo di fare
molta carità a dette inferme346. [105]
Ora, essendosi formata quella
Congregatione a similitudine d'altre simili
stabilite in Milano dal gran servo d'Iddio San
Carlo347, et havendo comprata una casa348, et
desiderando tuttavia fabricar un oratorio al
nome della santissima Visitatione della
Beatissima Vergine, nel quale pur vi sia una
capella che si dedicarti sotto il nome del Beato
Amedeo, quando sarà canonizato349, si
supplica Vostra Altezza Serenissima che si
degni accettare et ricevere detta Congregatione
nella sua specialissima protettione, acciò che
sotto l'ombra del suo serenissimo nome [106]
et col favor della sua carità, possa con
tranquillità et pace interiore et esteriore
attendere alle cose celesti.
Per il che sarebbe necessario: 1. Che
Vostra Altezza Serenissima, o per lettere
patenti, o per lettere chiuse, manifestasse che
Ella riceve et piglia in protettione detta
Congregatione et ciascheduna delle Sorelle,
ossia Dame, che in essa saranno, adesso et per
l'avvenire350.
2. Che Vostra Altezza Serenissima
faccia con lettere saper questa sua intentione al
signor Marchese di Lans et al Senato di
Savoya, acciò, dove occorrerà, essi habbiano
cura di detta Congregatione.
3. Sarebbe anco conveniente che simili
lettere si scrivessero dall' Altezza del
Serenissimo signor Duca, nostro signore, per
le quali facesse sapere che detta Congregatione
essendo per ordine suo nella protettione di
cette ville, avec seulement un pauvre hôpital
qui n'a pas le moyen de leur faire de grandes
charités. [105]
Cette Congrégation a été dressée sur le
modèle d'autres semblables établies à Milan
par le grand serviteur de Dieu, saint Charles;
elle a acheté une maison et désire maintenant
bâtir un oratoire sous le vocable de la sainte
Visitation de la Bienheureuse Vierge, dans
lequel il y aura aussi une chapelle que l'on
dédiera au bienheureux Amédée, quand il sera
canonisé. C'est pourquoi, Votre Altesse
Sérénissime est suppliée de daigner accepter et
recevoir cette Congrégation sous sa très
spéciale protection, afin qu'à l'ombre de son
auguste nom et à la faveur de sa charité, elle
puisse, avec [106] tranquillité et en toute paix
intérieure et extérieure, vaquer aux choses
célestes.
Dans ce but, il serait nécessaire:
Premièrement, que Votre Altesse déclarât par
lettres patentes ou par lettres privées, qu'elle
reçoit et prend sous sa protection cette
Congrégation, et chacune des Sœurs ou Dames
qui la composent maintenant et qui la
composeront à l'avenir.
Deuxièmement, que Votre Altesse fit
savoir par lettres cette sienne intention à M. le
marquis de Lans et au Sénat de Savoie, afin
qu'à l'occasion, ils prennent les intérêts de
ladite Congrégation.
Troisièmement, il serait encore utile
que Son Altesse Sérénissime Monseigneur le
Duc de Savoie, notre souverain, écrivît
également des lettres dans le même sens, pour
346 L'hôpital de Notre-Dame, qui abrite aujourd'hui la cure de Notre-Dame de Liesse et les Sœurs de la Charité dites
Sœurs du Grabat, doit son existence au concours des pèlerins attirés à Annecy de tous les points de l'Europe, pour
vénérer la très Sainte Vierge dans une chapelle dédiée à son culte. D'un parchemin de 1316, il résulte que la
construction de cet établissement était toute récente. Il dépendait, ainsi que l'oratoire, du prieuré de Talloires, qui
exigeait sa part des offrandes, laissant l'autre au curé de Saint-Maurice d'Annecy. Mais, dès l'année 1388 et par la
volonté de Robert de Genève (Clément VII), les aumônes furent attribuées aux pauvres par moitié, l'autre moitié
devant échoir à la fabrique de l'église de Notre-Dame. En 1394, l'hôpital passait sous la juridiction immédiate de
l'antipape. Après avoir beaucoup souffert de plusieurs incendies, en 1412, 1448 et 1559, et s'être relevé de ses ruines
avec de notables accroissements, l'hospice devint de plus en plus autonome sous l'administration de plusieurs
membres, qui, en 1725, comprenaient les quatre syndics de la ville et quatre chanoines de la collégiale de Notre-Dame
de Liesse: le doyen en était établi administrateur perpétuel. A la Révolution, l'hôpital tomba aux mains du pouvoir
civil. (D'après Mercier, Souvenirs historiques d'Annecy, 1878, chap. XX.)
347 Voir tome XIV, p. 330, et cf. ci-dessus, note (95), p. 19.
348 Voir le tome précédent, note (704), p. 245.
349 On se rappelle que le saint Fondateur avait d'abord songé à dédier au bienheureux Amédée le premier oratoire de
la Visitation, mais ensuite il changea de dessein. (Voir tome XIV, pp. 300, 348.) L'église du monastère ayant été non
seulement construite, mais même rebâtie bien avant la béatification du Prince (3 mars 1677), le projet de lui élever
une chapelle ne put être réalisé. (Cf. ibid., note (575), p. 198, et note (846), p. 299.)
350 Voir à l'Appendice II, la lettre de la Princesse à la Mère de Chantal, 22 décembre 1613.
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10.2 Page 92

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Vostra Altezza, vuole che sia nelli Stati suoi
favorita et conservata351. Il che è tanto più
ragionevole, che detta Congregatione non
mendica, anzi si stabilisce a spese delle [107]
Dame congregate, nè pretende giamai haver
entrata se non per mantener gl'edificii, la
sacristia, il capellano et pagar il medico loro, o
per via di censi perpetui, o in altre maniere che
non facciano aggravio a nessuno, nè diano
impedimento alcuno alli dazii o vero taglie del
Serenissimo Duca. Anzi detta Congregatione
essendo, come si spera, frà pochi anni dotata di
quella intrata per quelle cose communi, le
vedove scariche di figlioli et le vergini che
vorranno in castità, ubedienza et pietà servir al
Signor Iddio, haveranno grandissima
commodità di ciò fare, perchè saranno ricevute
in detta Congregatione mediante una sola
pensione assegnatali dalla casa loro mentre
viveranno.
Onde Vostra Altezza Serenissima farà
cosa gratissima alla Maestà divina et alla sua
santissima Madre, Nostra Signora, se
ricevendo questa pia Congregatione nelle
braccia della sua protettione, d'essa si degna
chiamare signora, padrona et madre.
Et perchè ben presto spera detta
Congregatione di fabricare l'oratorio suo, et
che le sarebbe un honor et [108] consolatione
d'importanza che a nome di Vostra Altezza
Serenissima si mettesse la prima pietra, si
supplica per fine, che si degni commandar a
qualche dama di quelle bande, di venir costì da
parte di Vostra Altezza et assistere alla
positione di detta pietra, mettendovi la
medaglia solita, tale che Vostra Altezza si
compiacerà di notare352. Che così Vostra
Altezza haverà sempre ottima parte in tutte le
bone opere che in detta Congregatione et detto
oratorio si faranno, massime nelle orationi di
quelle Dame, che giorno et notte invocheranno
il Spirito Santo per l'eterna consolatione di
Vostra Altezza.
F., V. di Geneva. [109]
signifier que cette Congrégation ayant été, par
son ordre, placée sous la protection de Votre
Altesse, il entend qu'elle soit favorisée et
conservée dans ses Etats. Cela est d'autant plus
juste que la Congrégation ne mendie pas, mais
[107] s'établit au contraire aux frais des Dames
assemblées. Elle ne prétend pas non plus avoir
jamais de revenu, si ce n'est pour l'entretien des
bâtiments, de la sacristie, de l'aumônier et pour
payer le médecin, soit avec des rentes
annuelles, soit par d'autres moyens qui ne
chargent personne et qui n'apportent aucun
empêchement aux impôts ou tailles du
Sérénissime Duc. Et si, comme on l'espère,
cette Congrégation se trouve dans quelques
années pourvue d'un revenu suffisant pour les
dépenses ordinaires, les veuves déchargées de
leurs enfants et les vierges qui voudront servir
Dieu notre Seigneur dans la chasteté,
l'obéissance et la piété, pourront le faire très
facilement, puisqu'elles y seront admises
moyennant une simple pension assignée par
leurs familles, leur vie durant.
Votre Sérénissime Altesse fera donc
chose très agréable à la divine Majesté et à sa
très sainte Mère Notre-Dame si, recevant cette
pieuse Congrégation entre les bras de sa
protection, elle daigne s'en avouer la dame, la
patronne et la mère.
Or, parce que la Congrégation espère
bâtir bientôt son oratoire, ce lui serait un
honneur et une consolation très grande si la
première [108] pierre pouvait être posée au
nom de Votre Altesse. Aussi vous supplie-t-on
en dernier lieu, Sérénissime Princesse, de
vouloir bien prier une dame de la cour de se
rendre ici de votre part, pour assister à la pose
de cette pierre et placer la médaille
accoutumée, suivant qu'il vous plaira
l'indiquer. Votre Altesse aura par ce moyen
toujours droit à la meilleure part de toutes les
bonnes œuvres qui se pratiqueront dans la
Congrégation et l'oratoire, mais
particulièrement aux prières de ces Dames qui,
jour et nuit, invoqueront l'Esprit-Saint pour
l'éternelle consolation de Votre Altesse.
FRANÇOIS, Evêque de Genève. [109]
351 Marguerite de Savoie tint compte du désir de l'Evêque et s'employa auprès du Duc son père pour qu'il écrivît au
Sénat la lettre du 17 mai 1614, donnée à l'Appendice II.
352 Ce fut Mme de Murat de la Croix (voir ci-dessus, note (274), p. 78) qui représenta la duchesse de Mantoue à la
cérémonie, et qui posa en son nom la première pierre de l'église de la Visitation, le 18 septembre 1614.
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10.3 Page 93

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CMXXXV. A M. Balthazard de Peyzieu353 (Inédite). Amitié du
Saint pour la famille de Peyzieu. Pourquoi il faut mépriser les
calomnies anonymes.
Annecy, 1er décembre354 1613.
Monsieur mon Frere,
Que vous m'obliges grandement a me donner part a ces bonnes et aymables nouvelles du
frere Indien355, lequel, a mesure que je le sens esloigné de nous selon la distance des lieux, je le
sens aussi plus avancé en mon estime, et mon contentement, en la gloire que j'ay d'estre advoué
son humble fidelle frere d'acquisition; mot d'acquisition que j'adjouste pour l'ayse que je reçois
d'estre sien, vostre et de toute vostre dependence, car autrement, certes, mon affection me semble
toute naturelle en force, vigueur et perpetuité.
J'ay fait nagueres ample response a madame nostre [110] chere seur356, et sur le sujet de
son desplaysir, bien qu'elle ne m'eut point particularisé quel il estoit, estimant que son porteur,
qu'elle pensoit devoir estre monsieur de Rogemont357, me diroit tout. Pour moy, apres mon premier
sentiment pour la douleur d'une seur si praetieuse et aymable, je me roydis, et dis que jamais la
calomnie qui a honte de marquer son pere, ne fut ni forte pour durer, ni active pour entrer dedans
l'esprit des gens qui en ont tant soit peu, et n'arrivera jamais que nostre seur, tant environnee de
vertu et de reputation, puisse estre blessee par la mesdisance.
Je luy escris un mot, et vous souhaitant mille et mille vrays contentemens, et a madame ma
seur, vostre chere moytié358, je suis a jamais sans varier,
Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble frere et serviteur.
FRANÇS, E. de Geneve.
[1er] decembre 1613.
A Monsieur
Monsieur de Pezieu.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
au château de la Roche-Mailly (Sarthe). [111]
353 Balthazard de Longecombe, seigneur de Peyzieu et de Thoys, fils aîné de François-Philibert de Longecombe et de
Françoise de Dizimieu (cf. le tome précédent, note (557), p. 181), était «capitaine de gens de pied és regiments de
Bardonnenche et de Disimieu, et» fut «député souvent en cour pour la noblesse de Bugey.» De Jeanne Armuet de
Bonrepos (cf. plus haut, note (73), p. 11, et note (358) de la page suivante), il eut une fille, Marie de Longecombe, qui
entra au monastère de la Visitation de Rumilly, et huit fils: deux furent Religieux de Nantua, quatre autres devinrent
chanoines de Belley, de Grenoble, de Saint-Chef en Dauphiné et de Saint-Pierre de Vienne. (Guichenon, Hist. de
Bresse et de Bugey, 1650, Partie III, continuation.)
354 Sur l'Autographe, le quantième est douteux; mais la teneur du texte et son rapport avec celui de la lettre à Mme de
Grandmaison (voir ci-dessus, p. 95) font croire qu'il faut lire Ier.
355 Louis, seigneur de Sillignieu, frère du destinataire. (Voir plus haut, p. 65, la lettre du 6 septembre et les notes qui
l'accompagnent.) Ces «bonnes et aymables nouvelles» avaient été sans doute apportées par les missionnaires
Capucins. (Voir note (239), p. 66.)
356 Hélène de Longecombe, dame de Grandmaison, sœur du destinataire. (Voir ci-dessus, Lettre CMXXX, p. 95.)
357 Balthazard de Rougemont (voir ci-dessus, note (321), p. 95).
358 Jeanne Armuet de Bonrepos (cf. note (353) de la page précédente), d'une noble famille du Dauphiné, était fille de
Françoise de Saint-Marcel d'Avançon et de Louis Armuet de Bonrepos, «seigneur dudit lieu et de Sainct Martin
d'Heres, chevalier de l'Ordre de Sainct Michel, qui commanda long-temps en qualité de lieutenant general pour le Roy
dans les montagnes de Daufiné.» (Guichenon, ubi supra.)
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10.4 Page 94

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CMXXXVI. A la Mère de Chantal. Nos sentiments pour la
créature et pour le Créateur. Joie et piété du Saint la veille du
8 décembre.
Annecy, 7 décembre 1613359.
Je feray pour vostre fille de Sainte Catherine360 tout ce qu'il me sera possible; et croyés-
moy, je le feray encor plus doucement parce que vous le desires, car j'ay une extreme suavité a
faire vostre volonté. Helas! quel cœur devrions nous avoir a faire celle du Createur tres aymé,
puisque nous en avons tant pour la creature aymee et unie en luy.
Ouy, ma tres chere Mere, remettés bien vostre cœur entre les mains de nostre chere
Maistresse, qui sera conceuë ce soir en la commemoration que nous en ferons, et je le luy
demanderay; car, ma chere Mere, je suis bien resolu de ne vouloir plus de cœur que celuy qu'elle
me donnera, cette douce Mere des cœurs, cette Mere de saint amour361, cette Mere du cœur des
cœurs. Ah Dieu, que j'ay grand desir de tenir les yeux sur cette belle estoille en nostre navigation!
Bon jour, ma tres chere Mere; soyés toute joyeuse sur l'occasion de cette feste venante.
Jesus soit nostre cœur. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve. [112]
CMXXXVII. A M. Philippe de Quoex. Ce que souhaite le Saint
et ce qui lui est indifférent ; son humilité et sa modération. La
charité et la diversité d'opinions. Double projet de réforme à
Talloires. Deux remèdes de François de Sales contre les
contradictions. Que faire quand on s'oppose aux fautes.
Annecy, vers mi-décembre 1613362.
Monsieur,
Je ne sçai comme il vous peut entrer au cœur que je puisse avoir aucune desfiance de vostre
amitié pour tout le secours que vous feres a monsieur le Prieur et a sa trouppe reformee363; car je
leur souhaite toute sorte de sainte prosperité, et n'ay nulle sorte d'interest en l'evenement de vostre
entreprise, sinon celui-la mesme que vous me marqués en vostre lettre estre le vostre: la plus
359 Ce billet a été détaché de la lettre placée vers le 7 avril 1613, où il avait été sans doute interpolé par les premiers
éditeurs. (Voir le tome précédent, p. 367, et note (1051), p. 369.)
Le quantième est indiqué par l'allusion très précise à la fête du 8 décembre; l'année se déduit de ce double
fait, que le Saint, de 1614 à 1618, n'était pas à Annecy à cette date, et que la Mère de Chantal, partie en octobre 1618,
n'y rentra qu'après la mort de son bienheureux Père.
360 Parmi les Religieuses de l'abbaye de Sainte-Catherine, saint François de Sales désigne peut-être ici la Sœur de
Ballon, ou plus probablement la Sœur Péronne de Rochette (cf. tome XIV, note (293), p. 99); mais nous manquons de
preuves pour appuyer même cette dernière conjecture.
361 Eccli., XXIV, 24.
362 Dans la lettre que Philippe de Quoex écrit à son frère Claude le 18 janvier 1614 (voir à l'Appendice II), et aussi
dans celle que le Saint adresse au premier le 27 janvier suivant, on voit qu'il s'agit de part et d'autre des mêmes
négociations qui font l'objet de la présente lettre. De ces rapports on peut déduire avec certitude le destinataire et, avec
une très grande vraisemblance, la date. (Voir tome XII, p. 30, la note du destinataire.)
363 Dom Claude-Louis-Nicolas de Quoex, frère du destinataire, avait été élu prieur claustral de Talloires en juin 1609
(voir tome XIV, note (517), (518), pp. 172, 173); mais on peut croire qu'il n'eut pas toute l'énergie que réclamait sa
rude tâche. (Cf. la lettre à lui adressée, p. 127.)
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10.5 Page 95

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grande gloire de Dieu et le plus grand service de son Eglise; et que Dieu soit servi ou par des
Religieux vestus de noir ou vestus de blanc, cela est indifferent364. [113]
Mais je dis plus, et le dis devant Nostre Seigneur: que quand j'aurois bien de l'interest d'un
costé plus que de l'autre, j'espererois cette grace de la divine Majesté, de n'estre pas si passionné
et desordonné en l'amour propre, que sçavoir mauvais gré a qui ne suivroit pas mon parti. Non
certes, je ne pense pas que ni mon sentiment, ni mes opinions, ni mes interestz doivent servir de
regle a pas un homme du monde, et particulierement a mes amis; trop obligé que je leur seray si,
reciproquement, ilz ne m'estiment rien moins leur affectionné et veritable amy quand je seray
d'autre opinion qu'eux. Les Anges ont de ces differens in agibilibus, et saint Pierre et saint Paul en
eurent365, comme aussi saint Paul et saint Barnabas366, sans diminution de leur indissoluble
charité367.
Je vous ay dit candidement mon sentiment sur le sujet de la reformation que vous
affectionnés: il y a du respect pour l'une, que j'estime bonne, et pour l'autre, que j'estime meilleure,
marry que je serois de perdre la douceur et paisible affection que je dois a toutes deux. Mais ne
vous parlay-je pas clair a vostre despart? Ce fut de bon [114] cœur que je dis alhors (je le repete
maintenant et le diray encor ci apres): Unusquisque abundet in suo sensu368, dummodo glorificetur
Christus369.
Tout le desplaysir que j'ay en ceci, c'est de ne vous pouvoir pas asses plaire et
m'accommoder a vostre desir, mesmement en ce qui est d'escrire a Monseigneur le Cardinal
Bellarmin370. J'ay des-ja esté recusé par l'une des parties, qui se plaint de moy; il n'est pas a propos
de me jetter les plaintes de l'autre sur les bras371.
364 Pour comprendre la divergence de vues qui existait entre le Saint et son correspondant, il faut se rappeler que, de
très bonne heure, l'Evêque de Genève avait eu le souci de réformer Talloires. Déjà en 1603, il proposait au Nonce de
Turin d'y établir les Feuillants, persuadé qu'une réforme sur place ne pourrait tenir longtemps. (Voir tome XII, p. 241.)
En 1607, il fit sa visite en qualité de délégué du Saint-Siège, et deux ans après il chargeait son ami, Claude-Louis-
Nicolas de Quoex, élu prieur, de ramener à l'observance le tout petit groupe des Religieux soumis. (Voir tome XIV,
p. 172, la lettre du 10 juillet 1609.) De nouveaux désordres firent échouer ce premier essai de restauration monastique.
Le 25 octobre 1610, le Saint revenait à Talloires, muni de pleins pouvoirs, assisté cette fois de D. Jacques de Prades,
vicaire de l'Abbé de Savigny, de qui le prieuré dépendait, et du sénateur de Buttet. (Cf. tome XIV, note (952), p. 331.)
Alors il parut nécessaire de recourir aux Feuillants. Ces Religieux étaient désirés par Charles de la Tour, prieur
commendataire, par François de Sales, par le Saint-Siège et le duc de Savoie qui leur délivrèrent (11 septembre et 15
décembre 1612) des Lettres d'introduction pour le monastère. Mais l'Abbé de Savigny se plaignant de ce qu'il appelait
une usurpation, porta l'affaire à Rome. Par la présente lettre, confirmée par celle que Philippe de Quoex écrivit le 18
janvier 1614 (voir à l'Appendice II), on constate que le Saint persévérait dans son ancien projet de faire venir les
Feuillants, réforme qu'il estimait «meilleure», tandis que le Prieur de Talloires désirait se réformer selon son Ordre.
La suite de la correspondance fera mieux connaître l'histoire et les circonstances de ce conflit. (Voir encore à
l'Appendice I, la lettre sur le même sujet, du Cardinal Borghese à l'Evêque de Genève, 22 août 1614.)
365 Galat., II, 11-14.
366 Act., XV, 36-39.
367 L'Evêque de Genève poursuivait le même but que Philippe de Quoex: la réforme des Religieux de Talloires, mais
on a vu qu'ils y tendaient par des moyens différents, En parlant du désaccord qui peut survenir entre les Anges, notre
saint Docteur fait sans doute allusion au texte de Daniel, ch. X, v. 13. C'est la diversité des vouloirs dans le but qui
s'oppose à l'amitié et à la charité; celles-ci restent sauves quand la divergence n'existe que dans le choix des moyens.
(Voir S. Thom., Summa Theologica, Pars Ia, qu. CXIII, art. VIII, qui explique aussi d'une manière toute semblable, et
comme saint François de Sales, le différend entre saint Paul et saint Barnabe, IIa IIae qu. XXXVII, art. I, ad 3.)
368 Rom., XIV, 5.
369 Que chacun abonde en son sens, pourvu que le Christ soit glorifié.
370 Robert Bellarmin était alors dans tout son crédit et le seul cardinal connu personnellement de l'Evêque de Genève.
371 On trouve dans le Code Fabrien. avec la mention du procès entre les Bénédictins de Talloires et les Feuillants, une
décision du Sénat de Savoie qui semble se rapporter à cette récusation. «Même au point de vue canonique,» y est-il
dit (Lib. III, Tit. V, definit, VIII), «un juge ecclésiastique qui a été récusé, peut rejeter les causes de récusation
proposées contre lui, mais il ne peut pas connaître de leur valeur et vérité.»
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10.6 Page 96

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Je ne sçai nullement que c'est que des autres reformés de N.372, horsmis de monsieur le
Prieur373 et de M., [115] ne connoissant les autres que de nom et quelques uns de veuë. Je suis
delegué commissaire374, je ne dois point faire de prejugés, affin que, si les parties alleguent quelque
chose contre cette reformation, je puisse encor juger. Il va en fin mille raysons, ce me semble, pour
lesquelles je dois ouyr parler de part et d'autre sans me mesler de faire des offices ni pour les uns
ni pour les autres, jusques a ce que je sois deschargé de l'office de juge qui m'est commis.
Nostre amitié n'est pas fondee sur la reformation ni des unes ni des autres: c'est pourquoy
je vous supplie de me bien conserver la vostre au travers de toute cette negociation, comme, de
mon costé, je suis invariable en celle que par tant de respectz je vous dois. Je sçay qu'un autre
moins discret et charitable que vous pourroit beaucoup dire de choses de moy entre les poursuittes,
comme il a esté fait a Chamberi375; dont je loue Dieu que ce soit vous plustost qu'un autre, bien
que, pour parler franchement entre nous, je me sente fort asseuré de n'estre point blasmé de
quicomque, sans passion, voudra conferer les tems et les occasions de ce qui s'est passé par mes
mains, et de ce qui s'est passé par celles de ceux qui se deulent. Mais quand il plairoit a Dieu que
quelqu'un me fist mortifier, mon second remede seroit d'avoir patience.
Je finis donq par ou j'ay commencé, vous remerciant de rechef de la peyne que vous prenes
pour ces bonnes ames376, [116] qui prient et prieront Dieu pour vous, et vous demeureront
extremement obligees avec moy qui, de tout mon cœur, suis sans fin,
Monsieur,
Vostre plus humble, plus affectionné
et fidele confrere,
F., E. de Geneve.
J'ay sceu le peu de conte que l'on tint de l'Evesque du lieu au conseil de la N.377; mais si,
ne puis-je pas m'esmouvoir a rien faire qu'apres une meure deliberation, car il faut ne point faire
de faute quand l'on s'oppose aux fautes. Il est impossible d'empescher que chascun, a bonne
intention, ne s'essaye de gaigner l'advantage.
372 Le Saint désigné ici très probablement les Bénédictins du prieuré de Lémenc. Bâti ou restauré vers 1029 par
Rodolphe III de Bourgogne, sur remplacement d'une station romaine qui domine Chambéry, ce monastère dépendait
de Saint-Martin d'Ainay de Lyon. Le procès-verbal de la visite faite le 19 mai 1399 par Aimon Ier de Chissé, annonce
déjà un affaissement sensible de la régularité primitive. Le relâchement ne fit que s'aggraver. Philibert Milliet de
Faverges, qui en était le prieur commendataire depuis 1583 (voir tome XII, note (457), p. 195), voulut le réformer, et
obtint de Clément VIII, par une bulle du mois de juillet 1603, que les Feuillants d'Italie en prendraient possession.
L'année suivante, une autre bulle sécularisa le prieuré et en fit une commanderie des Saints-Maurice-et-Lazare. Par
un accord entre Mgr Milliet et le Visiteur des Feuillants, D. François de Sainte-Marie-Magdeleine délégué par le
Général, D. Martial de Saint-Bernard, il fut décidé, le 6 février 1612, que les nouveaux Religieux viendraient à Lémenc
au fur et à mesure que se produiraient les vacances; commencée en 1614, leur installation était complète et définitive
en 1616. Cette réforme rendit Lémenc indépendant d'Ainay et fut confirmée dans la suite par une bulle d'Urbain VIII,
26 février 1625. En 1678, les Feuillants étaient au nombre de douze; ils se retirèrent en Piémont dès que survint la
Révolution. Le monastère, vendu le 24 mars 1799, abrite aujourd'hui les Religieuses de la Visitation; l'église est
devenue l'église paroissiale de Lémenc. (Voir Mém. de l'Acad. des sciences... de Savoie, Chambéry, 1879, tome VI,
et Mém. de la Soc. royale acad. de Savoie, Chambéry, 1830, tome IV.)
373 Serait-ce D. Henri, que saint François île Sales mentionne dans une lettre du 5 mai 1615 à D. Jean de Saint-
Malachie, comme étant alors prieur du «monastere de Chamberi»?
374 Voira l'Appendice I, les Lettres de commission de Mgr Costa, Nonce de Savoie, adressées à l'Evêque de Genève le
31 mai 1610 pour la réforme de Talloires. Le 6 juillet suivant, D. François d'Albon, abbé de Savigny, déléguait à son
tour et aux mêmes fins son vicaire et chamarier, D. Jacques de Prades. (Cf. ci-dessus, note (364), p. 113.)
375 François de Sales ayant été récusé par les Bénédictins de Talloires devant le Sénat de Savoie, la récusation dut
entraîner bien des parleries contre le Saint.
376 Les Religieuses de la Visitation. Dans sa lettre du 27 janvier 1614 au même destinataire (voir ci-après), le saint
Fondateur le remercie d'avoir obtenu des Indulgences pour sa chère Congrégation. Sans doute, la peine que prenait
pour celle-ci l'ami du Bienheureux avait pour objet de lui procurer cette concession.
377 S'il s'agit ici d'une Congrégation romaine, il est impossible de la désigner. «L'Evesque du lieu» pourrait bien être
le Saint lui-même.
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10.7 Page 97

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CMXXXVIII. A la Soeur Favre, Religieuse de la Visitation.
Une lettre qui a consolé, embaumé l'âme du Saint. Les
productions de l'amour-propre. Rien ne répare une faute
comme de l'avouer naïvement. Une grande partie de notre
perfection.
Annecy, 18 décembre [1613378.]
Si fay, si fay de par Dieu, ma tres chere grande Fille, je sçay bien quel cœur vous aves en
mon endroit; mais [117] ne voules vous pas que je prenne le tems et la saison pour y planter les
plantes des vertus plus excellentes, desquelles le fruit est eternel? Or sus, je n'ay nul loysir, mais
je vous dis en verité, que vostre lettre a embaumé mon ame d'un si delicieux parfum, que de long
tems je n'avois rien leu qui m'eust donné une si parfaite consolation. Mais je dis de rechef, ma
chere Fille, que cette lettre m'a donné des eslans d'amour envers Dieu, qui est si bon, et envers
vous, qu'il veut rendre si bonne, que certes, je suis obligé d'en rendre action de graces a sa divine
Providence. C'est ainsy, ma Fille, qu'il faut tout de bon mettre la main dans les replis de nos cœurs,
pour en arracher les ordes productions que nostre amour propre y fait par l'entremise de nos
humeurs, inclinations et aversions.
O Dieu, quel contentement au cœur d'un pere tres aymant, d'ouyr celuy de sa fille tres
aymee protester qu'elle a esté envieuse et maligne! Que bien heureuse est cette envie, puisqu'elle
est suivie d'une si naïfve confession! Vostre main, escrivant vostre lettre, faysoit un trait plus
vaillant que ne fit jamais celle d'Alexandre. O faites donques bien, ma Fille, ce que vostre cœur a
projetté. Ne vous estonnés point de ce qui s'est passé, mais simplement, humblement,
amoureusement, confidemment, reunisses vostre esprit a celuy de cette bien aymable ame379, qui,
je m'asseure, en recevra mille et mille consolations. Helas! ma Fille, c'est une grande partie de
nostre perfection que de nous supporter les uns les autres en nos imperfections; car, en quoy
pouvons nous exercer l'amour du prochain, sinon en ce support? Ma Fille, elle vous aymera et
vous l'aymeres, et Dieu vous aymera toutes.
Et moy, ma chere Fille, vous m'aymeres aussi, puisque Dieu le veut et, en suite de cela, me
donne un parfait [118] amour de vostre ame, que je conjure d'aller de bien en mieux et de mieux
en mieux au pourchas des vertus. Allés courageuse et relevee. Vive Jesus! Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 18 decembre....
378 La date du 18 décembre 1615, attribuée à cette lettre par les éditeurs de 1626 et les suivants, nous parait fausse, car
nous avons une autre lettre identiquement datée, adressée à la même destinataire, bien différente de celle-ci pour le
ton et le genre des conseils. Les Annales de la Visitation d'Annecy placent la présente lettre en 1611, mais sans doute
par méprise, puisque cette année-là, le 18 décembre, la Sœur Favre n'était pas en Savoie mais en Bourgogne, avec la
Mère de Chantal. Ces lignes ne seraient-elles pas plutôt de 1613? Rien de plus facile, en effet, à la lecture, que de
prendre 1613 pour 1615.
379 «Cette bien aymable ame» qui servait d'exercice à la Sœur Marie-Jacqueline Favre pourrait être la Sœur de Chastel
(voir tome VI, p. 451, le récit d'un petit différend qu'elles eurent ensemble], ou encore, si notre conjecture pour la date
est juste, Mmc des Gouffiers, qui résidait alors au Monastère, entourée par les Fondateurs d'égards et d'affection.
97/335

10.8 Page 98

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CMXXXIX. A une dame380. Saint François de Sales espère
terminer les prédications de l'Avent. Réflexions sur la fuite
imperceptible des années. Aspirations vers l'éternité ;
souhaits pour sa possession.
Annecy, 24 ou 25 décembre [1613381.]
Or sus, qu'importe il a vostre chere ame, ma tres chere Fille, que je luy escrive d'un air ou
d'un autre, puisqu'elle ne me demande rien que l'asseurance de ma chetifve santé, de laquelle je ne
merite que l'on ayt la moindre pensee du monde. Mais je vous diray qu'elle est bonne, graces a
Nostre Seigneur, et que j'espere qu'elle me servira ces bonnes festes, pour prescher, comme elle a
fait le reste de l'Advent. et qu'ainsy nous acheverons cette annee pour en recommencer une
nouvelle.
O Dieu, ma chere Fille, elles s'en vont ces annees, et courent a la file imperceptiblement
les unes apres les autres, et en devuidant leur duree, elles devuident nostre vie mortelle, et se
finissant, elles finissent nos jours. O que l'eternité est incomparablement plus aymable, puisque sa
duree est sans fin, et que ses jours sont sans [119] nuit382, et ses contentemens invariables! Que
puissies-vous, ma tres chere Fille, posseder cet admirable bien de la sainte eternité en un si haut
degré que je le vous souhaitte. Que de bonheur pour mon ame si Dieu, luy faysant misericorde,
luy faysoit voir cette douceur! Mais en attendant de voir Nostre Seigneur glorifié, voyons le des
yeux de la foy, tout humilié dans son petit berceau.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma tres chere Fille. Amen. Vive Jesus!
FRANÇS, E. de Geneve.
CMXL. A la Mère de Chantal. Le «grand petit Enfant de
Bethleem» et Salomon. — L'haleine du bœuf et de l'âne, et les
aspirations de notre cœur. — Gratitude du Saint pour un
ornement, ouvrage de la Mère de Chantal.
Annecy, 25 décembre [1613383.]
Le grand petit Enfant de Bethlehem soit a jamais les delices et les amours de nostre cœur,
ma tres chere Mere, ma Fille. Helas, comme il est beau, ce pauvre petit Poupon! Il me semble que
je voy Salomon sur son grand throsne d'ivoyre, doré et ouvragé, qui n'eut point d'esgal es
380 Le texte n'offre rien de caractéristique qui permette de désigner la destinataire avec quelque certitude. Le nom de
Mme de la Fléchère est celui que l'on peut indiquer avec le plus de vraisemblance. (Cf. Lettre CMXXXII, p. 101.)
381 On voit d'après les Délibérations municipales d'Annecy, que le Saint a été le prédicateur de l'Avent reconnu par la
ville, en 1608, 1613, 1615. Il fut assez malade en juillet-août 1613, et il était encore souffrant au commencement
d'octobre. Cette particularité concordant avec la teneur de la lettre, rend plus probable la date que nous lui attribuons.
L'année 1606, que l'éditeur Vives lui donne, doit être exclue, parce que l'Avent. cette année-là, fut prêché par un
Capucin. (Cf. tome XIII, p. 223.)
382 Apoc., XXI, 25, XXII, 5.
383 L'allusion qui termine la lettre (voir note (386) de la page suivante) avertit qu'elle est d'une date postérieure à celle
placée vers le 7 avril 1613 (tome précédent, p. 367). Comme pour celle-là, nous proposons l'année 1613, mais sans
exclure 1614.
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10.9 Page 99

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royaumes, comme dit l'Escriture384, et ce Roy n'eut point de pair en gloire ni en magnificence385;
mais j'ayme cent fois mieux voir le cher petit Enfançon en la cresche que de voir tous les rois en
leurs throsnes.
Mais si je le voy sur les genoux de sa sacree Mere, ou entre ses bras, ayant sa petite
bouchette, comme un bouton de rose attachee au lis des saintes mammelles, o Dieu, je le treuve
plus magnifique en ce throsne, non [120] seulement que Salomon dans le sien d'ivoyre, mais que
jamais mesme ce Filz eternel du Pere ne fut au Ciel; car si bien le Ciel a plus d'estre visible, la
Sainte Vierge a plus de vertus et perfections invisibles, et une goutte du lait qui flue virginalement
de ses sacrés sucherons, vaut mieux que toutes les influences des deux. Le grand saint Joseph nous
fasse part de sa consolation; la souveraine Mere, de son amour, et l'Enfant veuille a jamais
respandre dans nostre cœur ses merites.
Je vous prie, reposés le plus doucement que vous pourres aupres du petit celeste Enfant; il
ne laissera pas d'aymer nostre cœur bienaymé tel que vous l'aves, sans tendreté et sans sentiment.
Voyes-vous pas qu'il reçoit la haleine de ce gros bœuf et de cet asne, qui n'ont sentiment ni
mouvement quelconque? Comme ne recevra-il pas les aspirations de nostre pauvre cœur, lequel,
quoy que non tendrement pour le present, solidement neanmoins et fermement, se sacrifie a ses
pieds, pour estre a jamais serviteur inviolable du sien et de celuy de sa sainte Mere et du grand
gouverneur du petit Roy?
Ma tres chere Mere, c'est la verité: j'ay une lumiere toute particuliere qui me fait voir que
l'unité de nostre cœur est ouvrage de ce grand Unisseur, et partant, je veux desormais non
seulement aymer, mais cherir et honnorer cette unité comme sacree. La joye et consolation du Filz
et de la Mere soit a jamais l'allegresse de nostre ame.
Je viens de prescher tout revestu de la main de ma tant aymable et amiable Mere386, et j'en
ay esté bien ayse. Helas! ma tres chere Mere m'a fait tout couvrir de JESUS, MARIA. Que ce doux
Jesus et cette sacree Marie me la conservent longuement et soyent le vestement nuptial de son
cœur. Amen.
Vostre tres affectionné pere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [121]
CMXLI. A la même. C'est en toutes circonstances qu'il faut
aimer la très sainte volonté de Dieu. Pourquoi le Saint a
choisi le dernier jour de l'année pour faire de «petitz et grans
changemens» en sa Congrégation.
Annecy, 31 décembre 1613.
Ouy, ma tres chere Fille, ma Mere, il faut aymer la tres sainte volonté de Dieu aux petites
et grandes rencontres. Celle qui m'empesche d'aller vous dire la Messe aujourd'huy est petite et
grande; je vous la diray a nostre premiere veuë.
Ce pendant, faites vos petitz et grans changemens avec le plus de perfection qu'il vous sera
possible387. Apres y avoir bien pensé devant Dieu, je me suis resolu qu'il faut affermir nostre
384 III Reg., X, 18-20.
385 Ibid., v. 23.
386 Le Saint avait prêché revêtu de la chape brodée par la Mère de Chantal pour les fêtes de Pâques. (Voir le tome
précédent, p. 367, Lettre DCCCLXV.)
387 Le Saint avait appris d'un Père Feuillant, que certaines Religieuses auraient mieux aimé sortir de leur couvent que
de quitter «leurs chapelets, images et estuis ou choses semblables,» tant elles y étaient attachées. «C'est pourquoy,»
disait-il un jour à ses Filles, «j'ay pensé qu'il faudroit changer toutes ces choses entre vous, à fin de ne s'attacher qu'à
Dieu.» (Voir tome VI, pp. 452, 453.)
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10.10 Page 100

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Congregation a faire ses changemens ce jour auquel Dieu fait les siens, nous faysant tous passer
d'une annee a l'autre, donnant une leçon annuelle de nostre instabilité, de nostre changement, du
renversement et de l'aneantissement des annees qui nous menent a l'eternité. [122]
CMXLII. A la même. Le côté percé du Sauveur, abri divin.
Le Sauveur, Roi des cœurs, toujours prêt à leur donner audience.
Annecy, [1613388.]
Ma tres chere Mere,
Que vous diray je? La grace et paix du Saint Esprit soit tous-jours au milieu de vostre cœur.
Mettés-le, ce cher cœur, dans le costé percé du Sauveur, et l'unissés a ce Roy des cœurs, qui y est
comme a son throsne royal pour recevoir l'hommage et l'obeissance de tous les autres cœurs389, et
tient ainsy sa porte ouverte affin que chacun le puisse aborder et avoir audience. Et quand le vostre
luy parlera, n'oublies pas, ma chere Mere, de luy faire parler encor en faveur du mien, affin que sa
divine et cordiale Majesté le rende bon, obeissant et fidele.
Bon jour, ma tres chere Mere; je suis sans fin
Vostre tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [123]
Pour faire ces changements, il voulut choisir le dernier jour de l'année. «Voici,» lisons-nous dans l'Année
Sainte, au 31 décembre, «la raison qu'il en donna a nôtre venerable Mere de Chantal ce dernier jour de l'an 1613, par
un billiet de sa propre main.» C'est ce billet que nous donnons ici.
388 Une pensée analogue et des expressions semblables à celles de ce billet se retrouvent dans un passage du Traitte
de l'Amour de Dieu, Livre V, chap. XI (tome IV, p. 294). Ce rapprochement sert à justifier notre date approximative;
car si le saint Docteur a retouché ce même chapitre XI en 1615 (voir ibid., p. 292), il faut se rappeler que la première
rédaction de l'ouvrage fut terminée au commencement de novembre 1614. (Voir plus loin, la lettre du 7 de ce mois à
Mme de la Fléchère.)
389 Vide not. (388).
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11 Pages 101-110

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11.1 Page 101

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CMXLIII. A un ecclesiastique390. Procès entre l'Evêque de
Maurienne et le curé de Lullin. Intervention du Saint en
faveur de ce dernier.
Annecy, [1610-1613391.]
Monsieur,
Voyla nostre monsieur l'abbé392 qui s'en va fort content en l'esperance de vous treuver a
Chamberi. Il m'a parlé du mescontentement de Monseigneur de Maurienne393 a rayson du proces
du curé de Lullin394, et parce que, passant en Maurienne, il pourra faire tous bons offices, [124]
prenes la peyne, je vous prie, de conduyre un jour M. l'advocat Gros395 au logis de [monsieur 1']
Abbé396, affin qu'il luy face bien entendre l'estat du droit de son frere, curé de Lullin. Je vous en
supplie, comme aussi de remettre le paquet ci joint a madame d'Aiguebelette397.
Mais il faut que je vous laisse, car vous voyla glorieux avec ce bon seigneur qui vous cherit
bien fort; mais moy, je suis incomparablement
Vostre tres affectionné et humble confrere,
[FRANÇS, E. de Geneve.]
390 Il n'est pas possible de désigner avec certitude le destinataire; toutefois, M. Claude de Blonay, qui avait souvent
l'occasion de se rendre à Chambéry, pourrait être proposé avec quelque vraisemblance. Son amitié pour l'abbé
commendataire d'Abondance (voir note (397) ci-après) et le ton familier de ces lignes favorisent notre conjecture. La
paroisse de Lullin étant très proche de Thonon et du château de Saint-Paul, résidences ordinaires de M. de Blonay,
celui-ci devait être bien au courant du procès mentionné dans cette lettre.
391 L'ensemble des allusions et des particularités du texte permet d'indiquer cette date approximative.
392 L'abbé coramendataire d'Abondance, Vespasien Aiazza (voir tome XIII, note (165), p. 48), qui allait d'Annecy à
Chambéry; il fit de fréquents séjours en Savoie de 1610 à 1613, comme on peut le voir par les lettres du Saint.
393 François-Philibert Milliet, évêque de Maurienne, était abbé commendataire de l'abbaye d'Aulps. (Voir tome XII,
note (457), p. 195.)
394 Rd Pierre Gros, mort curé de Lullin en juillet 1634, fut minoré le 20 septembre 1597, reçut le sous-diaconat le 6
mars 1599 dans l'église de Saint-Augustin à Thonon, le 5 juin le diaconat, et la prêtrise dans cette même ville, le 18
septembre suivant. Il figure comme titulaire de Lullin dans la liste des prêtres établis en Chablais (septembre 1601),
et en 1605, il est dit curé de Lullin et de Bellevaux. (R. E.) Le 27 octobre 1607, au bas d'une requête de Pierre Gros,
le Saint écrit: «Sera sursoyé a l'exaction dont est question.» Il s'agissait du payement de 80 florins qui étaient réclamés
au curé de Lullin par les exacteurs des décimes ecclésiastiques. Le suppliant demandait d'être exonéré de celte
obligation, attendu que le revenu de sa cure était compris dans celui du prieuré de Bellevaux appartenant aux Religieux
d'Ainay (cf. tome XI, note (556), p. 248), et qu'il n'avait d'autre part qu'une «simple pension de vicayre perpetuel;»
encore devait-il la disputer au «sieur Rme Abbé d'Aulx» qui était en procès avec lui. Ce procès est sans doute le même
que celui dont l'Evêque de Genève parle ici, mais nous en ignorons l'issue et la durée.
395 Humbert Gros (voir le tome précédent, note (251), p. 83).
396 «Au logis de M. G...z, abbé,» comme l'a imprimé Migne (tome VI, col. 1097), est un texte fautif. L'Autographe
devait porter: «Monsieur l'Abbé» ou «Monsr l'Abbé».
397 Françoise-Melchionne du Four, femme de René de Chabod-Lescheraine, seigneur d'Aiguebelette. (Voir tome XIV,
note (1134), p. 393.)
101/335

11.2 Page 102

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CMXLIV. A la Mère de Chantal. Pourquoi faut-il se confier à la
Providence de Dieu.
Annecy, [1610-1613398.]
Voyla la lettre, ma tres chere Fille; faites la fermer, et soyés bien ferme en la confiance que
nous devons avoir en la providence de Dieu, laquelle, si elle vous prepare des croix, vous donnera
des espaules pour les porter.
Vous sçaves d'ou me vient une si grande presse, et, Dieu aydant, en seres bien ayse. [125]
CMXLV. A une cousine399 (Fragment inédit). Exhortation à
l'amour de Notre-Seigneur.
Annecy, [1611-1613400.]
……………401Ma tres chere Fille, releves le plus [que vous pourrez votre] cœur en Nostre
Seigneur et le pousses tous-jours plus avant [en son très saint] amour. Nul ne sçait que je vous
escrive, mays je [m'assure que] si nostre Mere et nos Seurs le sçavoyent, [elles vous écrirai]ent
avec moy, ou elles me prieroyent de vous saluer, [vous aimant] toutes tres cordialement, sur tout
nostre Mere.
[Priez pour] moy, qui suis
Vostre plus humble, tres affectionné
cousin et serviteur,
F., E. de Geneve.
……………..et me recommande a ses prieres.
……………..a Neci.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Louis Pierre,
ancien curé de Chàtillon (Jura). [126]
398 Ou peut hésiter pour l'attribution de ce billet; mais certains indices, comme le ton familier et cordial et les derniers
mots en particulier, font songer à la Mère de Chantal plutôt qu'à toute autre destinataire.
L'appellation de «Fille» suggère la date que nous proposons.
399 La destinataire avait des relations très étroites avec la Visitation et sa Supérieure, et vivait tout proche d'une
personne estimée du Saint. Parmi ses cousines, c'est la Sœur Louise de Ballon, Religieuse de l'abbave de Sainte-
Catherine, qui vérifie le mieux ces conditions. Cf. tome XIV, note (388), p. 129.)
400 Aucun indice caractéristique pour fixer la date, sinon récriture, qui ne paraît pas postérieure à 1614 et qui se
rapproche davantage de celle des années précédentes.
401 Le haut de l'Autographe et toute la marge de gauche ayant été coupés, nous avons suppléé entre crochets [ ] les
mots qui manquent, d'après le sens du contexte et la place qu'ils devaient occuper. Les points de suspension indiquent
les lacunes qu'il n'a pas été possible de combler.
102/335

11.3 Page 103

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CMXLVI. Au Père Claude-Louis-Nicolas de Quoex, Prieur de
Talloires402. Obligation pour un supérieur de réduire au devoir
des sujets scandaleux. Circonstances qui aggravent la
culpabilité des délinquants.
Annecy, [1611-1613403.]
Je souhaite tant le bien et l'honneur de vostre Monastere, que toutes les connoissances des
choses contraires m'esmeuvent et me donnent du ressentiment de zele. J'ay sceu que les sieurs N.
et N.404 donnent tant de mauvaise odeur de leur jeunesse, que la puanteur en est arrivee jusques au
Senat, lequel s'en veut remuer, si leur amendement ne previent. C'est, a la verité, une honte bien
grande pour vous si les laïcs prennent la connoissance de la correction sur ceux du cors auquel on
vous a donné pour chef; mais ce sera encor quelque sorte de reproche pour moy qui vous y ay
porté, si je ne surveille pas a vous assister, et sembleray estre coulpable de tout ce qui s'y fera, avec
vous, bien qu'en verité, ni vous ni moy ne puissions pas tout empescher.
Tout cela mis ensemble, me fait vous prier et exhorter [127] de vouloir apporter tout le soin
et l'ordre que vous pourres pour reduire ces jeunes gens sur le train de leur devoir, et de me donner
advis de leur estat, affin que je puisse rendre tesmoignage de vostre diligence comme de la mienne,
et contenter ma conscience, laquelle me pressera par apres a prendre d'autres expediens, si vostre
prudence, vigilance et justice ne suffit a la recipiscence de ces discoles, desquelz j'admire d'autant
plus la dissolution, que leur naissance les devroit porter a la poursuitte des vertus et de la pieté
conforme a leur vocation. L'aage les a peu couvrir jusques a present, mais la continuation les rend
meshuy inexcusables.
Vous sçaves comme et combien tendrement je vous ayme, et particulierement; qui me fait
croire que vous prendres cet advertissement aussi doucement qu'avec tres grande affection je vous
fay la remonstrance, pour le bien de la Mayson ou Nostre Seigneur vous conserve, et laquelle il
veuille rendre si pleine de sainteté que je sçay que vous le souhaittés avec moy, qui suis
Vostre tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
402 Le destinataire est sans aucun doute le prieur de Talloires, D. Claude-Louis-Nicolas de Quoex, que saint François
de Sales avait mis à la tète du Monastère en 1609. (Voir tome XIV, note (517), p. 172, et cf. ci-dessus, note (363), p.
113.) On trouvera quelques détails intéressants sur son élection dans la Vie du Saint par le P. de la Rivière (1625), liv.
III, chap. XV, XVI, et dans Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VII, (éd. 1634, pp. 400, 401; éd. Vivès, tome II, pp.
42, 43).
403 Comme on l'a vu ci-dessus, note (364), p. 113, le 25 octobre 1610, le sénateur de Buttet, expressément commis par
un décret du Sénat du 11 septembre précédent, allait à Talloires pour assister l'Evêque de Genève et D. de Prades,
vicaire de Savigny; mais cette intervention avait pour but d'imposer la réforme à tous les Religieux qui voudraient ne
pas quitter le monastère. La mauvaise conduite des deux moines que signale cette lettre dut éclater à une date
postérieure; celle que nous proposons paraît la plus vraisemblable.
404 Parmi les noms des Bénédictins de Talloires qui figurent dans diverses pièces de l'époque, il est impossible de
désigner les deux Religieux qui donnaient du scandale.
103/335

11.4 Page 104

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CMXLVII. A la Mère de Chantal (Fragment). Apologue du
musicien devenu sourd, et la sainte musique d'une âme qui sert
Dieu, sans joie, abandonnée entièrement au bon plaisir divin.
Annecy, [1612-1614405.]
Je travaille a vostre Livre neufviesme406 de l'Amour de Dieu, et aujourd'huy, priant devant
mon Crucifix, [128] Dieu m'a fait voir vostre ame et vostre estat par la comparayson d'un excellent
musicien407, né sujet d'un prince qui l'aymoit parfaitement, et qui luy avoit tesmoigné se plaire
passionnement a la douce melodie de son luth et de sa voix. Ce pauvre chantre devint, comme
vous, sourd, et n'oyoit plus sa melodie; son maistre s'absentoit souvent, et il ne laissoit pas de
chanter, parce qu'il sçavoit que son maistre l'avoit pris pour chanter408.
Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc.,
par la Mère de Chaugy, conservé à la Visitation d'Annecy.
CMXLVIII. A une Religieuse de la Visitation409. Ce qui tenait
occupé le Saint toutes les matinées ; l'emploi meilleur qu'il
aurait voulu en faire. «L'amour propre ne meurt jamais ;» ses
fruits et ceux de la vraie charité. Quel est le seul remède.
Les séparations pour les mondains et les amis de Dieu.
Annecy, [1613 ou 1614410.]
O pleust a Dieu, ma tres chere Fille, que ce fust le Traitté de l'Amour celeste qui me tinst
occupé toutes [129] les matinees! Il seroit bien tost achevé, et je serois bien heureux d'appliquer
mon esprit a de si douces considerations. Mais ce sont des infinités de petites niaiseries, que le
monde par force m'apporte tous les jours, qui me font de la peyne et de la fascherie et rendent mes
heures inutiles. Neanmoins, tant que je m'en puis eschapper, je metz tous-jours quelque petite ligne
en faveur de ce saint amour qui est le lien de nostre mutuelle dilection.
405 La rédaction du Traitté de l'Amour de Dieu ayant été achevée dans les premiers jours de novembre 1614 (cf. ci-
dessus, note (388), p. 123), le Livre IX pouvait être terminé au commencement de cette année, et même à la fin de
1613; toutefois, il n'est pas impossible que le Saint y ait déjà mis la main en 1612.
406 On sait que dans ce Livre, le saint Docteur a eu principalement en vue les dispositions intérieures de la Mère de
Chantal. Il aurait pu aussi bien l'appeler «notre Livre,» puisque la Sainte, en parlant de son bienheureux Père, écrivait
en 1653 à D. Jean de Saint-François: «Si Votre Révérence veut voir clairement l'état de cette très-sainte âme» sur son
acquiescement à la volonté de Dieu, «qu'elle lise... les trois ou quatre derniers chapitres du neuvième Livre de l'Amour
divin.» (Ste J. -F. de Chantal, sa Vie et ses Œuvres, Paris, Plon, 1876, tome III, p. 250.)
407 Vide Tr. de l'Am. de Dieu, 1. IX, cc. IX, XI.
408 La suite de la lettre, qui ne nous a pas été conservée, devait sans doute développer la comparaison et en faire
l'application à la destinataire.
409 La lettre semble s'adresser à une Religieuse de la Visitation, personne ne s'intéressant plus que les filles du saint
Docteur à l'achèvement de son chef-d'œuvre. Ce que nous savons du caractère et des tendances de la Sœur Anne-
Marie Rosset s'accorde assez bien avec les conseils renfermés dans ces pages. Serait-elle la destinataire?
410 A cause de l'allusion des premières lignes, cette lettre doit être de 1614 au plus tard. (Voir ci-dessus, note (405), p.
128.) D'autre part, ces «infinités de petites niaiseries» paraissent viser les contradictions et les ennuis sans nombre que
le Saint eut à subir à la suite de l'affaire Berthelot, depuis le mois de mars 1613 (cf. le tome précédent, note (930), p.
327): de là, notre date simplement approximative.
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11.5 Page 105

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Or, venons a vostre lettre. L'amour propre peut estre mortifié en nous, mais il ne meurt
point pourtant jamais; ains, de tems en tems et a diverses occasions, il produit des rejettons en
nous, qui tesmoignent qu'encor qu'il soit couppé par le pied, si n'est il pas desraciné. C'est pour
cela que nous n'avons pas la consolation que nous devrions avoir quand nous voyons les autres
bien faire; car ce que nous ne voyons pas en nous ne nous est pas si aggreable, et ce que nous
voyons en nous, nous est fort doux, parce que nous nous aymons tendrement et amoureusement.
Que si nous avions la vraye charité qui nous fait avoir un mesme cœur et une mesme ame avec le
prochain411, nous serions parfaitement consolés quand il feroit du bien.
Ce mesme amour propre fait que nous voudrions bien faire telle et telle chose par nostre
eslection, mais nous ne la voudrions pas faire par l'eslection d'autruy, ni par obeissance; nous la
voudrions faire comme venant de nous, mais non pas comme venant d'autruy. C'est tous-jours nous
mesmes qui recherchons nous mesmes, nostre propre volonté et nostre amour propre. Au contraire,
si nous avions la perfection de l'amour de Dieu, nous aymerions mieux faire ce qui est commandé,
parce qu'il vient plus de Dieu et moins de nous.
Quant a se plaire plus a faire des choses aspres qu'a les voir faire aux autres, ce peut estre
ou par charité, ou [130] par ce que, secrettement, l'amour propre craint que les autres ne nous
esgalent ou surmontent. Quelquefois nous nous mettons plus en peyne de voir mal traitter les autres
que nous, par bonté de naturel; quelquefois c'est par ce que nous croyons d'estre plus vaillans
qu'eux et que nous supporterions mieux le mal qu'eux mesmes, selon la bonne opinion que nous
avons de nous. Le signe de cela, c'est qu'ordinairement nous aymerions mieux avoir les petitz maux
que si un autre les avoit; mais les grans, nous les aymons mieux pour les autres que pour nous.
Sans doute, ma chere Fille, ce qu'on a repugnance a s'imaginer le rehaussement des autres, c'est
parce que nous avons un amour propre qui nous dit que nous ferions encor mieux qu'eux, et que
l'idee de nos bonnes propositions nous promet des merveilles de nous mesmes et non pas tant des
autres.
Au bout de tout cela, sçaches, ma vrayement tres chere Fille, que ce que vous aves ne sont
que des sentimens de la portion inferieure de vostre ame; car je m'asseure que vostre superieure
portion desadvoue tout cela. C'est le seul remede qu'il y a, de desadvouer les sentimens, invoquant
l'obeissance et protestant de la vouloir aymer non obstant toute repugnance, plus que non pas la
propre eslection, louant Dieu par force du bien que l'on void en autruy et le suppliant de le
continuer; et ainsy des autres.
Il ne se faut nullement estonner de treuver chez nous l'amour propre, car il n'en bouge. Il
dort quelquefois comme un renard, puis, tout a coup, se jette sur les poules. C'est pourquoy il faut,
avec constance, veiller sur luy, et avec patience et tout doucement se defendre de luy. Que si
quelquefois il nous blesse en nous desdisant de ce quil nous a fait dire, en desadvouant ce quil
nous a fait faire, nous sommes gueris.
Or je ne vis que passamment la dame qui devoit venir pour faire sa confession generale, et
avec des yeux tout moistes d'avoir laissé sa fille412; car les gens du monde [131] [se] laissent en se
laissant, mais ceux de Dieu ne se laissent jamais, ains sont tous-jours unis ensemblement avec leur
Sauveur.
Dieu vous benisse, ma chere Fille.
Revu sur une copie conservée à Turiu, Archives de l'Etat. [132]
411 Act., IV, 32.
412 Il est difficile de désigner les deux personnes mentionnées ici. Les Annales du 1er Monastère n'ont conservé le nom
d'aucune prétendante reçue en 1613, et parmi celles de 1614, on peut proposer seulement la Sœur de Mouxy ou la
Sœur de Livron, comme ayant été accompagnées par leur mère à leur entrée à la Visitation. Toutes deux prirent l'habit
le 2 juillet.
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Année 1614
CMXLIX. A Madame d'Escrilles413. Quand faut-il s'abandonner
entièrement entre les bras de la Providence. Comment parler
des personnes qui nous ont fait tort. Ce qui est plus efficace
contre le mal que le ressentiment.
Annecy, 7 janvier 1614.
Ma Seur tres chere et tous-jours de plus en plus tres chere Seur,
Je viens tout maintenant de recevoir les deux lettres que vous avies confiees a Mme de
Trevernay414, et une autre par laquelle elle me specifie la qualité de vostre desplaysir, que je vois
estre grandement fascheux pour la multitude des accidens qui semblent attachés aux sujetz dont il
vous est arrivé.
Ma tres chere Seur, ces brouillardz ne sont pas si espais que le soleil ne les dissipe. En fin,
Dieu qui vous a conduite jusques a present, vous tiendra de sa tres sainte main415; mais il faut que
vous vous jetties, avec un total abandonnement de vous mesme, entre les bras de sa providence,
car c'est le tems desirable416 pour cela. Se confier en Dieu emmi la douceur et la paix des
prosperités, chacun presque le sçait faire; mais de se remettre a luy entre les orages et tempestes,
c'est le [133] propre de ses enfans; je dis, se remettre a luy avec un entier abandonneront. Si vous
le faites, croyes moy, ma chere Seur, vous seres toute estonnee de merveille, qu'un jour vous verres
esvanouis devant vos yeux tous ces espouvantailz qui maintenant vous troublent. Sa divine Majesté
attend cela de vous, puisqu'elle vous a tiree a soy pour vous rendre extraordinairement sienne.
De cet homme sur lequel vous penses devoir estre jettee une partie de la faute, parlés en
peu et consciencieusement; c'est a dire, ne vous estendes gueres en vos plaintes et n'en faites pas
souvent; et quand vous en feres, n'asseures rien qu'a mesure que vous aures de la connoissance ou
conjectures de la faute, parlant douteusement des choses douteuses, plus ou moins, selon qu'elles
le seront.
Je vous escris du tout sans loysir, en un jour le plus embarrassé que j'aye eü il y a long
tems. Je suppleeray de plus en plus, s'il plaist a Dieu, priant pour vostre repos et consolation.
Apaises tant que vous pourres, doucement et sagement, les espritz de messieurs vos parens. Helas!
en telles occasions, la dissimulation guerit plus de mal en une heure que les ressentimens en un an.
Dieu doit faire le tout; c'est pourquoy il l'en faut supplier.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma tres chere Seur, ma Fille. Je suis tres
parfaitement,
Vostre plus humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 7 janvier 1614.
413 Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles (voir le tome précédent, note (790), p. 278), encore jeune et belle, était fort
recherchée. Son désir de la vie religieuse, traversé par mille embarras, justifie bien les conseils du Saint; le «desplaysir
grandement fascheux» dont il parle doit viser quelque calomnie. Toutes ces circonstances la désignent comme
destinataire.
414 Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay, était belle-sœur de Mme
d'Escrilles.
415 Cf. Ps. CXXXVIII, 10.
416 II Cor., VI, 2.
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CML. Au Père Nicolas de Soulfour, Oratorien. Envoi de lettres
pour l'Evêque de Bazas et pour M. de Fontaines.
Attachement du Saint pour la Congrégation de l'Oratoire ; il
désire en connaître les règlements. Le Traitté de l'Amour de
Dieu l'empèche d'entreprendre un travail qui lui est proposé.
Annecy, 10 janvier 1614.
Monsieur,
C'est a vous aussi a qui j'addresse mes responses a Monseigneur de Bazas417 et a monsieur
de Fontayne Duboys418, et ce sera a vous, sil vous plait, de leur faire [135] aggreer mes intentions,
puisque vous leur aves donnees celles quilz ont de m'aymer. Cependant, selon vostre conseil, je
touche un mot, au dernier, d'encouragement a l'erection d'une mayson de la Congregation a
Tours419; Congregation que j'ay dedans le cœur, devant, je pense, que ni monsieur de Berule ni
vous, mays Congregation dedans le cœur delaquelle je ne suis pas digne d'estre, et desirerois
neanmoins bien d'avoir quelque place420. Dites moy cependant, avant que je sorte de ce propos:
seroit ce une grande et blasmable curiosité de desirer de sçavoir un peu plus de particularités de
l'establissement et maniere de vivre d'icelle421? car voyes vous, je crains de vous le demander et
j'ay peyne de m'en empescher. C'est asses a un vieux entendeur et qui m'ayme fortement.
Au reste, Monseigneur de Bazas me propose un petit travail, que je ferois des maintenant
de bon cœur, recevant comm' inspiration son desir; mais je suis encor un peu attaché a un Traitté
417 Fils de noble Eméric, sénéchal de Bazas et comte de Barraut, Jean Jaubert de Barraut fut nommé à l'âge de dix-huit
ans abbé de Solignac, près Limoges. Il prit possession de l'abbaye par procureur, le 2 mai 1601, et s'occupa tout de
suite d'en réparer les ruines et d'y introduire la réforme. Consacré à Rome évêque de Bazas par le Cardinal de la
Rochefoucault (août 1612), ses talents et sa piété l'avaient d'abord fait choisir pour aller servir Henriette d'Angleterre
comme grand aumônier; mais un autre prélat obtint l'emploi. De 1621 à 1631, il publia à Bordeaux plusieurs éditions
d'un ouvrage, Erreurs et faussetés, qui réfutait le Bouclier de la foi de Pierre du Moulin. En 1630, Mgr Jaubert était
transféré à l'archevêché d'Arles; son abbaye, depuis 1635, lui servit de résidence plusieurs mois de l'année. C'est là
qu'on venait le consulter de toutes parts, tant ses lumières et son zèle avaient popularisé son nom. Il décéda à Paris le
31 juillet 1643. L'Archevêque avait établi dans sa ville (14 juillet 1633) les Religieuses de la Visitation; il fut aussi
l'un des premiers et des principaux organisateurs de la célèbre Compagnie du Saint-Sacrement, cette création de génie
dont les efforts devaient aboutir à la restauration du catholicisme dans tout le royaume. (Voir J. Aulagne, La Réforme
catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges, Paris, 1906.)
418 Antoine du Bois, seigneur de Fontaines-Marans près de Tours, remplit d'honorables fonctions à la cour de Charles
IX et de Henri III. D'accord avec sa femme, Marie Prudhomme, sœur de la chancelière de Sillery, il se retira dans sa
terre à l'avènement de Henri IV, pour servir Dieu et les pauvres. M. de Bérulle, en 1603, fit visite au pieux gentilhomme
et décida l'une de ses filles à entrer dans l'Ordre du Carmel, qu'elle devait illustrer par ses grandes vertus, sous le nom
de Sœur Madeleine de Saint-Joseph. (Cf. tome XII, note (467), p. 198.) M. de Fontaines procura en 1608 la fondation
des Carmélites de Tours, et celles-ci aidèrent les Oratoriens à s'établir dans la même ville le 27 septembre 1615.
Devenu veuf, Antoine du Bois embrassa l'état ecclésiastique, reçut la prêtrise à l'âge de soixante-cinq ans, et en
comptait soixante-dix-huit quand il se rangea sous la discipline de l'Oratoire. Il mourut à Paris le 29 avril 1627, dans
une extrême vieillesse, chez les Oratoriens de la rue Saint-Honoré. (Voir Mémoires domestiques pour servir à l'histoire
de l'Oratoire... par le P. Batterel, publiés par A. M. P. Ingold, Paris, 1902.)
419 Voir la note précédente.
420 Ici nous avons la preuve que saint François de Sales avait devancé, au moins par l'idée et le désir, le fondateur de
l'Oratoire. (Voir tome XIV, note (610), p. 207.) Au dire de Habert, historien du Cardinal de Bérulle (Paris, 1646, liv.
II, chap. III), l'Evêque de Genève aurait prié «Sa Sainteté de luy permettre... de quitter pour un temps son diocese,
afin de venir ayder à establir cette nouvelle Congregation... Pour se consoler de n'avoir peu venir en cette Societé,» il
y envoyait «les autres de toutes parts, et» publiait hautement «qu'il n'y avoit rien de plus saint ny de plus utile en
l'Eglise de Dieu.»
421 Personne ne pouvait mieux satisfaire la curiosité du Saint que son destinataire; M. de Soulfour, né en Savoie, avait
connu M. de Bérulle par l'entremise de l'Evêque de Genève. Durant le séjour qu'il fit à Rome (1610-1613), il s'employa
très activement pour obtenir la Bulle d'institution de l'Oratoire, et avant la fin de 1613, il entrait dans la Congrégation;
il avait alors soixante-quatre ans. (Cf. tome XIII, note (776), p. 284, et ci-dessus, p. 44.)
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de l'Amour de Dieu, lequel j'estimerois piaculum422 de laisser maintenant imparfait, puisqu'il ne
me faut plus que je ne sçai combien de moys pour l'envoyer au monde423. Faites luy donq, je vous
supplie, treuver bon l'advis que je luy presente, mais dont je ne l'ose presser, que quelqu'autre face
cett'autre [136] besoigne. Helas! je vous asseure, mon bon Monsieur, que je suis tellement accablé
d'affaires, ou plustost d'empeschemens, qu'a peyne puis-je derober ça et la des quartz d'heure pour
employer a ces escrittures spirituelles.
Or sus, salutem a tous ceux qui m'ayment, de vostre connoissance, et mille benedictions a
Dieu du repos quil vous a donné en cette sainte Societé. Je suis immortellement,
Monsieur,
Parfaitement vostre humble serviteur et frere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Vous sçaures que le bonhomme M. Nouvelet s'en est allé lethargique424; ce sera charité de
le recommander a Nostre Seigneur.
X janvier 1614, a Neci.
Faites-moy sçavoir, je vous prie, le tiltre de la Congregation425, affin que je sache mettre la
superscription convenable; et bien humble salutation a Mlle Acarie.
A Monsieur
Monsieur de Soulfour.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, chez les Dames de Saint-Maur. [137]
CMLI. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de
Montpellier. Salutations affectueuses envoyées au destinataire
de passage à Lyon. Le Saint s'excuse de ne pouvoir accepter
l'invitation de prêcher à Toulouse.
Annecy, 10 janvier 1614.
Monseigneur,
Je vous vay rencontrer en esprit au passage que vous deves faire a Lion426; et ces quatre
paroles vous asseureront, sil vous plait, que sil m'estoit aussi aysé de me porter moy mesme sur le
lieu en effect, comm'il l'est a ce porteur, vous me verries, plein de joye et d'amour, le plus empressé
de tous autour de vous. Il ny a remede, il faut accommoder nos souhaitz a nos necessités, d'ou
qu'elles viennent.
J'ay toute ma vie grandement prisé la ville de Thoulouse, non pour sa grandeur et noblesse,
mays, comme dit saint Chrisostome de son Constantinople427, a cause du service de Dieu qui y est
si constamment et religieusement maintenu. Et pensés, Monseigneur, de quel cœur je voudrois les
422 C'est-à-dire «un crime.»
423 L'impression du Traitté ne fut achevée qu'à la fin de juillet 1616. (Cf. tome IV, pp. XI, XIV, XV.)
424 Le chanoine Claude-Etienne Nouvellet, décédé à Annecy, avait été inhumé à l'église Saint-François le 7 octobre
1613. (Voir tome XII, note (80), p. 47.)
425 Dans la Bulle du 10 mai 1613 mentionnée à la note (421) de la page précédente, Paul V avait approuvé la nouvelle
Société sous le nom de «Congrégation de l'Oratoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ en France.» (Houssaye, Le P. de
Bérulle et l'Oratoire de Jésus, Paris, 1874, p. 48.)
426 Mgr Fenouillet allait probablement donner le Carême à Paris, où il devait retrouver «le grand et parfait ami.» (Voir
la page suivante.)
427 Sermo post redit, a priore exsilio. (Mig., Patr. Graec., LII. col. 444.)
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11.9 Page 109

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servir428; mays vous sçaves mes liens, que rien jusques a present n'a peu rompre429. Sil vous plait
donques respondre a la demande que vous ont faite de moy ces seigneurs de cette ville la, je vous
supplie tres humblement de leur faire sçavoir que ce n'est ni faute d'estime que je face de leurs
merites, ausquelz je ne sçaurois jamais correspondre, ni faute de pouvoir que vous ayes sur moy,
qui suis tres entierement vostre, mays faute de pouvoir que j'aye moy mesme sur moy mesme, que
je ne seconde pas leurs desirs, plus honnorables cent fois pour moy que je ne devrois praetendre.
Au demeurant, Monseigneur, quand vous seres avec le grand et parfait ami430, resouvenes
vous parfois de moy, car ce m'est un playsir incomparable de m'imaginer que ne pouvant jouir du
bonheur de vostre presence, je ne laisse pas de vivre en vostre bienveuillance de tous deux.
J'escris sans loysir, mays plein de l'invariable affection que j'ay d'estre sans fin,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
X janvier 1614.
Je fis response a Monseigneur de Dol431 des le moys passé.
A Monseigneur
Monseigneur le Rme Evesque de Montpelier.
Revu sur une copie de l'Autographe, conservée à la Visitation d'Annecy. [139]
CMLII. A la Mère de Chantal. Saint François de Sales se sent
pressé d'activer la rédaction de son grand ouvrage.
Annecy, 11 janvier 1614.
Nostre interieur n'a plus de resistance; il faut que la crainte et la paresse de l'homme
exterieur cede a la volonté victorieuse de notre Maistre qui veut que, tout froid et tout glacé que je
suis, j'escrive de son saint amour. Contés ce jour pour celuy auquel je commence d'y employer
tous les momens que je pourray tirer de la presse de mes autres devoirs, et invoqués incessamment
sur moy l'amour du divin Amant432.
Revu sur un ancien Ms. de l'Année Sainte de la Visitation,
conservé au Monastère d'Annecy.
428 «Les peuples de Thoulouse, grandement pieux et devots, desiroient avec passion» que le Serviteur de Dieu «y alat
prescher un Caresme.» (Process. remiss. Gebenn. (I), dépos. de Claude Chaffarod, ad art. 27.) Sans doute, les membres
du Conseil de Ville ou du Parlement chargèrent l'Evêque de Montpellier de présenter leur requête à saint François de
Sales; M. Le Mazuyer, qui s'était lié d'amitié avec le Bienheureux au pays de Gex, ne devait pas être le moins désireux
de le revoir et de l'entendre. (Cf. le tome précédent, note (837), p. 295.)
429 En effet, le duc de Savoie, inflexible, s'obstinait toujours à interdire les chaires de France au grand Evéque.
430 Antoine des Hayes.
431 Mgr Antoine de Revol (voir ci-dessus, note (247), p. 69).
432 Voir ci-dessus, p. 136, et Année Sainte de la Visitation, tome I, p. 257.
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11.10 Page 110

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CMLIII. A la même. Le Saint ménage à sa chère Congrégation
la bienveillance du Conseil de Ville d'Annecy. Pourquoi il ne
veut pas qu'on demande de sa part du beau papier à M. Rolland.
Annecy, [vers mi-janvier] 1614433.
Ma tres bonne Meré,
Voyla vos lettres corrigees. Il les faut faire escrire [140] aujourdhuy434, et outre cela, escrire
a madame la Comtesse de Tournon435, et luy faire un article par lequel vous luy dires qu'elle face
prier Monseigneur de Nemours, au nom de Madame la Serenissimo infante Duchesse de Mantoüe,
d'escrire a messieurs du Conseil de cette ville436 qu'en toutes occurrences, ilz ayent vostre
Congregation en speciale recommandation. Hier au soir je parlay encor a l'un des sçindiques, qui
me promit de haster l'affaire le plus qu'il se pourra.
Si vous n'aves pas du beau papier pour escrire, envoyes en prendre vers M. Rolland, mais
a vostre nom, car si c'estoit au mien il se courrouceroit, parce que j'en ay trop despensé la semaine
passee437.
Ma tres chere Mere, que Dieu face toute sainte, je vous donne mille fois le bonjour. Amen.
Et vay travailler tant que je pourray sur le livre438. [141]
Il faut attendre de plier les lettres, car François ira faire cet office comme il faut: car je ne
puis y aller moy mesme439. [142]
433 Le 11 janvier 1614, notre saint Docteur résolut de donner tous ses loisirs à son cher travail (voir le billet précédent):
cette circonstance sert à préciser la date, d'ailleurs confirmée par d'autres particularités dont il sera parlé dans les notes
suivantes.
434 Il s'agit très probablement des lettres de remerciement à l'Infante et au duc de Savoie, pour la protection promise à
la Congrégation. (Cf. ci-dessus, pp. 106-108.) Il nous reste la minute de l'une de ces lettres, corrigée parle Saint,
adressée à Charles-Emmanuel. (Voir à la fin du volume.)
435 Philiberte de Beaufort, femme du comte Prosper-Marc de Tournon, chargée par la duchesse de Mantoue de l'avertir
de tout ce qu'elle pourrait faire en faveur de la Visitation. (Voir à l'Appendice II, les lettres de la princesse et du duc
de Savoie.)
436 A la Délibération du 16 janvier 1614, assistaient: «Noble et spectable sieur Pierre Delale (de l'Alée), docteur es
drois, Pierre de Thoire, Jean Thomas et Charles Tromberl, scindics; spectable sieur Claude-François Arpiaud, advocat
de ville, François Paccot, tresorier; noble et spectable sieur Jean Flocard, advocat, noble Jean Crochet, Bernard Dupuis,
François Marvin, Guillaume Falcaz, Aymé Mignon, Jean Tardy, Nicolas Panisset, Pierre-Loys Garbillon, Serge Saget,
Antoine Vallefrey, Humbert Falquet, Aymé Curlet.» (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Tous les susnommés
étaient, pensons-nous, membres du Conseil de Ville.
437 «Franc et fidele comme l'or,» Rolland fut pendant plus de vingt-cinq ans «le Joseph de la maison du sainct Evesque,
trenchant, couppant et ordonnant de tout sans contradiction.» (P. de la Rivière, La Vie de l'Illme et Rme François de
Sales, 1625, liv. IV, chap. IX.) Il était de ces serviteurs qui se font pardonner l'importunité de leurs ingérences par la
sincérité même de leur dévouement. Plus d'un, parmi ses domestiques, murmurait des libéralités du Saint, mais, de
tous, Georges Rolland se montrait le plus regardant et le plus parcimonieux parce qu'il avait, avec le soin et la charge
de la bourse, la surinteudance des affaires de la maison. (Cf. tome XI, note (273), p. 117.)
438 Le Traitté de l'Amour de Dieu.
439 Cacheter les lettres, au temps passé, alors qu'on ne connaissait pas l'usage des enveloppes, c'était presque un art, et
en tout cas, une fonction. Le Bienheureux, nous dit Michel Favre (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 48),
«employoit» à cela «la main du premier valet de chambre.»
Ce titre de «premier homme de chambre» appartint pendant plus de vingt ans à François Favre, fils de Pierre
Favre et d'Andrée Marquet. Il fut ainsi, dès le début de l'épiscopat de saint François de Sales, le témoin quotidien le
plus fidèle de sa vie intime. Sa déposition faite au cours des deux Procès est d'une ingénuité touchante; cet homme au
cœur simple décrit les hautes vertus de son bon maître et le mystère de sa vie intérieure, avec une aisance et une
propriété de termes qui feraient envie à plus d'un hagiographe. «Je le sçay, parcs que j'estois present,» c'est la formule
qui conclut la plupart de ses témoignages et leur donne tant de prix. Tout pénétré de l'idée qu'il servait un saint,
François conservait soigneusement des coffres entiers de vêtements usés: «Je prevois,» disait-il, «qu'un jour tout cecy
sera des reliques.» On connaît la plaisante histoire de ce serviteur de l'Evêque de Genève que celui-ci surprit écrivant
furtivement à «une jeune veuve, vertueuse et riche,» pour lui demander sa main. «Vous ny entendez rien,» lui dit-il
après avoir lu la lettre, et, sur l'heure, il en fit une à laquelle manquait la seule signature. «Copiez cela,» ajouta le
débonnaire Prélat, «mettez y votre nom et l'envovez, et vous verrez que tout ira bien.» Le bon serviteur qui rencontra
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12.1 Page 111

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CMLIV. A la même. Un triduum de prières. Souhait d'unité.
Annecy, [vers le 20] janvier 1614440.
Voyla donq, ma tres chere Mere, ma Fille, les Pseaumes: vous en pourres prendre, ou les
troys derniers pour tous les trois jours, ou varier de trois en trois pour chasque jour.
Cependant, quel contentement a ma pauvre ame de vous saluer encor un peu par
cett'occasion! vous, dis-je, ma tres chere Mere, que mon ame cherit comm'elle mesme. Dieu soit a
jamais l'unique ame de nostre unique vie et l'unique vie de nostr'uniqu'ame.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Revel de Mouxy, à Brest.
CMLV. A la même. Plusieurs visiteurs ont empêché le Saint
d'aller voir la Mère de Chantal. Il se promet de célébrer avec
elle, le lendemain, l'anniversaire de sa naissance et de dire la
Messe à la Visitation.
Annecy, 22 janvier 1614441.
Que diray-je plus ma tres chere Mere? En somme, il [143] faut acquiescer a la Providence
de Dieu en ces petitz momens quil faut employer tantost en ceci, tantost en cela, au prejudice de
l'extreme desir que j'ay de voir ma pauvre tres chere Mere. J'allois: M. Flocard442 et M. de
Conflens443 me sont venu parler de vos affaires. Quand ilz m'ont laissé, j'alloys de rechef; il m'a
falu arrester avec les deputés d'un Monastere qui est de ma charge, qui me sont venu proposer leurs
necessités pour continuer leur reforme. Quel moyen de refuser cette si bonne audience a des gens
qui viennent pour Dieu, et de deux journees loin, pour une si bonne affaire444? Le cœur de ma
Mere, comme le mien propre, se fut courroucé et mutiné si, pour tel sujet, je n'eusse renoncé a son
contentement qui est le mien mesme.
ce jour-là un si habile et complaisant secrétaire, est précisément François Favre. Méraude Gard, c'était le nom de la
veuve, se laissant persuader par le saint Evêque, agréa l'idée de passer à de secondes noces1; toutefois le mariage n'eut
lieu qu'après la mort du Bienheureux. Dans le Ier Procès (18 septembre 1627), le déposant s'intitule «bourgeois et
marchand drappier» d'Annecy. Quand il témoigna au IIe Procès, il avait quatre-vingts ans, et remplissait alors l'office
de châtelain de l'évêché, tout ému encore au souvenir des grands exemples de sainteté qu'il avait eus sous les yeux en
servant l'un après l'autre, Mgr de Granier, le Serviteur de Dieu, son frère Jean-François de Sales, Dom Juste Guérin et
Charles-Auguste de Sales. (D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I, II), et le Ms. de la Mère Greyfié sur la
Vie de St François de Sales, Archives de la Visitation d'Annecy.)
1 Jacques Clavel, son premier mari, avait été «soubterré le seze octobre 1622.» (Reg. par. d'Annecy.)
440 Le 22 décembre 1613, la duchesse de Mantoue avait sollicité, en écrivant à la Mère de Chantal, «les devotes
oraisons des ames religieuses.» (Voir sa lettre à l'Appendice II.) Ce n'est pas sans raison que Marguerite de Savoie
demandait alors des prières. Depuis la guerre du Montferrat. le Piémont traversait une période de calamités. Au mois
de janvier 1614, à peine avait-on quelque espérance de paix. (Cf. ci-après, note (447), p. 144.) C'est sans doute pour
répondre au pieux desir de la princesse, que le Saint aura ordonné des prières à ses filles: d'où la date que nous
attribuons à ces lignes; elle est justifiée par le rapport de leur contenu avec la lettre suivante.
441 La fête de sainte Emérentienne fixe le quantième du mois pour cette lettre écrite la veille, c'est-à-dire le 22 janvier.
Quant à l'année, 1614 est la date la plus vraisemblable, à cause des prières et de l'espoir pour la paix. (Voir le billet
précédent et la note qui l'accompagne.) Par l'écriture et l'apparence des deux Autographes, on juge qu'ils sont de la
même époque.
442 Sans doute Barthélemy Floccard, docteur ès-droits, conseiller du duc de Nemours et collatéral au Conseil de
Genevois. Il sera destinataire plus tard.
443 Antoine de Boëge, seigneur de Conflans (voir tome XIV, note (1125), p. 391).
444 En raison du long voyage, on peut croire que cette députation venait de Sixt. (Voir les tomes XI, note (716), p. 316;
XII, note (526), p. 226; XIII, note (462), p. 169.)
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12.2 Page 112

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Mays demain, o c'est le jour de sainte Emerentienne et de la naissance de ma Mere; Dieu
ne permettra pas que je sois ainsy retenu, car mesme j'ay a conferer avec elle de choses qui sont
pour son Amour divin445 et asseurer la partie. Il faut aller dire la Messe pour cette Mere aupres
d'elle, et elle l'oüyra cordialement des sa chambre446, affin qu'elle et moy, d'un cœur, d'un esprit et
d'un'ame, offrions a sa divine Majesté la suite de nostre vie, pour consacrer a son service tous les
instans qui nous en restent. Cependant, je vay a la priere que nous esperons de convertir bien tost
en action de graces pour la paix447. [144]
Bonsoir, ma tres chere Mere; reposes bien nostre cœur sur la poitrine de nostre Sauveur.
Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de San Remo (Italie).
CMLVI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Le Duc
ayant agréé le projet de confier aux Barnabites le collège de la
ville, est supplié de le faire réussir.
Annecy, 25, janvier 1014.
Monseigneur,
L'esperance que ce peuple de Neci et de Genevoys a conceüe de voir ce college448, qui est
maintenant presque en friche, remis a la Congregation des Peres Barnabites449, n'a ni rayson ni
fondement que sur la bonté [145] paternelle de Vostre Altesse Serenissime, laquelle en a eu
aggreable le projet450, non seulement par ce quil estoit propre pour le proffit publiq temporel de
445 Voir p. 140, le billet du 11 janvier.
446 La Mère de Chantal devait être souffrante en ce temps-là.
447 La paix espérée ne dura pas; l'arbitrage proposé par le marquis d'Ynoyosa ne fut pas agréé des Mantouans, et le
président Favre, qui devait défendre juridiquement les droits de son prince à Milan, devant un conseil d'arbitres, revint
en Savoie le 5 mars 1614, saus avoir pu remplir sa mission. (Cf. Mugnier, Hist. du Président Favre, Paris, 1902-1903,
p. 395.)
448 Le collège Chappuisien, fondé à Annecy par Eustache Chappuis. (Voir tome XIV, note (825), p. 291.)
449 Cette Congrégation doit son origine à saint Antoine-Marie Zaccaria, qui en jeta les fondements à Milan en 1534,
avec le concours de Barthélemy Ferrari et de Jacques Morigia. L'année suivante, Paul III exempta de la juridiction des
Ordinaires la nouvelle famille religieuse et la plaça sous la protection du Saint-Siège. En 1538, la Maison principale
de l'Institut se fixa dans un ancien monastère de Milan, à coté de l'église Saint-Barnabé, d'où le nom de Barnabites
donné à ces Religieux. On les appelle aussi Clercs réguliers de Saint-Paul, soit par la volonté du Fondateur, soit par
une disposition du Souverain Pontife qui les avait approuvés. La Congrégation se proposait, comme fin principale, la
prédication, l'instruction de la jeunesse et tout ce qui pouvait contribuer au salut du prochain. Grégoire XIII en
sanctionna les Constitutions par un Bref du 7 novembre 1579. Dès les débuts du XVIIe siècle, les Barnabites s'étaient
concilié autant par leur zèle que par leurs talents, la faveur des princes catholiques, en Allemagne, en France, en
Savoie. Cet Ordre a donné, et jusque dans notre temps, à l'Eglise et aux lettres, des hommes très remarquables.
Restauré depuis 1815, il eut en 1897 la gloire de voir son Instituteur inscrit au catalogue des Saints.
Un des premiers historiens de saint François de Sales, le P. de la Rivière (Vie, etc., 1625, liv. III, chap. XXI,
a noté sa spéciale affection pour les Clercs de Saint-Paul, «à cause,» dit-il, «de la doctrine, candeur et simplicité qu'il
recognoissoit eu eux. Douc il les hantoit fort familierement, et conversoit avec eux ne plus ne moins que s'il eust esté
l'un d'entre eux. Il disnoit souvent en leur reffectoir et disoit gracieusement qu'il estoit Barnabite, c'est à dire fils de
consolation.» «Quand le Bienheureux allait dehors,» remarque l'Année Sainte (tome VI, p. 754), «il remettait
volontiers ses enfants spirituels à ces bons Pères pour les confesser et diriger. Ces jeunes plantes cultivées par vos
soins, croîtront si fort en mon absence,» leur disait-il, «qu'à mon retour j'aurai peine à les reconnaître.» Mais pour
savoir tout le bien que l'Evêque de Genève pensait de ces dignes Religieux, et qu'il en attendait, il faut lire la lettre du
6 novembre 1617, pleine des louanges les plus délicates et les plus décisives.
450 Lors de son passage à Turin (fin avril 1613), François de Sales avait su intéresser le duc de Savoie au malheureux
état du collège d'Annecy. Le prince lui ayant recommandé les Barnabites, comme très capables de servir son dessein,
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12.3 Page 113

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ses tres humbles sujetz, mais aussi pour l'utilité quil rapporteroit au salut des ames. A cett'
occasion, Monseigneur, je supplie de rechef Vostre Altesse Serenissime, en toute humilité, de le
faire puissamment reuscir a la gloire de Dieu451, que je prie incessamment la vouloir a jamais
prosperer, et suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le XXV janvier 1614.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [146]
CMLVII. A M. Philippe de Quoex. La réforme de Talloires et
l'affaire de Mme des Gouffiers. Nouvelles et commissions
pour Rome. Instructions à suivre dans une négociation auprès
des Congrégations romaines.
Annecy, 27 janvier 1614.
Monsieur,
Mais je vous remercie infiniment de la douceur avec laquelle vous recevés mes
intentions452 qui, en verité, ne sont que sinceres et de servir nostre commun Maistre. Mays c'est
trop dit entre nous qui, a mon advis, nous connoissons trop bien l'un l'autre, pour avoir besoin ni
d'excuses, ni de paroles en telles occurrences.
J'ay receu la lettre de Monseigneur le Cardinal Borghesio453, et on ne touche nullement au
proces despuis vostre despart454. Mgr le Nonce455 me commanda de [147] luy dire au vray l'estat
il exposa son projet et son désir au P. Général de l'Ordre dans les entretiens qu'il eut avec lui à Milan, les 27 et 28
avril. (Cf. ci-dessus, note (33), p. 1.) Dom Mazenta accorda tout ce que demandait le saint Evêque.
De retour à Annecy, recevant le 27 mai suivant, «le compliment de felicitation de la Ville qui etoit allee en cors lui
faire la bienvenue,» le Bienheureux «parla a ces Messieurs si efficacement, que dans cette seule et premiere visite, il
tira le consentement verbal de tous pour l'etablissement des Reverends Peres Barnabites dans le college de ce lieu.»
(Ancien Ms. de l'Année Sainte, 27 mai.)
451 Les Barnabites furent mis en possession du collège Chappuisien le 5 juillet 1614. (Cf. ci-après, la lettre du 8 juillet
au duc de Savoie.)
452 Voir ci-dessus, p. 113, la Lettre CMXXXVII au même, dans laquelle le Saint expose ses vues sur la réforme de
Talloires.
453 Scipion Caffarelli, fils de Marc-Antoine Caffarelli et de Horteuse Borghese, sœur du Pape Paul V, naquit en 1576.
Son oncle l'adopta, lui donna son nom et le fit cardinal-prêtre de Saint-Chrysogone, le 18 juillet 1605. Grand
pénitencier, puis archipretre des basiliques de Latran et du Vatican en 1609, bibliothécaire apostolique, préfet de la
Signature de grace, légat d'Avignon, le Cardinal Borghese devint en 1610 archevêque de Bologne, résigna ce siège en
1612, reçut en 1629 l'évêché de Sabine et mourut à Rome le 2 octobre 1633. Il fut inhumé à Sainte-Marie-Majeure,
dans la chapelle qui porte son nom. Aussi libéral que riche, il employa ses immenses revenus à restaurer les églises,
celles surtout dédiées à la Sainte Vierge, à créer des monastères, etc. Son affabilité, ses manières aimables lui
gagnèrent tous les cœurs et le firent nommer «les délices de Rome.» Comme Secrétaire d'Etat, il joua un grand rôle
dans les affaires religieuses de son temps, ainsi que l'atteste sa correspondance avec les diverses Nonciatures,
conservée aux Archives Vaticanes. (D'après Ciaconius, Hist. Pontif. et Card., tom. IV, et Moroni, Dizionario di
eruditione storico-ecclesiastica, 1840, vol. VI.)
Voir à l'Appendice I, la lettre que le Cardinal adressait à saint François de Sales le 28 décembre 1613, et celle
du 22 août 1614.
454 Saint François de Sales fait allusion au procès entre les Feuillants et les Bénédictins de Talloires. (Voir ci-dessus,
note (364), p. 113, et note (371), p. 115.)
455 Mgr Pierre-François Costa, Nonce à Turin (voir tome XIII, note (678), p. 251).
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12.4 Page 114

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present du monastere de Talloyre, ce que j'ay fait tant quil m'a esté possible456. C'est maintenant a
la providence de Dieu de decretter, et a nous d'attendre en paix et reverence ce quil luy plaira de
faire reuscir, avec resignation de nostre volonté en la sienne tressainte.
J'escris pour l'affaire de Mme de Gouflier457, une lettre au Cardinal Bellarmin458, un' autre
au Cardinal Lante459, qui sont deux colonnes de mes esperances pour toutes les affaires de deça,
et la 3e a la Congregation de Vescovi460. Celle du grand Cardinal Bellarmin est fort ample, et peut
estre trop; vous pouves, sil vous plait, en extraire un memorial pour presenter au Cardinal Lante
et a la Congregation. Que si Dieu gratifie cette bonne ame, je pense quil sera a propos de faire
commettre ou [148] Monseigneur de Maurienne461, ou monsieur l'Abbé d'Abondance462, ou moy,
disjunctim, ita ut uno non procedente, alius procedat463.
Par le premier, Dieu aydant, je vous escriray pour la Visitation des eglises des Apostres et
vous envoyeray l'Estat de cette Eglise464. A Thonon, tout est appaysé et ni a plus de mal qu'a
Cervens465. Nous avons receu les Indulgences cum summo applausu466, et ces bonnes Dames vous
en sont infiniment obligees467, ainsy que nous vous dirons a vostre retour.
456 Le Nonce avait promis le 1er décembre 1613 au Cardinal Borghese d'envoyer le plus tôt possible des informations
sur le différend qui divisait les PP. Feuillants et les Bénédictins de Talloires. Le 22 février 1614, le Cardinal en aocusait
réception. (Archiv. Vatic., Nunz. di Savoia, vol. 162, et Borghese I. 909.)
457 La Religieuse du Paraclet, qui était encore à la Visitation d'Annecy. (Cf. la lettre de Philippe de Quoex, du 18
janvier 1614, Appendice II.)
458 Voir, pour l'objet de cette lettre, le post-scriptum ci-après, p. 151, et le fragment qui le suit.
459 Marcel Lante, né à Rome, de Ludovic Lante et de Lavinia Maffei, fut d'abord auditeur de la Chambre apostolique,
et le 11 septembre 1606 devint cardinal-prêtre, du titre des saints Quirice et Julitte. Nommé évêque de Todi la même
année, il gouverna ce diocèse jusqu'en 1625, et dans la suite occupa successivement-les sièges de Preneste, Tusculum,
Porto et Ostie. Le Cardinal Lante mourut doyen du Sacré-Collège, le 29 avril 1632. Ses historiens s'accordent à louer
sa grande piété, son esprit de mortification, la simplicité de ses mœurs, son zèle éclairé pour la formation des clercs.
Les évéques pauvres de l'Allemagne et de l'Ecosse bénéficièrent largement de sa magnifique charité; d'après Moroni,
il dépensa «un million d'écus» en œuvres de bienfaisance. (Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, vol. LIX,
1852, et vol. XXXVII, 1846; Ciaconius, tom. IV.)
460 La Congrégation des Evêques, qui parait remonter à saint Pie V (1570), d'abord distincte de celle des Réguliers,
lui fut bientôt annexée sous l'unique dénomination de Congrégation des Evêques et Réguliers. Elle se composait d'un
certain nombre de Cardinaux présidés par un Préfet, des secrétaire et sous-secrétaire et des consulteurs. Ses attributions
s'étendaient à toutes les questions, excepté celles qui regardent la foi, les Rites, la Propagande, etc. Récemment, une
Constitution pontificale du 29 juin 1908 a modifié la Congrégation des Evéques et Réguliers en lui substituant la
Congrégation pour les affaires des Religieux, dont la juridiction précise est indiquée par son nom même.
461 François-Philibert Milliet de Faverges (voir tome XII, note (457), p. 195).
462 Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance.
463 séparément, afin que l'un intervienne à défaut de l'autre.
464 L'Etat du diocèse de Genève, s'il fut dressé à cette époque par saint François de Sales, ne nous est pas parvenu.
465 Hameau situé dans la région de Thonon. La peste avait sévi depuis le printemps de 1613 en Faucigny et en Chablais.
(Voir plus haut, note (125), p. 30.)
466 avec grand applaudissement.
467 Dans le Livre des comptes de la Visitation d'Annecy, 1612-1616, on trouve cette note à la date du la janvier 1614:
«Tiré pour payer un Brief qui est venu de Rome, 37 florins 4 sols.» C'est sans doute le Bref des Indulgences en
question. A propos de ces mêmes Indulgences, le Saint écrivait le 27 avril 1616: «Je n'ai pas voulu» les «faire publier,
parce qu'il m'a semblé» qu'elles «avaient été concédées comme si cette Congrégation eût été une Association... de
femmes vivant chacune dans sa maison; ce qui n'est pas, «car elles vivent toutes ensemble.» Aussi, dans la même
lettre, il en sollicitait d'autres plus amples.
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12.5 Page 115

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Puisque vous me parles du P. Monet468, je vous prie [149] de le saluer de ma part et, par
son entremise, le P. Richeome469; et vous suppliant de ne point perdre courage en l'affaire de Mme
de Gouffier, je demeure de tout mon cœur, Monsieur,
Vostre plus humble tres affectionné confrere,
F., E. de Geneve.
XXVII janvier 1614.
Pour M. de Syrvinges470, qui pourroit obtenir une licence quil demeurast extra
monasterium471, cela suffiroit; Monsieur l'Evesque de Mascon472 luy promet de l'assister de ses
recommandations.
Il y a une lettre de monsieur l'Abbé d'Abondance au P. Benedetto Justiniano, en faveur de
l'affaire de Mme de [150] Gouffier; mais il faudra, sil vous plait, l'instruire et l'employer es
occurrences. C'est un Pere fort courts et qui, comme je pense, pourra beaucoup473.
468 Philibert Monet naquit en 1566, non à Bonneville (Hte-Savoie)1, mais au village de Bona, commune de Dortan
(Ain). Il entra dans la Compagnie de Jésus le 24 août 1590 et fit ses derniers voeux le 11 novembre 1602. Après avoir
enseigné les humanités pendant cinq ans, il fut préfet des études et professeur de théologie morale au collège de la
Trinité à Lyon, et y mourut le 1er avril 1643. Le P. Monet se fit remarquer par sa connaissance de la langue latine; son
Delectus latinitatis, qui parut en 1612, a toujours été beaucoup loué par les meilleurs juges. Avant d'être un habile
latiniste, il avait fait ses premières armes comme missionnaire dans le Chablais (cf. tome XII, p. 38), ou il sejourna de
1599 à 1602, secondant de tout son pouvoir le zèle de saint François de Sales. (Cf. Sommervogel, Bibliothèque de la
Cie de Jésus, Paris 1894, tome V.)
1 C'est sur la foi de Grillet (Dictionnaire historique... des départemens du Mont-Blanc et du Léman, Chambéry, 1807,
tome I, p. 382), que le P. Monet a été dit originaire de Bonneville, au tome III de notre Edition, p. LXIX.
469 Né à Digne en 1544, Louis Richeome suivit à Paris, en 1564, les cours du P. Maldonat au collège de Clermont; le
«juillet de l'année suivante, il entra au noviciat. Recteur du collège de Dijon, où il fit la profession solennelle, deux
fois provincial de Lyon et une fois d'Aquitaine (1608-1615), mourut le 15 septembre 1625 au collège de Bordeaux.
Pendant quarante ans et sans nuire aux occupations de charges importantes, le vaillant polémiste se consacra à la
défense de l'Eglise et de sa famille religieuse. De l'aveu même de ses adversaires, il avait la plume bien taillée. L'ardeur
de ses convictions, son érudition variée, sa dialectique incisive et hardie, lui acquirent en son temps une grande
célébrité. Plusieurs de ses ouvrages furent traduits en diverses langues. Notre Saint en faisait grande estime il vante
«ses beaux escritz.» «ses beaux opuscules» et sa personne, dans le Traitté de l'Amour de Dieu, tome IV, pp. 6 et 97
de notre Edition. (Voir Sommervogel, ubi supra, 1895, tome VI, et Prat. Recherches sur la Cie de Jésus, Lyon, 1876.)
470 Sans doute le même ecclésiastique qui avait introduit Mme des Gouffiers à la Visitation d'Annecy. (Voir le tome
précédent, note (948), p. 333.) Leurs noms se suivent dans la lettre du Saint parce que ces deux personnes avaient des
intérêts semblables et le même espoir de vivre sous sa direction. En janvier 1614. M. de Syrvinges, alias Sevelinges,
se proposait ou était proposé vraisemblablement pour remplir les fonctions d'aumônier au futur monastère de Lyon: il
s'agissait d'obtenir sa liberté, au moins provisoire. De fait, les choses s'arrangèrent au gré du saint Fondateur. (Cf. la
lettre de Philippe de Quoex, du 18 janvier 1614, Appendice II.)
L'abbaye de Belleville n'étant distante de Mâcon que de quelques lieues, il est assez probable que l'Evêque
(voir la note suivante) se soit fait le protecteur du pieux dessein de «M. l'Aumosnier.»
471 hors du monastère.
472 Gaspard Dinet, né à Moulins le 6 janvier 1569, cinquième fils de Jacques Dinet, chancelier de la principauté de
Bourbonnais, et de Philippine Euvrand, entra chez les Minimes de Vincennes en 1586; envoyé à Rome par ses
supérieurs, il y reçut la prêtrise le jour des Rois, 1591. Visiteur général, puis vicaire général de son Institut, il fut
nommé en 1595, sur la désignation expresse du Roi, prédicateur de la cour. Les chaires fameuses du temps se
disputaient sa parole. Dans leur Chapitre général, tenu en 1597 à Avignon, les Minimes songèrent à élire le jeune
Religieux déjà célèbre, pour la charge suprême. Par modestie il l'éluda et vint se reposer à Lyon, où les magistrats de
Mâcon l'envoyèrent prier de répondre aux attaques de Cassegrain, l'audacieux prédicant. (Voir tome XIII, note (177),
p. 50.) Les conférences qu'il soutint publiquement contre lui à Pont-de-Veyle et à Mâcon en 1598 accrurent encore la
réputation de l'humble Religieux. L'année suivante, le Roi l'obligeait de remplacer à Mâcon Luc Alamanni, l'evêque
démissionnaire, et le 6 janvier 1600, à Paris, il recevait la consécration épiscopale des mains du Cardinal de Joyeuse.
Par ses visites, par ses ordonnances synodales et ses libérales aumônes, il restaura la discipline ecclésiastique et la vie
chrétienne, très débilitées à la suite des guerres religieuses. Henri IV l'avait pris pour confident et ne lui écrivait qu'en
chiffres connus de lui seul. Mgr Dinet mourut le 1er décembre 1619, après d'atroces souffrances, saintement supportées.
(D'après l'Histoire des Evêques de Mâcon, par le Cte de la Rochette, Mâcon, 1867, tome II.)
473 Issu de l'illustre famille Giustiniani et né à Gênes en 1551, Benoit entra en 1568 au noviciat de la Compagnie de
Jésus à Rome. Docteur en philosophie et en théologie, profès des quatre vœux, prédicateur du Pape, recteur du Collège
romain et de la Pénitencerie du Vatican, il fut encore théologien de la Congrégation de la Sacrée Pénitencerie, et donné
à ce même titre au Cardinal Cajétan, pendant sa légation en Pologne. Sa mort arriva à Rome, le 19 décembre 1622.
Les délicates fonctions de pénitencier et le savoir théologique du P. Giustiniani donnaient du prix à ses conseils et du
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12.6 Page 116

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Verte folium474.
Il faudra donq bien observer ces troys pointz: le Ier, de faire que l'on commette475 in istis
parti bus, atteso che questa signora vi é, et si ritruova cento leghe lontana del Paracleto476, di
debole complessione, et [151] che nel Paracleto si fece il primo sforzo, et si farebbe poi il secondo,
la signora Abbadessa essendo potentissima477.
Le 2. c'est que il faut que ladite dame de Gouffier soit delivree de l'obligation de sa
profession, affin que, selon son desir, elle puisse estre receue en la Congregation de la Visitation,
laquelle, bien que ce ne soit pas une Religion formelle, est neanmoins une mayson de fort bonne
discipline et propre pour cette personne; puisqu'ell'est d'ailleurs de si petite complexion, qu'elle ne
pourroit porter l'austerité ni de Sainte Claire ni des Carmelines, ni d'autres Religions formelles
esquelles on fait des grandes veillees, des grandes abstinences et autres mortifications et aspretés
corporelles qui requierent une entiere santé.
Le 3. il faut bien honnestement remonstrer qu'au Paraclet, ces Dames ont toutes leurs
maysons a part, et madame l'Abbesse aussi, avec des trains d'hommes et de femmes, sans Regle,
sans clausure, sans methode ni discipline quelcomque.
Le reste se verra dans les lettres qu'a cett'intention je vous envoye ouvertes. Mitte sapientem
et volentem, et nihil dicas478. Tenes conte des portz, car tout sera ramboursé, Dieu aydant. Encor
qu'en la lettre de la [152] Congregation479 je parle quil seroit plustost expedient de changer le vœu,
neanmoins je sçai bien que cela ne se fait pas; mais c'est pour monstrer la necessité de cett' ame, a
laquelle il seroit expedient de plustost changer le vœu que de la laisser sans remede. Vous
mesnageres le tout, car j'ay escrit a la haste et a cause du passage du courrier, et en un langage que
je ne possede pas trop bien480. Je ne sçai sil seroit point expedient de faire voir mes lettres au Pere
Benedetto Justiniano. Vous consideres (sic) le tout avec la grace de Dieu, que je vous souhaite de
tout mon cœur. Amen.
A Monsieur
Monsieur de Ste Catherine481.
Revu sur l'Autographe conservé à la Bibliothèque communale d'Amiens.
crédit à ses recommandations. Voilà pourquoi le Saint sollicitait son intervention dans l'affaire de Mme des Gouffiers.
Vers 1617, c'est encore sur son entremise qu'il comptait pour faire agréer au Saint-Siège, le projet de fondation d'un
Séminaire. (Voir Sommervogel, ubi supra, tome III.)
474 Tout ce qui précède tient sur la première page de l'Autographe; les deux alinéas qui suivent la signature sont écrits
dans la marge de gauche, l'indication Verte folium se trouve au bas du recto, à droite, et la fin du texte au verso.
475 en ces pays-ci, attendu que cette dame s'y trouve maintenant, et à cent lieues du Paraclet, qu'elle est de petite
complexion, que c'est au Paraclet qu'elle subit une premiere contrainte, ce qui se renouvellerait encore une seconde
fois, car madame l'Abbesse est très puissante.
476 Cette abbaye, d'abord simple oratoire qu'Abailard avait bâti en 1123 près de Nogent-sur-Seine, eut pour première
abbesse, en 1129, la célèbre Héloïse. Le Paraclet, ainsi nommé par son fondateur, acquit dans la suite de grands biens,
devint chef d'Ordre et compta d'illustres abbesses, dont la dernière fut madame de Roncy. Le monastère fut détruit en
partie pendant la Révolution.
477 Marie de la Rochefoucault, abbesse de 1593 à 1639, fille d'Antoine de la Rochefoucault, «seigneur de Chaumont,
chambellan du Roi et chevalier de son Ordre,» et de Cécile de Montmirail de Chambourcy. Sa famille géra la dignité
abbatiale comme une sorte de fief et donna, de 1593 à 1727, cinq abbesses au Paraclet; leur train de vie était princier.
Une sœur de Marie, Françoise de la Rochefoucault, dame de Neuvy, est dite «tante» d'Hélène Arnault des Gouffiers,
dans le contrat de mariage de celle-ci avec le baron d'Anlezy, 31 mai 1606. (Cf. ci-après, note (483), p. 154.)
478 Envoyez un homme sage et complaisant, et ne dites rien.
479 La lettre à la Congrégation des Evêques et Réguliers mentionnée ci-dessus, p. 148.
480 Saint François de Sales avait sans doute écrit en italien les lettres dont il parle plus haut, p. 148, aux Cardinaux
Bellarmin et Lante et à la Congrégation des Evêques.
481 Philippe de Quoex, recteur d'une chapelle dédiée à sainte Catherine, était ordinairement désigné sous ce nom. (Cf.
tome XII, note (57), p. 30.)
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12.7 Page 117

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Mémoire pour M. Philippe de Quoex concernant Madame des
Gouffiers482 (Fragment)
Il faut bien faire entendre comme non seulement avant que de faire la profession, elle
protesta de la force et [153] violence que sa mere483 luy faysoit, et que par cette crainte seulement,
et non de volonté, elle faysoit ladite profession, qu'elle desiroit estre declaree nulle en tems et
lieu484; dont il y a acte par deux notaires. Mays aussi, despuis, elle a protesté devant plusieurs
personnes de qualité485, a diverses fois, qu'elle ne se tenoit nullement pour Religieuse et ne vouloit
l'estre. Mais la crainte de sa mere durant, elle n'ose se retirer, ni procurer ses expeditions.
Item, comme ce qu'elle s'est esloignee de sa mere luy a donné liberté de recourir a la justice
du Saint Siege.
Que l'Abbesse du Paraclet est une grande dame qui tient grand train486, et le monastere en
lieu champestre, qui ne reconnoist aucun superieur487; de sorte que si la suppliante alloit la, elle
seroit forcee, et par sa mere naturelle et par l'Abbesse, d'y demeurer, et empescheroit on la
verification de ses allegations, laquelle se fera mieux, plus solidement et plus facilement par
l'Ordinaire du lieu ou ell'est488. [154]
482 Le contenu de ce fragment se rapporte à l'affaire de Mme des Gouffiers que M. de Sainte-Catherine était chargé de
poursuivre en Cour de Rome. (Voir ci-dessus, pp. 148, 151, 152.) Notre texte serait une partie d'un Mémoire explicatif
qui devait le guider dans ses démarches: fut-il remis à Philippe de Quoex à son départ (novembre 1613), ou bien lui
aurait-il été adressé à Rome après la lettre du 27 janvier 1614, pour préciser les observations de celle-ci? il nous a été
impossible de le définir. Malgré cette incertitude, ces lignes nous paraissent devoir être insérées ici à titre
documentaire.
483 Gabrielle de Fedict, qualifiée de «haulte et puissante dame» dans un contrat du 31 mai 1606 (cf. ci-dessus, note
(477), p. 152), y figure aussi comme «espouze de... Gilles du Breuil, chevallier de l'Ordre du Roy, seigneur de Theon
et Chasteaubardon,» au pays de Saintonge. En premières noces, elle avait épousé «noble François Arnault, seigneur
des Gouffiers, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy.» Trois filles étaient nées de ce mariage, Hélène,
Vivienne, Elisabeth la Religieuse du Paraclet. (Archives de M. le comte de Damas d'Anlezy.)
484 Cf. le tome précédent, note (972), p. 343, et ci-dessus, p. 152. Voir aussi la lettre du 28 septembre 1614 au baron
d'Anlezy, beau-frère de Mme des Gouffiers.
485 Voir à la fin du volume, la minute de la lettre de Mme des Gouffiers au Cardinal Barberini, écrite par le Saint.
486 Voir ci-dessus, note (477), p. 152.
487 Marie de la Rochefoucault, en effet, ne reconnaissait pas l'autorité de l'Evêque de Troyes et prétendait ne relever
que du Pape. (Archives des Evêques et Réguliers, T (Troyes), 9 mai 1614.)
488 Mme des Gouffiers demeurait alors à Annecy; l'Ordinaire était donc François de Sales lui-même.
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12.8 Page 118

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CMLVIII. A Madame de la Valbonne. Il ne faut jamais cesser
de coopérer de son mieux au salut du prochain. Comment
aborder une âme pécheresse et avec quel sentiment. Le
moindre brin du divin amour, préférable à tous les trésors du
monde.
Annecy, 5 février 1614489.
Je vous escris subitement, ma tres chere Niece, sur le sujet que vous me touchastes
dernierement, parce que n'ayant pas eu de porteur d'asseurance, je n'avois pas voulu vous faire
responce a ce point la.
Cette pauvre miserable Bellot490 a une ame qui ne veut point estre corrigee par censures,
car elles ne luy ont pas manqué au commencement de ses vanités, cause de sa ruine; et la bonne
Mere de Chantal n'a rien espargné de ce qu'elle pouvoit penser estre propre pour l'en retirer491,
prevoyant bien que cette humeur vaine la porteroit plus loin que pour lhors elle ne s'imaginoit.
Neanmoins, on ne sçait pas les conseilz de Dieu, et ne faut jamais cesser de cooperer au
salut du prochain en la meilleure façon que l'on peut. Si donques vous pouvies parler a cette
chetifve creature, la prenant un peu doucement et amoureusement, luy remonstrant combien elle
seroit heureuse de vivre en la grace de Dieu, l'enquerant si, quand elle [y] a vescu lhors qu'elle vint
en cette ville, elle n'estoit pas plus ayse que maintenant, et passant ainsy [155] tout bellement a luy
representer son malheur, je pense que cela la pourroit toucher. Mais il faut tesmoigner que vous
estes portee d'amour envers elle, et que vous n'aves point eu horreur de son malheur. Or, quand
vous ne feries que luy faire faire un bon souspir, Dieu en sera glorifié. Mais je croy bien que vous
aures de la peyne a treuver la commodité de faire a propos cet office qui requiert beaucoup de
loysir; car on nous dit qu'elle est gardee fort soigneusement. O que de misericordes Dieu fait aux
ames qu'il retient en sa tres sainte crainte et en son divin amour! Mieux vaut le moindre brin de ce
tresor, que tout ce qui est au monde.
Vives tous-jours toute a ce souverain Bien, ma tres chere Fille; c'est la priere ordinaire de
Vostre tres humble oncle et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le jour de sainte Agathe.
489 La date de 1610 donnée par Migne au tome VI, col. 948, est fausse; les particularités du texte suggèrent celle que
nous adoptons. On voit en effet, par une lettre de juin 1613 à la même destinataire (Lettre DCCCLXXXIV, p. 21),
qu'à cette époque la «pauvre miserable Bellot» donnait du scandale à Chambéry et que Mme de la Valbonne s'intéressait
à sa conversion. En 1615, la présente lettre paraîtrait moins justifiée, car cette «chetifve creature,» plus enfoncée dans
sa vie de désordres, n'aurait pas été jugée capable d'accueillir de bienveillantes remontrances. Le 11 septembre 1616,
le président Favre parlait de l'expulser de Chambéry. (Cf. le tome précédent, note (951), p. 335.)
490 Voir la note précédente.
491 On se rappelle que la pécheresse avait fait un séjour à la Visitation en 1613. (Voir le tome précédent, p. 335, et cf.
ci-dessus, pp. 21, 22.)
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12.9 Page 119

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CMLIX. A M. Claude de Blonay. Affaires d'argent.
Reconnaissance du Saint pour un service que lui a rendu Mgr
Gribaldi. Nouvelles et messages.
Annecy, 8 février 1614.
Monsieur,
J'ay fait delivrer au sieur curé de Massongier492, present porteur, le reste de l'argent que
mes freres et moy devions a Monseigneur l'Archevesque mon pere493, [156] pour celuy quil avoit
fait delivrer a Paris pour nous494. Or, je vous supplie de prendre la peyne de le conter et donner, et
de retirer nostre obligation pour la nous renvoyer a la premiere bonne commodité, avec le solvit.
Item, de bien faire mes excuses s'il y a eü quelque sorte de manquement au tems, et de luy
bien faire sentir combien je me sens obligé a sa faveur. Je sçay que je ne pourray jamais luy rendre
aucun service de l'espece de ce bon office quil m'a fait (aussi bien saint Paul dit495 que les enfans
ne doivent pas thesaurizer pour les peres, ouy bien les peres pour les enfans); mais si en quelque
nature de service, et en celuy ci encor, je pouvois me revancher, je le ferois tres affectionnement.
Nous avons icy monsieur vostre Prieur avec lequel nous avons des aujourdhuy fait une
bonne conference496. Nous en ferons une a part, monsieur l'Abbé497 et moy, et puis nous
conclurons, et je pense que vous aures du contentement. J'escris au bon monsieur l'advocat de
Blonnay498 suivant la resolution prise l'autre jour499. On m'a dit que la bonne Mme du Foug estoit
malade500; a vostre premiere commodité, je vous prie de m'en faire [157] sçavoir quelque chose,
car j'en suis en peyne, et prie Dieu quil la benisse et nous aussi. Je suys, Monsieur,
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII febvrier 1614.
A Monsieur
[Monsieur501] de Blonnay.
A St Paul.
Je n'ay pas escrit la lettre a monsieur l'advocat,
mentionnee en la presente502.
492 Sous-diacre le 22 mars 1608, diacre le 31 mai et ordonné prêtre le 18 septembre de la même année, Rd Claude
Benoit fut institué curé de Massongy le 9 juin 1611 et en demeura titulaire jusqu'à sa mort, mars 1644. (R. E.)
493 Vespasien Gribaldi, archevêque démissionnaire de Vienne, des mains duquel saint François de Sales reçut la
consécration épiscopale. (Voir tome XII, note (51), p. 24.)
494 En 1602, sur «6000 escus d'or» qu'avait coûté la terre de Thorcns (voir tome XII, note (225), p. 125), deux mille
seulement avaient été payés à la duchesse de Mercœur; restaient encore quatre mille écus à trouver. M. de Blonay fut
prié de chercher un prêteur (voir ibid., la lettre du 21 octobre 1602): peut-être s'adressa-t-il à son voisin d'Evian,
l'ancien Archevêque de Vienne. Le paiement dont il s'agit ici concerne évidemment cette dette. (Cf. aussi tome XV,
note (1032), p. 364, et ci-dessus, note (148), p. 39.)
495 II Cor., XII, 14.
496 Vide pag. seq.
497 On a vu déjà que Jean-François de Blonay, prieur commendataire de Saint-Paul en Chablais, avait une âme mobile
et se portait au moins par le désir vers des ministères variés qui répondaient mal à ses aptitudes. (Cf. ci-dessus, pp. 91,
102.) Les conférences du saint Evéque avec le jeune prieur avaient sans doute pour but d'apaiser son esprit inquiet.
498 Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance, ami intime de M. de Blonay.
499 Né avant 1575, Jean de Blonay, docteur ès-droits, fils de Claude de Blonay et de Pernette Decaulx ou Devaulx,
juge en 1596 de la vallée d'Aulps, conseiller de la ville d'Evian en 1613, vivait encore en 1624. C'était le cousin-
germain du destinataire de cette lettre.
500 Jeanne Barbier du Maney, veuve du Foug (cf. tome XIV, note (1077), p. 371), figure comme marraine à Thonon
le 1er janvier 1615. (Reg. par. de Thonon). Elle mourut avant 1619.
501 Ce mot a dû disparaître à l'ouverture de la lettre.
502 Le Saint a écrit cette phrase après avoir fermé sa lettre et à la suite de l'adresse, ainsi que nous la reproduisons.
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12.10 Page 120

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Revu sur l'Autographe conservé au château de Marin (Chablais),
Archives de Blonay.
CMLX. A Monseigneur Hildebrand Jost, Evêque nommé de
Sion503 (Minute). Regrets sur la mort d'Adrien de Riedmatten,
évèque de Sion ; éloge de son zèle et de ses vertus. Les airs
de deuil transformés en chants d'allégresse à l'élection de Mgr
Jost. François de Sales lui offre son concours pour la
cérémonie du sacre. Promesse d'entier dévouement.
Annecy, 22 février 1614.
Illustrissime ac Reverendissime in Christo
Domine colendissime,
Intima sane ac peculiari mœstitia
Illustrissimi ac [158] Reverendissimi D.
Adriani, praedecessoris vestri, obitus animum
meum exagitavit et affecit504, non solum
propter eam qua tantum Praesulem colebam
venerationem, aut illam qua me vicissim
ornabat benevolentiam, sed ideo maxime quod
celeberrima Sedunensis Ecclesia, ac universa
Vallesiorum gens, insigni illo Principe et
Pastore orbata iniquo tempore et praemature
remansisset, cum religionis avitae tuendae
augendaeve Catholicae fidei zelo ac peritia,
neminem cum defuncto Praesule
comparandum illis in partibus esse putaremus.
Verum, ubi de Illustrissimae et
Reverendissimae Dominationis Vestrae
promotione a Reverendissimo Ecclesiae [159]
vestrae Canonico qui huc Ordinationis gratia
accesserat505, deque cumulatissimis personae
Illustrissime, Révérendissime et très
honoré Seigneur dans le Christ,
C'est d'une tres profonde et particulière
tristesse que mon âme a [158] été saisie et
affligée à la mort de l'Illustrissime et
Révérendissime Mgr Adrien, votre
prédécesseur, non seulement à cause de
l'honneur que je portais à un tel Prélat et de la
bienveillance dont il m'honorait en retour, mais
principalement à cause de la perte prématurée
que vient de faire, d'un si excellent Prince et
Pasteur, la célèbre église de Sion et tout le pays
de Valais, en un temps si fâcheux; car, selon
nous, en fait de zèle et d'habileté pour défendre
la religion des ancêtres et pour propager la foi
catholique, l'Evêque défunt n'avait pas son
pareil.
Mais dès que nous eûmes appris la
promotion de Votre Illustrissime et
Révérendissime Seigneurie, par un vénérable
chanoine de [159] votre église qui était venu
503 Hildebrand, curé de Leytron et chanoine de Sion, fut élu évèque en novembre 1613. A la mort de son prédécesseur,
Adrien II de Riedmatten, la situation du diocèse du Valais était tellement critique, que le Nonce de Savoie exprimait
au Saint-Siège la crainte de voir élire «par le Chapitre un hérétique, ou du moins un sujet de mauvaise vie.» (Archiv.
Vatic., Nunziatura di Savoia, vol. 162.) Vraiment suscité de Dieu pour réformer le clergé et le peuple, Mgr Jost déploya
dans cette œuvre une activité et une énergie qui furent couronnées de succès; mais il fut moins heureux dans ses efforts
pour rétablir le pouvoir temporel des Evêques. Son courage, son zèle et sa piété lui méritèrent les éloges du Pape, des
Nonces, de Louis XIII, du duc de Savoie et des cantons catholiques. Ses qualités et ses vertus lui valurent aussi la
persévérante amitié de saint François de Sales, qui avait pressenti dès l'abord le mérite éminent du nouveau Prélat et
les services qu'il devait rendre à son Eglise. Se trouvant aux fêtes du sacre d'Hildebrand, raconte un historien, l'Evêque
de Genève s'était écrié dans un transport prophétique: «Ou le diocèse retirera de grands avantages de s'être donné un
tel Pasteur, ou Dieu le châtiera sévèrement s'il méprise ses instructions et ses exemples.» Hildebrand Jost mourut en
1638, après vingt-cinq ans d'épiscopat. (D'après Boccard, Histoire du Valais, Genève, 1844.)
504 Adrien II de Riedmatten (voir tome XIII, note (739), p. 270) était mort au mois d'octobre 1613.
505 Deux clercs du diocèse de Sion vinrent à Annecy pour s'y faire ordonner: Pierre Guttier fut sous-diacre le 21
décembre 1613, diacre le 22 février 1614, et prêtre le 15 mars suivant. François Cocod reçut les Ordres mineurs le 22
évrier 1614, le sous-diaconat et le diaconat les 15 et 19 mars, et enfin la prêtrise le 24 mai (R. E.).
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13 Pages 121-130

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13.1 Page 121

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vestrae illustrissimae dotibus, paulo fusius ac
uberius audivimus, tum vero tristitia nostra
versa est in gaudium506 et luctus noster versus
est in cytharam507, ut nimirum Deo ingentes
gratias ageremus quod lucernam suam in
Hierusalem extingui non esset passus, sed pro
patre filium excitasset quem constitueret super
civitatem508 illam Sedunensem, quam et nos
Sion appellamus.
Hinc per amicos (inter quos nobilis vir
Dominus Quarterius509 in primis locum
jampridem obtinet) Illustrissimam et
Reverendissimam Dominationem Vestram
salutavimus; et illa vicissim per multum
Illustrem et admodum Reverendum Abbatem
Agaunensem510, me quoque amicissime
salvere jussit. [160]
Sic igitur, Illustrissime et
Reverendissime Prsesul, quae intercepta
videbatur antecessoris tui erga me amicitia,
tua, quam ex litteris tuis video propensione,
meoque ingenti desiderio, rediviva nunc
laetior ac firmior futura est ac duratura. Sic
enim, quod ad me spectat, me tibi tuisque
rationibus addictissimum semper fore
polliceor, ut non modo pro communi nostra?
utriusque vocationis vinculo, fraterna quaeque
obsequia a me expectare debeas, sed etiam
omnem quam optare placuerit, servi
fidelissimi et humillimi accuratissimam
operam. Itaque, sive Vestrae Illustrissimae ac
Reverendissimae Dominationis consecrationi
celebrandae511, sive ubi occasio sese dederit,
omnibus aliis officiis quae e re sua suorumque
fore existimaverit, me semper paratissimum et
obsequentissimum habebit.
Interim, non desinam impensius a
Domino Salvatore nostro petere ut tibi mittat
auxilium de sancto512, quo navem illam tuam
gravissimis procellis agitatam, ad [161]
optatum pacis ac foelicissimae pietatis portum
salvam perducas.
ici pour une Ordination, et qu'il nous eût dit,
avec force détails, les très riches qualités de
votre éminente personne, notre tristesse alors
se changea en joie et nos airs de deuil en des
chants d'allégresse. Nous rendimes à Dieu de
grandes actions de grâces de ce qu'il n'avait pas
laissé sa lampe s'éteindre en Jérusalem, et de
ce qu'il avait remplacé le père par le fils, pour
l'établir sur cette cité de Sedunum, que nous
appelons Sion.
Aussi, par nos amis (entre lesquels le
noble seigneur de Quartery tient un des
premiers rangs depuis longtemps), j'ai adressé
mes félicitations à Votre Illustrissime et
Révérendissime Seigneurie, et vous,
Monseigneur, à votre tour, vous m'avez
envoyé vos très cordiales salutations par
l'illustre et Révérendissime Abbé de Saint-
Maurice. [160]
Ainsi donc, Illustrissime et
Révérendissime Prélat, l'amitié de votre
prédécesseur envers moi, qui paraissait éteinte,
va revivre et durer plus assurée et plus
confiante que jamais. J'en ai pour garant vos
sympathies, que me témoigne votre lettre, et le
désir extrême que j'ai d'y correspondre. Pour
moi, je puis vous promettre un dévouement
très fidèle à votre personne et à vos intérêts.
Vous pouvez compter sur moi, non seulement
pour tous les services fraternels qui dépendent
de notre commune vocation, mais encore pour
le concours empressé que vous attendriez d'un
très dévoué et très humble serviteur. Si donc
Votre Illustrissime et Révérendissime
Seigneurie a besoin de moi pour sa
consécration, ou suivant l'occasion, pour
n'importe quel autre service, que ce soit pour
son utilité personnelle ou pour celle des siens,
elle me trouvera toujours prêt et disposé à lui
faire plaisir.
Cependant, je ne cesserai de demander
avec instance à notre Seigneur et Sauveur qu'il
vous envoie le secours d'en-haut, pour
Le chanoine mentionné dans la présente lettre est-il un de ces ordinands ou un ecclésiastique venu pour les
assister?
506 Joan., XVI, 20.
507 Job, XXX, ult.
508 II Reg., XXI, 17; III Reg., XI, 36, XV, 4.
509 Très probablement le capitaine Antoine de Quartery qui sera plus tard destinataire.
510 Pierre du Nant de Grilly, abbé de Saint-Maurice depuis 1605. (Voir tome XIII, note (738), p. 269.)
511 Mgr Hildebrand agréa cette offre gracieuse et pria saint François de Sales de prendre part à son sacre qui eut lieu le
7 décembre 1614.
512 Ps. XIX, 3.
121/335

13.2 Page 122

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Illustrissimae ac Reverendissimae
Dominationis Vestrae,
Humillimus in Christo frater et servus,
F. E. G.
Annessii Grebennensium, XXII
Februarii 1614.
conduire heureusement votre vaisseau parmi
les furieuses tempêtes déchainées contre lui,
jusqu'au port désiré de la paix et de la
bienheureuse piété.
De Votre Illustrissime et
Révérendissime Seigneurie,
Le très humble frère et serviteur dans le
Christ,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy en Genevois, le 22 février
1614.
Autre minute de la lettre précédente513
514Intima ac peculiari Illustrissimi D.
Adriani, Dominationis Tuae Rmae et Illmae
antecessoris, obitus animum meum affecit
mestitia, non tantum propter eam qua tantum
Praesulem colebam observantiam, aut illam
qua vicissim ipse me recreabat benevolentiam,
sed ideo maxime quod Sedunensis Ecclesia et
universa Vallesiorum gens, insigni Principe ac
Pastore orbata remansisset, cui [162] vel
religioni avitae ac Catholicae tuendae
augendaeve515, zelo ac peritia neminem in illis
partibus comparandum inter superstites esse516
existimabamus.
Verum, ubi de Illmae et Rmae
Dominationis Vestrae promotione517, a Rdo
Canonico Ecclesiae Vestrae accepimus qui,
etiam ipse, nos de dotibus quibus Deus
omnipotens Vestram Rmam Personam uberrime
cumulavit, ad amussim quoad per eum fieri
poterat edocuit, tum vero, Illme et Rme Praesul,
tristitia nostra versa est in gaudium518, aut, ut
more Sacrae Scripturae dicam, versa est in
cytharam519, qua nimirum520 gratias plurimas
Deo ageremus quod lucernam suam in
Hierusalem non extinxisset521, sed pro
patribus filium nasci fecisset, quem
constitueret principem super omnem illam
Une profonde et particulière tristesse
s'est emparée de moi à la mort de l'Illustrissime
Mgr Adrien, prédécesseur de Votre Seigneurie
Révérendissime et Illustrissime, non
seulement pour le respect que je portais à un
tel Prélat, ou pour la bienveillance dont il me
gratifiait en retour, mais surtout parce que
l'Eglise de Sion et tout le pays du Valais
demeuraient privés d'un si excellent Prince et
Pasteur. A [162] notre avis, parmi ceux qui lui
survivent, personne ne pourrait lui être
comparé pour le zèle et l'habileté, soit pour
défendre la religion des ancêtres, soit pour
propager la foi catholique.
Mais en apprenant la promotion de
Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime par un révérend chanoine de
votre Eglise, qui nous a dit aussi de quels dons
le Dieu tout-puissant a comblé abondamment
votre Révérendissime personne, notre tristesse
s'est changée en joie ou, afin de parler comme
la Sainte Ecriture, en cythare, rendant à Dieu
de grandes actions de grâces de ce qu'il n'avait
pas éteint sa lampe en Jérusalem, mais de ce
qu'il avait fait naître à la place des pères un
fils, pour l'établir chef sur tout ce pays; en
513 Voir l'Avant-Propos du tome XI, p. XXV.
514 [Quo majore... Maxima sane mœstitia...]
515 augendœve [et pietatis ferendae omnibus bonis a Deo nemo comparandum...]
516 esse [cognosceremus]
517 promotion! — [nuntium accepimus qui idem ipse cumulatissime…]
518 Joan., XVI, 20.
519 Job, XXX, ult.
520 nimirum [et laudes] plurimas [Dei providentiae egimus et ut manus Excelsi dextera...]
521 II Reg., XXI, 17; III Reg., XI, 36, XV, 4.
122/335

13.3 Page 123

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terram522 tibique fausta ac salutaria
praecaremur.
Tum vero per amicos (inter quos
nobilis vir D. Quarterius in primis locum
jamdudum obtinet) Rmam V. Dominationem
salutandam duximus, cum praecipue multum
[163] Illris et Rdus D. Abbas Agaunensis, me
jam vestro nomine per litteras523 salvere
jussisset.
Sic ergo, Illme et Rme Praesul, quae
intercepta mihi videbatur antecessoris tui
amicitia, nunc rediviva tua, quam ex litteris
tuis percipio propensione, firmior ac
constantior futura est. Sic enim, quod ad me524
spectat, tibi deinceps tuisque omnibus
rationibus addictum fore me polliceor, ut non
modo pro communi nostrae utriusque
vocationis vinculo fraterna quaeque obsequia a
me expectare debeas, sed humillimam et
accuratissimam servi fidissimi et devotissimi
quam optare tibi placuerit operam. Itaque, sive
Vestrae Illmae Dominationis consecrationi525
celebrandae, sive ubi sese occasio dederit
populo illi commisso per nostros sacerdotes
quoad per me [fieri] poterit juvando, me
semper paratissimum et obsequentissimum
habiturum spondeo.
Interim vero, quod hactenus feci, non
desinam impensius praestare, ut scilicet a
Deo526 Salvatore nostro tibi [164] auxilium de
sancto527 exoptem, ut spiritu principali
confirmatus528, navem529 illam, jamdudum
gravissimis procellis agitatam530 salvam ad
optatum pacis ac felicissimae pietatis portum
perducas.
Revu sur 1'Autographe conserve a la
Visitation de Turin.
même temps, nous avons songé à vous adresser
tous nos vœux de bonheur et de salut.
C'est alors que, par des amis (au
nombre desquels M. de Quartery tient depuis
longtemps la première place), nous avons fait
parvenir nos félicitations à Votre
Révérendissime Seigneurie, mais déjà le très
[163] illustre et Révérend Abbé de Saint-
Maurice nous avait, par lettre, salué de votre
part.
Ainsi, Illustrissime et Révérendissime
Prélat, l'amitié de votre prédécesseur, qui me
paraissait brisée pour toujours, va revivre plus
ferme et plus suivie que jamais, si j'en juge par
les sympathies que témoigne votre lettre. Pour
moi, me voici désormais tout dévoué à votre
personne et à vos intérêts, je vous en fais la
promesse. Vous pouvez attendre de moi, non
seulement les services fraternels qui dépendent
de notre commune vocation, mais encore
l'assistance la plus humble et la plus dévouée
que vous désireriez du plus fidèle et du plus
attaché des serviteurs. Qu'il s'agisse de la
cérémonie du sacre de Votre Illustrissime
Seigneurie, ou de donner secours à votre
peuple, suivant l'occasion, par le ministère de
nos prêtres, autant que cela dépendra de nous,
je vous l'assure, vous me trouverez toujours
prêt et tout empressé.
En attendant, je continuerai avec plus
d'instance ce que j'ai fait [164] jusqu'a present,
en vous souhaitant, de Dieu notre Sauveur, le
secours d'en-haut, afin que, confirme par
l'esprit de force, vous conduisiez
heureusement votre vaisseau parmi les
redoutables tempetes qui 1'assaillent, au port
désiré de la paix et de la bienheureuse piété.
522 Ps. XLIV, 17.
523 per litteras [salutasset]
524 ad me [attinet]
525 consecrationi [obeundae]
526 a Deo [optimo]
527 Ps. XIX, 3.
528 Ps. L, 14.
529 confirmatus, [Ecclesiam]
530 agitatam, [in tuto communionis Cath...]
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13.4 Page 124

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CMLXI. A M. Claude de Blonay. Une entrevue jugee
necessaire.
Annecy, 27 fevrier 1614.
Monsieur,
Je loüe Dieu dequoy vous viendres, car cela sera a propos pour arrester toutes choses avec
le bon M. le Prieur531, lequel ne desire pas retourner en Chablaix. Mays je vous en ay escrit plus
au long532 par le sieur Jaquart533. [165]
Cependant, aymes moy tous-jours, et saches que personne du monde n'est plus que moy,
Monsieur,
Vostre humble tres affectionne confrere serviteur,
F., E. de Geneve.
XXVII febvrier 1614.
A Monsieur
Monsieur de Blonnay,
Prefect de la Ste Mayson.
A Thonon.
Revu sur l'Autographe appartenant a M. le comte de la Fléchère,
à Saint-Jeoire (Haute-Savoie).
CMLXII. A M. Antoine des Hayes. Entremise du Saint pour
l'une de ses parentes. Son aversion pour les affaires d'intérét.
Passage a Chambèry du Cardinal d'Est.
Annecy, 17 mars 1614.
Monsieur,
C'est a tous propos, et pour cela presque hors de propos, que je vous importune des
occurrences qui me viennent; mays la faveur de vostre bienveuillance m'asseure. Je vous supplie
de prendre la peyne de voir le memorial ci joint, et de considerer si on pourroit en quelque sorte
faire ressentir a madame d'Angoulesme534 l'obligation qu'ell'auroit de tenir compte a la seconde
531 Jean-François de Blonay, fils du destinataire (cf. ci-dessus, Lettre CMLIX).
532 Cette lettre ne nous est pas parvenue.
533 Un Claude Jaquart, inhume le 7 avril 1625, figure dans les Registres paroissiaux de Thonon, ainsi qu'un Bernard
Jaquart, sepulture le 27 mars 1636. Ce dernier etait fils de Jean-Antoine Jaquart, de Talloires, domicilie 4 Thonon, et
maitre d'hotel du marquis de Lullin.
534 Diane de France, nee en 1538, fille legitimee de Henri II, epousa en 1553 Horace Farnese, duc de Castro. Veuve
apres six mois de mariage, elle prit une seconde alliance en 1557, avec François de Montmorency, fils du connetable.
La duchesse negocia la reconciliation de Henri III son frere avec Henri de Navarre, le futur roi de France. Elle mourut
à Paris le 11 janvier 1619. (Voir Moreri, 1740, tome III.)
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13.5 Page 125

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seur de la damoyselle de Charansonay535, de la moytié de la [166] legitime de sa mere536; car, selon
l'advis que vous prendres la peyne, sil vous plait, de m'en donner, je verray si ce sera chose qui se
puisse entreprendre. Or, la damoyselle qui praetend est ma parente, et pour me porter encor
davantage, elle me veut donner la moytie de ce qu'elle pourroit avoir, pour estre employee en
ceuvres pies537. Mays pourtant, j'ay une telle aversion de telles affaires, que sinon quil y eut grande
apparence et de la facilite, je ne voudrois pas y penser. Je vous supplie donq, Monsieur, de me
faire la grace que de me faire sçavoir si, toutes choses considerees, c'est une praetention digne
d'estre relevee.
Je vous escrivis il ny a que trois jours, et a Mme de Charmoysi, qui me retiendra de vous
entretenir davantage, estant mesmement presse du depart de ce jeune gentilhomme qui, par sa
courtoysie, m'offre bien de retarder, mais il n'est pas raysonnable. Je suis a jamais, et par mille
sorte de devoir (sic), Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
FRANҪS, E. de Geneve.
XVII mars 1614.
Monsieur, je salue tres humblement madame vostre [167] femme et suis son tres humble
serviteur. Monsieur de Charmoysi est a Chambery, ou il est rendu pour le passage du Cardinal
d'Est538, et se porte fort bien; qui est tout ce que je pourrois dire de plus aggreable a Mme de
[Charmoysi sa femme, ma cousine,] que je salue icy [avec vostre permission539.]
A Monsieur
Monsieur des Hayes, Maistre d'hostel du Roy,
Gouverneur de la ville et chasteau de Montargis.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Chartres.
535 Sans doute Louise de Charansonay, demoiselle de la Reine-Mere en 1576, fille d'Helene Acton et de Georges de
Charansonay, «des mestres d'hostel de Sa Majesté tres chrestienne, seigneur de Mallagny, etc.,» conseiller du Roi et
«eschanson ordinaire de la Reine.» (Mss. Besson; Mugnier et Dufour, Les Maillard, 1890, p. 122; Guichenon, Hist.
de Bresse et de Bugey, 1650, Partie III, continuation.)
La famille de Charansonay, près de Massingy et de Rumilly, était dès le XVIe siècle l'une des principales du
pays.
536 Hélène Acton, veuve avant le 10 mai 1590, était morte à la date de cette lettre. Elle eut quatre filles: Louise (voir
la note précédente), Jeanne (voir la note suivante), Jacqueline, mariée à Balthazard de la Ravoire, qui teste avec celui-
ci à Turin le 8 octobre 1576; Claudine, qui épousa successivement Antoine de Beaufort, Philibert de Bouvens, et
Claude de Châtillon-Michaille. Son petit-fils, Thomas de Bouvens, baron de Troissy, fut page de Diane de France.
(Guichenon, ubi supra, et Mss. Besson.)
537 Cette «damoyselle» est très vraisemblablement Jeanne de Charansonay, mariée à Jacques de Menthon-Beaumont,
baron de Confignon. (Voir ci-dessus, note (79), p. 14.) Comme elle n'avait pas d'enfant, il est tout naturel qu'elle
songeât à disposer de son bien en faveur d'oeuvres charitables. Sa mort arriva vers 1624.
On sait que Jean de Sales, grand-père du Saint, avait épousé Claudine, fille de Christin de Charansonay.
Jeanne était donc parente de l'Evêque de Genève par les Charansonay et par les Menthon-Beaumont.
538 Le «12 mars 1614, a quatre heures, le Senat est allé en corps au chasteau a veoir et baiser les mains au... Nonce et
Rme Seigneur, Cardinal d'Est.» (Voir Mugnier, Les Registres des Entrées du Sénat, p. 84.) \\
Alexandre d'Est, fils d'Alphonse, duc de Modène, et de Julie de la Rovere, né en 1568, fut créé cardinal-
diacre du titre de Sainte-Marie in Via Lata le 3 mars 1598, promu au sacerdoce le 18 octobre 1621, et en même temps
à l'évêché de Reggio. Il mourut à Rome très pieusement, au mois de mai 1624. Son amour pour les lettres l'inclina à
rechercher la compagnie des hommes cultivés et à s'en faire le protecteur. Il déploya un zèle incomparable pour le
bien spirituel de ses diocésains, secourut de ses largesses les Ordres religieux et fut en particulier l'ami dévoué des
Théatins. Quand il se rendit en Espagne, Philippe III le reçut avec de grands honneurs, et c'est sans doute au cours de
ce voyage qu'il fit halte à Chambéry. (D'après Ciaconius, tome IV, et Moroni, Dizionario di erudizione, 1843, vol.
XXII.)
539 Ces quelques mots mis entre crochets [ ], sont rétablis d'après le texte de Hérissant qui, le premier (1767), a publié
la lettre; ils ont disparu de l'Autographe.
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13.6 Page 126

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CMLXIII. A la Mère de Chantal. Le texte des Litanies de saint
Joseph, revu, corrigé et accentué par le Fondateur de la
Visitation.
Annecy, 19 mars 1614.
Ma tres chere Fille,
Voyla les Litanies du glorieux Pere de nostre Vie et [168] de nostre Amour540. Je croyois
de vous les envoyer escrittes de ma main; mais, comme vous sçavés, je ne suis pas a moy. J'ay
neanmoins pris le loysir de les revoir, de les corriger et d'y mettre les accens, affin que nostre fille
de Chastel541 ayt plus de facilité a les chanter sans y faire des fautes.
Mais vous, ma Fille, qui ne pourrés pas chanter les louanges de ce Saint de nostre cœur,
vous les ruminerés, comme l'Espouse, entre vos déns542; c'est a dire, que vostre bouche estant
close, vostre cœur sera ouvert a la meditation des grandeurs de cet Espoux de la Reyne de tout le
monde, nommé Pere de Jesus543, et son premier adorateur apres sa divine Espouse544.
Revu sur un ancien Ms. de l'Année Sainte de la Visitation, conservé au 1er Monastère d'Annecy.
[169]
540 Le bienheureux Fondateur prescrivit à ses filles de substituer, en certains temps et à certaines fêtes, aux Litanies
Laurétanes qu'elles récitent tous les jours après Complies, celles du saint Nom de Jésus, de la Passion, de saint Joseph,
etc.; mais il leur enjoignit de n'en «point introduire d'autres... extraordinaires dans le chœur... sans estre approuvees
par l'Ordinaire.» (Directoire pour l'Office, Des Litanies.)
Tout récemment, Sa Sainteté Pie X, par un Décret spécial en date du 21 mai 1906, a confirmé aux Monastères
de l'Institut l'approbation des Ordinaires qui, pendant trois siècles, a sanctionné les prescriptions du Bienheureux
touchant la récitation des Litanies non insérées au Bréviaire Romain.
541 Sœur Péronne-Marie (voir le tome précédent, note (408), p. 133).
542 Cant., VII, 9. Cf. Traittè de l'Am. de Dieu, liv. VI, ch. II (tome IV, p. 310).
543 Luc., II, 48.
544 «C'estoit l'intention de nostre Bienheureux Pere,» écrit la Mère de Chantal (Directoire pour l'Office, Calendrier des
Festes stables, 19 mars), «que toute nostre Congregation eust une devotion particuliere a ce Saint et qu'on en celebrast
dignement la feste.»
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13.7 Page 127

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CMLXIV. A Madame de la Valbonne (Fragment). Pourquoi
l'intercession de saint François de Paule est propice à l'espérance
des mères.
Annecy, [2 avril] 1614545.
J'ay mille fois pensé pourquoy les fideles invoquent cet admirable vierge et austere
hermite546 pour avoir des enfans, et en fin j'ay creu que, parce qu'il a tant aymé la simplicité, la
petitesse et les petitz, Dieu accorde ordinairement des petitz enfans a ses devotz, quand ilz les
demandent dans l'esprit du Saint, pour la gloire de Dieu, le salut des ames et la paix des familles.
Revu sur un ancien Ms. de l'Année Sainte de la Visitation,
conservé au Ier Monastère d'Annecy. [170]
CMLXV. A un gentilhomme547 (Billet inedit). Remerciements
pour un envoi de venaison.
Annecy, 12 avril 1614.
Monsieur,
Je vous remercie humblement de vostre souvenance et de la venayson, louant Dieu de
vostre guerison, que je vous souhaiteray tous-jours longue et heureuse, puisque de tout mon cœur
je suis,
Monsieur,
Vostre plus humble tres affectionné,
FRANÇS, E. de Geneve.
XII avril 1614.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte de Menthon,
au château de Menthon (Annecy).
545 Le Bienheureux, lisons-nous dans l'Année Sainte (ancien Ms.), «escrivant a madame... de la Valbonne, lui conseilla
de faire une devotion a saint François de Paule pour obtenir des enfants, et il lui dit dans la même lettre: «J'ay mille
fois pensé,» etc. Suit le fragment reproduit par notre texte; la date en est à peu près certaine quant à l'année (cf. le
tome précédent, note (634), p. 217), mais le mois et le quantième sont donnés sous toutes réserves, puisque le
manuscrit cité, en plaçant ce fragment au 2 avril, n'ajoute pas que la lettre d'où il est tiré fut envoyée ce même jour,
fête du saint Fondateur des Minimes.
546 Saint François de Paule. Le 2 avril 1617, l'Evêque de Genève, «parce qu'il avoit une tres grande devotion» à ce
«glorieux Sainct... et portoit une tres-syncere affection à ses enfans,» reçut à Grenoble, au monastère de Saint-André,
des mains du P. Antoine de Billy, le «Cordon de l'Ordre des Minimes.» (Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. IX.)
«Souvent depuis, quand il rencontroit quelques uns de nostre compagnie,» écrit le P. de la Rivière, «il le tiroit de sa
pochette, disant: Voyez si je ne suis pas de vos freres.» (Vie, liv. II, chap. III.)
547 Il n'est pas possible de désigner le destinataire de ces lignes: serait-ce un membre de la famille de Menthon?
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13.8 Page 128

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CMLXVI. A Madame de la Fléchère. Une lettre recommandée.
Annecy, 12 avril 1614.
Cette lettre, ma tres chere Fille, vous est recommandee, ne sçachant a qui mieux en faire
l'addresse a cause [171] du passage du cousin548. Je n'ay encor peu voir la bonne Mere549, ni
presque respirer550.
Dieu vous comble de son tres saint amour, et je suis,
Ma tres chere Fille,
Plus que vostre tres humble
12 avril 1614.
CMLXVII. A la Mère de Chantal (Inédite). Deux plans proposés
pour la première église de la Visitation. Le saint Fondateur
désire «une petite eglisette bien façonnee.»
Annecy, [vers le 14 avril] 1614551.
L'eglise seroit plus belle dehors, le cœur (sic) estant sur la riviere, avec le presbitere; la
faysant dedans, il faudra chercher place ailleurs pour une cave pour retirer le bois et pour toutes
les commodités que le bas estage de la tour pouvoit fournir552. Vostre cœur sera dautant [172]
moins propre a la santé quil sera plus bas, et faudra une grande descente pour y venir des le dortoir.
Vostre dortoir ne sera pas de plain pied, et en somme, il me semble qu'il y aura bien de la peyne
d'egaler la bienseance et commodité de l'un des desseins a l'autre. Il est vray que le dernier proposé
sera d'abord de moindre despense et plus promptement executé. Je dis d'abord, par ce qu'en fin il
faudra despendre pour faire les commodités domestiques hors de la tour, qu'on avoit projetté de
faire dans icelle.
Pour moy, j'aymerois mieux une petite eglisette bien façonnee dehors, que ce grand et
inutile vaste dedans553. Toutefois il n'est pas raysonnable que mon opinion soit suivie, car je
548 Le 17 mars M. de Charmoisy était à Chambéry (voir ci-dessus, p. 168); à son retour, il devait probablement passer
à Rumilly. C'est sans doute à ce «cousin» que François de Sales écrivait la lettre recommandée aux soins de la
destinataire.
549 La Mère de Chantal.
550 Après une absence de quelques jours, le saint Evêque, qui avait visité le 8 avril la paroisse de Montcel, venait de
rentrer à Annecy, où il trouvait de nombreuses occupations qui absorbaient tous ses loisirs.
551 Nous savons par les Délibérations municipales d'Annecy, que le 14 avril 1614 la Mère de Chantal fit demander à
la Ville par Me Georges Mingon, son agent, l'autorisation de construire l'église du Monastère «sur le canal de Thiouz.»
Ce projet concorde avec les désirs qu'exprime ici le Bienheureux, il semble donc qu'il ait écrit ces lignes avant le 14
avril: d'où la date approximative que nous leur assignons.
552 Cette «tour», dite «tour de Talloyres» parce que dépendante du prieuré de ce nom, était située «pres le pont de
l'asle (la halle), jouxte les muraillies de» la ville. Le 11 septembre 1613, elle fut vendue, avec le jardin attenant, aux
Religieuses de la Visitation, par Charles de la Tour, prieur commendataire; apres plusieurs difficultés, celui-ci avait
reconnu qu'il lui serait très avantageux de céder au Monastère, pour le prix de 1400 florins, «une mayson toute vuyde,
sans aulcung bastiment et par ce inhabitable,» et «en si mauvais estat qu'elle... menasse de tomber en totale ruyne.»
(Archives de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents.) Le 24 avril 1614, «les Dames de la Visitation»
devaient commencer à faire «descouvrir ladite tour, pour l'abattre et demolir.» (Reg. des Délib. du Conseil de Ville
d'Annecy.)
553 «Le bas estage» de la tour de Talloires, achetée par «Dame Jeanne-Françoise Fremyot et les aultres devotes Dames»
de la Visitation, consistait en une « estable » qui était en partie de plain pied avec le rez-de-chaussée de la maison
habitée par la Communauté. (Cf. le tome précédent, note (643), p. 219, et note (704), p. 245.) L'un des plans dressés
pour l'érection de l'église proposait d'établir le chœur des Religieuses et le sanctuaire dans ce «bas estage,» de niveau
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13.9 Page 129

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n'entens rien en tout cela; ouy bien a cherir pretieusement ma tres chere et tres bonne Mere comme
moy mesme. Que Dieu soit a jamais emmi son cœur et le mien. Amen.
C'est pour obeir que j'escris ceci.
Revu sur l'Autographe conservé chez les RR. PP. Missionnaires
de Saint-François de Sales, à Annecy. [173]
CMLXVIII. Aux Chanoines de la Collegiale de Sainte-Marie de
Samoens554. Les statuts du Chapitre de l'église cathédrale
d'Annecy doivent servir de type à la collégiale de Samoëns.
Annecy, 22 avril 1614.
Messieurs,
Conferant avec M. vostre Doÿen555 sur le reglement du service et affaires de vostre eglise,
j'ay jugé quil falloit que vous eussies une copie des statutz de nostre cathedrale pour, sur iceux,
former les vostres entre vous, et par apres en venir icy traitter avec moy. Il vous expliquera plus
amplement mon intention, qui me fera finir la presente me recommandant a vos prieres et disant,
Messieurs,
Vostre plus humble tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
22 avril 1614.
A Messieurs
Messieurs du Chapitre de Samoen.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Riondel, à Samoëns (Haute-Savoie). [174]
avec le canal du Thiou qui décharge le lac. François de Sales conseille de les construire «sur la riviere,» c'est-à-dire
d'élever l'église sur les sous-sols: son opinion fut suivie.
554 Le bénéfice-cure de Samoëns dépendait de l'abbaye de Sixt qui l'administrait par l'un de ses Religieux; mais peu à
peu, les paroissiens en vinrent à désirer un autre régime. Grégoire XII se prêta à ce changement et accorda le 12 juillet
1575, aux démarches personnelles de Charles de Gex, seigneur de Vallon, l'érection de l'église de Samoëns en
collégiale insigne. (Cf. ci-dessus, note (327), p. 99.) Cette érection, toutefois, n'eut lieu que le 22 avril 1582. Le
Chapitre devait se composer de sept chanoines prébendés, avec un doyen à la nomination du Pape, un archiprêtre-curé
et un sacristain son vicaire. Le premier chanoine était nommé parla Ville. (Voir Tavernier, Hist. de Samoëns, chap.
IV.)
En 1614, la collégiale de Sainte-Marie de Samoëns comprenait parmi ses membres, Michel Defoug, Claude
Cornut, Jean-Michel Jay, Henri Guillot, un autre Claude Cornut (?), Pierre-François de Bougier, Claude Chappuis, et
à leur tête, François Cornut, doyen (voir la note suivante), Michel Pithon, archiprêtre, Jean Musy, sacristain. (R. E.)
555 François Cornut, originaire de Samoëns, tonsuré le 19 mai 1570, nommé chanoine de la collégiale le 20 juin 1588,
n'ayant encore que le degré d'acolythe, reçut la prêtrise le 12 décembre 1590, et le 10 mai 1591 devint curé de la
paroisse de Margencel qui l'avait eu pour premier économe le 3 décembre 1589. Promu doyen en 1604, il mourut le
11 août 1618. (R. E.)
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13.10 Page 130

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CMLXIX. A Madame d'Escrilles556. Compassion et consolation
du Saint. Etre sur la croix, grace insigne pour les âmes
dédiées à Dieu.
Annecy, 30 avril 1614.
L'autre jour que la bonne madame de Treverney557 fut icy, je sceu plus amplement la varieté
des travaux parmi lesquelz vous vives, ma tres chere Seur, ma Fille, et certes, j'en eu de la
compassion, mais plus de consolation encores, sur l'esperance que j'ay que Dieu vous tiendra de
sa main et vous conduira558, par ce chemin qu'il a frayé, a beaucoup de perfection; car je veux
croire, ma chere Seur, que vous voulés demeurer eternellement liee a la tressainte volonté de cette
divine Majesté et que vous luy aves consacree toute vostre vie. Et cela estant ainsy, quelle grace
d'estre non seulement sous la croix, mais sur la croix, et au moins un peu crucifiee avec Nostre
Seigneur! Ayes bien courage, ma chere Seur, convertisses la necessité en vertu, et ne perdes pas
l'occasion de bien tesmoigner vostr'amour envers Dieu parmi les tribulations, ainsy quil tesmoigna
le sien envers nous parmi les espines.
Mon ame souhaite le comble de toute sainteté a la vostre, et suis d'un'affection invariable,
Vostre humble, tres affectionné frere et serviteur,
F., E. de Geneve.
XXX avril 1614.
Ce porteur va prendre M. de Charmoysi559 a une journee de Mascon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Reims. [175]
556 De la comparaison de la présente lettre avec celle du 7 janvier précédent (voir ci-dessus, p. 133), il résulte qu'elle
s'adresse à la même destinataire.
557 Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay, et belle-sœur de Mme d'Escrilles.
(Cf. ibid.)
558 Cf. Ps. LXXII, 24.
559 Sans doute Mme de Charmoisy, qui avait quitté Paris dès le 25 février (voir ci-dessus, note (319), p. 94]; mais rien
d'étonnant que des affaires l'aient arrêtée en chemin.
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14 Pages 131-140

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14.1 Page 131

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CMLXX. Au Roi de France, Louis XIII560 (Minute). Remerciement au Roi pour une aumône
promise à l'église de Gex.
Annecy, [février-mai] 1614561.
Sire,
Rien n'est caché a la chaleur du soleil562 en ce monde; rien n'est non plus esloigné du soin
des bons Rois en leurs monarchies. C'est pourquoy Vostre Majesté a regardé l'eglise de Gex, qui
est sur le fin bord du royaume, et la voyant extremement miserable, luy a ordonné aumosne de
trois cens escus563; pour laquelle je vay maintenant [176] en esprit, avec tous les Catholiques de
ce lieu-la, en faire action de graces a vostre charité royale, Sire, laquelle nous supplions en toute
humilité nous vouloir donner la jouissance de ce bienfait duquel nous avons des-ja la concession,
pour laquelle nous implorerons a jamais la souveraine bonté de Nostre Seigneur qu'elle conserve
et prospere Vostre Majesté en l'abondance des graces celestes.
C'est le souhait perpetuel,
Sire,
De vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
560 En 1614, François de Sales n'était pas connu personnellement de Louis XIII, mais le souvenir de l'amitié dont
l'avait honoré Henri IV demeurait vivant à la cour de France. A la fin de l'automne 1618, quand le Cardinal de Savoie
vint à Paris négocier le mariage de son frère le prince de Piémont avec Christine de France, le Bienheureux
l'accompagna, et s'attira promptement la sympathie respectueuse, la vénération du jeune Roi, qui l'appelait «son bon
Pere, son sainct Evesque.» Le prince voulut même «qu'il acceptast la charge de premier aumosnier de sa sœur,
Madame Christine de France.» (Dépos. du marquis de Lullin, Process. remiss. Gebenn. (II), ad art. 12.) Durant son
séjour dans la capitale, le Saint porta plusieurs fois la parole devant la cour; les historiens nous ont gardé les dates
précises de deux prédications: 11 novembre 1618 et 1er janvier 1619.
Quelques années après la mort de saint François de Sales, retenu à Lyon par une maladie qui mit ses jours en
péril (septembre 1630), Louis XIII fut inspiré de recourir à «l'intercession de M. de Genève, que le peuple qualifiait
dès lors du titre de Bienheureux... La Reine envoya quérir par ses aumôniers le cœur de ce grand Serviteur de Dieu,»
précieusement conservé à la Visitation de Bellecour. A peine le pieux monarque eut-il touché la sainte relique, «qu'il
s'écria pénétré de joie: Je suis guéri!» En reconnaissance, il offrit au Monastère «une boite d'or, en figure de cœur,
estimée neuf cents livres, marquée aux armes de France et toute semée de fleurs de lys.» (Hist. manuscrite du 1er Mtère
de Lyon.)
561 Le 31 juillet 1614, le Saint remercie le Roi des 300 écus dont il réclame la jouissance dans la présente lettre. Celle-
ci est donc antérieure, mais doit être de la même année; il n'a pas été possible d'en préciser davantage la date.
562 Cf. Ps. XVIII, 7.
563 Nous voyons dans une lettre du 28 août 1614 que le P. Cotton, S. J., avait «moyenné cest' aumosne,» et que les
fonds en furent employés sans retard.
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14.2 Page 132

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CMLXXI. A la Mère de Chantal. Impressions rétrospectives de
l'Evêque de Genève à propos de l'ostension du saint Suaire.
Ce qui lui vint au cœur de dire au Cardinal de Savoie. — Une
recette de Mme de Boisy. La mort, source de la vie nouvelle.
Annecy, 4 mai 1614.
En attendant de nous voir, ma tres chere Mere, mon ame salue la vostre de mille et mille
souhaitz. Que Dieu la remplisse toute de la vie et mort de son Filz Nostre Seigneur!
J'estois il y a un an, et environ ces heures, a Turin564, et monstrant le saint Suaire565 parmi
un si grand peuple, plusieurs gouttes de la sueur qui tomboit de mon visage [177] rencontrerent
dedans le saint Suaire mesme566; et nostre cœur, sur cela, fit ce souhait: Hé, playse vous, Sauveur
de ma vie, mesler mes indignes sueurs avec les vostres, et destremper mon sang, ma vie, mes
affections dedans les merites de vostre sacree moiteur!
Ma tres chere Mere, le Prince Cardinal567 se cuyda fascher dequoy ma sueur degouttoit sur
le saint Suaire de mon Sauveur; mais il me vint au cœur de luy dire que Nostre Seigneur n'estoit
pas si delicat, et qu'il n'avoit point respandu de sueur ni de sang que pour les mesler avec les
nostres, affin de leur donner le prix de la vie eternelle. Ainsy puissent nos souspirs s'allier aux
siens, affin qu'ilz montent en odeur de suavité devant le Pere eternel.
Mais dequoy me vay-je souvenir? J'ay veu que quand mes freres estoyent malades en leur
enfance, ma mere les faysoit coucher dans la chemise de mon pere, disant que les sueurs des peres
estoyent salutaires aux enfans. O que nostre cœur se couche, en cette sainte journee, [178] dans le
Suaire de nostre divin Pere, enveloppé de ses sueurs et de son sang; et que la, il soit, comme [à] la
mort mesme de ce divin Sauveur, enseveli dans le sepulchre d'une invariable resolution de
demeurer tous-jours mort en soy mesme jusques a ce qu'il resuscite en la gloire eternelle. Nous
564 Voir plus haut, Lettre DCCCLXXIII, p. 1.
565 Grande pièce de toile de lin, jaunie par le temps, usée et déchirée par places, portant des empreintes confuses, avec
des traces de brûlures. Elle mesure actuellement 4 mètres 38 de longueur et 1 mètre 10 de largeur; la tradition l'a
toujours présentée comme ayant servi de linceul au Christ, quand son corps fut descendu de la croix.
Le saint Suaire fut donné en 1353 à l'abbave de Lirey, près de Troyes, par son fondateur, le comte Geoffroy
Ier de Charny, gouverneur de Picardie. D'après l'hypothèse du P. Sanna Solaro1, il serait le même que celui conservé
en 1203 a Constantinople, dans le monastère de Sainte-Marie des Blaquernes. Après le sac de la ville, on croit qu'il
devint subrepticement la propriété d'un seigneur champenois, apparenté avec un ascendant du comte de Charny. M.
Paul Vignon (Le Linceul du Christ, Paris, 2e édit. 1902) admet aussi, mais pour une raison différente, l'identité des
deux Suaires.
En 1418, les chanoines de Lirey confient le précieux linceul à Humbert, comte de la Roche; sa veuve,
Marguerite de Charny, s'en dessaisit en 1452 au profit des ducs de Savoie. Le 11 juin 1502, on le déposa dans la
Sainte-Chapelle de Chambéry; là, il faillit être la proie des flammes qui dévorèrent en partie ce sanctuaire (1532).
Enfin, en 1578, il fut transporté a Turin, où on le vénère aujourd'hui dans la chapelle de la Cathédrale. Il est roulé à
l'intérieur d'un coffret métallique, muni de serrures multiples, lequel ne peut être ouvert qu'avec l'autorisation royale
et l'assentiment de l'archiviste.
François de Sales avait en singulière vénération le saint Suaire de Turin: «C'est le bouclier de ce pays,» dit-il un jour
à l'Evêque de Belley, «c'est nostre grand relique... Certes, j'ay une raison particuliere» d'y «estre devot, parce que ma
mere me dedia à Nostre Seigneur, lors que j'estois dans ses entrailles, devant ce sainct estendard de salut.» (Cf.
Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. I.) Et de fait, c'était là «son image favorite,» ajoute Mgr Camus; «il l'avoit... en
broderie, en peinture, à l'huile, en taille douce, en enlumineure, en miniature, en demy-relief, eu graveure. Il la mettoit
à sa chambre, à sa chappelle, à son oratoire, à son estude, en sa sale, en sa galerie, en ses Heures, par tout.» (L'Esprit
du B. François de Sales, Paris, Alliot, 1640, tome II, Partie V, Sect. XXIII.)
1 La S. Sindone che si venera a Torino, illustrata e difesa dal P. Giammaria Satina Solaro, d. C. d. G, Torino, Vincenzo
Bona, 1901.
566 Cf. plus haut, note (34), p. 2.
567 Maurice de Savoie (voir tome XIII, note (934), p. 345).
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14.3 Page 133

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sommes ensevelis, dit l'Apostre568, avec Jesus Christ en la mort d'iceluy, affin que nous ne vivions
plus de la vielle vie, mais de la nouvelle. Amen.
FRANҪS, E. de Geneve
Le 4 may 1614.
CMLXXII. A Madame de la Fléchère. Etre toute sainte : ce que
renferme ce bref souhait. La valeur d'une once de douceur
durant un procès. Une heureuse naissance.
Annecy, 5 mai 1614.
Je vous escris un billet par ce que c'est sans loysir, a cause quil me faut escrire en beaucoup
de lieux. C'est seulement aussi pour vous saluer cherement, ma tres chere Fille, que mon cœur
souhaite toute sainte, et par consequent toute tranquille, toute juste, toute douce en la poursuite
que vous aves a faire maintenant569, sachant bien qu'une once de douceur et de charité emmi le
soin d'un proces en vaut dix mille parmi les ordinaires occupations. [179]
La chere niece570 est accouchee heureusement d'un gros garçon, bien nourri et fort vif571,
et delivree de sa fievre et de ses autres incommodités. Nostre seur la Religieuse572 la doit venir
voir, elle sera bien ayse de treuver tout fait.
Ma tres chere Fille, je suis parfaitement tout vostre. Je n'oublieray pas le rafraischissement
de la recommandation que le cher mari desire.
Le 5 may 1614, a Neci.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin,
Archives de l'Etat.
568 Rom., VI, 4.
569 Au mois d'avril 1614, le Sénat de Chambéry se prononça pour le sénateur d'Avise contre le comte de la Forest; il
s'agissait d'un paiement à faire en pièces d'or. (Cf. Codex Fabrianus, Genève 1765, tome I, p. 1007.) Ce même recueil
mentionne un arrêt du 17 mai suivant, rendu par le Sénat dans un procès survenu entre le comte de la Forest et le
seigneur de la Fléchère. Il faut se rappeler que le premier était frère et l'autre, mari de la destinataire. Le procès qu'elle
poursuivait se rapporte très vraisemblablement à l'une des deux affaires indiquées ci-dessus. Dès 1610, la pieuse
châtelaine de Rumilly ne cessa presque pas de se débattre contre des tribulations de ce genre. (Cf. tome XIV, pp. 270,
285, 346, etc.; tome XV, p. 90, etc.)
570 Madeleine Roero de Bressieu, nièce de la destinataire et femme de Louis de Sales.
571 On lit dans La Maison naturelle de St François de Sales, par de Haute-ville (Paris, 1669), Partie I, p. 210: «Le
digne héritier du bon sens, du bon jugement et de la vertu de Louys de Sales, est... François, marquis de Sales, digne
neveu et filleul du grand saint François de Sales, qui le tint sur les fonds du saint Baptême. Ce seigneur est vivant, et
Dieu a benit sa famille de cinq garçons et d'une fille, qu'il a eu de son mariage avec mademoiselle Françoise Marie de
Valpergue, sa chere épouse, qui l'a laissé veuf... au commencement de l'année 1660.» Marié le 19 décembre 1648,
devenu marquis de Sales-Thorensle 12 août 1665, il testa le 7 janvier 1676. (Cf. Lettre CMLXXV, p. 184.)
572 Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse à l'abbaye de Bons.
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14.4 Page 134

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CMLXXIII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Gratitude et
félicitations. Un Théatin célèbre du temps, orateur et
écrivain.
Annecy, 10 mai573 1614.
Je vous remercie tous-jours parce que tous-jours vous me favorisés, et je vous remercieray
encor tous-jours [180] parce que je ne veux estre tout a fait ingrat, ni je ne puis autrement
tesmoigner que je ne [le] veux pas estre.
Je loüe Dieu de l'heureux retour de Leurs Altesses574 et du contentement que vous receves
de leurs faveurs, qui sont donnees a vostre zele pour vostre service et dont vous aves rendu de si
bonnes preuves ci devant.
Vous me rendes trop glorieux, Monsieur, de me promettre l'honneur de la bienveuillance
de ce rare ambassadeur de Dieu, qui a si bien traitté des affaires celestes a Saint Jean le Caresme
passé575, et de me faire esperer la veuë de son Ajo del Christiano, livre qui, par le nom de son
autheur et par son tiltre, ne promet rien moins que la perfection de son espece576.
Cependant vous nous laissés entre l'attente et la crainte [181] de vostre retour soudain et de
vostre plus long sejour. Comme que ce soit, Dieu vous comble de prosperité, avec madame ma
cousine577 et tout ce qui vous est plus cher, et j'ay l'ordinaire honneur,
Monsieur, d'estre
Vostre tres humble serviteur,
FRANҪS, E. de Geneve.
10 [mai] 1614.
A Monsieur
[Monsieur] le Comte de Tornon.
A Thurin.
573 Blaise (Nouvelles Lettres inédites, 1833, p. 17) donne la date du 10 mars, qui est assurément une erreur de lecture,
très facile entre mars et may. Le 10 mars 1614 n'était que le quatrième lundi de Carême; or, le Saint parle ici du
Carême passé. La date adoptée est également justifiée par celle du «retour de Leurs Altesses.» (Voir la note suivante.)
574 Les princes Victor-Amédée et Philibert, fils du duc de Savoie. L'année précédente, le premier avait rejoint son frère
en Espagne, pour solliciter l'appui de cette cour dans l'affaire du Montferrat. Il s'agissait d'obtenir l'exécution des
clauses consenties pour le traité de paix, et en particulier la restitution, entre les mains de Charles-Emmanuel, de la
petite princesse Marie, retenue par le duc de Mantoue. (Cf. plus haut, note (37), p. 2, et note (344), p. 104.) Parti au
mois de juin, Victor-Amédée devait arriver à Barcelone en juillet. Il revint au printemps de l'année suivante; le 14
avril 1614, il était à Nice. Le prince Philibert quitta aussi l'Espagne avec son frère, et fut reçu à Naples par le vice-roi,
le 25 août de la même année. (Turin, Archives de l'Etat, Lettere Ministri, Spagna, et Lettere Principi.)
575 Une plaquette, devenue très rare, indique le nom de l'orateur qui prêcha le Carême de 1614 devant la cour de
Savoie, à la cathédrale de Turin, dédiée à saint Jean-Baptiste: ce fut le P. Giliberti, religieux Théatin. (I Predicatori
quaresimalisti della Real Casa di Savora. Memoria del Canonico Antonio Bosio, etc. Torino, Tip. S. Giuseppe, 1874.)
576 Né en Calabre, Vincent Giliberti entra chez les Théatins, fit profession à Naples le 22 mars 1587, devint Général
de son Ordre (1621-1627) et mourut à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, le 10 janvier 1656. On voudrait un style plus
simple dans les écrits qu'il a laissés; la chaire convenait mieux à son tempérament, il s'y distingua par une parole
vigoureuse et toujours apostolique. Mais ce fut avant tout un homme de gouvernement. Il appliqua sa vigilance de
supérieur à la formation intellectuelle de ses Religieux et au maintien de la discipline régulière. Les premiers
établissements de son Institut en Espagne, les missions parmi les barbares du Caucase et de la Colchide furent le fruit
de son initiative. (Voir Vezzoni, I scrittori dei Chierici Regolari detti Teatini. Roma, stamperia della S. C. de
Propaganda Fide, 1780.) On conçoit qu'un Religieux de tel mérite fût tenu en singulière estime à la cour de Savoie.
L'ouvrage que le comte de Tournon promettait au Saint a pour titre: L'Ajo del Cristiano. A Donna Isabella di
Savoja, Duchessa di Modena. In Modena, presso Giuliano Cassiano, 1613.
577 La comtesse de Tournon, femme du destinataire.
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14.5 Page 135

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CMLXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier (Minute).
Un moyen d'accroître la dévotion au pays du Chablais.
L'abbaye de Ripaille et la piété des princes de Savoie.
Fermeté et constance de l'Ordre des Chartreux.
Annecy, 12 juin 1614.
Monseigneur,
Lhors que j'eu l'honneur de faire la reverence a Vostre Altesse il y a un an578, je luy
proposay de faire loger les RR. Peres Chartreux en l'abbaye de Filly en Chablaix579, pour
l'accroissement de la devotion qu'un si saint Ordre feroit en ce pais la et pour l'ornement que la
reparation [182] d'une abbaye si remarquable y apporteroit. Mays du despuis, ayant sceu que
Vostre Altesse avoit jette ses yeux et son desir sur Ripaille580 pour le mesme effect, je m'en suis
infiniment res-joui; et en toute humilité je la supplie d'en ordonner au plus tost l'execution, affin
que nous voyons en nos jours la pieté restablie en un lieu qui a esté rendu tant signalé par celle que
Messeigneurs les predecesseurs mesmes de Vostre Altesse y tint si saintement et honnorablement
prattiquee581; asseurant qu'en meilleures mains le genereux et pieux dessein de cette restauration
ne pourroit estre confié, qu'en celles d'un Ordre si ferme et constant comme est celuy des
Chartreux, lequel, ayant tous-jours esté des son commencement fort obligé a la serenissime
Mayson de Vostre Altesse, luy a aussi reciproquement tous-jours esté et est tres affectionné et
dedié.
Et tandis, je continue a supplier incessamment la divine Majesté qu'elle respande a jamais
toutes ses plus cheres benedictions sur la personne et la couronne de Vostre Altesse, de laquelle je
suis,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANҪS, E. de Geneve.
A Neci, le 12 juin 1614. [183]
578 Au cours du voyage que l'Evêque de Genève avait fait à Milan, au printemps de 1613. (Cf. plus haut, p. 2.)
579 Voir tome XI, note (563), p. 252. Le 22 septembre 1611, François de Sales avait réconcilié l'église de l'abbaye,
consacré l'autel, mis en possession des ruines du monastère et de deux petites pièces de terre adjacentes, son ami,
Claude de Blooay, avec charge de célébrer à Filly une Messe par semaine. Dès lors, sans doute, l'Evêque dut concevoir
le désir de faire revivre en ces quartiers la vie conventuelle, par l'introduction des Chartreux. (Cf. Gonthier, OEuvres
historiques, tome II, 1902, Notice sur l'abbaye de Filly.)
580 Cette restauration monastique qu'il sollicitait avec tant d'instance, le Saint ne devait pas la voir en ce monde. Les
Chartreux ne s'installèrent dans l'abbaye de Ripaille qu'en 1624, autorisés par Lettres patentes datées du 12 octobre
1623 et du 24 avril 1624. Le Général de l'Ordre donna les biens de la Chartreuse de Vallon au nouveau Monastère,
qui porta les noms de Chartreuse de l'Annonciade, Chartreuse de Savoie, Chartreuse de Ripaille-Savoie, Chartreuse
unie de Vallon et Ripaille, etc., et fut gouverné en premier lieu par l'ancien prieur de Vallon, D. Laurent de Saint-Sixt.
(Cf. Mém. de l'Acad. Salés, tomes V, XV, XXII, et Lefebvre, Saint-Bruno et l'Ordre des Chartreux, Paris, 1883, tome
II, pp. 225, 365.)
581 Création d'un prince de la Maison de Savoie, l'abbaye fut toujours protégée par les Ducs qui la dotèrent de
nombreuses fondations pieuses. Mais évidemment, l'allusion s'adresse surtout à Félix V (voir tome XIII, note (936),
p. 346). Le témoignage du Saint en faveur de la piété d'Amédée VIII contredit nettement, on le voit, la légende
qu'avaient accréditée les récits fantaisistes de certains historiens.
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14.6 Page 136

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CMLXXV. A Madame de la Fléchère. Le baptême d'un neveu
du Saint : il se promet d'y voir M. et Mme de Charmoisy.
Nouvelles et messages.
Annecy, 13 juin 1614.
Ce billet escrit a l'impourveu vous saluera, ma tres chere Fille, de la part de mon ame qui
ayme parfaitement la vostre en Nostre Seigneur. Je n'ay eu nul moyen de respondre a vos lettres
jusqu'a present.
Mercredi nous allons faire le baptesme du petit neveu582, et la grande niece583 se porte
beaucoup mieux. Nous pensons y avoir M. et Mme de Charmoysi; car encor que mon frere584 ne le
sçache pas, estant neanmoins tous les deux a Dalmaz585 pour les noces de madamoyselle de
Dalmaz586, il y a de l'apparence qu'ilz viendront a Presles587, ou estant, il n'y auroit pas de
l'apparence de ne les supplier pas588, principalement parce que nous n'avons encor point veu la
chere cousine589.
Or sus, ce pendant allés bien doucement sur le pavé de Chambery a la sollicitation de vostre
affaire590; mais je dis bien doucement, car c'est l'importance. [184]
Madame nostre seur de Bons est a la Visitation591, mais je ne l'ay encor point veuë. Madame
des Crilles pense estre receuë le jour de la Visitation592. Salués, je vous prie, de tout mon cœur
nostre seur madame de Brescieu, et madame de la Valbonne et madame d'Aiguebelette593.
Je suis sans fin,
Tout vostre en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Neci, le 13 juin 1614.
A Madame de la Flechere.
582 François, fils de Louis de Sales et de Madeleine Roero de Bressieu, fut donc baptisé le 18 juin. (Voir ci-dessus,
note (571), p. 180.)
583 La mère de l'enfant, nièce de la destinataire.
584 Louis de Sales.
585 Dalmaz est sur la paroisse de la Balme-de-Sillingy, au nord d'Annecy.
586 Il est assez probable qu'il s'agit ici de Dlle Louise, fille de Charles-François de Dalmaz, qui épousa en premières
noces Jean Brunet, seigneur de Doucy, et en secondes noces (contrat dotal du 14 août 1631), noble François Cristan.
Elle était apparentée avec la famille de Charmoisy.
587 La terre de Presle (voir le tome précédent, note (703), p. 244), étant à peu de distance de la résidence de Louis de
Sales à La Thuille, située à l'extrémité du lac d'Annecy, les Charmoisy ne pouvaient manquer d'être invités à la fête.
588 Le mot suppléer, qui se lit dans les éditions précédentes au lieu de supplier, est une erreur évidente de lecture.
589 Depuis son retour de Paris (cf. ci-dessus, note (559), p. 175).
590 Voir p. 179, la lettre du 5 mai à la même.
591 Jeanne-Bonaventure de la Forest, sœur de la destinataire, faisait peut-être une retraite au monastère. (Voir ci-dessus,
p. 180.)
592 Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, reçut en effet le voile de la Visitation le 2 juillet. (Voir le tome précédent, note
(790), p. 278.)
593 C'est à Chambéry que Mme de la Fléchère devait rencontrer ces trois filles spirituelles du saint Evêque.
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14.7 Page 137

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CMLXXVI. A la même594. Le duel et les censures de l'Eglise au
XVIIe siècle. Le courage «desreglé» des catholiques qui
acceptent le duel. Ce qui tourmentait le plus François de
Sales à leur sujet. Une pieuse industrie.
Annecy, 22 juin 1614595.
Ma tres chere Fille,
Je voy par vostre lettre l'estat de l'ame du cher mari, par le duel desseigné, et non commis,
auquel il s'estoit resolu. Je ne pense pas qu'il y ait excommunication, [185] car il n'est venu a aucun
effect porté par les Canons596. Mais, ma tres chere Fille, je confesse que je suis scandalizé de voir
des ames bonnes catholiques, et qui d'ailleurs ont de l'affection a Dieu, estre si peu soigneuses du
salut eternel, que de s'exposer au danger de ne voir jamais la face de Dieu et de voir a jamais et
sentir les horreurs de l'enfer. En verité, je ne puis penser comme l'on peut avoir un courage si
desreglé, mesme pour des bagatelles et choses de rien597.
L'amour que je porte a mes amis, mais specialement au cher mari, me fait herisser les
cheveux en teste quand je sçai qu'ilz sont en tel peril, et ce qui me tourmente le plus, c'est le peu
d'apparence qu'il y a qu'ilz ayent le vray desplaysir qu'il faut avoir de l'offense de Dieu, puis qu'ilz
ne tiennent conte de s'en empescher a l'advenir. Que ne ferois-je pas pour obtenir que telles choses
ne se fissent plus!
Or, je ne dis pas cecy pour vous inquieter. Il faut esperer que Dieu nous amendera tous
ensemblement, pourveu que nous l'en supplions comme il faut. Procurés donq que le cher mari se
confesse, car encor que je ne pense pas qu'il soit en excommunication, il est neanmoins en un
terrible peché mortel, duquel il faut qu'il sorte soudain; car l'excommunication ne se contracte
qu'avec les effectz, mais le peché se contracte par la volonté.
Je pense que j'auray bien tost le brasselet de la presence de Dieu598, que je supplie vous
benir de toutes [186] les desirables benedictions que vous puissiés desirer, ma tres chere Fille.
Vostre plus humble et tres affectionné
serviteur et compere,
FRANҪS, E. de Geneve.
Le 22 juin 1614, a Neci.
594 Le ton de la lettre, le titre de «compere» qui précède la signature
désignent la destinataire. Rien d'étonnant que le mari de Mme de la Fléchère ait voulu se battre en duel. Son humeur
soudaine, la mode du temps, les poursuites d'un procès (voir la lettre précédente et celle du 5 mai, p. 179) rendent très
vraisemblables de telles provocations.
595 Cette date est empruntée à l'édition de 1626; les autres éditeurs l'ont omise.
596 Il y avait eu seulement provocation en duel; or, celle-ci n'a été au moins sûrement punie des peines canoniques
que par la Constitution de Pie IX, Apostolicae Sedis. (Cf. Schmalgrueber, Jus Ecclesiatic. univers. Decretal., lib. V,
tit. XIV, n. 42, et Ferraris, Bibliotheca prompta, art. Duellum, art. II, n. 6. Voir aussi le tome précédent, note (630),
p. 215.)
597 Cf. le tome précédent, p. 214, Lettre DCCLXXVI à la même destinataire.
598 Sans doute un bracelet de dévotion. Le P. Vaubert, S. J., dans un opuscule intitulé: La Présence de Dieu, parle de
«certaines petites pratiques journalières qui réussissent à plusieurs... pour rappeler à tout moment» leur «âme de sa
dissipation» et la maintenir dans le recueillement. «A la campagne,» dit-il, «où il n'y a pas d'horloge, quelques-uns
mettent sur leur manche un signal, comme quelque passe-colère ou autre marque qui puisse servir à nous faire regarder
Dieu présent par la foi.»
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14.8 Page 138

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CMLXXVII. A M. Claude de Quoex599. Avis et démarches pour
obtenir l'annulation des vœux de Mme des Gouffiers.
Annecy, [juin ou juillet] 1614600.
Monsieur,
Je vous supplie de voir la lettre de nostre monsieur de Sainte Catherine601 et me faire
sçavoir, si pourtant vous en aves connoissance, quell' est la sentence dont il fait mention en la 2me
ligne, comm'aussi sil seroit asses tost pour escrire que l'on pourroit bien accepter Monseigneur de
Lion602 pour commissaire; car, a ce que je voy, cela faciliteroit beaucoup l'affaire603, et Mme de
Goffier a receu une lettre de Mme l'Abbesse du Paraclit604 [187] qui oste tout le scrupule qu'elle
pouvoit avoir sur la personne de mondit seigneur l'Archevesque.
Cependant, engagé dans cet appointement, je vous donne mille fois le bonjour, et suis sans
fin,
Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
Monsieur de Quoex, Conseiller de Sa Grandeur
et premier Collateral au Conseil de Genevois.
Revu sur l'Autographe conservé à Chambéry, Archives du Sénat de Savoie,
599 Voir tome XII, note (138), p. 84.
600 Mme des Gouffiers sollicitait pour juge de sa cause devant les Congrégations Romaines, l'Archevêque de Bourges,
ou l'un ou l'autre des Evèques de Montpellier, Châlon, Belley. On voit par une pièce datée du 9 mai 1614 (Archives
des Evèques et Réguliers), que la Sacrée Congrégation demandait l'avis de l'Archevêque de Lyon: cette particularité
aura suggéré au Saint de désirer ce dernier pour commissaire. Le 28 septembre de cette même année, François de
Sales annonce au baron d'Anlezy que le «brevet requis pour la déclaration de la nullité des vœux» est «expedié»; voilà
pourquoi la date proposée semble convenir.
601 Philippe de Quoex, qui était alors à Rome, (Voir ci-dessus, pp. 147 seq.)
602 Mgr Denis-Simon de Marquemout, archevêque de Lyon (1612-1626); il sera destinataire en 1615.
603 La dispense des vœux pour Mme des Gouffiers. (Voir ci-dessus, p. 152.)
604 Marie de la Rochefoucault (voir ibid., note (477).
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14.9 Page 139

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CMLXXVIII. A la Mère de Chantal. Préparatifs d'une course sur
le lac.
Annecy, juillet 1614605.
Il est impossible de se treuver demain a 9 heures, car ni madame Vulliat606 ne sçauroit estre
preste, ni je ne sçai comment nostre fille607 le pourroit estr'aussi, attendu quil faudroit partir au fin
moins a trois heures de mattin. Il sera donq mieux de bien s'apprester, prendr'une barque expres et
assigner le jour du depart608. [188]
Cependant, mille et mille fois le bon soir, ma tres chere Mere, que Nostre Seigneur veuille
a jamais benir. Amen. Et le bonsoir encor a la chere grande fille609 et a la fille malade610.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Grosset, à Genève.
CMLXXIX. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Les
Pères Barnabites à Annecy. Le Duc est prié de favoriser leur
mission, d'une incomparable utilité pour le collège de la ville.
Annecy, 8 juillet 1614.
Monseigneur,
Le bien de la venue des Peres Barnabites en cette ville611 est de si grande consideration,
que Vostre Altesse, [189] laquelle l'a si saintement desiré, le fera sans doute puissamment reüscir,
605 Vers la fin de juin 1614, le duc de Nemours étant venu à Annecy, y demeura jusqu'en octobre. Nous savons par
une lettre du 26 de ce mois, adressée parle Saint à Mme des Gouffiers, que «M. le contrerolleur Vulliat» avait suivi le
prince; nul doute que Mme Vulliat n'ait accompagné son mari. Cette circonstance sert à dater ce billet avec quelque
probabilité.
606 Il ne nous a pas été possible de découvrir des renseignements sur la femme de Llamert Vulliat (cf. le tome précédent,
note (811), p. 275). qui, à partir de son séjour à Annecy, devint une fille spirituelle du saint Evéque. Souvent, dans les
lettres qu'il adresse à Lyon, le Bienheureux envoie des messages à cette «fille nouvelle que» pour cela, dit-il, «j'en
ayme un peu tendrement.» (Lettre du 26 octobre 1614.)
607 Françoise de Chantal.
608 Cette partie de barque sur le lac, qui demandait plusieurs heures et un départ si matinal, avait très probablement
pour but une visite à Presle, aux Charmoisy qui venaient à peine d'y arriver (cf. ci-dessus, p. 184) et qui étaient liés
d'amitié avec la famille Vulliat. Dans le premier plan, il s'agissait sans doute de profiter d'un chaland de lourde allure
qui transportait les blés ou d'autres marchandises, et dont les haltes fréquentes exigeaient qu'il partît de grand matin.
Aussi, le Saint conseille-t-il «une barque expres.»
609 Mme des Gouffiers était encore à Annecy en ce temps-là; quelquefois, le Fondateur l'appelle «grande fille.»
610 Il est difficile de désigner, parmi les Religieuses de la Visitation, celle qui était malade à cette époque.
611 Les Religieux Barnabites destinés au collège d'Annecy furent D. Juste Guérin et D. Simplicien Fregoso. Des lettres
de Charles-Emmanuel, datées du 25 juin 1614, adressées à l'Evêque, aux Syndics d'Annecy, au Doyen de Notre-Dame
et au Prieur de Saint-Dominique, avaient été apportées le 4 juillet par le seigneur de Saint-Paul, gentilhomme du duc
de Nemours, avec une autre lettre du Cardinal Maurice pour saint François de Sales. Ces documents, que l'on trouvera
à l'Appendice I, II, prouvent combien étaient vives les sympathies de la cour de Savoie pour la restauration du collège
Chappuisien et pour les Religieux qui venaient l'entreprendre. (Cf. ci-dessus, p. 145, la Lettre CMLVI et les notes qui
l'accompagnent.)
Le 5 juillet, «a neufz heures du matin, dans la grande sale du chasteau de ladicte cité,» le duc de Nemours,
«en l'assistence de l'Excellence de Mgr Sigismond d'Est, marquis de Lans,» ayant «faict entendre leur intention et
bonne volonté a bouche sur la remission dudict college, tant a mondict seigneur Reverendissime Evesque qu'aux
Reverendz seigneurs et nobles administrateurs... a ce que lesdictz Reverendz Peres Bernabites fussent promptement
introduitz et mis en l'entiere possession dudict college,» le contrat d'introduction fut passé ce même jour en présence
de saint François de Sales, des conseillers de la Ville, de plusieurs chanoines et de quelques autres témoins. Toutefois,
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14.10 Page 140

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non obstant les petites difficultés qui se presentent612, qui ne procedent que d'une bonne affection,
a laquelle Vostre Altesse donnera, sil luy plait, la mesure et discretion; en sorte que si le Pere
General des Barnabites613 ne pouvoit ouctroyer la dispense qu'on requiert614, sa Congregation ne
laissast pas pour cela d'estre introduite dans ce college ou, en [190] tous evenemens, ell'apportera
un'utilité incomparablement plus desirable que tout ce qui s'y est fait jusques a present.
J'en supplie donq en toute humilité Vostre Altesse Serenissime, que Dieu face a jamais
prosperer, selon l'extreme et continuel souhait,
Monseigneur, de
Vostre tres humble et tres obeissant
serviteur et orateur,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
VIII julliet 1614, a Nessy.
A Son Altesse Serenissime.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
des difficultés surgirent (voir la note suivante) qui suspendirent l'installation officielle des Religieux; le contrat ne fut
homologué que le 1er décembre par le Saint, et, le lendemain, par le Conseil du Genevois. (Archiv. commun. d'Annecy,
Série GG. Fonds du Collège Chappuisien.)
612 Tout d'abord, les oppositions vinrent de R.J. François de Lornay, doyen de Notre-Dame, et du P. Bernardin de
Charpenne, prieur de Saint-Dominique, qui étaient administrateurs du collège annecien. (Voir à l'Appendice II, la
lettre que le Cardinal Maurice leur adresse le 20 septembre 1614.) Il en sera parlé plus en détail à mesure que les
lettres ultérieures en donneront l'occasion.
613 Jean-Ambroise Mazenta, né à Milan en 1565 de Louis Mazenta, sénateur, et de Catherine Butigella, acquit, grâce
à de brillantes études, une remarquable connaissance du droit, de la philosophie et des mathématiques. Sa jeunesse, la
distinction de son esprit attiraient déjà sur lui les regards du monde, quand il renonça à tout cet éclat pour embrasser
l'humble vie des Religieux Barnabites: il avait vingt-cinq ans. Profès le 4 juin 1591, appliqué, après sa prêtrise, au
collège Saint-Alexandre de Milan, supérieur du collège de Pise en 1599, puis de celui de Saint-Michel à Bologne, il
fut élu Général de son Ordre en 1612. (Cf. plus haut, note (33), p. 1, et note (450), p. 146.) Sous sa vigoureuse
impulsion, les lettres, les sciences, l'étude des langues anciennes prirent un grand essor dans sa famille religieuse. D.
Mazenta eut le mérite de mener à bonne fin la fondation à Thonon du collège dont l'établissement avait été depuis
longtemps projeté entre saint François de Sales et le duc de Savoie. Assistant du Père Général, puis visiteur de son
Institut, directeur de la maison de Saint-Paul à Rome, enfin de nouveau assistant en 1626, il fut mandé de Milan parle
Cardinal Barberini, qui lui confia une mission pour la Sicile de la part du Pape Urbain VIII. Après 1629, le célèbre
Religieux gouverna l'Institut comme vicaire général jusqu'en 1632. Il administrait la Province romaine sous le
généralat de D. Jean-Baptiste Crivelli, quand, au retour d'un voyage de Naples à Rome, il mourut pieusement des
suites d'une attaque d'apoplexie, le 23 décembre 1636. Au milieu des honneurs qui le poursuivirent toute sa vie, D.
Mazenta sut garder une parfaite simplicité d'âme unie à une délicieuse affabilité de caractère, ce qui lui valut d'être
aimé des princes et des Papes. (D'après Ungarelli, Bibliotheca scriptorum e Congregatione Cler. reg. S. Pauli, Romae,
1836.)
614 Les Règles des Barnabites ne leur permettaient pas d'enseigner les humanités: de là, nécessité de demander la
dispense au Général.
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15 Pages 141-150

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CMLXXX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Nouvelles de la
santé du Saint. Regret d'avoir manqué une visite désirée.
Annecy, 11 juillet 1614.
Que je fus marri, ma tres chere Fille, quand a mon reveil je sceu que le cher mari m'avoit
demandé, car j'avois bien envie de l'entretenir un peu615; mays je n'avois pas peu dormir la nuit,
pour le reste de quelques inquietudes corporelles que trois ou quatre jours de flux de ventre
m'avoyent laissee (sic). Or pourtant, cela n'a rien esté sinon une evacuation de catarre, sans laquelle
indubitablement j'allois estre fort malade; la ou [191] maintenant je me porte fort bien, quoy que
tous-jours un peu incommodé de ce flux qui, petit a petit, va passant.
Ma tres chere Fille, pries tous-jours bien Dieu pour mon cœur, qui vous ayme d'un amour
plus que paternel, affin quil se purifie et que l'amour divin y regne sans exception, reserve, ni fin
quelcomque; car ainsy ne cesse-je de vous souhaiter une parfaite sainteté.
Je m'en vay voir nostre pauvre Mere616 et la bonne Mme d'Escrilles617 qui m'attendent; je
les salueray de vostre part, comme je vous prie de saluer la chere seur618.
Je suis d'un'ame nompareille,
Tout vostre,
F., E. de Geneve.
XI jullet 1614.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Màcon.
CMLXXXI. Au Roi de France, Louis XIII. Actions de grâces
pour une gratification accordée aux églises du pays de Gex.
Annecy, 31 juillet 1614.
Sire,
Les Catholiques de Gex et moy avons receu les trois cens escus d'aumosne que Vostre
Majesté a donnés pour la reparation des eglises619, avec une tres humble reverence et action de
graces, non seulement parce que les [192] faveurs qui proviennent de si haut lieu sont tous-jours
de grande estime, mais aussi parce que ce sont comme des arrhes de plus grans bienfaitz pour
l'avenir; dont nous en esperons que la royale bonté de Vostre Majesté regardera de son œil propice
la misere a laquelle l'heresie a reduit ce pauvre balliage, pour respandre a son secours les graces et
assistances qui luy peuvent servir de remede.
Ainsy Dieu soit a jamais le protecteur de Vostre Majesté, Sire, pour la combler des saintes
benedictions que luy souhaitte
Vostre tres humble et tres obeissant
615 M. de la Fléchère. qui dédirait voir le Saint, venait peut être conférer avec lui de sa conscience à propos du «duel
desseigné et non commis,» dont il est question dans la lettre du 11 juin. (Voir ci-dessus, p. 185.) D'où le regret de
François de Sales de n'avoir pu le recevoir.
616 La Mère de Chantal.
617 Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Escrilles, qui venait de prendre le voile de novice à la Visitation. (Cf.
ci-dessus, p. 185.)
618 Mme de Bressieu, ou bien Mme de la Forest, Religieuse de Bons, toutes deux scieurs de la destinataire.
619 Vide supra, Epist. CMLXX.
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15.2 Page 142

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31 julliet 1614, a Nessi.
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
CMLXXXII. Au Duc de Bellegarde. Double interprétation du
titre de «filz» désiré par le destinataire. Exhortation aux
pratiques de piété. Le monde, malgré sa malignité, estime les
vrais dévots et la dévotion sérieuse et toute suave.
Annecy, 31 juillet 1614.
Monsieur,
J'ay receu la lettre par laquelle Vostre Grandeur s'abbaisse jusques a me conjurer que des-
ormais je l'appelle mon Filz. Et ma petitesse s'esleve bien aussi jusques la que de le vouloir faire
et penser que je le puis, sans faire tort a ce que vous estes, bien qu'a la verité ce sera chose rare de
voir la disproportion d'un si chetif pere avec un enfant si relevé. Mays la nature mesme, qui est si
sage, a bien fait une pareille singularité en une plante que les arboristes nomment communement
le filz avant le pere, parce qu'elle pousse son fruit avant ses fleurs. Et puis, [193] vous ne regardés
pas, comme je pense, ma personne, mais cet Ordre sacré duquel elle est doüee, qui est le premier
de tous les Ordres en l'Eglise, de laquelle vous aves cet incomparable honneur et bonheur d'estre
un membre vivant620, et non seulement vivant, mais animé de l'amour sacré, qui seul est la vie de
nostre vie, comme vos bons desirs tesmoignent.
Or sus donq. Monsieur, je vous appelleray des-ormais mon Filz: mais parce que vous seriés
ennuyé de voir tous-jours les protestations du respect avec lequel j'useray de ce terme d'amour, je
vous veux dire une fois pour toutes que je vous nommeray mon Filz avec deux differentes mais
accordantes affections, dont Jacob appella deux de ses enfans, enfans et filz. Car voyés-vous,
Monsieur, il appella son cher Benjamin, son filz, avec un cœur si plein d'amour, que pour cela on
a despuis appellé ainsy tous les enfans bienaymés de leurs peres. Mais son cher enfant Joseph,
devenu vice roy en Egypte, il l'appella son filz avec un amour si plein d'honneur, que, pour ce
grand honneur, il est dit que mesme il l'adora621; car si bien ce fut en songe, ce ne fut pas en
mensonge, mais en verité, que ce grand gouverneur d'Egypte avoit veu, lhors de son enfance, que
son pere, sous le signe du soleil, luy faysoit une profonde reverence que l'Escriture Sainte622
appelle du nom d'adoration.
Voyla donq comme je proteste de vous appeller mon Filz: et comme mon Benjamin
d'amour, et comme mon Joseph d'honneur. Ainsy, ce mot de Filz sera plus plein d'honneur, de
respect et de reverence que celuy de Monsieur; mais d'une reverence toute destrempee en l'amour,
pour le meslange duquel elle respandra en mon ame une suavité qui n'aura point d'esgale. C'est
pourquoy je n'adjousteray point au nom de Filz celuy de Monsieur, sinon quelquefois, parce qu'il
n'en sera pas besoin, l'un estant plus exquisement compris en l'autre qu'il ne sçauroit estre exprimé.
Que d'ayse, mon cher Filz, quand on me dit que vous estes le seigneur au grand cœur, qui, emmi
ces vaines vanités de la cour, demeurés ferme en la resolution que [194] ce cœur a prise de
contenter celuy de Dieu623! Hé, si faites, mon cher Filz; perseverés a communier souvent et a faire
les autres exercices que Dieu vous a si souvent inspirés. Le monde croit de vous avoir des-ja perdu,
il ne vous tient plus des siens. Il se faut bien garder qu'il ne vous regaigne, car ce seroit vous perdre
620 Cf. Ephes., V, 30.
621 Geo., XXXVII, 9.
622 Ibid.
623 Cf. supra, Epist. CMVI.
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15.3 Page 143

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du tout que de vous laisser gaigner a cet infortuné que Dieu a perdu et perdra eternellement. Le
monde vous admirera et, malgré sa mauvaise humeur, il vous regardera par honneur quand il vous
verra emmi ses palais, ses galeries, ses cabinetz, conserver soigneusement les regles de la devotion,
mais devotion sage, serieuse, forte, invariable, noble et toute suave.
Ainsy soit il, mon cher Filz. Qu'a jamais Dieu soit vostre grandeur et le monde vostre
mespris. et je suis ce pere qui vous ayme comme son Benjamin et vous honnore comme son Joseph.
FRANÇS E. de Geneve.
Le dernier julliet 1614.
CMLXXXIII. Au Baron François du Villars624 (Inédite). Plainte
du Saint contre une prétention exorbitante qu'avaient eue Us
protestants à l'assemblée des Etats du bailliage de Gex.
Annecy, 1er août 1614.
Monsieur,
J'ay sceu tout ce qui s'est passé pour l'assemblee des trois Estatz de vostre balliage au
prejudice de celuy [195] des trois qui a tous-jours esté le premier et le plus favorisé en France625,
et lequel estant sous ma charge pour ce quartier la, permettes moy, Monsieur, que je me plaigne a
vous premierement, et que je vous supplie de voir si ce tort se pourra reparer entre vous et ces bons
ecclesiastiques, avant que le devoir de ma charge m'oblige de m'en douloir ailleurs. Je vous
honnore de tout mon cœur, et tous nos gens d'Eglise vous tiennent pour leur bon pere; mays en
cette cause qui regarde la gloire de Dieu et le respect de l'estat ecclesiastique, nous ne pouvons
rien dissimuler.
Consideres donq, Monsieur, que les huguenotz non seulement ne sont pas du clergé, mais
haïssent et le nom et la chose sacree quil signifie, et jamais ne fut veu que les ministres fissent cors
a part en France. Il n'est pas raysonnable de mettre Dagon sur l'autel avec l'Arche de l'alliance:
Dieu l'a declaré626.
Monsieur, je me prometz qu'y ayant bien pensé, vous nous osteres ce juste sujet de plainte,
et nous conserverés, comme je desire a jamais continuer, en l'affection qui m'a fait par tout
nommer,
Monsieur,
Vostre plus humble asseuré serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
1 aoust 1614, a Nessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Amiens. [196]
624 Le second feuillet de l'Autographe, qui devait porter l'adresse, a été détaché; mais sur la languette de papier,
marquée au cachet du Saint, qui fermait la lettre, on trouve la note suivante, écrite vraisemblablement par M. Dunant,
curé de Gex: «Concerne l'assemblée des 3 Estatz faicte chez le St Ballif, ou les ministres furent preferez aux
ecclesiastiques par la tollerance du St Ballif.» Le destinataire est ainsi clairement désigné: en 1614, François de
Boyvin, baron du Villars, exerçait les fonctions de bailli de Gex. (Voir tome XII, note (1046), p. 417, et tome XV,
note (960), p. 338.)
625 Les ministres hérétiques s'étaient présentés à l'assemblée particulière des Etats du bailliage de Gex, avec la
prétention d'y figurer dans le corps de l'Eglise. Le bailli manqua de fermeté et, par forme d'expédient, ordonna que
prêtres catholiques et ministres calvinistes se retireraient de l'assemblée. François de Sales proteste ici contre cette
mesure; mais il ne borna pas là sa plainte, car une pièce du 22 septembre 1614, conservée aux Archives de la Côte-
d'Or (B. 12072, n° 5), nous apprend qu'elle fut transmise par les Etats de la province de Bourgogne au chancelier de
France.
626 I Reg., V, 1-6.
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15.4 Page 144

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CMLXXXbis. A la Mère de Chantal627 (Fragment). Piété et
patience de Gallois de Sales, frère du Saint, durant sa dernière
maladie.
Sales, 29 ou 30 juillet 1614628.
II faut tous-jours, ma chere Fille, que je vous die quelque chose de nos affaires domestiques
et de l'estat de la famille a laquelle vous prenes tant de part. Nous venons de rendre icy les derniers
devoirs a feu mon tres cher frere de Boisy: il est trespassé despuis peu entre mes bras; je luy ay
fermé les yeux et la bouche, mais il [195bis] m'avoit ouvert son cœur d'une maniere si chrestienne
dans le Sacrement de Confession629, que j'ay de grans sujetz d'esperer que Dieu a receu son ame
dans les douceurs de sa misericorde. Au reste, j'ose dire que c'est une chose estonnante des maux
qu'il a souffert en tout son cors, et l'espace de plusieurs moys, estant contraint de demeurer dans
une mesme posture corporelle, mais avec une pieté et une patience si remarquable, que nous le
pouvons nommer le Job de nostre famille630. [196bis]
627 C'est bien la Mère de Chantal que désigne comme destinataire, l'auteur auquel nous empruntons ce fragment (De
Hauteville, La Maison naturelle de St François de Sales, Paris, 1669, Ire Partie, p. 209); mais cette attribution nous
paraît fort contestable. La chère Fille du Saint, qui s'intéressait à tous les événements de la famille de son Bienheureux
Père comme s'il s'était agi de ,1a sienne propre, avait-elle besoin d'être renseignée sur la longue maladie du défunt? Il
semble que les premières lignes de ce texte conviendraient mieux, adressées à une autre fille spirituelle de l'Evêque,
très liée avec les siens, mais moins intimement que la Fondatrice de la Visitation.
Mme de la Fléchère peut être proposée avec beaucoup de vraisemblance pour destinataire; le ton familier, loin
de contredire l'hypothèse, la justifierait plutôt. Toutefois, cette conjecture ne nous paraît pas assez fondée pour corriger
l'adresse dounée par le chanoine de Hauteville.
628 D'après les Registres paroissiaux de Groisy, Gallois de Sales, seigneur de Villaroget, puis de Boisy et de Groisy,
mourut le 29 juillet 1614, et fut inhumé le lendemain dans le chœur de l'église, en présence du saint Evêque, de ses
frères et de trois Pères Dominicains. (Voir tome XI, note (61), p. 12, et tome XV, note (755), p. 263.) On peut déduire
de cette indication et des termes de la lettre, qu'elle a été écrite le jour même du décès, ou le lendemain, jour de la
sépulture, suivant le sens de ces mots: «il est trespassé desfuis peu.»
Ce fragment ne se trouvant pas inséré dans les éditions des Lettres du Saint, a été remarqué trop tard pour
être placé à sa date, c'est-à-dire entre les Lettres CMLXXX, CMLXXXI, du 11 et du 31 juillet.
629 Avant de mourir, le gentilhomme voulut faire une confession générale à son saint frère. (De Hautevïlle, ubi supra.)
630 Le Bienheureux, écrit le P. Louis de la Rivière, «cherissoit tendrement monsieur de Villaroget son frere, et le tenoit
pour un sainct. Il tomba malade, et deceda apres avoir enduré longuement des tres-cuisantes douleurs en presque tout
son corps, et specialement en ses jambes, avec une admirable patience. Cependant, il ne fit autres lamentations en
cette perte, sinon de s'enfermer tout seul dans la chambre où gisoit le corps mort, poser son bonnet quarré et baiser
devotement les genoux, les jambes et les pieds de ce vertueux gentilhomme, qui avoient tant souffert.» (La Vie de
l'Illustrissime et Reverendissime François de Sales..., où sont contenues ses principales Actions, Vertus et Miracles.
Lyon, Rigaud, 1625, liv. IV. chap. XVIII.)
Gallois de Sales «fut un homme... de grande pieté et d'un solide jugement; la preuve en fut visible dans toutes
les affaires qu'il entreprit pour ses amis et dans le cours de sa conduite particuliere.» (De Hauteville, ubi supra.) Il eut
douze enfants qui ne laissèrent pas de postérité. L'un de ses fils, Joseph de Sales, entra chez les Barnabites; de ses trois
filles, deux embrassèrent la vie religieuse: Françoise-Marie, au IER Monastère de la Visitation d'Annecy (voir le tome
précédent, note (756), p. 263), et Marie-Aimée, chez les Bernardines de La Roche.
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15.5 Page 145

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CMLXXXIV. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. François de
Sales s'abstient prudemment de fréquenter le duc de Nemours,
alors à Annecy. La réimpression en petit format de
l'Introduction à la Vie devote engage l'auteur à préparer une
nouvelle édition. Affaires de MM. du Noyret et de Portes.
Annecy, 3 août 1614.
Monsieur,
J'ay donné en main propre de Monseigneur le Duc de Nemours631 les deux lettres que vous
m'avies addressee (sic), comme je feray tous-jours fort exactement tout ce qui sera de vos volontés
et en mon pouvoir.
Au demeurant, je suis icy aupres de ce Prince comme n'y estant point, dautant que la
multitude des affaires que cette levee d'armees luy donne632 m'empesche de pouvoir si souvent
jouir de lhonneur de sa presence, comme peut estre je ferois en un'autre sayson; laissant a part le
viel enseignement: Episcopum in caulis, non in aulis invenire par est633. Si vous venes asses tost
[197] pour le treuver icy, vous verres que je ne brusle point mes ayslerons a ce flambeau.
Je ne nie pas, certes, que le favorable tesmoignage que vous rendes a ce pauvre petit livret
de l'Introduction ne m'ayt grandement encouragé, et plus en verité que celuy de plusieurs grans
personnages qui, sans me connoistre, me l'ont beaucoup recommandé par lettres. Je le revoy
maintenant, par ce qu'on le reimprime en petit volume634, et j'y treuve infinité de fautes, partie de
l'imprimeur, partie de l'autheur, que je corrige tendrement, ne voulant pas, sil se peut, qu'on
connoisse sensiblement autre changement que celuy de la correction de l'imprimeur.
Monsieur du Noyeret a esté grandement consolé d'avoir sceu, selon vostre desir, la
souvenance que vous aves eue de luy en m'escrivant. Je suis apres a demesler le reste de son
631 Le duc de Nemours, parti de Turin à la suite de la rupture entre la Savoie et l'Espagne, était arrivé à Annecy presque
incognito, le 29 juin 1614, après une absence de quatorze ans. Le 31 juillet, suivant la résolution prise le 23 par le
Conseil de Ville, les syndics remirent «dans une bourse d'armesin jaulne, 300 escus d'or d'Italie a Monseigneur, dans
sa chambre, environ les huict heures du matin, ou il estoit dans son lict malade; quil a heu fort agreable, s'offrant de
s'employer pour sa ville envers S. A.» (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Le prince quitta Annecy vers la fin
d'octobre. (Voir lettre du 26 octobre à Mme des Gouffiers.)
632 La levée de troupes se faisait pour obéir au duc de Savoie, mais la soumission de Henri de Nemours n'était
qu'apparente. Il avait quitté le Piémont le cœur ulcéré des mécomptes subis de la part de Charles-Emmanuel. Une
lettre-mémoire adressée au duc de Villeroy par M. de la Grange, le 11 septembre 1614, nous révèle les sourdes
rancunes du prince et les négociations qu'il amorçait en vue d'une rébellion ouverte. (Voir cette lettre à l'Appendice
II.)
633 La place d'un Evêque, c'est d'être dans sa bergerie et non à la cour.
634 Cette réimpression en petit format parut l'année suivante sous ce titre: Introduction a la Vie devote, divisee en cinq
Parties, par François de Sales, Evesque de Geneve. Derniere Edition, reveuë, corrigée et augmentee par l'Autheur.
A Lyon, par Claude Morillon1, Imprimeur de M. de Montpensier, 1615. Avec approbation des Docteurs. C'est un
volume in-32, de 881 pp. chiffrées, plus 26 pour le titre et la Préface, et 17 pour la Table, les Approbations et
Permissions: en tout, 924 pp. Le chapitre Des jeux defendus, omis dans les éditions de 1609 et 1610 (cf. tome III, p.
XIX), reparait pour la première fois dans celle de Morillon, Partie III, chap. XXXII.
Nous devons ces renseignements à l'obligeance de M. André Pératé, conservateur du Musée de Versailles,
qui possede le petit volume, très rare aujourd'hui. Les Approbations et Permissions de l'édition princeps y sont
exactement reproduites; mais par la vignette et la pagination, sans parler des variantes, l'édition de 1615 se distingue
tout à fait de celle de 1616. Cette particularité lui donne la valeur d'une curiosité bibliographique.
Quant au texte que revisait le Saint en 1614, il ne parut qu'en 1616, édité à Lyon par Pierre Rigaud. (Voir
tome III, p. XXII.)
1 Claude Morillon, fils d'un cordonnier de Villefranche, était devenu, par son mariage avec Marie Rigaud (24 juillet
1588), beau-frère de Pierre, l'éditeur lyonnais des ouvrages de saint François de Sales. Il fut l'imprimeur attitré de la
maison. Rigaud.
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15.6 Page 146

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affaire635, dont je ne puys venir a chef, ayant [198] deux rudes parties au Conseil secret de Sa
Grandeur636.
Ces bonnes Dames de la Visitation escrivent a madame ma cousine637, d'une petite
ambition qui leur est venue, en laquelle pourtant elles regardent a la gloire de Nostre Seigneur638.
Pour moy, quant a present, je n'en ay point de plus grande que d'estre fortement avoué de vous,
Monsieur, et d'elle,
Tres humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
M. des Portes639 a vostre lettre, et le contentement [199] d'avoir plus heureusement terminé
son affaire quil ne pensoit.
3 aoust 1614.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise Pensa, à Turin.
635 Sur Jacques Pelard, seigneur du Noyret et la persécution dont il était l'objet, voir ci-dessus, note (109), p. 23, et pp.
30, 47, 84. Le 14 mai 1614, le duc de Nemours écrivait aux syndics et au Conseil d'Annecy qu'il pardonnait aux
«personnes nommees en ung roolle» dressé l'année précédente par Pierre Berthelot; que tout était oublié «comme s'il
n'estoit rien succedé.» (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Il faut croire que tout n'était pas débrouillé entièrement,
puisque l'amnistie du prince laissait encore place à l'intervention du Saint.
636 Ces rudes opposants ne seraient-ils pas Pierre Berthelot lui-même, le favori de Henri de Nemours, et Horace
Bonfils, son trésorier général? Nous connaissons la méchanceté rageuse du premier; du second, saint François de Sales
écrivait le 14 août 1616: «Le sieur Bonfilz a esté saysi... et mené prisonnier... par ordre de Monseigneur le Prince» de
Piémont. «Ce bonn homme ne me voyoit point des il y a quelque tems, et avoit protesté a Sessel de ne me vouloir
jamais aymer, sans quil eut ni rayson ni sujet quelcomque de faire telle declaration.»
637 La comtesse de Tournon, femme du destinataire.
638 Cette «petite ambition» concernait sans doute la pose de la première pierre de l'église du Monastère. Pour cette
cérémonie, Mme de Murat de la Croix, fille de la comtesse, fut déléguée par la duchesse de Mantoue, le 18 septembre
de cette même année. (Cf. ci-dessus, pp. 108, 109.)
639 Antoine, seigneur de Grésy et de Cessens, fils de Guillaume de Portes, président au Parlement du Dauphiné, et de
Jeanne d'Aragon. Nommé président du Conseil de Genevois le 8 mai 1579, il devint, le 23 juin de l'année suivante,
surintendant de la justice du même pays. Jacqueline de la Vesvre, qu'il avait épousée en 1590, lui aurait donné neuf
enfants: huit nous sont connus: Joachim, Marie, Emerande, Prospère, Amé, Jacqueline, Jean-Claude et Louise, qui
prit le voile à la Visitation d'Annecy le 6 août 1620. Quelques années après la mort de sa femme, arrivée le 22 mars
1599, Antoine de Portes contracta de secondes noces avec Françoise de la Fougère. Il mourut à Grésy, le 1er janvier
1624.
Voici, en quelques mots, l'affaire à laquelle le Saint fait allusion dans ce post-scriptum: Antoine de Portes
avait hérité de son père les seigneuries de Grésy et Cessens; à la suite d'un emprunt qui remontait au 6 novembre 1593,
la terre de Cessens fut aliénée par voie de justice le 7 juillet 1608. L'année suivante, ce fut le tour d'une partie de la
terre de Grésy. Jacques de Roybon, son créancier pour ce qui en restait, avait fait signifier, le 24 juin 1611, à M. de
Portes, «devuider les meubles dans huit jours.» Mais celui-ci se pourvut devant le Sénat, pour revendiquer la dot de
sa femme, Jacqueline de la Vesvre, laquelle avait été hypothéquée sur les terres de Grésy et de Cessens. Devant cette
difficulté, Roybon céda tous ses droits au duc de Genevois, par acte du 16 juin 1614, contre «1524 écus d'or soleil.»
Henri de Nemours intervint alors et sauva le gentilhomme d'une ruine imminente, au moyen de propositions qui furent
acceptées. On voit par les articles rédigés à Annecy le 23 juillet 1614, que M. de Portes obtenait le remboursement de
la dot de sa femme, des arrérages de dix-neuf ans de service et finalement conservait Grésy. (D'après l'Histoire de
Grèsy-sur-Aix, etc., par le comte de Loche, Chambéry, 1874.)
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15.7 Page 147

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CMLXXXV. A Dom Bruno d'Affringues, Général des
Chartreux640. L'Evêque de Genève sollicite l'admission d'une
postulante chez les Chartreusines de Mélan.
Annecy, 7 août 1614.
Mon tres Reverend Pere,
Outre l'humble remerciment que je dois et fay a V. R. pour le bon accueil qu'il vous pleut
de faire a la supplication que je vous presentay, il y a quelque tems, en [200] recommandation de
la fille de monsieur de Lornay des Costes641, j'adjouste encor mon intercession a mesme intention,
affin quil vous playse faire le billet requis au P. dom Vicayre de Melan642, qui a dit audit sieur de
Lornay que, moyennant cela, sa fille seroit asseuree de sa place643.
Or, je ne fay nulle difficulté de m'obliger a vostre [201] bonté de plus en plus. par ce
qu'aussi bien vous doys-je des-ja tout ce que je suis et puis estre, a rayson de tant de faveurs que
vous m'aves departies ci devant, et sur tout pour cette rare bienveuillance delaquelle vous rendes
tant de tesmoignages a mes amis, qu'ilz m'en glorifient tous extremement, que je vous conjure de
me continuer, puis que, vous souhaitant sans fin toute sorte de sainte fœlicité, je suis d'un'affection
tres parfaite,
640 Charles d'Affringues naquit à Saint-Omer en 1550. Un savoir étendu, une forte culture littéraire et théologique lui
promettaient de belles destinées dans l'Eglise. Il était chanoine et vicaire-général de Carpentras, lorsqu'il échangea
toutes ces espérances contre une cellule à la Grande-Chartreuse, et son nom contre celui de Bruno, en 1591, l'année
de sa profession. D'abord secrétaire du Général au Chapitre de 1593, nommé ensuite prieur de la Chartreuse
d'Avignon, il devint Général de l'Ordre le 4 février 1600 et montra bientôt que cette charge éminente n'était pas au-
dessus de ses mérites et de ses capacités. Ce contemplatif consacrait ses loisirs à l'étude, encourageait ses Religieux à
cultiver les lettres; il suivait lui-même avec le plus vif intérêt le mouvement scientifique qui donna l'essor à tant de
découvertes au commencement du dix-septième siècle. On a vanté non sans raison la fermeté et la bonne grâce de son
style. Les rois, les princes vinrent le voir dans son désert; le président Favre lui soumettait ses consultations, Bellarmin
le jugeait digne d'être Pape.
De bonne heure, D. Bruno devint l'ami de saint François de Sales. Un auteur contemporain, parlant du Général
des Chartreux, remarque qu'il n'aimait pas chez ses Religieux la ferveur indiscrète et qu'il se l'interdisait à lui-même,
gouvernant son troupeau, selon le conseil de l'Apôtre, «franchement et selon Dieu..., non comme seigneuriant.» Un
même idéal de sagesse et de perfection souriait donc à ces deux grandes âmes, et sans doute cette communauté de
vues dut les lier l'une à l'autre d'une plus étroite affection. Il faut voir comme le Saint parle de son ami dans les
Entretiens (tome VI, var. (793), p. 236). De son côté, le Religieux admirait tout ce qui sortait de la main de l'Evêque
de Genève. Il fut des premiers et des plus ardents à louer l'Introduction et le Traitté de l'Amour de Dieu, et par de
nobles paroles qui dénotaient sa clairvoyance, il encouragea la Visitation à ses débuts. (Voir à l'Appendice I, sa lettre
au Fondateur, 14 août 1615.) Le 30 mars 1607, dans les «Lettres patentes d'affiliation» par lesquelles il le rendait
participant de tous les biens spirituels de son Ordre, le pieux Général remerciait François de Sales de lui avoir adressé
plusieurs vocations de choix et se félicitait de la visite reçue de lui à la Grande-Chartreuse. Mgr Camus (L'Esprit du B.
François de Sales, Paris, Alliot, tome I (1639), Partie III, Sect. XXXII) raconte l'une de leurs entrevues et agrémente
son récit d'une anecdote où se trahissent à la fois la candeur et l'humilité du moine et du Prélat.
Frappé d'une attaque d'apoplexie le 4 février 1631, D. Bruno d'Affringues mourut le 6 mars 1632. (Voir
Lefebvre, Saint Bruno et l'Ordre des Chartreux, Paris, 1883, tome II, pp. 108-117.)
641 Claude, seigneur des Costes et d'Aviernoz, fils de François de Menthon-Lornay, seigneur des Costes et Grimotières.
et de Péronne de Monthouz-Premery. Par contrat dotal du 23 mai 1600, il épousa Françoise de Lect, et, en secondes
noces (contrat du 18 février 1603), Claudine Ginod d'Ayton. Son testament est daté du 13 novembre 1631.
642 On donnait le nom de Vicaire au Religieux nommé par le Chapitre général pour diriger les Moniales Chartreuses.
D. Nicolas Maistre remplit cet office de 1599 à 1618, avec une vigueur peu commune envers les débiteurs du
Monastère. Les revenus trop modiques avaient contraint, en 1613, le Chapitre d'interdire l'admission à Mélan de
nouvelles postulantes. Cette décision obligeait le Saint à recourir directement au Général de l'Ordre. D. Nicolas
Maistre était profès de la Valsainte, il en fut quelque temps procureur, exerça ensuite au Reposoir cette même charge,
puis, envoyé à Mélan (cf. tome XIII, note (154), p. 42), devint coadjuteur de D. Couzet qu'il remplaça comme vicaire.
Sa mort et celle de la prieure, Jeanne d'Angeville, figurent sur la même charte capitulaire de 1618. (Voir Feige, Histoire
de Mélan, Ier Partie, tome XX des Mem. et doc. de l'Acad. Salés., 1898.)
643 Jeanne de Lornay était née du second mariage de Claude de Lornay (voir note (641) ci-dessus); elle entra en effet
à la Chartreuse de Mélan, où elle vécut jusqu'en 1664.
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15.8 Page 148

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Mon tres Reverend Pere,
Vostre tres humble confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VII aoust 1614, a Nessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Clermont-Ferrand.
CMLXXXVI. Au Baron Jean-Bérold de Cusy644 (Inédite). Les
brebis gagnent à l'absence des mauvais bergers. Pourquoi on
allait à la guerre au dix-septième siècle.
Annecy, 8 août 1614.
Monsieur,
Je seray bien ayse que vostre curé645 absente, car il est de ceux la desquelz la residence est
plus nuysible aux brebis que l'absence; et je mettrois volontier pour terme de son congé, jusques a
ce qu'il soit meilleur et plus sage, mays cela le fascheroit. Quant a pourvoir d'un vicayre, [202] je
luy en ay nommé un lequel, s'il veut prendre le parti, vous donnera, je m'asseure. de la
satisfaction646; et en cas qu'il ne veuille, je penseray, entre ci et mardy, ce que je pourray faire pour
vous en prouvoir d'un bon.
Au reste, je prie Dieu qu'il benisse le voyage de nostre monsieur le baron de Bonvillaret647
et le vous face revoir, et a madame sa mere648, plein de joye et de l'honneur que l'on va chercher a
la guerre649.
Ce pendant je demeureray,
Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII aoust 1614.
A Monsieur le Baron de Cusy.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
644 Voir tome XIV, notes (654), p. 228, (816), p. 287, (884), p. 307.
645 En 1606, le titulaire de Cusy près d'Alby était «Rd messire Lois de Saccounex, conte et chantre en l'eglise de [St]
Jehan de Lyon, absent, qui la faisait servir par ven. messire Catherin Sordet et Claude Collomb, prebstres.» Ce dernier,
fils de Noël Collomb, originaire de Cusy, fut institué recteur d'une chapelle dédiée à Saint-Georges en l'église de sa
paroisse, le 11 mars 1608 (R. E.) Vraisemblablement, c'est lui qui était curé en 1614.
646 Sur la présentation du baron de Cusy, Jean Exertier fut institué recteur de la chapelle de Sainte-Catherine en l'église
de Cusy, le 14 juin 1616. (R. E.) Serait-il le vicaire qui était capable de donner «de la satisfaction?»
647 Amé de Pingon-Cusy, fils du destinataire (voir tome XIV, note (818), p. 288).
648 Charlotte de Vautravers, baronne de Cusy (voir ibid., notes (654), (814), pp. 228 et 286, (816), p. 287, (884), p.
307).
649 La guerre du Montferrat (cf. ci-dessus, note (117), p. 27, et note (447), p. 144). Le roi d'Espagne avait envoyé au
duc de Savoie l'ordre impérieux de désarmer, avec menace, «s'il n'obéissait pas,» d'envahir le Piémont. Charles-
Emmanuel, blessé de ce mépris, ordonna ne nouvelles levées de troupes et recommença la guerre le 30 août 1614.
(Voir Guichenon, Hist. Généal. de la Maison de Savoie, tome II, p. 381.)
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15.9 Page 149

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CMLXXXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite).
Saint François de Sales et les offenses. L'amitié et la charité.
Une amitié un peu forte ne doit pas être chatouilleuse. Un
louable projet de retraite.
Annecy, 11 août 1614.
Non certes, Monsieur, je ne suis nullement delicat, amant les ceremonies, les complimens;
non, pas mesme [203] les offences ne gastent rien avec moy, si elles ne sont faites et appostees
expres pour ruiner l'amitié (je parle de l'amitié, et non de la commune charité que rien ne doit
ruiner); car celles qui proviennent de negligence, de foiblesse, d'inconsideration, voire mesme de
quelque soudaine passion d'ire, de courroux et de haine, il me semble qu'un'amitié un peu forte les
doit supporter, en consideration de nostr'humanité qui est sujette a ces accidens.
Madame vostre seur650 vous escrit de son voyage, duquel ell'a conferé avec monsieur des
Portes651. La pauvreté de cette sayson concourt avec l'amour de l'autre seur652 pour l'y faire
resoudre. Ce qu'elle pretend aller avec Mme de Polinge, dame de grande vertu653, et pour estr'aupres
d'une seur si sage et devote, rend son desir asses probable. Elle desireroit fort de mener la petite
madamoyselle Marguerite654, mais, comm' elle m'escrit, elle voudroit qu'elle fut un peu brave
d'habillemens, comme sa bonne naissance et sa bonne mine requiert.
Je prevoy que vous ne viendres pas si tost a cause de la longueur des demain de ce païs-lâ;
neanmoins je [204] feray l'advertissement que vous me dites a madame de la Croix, ma cousine655,
que je treuve fort a propos, bien qu'il ny ait rien a craindre en effect. Mays il est mieux de n'avoir
mesmement pas a craindre les ombres en françois, comm'on ne les craint pas en espagnol.
Vous aures receu une lettre656 par laquelle ces bonnes Dames de la Visitation demandent
une nouvelle faveur a madame ma cousine657, que je salue tres humblement, et suis, Monsieur,
Vostre tres humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XI aoust 1614.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon.
A Thurin.
Revu sur l'Autographe conservé chez les RR. PP. de Saint-Edme, Abbaye de Pontigny (Yonne).
650 Le comte de Tournon avait cinq sœurs : Charlotte-Emmanuelle, femme de Lancelot Guillet, seigneur de Genissia
(cf. le tome précédent, note (867), p. 304); Jéronyme (voir tome XIV, note (248), p. 79) et Claudine, qui gouvernèrent
les abbayes de Sainte-Catherine et de Sainte-Claire d'Evian; Béatrix, abbesse de Neuville en Bresse; Anne, enfin,
morte jeune, et dont, probablement, il est ici question. Pour le voyage et le séjour qu'elle projetait, elle avait besoin de
l'autorisation de son frère et d'une pension.
651 Antoine de Portes (voir ci-dessus, note (639), p. 199).
652 Cette «autre seur» auprès de laquelle Anne de Maillard sa cadette désirait se retirer, est vraisemblablement
Claudine, ancienne abbesse de Sainte-Claire d'Evian. Lorsque, après un exil de plus de vingt ans (cf. tome XI, note
(674), p. 293), les Clarisses reprirent possession de leur monastère au mois d'août 1593, la Sœur de Maillard fut placée
à la tête de la Communauté; mais à la date de cette lettre, le gouvernement était entre les mains de Claudine de Blonay.
(Voir p. 206, Lettre CMLXXXIX.)
653 En 1614, «Mme de Polinge» était sans doute Michelle ou Michière, fille de François de Bellegarde, seigneur de
Pesrin, et de Françoise de la Frasse. Restée veuve de Pierre de Chissé, seigneur des Forêts, elle avait épousé Philibert
de Chissé de Pollinge, veuf d'Antoinette de Bruel.
654 Marguerite, fille cadette du destinataire et de Philiberte de Beaufort (cf. le tome précédent, note (967), p. 340), fut
plus tard dame d'atours de Madame Royale Christine de France, et mariée à Bernard-Octavien de Saint-Martin d'Aglié,
marquis de Saint-Germain.
655 Claude-Françoise de Maillard, veuve de Salomon de Murat de la Croix. (Voir plus haut, note (274), p. 78.)
656 Vide supra, Epist. CMLXXXIV, p. 199.
657 La comtesse de Tournon. (Cf. ci-dessus, note (638), p. 199).
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15.10 Page 150

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CMLXXXVIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Une visite
empêchée.
Annecy, 14 août [1614658.]
Ma tres chere Mere,
J'avois proposé avec un extreme desir de vous aller un peu voir et saluer a cette veille de la
grande feste de nostre Maistresse, mais je n'ay sceu.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes. [205]
658 La «grande feste» fait penser à l'Assomption; l'écriture de ce billet, aux années 1614 ou 1616. En 1614, le Saint
était pris par beaucoup d'affaires, d'où difficulté pour lui de se rendre à la Visitation. Cette date peut donc être proposée,
mais sous toutes réserves.
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16 Pages 151-160

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16.1 Page 151

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CMLXXXIX. A la Mère Claudine de Blonay, Abbesse de
Sainte-Claire d'Evian659. Unique préface pour toute une
correspondance. Propriétés de l'eau vive que l'on puise en
Notre-Seigneur par la sainte oraison ; erreur et malheur des
familles religieuses qui ne s'appliquent pas à cet exercice. Un
ignorant qui en sait plus que beaucoup de savants. Les
Œuvres de sainte Thérèse. — Vertus a faire fleurir dans un
monastère. Utilité d'un bon et vertueux confesseur pour une
Communauté.
Annecy, 18 août 1614.
Ma tres chere Seur, A cette premiere fois que je vous escris, je vous veux dire deux ou trois
motz de preface, qui puissent servir pour toutes les lettres que je vous envoyeray des-ormais selon
les occurrences.
1. Que ni vous ni moy n'y fassions plus aucune preface; car l'amour de Dieu que vous aves
sera ma preface envers vous, et le desir que j'ay de l'avoir sera vostre preface envers moy. 2. En
vertu de ce mesme amour, ou possedé ou desiré, asseurés vous, ma chere Seur, que vous et toutes
vos filles treuveres tous-jours mon ame ouverte et dediee au service des vostres. 3. Mays tout cela
sans ceremonies, sans artifice, d'autant qu'encor que nos vocations soyent differentes en rang, ce
saint amour auquel nous aspirons nous esgale et unit en luy.
Certes, ma tres chere Seur, et vous et vos filles estes [206] tres heureuses d'avoir en fin
rencontré la veine de cette eau vivante qui rejaillit a la vie eternelle660, et de vouloir en boire de la
main de Nostre Seigneur, auquel, avec sainte Catherine de tiennes et la bienheureuse Mere
Therese, il me semble que vous faites celte sainte priere: Seigneur, donnès-moy de cette eau661.
Qu'a jamais cette Bonté divine soit loüee, qui luy mesme s'est rendu une source d'eau vive au
milieu de vostre compaignie; car a ceux qui s'addonnent a la tressainte orayson, Nostre Seigneur
est une fontayne en laquelle on puise par l'orayson l'eau de lavement, de refrigere, de fertilité et de
suavité.
Dieu sçait, ma tres chere Seur, quelz sont les monasteres esquelz ce saint exercice n'est
point prattiqué; Dieu sçait quelle obeyssance, quelle pauvreté et quelle chasteté y est observee
devant les yeux de sa divine Providence, et si les assemblees des filles ne sont pas plustost des
compaignies de prisonnieres que de vrayes amoureuses de Jesus Christ. Mais nous n'avons pas
tant besoin de considerer ce mal la, que de peser au juste poids le grand bien que les ames reçoivent
de la tressainte orayson. Vous n'estes donq point trompees de l'avoir embrassee, mais trompees
sont les ames qui, s'y pouvant appliquer, ne le font pas.
Et neanmoins, en certaine façon, a ce que je voy, le doux Sauveur de vos ames vous a
trompees d'une tromperie amoureuse pour vous tirer a sa communication plus particuliere, vous
ayant liees par des moyens que luy seul a sceu treuver et conduittes par des voyes que luy seul
659 L'édition de 1629 donne pour adresse: A une Abbesse. Cette lettre ressemble beaucoup, par le ton et le contenu, à
plusieurs autres certainement écrites par le Saint, entre le 12 septembre 1615 et le 24 janvier 1621, à Claudine de
Blonav, abbesse de Sainte-Claire d'Evian; on peut donc la désigner avec assurance pour destinataire.
Née en 1565 (une pièce du 16 octobre 1615 porte qu'à celte date elle avait cinquante ans). Claudine de Blonay,
parente, mais non sœur de la Mère Marie-Aimée, était déjà Religieuse lorsqu'en 1593, Clarisses se rétablirent à Evian.
(Cf. ci-dessus, note (652). p. 204.) Vers 1614, elle devint abbesse de son Monastère et remplit cette charge jusqu'en
1622. Elle vivait encore à la fin d'octobre 1627.
660 Joan., IV, 10, 14.
661 Joan., IV, 15. Cf. Tr. de l'Amour de Dieu, 1. XII, c. II (tom. IV huj. Edit., p. 322).
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16.2 Page 152

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avoit conneuës. Relevés donq bien haut vostre courage pour suivre soigneusement et saintement
ses attraitz, et tandis que la vraye douceur et humilité de cœur regnera parmi vous, ne doutés point
d'estre trompees.
Le frere N.662 est un vray ignorant, mais ignorant qui sçait plus que beaucoup de sçavans;
il a les vrays fondemens de la vie spirituelle, et sa communication ne vous peut qu'estre utile. Je
m'asseure que son Superieur ne [207] vous la refusera pas tandis que vous en useres avec discretion
et sans luy donner trop de distraction.
Je n'ay peu encor lire les livres que vous m'aves envoyé, ce sera a mon premier loysir. Vous
aves bien fait de vous apprivoyser avec la bienheureuse Mere Therese, car en verité, ses livres sont
un thresor d'enseignemens spirituelz.
Sur tout, faites regner entre vous la dilection mutuelle, franche, spirituelle; la communauté
parfaite, tant aymable et si peu aymee en ce siecle, mesme es monasteres que le monde admire; la
sainte simplicité, la douceur de cœur et l'amour de la propre abjection. Mais ce soin, ma tres chere
Seur, il faut qu'il soit diligent et ferme, et non empressé, ni a secousses.
Je seray bien ayse de sçavoir souvent de vos nouvelles, et ne doutés point que je ne vous
responde. Monsieur N. me fera prou tenir vos lettres663.
En particulier, ce m'a esté de la consolation de sçavoir la bonté et vertu de vostre Pere
confesseur664, qui, avec un esprit vrayement de pere envers vous, cooperée a vos bons desirs et est
encor bien ayse que les autres y contribuent. Pleust a Dieu que tous les autres de vostre Ordre
fussent aussi charitables et affectionnés a la gloire de Dieu665! les monasteres qui sont en leur
charge seroyent plus parfaitz et plus purs.
Je resaluë mes cheres Seurs Anne et Marie Salomé666, et me res-jouis dequoy elles sont
entrees en cette Religion [208] en un tems auquel la vraye et parfaite pieté commence a y refleurir;
et pour leur consolation, je leur dis que leur parente Mme des Crilles, qui est maintenant novice a
la Visitation667, tasche aussi fort de son costé de s'avancer en Nostre Seigneur.
Ma tres chere Seur, je vous escris sans loysir, mais non pas sars une infinie affection envers
vous et toutes vos filles, que je supplie toutes de recommander mon ame a la misericorde de Dieu,
comme de ma part je ne cesseray point de vous souhaitter benediction sur benediction, et que la
source de toute benediction vive et regne a jamais au milieu de vos cœurs. Amen.
Je suis, d'un amour tout cordial,
Vostre tres humble frere et serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 18 aoust 1614, a Nessi.
662 Très probablement un Religieux de Saint-François; peut-être, un Cordelier de Chambéry ou de Myans.
663 On peut suggérer ici avec beaucoup de vraisemblance le nom de Claude de Blonay, parent de la destinataire, qui
résidait en Chablais et avait souvent l'occasion d'écrire au Saint et de le voir.
664 En 1612, le confesseur des Clarisses d'Evian était le P. Claude de Coysia, des Frères Mineurs de l'Observance. Un
personnage de ce nom se trouve mentionné (acte de partage du 1er mai 1589) parmi les fils d'Antoine de Coysia,
conseiller de Son Altesse au Sénat de Savoie, et de Claudine de Pradel. Il paraît n'avoir pas contracté d'alliance; ne
serait-il pas le Religieux en question?
665 D'après le Concile de Trente (Sess. XXV, cap. X), l'Evêque et les autres supérieurs doivent procurer aux
Religieuses, deux ou trois fois l'an, un confesseur extraordinaire. Les Cordeliers n'observaient pas cette prescription à
l'égard des Clarisses; d'où le regret exprimé par le saint Evêque.
666 Il ne nous a pas été possible d'identifier ces deux Religieuses; la première se trouve mentionnée de nouveau dans
une lettre du 24 janvier 1617 à la même destinataire.
667 On se souvient que Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Escrilles, avait été admise à la vèture le 2 juillet.
152/335

16.3 Page 153

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CMXC. A Madame de la Valbonne. Se consacrer à Notre-
Seigneur, c'est une grâce dont la grandeur se découvre avec le
temps. Pourquoi Dieu permet les «secousses de l'amour-
propre.» Salutations.
Annecy, 19 août 1614668.
J'ayme mieux vous escrire sans loysir ni commodité, que de l'attendre plus longuement, ma
tres chere Niece, ma Fille. Vostre lettre m'a fort pleu, par ce que j'y voy [209] ces marques de
vostre resolution de perseverance au dessein de servir a jamais Nostre Seigneur avec toute la pureté
et fidelité que vous poures. Que bienheureux est vostre cœur, ma chere Fille, qui se dedie a
un'affection si juste et si sainte! Plus nous irons avant, plus nous reconnoistrons la grandeur de la
grace que le Saint Esprit nous fait de nous donner ce courage. Et bien que quelquefois vous receves
des secousses de l'amour propre et de vostre imbecillité, ne vous en troublés point, car Dieu le
permet ainsy affin que vous luy serries la main, que vous vous humiliies et reclamies son secours
paternel.
L'esperance de vous voir avec madame la Premiere669 m'excuse de vous parler plus au long
par escrit, principalement pressé comme je suis. Salues, je vous prie, de ma part, Mme de la
Flechere, et toutes deux ensemble Mme d'Aiguebelette, si ell'est la.
Je suis sans reserve, d'un cœur tout fidele,
Vostre plus humble oncle et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIX aoust 1614.
Je salue M. vostre cœur670 de tout le mien tres humble671.
A Madame
Madame de la Valbonne.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes. [210]
668 Le dernier chiffre de l'année a complètement disparu de l'Autographe; Hérissant donne la date de 1614. Elle est
justifiée par la présence à Chambéry de Mme de la Fléchère, à qui le Saint envoie un message par l'entremise de Mme
de la Valbonne. (Cf. la lettre suivante.)
669 Philiberte Martin de la Perouse, femme du président Favre et belle-mère de la destinataire. (Voir tome XIV, note
(1079), p. 372.)
670 René Favre de la Valbonne, mari de la correspondante du Saint.
671 Le post-scriptum et l'adresse sont inédits. Les éditeurs précédents avaient attribué cette lettre A une Nièce.
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16.4 Page 154

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CMXCI. A Madame de la Fléchère. Affaires diverses. Un
malade bien résigné. La seule chose digne d'être estimée.
Annecy, 19 août 1614.
Helas, ma tres chere Fille, que dires vous de ce pere qui tarde tant a respondre? Certes, ce
n'est pas faute de memoyre, et moins de volonté, mays j'ay un peu douté ou vous esties jusques
des il y a trois jours, que je sçai que vous estes la672.
J'escris donq a M. le Premier673 selon vostre desir, bien que je sache combien peu vous
aves besoin d'intercession aupres de luy qui vous honnore tant.
Vous treuveres la lettre ci jointe d'un peu longue datte, mays il ny a remede; nostre bonne
Mere674 qui l'escrit, ne me voit point sans que nous parlions de vous comme de celle qui nous ayme
tant.
Le pauvre M. de Charmoysi est tous-jours entre les mains des medecins, sans voir goute,
mais avec bonne esperance de voir, Dieu aydant. Il fait merveilles a se resigner a la volonté de
Dieu, ainsy que la petite cousine675 m'escrit.
Ma tres chere Fille, en fin, de quel costé que nous nous retournions, nous ne treuverons
rien digne d'estre estimé que la grace de Nostre Seigneur, a laquelle je [211] ne cesse point de vous
recommander, comme estant tres parfaitement vostre et
Vostre plus humble serviteur et compere.
La seur et la niece de deça se portent bien676.
XIX aoust 1614.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
672 A Chambéry (cf. la lettre précédente), où Mme de la Fléchère avait sans doute dû se rendre pour son procès. (Voir
plus haut, Lettres CMLXXII, CMLXXV, pp. 179, 184.)
673 Antoine Favre, premier président au Sénat de Savoie.
674 La Mère de Chantal.
675 Mme de Charmoisy.
676 Le post-scriptum est inédit. La «seur» et la «niece» qui s'y trouvent mentionnées sont Mme de Bressieu, sœur de la
destinataire, et sa fille Madeleine, femme de Louis de Sales.
154/335

16.5 Page 155

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CMXCII. Au Duc de Bellegarde. Pourquoi l'amour paternel est
puissant ; celui du Saint comparable au feu. L'idéal qui sied à
une grande âme. Préservatifs conseillés contre les malignes
influences de la cour.
Annecy, [août] 1614677.
Monsieur,
Il ne se peut dire de quelle ardeur mon ame souhaitte la perfection de l'amour de Dieu a la
vostre. Les meilleurs moyens pour exprimer cette passion sont ceux dont vous me gratifies,
pourveu que l'on y entende une merveille que j'appellerois miracle, si je n'en estois l'ouvrier, apres
Dieu et vostre commandement: car ordinairement, l'amour paternel est puissant parce qu'il descend
comme un fleuve qui prend sa source de la pente; mais en nostre sujet, le mien, qui sort de ma
petitesse, en remontant a vostre grandeur, il prend vigueur a la montee et accroist sa vistesse en
s'eslevant: c'est parce que, si les autres se [212] contentent de ressembler a l'eau, celuy-ci est
comparable au feu. Certes, Monsieur, j'escris sans reflexion, et je voy que j'abuse de vostre
bienveuillance a luy dire ainsy mes saillies.
Dieu vous tienne de sa sainte main et establisse de plus en plus ce genereux et celeste
dessein qu'il vous a donné de luy consacrer toute vostre vie. Il est juste et equitable que ceux qui
vivent ne vivent pas pour eux mesmes, mais pour Celuy qui est mort pour eux678. Une grande ame,
Monsieur, pousse toutes ses meilleures pensees, affections et pretentions jusques dans l'infini de
l'eternité; et puisqu'elle est eternelle, elle estime trop bas ce qui n'est pas eternel, trop petit ce qui
n'est pas infini, et surnageant a toutes ces menues delices, ou plustost a ces vilz amusemens que
cette chetifve vie nous peut presenter, elle tient les yeux fichés dans l'immensité des biens et des
ans eternelz.
Monsieur, a mesure que vous connoissés que l'air de la cour est pestilent, usés
soigneusement de preservatifz. Ne sortés pas le matin que vous ne porties sur le cœur un epitheme
du renouvellement de vos resolutions fait en la presence de Dieu. Oh si le soir vous lisies douze
lignes dans quelque livret de devotion, apres avoir fait vostre petite orayson! car cela dissiperoit
les qualités contagieuses que les rencontres du jour pourroyent avoir jetté autour de vostre cœur.
Et vous purgeant souvent par le doux et gratieux syrop magistral de la confession, Monsieur,
j'espererois que vous demeureries comme un celebre pyrauste entre les flammes, sans endommager
vos aisles679. Que bienheureuse est la peyne, pour grande qu'elle soit, qui nous delivre de la peyne
eternelle! Qu'aymable est le travail duquel la recompense est infinie!
Monsieur, je suis, d'un cœur plus que paternel,
680FRANÇS, E. de Geneve. [213]
677 Les anciens éditeurs n'ont pas daté cette lettre; Hérissant (1758), tome III, p. 81, la place en 1614, «après le 11
septembre,» mais il semble plus probable qu'elle a précédé la lettre du 12 septembre et suivi celle du 31 juillet,
adressées toutes deux au même destinataire. (Voir pp. 193, 223.)
678 II Cor., V, 13.
679 Arist., de Hist. anim., 1. V, c. XIX; Plin., Hist. nat., 1. XI, c. XXXVI (al. XLII). Cf. Introd. à la Vie dev., Preface
(tom. III, p. 6).
680 L'éditeur de 1629, qui le premier donne cette lettre, a fait sans doute des suppressions avant et après les clausules,
car cette terminaison brusque et la brièveté de la formule finale ne sont pas dans les habitudes du Saint.
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16.6 Page 156

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CMXCIII. A M. Guillaume-François de Chabod, Seigneur de
Jacob681 (Inédite). Témoignages de sympathie à un ambassadeur
qui n'avait pas réussi dans sa mission. Discrète invitation à
sanctifier ses derniers jours. Promesse d'une visite.
Annecy, [vers le 20 août] 1614682
Monsieur,
Je me res-jouis de vostre heureux retour, lequel eut esté comblé de consolation pour vous
et pour tous les bons et pour moy, si vostre saint zele eut eu le succes que vos remonstrances
requeroyent. Mays ce tems est [214] ainsy fait, il ne produit pas les choses bonnes et desirables
qu'avec plusieurs travaux de ceux qui les entreprennent, et au contraire, le mal s'avance sans
culture, par la propre malice de cet aage.
Que vous seres heureux, Monsieur, si ce reste de vos jours, que je souhaite grans et bons,
vous appliques de plus prez vostre ame a son Principe, dans le repos d'une vie a moytié solitaire,
telle qu'est celle que vous faites de deça en comparayson de Paris et de la cour. J'espere que l'esté
ne se passera point sans que j'aye le bien d'estre quelque tems aupres de vous, ou nous nous
entretiendrons plus au long sur ce digne sujet. Que si la multitude des affaires de ma charge et mes
affaires particulieres, bien que non domestiques, me permettoyent d'estre a mon gré ou je voudrois,
souvent je me treuverois là de tems en tems. Mays, ou que je sois, vous m'aves,
Monsieur,
Vostre humble tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Monsieur, je resalue bien humblement madame...683.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nancy.
681 On voit par le contenu de la lettre qu'elle s'adresse à un ambassadeur malheureux et disgracié, qu'il était proche de
la vieillesse et qu'après avoir quitté Paris pendant l'été, il s'était retiré en Savoie. Ces diverses particularités désignent
M. de Jacob comme destinataire.
Guillaume-François de Chabod, seigneur de Jacob, comte de Saint-Maurice, deuxième fils d'Antoine de
Chabod, seigneur de Chiron, Jacob et de la Dragonnière, et de Claudine Mallet, épousa par contrat dotal du 7 décembre
1571, Louise-Marguerite de Seyssel de la Serraz. Pendant plus de cinquante ans, ce gentilhomme servit les intérêts de
Charles-Emmanuel. Député en 1582 à la diète de Bade, ambassadeur en Suisse, où il resta six ans pour négocier
l'alliance des cantons catholiques, trois fois ambassadeur en France, M. de Jacob avait rempli les charges de conseiller
d'Etat, de grand-maître de l'artillerie et, dès le 1er mars 1594, celle de gouverneur et lieutenant de Savoie, qui lui fournit
l'occasion de s'intéresser par ses sympathies et par des actes à la mission du Chablais. En 1614, ses infirmités,
l'insuccès de ses négociations et aussi des cabales de cour le mirent en défaveur auprès de son souverain, qui lui
assigna pour retraite le Bourg-Saint-Maurice dans la Tarentaise. (D'après les lettres de M. de Jacob au duc de Savoie,
août-septembre 1614, conservées à Turin, Archiv. de l'Etat.) Il testa le 13 novembre 1620 et mourut en 1622.
682 La date de cette lettre se déduit des circonstances qui marquèrent le retour du destinataire en Savoie. Nous savons
que le 29 juillet 1614 il avait été invité par Charles-Emmanuel à se retirer au Bourg-Saint-Maurice (voir la note
précédente), et qu'avant le 23 août, il s'était installé à Chevron, auprès de son gendre Bernard de Chevron-Villette,
cousin de saint François de Sales. (Lettre de M. de Jacob au duc de Savoie, 29 juillet 1614, Turin, Archiv. de l'Etat.)
Le ton de la présente lettre ajoute d'autres précisions et justifie la date approximative qui lui est attribuée.
683 Il est difficile de rétablir le nom; il n'en reste presque aucune trace sur l'Autographe.
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16.7 Page 157

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CMXCIV. A Monseigneur Jean-Pierre Camus, Evêque de
Belley. «La mousse des exemptions.» Une vertu qui vaut un
procès de canonisation. Un déplaisir et une crainte du Saint.
Injuste ingérence de l'Etat dans l'exercice du pouvoir spirituel
de l'Eglise. L'Evêque de Genève se confie, pour la défense de
ses droits, à la vaillance de son ami. Messages pour Dijon.
Annecy, 22 août 1614.
Monseigneur,
Je me res-jouis, certes, de vos victoires; car, quoy que l'on sçache dire, c'est la plus grande
gloire de Dieu que [215] nostre Ordre episcopal soit reconneu pour ce qu'il est, et que cette mousse
des exemptions soit arrachee de l'arbre de l'Eglise ou on void qu'elle a fait tant de mal, ainsy que
le sacré Concile de Trente a fort bien remarqué684. Mais je regrette pourtant que vostre esprit
patisse tant en cette guerre, en laquelle, sans doute, il n'y a presque que les Anges qui puissent
conserver l'innocence; et qui tient la moderation emmi les proces, le proces de sa canonization est
tout fait pour luy, ce me semble. «685Sapere et amare, vix diis conceditur686;» mais je dirois plus
volontier: 687Litigare et non insanire, vix Sanctis conceditur. Neanmoins, quand la necessité le
requiert et que l'intention est bonne, il faut s'embarquer sous l'esperance que la Providence mesme
qui nous oblige a la navigation, s'obligera elle mesme a nous conduire688.
Tout mon plus grand desplaysir, c'est de voir qu'en fin en fin cette amertume de cœur, que
vous me depeignés, vous ravira d'aupres de nous et me ravira une des plus pretieuses consolations
que j'eusse, et a ce peuple un bien inestimable; car, des Prelatz affectionnés, il en est si peu!
«689Apparent rari nantes in gurgite vasto690
Salvum me fac, Domine, quoniam defecit sanctus691.
Je voy bien, Monseigneur, par vostre lettre et par [216] celle de M. de N., qui, en verité,
est mon amy et bon pere tres singulier692, que nous ne sçaurions conserver les libertés
ecclesiastiques que les Ducs nous avoyent laissees es pais estrangers. Oh! Dieu benisse la France
de sa grande benediction et y fasse renaistre la pieté qui regnoit du tems de saint Louys.
Mais cependant, Monseigneur, puisque ce pauvre petit clergé de vostre evesché et du mien
a le bonheur que vous parleres en son nom aux Estatz693, nous serons delivrés de tout scrupule, si
684 Sess. XXIV, de Reformat., cap. XI, initio.
685 «Dans l'amour, garder la modération, c'est à peine si les dieux en sont capables.»
686 Publius Syrus, Sententiae, litt. A, V. 22.
687 Plaider et ne pas perdre le sens, c'est tout juste le privilège des Saints.
688 L'exemption de la juridiction episcopale accordée aux Religieux par le Saint-Siège, leur servit souvent de prétexte
pour s'opposer à la réforme des monastères lorsque ceux-ci furent envahis, au cours des siècles, par la décadence. Le
Concile de Trente s'était efforcé de remédier à ces abus, mais ses décrets disciplinaires, n'étant pas encore reçus
officiellement en France, restaient sans effet. Dans le diocèse de Mgr Camus, non loin même de Belley, des abbayes
totalement dégénérées attristaient par leur indiscipline le cœur du pieux Prélat. S'agirait-il ici des Bernardins de Saint-
Sulpice?
689 «Quelques-uns apparaissent çà et là, flottant sur l'immensité des eaux.» Seigneur, sauvez-moi, car le saint a
manqué.
690 Virgil., Æneis, 1. I, v. 118.
691 Ps. XI, 1.
692 Mgr de Montpellier, Pierre Fenouillet, peut être proposé ici avec beaucoup de probabilité. Savoisien d'origine et
vraiment «amy» du Saint, il avait plus de raison que tout autre de s'occuper des intérêts du diocèse de Genève. Mais,
s'il s'agit de lui, il faut croire à une erreur des premiers éditeurs, et lire «bon frere» au lieu de «bon pere
693 Le Bienheureux «ayant appris,» raconte Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), «que l'on faisoit une assemblée
solemnelle des trois Estats en France, et qu'il falloit necessairement qu'il s'y treuvast quelqu'un pour son Clergé des
païs de Beugey, Valromey et Gex..., il pria pour cet effect le Reverendissime Evesque de Belley... qu'il daignast parler
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16.8 Page 158

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apres vos remonstrances nous sommes reduitz en la servitude; car, que pourroit-on faire davantage,
sinon s'escrier au nom de l'Eglise: 694Vide, Domine, et considera, quia facta sum vilis695? Quelle
abjection, que nous ayons le glaive spirituel en main696 et que, comme simples executeurs des
volontés du magistrat temporel, il nous faille frapper quand il l'ordonne et cesser quand il le
commande, et que nous soyons privés de la principale clef de celles que Nostre Seigneur nous a
donnees697, qui est celle du jugement, du discernement et de la science en l'usage de nostre glaive!
698Manum suam misit hostis ad omnia desiderabilia ejus; quia viditgentes ingressas sanctuarium
suum, de quitus prœceperas ne intrarent in ecclesiam [217] tuam699. Ce n'est pas, non, avec un
esprit d'impatience ni de murmuration que je dis cecy; car je me resouviens tous-jours que700 ista
mala invenerunt nos quia peccavimus, injuste egimus701.
Or sus pourtant, Monseigneur, vous verres nos articles et feres, je m'asseure, tout ce qui se
pourra pour la conservation des droitz de Dieu et de son Eglise. Et tandis que nostre Josué sera la,
nous tiendrons les mains haussees702 et prierons qu'il ayt une speciale assistance du Saint Esprit;
nous invoquerons les Anges protecteurs et les saintz Evesques qui nous ont precedé, qu'ilz soyent
autour de vous et qu'ilz animent vos remonstrances.
De vous envoyer quelqu'un de la part de mon diocese, il n'en fut jamais question. Mon
diocese est-il pas vostre, puisque je le suis si parfaitement? 703Populus tuus, populus meus.
Vous verres la704, le Pere Dom Jean de Saint Malachie705, a Saint Bernard706; si vous le
hantes, vous [218] treuveres en luy une veine feconde de pieté, de sagesse et d'amitié pour moy
pour ces provinces, puis que, luy disoit-il, son peuple estoit le sien.» Les Etats généraux, réunis à l'occasion de la
majorité de Louis XIII, s'assemblèrent au mois d'octobre.
694 Voyez, Seigneur, et considèrez, car je suis devenu méprisable.
695 Thren., I, 11.
696 Ephes., ult., 17.
697 Matt., XVI, 19.
698 L'oppresseur a porté la main sur tout ce quelle avait de plus désirable; car elle a vu les nations entrer dans son
sanctuaire, les nations au sujet desquelles tu avais dit: Elles n'entreront point dans ton assemblée.
699 Thren., I, 10.
700 Il nous est arrivé beaucoup de malheurs, parce que nous avons péché et commis l'iniquité.
701 I Machab., I, 12, VI, 13; Ps. CV, 6.
702 Exod., XVII, 10-12.
703 Votre peuple est mon peuple.
704 Ces mots indiquent que l'Evêque de Belley se trouvait alors à Dijon, ou devait s'y rendre bientôt; mais on ne peut
pas en inférer que ce fut à l'occasion des Etats de Bourgogne (voir ci-après, note (722), p. 224), car le procès-verbal
de cette assemblée, conservé aux Archives de la Côte-d'Or (B. 3077, fol. XXIII), ne le nomme pas parmi les membres
de la Chambre ecclésiastique.
705 Religieux Feuillant qui sera destinataire en 1615. (Voir tome XII, note (938), p. 373.)
706 En 1613, Joachim de Damas, seigneur du Rousset et de Fontaine, vendit aux Feuillants son château pour le convertir
en monastère. Ces Religieux s'installèrent dans leur nouvelle demeure en 1614, le lundi de la semaine de la Passion.
L'Evêque de Langres, Sébastien Zamet, approuva l'établissement eu 1617, Louis XIII s'en déclara le fondateur et le
bienfaiteur par lettres patentes de juillet 1618, et en son nom, le 6 janvier 16191, la première pierre de l'église du
monastère fut solennellement posée par Roger de Bellegarde, duc et pair, grand Ecuyer de France, gouverneur de
Bourgogne et de Bresse. La chambre où naquit saint Bernard devint le sanctuaire de l'église. Charles-Auguste
(Histoire, etc., liv. VI) nous apprend que durant le Carême qu'il prêcha à Dijon en 1604, François de Sales «alloit
souvent celebrer à la chappelle de sainct Bernard de Fontaines..., à cause de la grande devotion qu'il avoit à ce Docteur
emmiellé, chantre de la glorieuse Vierge.» (Cf. Guignard, Note sur Fontaines-lez-Dijon.)
1 La date de 1614 a été donnée au tome précédent, note (902), p. 317, d'après Courtépée, Descript, du duché de
Bourgogne, Dijon. 1782.
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16.9 Page 159

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qui l'honnore reciproquement bien fort. De madame Folin, dites m'en un jour a loysir l'histoire707,
parce que708 gloriam Regis annuntiare justum est.
Dieu soit a jamais le cœur de nos ames. Je suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere
et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 22 aoust 1614, a Nessi.
CMXCV. A M. Etienne Dunant, Curé de Gex (Inédite).
Règlement de plusieurs affaires intéressant diverses paroisses du
pays de Gex.
Annecy, 28 août 1614.
Monsieur,
Ce qui a esté promis a M. le curé de Sessi709, je vous [219] prie qu'on le luy face bon sil se
peut, car en verité, la qualité du lieu requiert qu'on le gratifie. Or, il me dit que c'est cent florins
annuelz, et on pourroit les donner tous-jours par provision et sans consequence. M. Mesnage710
veut tous-jours aller, et je voy son esprit fort tendu a cela.
Je vous addresse une comission que je ne puis ni eviter ni donner ailleurs; il vous plaira
d'en aviser les parties. Quant a la vente des bleds, je ne prsetends recommander personne, sinon
que ce soit a l'utilité de l'Eglise et cœteris paribus711, car ces revenus ecclesiastiques sont trop
praetieux pour estre sujectz a aucune autre affectation que celle de Dieu.
707 Privée depuis de longs mois de l'usage de la parole, Catherine Folin l'avait recouvré après un pèlerinage au pays
natal de saint Bernard. Cette guérison inespérée lui obtint de ses parents la liberté d'entrer quelques mois après
(novembre 1614) au monastère de Sainte-Catherine, fondé à Dijon en 1613 par les religieuses Dominicaines du
couvent de Sainte-Praxède d'Avignon. Elle y fit profession le 7 novembre 1615 et jusqu'à sa mort (24 novembre 1621),
fut pour ses compagnes un exemple de régularité monastique. Etait-elle fille de Jean Folin, conseiller au Parlement,
et de Marie Thomas? Il n'a pas été possible d'en acquérir la certitude. (Voir l'Année Dominicaine, Lyon 1895, tome I,
17 juillet; Camus, Eloge de pieté à la benite memoire de M. Claude Bernard, appellé le pauvre prêstre, Paris, 1641.)
708 Il est juste d'annoncer la gloire du Roi.
709 Pierre Poncet (voir le tome précédent, note (190), p. 60) avait reçu la tonsure, l'acolytat et le sous-diaconat, le 18
septembre 1610; le diaconat, le 18 décembre de la même année; la prêtrise, le 26 février 1611. Il mourut en juin 1641.
(R. E.)
710 Sans doute, le procureur des anciens Carmes de Gex, Jean Mesnage, qui se présenta en juillet 1612 devant les
commissaires royaux, au nom de ces Religieux, pour obtenir restitution de leurs immeubles. (Cf. le tome précédent,
note (899), p. 316.) Jean Ollard, qui occupait l'un d'eux, avait exigé que «ledict Mesnage eust a declarer le temps dans
lequel il entendoit tirer de ses mains sa dicte maison, n'estant raisonnable qu'il soit en une perpetuelle incertitude si la
dicte maison luy demeurera ou non... Sur ce, le dict Mesnage» répondit «qu'il offroit de retirer ladicte maison dans
quinze mois; dans [lequel] temps s'il ne retiroit ladicte maison, il se depart de la retirer.» (Procès-verbal du
rétablissement du culte catholique dans le pays de Gex, Archiv. de la Société d'hist. et d'archéol. de Genève, Ms. 200,
copie.) Le Saint mentionne probablement la persévérance de ce dernier à revendiquer les biens des Carmes.
711 tout le reste étant égal.
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16.10 Page 160

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Le P. Commissaire712 ne vient point. M. Cheynel713 sçait ou il faut prendre les cent escus
du don du Roy qui restent, car je croy quil en a despensé deux cens714, dont il faudra aviser avec
le P. Commissaire, quand il [220] sera venu, comme on se pourra faire, car avec M. Cheynel je ne
sçai qu'en dire, puisque mesme le P. Cotton715 qui a moyenné cest'aumosne, me le recommande
fort. C'est pitié que chacun veut avoir des volontés! 716Currebant, et non mittebam eos717; et
neanmoins ilz veulent que ce soit comme si on les avoyt envoyés. Or bien, il faut se donner du
loysir pour voir tout cela.
Je suis sans fin,
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVIII aoust 1614.
Monsr le Curé de Gex.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le marquis de Prunarède,
à Montpellier. [221]
712 Le P. François de Chambéry, Capucin (voir tome XI, note (419), p. 179, et tomes XIV, XV passim). Cette même
année 1614, il avait succédé dans la charge de commissaire au P. Corneille de Recanati et la garda jusqu'en 1618.
713 Claude Cheynel, fils de Benoît Cheynel de Saint-Martin de Bavel en Valromey, acolyte, maître ès-arts et docteur
en théologie, est chargé, le 29 avril 1610, de la cure des grand et petit Abergement, la résigne le 29 août 1618, pour
devenir le même jour économe de la paroisse de Bons, dont il est nommé curé le 11 avril 1619. Dans une pièce du 27
janvier 1621, il signe: «curé de Bons, aumosnier du Roy.» (R. E.)
714 Voir ci-dessus, les Lettres CMLXX, CMLXXXI à Louis XIII.
715 Pierre Coton naquit à Néronde, dans le Forez, le 7 mars 1564, de Philiberte de Champrand et de Guichard Coton,
seigneur de Chenevoux. Le 30 septembre 1583 il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus d'Arona, prés du lac
Majeur, et va suivre en octobre 1588 les cours du Collège Romain, où il devient le condisciple de saint Louis de
Gonzague et le fils spirituel du Cardinal Bellarmin. Revenu en France en 1590, 1e jeune Religieux reprend à Lyon ses
études théologiques; il y révèle une perspicacité d'esprit et une mémoire prodigieuses. Avant et après sa profession
(29 septembre 1599), le P. Coton soutint de vives disputes avec les ministres protestants; elles servent à marquer une
date intéressante dans l'histoire de la controverse. Il parut devant Henri IV, le 29 mai 1603; ce prince, qui se connaissait
au choix des hommes, retint le Jésuite près de lui, pour en faire plus tard (1608) son confesseur et le précepteur du
Dauphin. Dès lors, la vie du P. Coton fut liée aux principaux événements de l'histoire religieuse de son temps. Il devint
le restaurateur et l'appui de son Ordre, mais il sut se défendre contre la tentation d'accaparer au profit exclusif de ses
frères l'amitié d'un grand Roi. La pureté de son zèle lui fit servir et protéger toutes les causes qui intéressaient l'Eglise
de France et les autres Instituts religieux. A la mort de Henri IV et malgré les attaques les plus haineuses de la
calomnie, le célèbre Jésuite fut maintenu à la cour et Louis XIII le prit pour confesseur. Libre en 1617, il se retira à
Lyon; recteur du collège de Bordeaux en 1621, provincial d'Aquitaine en 1623, et en 1626 provincial de la province
de France, le P. Coton mourut le 19 mars de la même année. Mgr Camus prononça son oraison funèbre à Saint-Louis,
avec une émotion qui gagna l'auditoire. Les deux Fondateurs de la Visitation faisaient grande estime de ses éminentes
vertus, ainsi que tous les saints personnages qui furent ses contemporains. (Voir Prat, Recherches... sur la Compagnie
de Jésus en France du temps du P. Coton, Lyon, 1876.)
716 Ils couraient, et je ne les envoyais pas.
717 Jerem., XXIII, 21.
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17 Pages 161-170

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17.1 Page 161

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CMXCVI. A Madame de la Fléchère. Les mauvais procédés et
les répugnances de l'amour-propre : excellentes occasions de
pratiquer l'humilité.
Annecy, [août-septembre] 1614718.
J'ay veu, ma tres chere Fille, vostre esmotion de colere et de repugnance a l'endroit de ceux
qui traittent avec vous asprement. Or sus, il faut rasseoir vostr'esprit, car cela n'est rien que nous
ne sachions bien; car nous sçavons bien que nostre nature bouillonne en mille sortes d'aigreurs
quand on nous attaque, et que nostr'amour propre nous suggere tous-jours asses de mauvayses
affections contre ceux qui nous attaquent. Mais, graces a Dieu, nous resistons en fin finale, nous
ne nous laissons pas emporter au mal; au moins, si nous sommes esbranlés, nous ne tumbons pas
du tout. Voyla donq une bonn'occasion de nous humilier, de nous confondre doucement et de
prattiquer l'abjection de nous mesme.
Demeures donq ainsy en une sainte paix, et si M. vostre mary le treuve bon, ne laisses pas
d'aller voir ces gens-la pour tesmoigner la charité; mais vous pourres bien estre courte en vostre
visite. Mon Dieu, je pense que si vous venies icy l'hiver vous auries bien plus de repos que lâ; mais
je n'ay garde d'en plus parler, puisque tant d'autres considerations que je ne sçai pas, peuvent avoir
rafroydy le dessein que vous en aviés. [222]
Bonsoir, ma tres chere Fille, je vous eseris tous-jours sans loysir, et suis tous-jours pour
jamais tres719
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin,
Archives de l'Etat.
CMXCVII. Au Duc de Bellegarde. Progrès spirituels du duc de
Bellegarde. A quelle condition peut-on servir Dieu à la cour.
Pourquoi Dieu est le plus digne objet de notre amour.
Annecy, 12 septembre 1614.
Je n'ay point de plus grande gloire en ce monde, Monsieur mon Filz, que celle d'estre
nommé pere d'un tel filz, ni point de plus douce consolation que de voir la complaysance que vous
en aves. Mais je ne veux plus rien dire sur ce sujet, qui aussi m'est indicible; il me suffit que Dieu
m'a fait cette grace, laquelle m'est tous les jours plus delicieuse, quand 0n me dit de toutes parts
que vous vives a Dieu, quoy qu'emmi ce monde.
O Jesus mon Dieu, quel bonheur d'avoir un filz qui sçache par merveilles si bien chanter
les chansons de Sion emmi la terre de Babylone! Les Israëlites s'en excuserent jadis parce que non
718 Vers la fin de novembre 1614, le Saint remarquait que chez Mme de la Fléchère, les passions s'étaient «un peu
alenties.» La présente lettre semble donc antérieure à celle-là, puisqu'il est question ici de «colere,» «d'aigreurs,» de
bouillonnement de la nature, etc. L'allusion à l'hiver prochain et la mention de la présence en Savoie de M. de la
Fléchère à la fin d'octobre il était à Turin servent aussi à délimiter et à justifier la date approximative que nous
proposons.
719 Les clausules finales manquent à la copie conservée à Turin.
161/335

17.2 Page 162

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seulement ilz estoyent entre les Babyloniens, ains encor captifs et esclaves des Babyloniens720;
mais, qui n'est point en l'esclavage de la cour, il peut emmi la cour adorer le Seigneur et le servir
saintement. Non certes, mon tres cher Filz, quoy que vous changies de lieu, d'affaires et de
conversations, vous ne changeres jamais, comme j'espere, de cœur, ni vostre cœur d'amour, ni
vostre amour d'object, puisque vous ne sçauries choisir ni un plus digne amour pour [223] vostre
cœur, ni un plus digne object de vostre amour que Celuy qui vous doit rendre eternellement
bienheureux. Ainsy la varieté des visages de la cour et du monde ne donnera point de changement
au vostre, duquel les yeux regarderont tous-jours le Ciel auquel vous aspirés, et la bouche
reclamera tous-jours le souverain Bien que vous y esperés721.
Mais pensés, je vous supplie, mon cher Filz, si ce ne m'eust pas esté un ayse incomparable
de pouvoir aller moy mesme aupres de vous en l'occasion de ces Estatz722, pour vous parler avec
cette nouvelle confiance que ces noms de pere et de filz m'eussent donné723. Dieu neanmoins ne le
voulant pas, puisqu'il permet que je sois attaché icy, ni vous, ni moy non plus ne le devons pas
vouloir. Vous seres donq la mon Josué qui combattrés pour la cause de Dieu en presence; et moy
je seray icy comme un Moyse qui tendray mes mains au Ciel724, implorant sur vous la misericorde
divine affin que vous surmonties les difficultés que vostre bonne intention rencontrera.
De vous supplier meshuy de m'aymer, je ne le veux plus faire, puisque je puis plus
courtement et expressement vous dire: soyés donq mon vray filz de tout vostre cœur, Monsieur,
puisque je suis de tout le mien, non seulement
Vostre tres humble et obeissant serviteur,
mais vostre pere infiniment tres affectionné,
FRANÇS, E. de Geneve. [224]
720 Ps. CXXXVI, 1-4.
721 Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, liv. XII, ch. IV.
722 Il est probable qu'il s'agit ici des Etats de Bourgogne que Roger de Bellegarde devait présider. Convoqués pour le
18 septembre dans la grande salle des Cordeliers de Dijon, ils se clôturèrent le 23. (Archiv de la Côte-d'Or, B. 3077,
fol. XXIII.) Le grand Ecuyer de France intervint aussi aux Etats généraux. (Cf. ci-dessus, note (693), p. 217.)
723 Cf. Epist. CMLXXXI.
724 Exod., XVII, 10-12.
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17.3 Page 163

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CMXCVIII. Au Baron Paul Damas d'Anlezy725 (Inédite). Mme
des Gouffiers aspirante à la Visitation ; accueil que lui préparent
le Fondateur et les Religieuses. Sa famille n'aura nul sujet de
blâmer son choix.
Annecy, 28 septembre 1614.
Monsieur,
Puisque le brevet requis pour la declaration de la nullité des vœux de madame de Gouffier
vostre seur, est expedié en la sorte qu'elle a peu desirer726, elle ne peut, ce me semble, mieux
tesmoigner qu'elle n'a pas pourchassé sa liberté que pour la reengager plus heureusement a Dieu,
qu'en s'approchant de vous pour prendre les resolutions convenables a son entiere retraitte727,
laquelle ayant choysie en ce lieu et en la compaignie qu'ell'a veüe et consideree plus d'un an, il
m'est advis que je dois vous protester, Monsieur, que sa naissance, ses vertus [225] et ses saintes
intentions luy ont acquis tout le service que je luy pourray rendre; et que si bien elle sera icy
esloignee de la plus part de ses parens, elle sera neanmoins proche de plusieurs personnes qui les
honnorent infiniment, et qui l'auront en une consideration si sainte et honnorable, que pour ce
regard, Monsieur, vous n'aures nul sujet de blasmer son choix, auquel, puis qu'ell'a eu plus
d'attention a contenter Dieu que de servir aux respectz humains, sa divine Majesté sans doute luy
donnera toutes les benedictions qu'ell'en doit esperer, et en fera deriver sut vous quelque bonne
part, si mes souhaitz sont exaucés: car je le (sic) feray toute ma vie pour vostre bonheur, et
demeureray de tout mon cœur,
Monsieur,
Vostre plus humble serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVIII septembre 1614, Anessi.
A Monsieur
Monsieur le Baron d'Anlezy.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Boulogne-sur-Mer.
725 Le nom du destinataire est très oblitéré sur l'Autographe, mais le contenu de la lettre le désigne clairement.
Paul Damas, chevalier, baron d'Anlezy, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi par lettres patentes du
15 octobre 1616, était le fils aîné de Jean Damas, baron d'Anlezy, et d'Edmée ou Esmée de Crux. Par contrat du 31
mai 16o6 (Archiv. de M. le comte de Damas d'Anlezy), «passé a Paris, rue Sainct Anthoine, parroisse Sainct Paul, en
l'hostel du sieur de Thibautot,» il avait épousé Hélène Arnault des Gouffiers. (Cf. ci-dessus, note (483), p. 154.) La
Religieuse du Paraclet était donc belle-sœur du gentilhomme.
726 Voir ci-dessus, pp. 152-154.
727 Mme des Gouffiers quitta Annecy à la fin de septembre 1614 pour aller au Paraclet se dégager de ses premiers liens.
Mais passant à Lyon, elle trouva que l'établissement de la Présentation venait de se rompre (voir Appendice III et cf.
ci-après, note (759), p. 236); dès lors, sur les instances de Mme d'Auxerre (voir ibid. et note (778), p. 240), elle
s'employa à renouer les négociations avec saint François de Sales, en vue d'obtenir des fondatrices pour un monastère
de la Visitation. (Cf. plus haut, note (111), p. 25.) Vers la fin de janvier 1615, Mme des Gouffiers, qui n'avait pas encore
pu se rendre à son abbaye, revenait à Annecy chercher la Mère de Chantal et les Religieuses destinées à la deuxième
Maison de l'Institut.
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17.4 Page 164

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CMXCIX. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Un échange
qui accommoderait infiniment les monastères de Saint-
Dominique et de la Visitation ; il se fera, si le prince de
Nemours en témoigne le désir. Le destinataire est prié d'en
parler à Sa Grandeur.
Annecy, fin septembre ou commencement d'octobre 1614728.
Monsieur,
L'extreme necessité que la Visitation a d'une partie du jardin de Saint Dominique, sur lequel
le bastiment [226] nouveau regardera729, fait que plusieurs gens d'honneur ont pensé de proposer
que les Peres de Saint Dominique prissent une partie d'un jardin du college sur lequel ilz regardent,
et moyennant une recompense que l'on donneroit au college, que les Dames de la Visitation
fourniroyent; et qu'en cette sorte, les Peres de Saint Dominique lascheroyent la partie requise de
leur jardin en faveur de la Visitation: dont deux maysons, Saint Dominique et la Visitation,
demeureroyent infiniment accommodees, et le college nullement incommodé730. [227]
Or, j'en parlay l'autre jour a Monsieur731, qui treuva bon de le recommander aux
Administrateurs du college732 par l'entremise de M. Dufresne733. Mais maintenant que les Peres
Barnabites sont remis734, cela dependra aussi d'eux: c'est pourquoy, s'il plaisoit a Monsieur de leur
728 Hérissant (1758, tome III, p. 92) place cette lettre vers le 18 septembre 1614, mais la date que nous lui attribuons
se déduit des événements racontés note (736), p. 228. Le même éditeur ajoute que l'Autographe portait une inscription
ainsi conçue: «Cette lettre est la premiere que le sieur de Forax a receue de Mgr l'Evesque de Geneve, le B. François
de Sales.»
Guillaume de Bernard, seigneur de Foras, naquit vers 1590, de François de Bernard et de Valentine de
Baillion. Elevé dès le berceau dans la maison du duc de Nemours, que servait son père, il fut lui-même l'un des
premiers officiers du prince et, en cette qualité, vint à Annecy et demeura deux années entières en Savoie. François
de Sales eut bien vite remarqué les inclinations vertueuses et les sentiments délicats du gentilhomme; il l'admit à sa
table, recourut souvent à ses bons offices et l'aima d'une affection très tendre, comme le témoignent ses lettres. Quand
M. de Foras songea à demander la main de Françoise de Chantal, personne ne plaida sa cause avec plus de sympathie
et ne souhaita plus vivement le succès de ses démarches: Le projet ayant échoué, il épousa en 1619 Anne Le Beau,
fille de René Le Beau, seigneur de Sanzelles, et de Catherine de Montholon. (Cf. plus haut, note (94), p. 18.) La
famille de Montholon, irritée de ce mariage, obtint du Parlement l'incarcération de M. de Foras; les blâmes ne furent
pas non plus épargnés à notre Saint qui avait approuvé cette union. Trois mois plus tard, tout s'apaisait. En 1628, le
16 mars, quand il dépose au Ier Procès de Béatification de son saint ami, Guillaume de Bernard de Foras est qualifié
des titres de «conseiller du duc d'Orléans et de maître ordinaire de son hôtel.» (Process. remiss. Parisiensis, ad 2um
interrog.) D'après de Hauteville (La Maison naturelle de St Fr. de Sales, 1669, Ire Partie), il mourut à Paris en 1667;
sa femme ne lui survécut que quarante jours.
729 Pour se rendre compte de l'échange des jardins dont il sera parlé si souvent dans les lettres qui vont suivre, il faut
savoir que le couvent des Dominicains était, d'un côté, mitoyen du collège, et de l'autre, de la Visitation. Celle-ci
demandait aux Frères Prêcheurs de lui céder un morceau de leur terrain; en compensation, ils auraient reçu une pièce
du jardin des Barnabites, et la Ville, en retour d'un dédommagement offert par les Religieuses, consentait à faire à ces
derniers la concession d'une place qui lui appartenait.
730 Cet accommodement ayant soulevé bien des difficultés, l'affaire traîna sans pouvoir être conclue, jusqu'au 5 janvier
1618. A cette date, les Barnabites semblent disposés à céder la pièce de leur jardin aux Dominicains, mais ceux-ci ne
voulurent jamais consentir à l'échange. Il y eut jusqu'à trois procès avec la Visitation, lesquels se terminèrent par une
transaction, passée le 15 septembre 1618. (Archiv. communales d'Annecy, Série GG, Acta Capituli Collegii Cler. Reg.
Sti Pauli; Archiv. de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents.)
731 Le duc de Nemours.
732 Les Administrateurs du collège nommés au contrat du 5 juillet 1614 (cf. ci-dessus, note (611), p. 189) sont:
Révérend François de Lornay, doyen de Notre-Dame; Frère Bernardin de Charpenne, prieur de Saint-Dominique;
Antoine de Boëge, seigneur de Conflans, Jean-Baptiste Garbillon et Aimé Ourlet, syndics d'Annecy. François de
Gruet, seigneur de la Poeppe, le deuxième syndic élu le 1er mai précédent, ne parait pas avoir exercé la charge.
733 Secrétaire de Henri de Nemours (voir plus haut, note (329), p. 100).
734 Le contrat de cession du collège d'Annecy aux PP. Barnabites avait été passé le 5 juillet 1614 (voir ci-dessus, note
(611), p. 189), mais il fallut presque trois mois pour terminer les difficultés qui s'opposèrent à leur entrée dans les
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17.5 Page 165

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tesmoigner qu'il desire ce commun accommodement, il y a de l'apparence que la chose reusciroit,
pourveu que le tesmoignage de son desir fust un peu bien exprimé. Ce que Sa Grandeur fera
facilement, puisqu'elle peut prier lesditz Barnabites de voir avec messieurs de son Conseil735 si
cela se pourra bonnement faire, et que s'il se peut sans grande incommodité, il desire fort
affectionnement que cela se fasse et qu'il les en prie736. [228]
Il reste que je vous supplie d'en parler a Monsieur, ce que je feray presentement, sans
attendre davantage que les Peres Barnabites montent si haut pour parler a Sa Grandeur; et il sera a
propos qu'elle fasse ce bon office en cette occasion. Je serois allé moy mesme l'en supplier; mais
je n'ay pas creu que cela fust bien, puisque je me fusse rendu soupçonné, et peut estre devray je en
venir en cette bonne affaire comme mediateur avec messieurs du Conseil.
Excusés moy, j'espere, cette confiance, Monsieur; c'est en qualité de
Vostre tres humble et affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
[Monsieur] de Forax,
Gentilhomme de la Chambre
de Monsieur le Duc de Nemours.
bâtiments, pour restaurer ceux-ci et les pourvoir du mobilier nécessaire. Le 6 octobre suivant, ratification est faite
devant le Conseil de Ville du contrat précédent, et ce même jour, D. Simplicien Fregoso et D. Juste Guérin
commencent à cohabiter dans le collège. (Archiv. communales d'Annecy, Série GG, Acta Collegii.) Dès lors, la Ville
étant dépouillée de l'immeuble Chappuisien, les Barnabites avaient qualité pour intervenir dans l'affaire des jardins.
C'est ce qui explique l'allusion du Saint.
735 Les membres du Conseil de Genevois (cf. tome XIV, note (854), p. 302, et tome XV, note (130), p. 35). Le
président, en 1614, était Charles-Emmanuel du Coudrey (voir tome XV, note (68), p. 12); collatéraux ou assesseurs,
Barthélemy Floccard et Claude de Quoex; avocat-fiscal, Henri Ouvrier (cf. tome XIV, note (983), p. 340). Nous
ignorons quel était alors le procureur patrimonial.
736 Le Saint espérait beaucoup du bon vouloir du prince de Nemours i l'égard de la Visitation, et ce n'était pas sans en
avoir vu déjà les effets. (Cf. le tome précédent, p. 328.) Par lettres patentes du 20 août de cette même année, le Duc
avait accordé à la Communauté la permission de bâtir le long du canal du Thiou, avec injonction à ses «officiers
d'avoir l'œil et tenir main que ci apres, au tour des edifices de ces devotes Religieuses,» personne ne leur puisse causer
mécontentement ou préjudice. (Hist. de la Fondation du 1er Monastère d'Annecy.)
M. de Foras ne tarda pas à faire la démarche que lui demandait François de Sales par ces lignes. Le 4 octobre
il se présenta devant les Administrateurs du collège, réunis avec les Barnabites, pour leur déclarer la volonté de son
maître qui donnait satisfaction aux désirs du Bienheureux. Mais les Pères subordonnèrent leur réponse à celle de leur
Général; les syndics eux-mêmes et le Conseil de Ville ne se rendirent pas et supplièrent «les Dames poursuivantes a
se desister de la poursuite.» (Reg. des Délib. municip., 6 octobre 1614.)
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M. A M. Pierre-François Jay, Curé de Bonneville737. Un futur
assistant du Saint aux Offices de la cathédrale.
Annecy, 3 octobre 1614.
Monsieur,
Nous vous attendions icy, des avanthier, pour achever le projet que vous avies fait de venir
estre l'un de nos [229] assistans en l'eglise cathedrale, puisqu'en (sic) nous avons treuvé une
consideration de juste poids pour dispenser, pour vostre particulier, sur la regle du concours738,
pour la conservation de laquelle j'ay, jusques a present, fait de la difficulté en cett'affaire. Venes
donq, attendu que vous estes de
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
2 octobre 1614.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Vuÿ, à Carouge (Genève). [230]
737 L'Autographe ne porte point d'adresse, mais la note (738) de la page suivante ne laisse aucun doute sur le
destinataire. Pierre-François Jay, fils de Claude Jay, notaire, et d'Aimée de Syndic, naquit à Cluses en Faucigny, vers
390. Minoré et sous-diacre le 22 décembre 1607, il reçoit à Rumiliy le diaconat le 1er mars 1608, et la prêtrise le 22.
Successivement curé de Bastydiot (Bois-d'Hyot, Côte-d'Hyot) et de Bonneville son annexe, 17 février 1609; de
Scionzier, 4 novembre 1615; de Pontchy, 11 février 1626; du Petit-Bornand et d'Ayze (18 février 1637-20 novembre
1645), M. Jay était encore titulaire de cette dernière paroisse en 1659. Déjà chanoine théologal de Saint-Pierre de
Genève en 1628, il fut nommé vicaire capitulaire (27 juin 1635) après le décès de Mgr Jean-François, frère du Saint,
et devint ensuite vicaire général et official de ses trois successeurs, D. Juste Guérin, Charles-Auguste de Sales et Mgr
d'Arenthon. (R. E.) Le Pourpris historique1, p. 254, le qualifie de «tres-docte et tres-vertueux... docteur en Theologie
et en Droit, Archidiacre et en fin Chantre de l'eglise cathedrale...; mais, plus que tout cela... franc et syncere s'il en fut
jamais, predicateur, orateur, historien, poète... tres-êstimé et tres-aymé de tous ses Evêques, mais particulierement du
Bienheureux François.» On peut voir dans la Vie du Saint par Charles-Auguste (liv. X, éd. 1634, p. 594; Vivès, tome
II, p. 277), l'épitaphe latine composée par M. Jay à la louange du grand Evêque de Genève. Le digne ecclésiastique
décéda au mois de mai 1669.
1 Le Pourpris historique de la Maison de Sales..., par Charles Auguste de Sales, Evêque et Prince de Genève, Annessy,
Jacques Clerc, MDCLIX.
738 Le 6 septembre 1615, saint François de Sales écrit au sujet de la présentation du destinataire pour la cure de
Scionzier: «Je sçai quil arrivera aussi quelque difficulté sur la reception de M. Jay au concours, dautant que la rayson
pour laquelle nous jugeasmes de le pouvoir excepter sans consequence de la regle des resignans leurs cures semble
manquer de fondement,» etc. En effet, le candidat avait résigné, le 31 décembre 1614, la cure de Bonneville (R. E.):
du rapport qui existe entre ces deux faits et le texte de la présente lettre, on peut déduire avec certitude l'adresse de
celle-ci.
Rd Pierre-François Jay répondit à l'invitation de son Evêque: chanoine depuis 1615, il eut souvent l'honneur
de l'assister en qualité de diacre lorsqu'il officiait pontificalement. (D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn.
(I), ad art. 33, 35.)
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MI. A La Mère de Chantal. Une visite des Pères Barnabites
annoncée à la Mère de Chantal.
Annecy, vers le 6 octobre 1614739.
Ma Mere,
Le Pere Superieur740 et le P. Don Chrisostome741 vont pour voir la situation de vostre
mayson et en prendre [231] les mesures, affin de bien instruire le P. General742 de la necessité que
vous avés du jardin des Peres de Saint Dominique743. Ilz entreront donq, et je suis d'advis que vous
les facies monter vers vous, affin de leur parler, et puis vous les feres accompagner. En somme,
ilz sont de la mayson.
Revu sur un fac-simile de l'Autographe, conservé à la Visitation d'Annecy.
739 Ce billet a dû suivre de très près la démarche faite le 4 octobre par M. de Foras, au nom du duc de Nemours, auprès
des Administrateurs du collège Chappuisien et des Barnabites. (Voir ci-dessus, note (736), p. 228.) La réponse
dilatoire de ceux-ci explique la visite qu'annoncent ces lignes et confirme la date indiquée.
740 D. Simplicien Fregoso, issu d'une des plus nobles familles de Milan, entra de bonne heure chez les Clercs réguliers
de Saint-Paul. Le P. Général des Barnabites le désigna avec D. Juste Guérin pour prendre possession en son nom du
collège d'Annecy. Après un combat d'humilité qui dura deux mois, pour savoir qui serait supérieur de la maison, la
charge fut donnée au P. Simplicien. Sa distinction native, son savoir et ses vertus lui concilièrent bientôt le respect
des écoliers et l'estime des Annéciens. Quand les classes s'ouvrirent (2 novembre), il fit sa première leçon publique
sur la logique d'Aristote, et le 1er décembre, devant une belle assemblée, il commença, dans la salle des nobles,
l'explication du Traité des Sacrements. Sous l'impulsion de François de Sales, il ouvrait, le 7 février 1616, une nouvelle
école populaire dans l'église du Puits Saint-Jean. En 1617, le P. Jean-Baptiste de Gennari lui succeda comme supérieur,
et dès lors, D. Simplicien remplit les diverses fonctions de bibliothécaire, préfet des classes, etc. Il n'était âgé que de
trente-huit ans, lorsque la mort le ravit à l'affection et à l'estime générales (24 janvier 1618). Une âme si noble et d'une
si délicate générosité avait tout de suite pris le cœur du saint Evêque; sa perte l'affligea comme un deuil personnel.
(D'après les Acta Collegii, et Arpaud, Vie de Mgr D. Juste Guérin, 1837, liv. I, chap. XI.)
741 Sans doute D. Chrysostôme Marliano, né dans le diocèse de Milan et reçu chez les Barnabites le 13 novembre
1603. Après avoir gouverné le collège de Thonon de 1623 à 1628, il est agrégé, le 24 septembre de cette dernière
année, à celui d'Annecy, où il exerçe les fonctions de vicaire, de préfet des études et des cas de conscience. Ce
Religieux se révéla surtout comme prédicateur, et fut l'orateur des jours de fête à la Visitation, depuis la Saint-André
1628 jusqu'au 2 février 1629. Quand la peste sévit dans la ville d'Annecy, il se distingua par la ferveur de son zèle
auprès des malades. En 1636, déjà provincial de la province de Piémont, D. Chrysostôme vient de Paris, le 13 juin,
pour visiter les collèges de Savoie, et de même encore le 28 mars 1638. Il mourut à Paris le 31 mars 1642. (D'après
les Acta Collegii.)
742 D. Jean-Ambroise Mazenta (voir ci-dessus, note (613), p. 190).
743 Cf. ibid., notes (729), (730), p. 227.
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MII. A la même. Reprise d'un travail interrompu à regret. Un
concours, et «l'eschange des jardins» à acheminer.
Annecy, [7] octobre 1614744.
Que dites vous, ma tres chere Mere, la Messe du P. Don Simplician745 vous sera-elle
suffisante? Si cela n'est, je m'y en vay.
Or, je suis sur le livre746 que j'ay tant laissé ces jours passés, et apres disné nous avons un
concours747, apres lequel je verray d'acheminer l'eschange des jardins. Hier nous ne fismes rien, la
partie estant remise a jeudy.
Bon jour, ma tres chere Mere, a laquelle je souhaitte mille benedictions. [232]
744 Le 6 octobre, le Conseil de Ville avait résolu de prier les Religieuses de la Visitation de «se desister» de leurs
poursuites touchant «l'eschange des jardins» mentionné dans ces lignes. Celles-ci n'auraient-elles pas été écrites le
lendemain, et «la partie» renvoyée au jeudi, 9? (Cf. le billet précédent, et note (736), p. 228.)
745 D. Simplicien Fregoso, Barnabite (voir note (740) de la page précédente).
746 Le Traitté de l'Amour de Dieu, que le saint auteur devait terminer dans les premiers jours de novembre. (Voir ci-
après, lettre du 7 à de la Fléchère.)
747 Il n'a pas été possible d'en connaître l'objet ni, par conséquent, la date, qui aurait déterminé d'une manière certaine
celle du présent billet.
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MIII. A MM. les Proviseurs du College de Savoie a Louvain748.
L'introduction des Barnabites au collège d'Annecy laisse
subsister l'alliance avec le collège de Savoie à Louvain. Les
Proviseurs sont priés d'agréer ce qui a été fait et de correspondre
au désir du Saint.
Annecy, 15 octobre 1614,
Messieurs,
Sur l'expres commandement de Son Altesse Serenissime749, de Monseigneur le Prince
Cardinal750 et de Monseigneur le Duc de Nemours, seigneur de ce pais de [233] Genevois751
messieurs les Administrateurs de ce college d'Annessi752 ont remis ledit college a la direction et
conduitte des Peres de la Congregation de Saint Paul753, gens de grand zele et doctrine. En quoy,
toutefois, ni eux, ni moy, qui ay eu la charge d'en faire les propositions754, n'avons rien eu en plus
grande consideration que de faire les traittés de sorte que l'alliance et correspondance qui est et
doit estre entre le college de Savoye Chappuysien de dela et celuy de deça755, fut saintement et
religieusement conservee en tout ce qui en depend; qui nous fait croire que non seulement vous
aggreeres, mais que vous loüeres ce qui a esté fait et en favoriseres davantage ce college, puisque
Dieu y sera mieux servi et la jeunesse mieux instruite.
Et neanmoins, affin que vous nous facies ce bien que de nous conserver vostre douce et
desirable bienveuillance, je vous supplie de la nous despartir en cett'occasion, appreuvant nos
748 Le 13 novembre 1614, les Proviseurs du collège de Louvain, Guillaume Fabricius, Corneille Sylvius, Gérard
Corselius, écrivent aux Administrateurs du collège d'Annecy. Voir cette lettre à l'Appendice II.
Guillaume Fabricius, dit Schmidt, originaire de Nimègue, docteur en théologie en 1594, président du collège
Craendonck en 1598, du petit collège le 30 novembre 1603, et du grand collège de théologie de Louvain le 27 mai
1611. Doyen du Chapitre de Saint-Pierre le 13 août 1625, il mourut âgé de soixante-quinze ans, le 7 mars 1628, en
laissant ses biens au grand collège, pour des fondations de bourses.
Cornelius Sylvius, dit Bosman, né à Louvain de Pétronille Trévire et de Conrad Sylvius, notaire de
l'Université, mort le 27 avril 1620. Il était docteur in utroque jure et professeur; avocat-fiscal le 17 juillet 1594, il avait
été nommé dictateur le 31 août 1617.
Gérard de Courselle, Coursele ou Corseille, plus connu sous le nom de Corselius, naquit à Liège le 10 juin
1568 et mourut à Bruxelles le 22 septembre 1636. Ses parents, Pierre-Chrétien et Marie Weyms, prirent grand soin de
cultiver son esprit. Après de très brillantes études littéraires et juridiques, il fut promu au doctorat en 1594 et la même
année aux Ordres sacrés. Chargé de la chaire royale des Institutes du droit Romain en 1596, son savoir le fit entrer au
grand Conseil de Malines. Les archiducs de Flandre, Albert et Isabelle, le nommèrent deux ans plus tard membre de
leur Conseil privé, et en 1630, prévôt de Harlebeeke. De 1594 à 1616, il fut élu neuf fois chef de l'Université. Ses
rares qualités lui acquirent dans le monde savant et à la cour l'estime générale. Il n'eut que des admirateurs et des amis,
et malgré sa supériorité, disent ses biographes, il ne rencontra point de jaloux. (D'après Reusens, Documents relatifs
à l'histoire de l'Université de Louvain, 1425-1797, et les Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la
Belgique, Louvain, 1881, 1882, tomes XVII, XVIII. Sur le collège de Savoie à Louvain, voir aussi notre tome XIV,
note (825), p. 291.)
749 Voir à l'Appendice I, II, les lettres du duc de Savoie, 25 juin 1614, et cf. ci-dessus, note (611), p. 189.
750 Voir ibid., les lettres du Cardinal Maurice, 25 juin et 20 septembre 1614.
751 Cf. ci-dessus, note (611), p. 189.
752 Voir ibid., note (732), p. 228.
753 Ibid., notes (449), p. 145, (611), p. 189.
754 Cf. ci-dessus, note (450), p. 146.
755 Cette alliance entre les deux collèges, très caractéristique par les conditions qu'elle faisait à celui d'Annecy, mettait
ce dernier sous le contrôle de celui de Louvain: mais la dépendance, dans la pensée du fondateur, devait être mutuelle.
«Telle est,» dit un rapport de 1589, «entre les collèges d'Annecy et de Louvain, l'alliance et communauté de biens
voulue par le fondateur, que si l'un venait à être détruit par quelque grave malheur, ou à subir quelque désastre, l'autre,
comme un véritable compagnon, issu d'un même père, devra, de toutes ses forces, porter secours à son frère
malheureux, de sorte que, pas même à Annecy, rien ne puisse être changé sans le consentement des Proviseurs de
Louvain.» (Analectes, etc., citées note (748), pag. précéd.)
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bonnes intentions, lesquelles sans doute nous vous eussions communiquees avant que d'en venir
aux effectz, si le desir pressant de ces Princes nous en eust donné le loysir756. Vostre prudence et
charité vous [234] conduiront a ce bien, et le respect que nous vous devons nous rendront (sic) de
plus en plus desireux de nous maintenir en la societé et bonn'intelligence que la bonne memoyre
de feu monsieur Chapuis757 a voulu estre entre nous.
Et pour mon particulier, je prieray Nostre Seigneur quil vous comble de ses plus cheres
benedictions, demeurant de tout mon cœur,
Messieurs,
Tres humble, tres affectionné serviteur en Dieu,
FRANÇS, E. de Geneve.
XV octobre 1614, Anessi.
A Messieurs
Messieurs les Proviseurs du College de Savoye.
A Louvain.
MIV. A Madame des Gouffiers, Religieuse du Paraclet. Dieu
guide les âmes qui remplissent avec humilité quelque mission de
sa Providence. Le vrai esprit de la Visitation, et comment elle
doit considérer les autres genres de vie. Pourquoi Dieu l'a
créée. C'est sa «plus grande gloire qu'il y ayt une
Congrégation de la Visitation au monde.» Humilité du
Fondateur ; son affection pour les Ursulines.
Annecy, 15 octobre 1614758.
Si la Providence divine vous employe, ma tres chere Fille, vous deves vous humilier
grandement et vous [235] res-jouir, mais en cette Bonté souveraine, laquelle, comme vous sçaves,
vous a asses fait connoistre qu'il vous vouloit vile et abjecte a vos propres yeux, par les
consolations qu'il vous a donné es essays que vous aves faitz de vous avilir et abbaisser. Non
certes, ma chere Fille, je ne seray point en peyne de vostre conduitte si vous marches sur ce chemin
la, car Dieu sera vostre guide, et puis vous ne manqueres pas de personnes qui vous donneront
conseil pour cela.
Selon vostre desir, j'escris au P. Grangier759, que je vous prie encor de saluer fort
affectionnement de ma part et l'asseurer de mon humble service pour luy. Vous faites extremement
756 Les Proviseurs de Louvain ne refusèrent pas la ratification du contrat du 5 juillet 1614, mais ils attendirent de
nouveaux renseignements qui, malheureusement, ne vinrent pas, soit oubli, soit négligence de la part des
Administrateurs d'Annecy. Jusqu'en 1622, tout marcha bien; mais alors, des méchants et des jaloux écrivirent en
Belgique, et firent tant, que Louvain refusa de continuer à admettre les boursiers de Savoie avant que le collège fût
remis sur son pied primitif. Annecy eut beau protester; après quarante ans entiers de débats, il fut obligé de céder, et
par l'acte du 13 juin 1662, celui du 5 juillet 1614 fut résilié. Les Barnabites n'administrèrent plus qu'au nom et sous le
contrôle de la Ville et des Administrateurs chappuisiens; entraves qui, au reste, n'empêchèrent pas la prospérité de
l'établissement. (D'après Mercier, Souv. hist. d'Annecy, 1878, chap. XVIII.)
757 Eustache Chappuis, fondateur des deux collèges. (Voir tome XIV, note (825), p. 291.)
758 Le commencement de cette lettre a été tronqué; le texte ne présente pas une absolue garantie d'intégrité, mais s'il
est composé de fragments de dates différentes, ceux-ci sont de la même époque. (Voir tome XIV, note (67), p. 14.)
759 Pierre Grangier, S. J. (voir plus haut, note (111), p. 25).
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bien de tesmoigner une tres absolue indifference760, car aussi est ce le vray esprit de nostre pauvre
Visitation, de se tenir fort abjecte et petite, et de ne rien s'estimer sinon entant qu'il plaira a Dieu
de voir son abjection; et partant, que toutes les autres formes de vivre en Dieu luy soyent en estime
et en honneur, et, comme je vous ay dit, qu'elle se tienne entre les Congregations comme les
violettes entre les fleurs, basse, petite, de couleur moins esclattante, et luy suffise que Dieu l'a
creee pour son service et affin qu'elle donnast un peu de bonne odeur en l'Eglise. Si que, tout ce
qui est le plus a la gloire de Dieu doit estre suivi et aymé et poursuivi: c'est la regle de tous les
vrays serviteurs du Ciel.
C'est sans doute la plus grande gloire de Dieu qu'il y ayt une Congregation de la Visitation
au monde, car elle est utile a quelques particuliers effectz qui luy sont propres; c'est pourquoy, ma
tres chere Fille, nous la devons aymer. Mais s'il se treuve des personnes plus relevees [236] qui
ayent aussi des pretentions plus grandes, nous devons les servir et reverer tres cordialement, quand
l'occasion s'en presentera. J'attendray donques de vos nouvelles plus particulieres sur le service
que vous pourres rendre a cette nouvelle plante761, laquelle, si Dieu veut estre une plante de la
Visitation et une seconde Visitation, sa Bonté en soit a jamais glorifiee.
Je suis bien ayse que vous logies aux Urselines762: c'est une des Congregations que mon
esprit ayme. Resalués les de ma part et les asseurés de mon affection a leur service en tout ce que
je pourray, qui ne sera pourtant jamais rien a cause de ce que je suis.
Tenés bon, ma tres chere Fille, dans l'enclos de nos sacrees resolutions; elles garderont
vostre cœur si vostre cœur les garde, avec l'humilité, la simplicité et la confiance en Dieu.
Vostre plus humble et affectionné frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 15 octobre 1614. [237]
760 Mme des Gouffiers venait de reprendre le projet de l'établissement d'un monastère de la Visitation À Lyon (voir ci-
dessus, note (727), p. 225); le saint Directeur l'encourage à se tenir dans l'indifférence par rapport au succès de son
entreprise.
Un aperçu de l'Histoire de cette Fondation est nécessaire à l'intelligence du texte, mais, dispersé et fragmenté
en de multiples notes données au cours des Lettres du Saint, cet exposé demeurerait forcément obscur. On le trouvera
tout au long à l'Appendice III; c'est à cette notice que nous renverrons le lecteur chaque fois qu'il en sera besoin.
761 La nouvelle Maison religieuse projetée à Lyon. (Voir Appendice III, et ci-après, Lettre MVII.)
762 Sur le conseil des Pères Jésuites de Lyon, Jean Ranquet, riche marchand lyonnais, voulut fonder un établissement
d'Ursulines, et profiter du passage de la Mère Françoise de Bermond, déjà célèbre pour les fondations de monastères
de sa Congrégation qu'elle avait faites dans le Midi de la Francis. Au mois de septembre 1610, la «bonne Provençale,»
comme on l'appelait, revenait de Paris où, pendant plus de deux ans, elle avait formé à la vie religieuse les filles de
Mme de Sainte-Beuve. Au moment de s'embarquer sur le Rhône pour retourner à Aix, l'illustre Ursuline se laissa
persuader par Jean Ranquet et M. Faure son ami. Le premier céda d'abord sa maison, puis offrit, de ses deniers, deux
autres immeubles dans la rue de la Vieille-Monnaie; l'acte de vente est du 21 septembre 1612. Les mépris, la pauvreté
des premiers temps révélèrent bientôt la haute vertu des saintes institutrices. Louis XIII, dès le mois de décembre
1611, avait donné des patentes pour les couvents à fonder à Paris, Lyon, etc.; Mgr de Marquemont approuva
l'établissement par lettres du 22 mars 1616, et le 30 avril 1619, le Prélat, alors à Rome, recevait une Bulle de la même
date qui érigeait la Maison de Lyon en monastère. Dispersée en 1792, elle fut relevée après 1806; les Ursulines
s'établirent définitivement en 1826 sur le coteau de Saint-Irénée, d'où, par suite des dernières lois, elle se sont retirées
à la Superga (Turin). D'après la Vie de la Rde M. Françoise de Bermond, Paris-Lyon, 1896.)
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MV. A la même (Inédite). Succès des négociations entreprises
pour l'obtention d'une dispense en Cour de Rome. Le P. de
Villars à Lyon. Prudence recommandée à la destinataire.
Messages divers.
Annecy, 26 octobre 1614.
Voyci une lettre d'attente, ma tres chere Fille, car ayant receu la vostre grande, il faudra
bien aussi faire une grande responce. Ce sera, Dieu aydant, dans peu de jours763, par le bon M. le
contrerolleur Vulliat764, lequel nous est demeuré de reste au partir de Monseigneur de Nemours765
et qui praetend, pourtant, d'aller tost a Lion mesme. Et maintenant, c'est par M. de Foras766, qui
me promet de faire seurement tenir la lettre, que j'employe pour vous annoncer la venue de vostre
despeche de Romme767, mais despeche si bien faite, que si nous l'avions faite nous mesme nous
ne l'aurions pas faite autrement. Je vous en envoyeray une copie, avec une lettre de Monseigneur
le Cardinal Bandini, qui vous escrit si courtoysement que l'on ne pourroit rien desirer de plus768.
[238]
Le bon M. de Sainte Catherine769 m'escrit quil a un peu despensé gros, mais je ne sçai pas
que c'est: si je puis, je l'apprendray pour vous en tenir avertie. Monseigneur le Nonce de France770
est deputé, et le lieu pour estre ouïe sera nostre pauvre chere Visitation; si que il y a toute sorte
d'apparence que Monseigneur le Nonce me commettra, et que vous aures le commissaire le plus
vostre et qui vous souhaite le plus de sainte consolation qui soit et puisse estre au monde. Au reste,
il ne se peut dire quelle joye nostre Mere771 en a, et de sçavoir le bon P. de Vilars a Lion772, dequoy
je suis aussi fort consolé. Et pleut a Dieu que je peusse le loger en nostre chaire ce Caresme; mais
il y a des-ja quelques moys que le P. Prieur de Saint Dominique est prié, et je n'oserois y bouger
chose du monde773.
……………………………………………………………………………………………………...
763 Vide infra, Epist. MVII.
764 Mamert Vulliat (voir le tome précédent, note (811), p. 285, et ci-dessus, note (605), p. 188).
765 Le prince était encore à Annecy le 6 octobre. Il quitta cette ville à une date que nous n'avons rencontrée nulle part;
le 19 novembre, on le trouve à Saint-Rambert.
766 Guillaume de Bernard de Foras (voir ci-dessus, note (728), p. 226).
767 La suite du texte prouve que cette «despeche» avait pour but de désigner le juge ecclésiastique devant lequel devait
comparaître Mme des Gouffiers. (Cf. ci-dessus, pp. 151-153, et note (599), p. 187.)
768 Le Cardinal Octave Bandini (1558-1629), dont nous donnerons la notice quand il sera destinataire, disait dans sa
réponse à Mme des Gouffiers: «Vous serez bienheureuse si vous pouvez devenir la fille de Monseigneur de Geneve et
de cette perle des dames, la Mere de Chantal.» (Procès de Béatif. de la Sainte, dépos. de la Sœur Fse-Madeleine de
Charmette, interrog. 34, art. 1.) En qualité de membre de la Congrégation des Evèques et Réguliers, le Cardinal fut
chargé sans doute de l'affaire de la Religieuse du Paraclet.
769 Philippe de Quoex (cf. les Lettres CMLVII, p. 147, et CMLXXVII, p. 187).
770 Mgr Robert Ubaldini (voir tome XIV, note (611), p. 208).
771 La Mère de Chantal.
772 Le P. Jean de Villars, S. J., qui avait été le confesseur de la baronne de Chantal à Dijon. (Voir tome XII, note (857),
p. 343.)
773 Le P. Bernardin de Charpenne, originaire de Nantes, prieur du couvent de Saint-Dominique d'Annecy, gouverna
cette Maison à partir de 1613, après avoir séjourné plusieurs années en France. Quand il fut question d'installer au
collège Chappuisien les Pères Barnabites, il s'opposa avec ténacité à ce projet; pour le déjouer, il écrivit, le 23 avril
1614, un habile plaidoyer au R. P. Achato, très accrédité à la cour de Turin, par ses fonctions de confesseur des princes.
Nous verrons dans la suite que les Filles de saint François de Sales ne purent jamais entrer en accommodement avec
lui. Il fut prieur des Dominicains de Chambéry de 1630 à 1633. Le 15 juillet 1624, le P. de Charpenne, encore à
Annecy, signait l'approbation pour la Vie du Bienheureux par le P. de la Rivière; plus tard, il ne fit pas difficulté de
se porter garant de la sainteté de l'Evèque de Genève. Celui-ci, toujours incliné à ne témoigner que des prévenances à
ceux qui contrecarraient ses desseins, avait ses raisons de ne rien faire qui pût porter ombre au bon Prieur de Saint-
Dominique.
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18.3 Page 173

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774Fille, de vous tenir dans l'enclos des advis que je vous donnay; ilz sont salutaires en tous
tems, mays en l'occurrence en laquelle vous estes, ilz sont necessaires. Dieu vous tiendra tous-
jours de sa main droite, ma tres chere Fille, et vous marcheres saintement et asseurement. Ainsi
j'invoque sur vostre cœur sa toute puissante [239] Bonté, affin qu'elle le remplisse de son tressaint
amour. Amen.
Salues, je vous supplie, cherement de ma part le P. Grangier775 et le P. de Vilars, que
j'honnore tous deux de toutes mes affections, comm'aussi le bon P. Philippe776, en la bienveuillance
duquel vous estes obligee de me conserver, puisque c'est par vostre entremise que j'y suis entré. Je
salue ces bonnes Dames Urselines, vos hostesses777 et mes cheres Seurs, et encor ces Dames de la
Presentation, Mmes d'Auxerre778, [240] Colin779 et Belet780. Vives toute a Dieu, pour qui je suis tout
parfaittement vostre, ma tres chere Fille, ma Seur tres cherement bienaymee.
XXVI octobre 1614.
Mays n'oublies pas madame Vulliat; c'est une fille nouvelle que j'en ayme un peu
tendrement781.
A Madame
Madame de Gouffier.
Aux Urselines.
A Lion.
774 Le haut de l'Autographe ayant été coupé, la première ligne du verso a disparu par suite de cette mutilation.
775 Le P. Pierre Grangier, S. J. (cf. la lettre précédente).
776 Sous ce nom, le Saint désigne D. Philippe Malabaila, né à Asti, dans le Piémont, et entré chez les Feuillants de
Pignerol à l'âge de dix-huit ans, où il reçut le nom de Philippe de Saint Jean-Baptiste. Secrétaire et interprète pendant
plusieurs années du Cardinal Barberini, Nonce à Paris, qui fut plus tard le Pape Urbain VIII, le Religieux devint en
1650, Général des Feuillants italiens, l'Ordre ayant été divisé alors en deux Congrégations, de France et d'Italie. C'est
lui qui se trouva au chevet de saint François de Sales à ses derniers moments; il l'assista avec une grande piété, lui
ferma les yeux et, ajoute Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. X), «les luy arrousa de ses larmes.» Le 2 février 1623,
il prononça une oraison funèbre à la Visitation de Lyon, puis une autre au monastère d'Annecy, publiée en italien à
Turin la même année. D. Malabaila avait soixante-dix-neuf ans lorsqu'il mourut le 11 octobre 1656. Il a laissé plusieurs
ouvrages. (Cf. Morotius, Pars II et III.)
777 Vide supra, p. 237.
778 Marie-Renée Trunel, issue de la très ancienne famille des Papons, naquit dans la province du Forez. Orpheline de
bonne heure, la riche héritière épousa le fils unique du premier président de Toulouse, Jean d'Auxerre, lieutenant-
général au bailliage de Forez. A vingt-deux ans, Mme d'Auxerre demeurait veuve et perdait bientôt l'un de ses deux
fils. Dès lors, elle s'empressa de régler sa vie pour la soumettre entièrement an bon plaisir de Dieu; vingt années se
passèrent dans l'exercice de la prière et de la charité. En 1613, la Providence lui ayant ménagé la connaissance de
l'Institut de la Visitation (voir plus haut, note (82), p. 15), elle y trouva «les fleurs du Tabord et les épines du Calvaire,»
avec le genre de vie qu'elle avait désiré sans le connaître et cherché jusqu'alors sans le rencontrer. Ce ne fut pas trop
de l'assistance de son directeur, le P. Grangier, pour la soutenir dans sa vocation, d'abord violemment traversée par
son fils, et rendue ensuite comme impossible par l'établissement de la Présentation. (Voir Appendice III.) Le 3 février
1615, elle prenait enfin l'habit de la Visitation, après avoir remis à la Mère de Chantal les clefs de la maison, mais
«encore plus parfaitement son cœur et sa volonté.» (Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. IX.) Une
chute grave abrégea le pèlerinage de cette sainte âme. Elle mourut en octobre 1615, consolée d'avoir vu le premier
monastère de Sainte-Marie en France, toute joyeuse d'y avoir fait les vœux de Religion à ses derniers moments, laissant
aux Sœurs de beaux exemples d'une sincère humilité et d'un très grand respect pour la bienheureuse Mère de Chantal.
(Voir sa Vie, dans Les Vies de VIII venerables Veves, Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie, par la Mere
de Chaugy, Annessy, 1659.)
779 Née vers 1570, Elisabeth ou Isabeau Daniel fut mariée à Laurent Colin, enquêteur, commissaire et examinateur en
la ville de Lyon. Après son veuvage, elle se joignit à Mme d'Auxerre (voir ci-dessus, note (82), p. 15) pour mener
ensemble une vie de piété, et, en 1613, l'accompagna en Savoie. Son nom figure dans les lettres patentes données par
Louis XIII (septembre 1614) en faveur de la Congrégation fondée à Lyon (voir à l'Appendice III). Elle revint à Annecy
en 1615 chercher les fondatrices du deuxième Monastère de la Visitation, et une seconde fois en 1617; Mme Colin
avait quarante-sept ans lorsque, le 1er septembre 1617, elle reçut l'habit avec le nom de Jacqueline-Elisabeth. Professe
le 9 septembre de l'année suivante, elle décéda le 26 août 1656. (D'après le Livre du Chapitre du Ier Monastère de
Lyon transféré à Venise en 1801, etc.) En parlant de la Sœur Colin, la Mère de Chantal écrivait le 10 avril 1617: «Il
me semble que son cœur est en bon état et bien disposé pour servir Dieu.» (Lettres, Paris, Plon, 1877, vol. I, p. 189.)
780 Marie Bellet, dame Chaudon (voir plus haut, note (112), p. 25, et Appendice III).
781 Voir ci-dessus, note (606), p. 188.
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Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans.
MVI. A la Soeur de Chastel, Religieuse de la Visitation. La
nature et la grâce en la Sœur de Chastel. — Conduite à tenir
dans ce conflit. A quelles conditions Dieu chérit les âmes
tracassées.
Annecy, 28 octobre 1614.
Certes, ma tres chere Fille, vous me faites bien playsir de me nommer vostre Pere, car j'ay
en verité bien un cœur amoureusement paternel pour le vostre, lequel je [241] voy bien tous-jours
un petit foible en ces ordinaires legeres contradictions qui luy arrivent. Mais je ne laisse pas de
l'aymer, car encor quil luy semble quelquefois qu'il va perdre courage pour des petites paroles et
reprehensions qu'on luy fait, toutefois il ne l'a encor jamais perdu son courage, ce pauvre cœur;
car son Dieu l'a tenu de sa main forte et, selon sa misericorde, il n'a jamais abandonné sa miserable
creature. O ma tres chere Fille, il ne l'abandonnera jamais, car quoy que nous soyons troublee et
angoissee de ces impertinentes tentations de chagrin et de despit, si est-ce que jamais nous ne
voulons quitter Dieu, ni Nostre Dame, ni nostre Congregation qui est sienne, ni nos Regles qui
sont sa volonté.
Vous dites bien, en verité, ma pauvre chere Fille Peronne Marie: ce sont deux hommes, ou
deux femmes, que vous aves en vous782. L'une est une certaine Peronne, laquelle, comme fut jadis
saint Pierre son parrein, est un peu tendre, ressentante et depiteroit volontier avec chagrin, quand
on la touche; c'est cette Peronne qui est fille d'Eve et qui, par consequent, est de mauvaise humeur.
L'autre, c'est une certaine Peronne Marie qui a une tres bonne volonté d'estre toute a Dieu, et pour
estre toute a Dieu, d'estre toute simplement humble et humblement douce envers tous les
prochains; et c'est celle ci qui voudrait imiter saint Pierre, qui estoit si bon apres que Nostre
Seigneur l'eut converti; c'est cette Peronne Marie qui est fille de la glorieuse Vierge Marie et, par
consequent, de bonn'affection. Et ces deux filles de ces diverses meres se battent, et celle qui ne
vaut rien est si mauvaise, que quelquefois la bonne a bien a faire a s'en defendre, et lhors, il est
advis a cette pauvre bonne qu'elle a esté vaincue et que la mauvaise est plus brave. Mais, non
certes, ma pauvre chere Peronne Marie, cette mauvaise la n'est pas plus brave que vous, mais ell'est
plus afficheuse, perverse, surprenante et opiniastre; et quand vous alles pleurer, ell'est bien ayse,
par ce que c'est tous-jours autant de tems perdu, et elle se contente de vous faire perdre le tems
quand elle ne vous peut pas faire perdre l'eternité. [242]
Ma chere Fille, releves fort vostre courage, armes vous de la patience que nous devons
avoir avec nous mesme. Reveilles souvent vostre cœur affin quil soit un peu sur ses gardes a ne se
laisser pas surprendre; soyes un peu attentive a cet ennemi; ou que vous mettres le pied, penses a
luy, si vous voules, car cette mauvaise fille est par tout avec vous, et si vous ne penses a elle, elle
pensera quelque chose contre vous. Mays quand il arrivera que de sursaut elle vous attaque, encor
qu'elle vous face un peu chanceler et prendre quelque petite entorse, ne vous fasches point, mais
reclames Nostre Seigneur et Nostre Dame: ilz vous tendront la sainte main de leur secours, et silz
vous laissent quelque tems en peine, ce sera pour vous faire de rechef reclamer et crier de plus fort
a l'ayde.
N'ayes point honte de tout ceci, ma chere Fille, non plus que saint Paul, qui confesse783 quil
avoit deux hommes en soy, dont l'un estoit rebelle a Dieu et l'autre obeissant. Soyes bien simple,
ne vous fasches point; humilies vous sans descoragement, encourages vous sans presomption.
782 Vide infra; cf. Gen., XXV, 22, 23.
783 Rom., VII, 15-23.
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Sachés que Nostre Seigneur et Nostre Dame vous ayant mis au tracas du mesnage, savent bien et
voyent que vous y estes tracassee784; mais ilz ne laissent pas de vous cherir, pourveu que vous
soyes humble et confiante. Mays, ma Fille, n'ayes donq point honte d'estre un peu barboullié (sic)
et poudreuse; il vaut mieux estre poudreuse que tigneuse, et pourveu que vous vous humiliies, tout
se tournera en bien.
Pries bien Dieu pour moy, ma chere Fille certes toute bien aymee, et qu'a jamais Dieu soit
vostre amour et protection. Amen.
Jour Saint Simon et Jude, 1614.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Rouen. [243]
MVII. A Madame des Gouffiers, Religieuse du Paraclet. Le
Saint donnera de bon cœur ses Filles pour la fondation de Lyon.
Pourquoi le genre de vie de la Visitation en facilite la
diffusion. Un trait de la Providence divine et le suffrage du
Patron de l'Eglise lyonnaise. Un des plus grands avantages
des Congrégations au XVIIe siècle. Déférence que méritent
les Carmélites. Messages et salutations.
Annecy, 30 octobre 1614785.
……………………………………………………………………………………………………...
Ouy da, ma tres chere Fille, nous donnerons de bon cœur de nos Seurs de la Visitation pour
augmenter la gloire de Dieu786. Mays, qui pourroit asses admirer non plus qu'asses loüer sa
Providence? Cette Bonté paternelle aura regardé de l'œil de son amour une quantité de filles et de
femmes qui, pour diverses raysons, demeuroyent entre les hazars des flotz de la mer mondaine, s'il
ne leur dressoit un port aysé auquel elles puissent surgir, nonobstant que leurs barques soyent un
peu foibles. La mediocrité de nostre Visitation est propre pour estre grandement estendue et
multipliee; les hautes et relevees Religions ne peuvent pas estre montees si aysement. [244]
Au reste, ma chere Fille, celuy qui a destourné787, ramene maintenant ses congregees a leur
premier dessein. Il m'escrit un trait de la Providence divine qui me plaist fort; car en la patente de
784 La Soeur de Chastel remplissait alors dans la Communauté les offices de dépensière et d'économe.
785 Le 26 octobre, saint François de Sales annonçait comme très prochaine, à la même destinataire, «une grande
responce.» (Voir ci-dessus, p. 238.) Elle nous est parvenue incomplète; le commencement et le milieu de la lettre
manquent. La seconde partie de notre texte est autographe (voir note (789) de la page suivante); la première est tirée
l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Lyon, par la Mère de Chaugy: on voit par son contenu que ce fragment
appartient à la «grande responce;» il est inédit, sauf les lignes 4-6 de la p. 245.
786 Mme d'Auxerre, après avoir confié à Mme des Gouffiers son regret «de s'être laissée divertir de sa première
résolution, la conjura d'écrire à notre Bienheureux Père pour le presser d'envoyer de nos Sœurs; ce que ce saint Prélat
accorda débonnairement, et fit réponse à madame des Gouffiers en ces termes; «Ouy da, ma tres chere Fille,» etc.
(Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Lyon, par la Mère de Chaugy; voir Appendice III.)
787 Sans aucun doute, il s'agit ici de Jean Lourdelot, prêtre du diocèse de Langres. Entré d'abord au noviciat des
Jacobins réformés de Dijon, il en sortit pour suivre la carrière ecclésiastique. Le 7 janvier 1617, étant déjà bénéficier
de Sainte-Croix de Lyon, il fut nommé curé de Saint-André de Châtillon et, en cette qualité, devint le prédécesseur de
saint Vincent de Paul; mais le 4 août suivant, il résigna sa cure. Dans l'intervalle (31 mars 1617), M. Lourdelot avait
reçu sa nomination comme chanoine de la Collégiale de Saint-Paul de Lyon. Toutefois, elle n'eut pas de suite, devant
l'opposition inflexible du Chapitre, objectant que les règlements interdisaient de lui agréger un ancien Religieux.
(Archives du Rhône, Reg. Prov., n° 8, fol. 256, 257, 279; Actes capitulaires de la Collégiale de Saint-Paul, 1612-
1622, n° 27, fol. 277, 278, 281.) Voir à l'Appendice III, le rôle joué parce personnage dans l'établissement de la
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permission que Leurs Majestés ont donnee pour l'erection de cette Mayson, on lanommoit «de la
Congregation de la Visitation,» comme si Nostre Seigneur se fust voulu declairer par la voix
royale788. Et le glorieux saint Jean Baptiste, Patron de l'Eglise lionnoise, aura donné son suffrage
a ce choix, comme ayant si bonne part au mystere de la Visitation, en laquelle il fut rendu serviteur
de son Maistre et filleul de la sacree Vierge.
……………………………………………………………………………………………………...
789Je retourne a l'affaire de dela790, et puisque je suis a parler, je ne me puis tenir de
m'estonner dequoy il semble qu'on se soit comme caché des Jesuites; car au contraire, entre les
biens des Congregations, au dessus des Religions, celuy la est de (sic) plus grans, que les
Congregations peuvent fort aysement avoir l'assistence [245] des Peres Jesuites, comme la
Congregation des Guastales, de Milan791, celle de Castillon792 et plusieurs autres d'Italie, qui
fleurissent en sainteté et perfection.
Quant a l'establissement des Carmelines, certes, il est desirable a Lion et en plusieurs lieux;
mais pour cela, je ne voudrois pas ruiner l'autre dessein, et seroit mieux en faysant l'un de ne laisser
pas l'autre. J'ay conneu la bonne Mlle de Breauté avant qu'elle fut Religieuse793; [246] c'est une ame
Congrégation de la Présentation, et les efforts qu'il fit ensuite pour ramener «ses congregees a leur premier dessein,»
auquel tout d'abord il n'avait mis que des entraves.
788 Saint François de Sales fait allusion au changement miraculeux du mot de Présentation en celui de Visitation dans
les lettres patentes de septembre 1614. Voir à l'Appendice III le texte des patentes, avec le récit détaillé de cette
merveille.
789 Ici commence la partie du texte autographe conservée à la Visitation de Vienne (Autriche); cf. note (785) de la
page précédente. Avant sa mutilation, la présente lettre devait occuper trois pages; les lignes suivantes tenaient sur la
troisième, et la quatrième portait l'adresse.
790 Celle de la Congrégation dont le Saint a parlé dans le premier fragment de cette lettre.
791 Le Collège de la Bienheureuse Vierge Marie, vulgairement appelé de la Guastalla, du nom d'un fief dont le prix
avait servi à le bâtir, fut érigé le 1er novembre 1557, à Milan, entre les portes Romana et Tosa. Pour y être admises,
les enfants devaient être nobles, sans fortune et âgées d'environ dix ans. La Maison était dirigée par une Prieure et des
gouvernantes, tenues par le vœu de chasteté et la promesse de finir leur vie au service du pensionnat. Un manteau
noir, un voile blanc, un anneau, pour costume, et, comme obligations de piété, la méditation du matin, la récitation
quotidienne en commun de l'Office de la Sainte Vierge, la sainte Communion les dimanches et fêtes.
Cette Congrégation eut pour fondatrice la comtesse de Guastalla, Ludovica Torella (1500-28 octobre 1569),
mariée à quinze ans au baron Ludovic Stanga, puis au comte Antoine Martinengo. Pour la seconde fois veuve, à vingt-
cinq ans, ramenée à la vie chrétienne par un saint Dominicain, le Père Baptiste Orefice, dirigée à Milan en 1530 par
le bienheureux Antoine-Marie Zaccaria, la noble comtesse résolut de se dévouer au salut des femmes pécheresses.
Dans ce but. elle entra dans la Congrégation de l'Eternelle Sagesse, et bientôt elle établit de ses deniers le monastère
de Saint-Paul Converti, dont les Religieuses furent appelées Angéliques. En 1553, c'est-à-dire dix-huit ans après cette
fondation, la Mère Paule-Marie c'était son nom de Religion quitta ses filles avec le consentement de l'autorité
ecclésiastique, parce que leur attrait pour une clôture plus étroite ne favorisait pas le sien qui la portait vers les oeuvres
de zèle. C'est alors qu'elle fonda le pensionnat de la Guastalla. Comme le remarque justement saint François de Sales,
cette Congrégation dut beaucoup à l'assistance des PP. Jésuites, desquels la fondatrice, au dire de son historien,
appréciait grandement la direction spirituelle. (D'après le P. Rosignoli, S. J., Vita et Virtù della Confessa di Guastalla,
Ludovica Torella, etc., Venezia, Baglioni, 1713.)
792 Le Saint veut sans doute parler d'une association de vierges, fondée par Dame Olympe de Gonzague et ses deux
sœurs, filles du marquis Rodolphe de Gonzague, frère de saint Louis. Elles se retirèrent du monde pour mener une vie
exemplaire, sous la direction du P. Cepari, le 21 juin 1608, et la même année Paul V assigna à cette Congrégation
saint Louis de Gonzague pour protecteur et patron. Ses trois nièces devinrent les fidèles imitatrices de ses vertus. (Voir
Acta Sanctorum, au mois de juin.)
793 Charlotte de Sancy, née à Paris le 8 mai 1579, de Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, et de Marie Moreau (voir
tome XII, note (92), p. 53), fut mariée en 1597 à Pierre, marquis de Bréauté. Celui-ci, assassiné a Bois-le-Duc le 5
février 1600, la laissait avec un fils de treize mois. La lecture des Œuvres de sainte Thérèse inspira à la jeune marquise
le goût de la vie ascétique; la conduite de M. Duval et la direction de Mme Acarie la mirent au chemin de la perfection.
Elle seconda sa sainte amie et confidente dans l'établissement des Carmélites en France. Après avoir introduit en leur
monastère de Paris les Mères espagnoles (18 octobre 1604), elle-même y reçut l'habit, avec le nom de Marie de Jésus,
le 8 décembre suivant, et fit sa profession le 24 décembre 1605. Huit ans sous-prieure et neuf ans prieure, la sainte
Carmélite passa les trente dernières années de sa vie dans l'exercice d'une humilité sincère, et mourut le 29 novembre
1652. (Voir Ménologe du Carmel et Chroniques de l'Ordre des Carmélites, 1850, tome II, pp. 10 seq.) François de
Sales avait eu l'occasion d'apprécier cette âme d'élite, sans doute en fréquentant le cercle Acarie, lors de son séjour à
Paris en 1602. (Cf. tome XII, p. 131, et tome XIII, notes (338), (427), pp. 118, 153.)
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18.7 Page 177

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des mieux faites qu'on puisse voir, et madame d'Alincourt794 a rayson de favoriser sa Religion, ce
qu'elle pourra faire par mille moyens. Et sur ce point, ma tres chere Fille, prenes bien garde a parler
des Carmelines avec reverence, car leur vertu et perfection vous y oblige; et puisque ce desordre
survenu a la Presentation795 a eveillé le dessein de les faire venir a Lion, il faut esperer que Dieu
en tirera plusieurs autres biens796.
En somme, je treuve que vous vous estes bien conduite, ou plus tost que Nostre Seigneur
vous a fort bien guidé en tout cet affaire, et ne pouvois rien desirer de mieux: ce que je dis apres
avoir releu vostre lettre. Et pour le regard de vostre cœur, tenes le tous-jours bien en son devoir,
c'est a dire en humilité, [amour797] de vostre abjection, simplicité et douceur. Si on envoye prendre
[247] nostre Mere et deux de nos Seurs798, avertisses nous a l'avantage.
Ma tres chere Fille, il faut que j'envoye cette lettre a nostre Mere, et si, il est bien tard. A
Dieu donques, ma chere Fille, a Dieu soyons nous eternellement et inseparablement. Je salue tous-
jours le P. Granger799, le P. de Vilars800, le P. Philippe801 et encor vos hostesses802, ces bonnes
Dames de la Presentation803 et nostre Mme Vulliat804.
A Neci, le XXX octobre 1614.
A Madame
Madame Elisabeth de Gouffiez.
794 La sœur aînée de Mme de Bréauté, Jacqueline de Harlay de Sancy, avait épousé, le 11 février 1596, Charles de
Neufville, marquis d'Alincourt, gouverneur de Lyon (voir ci-après, note (831), p. 258), veuf de Marguerite de
Mandelot. Elle mourut en 1618. (Voir Moreri, tome VI.)
795 Les «petites mesintelligences» qui, au dire de la Mère de Chaugy (Hist. de la Fondation du 1er Monastère de Lyon),
arrivèrent entre les Dames de la Présentation et «leur conducteur,» les avaient contraintes à «quitter leur édifice.»
(Voir Appendice III.)
796 Ce dessein devint une réalité le 9 octobre 1616. La fondation du Carmel de Lyon fut ménagée par le marquis de
Villeroy et Jacqueline de Harlay, sa femme. (Voir note (794) ci-dessus.) Celle-ci, qui s'était attachée aux filles de
sainte Thérèse en visitant la Mère Marie de Jésus, sa sœur, au couvent de l'Incarnation de Paris, voulut être inhumée
dans celui de Lyon. Le monastère eut pour prieure, à ses débuts, la Mère Madeleine de Saint-Joseph, venue de Paris
avec sept compagnes. Les filles de saint François de Sales héritèrent de ses sentiments pour les Carmélites ; l'amitié
sainte qui s'établit entre les deux Ordres fut encore resserrée en 1641, lorsque la Mère de Chantal et la Mère Marie de
la Trinité signèrent une association mutuelle de prières,
797 Ce mot a disparu de l'Autographe.
798 Les deux Religieuses qui devaient accompagner à Lyon la Mère de Chantal étaient Sœur Marie-Jacqueline Favre
et Sœur Marie-Aimée de Blonay; on leur adjoignit plus tard Sœur Péronne-Marie de Chastel. Toutefois, le départ des
fondatrices n'eut lieu que le 26 janvier 1615.
799 Le P. Pierre Grangier, S. J. (cf. ci-dessus, pp. 236, 240).
800 Le P. Jean de Villars, S. J. (cf. ibid., p. 239).
801 Dom Philippe Malabaila, Feuillant (voir ibid., note (776), p. 240).
802 Les Ursulines de Lyon, chez lesquelles logeait Mme des Gouffiers. (Voir ibid., pp. 237, 240.)
803 Mesdames d'Auxerre, Colin et Bellet. (Cf. ibid., pp. 240, 241.)
804 Voir p. 241.
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18.8 Page 178

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MVIII. A la Mère de Chantal (Inédite). Une consolation refusée
au Saint. Il termine la rédaction du Traitté de l'Amour de
Dieu. Encore l'échange des jardins. L'entrée au monastère
de la Visitation permise àquelques dames de Chambéry, mais à
une condition.
Annecy, commencement de novembre 1614805.
Je ne sçai certes plus que faire avec ces gens, ma tres [248] chere et tres honnoree Mere,
car ilz me tirannisent et, comme si c'estoit par conjuration, m'empeschent a vive force le bien que
j'estime plus que tout, de vous aller au moins un peu voir de mes yeux. Il ni a moyen quelcomque
de faire autrement, et l'importance est, que je ne vous sçauray pas seulement dire un mot de tout
ce que j'ay fait aujourdhuy, sinon que j'ay pourtant un peu escrit dans le livre, que j'acheve806.
Voyla, ce pendant, communication de lettres a ma Mere807, a laquelle je donne mille et
mille fois le bon vespre. Je suis marri de n'avoir rien fait aujourdhuy pour les jardins808, mais je ne
sçai pas mesme si j'ay vescu.
Ces dames de Chamberi m'ont demandé permission809; je leur ay dit qu'oüy, pourveu
qu'elles ne trainassent pas leur grande quëue. Elles n'ont jamais esté icy, et ne sont pas pour y
revenir: un peu de devote caresse les edifiera. Elles sont bien bonnes femmes, la vanité sauve.
Ma tres chere Mere, bonsoir de tout le cœur de vostre filz tres aymé et très aymant de sa
tres aymable Mere; un peu de bon soir a nos filles. Amen. Vive Jesus!
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Revel de Mouxy, à Brest. [249]
805 Saint François de Sales, lorsqu'il écrivait ces lignes, n'avait pas achevé le Traitté de l'Amour de Dieu; il permet
l'entrée du monastère à des visiteuses de Chambéry: de la comparaison de ces faits avec ceux que mentionnent la lettre
suivante et celle du 7 novembre à Mme de la Fléchère (p. 260) nous avons déduit la date.
806 Voir ci-après, pp. 250, 261.
807 Probablement, des lettres venues de Lyon et concernant la fondation qu'on devait y faire. (Cf. la lettre précédente.)
808 Voir ci-dessus, pp. 226-229, 231, 232.
809 Sans doute la sénatrice de Monthoux (voir plus haut, note (105), p. 22) et sa cousine qui allait entrer à la Visitation.
(Cf. la lettre suivante et celle du 7 novembre, p. 260.) Elles étaient vraisemblablement accompagnées d'autres
étrangères, curieuses de visiter le couvent.
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18.9 Page 179

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MIX. A la même (Inédite). Une sénatrice à confesser ; le Saint
lui donne rendez-vous à la Visitation.
Annecy, vers le 6 novembre 1614810.
Ma tres chere Mere,
La bonne Religieuse de Monthouz811 me dit hier que Mme la Senatrice sa cousine812 desiroit
se confesser ce matin a moy, qui le veux bien, et peut estre que, pour cet effect, elle seroit plus
ayse que ce fut a la Visitation; et moy aussi, puisqu'aussi bien, malaysement puis-je sauver ma
matinee, et que nostre M. Michel813, a moytié malade, ne sçauroit escrire ce que je luy fournirois
du livre814, et que sur tout il nous fera grand bien de nous entrevoir, et ce sera tous-jours autant de
fait. [250]
Bonjour, ma tres chere Mere; j'iray la dans une petite heurette, Dieu aydant. Cependant, sil
venoit quelque prestre, ne laisses pas de communier, car j'entens qu'hier vous fustes toute
alangourie.
Je suis vostre comme vous sçaves vous mesme.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Milliet, à Saint-Alban (Savoie),
810 Le 7 novembre (voir ci-après, p. 261), François de Sales parle comme d'un fait récent, de la confession générale
dont il est question dans ces lignes; les deux lettres mentionnent également la transcription du Traitté de l'Amour de
Dieu. Ces traits réunis fixent presque avec certitude la date attribuée au présent billet.
811 Emmanuelle de Monthoux, issue de la branche Guillet de Monthoux d'Annemasse, fut d'abord Religieuse à l'abbaye
de Sainte-Catherine, où sa ferveur lui valut la confiante amitié de la jeune Marie-Aimée de Blonay, sa cousine; elle
l'accompagna à la fin de 1608 à Annecy pour entendre le Saint pendant les fêtes de Noël (cf. tome XIV, note (297), p.
101), et bientôt se mit sous sa direction, avec les quatre autres Sœurs qui aspiraient à la réforme. (Cf. tome XIII, note
(334), p. 116.) Professe avant 1612, il lui fallut attendre dix ans l'accomplissement de son rêve. Le 2 août 1622, elle
arrivait, avec la Sœur de Vignod, à Rumilly, pour y préparer le berceau d'une vie nouvelle. L'établissement des
Bernardines réformées commença le 8 septembre suivant, et dès lors la vertueuse Cistercienne prit le nom de Sœur
Marie-Emmanuelle. (Voir Grossi, La Vie de la venerable Mere de Ballon, Annecy, Fontaine, 1695, liv. II, chap. III,
XXI, XXII, XXVIII.)
812 Gabrielle Dyan, femme du sénateur Claude-Louis Guillet de Monthoux. (Cf. note (809) de la page précédente, et
ci-après, p. 261.)
813 M. Michel Favre, aumônier du Saint.
814 Du Traitté de l'Amour de Dieu, que saint François de Sales venait d'achever et qu'il faisait transcrire pour le livrer
à l'impression. (Cf. ci-après, p. 261.)
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18.10 Page 180

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MX. Au Chanoine Maurice Marpeaud815 (Inédite). Le
destinataire est prié de loger en vertueuse compagnie le fils de
Mme d'Escrilles.
Annecy, 6 novembre 1614.
Monsieur,
La bonne Mme des Crilles816 avoit une grande consolation en la creance que vous luy avies
donnee de recevoir avec vous son filz817, estimant que, sur toutes autres, [251] vostre presence luy
seroit salutaire. Mays puisque vous n'en aves pas le desir maintenant, elle vous voudroit prier de
le loger au moins en quelqu'autre lieu ou il soit en bonne et vertueuse compaignie, au mieux quil
vous sera possible; et croyant que j'aurois bien du credit envers vous, elle m'a conjuré de joindre
ma priere a la sienne. Ce que je fay par ces quatre motz, de tout mon cœur, tant en consideration
de la mere, qui est digne d'estr' assistee et qui est ma parente, qu'en consideration du filz qui, a
mon advis, est plein de bonne volonté de reuscir en la crainte de Dieu.
Et avec cela, je vous demande encor la continuation en vostre amitié et en vos saints
Sacrifices, puisque je suis,
Monsieur,
Vostre humble confrere et affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
6 novembre 1614, a Nessi.
A Monsieur
Monsr Maurice Marpeaud,
Chanoine de la Ste Chapelle.
Chamberi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Côme (Italie).
815 Maurice Marpeaud, curé de Lémenc, à Chambéry, signe les registres paroissiaux depuis le 7 mars 1616 jusqu'au 6
juin 1625. Il fut l'un des trente membres fondateurs de la «grande Congrégation, dite des Nobles ou des Messieurs,»
érigée en 1611 par M. Marie Girod, dans le collège des Jésuites de Chambéry, sous le vocable de Notre-Dame de
l'Assomption. Cet excellent prêtre, regardé comme «très homme de bien» par la Mère de Chantal (Lettre du 7 février
1614), comme «un personnage tres devot et tres capable» par le président Favre (Lettre du 24 mai 1616), se dévoua
spontanément, par une sorte d'attrait surnaturel, à la Visitation de Chambéry, dont l'établissement se fit le 17 janvier
1624. Ami des premiers jours, il resta jusqu'à la mort l'ami fidèle, et, suivant la remarque des Annales du temps, l'ami
désintéressé. Ayant quitté sa cure pour être le confesseur des Religieuses, il remplit ce ministère gratuitement, à la
réserve de la nourriture, qui était très frugale. Le vénérable chanoine, qui se disait lui-même donné à la Visitation par
Notre-Seigneur, décéda en odeur de sainteté au cours de l'année 1648. (D'après l'Hist. de la Fondation du Monastère
de Chambéry, par la Mère de Chaugy.)
816 Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, qui avait pris l'habit de la Visitation le 2 juillet.
817 Antoine-Balthazard de la Touvière d'Escrilles (voir le tome précédent, note (795), p. 280).
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19.1 Page 181

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MXI. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. L'Evèque de
Genève conserve l'espoir du prochain retour du prince.
Raisons pressantes pour le Duc de résider à Annecy. Charles-
Emmanuel désire qu'il y demeure, la guerre lui en fait un devoir.
Son absence paraîtrait un abandon et amènerait une
séparation d'avec la cour de Savoie.
Annecy, 6 novembre 1614.
Monseigneur,
Le tesmoignage de la bienveuillance en mon endroit quil pleut a Vostre Grandeur de me
donner a son despart [252] de cette ville818, la pieté qu'elle prattiqua demandant la benediction
celeste a cet indigne Pasteur, la naturelle inclination fortifiee de plusieurs obligations que mon ame
a tous-jours saintement nourri envers vostre bonté, Monseigneur: tout cela, et plusieurs autres
considerations que ma fidelité me suggeroit, me toucha vivement au cœur, et ne sceu m'empescher
d'en rendre des signes a ceux que je rencontray sur le champ apres avoir perdu de vëue Vostre
Grandeur.
Cette touche, avec quelque sorte d'esperance que Vostre Grandeur me commanda de
conserver de son prochain retour, m'ont fait penser plus d'une fois aux raysons qu'ell'auroit de
revenir, pour aggrandir ce reste de consolation qu'elle m'avoit laissé, me signifiant que la privation
de sa presence ne seroit peut estre pas de si longue duree, ains beaucoup plus courte que nostre
desplaysir ne nous faysoit imaginer. Et j'ay treuvé, Monseigneur, que c'estoit le vray service de
Vostre Grandeur qui requeroit vostre retour, et non seulement le general desir de tous vos tres
humbles sujetz, qui prendroyent sa presence a soulagement, apres beaucoup de peyne qu'ilz ont
souffert.
En verité, Monseigneur, vous ne recevrés jamais des affections si fideles en lieu du monde
comme vous feres icy, ou elles naissent avec les hommes, vivent avec eux, croissent sans bornes
ni limites quand et eux envers la Mayson serenissime de Savoye, delaquelle les Princes se peuvent
vanter d'estre les plus respectueusement aymés et amoureusement respectés de tout le monde par
leurs peuples: benediction en laquelle Vostre Grandeur a la part qu'ell'a peu voir et remarquer en
toutes occurrences. Ici, Vostre Grandeur a sa mayson paternelle et, sans comparayson, beaucoup
mieux accompaignee des commodités requises a son sejour que pas une des autres, puisqu'ell'y
peut fournir sans les autres, et pas une des autres sans celle ci.
Que si j'osois dire mes pensees sur les autres sujetz que Vostre Grandeur auroit de revenir,
je luy marquerois le [253] desir ardent que Son Altesse Serenissime a eu qu'elle demeurast, auquel
Vostre Grandeur correspondant par son retour, c'est sans doute qu'elle l'obligeroit non seulement
a perseverer en l'amour plus que fraternel qu'ell'a tous-jours protesté envers icelle, mais elle en
accroistroit extremement les causes, et par consequent les effectz.
Je luy marquerois encor, qu'en cas que la guerre que Son Altesse Serenissime a sur les
bras819 se rendit plus active et qu'elle passast jusques a quelqu'ardeur (ce que Dieu ne veuille),
Vostre Grandeur, comme je pense, ne pourroit alhors retenir son courage quil ne la rapportast a la
defense de ce sang, de cette Mayson, de cette couronne, de cet Estat dont ell'est820 et en quoy ell'a
tant de part et tant d'interest, et ou manifestement vostre reputation, Monseigneur, presseroit vostre
courage, si vostre courage, grand et bien nourri, ne prevenoit toute autre consideration, voyre
mesme celle de la reputation. Et donq, Vostre Grandeur ne seroit elle pas infiniment marrie de se
818 Voir ci-dessus, note (765), p. 238.
819 Allusion à la guerre du Montferrat. (Voir ci-dessus, note (649), p. 203.)
820 Le duc de Nemours était vassal de Charles-Emmanuel, le duché de Genevois ayant été donné en apanage à la
branche cadette de la Maison de Savoie. (Cf. tome XII, note (495), p. 211.)
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19.2 Page 182

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treuver tant esloignee de Son Altesse et de ses Estatz? Ell'a voyrement commandé que le sieur de
la Grange821 fit passer ses trouppes dela les montz, qui est un bon tesmoignage de la perseverance
de Vostre [254] Grandeur au devoir qu'ell'a envers sadite Altesse; mais d'en esloigner sa personne
tandis que la fievre de la guerre est en ses Estatz et qu'on ne sçait si Dieu permettra que nous y
voyons arriver des acces perilleux, je ne sçai, Monseigneur, ce que l'on en pourra juger, au
prejudice de l'affection que je sçai bien neanmoins estre immuable dans vostre cœur.
Je dirois encor, qu'estant icy pendant que cette guerre durera, quoy que Vostre Grandeur
ne fut pas en l'armee, l'ennemy auroit tous-jours opinion ou qu'ell'y iroit en tems de necessité, ou
qu'elle prsepareroit des nouvelles forces pour assister Son Altesse; et ces pensees ne pourroyent
estre que fort utiles aux affaires d'icelle. Que si Vostre Grandeur se retire plus loin en un tems
d'orage, certes, cela ressentira un abandonnement absolu du pilote et de la barque a la conservation
delaquelle toute rayson humaine et divine oblige Vostre Grandeur, et laissera un certain sujet de
plainte a tout cet arbre822, dont vous, Monseigneur, estes une branche, a laquelle je ne sçai ce que
l'on pourra respondre.
Je proteste, Monseigneur, que je n'en pensois pas tant dire, mais escrivant, la chaleur de ma
fidelité envers Vostre Grandeur m'a emporté au dela des limites que je m'estois proposees; car en
fin, je suis pressé de la crainte que le souvenir de cet abandonnement de Son Altesse en un tel
tems, ne soit pour durer longuement et pour servir de motif a quelque reciproque separation qui ne
pourra jamais estre avantageuse, et pourra, en cent occasions, estre desavantageuse a Vostre
Grandeur. Au moins ne manquera-il pas d'espritz qui la conseilleront, et peut estre avec tant de
couleurs et d'artifices, qu'ilz la rendront probable.
Si la fidelité de ce porteur823, mais sur tout si la bonté de Vostre Grandeur ne me donnoit
asseurance, je n'aurois garde d'envoyer une lettre escritte avec cette liberté; mais je sçai d'un costé,
qu'elle ne sera point egaree, et [255] d'ailleurs, que elle ne sera leùe que par des yeux doux et
benins envers moy, qui aussi l'escris (ainsy Dieu tout puissant me soit en ayde) sans en avoir
communiqué le dessein qu'a deux des tres humbles et fideles serviteurs, sujets et vassaux de Vostre
Grandeur824. Comme aussi, si j'estois si heureux que d'estr'exaucé, je n'en voudrois recevoir autre
fruit que celuy du mutuel contentement de Son Altesse et de Vostre Grandeur, et de la commune
joye de ses peuples et de tous ses vrays serviteurs.
Je prie Dieu de tout mon cœur quil remplisse celuy de Vostre Grandeur de ses graces, et
suis sans fin,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Nessi, le VI novembre 1614.
Oseray-je, Monseigneur, supplier Vostre Grandeur de recevoir cette lettre comm'en
confession, et si elle ne luy est pas aggreable, de la punir elle mesme par son exterminement, en
821 Cet officier, issu, au dire de Saint-Simon (Mémoires, tome XVI, p. 431, éd. 1873), d'une famille de «gentilshommes
tout ordinaires du côté de Lyon,» sut l'illustrer par sa vaillance militaire. Renaud de Crémeaux, fils de Jacques de
Crémeaux, seigneur de la Grange et de Saint-Véran, qualifié par Guichenon (Hist. de Bresse et de Bugey, 1650, Partie
III, p. 210) du titre de «maistre de camp d'un regiment d'infanterie, gouverneur de Bellegarde,» épousa en premières
noces Sibille de Rebé, et en secondes noces, vers 1626, la fille du seigneur de Cataneo qui, de concert avec son père,
le fit évader de Gânes. L'histoire et les circonstances de cette évasion ne le cèdent en rien aux aventures les plus
romanesques de cette époque. (Cf. Année Sainte de la Visitation, tome I, p. 80.) Le capitaine de la Grange servit
fidèlement le prince de Nemours dans ses démêlés avec le duc de Savoie (voir à l'Appendice II sa lettre à Villeroy);
Louis XIII voulut le récompenser de ses beaux faits d'armes en lui envoyant le bâton de maréchal de France.
Trois de ses filles furent Religieuses au Ier Monastère de la Visitation de Lyon; deux d'entre elles surtout, se
distinguèrent par leur grandeur d'âme et le don du gouvernement.
822 La Maison de Savoie.
823 Probablement, le «sieur de Corbonex» mentionné dans la lettre suivante. (Voir note (832), p. 258.)
824 Ces «deux fideles serviteurs» du prince étaient sans doute le comte de Tournon et M. Barfelly, procureur fiscal.
(Voir la lettre suivante et la note (826) qui l'accompagne.)
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19.3 Page 183

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conservant neanmoins son autheur, a cause de l'innocence et bonne foy avec laquelle il l'a escritte,
en qualité d'invariable tres obeissant serviteur de Vostre Grandeur.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Rouen. [256]
MXII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Le Saint déplore le
départ du prince de Nemours. Une paroisse très mal
desservie. L'épitaphe du poète Nouvellet.
Annecy, 6 novembre 1614.
Monsieur,
Je vous remercie tres humblement de la part qu'il vous plait de me faire de vos nouvelles,
toutes pareilles aux nostres de deça, car j'ay esté aussi prié d'escrire une lettre a Monseigneur le
Duc de Nemours pour luy persuader de revenir825; le tout, sur les remonstrances de monsieur son
procureur fiscal826, qui s'eschauffe infiniment a ce dessein. Or, j'ay escrit827 pour ne sembler pas
avoir moins de desir que les autres pour un si grand bien; comm'en verité je l'aurois, ce desir-la, et
plus grand et plus sincere que plusieurs autres, si je pensois que cela se peut faire, moralement
parlant. Mays que pourront ces orateurs mortz, en comparayson des harangueurs continuelz qui
vivent, et soufflent perpetuellement dans les aureilles de ce Prince son esloignement de ce païs828?
Et puis, n'ont ilz pas des-ja fait la moytié de leur besoigne? [257] Et si nous n'avons sceu empescher
le depart, quel moyen d'obtenir le retour? 829Melius non incipient quam desinent830. Au contraire,
on m'escrit des le premier de ce moys, de Lion, que monsieur d'Alincourt831 l'attend lâ et fait des
grans praeparatifs. Il est vray que c'est un prestre qui me l'escrit, et par consequent peut estre mal
825 Pour comprendre les confidences du Saint au comte de Tournon, il faut savoir que celui-ci avait reçu mission de
presser le duc de Nemours de retournera la cour de Savoie. Charles-Emmanuel l'avait même chargé «d'user d'artifice»
pour le lui persuader. (Lettre du Nonce de Turin au Cardinal Borghese, 30 septembre 1614, Archiv. Vatic., Borghese,
II, 297)
826 Maurice Barfelly, de Thônes en Genevois, conseiller du duc de Nemours, figure sous le titre de procureur fiscal,
dans une pièce du 12 avril 1595. A cette date, il était déjà marié avec Jacqueline Déaclard. (R. E.) Anobli par lettres
patentes du 1er mars 1602, le procureur fiscal et domanial du prince mourut avant 1641.
827 Epist. praeced.
828 Les «harangueurs» qui avaient pesé sur la décision du duc de Nemours étaient sans doute de la Grange et de la
Bretonnière, Berthelot et Villeroy. (Voir à l'Appendice II, la lettre adressée à ce dernier par le capitaine de la Grange,
11 septembre 1614.)
829 Ils ne commenceront pas mieux qu'ils ne finiront.
830 Cf. Ovid., epist. IX, Deianira Herculi, vers. 23.
831 Charles de Neufville, marquis d'Alincourt, seigneur de Villeroy, chevalier des Ordres du Roi, ambassadeur à Rome,
était fils unique de Nicolas de Neufville, connu sous la nom de Villeroy (voir tome XII, note (184), p. 101), et de
Madeleine de l'Aubépine. Le gouvernement de Lyon et du Lyonnais lui vint de son premier mariage avec Marguerite
de Mandelot, fille aînée du gouverneur, qu'il épousa le 26 février 1588. En 1596, M. d'Alincourt contracta de secondes
noces avec Jacqueline de Harlay de Sancy (voir ci-dessus, note (794), p. 247). Il était grand maréchal des logis de la
maison du Roi quand il mourut le 18 janvier 1642, en sa soixante-seizième année. Sa foi vive le rendit le bienfaiteur
de toutes les Maisons religieuses; saint François de Sales l'honora de son amitié et il aurait prophétisé, d'après certains
auteurs, la destinée de son second fils, Camille de Neufville, le futur archevêque de Lyon: «Vous aurez, mon fils, dans
l'Eglise, une dignité plus grande que la mienne.» Le gouverneur recherchait la société du Bienheureux; celui-ci, la
veille de sa mort, à Lyon, conféra avec M. d'Alincourt pour les affaires du pays de Gex. (Voir Moreri, tome VI;
Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. X, etc.)
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19.4 Page 184

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instruit des nouvelles de cette qualité lâ; mays le retour du sieur de Corbonex832 esclarcira ce point.
J'ay une copie de la lettre que j'ay escritte, que je vous feray voir, Dieu aydant833.
Le bon monsieur de Blonnay834 a beaucoup de bon desir pour vostre eglise de Rumilli,
laquelle, a la verité, est des plus indevotement servie de tout ce pais835. Je [258] voy si je pourray
rencontrer quelqu'expedient pour y remedier, et l'ayant treuvé, imploreray vostre faveur. Le bon
curé836 ne sçait ce quil demande en la proposition quil fait faire audit sieur de Blonnay, car il parle
contre Dieu et rayson: contre Dieu, par ce quil desire une symonie; contre rayson, par ce quil refuse
un soulagement qui luy est offert gratuitement. Avec un peu de loysir, il pourra prendre meilleur
conseil.
Je receu seulement hier le pacquet pour Neufville837, lequel sil fut arrivé un peu plus tost,
seroit maintenant acheminé; mais il ne tardera pas beaucoup entre mes mains.
L'epitaphe de notre bon M. Nouvelet838 est excellent et contient un abbregé de son histoire.
Le grand honneur quil vous portoit requeroit que vous, Monsieur, fussies le seul qui luy fissies
cette demonstration de la memoire que vous aves de luy; aussi, nul n'en pouvoit faire egalement.
[259]
Dieu vous comble de benedictions, Monsieur, selon le continuel souhait de
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
6 novembre 1614, Anessi.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon, Conseiller d'Estat
et commandant generalement pour S. A.
en l'absence de S. E.
Revu sur l'Autographe appartenant aux familles Ducruet et Pessoz, à Paris.
832 Fils de noble François de Chavanes et de Louise-Sébastienne Odinet, François, seigneur de Corbonex et de Reynex,
petit fief au sud de Rumilly, figure parmi les membres du Conseil de cette ville dans un procès-verbal de visite
épiscopale du 18 janvier 1625. Le 21 février 1628 il teste en faveur de sa femme, Isabelle de Grailly.
833 Les instances de l'Evêque de Genève auprès de Henri de Nemours restèrent sans effet. (Cf. ci-après, pp. 269, 270.)
834 Jean-François de Blonay (cf. ci-dessus, pp. 91, 102, et ci-après, lettre à Mme de la Fléchère, vers le 15 janvier 1615).
835 Le clergé de Rumilly comprenait le doyen et son vicaire, dix-huit Altariens (voir la note suivante) et un prieuré de
Bénédictins, dont l'église, dédiée à Sainte-Agathe, était commune à ces trois corps de clergé. Comme on le devine,
leurs attributions et leurs charges se contrariaient souvent; de là des contestations qui nuisaient au culte divin. François
de Sales régla lui-même l'ordre des offices par une transaction, le 18 mai 1620. (Voir Croisollet, Hist. de Rumilly,
Chambéry, 1869.)
836 Né à Rumilly, Jean Viret reçut tous les Ordrés entre le 6 mars et les derniers jours de novembre de l'année 1574.
Titulaire de Rumilly dès le 22 avril de cette même année, il obtint plus tard la cure de Boussy qu'il permuta le 27 août
1588 avec celle de Marcellaz, abandonnée à son tour le 30 juillet 1601 pour l'église de Rumilly. Les Altariens, faute
de revenus suffisants, louaient leurs services aux curés du voisinage, au détriment de la paroisse (voir la note
précédente). Le curé, les Altariens, les syndics tombaient d'accord sur la nécessité d'assurer le culte paroissial, mais
M. Viret n'en prenait pas les moyens. Il mourut en octobre 1621. (R. E.)
837 Cette Communauté devrait son origine à saint Romain, qui l'aurait établie à Saint-Oyen (Saint-Claude) vers 450.
Transférée plus tard à Neuville en Bresse, elle prospérait en 1050, sous la Règle de saint Benoît et l'autorité de l'abbé
de Saint-Claude, représenté par un prieur. Dès les premières années du XVIe siècle, le relâchement, à la suite du luxe
et de l'absence de clôture, s'introduisit dans le monastère. Les Bénédictines devinrent d'abord chanoinesses régulières,
et en 1571, chanoinesses séculières; cette même année, les prieures passèrent sous la juridiction de l'archevêque de
Lyon. Enfin, les chanoinesses, transformées en comtesses par la faveur de Louis XV, disparurent en 1790. (D'après
du Mesnil, Catal. des Prieurs, Chanoinesses rég. et Chan. comtesses de Neuville-les-Dames, impr. dans la Revue du
Lyonnais, 1889.)
En 1614, la prieure de Neuville était Béatrix de Maillard, sœur du destinataire. (Voir ci-après, note (911), p.
279.)
838 Claude-Etienne Nouvellet, décédé dans les premiers jours d'octobre 1613. (Cf. ci-dessus, p. 137.) Son épitaphe n'a
pas été retrouvée.
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19.5 Page 185

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MXIII. A Madame de la Fléchère. Bonnes nouvelles. Le
premier essai d'une fille «bien resolue et de bon esprit.»
Annonce d'un départ. Achèvement du Traitté de l'Amour de
Dieu. Divers messages.
Annecy, 7 novembre 1614.
Dieu soit de plus en plus loué, ma tres chere Fille, dequoy mesme vous aves plus de santé
que mon amour cordial envers vous ne me faysoit imaginer sur ce que vous m'aviés escrit. Je vous
escris sans loysir.
Ce soir, Mme de Treverney a receu une lettre en cette ville, escritte le 29 octobre par son
mari, qui asseure expressement de la bonne santé du vostre839. Voyla des-ja une bonne nouvelle.
A mesme tems, nouvelle que le jeune M. de Blonnay840, qu'on a tenu pour mort, estoit hors de
danger.
Hier, Mlle de Monthouz, cousine germaine du cher [260] mary, entra a la Visitation pour
faire le premier essay841; et madame la Senatrice sa cousine842 l'amena, qui est aussi une bonne
ame, et de la confession generale delaquelle j'ay receu bien du contentement pour les bonnes
inspirations que j'ay veu en son esprit. Mays la fille est certes brave, bien resolue et de bon esprit.
Dieu luy face la grace de perseverer.
Nostre Mere et les deux autres partent apres la Saint Martin pour Lion843, d'ou on les
envoyera prendre par des honnorables ecclesiastiques. Et moy, ma tres chere Fille, je m'en vay
aussi en Valley pour consacrer Monseigneur l'Evesque de Sion, qui sera un voyage de trois
semaines, pour le moins844.
Le livre de l'Amour de Dieu est achevé, mais il le faut transcrire plusieurs fois avant qu'on
l'envoye845.
Nostre seur846 et la niece847 viennent faire icy l'hiver et prennent mayson a part; mon frere
pourtant est maintenant un peu malade, a cause du tracas quil a fait parmi les affaires que ces
trouppes de Monseigneur de Nemours nous donnent848. [261]
839 Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay (voir tome XIV, note (957), p. 333), devait être à Turin, avec M. de
la Fléchère.
840 Sans doute Jacques de Blonay, qui avait épousé en 1613, Marie d'Avise, nièce de la destinataire. (Voir plus haut,
note (152), p. 40.)
841 Fille de Janus Guillet, seigneur de Monthoux, et de Jeanne de la Fléchère, propre tante de M. de la Fléchère, Paule-
Jéronyme reçut le voile le 27 décembre suivant; nous donnerons sa notice lorsqu'elle sera destinataire. (Cf. ci-après,
note (910), p. 279.)
842 Mme Guillet de Monthoux, mentionnée ci-dessus, pp. 249, 250.
843 Comme il a été dit plus haut, note (798), p. 248, le départ annoncé pour après la Saint-Martin ne s'effectua que le
26 janvier 1615. Les détails en sont donnés à l'Appendice III. (Voir à la fin du volume, la minute de la lettre à la
duchesse de Mantoue, écrite par le Saint pour les Religieuses de la Visitation, novembre 1614.)
844 Mgr Hildebrand Jost (voir ci-dessus, note (503), p. 158) fut sacré le deuxième dimanche de l'Avent, 7 décembre.
Saint François de Sales partit d'Annecy le soir du 1er décembre et quitta Sion vers le 12; le voyage fut donc plus court
qu'il ne l'avait d'abord pensé. (Voir ci-après, pp. 269, 273.)
845 Ce travail de transcription devait prendre de longs mois; il fut confié à M. Michel Favre. (Cf. ci-dessus, p. 250.)
Rigaud, l'imprimeur Lyonnais, ne reçut le manuscrit des mains du copiste que vers mai 1616. (Cf. tome IV, pp. XIV,
XV.)
846 Mme de Bressieu, sœur de la destinataire et belle-mère de Louis de Sales.
847 Madeleine Roero de Bressieu, fille de la précédente et belle-sœur du Saint.
848 Pour l'entretien du régiment du prince de Nemours, on avait mis les paroisses à contribution. En qualité de chevalier
du Conseil de Genevois, Louis de Sales avait dû, sans doute, s'occuper des levées d'impôts.
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19.6 Page 186

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Bon soir, ma tres chere Fille, que mon ame cherit uniquement. Je suis tout vostre tres
parfaitement, et salue ma niece849 et ma petite Francine850.
Le VII novembre 1614, Anessi.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à Florence, au Conservatoire
de Saint-François de Sales.
MXIV. A la Mère de Chantal. Le Saint retenu chez lui par le
grand nombre des visiteurs ; il se promet toutefois d'aller voir le
lendemain la Mère de Chantal.
Annecy, [8 ou 9 novembre 1614851.]
Quel remede, ma tres chere Mere, a cette invincible sujettion de recevoir des gens lhors
que plus j'ay le desir de me revoir moy mesme aupres de vous! Il n'y a eu moyen quelconque de
m'en eschapper. Ce sera demain, Dieu aydant, malgré bon gré toutes aventures. Et ce pendant,
Dieu benisse nostre cher cœur et le rende de plus en plus tout sien eternellement. Amen. [262]
M. le senateur de Monthouz est ici852, qui demain vous ira voir, ainsy qu'il m'a dit, et la
cousine853.
Ma tres chere Mere toute tres aymee, bonsoir mille et mille fois. Amen.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
849 Le Saint désigne ainsi plus d'une fois dans ses lettres, Gasparde d'Avise, nièce de Mme de la Fléchère, qu'il
affectionnait particulièrement.
850 Françoise-Innocente de la Fléchère, filleule du saint Evêque. (Voir tome XIV, note (167), p. 56.)
Le dernier membre de phrase: «et salue», etc., a été omis par Migne, tome VI, col. 975.
851 Par les Délibérations municipales d'Annecy, 8 novembre 1614, on voit que M. de Monthoux était ce jour-là dans
cette ville. La «cousine» est sans doute Paule-Jéronyme de Monthoux, entrée le 6 novembre précédent à la Visitation.
De ces faits, on peut déduire avec assez de vraisemblance la date que nous attribuons à ce billet.
852 Claude-Louis Guillet de Monthoux (voir tome précéd., note (177), p. 55).
853 Voir la lettre précédente et note (851), p. 262.
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19.7 Page 187

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MXV. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de Montpellier
(Inédite). Pénurie de prédicateurs dans la province des Capucins
de Thonon. Intervention du Saint en faveur des Cordeliers
savoyards, menacés d'une séparation préjudiciable à leurs
études. Une besogne qui n'est pas déplaisante à son auteur.
Pourquoi le Traitté de l'Amour de Dieu pourrait avoir moins de
succès que l'Introduction à la Vie devote.
Annecy, vers mi-novembre 1614854.
Monseigneur,
J'ay fait une supplication a Monseigneur le Cardinal de Joyeuse855, protecteur des RR. PP.
Capucins, affin de pouvoir obtenir le P. F. Georges de Saint Joyre la Faverge856 [263] pour le
Caresme 1616857. Je vous supplie tres humblement d'interceder en ma faveur; mais ce que je ne
desire pas que Monseigneur le Cardinal sçache, je vous-le diray confidemment. C'est que cette
petite Province de la Mission858 a grandement besoin de predicateurs, et ne sçay ou donner de la
teste pour en avoir, estant separee des autres Provinces, et n'ayant que des Italiens et Savoyards,
ou Bressans. Pour cela, le Pere Provincial859 m'a conjuré de faire ce bon office, et m'a marqué
specialement que j'employasse vostre intercession, comme je fay, vous la demandant,
Monseigneur, tres humblement et tres affectionnement.
Item, les Cordeliers de ce païs de Savoye860 ont eu nouvelles que leur Provincial861 sollicite
messieurs du clergé de France affin quilz fassent retrancher leurs couvens de la Province de Saint
Bonaventure es Estatz qui se celebrent862; en suite de quoy, les Cordeliers savoyards n'auroyent
plus acces a l'estude de Paris863, [264] ou ilz ont eu tant de doctes et braves docteurs qui ont regenté
854 C'est dans les premiers jours de novembre que François de Sales termina la composition du Traitté de l'Amour de
Dieu (voir ci-dessus, pp. 249, 261); du 23 au 27, il fut absent d'Annecy. Les Etats généraux s'assemblèrent le 27
octobre, ils étaient ouverts lorsque le Saint écrivait cette lettre (voir page suivante). Toutes ces particularités justifient
la date que nous proposons.
855 Voir tome XII, note (1023), p. 411. La Chambre ecclésiastique avait élu le Cardinal pour son président aux Etats
généraux.
856 D'après le texte, il semblerait que le Religieux en question est un Capucin; mais c'est évidemment une distraction
du Saint, car le P. Georges était Carme. Originaire de Savoie, fils de Janus de la Faverge et de Pernette de Chevron
(voir tome XI, note (783), p. 354, et tome XII, note (346), p. 152), Hector fut tonsuré par saint François de Sales le 26
mars 1605, dans l'église Saint-Jean-Baptiste de La Roche, et entra fort jeune cher les Carmes déchaussés de Rome, au
couvent della Scala, où son cousin, Etienne de la Faverge le vénérable Père Clément de Sainte-Marie avait fait
profession en 1602. Sous le nom de Frère Georges, il commençait en 1609 sa philosophie a couvent de Gênes. Malgré
de nombreuses recherches, il ne nous a pas été possible de découvrir d'autres renseignements sur ce Religieux.
857 La station fut prêchée à Annecy parle P. Louis de la Rivière, religieux Minime, l'un des premiers historiens de saint
François de Sales.
858 Il s'agit de la Province des Capucins, dite de la Mission de Thonon, dont les couvents avaient été distraits en 1611
de la Province de Lyon, dite de Saint-Bonaventure. (Voir le tome précédent, note (501), p. 167.) Elle comprenait, avec
la Savoie, la Vallée d'Aoste, le Bugey, le pays de Gex et le Valais.
859 Le P. François de Chambéry, commissaire général de la Province de Savoie depuis le mois d'avril 1614 (voir ci-
dessus, note (712), p. 220), faisait à ce titre fonction de provincial.
860 Les Cordeliers, appelés aussi Frères Mineurs de l'Observance, Observantins, Conventuels, possédaient alors en
Savoie cinq couvents qui relevaient de la Province de Bourgogne ou de Saint-Bonaventure: ceux d'Annecy et de
Cluses, au diocèse de Genève, ceux de Myans et de Chambéry, dans le décanat de Chambéry, et celui de Saint-Michel-
sur-Moûtiers, au diocèse de Tarentaise.
861 En 1614, le provincial était Frère Gilles Renard, du couvent de Montluçon, docteur de Paris, élu au Chapitre de
Montferrand.
862 Les Etats généraux (cf. note (854) de la page précédente).
863 Dès le milieu du XVIe siècle, les Cordeliers étrangers venaient en nombre dans leur couvent de Paris, pour y puiser
la science théologique. Le chiffre de ceux qui pouvaient y être admis pour les études avait été réduit à dix-huit par
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19.8 Page 188

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et gouverné en ce couvent la, comme je l'ay veu moy mesme864. Or, je laisse a part l'interest de ce
païs, lequel pourtant me touche fort; mais j'ay un particulier interest pour ce diocaese, en faveur
duquel feu Monseigneur Ange Justinien865, mon predecesseur, fonda l'entretenement de bon
nombre d'escoliers Cordeliers en l'estude de Paris. C'est pourquoy, Monseigneur, je vous supplie
tres humblement d'employer vostre authorité et dexterité pour empescher ce coup, le dessein
duquel ne peut proceder que d'envie ou de telle tentation; car c'est honneur a l'estude de Paris
d'estendre ses rameaux hors du royaume. Et nos Savoyards se sont comportés tous-jours fort
honnorablement, n'ayant rien fait qui leur puisse causer ce mal, sinon qu'ilz ont esté trop braves et
ont obtenu les principales charges866.
Il y a encor l'affaire de nostre Chapitre pour ce petit benefice de Gex, dont j'escris a nostre
grand et parfait [265] amy867; s'il vous plaist, Monseigneur, vous y contribueres vostre faveur.
Et pour le regard du livre de l'Amour de Dieu, je le revoy et fay transcrire, pour l'envoyer,
Dieu aydant, ce Caresme a l'imprimeur, qui aura charge de vous faire presenter des premieres
copies868. Je vous confesse a vous, Monseigneur, que cette petite besoigne ne me desplait pas
beaucoup; mays j'ay grand peur qu'elle ne reuscisse pas si heureusement que l'autre precedente869,
pour estre, a mon advis, un peu plus nerveuse et forte, quoy que j'aye tasché de l'adoucir et fuir les
traitz difficiles. J'attendray l'oracle de vostre jugement pour le corriger avant quil viellisse, si vous
me faites lhonneur de le voir et de me faire sçavoir les defautz que j'y auray commis, avec autant
de liberté comme avec une veritable sousmission je souhaite vostre censure.
C'est par nostre M. de Medio870 que je vous escris, Monseigneur; il prendra, je m'asseure,
playsir a vous dire nos petites miserables nouvelles. C'est pourquoy, puisqu'aussi bien vous ay-je
des-ja asses entretenu de nos menues affaires, je m'en remetz a luy, me contentant de me souscrire,
Monseigneur,
Vostre tres871……
lettres patentes de 1536. En ce temps-là, les Cordeliers prenaient leurs grades dans l'Université; il fallait être licencié
en théologie pour avoir le droit de prêcher, au moins dans les chaires de la capitale. Ainsi s'expliqueraient l'émulation
qui entraînait les Cordeliers de Savoie vers «l'estude de Paris» et aussi les raisons qu'on avait de vouloir les en exclure.
(Voir Féret, La Faculté de théologie de Paris, Paris, 1900, tome I, passim.)
864 Parmi les Pères savoyards qui régentaient au couvent de Paris à l'époque où François de Sales étudiait lui-même
dans la capitale (1581-1588), on peut nommer Michel Frepier ou Frepérius et Claude Galois ou Galésius. Le premier,
qu'un annaliste appelle «trésor des sciences, père des étudiants, lustre de la Savoie,... honneur et bonheur du couvent
de Chambéri,» avait fait profession dans ce monastère et y mourut gardien, le dimanche des Rameaux 1587. Le second,
décédé en 1624 (voir tome XII, note (185), p. 102, et tome XV, p. 85), «était allobroge de nation, chambérien de
profession, françois par son éloquence, parisien par son doctorat, connu et révéré des françois, des savoïards et de
plusieurs autres nations par ses sçavantes prédidations, sa rare doctrine et son zèle à étendre la foi catholique.» (Claude
Piquet, Mémoires des Cordeliers de la Prov. de St Bonaventure, Lyon, Bibliothèque, Mss. n° 1422.)
865 Ange Giustiniani, prédécesseur de Mgr de Granier (voir tome XI, note (683), p. 297), né à Gênes en 1520, entra
chez les Observantins, qu'il représenta au Concile de Trente en qualité de premier docteur. Il prit part au colloque de
Poissy et, devenu évêque de Genève, établit sa résidence à Annecy qui, grâce à sa vigilance, fut préservé de la
contamination hérétique. Le pieux Evêque n'oublia pas sa famille religieuse; en 1576, il fondait à la Faculté de
théologie de Paris douze bourses gratuites, destinées à deux étudiants de chacun des couvents des Cordeliers de Savoie.
Notre Saint fait allusion à cette fondation. (Claude Piquet, Mémoires, etc.)
866 Le vœu du saint Evêque fut réalisé; le Provincial renonça tout à fait à son dessein, ou ne put y donner suite, car en
1619 les couvents Observantins de Savoie étaient encore rattachés à la Province de Saint-Bonaventure. (Voir Fodéré,
Narration hist. et top. des Convens de l'Ordre de S. François, etc., Lyon, Rigaud, 1619.)
867 Il est ici question du bénéfice de Crassy et Vésenex (voir le tome précédent, Lettre DCXCVI, p. 69, et note (216),
p. 70), dont le Saint parle encore à son ami des Hayes le 15 février 1615. Tant d'instances et d'interventions aboutirent
enfin: des patentes royales datées du mois de mars 1615, entérinées au Parlement de Dijon le 26 avril 1617,
confirmèrent la désunion du «petit benefice de Gex» de l'abbaye de Bonmont, et son incorporation au Chapitre de
l'église cathédrale de Genève, faites «par Messire François de Salles, Evesque dudict Genefve.» (Archiv. de la Côte-
d'Or, B. 12094, fol. 58.)
868 Voir ci-dessus, note (845), p. 261.
869 L'Introduction à la Vie devote.
870 Jacques de Médio, chanoine de Saint-Nizier à Lyon (voir tome XII, note (88), p. 49). Le Saint l'appelle «nostre»
parce qu'il était originaire de la Savoie et qu'il y venait souvent.
871 Le reste manque dans la copie.
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19.9 Page 189

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Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier. [266]
MXVI. A Monseigneur Hildebrand Jost, Evêque nommé de
Sion. Plusieurs raisons inclinent François de Sales à obliger
l'Evêque de Sion. Il lui sera très agréable de prendre part à
l'office de sa consécration.
Annecy, 20 novembre 1614.
872Illustrissime
et
Reverendissime Antistes ac Princeps,
Gratissimum mihi semper erit si
Vestrae Amplissimae et Rmae Dominationi
obsequium aliquod praestare contingat. Id
enim a me Deus Salvator, qui nos nobis
invicem finitimos constituit, ut invicem alter
alterius quoad fieri potest onera portemus873.
Id Vestrae Dominationis erga me jam pridem
contestata benevolentia, id Vestrae
Dominationis erga rempublicam [catholicam]
optimus et constans animus jure suo postulare
videntur.
Quare, ubi diem Vestra Dominatio Rma
condixerit, non deero quin lubentissime officio
consecrationis suae amantissimi [267] utinam
et amatissimi promotoris munere fungar874. Sic
enim apudme constitutum est, Dominationem
Vestram Illmam et Rmam omni veneratione ac
sincera dilectione semper et ubique prosequi.
Interim, vale in Christo, Illme et Rme
Praesul, et eundem Dominum Salvatorem
habeto propitium.
Dominationis Vestrae Illmae et Rmae,
Humillimus in Christo servus et
frater,
FRANCS, Episcopus Gebennensis.
Annessii, vigesima novembris 1614.
Illustrissime et Révérendissime
Evêque et Prince,
Ce sera toujours pour moi une chose
très agréable d'avoir l'occasion de rendre
quelque service à Votre Seigneurie
Illustrissime et Révérendissime. C'est ce
qu'attend de moi Dieu notre Sauveur; il ne nous
a faits si proches voisins, qu'afin que nous
entreportions autant que possible les fardeaux
l'un de l'autre. Ce bon office, je vous le dois
encore, Monseigneur, à cause de la
bienveillance que vous me témoignez depuis si
longtemps et pour les égards que mérite votre
souveraine et inviolable affection envers
l'Eglise catholique.
C'est pourquoi, aussitôt que Votre
Seigneurie Révérendissime m'aura fixé le jour,
je ne manquerai pas de remplir très volontiers,
dans la cérémonie de sa consécration, la
fonction d'un promoteur [267] très aimant, et,
je le désire, très aimé. Je suis aussi résolu de
témoigner en toute occasion à Votre
Seigneurie Révérendissime les marques de
mon absolu respect et de ma sincère amitié.
En attendant, salut dans le Christ,
Illustrissime et Révérendissime Prélat, et que
ce même Sauveur vous soit propice.
De Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime,
Le très humble serviteur et frère dans le
Christ,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy, le vingt novembre 1614.
872 Notre texte reproduit une copie conservée au presbytère de Challex (Ain), laquelle est tout entière de la main de
Jean-François de Sales, frère du Saint, y compris la signature.
873 Galat., ult., 2.
874 Le nouvel Evêque fut sacré par Mgr Gribaldi, ancien archevêque de Vienne, le 7 décembre suivant: François de
Sales fut un des prélats assistants et donna le sermon. (Cf. ci-dessus, p. 261, et ci-après, pp. 269, 273.)
189/335

19.10 Page 190

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MXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon. Voyages en
Tarentaise et en Valais. Nouvelles diverses.
Annecy, 28 novembre 1614.
Monsieur,
Lhors que monsieur de Corbonnex fut icy875, j'estois en un petit voyage que j'ay fait en
Tharentayse pour la [268] consecration de 1'eglise que les Capucins y ont dressee nouvellement876,
selon la recommandation que Monseigneur l'Archevesque de ce lieu-la m'en avoit faite a son
depart877, et, dans deux jours, je vay en Valey, ou on doit sacrer Monseigneur de Syon le second
Dimanche de l'Advent878. Ce sera un voyage un peu plus long, et qui me tiendra hors de cette ville
presque jusques aux festes879. Cependant les nouvelles de la paix se fortifieront, Dieu aydant880, et
madame ma cousine881 arrivera pres de vous, qui me gardera de luy faire presentement response.
J'ay apris par monsieur du Noyeret882 une partie de la negociation de Saint Rembert883, car
il a juge que vous [269] desiries que je la sceusse, puisque monsieur de Corbonnex avoit charge
de me la communiquer. Si ce bon Prince revient, je seray grandement trompé, car, a ce que
j'apprens, on le porte tous-jours plus avant de delà, et il me le signifie luy mesme par une lettre
quil m'a fait la faveur de m'escrire884.
Je prie Dieu quil vous comble de contentemens, Monsieur, et suis sans fin,
Vostre tres humble serviteur, parent,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVIII novembre 1614, Anessi.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon,
875 François de Chavanes, seigneur de Corbonex, qui revenait de Lyon. (Voir ci-dessus, note (832), p. 258.)
876 Le couvent des Capucins de Moutiers, de nos jours petit seminaire du diocese, fut fonde en 1612 parles liberalites
de Mgr Germonio, des chanoines et des habitants de la ville, sur l'emplacement du prieure de Saint-Alban. La
consecration de l'eglise restauree eut lieu le 23 novembre 1614, ainsi qu'en fait foi l'inscription suivante, gravee sur
une pierre, au chœur de l'ancien monastere: Hanc dicatam Ecclesiam et in honorem Deiparae ac Sanctorum omnium,
in gloriam B. Francisci Assisiatis ac Fratrum Minorum Capucinorum, sub nomine Sancti Albani Martyris reparatam,
consecravit Illustrissimus Franciscus de Sales, Episcopus Gebennensis, die 23 novembris 1614, Illustrissimo
Anastasio Qermonio Archiepiscopo Tarentasiensi absente, sed annuente. (Necrologe des FF. Mineurs Capucins de
la Province de Savoie, 1611-1902, par le P. Eugene de Bellevaux. Voir a l'Appendice II, le fragment d'une lettre
ecrite a cette occasion par Mgr Germonio au clerge de son diocese.)
877 Mgr Anastase Germonio (voir tome XV, note (564), p. 183), parti pour l'Espagne comme ambassadeur de Charles-
Emmanuel, echoua dans sa mission, ainsi qu'il l'avoue lui-meme: «Je suis venu,» ecrivait-il, «j'ai vu, mais je n'ai pas
vaincu.» (Epist. VI, liv. I.) Apres quelques mois de sejour, l'Archeveque de Tarentaise dut quitter les Etats de Philippe
III; il s'eloigna de Madrid le 30 octobre 1614 et arriva a Nice le 3 fevrier 1615, non sans avoir couru beaucoup de
dangers.
878 Vide Ep. praeced.
879 Voir ci-dessus, note (844), p. 261.
880 Mgr Savelli, Nonce extraordinaire du Saint-Siege, le marquis de Rambouillet, ambassadeur de France, le prince de
Castillon, au nom de l'empereur d'Autriche, s'etaient reunis a Verceil le 17 novembre, pour negocier la paix entre
l'Espagne et la Savoie (cf. ci-dessus, note (649), p. 203) et en arreter les conditions. Charles-Emmanuel se laissa
gagner, mais le gouverneur de Milan refusa de signer le traite conclu a Asti le 1er decembre suivant. (Voir Guichenon,
Hist. généal. de la Maison de Savoie, tome II.)
881 La comtesse de Tournon, femme du destinataire.
882 Jacques Pelard, seigneur du Noyret (voir plus haut, note (109), p. 23).
883 Le 19 novembre 1614, le premier syndic, M. de Conflans, revenait «de vers Monseigneur estant a Saint Rambert,»
apportant des lettres du prince a Son Altesse pour obtenir que l'exemption d'impots fut continuee à sa ville d'Annecy.
Mais si Bonfils, Dufresne et Berthelot avaient «faict tant» afin de «procurer l'expedition,» (Reg. des Délib. municip.)
c'est qu'il s'agissait d'atténuer l'insuccès d'une autre négociation. Le sieur de Corbonex, comme on le voit en
confrontant les textes, avait porté au duc de Nemours, avec la lettre du Saint, du 6 novembre, d'autres messages partis
du Conseil de Genevois, dans le but de déterminer Henri de Savoie à revenir dans son apanage. La lettre de M. de la
Grange (voir Appendice II) dit assez que toutes les démarches devaient fatalement rester inutiles.
884 Cette lettre ne nous est pas parvenue.
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commandant generalement deça les montz
en l'absence de S. E.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise Pensa, à Turin.
MXVIII. A Madame de la Fléchère. Annonce d'une messagère
de confiance. Encouragements. Fidélité du Saint à sa
chère Eglise de Genève, sa première épouse.
Annecy, [vers fin novembre] 1614885.
Ma tres chere Fille,
Je ne veux pas vous beaucoup entretenir maintenant par lettre, car en voyla une vivante qui
vous va voir, [270] en laquelle vous lires plus de bien que je ne sçaurois vous en escrire.
Je me res-jouis dequoy vos passions se treuvent un peu alenties; elles le seront, Dieu
aydant, tous-jours plus. Il ne faut sinon continuer joyeusement en la poursuite que nous faysons
du saint amour de sa divine Majesté. J'espere de vous voir dans cet hiver, car vous ne le passeres
pas sans rendre la pareille de cette visite que vous fait la chere cousine, principalement si monsieur
vostre mari fait sejour dela les mons.
Helas! je n'ay pas seulement pensé a ce que vous m'escrives de Tharentayse886; je fais trop
d'estat dé la viduité pour me remarier jamais. Non certes, si j'avois jamais ma liberté, jamais je ne
la quitterois. Or sus, si la quitte-je de tout mon cœur entre les mains de Nostre Seigneur, affin quil
face de moy selon son tres bon playsir. Qu'a jamais il vive et regne en nos cœurs. Amen.
Revu sur copie déclarée authentique, conservée à Turin,
Archives de l'Etat.
885 Migne, tome VI, col. 972, place cette lettre vers le 1er mai 1614; l'année est juste, mais non pas le mois. De Mme de
Charmoisy, la lettre «vivante» dont il est question dans ces lignes, le Saint écrivait le 13 juin (voir plus haut, p. 184)
qu'il ne l'avait pas encore vue. Les mots «dans cet hiver» semblent indiquer qu'on y était déjà; quant à M. de la
Fléchère, il se trouvait à Turin avant le 29 octobre (voir ibid., p. 260). L'ensemble de ces faits et l'allusion à la
Tarentaise autorisent la correction de la date pour le mois.
886 Comme on l'a vu dans la lettre précédente, le Saint venait de remplacer pour un ministère Mgr Germonio,
archevêque de Tarentaise, parti pour l'Espagne au mois d'août (cf. notes (876), (877), p. 269). Mme de la Fléchère avait
peut-être entendu dire ou conjecturé qu'on songeait à donner l'archevêché à François de Sales.
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MXIX. A la Mère de Chantal. Une nouvelle prétendante pour la
Visitation.
Annecy, [novembre] 1614887.
Voyci, ma chere Mere, ma niece de la Croix, qui vient des Dames de Bonlieu, a dessein de
se faire Religieuse [271] aupres de vous888. Je m'asseure que vous la recevres de bon cœur a cause
de son merite, et qu'elle est fille de monsieur et madame de la Ruaz, a qui j'ay lhonneur
d'appartenir889.
Revu sur le texte inséré dans la Généalogie manuscrite de la famille
de Vincent de la Croix de Fésigny.
MXX. A la même. Une première étape et la pensée de zèle qui
donnait un élan joyeni an saint voyageur. Consolations
spirituelles réservées aux âmes apostoliques. Commentaire
d'un texte de saint Paul.
Polinge, 2 décembre 1614.
Je commence des icy, ma tres chere Mere, a vous [272] rendre conte de nostre voyage890,
duquel cette premiere journee nous donne bon augure. Je suis, Dieu mercy, tout gueri et brave. Et
ce bon gentilhomme soüisse891 m'a commencé a dire que M. l'Evesque son frere n'avoit pas desiré
ma presence a sa consecration seulement pour l'action, mais pour conferer avec moy de plusieurs
choses d'importance pour l'entier restablissement de la sainte religion en ce pais-lâ. Voyla
887 La prise d'habit de Sœur Jeanne-Marie de la Croix eut lieu le 27 décembre 1614, en même temps que celle de Sœur
Paule-Jéronyme de Monthoux, entrée au Monastère au commencement de novembre (voir ci-dessus, Lettre MXIII, p.
260). L'assertion de l'Année Sainte (tome XI, p. 155), que les deux prétendantes ne firent point d'essai, est sûrement
inexacte pour la Sœur de Monthoux; elle l'est très probablement aussi pour sa compagne de noviciat. Or, le Saint ayant
été absent d'Annecy les premières semaines de décembre, il reste donc vraisemblable de placer l'arrivée de Mlle de la
Croix avant cette époque.
888 Mlle de la Croix de Fésigny avait été élevée à l'abbaye des Cisterciennes de Bonlieu (voir le tome précédent, note
(832), p. 292), auprès de sa tante, Mme de Gruffy, et de sa sœur, Mme de la Croix. Ses parentes, tout en la formant
«selon les maximes du monde..., n'oublierent pas aussy de la rendre parfaite dans la solide pieté.» Voulant être
Religieuse, et ne trouvant pas à l'abbaye la solitude qu'elle désirait, la jeune fille s'adressa «avec beaucoup d'humilité
a saint François de Sales, luy decouvrit son cœur et le supplia» de l'agréer pour sa fille. Le saint Evêque «approuva
fort son intention et la presenta... a la Mere de Chantal» par ce billet. (D'après la Généalogie manuscrite de la famille
de Vincent de la Croix de Fésigny, Archives de Fésigny.)
889 Mme de la Ruaz était Blanche-Diane de Valence de Gruffy, petite-fille, par sa mère, de Michel de Villette, propre
frère de Bonaventure de Chevron-Villette, aïeule maternelle de François de Sales. Celui-ci était donc son cousin issu
de germain, ce qui explique le titre de nièce qu'il donna toujours à la fille de Mme de la Ruaz. Devenu veuf en 1607,
Jacques de Vincent de la Croix, seigneur de la Ruaz, de Fésigny, etc., consacra le reste de sa vie «a servir Dieu et
travailler serieusement a ce grand ouvrage de l'eternité.» Après être demeuré un an auprès du Bienheureux pour se
former aux vertus ecclésiastiques, il reçut la prêtrise le 19 décembre 1609, et fut institué chanoine de Saint-Pierre de
Genève le 7 septembre 1612. (R. E.) Riche de bonnes œuvres, il mourut le 5 juillet 1619 et fut inhumé à Notre-Dame
d'Annecy. (Cf. Généalogie manuscrite, etc.)
890 Le voyage en Valais (voir ci-dessus, pp. 261, 269).
891 Dans la Chronique de Gaspard Bérody, publiée par le chanoine Bourban (Fribourg, 1894), se trouvent mentionnés
deux frères de Mgr Jost: égrège François, camérier» du Prélat et notaire depuis novembre 1618; «spectable Jean» qui,
en 1620, était notaire et châtelain de Massongy. Il est difficile de dire lequel des deux gentilshommes accompagnait
saint François de Sales.
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pourquoy je vay encor plus joyeusement voir si Dieu se servira de moy en quelque chose pour sa
gloire892; car893 saches, ma tres chere Mere, que j'ay eu en chemin, et ce matin encor plus, des
grans sentimens de la grace que Dieu fait a ceux qu'il employe a son service et ausquelz il donne
le vray goust des vertus, ayant eu cette pensee sur les paroles que l'Eglise inculque et qui donnerent
le dernier coup a la conversion de saint Augustin894: Non point es banquetz et ivroigneries, non
point es couches et impudicitès, mais revestes vous de Nostre Seigneur Jesus Christ895. Qu'a jamais
ce Sauveur soit nostre robbe [273] royale qui nous couvre et defende du froid de l'iniquité, et nous
eschauffe en ce divin amour que nostre unique cœur cherche.
Bonjour, ma tres chere Mere, conserves vostre ame et mienne en sainte consolation. Amen.
A Polinge896, ce 2 decembre 1614.
Je suis vous mesme, ma tres chere Mere, vous le sçaves bien, tres parfaitement vostre. Vive
Jesus! Je salue nos Seurs cherement. Le cher filz897 vous bayse tres humblement les mains; il arriva
hier, ainsy que nous entrions a table, c'est a dire a 5 heures.
A Madame
Madame de Chantal,
Superieure de la Visitation.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans.
892 L'espérance du Saint ne fut pas vaine: la solennité du sacre lui ayant fourni l'occasion de faire le sermon au peuple
valaisan, dont une partie était hérétique, il traita de la sainteté, de l'unité, de la succession apostolique, comme étant
les marques distinctives qui appartiennent exclusivement à la vraie Eglise. Le renom de l'Evêque de Genève et la
curiosité avaient attiré un grand nombre d'auditeurs. Il fallait quelque courage pour exhorter les dissidents à se réunir
à la communion romaine, car depuis de longues années les prédicateurs catholiques avaient défense à Sion d'aborder
en chaire les points de controverse. La tentative du Bienheureux confirma les uns dans la vraie foi et remua les autres.
(Voir Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VIII.) C'est pourquoi François de Sales se demanda s'il n'y aurait pas moyen
de ramener au catholicisme tant de villes et d'Etats, jusqu'alors inaccessibles à la prédication de la vraie foi. Ses
réflexions aboutirent à la composition d'un curieux mémoire, contenant un projet pacifique de réunion des hérétiques
à l'Eglise romaine; il l'envoya au Nonce de la cour de Savoie, en 1616. Cette pièce sera donnée parmi les Opuscules.
893 La suite de cet alinéa avait été interpolée par les premiers éditeurs dans un texte, vraie mosaïque composée de
plusieurs fragments réunis sous la date du 30 août 1622.
894 Vide Confess., 1. VIII, c. XII.
895 Rom., XIII, 13, 14.
896 Maison-forte de l'ancien duché de Genevois, près de Reignier, résidence des seigneurs de Chissé, neveux de Mgr
de Granier. (Cf. ci-dessus, note (653), p. 204.)
897 Bernard de Sales, baron de Thorens.
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MXXI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Avis donné
au Duc sur la politique du gouverneur de Milan en Valais.
Eloge détaillé du nouvel Evêque de Sion. Un présent qu'il n'a
pas reçu.
Thonon, 13 décembre 1614.
Monseigneur,
Ayant esté ces sept ou huit jours passés en Valey pour la consecration de Monseigneur de
Syon, j'ay remarqué beaucoup de bonn'affection au service de Vostre Altesse [274] Serenissime
en plusieurs de ce païs-la. Mays parmi cela, j'ay apperçeu que le seigneur gouverneur de Milan898
a des grandes prattiques pour attirer cet Estat au parti d'Espagne, et a presque des-ja gaigné pour
cet effect les vœux et les voix des quattre dizains, qu'ilz appellent, d'en haut: Rarogne, Vespia,
Brighen et Comze, qui auroyent des-ja fait passer leur inclination en resolution, si Monseigneur
de Sion et les trois dizains d'embas, Sion, Sierre et Loeïtze, ne se fussent grandement opposés pour
empescher ce coup899, lequel toutefois il sera malaysé de destourner, si quelqu'un n'arrive
promptement entr'eux de la part de Vostre Altesse, avec les provisions requises pour reasseurer
ces espritz-la fort esbranslés.
Et par ce, Monseigneur, que le Valley estant si proche de Savoye et Piemont, ne peut estre
qu'extremement utile aux affaires de Vostre Altesse, quand ell'en aura l'alliance et correspondance,
j'ay pensé que cet advis estoit d'importance et que je le devois donner a Vostre Altesse, laquelle je
supplie tres humblement de l'avoir aggreable, comm'encor que je luy die que ce jeune Prelat que
nous venons de sacrer est de fort bonne esperance, devot, actif, de bon esprit et plus gentil que sa
nation n'a pas accoustumé d'en produire, fort affectionné a Vostre Altesse, et qui attendoit avec
honneur un anneau episcopal en present, de Monseigneur le Prince Cardinal900, ainsy qu'on luy
avoit fait esperer.
Et quant au cappitaine Valdin901, il fait par dessus tous profession expresse d'estre tout
affecté au service [275] de Vostre Altesse, a laquelle je fay tres humblement la reverence, et luy
souhaitant toute sainte prosperité, je demeure infiniment,
Monseigneur,
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele
serviteur et orateur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Thonon, le XIII decembre 1614.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
898 Don Juan de Mendoza ou Mendoça, septième fils d'Antoine Gomez Hurtado de Mendoza, avait épousé Marie
Velasco y Alvarado. (Voir tome XI, note (771), p. 347.) D'abord allié de Charles-Emmanuel, il le seconda dans ses
entreprises militaires et lui demeura fidèle au début de la guerre du Montferrat (1613); mais l'influence de l'Autriche,
aussi bien que les intérêts de la couronne d'Espagne, l'obligèrent à embrasser la cause du duc de Mantoue.
899 Voir ci-après, note (904), p. 277).
900 Le Cardinal Maurice de Savoie, fils du destinataire.
901 Antoine Waldin, issu d'une ancienne famille de Sion, châtelain de Bramois de 1599 à 1601, devint successivement
bourgmestre de Sion (1602-1604), major de Mendaz et d'Hérémence en 1604, gouverneur de Monthey (1606-1608),
vice-bailli du Valais en 1613, bailli ou capitaine du Valais en 1616. (Archives du Valais.)
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MXXII. Au Marquis Sigismond de Lans. Renseignements
politiques. Les agissements du gouvernenr de Milan pour
attirer le Valais au parti de l'Espagne. Opposition de l'Evêque
de Sion. Mesures à prendre. Un festin de six heures.
Qualités du nouvel Evêqne.
Thonon, 13 décembre 1614.
Monsieur,
Je vous donnay advis, a mon départ d'Annessi, comme je venois en Valley pour la
consecration de Monseigneur l'Evesque de Sion qui, des il y a longtems, m'y avoit convié902, et a
la celebration delaquelle j'estois necessaire en quelque sorte, puisqu'il n'avoit point d'Evesque plus
proche qui luy peut rendre cet office avec moins d'incommodité que moy. Or, revenant de la, je
me suis treuvé obligé de donner advis a Son Altesse903 de l'effort que le seigneur gouverneur de
Milan fait pour attirer le pais de Valey au parti d'Espagne et soustraire cett'alliance a Son Altesse;
dequoy les fers sont si avant au feu, que si sadite Altesse n'y remedie promptement, je ne sçai
comm'on en pourra empescher les effectz. Et des-ja les [276] dizains de Comze, de Raroigne, de
Brighen et Vespia sont gaignés et auroyent fait faire le coup, n'eut esté la vive resistence de
Monseigneur de Syon et des autres troys dizains904.
Cest advis, Monsieur, est d'importance, comme Vostre Excellence jugera trop mieux. C'est
pourquoy je la supplie d'envoyer ma lettre ci jointe905 au plus tost a sadite Altesse, a laquelle je ne
dis pas que ces gens-la sont merveilleusement ombrageux et delicatz a entretenir, car elle le sçait
bien; mays je luy eusse volontier dit qu'en suite de cela, ilz ont treuvé estrange que le seigneur
Valdenghe906 n'ayt pas comparu au sacre de leur Evesque et a l'assemblee qui estoit assignee a ce
jour la, puisque mesme on leur en avoit donné intention, comme aussi a Monseigneur de Syon que
Monseigneur le Prince Cardinal luy envoyeroit son anneau episcopal. Que si ledit sieur Valdenghe,
ou quelqu'autre de la part de Son Altesse, ne se treuve mardi, 16 de ce moys, ou soudain apres, en
l'assemblee generale des dizains qui se doit [277] celebrer, je crains infiniment que l'alliance de
Son Altesse ne se convertisse en celle d'Espagne.
Au reste, il ne se peut dire combien de carouz on a fait a la santé de Son Altesse, de
Messeigneurs les Princes et de Vostre Excellence mesmement, Dimanche passé, au festin solemnel
qui ne dura sinon despuis un'heure apres mydi jusques a sept heures et demi du soir; et Vostre
902 Voir p. 158, la lettre du ai février 1614, par laquelle le Saint avait répondu à l'invitation de Mgr Jost, et cf. p. 267,
celle du 20 novembre.
903 Vide Ep. praeced.
904 Depuis le XVe siècle, l'autorité temporelle des évêques du Valais fut constamment battue en brèche. A la mort
d'Adrien II de Riedmatten (1613), les VII dixains contraignirent le Chapitre à signer une renonciation. Dans la suite,
Mgr Jost recourut en vain au Saint-Siège ; en fait, la juridiction seigneuriale des évêques en Valais ne fut pas restaurée.
Les dixains correspondaient aux divisions territoriales du pays; ils étaient au nombre de sept: Conches,
Brigue, Viège, Rarogne, Louèche, Sierre et Sion. Chacun de ces dixains avait à sa tête un magistrat, Landammann ou
Landvogt. De temps à autre, les chefs se réunissaient sous forme de diète, pour prendre des mesures d'ordre général.
Le président de l'assemblée portait le titre de «Capitaine du pays.» Cette République pouvait lever une petite armée,
et dans l'appui qu'elle tirait de ses alliés, trouvait une cohésion et une force qui en imposaient. Sa situation
géographique lui ouvrait des issues faciles vers le Milanais, la Savoie et le pays de Berne. Pour toutes ces raisons,
Charles-Emmanuel et la cour d'Espagne, au temps de leurs compétitions, firent toujours de grands efforts dans le
Valais pour s'y créer des partisans. (D'après les notes de M. Chatelan, sous-conservateur de la Bibl. publ. de Genève.)
905 Epist. praeced.
906 Le baron Jean-François-Jérôme Avogadro, seigneur de Valdengo, Vigliano et Montecavallo, fut nommé en 1598,
contrôleur à la Chambre des Comptes de Piémont, et conseiller de Son Altesse en 1603. Dès 1609, il recevait, pour
services rendus au cours de plusieurs missions en Suisse, une pension de deux cents ducatons, et au mois d'octobre
1612, il assistait à Bade comme ambassadeur extraordinaire, à la diète des cantons catholiques. (Cf. le tome précédent,
note (852), p. 300.) Il vivait encore en 1625. (Turin, Archiv. de l'Etat, 3e section, Archiv. camérales, Patentes.)
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Excellence peut penser si, passé la premiere heure, les autres devoyent estre longues a ceux qui ne
s'estoyent jamais treuvés en tell'histoire. Le bon Monseigneur l'Archevesque de Vienne907 et moy
fusmes exempts des carroux, hormis de quatre, a la santé de Son Altesse, de Messeigneurs les
Princes, des sept cantons catholiques908 et de Monseigneur le Prince909 et seigneurs dizains du pais
de Valey; mays nous les fismes encor dans des verres et selon la mesure que nous voulusmes.
Toutes les autres santés ne nous furent point presentees, mais elles ne demeurerent pas sans
porteurs.
Il falloit bien, Monsieur, vous dire tout, en gardant pour la bonne bouche que ce nouveau
Prince et Evesque (car ilz l'appellent ainsy) est tout brave, devot, sçavant, gentil et courageux, fort
serviteur de Son Altesse et ami de la Savoye.
Je prie Dieu quil vous comble, Monsieur, de ses plus desirables benedictions, et suis sans
fin,
De Vostre Excellence,
Tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Thonon, en haste, 1614, 13 decembre.
A Son Excellence.
A Montmellian.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [278]
MXXIII. A la Mère de Chantal. Réponse à donner à une
personne qui combat une vocation. Respect dû à la liberté des
âmes.
Annecy, [après la mi-décembre] 1614910.
Je luy respondray911 que la vocation de cette fille912 n'est pas mon œuvre, ains de Dieu,
comme je pense; que je ne n'oserois contribuer une seule parole pour la ruiner. Qu'elle s'en addresse
donq a Nostre Seigneur, qui tient les cœurs des siens en ses mains pour les tirer ou bon luy semble.
Mays vous, ma tre chere Mere, escrives-luy fort doucement que vous n'aves rien contribué a la
vocation et que vous craindries trop d'offencer Dieu en la dissuadant; qu'ell'est en sa liberté,
delaquelle elle peut user a son gré, et que si Dieu la veut en nostre Congreation, ce vous seroit une
907 Mgr Gribaldi.
908 Les sept cantons catholiques alliés des dixains du Valais étaient: Uri, Schwitz, Unterwald, Lucerne, Zug, Fribourg
et Soleure.
909 L'Evêque de Sion.
910 Avant d'entrer à la Visitation, la Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (voir ci-dessus, note (841), p. 261) avait été
envoyée chez les Dames de Neuville, où sa tante était prieure. (Ibid., note (837), p. 259.) Celle-ci alla jusqu'à s'engager
à se démettre de sa charge en faveur de sa nièce, si elle voulait choisir l'abbaye pour s'y consacrer à Dieu. La jeune
fille, insensible à toutes ces promesses, suivit l'inclination qui lui vint au cœur d'être présentée à saint François de
Sales. Reçue au monastère d'Annecy le 6 novembre 1614, elle eut à se défendre contre les vives oppositions de sa
tante qui multipliait ses lettres à la fugitive, essayant, par tous les moyens, de la faire revenir à Neuville. (Circulaire
de la Visitation de Blois, 30 novembre 1672.) La Mère de Chantal, préoccupée de ces instances, dut consulter le Saint;
le présent billet serait sa réponse. Cette concordance de faits indique la date approximative que nous proposons; elle
est confirmée par la présence du Bienheureux à Annecy.
911 La personne dont il fallait manier et apaiser l'esprit (voir la note précédente) était, si notre conjecture est fondée,
Béatrix de Maillard, fille de Pierre de Maillard et de Claudine de Bellegarde. Baptisée le 29 juin 1567, élue prieure en
1602, elle gouvernait encore en 1616 l'abbaye de Neuville.
912 Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (voir note (910), ci-dessus).
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grande charge de conscience a l'heure de vostre mort de la repousser; que vous la supplies de s'en
accommoder a ce que Dieu en disposera. Et quelque chose de vostre esprit et du mien.
Bon soir, ma tre chere Mere, toute mienne, moymesme.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes. [279]
MXXIV. A Dom Placide Bailly, Benedictin913. Excellente
disposition pour recevoir de grandes grâces. Comment vivre
«en ce petit pelerinage.» Document pour commencer une
bonne vie religieuse. Un anniversaire très pieusement célébré
par le Saint.
Annecy, 18 décembre 1614914.
Mon tres cher Pere,
Je vous puis asseurer que nostre chere Seur Françoise Gabrielle Bailly, vostre seur, m'est
aussi chere que si c'estoit la mienne propre, sa pieté m'y ayant convié, et loue Dieu de ce qu'elle
reçoit et donne beaucoup de consolation en la Congregation de nos cheres Seurs. Nostre Mere
d'icy915 l'ayme parfaitement, et nous voyons que c'est un vase bien poly, vuide, ouvert pour
recevoir de [280] grandes graces celestes; car c'est une ame droitte, un esprit vuide et desnué de
toutes les choses de ce monde, et qui n'a pensee ni dessein que pour son Dieu. O qu'elle est heureuse
en cet estat! car peu importe le tems passager a une ame qui aspire a l'eternité, et qui ne regarde
ces momens perissables que pour aller en la vie immortelle.
Ah! mon cher Pere, mon Frere, vivons ainsy en ce petit pelerinage, joyeusement selon le
gré de nos hostes, en tout ce qui n'est point peché. Je sçai que vostre ame est de celles desquelles
les yeux vont defaillans a force de regarder le sacré object de leur amour, disant: Quand me
consolerés-vous916?
Vous me demandes quelque instruction pour commencer une bonne vie religieuse. Ah!
vray Dieu, mon cher Pere, moy qui ne fus jamais seulement bon clerc, m'appartient-il d'instruire
les saintz Religieux? Portés doucement et amoureusement vostre croix, laquelle, a ce que j'entens,
est asses grande pour vous combler de benedictions, si vous l'aymés.
913 Une ancienne famille Bailly, actuellement éteinte, était originaire d'Ornans (Doubs), et y exerça des emplois de
judicature avant la Révolution. L'un de ses membres épousa une demoiselle Clément, dont la famille, également
d'Ornans, avait des établissements à Besançon. Le P. Placide naquit de ce mariage, et devint Religieux de l'abbaye
bénédictine de Saint-Vincent, réformée vers 1621 suivant le modèle de Saint-Vanne de Verdun. En 1653, on le
retrouve doyen du Monastère, puis sa trace nous échappe complètement. (D'après l'Inventaire de l'abbaye de Saint-
Vincent de Besançon dressé par les Bénédictins au XVIIIe siècle, Archiv. du Doubs.)
914 Sœur Françoise-Gabrielle Bailly, qui sera destinataire en 1616, prit l'habit le 2 juillet 1614, et partit d'Annecy pour
la fondation du monastère de Moulins, le 24 juillet 1616. La présente lettre, si elle n'est pas composée de plusieurs
fragments, a donc été écrite entre ces deux dates extrêmes. L'édition de 1641 la place au 12 juillet 1618; Hérissant, au
12 juin, corrigeant le quantième pour justifier l'allusion du Saint à sa consécration «a Dieu pour le n service des ames.»
(Voir page suivante.) Mais la Mère de Chaugy, qui cite dans la Vie de la Sœur Bailly le premier alinéa de notre texte1,
insinue que ces lignes furent envoyées à D. Placide peu de temps après la vêture de sa sœur, et leur teneur n'y contredit
pas. Elles sont donc très vraisemblablement de 1614, et de l'anniversaire de l'Ordination sacerdotale de François de
Sales, qui eut lieu le 18 décembre 1593.
1 Les Vies de VII Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie... par la Mere Françoise Madelene de Chaugy.
A Annessy, par Jacques Clerc, 1659, p. 74.
915 La Mère de Chantal.
916 Ps.CXVIII, 81, 82.
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20.8 Page 198

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Quelque petite occupation m'empesche de respondre a souhait a la douce lettre que vous
m'aves escrit. Seulement je vous dis que c'est aujourd'huy le jour que je fus consacré a Dieu pour
le service des ames917; je solemnise tous les ans ce jour avec le plus d'affection que je peux, me
consacrant de nouveau a mon Dieu. Enflammés mon sacrifice de l'ardeur de vostre charité, et
croyés que je suis
Vostre tres humble serviteur, pere et frere
tout ensemble,
FRANÇS, E. de Geneve.
D'Annessi, ce…… [281]
MXXV. A la Mère de Chantal. Mme des Gouffiers propose de
venir prendre la Mère de Chantal pour l'accompagner à Lyon ; le
Saint agrée provisoirement ce projet.
Annecy, fin décembre 1614918.
J'ay repensé, ma tres chere Mere, au desir que Mme de Gouffier a de vous venir prendre, et
l'ay conferé avec ses lettres; et m'est venu en l'esprit que peut estre il ne seroyt pas si hors de rayson
quil me sembloit d'abord, puisqu'elle son esprit si embarrassé et plein de choses qui l'affligent. A
elle la peine de venir et la despense de son voyage919. Mays nous en parlerons, Dieu aydant, ce
soir. Cependant vous y penseres un peu, et moy auray eu ce petit sujet de donner le bon jour au
tres aymé cœur de ma Mere.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le baron de Cholen, à Paris.
917 Voir note (914) de la page précédente.
918 Le départ des Religieuses qui allaient fonder à Lyon le second Monastère de la Visitation devait s'effectuer dans la
seconde moitié de janvier 1615 (cf. ci-dessus, note (843), p. 261); il semble donc assez probable que ces lignes aient
été écrites à la fin de 1614.
919 Mme des Gouffiers vint en effet chercher les fondatrices. (Voir Appendice III.)
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MXXVI. A la même. Où réside la foi dans l'âme des saints qui
sont tentés contre cette vertu. Les souffrances spirituelles de
la Mère de Chantal ne troublent pas son saint Directeur.
Annecy, [1614920.]
Ma chere Mere,
Ne craignés point, la foy reside tous-jours en la cime [282] et pointe de vostre esprit, et
cela vous asseure que ces troubles finiront et que vous jouires du repos desiré au sein de Dieu;
mais la grandeur du bruit et des cris que l'ennemy fait dans le reste de l'ame et rayson inferieure,
empesche que les advis et remonstrances de la foy ne sont presque point entendus. Mays de tout
cela, ma chere Mere, je ne m'en metz nullement en peyne; au contraire, je benis Dieu dans la nuit
de vostre souffrance, et rens grace a Celuy qui vous monstre combien il faut souffrir pour son
nom921.
Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy,
conservé à la Visitation d'Annecy.
MXXVII. A la même. Une malade reprise pour ses
imprudences.
Annecy, [1612-1614922.]
Je vous surprens, ma chere Mere, en manquement de fidelité, sans aucun pretexte de
prudence et de sagesse. Dites moy comme vous vous portes, pour Dieu et pour moy, qui suis,
comme vous sçaves vous mesme, plus vostre que vous mesme.
Dieu vous benisse, et moy. [283]
920 En 1614, la Mère de Chantal éprouvait des tentations analogues à celles que décrivent ces lignes. (Cf. ses Lettres,
vol. I p. 20.) C'est tout ce que nous pouvons dire pour la date. Quant au billet lui-même, impossible de découvrir s'il
fait partie ou non d'une lettre jusqu'ici inconnue.
921 Act., IX, 16.
922 Ce billet, que Migne (tome VI, col. 1092) adresse à tort à Mme de Boisy ainsi que le suivant, ne comporte pas de
date plus précise. A cause du style et de l'appellation de «Mere», celle que nous proposons semble convenir.
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MXXVIII. A la même. Demande et envoi de nouvelles.
Annecy, [1612-1614923.]
Que ma tres chere Mere soit benite des plus sacrees benedictions du Sauveur de son ame!
Amen.
Mais dites donq un peu bien, ma tres chere Mere, comme vous vous estes portee, car le
cœur de vostre filz, qui est le filz de vostre cœur, desire un peu de certitude de cela. Pour moy, je
me porte fort bien, graces a Dieu, et suis autant vostre que vous mesme, tout en verité.
Bon soir, ma tres bonne Mere, et soyes toute sainte.
MXXIX. A Madame de Peyzieu. Pour être tout à Dieu, nous
devons crucifier nos affections les plus vives. Il nous faut
surtout un cœur amoureux envers le prochain. — Quand cet
amour est-il plus excellent.
[Fin 1612-1614924.]
Ma tres chere Mere,
Maintenant que vous diray-je? Bien des choses sans doute, si je voulois suivre mes
affections, lesquelles seront [284] tous-jours pleynes pour vous, comme je desire que les vostres
soyent bien pleynes pour moy, quand sur tout vous seres dans le petit oratoire, ou je vous supplie
d'en respandre beaucoup devant Dieu a l'intention de mon amendement; ainsy que de mon costé
je respans, non les miennes, qui sont indignes a rayson du cœur ou elles sont, mays le sang de
l'Aigneau immaculé, devant le Pere eternel, en faveur de la bonne intention que vous aves d'estre
toute sienne.
Quel bonheur, ma chere Mere, d'estre tout a luy, qui, pour nous rendre siens, s'est fait tout
nostre! Mais il faut pour cela crucifier en nous toutes nos affections, et specialement celles qui
sont plus vives et mouvantes, par un perpetuel allentissement et attrempement des actions qui en
procedent, affin qu'elles ne se facent pas par impetuosité, ni mesme par nostre volonté, mais par
celle du Saint Esprit.
Sur tout, ma chere Mere, il nous faut avoir un cœur bon, doux et amoureux envers le
prochain, et particulierement quand il nous est a charge et degoust; car alhors nous n'avons rien en
luy pour l'aymer, que le respect du Sauveur, qui rend l'amour sans doute plus excellent et digne
d'autant qu'il est plus pur et net des conditions caduques.
Je prie Nostre Seigneur qu'il accroisse en vous son saint amour. Je suis en luy
Vostre bien humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [285]
923 Même dès 1613, saint François de Sales prend le titre de «filz» en écrivant à la Mère de Chantal. Impossible de
préciser davantage la date.
924 La présente lettre paraît convenir à Mme de Peyzieu pour le ton et le genre des avis qui lui sont donnés, assez
semblables aux recommandations faites à la même destinataire dans la lettre du 26 octobre 1612 (voir le tome
précédent, p. 286). Les indications font défaut pour assigner à ce texte une date moins approximative.
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21.1 Page 201

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MXXX. A M. Jean de la Ceppède925 (Minute). Remerciements
au destinataire pour l'envoi d'un poème. L'auteur a su
transformer les muses païennes en chrétiennes. Puisse-t-il
servir d'exemple à d'autres poètes. Le pouvoir des vers pour
pénétrer les cœurs.
[1613-1614926.]
Monsieur,
Ce m'a esté un honneur extremement sensible d'avoir receu de vostre part ces riches et
devotz Theoremes927 que le Reverend Pere Ange Le Blanc928 m'a remis; et si j'avois le riche
parfumier ou cabinet des unguens que cet ancien prince Alexandre le Grand destina pour la garde
des livres et escritz d'Homere929, je le destinerois aussi a la conservation de ce beau present, lequel
m'est d'autant plus pretieux que je n'avois garde de l'oser [286] esperer, puisque je n'ay pas mesme
pensé que vous eussies sceu que je fusse au monde, ou estant, de vray, si peu de chose, confiné en
ce recoin de nos montagnes, je me tiens pour invisible. Mais toutefois, comme ce sont les grandes
lumieres qui descouvrent les atomes, ainsy m'aves vous peu voir.
Or, puisque non seulement il vous a pleu, Monsieur, de jetter vostre pensee et, ce qui est
encor le plus, vostre bienveuillance sur moy, je vous supplie tres humblement de me continuer
cette grace par la mesme courtoisie et bonté qui l'a fait naistre en vostre ame sans aucun merite de
ma part; et si je ne puis par les effectz, au moins par affection je m'essayeray de correspondre a
cette faveur, vous portant a jamais un honneur, ouy mesme (si vous me permettes ce mot) un amour
tres particulier. A quoy je suis encor attiré par cette sçavante pieté qui vous fait si heureusement
transformer les muses payennes en chrestiennes, pour les oster de ce viel prophane Parnasse et les
loger sur le nouveau sacré Calvaire. Et pleust a Dieu que tant de poetes chrestiens qui ont en nostre
aage si dignement tesmoigné comme vous, Monsieur, la beauté de leur esprit, eussent aussi,
comme vous, fait paroistre la bonté de leur jugement au choix des sujetz de leurs poëmes! La
corruption des mœurs ne seroit pas si grande; car c'est merveille combien les discours resserrés
dans les lois des vers ont de pouvoir pour penetrer les cœurs et assujettir la memoire. Dieu leur
veuille pardonner de l'abus qu'ilz ont fait de leur erudition.
Et vous, Monsieur, usés, ains jouisses tous-jours ainsy saintement de ce beau, riche et bon
esprit que la divine Majesté vous a conferé en cette vie temporelle, affin que vous vous res-
jouissies a jamais, contemplant et chantant glorieusement les mesmes mysteres, en la vie eternelle.
Je suis de tout mon cœur,
Monsieur,
925 L'éditeur de 1641, qui le premier a publié cette lettre, l'adresse: A un Seigneur de Justice. Bien que le texte ne
renferme aucune allusion à l'exercice de la magistrature, nous croyons que le destinataire est Jean de la Ceppède, ou
Cépède, sieur d'Aigalades, premier président de la Chambre des Comptes, aides et finances de Provence, né à Marseille
vers le milieu du XVIe siècle. Les biographes vantent sa piété, son érudition, son savoir scripturaire et théologique.
De son union avec Madeleine de Brancas, il eut une fille qui épousa Henri de Simiane, seigneur de la Côte. Malherbe,
dont il fut l'ami, lui dédia un élogieux sonnet à propos des Theoremes (voir la note (927) ci-dessous). Il mourut à
Avignon en 1622 ou 1623. (D'après Moreri et Michaud.)
926 La date de l'apparition des Theoremes (voir la note suivante) justifie celle que nous donnons à cette lettre.
927 Jean de la Ceppède avait publié à Lyon, en 1594, l'Imitation des Pseaumes de David, avec des sonnets et des
méditations sur le mystere de la Rédemption. Cet ouvrage fut retouché et réimprimé sous le titre suivant: Les
Theoremes de Messire Jean de la Ceppede... sur le sacré mystere de la Redemption... suivi de l'Imitation de quelques
Pseaumes et autres Meslanges spirituels. A Tolose, Raymond Colomiez, MDCXIII. Un second volume parut en
1621.
Il n'existe, à notre connaissance, aucun poème de ce nom, publié à cette époque par un autre auteur: cette
raison confirmerait la désignation que nous faisons du destinataire.
928 De nombreuses recherches faites pour identifier ce Religieux sont restées infructueuses.
929 Plon., 1. XIII.
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21.2 Page 202

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Vostre tres humble serviteur,
F., E. de Geneve. [287]
MXXXI. A la Mère de Chantal. Une occasion est offerte à la
Mère de Chantal d'écrire à son cher enfant. De quoi elle avait
peur.
Annecy, [1613-1614930.]
Ma tres chere Mere,
Avec une aggreable occasion, je prens le contentement de vous donner le bon soir.
Un fort honneste gentilhomme me vient demander une lettre vers M. le Grand931 pour la
recommandation de quelque affaire qu'il a; j'ay pensé que peut estre auries vous playsir d'escrire a
vostre cher enfant932. Et n'estoit que je sçai que vous aves peur que l'amour naturel ne soit trop
rafroidy et presque tout esteint, je n'oserois pas vous donner cette atteinte pour le resveiller. Or
sus, si vous escrivés, il faut avoir la lettre encor ce soir.
Et Dieu vous benisse, ma tres vraye, tres aymee et tres aymable Mere. Je salue nos filles,
notamment la malade933, et suis, comme vous sçaves vous mesme, tout vostre par Nostre Seigneur.
Amen. [288]
930 La manière dont le Bienheureux parle ici de la tendresse maternelle de la Sainte pour Celse-Bénigne, rappelle
beaucoup les expressions employées dans la Lettre DCCCXCV (p. 37), écrite à la fin de juin ou au commencement
de juillet 1615. Ce rapprochement et le style du billet suggèrent la date indiquée.
931 Le duc de Bellegarde.
932 A Celse-Bénigne.
933 Si ces lignes étaient antérieures au 14 juin 1613, «la malade» pourrait être la Sœur Roget. (Cf. plus haut, notes
(139), (140), p. 34.)
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21.3 Page 203

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Année 1615
MXXXII. A M. Claude de Blonay. Pourquoi le saint Fondateur
désire envoyer à Lyon les meilleurs de ses sujets. Marie-
Aimée de Blonay sera l'une des fondatrices ; son père est prié
d'agréer cette mission si glorieuse pour sa fille.
Annecy, 2 janvier 1615.
Monsieur mon tres cher Frere,
Dieu nous visite en sa douceur, et veut que la Visitation soit invitee par nostre tres bon
Monseigneur de Lion934 de l'aller visiter en son diocese, pour y establir une Mayson de Nostre
Dame comme la nostre d'Annessy935. Or, d'autant que l'entreprise est grande et que c'est la premiere
saillie ou production de nostre Mayson (que je desire qui ne produise rien que de bon), nous
voulons y envoyer la cresme de nostre Congregation; et parce que nostre chere fille Marie Aymee
est un de nos plus pretieux sujetz, je desire de la poser aux fondemens de ce nouvel edifice.
J'espere que vostre pieté, mon cher Frere, vous fera volontier acquiescer a l'esloignement
de cette chere fille, puisqu'il est requis a la gloire de Dieu. Et encor (pour parler un peu
humainement a un pere qui ayme bien son enfant), cette mission est glorieuse a nostre fille, a
laquelle je ne me baste point de demander si elle voudra aller, me tenant asseuré de son
obeissance936, comme je [289] suis asseuré de vostre resignation, et que vous le deves estre de
l'affection fraternelle de
Vostre tres humble serviteur et confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
D'Annessi, le 2d jour de l'an 1615.
934 Mgr Denis-Simon de Marquemont.
935 Voir ci-dessus, note (843), p. 261, et ci-après, note (947), p. 294.
936 Cette assurance était fondée. «Ma Fille,» demanda le Saint, «voulez-vous bien aller à cette fondation
Monseigneur,» répondit Marie-Aimée, «je suis vouée du tout à l'obeïssance, et n'ay plus rien à deliberer pour moy-
mesme, ny point de consentement à donner; mais j'ay seulement à me sousmettre en toutes choses...» Et jamais elle
ne dit mot de ce dessein «à aucune des Sœurs, ny ne demanda aucune permission de voir, de parler ou d'écrire sur ce
sujet..., luy suffisant de suivre à l'aveugle les mouvemens de la saincte obeissance.» (Charles-Auguste de Sales, La
Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, 1655, chap. VI.)
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21.4 Page 204

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MXXXIII. A Madame Gasparde de Ballon, Religieuse de
l'Abbaye de Sainte-Catherine937. La débonnaireté de Notre-
Seigneur en sa crèche ; ce qu'on y trouve et dans quelle posture
il faut s'y tenir. Que faire quand l'ennemi nous détourne de la
sainte dévotion ; le péril de quitter l'oraison.
Annecy, 6 ou 7 janvier [1613-1615938.]
Nostre Seigneur vous ayme, ma chere Fille, et vous ayme tendrement. Que s'il ne vous fait
pas sentir la [290] douceur de son saint amour, c'est pour vous rendre plus humble et plus abjecte
a vos yeux. Mais ne laissés pas pour cela de recourir a sa sainte debonnaireté en toute confiance,
sur tout maintenant, en ce tems auquel nous le nous representons comme il estoit, petit enfant en
Bethlehem; car, mon Dieu, ma chere Fille, pourquoy prend il cette douce et amiable condition de
petit enfant, sinon pour nous provoquer a l'aymer confidemment et a nous confier amoureusement
en luy?
Demeurés bien pres de la cresche cette sainte octave des Rois. Si vous aymes les richesses,
vous y treuveres l'or que les Rois y ont laissé; si vous aymés la fumee des honneurs, vous y
treuveres celle de l'encens, et si vous aymes les delicatesses des sens, sentes-y la mirrhe odorante
qui parfume tout l'estable. Soyes riche en amour pour ce cher Sauveur; honnorable en la privauté
que vous prendres avec luy par l'orayson, et toute delicieuse en la joye de sentir en vous les saintes
inspirations et affections d'estre tres uniquement sienne.
Pour vos petites choleres, elles passeront, ou si elles ne passent pas, ce sera pour vostre
exercice et mortification. En fin, ma chere Cousine, puisque, sans reserve, vous voules estre toute
pour Dieu, ne tenes point vostre cœur en peyne, et, entre toutes les secheresses qui vous peuvent
arriver, soyes ferme a demeurer entre les bras de la misericorde divine.
Et pour ces apprehensions qui vous arrivent, c'est l'ennemy qui, vous voyant a cette heure
toute resolue de vivre en Nostre Seigneur sans reserve et sans exception, il fera toute sorte d'effort
pour vous incommoder et rendre dure la voye de la sainte devotion. Or, il faut que vous, au
contraire, estendies vostre cœur par une frequente repetition de vostre protestation, que vous ne
relascheres jamais, que vous persevereres en vostre fidelité, que vous [291] aymes mieux les
rigueurs du service de Dieu, que les douceurs du service du monde, que jamais vous
n'abandonneres vostre Espoux.
Gardés bien, ma chere Fille, de quitter la sainte orayson, car vous feries le jeu de vostre
adversaire; mais continues constamment en ce saint exercice et attendes que Nostre Seigneur vous
937 D'après l'édition de 1626, la destinataire est une Religieuse de Sainct Bernard; le ton de cette lettre et l'appellation
de «Cousine» font croire qu'elle a été adressée à l'une des Sœurs de Ballon et plus probablement à Gasparde, tout
d'abord inclinée vers la vie du monde. Ici, certains conseils font allusion à ces incertitudes et à ces combats intérieurs
qui, semble-t-il, furent épargnés à sa sœur Louise, dédiée à Notre-Seigneur depuis sa petite enfance.
Gasparde, troisième fille de Charles-Emmanuel Perrucard de Ballon et de Jeanne de Chevron-Villette (voir
tome XIV, note (388), p. 129), légataire de son père en 1607, fut envoyée à l'âge de treize ans vraisemblablement
vers 1610 ou 1611 en qualité de pensionnaire à l'abbaye de Sainte-Catherine. La vocation de Clarisse l'avait d'abord
attirée, mais saint François de Sales l'assura qu'elle devait choisir l'Ordre de Saint-Bernard et lui-même prêcha sa
vêture. Professe l'année suivante, elle entra dans la petite ligue des Sœurs qui voulaient se réformer et fut la cinquième
des Bernardines de Rumilly. Au printemps de 1641, Sœur Gasparde organisa le Monastère de Cavaillon; elle était
supérieure de la Maison de Seyssel en 1668, lorsque le 14 décembre de cette même année, sa sainte sœur, la Mère
Louise-Thérèse de Ballon, mourut entre ses bras. (D'après Grossi, La Vie de lu venerable Mere de Ballon, Annecy,
1695, passim.)
938 Tout point de repère faisant défaut dans l'ouvrage du P. Grossi (voir la note précédente), il est impossible de fixer
la date de cette lettre. Cependant, les conseils du Saint semblent s'adresser à une âme qui vient de se donner pleinement
à Dieu. Or, la vêture de Gasparde peut avec probabilité se placer entre les années indiquées; l'historien de la Mère
Louise-Thérèse nous apprend, en effet, que Mme de Ballon, dont le testament est daté du 28 septembre 1615, assista à
la cérémonie.
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21.5 Page 205

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parle, car il vous dira un jour des paroles de paix939 et de consolation; et lhors vous connoistres
que vostre peyne aura esté bien employee, et vostre patience, utile.
Bon soir, ma tres chere Fille. Glorifiés vous d'estre toute pour Dieu, et protestés tous-jours
d'estre toute sienne. Dites souvent: Que vive Jesus!
FRANÇS, E. de Geneve.
MXXXIV. A Madame de la Fléchère. La malignité humaine,
grand sujet de résignation. Quels esprits ne sont pas bons à
l'office de chapelain. On attend à Annecy les délégués de
l'Archevêque de Lyon.
Annecy, vers le 15 janvier 1615940.
J'ay receu vos lettres, ma tres chere Fille, mais on ne m'a donné commodité d'y respondre
que maintenant; encor n'ay-je loysir que celuy que je prens au milieu d'un appointement.
Pour le premier chef, vous pourres, en justification de M. de Blonnay941, declairer tout ce
que vous aves appris du tappis. C'est un grand cas de la malice de l'esprit humain! Rien ne nous
donne tant de sujet de resignation [292] que la rencontre des diverses ruses dont il se sert a mal
faire.
M. Charvet942 est un esprit jeune et ardent, et je le luy dis l'autre jour. Il seroit requis que
M. de Blonnay arrestast943, mais je ne sçai si nous le pourrons faire, car je le voy disposé a tout
quitter, par la recherche quil me fait de l'envoyer a Lion, servir de chapelain la nouvelle Visitation.
Je luy respons en sorte que je luy donne courage de demeurer, ne m'estant pas advis quil fut bon a
l'office quil recherche944, d'autant que c'est un esprit foysonnant de conceptions et fort porté aux
extremités.
J'ay remis la lettre a Mme de Chantal sans la voir, par ce que je n'avois pas encor leu celle
que vous m'escrivies. On n'est encor pas venu de Lion945; nous attendons aujourdhuy des
nouvelles. J'en ay receu de nostre seur de Bons946.
Dieu vous comble a jamais de ses tressaintes graces, et suis sans fin, ma tres chere Fille,
Tout parfaitement vostre,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Madame
Madame de la Flechere.
939 Cf. Jerem., XXIX, 1.
940 Le rapprochement des deux allusions à Jean-François de Blonav et au voyage pour la fondation de Lyon, que
contiennent la présente lettre et la suivante, justifie la date approximative attribuée à ces lignes, sans permettre
toutefois de la préciser davantage.
941 Jean-François de Blonay, qui était depuis quelque temps à Rumillv. (Voir ci-dessus, p. 258.)
942 Sans doute, un jeune prêtre que le Saint songeait peut-être à donner comme vicaire au curé de Rumilly. (Voir ci-
dessus, note (836), p. 259.)
Parmi les ecclésiastiques qui portaient à cette époque le nom de Charvet, on peut désigner avec le plus de
vraisemblance Charles, fils de Jean Charvet ou Charvey, notaire ducal de Saint-Gervais. Il reçut le sous-diaconat le
18 septembre 1604, le diaconat et la prêtrise le 5 mars et le 24 septembre 1605. Chapelain de Saint-Grat, à Saint-
Nicolas de Véroce et de Sainte-Madeleine au village des Baptioux à partir du 6 mars de la même année, il fut institué,
le 27 juillet 1623, curé de Crest-Voland où il mourut en décembre 1626. (R. E.)
943 C'est-à-dire, demeurât à Rumilly.
944 Cf. le tome précédent, note (1003), p. 354.
945 Pour chercher les fondatrices du second Monastère de la Visitation. (Cf. ci-dessus, Lettre MXXXII, et ci-après,
Lettre MXXXV.)
946 Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse i l'abbaye de Bons, sœur de Mme de la Fléchère.
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21.6 Page 206

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Revu sur l'Autographe conservé dans le trésor de l'église Saint-Servais, à Maëstricht. [293]
MXXXV. A la même. Départ imminent de la Mère de Chantal
pour Lyon. Souhait du Saint.
Annecy, 25 janvier947 1615.
En somme le bon monsieur de Blonnay948 a choisi de quitter la charge du college949. Certes,
ma tres chere Fille, son esprit n'est pas pour supporter un si grand tracas; et je voy que non
seulement cela, mais il est pour se retirer de Rumilly950. Or, Dieu soit loué.
Nostre bonne madame de Chantal part demain pour aller coucher a Clermont951, ces
messieurs et ces dames de Lion estant venus la prendre952. Hé! Dieu veuille benir et prosperer ce
voyage, qui s'entreprend pour son honneur et l'edification de plusieurs. [294]
Je vous salue infiniment, ma tres chere Fille, a qui je suis tres parfaitement en Nostre
Seigneur, qui vous sauve et benisse a jamais. Amen. Vive Jesus!
Je salue reciproquement la chere niece953 et luy souhaite mille et mille benedictions.
FRANÇS, E. de Geneve.
[25] janvier 1615.
A Madame
Madame de la Flechere.
947 D'après Migne, tome VI, col. 1352, l'Autographe de ce billet aurait porté la date du 26 janvier; on peut se demander
toutefois si l'éditeur a bien lu le quantième qui devait être écrit en chiffres romains. Ces lignes, annonçant que la Sainte
se dispose à partir le lendemain, doivent être du 25.
En effet, le Livre du Chapitre du Ier Monastère de la Visitation d'Annecy note que le départ des fondatrices
pour Lyon s'effectua le 26 janvier, quoique la Mère de Chaugy (Mémoires, etc., Partie II, chap. IX, p. 180) et quelques
Mss. de l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Lyon le fixent au 25, «jour de la Conversion de saint Paul.»
La coïncidence de cette fête avec le dimanche ne permet pas de croire que la Mère de Chantal et ses compagnes se
soient mises en route ce jour-là, mais plutôt le lendemain, ainsi que l'indique le Livre du Chapitre. Il est probable que
les grands adieux se firent le 25, et dès lors, cette date serait restée dans les souvenirs des annalistes comme celle du
départ.
948 Jean-François de Blonay (voir la lettre précédente).
949 Sur les écoles ou le collège de Rumilly au temps de notre Saint, nous savons fort peu de chose; Jean Ménenc en
fut le régent pendant quatre ans, et vraisemblablement de 1588 à 1592. (Voir tome XI, note (63), p. 15.)
950 De fait, M. de Blonay dut quitter Rumilly, puisqu'on ne voit pas qu'il ait exercé d'autres ministères après avoir
laissé «la charge du college.»
951 Clermont en Genevois, marqué pour la première halte de nuit de la pieuse troupe, est situé sur la route qui va
d'Annecy à Lyon par Seyssel; cette localité compte aujourd'hui 400 habitants.
C'est dans cette paroisse, en l'église de Saint-Etienne, que François de Sales reçut la tonsure cléricale le 20 septembre
1578, de Mgr Galois Regard, évêque de Bagnorea.
952 Pour plus de détails, voir l'Appendice III.
953 Gasparde d'Avise.
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21.7 Page 207

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MXXXVI. A la Mère de Chantal. Sept billets pour le voyage.
Souhaits et bénédictions. Les âmes vraiment inséparables.
Motifs de confiance et de courage. La joyeuse ardeur de saint
Ignace, martyr. Promesse de la protection des bons Anges.
Douceur de l'unité des cœurs et des esprits. — Ardente prière
pour la Fondatrice ; bénédictions à ses filles
Annecy, 26 janvier 1615954.
Voyci le souhait de vostre Pere, ma tres chere Fille: Dieu soit avec vous au chemin par
lequel vous ires; Dieu vous tienne tous-jours vestue de la robbe de sa charité; Dieu vous nourrisse
du pain celeste de ses consolations; Dieu vous ramene saine et sauve en la mayson de vostre pere;
Dieu soit a jamais vostre Dieu, ma chere Mere. Ce sont les benedictions que Jacob se souhaitoit
quand il partit de Bethel955, et ce sont celles la que je me souhaite a moy mesme, ma tres chere et
tres unique Fille, a [295] vostre despart de ce lieu, ou vous demeures en partant et d'ou vous partes
en demeurant.
Allés en paix, ma tres chere Fille, allés en paix ou Dieu vous appelle; demeurés en paix,
mais demeurés en la sainte paix de Dieu956, ou il vous tient et arreste icy. Les ames que Dieu a
rendu tout une sont inseparables, car, qui peut separer ce que Dieu a joint957? Non, ni la mort, ni
chose quelconque ne nous separera jamais de l'unité qui est en Jesus Christ958, qui vive a jamais
en nostre cœur. Amen.
MXXXVII959
Or sus, ma chere Fille, puisque Dieu est l'unité de nostre cœur, qui nous en separera
jamais? Non, ni la mort ni la vie, ni les choses presentes ni les futures, ne nous separeront jamais960,
ni ne diviseront nostre unité. Allons donq, ma tres chere Fille, avec un seul cœur961, ou Dieu nous
appelle; car la diversité des chemins ne rend rien de divers en nous, puisque c'est a un seul object
et pour un seul sujet que nous allons.
O Dieu de mon cœur962, tenés ma tres chere fille de vostre main; que son Ange soit tous-
jours a sa dextre pour la proteger, que la Sainte Vierge Nostre Dame la recree tous-jours de l'aspect
de ses yeux debonnaires.
954 Le saint Fondateur ne se contenta pas de bénir à leur départ ses chères filles; par une délicate prévoyance de son
cœur tout paternel, il confia à la Sœur de Blonay sept petits billets écrits de sa main, afin qu'elle en donnât «un tous
les soirs à chaque gîte» à la Mère de Chantal, «pour sa consolation» et son réconfort. (Hist. de la Fondation du 1er
Monastère de Lyon.)
Ce sont ces billets que nous reproduisons ici à la suite les uns des autres. La date que nous leur assignons est
donc conventionnelle et désigne le jour où ils ont été remis à la Sœur Marie-Aimée. (Voir note (947) de la page
précédente.)
955 Gen., XXVIII, 20, 21.
956 Philip., ult., 7.
957 Matt., XIX, 6; Marc., X, 9.
958 Rom., VIII, 38, 39.
959 Les éditeurs de 1626 avaient donné les quatre billets suivants soudés ensemble, comme ne formant qu'un seul et
même texte. A la seule lecture, on. voit que les répétitions trahissent un groupement artificiel: elles nous ont permis
de rendre à ces divers morceaux leur disposition primitive.
960 Ibid., 35, 38, 39.
961 Act., IV, 32.
962 Ps. LXXII, 26.
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MXXXVIII
Ma tres chere Fille, la Providence celeste vous assistera: invoqués-la avec confiance en
toutes les difficultés desquelles vous vous treuveres environnee. A mesure que vous allés outre,
ma tres chere Mere, ma Fille, vous deves prendre courage et vous res-jouir dequoy vous [296]
contentes Nostre Seigneur, le contentement seul duquel contente tout le Paradis.
Pour moy, je suis la ou vous estes vous mesme, puisque la divine Majesté l'a ainsy voulu
eternellement. Allons donq, ma chere Fille, allons suavement et joyeusement faire l'œuvre que
nostre Maistre nous a marquee.
MXXXIX
Hé! ma tres chere Mere, ma Fille, il me vient en memoire que le grand saint Ignace, qui
portoit Jesus Christ en son cœur963, alloit joyeusement servir de pasture aux lions et souffrir le
martyre de leurs dens: et voyla que vous allés, et nous allons, s'il plaist a ce grand Sauveur, a Lion,
pour y faire plusieurs services a Nostre Seigneur, et luy preparer plusieurs ames desquelles il se
rendra l'Espoux. Pourquoy n'irions-nous joyeusement au nom de nostre Sauveur, puisque ce Saint
alla si allegrement au martyre de nostre Sauveur?
Que bienheureux sont les espritz qui marchent selon la volonté de ce divin Esprit, et le
cherchent de tout leur cœur964, laissant tout, et le Pere mesme qu'il leur a donné965, pour suivre sa
divine Majesté!
MXL
Allés, ma tres chere Mere, ma Fille. Nos Anges de deça tiennent les yeux sur vous et sur
vostre petite trouppe et ne vous peuvent abandonner, puisque vous n'abandonnes pas le lieu de leur
protection, ni les personnes de leur garde, que pour n'abandonner pas la volonté de Celuy pour la
volonté duquel ilz s'estiment heureux d'abandonner maintes fois le Ciel. Les Anges de dela, qui
vous attendent, envoyeront a vostre rencontre leurs [297] benedictions, et vous regardent allant
vers leurs lieux, avec amour, puisque c'est pour cooperer a leur saint ministere.
Tenés vostre cœur en courage, car, puisque vostre cœur est a Dieu, Dieu sera vostre
courage. Allés donq, ma Fille, allés avec mille et mille benedictions que vostre Pere vous donne,
et sçachés que jamais il ne manquera de respandre, par toutes les aspirations que son ame fera, des
combles de souhaitz sacrés sur la vostre. Ce sera son premier exercice au resveil du matin, le
dernier au coucher du soir et le principal a la sainte Messe.
Vive JESUS et MARIE! Amen.
963 Vide Act. S. Ignatii Martyr.
964 Ps. CXVVIII, 1, 2.
965 Allusion au Saint lui-même.
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MXLI966
Allés, ma fille, allés; mon esprit vous va suivant et respandant sur vous mille benedictions.
Au nom de Dieu, nous allons et demeurons, avec une fort pure intention de servir de tout nostre
cœur a la gloire eternelle de sa divine Majesté icy ou nous demeurons, et la ou nous allons. O Dieu,
que c'est une douce chose que d'avoir la sainte unité des cœurs qui, par une merveille inconneuë
au monde, nous fait estre en plusieurs lieux, sans division ni separation quelconque.
Demeurons et allons en paix, ma tres chere Fille. Et comme une seule femme se console
en l'une et l'autre main, tenant son filz de l'une et son pere de l'autre, ainsy res-jouissons nous
dequoy en une parfaite unité d'esprit [298] et de tout nous mesmes, icy ou nous demeurons et la
ou nous allons, nous nous tenons a ce Sauveur que nostre cœur veut cherir reveremment comme
son Pere et tendrement comme un filz.
Or sus, je m'en vay presenter ce cœur a ce cher Sauveur en la sainte Messe.
MXLII
O Seigneur Jesus, sauvés, benissés, confirmés et conservés ce cœur qu'il vous a pleu de
rendre unique en vostre divin amour; et puisque vous luy aves donné l'inspiration de se dedier et
consacrer a vostre saint Nom, que vostre saint Nom le remplisse comme un bausme de divine
charité, qui, en une parfaite unité, respande les varietés des parfums et odeurs de suavité967 requises
a l'edification du prochain. Ouy, Seigneur Jesus, remplisses, comblés et surabondés en grace, paix,
consolation et benediction cette ame qui, en vostre saint Nom, va et demeure ou vostre gloire la
veut et appelle. Amen.
Mille benedictions a nos cheres filles. Dieu, qui les a assemblees, les benisse; leurs saintz
Anges soyent a jamais autour d'elles, respandant a pleines mains les graces et consolations celestes
dans leurs cœurs bienaymés, et que la Sainte Vierge, desployant sa poitrine maternelle sur elles,
les conserve en la vertu de son amoureuse maternité. Amen. VIVE JESUS! [299]
966 Ces billets MXLI, MXLII constituent, dans l'édition de 1626, la seconde moitié d'une lettre fabriquée, dont la
première partie est donnée au tome XV de notre Edition, p. 47, sous la date du 29 avril 1611. (Voir les notes qui
l'accompagnent.) Migne, tout en reproduisant intégralement au tome V, col. 1367, le texte interpolé des premiers
éditeurs, réimprime à part au tome IX, col. 84, les deux billets suivants en un seul, avec le quantième du 28 janvier
1615. Leur contenu ne permet pas de douter qu'ils n'appartiennent à la série des «sept petits ecrits» confiés par le Saint
à la Sœur de Blonay (voir ci-dessus, note (954), p. 295), et, selon toute apparence, ils sont les derniers qu'elle devait
remettre à la Mère de Chantal.
967 Cf. Cant., I, 2, 3.
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21.10 Page 210

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MXLIII. A Madame de Peyzieu. Les marques du pur amour.
De quel prix ont été payées les vertus des chrétiens.
Annecy, [vers février] 1615968.
Helas, mon Dieu, ma tres chere Mere, que j'ay esté estonné quand par vostre lettre j'ay sceu,
comme tout a coup, la longueur et le danger de vostre maladie! car, croyés moy, je vous supplie,
mon cœur vous cherit finalement. Mays, Dieu soit loué dequoy vous voyla presque toute
eschappee.
Certes, des-ormais je voy bien qu'il faudra vous apprivoyser aux maladies et infirmités en
cette decadence d'aage en laquelle vous estes. Seigneur Jesus, quel vray bonheur a une ame dediee
a Dieu d'estre fort exercee par la tribulation avant qu'elle parte de cette vie! Ma tres chere Mere,
comme peut on connoistre le franc et vif amour, que parmi les espines, les croix, les langueurs, et
sur tout quand les langueurs sont accompaignees de longueur? Aussi, nostre cher Sauveur a
tesmoigné son amour desmesuré par la mesure de ses travaux et passions.
Faites, ma chere Mere, faites bien l'amour a l'Espoux de vostre cœur sur le lit de douleur;
car c'est sur ce lit la ou il a fait vostre cœur avant mesme qu'il fust fait au monde, ne le voyant
encor qu'a son divin projet. Helas! ce Sauveur a conté toutes vos douleurs, toutes vos souffrances,
et a payé au prix de son sang toute la patience et tout l'amour qui vous est necessaire pour
saintement appliquer tous vos travaux a sa gloire et a vostre salut. Soyés contente a vouloir
doucement tout ce que Dieu [300] veut que vous soyés. Jamais je ne manqueray a prier la divine
Majesté pour la perfection de vostre cœur, que le mien ayme, cherit et honnore tendrement.
A Dieu, ma tres chere Mere, et ma tres chere Fille encor; a Dieu soyons-nous eternellement,
et nous et nos affections, et nos petites peynes et les grandes, et tout ce que la divine Bonté veut
estre nostre. Et sur ce, je suis en luy, ma tres chere Mere, tres absolument,
Vostre vray filz et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
968 Mgr Camus, en citant une bonne partie de la présente lettre dans L'Esprit du B. François de Sales (Paris, Alliot,
1640, tome VI, Partie XVII, Sect. XI), la dit adressée «à une dame ancienne et fort vertueuse de» son «diocese, que
par honneur» le Bienheureux «appelloit sa mere.» Cette indication fait tout de suite penser à Mme de Peyzieu comme
destinataire. La lettre du 28 février 1615 à la même dame (p. 310) confirme cette hypothèse et, par surcroit, suggère
avec assez de vraisemblance la date proposée pour ces lignes.
210/335

22 Pages 211-220

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22.1 Page 211

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MXLIV. A M. Claude de Quoex. Gratitude de Son Altesse
envers le Saint pour un avis important.
Annecy, [février] 1615969.
Monsieur,
Ce billet vous asseurera de ma part que je n'ay receu aucune lettre de Son Altesse despuis
une qu'elle m'escrivit, pour tesmoigner le gré qu'elle me sçavoit d'un asses important advis que je
luy avois donné en l'occasion de mon voyage en Valley970.
Cependant je vous suis trop obligé de la part que vous aves en tout ce qui me regarde, qui
suis aussi de tout mon cœur, Monsieur,
Vostre plus humble tres asseuré serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Chambéry, Archives du Sénat de Savoie. [301]
MXLV. A la Mère de Chantal, a Lyon. Sentiments du Saint
après le départ de sa chère fille spirituelle. Nouvelles
détaillées du Monastère, des Religieuses, de Françoise de
Chantal, de son goût pour la parure et de la piété de Mme de
Thorens. Désir de savoir les particularités de l'«abord» à
Lyon. Bénédictions à la Fondatrice et à chacune de ses filles
qui l'accompagnaient.
Châteaufort971, 4 février 1615.
VIVE JESUS
972Voyci la seconde commodité de vous escrire, ma tres chere Mere, et voyci aussi ma
seconde lettre, qui vous porteroit mille nouvelles du cœur que vous aves icy, si j'avois autant de
loysir quil en faudroit; 973mais je vous en diray asses, ma tres chere Mere.
Les deux premiers jours quil ne se vid plus soymesme, il demeura en une douce tendreté et
quelques larmes; mais quand je le portay la premiere fois ou il avoit accoustumé de treuver son
ame et quil ne l'y treuva plus, il fut saysi d'un estonnement nompareil qui luy a duré trois ou quatre
jours et le resaisit souvent, c'est a dire quand il y pense par maniere de privation du bien quil ayme
969 Les remerciements de Son Altesse pour l'«important advis» que lui donnait François de Sales le 13 décembre 1614,
ne parvinrent pas sans doute à Annecy avant la fin de ce même mois. Entre la réponse de Charles-Emmanuel et ce
billet, un certain laps de temps a dû s'écouler; cette particularité rend vraisemblable la date approximative que nous
lui attribuons.
Quant au destinataire, rien de certain ne nous le garantit, le billet n'ayant pas d'adresse. Il a été trouvé parmi
les papiers de Claude de Quoex; de là notre conjecture, confirmée par le ton de ces lignes.
970 Vide Epist. MXXI.
971 Au sud de Seyssel, où résidait très probablement Anne de Clermont, veuve vers la fin de 1614, de Pierre de Grôlée,
coseigneur de Châteaufort. Le Saint était allé sans doute la consoler et l'encourager dans son malheur.
972 Migne, tome VI, col. 976, a publié ce premier alinéa et le troisième, restés jusqu'alors inédits, mais en modernisant
le style.
973 Cette fin de phrase et l'alinéa suivant sont inédits.
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22.2 Page 212

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plus que tout autre du monde. Mays tout cela ne touche point la pointe de l'esprit qui, asseuré de
plus en plus de l'indissoluble et invariable unité que Dieu a faite de ce que nous sommes, demeure
aussi impenetrable a toute sorte d'apprehension. Et encor, cette partie inferieure a son
estonnement974 ……trouble ni inquietude, mais en verité grand plus quil ne se peut [302] dire.
Mays, ne disons plus rien de cela; car, ne suffit il pas que Dieu nous ayant rendus une mesme
chose, nous soyons par tout nous mesmes tout siens?
Dimanche975 je fus voir ma Seur de Brechard et je la treuvay plus joyeuse976. Je ne vis
qu'elle, par ce que j'arrestay fort peu; mais au retour977, je les verray toutes, et commencerons par
les Novices978. Elle me dit que nostre fille de Rabutin s'attristoit. et pleuroit pour n'avoir pas dequoy
se faire brave; et je luy dis quil failloit luy faire faire un beau collet pour les festes, et cela suffiroit
au vilage, en attendant mieux a vostre retour979. Je pense que cette fille croit que ce soit grand
contentement d'avoir ces dentailles et ces colletz montans (vous voyes bien que j'en sçai quelque
chose), et il la faut charger de cela; quand elle verra que cela n'est pas si grand feste, elle reviendra
a soy. Mays nostre fille de Thorens se confessa et s'en alla bien brave980; elle m'a prié de luy [303]
faire un'orayson qu'elle die tous les jours tandis qu'elle sera grosse; ce que je feray, et vous en
envoyeray une copie affin que vous sachies tout981.
Que j'ay d'envie, ma tres chere Mere, de sçavoir vostre abord et quel commencement Dieu
aura donné au service pour lequel il vous a appellee. Tout ira bien, je m'en asseure, et la tressainte
Vierge Nostre Dame tiendra vos cierges allumés982, affin que vous esclairies a ces bonnes ames
qu'ell'a marquees de sa bonté pour estre ses servantes. Je l'en supplie continuellement, estant
perpetuellement a Lion, non seulement en vous comme vous mesme, mais aussi en vostre petite
mayson983, ou je suis present, ce me semble, en esprit a tout ce petit mesnage spirituel que Dieu y
fait naistre.
974 Il n'a pas été possible de déchiffrer deux mots, très oblitérés sur l'Autographe.
975 C'était le 1er février.
976 En l'absence de la Mère de Chantal, Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard gouvernait le Monastère.
977 Au retour de son voyage à Châteaufort. Le 7 février, samedi, le Saint donnait la tonsure à Nicolas Teste, dans la
chapelle de son palais.
978 La Communauté comptait alors six novices: Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, Sœur Françoise-Gabrielle Bailly,
Sœur Marie-Françoise de Livron, Sœur Claude-Simplicienne Fardel, qui avaient pris ensemble l'habit de la Visitation,
le 2 juillet 1614; Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux et Sœur Jeanne-Marie de la Croix, voilées le 27 décembre
suivant.
979 On dirait que, loin de sa mère, Françon (voir tome XII, note (906), p. 360) comptait davantage sur l'éloquence de
ses larmes pour obtenir de quoi se parer. Le saint Evèque, toujours si débonnaire, ne pouvait que compatir au chagrin
de l'adolescente et condescendre, cette fois au moins, à son frivole désir. De Lyon, la Mère de Chantal envoya les
dentelles tant souhaitées. Cet envoi ne dut pas suffire; on en réclama d'autres. «Pour le coup!» écrivait la Sainte à la
Sœur de Bréchard, le 14 avril 1615, «des dentelles à Françoise! Je vous ai déjà mandé que nous en avions envoyé il y
a longtemps.» (Lettres, Plon, 1877, vol. I, p. 30.) Mlle de Rabutin avait donc «dequoy se faire brave.»
980 Marie-Aimée, baronne de Thorens, «se plaisoit fort d'estre propre et paroitre en sa condition... Or donc, comme sa
bonne mere s'aperceut qu'elle avoit un peu d'affection a la vanité, elle l'en retira fort doucement et industrieusement,»
en lui apprenant à faire «l'oraison mentale.» Ces maternelles insinuations «eurent un si grand pouvoir sur ceste chere
jeune dame, que, nonobstant sa repugnance, elle s'y adonna fidellement,» et se laissa même persuader «de faire une
confession generale; ce qu'elle executa soigneusement.» (Vie manuscrite de nostre devoste Sœur Marie Aymêe de
Rabuttin, par la Mère de Chaugy.) «Cette victoire,» dit une autre Relation, «fut suivie de tant de graces,» que Marie-
Aimée «prit la résolution d'être entièrement à Dieu tout le reste de ses jours.» (Archives de la Visitation d'Annecy.)
Il y a apparence que le Bienheureux parle ici à la Mère de Chantal de cette confession générale, qui fut pour
la jeune baronne de Thorens le point de départ d'une vie nouvelle, d'autant qu'elle avait eu grand'peine à s'y résoudre.
981 Cette prière, qui a été imprimée pour la première fois dans l'édition des Epistres spirituelles de 1629, liv. III, p.
567, sera donnée avec les Opuscules.
982 Allusion à la récente fête de la Purification, choisie pour l'inauguration du Monastère de Lyon, dont on trouvera
les détails à l'Appendice III.
983 La «petite mayson» qui abrita dès leur arrivée les fondatrices, avait été achetée, avec le concours de Mgr de
Marquemont. par Mme d'Auxerre et ses compagnes, après leur voyage à Annecy en 1613. (Cf. ci-dessus, note (82), p.
15, et voir Appendice III.) Elle était située rue du Griffon, au quartier des Terreaux, près de Saint-Claude, paroisse
Saint-Pierre, et appartenait «au sieur André Olier, marchant epicier» de Lyon. (Archiv. du 1er Monastère de Lyon,
transféré à Venise.)
212/335

22.3 Page 213

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984Je vous salue mille et mille fois, la plus aymee et la plus aymante Mere qui soit au monde,
et ne cesse point de respandre des souhaitz sacrés sur vostre personne et sur vostre trouppe. Hé
Seigneur, benisses de vostre sainte main le cœur de ma tres aymable Mere, affin quil soit beni en
la plenitude de vostre suavité, et quil soit comme une source feconde qui vous produise plusieurs
cœurs qui soyent de vostre famille et generation sacree. Benisses [304] ma premiere chere fille
Marie Jaqueline985, affin qu'elle soit le commencement permanent de la joye du Pere et de la Mere
que vous luy aves donné. La chere fille Peronne Marie986 soit un accroissement continuel de
consolation en la Congregation en laquelle vous l'aves plantee, pour y fleurir et fructifier
longuement. La chere fille Marie Aymee987 soit aymee des Anges et des hommes, pour provoquer
plusieurs ames a l'amour de vostre divine Majesté, et benisses le cœur de ma chere fille Marie
Elizabeth988, affin que ce soit un cœur de benediction immortelle.
Ma tres chere Mere, que benediction sur benediction et jusques au comble de toute
benediction soit adjousté a vostre cœur. Que vous puissiés voir vostre fille aysnee tous-jours
recommençante par des nouvelles ardeurs, la seconde tous-jours croissante en vertu, la troisiesme
tous-jours aymante, la derniere tous-jours benite; affin que la benediction du saint amour croisse
et recommence a jamais en vostre petite assemblee. Et sur tout, que le cœur de ma tres chere Mere,
comme le mien propre, soit a jamais tout detrempé au tressaint amour de Jesus qui vive et regne
es siecles des siecles. Amen. Dieu soit beni.
Je salue de tout mon cœur nos Seurs de dela989 et leur souhaite un cœur doux, maniable,
amiable, c'est a dire qu'elles ayt (sic) un cœur d'enfant, affin qu'elles [305] entrent au Royaume des
cieux990. J'ay grande consolation en l'esperance que je sens des benedictions que Dieu leur donnera.
4 febvrier 1615, a Chasteaufort, ou dame Jane991 n'est, pas.
A Madame
Madame de Chantal,
ma tres chere Mere superieure
de la Congregation de la Visitation d'Annessi.
A Lion.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
984 Ici, les éditeurs de 1626, qui n'out donné qu'un texte mutilé de cette lettre, avaient interpolé quelques lignes extraites
d'une lettre du 19 mars 1615. (Voir ci-après.)
985 Marie-Jacqueline Favre, première Religieuse de la Visitation, après la sainte Fondatrice.
986 Péronne-Marie de Chastel.
987 Marie-Aimée de Blonay.
988 Mme des Gouffiers.
989 Celles que les fondatrices avaient trouvées à Lyon, c'est-à-dire: Mme d'Auxerre, qui venait de recevoir l'habit le 3
février, avec le nom de Sœur Marie-Renée (voir ci-dessus, note (778), p. 240), et Mme Chaudon, qui n'obtint la même
faveur que le 1er avril 1617 (ibid., note (112), p. 25); Mme Colin ne put entrer qu'en 1617 (ibid., note (779), p. 241).
Dès les premiers jours, sa fille, Claude Colin fut admise toute jeune encore au Monastère: on lui «laissa la robe grise,
mais au lieu de cornette,» elle porta «un petit voile blanc, jusqu'à ce qu'elle fût en âge de prendre l'habit de novice.»
Quant aux demoiselles de Valence et Boivin, elles se retirèrent, et on leur remboursa ce qu'elles avaient
apporté. Toutes deux s'engagèrent à Lyon dans la Congrégation du Tiers-Ordre de Saint-François, dit de Sainte-
Elisabeth (voir tome XIII, note (707), p. 262), où elles réussirent fort bien. (D'après l'Hist. de la Fondation du 1er
Monastère de Lyon; cf. Appendice III.)
990 Matt., XVIII, 3, XIX, 14.
991 Ancienne servante de la baronne de Chantal. (Voir tome XIII, note (921), p. 341.) Le membre de phrase qui suit
la date a été supprimé dans les éditions précédentes.
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22.4 Page 214

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MXLVI. A M. Antoine des Hayes (Inédite). Une chère ville que
le Saint serait content de revoir. C'est l'invitation et la société
d'Antoine des Hayes qui auraient ses préférences s'il pouvait
aller prêcher à Paris. Pourquoi il prend patience dans son
«buisson.» Promesse d'adresser à son ami les premiers
exemplaires du Traitté de l’Amour de Dieu. M. de Granier.
Annecy, 15 février 1615992.
Je vous ay envoyé le brevet pour le petit benefice de Gex993, et ay eu nouvelles que
Monseigneur l'Archevesque de Bourges994 n'estoit pas mort, ains guerissoit.
Monsieur Masuyer995 m'escrit une grande lettre pour [306] me persuader d'aller prescher a
Paris le Caresme suyvant, ou a Saint Germain996 ou a Saint Mederic997; mais si je pouvois avoir
assés de liberté pour prendre ce contentement de revoir cette chere ville, ce seroit a vostre choix
et privativement a tous autres que je me logerois en chaire, comme ce seroit de vous voir et estre
pres de vous que je recevrois le plus de consolation. Or, puisque je ne puis faire ce voyage la qu'au
gré de mon Prince, dans l'Estat duquel je vis et dois vivre, autre n'advenant, et que je ne voy rien
qui me puisse promettre son aggreement pour cela998, il faut que je prenne patience dans mon
buisson, auquel, puisque Dieu y est comme ailleurs, il a dequoy se consoler.
Je ne veux point perdre de tems apres Pasque pour tirer au jour ce petit ouvrage de l'Amour
de Dieu999, que vous aymés et desirés; et voyrement je donneray ordre que vous en aurés les fins
premiers exemplaires qui s'en porteront a Paris, comme vous estes aussi le fin premier amy que j'y
aye et ailleurs, et que je suis,
Monsieur,
Vostre plus humble, plus obeissant et fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
15 febvrier....
J'attens de sçavoir que M. de Grenyer1000 deviendra, car je ne sçai plus ou il est, sinon qu'il
soit encor a Monpelier, attendant les nouvelles de son logement que vous luy avés impetré chez
Monseigneur de Joyeuse1001.
Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy. [307]
992 La promesse d'envoyer à son ami les tout premiers exemplaires du Traitté de l'Amour de Dieu, l'espoir de le mettre
au jour après Pâques, et de plus, la mention du «petit benefice de Gex» désignent l'année 1615, et permettent de
corriger la date de 1611 que porte la copie reproduite par notre texte, à défaut de l'Autographe.
993 Ce brevet doit être celui que donna Louis XIII le 6 juillet 1611. (Voir le tome précédent, note (210), p. 69, et ci-
dessus, note (867), p. 266.)
994 Mgr André Frémyot, frère de la Mère de Chantal. (Voir tome XII, note (669), p. 299.)
995 Gilles Le Mazuyer, pour lors maître des requêtes au Conseil royal. (Voir le tome précédent, note (837), p. 295.)
996 Fondée par saint Germain de Paris, vers 560, en mémoire de saint Germain d'Auxerre, cette église devint la paroisse
royale. Saccagée par la populace en 1831, elle fut rendue au culte en 1838.
997 ) Déjà en 1611, le curé et les marguilliers de cette paroisse avaient invité le Saint pour les prédications du Carême
de 1612. (Voir tome précéd., p. 104.)
998 L'Evêque de Genève ne put en effet sortir de son diocèse qu'à la fin de 1616, pour aller prêcher à Grenoble. Il ne
devait revoir Paris qu'en 1618.
999 Le Traitté ne fut envoyé à l'imprimeur qu'au commencement du mois de mai 1616. (Cf. ci-dessus, note (845), p.
261.)
1000 Denis de Granier, neveu du prédécesseur du Saint sur le siège épiscopal de Genève. (Voir tomes XIV, p. 344, et
XV, pp. 44, 148, 202.)
1001 Le Cardinal de Joyeuse (voir tome XII, note (1023), p. 411).
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22.5 Page 215

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MXLVII. Au Prince-Cardinal Maurice de Savoie1002. Les pièces
pour la cause du bienheureux Amédée de Savoie ont été
envoyées et reçues en temps opportun. Le Cardinal est prié
de s'intéresser à la prospérité du collège d'Annecy, gêné par
l'insuffisance des revenus.
Annecy, 17 février 1615.
Monseigneur,
J'envoyay au seigneur Ranze1003, il y a fort long tems, tout ce que j'avoys peu recueillir non
seulement en ce diocaese de Geneve, mais encor ailleurs1004, pour l'avancement de la canonization
du tre heureux Prince Amé troysiesme1005, et suys asseuré que le tout a esté receu. Ce qui me rendit
d'autant plus estonné, il y a quelque tems, quand je receu une lettre de Vostre Altesse Serenissime,
par laquelle elle tesmoignoit d'estre esbahie elle mesme dequoy je tardois tant a rendre ce devoir
d'obeissance envers elle et de pieté envers ce Saint. Mays j'ay jugé que le trespas dudit seigneur
Ranze avoit esté cause de l'esgarement de ces pieces et de l'apparence, par conseuent, de la
neligence delaquelle je n'avois pas commis la verité. Or, voyla donq derechef, Monseigneur, des
authentiques attestations de lhonneur religieux qui a esté porté a ce bienheureux Prince en divers
endroitz, avec un petit memorial pour la correction de ce que le P. Maleto en a escrit en
desordre1006, faute d'avoir entendu les actes que j'avois envoyés en langue françoise.
Au demeurant, Monseigneur, Vostre Altesse nous [308] ayant fait le bien de procurer la
venue des bons Peres Barnabites en cette ville1007, dont nous la remercions tres humblement, nous
la supplions tres humblement aussi tous, tant que nous sommes ses tres obeissans serviteurs de
deça, qu'il playse a sa bonté de vouloir bien prendre en speciale protection cette œuvre, delaquelle
le fruit sera incroyable et qui portera sa splendeur a la posterité, si les revenus de ce college
estoyent suffisans pour l'entretenement d'autant de personnes quil en faudroit pour faire les
functions que ces Peres feroyent excellemment en un lieu si propre, regardé de tant de nations
estrangeres, centre, de la Savoye, et a la juste distance qu'il faut pour jetter les bons exemples et la
doctrine dedans Geneve.
Vostre Altesse, Monseigneur, et en qualité de ce qu'ell'est de sa naissance et en qualité du
rang qu'elle tient en l'Eglise, ne pourroit, a l'adventure, pas plus dignement loger son soin et son
zele qu'en l'aggrandissement d'un œuvre si illustre, fructueux, saint et necessaire. C'est pourquoy
je la supplie en toute reverence de l'embrasser avec cette pieté qui reluit en elle, et ne cessant point
d'invoquer sur sa personne la grace celeste, je demeure a jamais,
Monseigneur,
1002 Voir tome XII, note (934), p. 345.
1003 Jean-François Ranzo (voir tome XIV, note (841), p. 297).
1004 C'est dans le courant de l'année 1610, que saint François de Sales s'occupa de recueillir tous ces documents. (Voir
ibid., pp. 199, 239, 240, 298, 350.)
1005 Amédée IX, troisième duc de Savoie (voir ibid., note (575), p. 198).
1006 Natif de Verceil, fils de Jean-Baptiste Maletti, jurisconsulte et conseiller de Charles-Emmanuel, Pierre-François
devint chanoine régulier de Latran. Abbé de Saint-André de Verceil en 1600, et de nouveau de 1607 à 1612; cinq fois
visiteur de son Ordre, il en fut élu Général en 1615. Préconisé évêque de Nice en 1622, il prit possession de son siège
le 15 mai et mourut dans sa ville épiscopale, le 4 novembre ou décembre 1631, après avoir rempli assidûment les
devoirs de sa charge.
Il publia en 1613 une Histoire du Bienheureux Amédée de Savoie1; mais en vérité, cet ouvrage est moins une
biographie qu'une série de documents mal triés et d'inégale valeur, imprimés sans aucun ordre à la suite les uns des
autres. C'est sans doute cette compilation que désigne le Saint.
1 Historia del Beato Amadeo, terzo Duca di Savoia, composta dal P. D. Pietro Francesco Maleto, Can. Reg
Lateranense. In Torino, per Gio. Antonio Seghino, MDCXIII.
1007 Voir ci-dessus, notes (611), p. 189, et (734), p. 228.
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XVII febvrier 1615, Anessi.
Tres humble et tres obeissant orateur
et serviteur de V. A. Serme et Reverme,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé aux Archives capitulaires de la cathédrale
de Verceil (Piémont). [309]
MXLVIII. A Madame de Peyzieu. Souhaits, offre de services,
encouragements à une dame infirme et âgée. Le moyen de
rendre les langueurs salutaires et aimables.
Annecy, 28 février 1615.
1008Madame ma tres chere Mere,
Mon cœur va visiter le vostre en l'infirmité de son pauvre cors1009, et voudrois bien vous
offrir quelques services dignes de l'humble et forte affection filiale que j'ay envers vous. Au moins,
ne pouvant rien davantage1010, je vous donne tous les meilleurs souhaitz que mon ame me peut
fournir, et les presente a la majesté de Nostre Seigneur, affin quil luy playse vous donner, avec la
patience quil vous a departie il y a long tems, le doux et tres humble aggreement de vos travaux
que les plus grans Saints ont eu des leurs, affin que, moissonnant beaucoup de merites en cette
arriere sayson de vostre aage, vous vous treuvies riche devant sa divine face, quand vous la verrés.
Ma tres chere Mere, croyes, je vous supplie, que mon ame vous ayme et honnore
filialement, et que les foibles prieres que je pourray contribuer a vostre consolation ne vous seront
point espargnees. Cependant, aymes moy bien aussi, et pendant vos maladies, tenes vous a l'ombre
de la sainte Croix et voyes y souvent le pauvre Sauveur languissant. La, les maladies et langueurs
sont salutaires [310] et aymables, ou Dieu mesme nous a sauvés par ses langueurs1011.
Madame ma tres chere Mere, je suis
Vostre plus humble filz et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
1012XXVIII febvrier 1615.
Si vous escrivies ou faysies sçavoir de vos nouvelles a ma chere seur madame de
Grandmayson1013, pour Dieu, ma chere Mere, faites luy aussi sçavoir que je luy souhaite mille
faveurs du Ciel et la cheris comme ma seur et fille tres aymee.
Ayant despuis gaigné le tems de luy escrire, je l'ay fait.
A Madame
[Madam]e de Pezieu.
A Thuey1014.
1008 Voir le fac-simile placé en tête de ce volume.
1009 Cf. supra, Epist. MXLIII.
1010 Ces quatre premières lignes sont inédites. La suite de la lettre avait été interpolée par les premiers éditeurs et ceux
qui les ont suivis, dans lé texte de la lettre du 26 octobre 1612 à la même destinataire. (Voir le tome précédent, note
(822), p. 289.)
1011 Cf. Is., LIII, 4-6.
1012 La date, le post-scriptum et l'adresse sont inédits.
1013 Hélène de Longecombe, fille de la destinataire. (Voir le tome précédent, note (804), p. 283.)
1014 C'est là que se dressait le manoir de famille des Longecombe. (Voir ibid., note (821), p. 288, et cf. ci-dessus, note
(270), p. 75.)
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22.7 Page 217

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Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
au château de la Roche-Mailly (Sarthe).
MXLIX. A la Mère de Chantal, a Lyon. D'où procèdent les
découragements dans la vie spirituelle. Il ne faut jamais
s'arrêter dans le travail de la perfection. Un précepte des
Saints recommandé à la Mère de Chantal. La présence du
Saint-Sacrement, trésor de vie pour les maisons qui en jouissent.
Annecy, 1er ou 2 mars1015 1615.
……………………………………………………………………………………………………...
Croyés moy, ma tres chere Mere, comme vous mesme: Dieu veut je ne sçai quoy de grand
de nous. [311]
Je vis les pleurs de ma pauvre Seur [Marie-Madeleine1016,] et il me semble que toutes nos
enfances ne procedent d'autre defaut que de celuy ci: c'est que nous oublions la maxime des Saintz,
qui nous ont advertis que tous les jours nous devons estimer de commencer nostre avancement ou
perfection; et si nous pensions bien a cela, nous ne nous treuverions point estonnés de rencontrer
de la misere en nous, ni dequoy retrancher. Il n'est jamais fait; il faut tous-jours recommencer, et
recommencer de bon cœur. Quand l'homme aura achevé, dit l'Escriture1017, alhors il commencera.
Ce que nous avons fait jusques a present est bon, mais ce que nous allons commencer sera meilleur;
et quand nous l'aurons achevé, nous recommencerons une autre chose qui sera encor meilleure, et
puis une autre, jusques a ce que nous sortirons de ce monde pour commencer une autre vie qui
n'aura point de fin, parce que rien de mieux ne nous pourra arriver. Allés voir donq, ma chere
Mere, s'il faut pleurer quand on treuve de la besoigne en son ame, et s'il faut avoir du courage pour
tous-jours aller plus avant, puisqu'il ne faut jamais s'arrester, et s'il faut avoir de la resolution pour
retrancher, puisqu'il faut mettre le rasoir jusques a la division de l'ame et de l'esprit, des nerfs et
des tendons1018.
Certes, ma tres chere Mere, vous voyes que mon cœur et le vostre propre est plein de ce
sentiment, puisqu'il verse ces paroles, quoy qu'il soit sans loysir et qu'il n'y eust pas pensé.
Mais, ma tres chere Mere, observés donques bien le [312] precepte des Saintz, qui tous ont
adverti ceux qui le veulent devenir, de parler ou peu ou point de soy mesme et des choses qui sont
nostres. Ne pensés pas que pour estre a Lion vous soyes dispensee du pacte que nous avons fait,
que vous series sobre a parler de moy, comme de vous mesme. Si la gloire du Maistre ne le requiert
en de certaines occurrences, n'en dites mot; si elle le requiert, soyés courte et exacte observatrice
de la simplicité. L'amour de nous mesme nous esblouit souvent: il faut avoir les yeux bien fermés
1015 Le texte que nous publions est daté de 1615 dans l'édition princeps; bien des fragments se rapportent en effet aux
débuts de la fondation de Lyon. L'allusion fort probable à la Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, comparée avec la
mention qui est faite d'elle dans la lettre du 19 mars (voir ci-après, p. 328), fait croire que la présente lettre est antérieure
à celle-là. D'autre part, le 5, François de Sales dit avoir écrit-à la Mère de Chantal «allant a Sales,» où il passa les
derniers jours de carnaval; ces lignes peuvent donc se placer au 1er ou au 2 mars avec beaucoup de vraisemblance.
Les éditeurs de 1616 ont tronqué le commencement; de plus, ils font suivre la phrase finale de notre texte de
deux fragments: le premier est une interpolation du billet du 5 décembre 1610 (voir tome XIV, p. 374); le second est
d'une date très imprécise qui peut flotter entre 1614 et 1618. (Cf. ibid., note (77), p. 14.)
1016 Sans doute, Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Escrilles.
1017 Eccli., XVIII, 6.
1018 Heb., IV, 12.
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22.8 Page 218

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pour n'estre pas deceuz a nous voir nous mesmes. C'est pourquoy le grand Apostre s'escrie1019:
Celuy qui se recommande soy mesme n'est pas appreuvé, mais celuy que Dieu recommande.
Le bon Pere Granger1020 parla bien, et le Saint Esprit luy e n sçaura gré. Je suis bien ayse
qu'en vostre ruche et au milieu de cet essaim nouveau, vous ayes vostre Roy, vostre miel et vostre
Tout1021. La presence de cette sacree Humanité remplira toute vostre mayson de suavité, et c'est
une grande consolation aux ames qui sont attentives a la foy, d'avoir ce thresor de vie proche.1022
……………………………………………………………………………………………………...
ML. A la meme, a Lyon. Trois consolations dont le Saint a été
gratifié au château de Sales. Son attendrissement en voyant
les pigeons faire place aux petits oiseaux et leur laisser pour leur
repas des restes à suffisance.
Annecy, 5 mars1023 1615.
Je vous escrivis allant a Sales1024, ma tres chere Mere; [313] et maintenant je vous escris a
mon retour. J'y ay eu trois consolations, et vous seres bien ayse de les sçavoir, car ce qui me console
vous console aussi comme moy mesme.
Premierement, ma chere petite seur1025, que je treuve tous-jours plus aymable et desireuse
de devenir brave et devote.
Secondement, que hier, jour des Cendres, je fis ma matinee tout seul a la galerie et en la
chappelle, ou j'eus une douce memoyre de nos aymables et desirables entretiens lhors de vostre
confession generale1026; mays il ne se peut dire quelles bonnes pensees et affections Dieu me donna
sur ce sujet.
Troisiesmement, il avoit fort neigé, et la cour estoit couverte d'un grand pied de neige.
Jean1027 vint au milieu et balia certaine petite place emmi la neige, et jetta la de la graine a manger
pour les pigeons, qui vindrent tous ensemble en ce refectoire la, prendre leur refection avec une
paix et respect admirable; et je m'amusay a les regarder. Vous ne sçauries croire la grande
edification que ces petitz animaux me donnerent, car ilz ne dirent jamais un seul petit mot, et ceux
qui eurent plus tost fait leur refection, s'envolerent la aupres pour attendre les autres. Et quand ilz
eurent vuidé la moytié de la place, une quantité d'oysillons qui les regardoyent vindrent la autour
d'eux; et tous les pigeons qui mangeoyent encor se retirerent en un coin, pour laisser la plus grand
part de la place aux petitz oyseaux, qui vindrent aussi se mettre a table et manger, sans que jamais
les pigeons les troublassent.
J'admiray cette charité; car les pauvres pigeons avoyent si grand peur de fascher ces petitz
oyseaux ausquelz ilz donnoyent l'aumosne, qu'ilz se tenoyent tous [314] ramassés en un bout de la
1019 II Cor., X, ult.
1020 Le P. Pierre Grangier, S. J. (voir plus haut, note (111), p. 25).
1021 Nous n'avons pu découvrir à quelle date on pla;a le Saint-Sacremeut dans la petite chapelle de la Maison de Lyon.
1022 Voir le deuxième alinéa de la note (1015), p. 311.
1023 La première édition date cette lettre du «2d jour de Caresme 1635» évidemment pour 1615 ; ce «second jour»
était, non le 26 février, comme l'ont indiqué à tort Vivès et Migne, mais le 5 mars, puisque le mercredi des Cendres
tombait cette année-là le 4 mars.
1024 Epist. praeced.
1025 La baronne de Thorens.
1026 Allusion à la confession générale que fît la baronne de Chantal à son bienheureux Père lors de son premier voyage
en Savoie, dans la dernière semaine de mai 1605. (Voir les détails de son séjour à Sales donnés par la Mère de Chaugy,
Mémoires, etc., Ire Partie, chap. XVII; cf. aussi tome XIII, pp. 39, 45, 51.)
1027 Serviteur de la maison de Sales, déjà mentionné au tome XIV, p. 35.
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table. J'admiray la discretion de ces mendians, qui ne vindrent a l'aumosne que quand ilz virent
que les pigeons estoyent sur la fin du repas et qu'il y avoit encor des restes a suffisance. En somme,
je ne sceu m'empescher de venir aux larmes, de voir la charitable simplicité des colombes, et la
confiance des petitz oyseaux en leur charité. Je ne sçai si un predicateur m'eust touché si vivement.
Cette image de vertu me fit grand bien tout le jour.
Mais voyla qu'on me vient presser, ma tres chere Mere. Mon cœur vous entretient de ses
pensees et mes pensees s'entretiennent le plus souvent de vostre cœur, qui est, certes, un mesme
cœur avec le mien.1028
Dieu me favorise de beaucoup de consolations et saintes affections, par des clartés et
sentimens qu'il respand en la superieure partie de mon ame; la partie inferieure n'y a point de part.
Il en soit beni eternellement. Dieu, qui est l'ame de nostre cœur, ma tres chere Mere, nous veuille
a jamais remplir de son saint amour. Amen.
Je fay ce que je puis pour le livre1029. Croyés que ce m'est un martyre bien grand de ne
pouvoir gaigner le tems requis; neanmoins j'avance fort, et croy que je tiendray parole a ma tres
chere Mere.
Vous estes, ma tres chere Mere, toute pretieuse a mon cœur. Dieu nous rende de plus en
plus tous siens. Je salue nos cheres Seurs.
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 2d jour de Caresme, 1615. [315]
MLI. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite). Dispense
de l'abstinence. Une dénonciation effrontée contre un frère du
Saint.
Annecy, 7 mars 1615.
Monsieur,
Je me res-jouis de tous vos contentemens pour vostre heureux retour et pour celuy de
madame ma cousine1030, en attendant de recevoir le comble de cette joye par l'honneur de vostre
veuë et de la sienne. Et tandis, vous pourres, Monsieur, et elle aussi, user des viandes convenables
a vostre santé, selon que monsieur Burin vous aura dit, puisque son filz est venu sans l'attestation
mentionnee, laquelle aussi n'estoit pas necessaire1031.
J'avois, il y a quelques jours, la lettre ci jointe, mays je ne sçavois ou l'addresser. Cette
seur-la1032 en fin desire sa retraitte, et, comme elle m'escrit, elle ne la peut faire que par vostre
1028 La lettre semble se terminer assez bien ici; l'alinéa suivant parait être une interpolation. De fait, les lignes 13-18
de la Lettre MLX, p. 331, avaient été intercalées à cet endroit même par les éditeurs de 1616, ce qui permet de mettre
en doute l'intégrité de la fin du texte. (Voir tome XIV, note (67), p. 14.) Quant au passage qui concerne le Traitté de
l'Amour de Dieu, s'il n'appartient pas à la présente lettre, il a dû néanmoins être écrit vers cette époque. (Cf. ci-après,
p. 330.)
1029 Le Traitté de l'Amour de Dieu. (Cf. ci-dessus, note (845), p. 261.)
1030 Le comte, revenant sans doute de la cour de Turin avec la comtesse sa femme, était rentré à Rumilly.
1031 Dès le commencement du XVIe siècle, la famille Burin comptait parmi celles de la bourgeoisie de Rumilly.
«Honorable Claude,» médecin, «apothicaire de Son Altesse et des Serenissimes Princes,» qui apparaît plus d'une fois
dans les Registres paroissiaux, est certainement le personnage mentionné dans cette lettre. Il fut inhumé le 14 mars
1613.
Son fils serait-il Jean Burin, qui figure au mêmes Registres, en 1608 comme parrain, et en 1633 comme
témoin d'un manager (Voir Armorial et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie, tome III, p. 220, et Muguier, L'Etat
civil de Rumilly-l'Albanais, 1607-1793, Chambéry, 1899.)
1032 Probablement Anne de Maillard (Voir ci-dessus, note (650), p. 204).
219/335

22.10 Page 220

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secours. Elle vouloit mon intercession, mays je serois temeraire de l'employer pour une bonne seur
envers un si bon frere.
Monseigneur de Nemours a envoyé ces jours passés un gentilhomme pour solliciter
promptement une information contre mon frere le chevalier1033, sur une effrontee [316] imposture
que l'on avoit faite contre luy, qui est encor tout malade. Rien ne me fasche en cela que la facilité
avec laquelle ce Prince reçoit le rapport des gens de rien, pourveu qu'ilz soyent faitz contre ceux
qui me sont quelque chose. Mais, la providence de Dieu en tirera du bien.
Je la supplie de vous combler de prosperité, et suis,
Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
7 mars 1615, Annessi.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon,
Conseiller d'Estat de S. A., Gouverneur de Savoye,
Commandant generalement deça les montz
pour S. A. en l'absence de S. E.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
1033 Janus de Sales, chevalier de Malte. (Voir le tome précédent, note (1024), p. 362, et ci-dessus, p. 26, note (114), et
pp. 32, 46; et aussi les deux lettres suivantes.)
220/335

23 Pages 221-230

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23.1 Page 221

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MLII. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. La nuit et les
œuvres de la nuit. — Pourquoi les princes sont tenus en
conscience de ne pas recevoir sans examen les accusations.
Courageuse remontrance du saint Evêque au duc de Nemours.
Annecy, 9 mars 16151034.
Monseigneur,
……………………………………………………………………………………………………...
La nuit est un mauvais tesmoin, et les voyages et œuvres de la nuit sont sujetz a de
mauvaises rencontres, [317] desquelles nul ne peut respondre. Mais ces pauvres gens de bien1035,
qui estoyent revenus par la grace de Vostre Grandeur, preuveront qu'en ces nuitz la ilz estoyent
ailleurs, et seroyent bien marris d'avoir ni cooperé, ni consenti a telles malices. Je n'ay point sceu
d'autres insolences de leur part, parce qu'en verité ilz n'en ont point faittes.
Monseigneur, je supplie tres humblement Vostre Grandeur de me permettre la discrette
liberté que mon office me donne envers tous. Les Papes, les Rois et les Princes sont sujetz a estre
souvent deceuz par les accusations et rapportz. Ilz donnent quelquefois des rescritz qui sont emanés
par obreption et surreption; c'est pourquoy ilz les renvoyent a leurs cours, Senatz et Conseilz, affin
que, parties ouÿes, il soit advisé si la verité a esté teuë, ou la fauseté proposee par les impetrans,
desquelz les belles qualités ne servent a rien pour exempter leurs accusations et narrés de l'examen
convenable, sans lequel le monde, qui abonde en injustice, seroit tout a fait despourveu de justice.
C'est pourquoy les Princes ne se peuvent pas [318] dispenser de suivre cette methode, y estans
obligés a peyne de la damnation eternelle.
Vostre Grandeur a receu des accusations contre ces pauvres affligés et contre mes freres1036.
Elle a fait justement de les recevoir, si elle ne les a receuës que dans ses aureilles; mais si elle les
a receuës dans le cœur, elle me pardonnera si, estant non seulement son tres humble et tres fidele
1034 Hérissant, suivi par Vivès et Migne, publie ce texte d'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII, p. 451), et
le place vers le 4 mars 1615. Datta, au contraire (vol. II, p. 148), donne sous la date du 8 mars 1616, et avec l'adresse
Au Duc de Savoie, le deuxième et le troisième alinéas de cette lettre: double erreur commise par l'Année Sainte de la
Visitation (ancien Ms.), et reproduite plus tard par Vivès, tome VII, p. 303, et Migne, tome VI, col. 730. (Voir à la fin
de ce volume, la Table de correspondance.)
Dans la lettre précédente au comte de Tournon, il est parlé (p. 316) d'une information contre le frère de
François de Sales, victime d'une «effrontee imposture.» De plus, on ne voit pas qu'en 1616 le Saint ait été à Sales
avant le Carême, mais nous savons qu'il y passa les derniers jours du carnaval de 1615 (voir ci-dessus, Lettre ML);
or, mention est faite de ce séjour dans les lignes qu'il écrit à M. de Foras en même temps qu'au prince (voir ci-après,
p. 320). Tout semble donc en faveur de 1615. Le quantième se déduit du billet autographe adressé au gentilhomme le
9 mars (voir ibid., note (1043), p. 322).
Quant au destinataire, nul doute que ce ne soit le duc de Nemours, comme le prouvent l'affirmation de
Charles-Auguste, l'affaire Berthelot et le titre de «Vostre Grandeur» que nous trouvons sous la plume de François de
Sales. (Cf. la lettre suivante à M. de Foras, p. 321.)
1035 Des particuliers ayant offensé par de certaines «insolences» les serviteurs de Henri de Nemours, celui-ci mettait
tout en œuvre pour découvrir et châtier les délinquants. Pierre Fenouillet et quatre autres membres du Conseil de Ville
avaient été impliqués dans l'affaire. Ils furent pourtant rétablis dans leurs charges, «selon leurs degrés de sagesse et
prudence, comme s'il n'estoit rien succedé.» (Reg. des Délib. municip. d'Annecy, 14, 21 février, 19 et 26 mai 1614.)
Ces personnages n'auraient-ils pas été de nouveau accusés en 1615, et ne seraient-ils pas «ces pauvres gens de bien...
revenus par la grace» du prince? Tout le fait croire. (Cf. plus haut, note (635), p. 198.)
1036 Au dire de Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), toutes ces persécutions venaient de l'envie. Mlle Bellot, la
pauvre dévoyée (cf. plus haut, note (489), p. 155), avait été, en juillet-octobre 1614, l'occasion, sinon l'inspiratrice,
d'une abominable machination contre saint François de Sales. (Cf. le tome précédent, note (951), p. 335.) Foras ayant
découvert l'imposteur, qui était un favori du prince, voulut se battre en duel avec lui; mais le Bienheureux envoya son
frère Janus pour l'en empêcher. (Gallitia, La Vita di S. Francesco di Sales, etc., seconda edizione, Venezia, 1720, lib.
III, cap. XXXV.) Il est bien probable que les conseillers du duc de Nemours aient profité de son départ d'Annecy pour
assouvir leurs rancunes par d'autres inventions calomnieuses à la charge des frères du Saint, surtout du chevalier de
Malte. (Cf. la lettre suivante.)
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23.2 Page 222

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serviteur, mais encor son tres affectionné, quoy qu'indigne Pasteur, je luy dis qu'elle a offencé Dieu
et est obligee de s'en repentir, voire mesme quand les accusations seroyent veritables; car nulle
sorte de parolle qui soit au prejudice du prochain ne doit estre creuë avant qu'elle soit preuvee, et
elle ne peut estre preuvee que par l'examen, parties ouyes. Quicomque vous parle autrement,
Monseigneur, trahit vostre ame.
Et que les accusateurs soyent tant dignes de foy que l'on voudra, mais si faut-il admettre
les accusés a se defendre. Les grans Princes ne remettent jamais les places ni les charges qu'a des
gens de foy et de confiance, mais ilz ne laissent pas d'estre fort souvent trompés, et ceux qui ont
esté fideles hier peuvent estre infideles aujourd'huy; comme ceux qui ont accusé ces pauvres
gens1037 peuvent, par leurs deportemens precedens, avoir acquis la creance que Vostre Grandeur
leur donne, laquelle ilz meritent de perdre dores-en-avant, puisqu'en abusant, ilz ont fait de si
fauses accusations.
………………………………………………………………………………………………[319]
MLIII. A M. Guillaume de Bernard de Foras1038. Pourquoi
François de Sales s'affligeait de la calomnie faite contre ses
frères. Une prédiction du saint Evêque.
Annecy, 9 mars 1615.
Estant de retour de Sales, ou j'estois allé passer les jours de carnaval, j'ay treuvé le retour
de nos des-ja trop vielles tribulations1039, par la calomnie faite contre mes freres. Je me joüerois de
tout cela, si ce n'estoit que je voy Monseigneur1040 en cholere et indignation. Cela m'est
insupportable, a moy qui ay tant d'inviolables affections a ce Prince, et duquel j'ay si doucement
autrefois savouré la bonté. Tant de gens faillent, tuent, assassinent; tous ont leur refuge a cette
clemence: mes freres ne mordent ni ne ruent, et ilz sont accablés de sa rigueur.
Quel mal leur fait-on, ni a vous, disent les meschans? On nous ravit le bien le plus pretieux
que nous ayons, qui est la bonne grace de nos Princes, et puis on dit: Quel [320] mal vous fait-on?
Mon tres cher Frere, est il possible que Sa Grandeur m'ayme, qui, ce semble, prend playsir aux
rapportz qu'on luy fait de mes freres, puisqu'il a des-ja treuvé que c'estoit ordinairement des
impostures, et neanmoins il les reçoit, il les croit, il fait des demonstrations de tres particuliere
indignation?
C'est crime par tout le monde de haïr le prochain; icy, c'est crime de l'aymer. Messieurs les
Collateraux1041, gens hors de reproche, sont reprochés par authorité extraordinaire, seulement
parce qu'ilz m'ayment de l'amour qui est deu a tous ceux de ma sorte. Certes, mon cher Frere, j'ay
1037 Parmi les accusateurs, on peut compter Pierre Berthelot, le secrétaire et favori du duc de Nemours.
1038 Dans sa déposition (Process. remiss. Parisiensis, ad art. 25), M. de Foras rappelle que cette lettre lui a été adressée:
«Estant de sejour en Savoye,» dit-il, «je vis ce Bienheureux furieusement persecuté en sa personne propre et en
messieurs ses freres... Il conclud une lettre qu'il m'escrit sur ce sujet, avec ces propres termes: Un jour viendra que
m'aymer ne sera plus a reprocher a personne,» etc. C'est, en effet, la dernière phrase de notre texte. Le destinataire
n'est donc pas le Président Favre, indiqué par Hérissant (tome III, p. 133), d'après Charles-Auguste, liv. VIII, p. 450,
et moins encore René Favre, comme l'a avancé l'Année Sainte (ancien Ms,), qui donne un texte mutilé, reproduit
ensuite par Datta, Vivès et Migne. (Voir à la fin de ce volume, la Table de correspondance.)
Pour la date, ces lignes dépendent étroitement de la lettre précédente au duc de Nemours, et du billet suivant,
envoyé à M. de Foras. (Voir ci-dessus, note (1034), p. 317, et ci-après, note (1043), p. 322.)
1039 Ces «tribulations» n'étaient que la suite des tracasseries que Berthelot avait suscitées en 1613 après l'affaire des
«bastonnades». (Voir le tome précédent, note (930), (1024), pp. 327, 362, et ci-dessus, pp. 32, 46; cf. aussi note (1036),
p. 319.)
1040 Le duc de Nemours.
1041 En 1615, ces magistrats étaient Claude de Quoex et Barthélemy Floccard. (Cf. plus haut, note (735), p. 228.)
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23.3 Page 223

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de la gloire d'estre aymé par vous et d'estre passionné pour vous; mais puisque mon malheur est si
grand, pour Dieu, ne disons plus mot des-ormais. Dieu et nos cœurs le sçachent seulement, et
quelques uns dignes d'un secret d'amour.
Je vous envoye un double de la lettre que j'escris a Monseigneur1042. Voyés si elle devra ou
pourra estre donnee; car, tout extremement passionné que je suis en cette occasion, je ne
voudroispas que Monseigneur se faschast, car en somme, je ne veux plus que vous couries fortune
d'estre disgracié. Un jour viendra que de m'aymer ne sera plus reproche a personne, comme
personne de ceux qui m'ayment particulierement ne merita jamais reproche.
……………………………………………………………………………………………… [321]
MLIV. Au meme (Inédite). Protestation d'amitié.
Annecy, 9 mars 1615.
Monsieur mon Frere,
Ce porteur1043 est une lettre vivante qui vous exprimera mieux que je ne puis faire sur ce
papier, de quel cœur je vous honnore et cheris. Mays si faut il que j'en face icy une protestation,
ne m'estant pas advis que je la puisse faire en trop de façons, puisque je suis sans fin, ni reserve
quelcomque,
Monsieur mon cher Frere,
Tout sincerement vostre, et vostre plus humble
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
IX mars 1615, Anessi.
A Monsieur
Monsieur de Forax.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Boulogne-sur-Mer. [322]
1042 Epist. praeced.
1043 Vers la fin de la lettre précédente au même destinataire, le Bienheureux écrit: «Dieu et nos cœurs le sçachent
seulement, et quelques uns dignes «d'un secret d'amour.» Le porteur de ce billet devait faire partie de ces «quelques
uns;» c'est tout ce que nous pouvons en dire.
A ce porteur, digne de tant de confiance, François de Sales dut vraisemblablement remettre le pli cacheté
contenant la lettre au Duc et celle à Foras. Le présent billet était sans doute destiné, dans la pensée du Saint, à fournir
un prétexte à l'envoi du messager et à détourner les soupçons dans l'entourage du prince; ces précautions ne sembleront
pas superflues si on se rappelle la situation du gentilhomme peu auparavant disgrâcié, et celle de l'Evêque, vis-à-vis
de Henri de Nemours et de ses favoris. Cette conjecture a permis de fixer au 9 mars la date des deux lettres précédentes.
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MLV. A M. Jean de Chatillon1044. Informations à prendre sur un
ecclésiastique.
Annecy, 13 mars 1615.
Monsieur,
J'ay eu force plaintes du curé de Cervens1045 par un certain homme du lieu, qui s'appelle,
ce me semble, Pelliex1046. Je vous prie de sçavoir que c'est, et apres avoir parlé audit Pelliex, sil
vous est advis quil soit a propos, je vous prie d'informer. Je seray bien marry si ce pauvre homme
est mauvais, mais sil l'est, il faudra pourtant le chastier,
Je suis, Monsieur,
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIII mars 1615, Annessi.
Monsieur de Chatillon,
Plebain de Thonon.
Revu sur une copie de l'Autographe appartenant à M. de Salverte, à Paris. [323]
MLVI. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie1047. La ville
d'Annecy mérite d'être exemptée des charges de guerre. Le
Saint demande au Cardinal de favoriser ce bon peuple.
Annecy, 15 mars 1615.
Monseigneur,
La ville d'Annessi recourt a la bonté de Son Altesse pour une gratification, laquelle ci
devant luy avoit des-ja esté accordee, et delaquelle la continuation luy est dautant plus necessaire
que ses incommodités ont pris beaucoup d'accroissement1048. Or, elle espere principalement en
l'entremise de Vostre Altesse Serenissime, Monseigneur, pour obtenir ce soulagement; et je joins
ma tres humble supplication a celle que son premier scindique presentera1049, affin quil plaise a la
1044 Voir le tome précédent, note (184), p. 58.
1045 En 1615, le curé de Cervens était Jean Avrillon, témoin dans un acte passé à Langin le 14 avril de cette même
année; on l'y retrouve encore en 1624. (Note de M. le chanoine Gonthier.)
1046 Les Registres paroissiaux de Thonon mentionnent plusieurs membres de la famille Pelliex. Entre 1608 et 1638,
«egrege Claude» y figure souvent comme étant «originaire de la paroisse de Cervens:» ne serait-ce pas lui qui portait
plainte contre le curé?
1047 Après Datta, tome II, p. 124, Vivès et Migne donnent pour destinataire de cette lettre, le Due de Savoie, mais c'est
à tort, puisque le Saint recourt à «l'entremise» du personnage auquel il s'adresse. Celui-ci est le Cardinal Maurice,
comme le prouvent les faits mentionnés dans les notes suivantes.
1048 Pour subvenir aux frais de la guerre du Montferrat, un impôt dit «des ustensiles de guerre» avait été décrété à la
fin de 1614. (Cf. plus haut note (848), p. 261.) La ville d'Annecy recourut d'abord, pour en être exemptée, au duc de
Nemours, alors à Saint-Rambert. Celui-ci remit au premier syndic une lettre pour Son Altesse «touchant la
continuation de l'exemption du paiement... pour les bourgois demeurant effectuellement dans la ville.» (Cf. ibid., note
(883), p. 269.) Au mois de mars 1615, cette lettre dut être «rafraichie» par le prince; il en ajouta deux autres adressées
au Cardinal Maurice et au grand Chancelier. (Reg. des Délib. municip. d'Annecy, 19 novembre 1614 et 4 mars 1615.)
1049 Le 27 novembre 1614, alors qu'on devait envoyer à Turin la première lettre du duc de Nemours, il avait été décidé
que l'Evêque de Genève serait mis au courant de la démarche et prié de prêter son concours pour en assurer le succès.
Antoine de Boëge, seigneur de Conflans, «premier scindique,» revenait de Grenoble, le 4 mars 1615, avec
les missives mentionnées à la note précédente. Parti quelques jours après pour Turin, on apprenait le 23 mars qu'il
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23.5 Page 225

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douceur de [324] Vostre Altesse de favoriser ce pauvre bon peuple qui, avec moy, ne cesse point
d'invoquer la divine Majesté sur la personne et les intentions de Son Altesse et de la Vostre,
Monseigneur, delaquelle je suis
Tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XV mars 1615, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
MLVII. A la Comtesse de Tournon1050. La destinataire est priée
de faire exonérer des impôts deux pauvres veuves réduites à la
misère.
Annecy, 17 mars 1615.
Madame ma Cousine,
Ces deux vefves Beart, reduites a l'extremité d'une lamentable misere, avec dix ou douze
enfans qu'elles ont, ont jetté leur esperance en vostre secours pour estre soulagees des tailles1051;
et, quoy que de ma vie je ne [325] l'eusse veu (sic), ni eu aucune connoissance avec elles ni leurs
familles, elles ont desiré mon intercession aupres de vous, pour obtenir plus aysement vostre
entremise en cette occasion. Et par ce que leur intention, comme je pense, est fort juste et honneste,
je n'ay sceu les esconduire; qui me fait vous supplier de les avoir en protection autant comme vous
jugerés que vous puissies, sans vostre incommodité, les ayder et favoriser.
Je pensois vous faire cette supplication en presence, selon l'esperance que monsieur vostre
mari nous en avoit fait concevoir1052; mais puisque ce bien ne nous est pas arrivé, estant pressé par
ces pauvres desolees, je fay cet office en cette sorte, et vous conjurant de me conserver vostre
bienveuillance et celle de monsieur vostre mari, je me nomme, comme je suis et seray pour jamais:
c'est, Madame,
Vostre tres humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVII mars 1615.
A Madame
Madame la Comtesse de Tornon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. [326]
était tombé malade à Chambéry; sur le refus des deux autres syndics, le quatrième, M. Floccard, accepta la mission
de porter en Piémont la supplique de la Ville. Il revint au commencement de mai, n'ayant pu obtenir, disant les
Délibérations, «que des lettres de sursoyance pour trois mois,» données par le Cardinal Maurice le 24 avril, avec une
autre du même à Mgr de Nemours. D'un second voyage à Turin, M. Floccard rapporta, vers le 12 juin, «patentes de
continuation de l'exemption des ustenciles decimes... pour deux annees advenir, qui sont dattees le 4 de ce mois,
signees: Mauritio, Cardinale di Savoya. D'ordine di Sua Altessa, Va Provana.» (Reg. des Délib. municip., 12 juin
1615.)
1050 Philiberte de Beaufort, femme du comte Prosper-Marc de Touruon. (Voir le tome précédent, note (46), p. 1.)
1051 Le 20 janvier 1615, le marquis de Lans avait donné ordre «pour la levée d'ung quartier pour le service de S. A.,
estant requis... de mettre sur pied quelques gentz de guerre, tant de pied que de chevaux, pour la deffence et
conservation de ses Estatz.» (Mugnier et Dufour, Les Maillard, Chambéry, 1889, p. 127.) Sans doute, c'est après la
publication de cette ordonnance que les veuves Béart ont imploré l'intervention du Saint pour être exemptées des
tailles.
Il est bien difficile d'identifier ces personnes. Sur une pièce du 26 octobre 1615, intitulée: «Partie du Roolle
des nouveaulx annoblis de la province de Genevois,» figure «N. Beard, du mandement de la Balme.» (Archiv. de la
Visitation d'Annecy, Collection J. Vuÿ.) Une famille Béard existait à Rumilly au XIXe siècle, illustrée par le poète
chansonnier de ce nom.
1052 Cf. supra, p. 316.
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23.6 Page 226

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MLVIII. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'amour ne va pas
toujours en ordre. Pourquoi, même à Sainte-Claire, François
de Sales, en parlant de saint Joseph, n'a pas eu la ferveur qui lui
est habituelle à la Visitation. Bonnes nouvelles de plusieurs
Religieuses et de toute la Communauté.
Annecy, 19 mars 16151053.
Ma Seur Anne Jacqueline1054, qui est icy et qui me vient de bayser la main de vostre part,
veut que je commence cette lettre par sa salutation. Et je le veux bien, ma tres chere Mere, car
l'amour ne va pas tous-jours en ordre; autrement, Nostre Seigneur eust commencé le soin qu'il eut
en sa Passion, par sa Mere et son bienaymé saint Jean, dont je viens de parler a Sainte Claire1055
sur le sujet de nostre grand saint Joseph, duquel j'ay fait le sermon et dit bien de bonnes choses,
mais non pas avec la ferveur que j'ay tous-jours en parlant de cet admirable Papa de nostre Maistre.
M. Michel1056 m'a dit en sortant, que je n'avois presque jamais mon esprit la comme a la Visitation.
Helas! ce n'est pas que je n'aye de fort bons desirs de bien servir cette bonne compaignie de
servantes de Dieu; mais1057 il faut que la divine Providence, qui m'a dedié a nostre chere
Congregation, me donne quelques particuliers mouvemens quand je la sers. O que [327] Dieu est
admirable, ma tres chere Mere, et que nous sommes bien heureux d'avoir un grand desir de le
servir!
Ce matin, en revenant du sermon, j'ay veu ma Seur Marie Magdeleine1058, que je n'avois
encor pas saluee de vostre part. Elle m'a fait une grande feste et, en peu de paroles, elle m'a fort
contenté, me disant qu'elle vouloit devenir une femme forte et de courage, contre tous ces petitz
attendrissemens sur elle mesme dont elle est souvent touchee1059. J'ay aussi veu la petite Seur Paule
Hieronyme1060, qui a receu une joye incroyable de vostre salutation et a dit qu'elle estoit nostre
Eustochium1061. Nostre Assistante1062 fait bien aussi. En somme,1063 je me contente bien de toute
cette chere trouppe, que j'iray entretenir en commun l'un des jours de la semaine prochaine, puisque
ma Mere me l'a ordonné, au rapport de ma Seur Jeanne Charlotte1064.
……………………………………………………………………………………………………...
1053 Hérissant, qui l'a publiée le premier, tome V, p. 97, et Migne, tome V, col. 1433, ne datent pas cette lettre. Vives,
tome XI, p. 357, la place vers l'année 1621: erreur manifeste, comme le prouvent toutes les allusions du texte.
1054 Sœur Anne-Jacqueline Coste, première tourière de la Visitation (voir tome XIV, note (181), p. 63), que les
précédents éditeurs appellent à tort Aymée Jacqueline.
1055 Au Monastère des Clarisses (voir tome XIII, note (229), p. 74, et ci-dessus, note (258), p. 72).
1056 M. Michel Favre, confesseur du Saint et de la Communauté de la Visitation.
1057 Ainsi que les lignes 13, 14 de la page suivante, la fin de cet alinéa avait été interpolée par les éditeurs de 1626
dans le texte tronqué qu'ils ont donné de la lettre du 4 février 1615 à la Mère de Chantal. (Voir ci-dessus, note (984),
p. 304.)
1058 Sœur Marie-Madeleine de Mouxy (cf. ci-dessus, p. 312).
1059 Voir ibid., note (1015), p. 311.
1060 Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (ibid., note (910), p. 279).
1061 Fille spirituelle de saint Jérôme, qui suivit sa mère sainte Paule dans la solitude de Bethléem.
1062 Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard.
1063 Voir note (1057) de la page précédente.
1064 En effet, quelques jours auparavant, la Mère de Chantal avait écrit à son Assistante: «Quand mon unique Père aura
suffisamment parlé à toutes nos chères Soeurs en particulier, je vous prie, quand il vous viendra voir avec un peu de
loisir, que vous le fassiez parler en commun, si toutefois il l'a agréable, afin que nous puissions avoir quelques miettes
de l'abondance de vos consolations.» (Lettres, vol. I, p. 27; cf. tome VI de notre Edition, p. XII.)
226/335

23.7 Page 227

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MLIX. A Madame de Peyzieu. Souhaits de pieuse affection.
La fièvre amoureuse du Sauveur capable d'adoucir la fièvre
corporelle. Promesse de prières.
Annecy, [mars 16151065.]
C'est avec peu de paroles, mays avec une extreme affection, que mon cœur salue le vostre,
ma tres chere [328] Mere. Hé! Dieu, qui se plaist a tesmoigner sa vertu et sa force en nos
infirmités1066, soit a jamais au milieu de vostre ame pour la tenir enflammee de ce saint amour
celeste; qu'il arde emmi les espines et les brusle sans les consumer1067, affin que l'ardeur de cette
fievre amoureuse du Sauveur vous rende douce la fievre ou les restes de la fievre douloureuse que
vous aves tant souffert. Je n'oublie jamais de faire des souhaitz pour cela quand je suis a l'autel;
aussi, suis je tant obligé a la sainte amitié qu'il vous plaist me porter, que je ne sçaurois jamais
perdre la souvenance de ce devoir.
La grace, paix et consolation du Saint Esprit soit tous-jours avec vous1068, ma tres chere
Mere, et au milieu de vostre famille. Je suis
Vostre bien humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
1065 La présente lettre s'adresse vraisemblablement à Mme de Peyzieu et paraît être postérieure à celle du 28 février.
(Voir ci-dessus, p. 310.)
1066 Cf. II Cor., XII, 9.
1067 Exod., III, 2.
1068 Rom., I, 7; I Cor., I. 3, etc.
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23.8 Page 228

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MLX. A la Mère de Chantal, a Lyon. La préoccupation d'un
écrivain «embesoigné». Une consultation du médecin de la
Sainte. Précautions épistolaires suggérées par la charité.
Les sorties, et l'autorité du Père spirituel du Monastère.
Confesseurs de dévotion et confesseurs extraordinaires.
Annecy, fin mars ou commencement d'avril1069 1615.
VIVE JESUS
Quoy que ce soit par nostre M. de Medio1070 que je vous escris, ma tres chere Mere, si est
ce que je vous escris [329] sans loysir et avec empressement, car sçachés que je ne pensois pas
qu'il partist si tost; et outre cela, je suis tellement embesoigné du livre1071, que tout le tems que je
puis gaigner bonnement, je l'employe la. Si qu'ayant attendu jusques a cette heure, je me treuve
bien en peyne; car je voudrois vous escrire une grande lettre, et je ne sçai si je pourray. Je m'en
vay dire en desordre tout ce que je treuveray devant mon esprit sur le sujet de vos trois lettres:
l'une, receuë par voye de Chamberi, l'autre par M. de Medio, la troysiesme par le sire Pierre1072.
1. M. Grandis1073 consent que vous laissies fermer vostre caustique de la teste, pourveu
qu'une semaine devant vous prenies une dose ordinaire de vos syrops.
2. Il est requis que vous mangies des œufz, et n'y a personne, ce croy-je, qui s'en puisse
maledifier.
3. Voyés-vous, ma tres chere Mere, quand je vay voir nos filles1074, il leur vient de petites
envies de sçavoir de vos nouvelles par moy, et si je leur pouvois monstrer de vos lettres, cela les
contenteroit grandement. C'est pourquoy, je vous demande ainsy des feuilles que je leur [330]
puisse monstrer, et a M. de Thorens1075 et au neveu1076. Or, quant a ma niece de Brechard1077, elle
sçait bien que je suis vous mesme, car elle a veu des billetz qui contiennent cette verité la; mays
1069 Parles lettres qui ont précédé et suivi celle-ci, on peut se rendre compte que ce texte est postérieur au 4 mars, date
donnée par Hérissant, tome III, p. 132. En écrivant à la Sainte le 18 avril, le Fondateur revient sur la question des
«sorties extraordinaires,» déjà traitée ici même (voir pp. 331, 332); ces deux lettres ne doivent donc pas être trop
éloignées l'une de l'autre. Il est aussi permis de supposer que l'autorisation de manger des œufs (voir page suivante)
était accordée à la Mère de Chantal, toujours souffrante, pour la dernière quinzaine de Carême; Pâques tombait le 19
avril. Ces circonstances suggèrent la date que nous indiquons.
1070 Le chanoine Jacques de Medio (cf. ci-dessus, note (870), p. 266).
1071 Le Traitté de l'Amour de Dieu.
1072 Pierre Richard, fils d'«honnorable Girard Richard, du lieu du Sappey, mandement de Mornex,» (Reg. des Délib.
municip. d'Annecy) était, d'après l'Année Sainte, tome IX, p. 687, «un riche marchand de Genève» que le Saint «avait
converti par ses apostoliques prédications dans le Chablais, et qui dut sortir de cette ville» en y laissant ses biens. Sa
femme, Suzanne Durane, et ses petits enfants abjurèrent l'hérésie; le Bienheureux «les établit à Annecy et leur fit
d'insignes charités pour leur subsistance.» L'aînée des filles, Marguerite, reçut le voile au premier Monastère de la
Visitation le 31 mars 1624, à l'âge d'environ vingt-deux ans. (Livre du Noviciat.) Selon la promesse qui lui avait été
faite le 19 septembre 1613 par les syndics et le Conseil de Ville, Pierre Richard fut admis «au nombre des bourgeois
sans finance» le 1er septembre 1618, et prêta serment le même jour en cette qualité. Les magistrats reconnaissaient
ainsi le bienfait qu'ils lui devaient d'avoir introduit dans la petite cité une industrie nouvelle, celle de l'apprêt de la
soie. En 1616, le duc de Savoie avait déjà favorisé l'initiative du maître molinier par de notables privilèges. (Cf. Grillet,
Dictionnaire historique, etc., 1807, tome I, p. 163.)
On voit par les Lettres de la Mère de Chantal, que souvent elle profita des voyages du «sire Pierre» d'Annecy
à Lyon, pour lui remettre des messages de confiance.
1073 Jean Grandis, médecin d'Annecy. (Voir le tome précédent, note (90), p. 20.)
1074 Les Religieuses de la Communauté d'Annecy.
1075 Bernard de Sales, baron de Thorens.
1076 Le Saint désigne ainsi Jean-François son frère, neveu, par alliance spirituelle, de la Mère de Chantal.
1077 Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard, Assistante de la Communauté, que le Fondateur appelait parfois «Niece» par
affection.
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23.9 Page 229

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pourtant, je ne luy ay pas voulu monstrer ces trois dernieres lettres, ni en tout, ni en partie. Mais
de ce point, faites vos commodités tout a vostre gré, car je ne feray rien que bien a propos.
4. Dedans les billetz de salutations, quand vous m'en escrires, il ne faut pas me dire: «mon
Pere, mon amy,» car je les veux pouvoir monstrer pour la consolation de ceux que vous salueres.
5. Je louë Dieu de vostre accoisement et dequoy vous estes hors de doute que1078 l'orayson
de simple remise en Dieu ne soit extremement sainte et salutaire. O ma chere Mere, ma Fille, il
n'en faut jamais douter; il y a si long tems que nous l'avons examinee, et tous-jours nous avons
treuvé que Dieu vous vouloit en cette maniere de prier. Il n'y faut donq plus autre chose que
continuer doucement.
6. Certes, en ces grandes villes, je ne voudrois pas ouvrir la porte aux visites des parens
malades, pour en faire des sorties ordinaires1079; et si elles sont extraordinaires, [331] au moins
faut il que le Pere spirituel1080 sçache la necessité qu'il y a, comme aussi pour aller voir un
monastere de filles, quand on en seroit recherché1081. Mays je voudrois que l'obligation de le faire
sçavoir au Pere spirituel ne tendist qu'a luy faire pourvoir aux circonstances des sorties et a la
bienseance, combien [que,] si quelque accident inopiné ne surprenoit, je pense que ces visites de
parens ne se devroyent faire que sur une deliberation prise en Chapitre. C'est a dire, si un pere, si
un frere desiroit d'estre visité, je voudrois que, selon la grandeur de la maladie, la distance du lieu,
la qualité de la mayson, on advisast si on devra plusieurs fois visiter, si avec service et assistance,
si en carrosse, ou en tems qu'on ne rencontre pas des gens, si c'est une mayson ou il y ayt grand
abord, ou une mayson de devotion, et ainsy du reste. Mays nous y penserons encor mieux.
7. Ceux avec lesquelz on confere ou on se confesse ainsy quelquefois par occasion ou
rencontre, ne sont ni confesseurs ordinaires ni extraordinaires, mais confesseurs de devotion: or,
estans gens qualifiés, il n'est pas besoin de demander licence. On appelle confesseurs
extraordinaires ceux qui, en certain tems, comme quatre ou cinq fois l'annee, viennent; mais ceux
de devotion ne viennent que par rencontre.
8. Je n'entens pas ce que vous me demandes quand vous me dites que je vous envoye une
copie de l'establissement, auquel il faudra specifier les sorties1082. [332]
1078 La suite de cet alinéa a été modifiée et interpolée par les éditeurs de 1626 dans la lettre du 5 mars 1615. (Voir ci-
dessus, note (1028), p. 315.)
1079 A l'égard des sorties, le Fondateur avait donné à ses Filles les règlements suivants: «Elles ne sortiront que pour
des occasions ou extremement pieuses, comme le service des pauvres et malades,... ou extremement necessaires.»
Deux Religieuses seulement étaient désignées au commencement de chaque mois pour la visite des malades, et ne
sortaient que dans l'après-dîner. «On observera,» ajoute le Saint, «d'employer a ces sorties de pieté celles qui seront
des-ja meures d'aage, ou qui, pour des justes considerations, seront estimees capables de faire cet exercice sans
detriment de leur devotion. Et quand a celles qui sont jeunes ou celles qui sont encor tendres et nouvelles a la devotion,
elles demeureront a l'abry... Et par ainsy, toute la Mayson sera une ruche spirituelle, en laquelle une partie des abeilles
mystiques menagent le miel et la cire des oraysons et autres exercices interieurs, et l'autre sortira pour recueillir le suc
des œuvres de misericorde entre les pauvres et affligés, qui sont, aux yeux de Dieu, des belles fleurs entre les espines.»
(Ms. autographe d'une première rédaction des Constitutions.)
1080 «Ecclesiastique meur, discret, docte et irreprochable, qui, deputé» par l'Evêque, doit avoir «la sur intendance sur
la Congregation et Maison, a ce que les Reigles y soient bien observees et qu'aucun abus ne s'y introduise,... procurant
l'avancement d'icelle tant és choses spirituelles que temporelles.» C'est lui qui doit «signer les causes des sorties
extraordinaires des Dames et celles des entrées des hommes.» (1re rédaction des Constitutions, Art. XX, De l'office du
Pere spirituel de la Maison; cf. le texte définitif, Constit. XXVIII.)
Le lendemain de l'établissement du Monastère de Lyon (3 février 1615), la Mère de Chantal avait demandé
à l'Archevêque M. Ménard, sacristain de Saint-Nizier, pour «Pere spirituel» de la nouvelle Communauté.
1081 Saint François de Sales parle en détail des «sorties extraordinaires» dans sa lettre du 18 avril. (Voir ci-après, pp.
345, 347.)
1082 Les Lettres de Mgr de Marquemont pour l'établissement du monastère de Lyon sont en latin et datées du Ier mai
1615; il n'y est pas fait mention des «sorties.» La Mère de Chantal demandait peut-être la minute d'après laquelle
l'Archevêque devrait rédiger ces patentes; ou bien, «la copie de l'establissement» serait-elle la formule de la Permission
donnée par l'Ordinaire ou par le Père spirituel pour «l'establissement des Fondations»? Cette dernière formule, qui
s'appelle maintenant «Obédience,» fut insérée plus tard dans le recueil intitulé: Petite Coustume de ce Monastere de
la Visitation Saincte Marie d'Annessy, Paris, 1642.
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23.10 Page 230

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9. Le P. Recteur1083 seroit excellent pour confesseur [extraordinaire].
MLXI. A M. Benigne Milletot1084. Soulèvement d'une paroisse
qui refuse une partie de la dime au Chapitre de Genève.
Pourquoi le saint Evêque voudrait et ne voudrait pas châtier la
mutinerie. Les femmes de Seyssel. Il faut ramener les
délinquants au devoir.
Annecy, [mars-avril 16151085.]
Monsieur mon Frere,
Il faut que je vous parle a cœur ouvert, car a qui donq? Despuis que je suis en cette charge
d'Evesque, rien ne [333] m'est arrivé qui m'ayt tant affligé que ce mouvement fait ces jours passés
par les scindiques et plusieurs des habitans de Sessel, contre la pieté et la justice. Ilz ont despuis
peu un proces avec mon Chapitre, a rayson des dismes qu'ilz pretendent ne devoir payer quant au
blé, que de trente gerbes l'une, et quant au vin, de soixante charges l'une1086. J'ay tasché de tout
mon pouvoir d'accommoder ce differend a l'amiable, mays il n'y a jamais eu moyen, ces bons
habitans ne voulant subir ni sentences ni expediens, sinon que l'on face a leur volonté. Pendant ce
proces, ilz ont estimé que la force leur seroit plus favorable que la justice, et, apres plusieurs
menaces, ont fait ce que le sieur lieutenant de Belley1087 aura, je m'asseure, remonstré. Si je ne me
trompe, il y a eu un extreme mespris du devoir que l'on a aux magistratz, et une trop furieuse
passion contre les curés et ecclesiastiques.
Je suis donq affligé si cette violence n'est reprimee, car elle croistroit tous les jours
davantage; d'ailleurs, je suis aussi affligé si on chastie cette mutinerie, parce que les mutins sont
mes diocesains et enfans spirituelz. Toutes choses bien considerees, je desire le second, d'autant
qu'en fin il faut un peu d'affliction aux enfans a ce qu'ilz se corrigent, puisque les remonstrances
n'ont servi de rien, et vaut mieux que je pleure leur tribulation temporelle que s'ilz se precipitoyent
en l'eternelle. Tout plein de bons personnages de ces lieux-la sont marris de ce soulevement; ilz
n'ont peu toutefois arrester le torrent de ce desordre.
1083 Le P. Recteur des Jésuites de Lyon, de 1612 à 1616, fut le P. Charles Mallians, né dans le diocèse de Belley le 28
mai 1568, entré dans la Compagnie de Jésus le 29 avril 1585, profès des quatre vœux le 13 janvier 1603, recteur à
Avignon, provincial en 1631. Il mourut aux eaux de Bourbon le 4 octobre 1635. La Mère de Chantal parle souvent de
ce Religieux dans ses Lettres, comme d'un homme de très bon conseil, qu'elle honorait «avec un coeur incomparable,
car,» ajoute-t-elle, «c'est une âme que j'estime grande et précieuse devant Dieu.» (Lettre du 18 avril 1625, vol. II,
Paris, Plon, 1877, p. 418.) Voir à l'Appendice I, dans une lettre du P. Binet à saint François de Sales, ce que le P.
Mallians pensait lui-même de la Sainte.
1084 De tous les magistrats dijonnais, M. Milletot est celui que l'on peut désigner avec le plus de vraisemblance pour
destinataire de cette lettre, à cause de l'appellation de «Frere» et du ton cordial de ces lignes. (Voir le tome précédent,
note (50) p. 5.)
1085 Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII) place cette lettre en 1615, aux environs du Carême; Hérissant ajoute
vers le 4 mars, mais sans aucune preuve. La date de 1614 pourrait aussi être proposée, quoique avec moins de
probabilité. (Voir ci-après, note (1088), p. 335.)
1086 En raison de l'annexion perpétuelle du prieuré des Augustins de leur ville au Chapitre de l'église cathédrale de
Saint-Pierre de Genève (cf. tome XIV, note (87), p. 25), les bourgeois de Seyssel étaient tenus de lui payer des dîmes
en blé et en vin. Comme ils prétendirent restreindre leur dette, un procès leur fut intenté; les habitants en prirent
occasion pour se soulever. Cette affaire dura longtemps et ne se termina que par une transaction passée le 13 janvier
1631. (Archives de Seyssel, liasse 74.)
1087 Par suite de la résignation du sieur Jean Dubuisson, Barthélemy Le Roux avait été nommé lieutenant civil et
criminel au siège de Belley le 1er juin 1613; il exerça cette charge jusqu'en 1626. (Note de M. le comte de Seyssel,
directeur de la Revue «Le Bugey».)
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24.1 Page 231

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Or, forcé de mon devoir, j'envoye ces deux porteurs, qui ont esté plus que tesmoins
oculaires de ce fait, sur [334] tout monsieur Roget1088, doüé d'une incomparable probité et
predicateur fort capable, contre lequel ilz esmeurent les femmes, affin de le faire jetter dans le
Rhosne par ce sexe facile a s'esmouvoir, comme s'il eust parlé contre l'honneur de toutes. Dequoy
s'excusant: «Helas!» dit il, «j'avois si grande peur parmi ces gens, que, quand j'eusse parlé mal
toute ma vie, je me fusse bien teu alhors.»
En somme, il me semble que cette insolence est trop publique pour estre dissimulee, trop
fascheuse pour demeurer impunie, trop dangereuse pour n'estre pas reprimee. Me remettant
neanmoins entierement a vostre prudence, je vous supplie seulement qu'il vous plaise, Monsieur
mon Frere, me favoriser, a ce que mon Eglise subsiste en ses droitz et que des-ormais ces gens la
demeurent en devoir.
MLXII. A Madame de Cornillon, sa sœur (Inédite). Affectueux
bonsoir à la destinataire dont la visite est très désirée par le
Saint. Assurance qu'un service promis sera rendu.
Annecy, 7 avril 1615.
Ma tres chere Seur, En attendant de jouir du contentement de vostre veüe, [335] je vous
escris ce petit mot, pour vous saluer de tout ce cœur que vous sçaves bien estre tout vostre, et pour
dire a mon frere1089, que monsieur le premier President1090 m'a escrit quil fera l'office et espere
qu'il reuscira ainsy que je le luy avois proposé, selon que mon frere m'avoit dit.
Je vous donne donq le bonsoir a tous deux, et suis,
Ma chere Fille,
Vostre plus humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
7 avril 1615, Anessi.
Mays voyes vous, je vous attens fort affectionnement, comme ma chere unique seur, ma
fille.
A Madame
Madame de Mayrens.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le marquis de Virieu,
à Virieu-sur-la-Bourbre (Isère).
1088 Philibert Roget (voir tome XI, note (559), p. 249, et note (659), p. 289) avait soixante-quatorze ans le 24 juillet
1627, quand il déposa au Ier Procès de Canonisation de François de Sales ; il déclare (art. 4) l'avoir connu et fréquenté
à Paris, au cours de ses études, en 1588. Ordonné prêtre le 8 juin 1591 et déjà maître ès-arts, il fut institué chanoine
de Saint-Pierre de Genève en 1597. (R. E.) Le 16 novembre 1613, le Conseil de Seyssel avait décidé d'envoyer
demander au saint Evêque, un prédicateur pour le Carême suivant. (Archives de Seyssel.) La lettre semble insinuer
que M. Roget fut le prédicateur désigné.
L'autre «tesmoin oculaire» pourrait bien être François Bojact qui, le 25 février 1592, n'étant que clerc, devint
recteur de la chapelle de Sainte-Barbe en l'église paroissiale de Seyssel, et le 27 août 1614, de celle dédiée à Saint-
Antoine. A cette dernière date, il est dit curé de Seyssel. (R. E.)
1089 Melchior de Cornillon, mari de la destinataire. (Voir tome XIV, note (468), p. 158.)
1090 Antoine Favre.
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MLXIII. A la Mère de Chantal, a Lyon (Inédite). Les
distractions en l'oraison. Sainte affection du Bienheureux
pour l'âme de sa chère fille spirituelle. Nouvelles de plusieurs
Religieuses de l'abbaye de Sainte-Catherine et de la Visitation.
Salutations particulières.
Annecy, 9 avril 1615.
VIVE JESUS
Hier, a mon retour de Sainte Catherine1091, environ les huit1092 [heures de la nuit, je sus que
le sire] Pierre1093 [336] partoit ce matin. Ma tres chere Mere, quel moyen de vous escrire a souhait?
Mays c'est bien asses que je salue vostre cœur maternel comme le mien propre, avec le plus grand
et le plus solide amour qui puisse estre.
Vous ne me dites tous-jours rien de vostre santé. Et pour mon pauvre cher esprit, qui est
un peu travaillé de distractions en l'orayson, que luy diray-je, sinon quil se garde bien des
empressemens, quil se tienne fort en la confiance de son Dieu, qu'il se repose en sa providence
pour toutes choses, acquiesçant doucement aux evenemens; et puis, si les distractions nous
tracassent, ce sera l'un des evenemens quil faudra recevoir, non pour le nourrir, mais pour le
souffrir doucement. Ma tres chere Mere, aymes tous-jours bien vostre pauvre chere ame que j'ay,
car j'ayme sans mesure, sans fin, hors de toute comparayson et au dessus de tout ce qui s'en peut
dire, ma tres chere ame que vous aves: c'est a dire, aymons bien cette tres unique ame et vie quil a
pleu a Dieu dé nous donner pour son service.
La pauvre fille Vignoz1094 vous salue tant et si cordialement, et la petite Ballon1095. Nous
faysons cette semaine deux confessions generales: de ma Seur Marie Marguerite1096 et de ma Seur
Anne Françoise1097. Puys a loysir, ma Seur [Françoise-Gabrielle1098] veut faire la sienne; [337]
mais pour celle ci, il ny a rien qui presse, de sorte que ce sera peut estre seulement bien avant dans
l'esté.
Je vous escrivis samedi1099 par Chambery et ce dimanche1100 par Sessel. Or, bon jour, ma
tres chere Mere, car il faut donner cette lettre. Dieu soit a jamais nostre amour. Amen.
1091 L'abbaye de Sainte-Catherine (voir tome XIII, note (334), p. 116).
1092 La deuxième ligne de l'Autographe ayant presque entièrement disparu, nous avons essayé de la rétablir d'après le
sens, par les mots placés entre crochets [ ].
1093 Pierre Richard (voir ci-dessus, note (1072), p. 330).
1094 Sœur Bernarde de Vignod, Religieuse à l'abbaye de Sainte-Catherine. (Voir tome XIII, note (299), p. 103.)
1095 Sœur Louise de Ballon, Religieuse de la même abbaye, qui sera plus tard destinataire. (Cf. tome XIV, note (388),
p. 129, et ci-dessus, note (402), p. 126.)
1096 Sœur Marie-Marguerite Milletot (voir le tome précédent, note (55), p. 6).
1097 Françoise Chardon, fille d'Antoine Chardon, co-syndic de La Roche, filleule de Mme de Boisy, baptisée le 27 juillet
1591 (Reg. par. de La Roche), fut agréée par saint François de Sales à la Visitation d'Annecy, où elle prit l'habit le 29
novembre 1612 et fit profession le 25 janvier 1614. Deux ans plus tard, le 24 juillet, Sœur Anne-Françoise fut envoyée
au couvent de Lyon. Elle prit part en 1620 à la fondation de la Maison de Montferrand, et à celle de Metz en 1633.
Retenue à Pont-à-Mousson en 1636, elle gouverna ce Monastère de 1638 a 1641, et fut élue l'année suivante supérieure
de celui de Metz, où elle mourut le 28 juin 1647. D'après la Mère de Chaugy (Livre du Couvent du Ier Monastère
d'Annecy), la Sœur Chardon avait «des tres bons tallens pour exercer toutes les charges» et donna partout «une tres
grande satisfaction et ediffication.»
1098 Le nom de la Sœur est complètement oblitéré sur l'Autographe, mais on peut proposer avec beaucoup de
vraisemblance Sœur Françoise-Gabrielle Bailly, novice, qui devait faire profession quelques mois plus tard (6 août
1615). Cf. plus haut, note (914), p. 280.
1099 «Samedi» désigne très probablement le samedi précédent, qui était le 4 avril.
1100 Le 5 avril, Dimanche de la Passion.
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Mille salutations a nos cheres Seurs qui sont la et, ma tres chere Mere, un peu bien
cherement et tendrement a ma chere fille de Chatel1101, qui sçait bien que je l'ayme, et ma chere
Seur de Blonnay1102, qui est ma fille, et a la pauvre grande fille Jeanne Marie Elizabeth1103, qui est
bien avant dans mon cœur, qui est le vostre propre, ma tres chere Mere.......[Dieu1104] vous benisse
eternellement. Amen.
IX avril 1615.
A Madame
Madame de Chantal,
Superieure de la Visitation.
A Lion.
Revu sur l'Autographe conservé à Florence, au Conservatoire
de Saint-François de Sales. [338]
MLXIV. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Evêque de
Montpellier (Inédite). Entremise du Saint pour faire rentrer en
grace auprès du destinataire un parent qui l'avait offensé.
Remerciements pouf l'offrande d'un opuscule. Portrait du
jeune Louis des Hayes. Eloge des Pères Barnabites.
Annecy, 12 avril 1615.
Monseigneur,
Je sçai combien est juste le ressentiment d'indignation que vous aves eu contre le sieur de
Barraux1105, et le cœur m'en a fait grand mal, ne m'estant peu tenir de luy en faire la correction et
tesmoigner que j'avois part au desplaysir quil vous avoit donné, dautant plus que je m'estois res-
joui dequoy il avoit espousé une damoyselle qui est ma parente1106, sur lhonneur quil a d'estre le
vostre si proche. Or, le voyci maintenant, Monseigneur, quil prend cette sayson de repentance et
d'absolution a son advantage1107, et me demande mon entremise pour vous annoncer son regret de
vous avoir tant ennuyé, et [339] vous supplier de le recevoir en grace. Tout, comme je pense,
favorisera son desir: le tems escoulé, qui luy a donné le loysir de se bien repentir; le tems qui coule,
auquel on ne refuse guere le pardon, mesme aux plus perfides ennemis; le bon advocat qu'il
1101 Sœur Péronne-Marie de Chastel.
1102 Sœur Marie-Aimée de Blonay.
1103 Mme Elisabeth des Gouffiers, qui portait peut-être alors l'habit de la Visitation, avec le nom de Jeanne-Marie-
Elisabeth.
1104 Ici encore, deux ou trois mots sont oblitérés.
1105 Né à Annecy, Michel Fenouillet, dont le père était, semble-t-il, François Fenouillet, frère de l'Evêque de
Montpellier, devint seigneur de Barraux par son mariage avec Suzanne, fille de Claudin de Gruffy, seigneur de
Barraux, et de Péronnette Portier. (Mss. Besson; Bibl. Nat., Collect. du Cabinet des titres, Carrés de d'Hoper, vol.
252.) Par patentes royales de décembre 1610, il avait été autorisé, ainsi que sa femme, «à demeurer en France avec
leurs enfants, à y posséder, acquérir et même à transmettre à leurs héritiers, à condition que ceux-ci soient regnicoles.»
Le sieur de Barraux vivait encore en 1656. (Revue Savoisienne, 1901, p. 56.)
On verra dans la suite de la correspondance que le Saint dut se donner beaucoup de peine pour obtenir le
pardon du coupable.
1106 Suzanne de Gruffy (voir la note précédente) était arrière petite-fille de François de Lucinge, cousin au troisième
degré de Claudine de Charansonnay, grand'mère de François de Sales.
1107 Le jour même où le Saint écrivait sa lettre, était le Dimanche des Rameaux, longtemps appelé le «Dimanche
d'indulgence,» dans la langue liturgique.
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employe et avec lequel il va recourir a vostre bonté1108. Que si j'osois, j'adjousterois encor mon
intercession, que vostre extreme bienveuillance envers rnoy rend hardie et forte, et en fin, la
sousmission quil fait, ne desirant sa reconciliation aupres de vous que pour accoyser les remors
quil a de vous avoir desagreé, et recouvrer lhonneur le plus pretieux quil ayt en ce monde, qui est
d'estre advoüé de vous vostre tres humble serviteur.
Vous feres donq, je m'asseure, encor ce coup selon vostre bonté, laquelle je remercie tres
humblement de la faveur quil vous pleut me faire, passant a Lion1109, m'ayant fait part de la belle
Remonstrance contre les duelz1110, que je prie Dieu vous rendre autant efficace comme les merites
de la cause et de celuy qui l'a playdee le requierent.
Nostre jeune M. des Hayes est icy tout apprivoysé avec le college1111. Il est fort gentil,
l'esprit vif et qui ayme tendrement la sainte liberté quil a apprise parmi les pages; mais on tasche
de luy en faire gouster un'autre un peu plus sainte et, petit a petit, on y proffite parce quil est bon
enfant. Et comme pourroit il autrement, estant filz de tels pere et mere1112? Certes, nos bons
1108 Selon toute apparence, «le bon advocat» est M. Portier, mentionné à la fin de la lettre. (Voir ci-après, note (1114),
p. 342.)
1109 Quand il passa à Lyon, Mgr Fenouillet revenait de Paris, où il avait pris part aux Etats généraux. (Cf. ci-dessus,
Lettre MXV, p. 263.)
1110 Le discours avait paru sous ce titre: Remonstrance au Roy contre les duels, prononcée au nom du Clergé durant
la tenue des Estais, le 26 janvier 1615, par Messire Pierre de Fenolliet, Evesque de Montpellier, Predicateur ordinaire
de Sa Majesté. A Paris, chez Rolin Thierry, rue Sainct Jacques, 1615.
1111 Le collège d'Annecy, confié aux PP. Barnabites. (Voir ci-dessus, note (611), p. 189, et note (734), p. 228.)
1112 Louis des Hayes, baron de Courmenin, fils unique d'Antoine des Hayes et de Marie Chapelle (voir tome XII, note
(573), p. 251), fut d'abord page, tout jeune encore, à la cour de Louis XIII. Ce mobile et vivant spectacle des grandeurs
humaines séduisit son âme ardente, curieuse déjà d'impressions et d'aventures; mais un tel milieu était peu propice au
travail. Il fallut donc dire adieu au Louvre et au château Saint-Germain, et prendre le chemin de la Savoie pour se
ranger à la discipline de l'humble collège d'Annecy. Les choses, on le pense bien, n'allèrent pas d'abord toutes seules
pour le nouveau pensionnaire; mais cette vie dépendante ne lui sembla plus une disgrâce, lorsqu'il eut compris quel
père il avait trouvé dans le saint ami de sa famille, et bientôt la glorieuse assurance de se sentir comme enveloppé par
la tendresse d'une amitié supérieure à toutes les autres, le consola des déplaisirs de sou exil. C'était «un bon enfant;»
il avait l'esprit meilleur encore que le cœur, dira plus tard saint François de Sales à son père (Lettre du 3 mai 1615).
Cependant on le verra par la suite des Lettres le Bienheureux comprit soudain qu'il fallait surveiller les tendances
de cet esprit, attiré surtout par l'éclat et la frivolité, rebelle à toute compression, excessivement amoureux de gloire et
d'honneur. L'Evêque aima cet enfant comme ses yeux, il l'avoue lui-même (Lettre du 15 juillet 1615), et Louis des
Hayes l'aima extrêmement en retour, car il profita de ses fréquentes réprimandes, et c'est sans doute pour lui complaire
qu'il se rendit un peu plus supportable à ses bons maîtres. En parlant de son fils, Antoine des Hayes écrivait le 14 août
1617 à son ami, M. de Charmoisy: «Il est temps qu'il commence à voir le monde.» (J. Vuy, La Philothée de saint
François de Sales, II, 1879, p. 158.) Quelque temps après, le 30 août, le Saint mande à Mgr Fenouillet: «Nous
renvoyons le jeune M. des Hayes, doux, amiable, courtois, a M. son pere, mais non pas fort sçavant.»
Pour «voir le monde,» Louis commença par l'Orient. Il avait pour mission de faire rendre aux Cordeliers la
possession des Lieux Saints et d'offrir au Saint-Sépulcre, au nom de Louis XIII, une chapelle d'argent avec des
ornements d'une richesse inouïe. De retour en France (1622), il séjourne à Turin dans les premiers mois de 1623, est
envoyé en Danemark en 1625 et obtient, quatre ans après, d'être délégué en Perse. Chargé en 1629 d'une ambassade à
la cour de Moscovie, des Hayes y fut reçu avec les plus grands honneurs. Les finesses de la diplomatie lui firent
attribuer une mission bien délicate pour son amitié, lorsque, le 22 mai 1630, il dut sommer Louis de Sales, frère du
Saint, de rendre la place du château d'Annecy dont il était alors gouverneur. Il échoua, comme il l'avait prévu, dans sa
sommation.
Le seigneur de Courmenin, heureux jusque là dans ses voyages et ses négociations, se crut capable de
commissions plus importantes. Richelieu, qui lui trouvait l'esprit léger (voir ses Mémoires), refusa de lui confier une
ambassade en Suède; ce refus devait être la cause de tous ses malheurs et briser tragiquement, en pleine maturité, une
vie déjà riche de fruits et de belles promesses. Humilié par cet échec, le gentilhomme se jeta dans le parti d'Anne
d'Autriche. Arrêté en Allemagne, amené en Languedoc où se trouvait la cour, il fut condamné à mort comme complice
de la révolte du duc de Montmorency. En vain son vieux père accourut pour désarmer le Cardinal; ses larmes le
trouvèrent inflexible, et l'infortuné eut la tète tranchée à Béziers, le 12 octobre 1632.
Sous le nom de des Hayes, on a : 1. Voyage du Levant, fait par le commandement du Roi en 1621 par le
sieur D. C. (Paris, 1624.) L'auteur, dont on ignore le nom, était secrétaire de M. de Courmenin. Chateaubriand, qui a
inséré en entier la description du Saint-Sépulcre dans son Itinéraire de Paris a Jérusalem, la regarde comme la mieux
faite de toutes celles qui ont été publiées par les voyageurs.
2. Voyages au Danemark, où se trouve la relation de celui entrepris en 1629. (D'après Michaud, Hœfer et
les Mémoires du temps.)
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24.5 Page 235

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Barnabites sont [340] braves gens, doux plus qu'on ne sçauroit dire, condescendans, humbles et
gracieux outre la mesure ordinaire de leur païs. [341]
Vous sçaures toutes nouvelles a l'abord de monsieur Portier1113, et vous sçaves que nous
sommes icy hors de commerce. Je suis sans fin,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
12 avril 1615.
A Monseigneur
Monseigneur le Rme Evesque de Monpelier.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Montpellier.
MLXV. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'affaire de Mme des
Gouffiers. Ne pas recevoir les postulantes avant l'âge requis.
Pourquoi la Mère de Chantal pouvait répondre hardiment
pour le Saint. Avis sur les sorties extraordinaires. Trois
hôtesses du Monastère d'Annecy. Un sermon de deux heures
et demie.
Annecy, 18 avril 1615.
Pensés comme je vous escris, ma tres chere Mere. Hier, jour de la mort de nostre Vie1114,
au retour des Tenebres, je treuvay vos lettres; ce matin, jour de la sepulture, tout en allant faire les
Ordres pour sept a [342] huit personnes de qualité1115, en nostre chappelle de la Visitation.
Pour ma tres chere Seur Marie Jeanne Elizabeth1116, je ne desappreuve pas son voyage, ni
ne l'appreuve; mais il seroit utile que je commette quelqu'un pour ouÿr les tesmoins et recevoir
authentiquement leurs depositions, et non seulement les tesmoins, mays Madame du Paraclet1117
et ses Religieuses. Or, il faut que je face cela avec conseil et beaucoup de soin. Ce pendant, nous
penserons s'il sera expedient qu'elle mesme y aille; il faut en tenir secrette la deliberation.
Si Monseigneur l'Archevesque1118 veut, on pourra bien dispenser pour l'aage en la reception
de ces damoyselles1119, en la contemplation des meres, qui pourront tenir place d'une partie de la
1113 Amé ou Amédée, fils de Jean Portier et de Louise-Françoise de Lucinge, chevalier, seigneur de Charrières et de
la Tour-de-Passy, coseigneur de la Val-des-Clets, avait épousé Gasparde de Livron, veuve en secondes noces, de
Guillaume de Montfalcon-Roasson, seigneur de Tessy.
Son fils Jean-Baptiste épousa Jeanne-Catherine de Montfalcon-Roasson, fille posthume de Guillaume,
seigneur de Tessy ci-dessus, et de sa veuve, Gasparde de Livron. C'est l'un des deux que le Saint désigne ici, et plus
probablement Jean-Baptiste.
1114 Vendredi-Saint, 17 avril.
1115 Trois noms seulement nous ont été conservés: François de l'Espine ou Delespine, chanoine de la cathédrale de
Genève, Jean Auberson, de Lausanne, ordonnés prêtres, et Etienne Gagnières, de Maurienne, ordonné diacre. (R. E.)
1116 Mme des Gouffiers, qui songeait à se rendre en Champagne pour achever de régler sa situation vis-à-vis du
Monastère où elle avait fait profession. (Voir plus haut, p. 225, note (727), et p. 238.)
1117 Marie de la Rochefoucault, abbesse du Paraclet (ibid., note (477), p. 152).
1118 Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon.
1119 On peut proposer les noms de Marguerite de Lestang et de Marguerite de la Balme. La première, admise à la
vêture le 25 avril 1620 et à la profession le 3 avril 1622, n'avait que neuf à dix ans en 1615; la seconde, fut reçue à
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24.6 Page 236

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resolution que l'aage ne permet pas aux filles. En somme, il faudra fort condescendre aux volontés
de Monseigneur l'Archevesque, pourveu que l'on treuve moyen d'eviter la consequence; car c'est
une regle tres salutaire que celle la, de ne recevoir point avant l'aage competent, pour oster toute
excuse au repentir, s'il en venoit1120. [343]
Toutes ces ames seront bonnes, si elles sont courageuses, et Mme Colin1121 et tout. Mays,
pour me charger de soin quelcomque d'affaires, helas! vous sçaves comme moy mesme quel
homme je suis pour cela: c'est a dire, que je ne suis pas homme pour cela. Vous pouves tous-jours
respondre pour moy sans scrupule, car il se treuvera tous-jours que ce sera moy qui auray respondu.
Vous estes, et d'esprit, et de volonté, et de tout, une mesme chose avec moy; vous sçaves ce que je
puis, que je veux et que je souhaitte. Ne me renvoyés donq rien, mais respondes hardiment.
On peut faire venir les damoyselles des Capucins1122 pour essayer, et estant treuvees
propres, ne les point renvoyer; car il n'y a pas grand hazard de les tenir en leur habit1123.
Monseigneur l'Archevesque venant, humiliés vous fort cordialement pour moy comme
moy mesme, et l'asseurés fort de l'estime, amour et reverence que j'ay a sa personne.
Prenés garde a retenir la liberté des sorties extraordinaires [344]: entre lesquelles, les
Jubilés, la visite des proches malades, ouy mesme de quelques signalés bienfacteurs ou grand amy
de la Mayson, et mesme de quelque sermon, comme celuy de la Passion, doivent, ce me semble,
estre reservees, et toutes autres occasions esquelles la Communauté des Seurs, avec l'advis du Pere
spirituel, treuveront que ce seroit a propos1124; car il faut reduire la prattique des sorties a la seule
bienseance et modestie que la Religion, jointe a la condition du sujet, requiert, car ainsy en fait on
es Congregations d'Italie1125.
l'habit à l'âge de quinze ans, le 10 septembre 1619, et prononça ses vœux le 3 novembre 1620. (D'après le Livre du
Chapitre du 1er Monastère de Lyon transféré à Venise.)
1120 Dans les premières Constitutions de la Visitation, à l'article De la reception des Novices, le saint Fondateur avait
écrit: «On ne recevra point de fille pour estre au nombre des Novices, qu'elle n'ayt 16 ans.» (Ms. autographe conservé
à la Visitation de Thonon.) Mais plus tard, lorsque la Congrégation fut érigée en Ordre religieux, il adopta, pour
l'admission des prétendantes à la vêture, l'âge canonique, c'est-à-dire quinze ans. (Voir au tome XIV, p. 329, la note
(944) pour laquelle les manuscrits primitifs n'avaient pu être consultés.)
1121 Isabeau Daniel, veuve de M. Colin. (Voir ci-dessus, note (779), p. 241.)
1122 En 1574, le P. Pacifique, commissaire général des Capucins pour la France, envoya à Lyon, pour y fonder un
monastère, le P. Jérôme de Milan. La popularité que lui obtinrent ses prédications, surtout auprès de ses compatriotes
italiens, riches et influents, favorisa son dessein. Jeannet de Lecchi et Pompée Porro acquirent de Guillaume de
Gadagne une propriété sur le coteau de Fourvière, et le 14 septembre 1575, la croix y fut plantée par l'Archevêque,
Pierre d'Epinac, assisté de M. de Mandelot, gouverneur de la ville. Par lettres patentes de juillet 1576, Henri III prit
sous sa protection les Capucins lyonnais, dit du Grand Couvent ou de la Maison de Saint-François.
Une seconde fondation est due à André Coste, banquier génois, qui acheta, en 1622, une maison appelée du
Petit Foreys. La première pierre de l'église fut posée la même année en présence d'Anne d'Autriche, et l'édifice,
construit par ses libéralités, fut consacré en 1635. Ce second couvent porta le nom de Saint-André ou du Petit Foreys.
En 1628, pendant la peste, les Religieux des deux maisons rivalisèrent de dévouement pour soigner les malades, et
souvent au prix de leur vie. A Lyon, comme partout ailleurs, leur austérité et leur zèle les rendirent chers au peuple
chrétien. Ils furent aussi ses bienfaiteurs à un autre titre: on ignore généralement que les Capucins, jusqu'aux dernières
années du XVIIIe siècle, firent dans les incendies l'office de pompiers. (D'après Vachet, Les anciens Couvents de Lyon,
Lyon, 1895.)
1123 Les «damoyselles des Capucins» étaient sans doute des aspirantes d'un Tiers-Ordre, que ces Religieux voulaient
confier à la direction de la Mère de Chantal, pour discerner si leurs aptitudes les disposaient au genre de vie de la
Visitation. (Cf. ci-après, p. 347.)
1124 Cf. ci-dessus, p. 332.
1125 Dans la première rédaction des Constitutions, le Fondateur rangeait en effet parmi les raisons des «sorties
extraordinaires»: la célébration des Quarante-Heures, le sacre d'un Evêque, un sermon signalé à entendre, «les Jubilés
esquelz il est porté que toutes personnes qui n'observent pas la rigoureuse clausure soyent tenues, pour gaigner
l'Indulgence, de visiter les eglises; et lhors, elles iront la moytié ensemble une fois, et l'autre moytié lautrefois,» etc.
(Ms. autographe conservé à la Visitation de Thonon; cf. encore ci-après, p. 347.)
La clôture telle que saint François de Sales l'avait d'abord établie pour ses filles, comportait ces licences; mais
survint bientôt l'opposition de Mgr de Marquemont, et dès lors, le Saint n'eut plus à réglementer l'ordre des sorties. En
1618, la Visitation ayant été érigée en Ordre religieux, les prescriptions du Concile de Trente lui furent appliquées.
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24.7 Page 237

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Helas, ma chere Mere, il faut que je finisse. Nos Seurs ne sçavent pas que j'escris, car c'est
par la voye de Chamberi. Elles ont madame de Chasteaufort1126, madame [345] la Baronne de
Chastelard1127 et madame de la Flechere, la vefve1128; troys bonnes et braves hostesses, dont la
premiere parle fort de revenir un jour du tout, et l'autre est mariee, mais une perle. Son mary est
filz du Baron de la Serraz1129; fille de madame Mont Saint Jean1130.
Hier, je fis le sermon de la Passion en deux heures et demie; nos hommes disent que c'est
chose extraordinaire.
Ma tres chere Mere, j'ay tant prié Dieu pour vous, et le feray encor; tout m'annonce le bien
de nostre indivisible unité. O Seigneur Jesus, vivés a jamais, regnés et a jamais soyes beni dans
nostre unique cœur. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
A Madame de Chantal,
Superieure de la Visitation.
A Lion. [346]
1126 Anne de Clermont, fille de messire Antoine, baron de Montoison, et de Marguerite de Simiane, nièce de Charles
de Simiane, seigneur d'Albigny (voir tome XII, note (405), p. 178), avait épousé, par contrat dotal du 19 juin 1606,
Pierre de Grôlée, seigneur et baron d'Hauteville, coseigneur de Châteaufort et du Villard, capitaine de cavalerie, lequel
testa le 30 novembre 1614, et mourut peu après au service de Charles-Emmanuel. (Cf. ci-dessus, note (971), p. 302.)
Mme de Chàteaufort, restée veuve avec plusieurs enfants, eut quelques velléités de vie religieuse qui ne durèrent pas
longtemps, puisque, en 1617 (contrat dotal du 7 juillet), elle passait à de secondes noces avec Pierre de Duyn, dit
Mareschal, comte de la Valdisère, commandeur des Allinges, lieutenant-général de l'infanterie savoyarde, etc., décédé
en juin 1623. Elle lui survécut jusqu'au 21 mars 1635.
Saint François de Sales honorait Mme de Chàteaufort et sa famille d'une si cordiale affection, que, pendant un
séjour qu'il fit chez elle, la comtesse étant «obligée de s'absenter, ce grand Prélat lui promit de prendre soin de sa
maison.» Il «le fit avec une si parfaite bonté,» que chaque matin il s'informait «si les petites filles avaient prié Dieu;»
ensuite «il les faisait déjeûner, les caressait tendrement, et leur disait quelque chose selon leur capacité pour leur
inspirer de la dévotion.» (Année Sainte de la Visitation, tome VIII, p. 149.)
1127 Fille d'Anne, baron de Chauvirey, et d'Anne de Montfalcon-Flaxieu (cf. tome XIV, notes (958), (959), p. 334),
Jacqueline épousa, par contrat dotal du 36 août 1612, Louis de Seyssel, baron du Châtelard (voir note (1129) ci-
dessous). Né le 26 juin 1691, il mourut le même mois en 1615, des suites d'une blessure reçue aux environs de
Bestagno. (Cf. La Maison de Seyssel, Grenoble, 1900, tome II, et ci-après, note (1152), p. 355.) A sa mort, la baronne
songea à quitter le monde et entra même à la Visitation, au moins pour une retraite. Mais sa vocation devait se terminer
comme celle de Mme de Châteaufort; elle contracta une seconde alliance avec Alphonse de Maillard de Tournon, et fit
son testament à C.hambéry, le 22 août 1630. (Cf. Mugnier et Dufour, Les Maillard, Chambéry, 1889, p. 133.)
1128 Madeleine de Saint-Michel, veuve de François de la Fléchère, seigneur de Rovorée. (Voir tome XI, note (456), p.
199.)
1129 Le beau-père de Mme du Châtelard était Bertrand de Seyssel, baron de la Serraz et du Châtelard, maître de camp,
cornette blanche de la noblesse de Savoie, chevalier de l'Annonciade. Il naquit en 1554, de Louis de Seyssel et
d'Adriane de Briandas. Sa femme, Bonne Costa, lui donna six enfants, et mourut peu après avoir testé (15 décembre
1602). Le baron de la Serraz épousa en secondes noces Catherine Louys (contrat dotal du 12 février 1616), et termina
sa vie à Chambéry, le 8 août 1619. (La Maison de Seyssel, tome II.)
1130 Anne de Montfalcon (cf. note (1127) ci-dessus), femme, en secondes noces, de Jean-Claude de Clermont-Mont-
Saint-Jean. (Voir tome XIV, note (958), p. 334.)
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MLXVI. A la même, a Lyon (Fragment). De la réception des
prétendantes. Les sorties extraordinaires et pour quelles
visites il faut les permettre.
Annecy, [18 avril] 16151131.
……………………………………………………………………………………………………
... qu'on ne reçoive pas avant l'aage1132.
Quant a celles que les Peres Capucins presentent1133, il y a moins de hazard, parce qu'on en
sera quitte les gardant quelque tems en leurs habitz mondains; et cela tiendra lieu de premiere veuë.
Je disois, quant aux sorties extraordinaires1134, qu'il y failloit enfermer les visites des
proches parens malades de maladies de consequence; la visite des eglises es Jubilés generaux, et
de venir a certains sermons celebres, comme de la Passion, et toutes autres occurrences que la
Congregation des Seurs, avec l'advis du Pere spirituel, jugeroyent dignes de sortir pour quelques
insignes charités, comme d'aller visiter quelque insigne bienfactrice et amie.
……………………………………………………………………………………………… [347]
MLXVII. A Madame de la Fléchère. Faut-il rechercher la cause
de nos sécheresses ? Pourquoi Dieu les envoie. A quoi
servent quelquefois les séparations.
Annecy, 19-21 avril 16151135.
Ma tres chere Fille,
Je vous escris tout vistement parmi les aymables empeschemens de ces saintes festes. Il ne
faut pas s'amuser beaucoup a la recherche de la cause de nos secheresses et sterilités, car nous ne
sçaurions la deviner; il suffit de nous humilier beaucoup et acquiescer a ce travail, soit que Nostre
Seigneur l'ayt envoyé pour nous chastier de quelque defaut, soit qu'il l'ayt envoyé pour nous es-
preuver et rendre plus purement siens.
Je n'ay pas receu des il y a quelque tems aucune lettre pour nostre Mere, pour vostre part;
j'en attens des siennes aujourdhuy. J'eusse bien desiré que madame de Chasteaufort1136 eust un peu
joüi de vostre conversation; mais puisqu'il ne se peut bonnement, elle s'entretiendra avec ces
bonnes Seurs, et encor plus avec Nostre Seigneur, que j'espere luy estre propice, puisqu'il luy a
donné le cœur qu'elle tesmoigne. O qu'il est quelquefois bon d'estre affligé pour estre consolé,
d'estre privé de ce que l'on ayme pour treuver ce que l'on doit aymer!
1131 La confrontation de ce fragment avec les pp. 343-345 ci-dessus, permet de supposer qu'il a été écrit à peu près en
même temps. Les mots: «Je disois» font croire qu'il ne s'agit pas d'une simple note prise pour répondre en détail aux
questions de la Mère de Chantal, mais d'une réponse à ces questions. Faute d'autre indice, nous donnons ici ces lignes
à titre documentaire et comme complément de la lettre précédente.
1132 Voir ci-dessus, note (1120), p. 343.
1133 Idem, note (1123), p. 344.
1134 Idem, note (1125), p. 345, et cf. pp. 331, 332.
1135 La Mère de Chantal était à Lyon le 19 avril 1615, fête de Pâques; Mme de Chàteaufort fit à cette époque une retraite
à la Visitation d'Annecy (voir ci-dessus, p. 345). La concordance de ces faits avec les allusions de la lettre en justifie
la date; toutefois, il semble difficile de dire si le Saint a écrit le 19 ou l'un des jours suivants.
1136 Anne de Clermont, veuve de Pierre de Grôlée, coseigneur de Châteaufort. (Voir ibid.)
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1137Je resalüe tres affectionnement la chere niece1138, et [348] suis tres parfaitement tout
vostre, ma tres chere Fille, tres veritablement bienaymee.
Vive Jesus!
F., E. de G.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée au 1er Monastère
de la Visitation d'Annecy.
MLXVIII. A une dame1139. Le double avantage qu'on retire
souvent de certaines maladies. Dieu n'abandonne jamais le
premier l'âme qu'il a d'abord attirée à lui.
Annecy, 26 avril 1615.
Madame,
J'ay sceu vostre maladie, et n'ay pas oublié de rendre le devoir que j'ay a une si chere fille.
Si Dieu a exaucé mes vœux, vous releveres avec un grand accroissement de santé, et sur tout de
sainteté; car souvent on sort de telz accidens avec ce double advantage, la fievre dissipant les
mauvaises humeurs du cors, et espurant celles du cœur, en qualité de tribulation provenante de la
main de Dieu.
Ce n'est pas que je vous appelle sainte quand je vous parle d'accroissement de sainteté en
vous; non certes, ma tres chere Fille, car il n'appartient pas a mon cœur de flatter le vostre. Mays,
encor que vous ne soyes pas sainte, vos bons desirs sont saintz, je le sçay bien, et je [349] souhaite
qu'ilz deviennent si grans, qu'en fin ilz se convertissent en parfaitte devotion, en douceur, patience
et humilité. Remplisses tout vostre cœur de courage, et vostre courage de confiance en Dieu; car
Celuy qui vous a donné les premiers attraitz de son amour sacré ne vous abandonnera jamais, si
vous ne l'abandonnes jamais. Dequoy je le supplie de tout mon cœur, et suis sans fin,
Vostre plus humble serviteur,
ma tres chere Fille, et a monsieur vostre mary, que je viens de voir preentement.
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 26 avril 1615.
1137 Cette dernière phrase est inédite; Migne, tome VI, col. 964, l'a supprimée, ainsi que Vive Jesus et les initiales de
la signature.
1138 Gasparde d'Avise.
1139 La fin de la lettre fait songer à une destinataire qui aurait embrassé la vie dévote depuis peu de temps; cette
circonstance permet d'exclure Mme de Travernay, à laquelle plusieurs autres passages du texte conviendraient. Saint
François de Sales adresserait-il ces lignes à Gabrielle Dyan, femme du sénateur Claude-Louis Guillet de Monthoux,
laquelle lui avait fait sa confession générale le 6 novembre 1614? (Voir ci-dessus, pp. 250, 261.)
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24.10 Page 240

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MLXIX. A Madame de Peyzieu1140. La santé du corps et la santé
de l'âme vont souvent en mouvement contraire. La maladie
purifie le cœur. — Quel est le plus excellent sacrifice qu'on
puisse faire, au temps de la vieillesse et des infirmités.
Annecy, [vers la fin d'avril 16151141.]
Bien que ce laquay aille expres, ma chere Mere, si est ce qu'il part en un tems auquel je
suis fort pressé. Cette bonne dame m'a dit de vostre part ce que vous luy aves confié, et je loue
Dieu qu'il vous ayt donné des nouvelles affections avec cette nouvelle santé. Mais il faut bien
prendre garde, ma tres chere Fille, ma Mere, que le cors et l'esprit vont souvent en contraire
mouvement, et a mesure que l'un s'affoiblit, l'autre se fortifie, [350] et quand l'un se fortifie, l'autre
s'affaiblit; mays, puisque l'esprit doit regner, quand nous voyons qu'il a pris ses forces, il le faut
tellement secourir et establir, qu'il demeure tous-jours le plus fort. Sans doute, ma tres chere Mere,
puisque les maladies sont comme des coupelles, il faut bien que nostre cœur en sorte plus pur et
que nous devenions plus fortz parmi les infirmités1142.
Or, quant a vous, je m'imagine que des-ormais l'aage et la petitesse de vostre complexion
vous tiendront souvent alangourie et foible; c'est pourquoy je vous conseille de vous fort exercer
en l'amour de la tres aymable volonté de Dieu et en l'abnegation des contentemens exterieurs et en
la douceur parmi les amertumes. Ce sera le plus excellent sacrifice que vous puissies faire. Tenés
bon, et prattiques non seulement l'amour solide, mays l'amour tendre, doux et suave envers ceux
qui sont autour de vous. Ce que je dis par l'experience que j'ay, que l'infirmité, ne nous ostant pas
la charité, nous oste neanmoins la suavité envers le prochain, si nous ne sommes fort sur nos
gardes.
Ma tres chere Mere, je vous souhaite le comble de la sainte perfection es entrailles de Jesus
Christ. Je demeure pour jamais vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
1140 L'appellation de «Mere», les allusions à la «decadence d'aage» (cf. ci-dessus, p. 300), à la «petitesse» de la
«complexion» et aussi les recommandations pour la suavité envers le prochain, désignent très vraisemblablement la
destinataire que nous attribuons à cette lettre. (Voir p. 310, la lettre du 28 février 1615 à la même.)
1141 Le 15 novembre 1615, Mme de Peyzieu reçut du Saint des compliments sur sa bonne santé. Bien que la présente
lettre ne soit pas déplacée à la date proposée (cf. ci-après, p. 369), elle pourrait être aussi postérieure, soit pour le mois,
soit pour l'année.
1142 Cf. II Cor., XII, 9.
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25 Pages 241-250

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25.1 Page 241

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MLXX. A M. Antoine des Hayes. L'Evêque de Genève s'excuse
de ne pouvoir accepter une proposition qui l'obligerait à résider
en France. Remerciements pour des services rendus.
Privilèges et privilèges. Qualités et défauts de Louis des
Hayes. Une de ses réponses ; son affection pour le Saint.
Nouvelles militaires.
Annecy, 3 mai 1615.
Monsieur,
Je respons donq a part a vostre lettre du 10 avril, que je receus avanthier, 1er de may, et n'ay
rien presque a dire [351] en celle ci sur ce sujet la1143; car je parle tout a la bonne foy, et ne puis
croire que l'on voulust me retirer de dela qu'avec la bienseance, sans laquelle je ne puis ni veux y
aller, puisque je ne pourrois le vouloir sans offencer Dieu et perdre ma reputation, de laquelle
pourtant, en tout cas, mais en celuy la particulierement, j'aurois tant de necessité. Vous sçaves
bien, Monsieur, qu'il faut plus de sujet pour faire remuer les vielles gens que les jeunes, et que les
vieux chiens ne prennent jamais le change qu'avec advantage.
Au bout de la, je suis en verité si peu de chose, que je ne suis pas mesme sans honte de voir
l'honneur auquel, vous, Monsieur, et celuy qui vous a fait la proposition, aves pensé pour moy. Je
croy que vous jugeres bien que je ne puis point faire d'autre responce a une proposition si generale.
Maintenant, je respons a deux autres lettres que je receus le mois passé, et tous-jours obligé
de vous remercier, puisque tous-jours vous ne cesses de m'obliger. Je vous remercie donq tres
humblement de l'expedition de madame de Gouffier1144, et de celle du petit benefice uni a mon
Chapitre1145, vous conjurant, Monsieur, de me faire sçavoir la despense que vous aures fournie
pour l'un et l'autre, affin que j'aye tous-jours la confiance de me prevaloir de vostre courtoyse
entremise es occurrences, laquelle, certes, je n'oserois plus employer si elle vous devoit estre
onereuse en autre chose qu'en vostre peyne et vostre soin.
Je vous remercie encor, Monsieur, de la peyne qu'il vous a pleu de prendre pour sçavoir si
je pourrois obtenir un Privilege pour l'impression de ces petites besoignes [352] que je pourrois
faire dores-en-avant; et puisque M. le Chancelier ne treuve pas a propos de me l'accorder sinon
pour le libraire que je luy nommeray, il me semble que je dois laisser ce soin la au libraire mesme,
qui obtiendra le Privilege pour soy a l'accoustumee1146. Mays je serois marry que M. le Chancelier
creust que j'eusse voulu tirer consequence du grand Cardinal du Perron a moy, qui serois, certes,
un temeraire scandaleux si je pensois m'apparier en privilege a cet homme sans pair en doctrine,
1143 La lettre écrite «a part» ne nous est pas parvenue, mais la suite du texte fait supposer que le Saint parle ici d'une
«proposition» qui devait l'attirer en France et l'y retenir, avec une plus haute dignité. Nous n'avons aucun détail sur
cette affaire.
1144 Sous l'ancien Régime, les grands vœux avaient un effet juridique, et quand ils étaient dissous, les Lettres de
dispense devaient être enregistrées; ainsi s'explique l'intervention de M. des Hayes pour l'affaire de Mme des Gouffiers.
(Cf. ci-dessus, pp. 225, 238.)
1145 Celui de Crassy et Vésenex au pays de Gex. (Voir ci-dessus, note (867), p. 266, et cf. p. 306.)
1146 Le Chancelier de France était alors Nicolas Brûlart, seigneur de Puisieux, marquis de Sillery, président au
Parlement de Paris, l'aîné des cinq fils de Pierre Brûlart et de Marie Cauchon. D'abord conseiller au même Parlement
(1573), ambassadeur en Suisse (1589 et 1595) et plus tard à Rome, où il conclut le mariage du Roi avec Marie de
Médicis, le seigneur de Sillery fut nommé chancelier de France par lettres du 10 septembre 1607 et mourut le 1er
octobre 1624.
Ce bon «M. le Chancelier» qui refusait si dédaigneusement à saint François de Sales ce qu'il accordait au
Cardinal du Perron et au prédicateur Valladier avec tant de complaisance, ne prévoyait guère que ses Privilèges
spéciaux ne sauraient défendre leurs ouvrages de l'oubli, et que les «petites besoignes» de l'Evêque savoyard, avec un
Privilège «a l'accoustumee,» traverseraient quand même les siècles.
241/335

25.2 Page 242

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eloquence et merite1147. Aussi n'a-ce pas esté sur ses livres que ce desir m'estoit venu, mays sur
des autres, comme par exemple, de M. Valladier, qui a fait imprimer l'an passé ses Sermons sous
un tel Privilege1148, et [353] de plusieurs autres; qui m'a fait estimer que ce n'estoit pas un Privilege
tant special. Mais puisqu'il l'est, je ne le desire plus.
Reste nostre filz1149 qui, en verité, a un cœur fort bon et l'esprit encor meilleur; mais,
comme vous le dites, Monsieur, il est un peu friand et brillant, et pour cela nous tascherons de
l'occuper fort. Il va en classe et pense monter, a la saint Remy, a la seconde. Il va commencer a
apprendre l'escriture d'un brave maistre que nous avons icy. Les Peres n'ont pas encor esté d'advis
qu'on le mist aux mathematiques de quelques moys, et j'avois treuvé un de nos chanoines qui l'eust
fort volontier enseigné. Le Dimanche de Quasimodo, il monta en chaire pour reciter un poëme
heroïque de la Resurrection de Nostre Seigneur. Il ne se peut dire de quelle grace, avec quelle
asseurance, avec quelle beauté d'action il prononça cette besoigne. Je luy dis apres, qu'il avoit parlé
avec beaucoup de hardiesse, et il me respondit qu'il ne failloit pas craindre en bien faysant. Au
demeurant, il m'ayme et me respecte extremement, avec une crainte infinie de me fascher, et je
croy que je mesnage bien ce talent avec luy; de le tenir trop serré, cela luy nuiroit. Il commence a
prendre un peu de sentiment de reputation, qui luy sera utile, car les remonstrances qu'on luy fait
de la part de l'honneur le touchent.
Je suis marri que nostre College n'est encor pas en si bon terme comme la bonté et
suffisance de ces Peres qui le gouvernent maintenant1150 nous promet qu'il sera bien tost. Mays
puisque nous aurons l'honneur de vous [354] voir dans quelque tems, nous parlerons un peu
ensemble de tout ce qui est requis pour la bonne conduitte de ce cher enfant, qui est fort aymable
et qui reuscira, comme j'espere, extremement bien. Et sans doute, ça esté une vraye inspiration
celeste qui vous donna la resolution de le remettre un peu aux Lettres, car la vivacité de son esprit
l'eust mis en grand danger en cette autre profession1151 pendant ces deux ou troys ans.
Son Altesse a battu ces jours passés les Espagnolz, mais non pas avec grande effusion de
sang1152. Il suffit qu'en ces trois ou quatre petites rencontres, Dieu a tous-jours favorisé la cause du
plus foible; je pense que c'est pour advertir le plus fort de n'estre pas si vigoureux.
1147 Quand le Saint arriva à Paris en 1602, «les plus grands personnages,» dit Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. V),
«alloyent à l'envy l'un de l'autre de sa familiarité; sur tous, Jacques David du Perron, Evesque d'Evreux, et depuis
Cardinal, homme grand en toutes choses, contracta avec luy une saincte amitié, et le loua tant au Roy, qu'il luy fist
prendre envie de l'ouyr prescher.» On connaît ce mot de du Perron, souvent cité: «Si vous voulez convaincre les
hérétiques, amenez-les-moi; mais si vous voulez les convertir, conduisez-les à M. de Genève.» François de Sales et le
Cardinal se rendaient donc mutuellement justice dans la profonde estime qu'ils s'entreportaient.
1148 Le «Privilege» que sollicitait le Saint lui aurait conféré sans doute les mêmes droits que celui obtenu par André
Valladier, abbé de Saint-Arnould (voir tome XIII, note (176), p. 49), pour l'impression de L'Auguste Basilique de
Sainct Arnould de Mets. A défaut du Privilège des Sermons, nous donnons un extrait de celui-ci. Il porte qu'il est
permis à l'auteur de faire imprimer son ouvrage «pour tel libraire que bon luy semblera, tant de fois qu'il voudra, en
tel volume et caractere qu'il verra bon estre, et ce pour le terme qu'il accordera. Avec deffence a tous autres, tant
marchands libraires, imprimeurs, de quelque estat ou condition qu'ils soient, d'imprimer ou faire imprimer, soit au
dedans, ou dehors nostre Royaume, tronquer, ny alterer ledit livre, ny en extraire aucune chose, vendre, ny debiter,
si ce n'est du consentement dudit Valladier, ou de celuy ou ceux qui auront pouvoir et droict de luy, sous peine de
confiscation des livres et exemplaires imprimez et mis en vente, contre et au prejudice des presentes... Donné à Paris
le dernier jour de decembre, l'an de grace mil six cens quatorze.»
On peut se demander si la «tres mauvaise procedure» et l'«incivilité» de Claude Rigaud, imprimeur de la
Panthologie (voir plus haut, p. 9), n'auraient pas donné à saint François de Sales la pensée d'obtenir un Privilège
semblable à celui que nous venons de citer.
1149 Louis des Hayes, alors au collège d'Annecy, dirigé par les Barnabites. (Voir ci-dessus, note (1112), p. 340.)
1150 Ces Religieux étaient: D. Simplicien Fregoso, supérieur, D. Juste Guérin, qui s'absentait souvent, D. Fulgence
Chioccari, D. Vitalien Berretta, D. Candide Poscolonna.
1151 Le jeune des Hayes, on s'en souvient, avait été page avant d'entrer au collège d'Annecy.
1152 La bataille eut lieu à Bestagno, place du Montferrat, le soir de Pâques, 19 avril. Deux régiments espagnols, ayant
à leur tête don Louis de Cordoue, furent attaqués par le comte de Saint-Georges qui les tailla en pièces; dans le camp
ennemi, deux capitaines et deux cents hommes furent tués, beaucoup d'autres blessés et faits prisonniers; Charles-
Emmanuel n'eut dans cette affaire que quatre morts et dix blessés. Le lendemain, en quittant Bestagno pour se porter
vers Asti, Son Altesse frappait encore sur les vaincus de la veille, qui étaient cependant quatre fois plus nombreux que
les vainqueurs. C'est dans cette rencontre que Louis de Seyssel, baron du Châtelard (voir ci-dessus, note (1127), p.
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Je suis trop long, mays pardonnés au playsir que j'ay de vous parler en la façon que je puis.
Je prie Dieu qu'il vous comble de prosperités, et suis,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 3 may 1615.
A Monsieur
[Monsieur] des Hayes, Maistre d'hostel du Roy,
Baillif et Gouverneur de Montargis. [355]
MLXXI. A Dom Jean de Saint-Malachie Obry, Feuillant1153.
Amitié du Saint pour les religieux Feuillants. Affectueuse
mention de Mme Brûlart. Dévotion de François de Sales à
saint Bernard. Nouvelles de la Visitation.
Annecy, 5 mai 1615.
Mon Reverend Pere,
J'ay mille remerciemens a vous faire des deux lettres que j'ay receuës de vous et que j'ay
leuës avec un'incroyable consolation, selon l'inclination que Dieu m'a donnee a l'honneur du
glorieux Saint duquel vous habites le lieu natal1154 et l'affection que j'ay a vos merites.
J'ay bien desir de sçavoir que sera devenue cette damoyselle muette1155; car on m'a dit
qu'elle estoit retombee a son premier accident1156. Ce porteur, gentilhomme de [356] marque, est
mon parent1157, et je le pourray bien sçavoir par son retour.
346), reçut la blessure dont il mourut au mois de juin suivant. (D'après Guichenon, Hist. généal, de la Maison de
Savoie, tome II, p. 385, et la plaquette intitulée: Vera e succinta relatione de i successi tra le due armate di Spagna e
Savoia quest'anno 1615, sino che fù conclusa la pace. In Torino, per Luigi Pizzamiglio... 1615.)
1153 Né à Bordeaux, de la famille Obry, D. Jean de Saint-Malachie fit sa profession en 1586 dans l'abbaye de Feuillant,
près de Toulouse. Il composa en 1600 une lettre de consolation à la duchesse de Longueville, qui la fit imprimer à
Paris la même année; il publia aussi l'histoire de l'érection de la basilique de Saint-Bernard à Fontaines-les-Dijon. Ce
Religieux était visiteur de son Ordre et prieur de Notre-Dame de Mondovî lors de l'installation des Feuillants à
Abondance. (Voir tome XII, note (938), p. 373.) Durant son séjour à l'abbaye, il devint l'ami de M. de Blonay et, plus
d'une fois, le directeur occasionnel de son angélique fille Marie-Aimée. C'est en parlant de lui que saint François de
Sales écrivait à Mgr Camus: «Si vous le hantes, vous treuveres en luy une veine feconde de pieté, de sagesse et d'amitié
pour moy qui l'honnore reciproquement bien fort.» (Voir plus haut, p. 118.) D. Jean de Saint-Malachie mourut le 10
mars 1652 et fut inhumé dans l'église du monastère de Fontaines. (Voir Morotius, Pars III.)
1154 Saint Bernard, qui naquit à Fontaines-les-Dijon, où venaient de se fixer les Feuillants. (Voir ci-dessus, note (706),
p. 218.)
1155 Catherine Folin (voir ibid., note (709), p. 219).
1156 Le petit volume in-12 conservé à la Bibliothèque Mazarine sous la cote n° 32126, intitulé Miracles, donne à la
suite de la présente lettre, la note que voici: «La Damoiselle mentionnée en ceste lettre... ne retomba nullement en son
accident... Mais le bruit que pouvoit avoir eu ledict bien heureux et Reverendissime Evesque estoit d'une autre jeune
Damoiselle de qualité qui, estant trop plus malade environ ce temps que la susdicte,... fut guerie miraculeusement au
septiesme jour» d'une neuvaine à saint Bernard. «Au bou't de trois mois... elle retomba en un pareil ou plus grief
inconvenient...» Les médecins ayant épuisé en vain les ressources de l'art, la malade recourut de nouveau à
l'intercession du Saint et «guerit derechef parfaictement au huictiesme jour... Du depuis,» ajoute l'auteur de cette
relation, «elle n'a jamais rien paty de tout cela, ains jouit d'une constante santé, est mariée, a des enfants et sert d'un
tesmoignage public et irrefragable que Dieu prend plaisir d'estre glorifié en son Serviteur.»
1157 Impossible de désigner le porteur, parent du Saint.
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Le Pere Dom Henry, Prieur de vostre Monastere de Chambery1158, est icy, qui prescha hier
a la Visitation. J'ay eu desplaysir de ne luy avoir peu rendre l'office d'hospitalité, comme [vous]
sçaves que je fay volontier a ceux de vostre compagnie.
Je suis bien ayse de l'edification que madame la premiere Presidente1159 donne. C'est, a la
verité, une fille que je cheris fort, et qui m'a bien donné de la consolation des il y a dix ans que
Dieu voulut qu'elle prist confiance en mon ame; quand vous la verres, je vous prie de la saluer.
Mais sur tout, salués quelquefois le filz de la mayson en laquelle vous estes1160, et luy demandés
son intercession pour la pureté de mon miserable esprit, le suppliant qu'il implore la misericorde
de sa chere Maistresse et Mere de Dieu sur ma vie et sur ma mort.
Nostre Visitation croist «en nombre et merite1161.» Madame de Chantal est a Lion, avec
madame Favre, madame de Chastel et madame de Blonay, pour l'erection d'une Mayson que
Monseigneur de Lyon y a desiree.
Je suis, mon Reverend Pere, d'un cœur tout particulier,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
D'Annessi, ce 5 may 1615.
Au Reverend Pere en Nostre Seigneur,
Dom Jean de St Malachie, Religieux Feuillantin,
Superieur du Monastere de St Bernard.
A Fontaynes lez Dijon. [357]
MLXXII. A la Mère de Chantal, a Lyon. Un billet hâtif.
Union d'intimité spirituelle entre les âmes des deux Saints.
Annecy, 10 mai1162 1615.
Ma Mere, helas! c'est sans loysir quelcomque; imagines vous que c'est un billet pour une
dame qui veut entrer. Je vous salue mille fois. Mon ame s'eslance dans vostre esprit, si toutefois il
faut user du mon et du vostre entre vous et moy, qui ne sommes rien du tout de separé, mays une
seule mesme chose.
J'escriray par la premiere commodité, mays [c'est] plustost un eschantillon de commodité
que j'employe pour saluer mille fois un cœur maternel, de toute mon affection filiale. Dieu, qui est
nostre unité, soit a jamais beni.
Je salue nos cheres Seurs, mes filles. Vives joyeuse en ce divin Jesus, qui est le Roy des
Anges et des hommes. Je suis tres parfaitement en luy, ma tres chere Mere, ce que nul ne sçait que
luy mesme qui l'a fait. A luy aussi en soit l'honneur, gloire et loüange. Amen.
Vostre…..
10 may 1615. [358]
1158 Ce monastère était celui de Lémenc, auparavant prieuré de Bénédictins, dont les Feuillants avaient entrepris la
réforme. (Voir plus haut, les notes (372), (373), p. 115.)
1159 La présidente Brûlart (voir tome XII, note (598), p. 267).
1160 Saint Bernard.
1161 Oratio super populum, Feria tert. post. Dom. Pass.
1162 Le 14 mai (voir ci-après, p. 363) le Saint dit à la Mère de Chantal: «Nous avons esté huit jours sans commodité
d'escrire...» Comment expliquer cette phrase si les présentes lignes ont été tracées le 10? L'objection ne paraît pas
décisive: ce billet n'est qu'un salut que le Bienheureux envoie à sa chère Fille par «un eschantillon de commodité,» en
attendant que «la premiere commodité» lui permette d'écrire une vraie lettre.
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25.5 Page 245

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MLXXIII. A la même, a Lyon. Aucune distance ne peut éloigner
les cœurs que Dieu unit. — Une crainte du Saint. La liberté
qu'il faut garder à tout prix dans l'Institut de la Visitation.
Pourquoi le Fondateur voulait qu'on s'accommodât de certains
esprits un peu difficiles. Un vingt-troisième anniversaire cher
au Bienheureux.
Annecy, 13 mai 1615.
……………………………………………………………………………………………………...
1163II faut cultiver la tressainte indifference a laquelle Nostre Seigneur nous appelle. Que
vous soyes la ou icy, helas! qui nous peut separer de l'unité qui est en Nostre Seigneur Jesus
Christ1164? En fin, c'est chose desormais, ce me semble, qui n'adjouste plus rien pour nostre esprit,
que nous soyons en un ou deux lieux, puisque nostre tres amiable unité subsiste par tout, graces a
Celuy qui l'a faite. Combien de fois vous ay je dit, ma tres chere Mere, que le ciel et la terre ne
sont point en asses grande distance pour esloigner les cœurs que Nostre Seigneur a jointz!
Demeurons en paix sous cette asseurance.
J'ayme bien mieux que l'on se fie tout en vous de la Mayson1165, car cela se fera fort
doucement et suavement, pourveu que l'on vous laisse vostre liberté et qu'on se repose sur vostre
foy. Mays je crains qu'on ne veuille vous arrester la1166, ce qui seroit une cogitation injuste [359]
et que je ne pourrois ouÿr; je dis la cogitation, car de l'effect, il n'en faut pas parler. Il faut donq en
cet article, parler souëfvement et justement, et arrester que vous aures un soin tres suffisant de
cette Mayson la.
Il faut garder comme la prunelle de l'œil la sainte liberté que l'Institut donne pour les
communications et conferences spirituelles. L'experience me fait voir que rien n'est si utile aux
servantes de Dieu, quand elle sera prattiquee selon nos Regles.
1167Je respons que la vivacité de ces espritz nourris en leur propre jugement ne
m'estonneroit point, pourveu qu'on leur eust proposé les maximes generales de la douceur, charité
et simplicité, et le despouillement des humeurs, inclinations et aversions naturelles, qui doivent
regner en la Congregation; car en fin, qui ne voudroit recevoir que des espritz avec lesquelz il n'y
eust point de peyne, les Religions ne serviroyent gueres au prochain, puisque ces espritz-la
feroyent presque bien par tout.
O ma tres chere Mere, vivés joyeuse, toute brave, toute douce, toute jointe au Sauveur, et
playse a sa Bonté de benir la tressainte unité qu'il a fait de nous et la sanctifier de plus en plus. Je
salue nos cheres Seurs; helas, que je leur souhaitte de perfection!
Ce 13 may, auquel je commence la 23e annee de ma vie en l'estat ecclesiastique1168, plein
de confusion d'avoir fait si peu d'estat de vivre en la perfection de cet estat.
1163 Dans toutes les éditions, à partir de 1626, notre texte est précédé de deux alinéas, tirés d'une lettre adressée en
1621 à la Mère Paule-Jéronyme de Monthoux, Supérieure à Nevers. Cette interpolation laisse planer un doute sur
l'intégrité de la présente lettre, et par conséquent sur sa date; toutefois, la première partie est bien, semble-t-il, comme
la dernière phrase, du 13 mai 1615. (Voir tome XIV, note (67), p. 14.)
1164 Rom., VIII, 35, ult.
1165 Il s'agissait très probablement des affaires temporelles qui intéressaient le Monastère et dont la Fondatrice
promettait de s'occuper, même après son retour à Annecy.
1166 Le Saint redoutait qu'on voulût retenir à Lyon la Mère de Chantal, et, de son côté, celle-ci songeait déjà à rentrer
en Savoie. (Voir sa lettre du 14 avril 1615 à la Sœur de Bréchard, vol. I, p. 35.)
1167 Le manque de liaison entre le commencement de cet alinéa et ceux qui précèdent permet de croire que les premiers
éditeurs ont fait ici quelque suppression ou une interpolation. (Voir note (1163) de la page précédente.)
1168 C'est le 13 mai 1593 que François de Sales revêtit la soutane préparée longtemps d'avance par sa vertueuse mère.
Jamais novice ne prit l'habit religieux avec plus d'humilité et de piété. «Ce jour la,» disait-il, «je me suis enroolé en la
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25.6 Page 246

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FRANÇS, E. de Geneve.
MLXXIV. A la même, a Lyon. Puissants désirs de servir le
divin amour qui affluent dans le cœur du Saint. — Consolations
qu'il reçoit des progrès spirituels de ses chères filles d'Annecy.
— Que faire pour permettre à Dieu de parachever son œuvre
dans les âmes.
Annecy, 14 mai 16151169.
……………………………………………………………………………………………………..
O que mon ame, des plusieurs jours en ça, est pleine de nouveaux et puissans desirs de
servir le tres saint amour de Dieu avec tout le zele qu'il me sera possible! La vostre, ma tres chere
Mere, qui n'est qu'une mesme chose, en fera de mesme; car, comme pourroit-elle avoir diverses
affections, n'ayant qu'une mesme vie et une mesme ame?
Nos Seurs1170 font, certes, merveilles et incitent mon cœur a beaucoup de reconnoissance
envers la bonté de Dieu, de laquelle je voy de si clairs effectz en leurs ames. J'espere que celles de
dela vous donnent aussi des pareilz sentimens, et que cette douceur celeste verse ainsy son Esprit
sur toute cette petite assemblee de creatures unies pour sa gloire.
Helas, ma tres chere Mere, que d'obligations que nous avons a Nostre Seigneur, et combien
de confiance nous devons avoir que ce que sa misericorde a commencé en nous, elle le
parachèvera1171, et donnera tel accroissement a ce peu d'huyle de bonne volonté que nous avons,
que tous nos vaysseaux s'en rempliront et plusieurs autres de ceux de nos voysins1172. Il ne faut
que bien fermer la [361] chambre sur nous1173, c'est a dire, retirer de plus en plus tout nostre cœur
en cette divine Bonté.
Je vous donne mille fois le bon soir, et prie Dieu qu'il soit tous-jours au milieu de tout
vostre cœur, le benissant de ses tressaintes et plus desirables faveurs. Je salue toutes nos Seurs.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 14 may 1615.
milice de Jesus Christ.» (Année Sainte, ancien Ms., 10 mai.) Voilà pourquoi le saint Evêque aimait à célébrer
l'anniversaire de ce jour heureux.
1169 L'intégrité de cette lettre est fort douteuse; à coup sur, le commencement a été tronqué. La date cependant est juste;
ces lignes ont dû être écrites le matin et confiées à M. Grandis. (Voir la Lettre MLXXVI envoyée le soir du même
jour, p. 364.) Le «bon soir» final ferait croire que la derrière phrase est interpolée.
1170 Les Religieuses de la Visitation d'Annecy.
1171 Philip., I, 6.
1172 Cf. IV Reg., IV, 3-6.
1173 Ubi pag. praeced., vv. 4, 5.
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25.7 Page 247

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MLXXV. A la Soeur Favre, Assistante de la Visitation de Lyon.
Inquiétudes résignées du Bienheureux sur la santé de la Mère de
Chantal. Voyage de M. Grandis à Lyon.
Annecy, 14 mai 16151174.
Ma tres chere Fille, ma Niece1175,
Vostre lettre m'a certes un peu estonné; mays j'ay, graces a Dieu, les yeux sur cette infinie
Providence, delaquelle les decretz seront a jamais les loix de mon cœur. Helas! vous pouves penser
ce que mon ame est a ma Mere1176 et ce que l'ame de ma Mere est a la mienne. Hé, j'espere que la
divine Bonté, en consideration de nostre pauvre petite Congregation faite en son nom et pour sa
gloire, nous laissera cette Mere tant utile.
Monsieur Grandis1177 a eu peine a se resoudre d'aller, [362] par ce quil tenoit, d'un costé,
la maladie n'estre pas dangereuse puisqu'elle est intermittente, et de l'autre, que les medecins de
dela auroyent desja fait tous les remedes quand il arrivera. Neanmoins, en un'occasion de si grande
consequence, en fin il s'est resolu. O! Dieu soit nostre secours, ma tres chere Niece. Prions bien
Dieu, il nous aydera.
L'homme qui accompagne M. Grandis reviendra soudain avec advis nouveau; je vous en
prie, et que ce soit bien distinctement. Tout ce que Dieu ordonnera sera receu, moyennant sa grace,
avec resignation; l'unité de mon ame avec celle de cette Mere n'est pas pour cette vie seulement,
mais principalement pour l'autre.
Dieu vous benisse, ma tres chere Fille, ma Niece. Monsieur Grandis ne fera point semblant
d'aller expres.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Arona (Italie).
1174 Actuellement, signature et date manquent à l'Autographe; mais cette dernière, 14 mai 1615, est garantie par la
mention de M. Grandis et de son voyage à Lyon, que renferme aussi la lettre suivante à la Mère de Chantal, écrite le
soir du même jour.
Migne, d'après Datta, tome II, p. 35, place ces lignes en 1610, au tome VI, col. 651; puis il les donne une
seconde fois (col. 979) avec un texte arrangé, mais portant la vraie date, et comme adresse: A une Nièce.
1175 Cette qualification affectueuse venait sous la plume du Saint lorsqu'il s'adressait à la Sœur Favre, à cause du titre
de «Frère» qu'il donnait au Président son père.
1176 La Mère de Chantal.
1177 Jean Grandis, médecin d'Annecy. (Voir le tome précédent, note (90), p. 20, et cf. ci-dessus, p. 330.)
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25.8 Page 248

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MLXXVI. A la Mère de Chantal, a Lyon. Zèle croissant du
Saint pour le service de Dieu. Béatitude et suavité des âmes
totalement résignées au vouloir divin. Attente de nouvelles.
1178VIVE JESUS
Annecy, 14 mai 1615.
Nous avons esté huit jours sans commodité d'escrire, et voyci maintenant, coup sur coup,
qu'on nous donne occasion. Nous attendons certes avec une devote impatience M. du Crest1179, qui
n'est encor point arrivé, pour [363] sçavoir un peu de vos nouvelles, car je m'imagine que nous en
aurons a force, et par le sire Pierre aussi1180, par lequel je vous avois envoyé des lettres pour M.
des Hayes, ouvertes, affin que vous les vissies. Or bien, il faut donq attendre.
Cependant, que vous diray-je de vostre cœur de deça, sinon que Dieu luy donne tous les
jours des nouvelles affections pour son service. 1181Ce matin, estant un peu en solitude, il a fait un
exercice de resignation nonpareil, mays que je ne puis escrire, et que je reserve pour vous dire a
bouche, quand Dieu me fera la grace de vous voir. O que bienheureuses sont les ames qui vivent
de la seule volonté de Dieu! Helas! si pour en savourer seulement un bien peu par une consideration
passagere, on a tant de suavité spirituelle au fond du cœur qui accepte cette sainte volonté avec
toutes les croix qu'elle presente, que sera ce des ames toutes destrempees en l'union de cette
volonté?
Or sus, c'est bien asses, car je vous ay escrit ce jourdhuy mesme au matin par M.
Grandis1182, par lequel nous attendons force lettres, et grandes; car, puisqu'il vous ira voir en
arrivant et que ses affaires le retiendront un peu la, vous aures bon loysir d'escrire.
Ce pendant, Dieu soit seternellement nostre tout. Je suis en luy vostre, selon quil luy a pieu
et comme vous sçaves vous mesme.
Annessi, le 14 may 1615.
A Madame
Madame de Chantal,
Superieure de la Visitation. A Lion.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans. [364]
1178 L'éditeur Migne, tome VI, col. 979, supprime Vive Jesus au commencement, et fait au texte plusieurs modifications
assez notables qui sont dues à M. l'abbé de Baudry.
1179 De tous les personnages qui, à cette époque, portaient ce nom, trois peuvent être proposés, parmi lesquels,
toutefois, il est difficile de choisir:
Jean-Baptiste, fils de Sébastien Ducrest, bourgeois d'Annecy, curé d'Héry-sur-Alby dès 1600, «licentié en
droit civil et canon,» qui, à son retour de Louvain, où il avait achevé ses études, soutint en 1610 une thèse de
philosophie en présence du saint Evêque. Il dépose au Ier Procès de Canonisation le 12 novembre 1632, à l'âge de
cinquante ans. Philippe Ducrest, qui fut successivement procureur au Conseil de Genevois, greffier de l'officialité
de l'Evêché de Genève, greffier ducal, notaire apostolique du même Procès, décédé le 13 octobre 1634. Gabriel,
chanoine de Saint-Pierre de Genève en 1620, ami et bienfaiteur de la Visitation d'Annecy, qui mourut en 1671. Sa
notice sera donnée plus tard.
1180 Pierre Richard (voir ci-dessus, note (1072), p. 330).
1181 La suite de cet alinéa a été insérée dans une lettre composée de plusieurs morceaux de dates différentes, qui porte
celle du 22 octobre 1622 à partir de l'édition princeps. (Cf. plus haut, note (219), p. 59.)
1182 Epist. MLXXIV.
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25.9 Page 249

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MLXXVII A la même, a Lyon. Acquiescement de François de
Sales à la volonté de Dieu. — Nouvelles de son propre cœur.
Annecy, 16-18 mai 16151183.
Ma tres chere Mere,
Ce mot part a l'impourveu pour saluer vostre chere ame, que je cheris comme la mienne
propre; aussi l'est elle en Celuy qui est le principe de toute unité et union.
Je ne veux pas nier que je ne sois marri de vostre fievre; mays ne vous mettes nullement en
peyne de ma peyne, car vous me connoisses: je suis homme pour souffrir, sans souffrir, tout ce
qu'il plaira a Dieu faire de vous comme de moy. Helas! il ne faut point faire de replique ni de
fleschissement. Je confesse devant le Ciel et les Anges que vous m'estes pretieuse comme moy
mesme; mays cela ne m'oste point la tres resolue resolution d'acquiescer pleinement en la volonté
divine. Nous voulons servir Dieu en ce monde, icy et la, de tout ce que nous sommes; s'il juge
mieux que nous soyons en ce monde ou en l'autre, ou tous deux, sa tressainte volonté soit
faite1184.1185
……………………………………………………………………………………………………...
Je ne vous diray rien davantage, sinon que je me porte [365] mieux, et que mon cœur va
mieux qu'il n'est pas allé il y a long tems; mais je ne sçai pas si sa consolation vient des causes
naturelles ou de la grace.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, pour le remplir de son saint amour. Amen.
VIVE JESUS! Ma tres chere Mere, je suys, comme vous sçaves vous mesme, tous-jours plus tout
a fait vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
1183 Le 14 mai, saint François de Sales mandait à la Sœur Favre: «M. Grandis ne fera point semblant d'aller expres» à
Lyon, pour voir la Mère de Chantal dangereusement malade. Pour la même raison, en écrivant à celle-ci le matin du
même jour (voir Lettre MLXXIV), il aura dissimulé ses inquiétudes. Dans les présentes lignes, le Fondateur ne cache
plus ses préoccupations sur l'issue du grave accident; cette remarque semble assez bien justifier notre date.
1184 Matt., VI, 10, XXVI, 42.
1185 Ici même, et sans doute pour remplacer un passage supprimé, les premiers éditeurs ajoutaient une phrase tirée de
la lettre du 10 septembre 1611. (Voir le tome précédent, p. 98, lignes 7-11, et cf. tome XIV, note (67), p. 14.) L'alinéa
qui suit pourrait bien aussi avoir été interpolé.
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25.10 Page 250

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MLXXVIII. A la Soeur de Bréchard, Assistante de la Visitation
d'Annecy (Inédite). Prières publiques pour la guerre. Affaire
d'argent.
Annecy, 18-20 mai 16151186.
J'avoys un grand desir de vous aller voir en presence, ma tres chere Fille, mais je n'ay pas
ceans un prestre a mon commandement, et puis, j'ay un peu d'affaires, comme seroit de me
praeparer au sermon que nous faysons demain pour recommencer les prieres1187 et faire
un'assemblee tantost pour l'ordre d'icelles. J'attens, non sans tentation d'inquietude, l'homme qui
doit venir de [366] Lion1188; soudain quil sera arrivé, vous aures part a nos nouvelles. Hé, Dieu le
(sic) nous veuille donner bien bonnes.
Cependant, M. de Charmoysi1189 doit rendre l'argent quil a, dans trois ou quatre jours. Il
proposoit de le remettre a M. de Vallon1190, qui en donneroit la rente constituée; mays puis que
l'on en a besoin pour le bastiment, je pense quil sera mieux de s'en servir que d'en emprunter1191.
Et puis, quand il en viendra d'autre, si M. de Vallon est treuvé propre pour le recevoir, comme je
pense qu'il le soit, nous le luy baillerons.
Bonsoir, ma tres chere Fille. Dieu vous benisse des benedictions que ce cœur vous souhaite,
ce cœur, dis-je, qui vous cherit vrayement d'un'affection toute paternelle et plus que paternelle.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Brioude. [367]
1186 L'allusion aux prières publiques, l'attente un peu anxieuse des nouvelles de Lyon et le règlement d'une affaire
d'argent, ont servi à fixer la date à un ou deux jours près.
1187 Le 12 mai, Charles-Emmanuel apprenant que le gouverneur de Milan allait camper devant Asti, avait disposé ses
troupes pour le combat. Restées victorieuses dans une première attaque qui eut lieu ce jour même, elles le furent aussi
dans plusieurs escarmouches les jours suivants. Une importante bataille devait se livrer encore le 20 du même mois.
(D'après la plaquette citée plus haut, note (1152), p. 355.) C'est donc au moment où les deux armées se trouvaient en
présence sous les murs d'Asti, que le saint Evêque fit «recommencer les prieres.» On peut voir au tome VIII, p. 173,
un plan de sermon, daté de 1615, et portant ce titre: Pendant que nos soldats livraient bataille aux Espagnols; pour
une supplication publique. Probablement, ce canevas servit de thème à la prédication dont parle ici le Saint.
1188 Sans doute le même qui, le 14, était parti d'Annecy dans la matinée, avec M. Grandis. (Voir ci-dessus, p. 363.)
1189 Claude de Charmoisy (voir note (1191) ci-dessous).
1190 Jacques de Gex, seigneur de Vallon, beau-frère de M. de Charmoisy.
1191 L'affaire se régla quelques jours après, comme le prouve la teneur de l'acte que nous résumons ici. Le 24 mai 1615,
au monastère d'Annecy, en présence de toutes les Religieuses «congregees capitulairement,... en la presence et
assistance d'Illustre et Reverendissime Seigneur messire François de Sales... leur Pere spirituel, et par son advis et
conseil icy presentes et acceptantes... pour elles et pour Reverende Dame Jeanne Françoise Fremyot leur Superieure,
et aultres dames Religieuses de ladicte Congregation qui sont a present icy absentes:» Jacques de Gex, seigneur de
Vallon, retire «trois mil et deux centz florins, monoye de Savoye,... provenant» de la revente d'une «cense annuelle et
perpetuelle de deux centz et vingt quattre florins... ce jourdhuy faicte par les susnommees en faveur de noble Claude
de Vidompne, seigneur de Charmoisy, qu'en auroit cy devant faicte vente... le premier jour de decembre mil six centz
et douze.» (Archives de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents.)
Il résulte de cette pièce que l'on jugea bon de remettre l'argent sans délai à M. de Vallon.
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26 Pages 251-260

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MLXXIX. A M. Balthazard de Peyzieu (Inédite). Condoléances,
Eloge d'un frère défunt. La seule chose qui nous mette en
repos. Préparer la mère tout doucement à la fâcheuse
nouvelle. Une grande erreur.
Annecy, 21 mai 1615.
Helas, monsieur mon Frere, que nous avions des-ja regretté nostre commune perte, entre
nous autres freres de deça, car les Peres Capucins nous en avoyent donné quelque sorte de
nouvelles1192. Il faut advoùer que cet evenement si inopiné est capable de troubler les espritz les
plus resoluz de ceux qui ont aymé un peu affectionnement [368] ce brave et genereux frere, et rien
que le souverain respect que nous devons a la Providence eternelle, qui ne fait jamais rien que
saintement et sagement, ne nous sçauroit mettre en repos sur cet accident. Et comme pourroit on
croire que ce brave cœur, qui avoit esté nourri des sa jeunesse en la pieté, et qui avoit en bonne
partie entrepris cette si grande separation de tout ce qui luy estoit plus cher pour le zele du service
de Dieu, n'ayt aussi esté tres specialement secouru de la grace d'iceluy en son dernier jour, lequel,
selon sa profession, il a fini dans les termes de son devoir? Certes, lhonneur de cette mort est
extreme, et la posterité la louera sans fin.
Mays, de sçavoir comme on pourrait dextrement donner le coup de cette si estrange et
fascheuse nouvelle au cœur de nostre pauvre chere mere1193 sans esbranler extremement sa vie
propre, je vous asseure, mon cher Frere, que je ne le sçai pas. Je pense bien qu'a la fin elle le sçaura,
car le bruit respandu penetrera jusques a ses oreilles par quelque rencontre; c'est pourquoy il seroit
bon de la praeparer tout bellement a cet assaut, lequel, puisqu'elle ne peut eviter, on pourroit luy
donner par apres, quand on auroit un peu fortifié son ame. Je prie Dieu quil vous conseille,
monsieur mon tres cher Frere, en cett'occasion; et ce pendant, je ne laisse pas d'escrire a nostre tres
chere mere sur ce sujet1194, affin que si vous juges a propos qu'elle le sache, elle voye quant et
quand la contribution de mon desplaysir au sien. Mays, que ne voudrois-je pas faire pour secourir
ce pauvre cœur maternel, quand il sera blessé de ce coup si rude! Releves ce pendant le vostre,
mon tres cher Frere, vous qui estes masle, et vous disposes a l'ennuy de voir encor, pour surcroist
de vostre perte et de la nostre, les desplaysirs d'une si bonne mere. Qui se promet des autres
occurrences en cette plus que miserable vie, il se trompe grandement.
1192 Saint François de Sales fait allusion à la mort de Louis de Peyzieu. (Voir plus haut, les notes (238, 239), pp. 65,
66.) Les encouragements du Saint-Siège et de la cour de France avaient décidé le P. Honoré, provincial des Capucins
de Paris, à envoyer au Brésil une seconde légion de missionnaires pour consolider la conquête spirituelle du premier
essaim. (Ibid., note (239), p. 66.) Douze s'embarquèrent au Havre le 28 mars 1614, et le 23 juin mirent pied dans l'île
de Maragnan. Dès leur arrivée, ils rencontrèrent quelques obstacles qui ne leur pronostiquèrent rien de bon.
«C'étaient quelques Portugais et un prestre seculier qui animaient les Français contre les Indiens; il y eut de
la batterie, et nos soldats apprirent que les Portugais, plus forts que les Français, avaient dessein de s'emparer de la
côte de Maragnan et de chasser les Français1» La Ravardière prit l'offensive, enleva trois vaisseaux aux Portugais et
le 18 novembre voulut tenter contre eux un coup demain décisif. Il échoua par suite d'une fausse manœuvre, que
l'auteur de l'Histoire veritable2 met sur le compte du seigneur de Sillignieu. Celui-ci la paya de sa vie; il «eust une
arquebusade dans les reins qui le terrassa; le sieur d'Albuguergue,» chef des Portugais, «luy donna deux ou trois coups
d'espée.» Soixante hommes périrent «en une demie-heure, entre lesquels il y avoit d'honnestes gens, je dis gens de
bien et de qualité. Le pauvre monsieur de Pesieux en a payé la folle enchère; c'estoit un brave gentilhomme qui ne
manquoit pas de courage.»
1 Cité par Mazelin, Hist. du P. Honoré de Paris, Paris, 1882, p. 185.
2 Histoire veritable de ce qui s'est passe de nouveau entre les François et les Portugais en l'isle de Maragnan au pays
des Toupinambous. Paris, Nicolas Rousset, MDCXV.
1193 Mme de Peyzieu, mère du destinataire et du défunt.
1194 Epist. seq.
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26.2 Page 252

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Monsieur mon tres cher Frere, je vous conjure de recueillir l'affection que ce cher defunct
me portoit et a mes freres, et de la nous conserver, comme de tout mon [369] cœur je me dedie de
nouveau a toute vostre mayson pour estre sans fin,
Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné
serviteur et frere,
FRANÇS, E. de Geneve.
21 may 1615.
A Monsieur
Monsieur de Pezieu.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
au château de la Roche-Mailly (Sarthe).
MLXXX. A Madame de Peyzieu1195. Condoléances à la
destinataire, sur la mort de son fils. Le monde le plus
désirable de tous. Consolations à la mère «quasi sur le
despart» pour aller où est son enfant.
Annecy, 21 mai 1615.
O que mon ame est en peyne de vostre cœur, ma tres chere Mere, car je le voy, ce me
semble, ce pauvre cœur maternel, tout couvert d'un ennuy excessif; ennuy toutesfois que l'on ne
peut ni blasmer ni treuver estrange, si on considere combien estoit aymable ce filz1196, duquel ce
second esloignement de nous est le sujet de nostre amertume.
Ma tres chere Mere, il est vray, ce cher filz estoit l'un des plus desirables qui fut onques;
tous ceux qui le conneurent, le reconneurent et le connoissent ainsy. Mais n'est-ce pas une grande
partie de la consolation que nous devons prendre maintenant, ma tres chere Mere? [370] car en
verité, il semble que ceux desquelz la vie est si digne de memoire et d'estime, vivent encor apres
le trespas, puisqu'on a tant de playsir a les ramentevoir et representer aux espritz de ceux qui
demeurent,
Ce filz, ma tres chere Mere, avoit des-ja fait un grand esloignement de nous, s'estant
volontairement privé de l'air du monde auquel il estoit né, pour aller servir son Dieu, et son Roy,
et sa patrie en un autre nouveau monde1197. Sa generosité l'avoit animé a cela, et la vostre vous
avoit fait condescendre a une si honnorable resolution, pour laquelle vous avies renoncé au
contentement de le revoir jamais en cette vie, et ne vous restoit que l'esperance d'avoir de tems en
tems de ses lettres. Et voyla, ma tres chere Mere, que, sous le bon playsir de la Providence divine,
il est parti de cet autre monde pour aller en celuy qui est le plus ancien et le plus desirable de tous,
et auquel il nous faut tous aller, chacun en sa sayson, et ou vous le verres plus tost que vous
n'eussies fait s'il fust demeuré en ce monde nouveau, parmi les travaux des conquestes qu'il
pretendoit faire a son Roy et a l'Eglise. En somme, il a fini ses jours mortelz en son devoir et dans
l'obligation de son serment. Cette sorte de fin est excellente, et ne faut pas douter que le grand
Dieu ne la luy ayt rendue heureuse, selon que, des le berceau, il l'avoit continuellement favorisé
de sa grace pour le faire vivre tres chrestiennement.
1195 La lettre précédente à M. de Peyzieu a permis de désigner avec certitude la destinataire de celle-ci.
1196 Louis de Peyzieu, seigneur de Sillignieu.
1197 Voir note (1192), p. 368.
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26.3 Page 253

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Consolés vous donq, ma tres chere Mere, et soulagés vostre esprit, adorant la divine
Providence qui fait toutes choses tres suavement1198; et, bien que les motifz de ses decretz nous
soyent cachés, si est-ce que la verité de sa debonnaireté nous est manifeste et nous oblige a croire
qu'elle fait toutes choses en parfaite bonté.
Vous estes quasi sur le despart pour aller ou est cet aymable enfant; quand vous y seres,
vous ne voudries pas qu'il fust aux Indes, car vous verres qu'il sera bien mieux avec les Anges et
les Saintz, qu'il ne seroit pas avec les tigres et barbares. Mays en attendant l'heure [371] de faire
voyle, apaysés vostre cœur maternel par la consideration de la tressainte eternité en laquelle il est
et de laquelle vous estes toute proche. Et en lieu que vous luy escriviés quelquefois, parlés a Dieu
pour luy, et il sçaura promptement tout ce que vous voudres qu'il sache, et recevra toute l'assistence
que vous luy ferés par vos vœux et prieres, soudain que vous l'aures faite et delivree entre les mains
de sa divine Majesté.
Les chrestiens ont grand tort d'estre si peu chrestiens comme ilz sont, et de violer si
cruellement les loix de la charité pour obeyr a celles de la crainte; mays, ma tres chere Mere, il
faut prier Dieu pour ceux qui font ce grand mal, et appliquer cette priere-la a l'ame de vostre
defunct. C'est l'orayson la plus aggreable que nous puissions faire a Celuy qui en fit une pareille
sur la croix1199, a laquelle sa tressainte Mere respondit de tout son cœur, l'aymant d'une tres ardante
charité.
Vous ne sçauriés croire combien ce coup a touché mon cœur; car en fin, c'estoit mon cher
frere et qui m'avoit aymé extremement. J'ay prié pour luy et le feray tous-jours, et pour vous, ma
tres chere Mere, a qui je veux rendre toute ma vie un particulier honneur et amour, de la part encor
de ce frere trespassé, duquel l'amitié immortelle me vient solliciter d'estre de plus en plus,
Madame, ma tres chere Mere,
Vostre filz et serviteur tout humble, tout fidelle
et tout obeissant,
FRANÇS, E. de Geneve. [372]
Le 21 may 1615.
MLXXXI. A la Soeur Favre, Assistante de la Visitation de
Lyon. La Mère de Chantal hors de danger. Nouvelles et avis
spirituels. — Salutations aux chères Sœurs et aux bienheureuses
Novices.
Annecy, 31 mai 1615.
Ma tres chere Niece, ma Fille,
Je ne sçauroys vous dire combien mon ame se sent obligee a la vostre pour le soin que vous
aves eu de me tenir adverti de l'estat de la santé de nostre Mere1200. Et Dieu soit loué dequoy il luy
a pleu la nous conserver! Je veux esperer que ce sera plus longuement que la foiblesse de sa
complexion ne nous permet d'esperer; car cette Bonté qui a commencé a nous gratifier, ne s'en
lassera point, si nous sommes fideles.
1198 Sap., VIII, 1.
1199 Luc., XXIII, 34.
1200 Cf. Epist. MLXXV.
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26.4 Page 254

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J'eusse bien desiré de vous donner quelque bonne nouvelle en contrechange, mays je n'ay
sceu; car encor que monsieur le President1201 et messieurs les freres et seurs1202 se portent fort bien,
si est ce que Nostre Seigneur a retiré a soy le bon oncle, monsieur l'advocat, le jour mesme de
l'Ascension1203, pour bon presage quil luy feroit part du Ciel auquel il estoit monté, menant la
captivité captive1204. Aussi ce bon defunct receut tous les [373] saints Sacremens convenables a ce
dernier passage et tesmoigna une grande constance.
Ma tres chere Fille, ma Niece, releves tous-jours bien vostre cœur en Nostre Seigneur,
esvertues-vous de surmonter toutes les humeurs melancoliques et chagrines, demeures en paix.
Amen.
Je suis, plus quil ne se peut dire, tout vostre, et a nos cheres Seurs Marie Peronne1205 et
Marie1206, et aussi a vos bienheureuses Novices1207, que j'appelle ainsy par ce que je connois de
plus en plus le bonheur de ceux qui se dedient a l'amour et service divin. Je suis tout vostre, ma
tres chere Niece, ma Fille.
31 may 1615.
A ma tres chere Fille en N. S.
Ma Seur Me Jaqe, ma Niece bienaymee.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Troyes. [374]
1201 Antoine Favre, père de la destinataire.
1202 Pour les frères de Sœur Marie-Jacqueline Favre, voir tome XI, note (192), p. 79. Elle n'eut qu'une sœur, Lucrèce,
née à Chambéry en juillet 1597 et décédée en novembre 1616. Le Saint désigne aussi, sans doute, la belle-sœur de la
destinataire, Mme de la Valbonne.
1203 Cet oncle était François ou Jean-François Favre, propre frère du Président, baptisé à Bourg-en-Bresse le 11 janvier
1569. (Reg. par.) Reçu avocat à la rentrée du Sénat du 3 novembre 1594, il épousa, le 31 janvier 1593, Claudine
Bergier, qui le laissa veuf avant 1614. Comme l'écrit ici saint François de Sales, il mourut à Annecy en la fête de
l'Ascension, 28 mai, et fut sépulturé le lendemain à Saint-François. (D'après Mugnier, Les Registres des Entrées du
Sénat, les Notes du regretté D. Mackey, O. S. B., et les Reg. par. d'Annecy.)
1204 Ephes., IV, 8.
1205 Sœur Péronne-Marie de Chastel.
1206 Sœur Marie-Aimée de Blonay.
1207 Dans cette salutation particulière, le Fondateur comprenait, avec Sœur Marie-Renée Trunel, les autres aspirantes:
Mme Chaudon et Mme Colin qui, pour des raisons majeures, avaient différé l'heure de leur consécration à Dieu. (Cf. ci-
dessus, note (989), p. 305.)
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26.5 Page 255

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Minutes écrites par Saint François de Sales pour d'autres
personnes
MLXXXII. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier, pour les
Religieuses de la Visitation. Remerciements et promesse de
prières à Son Altesse en retour de la protection qu'elle accorde à
la Visitation.
Annecy, vers mi-janvier 16141208.
Monseigneur,
La bonté et pieté de Vostre Altesse ne
pouvoit jamais mieux paroistre qu'en
recepvant sous sa protection une troupe de
pauvres filles assemblees au nom de Dieu1209;
et croyons tres assurement que Nostre
Seigneur a heu fort agreable de voir la
grandeur de Vostre Altesse [375] r'abaissee
jusques la, esperans que se (sic) rabaissement
eslevera tousjours d'avantage Vostre Altesse
Serenissime devant les yeux de la divine
Majesté.
Et quant a nous, ce nous est un honneur
si grand, Monseigneur, qu'il excede tout
remerciement; de sorte que ce que nous
pouvons faire, c'est d'offrir journellement a
Dieu nos petites oraisons pour la conservation
et prosperité de Vostre Altesse, pour, en
quelque maniere, corespondre a l'estroite
obligation que nous avons a la bonté de Vostre
Altesse Serenissime, a laquelle faysans en
toute humilité la deüe reverence, nous [serons
a] sommes,
Monseigneur, ………
Monseigneur,
La bonté et pieté de Vostre Altesse ne
pouvoit jamais mieux se faire paroistre en
aucune sorte d'action, qu'en recepvant une
troupe de pauvres filles assemblees au nom de
Dieu soubs vostre protection. Nous croyons
tres [375] assurement que Nostre Seigneur a
heu fort agreable de voir la grandeur de Vostre
Altesse r'abaissee jusques la, et esperons que
se (sic) rabaissement vous eslevera tousjours
d'avantage devant les yeux de la divine
Majesté.
C'est un honneur pour nous si grand,
Monseigneur, qu'il excede tout remerciement;
de sorte que ce que nous pouvons faire, est
d'offrir journellement a Dieu nos petites
oraisons pour la conservation et prosperité de
Vostre Altesse, en quoy nous essayerons de
corespondre a l'estroite obligation que nous y
avons, et a nous tesmoigner, avec toute
reverence et fidelité,
Monseigneur,……
Revu sur l'original conservé au 1er Monastère
de la Visitation de Paris.
1208 La seconde leçon donnée au bas de la page, reproduit la minute et l'orthographe de la Sœur de Bréchard; au texte,
nous publions la même minute corrigée par le Saint, en soulignant d'un pointillé ce qu'il a écrit de sa propre main.
Cette pièce est évidemment l'une des «lettres corrigees» que le Fondateur annonce à la Mère de Chantal, en
lui adressant le billet placé vers mi-janvier 1614. (Voir plus haut, p. 140, et cf. ci-après, Appendice II, p. 401, A.)
1209 Voir à l'Appendice I, II, les lettres du 22 décembre 1613 écrites par le duc de Savoie aux deux Fondateurs de la
Visitation.
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26.6 Page 256

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MLXXXIII. Au Cardinal Maffeo Barberini, pour Madame des
Gouffiers1210 (Inédite). Mme des Gouffiers se félicite d'avoir le
Cardinal pour intercesseur dans son affaire. Elle en espère le
succès de sa charitable intervention.
Annecy, février ou mars 1614.
Monseigneur,
Des il y a long tems, vostre charité et pieté m'estant conneue par la reputation qu'elle s'est
acquise en nostre [376] France, elle l'est maintenant beaucoup plus par lhonneur que Vostre
Illustrissime Grandeur me fait en une affaire que la divine Majesté a permis, ou plustost ordonné,
vous estre tumbee entre les mains, pour mon bonheur et advantage1211; puisque je ne pouvois
rencontrer ni une plus grande, ni une plus utile et necessaire faveur que celle quil plaira a vostre
bonté, Monseigneur, me departir, et laquelle me licentiant, ce me semble, de representer encor de
rechef sur ce papier ma necessité, je ramenteveray en toute humilité a Vostre Illustrissime
Grandeur, comm'il y a des-ja quelques annees, pendant son sejour en France, je m'essayay me
rendre sous vostre authorité pour le sujet dont il est maintenant question; et sachant bien que de
moy je ne meritois pas cet honneur, je fus favorisee de Monseigneur le Duc de Nevers1212, lequel
vous fit offrir quelques supplications [377] pour moy. Mais lhors, a cause de quelque
consideration, Vostre Grandeur Illustrissime ne jugea pas a propos de m'accorder ce dont je la
suppliois; et je connois par experience que Nostre Seigneur avoit ainsy disposé pour mon bien, me
reservant vostre faveur, Monseigneur, jusques a ce tems auquel elle me sera plus utile a mon
avancement spirituel, que peut estre elle n'eut pas esté lhors que je la pretendois.
Je sçai que les difficultés de mon affaire sont grandes, mais j'en espere pourtant un heureux
succes, et que vostre charité, Monseigneur, jointe a vostre authorité, me rendra jouissante demon
desir, auquel je proteste n'estre portee que pour la gloire de Dieu et la plus grande asseurance de
mon ame. Le sieur Philipe de Quoex, recteur de Sainte Catherine1213, fera voir a Vostre
Illustrissime Grandeur combien il me seroit desavantageux d'estre renvoyee par devant
1210 Comme, d'après sa teneur, la supplique s'adresse à un Prélat de nationalité étrangère, ayant fait «il y a long tems»
un séjour en France, c'est le Cardinal Maffeo Barberini qui nous paraît le destinataire le plus vraisemblable. Il naquit
à Florence en 1568, d'Antoine Barberini et de Camille Barbadora. Venu en France en 1601 comme Nonce
extraordinaire, pour complimenter Henri IV de la naissance du dauphin, il devint ensuite à la même cour Nonce
ordinaire et fut créé Cardinal le 11 septembre 1605. A la fin de 1607 il retournait à Rome, et le 6 août 1623, sous le
nom d'Urbain VIII, il succédait à Grégoire XV sur le siège de saint Pierre. Sa mort arriva le 29 juillet 1644. C'est
la première année de son pontificat que furent commencées en Savoie les informations juridiques sur les vertus de
saint François de Sales; mais les décrets que fit ce Pape pour régler les procédures des Béatifications, interrompirent
le Procès, lequel, ayant été repris sous Innocent X et Alexandre VII, aboutit le 19 avril 1665, par la Canonisation de
l'Evêque de Genève.
La mention finale du sieur Philippe de Quoex et de l'Evêque de Troyes avertit que la suppliante est Mme des
Gouffiers, et que cette minute a été écrite pour elle avant le 9 mai 1614. A cette date, en effet, la Congrégation des
Evêques et Réguliers était déjà informée du désir qu'exprime ici la Religieuse du Paraclet d'avoir un juge autre que
l'Evêque de Troyes. (Cf. plus haut, note (600), p. 187.) La date approximative attribuée à la présente lettre se déduit
de celle de la pièce du 9 mai, conservée aux Archives des Evêques et Réguliers. (Cf. ibid., pp. 147, 153, la Lettre
CMLVII avec le Mémoire qui la suit; p. 187, la Lettre CMLXXVII, et à l'Appendice II, C, celle de Philippe de Quoex
à son frère Claude, 18 janvier 1614.)
1211 Le bonheur auquel aspirait Mme des Gouffiers était d'être dispensée de ses vœux de professe du Paraclet pour
entrer à la Visitation. (Voir plus haut pp. 152-154, 225, 238.)
1212 Charles de Gonzague-Clèves, premier du nom, duc de Nevers, fils de Louis de Gonzague, prince de Mantoue, et
d'Henriette de Clèves, avait épousé en 1599 Catherine de Lorraine. Il mourut le 21 septembre 1637. (Voir Moreri,
1740, tome IV.)
1213 Cf. ci-dessus, note (1210), pp. 376, 377.
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26.7 Page 257

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Monseigneur l'Evesque de Troyes1214, et je m'asseure qu'elle considerera et favorisera mes raysons,
ainsy que tres humblement je l'en supplie, luy baysant en toute reverence les mains sacrees, et luy
souhaitant une grande et abondante recompense de la grace et protection qu'elle exercera pour moy
qui suis,
Monseigneur,
De Vostre Illustrissime et Reverendissime Grandeur,
Tres humble et tres obeissante, indigne servente en
Nostre Seigneur.
Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy. [378]
MLXXXIV. A la Duchesse de Mantoue, Marguerite de Savoie,
pour les Religieuses de la Visitation (Inédite). Les Religieuses
de la Visitation d'Annecy rendent compte à leur protectrice de
leurs consolations : pose de la première pierre de l'église, envoi
prochain de trois d'entre elles pour dresser un nouveau
monastère à Lyon.
Annecy, novembre 16141215.
Le bonheur et l'honneur que nous recevons d'estre sous la maternelle protection de Vostre
Altesse Serenissime, nous oblige a luy rendre conte de toutes les saintes consolations que la Bonté
divine nous depart, sachant bien que vostre charité, Madame, y prendra du playsir.
Ce moys d'aoust passé1216, madame de la Croix1217 posa la premiere pierre de nostre eglise
de la part de Vostre Altesse Serenissime1218, delaquelle action nous eusmes un grand contentement,
pour l'esperance que nous avons que la divine Majesté sera saintement servie en ce petit lieu, par
plusieurs bonnes ames qui s'y assembleront a l'advenir en son nom. Et presque a mesme tems, un
nombre de dames vertueuses, filles de la ville de Lion, qui, pour quelque digne sujet, estoyent
venues icy l'annee [379] passee1219 et avoyent veu nos exercices, inspirees, comme il est a croire,
du Saint Esprit, desirant eriger une mayson de nostre Institut et ayant preparé ce qui est requis a
cette intention, nous ont en fin demandé de leur envoyer de nos Seurs pour leur servir de conduite
1214 Clément VIII avait préconisé évêque de Troyes, en 1604, René de Breslay, conseiller et aumônier ordinaire de
Henri IV, grand archidiacre d'Angers. En 1621, il résigna spontanément son évêché en faveur de Jacques Vignier, que
la mort surprit avant sa préconisation. Nicolas de Mégrigny, parent de ce dernier, fut nommé par Louis XIII pour le
remplacer; mais il décéda en 1634, sans avoir pu prendre possession du siège. Alors, l'ancien titulaire, regrettant sa
première démission, se chargea de nouveau, avec l'agrément de Rome, de l'administration du diocèse. Il y introduisit
les Capucins, les Carmes, les Carmélites, les Oratoriens, les Religieuses de la Visitation, les Ursulines, et mourut en
1641, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. (D'après la Gallia Christiana, et Moroni, Dizionario di erudizione, etc., 1856,
vol. LXXXI.)
1215 L'allusion au départ projeté pour Lyon, où les Religieuses devaient fonder un nouveau monastère, confirme la date
de cette minute. (Voir plus haut, p. 261.)
1216 C'est par distraction que le Saint parle du mois d'août; la pose de la première pierre de l'église de la Visitation eut
lieu le 18 septembre. (Cf. ibid., pp. 108, 109.)
1217 Claude-Françoise de Maillard, veuve de Salomon de Murât, baron de la Croix. (Voir ibid., note (274), p. 78, et cf.
Appendice II, p. 402, B.)
1218 Voici, d'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), le texte de l'inscription gravée sur la première pierre:
Deo optimo maximo, Jesu Christo, Sanetissima Matri Virgini Maria Visitanti— Carolo Emanuele Sabaudiœ,
Henrico Gebennesii Ducibus anno millesimo sexcentesimo decimo quarto, decima octava Septembris Margaride
Infante Sabaudice, Vidua Ducis Marttuœ Protectrice — Francisco Episcopo Çongregationis Sororum oblatarum
Visitationis devotioni sacrum.
1219 A la fin de mai 1613. (Voir plus haut, note (82), p. 15, note (110), p. 25, et l'Appendice III.)
257/335

26.8 Page 258

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en leur sainte entreprise. Ce que Monseigneur l'Archevesque de Lion ayant recommandé a
Monseigneur l'Evesque de Geneve, qui est le Pasteur de ce lieu, il a esté jugé expedient de devoir
estre accordé, attendu que, par la grace de Dieu, nostre nombre est des-ja asses grand pour pouvoir
exercer cette charité1220, de sorte que troys des nostres sont deputees pour aller dresser cette
nouvelle mayson1221, lesquelles toutesfois, cela estant fait, reviendront icy ou elles se sont
premierement donnees a Dieu.
Dequoy, comme nous avons deu avant leur depart1222 donner advis a Vostre Serenissime
Altesse, aussi estimons-nous qu'elle l'aura fort aggreable, et loüera la Majesté divine dequoy elle
daigne se servir de nous pour l'accroissement de sa gloire; puisque mesme, a mesure que nostre
Congregation se dilatera, les prieres se multiplieront pour Vostre Altesse, qui a si doucement et
favorablement arrousé de sa bienveuillance cette petite plante delaquelle les autres auront pris leur
origine, et laquelle, se recommandant tres humblement de plus en plus a Vostre Altesse
Serenissime, ne cessera jamais de luy souhaiter toute sorte de sainte consolation, [et] demeurera a
jamais toute sienne, comme estant composee,
Madame, des
Tres-humbles et tres-obeissantes filles et serventes
de Vostre Altesse Serenissime.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à la Visitation d'Annecy. [380]
1220 En novembre 1614, la Communauté se composait de quatorze professes, quatre novices et une prétendante.
1221 Une quatrième Religieuse, on l'a vu plus haut (note (798), p. 248), fut adjointe aux trois qui avaient été tout d'abord
désignées pour la fondation.
1222 Ce départ, comme il a été dit ci-dessus, note (947), p. 294, ne put s'effectuer que le 26 janvier de l'année suivante.
258/335

26.9 Page 259

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MLXXXV. A un Secrétaire du Duc de Savoie, pour le Supérieur
d'une Communauté1223 (Inédite). Une réclamation injustifiée.
[1614-16151224]
Monsieur,
1225Ayant conferé avec mes Freres de ce que vous m'aves communiqué pour le regard [des]
habitz qui furent jadis a Ripaille, nous n'avons jamais sceu treuver qu'ilz ayent esté remis en
depost1226 ceans; et si, ne pouvons croire que s'ilz nous avoyent esté confiés, Son Altesse voulut,
apres tant de tems, les nous oster, puisque l'eglise a laquelle ilz appartenoyent n'est point en estre
pour les repeter, et que nous ne sommes pas moins ses tres humbles et tres obeissans orateurs
qu'aucuns autres ecclesiastiques1227 de ses Estatz. Mais, comme je vous dis, nous n'avons nulle
sorte de tesmoignage pertinent d'avoir jamais esté depositaires d'aucuns meubles de Ripaille. [381]
Faites nous ce bien d'en asseurer Son Altesse, a laquelle nous souhaittons incessamment
devant Dieu toute prosperité et santé, et a vous, Monsieur, l'assistence de son Saint Esprit,
demeurans. …………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………...
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin. [382]
1223 L'impossibilité de fixer la date de cette minute et de désigner d'une manière certaine la Communauté qui avait reçu
la réclamation du duc de Savoie, n'a pas permis d'identifier le destinataire.
1224 Le prieuré de Ripaille (voir tome XI, note (563), p. 252), fondé en 1410, fut saccagé en 1538 parles Bernois.
Jacques du Plâtre ou de Plastro, son prieur, dut se réfugier en 1544 à l'abbaye de Saint-Maurice en Valais; il pouvait
donc avoir confié certains meubles aux Religieux qui lui offraient un asile. Si cette conjecture était fondée, on
comprendrait l'étonnement des dépositaires devant une réclamation si tardive et qu'annulait la prescription. Cette
minute aurait-elle été écrite pour les Chanoines de Saint-Maurice?
A ne considérer que l'écriture, le texte n'est certainement pas des années antérieures à 1613. Lorsqu'on 1614,
Charles-Emmanuel voulut établir les Chartreux à Ripaille (voir ci-dessus, p. 182, Lettre CMLXXIV), on songea sans
doute à inventorier tout ce qui avait appartenu jadis à l'ancien prieuré et à rechercher les «habitz». D'autre part, saint
François de Sales alla en Valais sacrer l'Evêque de Sion, au mois de décembre 1614 (ibid., notes (844), p. 261, (892),
p. 273), ce qui lui permit de nouer des relations avec les Religieux de Saint-Maurice: ainsi s'expliquerait leur recours
au Bienheureux. La date que nous proposons est fondée sur ces probabilités.
1225 J'ay conferé avec mes Religieux sur [la declaration que S. A. a faitte...]
1226 en depost [en nostre Monastere, comm'on veut presupposer...]
1227 orateurs [qu'aucun' autre compagnie d'ecclesiastiques]
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26.10 Page 260

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Appendice
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27 Pages 261-270

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27.1 Page 261

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Les notes marginales indiquent la corrélation des pièces de l'Appendice avec le texte des Lettres
de saint François de Sales.
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27.2 Page 262

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I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques
correspondants
A. Lettres de Commission de Mgr Pierre-François Costa, Nonce
Apostolique a Turin1228
1229Petrus Franciscus Costa, Dei et Apostolicae Sedis gratia Episcopus Saonensis,
Sanctissimi Domini nostri Domini Pauli divina providentia Papae Quinti, dictaeque Sanctae Sedis
apud Serenissimum Dominum Sabaudiae Ducem et Pedemontium Principem Nuncius, perillustri
et Reverendissimo Domino Episcopo Gebennensi salutem in Domino, et nostris hujusmodi immo
verius Apostolicis firmiter obedire mandatis.
Subanexas preces nobis pro parte et ad instantiam perillustris magistri domus Ducis (?),
Carolli a Turre1230, conventuum seu prioratuum Beatae Mariae Talloriarum et Sancti Jorii
annexorum Ordinis Sancti Benedicti vestrae diocesis Prioris et commendatarii perpetui
praesentatas fuisse noveritis, post quarum quidem praesentationem fuimus pro parte ejusdem
domini oratoris instanter requisiti quatenus super eisdem providere dignaremur1231. Nos propterea,
illarum continentia diligenter examinata, ejusdemque domini oratoris pietatem et divini cultus
zelum, in quem die noctuque totis viribus invigilare debemus, plurimum in Domino
commendantes, attentisque familiaritatibus tui Illustrissimi Domini nostri Cardinalis Burgetis1232,
super hujusmodi negotio ad nos de ordine et mandato praedicti Sanctissimi Domini Papae
transmissis, datis Romae, die vigesima tertia Augusti, anni 1608 [385] quas hoc inserere minime
tenemur, vobis harum serie committimus, quatenus Superiorum monasteriorum Reverendos
monacos, ecclesiasticis censuris poenisque et modis aliis vobis bene visis, ad Missae
celebrationem Horarumque canonicarum et aliorum divinorum Officiorum quotidie in ecclesiis,
juxta ipsorum monasteriorum primariam laudabilem invitationem, recitationem cogatis;
eisdemque ac eorum singulis ne a conventu, seu monasterio, absque eorum Superiorum licentia
sub quovis praetextu causa vel colore recedant, praebendasve quas obtinent in alicujus gratiam aut
favorem resignent, expresse inhibeatis, etc.; eosdem denique monacos ad communiter et
collegialiter vivendum, ac regularem disciplinam, tam in divinorum Officiorum celebratione,
habitu, vita, vestitu et habitatione, quam aliis ad quas regulares, ipsi tenentur integre et
inviolabiliter observandum compellatis et compellere faciatis.
Nos enim vobis in praemissis, plenam praesentibus impartimur facultatem viresque nostras
quae ad haec in Domino, etc.
Datum Taurini, die ultima mensis Martii, millesimo sexcentesimo decimo.
D'après une copie inédite, conservée à Chambéry, Archives du Sénat,
Edits-Bulles, reg. 31, fol. 192.
1228 Voir tome XIII, note (678), p. 251.
1229 Vide p. 116, not. (374).
1230 Vide tom. praeced., p. 27, not. (108), et p. 356, not. (1009).
1231 Vide p. 113, not. (364).
1232 Scipion Caffarelli-Borghese, Secretaire d'Etat. (Voir plus haut, note (453), p. 147, et cf. ci-apres, F, J.)
262/335

27.3 Page 263

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B. Lettre du Père Jacques-Philibert de Bonivard de la Compagnie de
Jésus1233
Mon tres honoré Seigneur et mon Pere bien aymé,
1234Au sortir de vostre cher Nicy, je ne puis qu'a ma premiere journee je ne retourne par le
moyen de ma plume bayser vos sacrees mains et vous dire, comme au depositaire de mon cœur,
que tirant contre Geneve et faisant mon oraison sur ce passage: Et instaura numerum militum qui
ceciderunt de tuis, hé, Seigneur, ce disois je, restaurez ceux ci, reparez ce nombre infini de
Genevois qui sont cheus en l'eternelle perdition. Il a pleu a son infinie douceur de [386] combler
mon ame de consolation, m'ostant du tout l'affliction de l'abomination de cette abominable cité de
Geneve: ce bon Dieu m'a fait voir que son bien aymé1235 ne pouvant vaincre la dureté de ces
babiloniens calvinistes, il a dressé une triomphante Hierusalem, une paisible et amoureuse Sion,
une petite Visitation, Visitation visitee a tout moment de l'Espoux celeste. J'ay veu, dis-je, ceste
modeste et incomparable Judith, aporter glorieusement la teste de l'Holopherne infernal et
mondain, et ay trouvé nostre siecle aussi riche qu'aucun des siecles passés, qui ont fait gloire de
triompher en la pieté. Voyla, mon cher Pasteur, comme je vous descouvre mon ame.
Mais vous diray je pas encore que, quand vos cheres Filles m'eurent descouvert les leurs
en confession, je m'escriay: Mon Dieu, si vos Anges avoyent des corps et des confessions a faire,
ilz se confesseroyent de ce de quoy les Filles de ce grand Pasteur s'accusent! Continuez, mon
unique Pere et Reverendissime Seigneur, a les faire croistre en la profondeur de leur humilité; car,
ou mon genie me trompe, ou tout le monde sera trompé en l'admirable progrez que l'on verra faire
a vostre Congregation.
Je suis insatiable a y penser et a vous en parler, et vous faut advoüer que ce matin, m'estant
mis en chemin et ayant commencé mon oraison a quatre heures, je ne me suis jamais souvenu de
la finir qu'à la disné, environ les onze heures. Et n'estoit que je voy nostre bon Frere compagnon
qui a un peu envie de s'aller delasser, je ne me souviendrois point de finir de vous entretenir de ce
que le bon Dieu m'a dit, de sa grace. Mais aussi ne le faut il pas dire la nuit, puisque sa Bonté le
mettra bien tost au jour, et fera dire a plusieurs, voire a tous, ce que maintenant je dis avec le
Prophete que vous aymez tant, Monseigneur: Tu m'as donné a conoistre les choses non sceuës et
secrettes de ta sapience; voicy que la joye de mon salutaire m'est renduë, puis que tant d'ames
seront confirmees de l'esprit principal dans la Visitation, que mon ame visite si souvent par ses
souhaits a Dieu; car, Monseigneur, j'estime que si je pouvois servir ceste sainte Congregation, ce
seroit vous tesmoigner que je suis
Vostre fils tres indigne, et le plus affectionné de vos
tres humbles serviteurs,
JACQUES BONIVARD, le dernier des Jesuites.
Ce 8 may 1613.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère
de la Visitation d'Annecy. [387]
1233 Voir tome XIV, note (557), p. 188.
1234 Vide p. 6, not. (57).
1235 Le saint Evêque de Genève.
263/335

27.4 Page 264

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C. Lettre du Père Mathias de Dole, Capucin1236 (Fragment)
……………………………………………………………………………………………………...
1237Ce n'est plus une Judith que nostre madame de Chantal, c'est une sainte Paule; toutes
ses actions font voir l'operation de Dieu en son ame et les traces de vostre direction. Ce n'est plus
une Baronne, c'est une Sulamite; toute cette contree reste pleine de la douce odeur de ses celestes
vertus; nos Religieuses de Dijon, comme les filles de Sion, l'annoncent bienheureuse, et toutes nos
dames la loüent hautement.
……………………………………………………………………………………………………...
[Vers mi-août 16131238.]
Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc.,
par la Mère de Chaugy, conservé à la Visitation d'Annecy. [388]
D. Lettre de Mgr Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley1239
1240Les accez de vostre fiebvre ont poussé leurs excez jusques au plus intime de mon cœur.
Quid facient virgultae cum tremunt columnæ? O Dieu, gardez de la mort celuy dont la vie est si
necessairement necessaire; plustost, ostez de la vie celuy qui la traine si inutilement et dont les
actions sont si miserables. C'est l'eslancement que je poussois tous les jours vers le Ciel, estant a
l'autel, pour la santé de celuy qui m'a enhardy et donné le courage de m'approcher tous les jours
de ceste Table sacrée.
Or, toutes les circonstances de celle que je viens de recevoir de vous, m'obligent: la matiere,
la forme, le temps et, plus que tout, cest extreme amour qui, ne la pouvant escrire, l'a dictée1241, et
au milieu de ses douleurs; ainsi, fortior morte dilectio. La matiere, car certes, telle que l'eau à la
terre seiche, elle m'est arrivée pour desalterer mon desir et me rasseoir, opprimé d'une violente
esmotion d'esprit. La forme, car la tisseure de ses propositions ainsi courtes et serrées, a presté à
mon ame un object pour y apporter ses vagues imaginations, et la resolution finale m'a
singulierement, voire, et entierement consolé. Le temps, car l'impatience de l'attente, armée des
esperons de mon desir, et les agitations de mes pensées donnoient d'estranges entorses et
convulsions à mon indetermination. En fin, quand je voy que la charité, dont l'ordre est le desordre,
vous a fait postposer l'indisposition de vostre corps à celle de mon cœur pour me tracer des
douceurs dans le plus espais de vos douleurs, meslant la myrrhe avec les aromates, comme
l'Espouse sacrée et sucrée, je ne peux dire autre chose, sinon que: Si je ne vous puis respondre par
paroles, face le Ciel que je vous puisse au moins correspondre d'affection!
Je croy qu'il y a des esprits secrets dans les caracteres qui partent de vous, tant ils sont
flexanimes, et que d'en haut decoulent des influences particulieres sur vos persuasions, comme si
la Deesse Python avoit estably son throsne sur vos levres jamais livre ne me toucha le cœur comme
le vostre, jamais lettres ne me contournarent (sic) [389] à leur gré comme celles qui me viennent
1236 Le P. Mathias de Dole, gardien des Capucins d'Autun (cf. tome XIII, note (498), p. 188), prépara sans doute à sa
mort chrétienne le baron de Chantal. Il faut se rappeler que le vieux gentilhomme aimait le couvent des Capucins et
que la troisième pierre de leur église fut portée et mise par lui, le 19 juin 1606. (Ibid.) On peut croire que le Religieux,
dans ses visites à la sainte veuve, eut l'occasion de constater qu'elle «fit là un noviciat plus long, plus humiliant et plus
mortifié, qu'elle n'aurait fait aux Religions les plus rigoureuses de l'Eglise.» (Mémoires, etc., parla Mère de Chaugy,
Partie III, chap. XVII, p. 449.)
1237 Vide p. 45, not. (174).
1238 Le texte prouve que ce fragment appartient à une lettre qui dut être écrite vers la mi-août 1613, c'est-à-dire peu
avant le retour de la Mère de Chantal en Savoie.
1239 Voir tome XVI, note (192), p. 51.
1240 Vide Epist. CMV.
1241 Vide p. 51, not. (193), et p. 52, not. (195).
264/335

27.5 Page 265

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de vous. Ne vous ennuiez pas de m'escrire, car je ne pense pas, emmy toutes les bonnes œuvres
dont vous embaumez et le ciel et la terre, que vous en puissiez faire aucune plus signalée que celle
de me conseiller, consoler et consolider. Vous pouvez sur moy tout ce que vous voulez; vostre
jugement a un tel ascendant sur le mien et vostre volonté regente si absolument la mienne, que je
rumine vos paroles comme des oracles; je remasche vos escrits comme des fueilles Sibyllines, sur
quoy je ne peux faire de gloses qui ne me satisfacent, pourveu qu'elles soient conformes à ces
textes. Ne dittes point que je vous en conte, je dis la verité de mon sentiment1242: Oratio mea
tantum abest à mendacio quantum à necessitate.
Ce seroit vous assommer, apres ceste maladie, de vous sommer de vostre promesse; mais
quoy? le changement d'air pourroit-il point ravigorer? Le pelerinage, comme le jeusne, confere
souvent à la santé comme a la saincteté. Quid non speremus amantes? Soyez mon bon Seigneur et
mon Apollon tant que vous voudrez, si me debvez-vous une veüe; l'amour se paye par l'amour, la
visite par une autre. Et pourquoy n'attendray-je de vous en esté ce que je vous ay rendu emmy les
rigueurs de l'hyver? Il est vray que j'allois apprendre de vous et vous rendre quelque eschantillon
de mon devoir.
Quittons ces ceremonies: Amor æquat amantes; amor æquales aut invenit, aut facit. Le
Pape nous appelle bien ses freres, quoy que petits cadets de ce grand aisné. Pensez y. O! Si nil
rescribens, celer ipse venires? Quelle grace que je n'ose penser, de peur d'inquieter mon esprit par
la flatterie de ceste esperance. Venez seulement quand et comment il vous plaira; mon cœur est de
si longue main preparé à cherir le vostre, que si le premier mouvement que les Stoïques pardonnent
à leur inflexible sagesse donne quelque esmotion au sens par la surabondance de la joye, la partie
superieure, partie de l'ame, n'en sentira aucune nouvelle impression. Vous ne prendrez jamais au
despourveu un cœur si gros d'amitié pour vous, quil fera tousjours à vos pieds litiere de soy mesme.
Cependant, si vous estiez en peine de la constitution de mon esprit apres ce deluge d'eaux
angoisseuses qui l'ont comme vous sçavez, traversé et presque ensevely dans leur bourbe, je ne
vous diray sinon: Hyems abiit, imber transiit et recessit, flores apparuerunt in terra nostra, tempus
putationis advenit. Il ne pleut pas tousjours, tousjours le ciel n'est couvert de nuages;
«Non semper imbres nubibus hispidos,
Manant in agros.»
Multae tribulationes justorum, sed de omnibus bis liberabit eos Dominus. [390]
Dieu est fidelle, et il envoye la robe selon l'hyver, le vent selon le (sic) voile, l'adversité
selon la patience et la tentation selon la force. Il nous essaye comme l'or par la coupelle, comme
le soldat par les combats, comme le pilotte par les tempestes; il est avec nous en la tribulation, et
nous tient, comme la nourrice l'enfant trotinant, par les longes, prest de nous relever de nos
tresbuchemens.
Il soit loué et beny à jamais. Amen.
[Fin août 16131243.]
E. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie
Monsieur de Geneve,
1244L'entreprise que ces bonnes Dames font de vivre en si grande perfection dans nos Estats
Nous plait beaucoup, ayant des grandes esperances du fruit de leurs prieres. L'Infante Duchesse de
Mantoüe, ma fille, est toute joyeuse de se voir choisie pour estre protectrice d'une si vertueuse
compagnie et saincte assamblee1245, le service de laquelle Nous aurons a cœur d'un soin tout
1242 Cf. p. 54, not. (203).
1243 Les clausules, la signature et la date manquent. Celle-ci se déduit de la lettre du 14 août 1613 écrite par saint
François de Sales à son ami; assurément, l'Evêque de Belley n'aura pas tardé d'y répondre.
1244 Vide pp. 104, 105, not. (344), pp. 107, 108, et p. 141, not. (434).
1245 Vide p. 104, not. (344).
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27.6 Page 266

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extraordinaire, excité par l'amour particulier que Nous avons a vostre personne, et par la vertu que
l'on Nous raporte reluire en ces bonnes Dames, pour l'edification de la province. Faictes qu'elles
prient Dieu pour Nous; Nous nous y attandons, comme aussi d'avoir part tous les jours en vos
oraisons.
Sur ce, Nous prions Dieu vous avoir en sa saincte garde et benir toutes vos sainctes
entreprises pour le service de sa Majesté.
C. EMANUEL, DUC de Savoye.
A Thurin, 22 decembre 1613.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastere
de la Visitation d'Annecy. [391]
F. Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, Secrétaire d'Etat1246
1247Per instanza fatta a Nostro Signore da i Monaci riformati di S. Benedetto di Savoia, si
contenta Sua Santità che V. S. sopraseda di procedere nella causa che verte tra loro et quei della
Congregatione di Fogliens per occasione di alcune Bolle1248, fin tanto che la Santità Sua resti ben
informata da Monsignor Nuntio di Savoia1249 di quel che passa in questa materia1250. Che tanto mi
ha imposto di scriverle da sua parte.
Et il Signore Dio la contenti.
Di Roma, li 28 di Dicembre 1613.
Al Vescovo di Genevra.
Revu sur une copie conservée à Rome, Biblioteca Angelica,
Ms. 1225, vol. XI, fol. 411251.
G. Lettre de Mathias, Empereur d'Allemagne1252
1253Reverend, cher et devost Prince,
1254Encor que sellon le debvoir que Nous avons d'avoir soing aus affaires importants de
nostre Empire, Nous avions assigné l'assemblee generale dans nostre ville Imperiale, a Ratisbonne,
par une Nostre dernieredu 22e octobre de l'annee dernierement escheüe 1613, au premier may de
1246 Voir plus haut, note (453), p. 147.
1247 Vide pp. 147, 148.
1248 Vide p. 113, not. (364), p. 115, not. (371), et cf. infra, Append. II, C.
1249 Mgr Pierre-François Costa (voir tome XIII, note (678), p. 251).
1250 Cf. p. 148, not. (456).
1251 Le Manuscrit d'après lequel nous donnons cette lettre et celle du 22 août 1614 (voir ci-après, p. 397, J), ne contient
que des copies; il est intitulé: Registro di copie delle lettere scritle a diversi d'Italia negli anni 1613-1614, del
Segretario Porfirio Feliciani. C'est ce qui explique l'absence de la signature du Cardinal.
1252 Voir plus haut, note (41), p. 3.
1253 D'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), l'empereur Mathias, par lettres «données au chasteau de Lyntz,
le dix-huictiesme du mois de mars» 1614, invita saint François de Sales à prendre part à la diète de Ratisbonne,
convoquée pour le 1er février 1615. Nous donnons ci-dessus la teneur de l'invitation. Comme le Saint répond en latin
à l'empereur d'Allemagne, il est très vraisemblable que la présente lettre était libellée dans cette langue ou en langue
allemande. Notre texte ne serait donc qu'une traduction, mais l'écriture et l'orthographe du manuscrit font croire qu'il
est de l'époque.
1254 Cf. Epist. DCCCLXXIV.
266/335

27.7 Page 267

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l'annee presente 16141255, affin de deliberer et resouldre sur les points contenus en noz propositions
faictes pour la derniere diette: Nous avons veu, et avec un extreme regret, cogneu et sceu par des
advis tres asseurés, que l'ennemys (sic) immortel de toutte la Chrestienneté, tous les jours s'en va
d'aultant plus avançant et empietant sur les pais voysins de la province de Sibebourg (sic?),
laquelle il a soubjugué et reduict en sa puissance avec tout ce qui en despandoit; de sorte que, non
content d'avoir, avec un tres grand dommage et cruelle guerre, surmonté ces dictz pais, mais, au
tres grand prejudice de la Christienneté, commis plusieurs conflictz tres cruelz et sanglantz et
desquelz a present il ne veult desister; car Nous sommes tres asseuré que, pour ce printemps, il se
prepare pour attaquer avec touttes ses forces nostre royaume d'Ungrie et les pais Christiens qui luy
sont voysins. Et est facile a chequ'un de voir en quel grand danger et doubte doibvent estre lesdictz
Estatz voysins, comme aussy noz royaumes frontiers, et par consequent tout le Sainct [393] Empire
romain, sy Nous ne taschons de repoulser et empecher ce tyran en la defence de ces dictz pais,
contre lesquels il va de plus [en plus] accroisant sa mauvaise volunté pour avancer la ruine, qu'il
desire, du Christianisme; et semble avoir desja rencontré et empoigné les commodités pour
executer sa tyrannique volunté et cruelz desseins.
De sorte que, voyantz que lesdictz pais sont en tres grand danger et que silz ne sont secourus
ilz ne peuvent eviter leur ruine: a ces fins, a esté continuee et assignee l'assemblee desdictz Estatz
en ladicte ville de Ratisbonne, pour le premier de febvrier de l'annee prochaine 1615. De quoy
Nous vous avons donné advis, comme aussy a tous les Princes Electeurs et Estatz de l'Empire,
avec desir de vous convier de Nostre Imperiale autorité, de vous treuver audict jour, 1. febvrier,
en ladicte ville, en personne propre, puisque sans l'assemblee desdictz Princes Electeurs, aultres
Princes et Estatz de l'Empire, ne se peult resouldre ce qui touche et le repos commun et le bien
public de tout l'Empire; oultre que l'absence de plusieurs de noz Electeurs et Princes en la derniere
diette, empecha les effaictz que l'on attendoit d'icelle, au grand prejudice de tout l'Empire. Ou bien,
estant V. R. empechee par l'indisposition de sa personne (que Dieu ne permette) ou par quelque
(sic) aultres importantz affaires, de se treuver en personne, que ce soit par procureur, avec ample
instruction et charge, affin que les communs affaires dudict royaume se puissent resouldre, et les
malheurs desquelz il est menassé, empecher par l'asistance des Princes Electeurs et autres Princes
et Estatz et par la vostre. Et particulierement, se puissent terminer les propositions avancees pour
la derniere diette, et que vostre assistance serve a là resulution de ce qui a esté avancé et proposé
contre ce cruel ennemy des Chrestiens, le Turc1256, et pour les necessités de la conservation des
forteresses voysines d'icelluy, que sont les defences de tous les pais Christiens; et que le secour
accordé pour trente moys ait lieu par tout l'Empire, et que l'on se puisse accorder pour la levee de
quelque bonne armee, affin de l'emploier pour repoulser ledict ennemy des Chrestiens et aneantir
ses forces qu'il va tous les jours accroisant. Sur ce, de Nostre Imperiale autorité et bienveuillance,
et expressement, vous avons voulu de rechef exhorter a vous treuver a ladicte assemblee, avec les
Princes Electeurs, aultres Princes et Estatz dudict Empire, audict jour, premier de febvrier de
ladicte annee 1615.
Or, puis que pour la conservation de la religion et paix de l'Empire, il est necessaire qu'ilz
soient faictz des edictz, loix et ordonnances qui seront inviolablement gardees et observees sellon
leur portee, affin que par ce moyen touttes les menees, factions, forces [394] et inquietudes qui se
font en icelluy puissent estre empechees et aneanties, et a ces fins vous avons, il y a desja quelque
temps, mis le tout en avant; comme aussy plusieurs aultres incommodités, qui desja vous furent
proposees a la derniere diette et qui se vont tout le (sic) jours de plus accroissantz et augmentantz,
Nous offrantz Nous mesme pour touttes les dictes necessités Nous emploier en tout et par tout
sellon ce qui sera trouvé expedient et resoulu par tous lesdictz Princes et Estatz en ladicte
assemblee. Et ne doubtons aucunement que vostre volunté, et de tous lesdictz Princes et Estatz, ne
soit tousjours telle, que vous vous porterez tousjours avec une vraie affection pour le contenu
ausdictes propositions, et serez tousjours zelé a l'avancement du bien de l'Empire, non seulement
1255 Le 22 octobre 1613 avait pris fin la diète qui s'était ouverte le 13 août précédent; l'assemblée convoquée pour le
1er mai 1614 n'eut pas lieu. (Voir plus haut, note (42), p. 3.)
1256 Cf. p. 4, not. (43).
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27.8 Page 268

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en ladicte assemblee, mais encor ou vostre assistance sera necessaire; protestantz, au deffault de
ce que la ou lesdictz Estatz et assemblee ne se resouldront a quelque chose de bien, pour la tuition,
deffense et soulas de la Christienneté, que ce ne sera a nostre coulpe, ains, comme Nous avons
tousjours tesmoigné par tout, nostre syncerité et affection se rendra de plus en plus prompte,
comme desja des nostre election Nous vous avons faict paroir en ce que Nous nous sommes portés
en ce qui a esté du bien et repos de tout nostre dict Empire, et n'y avons espargné aucun hazard,
mesme de nostre vie, comme Nous ne ferons encor par cy appres.
Nous recommandant sur ce a vostre bonne devotion, Nous offrantz de continuer a vostre
endroict Nostre benigne affection.
Donné a nostre chasteau de Lyntz, le 18e mars 1614, la 2e annee de nostre Empire, la
sixiesme de nostre coronnement en Ungrie et la y de nostre coronnement au royaume de Boeme.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation d'Annecy.
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27.9 Page 269

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H. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie
Tres Reverend, tres cher, bien amé, feal Conseiller et devot Orateur,
1257N'ayant rien plus à cœur que le bien de Noz subjectz, et mesmement de la jeunesse
d'iceux, Nous avons estimé devoir remettre [395] le soin du College d'Annessi aux Reverendz
Peres Bernabites1258, les bonnes qualitez desquelz Nous promettent d'en veoir le fruict et
commodité que Nous avons tousjours desiré à nosdictz subjectz et à la ville mesme. A cette
occasion, Nous escrivons aux Administrateurs dudict College1259 et aux Scindics1260 pour la
remission d'icelluy entre les mains desdictz Peres.
Et d'aultant que la perfection de ce bon œuvre Nous est fort à cœur, Nous avons estimé de
l'appuyer à vostre pieté et zele que vous avez toujours monstré à l'avancement de la vertu, ennemye
de l'oysiveté, en laquelle bien souvent la jeunesse se pert. Et pour ce, vous Nous ferez plaisir bien
agreable d'embrasser à Nostre nom l'execution de cette Nostre voulonté et l'establissement desdictz
Peres dans ledict College, facilitant touttes les difficultez que l'on y pourroit trouver, afin que Nous
puissions recevoir ce contentement sans contredit ne replique.
Et Nous promettant que vous l'aurez en recommandation, prions Dieu vous avoir en sa
saincte garde.
De Thurin, ce 25 juin 1614.
Le Duc de Savoye,
C. EMANUEL.
CARRON.
A tres Reverend, nostre tres cher, bien amé
et feal Conser et devot Orateur,
L'Evesque de Geneve.
Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy,
Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.
I. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie1261
Illustre et molto Reverendo Signor,
1262Io ho sentito particolar contento che da cotesta Università se sia [396] procurato
d'introdurre i Padri Bernabiti, perchè sono Religiosi di tal essemplarità et dottrina che meritano
d'esser desiderati in ogni parte.
Venendosene a quest'effetto alcuni di loro, ho voluto appoggiarli all'autorità di Vostra
Signoria, per essere conveniente che faccino a lei capo in materia simile. Onde havrò caro ch' Ella,
per mio rispetto particolarmente, gli favorisca così nell' avviamento come nel progresso dell' opera,
poiché Ella havrà edificatione dei loro instituti et portamenti, et coteste sue anime cibo quotidiano
di spirito et di ogni salutifero ammaestramento; oltre che l'attione per sè stessa le riserva lode et
merito dove è sempre certa la mercede.
Et me le offero all' incontro con tutto l'animo.
Di Vostra Signoria,
Come fratello,
Il CARDINALE DI SAVOIA.
1257 Vide p. 189, not. (611).
1258 Vide Epist. CMLVI et p. 145, not. (449).
1259 Append. II, F.
1260 Ibid., F.
1261 Voir tome XIII, note (934), p. 345.
1262 Vide p. 189, not. (611).
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27.10 Page 270

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Di Turino, à 25 di Giugnio 1614.
All' Illustre et molto Revde Sigre,
Monsr il Vescovo di Geneva.
Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du 5 juillet 1614,
Archives communales d'Annecy, Sèrie GG, Fonds du Collège Chappuisien.
J. Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, Secrètaire d'Etat
1263È ricorso da Nostro Signore, con l'alligato memoriale, il Generale della Congregatione
di Fogliens1264, con far instanza che V. S. proceda avanti nell' essecutione delle Bolle di Sua
Beatitudine sopra la concessione fatta a essi Padri del Monasterio et mensa monacale del Priorato
della Madonna di Talloira, non ostante l'appellatione interposta per parte dell'Abbate
commendatario della Badia di [397] Savigni in Lione di Francia1265 et monaci di detto Priorato1266.
Sopra di che ha risoluto Sua Beatitudine che si scriva a V. S. che non ostante l'ordine di
supersessoria già dato1267, Ella proceda in questa causa per termini di giustitia, conforme alle
Lettere Apostoliche presentateli.
Et Dio nostro Signore la prosperi.
Di Roma, li 22 d'Agosto 1614.
Revu sur une copie conservée à Rome, Biblioteca Angelica,
Ms. 1225, vol. XI, fol. 2341268.
1263 Cf. Epist. CMXXXVI, CMLVII.
1264 D. Sens de Sainte-Catherine (cf. le tome précédent, note (1136), p. 390).
1265 François d'Albon, comte et chanoine de l'église cathédrale de Lyon, abbé commendataire perpétuel de Savigny.
1266 Vide p. 113, not. (364) et infra, Append. II, C.
1267 Vide supra, p. 392, F.
1268 Voir ci-dessus, note (1251), p. 392.
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28 Pages 271-280

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28.1 Page 271

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K. Lettre de Dom Bruno d'Affringues, Général des Chartreux
Monseigneur,
1269Apres avoir baisé les sacrees mains de Vostre sainte et Illustrissime Seigneurie, je ne
puis m'empecher de vous dire que, passant par Lion, tout foible que je suis, j'ay, comme un autre
Samson, gousté, odoré et loué la suavité, douceur et pieté du mesnage et du miel de vos cheres
abeilles, qui ont jetté leur premier essaim dans cette fameuse ville, ou elles sont en tres grande et
rare estime1270. J'en loüe Dieu, Monseigneur, et le benis de ce quil a fait, par vous et la tres digne
Baronne de Chantal, une œuvre si sainte et digne de la main, de la peine, du travail des Saints; car
tels ouvrages ne se peuvent jetter au moule que par des ames singulierement esleües. Le progres
fera voir de plus en plus que la douceur de la Providence de Dieu sur plusieurs ames se manifeste
en nos jours.
Perseverez, Monseigneur, a faire tel present a nostre France, et pleust a Dieu que nostre
Grenoble possedast desja un couvent de [398] vos cheres Filles1271, comme une relique de vostre
esprit que l'on voit beaucoup reluire en elles. Je le demanderay a Dieu, pour le bonheur de cette
ville, avec la mesme passion que je suis
Vostre tres indigne et obeissant serviteur,
FRERE BRUNO,
General des Chartreux.
De la Grande Chartreuse, ce 14 aoust 1615.
Revu sur le texte inédit, inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère
de la Visitation d'Annecy.
L. Lettre du Père Etienne Binet de la Compagnie de Jésus 1272
Monseigneur,
1273Il n'y a remede, si faut il que je fasse un peché veniel, vous allant distraire de vos grandes
occupations pour lire mes esgratigneures, vous, dis-je, que je vois occupé, et non empressé, a
cultiver vostre petit paradis terrestre.
Je loüe Dieu d'un cœur joyeux que vous ayes transplanté la racine et des branches en nostre
France, ou elles rendent desja une odeur de pieté et de devotion qui restaurera la devotion et
ralumera le feu du saint amour en plusieurs cœurs de glace. Le Reverend Pere Maillan qui, comme
vous savez, est a Lion1274, m'escrit qu'il trouve en madame de Chantal tout ce que l'on loüe es
saintes vefves qui l'on devancee, et quil luy semble, quand il luy va parler, qu'il va dans l'oratoire
de la devote et genereuse Judith, tellement tout y respire le Ciel et l'esprit d'oraison. 11 apartient a
vostre digne main d'avoir mis dans cette sainte Congregation une si profonde loi d'humilité, que
jamais aucune n'aye la hardiesse de lever ses yeux [399] pour manger le fruit defendu de la
desobeissance. Ainsi en fay-je priere a Dieu, et me semble que je vois tout le Ciel rire de
contantement, et tout l'enfer fremir de rage contre cette nouvelle façon de suivre Jesus Christ, ou
tant de bonnes ames trouveront le chemin du beau Paradis.
Si j'estois utile en quelque chose a leur service, voila ma chetifve personne que j'offre a
Vostre Seigneurie, avec protestation que je suis
Vostre tres obeissant serviteur,
1269 Vide p. 200, not. (640).
1270 Vide p. 294, not. (947), et Append. III.
1271 La fondation du Monastère de Grenoble se fit en 1618.
1272 Le P. Binet (1569-1639) était en 1615, recteur à Rouen; il sera plus tard destinataire.
1273 Vide p. 333, not. (1084).
1274 Idem.
271/335

28.2 Page 272

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[1615]
ESTIENNE BINET, Jesuite.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère
de la Visitation d'Annecy. [400]
II. Lettres de princes et autres personnages a differents
destinataires
A. Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie, aux Religieuses de la
Visitation d'Annecy. Le Duc de Savoie.
Reverendes, cheres, bien amees et devotes Oratrices,
1275Nous avons heu fort agreable l'election que vous aves faicte de l'Infante Duchesse de
Mantoue, ma fillie, pour vostre mere et protectrice; et louantz vostre pieté, charité et devotion,
Nous avons esté tres ayse qu'ayes erigee vostre Congregation a l'imitation de celles que sainct
Charles a institué a Milan. Aussy vous avons Nous voulu asseurer par ceste, de vous vouloir avoir
en particuliere protection, et vous ayder, favoriser et assister en tout ce quil sera necessaire pour
l'effect d'un si bon œuvre, comme Nous escrivons aussi de le fere au Marquis de Lans1276, mon
neveu1277, et a nostre Senat de Savoie1278, auquel vous pourres recourir pour touttes sortes
d'occasions. La Contesse de Tournon1279 a charge de l'Infante d'assister a son nom a la solennité
que vous feras, et de l'advertir de ce qu'elle pourra fere pour vous1280.
Priantz, sur ce, Dieu vous avoir en sa sàincte garde.
A Turin, ce 22 decembre 1613.
C. EMANUEL.
BOURSIER.
Aux Daines de la Congregation de Nissi.
Aux Reverendes, cheres, bien amé (sic) et feales Oratrices,
Les Religieuses d'Annessi.
Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy. [401]
B. Lettre de l'infante Marguerite de Savoie, Duchesse de Mantoue, a la
Mère de Chantal
Tres chere et devote Oratrice,
1281La resolution que vous aves prise de servir avec tant de zelle a Dieu et au prochain Nous
a esté tres aggreable, et Nous ne pouvions recevoir davantage de contentement que de l'election
que vous aves faicte en Nous, pour estre mere et protectrice de vostre devote compagnie; ce que
1275 Vide Epist. CMXXXIV, MLXXXII et p. 104, not. (344); cf. Append. I, E.
1276 Vide tom. præced., p. 49, not. (162).
1277 Cette lettre ne nous est pas parvenue.
1278 Vide infra, p. 409, D.
1279 Vide tom. praeced., p. 1, not. (46).
1280 Cf. p. 109 et p. 141, not. (435).
1281 Vide Epist. CMXXXIV, et pp. 104, 107, not. (350).
272/335

28.3 Page 273

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Nous avons accepté tres volontier, pour avoir part a une sy bonne œuvre. Aussy avons Nous faict
que Son Altesse, mon Seigneur et pere, vous aye bien particulierement recommandee au Marquis
de Lans et au Senat1282, auquel vous pourés recourir pour toute sorte d'occasion, comme aussy a
Nous, qui ne manquerons de vous favoriser et assister de tout nostre pouvoir, comme la Contesse
de Tornon vous dira a bouche, a laquelle Nous avons donné charge d'estre presante en nostre nom
a la solannité que vous feres1283.
Il me reste donq a vous dire que, comme tous les fleaux que nous souffrons viennent du
courroux que, justement, Nostre Seigneur conçoit contre nos pechés, ce quil ne se peut mieux
apaiser que par les devotes oraisons des ames religieuses, Nous avons jugé que les vostres seraient
tres a propos pour faire souvenir la divine Majesté de sa misericorde et regarder de son œil de pitié
nos aflictions publiques. Voila pourquoy je vous conjure de prier sans intermission, afin que
bientost nous puissions voir quelque bout de tant de calamités; ce que Nous asseurant que vous
ferés volontier, je vous recommande de prier en particulier pour moy, qui vous cheris bien fort.
De Thurin, 22 decembre 1613.
MARGARITA.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère
de la Visitation d'Annecy. [402]
1282 Vide Epist. praeced., et infra, p. 409, D.
1283 Vide Epist. MLXXXIV.
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28.4 Page 274

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C. Lettre de M. Philippe de Quoex a son frère Claude1284
De Rome, 18 janvier 1614.
JESUS MARIA
Monsieur mon Frere,
1285Advant hier, a deux heures de nuict, M. Gojon1286 m'envoya quantité de lettres,
desquelles il paia un florin de port. Vray est que le pacquet que ne luy voulutes addresser, M.
Trabichet le luy addressa, auquel estoient touttes ces lettres du bon Pere Diego1287; j'ay donc receu
trois des vostres tout a coup, du 21, 22 et 29 decembre, ensemble la procure et lettres pour
l'Ambassadeur1288 et M. d'Albon1289, auxquelles je vous respondray tant amplement que le loisir
le me permettra. Je vous ay tous-jours accusé touttes celles que j'ay receu.
Il y a aujourd'huy trois sepmaines que j'obtin la supersessoire, et vous donnay advis par
diverses voyes comme je l'avois envoyé à Monseigneur1290 par voye du Nonce1291; j'ay grandissime
envie d'entendre la reception. Quand a ce que vous me dites que je debvois faire que les Cardinaux
escrivissent que le Nonce commit des non suspectz pro informatione, cela ne se pou voit,
puisqu'alhors il ne [403] se parloit que de la volonté de Son Altesse, pour laquelle sçavoir et
procurer nous estre favorable, j'obtins lesdites lettres au Sieur Nonce.
Je loüe infiniment Nostre Seigneur de vostre bonne et tous-jours meilleure convalescence,
vous asseurant que quotidie in sanctissimo Missae Sacrificio je la recommande, ensemble tout ce
qui depend de vous, a la misericorde et bonté divine.
Quand aux lettres que le bon Pere Diego escrit au Pere Ignace, elles ne me peuvent a present
guieres servir, ny autres, puisque, comme je vous ay desja escrit, que le Dataire m'a faict dire ch'io
faccia citare la parte1292, etc.; mais je n'y ay encour rien faict, car j'estoys conseillé de ne rien
bouger sans les lettres de Savigny. Et maintenant, pour commencer, je suis fort en peine, car il est
du tout impossible de ce faire sans une grande despense, car il faut faire escrire in jure et facto, et
païer, etc., comme vous sçavez; car ce sieur d'Albon est fort prattique, et peut, mais il est si attaché
au gain, qu'il ne veut travailler sans estre paié. Il m'a bien dict que pour ce qui est de faire des
services de sa personne, qu'il le fera; mais c'est tout froidement, car il croioit que cecy seroit une
cause ou il y auroit a gaigner. Et quand je luy ay remonstré la pauvreté, il m'a dict que si je voulois
d'argent pour fonser et despendre (dépenser) comme il faut, il le me presteroit tant et si grande
somme que je voudrois, pourveu que je m'obligea moy seul, en bonne forme de Chambre, pour me
pouvoir faire excommunier au defaut du paiement. Je luy ay dict que je me contentois d'y mettre
mes peines, sueurs et fatigues, mais qu'outre que je n'avois le moien de ce faire, quand je l'aurois,
je ne me voudrois soubzmettre a tel danger.
Je tascheray de faire escrire quelqu'un pour Dieu; et encour, si M. Gojon me donnera argent,
je fourniray quelque chose, mais tout bellement; car ce bon sieur voudroit tirer la cause au long et
y voir moien de gaigner. Il est marry de ce que M. de Savigny1293 ne faict point d'estat de luy si
non quand il en a besoin; et quand a ces memoires que je vous manday de sa part, avec le reste de
1284 Voir tome XII, les notes (57), (138), pp. 30 et 84.
1285 Vide p. 113, not. (362), et Epist. CMXXXVII.
1286 Cf. tom. XII, pp. 100, 115.
1287 Probablement, le P. Diègue de la Cité-Neuve, Capucin (voir le tome précédent, note (497), p. 166).
1288 L'ambassadeur de la cour de France auprès du Saint-Siège était encore, dans les premiers mois de 1614, François
Savary de Brèves. (Voir ibid., note (610), p. 189.)
1289 Personnage différent de François d'Albon, abbé de Savigny, mentionné à la page suivante (cf. ci-dessus, note
(1265), p. 398); peut-être était-il son parent.
1290 Saint François de Sales. (Voir plus haut, p. 147, Lettre CMLVII, et p. 392, F.)
1291 Mgr Pierre-François Costa, Nonce à la cour de Savoie. (Voir tome XIII, note (678), p. 251, et cf. ci-dessus, note
(456), p. 148.)
1292 Vide p. 113, not. (364).
1293 François d'Albon, abbé de Savigny (cf. ci-dessus, note (1265), p. 398).
274/335

28.5 Page 275

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ses louanges, rogatus rogabam. Il fera quelques diligences et tout ce qu'il pourra, pourveu qu'il ne
faille ny debourser ny escrire, car il m'avoit des-ja promis de faire le...1294; mais il s'est excusé,
voiant la pauvreté. Si vous estes content, et ces Messieurs1295, qu'on despende, et qu'on ne laisse,
a faute d'argent, de solliciter et plaider, escrivé le moy, et ordre a M. Gojon de fournir; car il a
receu ordre de me bailler jusques a la somme de 60 florins, et il ne faudra pas [404] beaucoup que
la somme sera des-ja achevee, car il ne touche pas terre, comme vous sçaves. L'apprehension que
j'ay que, puis appres, on ne pourra paier et rembourser, me faict aller si retenu a despendre; car si
vous m'asseuriés qu'ilz auront de quoy a la fin du jeu, je ne serois si ciche a despendre.
J'ay empronté de Nombride dix ducattons en piece, desquelz je me suis cedulé; je vous prie
que, s'il mande la cedule, qu'on les paie a qui la portera. Escrives moy donc tout court que je
despende ce qui sera necessaire au proces et sollicitations, ou vraiement que il ne se peut; car vous
sçaves que je vins avec ferme croiance de tous nous autres de faire merveilles avec mes
attestations, et non poinct pour plaider. Item, si vous estes d'advis que mettions la cause en Rote,
car le Procureur de Sainct Paul1296 dict que l'y ayant mise, que j'obtiendroys sans delay mandatum
de manutenendo, et qu'avec cela je m'en pourrois aller, et que luy auroit le soing de defendre la
cause et que, possible, les Peres Feullantz ce voiant, quitteroient.
M. de Savigny a faict bonne procure, mais il n'y a pas mis tout ce qui est necessaire, car il
nous commet en façon que l'un ne peut rien sans l'autre, et quod unus cœperit, alter prosequi
poterit; et ny est pas aussy la...1297 substitutionem. J'avois demandé qu'on la fit au Procureur general
de Sainct Paul1298 et au Dom Constantino1299, car c'estoit le mieux; car ce Procureur est un grand
personnage qui, en brief, sera faict Abbé, et, a ce que j'ay conneu, il n'a pas gousté de se voir a la
queue de deux autres Procureurs. Touttesfois, il n'a laissé pour cela de me promettre, hier mattin,
que demain il s'en iroit expres treuver le Procureur general des Feuillantz, et luy mostrer la copie
de la procure que j'ay transcrit en italien, et luy dire tantum que s'il ne desiste de telle sollicitation
(puisque il est prié de M. de Savigny et constitué Procureur), qu'il prendra la chose en main a bon
escient. Je verray et sçauray quelle responce il rapportera.
Vous ferés fort bien, si quelqu'un va a Lyon (car il ne faut mander expres), d'escrire a M.
l'Abbé1300 qu'il fit un' autre procure, seulement au Procureur general de la Congregation Montis1301,
etc., [405] sans y mettre son nom, quoy que je l'aye envoyé; car, comme cestuy en sera Abbé, la
procure servira pour son successeur et au Pere Dom Constantino Gaietano, decano di essa
Congregatione et continuo commensale di Sua Santità1302; et ce attendant, je ne lairray, avec celle
que nous avons, de travailler tout ce qui se pourra. De mesme, que ledict sieur Abbé fit un mot de
remerciementz auxdicts Peres, de tant de peine qu'ils ont desja prins a defendre son droit, et de
mesme nous (sic) Reformés1303 fissent une belle lettre en latin, tant humble qu'ilz pourront; car
cela les encouragera au double de m'assister.
Aujourd'huy, M. d'Albon et moy sommes allé parler au sieur Ambassadeur et presenter la
lettre du sieur de Savigny; il l'a leu fort attentivement, et puis a dict qu'il ne se voudroit point
embarquer en cet affaire sans estre asseuré d'en pouvoir rapporter l'honneur et la victoire, car, dit
il, «Si ces Feulliantz sont portés du Duc, il y aura bien que faire1304; que si Leurs Majestés1305 m'en
1294 Deux mots oblitérés.
1295 Sans doute, les Bénédictins de Talloires.
1296 Du monastère de Saint-Paul-hors-les-murs, de la Congrégation Bénédictine du Mont-Cassin.
1297 Mot illisible.
1298 Ce Procureur, le même que Philippe de Quoex désigne plus bas «Procureur general de la Congregation Montis,
etc.,» c'est-à-dire du Mont-Cassin, était en janvier 1614, D. Giovita, natif de Castroleone et profès du monastère de
Sainte-Justine, à Padoue. Il devint en effet abbé.
1299 D. Constantino Gaetani (1580-1650), Bénédictin de la Congrégation du Mont-Cassin. (Voir page suivante.)
1300 L'Abbé de Savigny.
1301 Voir note (1298) ci-dessus.
1302 Cf. note (1299) de la page précédente.
1303 Les Religieux de Talloires qui, de concert avec D. Claude-Louis-Nicolas de Quoex leur prieur, travaillaient à la
réforme du monastère d'après la Règle de saint Benoît. (Voir tome XIV, notes (517), (518), pp. 172, 173.)
1304 Cf. p. 113, not. (364).
1305 Les souverains de France.
275/335

28.6 Page 276

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escrivoient un mot, alhors nous ferions prou.» Ce nonobstant: «Allés vous en (a il commandé
audict sieur d'Albon, me presente) aux Feulliantz et parlés au Procureur general, luy disant que je
vous envoye expres vers luy pour [voir], par ce que Leurs Majestés et l'Abbé de Savigny m'ont
escrit touchant un certain Prieuré1306, et qu'il nous dit ses raisons pourquoy; et outre ce, qu'il me
vienne parler.» Ledict sieur d'Albon y vouloit aller sur le champ, a condition que je
l'accompagnerais; je me suis excusé, et dict que pour avoir donné la lettre et informé une fois ledict
sieur Ambassadeur, que je me contentois; mais que pour y retourner a solliciter et courtiser, ce
sera tant furtive et rarement que je pourray, par raisons, etc.; tellement, qu'il a remis a demain
mattin d'aller faire son ambassade. Dieu vueille qu'elle profite!
Il faut encour escrire audict sieur de Savigny qu'il fasse escrire en sa faveur par le Roy
audict Ambassadeur. Au reste, en un mot qui en vaut mille: Si Son Altesse parlera en faveur des
Feulliantz a Sa Saincteté et priera pour eux, il en sera faict sans autres formalités; sinon qu'en ce
cas ledict sieur de Savigny voulut mettre la main a la bourse, et disputer icy la cause a bon escient.
Quant a la surprinse de laquelle vous me donnés advis, il ne faut doubter qu'il (sic) procureront de
se justifier1307, voyant que par tant de memoriaux je les [406] ay accusé d'avoir mal supplié; mais
je ne pense pas pour cela que l'on n'entende et voye mes attestations quand serons en lice. Je n'y
peux faire autre que de informer le Dataire, ce qui va a la longue, pour les grandes occupations ou
[il] est. D'en parler au Pape, cela seroit du tout superflu, puisque quand je luy parlay tout premier
[avec] le Cardinal Bellarinin1308, nous l'informames de tout. De luy dire: En cas que Son Altesse
vueille, etc.; que deviendront, etc.? Cela est tout clair que ceux qui sont reformés ne seront jamais
chassés1309, mais seulement les autres, ains seroient ad vitam dans leur monastere, au moins s'ilz y
vouloient demeurer; mais M. le Prieur n'a point du tout de volonté d'y demeurer1310. Quand Dieu
permettroit tout cela, sa saincte volonté soit accomplie!
Je ne sçaurois mieux montrer la grande affection que j'ay a defendre et maintenir cette
saincte reforme, que d'avoir entreprins si long voiages et des si grandes peines et sueurs que j'ay
supporté et supporteray courageusement et allegrement pour l'amour de. Dieu et de ce grand Pere
des moines, sainct Benoit; mais avec tout cela, je suis tout preparé de recevoir avec toutte sorte
d'actions de graces, de patience et mortification, tout sinistre evenement qui pourroit arriver, puis
que c'est chose asseuré que Dieu permet tout pour le mieux. Si vous jugés que je perde courage,
par la presente, vous le jugerés mieux par un'autre ou je vous parle plus sec, quand j'ay veu ne
sçavoir ou donner de la teste au commandement du Dataire. Mais ce n'est point pour cela que je
perde courage; mais il est impossible que je ne resente grand'affliction en mon esprit en semblables
occurrences. Dieu soit loüé! Soyés certain que mon courage durera autant que ma vie; autant puisse
durer l'argent!
Il faut vous repeter le mot principal, affin que, tant vous qu'autres a qui il appartient, vous
prepariés comme moy: si Son Altesse faict sçavoir a Sa Saincteté sa volonté en faveur des
Feulliantz, il ny aura autre remede que celuy que je vous ay desja allegué.
Je n'ay encour la responce de Mme des Gouffiers1311, et si non qu'a la requeste et
remonstrance que Monseigneur le Reverendissime en fera a la Congregatione di Vescovi1312,
comme je luy ay escrit que j'estois d'advys, per ultimo rimedio, croyés qu'il (sic) n'en feront rien,
tres marry que j'en suis.
La responce au memorial que j'ay donné pour M. de Sirvinges1313 est: Unusquisque maneat
in sua vocatione, car, si e buon Religioso, [407] procuri di corregere et ammaestrare li altri; si è
discolo, peggio sarà essendo fuori del monasterio.
1306 Celui de Talloires.
1307 Les Pères Feuillants.
1308 Cf. p. 115.
1309 Du monastère de Talloires.
1310 D. Claude-Louis-Nicolas de Quoex, frère cadet du destinataire et de son correspondant, qui n'aurait pas voulu
demeurer à Talloires si l'on y avait introduit les Feuillants.
1311 Vide pp. 148-154, et cf. Epist. CMLXXVII.
1312 Vide p. 148, not. (460).
1313 Vide p. 150.
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28.7 Page 277

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M. de Chastel escrit a M. Gojon qu'il m'escrit, mais je n'ay point receu de ses lettres. [Je]
luy escrit; vous la verrés et [baillerés]. Ne procurés pas, s'il vous plaict, qu'il me donne des
commissions qui me puissent empescher en l'affaire principal, qui requiert totum bominem. J'ay
prié M. Gojon de promptement faire la supplique de Cornier et la solliciter, mais, comme vous
sçaves: qui n'aura de quoy expedier les Bulles, je ne le conseille d'envoyer a Rome, car touttes les
supplications de nostre pays sont accrochees pour les Bulles.
M. Gojon m'a faict voir la vostre cum rubore, car il semble que vous luy parlés un peu
hault; mais vous avés bien faict, affin que, maintenant qu'il a ordre, qu'il ne fasse tant me promener.
Cet (sic) du tout un bon personnage et qui nous est du tout amy; vere Israelita in quo dolus non
est. Il m'a desja mandé, outre un disné qu'il me donna la vigile saincte Catherine, deux fois de son
vin.
Collomb partit le 8 du present, tout seul, avec six ducattons que je luy rendis, qu'il m'avoit
presté par1314…………………………………………. il luy faschoit fort, et a moy aussy, car
l'abondance de ses larmes m'inviterent a pleurer aussy tendrement comme j'eusse fait pour mon
propre frere. Mais, patience; il faut faire de necessité vertu, et ce que l'on peut, et non ce qu'on
veut. Dieu soit loüé! Je luy ay donné grand nombre de lettres; et dempuis son despart, le tems a
tous-jours esté tres-beau et serain, et l'est tous-jours, Dieu mercy. Je prie Nostre Seigneur
l'accompagner. Il a acquis prou de devotion pour toutte sa vie, s'il la sçait conserver: Dieu luy en
fasse la grace.
J'ay executé vostre intention devant que la sçavoir. Je suis tous-jours en la mesme chambre,
devant l'eglise neufve, et n'en bougeray jusques a mon despart, lequel sera au tems et jour
precisement que me manderés. Pour moy, je voudrois que ce fut desja demain, tant je m'ennuy,
non pour autre que pour voir si grandz frais et si peu de moiens de les paier; sçaches moy donc, je
vous prie tres-humblement, a dire et commander quand il faudra caparrare cavallo.
M. Gojon m'a dict qu'il avoit escrit et esclarcy M. Chastel des 50 florins. J'ay aujourd'huy
salué Monsignor Hortentio de Rossi, jadis nostre Procureur, et adesso Commissario della
Cancelleria1315; il m'a demandé fort courtoisement de vostre estre, etc. Je vous ay escrit amplement
de vostre faict. De François Pessard(?), j'attendz [408] responce en finissant ceste, laquelle servira
pour tous messieurs mes freres, seurs, parentz et amys, auxquelz, appres vous, je baise tres-
humblement les mains, et demeure a [jamais] de tout mon cœur,
Monsieur et Frere,
Vostre tres humble, tres obeissant, tres obligé et tres affectionné
frere et serviteur, comme filz,
PHILIPPE DE QUOEX.
De Rome, le 18 janvier 1614.
J'ay escrit et respondu a M. de Savigny par voye de Lyon, et luy di (sic) qu'il obtienne lettre
du Roy, [et] qu'il m'envoye procuration ad cautelam pour les Peres Sti Pauli1316, etc.
Revu sur l'autographe inédit, communiqué en 1901 par M. Mugnier, président de Chambre
honoraire à la Cour d'appel de Chambéry.
1314 Une ligne de l'autographe a disparu par suite d'une déchirure.
1315 On conserve encore aux Archives Vaticanes, des volumes de la Chancellerie Apostolique qui portent en latin
(De Rubeis) le nom de ce personnage.
1316 Les Bénédictins de Saint-Paul-hors-les-murs.
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28.8 Page 278

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D. Lettres patentes de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie, au
Souverain Sénat. Le Duc de Savoye.
Tres chers, bien amez et feaux Conseillers,
1317L'Infante Duchesse de Mantoue, ma fille, ayant prins en particuliere protection la
Congregation de celle devote compaignie de Dames, nouvellement erigee a Nissy a imitation de
celles que saint Carlo a establies a Millan, assavoir de vefves et de filles vierges, pour vivre
ensemble en perpetuelle chasteté, soubz l'hobeissance d'une Superieure; les jeunes sans sortir
jamais, comme es autres Monasteres les plus reformez, et les autres pour secourir les pauvres
malades de ce lieu la, ou il ny a qu'un pauvre hospital1318 lequel n'a le moien d'exercer la charité
qui seroit necessaire ausditz mallades; sans qu'elles praetendent vivre d'aulmosne, ny d'accroistre
jamais leur revenu de plus de mil cinq centz escus d'or l'annee, qu'elles esperent d'avoir ou par
voye de rente constituee, ou en aultre [409] façon, sans agraver noz subjectz sur le faict des tailles,
et se contentantz de recepvoir les vefves qui sont sans incommodité d'enfans, et les filles qui
vouldront entrer en celle Congregation, moyennant seulement une pension annuelle leur vie
durant1319: ce que Nous a esté fort aggreable, pour l'honneur et gloire qu'en doibt resulter a sa
divine Majesté et pour le bien et fruict qu'en recevront nos bien amez subjectz. Et partant, vous
avons voulu dire par ceste, qu'ayez a les aider, favoriser et assister en tout ce que vous sera possible
pour l'effaict que dessus.
Et sur ce, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde.
De Thurin, le 17e may 1614.
C. EMANUEL.
BOURSIER.
Revu sur une copie authentique et inédite de l'époque,
conservée à la Visitation d'Annecy.
1317 Vide p. 107, not. (351), et supra, pp. 401, 402, A, B.
1318 Vide p. 105, not. (345).
1319 Cf. Epist. CMXXXIV.
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28.9 Page 279

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E. Lettre Du Même Aux Nobles Syndics d'Annecy1320. Le Duc de Savoye.
Chers, bien améz et feaulx,
1321Il y a long temps que Nous avons desiré de redresser vostre College1322, tant pour
l'avancement de la jeunesse, que pour l'ornement et commodité que la ville d'Annessy en
particulier en doibt recevoir. Et ayant faict reflexion sur les bonnes qualités des Reverends Peres
Bernabites1323, despuis que Nous les avons placés en ceste ville de Thurin, les trouvantz tres
capables d'apporter a ladicte ville d'Annessy ung grand bien spirituel et temporel, Nous avons
estimé de le faire remettre entre leurs mains, avec tous les biens, revenus, droictz et charges
d'iceluy1324, saufz de moderer ce qui pouvoit estre contraire a leurs Reigles et Constitutions. Et
pour ce, Nous vous disons de faire promptement ladicte remission, par contract autentique, sans y
aporter difficulté ny longueur1325, moins en attendre de Nous plus particulier commandement, puis
que telle est Nostre [410] volonté. Et non seulement vous Nous donnerés en cela ung grand
contentement, mais aussy tesmoignerés par la vostre affection au bien de la ville et de nos subjectz
d'icelle, qui en doibvent ressentir le fruict.
Et Nous asseurantz que vous y ferés tout incontinant, prions Dieu vous avoir en sa saincte
garde.
De Thurin, ce 25e juin 1614.
C. EMANUEL.
CARRON.
Aux Nobles Scindics de la ville d'Annessy.
Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du 5 juillet 1614,
conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG,
Fonds du Collège Chappuisien.
1320 Voir plus haut, note (732), p. 228.
1321 Vide p. 189, not. (611), et p. 306.
1322 Vide tom. XIV, p. 291, not. (825).
1323 Vide p. 145, not. (449).
1324 Cf. Epist. CMLVI.
1325 Cf. Epist. CMLXXIX, et p. 228, not. (734).
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28.10 Page 280

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F. Lettre du meme aux Administrateurs du Collège Chappuisien1326. Le
Duc de Savoye.
Reverends, chers, bien améz et feaulx Orateurs,
1327Voyant que le College d'Annessy a besoing d'estre restauré pour l'utilité de la jeunesse,
bien et commodité de la ville, il Nous a semblé bon de ne pouvoir faire meilleur (sic) ny plus
convenable election que des Reverends Peres Bernabites, lesquelz nous recognoissons tous les
jours plus habilles et capables d'en avoir le soing. C'est pourquoy Nous escripvons aux Scindics1328
de le remettre entre leurs mains, avec tous les biens, revenus, apertenances et aultres droictz
d'iceluy, et vous exhortons d'y aporter toute la facilité qui dependra de l'aucthorité que vous y
avés1329, a celle fin de ne retarder ung si grand bien que non seulement la ville, mais toute la
province en doibt ressentir. En quoy vous Nous ferés plaisir tres agreable, ne desirant rien tant que
la bonne institution de la jeunesse et le bien [411] de Nos subjectz. Nous voulons tant croire de
vostre zele au mesme bien, que vous franchirés toutes difficultés qui s'y pourraient presenter, afin
de rendre cest œuvre a sa perfection.
Atant, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde.
De Thurin, ce 25e juin 1614.
C. EMANUEL.
CARRON.
A Rds noz chers, bien améz et feaulx Orateurs,
Les Doyen de Nostre Dame et Prieur de St Dominique,
Administrateurs du College de nostre ville d'Annessy.
Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du 5 juillet 1614,
conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG,
Fonds du Collège Chappuisien.
G. Lettre de M. Renaud de la Grange1330 au duc de Villeroy1331
Monseigneur,
1332Je ne vous saurois dire l'extreme contentement que Monseigneur de Nemours a receu a
mon arrivee, lors que je luy ay representé le soin que vous avez de luy. Et l'ay trouvé grandement
offencé des manquemens de S. A. de Savoye, quil cache neantmoins, jugeant bien quil ne s'en peut
aysement ressentir; et quant il l'auroit peu, il ne l'eust pas executé sans la permission de Leurs
Magestez, en la bonne grace desquelz il veut vivre et mourir, et sous leur protection.
Leurs Magestez le voulant ayder, il se promettoit quil se mestroit en confiance avec ceux
de Berne et de Geneve, ses plus proches voisins, et qu'en ceste occasion luy permettant de lever
des troupes, il fut passé, avec sept ou huit mil hommes de pied et quelque cavallerie, en Piedmont,
ou estant, si sadite Altesse ne l'eust contenté de son mariage1333, il s'en fust revenu assisté, comme
il se promettoit, [412] et suyvy de ce quil y a de François et Savoyars dans son armee, qui sont en
effet les meilleurs hommes qu'elle aye; qu'avec l'ayde de Leurs Magestez, il se seroit fait faire
1326 Rd François de I.ornay, doyen de Notre-Dame de Liesse, et Frère Bernardin de Charpenne, prieur de Saint-
Dominique. (Voir plus haut, note (732), p. 228, note (773), p. 239, et tome XII, note (431), p. 186.)
1327 Vide p. 189, not. (611), et p. 396.
1328 Epist. praeced.
1329 Vide p. 190, not. (612).
1330 Voir plus haut, note (821), p. 254.
1331 Nicolas de Neufville (voir tome XII, note (184), p. 101).
1332 Vide p. 197, not. (632).
1333 Son mariage avec l'infante Catherine de Savoie.
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29 Pages 281-290

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29.1 Page 281

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raison, et, en tout cas, ny auroit procedé qu'ainsy quil leur eust pleu. Quil connoist clairement que
toute la Savoye, et particulierement ses sugets de Genevois, Foucigny et Beaufort, sont lassés de
la souveraineté par trop lisentieuse de S. A., qui n'a aucung esgard a leurs miseres depuis vingt
ans, et les a reduit au desespoir; et qu'en la resolution quil prendra, ses voisins, bien conseillés,
l'assisteront pour leur interest, et se pourront ensemble maintenir sous la protection de Leurs
Magestez. Quil croit qu'estant ainsy mal traité, et ses sugets tant oppressés, il peut justement
rechercher d'establir la domination du prince, avec telle condition neantmoins, que luy ny aultre
n'en puisse abuser a l'avenir, suyvant ses investitures et privileges, alterés par les declarations de
ses predecesseurs qui ne luy doivent nuyre ny prejudicier. Et m'a particulierement dit que sadite
Altesse luy est redevable des exactions extraordinaires et logement de gendarmerie faite (sic)
contre l'ordre des contrats et transactions passez entre eux et ses predecesseurs, plus d'ung million
d'or. Quil remet le tout a vostre prudent avis, et quil veut croire et se conduire en cecy et toute
autre chose par vostre conseil, sous le bon plaisir de Leur (sic) Magestez; quil a tousjours eu une
grande volonté d'entrer en conference avec vous des le tems du feu Roy1334, et en a esté souvent
solicité par le sieur de la Bretonniere1335, son intendant.
1336Il est aussy extraordinairement pressé par le Duc de passer les monts sans attendre M.
de Rambolliet1337, mais il s'est resollu de n'en rien faire que nous n'ayons de vos nouvelles. Il a des
troupes sur pied, et desire que je leur commande1338, pour la fiance quil a en moy, et crois qu'a cela
l'amitié que M. d'Alincourt1339 me porte m'y a beaucoup servy, et m'a envoyé vers luy pour savoir
s'ils se pourraient secrettement aboucher ensemble; ce que je trouve dificile, veu l'ombrage que S.
A. prend contre ce Prince de son affection envers la France, et du ressentiment de son offence. Et
en cas quil se declare ouvertement, il desireroit que l'on negotiast avec l'Espagne, de sorte qu'elle
donnast de l'occupation a sadite Altesse du costé de Lombardie, tandis que nous ferons fortiffier
quelques places aux terres de mondit Seigneur pour la retraite de ceux quil aura soubz luy.
Il m'a librement dit deux choses touchant le voiage de monsieur de Rambolliet, dont je
desire vous avertir: l'une est, qu'ayant [413] connoissance de long temps dudit sieur de Rambolliet,
il c'est resollu de ne luy communicquer son dessein, parce quil s'assure quil le descouvriroit a S.
A., afin de pouvoir avec plus de facilité negotier ce quil aura a faire avec elle; et si c'estoit si bien
au retour, il n'en feroit aucune difficulté. L'autre est que, quand ledit sieur de Rambolliet luy
conseillera d'aller trouver Leurs Magestez en poste soudain quil l'aura veu, il ne se peut faire sans
savoir l'effet de son voiage, et sil sera utile en se (sic) pais au service de Leurs Magestez, et
dissimulera en attendant, sans rien rompre avec sadite Altesse, suyvant ce que je luy ay dit de
vostre part; si bien que, de cela et de toute autre chose, il attendra ce quil vous plaira luy conseiller.
Nous verrons aussy si nous pourrons nous confier a quelqu'un pour faire parler au Prince de
Piedmont1340, qui est veillé de tous costez, et sera difficile de le pouvoir faire, si ce n'est par le
moyen de quelque ecclesiastique partial d'Espagne, qui luy represente le peril quil y a de voir la
religion nouvelle introduitte dans les terres de son pere, qui semble y incliner du tout. Ledit Prince
est fort consiensieux, et cela, plus que toute autre chose, est capable de l'esmouvoir; a quoy nous
n'oublierons rien pour troubler tous ses desseins.
Et recevons tous les jours des courriers en ce lieu, de S. A., de son fils le Cardinal1341, et
marquis de Lans1342, pour faire passer mondit Seigneur en Piedmont, et connoissons le repentir
quil a de l'avoir laissé sortir de Thurin. Tout ce lieu [est] plain d'espions pour prendre garde a ses
1334 Henri IV.
1335 Vide tom. XII, not. (506), p. 214, et cf. supra, p. 257, not. (828).
1336 Cf. Epist. MXI, MXII, et p. 269, not. (883).
1337 Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet, ambassadeur extraordinaire de France à la cour de Savoie. (Cf. ci-
dessus, note (880), p. 269.)
1338 Vide p. 254.
1339 Fils du destinataire. (Voir plus haut, note (831), p. 258.)
1340 Victor-Amédée de Savoie, qui succéda à Charles-Emmanuel.
1341 Vide tom. XIII, p. 345, not. (934).
1342 Vide tom. præced, p. 49, not. (162).
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29.2 Page 282

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actions, et ny a que la seule arrivee de l'Ambassadeur1343 qui le maintienne en confiance et honneur.
Cela fait, mondit Seigneur se tiendra sur ses gardes, attendant un prudent avis et ce quil plaira a
Leurs Magestez ordonner de luy. Et pour ses troupes quil a en Piedmont, il les retirera toutes les
fois qu'on voudra, avec cinq cens hommes de ses sugetz quil fait encores filler, et la trouppe du
Conte de Salleneufve; et luy reste quinze cens hommes de pied, cinquante chevaux legers
commandés par Noyson, et ses gardes.
Voila, Monseigneur, l'estat de ses affaires, et ce que je vous puis mander de son intention,
don je vous supplie tres humblement prendre creance, et que je suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble et obeissant serviteur,
LA GRANGE.
Le 11 septembre 1614.
Monseigneur de Nemours m'a commandé, de puis ma lettre [414] escrite, de vous faire
sçavoir quil se conduira selon que M. de Ramboulliet luy parlera de la part de Leurs Magestez et
la vostre.
A Monseigneur
Monseigneur de Villeroy.
Revu sur une copie inédite, conservée à la Bibliothèque Nationale,
Fonds français, 3650, fol. 141.
H. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie aux Administrateurs du
College Chappuisien1344. Il Principe Mauritio, Cardinale di Savoia.
Reverendi nostri carissimi.
1345Le buone et utili conseguenze che son per derivare dall' introduttione costì dei Padri
Bernabiti, sapendosi l'osservanza et essemplarità della lor vita et il decoro verso il culto divino,
come anco il zelo della salute dei prossimi, devrebbeno non solo escluder l'oppositioni che se gli
fanno circa il rimetter il Collegio1346, ma accender ogn'uno à favorir et metter mano in così pio et
profittevol negotio.
Però, intendendo che dal canto vostro ritrovino durezza per qualche interesse et che i Padri
medesimi si offeriscano di rilevarlo con ogni conveniente conditione, vi esortiamo con questa à
non mostrarvi alieni dall'accordo, né permetter che simil impedimento ritardi l'effetto d'un negotio
desiderato da cotesta Università et da Sua Altezza, et da Noi particolarmente; che però terremo
grata memoria della vostra concorrenza col desiderio commune.
Et il Signor Dio vi conservi.
Di Turino, à 20 di settembre 1614.
M. CARDL DI SAVOIA.
Al Decano di Santa Maria
et al Priore di San Domenico.
Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy,
Serie GG, Fonds du Collège Chappuisien. [415]
1343 Le marquis de Rambouillet (voir note (1337) de la page précédente).
1344 Voir ci-dessus, note (1326), p. 411.
1345 Vide p. 190, not. (612), cf. Append. I, H, I, et II, pp. 410, 411, E, F.
1346 Cf. p. 228, not. (734).
282/335

29.3 Page 283

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I. Lettre des proviseurs du Collège de Savoie a Louvain aux
Administrateurs de celui d'Annecy1347
Messieurs,
Nous avons receu par le porteur present diverses lettres1348 touchant l'incorporation faicte
du College de feu Monsr Chappuis1349, en vostre ville d'Annessy, par Messrs les Barnabites, par
l'authorité, comme vous escrivez, de Son Altesse le Duc de Savoye1350. Or, comme depuis un moys
en ça ou environ, le Docteur de Bay, President du College par deça, est allé de vie a trespas1351, et
que nous ne sommes bien informés de la fondation de par dela, n'avons pour le present sceu
resoudre sur le faict de la dicte incorporation, ains tiendrons la dicte resolution preste pour le
premier retour du porteur de ceste1352.
Touchant le jeune homme qu'il vous a pleu reccomander par vos lettres a feu Monsr
Bayeus, sa mort cause que vous ne pourrez venir a l'effect d'icelle reccomandation, laquelle mort
cause aussy que nous devons advertir de n'envoyer aulcuns nouveaux boursiers pour les Pasques
prochaines, pour se trouver le College arriere de quelques cents escus, lesquels devront estre
ramborsés a la maison mortuaire dudict Bayus, lequel, par sa bienveulliance envers ceux de vostre
nation, a receu et porté plus de charge que le revenu du College ne portoit.
Et sur ce, nous raccomandans tres affectueusement a Voz Seigneuries, demeurons a icelles,
Serviteurs tres humbles,
LES PROVISEURS DU COLLEGE DE SAVOYE,
GUILIELMUS FABRICIUS, Provisor Collegii Sabaudiœ pro tempore.
CORN. SYLVIUS, Proviseur du College de Savoye pour le temps.
GERARD CORSELIUS, Proviseur du College de Savoye a Lovain.
Messieurs, en suivant le pouvoir que nous est octroyé par la [416] fondation, nous
conformant aux conditions prescrites par icelle, avons esleu pour President, en la place de feu
Bayus, sire Jean Massen, prebtre, licencié en la saincte Theologie, ayant l'espace de quatorze ans
regenté louablement le Pedagoge de la Fleur de Lys, esperant qu'il donnera contentement a touts
en la regence de nostre College de Louvain1353.
Ce 13 de novembre 1614.
Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales
d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.
J. Lettre de Mgr Anastase Germonio, Archevêque de Tarentaise1354, au
Clergé de son Diocèse (Fragment)
……………………………………………………………………………………………………
1355Quod scribitis, Capuccinorum ecclesiam et absolutam et dedicatam esse, summopere
placuit, eo magis quo eum honorem assequuta sit per religiosissimum Genevensem Antistitem,
Franciscus Salinam (sic), virum doctissimum atque in pastorali officio vigilantissimum1356; cui
1347 Voir plus haut, note (748), p. 233, et note (732), p. 228.
1348 Vide Epist. MIII.
1349 Vide tom. XIV, p. 291, not. (825).
1350 Vide supra, pp. 410, 411, E, F.
1351 Vide tom. XIII, p. 249, not. (672).
1352 Vide p. 234, not. (756).
1353 Jean Massen ou Massin était chanoine de Saint-Alban à Namur en 1627; il mourut en 1636.
1354 Voir le tome précédent, note (564), p. 183.
1355 Vide Epist. MXVII.
1356 Vide p. 269, not. (876).
283/335

29.4 Page 284

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ego discedens1357, partes meas muniaque pastoralia delegaveram, ut quae in iis praesertim quae ad
episcopale officium spectant, nec ab aliis quam ab Episcopis administrari possunt, vobis adesset,
eum amice rogaveram. Quod ille oneris et libens suscepit et libentissime sustinet ut ego quoque
sustinerem, si eo absente, operamque meam sibi commodam fore putante, similia facere juberet,
atque utinam desiderio meo occasio respondeat, quo et ipse expertus cognoscat, res suas mihi non
minus cordi esse quam sibi meae sint et ego eam benevolentiam, qua ornatissimum amicum
constanter prosequor et sua et omnium opinione majorem esse ostendam…………………………
Niciae, nonis Februarii, anno salut. MDCXV.
Anastas. Germonii Epistolar., lib. I, Clero Tarentasiensi, Epistola IX.
(Romae, 1623, tom. II, p. 451.) [417]
1357 Ibid., not. (877).
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III. La fondation du Ier Monastère de la Visitation de Lyon,
deuxieme de l'Ordre1358
Des documents inédits et une interprétation exacte et rigoureuse des vieilles Chroniques de
l'époque, nous permettent de présenter dans l'ordre des dates et dans leur suite naturelle, les
événements qui introduisirent en France le premier essaim de la Visitation d'Annecy.
A la fin de 1612, la fameuse abbaye du Paraclet ressemblait bien plus à une maison de
mondanité qu'à un véritable monastère1359. Plus de Règle ni de clôture; l'Abbesse1360 y menait
grand train et prétendait ne relever que du Pape. Mme Elisabeth des Gouffiers, l'une de ses
Religieuses, ne l'était devenue que par force et sous la contrainte maternelle1361. Aussi, tenant sa
profession pour nulle, n'attendait-elle qu'une circonstance favorable pour se soustraire à la
domination de sa mère et recourir, une fois libre, «a la justice du Saint Siege.» La lecture d'un petit
livre de piété, nouvellement paru, vint encore surexciter son désir de quitter le Paraclet: la
Providence lui avait fait tomber entre les mains l'Introduction à la Vie devote.
«Cette bonne Dame fut tellement touchée de cette lecture et conçut une si haute estime de
l'auteur de ce livre, qu'ayant appris qu'il avait érigé une Congrégation en laquelle il avait donné
des lois encore plus parfaites, elle fit vœu à Dieu de ne se point donner de cesse et d'employer
toutes ses industries pour se faire conduire à Annecy auprès du saint Pasteur et de la nouvelle
Congrégation1362.» Malgré les contradictions qui n'étaient pas pour faire fléchir une volonté tenace,
en dépit d'une «petite complexion1363,» et indécourageable, elle put arriver à Lyon. [418]
Vivienne des Gouffiers, marquise de l'Ecluse1364, qui avait accompagné sa sœur, tomba
gravement malade dès l'arrivée et dut retourner en son pays par ordre des médecins. Grand sujet
de peine pour Mme Elisabeth, de se voir arrêtée, presque au terme du voyage, par ce malencontreux
accident! Mais Dieu la secourut à propos, en lui ménageant la connaissance de Claude de
Sevelinges1365, aumônier de l'abbaye de Belleville1366. Ce digne Religieux était beau-frère
d'Antoine Bellot, que ses fonctions d'«élu» en Bugey, Valromey et Gex avaient souvent mis en
rapport avec saint François de Sales1367. Il fut l'homme providentiel. Séduit, lui aussi, par l'attrait
d'une vie plus parfaite, il cherchait la direction du bienheureux Evêque de Genève; il aurait même
voulu devenir l'un de ses fils, dans la Congrégation d'hommes dont l'établissement hantait, au
commencement de 1613, l'esprit de l'éminent Fondateur1368. On conçoit combien cette
communauté de vues et de pieuses aspirations dut fortifier dans son espoir la transfuge du Paraclet.
M. de Sevelinges s'empressa d'écrire au saint Prélat pour le prier de s'intéresser au dessein
de l'intrépide voyageuse. Il fit plus; il résolut d'aller trouver le Saint lui-même entre ses montagnes,
et vers le 10 janvier 1613, il frappait à la porte de sa résidence épiscopale1369.
1358 Cf. ci-dessus, note (760), p. 236.
1359 Voir plus haut, note (476), p. 151, et pp. 152, 154. L'emplacement de l'abbaye du Paraclet est occupé aujourd'hui
par une ferme; il n'en reste plus qu'un caveau ou crypte, qui renfermait le cercueil d'Héloïse et d'Abailard.
1360 Vide p. 152, not. (477) et p. 154, not. (487).
1361 Vide tom. præced. p. 343, not. (972), et supra, pp. 153, 154.
1362 Hist. de la Fondation du 1er Monastère de Lyon, par la Mère de Chaugy.
1363 Vide supra, pp. 151, 152.
1364 Femme de François-Antide de Garadeur, seigneur, puis marquis de l'Ecluse, qui l'avait épousée en secondes noces;
elle résidait en Beaujolais. (Voir Les Masures de l’Ile-Barbe, supplément à la nouvelle édition, Œuvres diverses de
Claude Le Laboureur, etc.; Lyon, Vitte, 1895.)
1365 Vide tom. præced., p. 333, not. (948).
1366 La chapelle de Saint-Nicolas, en l'église de Notre-Dame de Belleville, appartenait à la famille de l'Ecluse; le
chapelain était à sa nomination. (Archives de M. Richard, Secrétaire de la Soc. de Géographie, Lyon.) Mme de l'Ecluse
avait donc l'occasion de connaître l'aumônier de l'abbaye.
1367 Vide tom. XIV, p. 179, not. (538), et tom. XV, p. 335, not. (952).
1368 Vide tom. praeced., p. 334.
1369 Ibid., pp. 333, 334.
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Le Bienheureux fut tout aise de le recevoir, entièrement disposé à lui donner audience «a
sa consolation et edification!1370.» Le chanoine de Belleville l'entretint à loisir de ses pensées et
lui révéla les prétentions de Mme des Gouffiers. Celle-ci, d'ailleurs, lui demandait par une lettre à
part1371, avec beaucoup de déférence, d'être admise au nombre de ses Filles. François de Sales
répondit qu'il l'agréerait volontiers, mais il l'avertissait discrètement sans doute pour lui éviter
une déception que la Visitation n'avait rien de l'opulente somptuosité du Paraclet, que tout y
était chétif et rabaissé, excepté toutefois l'ambition de ses hôtes: celle «de parvenir a la perfection
de l'amour divin1372
Or, dans le même temps et dans la même ville de Lyon, une vertueuse dame, Renée Trunel,
veuve de M. d'Auxerre, lieutenant-général au bailliage de Forez1373, nourrissait la même espérance.
Touchée [419] des merveilles qui se disaient de l'Evêque de Genève, elle aussi avait conçu un très
ardent désir de le voir, «de luy remettre la direction de sa conscience et de luy demander l'entrée»
dans son premier Monastère1374. Ame vraiment dévote, «elle entretenoit... dans sa maison plusieurs
filles spirituelles qui faisoient profession» de piété «et qu'elle faisoit élever dans la vie interieure
et divine, pour s'enflammer en la pratique de la sainte dilection1375.» C'étaient entr'autres, Mme
Chaudon, née Bellet1376, et Mme Isabeau Colin, née Daniel1377. Même sans se chercher, les âmes
en quête de sainteté finissent toujours par se connaître et se rencontrer.
Mme des Gouffiers ne tarda guère à découvrir le petit cénacle et, avec cet esprit conquérant
qui lui était particulier, elle eut bientôt fait de décider la pieuse troupe à entreprendre le voyage
d'Annecy. Il s'agissait d'«epier», disent les Annales du temps, «si c'etoit la terre que Dieu leur
vouloit donner1378.» Cette décision n'était pas le fruit d'un enthousiasme irréfléchi ni d'une vaine
curiosité. Un homme d'une grande expérience et d'une robuste sagesse, le P. Grangier, de la
Compagnie de Jésus1379, le conseiller de ces bonnes âmes, avait approuvé et encouragé la pieuse
excursion1380.
Les pèlerines lyonnaises arrivèrent dans la petite cité de «Nessy» les derniers jours de mai
16131381. Leur première entrevue avec le Saint eut lieu dans la matinée du 27; il fut «bien content,»
écrivait-il l'après-midi à la Mère de Chantal1382, «de voir ces bonnes damoyselles..., et
particulierement Mme de Gouffier, que je voy toute telle que vous m'aves dit.» Dès l'abord, les
deux Fondateurs avaient donc distingué la noble étrangère qui tranchait sur les autres par son esprit
de décision et sa vive personnalité.
Les quatre voyageuses furent accueillies, l'on s'en doute bien, «avec des bontés qui leur
ravirent soudain le cœur1383.» On leur donna l'entrée du monastère pour satisfaire leur dévotion.
«Elles trouvèrent toute la suite des exercices, la manière de traiter» des «premières Mères et
Sœurs,» leur cordialité et leur modestie «si [420] à leur gré, qu'elles eussent voulu bâtir céans...
quatre petites cellules pour y passer le reste de leur vie.»
1370 Ibid.
1371 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
1372 Ibid., pp. 343, 344.
1373 Vide supra, p. 240, not. (778).
1374 Les Vies de VIII venerables Veves, Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie... par la Mere Françoise
Madelene de Chaugy (Annessy, Jacques Clerc, 1659), Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. III.
1375 Ibid., chap. II.
1376 Vide supra, p. 25, not. (112).
1377 Idem, p. 241, not. (779).
1378 Vide p. 15, not. (82).
1379 Vide p. 25, not. (111).
1380 Vers le 10 juin, saint François de Sales écrivait au Jésuite (voir plus haut, p. 25, Lettre DCCCLXXXVI), et avant
de fermer son message il voulut le soumettre à Mme des Gouffiers, «affin,» ajoutait-il, «qu'elle considere si je dis bien
au P. Grangier selon ce qui s'est passé.» Ce souci de rendre compte au Religieux du séjour des Lyonnaises à Annecy,
prouve manifestement que le voyage n'avait pas été concerté sans son conseil et son assentiment.
1381 Vide p. 15.
1382 Ibid., Epist. DCCCLXXX.
1383 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
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«Après avoir séjourné dix ou douze jours» au premier Monastère, ces «bonnes
damoyselles» s'en retournèrent à Lyon, à l'exception de «Mme des Gouffiers qui ne se put résoudre
à quitter» les «bienheureux Fondateurs, et demeura dans la Congrégation avec des ardeurs
inexplicables pour la perfection1384.» Les trois autres ne sortirent d'Annecy qu'à regret, protestant
qu'elles y laissaient leur cœur.
Une fois à Lyon, ces âmes ferventes, pénétrées des beaux exemples qu'elles avaient
contemplés chez les dévotes Filles de la sainte Mère de Chantal, n'eurent plus qu'une pensée: celle
d'obtenir une place auprès d'elles. Mme d'Auxerre paraissait la plus ardente à la poursuite de ce
projet, mais son désir était sérieusement traversé par la présence de son fils encore jeune, qui avait
besoin de sa conduite et de ses conseils. Dans cette perplexité, elle consulta son directeur, le P.
Grangier. Celui-ci, connaissant «le fond de cette grande ame,» ne se contenta pas d'encourager
vivement son dessein, mais «luy ouvrit la pensée... d'oser quelque chose de plus avantageux pour
la gloire de Dieu, par la fondation d'un nouveau Monastere» de la Visitation à Lyon même. «Et ce
Reverend Pere, qui avoit contracté une sainte alliance avec» l'Evêque de Genève, «prit la charge
de luy en écrire et de sçavoir son sentiment sur cette proposition1385.» Le saint Fondateur répondit
qu'il l'agréait singulièrement et qu'il en favoriserait la bonne issue par «toutes sortes
d'assistances1386
Vivement encouragées par cette assurance, Mme d'Auxerre et ses compagnes acquéraient
bientôt du «sieur André Olier, marchant epicier,» un immeuble situé rue du Griffon, sur les
Terreaux, près de Saint-Claude, paroisse Saint-Pierre1387. Restait à obtenir l'assentiment de
l'autorité ecclésiastique. La réponse de l'Archevêque, Mgr Denis-Simon de Marquemont, dépassa
ce qu'on pouvait attendre de sa piété et de ses sympathies bien connues pour les Ordres religieux:
il fit plus que d'accorder les permissions demandées, il donna mille écus pour faciliter l'acquisition
de la maison1388. On accommoda celle-ci au mieux qu'il fut possible, conformément à ce qui avait
été remarqué à Annecy. Vers le 8 novembre 1613, le Saint écrivait à Mme de la Fléchère1389: «Tout
va extremement [421] bien en cette petite Congregation. On a envoyé prendre les Constitutions de
Lion, ou on projette d'en eriger une.» Et de fait, l'organisation de la nouvelle Communauté allait
bon train.
Pour la diriger, l'Ordinaire désigna M. Lourdelot1390, prêtre du diocèse de Langres, qui avait
commencé, sans le finir, son noviciat chez les PP. Dominicains de Dijon. Les Chroniques nous
parlent de sa grande piété, mais toutes aussi laissent comprendre que sa prudence n'égalait pas son
esprit d'initiative et d'entreprise. Il introduisit une quatrième prétendante Mlle de Valence1391. Tous
deux s'accordèrent bientôt «à donner de nouveaux avis. A l'imitation des anciens contradicteurs,
qui disaient si Dieu ne parlait qu'à Moyse, ils dirent aussi... si Dieu ne faisait des merveilles que
par l'Evêque de Genève; si d'autres Evêques ne pouvaient pas ériger des Congrégations autant
parfaites et bien réglées que celle qui était établie à Annecy1392. «Ils s'échauffèrent après ces
considérations; innover leur paraissant chose aussi facile, et en tout cas plus honorable que d'imiter,
ils s'éprirent du dessein d'établir une Congrégation indépendante et toute nouvelle. Mgr de
Marquemont se laissa persuader; on décida que l'Institut serait fondé sous le titre de la Présentation
Notre-Dame et que les quatre prétendantes en seraient les premières novices. Mme d'Auxerre se
voyant pressée par une autorité supérieure, se soumit1393, mais ce ne fut pas sans un grand déplaisir
intérieur de falloir renoncer à son cher projet.
1384 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
1385 Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. III.
1386 Ibid., chap. IV.
1387 Vide p. 304, not. (983).
1388 Ibid.
1389 Epist. CMXXVII, p. 91.
1390 Vide p. 245, not. (787).
1391 Jeanne Chapuis, veuve du sieur Didier Valence. (Cf. ci-dessus, note (989), p. 305, et ci-après, note (1435), p. 427.)
1392 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
1393 «Et voulut-on,» écrit la Mère de Chaugy (Mémoires, etc., Partie II, chap. IX), «que la bonne madame d'Auxerre
fût à Lyon, comme la Mère de Chantal à Annecy, fondatrice et supérieure de cette Maison.»
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«L'esprit humain qui, dans ses entreprises, contrefait turbulemment l'esprit de la grâce,
faisait parade d'ardeur à la poursuite de cette bonne œuvre. L'on obtint hâtivement permission du
Roi pour l'établissement de cette Congrégation de la Présentation1394
L'inauguration se fit en grande pompe extérieure et avec le concours de toute la ville. Mgr
l'Archevêque donna aux quatre fondatrices l'habit religieux: il «consistoit en une robe gris
Minime1395, une ceinture de corde et un voile blanc1396,» costume qui ressemblait à celui des
Clarisses. Elles reçurent de M. Lourdelot des [422] règlements provisoires, en attendant de pouvoir
choisir l'une des quatre Règles approuvées par l'Eglise1397.
La nouvelle de cet événement, raconte la Mère de Chaugy dans ses Mémoires1398, «fut
apportée à Annecy lorsqu'on croyait que l'on venait prendre des Sœurs pour aller fonder à Lyon.
Notre bienheureuse Mère ne se fâcha aucunement de ce changement; au contraire, elle en bénit
Dieu, disant à nos Sœurs que cela devait apprendre à toutes qu'il faut jeter de profondes racines en
la très-sainte humilité.»
«L'esprit humain,» remarque la judicieuse annaliste1399, «avait commencé la Congrégation
de la Présentation, l'esprit humain la détruisit. La confusion des langues se jeta parmi ces
congrégées;» quoiqu'elles fussent toutes de très bonnes âmes, «il leur arriva... tant de petites
mésintelligences et entre elles-mêmes et entre leur conducteur,» qu'elles ne purent vivre six
semaines ensemble et résolurent de se séparer1400.
La Communauté naissante venait de se débander, elle était dans le plus profond désarroi,
lorsque Mme des Gouffiers, allant au Paraclet pour s'y faire délier de ses vœux, arriva à Lyon à la
fin de septembre 16141401. Tout émue et déconcertée par la malheureuse issue de l'entreprise, Mme
d'Auxerre lui conta sa peine, ses regrets, mais aussi lui confia son désir toujours vivace qui la
portait invariablement vers Annecy1402. La voyageuse entrant dans les vues de sa sainte amie, se
met aussitôt en campagne avec son ardeur et promptitude habituelles. Elle va trouver le P.
Grangier, le supplie de s'intéressera la reprise du premier projet1403, et, en même temps, envoie à
François de Sales un rapport de tout ce qui se pouvait faire ou espérer pour la réussite.
La lettre du 15 octobre 16141404 semble répondre à cet exposé: on voit par sa teneur, que le
Bienheureux, tout en adhérant à un espoir [423] qui lui sourit, se tient sur la réserve et conseille à
la fervente négociatrice de prêter son concours suivant l'occurrence, mais sans rien laisser paraître
qu'une «tres absolue indifference1405.» En même temps, il écrivit au P. Grangier1406, sans doute
pour l'assurer qu'il persévérait dans son bon vouloir de favoriser, quand les esprits seraient
préparés, l'établissement d'une seconde Maison de la Visitation. Quelques jours après (26 octobre),
il envoyait par sa correspondante, des messages pour le Religieux et pour les «Dames de la
1394 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy. Les Patentes de Louis XIII sont datées du mois de septembre
1614; nous en donnons la teneur à la suite de cette Notice. (Voir p. 428.)
1395 «Ce n'était pas néanmoins,» ajoutent les anciens Mémoires, «la couleur de l'habit de celui qui les conduisait.»
(Ibid.)
1396 Hist. de la Fondation, par la Sœur Gasparde de Saint-Paul.
1397 «Elles disoient l'Office en chœur... Madame Colin, veuve, leur confia madamoyselle sa fille, âgée seulement de
dix ans, a qui elles donnerent une petite robe grise, et au lieu de voile, une cornette.» (Hist. de la Fondation, par la
Sœur Gasparde de Saint-Paul; cf. ci-dessus, note (989), p. 305.)
1398 Partie II, chap. IX.
1399 Ibid.
1400 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
1401 Vide p. 225, not. (727).
1402 Ibid.
1403 Le Religieux n'avait pas été consulté pour l'établissement de la Présentation, comme le prouvent ces paroles du
Saint: «Je ne me puis tenir de m'estonner dequoy il semble qu'on se soit comme caché des Jesuites...» (Lettre du 30
octobre à Mme des Gouffiers, p. 245.) Cette remarque enveloppe, quoique sous une forme discrète, un blâme évident
pour ceux qui avaient tenu à l'écart le P. Grangier.
1404 Epist. MIV.
1405 Epist. MIV, P. 236.
1406 Ibid.
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Presentation, Mmes d'Auxerre, Colin et Belet1407.» Il semble donc qu'à cette date l'ancien projet
était repris, et avec un cordial effort de part et d'autre pour le faire aboutir.
Auparavant, l'Archevêque de Lyon avait reçu la visite des Religieuses qui, désemparées et
comme des «brebis errantes,» venaient solliciter assistance et compassion, demandant qu'après
cette expérience, il plût à Sa Grandeur d'appeler le cher Institut d'Annecy. Le bon Prélat,
comprenant bien que les pauvres filles «ne s'êtoient rangées» à la Congrégation «que par pure
obeyssance» et que leur désir ne venait pas d'inconstance, mais de l'esprit de Dieu, promit de leur
donner toute satisfaction et d'en écrire lui-même à l'Evêque de Genève1408.
De son côté, Mme des Gouffiers pressait aussi le Fondateur d'envoyer ses Religieuses. «Ouy
da, ma tres chere Fille,» répondit-il1409, «nous donnerons de bon cœur de nos Seurs de la Visitation
pour «augmenter la gloire de Dieu.» Toute la lettre respire le sentiment joyeux de l'action de
grâces. Assuré maintenant que les obstacles étaient levés, saint François de Sales n'hésitait plus à
s'engager, M. Lourdelot lui-même, qui naguère avait contrecarré si passionnément la sainte œuvre,
reconnaissait, avec une très méritoire franchise, l'insuccès de sa tentative, et voici qu'il employait
ce qui lui restait de crédit pour favoriser le dessein auquel tout d'abord, avec tant d'éclat, il avait
fait échec1410. C'est François de Sales qui nous apprend cette curieuse particularité1411: «Au reste,
ma chere Fille, celuy qui a destourné, ramene maintenant ses congregees a leur premier dessein. Il
m'escrit,» ajoute-t-il, «un trait de la Providence divine qui me plaist fort.»
Ce trait a sa place ici, parce qu'il fut grandement admiré des amis de la Visitation et qu'il
toucha vivement les deux Fondateurs. Voici [424] comment la Mère de Chaugy1412 raconte la
chose: «Avant que notre bienheureuse Mère et sa chère troupe arrivassent à Lyon, l'on voulut
visiter les patentes royales obtenues pour l'autre établissement1413, afin de faire changer le mot de
Présentation en celui de Visitation; pour cela il fallait faire quelque retardement, et des allées et
venues. Notre-Seigneur y mit ordre: à l'ouverture des patentes, l'on vit que le mot était
miraculeusement changé, et qu'où les hommes avaient mis Congrégation de la Présentation, il y
avait en beau caractère bien formé Congrégation de la Visitation1414... Cette merveille... fut cause
que notre petit Institut fut mieux goûté qu'il n'eût été; ceux qui avaient été contraires à notre
établissement disaient alors: «La main de Dieu travaille pour ces Religieuses ici.»
Un récit plus circonstancié de la sainte Fondatrice complète les détails de ce fait merveilleux:
«Nous avons appris de ma Sœur Colin,... que M. Fijean, à qui feu Monseigneur de Marquemont
remit les lettres pour les porter au Roi afin qu'il les signât,» ayant «obtenu de Sa Majesté la
permission que l'on demandait, comme il les présenta à mondit seigneur de Marquemont, l'on
trouva le nom de Visitation au lieu de Présentation; de quoi Monseigneur l'Archevêque demeura
fort surpris, et beaucoup plus, lorsqu'après avoir su dudit sieur Fijean qu'il avait présenté les lettres
en la même forme qu'il les lui avait remises, et ne savait point la cause de ce changement, ni qu'il
se fût fait, il voulut revoir celles qu'il avait écrites de sa main, et trouva le même mot de
Présentation changé en celui de Visitation, sans qu'il apparût changement de caractère ni
effaçure1415.» Alors, «l'on veid,» remarque la Mère de Chaugy, «que Dieu... avoit conduit l'esprit
ou la main du secretaire, pour écrire ce qu'il avoit déterminé dans les conseils eternels de sa
Providence1416
1407 Vide Epist. MV, p. 240.
1408 Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. IV.
1409 Epist. MVII.
1410 La Mère de Chaugy (Hist. de la Fondation) dit de lui sans le nommer: «Celui qui avait rompu le dessein d'appeler
de nos Sœurs, fut le premier à pousser à la roue pour le faire reprendre et en écrivit lui-même à notre bienheureux
Père.»
1411 Ibid., p. 245.
1412 Mémoires, etc., Partie II, chap. IX.
1413 Voir ci-dessus, p. 422, et ci-après, p 428.
1414 «Comme si Nostre Seigneur,» remarque à ce propos le Saint (Lettre MVII, p. 245), «se fust voulu declairer par la
voix royale.»
1415 Cité par la Mère de Chaugy, Hist. de la Fondation.
1416 Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. IV. Les premières patentes arrivèrent à Lyon avant que la seconde
requête pût arriver à Paris; «de maniere,» ajoute la même annaliste (ibid.), «qu'il ne fût point besoin de faire apointer
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Avant de partir pour l'assemblée des Etats généraux, Mgr de Marquemont avait tenu parole
et, très obligeamment, demandé à saint François de Sales qu'il permît à la Mère de Chantal de venir
en sa ville établir une Maison de la Visitation. «Le Serviteur de Dieu ayant rêpondu... qu'il prenoit
à un tres grand honneur» que [425] l'Archevêque «eut fait choix de ses Filles,» ce Prélat s'employa
aussitôt à l'exécution de la pieuse entreprise1417. Et pour marquer l'estime particulière qu'il faisait
de la Fondatrice, il lui envoya son carrosse et voulut payer tous les frais du voyage. Il députa, pour
aller chercher les Religieuses, M. Ménard, vicaire général, chanoine et sacristain de l'église Saint-
Nizier1418, et le chanoine de Médio1419, avec mesdames des Gouffiers et Colin.
«Toute cette belle compagnie,» écrit une annaliste1420, «fut très bien reçue à Annecy, tant
par le saint Prélat que par notre bienheureuse Mère de Chantal,» à qui on donna pour coopératrices
«nos Mères Marie-Jacqueline Favre1421, Assistante et Directrice; Péronne-Marie de Chastel1422,
économe, dépensière, surveillante et robière; Marie-Aimée de Blonay1423, conseillère, sacristine,
portière et lingère: toutes sujets d'élite et de choix.» Le 25 janvier 1615, François de Sales écrivait
à Mme de la Fléchère1424: «Nostre bonne madame de Chantal part demain pour aller coucher a
Clermont1425, ces messieurs et ces dames de Lion estant venus la prendre.»
Les haltes du voyage étaient prévues, puisque le Bienheureux confia à la Sœur de Blonay
sept billets écrits de sa main, pour qu'elle en remît «un tous les soirs à chaque gîte » à la
Fondatrice1426. Celle-ci emportait quelque chose de plus précieux encore que les bénédictions
affectueuses d'un Saint: elle avait avec elle les Constitutions écrites de la propre main du
Fondateur, c'est-à-dire la législation toute céleste qui devait donner l'âme et la vie aux Monastères
de l'avenir.
La pieuse troupe arriva à Lyon le premier jour de février. Aux approches de la grande ville,
la Sainte, selon une promesse de son bienheureux Père1427, eut la certitude que «les bons Anges du
royaume de France lui faisaient l'accueil1428.» Le lendemain, fête de la Purification, l'établissement
du Monastère fut l'occasion d'une grande solennité1429. Mgr l'Archevêque lui-même présida la
cérémonie avec une entière satisfaction, M. Lourdelot1430 donna l'exhortation; M. Ménard et M.
de Sevelinges1431 furent nommés, à la demande de la Mère de Chantal, l'un «Père spirituel1432,» et
l'autre, confesseur de la Communauté commençante.
Mme d'Auxerre reçut, le 3 février, l'habit de la Visitation et le nom de Sœur Marie-Renée.
Les «damoyselles» de Valence1433 et Boivin ne s'engagèrent pas dans la Congrégation, mais
devinrent Religieuses du Tiers-Ordre de Sainte-Elisabeth1434, qu'elles contribuèrent [426]
beaucoup à fonder à Lyon1435, et «où elles ont fort bien réussi;» tant il est vrai «qu'il y a diverses
cette nouvelle requéte, la premiere, contre l'esperance humaine, y ayant pourveu par une disposition celeste qui l'avoit
autorisée.»
1417 Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. V.
1418 Cf. p. 352, not. (1143).
1419 Vide tom. XII, p. 49, not. (88), et supra, p. 266, not. (870).
1420 Ancien Ms. de l'Hist. de la Fondation du 1er Monastère de Lyon.
1421 Vide tom. præced., p. 178. not. (554).
1422 Idem., p. 133, not. (408).
1423 Idem., p. 290, not. (826).
1424 Epist. MXXXV.
1425 Vide p. 294, not. (947), (951).
1426 Vide p. 295, not. (954), Epist. MXXXVI-MXLII.
1427 Epist. MXL.
1428 Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. IX.
1429 Cf. supra, p. 304.
1430 Vide supra, pp. 422, 424.
1431 Vide supra, p. 419.
1432 Vide p. 332, not. (1080).
1433 Vide supra, p. 422.
1434 Idem, p. 305, not. (989).
1435 Le premier essai de vie religieuse commença le 14 juillet 1615, par la retraite de Marie et Catherine de Platet, dans
la maison de M. Rousselet, près du Rhône, à sa jonction avec la Saône. A la fin de 1616, Jeanne Chapuis, veuve du
sieur Didier Valence, et sa fille Françoise Valence, âgée de douze ans, se joignirent à elles. Le P. de Crespit, instituteur
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demeures en la maison de notre Père céleste, et que la paix de chaque âme consiste à connaître
celle que la Providence lui a destinée1436
Bientôt, le Monastère marcha avec le même ordre que celui d'Annecy. Sainte Jeanne-
Françoise de Chantal y demeura neuf mois, et laissa pour Supérieure à son départ, la Mère Marie-
Jacqueline Favre. [427]
Lettres patantes du Roy sur l'establissement des Dames Religieuses du
Monastaire Saincte Marie de ceste ville de Lyon1437
LOUYS, par la grace de Dieu, Roy de France et de Navarre, a touts presens et advenir,
salut.
Noz bien amées JANNE CHAPUYS, YSABEAU DANIEL, CLAUDINE CALLON et
ANNE MARIE BELLET NOUS ont faict dire et remonstrer que pour le desir qu'elles ont du
despuis long temps de vivre soubz quelque saincte Reigle, en servant et se vouant a Dieu, elles
auroient choysi et esleu celle de la Congregation des filles dediées à Dieu soubz l'invocation de
NOSTRE DAME DE LA VISITATION; en laquelle ayant resolu de passer le reste de leurs jours,
elles se seroient addressées à nostre amé et feal l'Archevesque de Lyon, lequel approuvant leur
bonne et devotte intention, leur aurait, sur la requeste qu'elles luy auroient presentée, promis, pour
ce qui regarde sa dignité archepiscopalle, soubz nostre bon plaisir, de faire construire et eriger en
nostre ville de Lyon, un Convent, dans lequel elles puissent vivre soubz les Constitutions qui leur
seraient par luy ordonnées, conformement à ladicte Congregation, et a la charge d'y demeurer en
perpetuelle closture, et ne demander, ny faire demander aucunnes aumosnes pour elles, ains de
renter et dotter ledict Convent à proportion des Religieuses qui y seront receues, dont on luy feroit
apparoir avant que aucune s'y renfermast, et à condition qu'elles seraient entierement, elles et leur
Maison, soubz son regime et jurisdition, et de ses successeurs Archesvesques. Et dautant que ceste
bonne intention des exposantes ne peust sortir son effect sans nostre permission et l'impetration de
noz Lettres pour ce necessaires, elles Nous auroient tres humblement faict supplier icelles leur
octroyer, aux charges cy devant mantionnées. A quoy inclinans pour l'utillité que le publicq pourra
recepvoir pour l'exemple de leur pieté et bonne et saincte vye:
Sçavoir faisons que Nous, désirans subvenir ausdictes exposantes en cet endroict, et Nous
rendre participans de leurs devotes prieres et oraisons pour la prosperité de cest Estat, de l'avis de
la Royne Regente, nostre tres honnoré (sic) Dame et Mere, et de nostre propre mouvement, grace
speciale, plaine puissance et autorité royalle: Avons permis et accordé, et comettons et accordons
par ces presentes, signées de nostre main, ausdictes exposantes, de faire construire, bastir et
ediffier, en nostre dicte ville de Lyon, un Convent de la Congregation des Sœurs dediées a Dieu
soubz l'invocation de NOSTRE DAME DE LA VISITATION, au lieu et place qu'elles choisiront
ou auront choysi [428] pour cet effect, à elles appartenant, moings incommode au publicq, et par
l'advis du Gouverneur et des Prevost et Eschevins d'icelle ville, pour s'y r'enfermer et vivre le reste
de leurs jours aux conditions qui leur ont estes prescriptes par ledict Archevesque de Lyon et soubz
son auctorité et jurisdition; sans qu'elles puissent estre en ce que dessus, troublées ou empeschées
par quelque sorte de personnes ou en quelque maniere que ce soit. Et à ceste fin, les avons prinses
et prenons en nostre protection et sauvegarde speciale.
Si donnons en mandement à noz amez et feaulx, les gens tenans nostre court de Parlement
à Paris, Seneschal de Lyon ou son Lieutenant, et à tous nos autres Justiciers quil appartiendra, que
du Tiers-Ordre de Saint-François à Lyon, dirigea la Communauté naissante et lui donna pour Supérieure Sœur
Madeleine de la Croix, née de Beaulieu, qui était Religieuse à Salins, appelée dès lors Sœur Madeleine de Saint-
François. Le 6 janvier 1617, Jeanne Chapuis reçut le voile et le nom de Sœur Jeanne de Sainte-Elisabeth, et sa fille
celui de Sœur Françoise de Saint-Raphaël. (D'après les Annales des Monastères de Sainte-Elisabeth.)
1436 Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.
1437 Voir ci-dessus, pp. 422, 424, 425.
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30.2 Page 292

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du contenu en ces presentes, ilz ayent à faire jouir lesdictes exposantes plainement, paisiblement
et perpetuellement, sans permettre ny souffrir quil leur soyt sur ce faict, mis ou donné aucun
trouble ou empeschement au contraire; car tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et
stable à tousjours, Nous avons faict mettre nostre séel à ces dictes presentes, sauf en autres choses
nostre droict et l'auctruy en touttes.
Donné a Paris, au moys de septembre, l'an de grace mil six cens quatorze, et de nostre
regne, le cinquiesme.
Signé par le Roy: LOUYS.
Et sur le reply: Par le Roy, la Royne regente, sa Mere, presente.
PHELIPEAUX.
Et séellè du grand et petit seel à queue pendante, à lactz de soye.
Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives du 1er Monastère de Lyon,
transféré à Venise. [429]
292/335

30.3 Page 293

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Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans
une acception inusitée aujourd'hui1438
(L'astérisque désigne les mots qui ont paru dans le Glossaire des tomes précédents.)
*A pour dans (p. 300, lig. 21), de (pp. 67, lig. 5; 301, lig. 1), en (pp. 80, lig. 5; 141, lig. 11; 260,
lig. 24; 379, lig. 13), par (p. 195, lig. 7), pour (p. 243, lig. 4), sur (p. 123, lig. 5).
*AAGE pour temps (pp. 39, 215).
*ABSENTER pour s'absenter (p. 202).
*ACCOISEMENT apaisement, repos (p. 331).
*ACCOYSER apaiser, calmer (p. 340). Cf. le lat. ACQUIESCERE.
*A CE QUE afin que, pour que (pp. 334, 335).
*ACTION pour cérémonie (pp. 273, 379).
*ADVENTURE (à l') sans doute (p. 309).
*AFFECTION pour désir, volonté (pp. 101, 291).
*AFFECTIONNEMENT avec affection, vivement (pp. 157, 228, 236, etc.)
AFFICHEUX attaché à ses idées (p. 242).
AGGREEMENT acceptation cordiale (p. 310).
*AINS bien plus, mais, mais encore, mais plutôt, ou plutôt.
AINSY QUE au moment où, comme (p. 274).
*AIR pour manière (p. 119).
ALANGOURI languissant (p. 251).
* ALLENTISSEMENT action de modérer (p. 285).
AMANT pour amateur (p. 203).
*AMIABLE aimable, doux, gracieux (pp. 50, 121, 291, 305, etc.)
*AMIABLEMENT doucement, miséricordieusement (p. 56).
AMUSER A (s') pour songer à (p. 8).
APPARIER (s') se mettre au même rang, aller de pair (p. 353).
*APPOINTEMENT pour arbitrage dans les différends (p. 188). Cf. l'ital. APPUNTAMENTO.
APPOSTÉ préparé (p. 204).
*ARDRE du lat. ARDERE, brûler (p. 329). [431]
*ARRESTER pour demeurer, rester, s'arrêter (pp. 5, 144, 293, etc.)
*ATANT là-dessus (p. 72).
ATTREMPEMENT action de tempérer, d'adoucir (p. 285).
*AUQUEL pour dans lequel (pp. 39, 307).
*AUX pour dans les (p. 122).
*AVANTAGE (a l') d'avance, par avance (p. 248).
AVANT QUE pour avant de (pp. 48, 59).
*BAILLER donner (p. 367).
BALIER balayer (p. 314).
BELLEMENT (tout) tout doucement (p. 369).
*BIENFACTEUR du lat. BENEFACTOR, bienfaiteur (p. 345).
*BIGEARRE bizarre (p. 80).
1438 Nous n'avons pas songé à dresser ici, pour ce volume, en toute rigueur scientifique, le Lexique de saint François
de Sales. Un tel travail, à peine est-il besoin de le dire, ne pourra être établi qu'après l'achèvement de cette publication.
Notre but a été surtout de rendre provisoirement service aux lecteurs français ou étrangers qui seraient peu familiarisés
avec les particularités du vieux langage. On voudra bien, en se servant de ce recueil, se souvenir de la pensée d'ordre
tout pratique qui l'a inspiré.
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30.4 Page 294

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*BRAVE pour remarquable (p. 265), bien portant (p. 273), bien doué (p. 278), joli, beau (p.
303, lig. 9), courageux (p. 303, lig. 17), bon (p. 314), généreux, vaillant (p. 360).
BRAVE D'HABILLEMENTS bien ajusté, pourvu d'un trousseau convenable (p. 204).
BRILLANT pour curieux de ce qui brille, léger, superficiel (p. 354).
*CARESSE pour accueil bienveillant (p. 249).
*CARESSER pour bien accueillir, faire bon accueil (pp. 2, 6).
*CARMELINE Carmélite (pp. 152, 246, 247).
*CARROUX, CAROUZ (faire des) trinquer, boire des coups à la santé de quelqu'un (p. 278).
De l'allemand GARAUS. Voir le Dictionre de Hatzfeld et Darmesteter, au mot carrousse.
*CE pour ceci, cela.
*CEANS ici, en ce lieu (pp. 22, 42, 366, 381).
*CE PENDANT, CEPENDANT pour en attendant, pendant ce temps, pendant (pp. 20, 101,
282, etc.)
*CE QUE pour si (p. 131).
CE QU'ELLE PRETEND pour la prétention quelle a (p. 204).
*CHAMS (aux) pour à la campagne (p. 80).
*CHEF (a) à bout (p. 198).
*CLAUSURE du lat. CLAUSURA, clôture (p. 152).
*COGITATION du lat. COGITATIO, pensée (pp. 359, 360).
*COMME pour comment, combien, que (pp. 21, 80, 266, etc).
COMMUNICATION pour commerce, fréquentation (p. 207).
*COMPAROISTRE pour paraître (p. 277).
*CONFERER pour comparer, examiner (p. 116).
*CONGREGEES du lat. CONGREGATAE, réunies, assemblées (p. 245).
*CONTE, CONTER pour compte, compter.
*CONTEMPLATION (en la) en considération (p. 343).
*CONTREROLLEUR contrôleur (p. 238).
*CONTRIBUER pour donner, apporter sa part (pp. 79, 310), ajouter (p. 279).
CONTRIBUTION pour union (p. 369).
*COPIE pour exemplaire (p. 266).
*COURAGE pour fierté, noblesse de cœur (p. 254).
*CREANCE pour assurance (p. 251).
*CUIDËR, CUYDER (se) du lat. COGITARE, croire, penser (pp. 22, 178).
*DAMOYSELLE (voir MADAMOYSELLE) appellation usitée jadis a l'égard de toute femme
mariée qui n'était pas noble, ou qui, étant noble, n'était pas titrée (p. 167).
*DE pour à (p. 71, lig. 20), du (p. 188, lig. 20), pour (p. 359, lig. 13).
DEBITE débit, vente (p. 9).
*DEÇA (de) ci, ici, de ce côté-ci, de ce pays, d'ici (pp. 66, 95, 257, etc.)
DEÇA LES de ce côté-ci des (p. 317).
*DEDANS pour dans (pp. 57, 79, 111, etc). [432]
DEJETTÉ du lat. DEJECTUS, chassé, dépossédé (p. 86).
*DELA là-bas (p. 37).
*DELA (de) là-bas, de l'autre côté, de là-bas, du lieu où vous êtes (pp. 234, 270, 297, 363, etc.)
*DELA LES au-delà des (pp. 254, 271).
DENTAILLE dentelle (p. 303).
DEPITER pour se dépiter (p. 242).
*DES pour de (p. 144, lig. 20).
DESDISANT (nous) pour nous faisant dédire (p. 131).
DES LE pour du (p. 173).
*DESPECHÉ pour rendu libre, débarrassé de ce qui retarde (p. 2).
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30.5 Page 295

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*DESPENDRE du bas-latin DISPENDERE, dépenser (p. 173).
*DESPLAYSANT pour fâché (p.28).
DES PLUSIEURS JOURS EN ÇA depuis plusieurs jours (p. 361).
*DES QUELQUE TEMS EN ÇA depuis quelque temps (p. 43). Cf. l'ital. DA QUALCHE
TEMPO IN QUA.
*DESSEIGNER projeter (pp. 92, 185).
*DESSUS pour sur (p. 65).
*DEULOIR, DOULOIR (se) se plaindre (pp. 116, 196). Du lat. DOLERE.
*DEVANT pour avant.
DEVOTIONS pour objets de dévotion (p. 42).
*DISCOLE débauché, incorrigible (p. 128). Du grec DUSCOLOS.
*DONT pour c'est pourquoi (pp. 116, 193), d'où, par lesquels (p. 133), sur quoi (p. 220), de là,
ainsi (p. 227).
*D'ORES-EN-AVANT, DORES-EN-AVANT dorénavant (pp. 68, 319, 353).
*DOTE dot (p. 62).
*DOUTER du lat. DEBITARE, craindre (p. 207).
*DU DESPUIS depuis lors, depuis ce temps-là (pp. 92, 183).
*DU TOUT absolument, complètement, entièrement, tout-à-fait.
*EMMI au milieu de, parmi, dans (pp. 13, 64, 133, etc.)
*EN pour à (p. 365, lig. 13).
*EN ESTRE en état (p. 381).
*ENFANÇON tout petit enfant (p. 120).
* EN LIEU pour au lieu (p. 57).
ENQUERANT (l') lui demandant (p. 155).
ENQUERIR pour rechercher, se demander (p. 97).
EN QUOY pour (p. 254).
*ENSEMBLEMENT ensemble, les uns et les autres (pp. 17, 132, 186).
*ENTRE CI entre le moment présent, le jour présent (p. 203).
*ENTRETENEMENT entretien, frais d'entretien (pp. 265, 309).
*ENVERS pour auprès de (pp. 43, 253).
*ENVOYER pour mander, écrire (p. 32).
ESCLAIRER A pour donner lumière, intelligence à (p. 304).
*ESCLARCIRéclaircir (p. 258).
ESGAREMENT sens d'égarer, de perdre un objet (p. 308).
*ESLARGIR accorder libéralement (p. 79).
ESSAYER (s') pour essayer (pp. 117, 287).
ESTENDRE pour agrandir (p. 291).
*ESTONNÉ pour impressionné (p. 300), saisi, inquiété (p. 362).
*ESTONNEMENT pour émotion (p. 302).
*ET SI pour et vraiment, et en vérité, et déjà, et aussi (pp. 38, 46, 248, 381).
*EVENEMENT pour issue, résultat (p. 113).
*EXACTE pour exact, minutieux (p. 56).
EXERCICE pour épreuve (p. 291).
EXQUISEMENT d'une manière exquise, excellente (p. 194). Cf. l'ital. SQUISITAMENTE.
*EXTERMINEMENT extermination, destruction (p. 256).
*FAIRE pour avoir (p. 261, lig. 18), effectuer (p. 316).
FAIRE BON garantir formellement (p. 220). [433]
FAITES VOS COMMODITÉS prenez les arrangements, les dispositions (p. 331).
*FASCHERIE pour ennui, contrariété (p. 130).
FAUX ENTENDRE calomnies, faux rapports (p. 99).
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30.6 Page 296

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*FICHÉ attaché, fixé (p. 213).
*FORT (de) plus fort (p. 243).
*FORTUNE (par) par hasard (p. 40).
FRIAND pour avide de ce qui flatte (p. 354).
FRIVOLERIE chose frivole, de peu d'importance (p. 35).
GAIGNER pour gagner le temps (p. 61.)
*GARDER, GARDER (se) pour se garder, prendre garde (p. 292), se dispenser (p. 260).
GENIE pour inclination, penchant (p. 89).
*GENTIL pour agréable (p. 44), aimable, courtois (p. 278).
*GRACIEUX pour salutaire, efficace (p. 213).
GRAND CAS DE (c'est un) c'est une chose surprenante que (p. 292).
GRAVEMENT le fait de graver (p. 100).
HABITZ pour ornements sacerdotaux (p. 381).
HAUTAINETÉ fierté (p. 97).
HAYNEUX qui hait (p. 100).
*IL N'EST pour ce n'est (p. 312, lig. 8).
*IMBECILLITE du lat. IMBECILLITAS, faiblesse, incapacité, impuissance (pp. 52, 210).
*IMPORTANCE (l') pour l'important (pp. 184, 249).
*IMPOURVEU, IMPOURVEU (a l') imprévu, à l'improviste (pp. 79, 184, 365).
*INCOMMODITÉ pour gêne pécuniaire (p. 324).
*INDIGENCE du lat. INDIGENTIA, nécessité, besoin (p. 71).
*IRE du lat. IRA, colère (p. 204).
*JOLIMENTd'une manière agréable (p. 43).
*LA OU pour tandis que (p. 191).
LAVEMENT purification (p. 207).
*LAY pour laïque (p. 82).
LICENTIANT (me) me donnant licence, permission (p. 377).
*MADAMOYSELLE (voir DAMOYSELLE) (p. 33)
*MANQUEMENT pour manque (p. 30).
*MARRI fâché, peiné.
*MEDIOCRITÉ pour juste tempérament (p. 244).
MERVEILLE (de) extraordinairement, merveilleusement (p. 134).
MERVEILLES (par) par extraordinaire, chose incroyable (p. 223).
*MESHUI, MESHUY désormais, dorénavant (pp. 79, 128, 224).
*MESME pour d'autant plus (p. 60).
*MESMEMENT surtout (p. 115), encore, de plus (p. 167), même (p. 205), aussi (p. 278).
*MISERABLE pour chétif, plein de misères (p. 357).
MOUVANT agissant, excitant (p. 285).
*MOYENNER procurer quelque chose en servant d'intermédiaire (p. 221).
MURMURATION, MURMUREMENT murmure, plainte (pp. 218, 62).
*NE pour ni (p. 59, lig. 18).
NI pour et (p. 320, lig. 11).
NOURRI (bien) pour bien affermi (p. 254).
OFFICE (faire V) pour rendre le service, faire le nécessaire (p. 336).
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*ONQUES du lat. UNQUAM, jamais (p. 370).
*OPPOSER pour faire opposition, résister (p. 100). [434]
*ORATEUR titre que prenaient autrefois les gens d'Eglise écrivant a des souverains (pp. 24,
84, 183, etc.)
ORDE mauvaise, sale (p. 118).
ORDONNE (luy a) pour a ordonné pour elle (p. 176).
*OR SUS or donc, donc, à propos, mais, à ce propos (pp. 38, 68, 76, 80, 96, etc.); parole
d'encouragement. Cf. l'ital. ORSÙ.
PARACLIT Paraclet (p. 187).
*PAR APRES ensuite, dans la suite, plus tard (pp. 70, 128, 174, etc.)
*PAR DEÇA ici, de ce côté-ci (pp. 37, 48).
*PAR DELA la où vous êtes (p.96).
PARDONNER DE pour pardonner (p. 287).
*PARENTAGE parenté (p. 75).
PARFUMIER lieu où l'on renferme les parfums (p. 286).
PARTIR pour départ (p. 238).
PASQUES (faire ses) pour communier (p. 48).
PASSAMMENTen passant (p. 131).
*PASSIONNÉ pour ému (p. 321).
*PASSIONS pour souffrances (p. 300).
*PETIT (un) pour un peu (p. 242).
*PITOYABLE pour secourable, compatissant (p. 59).
*PLAYSE VOUS pour qu'il vous plaise (p. 178).
PORTER pour exciter, pousser (p. 167).
*PORTION pour partie (p. 131).
*POUR pour par (p. 194), de (p. 348).
*POURCHAS poursuite ardente (p. 119).
PRÆTENDRE pour être demandeur (p. 167).
*PREMIER pour premier courrier, première occasion (p. 149).
PRIVATIVEMENT exclusivement (p. 307).
PROBABLE pour raisonnable (p. 204).
*PROCEDURE pour procédé (p. 9).
PRODUCTION pour action de tirer dehors (p. 289).
PROPOSITION pour resolution (p. 131).
*PROSPERER pour faire prospérer, rendre heureux, prospère, profitable (pp. 146, 177, 294).
*PROU beaucoup, assez (pp. 50, 94, 208).
*PROUVOIR pourvoir (pp. 86, 203).
PYRAUSTE sorte de papillon (p. 213).
QUAND ET EUX avec eux (p. 253).
*QUANT ET QUANT, QUANT ET QUAND en même temps (pp. 56, 369).
*QUE pour ce que (pp. 239, lig. 2; 307, lig. 24; 323, lig. 4, etc.), lesquelles, qui (pp. 24, lig. 6;
11, lig. 11).
*QUE C'EST QUE ce qu'il en est (p. 115).
*QUELQUEFOIS pour jadis (p. 70).
*QUI pour ce qui.
*RAMENTEVOIR faire ressouvenir de, rappeler (pp. 11, 71, 74, 377, etc.)
REASSEURER pour raffermir (p. 275)
*RECHARGE pour nouvelle poursuite (p. 98).
RECHERCHE pour demande instante (p. 293).
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30.8 Page 298

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*RECOMPENSE pour compensation, dédommagement (p. 227).
*REFORMATION du lat. REFORMATIO, réforme (pp. 114, 116).
*REFRIGERE du lat. REFRIGERIUM, rafraîchissement (p. 207).
*REGARD (pour ce, pour le) pour à ce propos, à ce sujet (pp, 21, 226), au sujet (pp. 266, 381),
en ce qui concerne (pp. 18, 247, etc.)
REGARD (pour leur) à leur égard, en leur faveur (p. 30).
REHAUSSEMENT pour élévation (p. 131).
*RELIGION pour Ordre religieux, état religieux (pp. 152, 208, 345, etc.) [435]
*REMIS pour installé (p. 228).
*RENCONTRER pour tomber par hasard (p. 178).
RENDRE pour se rendre (p. 168).
*RESALUER pour saluer (pp. 208, 215, 237, 348).
*RESPECT du lat. RESPECTUS, considération (p. 285), matière à considération (p. 114).
RESSENTANT qui sent vivement, susceptible (p. 242).
*RESSENTIR (faire) pour faire reconnaître (p. 166).
REVONT (s'en) s'en retournent (p. 6).
*SAILLIE pour pensée telle quelle vient sans préméditation (p. 215).
SAYSON pour époque, temps (p. 204).
*SI pour cependant, pourtant, toutefois (pp. 117, 150,271, etc.)
*SI BIEN bien, que, quoique (pp. 98, 226).
*SI EST-CE QUE cependant, il n'en est pas moins vrai que, néanmoins, toutefois (pp. 36, 77,
89, 242, etc.)
SI FAITES faites ainsi (p. 195).
*SI QUE de sorte que (pp. 236, 239, 330).
SOUDAIN pour promptement (p. 365).
*SOUËFVEMENT suavement (p. 360).
SOUPÇONNÉ pour suspect (p. 229).
*SUFFISANCE du lat. SUFFICENTIA, capacité, mérite (p. 354).
*SUIVRE pour continuer (p. 6).
*SUPERSCRIPTION adresse (p. 137). Du lat. SUPERSCRIPTIO.
*SUPPORT pour appui, soutien (p. 79).
SURABONDER pour faire surabonder (p. 299).
SUR LE pour au (pp. 128, 141).
SURPRENANT qui prend par surprise (p. 242).
SURVEILLER pour veiller avec attention (p. 127).
*TANDIS en attendant, pendant ce temps (pp. 31, 63, 183, etc.)
*TANT PLUS d'autant plus (p. 100).
TEMS pour le temps présent, notre temps (p. 100).
*TENDRE pour sensible, susceptible (p. 242).
TENDREMENT pour imperceptiblement, le moins possible (p. 198).
*TENDRETE consolation, sensibilité (pp. 36, 121, 302). Du lat. TENERITAS.
*TRAVAUX pour douleurs, souffrances (pp. 96, 175, 215, etc.)
*TROP MIEUX beaucoup mieux (p. 277).
UNGUENT du lat. UNGUENTUM, parfum (p. 286).
*VANTANCE flatterie (p. 46).
VEILLEE pour veille (p. 152).
*VENANTE qui vient, prochaine (p. 112).
*VERS pour auprès de (pp. 54, 74), pour (p. 288).
298/335

30.9 Page 299

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VERTU du lat. VIRTUS, puissance (p. 329).
VESPRE du lat. VESPER, soir (p. 59).
VEUE pour entrevue (p. 122).
VIGOUREUX pour fier, plein de soi-même (p. 355).
VILAGE (au) pour à la campagne (p. 303).
VITALE ETERNITÉ éternelle vitalité (p. 56).
*VOIREMENT, VOYREMENT à la vérité, même (pp. 76, 254, 307). [436]
299/335

30.10 Page 300

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Index des correspondants et des principales notes
biographiques et historiques de ce volume1439
ADMINISTRATEURS du Collège Chappuisien*. Voir
COLLEGE CHAPPUISIEN………………………………...
Affringues Bruno* (d'), Général des Chartreux…………….
Alguebelette Françoise-Melchionne du Four (dame de
Chabod-Lescheraine et d')………………………………….
ALINCOURT Charles de Neufville (marquis d')…………..
ALINCOURT Jacqueline de Harlay de Sancy (marquise d')
ALLEMOGNE (Alemoigne) Pierre de Livron (seigneur d').
Voir LIVRON, MATTIGNIN………………………………
AMANZE Jean (baron d')…………………………………...
AMBASSADEURS. Voir CHABOD DE JACOB,
VALDENGO………………………………………………..
ANGOULEME Diane de France (duchesse d')…………….
Anlezy Paul Damas (baron d')……………………………...
ANNECY. Voir BARNABITES, CHAPITRE DE SAINT-
PIERRE DE GENEVE, COLLEGE CHAPPUISIEN,
CONSEIL, DOMINICAINS, NEMOURS, SAINT-
SEPULCRE, SYNDICS, VISITATION ANNECY
(Exemption d'impôts extraordinaires pour)…………………
ANNECY (hôpital d'). Voir NOTRE-DAME DE LIESSE
AUXERRE Renée Trunel, dame d' (Marie-Renée, Religieuse
de la Visitation). Voir VISITATION D'ANNECY et DE
LYON……………………………………………………….
AVISE Gasparde d' (Marie-Gasparde, Religieuse de la
Visitation)…………………………………………………..
AVISE Marie d'…………………………………………….
AVISE Nicolas (baron d')…………………………………..
AVRILLON Jean, curé de Cervens………………………...
BAILLY Françoise-Gabriellè, Religieuse de la Visitation
Bailly Placide, Bénédictin…………………………………..
Ballon Gasparde (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-
Catherine…………………………………………………….
BALME Marguerite de la (Marie-Marguerite, Religieuse de
la Visitation) ………………………………………………..
BANDINI Octave, Cardinal………………………………...
Barberini Maffeo, Cardinal…………………………………
BARFELLY Maurice, procureur fiscal……………………..
BARNABITES. Voir FREGOSO, MARLIANO,
MAZENTA…………………………………………………
Pages 190, 228, 411, 415, 416
» 200, 200, 398
» 36
» 258
» 247
» 87
» 48
» 89, 269
» 166
» 225, 225
» 269, 324 [437]
105
» 240
» 40
» 40
» 40
» 323
» 280
» 280, 280
» 290, 290
» 343
» 238
» 376, 376
» 257
» 145, 146
1439 Les pages des Lettres sont indiquées par des chiffres ordinaires; les caractères et les chiffres gras désignent les
noms des correspondants et leurs notes biographiques. Quant aux autres notes, leurs titres sont donnés en caractères
ordinaires.
Les noms suivis d'un astérisque * indiquent les auteurs ou les destinataires des pièces qui figurent à
l'Appendice.
Dans cet Index on a donné aux personnages la désignation que leur attribue le texte des Lettres. (Cf. tome
XII, note (1239), p. 491.)
300/335

31 Pages 301-310

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31.1 Page 301

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BARNABITES au Collège d'Annecy. Voir COLLEGE
CHAPPUISIEN…………………………………………….. » 189, 190, 228, 354
BARNABITES D'ANNECY (Affaire des jardins). Voir
DOMINICAINS et VISITATION D'ANNECY…………… » 227, 228
BARNABITES (Général des). Voir MAZENTA………….. » 190
BARRAUT Jean Jaubert (de), Evêque de Bazas…………... » 135
BARRAUX Michel Fenouillet (seigneur de)………………. » 339
BARRAUX Suzanne de Gruffy (dame Fenouillet de)……... » 339
BEAUMONT Jacques de Menthon (baron de). Voir
MENTHON-BEAUMONT………………………………… » 14
BELLEGARDE Antoine (de). Voir DISONCHE Bellegarde
Roger de Saint-Lary (duc de)………………………………. » 48, 55, 58, 193, 212, 223
BELLET Marie, dame Chaudon (Anne-Marie, Novice de la
Visitation). Voir CHAUDON, VISITATION D'ANNECY et
DE LYON………………………………………………….. » 25
BELLEY (lieutenant de). Voir LE ROUX…………………. » 334
BELLOT (Mlle)……………………………………………... » 22, 155, 319
BENOIT Claude, curé de Massongy……………………….. » 159 [438]
BERNARD (Saint). Guérisons miraculeuses obtenues à
Fontaines. Voir FOLIN……………………………………..
219, 356
BERTHELOT Pierre……………………………………….. » 26, 199
Bérulle Pierre, Cardinal de…………………………………. » 43
BINET Etienne*, Jésuite…………………………………… » 399
Blonay Claude de…………………………………………... » 40, 124, 156, 165, 289
Blonay Claudine (de), Abbesse de Sainte-Claire d'Evian….. » 206, 206
BLONAY Jacques de………………………………………. » 40
BLONAY Jean de…………………………………………... » 157
BLONAY Jean-François (de), Prieur de Saint-Paul……….. » 91, 157
BLONAY Marie-Aimée (de), Religieuse de la Visitation.
Voir VISITATION DE LYON…………………………….. » 73, 289
BOISY Gallois de Sales (seigneur de). Voir SALES………. » 195bis, 196bis
BONFILS Horace…………………………………………... » 199
BONIVARD Jacques-Philibert* (de), Jésuite……………… » 386
BORGHESE Scipion Caffarelli*, Cardinal………………… » 147, 392, 397
Bourgeois Rose, Abbesse du Puits-d'Orbe………………….. » 45
BOURSIER Pierre………………………………………….. » 54
BRACELET DE DEVOTION……………………………… » 186
BREAUTE Charlotte de Harlay de Sancy, dame de (Marie de
Jésus, Carmélite)………………………………………… » 246
Bréchard Jeanne-Charlotte (de), Religieuse de la Visitation.. » 76, 366
BRESLAY René (de), Evêque de Troyes…………………… » 378
BREUIL Gabrielle de Fedict, veuve des Gouffiers (dame du).
Voir GOUFFIERS…………………………………….......... » 154
Brûlant Marie Bourgeois (dame)…………………………… » 62
BRULART Nicolas, seigneur de Puisieux, Chancelier de
France………………………………………………………. » 353
BURIN Claude et Jean……………………………………… » 316
BUTTET Jean-François, Président du Conseil de Genevois.. » 90
Camus Jean-Pierre*, Evêque de Belley…………………….. » 51, 51, 54, 215, 389
CAPUCINS. Voir GEX, MARAGNAN CAPUCINS de la
Mission de Thonon (Province des)…………………………. » 264
CAPUCINS de Lyon……………………………………….. » 344
301/335

31.2 Page 302

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CAPUCINS de Moûtiers (couvent des)……………………. » 269
CAPUCINS de Moûtiers* (Saint François de Sales consacre
l'église des). Voir GERMONIO……………………………. » 269, 417 [439]
CARMEL de Lyon………………………………………….
247
CARMES de Gex (Réclamation des immeubles des). Voir
MESNAGE………………………………………………… » 220
CASTILLON (Castiglione delle Stiviere) Congrégation de.. » 246
Ceppède Jean de la…………………………………………. » 286, 286
CERVENS (curé de). Voir AVRILLON………………….... » 323
CESSY (Sessi) curé de. Voir PONCET…………………….. » 219
Chabod Guillaume-François (de). Voir JACOB………..….. » 214,214
Chanoines de la Collégiale de Samoëns. Voir SAMOENS» 174
CHANTAL Celse-Bénigne de Rabutin…………………….. » 38
CHANTAL Françoise de Rabutin. Voir RABUTIN……….. » 303
CHANTAL Guy de Rabutin (baron de)……………………. » 388
Chantal Jeanne-Françoise Frémyot* (Sainte), Mère de. Voir 1, 5, 12, 13, 14, 19, 25, 29,
VISITATION DE LYON…………………………………... » 35, 37, 45, 49, 58, 58, 61, 72,
83, 112, 120, 122, 123, 125,
128, 140, 140, 143, 143, 168,
172, 177, 188, 195bis, 205,
231, 232, 248, 250, 262, 271,
272, 279, 282, 282, 283, 284,
288, 295-299, 302, 311, 313,
327, 329, 336, 342, 347, 358,
359, 361, 363, 365, 402
CHAPITRE DE SAINT-PIERRE DE GENEVE…………… » 85
CHARANSONAY (filles d'Hélène Acton)…………………. » 167
CHARANSONAY Hélène Acton (dame de)……………….. » 167
CHARANSONAY Louise de………………………………. » 166
CHARDON Anne-Françoise, Religieuse de la Visitation….. » 337
Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie*. Voir 85, 87, 145, 182, 189, 274,
MONTFERRAT……………………………………………. » 375, 391, 395, 401 409, 410,
411
CHARMOISY Claude Vidomne de Chaumont (seigneur de).
Voir NEMOURS…………………………………………… » 10, 84
CHARMOISY Louise du Chastel (dame de)………………. » 37, 94
CHARPENNE Bernardin (de), Prieur de Saint-Dominique
d'Annecy. Voir ADMINISTRATEURS……………………. » 239
CHARTREUX à Ripaille (Introduction des). Voir
RIPAILLE…………………………………………………... » 183
CHARVET ou CHARVEY Charles………………………... » 293
Chastel Péronne-Marie (de), Religieuse de la Visitation. Voir
VISITATION DE LYON…………………………………… » 241 [440]
CHATEAUFORT Anne de Clermont (dame de Grôlée et de) 345
CHATELARD Jacqueline de Chauvirey (dame de Seyssel,
baronne du)…………………………………………………. » 346
Châtillon Jean de……………………………………………. » 323
CHAUDON Marie Bellet (dame). Voir BELLET,
VISITATION D'ANNECY et DE LYON………………….. » 25
CHEYNEL Claude…………………………………………. » 220
CHRYSOSTOME (Don), Barnabite. Voir MARLIANO….. » 231
CLARISSES d'Annecy……………………………………... » 72
302/335

31.3 Page 303

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CLARISSES d'Evian (Abbesses des). Voir BLONAY,
MAILLARD……………………………………………….. » 204
CLERMONT en Genevois…………………………………. » 294
COLIN Claude (Anne-Claude, Religieuse de la Visitation).
Voir VISITATION DE LYON……………………………... » 305, 423
COLIN Isabeau Daniel, dame (Jacqueline-Elisabeth,
Religieuse de la Visitation). Voir VISITATION D'ANNECY
et DE LYON………………………………………………... » 241
COLLEGE CHAPPUISIEN. Voir ADMINISTRATEURS,
BARNABITES……………………………………………… » 146, 228, 234
COLLEGE DE SAVOIE A LOUVAIN. Voir PROVISEURS » 234
COLLOMB Claude, curé de Cusy en 1614 (?)…………….. » 202
CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS…… » 148
CONSEIL DE VILLE D'ANNECY (membres du)………… » 141
CONSEIL DU GENEVOIS (membres du)………………… » 228
CONTAGION en Chablais et en Faucigny………………… » 30
CORBONEX François de Chavanes (seigneur de)………… » 258
CORDELIERS. Voir COYSIA, FREPIER, GALOIS,
GIUSTINIANI Ange……………………………………….. » 208, 264, 265
CORDELIERS de Savoie (couvents des)…………………... » 264
CORMAND Claude de Menthon-Montrottier (seigneur de),
Prieur du Saint-Sépulcre d'Annecy. Voir MENTHON-
MONTROTTIER…………………………………………… » 86
Cornillon Gasparde de Sales (dame de). Voir MEYRENS» 92, 335
CORNUT François, doyen de la Collégiale de Samoëns…… » 174
CORSELIUS ou COURSELLE Gérard (de), Proviseur du
Collège de Savoie à Louvain. Voir PROVISEURS………… » 233
COSTA Pierre-François*, Evêque de Savone, Nonce à Turin » 385 [441]
COSTES Claude de Menthon-Lornay (seigneur des). Voir
LORNAY…………………………………………………… 201
COTON Pierre, Jésuite……………………………………… » 221
Cousine (une)……………………………………………….. » 126
COYSIA Claude (de), Cordelier, confesseur des Clarisses
d'Evian……………………………………………………… » 208
Croix Claude-Françoise de Maillard-Tournon (dame de
Murat de la)…………………………………………………. » 78, 78
CROIX Salomon de Murat de la……………………………. » 79
CROIX DE FÉSIGNY Jeanne-Marie de Vincent (de la),
Religieuse de la Visitation………………………………….. » 271, 272
CUSY (curé de). Voir COLLOMB………………………… » 202
Cusy Jean-Bérold de Pingon (baron de)……………………. » 202
DALMAZ Louise de……………………………………….. » 184
Destinataires inconnus. Voir ECCLESIASTIQUE et
SECRETAIRE du Duc de Savoie…………………………... » 34, 81, 171
Destinataires Inconnues. Voir COUSINE………………….. » 119, 349
DINET Gaspard, Evêque de Mâcon………………………... » 150
DISONCHE Antoine de Bellegarde (seigneur de). Voir
MIRIBEL et VISITATION D'ANNECY…………………... » 7, 14, 83
DIZIMIEU César de………………………………………… » 74
DIZIMIEU (MM. de) ………………………………………. » 74
DOMINICAINS d'Annecy (Affaire des jardins). Voir
BARNABITES et VISITATION D'ANNECY…………….. » 227, 228
303/335

31.4 Page 304

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DUCREST Gabriel…………………………………………. » 364
DUCREST Jean-Baptiste…………………………………… » 363
DUCREST Philippe………………………………………… » 363
DUFRESNE (Defresne), secrétaire du Duc de Nemours…… » 100
Dunant Etienne, curé de Gex……………………………….. » 219
DYAN Emmanuel………………………………………….. » 22
DYAN Françoise Perrache (dame)…………………………. » 22
Ecclésiastique (un)………………………………………….. » 124
Escrilles ou des Criiles Marie de Mouxy, dame d' (Marie-
Madeleine, Religieuse de la Visitation)…………………….. » 133, 175
EST Alexandre, Cardinal d'………………………………… » 168
ETATS DE BOURGOGNE………………………………… » 224
ETATS DE BRETAGNE (Arrêt concernant la présidence
des)…………………………………………………………. » 69
ETATS DU BAILLIAGE DE GEX. Voir GEX……………. » 195, 196 [442]
ETATS GÉNÉRAUX………………………………………. 217, 263
EXERTIER Jean……………………………………………. » 203
FABRICIUS Guillaume, Proviseur du Collège de Savoie à
Louvain. Voir PROVISEURS……………………………… » 233
FAVERGE Georges de Saint-Jeoire (de la), Carme……….. » 263
FAVRE François…………………………………………… » 142
FAVRE Jean-François, avocat……………………………… » 373
Favre Marie-Jacqueline, Religieuse de la Visitation. Voir
VISITATION DE LYON…………………………………... » 75, 76, 117, 362, 373
Fenouillet Pierre, Evêque de Montpellier…………………... » 138, 263, 339
FEUILLANTS à Saint-Bernard de Fontaines (Installation
des). Voir SAINT-BERNARD……………………………… » 218
FEUILLANTS (Procès entre les Bénédictins de Talloires et
les). Voir TALLOIRES…………………………………….. » 113, 115, 148
FICHET Marie-Adrienne, Religieuse de la Visitation……... » 76
FILLY (abbaye de)…….…………………………………… » 182
Fléchère Madeleine de la Forest (dame de la)……………… » 27, 42, 67, 80, 91, 94, 101,
102, 119, 171, 179, 179, 184,
185, 191, 21 1, 222, 260, 270,
292, 294, 348
FOLIN Catherine…………………………………………… » 219
FONTAINES-MARANS Antoine du Bois (seigneur de)…... » 135
Foras Guillaume de Bernard (de)…………………………… » 226, 226, 228, 319, 320, 322
FOUG Jeanne Barbier du Maney (dame du)……………….. » 157
FRANÇOIS DE CHAMBERY, Capucin…………………… » 220, 264
FRANÇOIS DE PAULE (Saint). Dévotion de saint François
de Sales à……………………………………………………. » 170
FREGOSO Simplicien, Supérieur des Barnabites d' Annecy.
Voir BARNABITES, COLLEGE CHAPPUISIEN………… » 231
FREPIER ou FREPERIUS Michel, Cordelier. Voir
CORDELIERS……………………………………………… » 265
GAILLARD Philippe, Surveillant………………………….. » 72
GALOIS ou GALESIUS Claude, Cordelier. Voir
CORDELIERS……………………………………………... » 265
GENET Pierre………………………………………………. » 15
GERMONIO Anastase*, Archevêque de Tarentaise……….. » 269, 417
GEX (Bénéfice du pays de)………………………………… » 266 [443]
304/335

31.5 Page 305

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GEX (Le culte catholique dans le pays de). Voir CARMES,
ETATS DU BAILLIAGE…………………………………… 49, 220
GEX (missionnaires Capucins du pays de)…………………. » 70
GEX (Armoiries de la famille de). Voir SAMOENS………. » 99, 100
GEX Charles de…………………………………………….. » 99
GEX Claude (de). Voir VILLARD………………………… » 101
Gex Jacques (de). Voir VALLON………………………….. » 98, 100
Giez Claire-Marguerite de Challant (dame de)……………... » 16, 16
GILIBERTI Vincent, Théatin………………………………. » 181
Girod Louis, curé d'Arlod…………………………………… » 71, 71
GIUSTINIANI (Justinien) Ange, Evêque de Genève. Voir
CORDELIERS……………………………………………… » 265
GIUSTINIANI (Justiniano) Benoît, Jésuite………………... » 151
Gouffiers Elisabeth Arnault (des), Religieuse du Paraclet.
Voir VISITATION DE LYON……………………………... » 15, 187, 225, 235, 238, 244
GOUFFIERS Gabrielle de Fedict (veuve des). Voir BREUIL » 154
Grandmaison Hélène de Longecombe de Peyzieu (dame de). » 95
GRANGE Renaud de Crémeaux* (seigneur de la)…………. » 254, 412
GRANGIER Pierre, Jésuite. Voir VISITATION DE LYON. » 25
GROS Pierre, curé de Lullin………………………………... » 124
Guastalla (Guastales) Congrégation de la…………………… » 246
GUASTALLA Ludovica Torella (comtesse de)……………. » 246
Hayes Antoine des………………………………………….. » 7, 166, 306, 351
HAYES Louis des…………………………………………... » 340
HUMBERT Marie-Avoye, Religieuse de la Visitation…….. » 61, 62
HUMBERT Marie Espiart (dame)………………………….. » 62
HUMBERT Nicolas………………………………………… » 62
INDULGENCES pour la Visitation………………………… » 149
INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE (réimpression de
1615). Voir MORILLON…………………………………… » 198
Jacob Guillaume-François de Chabod (seigneur de). Voir
CHABOD…………………………………………………… » 214, 214
JAQUART (membres de la famille)………………………… » 165
JAUBERT Jean, Evêque de Bazas. Voir BARRAUT Jay
Pierre-François, curé de Bonneville………………………… » 229, 229, 230 [444]
Jean de Saint-Malachie, Feuillant. Voir OBRY…………….. 356, 356
JESUITES. Voir BINET, BONIVARD, COTON,
GIUSTINIANI, GRANGIER, MALLIANS, MONET,
RICHEOME………………………………………………… »
JONDEL Pierre (sire)…..…………………………………… » 7
JOST (frères de l'Evêque)…………………………………… » 273
Jost Hildebrand, Evêque de Sion…………………………… » 158, 158, 267
Lans Sigismond d'Est (marquis de)…………………………. » 47, 276
LANTE Marcel, Cardinal…………………………………… » 148
LARCHIVER François, Evêque de Rennes. Voir ETATS DE
BRETAGNE………………………………………………… » 69
LEMENC (prieuré de)………………………………………. » 115
LE ROUX Barthélemy……………………………………… » 334
LESTANG Marguerite de (Marguerite-Jacqueline,
Religieuse de la Visitation) ………………………………… » 343
LITANIES usitées à la Visitation. Voir VISITATION…….. » 169
305/335

31.6 Page 306

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LIVRON de Thoiry (membres de la famille de). Voir
ALLEMOGNE, MATTIGNIN……………………………... » 87
LORNAY Claude de Menthon. Voir COSTES…………….. » 201
LORNAY Jeanne de Menthon, Chartreusine………………. » 201
Louis XIII*…………………………………………………. » 176, 176, 192, 428
LOURDELOT Jean. Voir VISITATION DE LYON………. » 245
LULLIN (curé de). Voir GROS…………………………….. » 124
MAILLARD Béatrix (de), Prieure de Neuville…………….. » 279
MAILLARD Claudine (de), Clarisse……………………….. » 204
MAILLARD (de), sœurs du comte de Tournon…………….. » 204
MAILLARD-TOURNON Marguerite (de). Voir TOURNON » 204
MAISTRE Nicolas, Chartreux, vicaire de Mélan. Voir
MELAN…………………………………………………….. » 201
MALABAILA Philippe. Voir PHILIPPE DE SAINT-JEAN-
BAPTISTE………………………………………………….. » 240
MAI.ETTI (Maleto) Pierre-François, Chanoine régulier de
Latran……………………………………………………….. » 308
MALLIANS Charles, Jésuite……………………………….. » 333
Mantoue* (duchesse de). Voir MARGUERITE DE SAVOIE » 104, 104, 379, 402
MARAGNAN (Conquête de l'île de)……………………….. » 66, 368
Marguerite de Savoie*. Voir MANTOUE………………….. » 104, 104, 379, 402 [445]
MARLIANO Chrysostôme, Barnabite. Voir
CHRYSOSTOME…………………………………………... 231
Marpeaud Maurice………………………………………….. » 251, 251
MASSONGY (Massongier) curé de. Voir BENOIT……….. » 156
Mathias, empereur d'Allemagne*…………………………... » 3, 3, 393
MATHIAS DE DOLE*, Capucin…………………………... » 388
MATTIGNIN (Matignien) maison de. Voir ALLEMOGNE,
LIVRON…………………………………………………….. » 87
Maurice de Savoie*, Cardinal………………………………. » 308, 324, 396, 415
MAZENTA Jean-Ambroise, Général des Barnabites. Voir
BARNABITES……………………………………………… » 190
MELAN (Vicaire de). Voir MAISTRE……………………… » 201
MENDOZA Juan (de), Gouverneur de Milan………………. » 275
MENTHON-BEAUMONT Jacques (de). Voir BEAUMONT » 14
MENTHON-BEAUMONT Jeanne de Charansonay (dame
de) ………………………………………………………….. » 167
MENTHON-MONTROTTIER Claude (de), Prieur du Saint-
Sépulcre d'Annecy. Voir CORMAND……………………… » 86
Mercosur Marie de Luxembourg (duchesse de)……………. » 39
MESNAGE Jean. Voir CARMES de Gex………………….. » 220
Meyrens Gasparde de Sales (dame de Cornillon et de). Voir
CORNILLON……………………………………………….. » 92, 335
MILAN (Congrégations établies à). Voir GUASTALLA….. » 19
MILAN (Gouverneur de). Voir MENDOZA……………….. » 275
MILAN (Pèlerinage de saint François de Sales à)………….. » 1
Milletot Bénigne…………………………………………….. » 333
MIRIBEL Claudine Solliard, dame de Chevron et de (son
héritage). Voir DISONCHE et VISITATION D'ANNECY» 7, 14, 83
MONET Philibert, Jésuite…………………………………... » 149
MONTFERRAT (Guerre du)……………………………….. » 2, 27, 32, 143, 144, 203, 269,
355, 366
306/335

31.7 Page 307

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Montfort Amé de……………………………………………. » 60, 60
MONTFORT (Procès entre les membres de la famille de)…. » 60
MONTHOLON Catherine (de), dame de Sanzelles………… » 18
MONTHOUX Emmanuelle (de), Religieuse de l'abbaye de
Sainte-Catherine…………………………………………….. » 250
MONTHOUX Gabrielle Dyan (dame Guillet de)…………... » 22, 349 [446]
MONTHOUX Paule-Jéronyme (Guillet de), Religieuse de la
Visitation……………………………………………………. 261, 279
MORILLON Claude. Voir INTRODUCTION……...……… » 198
Nemours Henri de Savoie (duc de Genevois et de)…………. » 23, 29, 46, 84, 197, 238, 252,
257, 269, 317
NEMOURS Henri de Savoie, duc de Genevois et de
(Gentilshommes calomniés et Annéciens accusés auprès de
lui). Voir CHARMOISY, NOYRET………………………... » 10, 30, 198, 318
NEUVILLE (abbaye et Prieure de). Voir MAILLARD…….. » 259, 279
NEVERS Charles de Gonzague-Clèves (duc de)…………… » 377
NOTRE-DAME DE LIESSE (hôpital de). Voir ANNECY» 105
NOYRET (famille du)………………………………………. » 30
NOYRET (Noyeret) Jacques Pelard (seigneur du) Voir
NEMOURS…………………………………………………. » 23
NYON (bailli de). Voir WAGNER…………………………. » 48
Obry. Voir JEAN DE SAINT-MALACHIE………………... » 356, 356
ORATOIRE (Congrégation de l')…………………………… » 137
ORATOIRE (Saint François de Sales et l')…………………. » 136
ORDINATIONS faites par saint François de Sales…………. » 160, 303, 343
OUVRIER Henri……………………………………………. » 60
PARACLET (abbaye et Abbesse du). Voir ROCHE-
FOUCAULT………………………………………………… » 151, 152, 154, 418
PELLIEX Claude……………………………………………. » 323
PERRON Jacques Davy, Cardinal du………………………. » 353
Peyzleu Balthazard de Longecombe (seigneur de)…………. » 110, 110, 368
Peyzieu Françoise de Dizimieu (dame de)………………….. » 11, 65, 74, 284, 300, 310, 328,
350, 370
PEYZIEU Jeanne Armuet de Bonrepos (dame de)…………. » 111
PEYZIEU Louis de Longecombe (de). Voir SILLIGNIEU» 65, 66, 368
PHILIPPE DE SAINT-JEAN-BAPTISTE, Feuillant. Voir
MALABAILA………………………………………………. » 240
PIERRE (sire). Voir JONDEL, RICHARD………………… » 7, 330
POLLINGE Michelle de Bellegarde (dame de Chissé de)….. » 204 [447]
PONCET Pierre, curé de Cessy……………………………… 219
PORTES Antoine (de) et sa famille………………………… » 199
PORTIER Amé et Jean-Baptiste……………………………. » 342
PRESENTATION (Congrégation de la). Voir
LOURDELOT, VISITATION DE LYON PRESLE (terre de) » 184, 188
Proviseurs du Collège de Savoie à Louvain*. Voir
CORSELIUS, FABRICIUS, SYLVIUS……………………. » 233, 233, 234, 416
Quoex Claude* de…………………………………………… » 187, 301, 403
Quoex Claude-Louis-Nicolas (de), Prieur de Talloires……… » 127
Quoex Philippe* (de). Voir SAINTE-CATHERINE,
TALLOIRES………………………………………………... » 113, 147, 153, 403
RABUTIN Françoise (de). Voir CHANTAL………………. » 303
RATISBONNE (diète de)…………………………………... » 3, 393
307/335

31.8 Page 308

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Revol Antoine (de), Evêque de Dol. Voir ETATS DE
BRETAGNE………………………………………………… » 69
RICHARD Pierre (sire) …………………………………….. » 330
RICHEOME Louis, Jésuite…………………………………. » 150
RIPAILLE (abbaye de). Voir CHARTREUX……………… » 183, 381
ROCHEFOUCAULT Marie (de la), Abbesse du Paraclet….. » 152, 154
ROGET Claude-Françoise, Religieuse de la Visitation…….. » 34
ROGET Philibert……………………………………………. » 335
ROLLAND Georges………………………………………... » 141
ROUGEMONT Balthazard de……………………………… » 95
RUAZ Blanche-Diane de Valence de Gruffy (dame de la)…. » 272
RUAZ Jacques de Vincent de la Croix (seigneur de la)…….. » 272
RUMILLY (clergé et curé de). Voir VIRET………………... » 258, 259
RUMILLY (collège de)…………………………………….. » 294
SAINT-BERNARD DE FONTAINES (église et monastère
des Feuillants à)………..…………………………………… » 218
SAINT-DOMINIQUE D'ANNECY (Prieur de). Voir
CHARPENNE………………………………………………. » 239 [448]
Sainte-Catherine (M. de). Voir QUOEX Philippe………….. 113, 147, 153, 403
SAINT-GERMAIN L'AUXERROIS (église de)…………… » 307
SAINT-SEPULCRE d'Annecy (Prieur et prieuré du). Voir
CORMAND et MENTHON-MONTROTTIER……………. » 85, 86
SALES FRANÇOIS* de (Saint). Voir BARNABITES,
CAPUCINS de Moûtiers, CHATEAUFORT, CLERMONT,
COLLEGE CHAPPUISIEN, DIZIMIEU, FAVRE,
FEUILLANTS, FORAS, FRANÇOIS DE PAULE,
GERMONIO, HAYES, INTRODUCTION, LOUIS XIII,
MILAN, ORATOIRE, ORDINATIONS, PERRON, SAINT-
BERNARD DE FONTAINES, SUAIRE, TALLOIRES,
TOULOUSE, VESVRE, VISITATION, VISITATION 13, 119, 172, 190BIS, 267,
D'ANNECY et DE LYON………………………………….. » 268, 273, 294, 295, 307, 319,
360
SALES François, marquis de……………………………….. » 180
SALES Gallois (de). Voir BOISY………………………….. » 195bis, 196bis
SALES Louis (de). Voir THUILLE………………………… » 27
SAMOËNS (Chanoines et Collégiale de). Voir
CHANOINES et GEX……………………………………… » 99, 174
SAVOIE Victor-Amédée et Philibert de. (Leur voyage en
Espagne) ……………………………………………………. » 181
Secrétaire du Duc de Savoie………………………………… » 381
SENAT DE SAVOIE*……………………………………… » 409
SERRAZ Bertrand de Seyssel (baron de la). Voir SEYSSEL » 346
SEVELINGES ou SIRVINGES Claude (de), aumônier de
Belleville. Voir VISITATION DE LYON………………….. » 150
SEYSSEL (Emeute et procès des bourgeois de)……………. » 334
SEYSSEL Bertrand (de). Voir SERRAZ…………………… » 346
SILLIGNIEU Louis de Longecombe de Peyzieu (seigneur
de). Voir PEYZIEU………………………………………… » 65, 66, 368
Soulfour Nicolas (de), Oratorien…………………………… » 44, 135, 136
SUAIRE DE TURIN (saint).……………………………….. » 177
SUAIRE DE TURIN (saint). Son ostension par saint François
de Sales en 1613; culte du Saint pour cette relique…………. » 2, 178
308/335

31.9 Page 309

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SUISSE (cantons catholiques de la)………………………… » 278
SURVEILLANTS du diocèse de Genève. Voir GAILLARD » 72
SYLVIUS Cornelius, Proviseur du Collège de Savoie à
Louvain. Voir PROVISEURS……………………………… » 233 [449]
SYNDICS D'ANNECY*. Voir ADMINISTRATEURS.
COLLEGE CHAPPUISIEN………………………………… 228, 410
TALLOIRES (Procès entre les Feuillants et les Bénédictins
de). Voir FEUILLANTS, QUOEX…………………………. » 113, 115, 148
TALLOIRES (Réforme du monastère de)………………….. » 113, 114, 127
TALLOIRES (tour de). Voir VISITATION D'ANNECY….. » 172, 173
TARENTAISE* (clergé du diocèse de)………………….…. » 417
THORENS (terre de) ………………………………………. » 39, 157
THORENS Marie-Aimée de Rabutin-Chantal (baronne de).. » 303
THUILLE Louis de Sales (seigneur de la). Voir SALES…… » 27
THUILLE Madeleine Roero de Bressieu (dame de la)……… » 27
TIERS-ORDRE DE SAINTE-ELISABETH à Lyon
(Fondation de la Congrégation du)…………………………. » 305, 427
TOULOUSE (Saint François de Sales invité à prêcher le
Carême à) …………………………………………………… » 138
TOURNON Marguerite de Maillard. Voir MAILLARD…… » 204
Tournon Philiberte de Beaufort (comtesse de)……………… » 325
Tournon Prosper-Marc de Maillard (comte de)…………….. » 31, 88, 89, 180, 197, 203, 257,
268, 316
Travernay Péronne de Montfalcon (dame de)………………. » 33
TRINO………………………………………………………. » 2
TROUILLOUX Jean………………………………………... » 8
TURIN. Voir GILIBERTI, SUAIRE URSULINES de Lyon. » 237
VALAIS (dixains et république du)………………………… » 277
Valbonne Andrée de Nicolle de Crescherel (dame de la)…... » 21, 155, 170, 209
VALDENGO (Valdenghe) Jean-François-Jérôme Avogadro
(seigneur de) ……………………………………………… » 277
Vallon Jacques de Gex (seigneur de). Voir GEX,
SAMOËNS, VISITATION D'ANNECY…………………… » 98, 99, 100, 367
Vesvre Anne (de la), Ursuline. Voir MONTHOLON………. » 18, 18
VILLARD (Vilars) Claude de Gex (seigneur du). Voir GEX » 101 [450]
Villars François de Boyvin (baron de)……………………… 195, 195
VILLEROY Nicolas de Neufville* (duc de)……………….. » 413
VIRET Jean, curé de Rumilly………………………………. » 259
VISITATION (Coutumes, privilèges. Règles de la). Voir
INDULGENCES, LITANIES………………………………. » 122, 331, 332, 343, 345
VISITATION D'ANNECY (Affaire d'argent conclue avec
M. de Vallon). Voir VALLON…………………………….... » 367
Affaire des jardins. Voir BARNABITES et
DOMINICAINS…………………………………………….. » 227, 228
Eglise et monastère de la. Voir TALLOIRES…………… » 106, 172, 173, 199, 228, 379
et Mme DE MIRIBEL (son héritage). Voir DISONCHE et
MIRIBEL…………………………………………………… » 7, 14, 83
Les dames de Lyon à la. Voir AUXERRE, BELLET,
CHAUDON, COLIN, DANIEL, GOUFFIERS,
VISITATION DE LYON…………………………………… » 15, 25
Visitation d'Annecy (Religieuse de la)……………………… » 129
309/335

31.10 Page 310

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RELIGIEUSES* DE LA. VOIR AVISE, BLONAY,
BRECHARD, CHANTAL, CHARDON, CHASTEL,
CROIX DE FÉSIGNY, ESCRILLES, FAVRE, HUMBERT,
MONTHOUX, VISITATION DE LYON………………….. » 303, 401
VISITATION DE LYON* (Fondation et fondatrices de la).
Voir AUXERRE, GOUFFIERS, GRANGIER. 244, 248, 294, 304, 305, 418-
SEVELINGES……………………………………………… » 427
Religieuses de la. Voir AUXERRE, BALME, BELLET,
COLIN, LESTANG………………………………………… » 305
VULLIAT (Mme) …………………………………………… » 188
WAGNER Jean Rodolphe, bailli de Nyon………………….. » 48
WALDIN (Valdin) Antoine………………………………… » 275 [451]
310/335

32 Pages 311-320

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32.1 Page 311

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Table de correspondance de cette nouvelle édition avec
les précédentes et indication de la provenance des
manuscrits
NOUVELLE
EDITION
DCCCLXXIII......
DCCCLXXIV......
DCCCLXXV........
DCCCLXXVI.......
DCCCLXXVII.....
DCCCLXXVIII....
DCCCLXXIX
(fragt)……………
DCCCLXXX........
DCCCLXXXI......
DCCCLXXXII......
DCCCLXXXIII....
DCCCLXXXIV....
DCCCLXXXV….
DCCCLXXXVI…
DCCCLXXXVII..
DCCCLXXXVIII
(frt)
PROVENANCE DES
MSS.
Paris. Séminaire de Saint-
Sulpice..............................
…………………………..
…………………………..
Rouen. Visitation (1er
Monastère).......................
Troyes. Aumônerie des
Dames des SS. Cœurs......
Lunéville. (Meurthe-et-
Moselle). M. Zeiller…….
Chambéry. M. le chanoine
Collonges……………….
Annecy. Missionnaires de
St-François de Sales……..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Turin. Visit. (Copie)…….
Lyon. RR. PP. Jésuites (en
1892)……………………
Marseille. Visitation. (1er
Monastère)………………
Bruxelles. Visitation.........
Paray-le-Monial.
Visitation………………..
PREMIÈRE
PUBLICATION1440
…………………………
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte latin), I. 1…
Hérissant, III, p. 523….
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 53………………
………………………...
………………………...
………………………...
Datta, II, p. 351.............
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII……………
Sénault, Vie de Mme de
Montholon,
Paris,
16531441……………….
Epistres spirituelles,
1626, liv. IV..................
………………………...
Hérissant, III, p. 11
…………………………
…………………………
…………………………
ÉDITIONS
MODERNES
Inédite
Vives, VII, p. 273
Migne, V, col.
965
Viv. X, p. 455
Mig. V, col. 883
Viv. VII, p. 330
Mig. V, col. 884
Inédite
Inédite
Mig VI, col. 1094
Viv. XI, p. 414
Mig. VI, col. 835
Viv. XI, p. 392
Mig. V, col. 1423
Inédite
Viv. VI, p. 299
Mig. V, col. 888
[453]
Inédite
Viv. XII, p. 5
Mig. V, col. 889
Inédit
1440 Les indications qui figurent dans cette colonne sont données sous toutes réserves, et pour des raisons déjà exposées
dans l'Avant-Propos du tome XI.
La numérotation des pièces étant souvent très inexacte dans les éditions du XVIIe siècle, quand nous
remontons à celles-ci, au lieu de citer le numéro d'ordre des Lettres, nous indiquons seulement la série, soit le Livre
dans lequel elles sont insérées.
1441 La Vie de Madame Catherine de Montholon, veuve de Monsieur de Santelles, maistre des requestes, et fondatrice
des Ursulines de Dijon. Par le P. J. François Senault, Prestre de l'Oratoire de Jesus. A Paris, chez Pierre Le Petit...
et Jacques Camusat, MDCLIII (p. 45).
311/335

32.2 Page 312

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DCCCLXXXIX....
DCCCXC.............
DCCCXCI............
DCCCXCII (fragt)
DCCCXCIII
(fragt)……………
DCCCXCIV.........
DCCCXCV..........
DCCCXCVI.........
DCCCXCVII........
DCCCXCVIII…..
DCCCXCIX.........
CM (fragment).....
CMI......................
CMII.....................
CMIII……………
CMIV……………
CMV…………….
CMVI…………....
CMVII pp. 58,59
(II. 1-11)…………
suite……………..
CMVIII.................
CMIX....................
CMX.....................
Bourg-en-Bresse.
Visitation…......................
Turin. Mlle Pensa………..
…………………………..
Annecy. Visitation (Hist.
de la Fondation)...............
…………………………..
Annecy. Visit.(Copie)…..
Le Mans. Visitation……..
Marseille. M. Manaud…..
Marin (Chablais).
Archives de Blonay……...
…………………………..
Paris. Carmel de la rue
Denfert-Rochereau………
Paris. Archives Nat., M.
234 (Copie)……………..
…………………………..
Lyon. Visitation…………
Mont-St-Amand
(Belgique). Chanoine
Bracq……………………
…………………………..
Chambéry. Visitation
(Copie)………………….
…………………………..
Trinquetaille (Bouches-
du-Rhône). Presbytère…..
Idem……………….........
Paris. Visitation (1er
Mtère), fac-similé………...
Aoste. Mgr Duc, Ev.
démissionnaire………….
…………………………..
…………………………
Datta, II, p. 94………...
Hérissant, III, p. 12…....
…………………………
Epistres spirituelles,
1626. 1. VII, p. 922 (Voir
note (141), p. 35)………
…………………………
Hérissant, V, p. 70…….
…………………………
Mémoires de l'Académ.
Salés., t. VI (1883)........
Datta, II, p. 96………...
Etudes religieuses S. J.,
mars 1868......................
Ibid., août 1877………..
Instructions et pratique
de piété, 16881442……...
…………………………
Datta, II, p. 97………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII……………
Datta, II, p. 99………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. II……………..
Constantin, Hist. des
par. de l'anc. diocèse
d'Arles (Aix, 1898)……
Epistres spir., 1626, 1.
IV, p. 366, et ibid……...
…………………………
Datta, II, p. 348……….
Epistres spirituelles,
1626, 1. III…………….
Inédite
Viv. VII, p. 232
Mig. VI, col. 685
Viv. X, p. 456
Mig. V, col. 888
Mig. V, col. 1395
Viv. XII, p. 227
Mig. V, col. 1680
Mig. VI, col. 966
Viv. X, p. 369
Mig. V, col. 1426
Inédite
Viv. VII, p. 234
Mig. VI, col. 686
Viv. X, p. 457
Mig. , col. 889
Mig. VI, col. 967
Viv. VI, p. 300
Mig. VI, col. 687
Viv. X, p. 458
Mig. V, col. 890
Viv. VI, p. 302
Mig. VI, p. 687
Viv. X, 460
Mig. V, col. 891
Viv. XI, p. 370
Mig. V, col. 1392
[454]
Inédite
Viv. XI, p. 50
Mig. VI, col. 834
Viv. XII, p. 102
Mig. V, col. 1586
1442 Instructions et pratique de piété pour communier saintement, avec des Lettres spirituelles sur divers sujets, tirées
des Manuscrits originaux nouvellement trouvez de Saint François de Sales. Dédié à Madame de Maintenon. A Paris,
chez Helie Josset, MDCLXXXVIII.
312/335

32.3 Page 313

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CMXI....................
CMXII..................
CMXIII.................
CMXIV.................
CMXV(fragment).
CMXVI.................
CMXVII
(fragment)……….
CMXVIII..............
CMXIX.................
CMXX..................
CMXXI.................
CMXXII................
CMXXIII..............
CMXXIV..............
CMXXV...............
CMXXVI..............
CMXXVII.............
CMXXVIII...........
CMXXIX..............
CMXXX...............
CMXXXI.............
CMXXXII............
CMXXXIII...........
Chateau de la Roche-
Mailly (Sarthe). Mise de
Mailly……………………
…………………………..
…………………………..
Arlod (Ain). Presbytère
…………………………..
Chateau de la Roche-
Mailly (Sarthe). Mise de
Mailly……………………
Nevers. Visitation.............
Annecy. (Vie manuscrite
de la Mère de Bréchard)...
…………………………..
Vienne (Autriche).
Visitation………………..
…………………………..
Evian. Missionnaires de
St-François de Sales……..
…………………………..
Turin. Archiv. de l'Etat….
Idem..................................
Turin. Mise Pensa………..
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie)…………………..
Milan. Archives du prince
Trivulzio………………...
…………………………..
Maçon. Visitation……….
Dijon. M. de la Forest.......
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie)…………………..
Idem..................................
…………………………
Epistres
spirituelles,1626, I. 11...
Œuvres, 1641, t. II, epist.
XVII…………………..
………………………..
Charles-Auguste, Vie de
la Mere de Blonay
(1655), chap. VI………
………………………..
………………………..
Vie de la Mère J.-Ch. de
Bréchard (1892), chap.
X, (g), p. 1831443………
Epistres spirituelles,
1626, 1. V……………..
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. II……………..
………………………...
Hérissant, III, p. 31……
Datta, II, p. 102………..
Ibid., p. 103……………
Ibid., p. 104....................
………………………...
………………………...
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 51….
Epistres spirituelles,
1626, 1. V……………..
………………………...
………………………...
………………………...
Inédite
Viv. XI, p. 39
Mig. V, col. 1063
Viv. IX, p. 456
Mig. V, col. 893
Inédite
Viv. X, p. 465
Mig. V, col. 896
Inédite
Inédite
Viv. X, p. 463
Mig. V, col. 894
Viv. XII, p. 7
Mig. V, col. 1698
Viv. VI, p. 157
Mig. V, col. 408
Inédite
Viv. VI, p. 306
Mig. V, col. 897
Viv. VI, p. 307
Mig. VI, col. 691
Viv. VII, p. 235
Mig. VI, col. 692
Viv. VII, p. 236
Mig. VI, col. 693
Mig. VI, col. 967
Ibid., col. 969
[455]
Viv. VII, p. 238
Mig. VI, col. 883
Viv. XII, p. 159
Mig. V, col. 1635
Inédite
Mig. VI, col. 968
Ibid., col. 969
1443 Les Vies de quatre des premières Mères de l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie... par la Révérende Mère
Françoise-Madeleine de Chaugy, Supérieure du premier Monastère de cet Ordre. Nouvelle édition... publiée par les
soins des Religieuses du premier Monastère de la Visitation d'Annecy. Paris, Poussielgue, 1892.
313/335

32.4 Page 314

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CMXXXIV...........
CMXXXV............
CMXXXVI...........
CMXXXVII pp.
113-117 (II. 1-4)
fin..........................
CMXXXVIII.........
CMXXXIX...........
CMXL...................
CMXLI..................
CMXLII................
CMXLIII..............
CMXLIV..............
CMXLV
(fragment).............
CMXLVI..............
CMXLVII
(fragment).............
CMXLVIII............
CMXLIX..............
CML.....................
CMLI....................
CMLII..................
CMLIII.................
CMLIV.................
CMLV..................
CMLVI.................
…………………………..
Chateau de la Roche-
Mailly (Sarthe). Mise de
Mailly……………………
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Annecy.
Visitation
(Ancien Ms. de l’Année
Sainte)…………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Chatillon (Jura). Abbé
Pierre, ancien curé............
…………………………..
Annecy. Visitation (Ms,
original de la Mère de
Chaugy)............................
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie)..............................
…………………………..
Paris. Dames de Saint-
Maur…………………….
Annecy.Visit. (Copie)…..
Annecy. Visit. (Ancien
Ms. de l'Année Sainte)…..
…………………………..
Brest. Mme Revel de
Mouxy…………………..
San Remo (Italie).
Visitation………………..
Turin. Archiv. de l'Etat….
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte italien), 1. I.
………………………...
Epistres spirituelles;
1626, 1. VII, p. 891
(Voir note (359), p. 112)
Epistres spirituelles,
1629, 1. III.....................
Œuvres, 1637, 1. III…..
Epistres spirituelles,
1626, 1. IV.....................
Ibid., 1. VII....................
Ibid.................................
Datta, II, p. 106.............
Epistres spirituelles,
1626, 1. IV.....................
………………………...
Hérissant, VI, p. 243.....
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII……………
Mémoires, par la Mère
de Chaugy (Paris, 1874),
Partie III, ch. XXVI…...
Epistres spirituelles,
1626, 1. III…………….
Ibid., 1. V.......................
Etudes religieuses S. J.,
mars 1868……….[456]
Hérissant, III, p. 38…...
Année Sainte de la
Visitation (1689), t. Ier,
p. 46……………………
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 57….
Datta, II, p. 342.............
Ibid., p. 344....................
Ibid., p. 109....................
Viv. VI, p. 322
Mig. V, col. 927
Inédite
Viv. XII, p. 193
Mig. V, col. 1668
Viv. IX, p. 571
Mig. V, col. 1409
Viv. X, p. 530
Mig. v, col. 998
Viv. X, p. 214
Mig. V, col. 618
Viv. XII, p. 194
Mig. V, col. 1654
Viv. X, p. 469
Mig. VI, col. 694
Viv. XI, p. 443
Mig. V, col. 1481
Mig. VI, col. 1097
Viv. XII, p. 147
Mig. V, col. 1627
Inédit
Viv. XI, p, 385
Mig. V, col. 1417
Viv. X, p. 500
Mig. V, col. 951
Viv. X, p. 470
Mig. V, col. 899
Viv. VI, p. 308, et
VII, p. 244
Mig. V, col. 901
Viv. X, p. 472
Mig. V, col. 903
Viv. X, p. 535
Mig. VI, col. 888
Viv. X, p. 377
Mig. VI, col. 830
Viv. X, p. 417
Mig. VI, col. 832
Viv. VI, p. 310
314/335

32.5 Page 315

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CMLVII................
Fragment, pp. 153,
154………………
CMLVIII..............
CMLIX.................
CMLX minute......
autre minute……..
CMLXI.................
CMLXII................
CMLXIII..............
CMLXIV
(fragment)……….
CMLXV................
CMLXVI..............
CMLXVII.............
CMLXVIII............
CMLXIX..............
CMLXX...............
CMLXXI..............
CMLXXII............
CMLXXIII...........
CMLXXIV...........
CMLXXV............
CMLXXVI...........
CMLXXVII..........
Amiens. Bibliothèque
communale.......................
…………………………..
…………………………..
Marin
(Chablais).
Archives de Blonay……..
…………………………..
Turin. Visitation………...
Saint-Jeoire
(Haute-
Savoie). Cte de la Fléchère
Chartres. Visitation……...
Annecy. Visit. (Ancien
Ms. de l'Année Sainte)…..
Idem..................................
Chateau de Menthon
(Annecy). Cte de Menthon
…………………………..
Annecy. Missionnaires de
St-François de Sales……..
Samoens (Hte-Savoie). M.
Riondel…………………..
Reims. Visitation………..
…………………………..
…………………………..
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie).............................
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Chambéry. Archiv. du
Sénat de Savoie………….
Annales de philosophie
chrétienne, octobre 1854
Datta II, p. 367..............
Hérissant, VI, p. 40…...
Mémoires de l'Académ.
Salés., t. VI (1883).........
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte latin), 1. I....
Mémoires de l'Académ.
Salés., t. IX (1886)…….
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 55……………….
Année Sainte de la
Visitation (1689), t. Ier, p.
337…………………….
Ibid., p. 406....................
………………………...
………………………...
………………………...
Revue Savoisienne, avril
1880……………………
Epistres spirituelles,
1626, 1. V......................
Epistres spirituelles,
1626, 1. I........................
Ibid., 1. VII....................
………………………...
Blaise,
Nouvelles
inédites (1833), p. 17.....
Epistres spirituelles,
1626, l. I........................
Hérissant, III, p. 59…...
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII……………
Muguier, S. Fr. de S.
Docteur en droit, etc.
(Chambéry, 1885)……..
Mig. VI, col. 696
Viv. VII, p. 246
Mig. V, col. 904
Viv. VII, p. 323
Mig. VI, col. 842
Viv. IX, p. 558
Mig. V, col. 1542,
et VI, col. 948
Viv. IX, p. 457
Mig. V, col. 905
Viv. X, p. 476
Mig. V, col. 909
Viv. X, p. 477
Mig. V, col. 911
Viv. XI, p. 24
Mig. VI, col. 1096
Inédite
Mig. VI, col. 1078
Inédite
Viv. X, p. 479
Mig. V, col. 912
[457]
Viv. IX, p. 466
Mig. V, col. 919
Viv. X, p. 480
Mig. V, col. 913
Mig. VI, col. 972
Viv. VII, p. 249
Mig. VI, col. 863
Viv. VI, p. 311
Mig. V, col. 914
Viv. VII, p. 250
Mig. V, col. 914
Viv. IX, p. 567
Mig. V, col. 1652
315/335

32.6 Page 316

▲back to top
CMLXXVIII........
CMLXXIX...........
CMLXXX............
CMLXXXbis
(fragt)……………
CMLXXXI...........
CMLXXXII..........
CMLXXXIII.........
CMLXXXIV........
CMLXXXV..........
CMLXXXVI........
CMLXXXVII.......
CMLXXXVIII......
CMLXXXIX........
CMXC..................
CMXCI.................
CMXCII...............
CMXCIII..............
CMXCIV..............
CMXCV...............
CMXCVI..............
CMCXVII.............
CMXCVIII............
CMXCIX..............
M...........................
MI.........................
MII........................
Genève. M. Grosset……..
Turin. Archiv. de l'Etat….
Maçon. Visitation……….
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Amiens. Visitation...........
Turin. Mise Pensa..............
Clermont-Ferrand.
Visitation………………..
Turin. Visit. (Copie)…….
Abbaye de Pontigny
(Yonne). RR. PP. de Saint-
Edme................................
Rennes. Visitation………
…………………………..
Rennes. Visitation............
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie)..............................
…………………………..
Nancy. Visitation.............
…………………………..
Montpellier. Mis de
Prunarède.........................
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie).............................
…………………………..
Boulogne-sur-mer.
Visitation..........................
…………………………..
Carouge (Genève). Mlle
Vuÿ……………………...
Annecy. Visitation (fac-
similé)...............................
…………………………..
Fleury, Hist. de l'Eglise
de Genève (1880), t. II, p.
444…………………….
Datta, II, p. 111.............
………………………...
De Hauteville, La
Maison naturelle de St
Fr. de Sales (Paris,
1669), Partie I, p. 209
Hérissant, III, p. 67……
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII...................
………………………...
Datta, II, p. 112.............
Hérissant, III, p. 68…...
………………………...
………………………...
………………………...
Epistres spirituelles,
1629, 1. II......................
Hérissant, III, p. 52……
………………………...
Epistres spirituelles,
1629, 1. II......................
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. I........................
………………………...
………………………...
Epistres spirituelles,
1629, 1. II......................
………………………...
Hérissant, III, p. 92…...
J. Vuÿ, La Philothée, II
(1879), p. 282................
………………………...
Datta, II, p. 347.............
Viv. VI, p. 313
Mig. VI, col. 696
Inédite
Viv. VI, p. 314
Mig. V, col. 919
Viv. X, p. 485
Mig. V, col. 917
Inédite
Viv. VII, p. 251
Mig. VI, col. 697
Viv. VII, p. 253
Mig. V, col. 920
Inédite
Inédite
Inédite
Viv. VI, p. 315
Mig. V, col. 921
Viv. X, p. 478
Mig. V, col. 911
(Voir note (671),
p. 210)
Mig. VI, col. 973
[458]
Viv. IX, p. 464
Mig. V, col. 926
Inédite
Viv. VI, p. 319
Mig. V, col. 923
Inédite
Mig. VI, col. 971
Viv. IX, p. 462
Mig. V, col. 945
Inédite
Viv. VI, p. 328
Mig. V, col. 931
Mig. VI, col. 1080
Viv. X, p. 420
316/335

32.7 Page 317

▲back to top
MIII.......................
MIV......................
MV........................
MVI......................
MVII.... pp. 244,
245 (II. 1-3)……..
II. 4-7....................
II. 8-12..................
suite......................
MVIII...................
MIX......................
MX.......................
MXI......................
MXII.....................
MXIII....................
MXIV....................
MXV....................
MXVI...................
MXVII..................
MXVIII................
MXIX...................
MXX....pp. 272,
273 (II. 1-10)……
suite de l'al………
fin.........................
MXXI...................
MXXII..................
…………………………..
…………………………..
Orléans. Visitation...........
Rouen. Visitation (2d
Monastère).......................
Hist. de la Fondation de
Lyon, par la Mère de
Chaugy.............................
Idem.................................
Idem.................................
Vienne (Autriche).
Visitation………………..
Brest. Mme Revel de
Mouxy...............................
Saint-Alban (Savoie). Mlle
Milliet...............................
Côme (Italie). Visitation...
Rouen. Visitation (2d
Monastère).......................
Paris. Familles Ducruet et
Pessoz...............................
Florence. Conservatoire
de St-François de Sales….
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie).............................
Montpellier. Visitation
(Copie)..............................
Challex (Ain). Presbytère
(Copie)..............................
Turin. Mise Pensa..............
Turin. Archiv. de l'Etat
(Copie)..............................
Archives de Fésigny
(Copie)..............................
Orléans. Visitation……....
Idem..................................
Idem..................................
Turin. Archiv. de l'Etat.....
Idem..................................
Annuaire de l'Université
de Louvain (1851), p.
279…………………….
Epistres spirituelles,
1626, 1. VI.....................
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. III.....................
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 3………………..
Mémoires de l'Académ.
Salés., t. IV (1882)……
………………………...
Datta, II, p. 350.............
………………………...
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte latin), 1. I....
Datta, II, p. 114.............
………………………...
Année Sainte de la Visit.
(1870), t. XI, p. 155.......
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. VI, p. 811.........
………………………...
Datta, II, p. 118.............
Ibid., p. 115....................
Mig. VI, col. 833
Viv. X, p. 487
Mig. V, col. 933
Inédite
Viv. VII, p. 284
Mig. V, col. 934
Inédites
Mig. VI, col. 1064
Inédites
Viv. XII, p. 8
Mig. V, col. 936
Inédite
Inédite
Inédite
Viv. VI, p. 330
Mig. V, col. 939
Mig. VI, col. 974
(Voir note (852),
p. 262)
Viv. XI, p. 413
Mig. VI, col. 835
[459]
Inédite
Viv. IX, p. 461
Mig. V, col. 909
Viv. VII, p. 258
Mig. VI, col. 698
Mig. VI, col. 972
Viv. XII, p. 242
Mig. V, col. 1691
Viv. XII, p. 243
Mig. V. col. 1691,
et IX, col. 111
Viv. XII, p. 243
Mig. V, col. 1692
Viv. VI, p. 336
Mig. VI, col. 700
Viv. VI, p. 334
317/335

32.8 Page 318

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MXXIII................
MXXIV................
MXXV..................
MXXVI................
MXXVII...............
MXXVIII..............
MXXIX.................
MXXX..................
MXXXI.................
MXXXII...............
MXXXIII..............
MXXXIV..............
MXXXV...............
MXXXVI.............
MXXXVII-MXL..
MXLI, MXLII......
MXLIII.................
MXLIV………….
MXLV.
texte
mutilé et interpolé
p. 302, II. 1-4……
II. 5-19
p. 303, II. 1-3……
suite......................
MXLVI................
MXLVII...............
MXLVIII p. 310,
II. 2-5……………
Rennes. Visitation............
…………………………..
Paris. Baron de Cholen….
Annecy. Visitation (Ms.
original de la Mère de
Chaugy)............................
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Maestricht. Trésor de
l'église Saint-Servais…….
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Chambéry. Archiv. du
Sénat.................................
…………………………..
Annecy. Visitation............
Idem..................................
Idem..................................
Idem (Copie).....................
Verceil
(Piémont).
Archives capitulaires de la
cathédrale.........................
Chateau de la Roche-
Mailly (Sarthe). Mise de
Mailly...............................
………………………...
Œuvres, 1641, t. II, epist.
LIII................................
………………………...
Mémoires, par la Mère
de Chaugy (1874), Partie
III, ch. XXVI.................
………………………...
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. IV.....................
Œuvres, 1641, t. II, epist.
III...................................
Hérissant, V, p. 66…….
Charles-Auguste, Vie de
la Mere de Blonay
(1655), chap. VI.............
Epistres spirituelles,
1626, 1. VII....................
Etudes religieuses, S. J,
mars 1868
………………………...
Hérissant, V, p. 94.........
Epistres spirituelles,
1626, 1. VI.....................
Ibid., l. VII, p. 966. (Voir
note (966), p. 298)..........
Ibid., 1. V.......................
Mugnier, St Fr. de S.
Docteur en droit
(Chambéry, 1885)……..
Epistres spir. 1626, l. VI.
(Voir note (984), p. 304)
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
Blaise,
Nouvelles
inédites (1833), p. 52.....
………………………...
Mig. VI, col. 699
Viv. XI, p. 378
Mig. V, col. 1398
Viv. VII, p. 365
Mig. V, col. 1118
Mig. VI, col, 1094
Mig. VI, col. 1092
Ibid., col. 1345
Viv. XII, p. 53
Mig. V, col. 1553
Viv. IX, p. 556
Mig. V, col. 1530
Viv. X, p. 367
Mig. V, col. 1424
Viv. VII, p. 259
Mig. V, col. 944
Viv. XII, p. 210
Mig. V, col. 1668
Mig. VI, col. 1352
Viv. X, p. 492
Mig. V, col. 1432
[460]
Viv. X, p. 493
Mig. V, col. 945
Viv. XI, p. 352
Mig. V, col. 1367,
et IX, col. 83
Viv. XII, p. 55
Mig. V, col. 1553
Viv. VII, p. 260
Mig. V, col. 948
Mig. VI, col. 976
Inédites
Mig. VI, col. 976
Inédite
Viv. VII, p. 262
Mig. VI, col. 884
Inédites
318/335

32.9 Page 319

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II. 6-21
p. 311, II. 1-5……
post-scriptum……
MXLIX.................
ML........................
MLI......................
MLII..
texte
authentique……...
texte mutilé...........
MLIII.....texte
authentique……...
texte mutilé...........
MLIV....................
MLV.....................
MLVI....................
MLVII..................
MLVIII....p. 327,
II. 1-14………….
II. 15-17
p. 328, II. 1-2……
suite......................
MLIX...................
MLX.....pp. 329-
331 (II. 1-12)……
II. 13-18................
suite......................
Idem..................................
Idem……………………..
…………………………..
…………………………..
Turin. Visit. (Copie)…….
…………………………..
Annecy.Visitation (Ancien
Ms. de l’Année Sainte).....
…………………………..
Annecy. Visit. (Ancien
Ms. de l’Année Sainte).....
Boulogne-sur-Mer.
Visitation..........................
Paris. M. de Salverte…….
Turin. Archiv. de l'Etat.....
Annecy. Visitation...........
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Epistres spirituelles,
1626, 1. IV, p. 388.........
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. III. (Voir note
(1015), pp. 311, 312)......
Epistres spirituelles,
1626,1. VII. (Voir note
(1028), p. 315................
………………………...
Vie du Saint, par
Charles-Auguste, liv.
VIII……………………
Datta, II, p. 148. (Voir
note (1034), p. 317).......
Vie du Saint, par
Charles-Auguste, liv.
VIII................................
Datta, II, p. 147. (Voir
note (1038), p. 320).......
………………………...
J.Vuÿ, La Philothée, II,
(1879), p. 283................
Datta, II, p. 124.............
Mémoires de l'Académ.
Salés., t. III (1881).........
Hérissant, V, p. 97…….
Ibid., et Epistres
spirituelles, 1626, 1. VI.
(Voir note (1057), p.
327)...............................
Hérissant, V, p. 98.
(Voir note (1057), p.
327)……………………
Epistres spirituelles,
1626, 1. V......................
Hérissant, III. p. 128….
Ibid., et Epistres spir.,
1626, 1. VII, p. 894.
(Voir note (1078), p.
331)...............................
Hérissant, III, p. 130….
Viv. X, p. 139
Mig. V, col. 554
Inédit
Viv. X, p. 498
Mig. V, col. 950
Viv. X, p. 503
Mig. V, col. 960
Inédite
Viv. VII, p. 265
Mig. V, col. 957
Viv. VII, p. 303
Mig. VI, col. 720
Viv. VII, p. 264
Mig. V, col. 956
Viv. VII, p. 302
Mig. VI, col. 719
Inédite
Viv. VI, p. 342
Mig. VI, col. 704
[461]
Viv. XI, p. 257
Mig. V, col. 1433
Ibid., et Viv. VII,
p. 260
Mig. V, col. 948
Viv. XI, p. 258
Mig. V, col. 1434
Viv. X, p. 505
Mig. V, col. 954
Ibid., et Viv. X, p.
504
Mig. V, col. 961
Viv. X, p. 507
Mig. V, col. 955
319/335

32.10 Page 320

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MLXI.....texte
authentique……...
texte mutilé……...
MLXII..................
MLXIII.................
MLXIV.................
MLXV..................
MLXVI
(fragment)……….
MLXVII................
MLXVIII..............
MLXIX.................
MLXX..................
MLXXI.................
MLXXII................
MLXXIII..............
MLXXIV..............
MLXXV...............
MLXXVI pp. 363,
364 (lig. 1-8)…….
lig. 9-18………….
fin.........................
MLXXVII............
MLXXVIII...........
…………………………..
Annecy. Visit. (Ancien
Ms. de l'Année Sainte)…..
Virieu-Sur-La-Bourbre
(Isère). Mis de Virieu........
Florence. Conservatoire de
St-François de Sales.........
Montpellier. Visitation.....
…………………………..
…………………………..
Annecy. Visit. (Copie)......
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Paris. Bibl. Mazarine, n°
32126 (imprimé)………..
…………………………..
…………………………..
…………………………..
Arona (Italie). Visitation..
Le Mans. Visitation……..
Idem..................................
Idem..................................
…………………………..
Brioude. Visitation...........
Vie du Saint, par
Charles-Aug.,
liv.
VIII1444………………..
Datta, II, p. 16...............
………………………...
………………………...
………………………...
Hérissant, V, p. 103…..
Ibid., p. 204....................
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1. V......................
Ibid., 1. IV.....................
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 57……………….
Opuscule
intitulé:
Miracles (s. d.)...............
Hérissant, III, p. 148….
Epistres spirituelles,
1626, 1. VI. (Voir note
(1163), p. 359)................
Epistres spirituelles,
1626, 1. VI.....................
Datta, II, p. 35...............
………………………...
Epistres spirituelles,
1626 1. IV. (Voir note
(1181), p. 364)................
………………………...
Epistres spirituelles,
1626,1. IV. (Voir note
(1185), p. 365)................
………………………...
Viv. VII, p. 267
Mig. V, col. 958
Viv. VI, p. 258, et
XII, p. 241
Mig. V, col. 1690,
et VI, col. 639
Inédite
Inédite
Inédite
Viv. X, p. 508
Mig. V, col. 961
Viv. VI, p. 542
Mig. V, col. 1458
Mig. VI, col. 964
(Voir note (1137),
p. 348)
Viv. X, p. 510
Mig. V, col. 963
Viv. XII, p. 50
Mig. V, col. 1550
Viv. VII, p. 269
Mig. V, col. 964
Viv. VII, p. 272
Mig. VI, col. 863
[462]
Viv. VII, p. 274
Mig. V, col. 967
Viv. X, p. 512
Mig. V, col. 968
Viv. VII, p. 275
Mig. V, col. 969
Viv. VII, p. 157
Mig. VI, col. 651
et 979
Mig. VI, col. 979
Viv. XI, p. 370
Mig. V, col. 1391
Mig. VI, col. 980
Viv. XI, p. 390
Mig. V, col. 1421
Inédite
1444 Avant Charles-Auguste de Sales, le P. de la Rivière avait publié cette lettre avec de légères variantes. (Vie, etc.,
1625, liv. IV, chap. LXIII.)
320/335

33 Pages 321-330

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33.1 Page 321

▲back to top
MLXXIX..............
MLXXX...............
MLXXXI.............
MLXXXII
1re
leçon…………….
2de leçon………...
MLXXXIII...........
MLXXXIV...........
MLXXXV............
Chateau de la Roche-
Mailly (Sarthe). Mise de
Mailly……………………
…………………………..
Troyes. Visitation.............
Paris. Visit. (1er Mtère)…...
Idem..................................
Annecy. Visit. (Copie)......
Idem..................................
Turin. Visitation...............
………………………...
Epistres spirituelles,
1626, 1, V......................
Blaise,
Nouvelles
inédites (1833), p. 43.....
………………………...
Lettres de Ste J.-F. de
Chantal (Plon, 1877),
vol. I, p. 10……………
………………………...
………………………...
………………………...
Inédite
Viv. X, p. 514
Mig. V, col. 970
Viv. VII, p. 127
Mig. VI, col. 878
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
APPENDICE
I
A...........................
B...........................
C (fragment).........
D...........................
E............................
F............................
G...........................
H...........................
I.............................
J............................
K...........................
L...........................
Chambéry. Archives du
Sénat (Copie)....................
Annecy. Visit. (Hist. de la
Fondation)........................
Idem. (Ms. original de la
Mère de Chaugy)..............
…………………………..
Annecy. Visit. (Hist. de la
Fondation)........................
Rome. Bibliot. Angelica,
Ms. 1225, vol. XI, folio 41
(Copie)..............................
Annecy. Visit. (Copie)......
Annecy.
Archiv.
communales, Série GG.....
Idem (Copie).....................
Rome. Bibliot. Angelica,
Ms. 1225, vol. XI, fol. 234
(Copie)..............................
Annecy. Visit. (Hist. de la
Fondation)........................
Idem……………………..
………………………...
………………………...
Mémoires, par la Mère
de Chaugy (Paris, 1874),
Part. II, ch. VIII.............
Camus,
Les
Diversitéz1445, t. X, p.
641……………….[463]
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
Inédite
Mig. VI, col. 965
Ibid., IX, col. 83
Mig. VI, col. 970
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Mig. VI, col. 991
1445 Les Diversitéz de Messire Jean Pierre Camus, Evesque et Seigneur de Belley, contenant dix Livres divisez en deux
tomes. A Paris, chez Claude Chappelet à la Licorne (2de édition, tome X, 1614.)
321/335

33.2 Page 322

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II
A..........................
B..........................
C..........................
D..........................
E..........................
F..........................
G..........................
H..........................
I..........................
J..........................
Annecy. Visitation...........
Idem. (Hist. de la
Fondation)………………
Chambéry. M. Mugnier
(1901)...............................
Annecy. Visit. (Copie).....
Annecy.
Archiv.
communales, Série GG
(Copie)………………….
Idem.................................
Paris. Biblioth. Nat.,
Fonds français, 3650…….
Annecy.
Archiv.
communales, Série GG.....
Idem..................................
…………………………..
………………………...
Lettres de Ste J.-F. de
Chantal (Plon, 1877),
vol. I, p. 12....................
………………………...
(Cf. Burnier, Hist. du
Sénat de Savoie,
Chambéry, 1864, liv. V,
ch. V..............................
………………………...
………………………...
………………………...
………………………...
Anastasii Germonii
Epistolar., 1623, t. II….
Mig. VI, col. 971
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
III
Patentes du Roy.... Venise. Visit. (Copie).... ………………………... Inédites [464]
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Table des matieres
Avant-Propos.................................................................................................................................V
Errata..........................................................................................................................................XIII
Avis au Lecteur..........................................................................................................................XIV
ANNÉE 1613
(Suite)
Lettre DCCCLXXIII A la Mère de Chantal (Inédite). Pèlerinage à Milan. Ostension du
saint Suaire de Turin. Deux audiences princières attendues. Annonce du retour à Annecy1
DCCCLXXIV A l'Empereur d'Allemagne. Dépouillé par les Genevois de son pouvoir et de
ses biens temporels, l'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir prêter son concours à l'Empereur.3
DCCCLXXV A la Mère de Chantal. Le Saint se dispose à repartir pour la Savoie. Une
protectrice pour la Visitation. Messages et avis divers................................................................5
DCCCLXXVI A M. Des Hayes. D'où venait l'empêchement pour le Saint d'aller prêcher à
Paris; égards que lui témoigne le duc de Savoie. L'incivilité d'un libraire et la Defense de la
Croix. Ouvrages et éditeurs. M. et Mme de Charmoisy...........................................................7
DCCCLXXVII A Mme de Peyzieu (Inédite). Témoignages d'affection filiale; félicitations à
la destinataire à propos du mariage de l'un de ses fils......................................................................11
DCCCLXXVIII A la Mère de Chantal (Billet inédit). Retour du Saint. Salutations dès
l'arrivée. Promesse d'une visite pour le lendemain....................................................................12
DCCCLXXIX A la même. Aspiration du Saint à la fin d'une journée. Souhaits spirituels
pour la Mère de Chantal.................................................................................................................13
DCCCLXXXA la même. Encore l'héritage de Mme de Miribel. Première entrevue du
Saint et des «bonnes damoyselles» qui devaient concourir à la fondation du monastère de Lyon..14
[465]
DCCCLXXXI A Mme de Giez. Un bienfait extraordinaire pour une jeune femme. Trois
vertus qui comprennent toute la dévotion. Souhaits de piété. Moyen de rendre plus doux le
joug du Sauveur..............................................................................................................................16
DCCCLXXXII A la Mère de la Vesvre. Sympathies du Saint pour la Congrégation des
Ursulines de Franche-Comté. La clôture ne lui paraît pas conforme à l'esprit de cet Institut...18
DCCCLXXXIII A la Mère de Chantal. Un désir du Saint pour la Mère de Chantal et pour
lui-même; pourquoi il regrette d'avoir dû quitter le matin la rédaction du Traitte de l'Amour de
Dieu. Les voies les plus faciles ne sont pas toujours les meilleures. User d'amour et de
douceur envers les petits esprits et les cœurs faibles.....................................................................19
DCCCLXXXIV A Mme de la Valbonne (Inédite). Une àme dévoyée: pourquoi les «Dames
de la Visitation» ne sont pas répréhensibles de l'avoir assistée. Quand faut-il empêcher le mal.
Messages et souhait...................................................................................................................21
DCCCLXXXV Au Duc de Nemours. Supplique instante en faveur de M. de Charmoisy et
de M. du Noyret. Si le Duc reçoit les plaintes contre les Annéciens, «sans praejudice des
defenses des accusés, Dieu sera obei. »..........................................................................................23
DCCCLXXXVI A la Mère de Chantal (Inédite). Les voyageuses de Lyon et les préliminaires
d'une fondation. Le P. Grangier. Un visiteur attendu.............................................................25
DCCCLXXXVII A Mme de la Fléchère. Un dépositaire fidèle. Suspension des hostilités
entre la France et la Savoie. Invitation aux noces de Louis de Sales. Craintes et espérances
à propos de M. de Charmoisy.........................................................................................................27
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DCCCLXXXVIII A la Mère de Chantal (Fragment inédit). «Fraische rosee» et «tempeste»;
l'odeur des œillets sur la fin de la journée......................................................................................29
DCCCLXXXIX Au Duc de Nemours (Inédite). Raisons nouvelles présentées au prince en
faveur de MM. de Charmoisy et du Noyret. Le Saint intercède aussi pour des gentilshommes
bourguignons et déclare ne craindre nullement ses calomniateurs.................................................29
DCCCXC Au Comte de Tournon. Un cadeau du Saint. Les plaintes de Berthelot contre
Janus de Sales, sujet de mortification pour l'Evêque......................................................................31
DCCCXCI A Mme de Travernay. Remerciements à la destinataire; affection de sa fille pour
le Saint…………………………………………………………………………………………....33
DCCCXCII A une personne inconnue. Oraison funèbre de la première des filles du Saint,
qui alla voir au Ciel ce que Dieu préparait aux autres....................................................................34
[466]
DCCCXCIII A la Mère de Chantal. Effusions et souhaits de piété à l'occasion de la fête de
saint Jean-Baptiste. Panégyrique du Précurseur........................................................................35
DCCCXCIV A Mme D'Aiguebelette. Saint François de Sales n'est pas insensible aux petites
marques d'une sainte amitié. Le désir et les effets des vertus. Bonnes nouvelles de Mme de
Charmoisy......................................................................................................................................36
DCCCXCV A la Mère de Chantal. L'impatience de Celse-Bénigne en arrivant chez le Saint.
Recommandations de celui-ci à la Mère de Chantal; charité et délicate discrétion de l'Evêque à
l'égard de la mère et de son fils......................................................................................................37
DCCCXCVI — A la Duchesse de Mercœur (Inédite). Un grand Saint qui a vécu à la façon des
anciens Evêques. Envoi de ses reliques.....................................................................................39
DCCCXCVII A M. de Blonay. Entremise charitable du Saint pour hâter la conclusion d'une
alliance...........................................................................................................................................40
DCCCXCVIII A Mme de la Fléchère. Nouvelles, messages; envoi de reliques de saint
Charles Borromée..........................................................................................................................42
DCCCXCIX Au Père de Bérulle. Le Saint recommande au Fondateur de l'Oratoire le porteur
de la présente lettre, et le prie de l'agréer dans son Institut, pour ses rares qualités……………..43
CM A M. de Soulfour. Affectueux intérêt de l'Evêque de Genève pour l'Oratoire. Grands
éloges d'un ami qui désirait entrer dans cette Congrégation..........................................................44
CMI A l'Abbesse du Puits-D'orbe. Une messagère qui vaut mieux que la meilleure lettre.
Témoignages de cordial dévouement.............................................................................................45
CMII Au Duc de Nemours. Requête du Saint en faveur de ses frères et de MM. de Charmoisy
et du Noyret; Dieu exige que le Duc leur rende justice.................................................................46
CMIII Au Marquis de Lans. L'Evèque de Genève avise le gouverneur de Savoie de son
retour de Gex, des intentions des Bernois à l'égard du désarmement et des divers déplacements du
duc de Bellegarde...........................................................................................................................47
CMIV A la Mère de Chantal. Le bon plaisir de Dieu. Les déserts et les fertiles campagnes
de la vie spirituelle. Pourquoi le Saint ne voulait pas d'abord et voulut ensuite que la Mère de
Chantal fût «abeille»......................................................................................................................49
CMV A Mgr Camus. Excuses pour une réponse tardive. Mgr Camus ayant écrit au Saint
qu'il désirait se démettre de sa charge, celui-ci l'engage discrètement à n'en rien faire. Il est prié
de s'intéresser à l'honneur d'une famille. Mort de Mgr de Villars, archevêque de Vienne…….51
[467]
CMVI Au Duc de Bellegarde. L'Evèque annonce à son pénitent l'envoi d'une méthode pour
examiner sa conscience. Exhortation à la vie chrétienne. La vie éternelle. Obligation de
réparer le passé. Le plus vif de tous les amours. Quelques exercices recommandés. Un
moyen de se convertir plus parfaitement au Sauveur. La toute-puissance de l'Eucharistie et
l'expérience du Saint.......................................................................................................................55
CMVII A la Mère de Chantal. Avis pour la dernière étape. Souhaits affectueux de
bienvenue à la voyageuse...............................................................................................................58
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CMVIII A M. de Montfort (Inédite). Assistance et conseils du Saint dans des affaires de
famille............................................................................................................................................60
CMIX A la Mère de Chantal. Ce que le Saint voulait éviter en retardant l'oblation de la Sœur
Humbert. Une course à Sainte-Catherine.................................................................................61
CMX A la Présidente Brulart. Le retour offensif des ennemis qu'on croyait vaincus nous
apprend deux leçons. Avantages des tribulations. Comment pratiquer l'oraison mentale et y
suppléer lorsqu'on ne peut la faire longue.....................................................................................62
CMXI A Mme de Peyzieu (Inédite). Témoignage de constant souvenir. Félicitations sur
la vocation apostolique d'un des fils de la destinataire..................................................................65
CMXII A Mme de la Fléchère. L'Introduction a la Vie devote et la perfection. Un bon
remède à l'infidélité envers Dieu. Ne pas subtiliser, ne pas picoter sur sa conscience. Souhaits
spirituels.........................................................................................................................................67
CMXIII A Mgr de Revol. Un regret et une tentation du Saint. Les serpents et le charmeur.
Comment Dieu récompensera «la sainte inutilité» apparente des missionnaires du bailliage de
Gex.................................................................................................................................................69
CMXIV A M. Girod (Inédite). Le monastère des Clarisses d'Annecy menaçant ruine,
l'Evêque de Genève invite chacun de ses diocésains à faire quelque aumône à cette intention….71
CMXV A la Mère de Chantal. — Un songe de la Sœur de Blonay proposé au Saint; sa réponse.
Les «véritables marques des véritables grâces surnaturelles.»..................................................72
CMXVI A Mme de Peyzieu (Inédite). Le Saint demande à la destinataire de favoriser de sa
recommandation un proche parent. La raison et le droit en ce temps-là..................................74
CMXVII — A la Sœur Favre (Fragment inédit). Pourquoi les âmes religieuses sont heureuses.
Une correspondante trop discrète.............................................................................................75
CMXVIII A la Sœur de Bréchard. — Un service de charité aimablement refusé. Les
«pauvres gens» servis comme frères [468] et membres de Jésus-Christ, plus heureux que le
«pauvre pere.» Espérance qui consolait celui-ci de ne voir pas à son gré ses filles de la
Visitation.......................................................................................................................................76
CMXIX A Mme de Murat de la Croix. Les déceptions de la vie et ses fugitives consolations.
Sympathies et condoléances. Dieu seul consolateur efficace, et à quelle condition.
Promesse de prières et offre de services........................................................................................78
CMXX A Mme de la Fléchère. Compassion du Saint pour une pauvre veuve dont il avait
béni le mariage. Les vicissitudes de la vie humaine.Deux nouvelles oblations à la
Visitation........................................................................................................................................80
CMXXI A Des Inconnus. Rien n'est mauvais de ce que l'Eglise ordonne. La Communion
sous la seule espèce du pain. A quoi servent et comment il faut présenter les ablutions.
Pourquoi doit-on célébrer le Mariage devant l'autel......................................................................81
CMXXII A la Mère de Chantal (Billet inédit). Demande d'un renseignement....................83
CMXXIII Au Duc de Nemours. Remerciements au prince pour l'élargissement des amis du
Saint; celui-ci espère qu'ils pourront rentrer bientôt dans Annecy................................................84
CMXXIV Au Duc de Savoie. Supplique pour obtenir au Chapitre de Saint-Pierre de Genève
la cession de l'église et du prieuré du Saint-Sépulcre d'Annecy....................................................85
CMXXV Au même. Recommandation en faveur d'un gentilhomme qui avait ses biens en
France.............................................................................................................................................87
CMXXVI Au Comte de Tournon. Bienveillante courtoisie du comte de Tournon pour le
Saint et pour ses frères. Gratitude de François de Sales. Nouvelles diverses. Un écrivain
fertile..............................................................................................................................................88
CMXXVII A Mme de la Fléchère. Une illusion du prieur de Blonay. Tout va très bien à
la Visitation. De Lyon et de Paris on a demandé les Constitutions. Pourquoi faut-il tenir son
cœur «net, debonnaire et pauvre.».................................................................................................91
CMXXVIII A Mme de Cornillon, sa sœur. — Le «frere le plus aymant» et la «seur la plus
aymee.» Envoi d'un chapelet rapporté de Milan. — Un moyen d'avoir toujours le cœur
content............................................................................................................................................92
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CMXXIX A Mme de la Fléchère. Souhaits spirituels. Nouvelles de Mme de Charmoisy...94
CMXXX A Mme de Grandmaison. La part de l'imagination dans nos tristesses. Les
«pasquins» et le monde; comment se guérit le mal de la calomnie. Un mot de saint Grégoire.
Les injures et le Crucifix. A quoi sert une revue annuelle [469] de l'âme; manière de la faire.
Les chutes graves et le progrès en la dévotion..........................................................................95
CMXXXI A M. de Vallon (Inédite). Le Saint conseille à son parent d'acquiescer à un ordre
du prince de Nemours. Que faire contre la violence, quand il n'y a remède. Une preuve de
courage contre une maigre vengeance. Encouragements et sympathies...................................98
CMXXXII A Mme de la Fléchère. Souhaits de bon voyage et salutations..........................101
CMXXXIII A la même. Le prieur de Blonay. «Le grand ouvrier des merveilles.» Un
moyen d'être très heureux. Le voyage d'une jeune mariée. Privilège de ceux qui sont à
Dieu..............................................................................................................................................102
CMXXXIV A la Duchesse de Mantoue. La Congrégation de la Visitation à la fin de l'année
1613; son esprit, ses pratiques. Le Saint demande à la duchesse de vouloir bien être la
protectrice officielle de l'Institut, de procurer en sa faveur des lettres patentes du duc de Savoie et
de faire poser en son nom la première pierre du futur oratoire....................................................104
CMXXXV A M. de Peyzieu (Inédite). Amitié du Saint pour la famille de Peyzieu.
Pourquoi il faut mépriser les calomnies anonymes......................................................................110
CMXXXVI A la Mère de Chantal. Nos sentiments pour la créature et pour le Créateur.
Joie et piété du Saint la veille du 8 décembre...............................................................................112
CMXXXVII A M. de Quoex. Ce que souhaite le Saint et ce qui lui est indifférent; son
humilité et sa modération. La charité et la diversité d'opinions. Double projet de réforme à
Talloires. Deux remèdes de François de Sales contre les contradictions. Que faire quand on
s'oppose aux fautes.......................................................................................................................113
CMXXXVIII — A la Sœur Favre. — Une lettre qui a consolé, embaumé l'âme du Saint. Les
productions de l'amour-propre. Rien ne répare une faute comme de l'avouer naïvement. Une
grande partie de notre perfection..................................................................................................117
CMXXXIX A une Dame. Saint François de Sales espère terminer les prédications de
l'Avent. Réflexions sur la fuite imperceptible des années. Aspirations vers l'éternité; souhaits
pour sa possession........................................................................................................................119
CMXL A la Mère de Chantal. Le «grand petit Enfant de Bethleem» et Salomon. L'haleine
du bœuf et de l'âne, et les aspirations de notre cœur. — Gratitude du Saint pour un ornement,
ouvrage de la Mère de Chantal.....................................................................................................120
CMXLI A la même. C'est en toutes circonstances qu'il faut aimer la très sainte volonté de
Dieu. Pourquoi le Saint a choisi [470] le dernier jour de l'année pour faire de «petitz et grans
changemens» en sa Congrégation………………………………………………………………122
CMXLII A la même. Le côté percé du Sauveur, abri divin. — Le Sauveur, Roi des cœurs,
toujours prêt à leur donner audience............................................................................................123
CMXLIII A un Ecclésiastique. Procès entre l'Evèque de Maurienne et le curé de Lullin.
Intervention du Saint en faveur de ce dernier...............................................................................124
CMXLIV A la Mère de Chantal. Pourquoi faut-il se confier à la Providence de Dieu.......125
CMXLV A une cousine (Fragment inédit). Exhortation à l'amour de Notre-Seigneur......126
CMXLVI Au Prieur de Talloires. Obligation pour un supérieur de réduire au devoir des
sujets scandaleux. Circonstances qui aggravent la culpabilité des délinquants.......................127
CMXLVII A la Mère de Chantal. Apologue du musicien devenu sourd, et la sainte musique
d'une âme qui sert Dieu, sans joie, abandonnée entièrement au bon plaisir divin………………128
CMXLVIII A une Religieuse de la Visitation. Ce qui tenait occupé le Saint toutes les
matinées: l'emploi meilleur qu'il aurait voulu en faire. «L'amour propre ne meurt jamais;» ses
fruits et ceux de la vraie charité. Quel est le seul, remède. Les séparations pour les mondains
et les amis de Dieu.......................................................................................................................129
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ANNÉE 1614
CMXLIX A Mme D'Escrilles. Quand faut-il s'abandonner entièrement entre les bras de la
Providence. Comment parler des personnes qui nous ont fait tort. Ce qui est plus efficace
contre le mal que le ressentiment.................................................................................................133
CML Au Père de Soulfour. Envoi de lettres pour l'Evêque de Bazas et pour M. de Fontaines.
Attachement du Saint pour la Congrégation de l'Oratoire; il désire en connaître les règlements.
Le Traittè de l’Amour de Dieu l'empêche d'entreprendre un travail qui lui est proposé.........135
CMLI A Mgr Fenouillet. Salutations affectueuses envoyées au destinataire de passage à
Lyon. Le Saint s'excuse de ne pouvoir accepter l'invitation de prêcher à Toulouse...............138
CMLII A la Mère de Chantal. Saint François de Sales se sent pressé d'activer la rédaction
de son grand ouvrage....................................................................................................................140
CMLIII A la même. Le Saint ménage à sa chère Congrégation la bienveillance du Conseil
de Ville d'Annecy. Pourquoi il ne veut pas qu'on demande de sa part du beau papier à M.
Rolland.........................................................................................................................................140
[471]
CMLIV A la même. Un triduum de prières. Souhait d'unité.........................................143
CMLV A la même. Plusieurs visiteurs ont empêché le Saint d'aller voir la Mère de Chantal.
Il se promet de célébrer avec elle, le lendemain, l'anniversaire de sa naissance et de dire la
Messe à la Visitation....................................................................................................................143
CMLVI Au Duc de Savoie. Le Duc ayant agréé le projet de confier aux Barnabites le collège
de la ville, est supplié de le faire réussir.......................................................................................145
CMLVII A M. de Quoex. La réforme de Talloires et l'affaire de Mme des Gouffiers.
Nouvelles et commissions pour Rome. Instructions à suivre dans une négociation auprès des
Congrégations romaines...............................................................................................................147
Mémoire pour M. de Quoex concernant Mme des Gouffiers.........................................................153
CMLVIII A Mme de la Valbonne. Il ne faut jamais cesser de coopérer de son mieux au salut
du prochain. Comment aborder une âme pécheresse et avec quel sentiment. Le moindre brin
du divin amour, préférable à tous les trésors du monde...............................................................155
CMLIX A M. de Blonay. Affaires d'argent. Reconnaissance du Saint pour un service que
lui a rendu Mgr Gribaldi. Nouvelles et messages.....................................................................156
CMLX A Mgr Jost Regrets sur la mort d'Adrien de Riedmatten, évêque de Sion; éloge de
son zèle et de ses vertus. Les airs de deuil transformés en chants d'allégresse à l'élection de Mgr
Jost. François de Sales lui offre son concours pour la cérémonie du sacre. Promesse d'entier
dévouement..................................................................................................................................158
Autre minute de la lettre précédente.............................................................................................162
CMLXI A M. de Blonay. Une entrevue jugée nécessaire..................................................165
CMLXII A M. des Hayes. Entremise du Saint pour l'une de ses parentes. Son aversion
pour les affaires d'intérêt. Passage à Chambéry du Cardinal d'Est..........................................166
CMLXIII A la Mère de Chantal. Le texte des Litanies de saint Joseph, revu, corrigé et
accentué par le Fondateur de la Visitation…………....................................................................168
CMLXIV A Mme de la Valbonne. Pourquoi l'intercession de saint François de Paule est
propice à l'espérance des mères....................................................................................................170
CMLXV A un gentilhomme (Billet inédit). Remerciements pour un envoi de venaison..171
CMLXVI A Mme de la Fléchère. Une lettre recommandée................................................171
CMLXVII A la Mère de Chantal (Inédite). Deux plans proposés pour la première église de
la Visitation. Le saint Fondateur désire «une petite eglisette bien façonnee.»........................172
[472]
CMLXVIII Aux Chanoines de la Collégiale de Samoëns. Les statuts du Chapitre de l'église
cathédrale d'Annecy doivent servir de type à la collégiale de Samoëns.......................................174
CMLXIX A Mme D'Escrilles. Compassion et consolation du Saint. Etre sur la croix, grâce
insigne pour les âmes dédiées à Dieu............................................................................................175
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CMLXX Au Roi de France. Remerciement au Roi pour une aumône promise à l'église de
Gex……………………………………………………………………………………………...176
CMLXXI A la Mère de Chantal. Impressions rétrospectives de l'Evèque de Genève à propos
de l'ostension du saint Suaire. — Ce qui lui vint au cœur de dire au Cardinal de Savoie. — Une
recette de Mme de Boisy. La mort, source de la vie nouvelle..................................................177
CMLXXII A Mme de la Fléchère. Etre toute sainte : ce que renferme ce bref souhait. La
valeur d'une once de douceur durant un procès. Une heureuse naissance...............................179
CMLXXIII Au Comte de Tournon. Gratitude et félicitations. Un Théatin célèbre du
temps, orateur et écrivain.............................................................................................................180
CMLXXIV Au Duc de Savoie. Un moyen d'accroître la dévotion au pays du Chablais.
L'abbaye de Ripaille et la piété des princes de Savoie. Fermeté et constance de l'Ordre des
Chartreux.....................................................................................................................................182
CMLXXV A Mme de la Fléchère. Le baptême d'un neveu du Saint: il se promet d'y voir M.
et Mme de Charmoisy. Nouvelles et messages........................................................................184
CMLXXVI A la même. Le duel et les censures de l'Eglise au XVIIe siècle. Le courage
«desreglé» des catholiques qui acceptent le duel. Ce qui tourmentait le plus François de Sales
à leur sujet. Une pieuse industrie............................................................................................185
CMLXXVII A M. de Quoex. — Avis et démarches pour obtenir l'annulation des vœux de Mme
des Gouffiers................................................................................................................................187
CMLXXVIII A la Mère de Chantal. Préparatifs d'une course sur le lac............................188
CMLXXIX Au Duc de Savoie. Les Pères Barnabites à Annecy. Le Duc est prié de
favoriser leur mission, d'une incomparable utilité pour le collège de la ville..............................189
CMLXXX A Mme de la Fléchère (Inédite). Nouvelles de la santé du Saint. Regret d'avoir
manqué une visite désirée.............................................................................................................191
CMLXXXbis A la Mère de Chantal1446. Piété et patience de Gallois de Sales, frère du Saint,
durant sa dernière maladie.......................................................................................................195bis
CMLXXXI Au Roi de France Actions de grâces pour une gratification accordée aux églises
du pays de Gex.............................................................................................................................192
[473]
CMLXXXII Au Duc de Bellegarde. Double interprétation du titre de «filz» désiré par le
destinataire. Exhortation aux pratiques de piété. Le monde, malgré sa malignité, estime les
vrais dévots et la dévotion sérieuse et toute suave......................................................................193
CMLXXXIII Au Baron du Villars (Inédite). Plainte du Saint contre une prétention
exorbitante qu'avaient eue les protestants à l'assemblée des Etats du bailliage de Gex..............195
CMLXXXIV Au Comte de Tournon. François de Sales s'abstient prudemment de fréquenter
le duc de Nemours, alors à Annecy. La réimpression en petit format de l'Introduction à la Vie
devote engage l'auteur à préparer une nouvelle édition. Affaires de MM. du Noyret et de
Portes...........................................................................................................................................197
CMLXXXV Au Général des Chartreux. L'Evêque de Genève sollicite l'admission d'une
postulante chez les Chartreusines de Mélan.................................................................................200
CMLXXXVI Au Baron de Cusy (Inédite). Les brebisgagnent à l'absence des mauvais
bergers. Pourquoi on allait à la guerre au dix-septième siècle................................................202
CMLXXXVII Au Comte de Tournon (Inédite). Saint François de Sales et les offenses.
L'amitié et la charité. Une amitié un peu forte ne doit pas être chatouilleuse. Un louable
projet de retraite...........................................................................................................................203
CMLXXXVIII A la Mère de Chantal (Billet inédit). Une visite empêchée......................205
CMLXXXIX A l'Abbesse de Sainte-Claire d'Evian. Unique préface pour toute une
correspondance. Propriétés de l'eau vive que l'on puise en Notre-Seigneur par la sainte oraison;
erreur et malheur des familles religieuses qui ne s'appliquent pas à cet exercice. Un ignorant
1446 Voir plus haut, note (627), p. 195bis.
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qui en sait plus que beaucoup de savants. — Les Œuvres de sainte Thérèse. — Vertus à faire fleurir
dans un monastère. Utilité d'un bon et vertueux confesseur pour une Communauté……….206
CMXC A Mme de la Valbonne. Se consacrer à Notre-Seigneur, c'est une grâce dont la
grandeur se découvre avec le temps. Pourquoi Dieu permet les «secousses de l'amour-propre.»
Salutations...............................................................................................................................209
CMXCI A Mme de la Fléchère. Affaires diverses. Un malade bien résigné. La seule
chose digne d'être estimée............................................................................................................211
CMXCII Au Duc de Bellegarde. Pourquoi l'amour paternel est puissant ; celui du Saint
comparable au feu. L'idéal qui sied à une grande âme. Préservatifs conseillés contre les
malignes influences de la cour.....................................................................................................212
[474]
CMXCIII A M. de Jacob (Inédite). Témoignages de sympathie à un ambassadeur qui n'avait
pas réussi dans sa mission. Discrète invitation à sanctifier ses derniers jours. Promesse d'une
visite.............................................................................................................................................214
CMXCIV A Mgr Camus. «La mousse des exemptions.» Une vertu qui vaut un procès de
canonisation. Un déplaisir et une crainte du Saint. Injuste ingérence de l'Etat dans l'exercice
du pouvoir spirituel de l'Eglise. L'Evèque de Genève se confie, pour la défense de ses droits, à
la vaillance de son ami. Messages pour Dijon........................................................................215
CMXCV A M. Dunant (Inédite). Règlement de plusieurs affaires intéressant diverses
paroisses du pays de Gex.............................................................................................................219
CMXCVI A Mme de la Fléchère. Les mauvais procédés et les répugnances de l'amour-propre:
excellentes occasions de pratiquer l'humilité...............................................................................222
CMXCVII Au Duc de Bellegarde. Progrès spirituels du duc de Bellegarde. A quelle
condition peut-on servir Dieu à la cour. Pourquoi Dieu est le plus digne objet de notre
amour……...................................................................................................................................223
CMXCVIII Au Baron d'Anlezy (Inédite). Mme des Gouffiers aspirante à la Visitation; accueil
que lui préparent le Fondateur et les Religieuses. Sa famille n'aura nul sujet de blâmer son
choix............................................................................................................................................225
CMXCIX A M. de Foras. Un échange qui accommoderait infiniment les monastères de
Saint-Dominique et de la Visitation; il se fera, si le prince de Nemours en témoigne le désir. Le
destinataire est prié d'en parler à Sa Grandeur............................................................................226
M A M. Jay. Un futur assistant du Saint aux Offices de la cathédrale..............................229
MI A la Mère de Chantal. Une visite des Pères Barnabites annoncée à la Mère de Chantal..23l
MII A la même. Reprise d'un travail interrompu à regret. Un concours, et «l'eschange des
jardins» à acheminer.....................................................................................................................232
MIII A MM. les Proviseurs du Collège de Savoie a Louvain. L'introduction des Barnabites
au collège d'Annecy laisse subsister l'alliance avec le collège de Savoie à Louvain. Les
Proviseurs sont priés d'agréer ce qui a été fait et de correspondre au désir du Saint……………233
MIV A Mme des Gouffiers. Dieu guide les âmes qui remplissent avec humilité quelque
mission de sa Providence. Le vrai esprit de la Visitation, et comment elle doit considérer les
autres genres de vie. Pourquoi Dieu l'a créée. C'est sa «plus grande gloire qu'il y ayt une
Congrégation de la Visitation au monde.» Humilité du Fondateur; son affection pour les
Ursulines......................................................................................................................................235
[475]
MV A la même (Inédite). Succès des négociations entreprises pour l'obtention d'une dispense
en Cour de Rome. Le P. de Villars à Lyon. Prudence recommandée à la destinataire.
Messages divers...........................................................................................................................238
MVI — A la Sœur de Chastel. — La nature et la grâce en la Sœur de Chastel. — Conduite à tenir
dans ce conflit. A quelles conditions Dieu chérit les âmes tracassées....................................241
MVII A Mme des Gouffiers. — Le Saint donnera de bon cœur ses Filles pour la fondation de
Lyon. Pourquoi le genre de vie de la Visitation en facilite la diffusion. Un trait de la
Providence divine et le suffrage du Patron de l'Eglise lyonnaise. Un des plus grands avantages
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des Congrégations au XVIIe siècle. Déférence que méritent les Carmélites. Messages et
salutations....................................................................................................................................244
MVIII A la Mère de Chantal (Inédite). Une consolation refusée au Saint. Il termine la
rédaction du Traitté de l'Amour de Dieu. Encore l'échange des jardins. L'entrée au monastère
de la Visitation permise à quelques dames de Chambéry, mais à une condition……………….248
MIX A la même (Inédite). Une sénatrice à confesser; le Saint lui donne rendez-vous à la
Visitation......................................................................................................................................250
MX Au Chanoine Marpeaud (Inédite). Le destinataire est prié de loger en vertueuse
compagnie le fils de Mme d'Escrilles............................................................................................251
MXI Au Duc de Nemours. L'Evèque de Genève conserve l'espoir du prochain retour du
prince. Raisons pressantes pour le Duc de résider à Annecy. Charles-Emmanuel désire qu'il
y demeure, la guerre lui en fait un devoir. Son absence paraîtrait un abandon et amènerait une
séparation d'avec la cour de Savoie..............................................................................................252
MXII Au Comte de Tournon. Le Saint déplore le départ du prince de Nemours. Une
paroisse très mal desservie. L'épitaphe du poète Nouvellet....................................................257
MXIII A Mme de la Fléchère. Bonnes nouvelles. Le premier essai d'une fille «bien resolue
et de bon esprit.» Annonce d'un départ. Achèvement du Traitté de l'Amour de Dieu.
Divers messages...........................................................................................................................260
MXIV A la Mère de Chantal. Le Saint retenu chez lui par le grand nombre des visiteurs; il
se promet toutefois d'aller voir le lendemain la Mère de Chantal................................................262
MXV A Mgr Fenouillet (Inédite). Pénurie de prédicateurs dans la province des Capucins de
Thonon. Intervention du Saint en faveur des Cordeliers sa royards, menacés d'une séparation
[476] préjudiciable à leurs études. Une besogne qui n'est pas déplaisante à son auteur.
Pourquoi le Traittè de l'Amour de Dieu pourrait avoir moins de succès que l'Introduction à la Vie
devote...........................................................................................................................................263
MXVI A Mgr Jost. Plusieurs raisons inclinent François de Sales à obliger l'Evêque de Sion.
Il lui sera très agréable de prendre part à l'office de sa consécration......................................267
MXVII Au Comte de Tournon. Voyages en Tarentaise et en Valais. Nouvelles
diverses........................................................................................................................................268
MXVIII A Mme de la Fléchère. Annonce d'une messagère de confiance. Encouragements.
Fidélité du Saint à sa chère Eglise de Genève, sa première épouse…………………………270
MXIX A la Mère de Chantal. Une nouvelle prétendante pour la Visitation......................271
MXX A la même. Une première étape et la pensée de zèle qui donnait un élan joyeni an
saint voyageur. Consolations spirituelles réservées aux âmes apostoliques. Commentaire
d'un texte de saint Paul.................................................................................................................272
MXXI Au Duc de Savoie. Avis donné au Duc sur la politique du gouverneur de Milan en
Valais. Eloge détaillé du nouvel Evêque de Sion. Un présent qu'il n'a pas reçu………….274
MXXII Au Marquis de Lans. Renseignements politiques. Les agissements du gouvernenr
de Milan pour attirer le Valais au parti de l'Espagne. Opposition de l'Evêque de Sion.
Mesures à prendre. Un festin de six heures. Qualités du nouvel Evêqne…………………276
MXXIII A la Mère de Chantal. Réponse à donner à une personne qui combat une vocation.
Respect dû à la liberté des âmes..............................................................................................279
MXXIV A Dom Bailly. Excellente disposition pour recevoir de grandes grâces. Comment
vivre «en ce petit pelerinage.» Document ponr commencer une bonne vie religieuse. Un
anniversaire très pieusement célébré par le Saint.........................................................................280
MXXV A la Mère de Chantal. Mme des Gouffiers propose de venir prendre la Mère de
Chantal pour l'accompagner à Lyon; le Saint agrée provisoirement ce projet.............................282
MXXVI A la même. Où réside la foi dans l'âme des saints qui sont tentés contre cette vertu.
Les souffrances spirituelles de la Mère de Chantal ne troublent pas son saint Directeur……282
MXXVII A la même. Une malade reprise pour ses imprudences......................................283
MXXVIII A la même. Demande et envoi de nouvelles.....................................................284
[477]
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MXXIX A Mme de Peyzieu. Pour être tout à Dieu, nous devons crucifier nos affections les
plus vives. — Il nous faut surtout un cœur amoureux envers le prochain. Quand cet amour est-
il plus excellent.............................................................................................................................284
MXXX A M. de la Ceppede. Remerciements au destinataire pour l'envoi d'un poème.
L'auteur a su transformer les muses païennes en chrétiennes. Puisse-t-il servir d'exemple à
d'autres poètes. — Le pouvoir des vers pour pénétrer les cœurs..................................................286
MXXXI A la Mère de Chantal. Une occasion est offerte à la Mère de Chantal d'écrire à son
cher enfant. De quoi elle avait peur.........................................................................................288
ANNÉE 1615
MXXXII A M. de Blonay. Pourquoi le saint Fondateur désire envoyer à Lyon les meilleurs
de ses sujets. Marie-Aimée de Blonay sera l'une des fondatrices; son père est prié d'agréer cette
mission si glorieuse pour sa fille..................................................................................................289
MXXXIII A Mme de Ballon La débonnaireté de Notre-Seigneur en sa crèche; ce qu'on y
trouve et dans quelle posture il faut s'y tenir. Que faire quand l'ennemi nous détourne de la
sainte dévotion; le péril de quitter l'oraison.................................................................................290
MXXXIV A Mme de la Fléchère. La malignité humaine, grand sujet de résignation. Quels
esprits ne sont pas bons à l'office de chapelain. On attend à Annecy les délégués de l'Archevêque
de Lyon........................................................................................................................................292
MXXXV A la même. Départ imminent de la Mère de Chantal pour Lyon. Souhait du
Saint.............................................................................................................................................294
MXXXVI-MXLII. A la Mère de Chantal. Sept billets pour le voyage. Souhaits et
bénédictions. Les âmes vraiment inséparables. Motifs de confiance et de courage. La
joyeuse ardeur de saint Ignace, martyr. Promesse de la protection des bons Anges. Douceur
de l'unité des cœurs et des esprits. — Ardente prière pour la Fondatrice; bénédictions à ses
filles……………………….........................................................................................................295
MXLIII A Mme de Peyzieu. Les marques du pur amour. De quel prix ont été payées les
vertus des chrétiens.....................................................................................................................300
MXLIV A M. de Quoex. Gratitude de Son Altesse envers le Saint pour un avis
important.....................................................................................................................................301
MXLV A la Mère de Chantal, a Lyon. Sentiments du Saint après le départ de sa chère fille
spirituelle. Nouvelles détaillées du Monastère, des Religieuses, de Françoise de Chantal, de son
goût pour la parure et de la piété de Mme de Thorens. Désir de savoir les particularités de
l'«abord» à Lyon. [478] Bénédictions à la Fondatrice et à chacune de ses filles qui
l'accompagnaient……………………………………………………………………………….302
MXLVI A M. des Hayes (Inédite). Une chère ville que le Saint serait content de revoir.
C'est l'invitation et la société d'Antoine des Hayes qui auraient ses préférences s'il pouvait aller
prêcher à Paris. Pourquoi il prend patience dans son «buisson.» Promesse d'adresser à son
ami les premiers exemplaires du Traitté de l'Amour de Dieu. M. de Granier………………306
MXLVII Au Prince Cardinal de Savoie. Les pièces pour la cause du bienheureux Amédée
de Savoie ont été envoyées et reçues en temps opportun. Le Cardinal est prié de s'intéresser à
la prospérité du collège d'Annecy, gêné par l'insuffisance des revenus......................................308
MXLVIII A Mme de Peyzieu. Souhaits, offre de services, encouragements à une dame
infirme et âgée. Le moyen de rendre les langueurs salutaires et aimables.............................310
MXLIX A la Mère de Chantal, a Lyon. D'où procèdent les découragements dans la vie
spirituelle. Il ne faut jamais s'arrêter dans le travail de la perfection. Un précepte des Saints
recommandé à la Mère de Chantal. La présence du Saint-Sacrement, trésor de vie pour les
maisons qui en jouissent.............................................................................................................311
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34.2 Page 332

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ML A la même. a Lyon. Trois consolations dont le Saint a été gratifié au château de Sales.
Son attendrissement en voyant les pigeons faire place aux petits oiseaux et leur laisser pour leur
repas des restes à suffisance.........................................................................................................313
MLI Au Comte de Tournon (Inédite). Dispense de l'abstinence. Une dénonciation
effrontée contre un frère du Saint.................................................................................................316
MLII Au Duc de Nemours. — La nuit et les œuvres de la nuit. — Pourquoi les princes sont
tenus en conscience de ne pas recevoir sans examen les accusations. Courageuse remontrance
du saint Evêque au duc de Nemours.............................................................................................317
MLIII A M. de Foras. Pourquoi François de Sales s'affligeait de la calomnie faite contre ses
frères. Une prédiction du saint Evêque....................................................................................320
MLIV Au même (Inédite). Protestation d'amitié................................................................322
MLV A M. de Chatillon. Informations à prendre sur un ecclésiastique.............................323
MLVI Au Prince Cardinal de Savoie. La ville d'Annecy mérite d'être exemptée des charges
de guerre. Le Saint demande au Cardinal de favoriser ce bon peuple......................................324
MLVII A la Comtesse de Tournon. La destinataire est priée de faire exonérer des impôts
deux pauvres veuves réduites à la misère.....................................................................................325
[479]
MLVIII A la Mère de Chantal, a Lyon. L'amour ne va pas toujours en ordre. Pourquoi,
même à Sainte-Claire, François de Sales, en parlant de saint Joseph, n'a pas eu la ferveur qui lui
est habituelle à la Visitation. Bonnes nouvelles de plusieurs Religieuses et de toute la
Communauté................................................................................................................................327
MLIX A Mme de Peyzieu. Souhaits de pieuse affection. La fièvre amoureuse du Sauveur
capable d'adoucir la fièvre corporelle. Promesse de prières...................................................328
MLX A la Mère de Chantal, a Lyon. La préoccupation d'un écrivain «embesoigné». Une
consultation du médecin de la Sainte. Précautions épistolaires suggérées par la charité. Les
sorties, et l'autorité du Père spirituel du Monastère. Confesseurs de dévotion et confesseurs
extraordinaires.............................................................................................................................329
MLXI A M. Milletot. Soulèvement d'une paroisse qui refuse une partie de la dîme au
Chapitre de Genève. Pourquoi le saint Evêque voudrait et ne voudrait pas châtier la mutinerie.
Les femmes de Seyssel. Il faut ramener les délinquants au devoir...................................333
MLXII A Mme de Cornillon, sa sœur (Inédite). Affectueux bonsoir à la destinataire dont la
visite est très désirée par le Saint. Assurance qu'un service promis sera rendu……………..335
MLXIII A la Mère de Chantal, a Lyon (Inédite). Les distractions en l'oraison. Sainte
affection du Bienheureux pour l'âme de sa chère fille spirituelle. Nouvelles de plusieurs
Religieuses de l'abbaye de Sainte-Catherine et de la Visitation. Salutations particulières….336
MLXIV A Mgr Fenouillet (Inédite). Entremise du Saint pour faire rentrer en grâce auprès du
destinataire un parent qui l'avait offensé. Remerciements pour l'offrande d'un opuscule.
Portrait du jeune Louis des Hayes. Eloge des PP. Barnabites.................................................339
MLXV A la Mère de Chantal, a Lyon. L'affaire de Mme des Gouffiers. Ne pas recevoir
les postulantes avant l'âge requis. Pourquoi la Mère de Chantal pouvait répondre hardiment
pour le Saint. Avis sur les sorties extraordinaires. Trois hôtesses du Monastère d'Annecy.
Un sermon de deux heures et demie.............................................................................................342
MLXVI A la même, a Lyon. De la réception des prétendantes. Les sorties extraordinaires
et pour quelles visites il faut les permettre...................................................................................347
MLXVII A Mme de la Fléchère. Faut-il rechercher la cause de nos sécheresses? Pourquoi
Dieu les envoie. A quoi servent quelquefois les séparations...................................................348
[480]
MLXVIII A une dame. Le double avantage qu'on retire souvent de certaines maladies.
Dieu n'abandonne jamais le premier l'âme qu'il a d'abord attirée à lui........................................349
MLXIX A Mme de Peyzieu. La santé du corps et la santé de l'âme vont souvent en
mouvement contraire. — La maladie purifie le cœur. — Quel est le plus excellent sacrifice qu'on
puisse faire, au temps de la vieillesse et des infirmités................................................................350
332/335

34.3 Page 333

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MLXX A M. des Hayes. L'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir accepter une
proposition qui l'obligerait à résider en France. Remerciements pour des services rendus.
Privilèges et privilèges. Qualités et défauts de Louis des Hayes. Une de ses réponses; son
affection pour le Saint. Nouvelles militaires...........................................................................351
MLXXI A Dom Jean de Saint-Malachie Obry. Amitié du Saint pour les religieux Feuillants.
Affectueuse mention de Mme Brûlart. Dévotion de François de Sales à saint Bernard.
Nouvelles de la Visitation............................................................................................................356
MLXXII A la Mère de Chantal, a Lyon. Un billet hâtif. Union d'intimité spirituelle entre
les âmes des deux Saints...............................................................................................................358
MLXXIII A la même, a Lyon. — Aucune distance ne peut éloigner les cœurs que Dieu unit. —
Une crainte du Saint. La liberté qu'il faut garder à tout prix dans l'Institut de la Visitation.
Pourquoi le Fondateur voulait qu'on s'accommodât de certains esprits un peu difficiles. Un
vingt-troisième anniversaire cher au Bienheureux.......................................................................359
MLXXIV A la même, a Lyon. Puissants désirs de servir le divin amour qui affluent dans le
cœur du Saint. — Consolations qu'il reçoit des progrès spirituels de ses chères filles d'Annecy.
Que faire pour permettre à Dieu de parachever son œuvre dans les âmes………………………361
MLXXV — A la Sœur Favre, a Lyon. — Inquiétudes résignées du Bienheureux sur la santé de la
Mère de Chantal. Voyage de M. Grandis à Lyon....................................................................362
MLXXVI A la Mère de Chantal, a Lyon. Zèle croissant du Saint pour le service de Dieu.
Béatitude et suavité des âmes totalement résignées au vouloir divin. Attente de nouvelles363
MLXXVII A la même, a Lyon. Acquiescement de François de Sales à la volonté de Dieu.
— Nouvelles de son propre cœur.................................................................................................365
MLXXVIII — A la Sœur de Bréchard (Inédite). Prières publiques pour la guerre. Affaire
d'argent.........................................................................................................................................366
MLXXIX A M. de Peyzieu (Inédite). Condoléances, Eloge d'un frère défunt. La seule
chose qui nous mette en [481] repos. Préparer la mère tout doucement à la fâcheuse nouvelle.
Une grande erreur…………………………………………………………………………....368
MLXXX A Mme de Peyzieu. Condoléances à la destinataire sur la mort de son fils. Le
monde le plus désirable de tous. Consolations à la mère «quasi sur le despart» pour aller où est
son enfant.....................................................................................................................................370
MLXXXI — A la Sœur Favre, a Lyon. — La Mère de Chantal hors de danger. Nouvelles et
avis spirituels. — Salutations aux chères Sœurs et aux bienheureuses Novices……………….373
MINUTES ÉCRITES PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES
POUR D'AUTRES PERSONNES
MLXXXII Au Duc de Savoie, pour les Religieuses de la Visitation. Remerciements et
promesse de prières à Son Altesse en retour de la protection qu'elle accorde à la Visitation……375
MLXXXIII Au Cardinal Barberini, pour Mme des Gouffiers (Inédite). Mme des Gouffiers se
félicite d'avoir le Cardinal pour intercesseur dans son affaire. Elle en espère le succès de sa
charitable intervention..................................................................................................................376
MLXXXIV A la Duchesse de Mantoue, pour les Religieuses de la Visitation (Inédite). Les
Religieuses de la Visitation d'Annecy rendent compte à leur protectrice de leurs consolations: pose
de la première pierre de l'église, envoi prochain de trois d'entre elles pour dresser un nouveau
monastère à Lyon.........................................................................................................................379
MLXXXV A un Secrétaire du Duc de Savoie, pour le Supérieur d'une Communauté (Inédite).
Une réclamation injustifiée......................................................................................................381
333/335

34.4 Page 334

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APPENDICE
I
LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES
PAR QUELQUES CORRESPONDANTS
A Lettres de commission de Mgr Pierre-François Costa, nonce apostolique a Turin..............385
[482]
B Lettre du Père Jacques-Philibert de Bonivard, de la compagnie de Jésus...........................386
C Lettre du Père Mathias de Dole, capucin............................................................................388
D Lettre de Mgr Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley..........................................................389
E Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie.................................................................391
F Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, secrétaire d'état.....................................................392
G Lettre de Mathias, Empereur d'Allemagne..........................................................................393
H Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie..................................................................395
I Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie.......................................................................396
J Lettre du Cardinal Caffarelli-Borghese, secrétaire d'état......................................................397
K Lettre de Dom Bruno d'Affringues, Général des Chartreux................................................398
L Lettre du Père Etienne Binet, de la compagnie de Jésus......................................................399
II
LETTRES DE PRINCES ET AUTRES PERSONNAGES
A DIFFÉRENTS DESTINATAIRES
A Lettre de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie, aux religieuses de la visitation d'Annecy.401
B Lettre de l'Infante Marguerite de Savoie, Duchesse de Mantoue, a la mère de Chantal…..402
C Lettre de M. Philippe de Quoex a son frère Claude.............................................................403
D Lettres patentes de Charles-Emmanuel Duc de Savoie, au souverain sénat........................409
E Lettre du même aux nobles Syndics d'Annecy......................................................................410
F Lettre du même aux administrateurs du Collège Chappuisien.............................................411
G Lettre de M. Renaud de la Grange au Duc de Villeroy.......................................................412
H Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie aux administrateurs du Collège
Chappuisien.................................................................................................................................415
I Lettre des proviseurs du Collège de Savoie a Louvain, aux administrateurs de celui
d'Annecy......................................................................................................................................416
J Lettre de Mgr Anastase Germonio, archevêque de Tarentaise, au clergé de son diocèse….417
[483]
III
La fondation du 1er Monastère de la Visitation de Lyon, deuxième de l'ordre............................418
Lettres Patentes de Louis XIII......................................................................................................428
Glossaire des locutions et des mots surannés...............................................................................431
334/335

34.5 Page 335

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Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de ce volume437
Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes, et indication de la
provenance des Manuscrits..........................................................................................................453
ACHEVÉ D'IMPRIMER
SUR LES PRESSES DE
L'IMPRIMERIE MODERNE DE L'EST
25 BESANÇON
N° D'IMPRESSION: 6065
DÉPÔT LÉGAL: 4E TRIMESTRE 1976 [484]
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