20-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XX-Vol.10-Lettres


20-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XX-Vol.10-Lettres

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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
______
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SUR LES AUSPICES DE MGR L’ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU IER MONASTÈRE DANNECY
__________
TOME XX
LETTRES VOLUME X
LIBRAIRIE CATHOLIQUE EMMANUEL VITTE
LYON
PARIS
3, Place Bellecour, 3 14, Rue de l'Abbaye, 14
___
ANNECY, IMPRIMERIE J. ABRY
MCMXVIII
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Deuxième édition
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
_____
TOME VINGTIÈME
LETTRES
Xme VOLUME
1621 1622 [I]
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Propriété [II]
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
______
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SUR LES AUSPICES DE MGR L’ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU IER MONASTÈRE DANNECY
__________
TOME XX
LETTRES VOLUME X
LIBRAIRIE CATHOLIQUE EMMANUEL VITTE
LYON
PARIS
3, Place Bellecour, 3 14, Rue de l'Abbaye, 14
___
ANNECY, IMPRIMERIE J. ABRY
MCMXVIII
Droits de traduction et de reproduction réservés [IV]
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Index OCR
Index OCR................................................................................................................................................ 6
Avant-propos .......................................................................................................................................... 21
Avis au lecteur........................................................................................................................................ 27
Lettres de Saint François de Sales. Année 1621..................................................................................... 28
MDCCXLIV. A M. Claude Frémyot. Deux raisons qui font espérer à François de Sales la
bienveillance du destinataire. Sollicitation en faveur de M. de la Tour d'Arerex. ........................ 28
MDCCXLV. A la Sœur Chaillot Supérieure des Ursulines de Besançon. L'Evêque de Genève se
réjouit d'un projet de fondation d'Ursulines dans son diocèse. Témoignages qu'il a donnés déjà et
assurance nouvelle de son estime pour cet Institut............................................................................. 29
MDCCXLVI. Au Cardinal Robert Bellarmin. La protection du Cardinal demandée pour le P.
Reydellet............................................................................................................................................. 30
MDCCXLVII. A Don Jérome Boerio, Général des Barnabites. Instante recommandation au sujet
d'un aspirant à la vie religieuse........................................................................................................... 31
MDCCXLVIII. Au Père Dominique de Chambéry, Vicaire-Provincial des Capucins (Inédite).
Nécessité pour le bien public et la gloire de Dieu d'un voyage du Frère Adrien à Turin................... 32
MDCCXLIX. A Madame de la Fléchère. Une condition pour être exaucé de Dieu. Préparation au
départ. Promesse et souhait paternels. ........................................................................................... 33
MDCCL. A la même. Incertitude au sujet d'un départ. ...................................................................... 33
MDCCLI. A Madame le Maistre. Beaucoup de lettres, lettres courtes. Une vie attachée à la croix.
Arrêt facile et salutaire sur le chemin de Rome. Famille chrétienne........................................ 34
MDCCLII. A la Mère Claudine de Blonay, Abbesse de Sainte-Claire d'Evian (Inédite). Affection
réciproque de l'Evêque de Genève et du confesseur des Clarisses. Sollicitude pour obtenir à ces
Religieuses de hautes protections. Une inquiétude de l'Abbesse et une permission du Pape........ 35
MDCCLIII. A Madame de Ruans (Inédite). Ce qui empêche une âme d'être submergée par les eaux
de la tribulation. Dieu « dans le buisson espineux. » Un feu qui n'a point consumé la patience.
Déplaisirs qui déplaisent et consolent. .......................................................................................... 36
MDCCLIV. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray. Quel remède à une déception. Peine
que donne à l'Evêque de Genève la perspective d'un séjour à la cour. Le cantique qu'il souhaite
chanter quelque jour. .......................................................................................................................... 37
MDCCLV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand (Fragment). Un Père qui
réclame des nouvelles de sa chère Fille.............................................................................................. 38
MDCCLVI. A M. Barthélemy Flocard. Heureuse arrivée et saints désirs de Mgr de Chalcédoine.
Mort du Pape ; le Cardinal de Savoie en route pour Rome. Souhait de l'Evêque de Genève. ...... 38
MDCCLVII. A Don Juste Guérin, Barnabite (Fragment). Un doux sujet de conversation................ 39
MDCCLVIII. A M. Charles-Emmanuel Perrucard de Ballon. Un visiteur bravant l'âpreté de l'hiver.
Le voyage de France retardé par celui du Prince Cardinal à Rome............................................... 40
MDCCLIX. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragments inédits). Voyage rompu par la mort du Pape.
Décision au sujet de la récitation de l'Office. Le Monastère de Turin. .................................... 41
MDCCLX. A une Religieuse de la Visitation de Paris. Un cœur que le Saint a aimé « sur la foy de »
son « bon Ange ». Les grâces qui accompagnent celle de la Profession religieuse. « Foible
ombre d'attaque » au logis de l'Evêque de Genève............................................................................. 42
MDCCLXI. A Madame de Ruans. Le feu et la fièvre. Exemple de Job. Une fille du Crucifié
doit participer à sa croix. Où nous conduisent les afflictions. ....................................................... 42
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MDCCLXII. A une dame. Trois causes de la diminution des lettres de François de Sales à sa fille
spirituelle. Une tribulation redoutable. Job au milieu des reproches de ses amis. Aimer Dieu
dans les consolations, mais surtout dans les peines et les adversités. ................................................ 43
MDCCLXIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Réponse à une réclamation de Son Altesse.
Un « Memorial » à traduire pour être envoyé à Rome. ...................................................................... 44
MDCCLXIV. A M. Jean Carron. Prière au destinataire de faire chercher un Mémoire déjà envoyé
que le prince de Piémont réclame....................................................................................................... 45
MDCCLXV. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Les raisons qui plaident en faveur de M. Gard
pour lui obtenir un canonicat.............................................................................................................. 46
MDCCLXVI. Au Père Dominique de Chambéry, Vicaire-Provincial des Capucins. Prière d'envoyer
le Frère Adrien à Lyon tandis que François de Sales y sera............................................................... 47
MDCCLXVII. A Madame de la Chapelle Religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine. Etre fidèle
dans les petites occasions, pour obtenir de l'être dans les grandes. Les « ennemies de la devotion.
» Ce qui doit être attaché « au bout du desplaysir du peché. »...................................................... 48
MDCCLXVIII. A Madame de Toulongeon. Espoir d'une visite qui fit retarder une lettre.
Compliments affectueux à la destinataire au sujet de son mariage et de sa prochaine maternité. A
quelle fin Dieu nous donne ses faveurs. Souvenir des bonnes résolutions prises autrefois.
Assurance de prières........................................................................................................................... 49
MDCCLXIX. A une Supérieure de la Visitation. L'éducation des petites filles incompatible avec la
manière de vie des Religieuses de la Visitation. Combien en prendre, si l'Evêque le commande. 50
MDCCLXX. A Madame de la Fléchère. Un messager pour Avignon. Visite forcément remise.. 51
MDCCLXXI. A MM. Pierre et Jean de Villers. Condoléances offertes sur la mort d'un père.
Motifs de consolation proposés à ses enfants. .................................................................................... 51
MDCCLXXII. A M. Michel Favre. Recommandations à un pèlerin de Lorette et de Rome.
Affaires qu'il doit traiter ; personnages qu'il doit voir. Permissions à obtenir pour l'entrée de
quelques dames à la Visitation. .......................................................................................................... 52
MDCCLXXIII. A M. Jean Joly de la Roche. Une œuvre pie recommandée à M. de la Roche.
Nouvelles du prieur de Sonnaz........................................................................................................... 54
MDCCLXXIV. A M. Antoine Quartery. Actions de grâces pour des témoignages de bienveillance.
— Comment l'Evêque de Genève veut contribuer à la récompense de nombreuses bonnes œuvres
faites par le destinataire. Il lui en propose une nouvelle : l'établissement des Pères Capucins à
Sion..................................................................................................................................................... 55
MDCCLXXV. A Don Juste Guérin, Barnabite. Dona Ginevra, bienfaitrice des Barnabites. Une
affaire en suspens. Le monde et la vie de ce monde...................................................................... 56
MDCCLXXVI. A M. Michel de Marillac. Joie qu'apporte au Saint le portrait de la bienheureuse
Marie de l'Incarnation. L'histoire de sa vie sera profitable aux gens du monde................................. 58
MDCCLXXVII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand. Une vertu essentielle.
Obligation pour une fille de quitter « beaucoup de ses consolations » afin d'en laisser à sa mère.
Les Anges, d'avis différents, s'unissant dans l'amour à la volonté de Dieu. Deux points sur
lesquels le Saint ne veut point se prononcer. « L'amas des fourmis. » Le seul exercice où il ne
faut point user de modération. Ce que la Mère Favre doit conseiller à Mme de Dalet. .................. 59
MDCCLXXVIII. A la Comtesse de Dalet. Les plaintes de Mme de Montfan ; trois partis qu'elle
propose pour sa fille. L'Evêque de Genève ne peut rien dire sur les deux premiers. Il demande
à Mme de Dalet d'aider sa mère de ses biens. La jalousie de l'amour maternel. Une tare très rare
et très aimable..................................................................................................................................... 61
MDCCLXXIX. A Madame Le Loup de Montfan (Inédite). Protestation d'estime et d'intérêt pour la
destinataire. François de Sales s'étonne qu'elle ait pu s'adresser à lui dans une affaire délicate.
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Lettres à Mme de Dalet et à la Mère Favre. Le Saint comprend la situation de Mme de Montfan et y
compatit. Se remettre à la Providence. .......................................................................................... 63
MDCCLXXX. A M. Antoine Rigoullet, Abbé de Mauzac (Inédite). Une contestation née d'un excès
d'amour. Comment donner un avis après celui de plusieurs serviteurs de Dieu ?......................... 65
MDCCLXXXI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon. Difficulté pour
le saint Evêque de se prononcer au sujet d'une Novice. Faire pour son salut tout ce que requiert la
charité ; nécessité qu'elle y coopère. Une question impossible à résoudre entièrement. Qu'est-
ce que Dieu ? Sa présence en ce monde. Il est le principe et la vie de toutes choses. Aveu de
l'impuissance et du néant de l'homme. ............................................................................................... 66
MDCCLXXXII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Quelques affaires recommandées au prince.
............................................................................................................................................................ 67
MDCCLXXXIII. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray. Question et réponse d'amis. La «
loy invariable de l'eternité » de leur union. François de Sales emprunte son portrait pour l'envoyer
au destinataire. Elévation vers Notre-Seigneur. ............................................................................ 68
MDCCLXXXIV. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers (Fragment). La
calomnie, marque excellente de l'approbation divine. Effet que doivent produire en l'âme les
souffrances intérieures........................................................................................................................ 69
MDCCLXXXV. A un Magistrat de Dijon (Inédite). Prière de « proteger en son bon droit » un ami
du Saint............................................................................................................................................... 70
MDCCLXXXVI. A M. Claude de Blonay. L'installation d'un martinet dans les terres du baron de
Thorens. Emprunt d'outils sollicité auprès de la Sainte-Maison de Thonon. ................................ 70
MDCCLXXXVII. A Madame des Gouffiers. Sur quoi l'on juge souvent des affections. Un papier
introuvable. Notre-Seigneur a-t-il jamais plaidé ? Sa divine maxime. François de Sales la
défend avec énergie et appuie son raisonnement sur la doctrine de saint Paul. la sagesse de Dieu,
c'est la folie de la Croix. Révolte de la prudence humaine. Petite ouverture sur l'intérieur du
Saint. Conseillers sûrs et prudents pour Mme des Gouffiers. Sévère réprimande ; les ruses de
l'amour-propre démasquées. Décision dernière............................................................................. 71
MDCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal, a Paris. On ne peut avoir les mérites du Calvaire avec les
consolations du Thabor. Aversion de l'Evêque de Genève pour les procès. L'exemple de Jésus-
Christ. « Corniches dorees pour une image de papier. » Unité en Dieu................................... 74
MDCCLXXXIX. A M. Jean de Chatillon. Compassion et approbation. Ce qu'il faut faire de
quatre cents florins. Annonce d'un voyage.................................................................................... 75
MDCCXC. A la Comtesse de Dalet. « Rien d'estimable en comparayson d'une ame continente. »
Nulle obligation de justice pour Mme de Dalet de soutenir sa maison paternelle ; en quels cas elle doit
ou ne doit pas le faire. La « separation des sejours » souvent nécessaire à l'union des cœurs. —
Une parole qui a ravi le Saint. ............................................................................................................ 76
MDCCXCI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Nombreuse famille en détresse par suite de la
longueur d'un procès. Le Duc est supplié d'y mettre ordre............................................................ 78
MDCCXCII. Au même. Voyage à Thonon sur l'ordre du prince....................................................... 79
MDCCXCIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Un saint projet en voie d'exécution. Liste
des abbayes du diocèse de Genève et de leurs titulaires..................................................................... 79
MDCCXCIV. Au Comte Claude-Jérome de Saint-Maurice (Inédite). Recours à la courtoisie du
destinataire.......................................................................................................................................... 82
MDCCXCV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Mme de Charmoisy désire envoyer son fils à
Paris pour affaires. Elle en sollicite l'autorisation du prince par l'intermédiaire de l'Evêque de
Genève................................................................................................................................................ 82
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MDCCXCVI. Aux Consuls et aux Habitants de Montferrand. Sur la demande des consuls, l'Evêque
de Genève condescend à laisser encore à Montferrand la Mère Favre, mais sans vouloir s’engager
pour toujours....................................................................................................................................... 84
MDCCXCVII. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon. Des visiteuses
qui porteront au monastère de Valence « unguens et parfums de devotion. » Course en Chablais.
Prétendantes pour la Visitation d'Annecy...................................................................................... 85
MDCCXCVIII. A la Mère de Chantal, a Paris. Un « desplaysir » arrivant au milieu d'un sentiment de
résignation. Première impression au réveil. Nouvelles de la santé de François de Sales. Il
s'occupe des livres réguliers de son Institut........................................................................................ 86
MDCCXCIX. A la Mère de la Roche, Supérieure de la Visitation d'Orléans (Fragment inédit). « Un
couple de filles » cher à François de Sales. ........................................................................................ 87
MDCCC. au prince de Piémont, Victor-Amédée. La bonté de Son Altesse, seul espoir d'un homme
d'honneur chargé d'enfants. ................................................................................................................ 87
MDCCCI. A M. Barthélemy Flocard. Injustes soupçons sur de fidèles serviteurs de Henri de
Nemours, dissipés. En qui nous devons placer toute notre confiance. .......................................... 88
MDCCCII. A Madame Rivolat. Condoléances et consolations à une veuve affligée et souffrante. .. 89
MDCCCIII. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Comment faire fleurir la Sainte-Maison de
Thonon. Envoi d'un Mémoire........................................................................................................ 90
MDCCCIV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. L'Evêque de Genève adresse au prince le
compte-rendu de sa visite à la Sainte-Maison et quelques avis pour « remedier aux manquemens »
qu'il y a trouvés. Prière de poursuivre la réforme du clergé régulier et séculier. .......................... 91
Advis particulier pour les necessités presentes de la Sainte Mayson de Nostre Dame de Compassion,
fondee par Son Altesse a Thonon ....................................................................................................... 92
MDCCCV. Au même. Cisterciennes et Clarisses qui désirent une réforme. Mesure à prendre pour
l'établissement des Chartreux à Ripaille. Les scandales de l'abbaye d'Aulps................................ 93
MDCCCVI. A un cardinal. (Inédite). Demande d'une dispense pour un jeune clerc nommé à un
bénéfice. ............................................................................................................................................. 94
MDCCCVII. A Madame de Chamousset. Commune affliction en la perte du baron de Villette. A
Dieu de guérir les coeurs. Pourquoi nous est donnée la vie en ce monde. .................................... 95
MDCCCVIII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers. La prudence humaine
bien éloignée de la pure charité. Ce qu'il y a de naturel dans l'érection des Maisons religieuses ; ce
qui doit être surnaturel. Quel esprit le Fondateur veut voir régner dans sa Congrégation. Le
Maître et la Dame des Monastères de la Visitation. ........................................................................... 96
MDCCCIX. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Témoignage rendu au zèle et au talent de M. de
la Pesse. Un moyen, pour le prince, de montrer son contentement à ses serviteurs et de tenir en
ordre ses affaires................................................................................................................................. 97
MDCCCX. Au Baron Gaspard de Chevron-Villette. Condoléances et consolations......................... 98
MDCCCXI. A la Mère de Chantal, a Paris. Salut et souhait au cœur de la Mère de Chantal. —
Condescendances paternelles. Le prix de la paix. Pourquoi « il faut tenir bon dans l'enclos »
des Règles. — Edification donnée par les Sœurs d'Annecy. — Hommage d'honneur et de respect à
l'Archevêque de Bourges, persécuté................................................................................................... 99
MDCCCXII. A une personne inconnue (Fragment). Un portrait peu ressemblant d'une grande
servante de Dieu. La faute que regrette François de Sales, et quelle en fut la cause................... 100
MDCCCXIII. A Madame des Gouffiers. Démarche paternelle du Saint auprès d'une personne
froissée des avis reçus. Mélange d'humilité, d'affection et de fermeté. Mieux vaut perdre une
fille spirituelle que de manquer à la sincérité envers les âmes. ........................................................ 101
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MDCCCXIV. A la Sœur le Jay, prétendante tourière de la Visitation de Paris. Une condition de «
grand proffit » en la Maison de Dieu. Heureux changement de maîtres. La fonction des
tourières : sa noblesse et son importance. ........................................................................................ 102
MDCCCXV. A Madame de Villeneuve. Peine de la destinataire sur le prochain départ de la Mère de
Chantal. Paris et les montagnes de Savoie. Regard vers l'éternité. — Un désir de la Sœur
Hélène-Angélique Lhuillier et une promesse du Fondateur. Le Saint-Esprit, lien des âmes. ..... 103
MDCCCXVI. A M. Magnin (Inédite). Salutation et gratitude......................................................... 104
MDCCCXVII. A la Mère de la Martinière, Supérieure de la Visitation de Valence. Dieu, qui donne
les charges, donne en même temps son secours pour les remplir. Humilité et vaillance.
L'importance du gouvernement d'un Monastère............................................................................... 105
MDCCCXVIII. A Madame Le Loup de Montfan. Le grand défaut que peut avoir l'amour, hors celui
de Dieu. « Passeport » et « excuse » de l'excès dans la tendresse des mères. Douce réprimande.
.......................................................................................................................................................... 106
MDCCCXIX. A la Mère de Chantal, a Paris. Départ trop précipité d'un porteur. Le Saint revise
les Constitutions de son Institut. Il faut souffrir les lenteurs des officiers de la Cour de Rome,
puisqu'on s'est inopportunément mis à leur merci. M. Rolland, démissionnaire de son canonicat
pour mieux servir son Evêque. « Deux grandes Filles » qui « sont un peu de l'humeur de leur
Pere. » Le retour de la Mère de Chantal et les inclinations du Fondateur. Un archevêque sans
archevêché. Tristesse de François de Sales au sujet de Mme des Gouffiers. ................................ 107
MDCCCXX. A une dame. La bonne « affaire que de n'avoir point de proces ! » Félicitations à la
destinataire de ce qu'elle fait pour les éviter. « Se contenter en la suffisance. » Conseils et
décisions pour la confession. De quoi dépend surtout notre perfection. Petites obéissances.
A quelle leçon remettre un esprit vif et subtil. ................................................................................. 110
MDCCCXXI. A la Mère de Chantal, a Paris. L'effort de l'amour impuissant. Repos en la
Providence. Ce que doivent faire les « enfans du travail et de la mort de nostre Sauveur. »
Contradictions au sujet de l'Office récité par les Sœurs de la Visitation. — L'avis d'un solliciteur en
Cour de Rome. Plan des monastères. .......................................................................................... 111
MDCCCXXII. A M. Roch Calcagni. Remerciements et offres de services..................................... 113
MDCCCXXIII. A la Présidente de Sautereau. Souvenir fidèle et reconnaissant. Grand avantage
des afflictions. .................................................................................................................................. 114
MDCCCXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Une œuvre de piété qu'il faut soutenir et
affermir............................................................................................................................................. 114
MDCCCXXV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Ce qu'il faudrait pour empêcher la décadence
de la Sainte-Maison de Thonon. Supplique pour l'établissement des Pères de l'Oratoire à Rumilly,
et la réforme de quelques Monastères. ............................................................................................. 115
MDCCCXXVI. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragments). Respect des Religieuses de la Visitation
pour leurs curés. La charitable réception des infirmes ne restera pas sans récompense.............. 116
MDCCCXXVII. A Madame Amaury. Faire toutes choses en leur temps. Une obéissance très
agréable à Dieu ; exemple de la Sainte Vierge. Double sacrifice de « la brebis » et de « la
brebiette ». Mme Amaury tapissant l « oratoire » de la Visitation de Paris.................................. 117
MDCCCXXVIII. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon (Inédite).
Progrès de la Sœur de Blonay en calligraphie. Bonté paternelle du Saint. Nouvelles de famille.
.......................................................................................................................................................... 118
MDCCCXXIX. A Madame de Villeneuve. Un amour qui vient du « Maistre et Createur de l'amour.
» Douces plaintes « apprestees au verjus. » Pourquoi Mme Flocard mérite d'être aimée........ 119
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MDCCCXXX. A une dame de Paris. Quels sont les services que Dieu préfère. Lenteur des
meilleurs arbres à produire leurs fruits. Un secret de la Providence. Comment un Saint achève
sa page. ............................................................................................................................................. 120
MDCCCXXXI. A Madame Baudeau. Pourquoi François de Sales conseille à la destinataire de rester
sous la conduite de son confesseur ordinaire. Comment user de la direction de l'Evêque de Belley.
.......................................................................................................................................................... 121
MDCCCXXXI. A Madame Baudeau. Ce que sont pour l'Evêque de Genève les lettres et l'âme de la
Mère de Chantal ; désir de la revoir en Savoie. Les Constitutions de la Visitation et le privilège du
petit Office. Projets de fondations en Provence et dans la Val d'Aoste. Heureuse mort de M. de
Termes. Intérêt affectueux pour la parenté de la Sainte. Nouvelles de la Communauté
d'Annecy. Dijon va recevoir les Filles de Sainte-Marie. Un point d'observance à insérer dans
leurs Constitutions. Accablement d'affaires. François de Sales condescend à soigner sa santé.
Promesse de lettres. ..................................................................................................................... 122
MDCCCXXXIII. Aux Religieux du Monastère de Sixt (Inédite). Exhortation à parachever la
réforme du Monastère par la Profession religieuse. ......................................................................... 124
MDCCCXXXIV. A Madame d'Aiguebelette. Souffrir souvent doit apprendre à bien souffrir.
Délicatesse et prudence du saint Evêque au sujet d'un avis contraire au sien pour la fréquence des
Communions. ................................................................................................................................... 125
MDCCCXXXV. Au Père François Billet, Oratorien (Inédite). Mémoires envoyés et à envoyer pour
l'établissement des Oratoriens à Rumilly. ........................................................................................ 126
MDCCCXXXVI. A Madame de Pechpeirou. Trois mots d'affection. Humble demande de prières.
.......................................................................................................................................................... 127
MDCCCXXXVII. A Don Juste Guérin, Barnabite. Cordiale jalousie et défi d'amitié. La Cour
céleste et la cour terrestre à une cérémonie de prise d'habit.Princesses pleines d'humilité « en leur
serenissime altesse et grandeur. »..................................................................................................... 127
MDCCCXXXVIII. A la Princesse de Piémont, Christine de France (Inédite). Un neveu de François
de Sales, page de Madame. Délicate manière de remercier. ....................................................... 128
MDCCCXXXIX. A Madame Talon (Inédite). Prières pour un défunt et consolations à ceux qui le
pleurent............................................................................................................................................. 129
MDCCCXL. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Dédommagement pour le grand Aumônier de
la princesse de Piémont, privé de remplir entièrement sa charge..................................................... 130
MDCCCXLI. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de Grenoble (Fragment). Une prière
en échange d'un souhait. Belle situation du monastère de Grenoble. Hors de la Providence
divine, tout n'est qu'affliction. .......................................................................................................... 130
MDCCCXLII. A Madame Le Nain de Crevant. Vocation précoce. L'aiguille s'attachant à
l'aimant. Message affectueux. ..................................................................................................... 131
MDCCCXLIII. A Madame de la Croix d'Autherin (Inédite). Souhait d'amour de Dieu. Quelques
nouvelles........................................................................................................................................... 132
MDCCCXLIV. A Madame de Granieu. La règle des désirs. Joie de l'Evêque d'avoir des nouvelles
de Grenoble. — Les Sœurs de la Visitation en leur monastère. — Malades et « petite infirmiere. »
.......................................................................................................................................................... 133
MDCCCXLV. A Madame de la Fléchère (Inédite). Politesse à rendre au prince Thomas de Savoie.
La pensée de François de Sales au sujet d'une alliance mal assortie........................................... 134
MDCCCXLVI. A Madame de Charmoisy (Inédite). Aimable courroux du Saint ; il veut Henri de
Charmoisy « habillé convenablement. » Sage et chrétienne sentence. Le prince Thomas
content du séjour d'Annecy. ............................................................................................................. 135
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MDCCCXLVII. A la Mère de Chantal, a Paris. Vains bruits de guerre. Difficultés à Dijon pour
l'établissement de la Visitation ; les protecteurs du futur Monastère. M. Brûlart mécontent à tort
de l'Evêque de Genève. la mort du comte de Fiesque ; compassion pour sa veuve. Une âme
toute au gré du Saint. En quel cas on peut permettre l'entrée des personnes affligées dans les
couvents. Prière à la Mère de Chantal de revoir les Constitutions. Une petite ruse de cour.
La lettre à Mme de Villesavin. Deux ponts brûlés à Paris. L'affaire de l'Abbesse de Port-Royal
et celle de la Sœur Lhuillier. — C'est à la Sainte à juger de l'opportunité de son retour ou de la
prolongation de son séjour à Paris. Contentement réservé pour l'autre vie. Messages. ......... 136
MDCCCXLVIII. Au Père Étienne Binet, de la Compagnie de Jésus. Les désirs de Mme de Port-Royal
d'entrer à la Visitation. Conduite du Saint en cette affaire ; à qui il en a remis la solution. Eloge
de la virilité de l'Abbesse. Pureté de vues et désintéressement du Fondateur ; sa démission de ses
propres pensées................................................................................................................................. 141
MDCCCXLIX. A M. de Soulfour (Inédite). Respect et affection. Recommandation en faveur de
deux amis.......................................................................................................................................... 142
MDCCCL. A Monsieur et Madame de Foras. « Un petit feu de joye » sur le gain d'un procès.
Sainte exhortation à persévérer dans l'union mutuelle. .................................................................... 143
MDCCCLI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon (Inédite).
Sollicitude de François de Sales pour ses Filles de Valence. Ce qui ne nuit point au salut est «
bien peu considerable. » Avis pour la réception d'une Novice.................................................... 144
MDCCCLII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand. « Mille ans » sans lettres.
Une « nouvelle besoigne » pour la grande Fille. Le bonheur de travailler beaucoup pour Dieu.
— Des cœurs que le départ de la Mère Favre affligera. ................................................................... 145
MDCCCLIII. A M. Magnin. Remerciements, recommandation, nouvelles. ................................... 146
MDCCCLIV. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon. La Supérieure de
la Visitation de Valence hors de danger ; vertu des Sœurs. — Ce qui mortifie plus que le mal.
Vérités de la foi douces et attrayantes ; vérités austères. Qu'est-ce que la foi nue et simple ?
Comment « vivre en verité et non point en mensonge. » Messages............................................ 147
MDCCCLV. A Madame de la Fléchère. Excellent prédicateur qui prêchera volontiers son premier
Carême à Rumilly............................................................................................................................. 149
MDCCCLVI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Un sûr moyen de faire prospérer l'Etat.
Envoi d'une pièce concernant l'établissement des Oratoriens à Rumilly.......................................... 150
Despeches requis de la part de Son Altesse Serenissime pour l'introduction des peres de l'oratoire en
la ville et Eglise de Rumilly ............................................................................................................. 150
MDCCCLVII. A M. Jean Carron. L'église de Rumilly et ses quatre corps d'ecclésiastiques. Peines
qu'elle a données à son Evêque. Quel remède y apporter. Les désirs de M. de Sonnaz.
Avantages qui résulteraient pour la gloire de Dieu et le service de Son Altesse de l'introduction des
Pères de l'Oratoire. ........................................................................................................................... 151
MDCCCLVIII. A une religieuse de la Visitation. Humilité et confiance de François de Sales au jour
anniversaire de son sacre. Heureuse navigation sous la protection de la Sainte Vierge.............. 152
MDCCCLIX. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de Grenoble. Défaut de surnaturel
dans les « meres temporelles, » Ne pas regarder ses pensées. Grands et petits esprits, D'où
proviennent quelquefois les ardeurs et les indifférences. ................................................................. 153
MDCCCLX. A Madame de Veyssilieu. Compassion pour des afflictions multipliées. Ne pas
établir son cœur sur les choses de ce monde. — Quelle espérance doit nous réjouir. ..................... 154
MDCCCLXI. A une dame de Grenoble. Un heureux échange avec Dieu. Sentiments d'humilité et
de confiance que doit garder la destinataire. La Providence divine sur les êtres sans raison et sur
ses servantes. .................................................................................................................................... 155
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MDCCCLXII. A Dom Bruno d'Affringues, Général des Chartreux. Conséquence d'une affection qui
ne peut être cachée. Mlle de Bressieu, postulante chartreusine. Bon espoir du Saint................... 156
MDCCCLXIII. A la Mère de Chantal, a Paris. « Une lettre d'empressement. » Regrets sur la mort
de Mme des Gouffiers. Ce que dirait la Mère de Chantal si elle voyait François de Sales écrire si
tard.................................................................................................................................................... 157
MDCCCLXIV. A une religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine. Visite qui aurait été faite
volontiers. Les affections qui naissent de la contemplation de la crèche. Mystère où se mêlent
l'amour et la rigueur. Sainte Paule préférant Bethléem aux délices de Rome. Ardente prière.
.......................................................................................................................................................... 158
MDCCCLXV. A un ami (Fragment). Seule réponse au mépris. Bonnes espérances que donne le
nouvel Evêque de Chalcédoine. La misère de ce siècle. ............................................................. 159
MDCCCLXVI. A Madame de la Chapelle Religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine. Que faire
quand on se voit toujours retomber dans les mêmes imperfections ? Une leçon qu'il faut
apprendre. — Moyen d'acquérir la douceur de cœur à l'égard du prochain. .................................... 160
MDCCCLXVII. A la Mère de Chantal, a Paris. Danger de suivre la prudence humaine pour la
réception des sujets à la Visitation. — Comment Dieu a fait le cœur de François de Sales. — Son
amour pour les âmes, tout surnaturel................................................................................................ 161
MDCCCLXVIII. A Mademoiselle Jousse (Inédite). Conseils à une aspirante à la Visitation......... 162
MDCCCLXIX. A M. Pierre Jay. Une « ample » approbation. Comment il faudrait traiter les
choses pieuses et saintes pour détourner habilement les âmes de la lecture des romans. Hameçon
du pêcheur d'hommes. La délicatesse du monde. Projet d'un ouvrage................................... 163
MDCCCLXX. A une dame. Le prix des tribulations. Bonheur des âmes que Dieu appelle à son
service............................................................................................................................................... 164
MDCCCLXXI. A une dame. La merveilleuse importunité de la prudence humaine. Manière de
purifier nos intentions. Deux volontés en l'âme de saint Paul, et en la nôtre. Agir pour Dieu,
afin de lui être agréable, et laisser le reste........................................................................................ 165
MDCCCLXXII. A M. Albert de Genève-Lullin. Mission assignée par Dieu aux grands de ce monde.
Où doivent-ils mettre leur perfection. Efficacité de leur exemple. Un mot de Trajan et les
paroles de l'Apôtre. La première leçon des maîtres..................................................................... 166
MDCCCLXXIII. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragment). Pensée du Saint sur le monde et les
mondains. Nouvelles de son âme. ............................................................................................... 167
MDCCCLXXIV. Au Comte Claude-Jérome de Saint-Maurice (Inédite). Réclamation d'un legs fait
pour une chapelle par le beau-père du destinataire........................................................................... 168
MDCCCLXXV. A la Mère de Blonay, Supérieure de la Visitation de Lyon (Fragment). Bénédictions
et vœux de François de Sales pour la petite Aimée de Blonay. — Doux et lointains souvenirs du
Chablais. ........................................................................................................................................... 169
MDCCCLXXVI. A un ecclésiastique. Pourquoi ne faut-il pas accueillir facilement la calomnie.
Conduite à tenir envers les calomniateurs. En quel sens le pardon doit être héroïque................ 169
MDCCCLXXVII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers. Bourrasque et
contradiction suscitées par l' « ennemy. » Le véritable esprit de l'Evangile ; ce qu'il aime,
comment il inspire nos paroles. ........................................................................................................ 170
Année 1622 .......................................................................................................................................... 172
MDCCCLXXVIII. Au Duc Roger de Bellegarde (Inédite). Raison divine de l'élévation du
destinataire. Une victime du « crime d'autruy. » Prière instante de maintenir ce malheureux
dans sa charge. « Bien faire aux pauvres » pour obliger Notre-Seigneur à prendre soin de nous.
.......................................................................................................................................................... 172
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MDCCCLXXIX. A Madame de Vaudan. Prendre du loisir pour arranger ses affaires, et être
Religieuse d'affection, en attendant de l'être d'effet. ........................................................................ 173
MDCCCLXXX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand. L'Evêque n'a autorité
que sur les Religieuses qui ont fait profession dans son diocèse, et celles-ci appartiennent toujours au
Monastère où elles ont prononcé leurs vœux. Formalités à remplir pour les fondations. Le
président Favre et ses justes désirs. Charges honorables de ses fils. Pourquoi François de Sales
voudrait voir retarder l'établissement de la Visitation à Riom ; moyen terme que l'on peut prendre.
Projet pour Aurillac. Une petite Novice de treize ans. ................................................................ 174
MDCCCLXXXI. A la Comtesse de Miolans. Compassion et condoléances. Le seul Consolateur.
— Condition nécessaire pour la guérison des corps et des cœurs. — Les « troys douces paroles » de
sainte Blandine. Où se retirer à l'abri des maux de la terre. François de Sales se réjouit du
repos que Mme de Miolans a trouvé à la Visitation........................................................................... 178
MDCCCLXXXII. Au Chanoine Jean Moccand, Prieur du Monastère de Sixt (Fragment inedit). Les
Constitutions de la Visitation à Sixt. ................................................................................................ 179
MDCCCLXXXIII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers. La joie de l'âme
au jour de la distribution du salaire éternel. Réponse effective de Dieu à la confiance. Douce
réunion autour de la Mère de Chantal. ............................................................................................. 180
MDCCCLXXXIV. A la Marquise de Maignelais. Remerciements pour des faveurs passées ; prière
de les continuer aux Sœurs de la Visitation de Paris. — L'exemple du Sauveur, ami des petits et des
enfants. ............................................................................................................................................. 180
MDCCCLXXXV. A la Mère de Chantal, a Paris. Un Père spirituel pour la Visitation de Paris.
Deux filles du Saint au Carmel d'Orléans. Entente nécessaire pour le voyage de la Mère de
Chantal et le départ de nouvelles Sœurs destinées aux fondations de France. « L'histoire de la
consultation » pour la Mère Angélique Arnauld. Comparaison « un peu rigoureuse » entre la
Règle de saint Benoit et l'Institut de la Visitation. Avertissement qu'il faut donner à l'Abbesse.
Une première Communion. Quelques mots sur les futures fondatrices du Monastère de Dijon. 181
MDCCCLXXXVI. A la Mère de Beaumont, Supérieure de la Visitation de Paris. Humilité et
courage. La face de « l'ancienne Anne ; » son cantique. Dieu donne « abondance de lait » aux
mères. Vivre en joie. Une « condition qui suffit, et sans laquelle rien ne suffit » à une
Supérieure. Loisir trop court pour toutes les lettres que le Saint voudrait faire. ......................... 185
MDCCCLXXXVII. A la Présidente de Herse. Insuffisance des commissions verbales. Devoir
auquell'Evêque ne manque pas......................................................................................................... 187
MDCCCLXXXVIII. A la Mère de la Roche, Supérieure de la Visitation d'Orléans. Trois choses
apportant à François de Sales de la consolation. Affection mutuelle de l'Evêque d'Orléans et de
l'Evêque de Genève. Espérance qui sera surpassée. Un porteur de lettres pas encore en route.
Fille de sainte qui deviendra sainte. Les « douces Filles » du bienheureux Fondateur. ......... 188
MDCCCLXXXIX. A la Sœur Lhuillier, Novice de la Visitation de Paris. La victime sur l'autel.
Souhaits de bonheur, de courage et de sainteté pour le jour du sacrifice. Mme de Villeneuve unie à
l'immolation de sa sœur. — La vie naissant de la mort.................................................................... 190
MDCCCXC. A Madame Angélique Arnauld, Abbesse de Port-Royal a Maubuisson. Le Saint
voudrait savoir l'état du cœur de l'Abbesse au sujet de la décision prise à son égard. — La paix, et
toujours la paix. Quel est le « passeport des filles de Jesus Christ. ».......................................... 191
MDCCCXCI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la Visitation de Lyon. Quelques
tracasseries de la part de l'Archevêque de Lyon. Nécessité de maintenir l'uniformité dans tous les
Monastères de la Visitation. A quoi il est utile d'employer sa vie lorsqu'elle doit être courte.
Des âmes qui n'eussent pas été bonnes pour le mystère de la Purification. Ne chercher que Dieu.
.......................................................................................................................................................... 191
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MDCCCXCII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Inconvénient du retard des dépêches relatives
à la cure de Rumilly. Triste état des bâtiments de la Sainte-Maison de Thonon......................... 192
MDCCCXCIII. A la Comtesse de Dalet. Sages limites d'un désir. Comment Dieu emploiera « une
tentation de l'ennemy, » et quand il en délivrera. Les pensées d'amour-propre ne peuvent nuire à
une âme qui considère souvent son néant. Promesse de prières.................................................. 193
MDCCCXCIV. A Madame de la Fléchère. Encore la cure de Rumilly et les Pères de l'Oratoire. .. 194
MDCCCXCV. A Madame de Travernay. Souhaits pour une heureuse naissance. Papiers égarés
par inadvertance. Une cédule que M. Rolland cherchera. ................................................................ 195
MDCCCXCVI. A Madame de Picaraysin (Billet inédit). Commission faite et avis donné............. 196
MDCCCXCVII. A Madame de la Fléchère. Les contradictions au service de Dieu. Ce qui restera
aux contradicteurs. Obéissance et dévouement du P. de Sonnaz. Le Saint va travailler de
nouveau à l'établissement des Oratoriens à Rumilly. ....................................................................... 196
MDCCCXCVIII. A Madame de Charmoisy. Ce qui rend une longue lettre inutile. Avertissement
paternel d'épargner davantage sa santé, et un peu moins « les moyens. »........................................ 197
MDCCCXCXIX. A Madame Angélique Arnauld, Abbesse de Port-Royal, a Maubuisson (Inédite).
Les nouvelles que le Saint attend. Pourquoi il a « bien envie de revoir » la Mère de Chantal.
Salutations affectueuses à Mme Arnauld et à ses enfants. ................................................................. 198
MCM. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de Grenoble. Ou peut recevoir une
prétendante malgré une promesse de mariage. Décision du Concile de Trente. Les privilèges
des fondatrices de Monastères devant Dieu et devant les hommes. — Exemple de la Sœur Lhuillier.
Raisons pour François dé Sales de s'intéresser spécialement à Mlle de Pressins. ........................ 199
MCMI. A Dom Pierre de Saint-Bernard de Flottes, Feuillant (Inédite). Un prédicateur qu'il ne faut
pas « divertir » et qu'on salue sans vouloir de retour. Image très gracieusement offerte. ........... 200
MCMII. A une prétendante de la Visitation. Le séjour de la montagne du Calvaire. Dépouillement
nécessaire de ceux qui l'habitent. La robe du festin. Laisser les appréhensions et les craintes, et
se confier en Dieu. Comment employer les bonnes inclinations naturelles. ............................... 201
MCMIII. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de Grenoble. L'imperfection du motif de
la part de la créature n'empêche pas la réalité de l'appel de Dieu. Vocations citées dans l'Evangile
et celles de quelques Saints. C'est la suite et la persévérance qui témoignent de la bonté des
dispositions. Par quel moyen aider une âme que la nécessité et non l'attrait a conduite au
monastère. Avis prudent et sage pour des visites au parloir. Laisser parler le monde comme il
voudra de cette vocation. La pensée du Fondateur sur une autre aspirante et sur une Supérieure.
.......................................................................................................................................................... 202
MCMIV. Au Prince de Carignan, Thomas de Savoie. Chrétien privilège accordé à la confrérie du
Crucifix. Le Saint intercède pour en faire bénéficier un galérien, père d'une nombreuse famille.
.......................................................................................................................................................... 204
MCMV. A un gentilhomme (Fragment). Promesse de s'employer à la conclusion d'une affaire. ... 205
MCMVI. A la Mère de Blonay, Supérieure de la Visitation de Lyon. Quand on veut fonder un
Monastère, il faut vouloir se conformer à l'esprit de l'Ordre qu'on appelle. L'excellence de la vie
intérieure à la Visitation. Planter des figuiers si l'on veut des figues, et des oliviers si l'on veut des
olives. Quelles filles préfère le saint Fondateur. Retour à Lyon de deux anciennes professes.
.......................................................................................................................................................... 206
MCMVII. A la Mère de Chantal, a Alonne. Départ précipité d'une petite colonie de Religieuses.
Portrait de celles-ci. Le document qu'elles emportent. Une dame que le Saint aime
particulièrement sans l'avoir jamais vue. Occupations multipliées. Messages rapides. Vivre,
travailler et se réjouir en Dieu. ......................................................................................................... 207
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MCMVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Nouvelle supplication pour Thonon et Rumilly.
.......................................................................................................................................................... 209
MCMIX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand. Plusieurs lettres pour une
même affaire. La Mère Favre, après avoir établi le Monastère de Dijon, doit venir fonder celui de
Chambéry. Bonté de Dieu qui facilite la retraite de Mme de Dalet. Conseils pour la visite
canonique. Avis différents, donnés par l'Evêque de Genève sous l'inspiration divine................ 210
MCMX. A la Sœur Compain, Religieuse de la Visitation de Montferrand. Préparation à la
Supériorité. La gardienne de la paix............................................................................................ 211
MCMXI. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand (Fragment). « Bonnes
besoignes pour l'unique Mere et pour la grande Fille. »................................................................... 212
MCMXII. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragment inédit). Des filles qui « font merveilles ».
Conseil que le Saint leur adresse. ..................................................................................................... 212
MCMXIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. La protection des convertis, premier but de la
Sainte-Maison de Thonon. Ce qu'il advient pour la pension annuelle due au sieur de Corsier ;
moyen d'en faciliter le payement. ..................................................................................................... 213
MCMXIV. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie (Inédite). Misère et piété dignes d'être secourues.
.......................................................................................................................................................... 214
MCMXV. A la Mère de Beaumont, Supérieure de la Visitation de Paris. Ecrire courtement pour
écrire souvent. Deux Pères spirituels au Monastère de Paris. — Souhaits du cœur, et saluts
paternels aux Sœurs de la Visitation et aux dames, filles spirituelles de François de Sales. — Famille
de la Mère de Beaumont................................................................................................................... 214
MCMXVI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Le Saint s'excuse de ne pouvoir passer à la cour
avant de se rendre à Pignerol, au Chapitre général des Feuillants. .................................................. 216
MCMXVII. A Madame de la Fléchère. Une commodité venue tout à propos. Ce que l'Evêque de
Genève va faire en Piémont. Ordres qu'il donnera avant de partir. ............................................. 217
MCMXVIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Évêque de Montpellier. Pénitence sans coulpe. Le
prince Thomas à Annecy. Mérite et vertus de son maître d'hôtel ; François de Sales le
recommande à la bienveillance du destinataire. ............................................................................... 218
MCMXIX. A une dame. Regret et contentement d'une courte entrevue. Marché céleste entre le
Créateur et la créature. Permission pour des Communions plus fréquentes. Les larmes de
Vendôme. ......................................................................................................................................... 219
MCMXX. Au Cardinal Ludovic Ludovisi. Une lettre arrivée quatre heures après la clôture du
Chapitre général. Ordre du Pape, et difficulté de casser une élection canonique. Moyen terme
proposé par François de Sales. ......................................................................................................... 220
MCMXXI. Au Cardinal Scipion Caffarelli-Borghese (Minute). Fonctions épiscopales exercées à
Pignerol par l'Evêque de Genève. Le Chapitre des Feuillants. Prochain voyage du Supérieur
général à Rome. ................................................................................................................................ 221
MCMXXII. Au Cardinal Octave Bandini (Minute). Une assemblée d'Anges et non d'hommes
mortels. Concours universel de suffrages. Demande d'une continuation de bienveillance. ... 223
MCMXXIII. Au Cardinal Alexandre Montalto (Minute). Pourquoi François de Sales trouve que sa
présence au milieu des Pères Feuillants était inutile. Election qui ne pouvait être meilleure. les
traductions de D. Jean de Saint-François. ........................................................................................ 224
MCMXXIV. Au Cardinal Ludovic Ludovisi (Minute). Compte-rendu du Chapitre général des Pères
Feuillants. Science, prudence et piété du Supérieur élu. ............................................................. 225
MCMXXV. Au Cardinal Scipion Cobelluzzi (Minute). Union des esprits au Chapitre des Feuillants.
Une élection unanime ; regret qu'éprouve le Saint à ce sujet. ..................................................... 226
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MCMXXVI. A Sa Sainteté Grégoire XV. Ce qui s'est fait au Chapitre général tenu à Pignerol.
Concorde parfaite qui y présida. — Le gage de la persévérance dans l'union des cœurs et des esprits.
Une question que l'Evêque de Genève n'a pas voulu trancher. Son avis sur la réforme du
Bréviaire cistercien ; pourquoi il ne le fît pas prévaloir par un coup d'autorité................................ 227
Minute de la lettre précédente .......................................................................................................... 229
MCMXXVII. A Madame Le Loup de Montfan. Les meilleures réponses. Une véritable
inspiration divine. Quand Dieu parle, il ne faut pas contester, mais regarder l'Evangile et en suivre
les maximes. Ce dont la ferveur de Mme de Dalet devra se contenter. Ses parents prendront
soin de ses enfants. Qualités qu'il faut joindre ensemble. Condescendance et humilité du saint
Evêque. ............................................................................................................................................. 231
MCMXXVIII. A la Comtesse de Dalet (Inédite). Comment Mme de Dalet pourra contenter à la fois
sa dévotion et sa mère. Jugement sur des plaintes maternelles ; à laquelle de ces plaintes le Saint a
voulu répondre. Promesse de lettre ; douce invitation à écrire aussi........................................... 233
MCMXXIX. A Monseigneur Jean-François de Sales, Évêque de Chalcédoine, son frère. Espérance
de retour en Savoie. Une affaire à considérer de nouveau. La réforme de Sainte-Catherine.
Voyage qui devient inutile, grâce à l'intervention du Prince et du Pape. ......................................... 234
MCMXXX. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragment). Passage de la Mère Favre de Montferrand à
Dijon................................................................................................................................................. 235
MCMXXXI. A Monseigneur Jean-François de Sales, Évêque de Chalcédoine, son frère (Fragment).
Un désir de François de Sales. Pourquoi il voudrait être « un peu en repos aux pieds de Nostre
Seigneur. »........................................................................................................................................ 236
MCMXXXII. A la Duchesse de Modène, Isabelle de Savoie. Grande vertu des Infantes de Savoie.
Consolation que le Saint a trouvée dans leur société. Une précieuse faveur reçue de l'Infante
Françoise-Catherine.......................................................................................................................... 237
MCMXXXIII. Au Cardinal Ludovic Ludovisi. Deux Pères Feuillants en route pour Rome. Prière
de s'intéresser aux affaires qu'ils vont y traiter. Départ pour Annecy. ........................................ 238
MCMXXXIV. A M. Philippe Sanguin de Roquencourt. Désir de l'Evêque de Genève de complaire
au destinataire. Son vouloir limité par son pouvoir. A qui il appartiendra de résoudre la
difficulté au sujet d'une aspirante à la Visitation. Rien de secret dans les Constitutions de l'Institut
; rien de cabalistique dans les paroles et les écrits du Fondateur. La seule impuissance de méditer
n'exclut pas du cloître Ce n'est pas sans raison ni pour fâcher le père que la Supérieure se décide à
ne pas recevoir la fille. ..................................................................................................................... 239
MCMXXXV. A la Mère de la Martiniere, Supérieure de la Visitation de Valence (Inédite). Réponse
tardive. Adoucissements que l'on peut donner à une veuve âgée retirée au monastère.
Consolations et difficultés. Messages.......................................................................................... 241
MCMXXXVI. A Madame de Cerisier, Abbesse de Sainte-Catherine. L'Abbesse a été avertie par
François de Sales du désir de quelques-unes de ses Filles ; quel était le sien pour la réforme. « Les
defautz qui arrivent en une bonne œuvre n'en gastent pas la bonté essentielle. » — Se garder d'aller
contre la volonté de Dieu par intérêt propre. Pourvu que le bien se fasse, il suffit. .................... 242
MCMXXXVII. A la Mère de Chantal, a Dijon. En quel cas permettre le changement de monastère.
Plusieurs affaires pénibles. Mille écus que le Saint voudrait « au fons de la mer. » Les
effets du sens humain.Ne pas recevoir des bienfaitrices qui exigent trop de conditions. Mort de
la présidente Brûlart et du cardinal de Retz. La « benediction souverainement desirable. »
Souvenir affectueux pour les enfants de la Mère de Chantal. .......................................................... 243
MCMXXXVIII. A la Comtesse de Dalet. Le chemin du cloître ouvert devant Mme de Dalet.
Fleurs et parfums qu'y jette la Providence. A qui la comtesse laisse ses enfants. C'est à Dieu de
conduire sa fille àla vie religieuse. Inconvénient d'entrer trop jeune au couvent.
Encouragement à suivre l'appel divin............................................................................................... 247
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MCMXXXIX. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers (Fragment). Conduite
à tenir envers des personnes qui contredisent et contrarient. Les Religieuses des différents Ordres
se doivent estimer et aimer. Pourquoi Satan hait particulièrement l'Institut de la Visitation. ..... 248
MCMXL. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragments). Faveurs et consolations. Eloge de deux
belles âmes. Un abus contre la clôture. Haine du saint Evêque pour la sagesse humaine. Des
bienfaitrices peuvent être admises dans les monastères quand elles n'en veulent sortir que rarement.
Peut-on recevoir à la Visitation des pénitentes ? Quelques fondations en projet. Combattre
le mal par le bien. Faute qu'on ne doit jamais commettre. .......................................................... 249
MCMXLI. A Madame de la Fléchère. Le Saint enverra deux de ses Filles de la Visitation aux
nouvelles Bernardines de Rumilly. Ménagements à prendre avec l'Abbé de Tamié................... 251
MCMXLII. A Madame Louise de Ballon, Religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine. Coup
d'éperon à un courage qui défaille. ................................................................................................... 252
MCMXLIII. Au Père Louis de Gerbais de Sonnaz, Oratorien. Prieurés donnés aux Pères de
l'Oratoire de Rumilly. Ce qu'il faut faire pour ne pas rendre inutile cette faveur de Son Altesse. ... 253
MCMXLIV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Au mépris des ordres du prince, les prébendes
vacantes de Contamine ont été attribuées à des Religieux de Cluny. Monastère et discipline
monacale en ruines. Mesures à prendre pour remédier au mal.................................................... 254
MCMXLV. A Madame de Valence, Religieuse de l'Abbaye de Sainte-Catherine (Inédite). En ne
s'attachant qu'à la volonté de Dieu, on se trouve bien partout, et partout l'on est en sûreté de
conscience. Deux visites en espérance. ....................................................................................... 255
MCMXLVI. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray (Inédite). Raison pour laquelle des lettres
sont demeurées sans réponse. Condoléances tardives. Préparation à la mort. ....................... 256
MCMXLVII. A la Comtesse de Rossillon. La douleur, pour être juste, doit être raisonnable. A
quoi nous oblige notre nom de mortels. Réunion prochaine avec « nos trespassés. » Un
candidat à une cure recommandé par la destinataire. Promesse de prières. ................................ 257
MCMXLVIII. Au Père Pierre de Berulle (Inédite).Etat des choses à Rumilly pour l'établissement des
Oratoriens. Prière d'y envoyer incessamment deux Pères. Un livre de M. de Bérulle ; ce que le
Saint voudrait en rayer. Fraternel et franc conseil....................................................................... 258
MCMXLIX. Au Prince de Carignan, Thomas de Savoie (Minute inédite). Annecy foulé par les
troupes. Excès auxquels menacent de se livrer les soldats. Supplication à Son Altesse pour le
peuple malheureux. .......................................................................................................................... 260
MCML. A la Mère de la Roche, Supérieure de la Visitation d'Orléans. Grâces divines qui se
transformeront en « merveilles pour le bien de la sainte Eglise. » Un accueil plein d'honneur et de
confiance sera fait à l'Evêque d'Orléans. Encouragement à l'amour de la souffrance................. 261
MCMLI. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Dijon. Le Monastère de Dijon en progrès ;
celui de Chambéry en préparation. A quoi Dieu appelle la Mère Favre. Elle doit le servir sans
intérêt propre et avec une pleine confiance en sa providence. ......................................................... 261
MCMLII. A la Mère Louise de Ballon, Supérieure des Bernardines de Rumilly. Un nom dont les
Bernardines doivent se rendre dignes avant de l'adopter pour leur Congrégation. .......................... 262
MCMLIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Toujours la lutte entre Cluny et Thonon pour
Contamine. L'à-propos d'une assemblée devant le prince Thomas pour les affaires de la Sainte-
Maison. ............................................................................................................................................. 263
MCMLIV. A la Mère de Chantal, a Dijon. Projet d'itinéraire pour la Mère de Chantal ; désir du
Fondateur qu'elle visite les nouvelles Maisons. Pourquoi il ne peut écrire longuement.
Salutations. ....................................................................................................................................... 264
MCMLV. A M. Jean de Chatillon. Décision l'avant-veille d'un départ. Maladie de M. de Blonay.
.......................................................................................................................................................... 265
18/342

2.9 Page 19

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MCMLVI. A la Mère de Chevron-Villette, Supérieure de la Visitation de Saint-Étienne. Un secret de
bonheur et de sainteté. La dignité d'une Supérieure. Avantage des Filles de la Visitation et danger
des Monastères sans clôture. ............................................................................................................ 266
MCMLVII. Au Président Antoine Favre (Inédite). Recommandation pour une affaire pendante
devant la Chambre des Comptes. ..................................................................................................... 267
MCMLVIII. A la Sœur de Bréchard, Religieuse de la Visitation, a Moulins (Fragment). Joie du
Fondateur au sujet d'une élection. Eloge de la nouvelle Supérieure. .......................................... 268
MCMLIX. A M. Balthazard de Peyzieu (Inédite). Passage trop rapide à Vienne ; espérance d'un
prochain séjour plus prolongé. Heureux mariage de François de Longecombe. ......................... 268
MCMLX. A Madame de Toulongeon. Heureuse rencontre avec la Mère de Chantal. Délicats
conseils, tact parfait et largeur d'esprit du saint Directeur. La pensée de la mort mêlée aux
félicitations de bonheur. ................................................................................................................... 269
MCMLXI. A une dame. Bonheur de la solitude au pied du Crucifix. Véhémente aspiration vers
l'éternité ; mépris de ce monde et de ses grandeurs.......................................................................... 270
MCMLXII. A la Mère de Chastellux, Supérieure de la Visitation de Moulins. Désirs rendus plus
ardents par la charge que la Providence a donnée à la Mère de Chastellux. Le fondement de la
prospérité spirituelle. Confiance toujours plus grande. ............................................................... 271
MCMLXIII. Au Duc Roger de Bellegarde. Une œuvre de charité proposée au duc........................ 271
MCMLXIV. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la Visitation de Nevers. Messagère pleine de
mérite et d'affection pour la destinataire. — Ferveur de la la Sœur Emmanuelle de Monthoux. — Un
ami du Monastère de Nevers. ........................................................................................................... 272
Appendice............................................................................................................................................. 275
I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques correspondants .................................... 275
A. Lettre de la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand (Fragment) .................. 275
B. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie .......................................................................... 276
C. Lettres patentes de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie ...................................................... 276
D. Lettre du Chanoine Artus de Lionne, Seigneur d'Aoste .......................................................... 278
E. Lettre de Mgr Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley ............................................................... 278
F. Lettre de M. Jacques Gallemand .............................................................................................. 280
G. Lettre de l'Infante Isabelle de Savoie, Duchesse de Modène................................................... 281
II. Suppliques et lettres de princes et autres personnages a différents destinataires......................... 282
A. Supplique a Sa Sainteté Grégoire XV ..................................................................................... 282
B. Supplique au Cardinal Ludovic Ludovisi ................................................................................ 284
C. Lettre de Victor-Amédee, Prince de Piemont, au Prince de Carignan, son frere..................... 285
D. Lettre des proviseurs du College de Savoie a Louvain aux administrateurs de celui d'Annecy
...................................................................................................................................................... 286
E. Lettre de Thomas de Savoie, Prince de Carignan, aux mêmes ................................................ 287
F. Lettres de Victor-Amédée, Prince de Piémont a l'Abbé Philibert-Alexandre Scaglia ............. 288
III. Note concernant l'autographe de la lettre du 19 octobre 1621 a Christine de France, Princesse de
Piemont............................................................................................................................................. 289
Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans une acception inusitee aujourd'hui ........... 291
Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de ce volume ........... 299
19/342

2.10 Page 20

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Table de correspondance de cette nouvelle edition avec les précédentes, et indication de la provenance
des manuscrits ...................................................................................................................................... 310
Table des matières ................................................................................................................................ 324
20/342

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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Avant-propos
_____
L'impression de ce dixième volume des Lettres de saint François de Sales s'achevait,
lorsque se déchaîna sur le monde la tempête de feu qui sévit encore à l'heure où nous écrivons ces
lignes et dont la Providence seule connaît le terme. Au milieu des angoisses que firent naître les
premiers mois de la guerre, il fallut revoir les dernières feuilles ; leur mélancolie s'alliait bien avec
les événements, et le coup d'œil attristé, serein toutefois, jeté par l'Evêque de Genève sur la terre
qu'il était près de quitter, semblait traduire l'impression universelle. « Plus je vay avant dans la
voye de cette mortalité, plus je la treuve mesprisable, » lisions-nous sous la date du 19 décembre
1622 1, tandisque les nouvelles de mort parcouraient l'Europe. Et revenant quelques pages en
arrière, nous trouvions ces lignes adressées à une mère pleurant son enfant tombé sur le champ de
bataillé : « Le cœur qui s'unit au cœur de Dieu ne se peut empescher d'aymer et d'accepter en fin
suavement les traitz que la main de Dieu descoche sur luy... Ce cher filz est passé de ce monde a
l'autre sous des bons auspices, a la suite de son devoir envers Dieu et le Roy : ne voyes plus ce
passage qu'en l'eternité2. »
La mobilisation de nos typographes nous donna le loisir de relire et savourer lentement les
deux cent-vingt Lettres du nouveau volume3. Quoi d'étonnant si l'attention s'attardait sur les
consolations prodiguées par le saint Evêque à tant d'âmes affligées qui recouraient à lui ? « De
mettre la main » au « cœur » blessé « et d'entreprendre « de le guerir, » il reconnaît que cela ne lui
« appartient pas4 ; » mais il relève les courages, exhorte à « ne point » se « laisser emporter a la
tristesse, car... les filles de l'amour de Dieu ont tant de confiance en sa Bonté, que jamais elles ne
se desolent, ayant un refuge auquel elles treuvent tout contentement5. » Il veut qu'elles reposent
leurs « attentes en la sainte æternité... O paix du cœur humain ! » s'écrie-t-il, « on ne te treuve qu'en
la gloire et en la Croix de Jesus Christ6. » Puis, laissant entrevoir la grande espérance qui est la
grande consolation : « Ne nous faschons pas, ma Fille ; nous serons bien tost tous reunis. Nous
allons incessamment et tirons païs du costé ou sont nos trespassés, et « en deux ou troys momens
nous y arriverons7. »
Lui-même touche à ce rivage éternel ; il est comme enveloppé des senteurs embaumées qui
déjà lui arrivent de la véritable Arabie Heureuse8 : parfums de paix, de tranquille adhésion aux
vouloirs divins, de joie surnaturelle. Les vents venant du large peuvent faire rage ; sa barque, si
près du port, n'en est point ébranlée. « Je me sens tellement invincible aux evenemens de ce monde,
que rien ne me touche presque, » assure-t-il à la Mère de Chantal9. Le dégoût, le mépris des choses
d'ici-bas, des grandeurs factices, que nous avons admiré durant le cours de sa vie, s'accentue encore
; à son [VI] irréconciliable adversaire, la prudence humaine, il inflige des coups plus cinglants.
Qu'elle clabaude « tant qu'elle voudra, » qu'elle « se tire les cheveux de despit, » cette « ennemie
de la bonté du Crucifix10 ; » pour lui, « nourri en l'escole de la folie de la Croix, » il veut « vivre
tout a fait selon l'esprit de la foy et la pointe de l'ame, » selon « les maximes de l'Evangile, qui...
conduisent au parfait despouillement11. »
Cette aversion pour l'erreur et le bruit, pour le faux éclat et la fausse sagesse, lui faisait
1 Lettre MCMLXI, p. 395.
2 Lettre MDCCCLXXXI, pp. 242, 243.
3 Trente-six de ces Lettres sont inédites, sans compter plusieurs fragments et la plupart des pièces données en
Appendice qui paraissent ici pour la première fois.
4 Page 108.
5 Page 98.
6 Page 206.
7 Page 373.
8 Cf. tome XII, p. 331.
9 Lettre MDCCCLXXIII, p. 226.
10 Pages 223, 69, 355.
11 Pages 351, 93, 331.
21/342

3.2 Page 22

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envier le sort de ceux qui « vivent paysiblement dans la sainte solitude aux pieds du » divin
Crucifié12. Son frère Jean-François, sacré comme son coadjuteur à Turin, le 17 janvier 1621 13,
peut désormais le remplacer ; il est « d'un esprit zelé, et... brave homme pour reparer mon
meschef14. » S'en réjouit-il uniquement dans l'espoir de « tenir la partie de Magdeleine, » laissant
au nouveau Pontife « celle de Marthe15 » ? A Dieu ne plaise ! « Il faut... vivre une vie exposee
au travail, puisque nous sommes enfans du travail et de la mort de nostre Sauveur16 ; » telle fut
toujours sa maxime, constamment il la mit en pratique.
Plus que tous, peut-être, ses derniers jours furent laborieux. Il avait atteint un grand nombre
d'âmes au cours de son ministère, il voulait davantage. Il fallait, au-delà même du tombeau,
prêcher, consoler, guider les esprits et les cœurs, et il lui était « advis » que s'il pouvait « estre un
peu en repos aux pieds de Nostre Seigneur, » il apprendrait « certaines choses » qu'il pourrait «
laisser tres utilement a la posterité par escrit17. » Les ouvrages [VII] qu'il méditait de composer
pour obéir à « l'exhortation que tant de gens de bien » lui en avaient faite18, et dont sa
correspondance et ses historiens nous ont transmis les titres, dépassaient de beaucoup en étendue
ceux que sa plume avait déjà donnés au public19. Il aurait enfermé dans ces divers traités l'essence
même de ses Lettres innombrables. Surtout, il s'y fût mis lui-même, toute son âme sans cesse
tournée à aimer le prochain, toute son existence consumée dans la pratique du don de soi. Nous
savons, en particulier par l'Introduction a la Vie devote et par le Traittè de l'Amour de Dieu, que
les meilleures pages sorties de la plume de saint François de Sales fixent, pour ainsi dire, une
confidence, une révélation de sa vie intime, un aspect de son apostolat.
Si l'on songe, d'autre part, que déjà en 1609 il entretient l'un de ses correspondants20 de ces
ouvrages qui lui tiennent au cœur, qu'il n'a point cessé d'y rêver, d'en préciser les lignes directrices,
l'on regrette plus encore qu'il n'ait pas eu le temps de réaliser des projets si longtemps mûris et si
chèrement caressés, qui nous eussent livré tout ensemble son testament littéraire et spirituel.
Une des choses qui frappent le plus en feuilletant ce volume, c'est le retour fréquent des
lettres de condoléance, puis, le nombre inusité des lettres de recommandation. L'une d'elles le
commence à la date du 3 janvier 1621, et plus de vingt-cinq s'échelonnent jusqu'à l'avant-dernière,
du 24 décembre 1622, quatre jours avant la mort de François de Sales. Toutes les nécessités, toutes
les détresses recourent à l'Evêque de Genève. On le sait estimé des Cours souveraines, aimé des
personnages de marque ; on le sait bon surtout, incapable de refuser le rôle, souvent ingrat, de
solliciteur, et, sans relâche, sa [VIII] plume charitable est mise à contribution : plaideurs,
gentilshommes malheureux ou disgraciés, convertis, aspirants à la vie religieuse, veulent un mot
de lui pour appuyer leurs requêtes. Il le trace rapidement, avec son tact habituel.
Le flot de sa correspondance grossit sans fin ; force lui est d'écrire moins parce qu'il écrit
beaucoup, car « la multitude des lettres en empesche la longueur21. » Celles de ces deux dernières
années sont en effet généralement courtes. Parfois, pourtant, le saint Directeur semble oublier la
presse qui l'environne ; c'est qu'il se trouve en face d'une nouvelle Philothée, et tandis que,
volontiers, il laisse marcher seules celles qui sont déjà « accoustumees a la croix22, » prenant par
la main l'âme novice dans le chemin de la perfection, il lui indique où poser ses pas, la remet ainsi
12 Page 395.
13 Le sacre eut lieu à l'église cathédrale Saint-Jean ; Philibert Milliet, archevêque de Turin, fut le consécrateur, assisté
de Marc-Antoine Visia, évêque démissionnaire de Verceil, et Octave Viale, évêque de Saluces.
14 Page 213.
15 Page 337.
16 Page 135.
17 Page 337.
18 Page 337.
19 Voir plus loin la Lettre MDCCCLIX, p. 219, et la note (674), p. 220 ; cf. aussi le tome précédent, Lettres MDCXI,
p. 142, et MDCXCVIII, p. 321.
20 Pierre de Villars, archevêque de Vienne (voir tome XIV, Lettre DXIV).
21 Page 11.
22 Page 25.
22/342

3.3 Page 23

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« en la leçon de l'enfance23, » et, pour cette oeuvre, il ne ménage point son temps.
Volontiers encore il se départira de sa brièveté en présence de certaines questions de dogme
et de morale qu'il importe d'expliquer avec précision et par le détail, tant pour préserver les
intelligences de l'erreur que pour faciliter à ses enfants spirituels la pratique de la vie intérieure ;
lorsqu'il s'agira des Maisons de la Visitation dont les intérêts temporels, mais surtout surnaturels,
resteront, jusqu'à la fin, son souci de prédilection ; ou bien chaque fois que, pris pour arbitre, il
s'efforcera de faire régner l'entente et la paix, pour le plus grand bien des âmes et l'édification du
prochain.
Telle lettre à la Sœur de Blonay est un traité abrégé de la foi, et telle autre, à la même24,
une dissertation sur la vraie nature de Dieu. Les doctrines les plus abstraites et les plus mystérieuses
de la religion sont exposées et commentées, soit directement, soit à l'aide de comparaisons, d'une
plume alerte et qui semble se [IX] jouer, avec une clarté, une élévation, une force qui, tour à tour,
ravissent l'esprit et persuadent le cœur. Le vulgarisateur des Controverses se retrouve là tout entier,
mais enrichi par l'expérience et la méditation, parvenu, depuis longtemps déjà, à cette simplicité
et cette pureté de la forme qui en font l'un des plus sûrs précurseurs de nos grands classiques.
D'autre part, croirait-on qu'il écrit « la teste pleyne d'affaires25, » lorsqu'on le voit, dans les
lettres à la Mère Favre et à mesdames de Montfan et de Dalet26, explorer, avec une prudence
souriante mais avertie, le terrain sur lequel bataillent la mère et la fille, refuser de trancher des
débats au sujet desquels il n'est pas suffisamment informé, ménager les susceptibilités, mais poser
avec fermeté les principes qui permettront de débrouiller et de régler les questions en litige ;
rappeler à la Mère Favre que « nulle vertu n'est vertu » sans la « discretion, » et qu'il convient de
faire présider « la moderation... en tous les exercices, ormis en celuy de l'amour « de Dieu27 ; »
prescrire à la comtesse de Dalet de contribuer aux dépenses de sa mère, excuser la jalousie et
l'importunité de cette dernière, bref, s'efforcer, avec patience et délicatesse, de tout soumettre, dans
les affaires d'ici-bas, à la vérité, à la justice, à la charité.
Sagesse et modération, fermeté et bonté, nous retrouvons toutes ces vertus dans la Lettre
MDCCLXXXVII, à Mme des Gouffiers ; elle mérite d'être classée à part dans le genre le plus
éloquent et le plus énergique, et peut-être est-elle le chef-d'œuvre de ce volume. De telles pages
sont de nature à dissiper les préventions des critiques qui s'obstinent à ne considérer dans saint
François de Sales que l'homme des symboles fleuris et des comparaisons agréables, que l'écrivain
aux grâces empreintes de préciosité, qui va semant de roses la route du Ciel. Il entend, au contraire,
que, pour suivre le Christ, nous [X] nous laissions fouler « aux pieds, » que nous permettions «
qu'on se joue de nous comme d'une marotte, qu'on nous habille et deshabille, sans que nous disions
mot... Ouy, il est vray, » il veut cela ! « et, s'il estoit besoin, » il l'écrirait de son « propre sang...
Les habitans de Babylonne n'entendent point cette doctrine, » remarque-t-il tristement, « mais les
habitans du mont Calvaire la prattiquent28. » Le saint Prélat l'aima, la pratiqua, l'enseigna toujours
; mais dans la blessure que sa parole évangélique faisait aux âmes, il sut, comme son Maître, faire
couler le baume d'une surnaturelle tendresse.
L'Evêque de Genève s'attarde volontiers, nous l'avons dit, dans les lettres qui traitent de
l'Ordre de la Visitation. Il y a dix ans que l'Institut est fondé ; il compte neuf Maisons, quatre autres
vont s'y ajouter en 1621 et 1622, une dizaine encore se préparent. Semblant pressentir que la fin
de sa course approche, le Fondateur se hâte de corriger et compléter la première édition des
Constitutions ; il fait tracer le plan des monastères, obtient de Rome pour dix ans le privilège du
petit Office de la Très Sainte Vierge29, mais surtout, il fixe en des pages immortelles sa pensée sur
23 Page 133.
24 Lettres MDCCLXXXI, MDCCCLIV.
25 Page 50.
26 Lettres MDCCLXXVII-MDCCLXXIX.
27 Pages 48, 50.
28 Pages 69, 70.
29 Voir Lettres MDCCCXXI, MDCCCXXXII.
23/342

3.4 Page 24

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l'esprit, le but, le caractère spécial de son Institut. « Tout l'interieur et tout l'exterieur des Filles de
la Visitation est consacré a Dieu ; ce sont des hosties de sacrifice et des holocaustes « vivans, et
toutes leurs actions et resignations sont autant de prieres et d'oraysons ; toutes leurs heures sont
dediees a Dieu... et sont des fruictz de la charité. » Donc, « de charger les Monasteres... des
prattiques qui divertissent de la fin pour laquelle Dieu les a disposés, » il ne le faut pas faire30.
Doucement et fermement, à son ordinaire, il repousse les prétentions d'un Prélat au sujet de «
l'education des filles seculieres... l'experience a fait voir, » dit-il à une Supérieure31, « que vostre
[XI] façon de vivre est presque incompatible avec cet exercice. »
A quels esprits ouvrira-t-il plus volontiers les portes de sa Congrégation ? Ecoutons-le
répondre : « Je prefere infiniment les douces et les humbles, quoy qu'elles soyent pauvres, aux
riches moins humbles et moins douces, quoy qu'elles soyent riches32. » Que les biens de ce monde
soient « plustost... au fons de la mer » que d'être un obstacle à la « tres invariable humilité, douceur
et naïfveté de cœur33 » que le saint Evêque veut voir en ses Religieuses ! Les persécutions, les
calomnies même ne doivent pas les pousser hors de cette voie. « Travailles en l'humilité, en
l'abjection ; laisses dire et faire... » tel est son conseil à la Mère de Monthoux qui supporte une
rude bourrasque34.
Sous un tel maître, celles qu'il nommait ses « douces Filles en Nostre Seigneur35 »
profitaient « tous les jours et » devenaient « plus affectionnees a la pureté et sainteté de vie. »
Grande consolation pour leur Père de les voir toutes, « qui plus qui moins, » éclairées de « la vraye
lumiere » sur les « profondes maximes de la perfection36. » Il n'est pas besoin de dire qu'au premier
rang brillait la Mère de Chantal ; on pourrait appliquer à sa sainteté ce que François de Sales lui
écrivait de ses lettres37 : elles me « sont, en comparaison de toutes les autres, ce que m'est vostre
chere ame en parangon des autres, selon qu'il a pleu a Dieu de le faire. »
Trois années durant, la sainte Fondatrice est éloignée d'Annecy, totalement absorbée par
l'organisation des Monastères français. Pourtant, les messages ne sont plus les épanchements
d'autrefois : la consommation en Dieu est faite ; leur.œuvre commune, la Visitation, voilà le [XII]
sujet qui remplit leur correspondance. Unis pour cette fin par la volonté divine, ils s'y consacrent
sans partage. Il plut à la Providence de les réunir pour un suprême adieu. Après une courte entrevue
à Lyon, le 10 novembre 1622, ils s'y retrouvent dans les premiers jours de décembre. Une lettre
presque un billet à Mme de Toulongeon38, nous permet de reconstituer cette rencontre, qui devait
être la dernière, des deux âmes supérieures que Dieu avait liées l'une à l'autre, pour d'aussi grands
desseins, par la plus forte et la plus pure amitié, et qui s'étaient élevées, l'une par l'autre, jusqu'aux
plus hauts degrés de la perfection évangélique.
« J'eus ce bonheur, » écrit le Saint, « de treuver nostre bonne Mere icy, et l'y ay encor
rencontree a mon retour. » Confidence discrète que souligne le ton affectueux et comme attendri
de la lettre entière. Il témoigne ensuite à Françoise de Chantal combien il est heureux de la voir «
avec un si digne mary, duquel » elle est « parfaitement cherie. » Donc, ils ont évoqué, dans une
rapide revue, tous ceux qu'ils avaient aimés, dirigés, établis ; mais, nous le savons par leurs
historiens, ils se préoccupèrent par dessus tout de leur Institut.
Ils durent s'entretenir aussi de la mort que lui, du moins, sentait proche, et des justes
jugements de Dieu. Voici, en effet, qu'au cours des avis adressés à cette jeune femme à qui sa «
complexion et » sa « santé... promettent une longue vie, » éclate soudain cette pensée de la fin et
de l'éternité : « Souvenes vous neanmoins qu'aussi pouves vous mourir bien tost, et que vous
n'aures rien de plus desirable a la fin, que d'avoir mis un grand soin a recueillir et conserver les
30 Page 289.
31 A la Mère Favre, Lettre MDCCLXIX, p. 35.
32 Page 289.
33 Pages 351, 359.
34 Lettre MCMXXXIX, p. 360.
35 Page 260.
36 Page 115.
37 Page 151.
38 Lettre MCMLX.
24/342

3.5 Page 25

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faveurs de la Bonté divine. » Invitation émue, où il est bien permis de percevoir un écho de la
dernière conférence de sainte Jeanne-Françoise de Chantal avec saint François de Sales, avant que
s'ouvrissent pour celui-ci les portes du Ciel ! [XIII]
C'est une des noblesses de l'homme que la constance dans ses affections ; elle fut un des
traits saillants de l'Evêque de Genève. « Bien aymer et pouvoir cesser de bien aymer sont deux
choses incompatibles, » déclare-t-il à l'un de ceux qu'il se plaisait à gratifier du doux nom de «
frere39 »... « Les amitiés des enfants du monde sont de la nature du monde : le monde passe... »
Mais, proteste ce cœur dont tous les amours furent « de Dieu, en Dieu et pour Dieu : Christus non
perit, nec dilectio ejus. » Souvent, de longues années se sont écoulées depuis la première
rencontre, on a vécu à des centaines de lieues de distance, parfois même il y eut de ces procédés
qui brisent toute liaison humaine. Peu importe ! François de Sales demeure le même pour ceux
auxquels il s'est une fois attaché ; « jamais » il « ne lasche sa prise40. »
On est touché de retrouver dans ce recueil des Lettres de ses dernières années, des noms de
tous les groupes d'amis du saint Prélat : groupes de Savoie, de Rome, de Paris, de Dijon, de
Grenoble. Les mots délicats, affectueux, pleins de grâce, sont semés à profusion dans ces pages. «
Il y a, ce me semble, bien environ mille ans « que je ne reçois point de vos lettres, » écrit-il à la
Mère Favre41. « Oh ! si Dieu avoit disposé que nous fussions tous-jours ensemble, que ce seroit
une chose suave ! » lisons-nous dans une réponse à Mme de Villeneuve42 ; « mais... nos montagnes
gasteroyent Paris et empescheroyent le cours de la Seine si elles y estoyent, et Paris affameroit nos
vallees s'il estoit parmi ces montagnes. » A D. Juste Guérin43 : « Que mes yeux portent d'envie
a ceux de... ce garçon mon neveu, car ilz vous verront. Mais je ne porte point d'envie au cœur de
qui que ce soit, car jamais il n'y en aura qui vous ayme et cherisse plus que le mien... » [XIV]
François de Sales aime trop ses amis pour n'avoir pas le droit de tout leur dire. Avec autant
de tact que de franchise, il signale au P. de Bérulle les traits « un peu trop penetrans » remarqués
dans ses Discours de l'Estat et des Grandeurs de Jesus44. Qui le croirait ? il se « courrouce » avec
Mme de Charmoisy pour obtenir que son jeune Henri soit « habillé convenablement... a sa qualité
» et « au service auquel il est45 ; » et plus tard, après un nouveau reproche : « Ce qui est
l'importance, c'est qu'on me dit qu'on n'ose pas vous le dire. Et moy, je suis tres bien resolu de
vous le dire, et « d'autres choses46... » A ce point de vue, les pages écrites à Françoise de
Toulongeon47 méritent une attention spéciale. Il s'y montre d'une tendresse toute paternelle, mais
vivement désireux de voir la fille de la Mère de Chantal mettre à profit, pour sa propre perfection,
les leçons qu'elle a reçues : le tout insinué avec mesure, avec une exquise urbanité.
Pour reconquérir des amitiés perdues, le Saint saura faire d'humbles avances, et ne s'arrêtera
qu'aux limites marquées par sa conscience et la dignité ; mais arrivé là, rien ne pourra le faire plier.
Il est très catégorique à cet égard : « Croyes que mon cœur, placé au milieu des montaignes de
neige et parmi la glace de mes propres infirmités, n'a point eu de froideur pour le cœur de ma tres
chere Fille, que ce mien malheur me ravit, mays que j'ayme mieux perdre... que de manquer en la
sainte sincerité que j'ay voüee au service de son ame que je ne sçaurois flatter sans la trahir, ni
trahir sans la perdre48... »
En tournant les feuillets de ce volume, nous avons surtout fixé notre regard sur les lettres
qui nous instruisaient de la doctrine et des méthodes de direction, [XV] ou qui nous révélaient
l'intérieur de saint François de Sales. Les événements auxquels il est mêlé, ceux qui forment la
39 A Marc-François de Malarmay, Lettre MDCCLXXXIII, p. 63.
40 Tome XII, p. 198.
41 Lettre MDCCCLII, p. 191.
42 Lettre MDCCCXV, p. 121.
43 Lettre MDCCCXXXVII, p. 161.
44 Page 376.
45 Page 173.
46 Page 273.
47 Lettres MDCCLXVIII, MCMLX.
48 Lettre MDCCCXIII, à Mme des Gouffiers, p. 118.
25/342

3.6 Page 26

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trame de sa vie, ont à peine attiré notre attention. Paul V meurt, et, par suite, le voyage de France
avec le Cardinal de Savoie, si longtemps projeté, est définitivement rompu ; sur l'ordre du nouveau
Pape, l'Evêque de Genève va présider à Pignerol le Chapitre général des Feuillants ; dans son
diocèse, les réformes d'abbayes se poursuivent, les affaires de la Sainte-Maison de Thonon sont
un objet de démarches, de fatigues, de peines incessantes ; en novembre 1622, dernier départ
d'Annecy... Toutes circonstances importantes de l'histoire de saint François de Sales, et qui
mériteraient d'être étudiées à loisir. Mais, nous l'avouerons, à cette heure où le monde est
bouleversé, nous cherchions plutôt une vision de paix : nous l'avons trouvée en contemplant l'âme
de l'Evêque de Genève.
Nous aimions, en même temps, à jeter un regard en arrière et à saisir la suite et l'harmonie
de cette belle existence. Reposant, consolant et il faut le dire rare spectacle que celui d'un
homme ne se démentant jamais, égal à lui-même à toutes les heures de son passage ici-bas, fidèle
à l'idéal entrevu dès ses années d'études, et réalisé plus parfaitement chaque jour, à travers la plus
prodigieuse variété d'affaires qui ait jamais accablé une vie d'homme et d'écrivain. Il aima Dieu, il
aima les âmes ; au service de cet amour, il mit constamment les dons de sa nature et les dons de la
grâce. Par ses paroles, par ses écrits, par ses exemples, il travailla à établir le règne de la charité.
Fin unique vers laquelle convergent les multiples aspects de cette figure mobile et diverse comme
la vie, mais une aussi et continue par les pensées et les passions profondes qui l'animent.
Apôtre et Docteur de l'Amour, François de Sales garde depuis trois siècles son prestige et
sa puissance d'attraction ; il les gardera toujours, car ce sont les paroles et les œuvres de l'amour
qui dominent vraiment l'humanité. Ce sont elles aussi qui réconfortent, soutiennent, [XVI]
consolent ; et c'est pourquoi la lecture de ces pages sera bienfaisante aux chrétiens qui souffrent
des maux de la France ; aux pères, aux mères, aux femmes, aux orphelins qui pleurent tant et de si
chers morts tombés en héros pour la défense de la patrie et de la civilisation.
La compassion du saint Evêque de Genève est déjà un bienfait, mais surtout, il sait fonder
ses consolations : les plus sublimes réalités de l'Evangile viennent, par lui, en aide à nos détresses.
Il commence par élever les volontés au dessus des souffrances, des terreurs qui troublent la
sensibilité et dépriment le caractère ; il achève en les fixant en Dieu. A l'homme aussi bien qu'au
croyant, il apparaît comme un modèle et comme un guide.
LES EDITEURS.
Annecy, en la Fête de saint Joseph,
19 mars 1915.
N. B. Contrairement aux prévisions des Editeurs, la nécessité d'un XIe volume de Lettres
s'est imposée pour clore la Série. Il renfermera les Lettres sans date, celles qui ont été
communiquées trop tard pour être insérées à leur place respective, et enfin une Etude générale
sur la Correspondance du saint Docteur.
La guerre, qui continue d'enlever à notre imprimerie ses meilleurs ouvriers, a retardé
jusqu'à cette année 1918 le tirage des dernières feuilles du présent volume. [XVII]
_____
26/342

3.7 Page 27

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Avis au lecteur
_____
Des Lettres publiées dans ce volume, un grand nombre ont été revues sur les originaux. La
provenance indiquée à la fin de chaque pièce, est celle qui nous était connue au moment où elle
nous a été communiquée. Lorsqu'un Autographe provient d'une Communauté française exilée ou
dispersée, nous donnons l'ancienne adresse de celle-ci.
Les Lettres qui. ne sont suivies d'aucune indication sont celles dont, à défaut d'Autographes
ou de copies authentiques, on a dû emprunter le texte à des publications antérieures. Voir à la fin
de ce volume la Table de correspondance, et l'Avant-Propos du tome XI, pp. xxv-xxvij.
Les Editeurs sont seuls responsables de l'adresse et de la date qui précèdent chaque pièce
; l'une et l'autre sont répétées à la fin quand elles figurent sur l'original, ou quelles sont
authentiques, quoique fournies par les textes imprimés. Les points remplaçant quelque
énumération de la date indiquent que cette partie de la date est donnée, mais fautivement, par
l'édition à laquelle notre texte est emprunté.
Quand la date attribuée à une lettre n'est pas absolument sûre, elle est insérée entre [ ].
Ces signes sont également employés pour les mots qu'il a fallu suppléer dans le texte.
Les divergences qui existent entre quelques minutes et le texte définitif sont données au bas
des pages. Le commencement de la variante est indiqué par la répétition en italique des mots qui
la précèdent immédiatement au texte ; la fin est régulièrement marquée par la lettre de renvoi.
Des points placés au commencement ou à la fin des lettres indiquent un texte incomplet.
Quand les Autographes ont subi quelque mutilation, nous l'indiquons chaque fois.
A la suite du Glossaire se trouve un Index, dans lequel il a été jugé à propos de fondre les
noms des destinataires avec les titres des principales notes historiques et biographiques. Toutes
les notes concernant le clergé de l'ancien diocèse de Genève sont tirées des Registres de l'époque
; elles sont désignées par les deux initiales R. E.
Sauf indication contraire, tous les renseignements relatifs à la noblesse savoisienne sont
empruntés au monumental ouvrage du Comte Amédée de Foras : Armorial et Nobiliaire de l'ancien
Duché de Savoie, si dignement continué par le Comte de Mareschal de Luciane, aujourd'hui
décédé. [VIII]
_____
27/342

3.8 Page 28

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Lettres de Saint François de Sales. Année 1621
_____
MDCCXLIV. A M. Claude Frémyot49. Deux raisons qui font
espérer à François de Sales la bienveillance du destinataire.
Sollicitation en faveur de M. de la Tour d'Arerex.
Annecy, 3 janvier 1621.
Monsieur,
L'honneur que j'ay eu d'avoir esté aymé de feu monsieur vostre pere et de toute vostre
famille me tient a jamais obligé a vostre service, outre le respect que vos merites exigent de moy.
Et sur ce mesme fondement, j'ay une ferme esperance que vous me favoriseres de vostre
bienveüillance, ainsy que tres humblement je vous en supplie, me resjouissant de tout mon cœur
de vous sçavoir au rang ou vous estes en la cour, comme en un chemin par lequel, moyennant la
grace de Dieu, vous arriveres un jour aux honneurs ausquelz l'exemple de vos predecesseurs et
vostre vertu vous doyvent faire justement [1] aspirer. Et avec cette occasion, je vous fay une tres
humble recommandation des droitz de monsieur de la Tour d'Arrerex, present porteur, le bien et
les affaires duquel je dois affectionner pour plusieurs raisons50 ; qui suis de tout mon cœur et seray
toute ma vie,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
51 FRANÇS, E. de Geneve.
3 janvier 1621.
A Monsieur
Monsieur Fremyot,
Conseiller du Roy au Parlement de Bourgongne.
Revu sur un fac-simile conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
49 Claude Frémyot, chevalier, seigneur d'Is-sur-Tille, Norges, Fusey, etc., était fils de Claude Frémyot (voir tome XII,
note (627), p. 280) et de Marthe de Berbisey, frère et sœur du père et de la mère de sainte Jeanne de Chantal. Reçu
conseiller au Parlement de Bourgogne au mois de mai 1620, il est président le 7 janvier 1644, et meurt à soixante-dix-
sept ans, sans postérité, en 1670. Il avait épousé en premières noces Jeanne de Souvert ; sa seconde femme, Marguerite
de Bretagne, lui survécut et lui fit élever, dans l'église de Notre-Dame de Dijon, un mausolée qu'on transporta à la
cathédrale (Saint-Bénigne) pendant la période révolutionnaire. (Généalogie dressée le 1er avril 1729, par Clairambault,
généalogiste des Ordres du Roi.)
50 Probablement l'un des fils, François ou Louis, de Charles d'Arerex, seigneur de la Tour et de Forax, qui teste le 14
juillet 1587.
51 Seules la signature et la date sont de la main de saint François de Sales ; le texte est écrit par M. Michel Favre, son
aumônier.
28/342

3.9 Page 29

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MDCCXLV. A la Sœur Chaillot Supérieure des Ursulines de
Besançon52. L'Evêque de Genève se réjouit d'un projet de
fondation d'Ursulines dans son diocèse. Témoignages qu'il a
donnés déjà et assurance nouvelle de son estime pour cet
Institut.
Annecy, 3 janvier 1621.
Ma tres chere Seur,
Quand je sceu le desir que Mme la Marquise de Lulin avoit de voir une Mayson de vostre
Institut a Thonon, [2] j'en remerciay Dieu de tout mon cœur et tesmoignay, en la façon que je peu,
combien j'avois receu de contentement de l'advis que j'en avois53 ; car j'ay tous-jours cheri, estimé
et honnoré les exercices de tres grande charité que vostre Congregation prattique, delaquelle j'ay
aussi tres affectueusement desiré la propagation, et mesme en cette province de Savoye : comme
en effect, sur quelque esperance qu'aucuns de la Compaignie de Jesus du college de Chamberi
m'avoyent donné qu'on pourroit en eriger une Mayson en ce lieu la, j'obtins un brevet de permission
pour cela de Son Altesse Serenissime54.
Mays si j'ay une fois le contentement que la pieté et ferveur de madame la Marquise de
Lulin me fait attendre, de voir en ce diocese une branche de ce saint arbre de Sainte Ursule, je
m'essayeray de luy rendre toute sorte de preuves combien je le prise et affectionne. Qui me fait
vous prier bien humblement, ma tres chere Seur, [3] de contribuer a ce projet tout ce que, selon
Dieu, vous pourres, ne doutant point que ce ne soit la plus grande gloire de Dieu et l'advancement
et establissement de plusieurs ames en la pieté, et en fin une tres grande consolation pour les
premieres qui viendront s'employer a ce bon œuvre.
Je vous supplie donq, et toutes vos cheres Seurs, de le favoriser charitablement et de me
faire part en vos oraysons, qui suis, ma tres chere Seur,
Vostre frere et serviteur tres humble
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
52 Contrairement à ce qu'affirme l'historien moderne de la Mère Anne de Xainctonge, M. l'abbé Morey, l'Autographe
de cette lettre n'est plus la propriété des Ursulines de Besançon, et on en a même perdu complètement la trace. Portait-
il une adresse ? Nous ne le savons pas. M. Morey indique celle de la vénérable Fondatrice elle-même ; mais nous nous
appuyons sur le témoignage du premier historien de la Servante de Dieu, le P. Jean-Etienne Grosez, S. J. (La Vie de
la Mere Anne de Xaintonge, Lyon, 1691, liv. III, chap. VI, p. 186) ; il nous apprend que ces lignes furent écrites à la
Superieure du couvent de Besançon.
Cette Maison, commencée en 1618 et établie en 1619, était gouvernée par la Sœur Bonaventure Chaillot,
amenée de Dole par la Fondatrice. Elle était entrée chez les Ursulines, à l'âge de vingt ans, le 4 décembre 1612. Après
sa supériorité, elle se fit remarquer par son ardeur à remplir les emplois les plus vils et à s'acquitter des travaux les
plus pénibles, et mourut encore jeune à Besançon, où son père, Louis Chaillot, docteur en droit, avait exercé l'office
de grand juge. (D'après Morey, Anne de Xainctonge et les Ursulines au comté de Bourgogne, 1567-1890, Besançon,
Jacquin, tome II, chap. XX, p. 17, et XXVII, passim.)
53 Femme de Clériadus de Genève, second marquis de Lullin, depuis 1600, Sabine de Hornes était fille de Georges,
comte de Hautekerke, vicomte de Furnes, etc., et de Léonore d'Egmont. Son dessein d'une fondation des Ursulines à
Thonon ne put réussir aussi promptement qu'elle l'eût souhaité. La Mère Anne de Xainctonge, malade alors, mais
désireuse de satisfaire le grand Evêque de Genève, avait résolu de partir elle-même pour la Savoie, si la santé lui était
rendue ; elle mourut le 8 juin de cette même année. Survinrent ensuite des guerres qui firent ajourner le projet ; et
lorsque, en 1634, la marquise de Lullin put enfin avoir des Ursulines à Thonon, ce n'est pas de la Franche-Comté que
vinrent les Fondatrices. La pieuse Sabine de Hornes, devenue veuve, leur fit, en 1636, une donation de mille ducatons
de sept florins ; elle survécut neuf ans à cette bonne œuvre, et fut enterrée le 12 septembre 1645 dans l'église des Pères
Barnabites. (Armorial de Savoie, et Morey, ouvrage cité, chap. XXIX, pp. 280 seq.)
54 Voir tome XV, note (860), p. 302.
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3.10 Page 30

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3 janvier 1621, Annessi.
Revu sur une ancienne copie conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCXLVI. Au Cardinal Robert Bellarmin55. La protection du
Cardinal demandée pour le P. Reydellet.
Annecy, 6 janvier 1621.
56 Illustrissime et Reverendissime
Illustrissime, Révérendissime et très
Domine mi colendissime,
vénéré Seigneur,
Odor mansuetudinis et benignitatis tuæ
allicit ad Tuam Illustrissimam et
Reverendissimam Dominationem, quasi ad
locum munitum57 et domum refugii58 omnes59
[4] male habentes et oppressos sere alieno.
Quod si id tibi sit oneri, tibi imputes,
Illustrissime Domine, qui talis esse voluisti.
Ecce P. F. Ludovicus Reydelet, Ordinis
Tertiariorum Sancti Francisci, vir spectatæ
consanguinitatis et in suo Ordine religioso
hactenus valde laudatus60, nunc ad Sedem
Apostolicam recurrit, tanquam ad asilum totius
Christiani orbis. Egebit proculdubio patronis
tutoribus et intercessoribus. Expetiit et expetit
impensissime umbraculum protectionis
Illustrissimæ Dominationis Vestræ, et quia me
ejusdem cultorem addictissimum cognovit,
petiit ut litteris opem istam charitatis
Illustrissimæ Dominationis Vestræ
exposcerem ; id quod vestra humanitate fretus
facio quam humillime, sciens quia Vestra
Illustrissima Dominatio libenter oculus est
cæco, pes claudo61. Inde etiam illi animum
addidi ut te exspectaret sicut pluviam, et ad te
aperiret os suum quasi ad imbrem serotinum62.
[5]
Interim, manus tuas sacras demissus
Le parfum de votre douceur et de votre
bienveillante bonté attire à Votre Illustrissime
et Révérendissime Seigneurie, comme à une
[4] forteresse et à une maison de refuge, tous
les malheureux et tous les accablés de dettes.
Si c'est pour vous une charge, ne vous en
prenez qu'à vous-même, Illustrissime
Seigneur, qui avez voulu être tel que vous êtes.
Voici que le P. F. Louis Reydellet, de
l'Ordre des Tertiaires de Saint-François,
homme de famille distinguée, Religieux
jusqu'ici fort considéré dans son Ordre, recourt
présentement au Siège Apostolique comme à
l'asile de tout l'univers chrétien, et il aura
besoin, sans doute, de protecteurs et
d'intercesseurs. Il a réclamé et réclame
instamment la protection tutélaire de Votre
Illustrissime Seigneurie, et parce qu'il sait quel
culte profond j'ai pour vous, il m'a demandé de
solliciter par lettre le secours de votre charité.
Confiant en votre bienveillance, je le fais très
humblement, sachant que Votre Illustrissime
Seigneurie se rend volontiers l'œil de l'aveugle
et le pied du boiteux. Je l'ai même encouragé à
vous attendre comme la pluie, et à ouvrir sa
bouche vers vous comme vers la rosée du soir.
[5]
55 Voir tome XVII, note (830), p. 238.
56 [Les imperfections de ce texte font supposer que nous sommes en présence d'une minute, plutôt que d'une rédaction
définitive.]
57 Ps. LXX, 3.
58 Ps. XXX, 3.
59 refugii, plerosque
60 La famille de Reydellet est inscrite dans la Généralité de Bourgogne, Dijon et Belley ; mais le P. Louis n'est
mentionné dans aucune généalogie, ni dans les ouvrages concernant les Fils de saint François. Les Tertiaires réguliers
auxquels il appartenait professaient la Règle du Tiers-Ordre en commun, et sous la juridiction d'un Supérieur général.
61 Job, XXIX, 15.
62 Ibid., v. 23.
30/342

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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exosculor, et omnipotentem Deum supplex oro
ut Dominationem Vestram Illustrissimam
manus lassas erigentem et genua debilia
roborantem63, quam diutissime et felicissime
conservet ac protegat.
Illustrissimæ et Reverendissimæ Dominationis
Tuæ,
Obsequentissimus et indignus servus,
FRANÇS, Episcopus Gebennensis.
Annessii Gebennensium, VI Januarii
1621.
Je baise avec humilité vos mains
sacrées, et je supplie le Dieu tout-puissant de
conserver et de protéger le plus longtemps et le
plus heureusement possible Votre Seigneurie
Illustrissime qui sait relever les mains
fatiguées et fortifier les genoux affaiblis.
De Votre Illustrissime et
Révérendissime Seigneurie,
Le très obéissant et indigne serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy en Genevois, 6 janvier 1621.
Revu sur une copie conservée à l'archevêché
de Malines, vol. Ignatiana, n° 11.
_____
MDCCXLVII. A Don Jérome Boerio, Général des Barnabites64.
Instante recommandation au sujet d'un aspirant à la vie
religieuse.
Annecy, 7 janvier 1621.
Molto Reverendo Padre mio
osservandissimo,
Habbiamo qui un giovine di casa
honorata, il quale mi è caro per più rispetti, ma
massime perchè è buon secolare [6] et molto
divoto. Hora, desidera sommamente di poter
entrare nella religiosa Congregatione vostra, et
dubita di non esser ricevuto perchè ab utero
matris è eunuco ; onde vuole che io supplichi
V. P. molto Reverenda di esser propitio alli
suoi tanto pii desiderii. Et perchè io sô [che]
etiamdio è stato assunto al sommo Pontificato
un eunuco, et che nella Compagnia di Giesù
vive pur adesso il Padre Valerio Reginaldo,
author del Thesaurus fori Pœnitentialis65, che
Mon très Révérend et très honoré Père,
Nous avons ici un jeune homme d'une
famille honorable, qui m'est cher pour
plusieurs raisons, mais surtout parce qu'il est
bon [6] séculier et très dévot. Or, il souhaite
extrêmement pouvoir entrer dans votre
Congrégation, et craint néanmoins de n'être
pas reçu, étant eunuque dès le sein de sa mère
; c'est pourquoi il veut que je supplie Votre très
Révérende Paternité d'être favorable à ses
pieux désirs. Aussi, sachant qu'un eunuque a
été même élevé au souverain Pontificat, et que
le P. Valère Réginald, auteur du Thesaurus fori
Pœnitentialis, malgré la même irrégularité, vit
encore aujourd'hui dans la Compagnie de
63 Is., XXXV, 3.
64 Voir tome XVII, note (1244), p. 381.
65 Valére Réginald, ou Regnault, naquit en 1543, dans un petit village de la Franche-Comté nommé Usie, de parents
pauvres mais vertueux. Il commença ses études à Salins, et fut à Paris le disciple de Maldonat et de Mariana. En 1573,
il entra dans la Compagnie de Jésus qu'il illustra pendant cinquante ans par sa science et sa sainteté. Les plus grands
docteurs de son temps l'appelaient leur maître, et les pécheurs trouvaient en lui un père. Bordeaux, Pont-à-Mousson,
Paris, Dole, l'entendirent tour à tour professer la philosophie et la théologie morale. C'est à Dole que mourut le P.
Réginald, le 14 mars 1623, vénéré par tout le peuple comme un saint. (D'après Abram, L'Université de Pont-à-
Mousson, Paris, 1870, pp. 125 seq. ; de Guilhermy, Ménologe de la Cie de Jésus, Assistance de France, Ire Partie, Paris
1892.)
Le livre dont parle ici l'Evêque de Genève, et souvent recommandé par lui à ses prêtres, fut reçu avec
enthousiasme jusqu'en Amérique. Il a pour titre : Praxis fori Pœnitentialis ad directionem confessarii, in usu sacri sui
31/342

4.2 Page 32

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è eunuco, molto volentieri vengo a supplicare Jésus, je viens très volontiers supplier Votre
V. P. molto Reverenda di voler favorire questo, Révérende Paternité, de vouloir bien favoriser
che con tanto affetto brama di esser admesso celui-ci qui souhaite avec tant d'ardeur d'être
allo stato religioso, et che per altro è di buono admis dans l'état religieux. Il est d'ailleurs de
spirito, mansueto, allegro et pio66. [7]
bon esprit, doux, gai et pieux. [7]
Et così, pregando il Signor Iddio che a
C'est en priant Dieu notre Seigneur
V. P. et a tutta la sua Religione dia ogni vero d'accorder à Votre Paternité et à toute sa
accrescimento di prosperità, resto di Lei,
Congrégation un véritable accroissement de
Humilissimo, come fratello et servitore, prospérité, que je demeure
FRANCO, Vescovo di Geneva. Votre très humble, comme frère et serviteur,
VII Gennaio 1621, Annessi.
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
7 janvier 1621, Annecy.
Al Molto Rdo Padre osservandissimo,
Il P. Generale della Congregatione de' Chierici
Au très Révérend et très honoré Père,
regolari di S. Paulo.
Le P. Général de la Congrégation des Clercs
Milano.
réguliers de Saint-Paul.
Milan.
Revu sur une copie déclarée authentique,
conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCXLVIII. Au Père Dominique de Chambéry, Vicaire-
Provincial des Capucins67 (Inédite). Nécessité pour le bien public
et la gloire de Dieu d'un voyage du Frère Adrien à Turin.
Annecy, 7 janvier 1621.
Mon Reverend Pere,
Si vous ne l'aves point desagreable, je vous supplieray [8] encor de donner permission et
obedience au F. Adrien68 de faire un voyage a Turin, pour finir une negociation que personne ne
sçauroit, comme je pense, si bien entendre que luy, et laquelle regarde, si je ne me trompe, le bien
publiq et la gloire de Dieu. Je m'asseure qu'il se comportera si bien, que ni vous n'aures pas sujet
d'estre marri de l'avoir accompagné de vostre benediction, ni moy de vous en avoir prié, qui suis
de tout mon cœur,
Mon Reverend Pere,
Vostre tres humble confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VII janvier 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Milan.
_____
muneris. Auctore P. Valerio Reginaldo, Burgundo Sequano, e Societate Jesu. Opus tam pœnitentibus quam
confessariis utile, nunc primum in lucerm editum. Lugduni, sumptibus Horatii Cardon, MDCXVI.
66 L'aspirant ne fut pas admis, car il n'a laissé nulle trace dans les Archives des PP. Barnabites.
67 Cette lettre, dont nous n'avons pas l'adresse, a été certainement écrite au supérieur du Frère Adrien, qui était alors
le P. Dominique de Chambéry. (Voir tome XVII, note (645), p. 182.)
68 Frère Adrien des Echelles (voir tomes XVII, note (168), p. 38, et XIX, Lettre MDXCIV, p. 107).
32/342

4.3 Page 33

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MDCCXLIX. A Madame de la Fléchère69. Une condition pour
être exaucé de Dieu. Préparation au départ. Promesse et
souhait paternels.
Annecy, 15 janvier 1621.
Certes, ma tres chere Fille, je ne sçai pas sur quel fondement madame la Comtesse bastit
son esperance ; je la verray en passant, et confereray du vœu qu'elle devra faire70. Mays certes,
celles qui ont esté exaucees en telles occasions avoyent tasché de bien unir leurs volontés a celle
de Dieu. Pour moy, j'y contribueray mes foibles [9] prieres, desirant tres affectionnement la
consolation de ce bon seigneur et de cette bonne dame. Je ne sçai encor nullement le jour de mon
despart, mais je me tiens prest71.
Ma tres chere Fille, je suis tres entierement vostre et je le seray a jamais, moyennant la
grace de Nostre Seigneur. Je rendray fidelement vos lettres a Grenoble et a Paris. Demeures en
paix sous la protection celeste, a laquelle je vous recommande.
Annessi le XV janvier 1621.
Je salue les deux cheres filles72.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCL. A la même. Incertitude au sujet d'un départ.
Annecy, 19 janvier 1621.
Je suis encor icy, ma tres chere Fille, et ne sçai encor point quand je feray le despart73 ; au
moins croys-je que ce ne sera pas de cette semaine. Cependant, voyla une lettre de nostre chere
Mere, que je receus avanthier.
Dieu, par sa bonté, vous face croistre de plus en plus en sa sainte grace.
J'attens mon frere pour la fin de ce moys74, et il m'escrit qu'il pense demeurer quelques
jours avec moy [10] avant mon despart, de sorte qu'il croit que le voyage ne se fera pas si tost.
Bon soir, ma tres chere Fille ; vives toute pour Nostre Seigneur. Amen.
Le XIX janvier 1621.
A Madame
Madame de la Flechere.
69 Madeleine de la Forest, veuve de Claude-François de la Fléchère (voir tome XIV, note (40), p. 1).
70 La belle-sœur de Mme de la Fléchère, Marguerite, fille de François de Seyssel-la-Chambre, marquis d'Aix, et
d'Isabeau de La Roche-Andry, était mariée depuis 1612 au comte Charles de la Forest (voir tome XVII, note (521), p.
142), et n'avait point d'enfants. C'est probablement pour en obtenir qu'elle voulait faire un vœu, mais ses désirs ne se
réalisèrent pas. Veuve sans postérité en 1629, elle teste en 1655 à Chambéry ; la date de sa mort est inconnue.
71 Pour suivre le Prince Cardinal qui croyait se rendre quelques jours après à Paris. (Voir le tome précédent, Lettre
MDCCX, p. 352, note (1285), p. 404, et ci-après, Lettre MDCCLVI, p. 18.)
72 Françoise-Innocente (voir tome XIV, note (167), p. 56) et Antoinette de la Fléchère (tome XV, note (258), p. 86).
73 Vide Epist. præced.
74 Sacré le 17 janvier, Mgr Jean-François de Sales rentrait à Annecy vers le 31.
33/342

4.4 Page 34

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Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCLI. A Madame le Maistre75. Beaucoup de lettres, lettres
courtes. Une vie attachée à la croix. Arrêt facile et
salutaire sur le chemin de Rome. Famille chrétienne.
Annecy, 24 janvier 1621.
Je n'escris jamais moins que quand j'escris beaucoup, ma tres chere Fille ; la multitude des
lettres en empesche la longueur, au moins a moy. Mais vostre cœur est bon, ma tres chere Fille, et
je croy fermement qu'il connoist bien le mien, puisque Dieu l'a ainsy voulu. Mais de ne vous point
escrire du tout, il ne m'est pas possible. En somme, ce n'est que pour vous saluer de toute l'estendue
de mes affections, ma tres chere Fille, et vous asseurer que je n'oublie point vos afflictions, ni la
condition de vostre vie attachee a la croix. Dieu, par sa bonté, en veuille bien sanctifier son nom
et exalter sa gloire.
Je vous prie, au reste, de dire a madamoyselle vostre mere76 que je suis de cœur l'un de ses
enfans ; mays je le dis en verité. Et quand elle ira en esprit a Rome voir celuy qui y est, nostre bon
frere77, c'est son chemin de passer par icy, et sa commodité de s'arrester un peu parmi ces
montaignes. [11]
Or sus, de plus je salue M. d'Andilly et madamoyselle d'Andilly78 ; en somme, toute cette
chere famille, ou la crainte, ains l'amour de Dieu regne, et sur laquelle j'invoque tres
affectueusement la providence et protection divine. Salues bien a part, et comme vostre ame sçait
qu'il le faut, le cœur de nostre Seur Marie Angelique79, et dites luy que le mien est a elle, et que
Dieu l'a voulu et le veut, ma tres chere Fille. Amen.
24 janvier 1621, Annessi.
_____
75 Catherine Arnauld, femme d'Isaac Le Maistre (voir le tome précédent, note (142), p. 27).
76 Catherine Marion, veuve d'Antoine Arnauld (voir ibid., note (146), p. 28).
77 Henri Arnauld (voir ibid., note (442), p. 123).
78 La femme de Robert Arnauld (voir le tome précédent, note (124), p. 21), Catherine Le Fèvre, était fille d'Antoine
Le Fèvre ou Lefèvre de la Boderie, plusieurs fois ambassadeur et membre du Conseil des Finances, et de Jeanne Le
Prévost. Née en 1598 et mariée en 1613, Catherine mourut le 23 août 1637. C'est par elle que la terre de Pomponne
entra chez les Arnauld d'Andilly. (Delavaud, Le marquis de Pomponne, Paris, Plon-Nourrit, 1911, pp. 1, 134.)
79 Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal (voir tome XVIII, note (1199), p. 368).
34/342

4.5 Page 35

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MDCCLII. A la Mère Claudine de Blonay, Abbesse de Sainte-
Claire d'Evian80 (Inédite). Affection réciproque de l'Evêque de
Genève et du confesseur des Clarisses. Sollicitude pour
obtenir à ces Religieuses de hautes protections. Une
inquiétude de l'Abbesse et une permission du Pape.
Annecy, 24 janvier 1621.
Ma Reverende Seur,
Je presage que vostre Pere confesseur servira bien Nostre Seigneur en vostre monastere, et
l'extreme desir que j'en ay ne me peut permettre d'en douter. Il a rayson de m'aymer, non pas que
je le merite, mais par ce que Nostre Seigneur le veut et le commande, et que, de ma part, je le
cheris beaucoup81. [12]
Monseigneur le Prince Cardinal ne m'a encor rien commandé touchant son abbaÿe82, mais
en tout ce que je pourray, je vous serviray aupres de luy, si j'ay lhonneur de l'approcher ; et quand
il vous changera vostre orge en froment, le pain de la table n'en sera que meilleur. Je m'asseure
que Monsieur de Calcedoine n'aura rien oublié pour faire reuscir la bonne volonté que Madame
aura eue de vous faire l'aumosne, et qu'il vous en rendra a bon compte estant icy, qui sera bientost.
Vostre bon Pere confesseur m'a communiqué la difficulté que vous aves en vostre esprit
sur certaines rentes constituees que vostre pere temporel83 a establies de quelques sommes d'argent
qui vous avoyent esté donnees. Et je luy ay dit que vous ne devies en sorte quelcomque en estre
en peine, car nostre Saint Pere le Pape qui sied a present84, par une lettre bien expediee que j'ay,
vous donne le pouvoir non seulement d'avoir de telles rentes legitimement constituees, mais aussi
d'avoir des fons terriens ; et peu s'en falut que, en lieu de le permettre, il ne le commandast
expressement, tant il estime la mendicité onereuse es monasteres des filles qui sont situés en ces
petitz lieux, bourgades et vilettes85 : de sorte que [13] vous deves demeurer en paix de ce costé la,
ma tres chere Seur ma Fille, et moy je suis et demeureray de tout mon cœur,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIIII janvier 1621, Annessi.
A la R. Mere en N. S.,
La Seur CL de Blonnay,
80 Voir tome XVI, note (659), p. 206.
81 Le Saint semble parler ici d'un confesseur nouvellement entré en fonctions. Ce serait donc un successeur plus ou
moins immédiat de Claude de Coysia (voir tome XVI, note (664), p. 208) ; en 1627, les Religieuses de Sainte-Claire
protestent contre l'intrusion d'un Observantin, qui assure « publiquement qu'il est envoyé... pour succéder au R. Père
Maurice Collomb, jadis notre confesseur. » (P. Ladislas de Marlioz, Les Clarisses d'Evian-les-Bains, Abbeville-
Montreuil, 1885, p. 72.) Peut-être avons-nous là le nom du Cordelier dont François de Sales fait l'éloge.
82 L'abbaye d'Aulps, dont Maurice de Savoie était commendataire (voir le tome précédent, note (1059), p. 327), faisait
des aumônes aux Clarisses d'Evian.
83 Obligées par leur Règle à ne point s'occuper de leurs affaires extérieures, les Religieuses Clarisses laissaient
entièrement ce soin à un ami qui prenait le nom de « père temporel. » En 1627, celui du couvent d'Evian était Jacques
de Loys, coseigneur de Bonnevaud (ouvrage cité note (81), p. 12), fils de Nicolas Jaquerod-Loys et de Françoise de
Vigny ; il y a toute apparence qu'il remplissait déjà en 1621 ses fonctions charitables auprès des pauvres Filles de
Sainte-Claire, parmi lesquelles avaient fait profession deux de ses sœurs. Peut-être sa nomination de capitaine de la
ville d'Evian a-t-elle précédé cette date. M. de Bonnevaud meurt à soixante-deux ans, en 1638, sans laisser d'enfants.
Il avait été marié deux fois : en 1604, à Marie de Normandie, décédée le 12 avril 1636 ; en secondes noces, à
Balthazarde de Grailly.
84 Paul V (voir tome XIII, note (220), p. 69).
85 Voir au tome XVIII les Lettres MCCCLXIII et MCCCLIX, pp. 89, 91, et la note (324) de la p. 90.
35/342

4.6 Page 36

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Abbesse de Ste Claire d'Evian.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. de Longeville, à Besançon.
_____
MDCCLIII. A Madame de Ruans86 (Inédite). Ce qui empêche
une âme d'être submergée par les eaux de la tribulation. Dieu
« dans le buisson espineux. » Un feu qui n'a point consumé la
patience. Déplaisirs qui déplaisent et consolent.
Annecy, janvier 1621 87.
Je vous juge digne de compassion, ma tres chere Fille, vous voyant agitee de tant de sortes
d'afflictions ; mays vous series bien plus a plaindre si Dieu ne vous tenoit de sa tressainte main
dans la resolution en laquelle il vous a mise de vouloir a jamais estre toute sienne ; car sans cela,
ma tres chere Fille, vostre ame ne seroit pas seulement agitee, ains elle seroit tout a fait submergee
sous l'effort de tant d'adversités, et les eaux de la tribulation vous auroyent des-ja ensevelie dedans
leurs ondes. Mays vous vives, ma tres chere Fille, mays vous subsistes, [14] mays vous perseveres
et receves constamment tous ces accidens ; c'est par cet essay que Dieu vous connoist pour sa fille
legitime. Sa divine Majesté habite volontier dans le buisson espineux88 de vostre cœur environné
d'angoisses, et mesme maintenant que le feu qui a bruslé vostre mayson n'a point consumé ni reduit
en cendre vostre patience. Demeures bien ainsy, ma tres chere Fille ; reposes vostre soin sur la
providence de vostre Sauveur, et il vous relevera et portera de sa puissance.
Cependant, je vous remercie de la communication que vous m'aves faite de vostre
desplaysir, car encor bien que ces desplaysirs me desplaysent entant qu'ilz attaquent un cœur que
j'ayme grandement, si est ce qu'ilz me consolent entant qu'ilz perfectionnent un cœur auquel je
souhaite toute sainte perfection, et duquel je suis veritablement,
Ma tres chere Fille,
Tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Madame de Ruan.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
_____
86 Françoise de Simiane, veuve de Léonard Michal, seigneur de Ruans. (Voir tome XVII, note (79), p. 11.)
87 La lettre du 8 février 1621, sans aucun doute adressée à la même destinataire, paraît avoir suivi d'assez près celle-
ci, puisque le Saint y console sa fille spirituelle des afflictions dont, par ces lignes, il la remercie de lui avoir donné
communication. C'est pourquoi nous proposons janvier 1621.
88 Exod., III, 2.
36/342

4.7 Page 37

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MDCCLIV. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray. Quel
remède à une déception. Peine que donne à l'Evêque de
Genève la perspective d'un séjour à la cour. Le cantique qu'il
souhaite chanter quelque jour.
Annecy, [septembre 1620-janvier 162189.]
En fin, Monsieur mon tres cher Frere, voyla, comme je pense, l'esperance de nostre voyage,
ou plustost de [15] nostre conversation au voyage, tout a fait dissipee ; mais, quel remede ?
Demeures en paix, mon tres cher Frere, et demeurons, malgré la distance des lieux, tous-jours tres
unanimement serrés ensemble par ce lien indissoluble de nostre sainte amitié, que Dieu a fait et a
rendu exempt de tout le dechet que la distance et absence a accoustumé de faire sur les amitiés
humaines et transitoires : n'est ce pas, mon tres cher Frere ?
Mais me voyci encor en une autre peine : c'est que je ne sçay si Son Altesse voudra point
que j'aille faire une residence de quelques moys aupres de Madame, tandis que mon frere viendra
aussi commencer la sienne icy. En somme, Monsieur mon Frere, si Dieu n'y met sa bonne main,
voyla la moitié de ma liberté engagee dans cette cour, ou de ma vie je n'eus un seul brin de dessein
de vivre, ni en aucune autre, mon ame estant tout a fait antipathique a cette sorte de train. J'espere,
pourtant, que je pourray un jour, en cette vie mortelle, chanter : 90 Dirupisti, Domine, vincula mea
; tibi sacrificato hostiam laudis91. Et si ce bien la m'arrive, mon tres cher Frere, vous m'ayderes a
la suite de pouvoir adjouster plus hardiment qu'a cette heure : 92 Et nomen Domini invocabo93.
Vives tout a fait a jamais, comme vous faites, en cet amour celeste, Monsieur mon tres cher
Frere, et aymes celuy qui est de tout son cœur, inviolablement,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [16]
_____
89 Le 6 juin 1620 (voir le tome précédent, p. 234), François de Sales parle du désir de M. de Lauray de l'accompagner
à la suite du cafdinal Maurice. Ce prince, et par conséquent le saint Evêque, resta incertain de son départ pour Rome
d'abord, puis pour la France, jusqu'à la fin de janvier 1621. D'autre part, à cette époque-là, Jean-François vint à Annecy.
Ces lignes sembleraient donc avoir été écrites dans les premières semaines de 1621. Toutefois, elles ont pu suivre
l'une des ruptures du projet de voyage, notamment celle qu'amena la pacification en France (voir le tome précédent,
Lettre MDCXCIX, p. 326) ; de là, les dates extrêmes que nous indiquons.
Voir ibid., p. 132, la note du destinataire.
90 Seigneur, vous avez brisé mes liens ; je vous offrirai une hostie de louange.
91 Ps. CXV, 16, 17.
92 Et j'invoquerai le nom du Seigneur.
93 Ibid., v. 17.
37/342

4.8 Page 38

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MDCCLV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand (Fragment). Un Père qui réclame des nouvelles de
sa chère Fille.
Annecy, [janvier ou février] 1621 94.
Que faites vous escartee en ce bon païs d'Auvergne, ma tres chere Fille ? car il me semble
qu'il y a long tems que vous ne me dites mot ; et toutefois, l'amour n'est jamais muet, mesme le
filial qui a tous-jours je ne sçai quoy a dire au Pere
Revu sur le téxte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy.
_____
MDCCLVI. A M. Barthélemy Flocard95. Heureuse arrivée et
saints désirs de Mgr de Chalcédoine. Mort du Pape ; le
Cardinal de Savoie en route pour Rome. Souhait de l'Evêque
de Genève.
Annecy, 5 février 1621.
Monsieur,
Je vous remercie tres humblement de vostre douce congratulation sur la venue de mon frere
Monsieur de [17] Calcedoine, laquelle a la verité m'a bien apporté de la consolation, non seulement
pour l'avoir veu Evesque tout consacré96 et desireux de bien servir Dieu et son Eglise, mais aussi
pour avoir remarqué en luy des bons talens propres a bien reuscir en cette charge. Mays nostre
contentement eut esté parfait si vous fussies venu avec luy.
Or, ainsy que je vous escrivois ceci, j'ay receu vostre lettre et vostre paquet du 30 de janvier,
avec la nouvelle de l'inopiné depart de Monseigneur le Prince Cardinal pour Rome, ou, si tost que
je sceu des hier la mort du Pape97, je m'imaginay qu'il accourroit pour la nouvelle election d'un
autre Pape, a laquelle il pourra beaucoup plus contribuer y arrivant de bonn'heure qu'y allant plus
tard. De sorte donq que les Papes meurent aussi bien que les pauvres gens, et que voyla le voyage
de France ou tout a fait rompu, ou grandement differé. Que si mes vœux estoyent exaucés, il seroit
tout a fait rompu par la promotion de Monseigneur le Prince Cardinal a la papauté, non tant pour
lhonneur que j'ay d'estre son tres obeissant serviteur, comme pour le bien que, je m'asseure, en
reviendroit au Christianisme. Mays la Providence de Dieu presidera et fera, s'il luy plait, un bon
Pape98, et moy je demeureray tres invariablement,
94 Voir au tome XV, p. 178, la note de la destinataire. La Mère de Chaugy (Vie manuscrite de la Mère M.-J. Favre)
réunit en un seul texte trois fragments adressés à la Mère Favre. Le second est tiré d'une lettre du 11 novembre 1621
; le troisième semble appartenir à 1622, et le premier, que nous donnons ici, nous paraît être des premiers mois de
1621. La « grande Fille » était à Montferrand depuis juin 1620 (voir le tome précèdent, note (658), p. 198), et avait
certainement donné au saint Fondateur des nouvelles du début de la fondation. Après, les lettres se firent plus rares.
95 Voir tome XVII, note (1023), p. 303.
96 Voir ci-dessus, note (71), p. 10.
97 Paul V était mort le 28 janvier. (Voir tome XIII, note (220), p. 69.)
98 Avant l'arrivée de Maurice de Savoie à Rome, cinquante-deux cardinaux réunis en conclave avaient déjà élu, le 9
février, Alexandre Ludovisi, qui prit le nom de Grégoire XV. Il sera destinataire.
38/342

4.9 Page 39

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Monsieur,
V febvrier 1621, Annessi.
Vostre tres humble et tres affectionné
compere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
Monsieur Flocard, Collateral au Conseil de Genevois.
Turin.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Hélène de Thiollaz, au château de Monpont, près Alby
(Haute-Savoie). [18]
_____
MDCCLVII. A Don Juste Guérin, Barnabite99 (Fragment). Un
doux sujet de conversation.
Annecy, 5 février 1621.
……………………………………………………………………………………………………...
Cependant, il ne se peut dire combien de fois et de quelle affection M. de Calcedoine et
moy parlons de la douce et incomparable amitié de laquelle vous nous favorises. Continues, je
vous supplie, mon Reverend Pere, comme, de tout mon cœur, je vous honnore et cheris
parfaitement.
……………………………………………………………………………………………………...
_____
Vostre tres humble et tres affectionné
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
99 Voir tome XVII, note (618), p. 171.
39/342

4.10 Page 40

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MDCCLVIII. A M. Charles-Emmanuel Perrucard de Ballon100.
Un visiteur bravant l'âpreté de l'hiver. Le voyage de France
retardé par celui du Prince Cardinal à Rome.
Annecy, 6 février 1621.
Monsieur mon Oncle,
Comme il m'a esté un contentement tres particulier de voir monsieur de Cusinens mon
cousin101, et trop [19] d'honneur quil ne soit venu que pour nous favoriser, Monsieur de Calcedoine
et moy, aussi ay-je receu de la peine de celle quil a prise pour cela en ce tems qui est si aspre ;
mays [il faut] que ceux que vous aymes souffrent ces exces de bienveuillance, et pour moy je n'ay
rien a dire sur cela, sinon que nous sommes parfaitement vostres.
A mesure que je me disposois au voyage de France et a faire tout ce que j'eusse peu pour y
engager monsieur de Lea, mon cousin102, puisque, comme bon pere, vous aggreies qu'il vint, le
trespas du Pape, inopiné, a tiré Monseigneur le Prince Cardinal a Rome, qui partit six heures apres
que Son Altesse eut la nouvelle du Siege vacant, suivi de Monseigneur l'Archevesque de Turin103
et du comte Guy Saint George104 et de quelques uns de ses domestiques, de sorte que me voyla en
sejour jusques a Pasque.
Du reste, je vivray tous-jours content en la volonté de Nostre Seigneur, que je prie de tout
mon cœur vous conserver et combler de bonheur avec toute vostre chere compaignie, et suis
Vostre tres humble et affectionné neveu,
FRANÇS, E. de Geneve.
VI febvrier 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, chez les Prêtres de la Mission, rue de Sèvres. [20]
_____
100 Voir tome XIV, note (388), p. 129.
101 Le fils aîné du destinataire, Pierre, appelé, du vivant de son père, M. de Cusinens. Il fut gentilhomme de la chambre
de Son Altesse et conseiller d'Etat. (Voir le tome précédent, note (537), p. 153.)
102 Melchior, frère de M. de Cusinens. (Voir le tome précédent, note (1297), p. 407.)
103 Philibert-François Milliet (voir tome XII, note (457), p. 195).
104 Fils de Théodore Aldobrandini, comte de Saint-Georges, et de Jeanne-Hyacinthe Roero de Sciolze, marié en 1600
à Laure Trivulzio, Guy-François, sujet du duc de Mantoue par ses fiefs du Montferrat, passa au service de Charles-
Emmanuel pendant la guerre qui éclata entre les deux souverains. Il faisait ainsi payer à son prince l'opposition mise
à l'élévation à la tiare du cardinal Aldobrandini, son oncle. Le duc de Savoie le fit général de l'infanterie, et l'envoya
ravager le Montferrat ; le duc de Mantoue le condamne alors à être écartelé comme rebelle et félon, tandis que son
nouveau maître le nomme gouverneur d'Asti et le comble d'honneurs. A la paix, il rentra dans la possession de tous
ses biens, sauf de son palais de Casal qui avait été rasé. Il combattit encore pour la Savoie contre Gènes (1625), et
finit par servir Urbain VIII comme général de la Sainte Eglise. Le comte de Saint-Georges mourut de la peste, à
Ferrare, en 1630. (D'après des Notes de M. Berzetti di Murazzano, de Turin.)
40/342

5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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MDCCLIX. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragments inédits).
Voyage rompu par la mort du Pape. Décision au sujet de la
récitation de l'Office. Le Monastère de Turin.
Annecy, vers le 7 février 1621 105.
Tandis que de jour a autre je m'attendois de partir pour Paris, j'ay sursis d'escrire en France
a qui que ce soit ; et a vous mesme, ma tres chere Mere, je n'ay escrit que des petitz billetz. Mais
maintenant que la mort du Pape, ayant appellé a Rome M. le Prince [Cardinal], a par consequent
rompeu le voyage,106 … se peut, le nouveau Pape … ou immediatement issues de que vous
marques ni fait
Si faut, ma tres chere Mere, il faut redire les Pseaumes qui se seront ditz tandis que vous
dormies, et se confesser dequoy vous ne les aves pas reditz ; car ce sont des parties notables de
l'Office que vous estes obligee de dire, mais non pas sil ny avoit que trois ou quatre versetz.
Le Monastere de Thurin ne pressera que dans quatre ou cinq moys. La signora Donna
Genevra107 et le P. Dom Juste en ont pris possession et de douze cens escus de [21] revenu, mais
il a pourtant je ne sçai quoy encor a demesler108.
……………………………………………………………………………………………………..
plus pour elle et pour son sidolatre de son mirouer et de la Visitation. J'ay res
Revu sur l'Autographe conservé au Ier Monastère de la Visitation de Paris.
_____
105 L'Evêque de Genève apprit le 5 février le départ du Prince Cardinal pour Rome (voir ci-dessus, Lettre MDCCLVI,
p. 18) ; la présente lettre a dû suivre de près cette date.
106 L'Autographe, dans l'état où il est actuellement, représente le haut d'un feuillet, à peu près le tiers du recto et du
verso d'une page. Peut-être la lettre avait-elle un second feuillet. Trois lignes ont été écrites dans la marge de chaque
page ; ce qui en est resté est donné à la suite de chacun des deux fragments, car, selon son habitude, le Saint a dû
remplir la marge en terminant la page.
107 Dona Ginevra Scaglia (voir tome XVIII, note (607), p. 177).
108 François de Sales répète ici ce qu'il avait dit quelques semaines aupaparavant. (Voir le tome précédent, Lettre
MDCCXXXVII, et note (1283), p. 403.)
41/342

5.2 Page 42

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MDCCLX. A une Religieuse de la Visitation de Paris. Un cœur
que le Saint a aimé « sur la foy de » son « bon Ange ». Les
grâces qui accompagnent celle de la Profession religieuse. «
Foible ombre d'attaque » au logis de l'Evêque de Genève.
Annecy, [vers le 7 février] 1621 109.
Je le confesse aussi de ma part, ma tres chere Fille ; ce me seroit de la consolation tres
douce de voir un peu clair dedans vostre cœur, que j'ay aymé a tastons et sur la foy de mon bon
Ange. Vous deves travailler a la conqueste de la tressainte humilité, que le monde ne peut
connoistre, non plus que la paix qu'elle nous donne.
Je me res-jouys dequoy vous estes toute professe. O que Dieu soit beni dequoy il vous a
tant aymee ! car je ne [22] doute point qu'avec la grece de la Profession il ne vous ayt donné la
grandeur du courage, l'apprehension vive de la sainte eternité, l'amour de la sacree humilité et la
douceur de l'amour de sa divine Bonté, requis a la prattique parfaite de la Profession.
Quelles chimeres de nouvelles ! moy ? qu'on m'ayt voulu tuer ? Les bons ne me tueront
pas, parce qu'ilz sont bons ; ni les mauvais, parce que je ne suis pas bon. Ce n'a rien esté qu'une
foible ombre d'attaque qui parut en mon logis.
O ma tres chere Fille, vives toute en Dieu et pour son eternité. Je vous salue, ma tres chere
grande Fille, avec la dilection que, comme je croy, vous sçaves que mon cœur a pour le vostre, et
suis
Vostre tres humble Pere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MDCCLXI. A Madame de Ruans110. Le feu et la fièvre.
Exemple de Job. Une fille du Crucifié doit participer à sa
croix. Où nous conduisent les afflictions.
Annecy, 8 février 1621.
Voyla bien des feux, ma tres chere Fille : la fievre, comme un feu, enflamme vostre cors ;
le feu, comme une fievre, brusle vostre mayson ; mais j'espere que le feu de l'amour celeste occupe
tellement vostre cœur, qu'en toutes ces occasions vous dites : Le Seigneur m'a donné ma santé et
ma mayson, le Seigneur m'a osté ma santé et ma mayson : ainsy qu'il a pleu au Seigneur il a esté
fait ; son saint nom soit beni111.
Il est vray, mais cela nous appauvrit et incommode grandement. Il est tout vray, ma tres
chere Fille ; mais [23] bienheureux sont les pauvres, car a eux appartient le Royaume des cieux112.
109 L'attaque dont parle le Saint vers la fin de cette lettre, doit être celle que firent les serviteurs du baron de Tournon
(voir le tome précédent, Lettre MDCCXXXVIII, p. 405) ; la date serait donc peu éloignée de décembre 1620, et nous
la reculons jusqu'après le 6 février, François de Sales déclarant à la Mère de Chantal que jusqu'alors il a « sursis
d'escrire en France a qui que ce soit. »
Mais quelle est la Sœur, nouvelle professe, à qui s'adressent ces lignes ? On peut proposer Marie-Radegonde
Regnard, qui prononça ses vœux le 28 décembre 1620, après une longue attente, et à qui les conseils donnés ici
conviennent très bien. (Cf. ibid., Lettre MDCLXXII, et note (869), p. 264.)
110 La confrontation de cette lettre avec celle de janvier 1621 à Mme de Ruans (voir ci-dessus, p. 14), montre qu'elle
lui est également adressée.
111 Job, I, 21.
112 Matt., V, 3.
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5.3 Page 43

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Vous deves avoir devant les yeux la souffrance et patience de Job, et considerer ce grand prince
sur le fumier113 ; il eut patience, et Dieu en fin luy redoubla ses biens temporelz114 et luy centupla
les eternelz.
Vous estes fille de Jesus Christ crucifié : et quelle merveille y a il donq si vous participes
en sa croix ? Je me suis teu, disoit David115, et je n'ay point ouvert la bouche, parce que c'est vous,
Seigneur, qui l'aves fait. O par combien de rencontres fascheux allons nous a cette sainte eternité
! Jettes bien vostre confiance et vostre pensee en Dieu : il aura soin de vous116, et vous tendra sa
main favorable117.
Ainsy je l'en supplie de tout mon cœur, et qu'a mesure qu'il vous envoye des tribulations,
il vous fortifie a les bien supporter en sa sainte garde.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 8 febvrier 1621.
_____
MDCCLXII. A une dame118. Trois causes de la diminution des
lettres de François de Sales à sa fille spirituelle. Une
tribulation redoutable. Job au milieu des reproches de ses
amis. Aimer Dieu dans les consolations, mais surtout dans les
peines et les adversités.
Annecy, 27 février 1621.
Je sçai, ma tres chere Fille, je sçai bien la multitude de vos travaux, et ne les puis nullement
sçavoir sans les ressentir. Mais je sçai bien aussi que Dieu, qui par sa divine providence vous a
dediee a cette sorte de vie en [24] ce monde, ne manque pas de vous fournir des saintes inspirations
qui vous sont requises pour vous y comporter saintement.
Et pour moy, je ne sçai pas ce que je ne voudrois pas faire pour contribuer a vostre
consolation ; mais, ma Fille, troys choses me divertissent de vous escrire si souvent que je faysois
au commencement de nostre connoissance. Il me semble qu'il n'en est pas tant de besoin
maintenant que vous estes tant accoustumee a la croix ; et moy, je suis chargé d'aage, et, pour le
dire a vous, d'incommodités qui m'empeschent de pouvoir ce que je veux, et de plus, la multitude
des correspondances que j'ay acquises depuis ce tems la, fait que j'escris moins aux uns et aux
autres. Mais, ma tres chere Fille, vous estes tous-jours presente a mes Messes, ou j'offre au Pere
celeste son Filz bienaymé, et, en l'union d'iceluy, vostre chere ame, affin qu'il luy playse de la
recevoir en sa sainte protection et luy departir son tressaint amour, notamment en l'occasion des
proces et affaires que vous aves avec le prochain ; car c'est la ou il y a plus de peine de tenir ferme
pour la douceur et humilité, tant exterieure qu'interieure, et j'y voy les plus asseurés bien
empeschés : c'est pourquoy cette tribulation me donne plus de crainte pour les ames que j'ayme le
plus. Mais, ma tres chere Fille, c'est la ou il faut tesmoigner nostre fidelité a Nostre Seigneur, affin
que l'on puisse dire de nous, comme il est dit de Job, apres tant de reproches et de contrarietés que
113 Job, II, 8.
114 Ibid., ult., 10, 12.
115 Ps. XXXVIII, 10.
116 Ps. LIV, 23 ; I Petri, ult., 7.
117 Cf. Job, XIV, 15.
118 Il ressort du texte que le Saint connaît depuis longtemps la destinataire ; donc nous devons la chercher parmi ses
filles spirituelles de Savoie. Sous toutes réserves, nous suggérons le nom de Françoise-Melchionne du Four, dame
d'Aiguebelette. (Voir tome XIV, note (1134), p. 393.)
43/342

5.4 Page 44

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ses amis luy firent, qu'en tout cela Job ne pecha point de ses levres, ni ne fit rien de mal a propos119.
Quelles benedictions vous puis je souhaiter plus aymables que celles la, d'estre fidele a
Nostre Seigneur parmi les adversités de toutes sortes qui vous agitent ? car le souvenir que j'ay de
vostre ame ne m'arrive jamais qu'avec mille souhaitz que je fay pour vostre avancement en l'amour
de ce bon Dieu. Aymes le bien, ma chere Seur, en vos retraittes que vous faites pour le prier et
adorer ; aymes le quand vous le receves en la sainte Communion ; aymes le quand vostre cœur
sera arrousé de sa sainte consolation ; mais aymes le sur tout quand il [25] vous arivera des tracas,
des importunités, des secheresses, des tribulations ; car ainsy vous a-il aymé en Paradis, mais encor
a-il plus tesmoigné d'amour en vostre endroit parmi les fouetz, les clouz, les espines et les tenebres
de Calvaire.
Pries le qu'il me supporte en sa misericorde, et qu'il me rende digne du service auquel il
m'a appellé. Je suis en luy, d'une affection toute entiere,
Vostre tres affectionné serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 27 febvrier 1621.
_____
MDCCLXIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée120. Réponse
à une réclamation de Son Altesse. Un « Memorial » à
traduire pour être envoyé à Rome.
Annecy, [février] 1621 121.
Monseigneur,
Vostre Altesse Serenissime me commande que je luy envoye un Memorial de ce qui est
requis d'estre impetré a Romme pour la restauration de la discipline ecclesiastique en ce païs. Mais,
Monseigneur, Vostre Altesse l'a remis a monsieur Carron122 des il y a environ un an, que je
l'envovay, ainsy que m'asseure mon frere qui estoit [26] lors en court. Et ne faut en cela que de le
faire traduyre en italien, car quant a la forme avec laquelle la provision necessaire doit estre
demandee au Pape, il en faut laisser le soin a ceux que monsieur l'Ambassadeur de Son Altesse123
employera.
Dieu, par sa bonté, veuille bien tost faire reuscir cette si bonn'œuvre, pour en suite combler
de bonheur Vostre Altesse, de laquelle suis,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
119 Job, I, ult., II, 10.
120 Voir tome XVII, note (199), p. 45.
121 Le retour de Jean-François de Sales ayant eu lieu vers le 31 janvier 1621, la date de cette lettre est nécessairement
postérieure. Elle ne peut, d'autre part, en être très éloignée, car le Saint parle du « Memorial « envoyé « des il y a
environ un an ; » or, ce Mémoire dut partir d'Annecy en décembre 1619. (Voir le tome précédent, Lettres MDLXXX,
p. 80, et MDLXXXI.) Il n'est pas invraisemblable de supposer que le prince de Piémont aura voulu profiter du séjour
de son frère le Cardinal à Rome (voir ci-dessus, Lettre MDCCLVI, p. 18) pour obtenir les pièces désirées ; le mois de
février paraît donc convenir.
122 Jean Carron, secrétaire du Prince. (Voir la lettre suivante.)
123 L'abbé Philibert-Alexandre Scaglia (voir tome XVII, note (696), p. 197).
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5.5 Page 45

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Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Morrison, à Londres.
_____
MDCCLXIV. A M. Jean Carron. Prière au destinataire de faire
chercher un Mémoire déjà envoyé que le prince de Piémont
réclame.
Annecy [février] 1621 124.
Monsieur,
Par la lettre que Monseigneur le Serenissime Prince m'a fait despecher, il me commande
encor de luy envoyer un Memoyre des concessions qu'il faut obtenir a Romme pour la restauration
de la discipline ecclesiastique deça les montz. Mais M. de Calcedoine, mon frere, m'asseure que
vous, Monsieur, aves receu les articles du projet qui en fut fait icy et que j'envoyay il y a bien long
tems, et que Monseigneur le Serenissime Prince vous l'avoit remis pour les faire traduire en italien,
pour les donner a [27] M. d'Aglié qui devoit aller a Romme125. Il vous playse donq, Monsieur, de
les faire chercher, et, comme je croy, ilz seront aysés a treuver, puisqu'ilz sont en quatre ou cinq
feuilles jointes ensemble ; car, quant a la forme en laquelle la demande doit estre faite a Romme,
c'est chose qu'il faut qui se face a Romme mesme.
Ce pendant, Monsieur, je vous supplie tres humblement d'avoir un soin particulier de
l'introduction des PP. de l'Oratoire a Rumilly, par ou il faut commencer, puisque c'est un'affaire
qui ne peut souffrir aucun delay126 ; et excuses mon importunité, puisque je suis de tout mon cœur,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
124 Cette lettre au secrétaire du prince de Piémont (voir tome XVIII, npte (903), p. 268) est évidemment de même date
que la précédente.
125 Fils de Nicolas d'Aglié et d'Antoinette Provana, dame de Bussolino, Ludovic fut plusieurs années ambassadeur à
Rome, à l'avantage de la Maison de Savoie, car il était doué de réels talents pour cet emploi. Il y joignait une vaste
érudition et une aptitude spéciale pour la poésie. Le 1er janvier 1638, Christine le nomma gouverneur du duc son fils,
et surintendant des Finances « deça et dela les monts. » Le marquis d'Aglié mourut célibataire. (D'après Galli, Cariche
del Piemonte, et Torelli, Généalogies, etc.)
126 Voir le tome précédent, Lettres MDCCIX, MDCCXIV, et note (1140), p. 358.
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5.6 Page 46

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MDCCLXV. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie127. Les
raisons qui plaident en faveur de M. Gard pour lui obtenir un
canonicat.
Annecy, 4 mars 1620.
Monseigneur,
Sur la maladie du plus ancien chanoyne de Nostre Dame de cette ville128, Vostre Grandeur
sera suppliee de [28] nommer messire Jean Baptiste Gard ; et sa vertu, sa pieté, sa suffisance
m'obligent a luy desirer cet honneur qu'il a en quelque sorte merité par le service qu'il a des-ja
rendu en cette mesme eglise des quelques annees en ça129. En suite dequoy, je contribue ma tres
humble supplication aupres de Vostre Grandeur, affin qu'il luy playse de le gratifier, puisque
mesme il est filz d'un de ses officiers domestiques.
Et tandis, vous faysant tres humblement la reverence, Monseigneur, je suis sans fin,
Vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
4 mars 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Bibliothèque Nationale (Fonds français, 3820, fol. 93).
_____
127 Voir tome XII, note (495), p. 211.
128 Le « plus ancien chanoyne » de Notre-Dame de Liesse était alors M. Carrier. Il ne mourut pas de cette maladie, car
au mois de février 1628 il est encore présent aux délibérations du Chapitre ; on ne l'y trouve plus en 1633. Son prénom
n'est pas indiqué dans les Registres capitulaires : serait-ce Claude Carrier qui, n'étant que diacre, reçoit le 24 octobre
1591, la cure de La Muraz, résigne ce bénéfice le 28 novembre de l'année suivante, et devient, après 1603, prêtre
d'honneur de la collégiale de Notre-Dame ? (R. E.)
129 La nomination des chanoines de Notre-Dame appartenait alternativement au Chapitre et au prince ; de là, le recours
de l'Evêque à Henri de Nemours pour obtenir un canonicat à Jean-Baptiste Gard, fils d'Antoine Gard (voir tome XIV,
notes (1105), (1106), p. 385), déjà prêtre d'honneur de la collégiale. Son installation comme chanoine n'eut lieu que
le 8 octobre 1621 ; le 2, il échangeait avec Laurent de la Place sa prêtrise d'honneur contre une chapelle à Desingy ;
le 7, nouvel échange de la chapelle avec Rodolphe des Oches (voir tome XIII, note (377), p. 135) qui cède à Gard son
canonicat.
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5.7 Page 47

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MDCCLXVI. Au Père Dominique de Chambéry, Vicaire-
Provincial des Capucins. Prière d'envoyer le Frère Adrien à
Lyon tandis que François de Sales y sera.
Annecy, vers le 8 ou le 9 mars 1621 130.
Mon Reverend Pere,
Si le tems n'empire point, je pense partir demain pour aller a Lion, et par ce voyage, je
serois bien ayse si je [29] pouvois esclarcir le cœur de M. Magnin avec le Frere Adrien, et que le
Frere Adrien accommodast pour une bonne fois toutes les affaires que l'on a de cette ville a Lyon
pour ce qui regarde la soye131. Or, je vous propose cette mienne pensee, affin que si vous
l'appreuves, il vous playse donner l'obeissance audit Frere Adrien, affin quil vienne tandis que je
seray-la, qui ne sera que 5 ou six jours.
Et si, de plus, je puis rendre quelque service a Vostre Reverence, soit pour l'argent de Mlle
Bellot132, soit pour autre chose, je le feray de tout mon cœur, comme estant, Mon Reverend Pere,
Vostre tres humble frere et serviteur,
F., E. de Geneve.
Au R. P. en N. S.,
Le P. Dominique de Chamberi,
Provincial des PP. Capucins.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Aurillac. [30]
_____
130 La date donnée par Vivès (tome X, p. 484), avant le 29 juin 1614, est certainement fausse. Le P. Dominique de
Chambéry ne fut vicaire-provincial des Capucins qu'à partir de 1618, et garda la charge jusqu'en septembre 1621.
C'est en cette dernière année, dans le courant du mois de mars, que le Saint fit un voyage à Lyon. Il y était déjà le 14
(cf. ci-après, Lettre MDCCLXX. p. 36). Le 19, il prêche dans l'église du Noviciat des Jésuites ; le 21 et le 25, dans
celle de la Visitation (voir tomes VIII, Serm. CLIV, p. 397, et X, Serm. XLV, XLVI, pp. 36, 41) ; le 1er avril il venait
de rentrer à Annecy.
131 M. Magnin, négociant en soie à Lyon, voyait de màuvais œil l'initiative du Frère Adrien des Echelles (voir tome
XVII, note (168), p. 38) pour l'établissement de la même industrie en Savoie. François de Sales ne put arriver à «
esclarcir » son cœur au sujet du Capucin, car le 4 juin suivant, le Registre des Délibérations du Conseil d'Annecy
mentionne une lettre du maître molinier à Antoine Flocard, « se plaignant grandement du Pere Adrian... qui le travaille
au faict de la soye ; dequoy par deux » fois « il a donné advis a messieurs les jadis scindics, desirans que la Ville
envoye a S. A. quelque homme a ses despens pour remedier a cest affaire. » On promet de lui donner satisfaction.
132 L' « Esleue » Bellot, Jeanne de Sirvinges, qui avait promis une somme d'argent pour l'établissement des Pères
Capucins à Belley. (Voir le tome précédent, Lettre MDCCXXXV, p. 398.)
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5.8 Page 48

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MDCCLXVII. A Madame de la Chapelle Religieuse de
l'Abbaye de Sainte-Catherine133. Etre fidèle dans les petites
occasions, pour obtenir de l'être dans les grandes. Les «
ennemies de la devotion. » Ce qui doit être attaché « au bout
du desplaysir du peché. »
Annecy, [vers le 8 ou le 9 mars 1621 134.]
Ce n'est que pour 15 jours ou trois semaines que j'absente, ma tres chere Fille. A mon
retour, nous nous reverrons, Dieu aydant ; et cependant135, acceptes de bon cœur cette petite visite
que la divine Bonté vous a faite. Il faut es petites occasions se rendre fidele, pour impetrer la
fidelité es grandes136.
Demeures fort en paix, et repaisses vostre cœur de la suavité de l'amour celeste, sans lequel
nos cœurs sont sans vie et nostre vie sans bonheur. Ne vous relasches nullement aux tristesses,
ennemies de la devotion. Dequoy se doit attrister une fille, servante de Celuy qui sera a jamais
nostre joye ? Rien que le peché ne nous doit [31] desplaire et fascher, et au bout du desplaysir du
peché, encor faut il que la joye et consolation sainte soit attachee.
Je vous salue mille fois de tout mon cœur, et suis sans fin, ma tres chere Fille,
Vostre serviteur plus humble,
FRANÇS, E. de Geneve.
137 A Madame de la Chapelle,
Religieuse de Ste Catherine.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Georgetown (Etats-Unis).
_____
133 La famille de Valence, originaire de Provence, vint en Savoie vers le milieu du XVIe siècle, en la personne de Jean-
Baptiste de Valence, seigneur de la Chapelle, et de son frère François qui devint seigneur de Gruffy. Renée, appelée
Jeanne en Religion, était fille du premier ; on comprend dès lors qu'on la trouve désignée tantôt sous le nom de
Valence, tantôt sous celui de la Chapelle, comme au reste son frère, l'ancien condisciple du Saint à Padoue. (Voir tome
XI, pp. 6, 48, 49.) Elle figure déjà comme Religieuse de Sainte-Catherine dans le testament de son oncle (1585), et
encore dans des actes capitulaires de 1625 et de 1639. (Notes de M. le comte de Mareschal de Luciane, et Archiv. dép.
de la Haute-Savoie, E 534, 541.) Mme de la Chapelle eut quelques velléités de se joindre aux réformatrices à Rumilly,
mais son saint Directeur, qui la connaissait à fond, ne la pressa pas à ce sujet, et l'exhorta à vivre le plus fidèlement
possible dans la vie mitigée de son abbaye.
134 D'après l'écriture de ces lignes, on peut conclure qu'elles appartiennent à la dernière période de la vie de François
de Sales. L'absence de « 15 jours « ou trois semaines » fait penser à son voyage à Lyon en 1621, qui, le trajet compris,
devait durer au moins quinze jours. (Cf. ci-dessus, note (130), p. 29.)
135 Ces premières lignes sont inédites ; les éditeurs de 1626, en les supprimant, avaient joint le reste à un autre texte.
Nous donnons celui-ci à la fin de l'année 1621.
136 Cf. Matt., XXV, 21, 23.
137 Au bas de l'Autographe, on lit, d'une autre main, cette adresse, reproduction, sans aucun doute, de celle qui se
trouvait au verso.
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5.9 Page 49

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MDCCLXVIII. A Madame de Toulongeon. Espoir d'une visite
qui fit retarder une lettre. Compliments affectueux à la
destinataire au sujet de son mariage et de sa prochaine maternité.
A quelle fin Dieu nous donne ses faveurs. Souvenir des
bonnes résolutions prises autrefois. Assurance de prières.
Lyon, 24 mars 1621 138.
Madame,
L'esperance que j'ay tous-jours eu des une annee en ça d'aller en France, m'a retenu de vous
ramentevoir mon inviolable affection a vostre service par lettre, puisque je croyois que quelque
heureux rencontre me donneroit le moyen de vous rendre ce devoir en presence. Mais maintenant
que je n'espere presque plus ce bien et que ce digne porteur me donne une commodité si asseuree,
je me res-jouis de tout mon cœur avec vous, ma tres chere Fille (car ce mot est plus cordial), je me
res-jouis et loue Nostre Seigneur de vostre si estimable et aymable mariage, qui [32] vous servira
de fondement pour bastir et eslever en vous une douce et aggreable vie en ce monde, et pour
heureusement passer cette mortalité en la tressainte crainte de Dieu, en laquelle, par sa grace, vous
aves esté nourrie des vostre berceau ; car tout le monde me dit que monsieur vostre mary est un
des plus sages et accomplis cavaliers de France139, et que vostre liayson est non seulement noüee
de la sainte amitié qui la doit serrer de plus en plus, mais aussi des-ja benite de la fertilité, par
laquelle vous estes a la veille de vos couches, ainsy que [nostre Mere] m'asseure140.
Il faut donq bien correspondre a toutes les faveurs du Ciel, ma tres chere Fille, car elles
vous sont sans doute donnees affin que vous les facies proffiter a la gloire de Celuy qui vous
gratifie, et a vostre salut. Je ne puis que [33] je ne croye, ma tres chere Fille, que vous n'employies
vostre courage a cela et que vous ne le facies, comme sachant que le bonheur de vostre mayson et
de vostre personne depend de cela en cette vie passagere, et l'asseurance de l'immortelle apres celle
cy.
Or sus, en ce nouvel estat de mariage auquel vous estes, renouvelles souvent les resolutions
que nous avons si souvent faites de vivre saintement et vertueusement, de quelle condition que
138 La simple lecture du texte nous désigne sûrement pour destinataire Françoise de Rabutin-Chantal, mariée depuis
le 12 juin 1620 à Antoine de Toulongeon (voir tome XII, note (906), p. 360), et indique en même temps la date.
139 « Je vous le dis en vérité, je ne trouve non seulement rien à redire à ce parti, mais je n'y trouve rien à désirer, »
écrivait la Mère de Chantal à sa fille Françoise, en lui annonçant la première visite de M. de Toulongeon. « La
naissance et le bien que nous trouvons en sa personne n'est pas ce qui me touche le plus, » continue-t-elle, « mais son
esprit, son humeur, sa franchise, sa sagesse, sa probité, sa réputation. » (Lettres, vol. I, p. 390.) L'éloge n'était pas
surfait. Antoine, fils de Philibert de Toulongeon et de Claudine Garnier du Vouchot, appartenait à la branche fixée en
Bourgogne d'une des plus anciennes et puissantes familles de Franche-Comté. Chevalier des Ordres du Roi,
gentilhomme ordinaire de sa chambre, capitaine de deux cents hommes, puis d'une compagnie des gardes de Louis
XIII, habile et vaillant homme de guerre, les honneurs lui venaient nombreux avec l'estime de son prince. A ces
mérites, et les dominant tous, s'ajoutait un esprit chrétien remarquable. Un seul point aurait pu arrêter Françoise de
Rabutin-Chantal au moment d'accepter l'alliance de M. de Toulongeon : il avait vingt-six ans de plus qu'elle. Mais
elle eut « le bon jugement » que lui croyait sa mère, pour voir là un avantage plutôt qu'un obstacle. (Ibid., p. 391.) Les
premières années de leur mariage furent souvent troublées par les expéditions militaires auxquelles le comte prit part
; il fut même grièvement blessé au siège de Nègrepelisse (juin 1622), et guérit miraculeusement par l'application d'une
lettre que lui avait écrite l'Evêque de Genève. En 1630, Pignerol étant tombé aux mains des Français, M. de
Toulongeon en fut nommé gouverneur, et résolut le problème difficile de faire aimer et respecter une domination
étrangère. Lorsqu'il succomba, le 20 septembre 1633, aux fatigues de son administration et à celles que sa charité lui
avait imposées pendant la période de la peste et de la famine, les syndics de la ville purent assurer son frère, l'abbé de
Saint-Satur, de « la profonde douleur » de la population pour la perte de celui qui avait été non seulement « bon
gouverneur, mais père et protecteur affectionné » de la cité. (Abbé Croset-Mouchet, Le comte Antoine de Toulongeon.
histoire des trois dernières années de sa vie, Rome, 1875, p. 118.)
140 L'enfant naquit en avril ou mai 1621, et mourut peu après.
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5.10 Page 50

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Dieu nous fist estre. Et si vous l'aves aggreable, continues a me favoriser de vostre bienveuillance
filiale, comme je vous asseure, ma tres chere Fille, que d'un cœur tout rempli d'affection paternelle,
je ne celebre jamais la tressainte Messe que tres particulierement je ne vous recommande a Dieu,
avec monsieur vostre mary, auquel je suis et seray tous-jours, ainsy que je suis pour vous,
Madame,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
La veille de Nostre Dame, a Lion.
_____
MDCCLXIX. A une Supérieure de la Visitation141. L'éducation
des petites filles incompatible avec la manière de vie des
Religieuses de la Visitation. Combien en prendre, si l'Evêque
le commande.
Lyon, 25 mars 1621.
Sera-il point mieux de ne point vous escrire tout a fait, ma tres chere Fille, que de vous
escrire si peu, comme [34] l'accablement des honneurs et faveurs que je reçois icy me le peut
permettre ? Mais, mieux vaut peu que rien tout a fait.
Je ne puis croire que Monseigneur l'Evesque N. veuille vous charger de l'education des
filles seculieres, quand vous luy aures fait humblement remonstrer que cela detraqueroit
grandement vostre Mayson, nullement propre a rendre cet office ; car a la verité, l'experience a fait
voir a Nessy que vostre façon de vivre est presque incompatible avec cet exercice142. Mais si
toutefois son esprit se rend grandement ardent a cela, on pourra, a ce commencement, en prendre
jusques a trois seulement, et establir une des Seurs sur elles ; mais nullement davantage, ni pour
l'avenir en faire suite. Vostre Pere spirituel, vostre Confesseur et ces bons Peres qui sont la et qui
ont de la charité pour vostre Mayson, pourront, avec suavité, divertir ce destourbier la.
Cependant, ma tres chere Fille, tenes vostre courage en Dieu, vives saintement en sa
Providence, res-jouisses vous d'avoir quelque chose a porter pour luy, car en cela consiste le vray
estat des enfans de sa Bonté. En fin, ma Fille, je suis tout vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
A Lion, le 25 mars 1621. [35]
_____
141 L'édition de 1626 donne pour adresse : A une Religieuse de la Visitation ; mais il est aisé de reconnaître que le
Fondateur parle à une Supérieure d'une Maison nouvellement établie. Les Annales des Monastères de Montferrand,
Nevers et Orléans, fondés en juin-septembre 1620, ne faisant aucune mention de l'affaire traitée ici, on ne peut choisir
entre les Mères Favre, de Monthoux et de la Roche qui les gouvernaient alor9 ; mais c'est sans doute à l'une d'elles
que ces lignes ont été écrites.
142 L'expérience avait été faite avec Françoise de Rabutin-Chantal, Jeanne-Marguerite de la Chavane et Françoise-
Christine Austrain. Le prénom de cette dernière, donné inexactement au tome précédent, note (665), p. 201, est rectifié
d'après une lettre autographe de sainte Jeanne de Chantal.
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6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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MDCCLXX. A Madame de la Fléchère. Un messager pour
Avignon. Visite forcément remise.
Annecy, 3 avril 1621 143.
J'ay fait asses heureusement mon petit voyage, et ay escrit a nostre filz par M. Sappin144,
qui partit de Lyon pour Avignon il y aura demain trois semaines, et qui me promit de m'en rapporter
des nouvelles avant [les] festes145.
Je n'ay point veu nostre seur des mon retour146, n'ayant eu le loysir d'aller a la Visitation
que ce matin pour dire la sainte Messe, et avons promis d'y retourner apres disné ; mais ces
messieurs m'ont retenu pour leurs affaires, de sorte que ce sera demain, Dieu aydant.
Vives tous-jours toute en cette divine Bonté, ma tres chere Fille, et je suis a jamais
parfaitement vostre.
3 avril.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [36]
_____
MDCCLXXI. A MM. Pierre et Jean de Villers147. Condoléances
offertes sur la mort d'un père. Motifs de consolation proposés
à ses enfants.
Annecy, commencement d'avril 1621 148.
Messieurs,
Quand le bon Pere Arviset149 m'a dit l'autre jour a Lion que nostre bon pere estoit trespassé,
je vous asseure que je fus touché vivement de la passion que les enfans ont accoustumé de sentir
quand leur pere les quitte ; car je le respectois et honnorois ainsy finalement, ce bon pere, qui m'y
avoit obligé en autant de façons qu'il se pouvoit faire.
Mais puisque tel a esté le bon playsir de Dieu qu'il s'en allast en son repos, non seulement
143 Le millésime est tout indiqué par le « petit voyage » à Lyon.
144 Peut-être M. Sappin avait-il été le maître de Charles de la Fléchère (voir tome XV, note (258), p. 86). Un
ecclésiastique de ce nom, Antoine, chanoine de Saint-Pierre de Genève et prieur commendataire de Ville-en-Michaille,
résigne son canonicat le 20 février 1618 (R. E.) ; serait-ce lui qui devait apporter des nouvelles du fils de la destinataire
?
145 Pâques se trouvait cette année le 11 avril.
146 On sait que la sœur de Mme de la Fléchère, Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse à Bons (voir tome XIV,
note (600), p. 204), venait quelquefois faire des retraites à la Visitation.
147 Fils de Philippe de Villers et de Jeanne Humbert (voir tomes XIII, note (103), p. 23, et XIV, note (1032), p. 356),
Pierre et Jean furent tous deux avocats au Parlement de Dijon. Le premier naquit vers 1580, et épousa, en 1603 (contrat
du 14 juillet), Jeanne Chisseret ; le second, par contrat dotal du 23 avril 1606, s'allia à Pierrette Petit. (Archiv. dép. de
la Côte-d'Or, E. 2126, etc.)
148 La date de la lettre se déduit de celle de la mort de Philippe de Villers et du voyage de saint François de Sales à
Lyon.
149 Bénigne Arviset, né à Dijon en 1582, entra dans la Compagnie de Jésus le 2 septembre 1603, fit profession en avril
1618, et mourut à Lyon le 6 décembre 1625. (D'après des Notes du R. P. Choupin, S. J.) Il favorisa de tout son pouvoir
l'établissement de la Visitation dans la capitale de la Bourgogne.
51/342

6.2 Page 52

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j'acquiesce, ains je loüe la divine Providence qui luy a donné un bon long sejour en cette vie
mortelle, et, ce qui importe le plus, l'a conduit si amiablement par le chemin de sa crainte et de sa
grace, que nous avons tout sujet d'estre asseurés qu'il le fait jouir maintenant de sa gloire. C'est en
quoy vous puisés sans doute la grande rayson de vostre consolation, et vivés, comme j'espere,
satisfaitz d'estre enfans d'un tel pere et d'avoir si long tems esté en l'eschole de sa vertu et pieté.
[37]
Il ne me reste donq plus en cette occasion que de vous supplier de me vouloir tous-jours
conserver en l'honneur et contentement qu'il m'avoit accordé pour toute ma vie, qui est que je
serois de vostre mayson et censé comme l'un de ses enfans, vostre frere. Je le seray de mon costé
en affection, et n'oublieray jamais l'extreme devoir que j'ay a la memoire de ce pere et au service
de sa posterité ; vous suppliant encor, Messieurs, de me permettre qu'avec cette lettre je dise la
mesme verité et face la mesme priere a mesdamoyselles vos cheres espouses150, desquelles j'estime
et ayme infiniment les bonnes et devotes ames, et ausquelles, comme a vous, je ne cesseray jamais
de souhaitter les plus favorables benedictions du Ciel, demeurant a tous-jours de tout mon cœur,
Messieurs,
Vostre tres humble, fidele frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Messieurs de Villers, freres.
A Dijon.
_____
MDCCLXXII. A M. Michel Favre. Recommandations à un
pèlerin de Lorette et de Rome. Affaires qu'il doit traiter ;
personnages qu'il doit voir. Permissions à obtenir pour
l'entrée de quelques dames à la Visitation.
Annecy, avril 1621 151.
Monsieur Michel, mon cher ami,
Je vous prie de recommander mon ame a la misericorde de Nostre Seigneur en tous les
saintz lieux que vous [38] visiteres en ce voyage de Rome. Je prie le Pere Monod152, affin qu'il
vous face recommander au Pere Recteur et au Pere Penitencier de Lorette153, et que vous puissies
150 Jeanne, fille de Nicolas Chisseret, avocat au Parlement, et de Marie Julien, et Pierrette, fille de Henri Petit, receveur
général des Finances. (Voir note (147) de la page précédente.)
151 M. Michel Favre (voir tome XVII, note (722), p. 208) revint de Rome avant le 25 juillet 1621, comme en témoigne
une lettre au duc de Nemours de cette même date. Il avait dû partir d'Annecy au plus tard après Pâques (11 avril).
152 Confesseur de la princesse de Piémont, Pierre Monod était né à Bonneville (Hte-Savoie) en 1586, du sénateur
Georges Monod et de Nicoline Pobel. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 9 octobre 1603. En 1622, il est au collège
de Turin, dont il devient Recteur en 1626 et vice-recteur en 1633. La confiance totale que lui témoigna Christine au
début de sa régence, l'influence qu'il avait sur son esprit, lui attirèrent l'aversion de Richelieu qui l'accusait d'être
hostile à la France. Tous les moyens furent employés pour obliger à l'éloigner de la cour de Turin ; on mettait à ce
prix le maintien de l'ambassadeur français. Mme Royale résista longtemps, et quand elle céda, le reléguant à Coni
(1638), d'Emery put écrire : « Ce n'est pas sans beaucoup de peine que nous sommes enfin venus à bout de faire
chasser le P. Monod. » L'année suivante, le Jésuite tentait de s'évader de Coni ; la Régente le fit alors conduire à
Montmélian, et, après son entrevue à Grenoble avec le Roi son frère, en septembre, elle ordonna, malgré les
protestations du captif, de le transférer au fort de Miolans. C'est là qu'il mourut le 31 mars 1644. Le P. Monod a
écrit beaucoup d'ouvrages, surtout sur la Savoie et ses princes. (D'après Hamy, Chronol. biograph. de la Cie de Jésus,
Prov. de Lyon, 1582-1762, Paris, 1900 ; Claretta, Storia della Reggenza di Cristina di Francia, Torino, 1868, passim,
etc.)
153 Dès son institution par le Pape Jules III (fin 1551 ou 1552), la pénitencerie de Lorette fut confiée à douze Jésuites
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6.3 Page 53

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retirer d'eux un certificat de vostre soin et diligence a rendre le vœu que vous alles faire154.
A Rome, vous parleres avant toutes choses a M. Beybin155, et luy communiqueres tous vos
Memoires, tant pour les Seurs de la Visitation de Sainte Marie, que pour la Visitation des Sueilz
des Apostres et l'acceptation de l'alternative156 ; et suivres en tout son conseil.
Vous ne laisseres pas pourtant de voir au plus tost le [39] Pere Diegue157 et le Pere Dom
Sens de Sainte Catherine, jadis General des Feuillans158, auquel vous remettres la lettre qui est
pour Monseigneur le Cardinal de Sainte Suzanne159, car je m'asseure que tant ledit Pere Dom Sens
que le Pere Diegue s'employeront volontier pour l'affaire des Seurs de la Visitation, selon que je
les en supplie. Mais il ne faut pas les employer qu'avec discretion et reserve, comme encor M. le
chevalier de Lescheraine160, qui, en cas de besoin, suppliera Monseigneur le Prince Cardinal de
favoriser cette affaire161.
J'avois prié le Pere Diegue de s'employer pour faire avoir permission a madame de la
Flechere d'entrer a la Visitation de cette ville ; a madame de Granieu, en celle de Grenoble ; a
madamoyselle de Villeneuve, Marie Lhuillier, seur de madamoyselle de Frouville162, et a
madamoyselle de Montigny, Louise Pithou163, en celle de Paris. Je le supplie de faire en cela ce
qui se pourra bonnement faire, et vous aussi particulierement.
Alles en paix.
Il faut prendre l'Estat de ce diocese entre les mains du Pere Dom Juste, et changer le mieux
qu'il se pourra la date164. [40]
_____
; ce nombre fut porté à dix-neuf, y compris le Recteur, par la Constitution Ex commissi d'Alexandre VII, le 22 février
1659. Les Frères Mineurs conventuels remplacèrent les Jésuites lors de la suppression de la Compagnie de Jésus, et
occupent encore actuellement ce poste. (D'après Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, vol. XXXIX,
Venezia, 1846, pp. 240, seq.)
En 1621, le Recteur de la pénitencerie était le P. Philippe Nappi qui exerça cette charge de 1620 à 1623,
comme le prouvent plusieurs actes de l'époque gardés dans les Archives du sanctuaire. De 1618 à 1623, deux
pénitenciers français se trouvaient à Lorette : les PP. Antoine Pacot et Pierre Rubilart ; c'est donc à l'un d'eux que dut
s'adresser M. Michel Favre.
154 C'était au nom du duc de Nemours que M. Michel allait accomplir un vœu au célèbre sanctuaire ; dès lors, on
comprend qu'il lui fallait une attestation qu'il pût présenter au prince.
155 Etienne Jarcellat-Beybin (voir le tome précédent, note (498), p. 139).
156 Voir tome XIV, note (780), p. 272.
157 Le P. Diègue de la Cité-Neuve, Capucin (voir tome XV, note (497), p. 166).
158 D. Sens de Sainte-Catherine Beauner (voir tome XVII, note (171), p. 39).
159 Scipion Cobelluzzi, cardinal du titre de Sainte-Suzanne, sera destinataire.
160 Georges de Lescheraine (voir tome XV, note (249), p. 81).
161 Il s'agissait d'obtenir à perpétuité le privilège du petit Office de Notre-Dame et l'érection en Ordre religieux de tous
les Monastères de la Visitation alors fondés et qui s'établiraient dans la suite. (Cf. le tome précédent, note (837), p.
254, et Lettre MDCXICV, p. 312.) Les deux Mémoires latins présentés à Sa Sainteté Grégoire XV par Maurice de
Savoie et les suppliques italiennes recommandées par lui (voir à l'Appendice II), prouvent que le Cardinal daigna
s'intéresser à cette double affaire.
162 Voir tomes XVIII, note (1173), p. 357, et XIX, note (695), p. 213.
163 Voir le tome précèdent, note (1225), p. 388.
164 D. Juste Guérin avait fait, en 1618, la visite ad limina au nom de l'Evêque de Genève ; voilà pourquoi l'Etat du
diocèse était entre ses mains. (Cf. tome XVIII, pp. 118, 119.)
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6.4 Page 54

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MDCCLXXIII. A M. Jean Joly de la Roche165. Une œuvre pie
recommandée à M. de la Roche. Nouvelles du prieur de
Sonnaz.
Annecy, 19 avril 1621.
Monsieur mon Frere,
Il n'est nul besoin que l'on vous recommande les œuvres pies, que vous embrasses, graces
a Dieu, avec tant de charité ; mays puisque monsieur de Vege, passant icy, a desiré que je vous
suppliasse de le favoriser, et sa partie166, d'un soin particulier pour leur accommodement, je le fay
volontier, comme parent de l'une et ami de toutes deux. Et vous en supplie donq tres humblement,
bien ayse d'avoir ce petit sujet de vous rafraichir les offres de mon service, qui suis,
Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIX avril 1621, Annessi.
Nostre monsieur le Prieur de Saunax se porte tres bien, et sert Dieu et le prochain
chatechisant es hospitaux167, non sans ferveur et consolation, et non sans une sainte impatience de
voir encor point ses desirs, accomplis de [41] deça, pour lesquelz neanmoins il ne se departira
point de vostre direction.
A Monsieur
Monsieur de la Roche, seigr d'Aleri,
Conseiller d'Estat et Chevalier en souverain Senat de Savoye.
A Chamberi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Poitiers.
_____
165 Voir tome XIII, note (977), p. 364.
166 La famille de Vège ou Veige, qui possédait au XVIe siècle une maison à Annecy, paraît être originaire de La Roche,
car plusieurs de ses membres figurent à la même époque dans les Registres paroissiaux de cette ville. Des personnages
portant le même nom patronymique se trouvent mentionnés dans ceux des Entrées du Sénat, parmi lesquels, tenant
compte des dates, on pourrait proposer plus vraisemblablement Jean de Veige (alias Vegie), nouvel avocat à la rentrée
du 14 novembre 1618 et encore inscrit sur la liste de 1629.
167 Louis de Gerbais de Sonnaz, prieur de Chindrieu, poursuivait son noviciat à l'Oratoire de Lyon, et espérait toujours
l'établissement des Fils de M. de Bérulle à Rumilly. (Voir le tome précédent, note (1140), p. 358.) Le seigneur de la
Roche avait été nommé tuteur des enfants de François de Gerbais ; on comprend donc que Louis, bien que majeur
alors, déférât à ses avis pour la disposition de ses biens.
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6.5 Page 55

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MDCCLXXIV. A M. Antoine Quartery168. Actions de grâces
pour des témoignages de bienveillance. Comment l'Evêque
de Genève veut contribuer à la récompense de nombreuses
bonnes œuvres faites par le destinataire. — Il lui en propose une
nouvelle : l'établissement des Pères Capucins à Sion.
Annecy, 21 avril 1621.
Monsieur,
En cette occasion du voyage que le R. P. Dominique, Provincial, et le R. P. Philibert169, de
l'Ordre des [42] Capucins, font en vos contrees de Valey, je me sens obligé de vous remercier du
favorable tesmoignage que vous rendites a Romme pour mon frere Monsieur l'Evesque de
Calcedoine, qui est a present mon coadjuteur, lequel, s'il estoit icy presentement, vous eut aussi
escrit luy mesme170.
Mays ce n'est pas la seule preuve que j'ay eüe de vostre bienveuillance en mon endroit, y
ayant si long tems que vous m'aymes et que j'ay esté obligé a vous honnorer pour la pieté et probité,
jointes au zele et a la prudence dont Dieu vous a doué, me resouvenant fort bien de ce que vous
aves fait pour le service de l'Eglise et le bien de vostre païs en toutes les occurrences. Et de mon
costé, pour contribuer ce que je puis a vostre recompense pour tant de bonnes œuvres ausquelles
vous aves ci devant cooperé, je prie Dieu qu'il vous face la grace de continuer de plus en plus,
croissant incessamment en vertu et devotion, affin qu'apres une longue et utile vie temporelle, vous
soyes treuvé en l'estat de perseverance pour passer a l'eternelle.
Et voyla une bonne commodité qui se presente de rechef a vostre zele en l'establissement
des Peres Capucins a Syon, ou, comme vous sçaves, ilz rendront mille sortes de bons et fideles
services spirituelz a tout ce pais-la, [43] et beaucoup plus qu'ilz ne pourroyent faire en aucune
168 Antoine Quartery, né le 12 février 1576 à Saint-Maurice d'Agaune, en Valais, eut pour père Pierre Quartery,
capitaine et châtelain de Saint-Maurice, et pour mère Julienne Cavelli, « femme distinguée par sa naissance et ses
vertus, surtout par sa charité et sa piété. » Lui-même nous donne ces détails dans le Journal de sa vie. Fiancé à trois
ans à Marie Rossery (Rossier) qui en avait quatre, il signe le 20 janvier 1588 son contrat de mariage et retourne achever
ses études à Fribourg, au collège des Jésuites. A la mort de son père (1594), il est nommé capitaine banneret de sa
ville natale, visite successivement l'Allemagne, l'Italie, l'Archipel (1596-1599), et rentre à Saint-Maurice dont il
devient châtelain en 1600. Bientôt commencent ses relations avec François de Sales et les autres missionnaires du
Chablais ; et, plein de zèle, il donne tout son concours à l'établissement des Capucins dans son propre pays. Aussi
vaillant soldat que catholique sincère, le capitaine Quartery servit le duc de Savoie de 1600 à 1619, surtout dans la
guerre du Montferrat ; en 1633, le cardinal Maurice, qui l'avait créé gentilhomme ordinaire de sa maison, et le prince
Thomas l'attirèrent à leur parti contre Madame Royale, et l'employèrent à d'importantes missions. Il en avait reçu de
très honorables aussi de la part de ses concitoyens. Antoine Quartery mourut le 31 août 1641. (D'après Rameau, Notice
biographique sur noble Antoine Quartery, Fribourg, 1880.)
169 Le P. Dominique de Chambéry et le P. Philibert de Bonneville. Celui-ci était fils d'Aimé Chappuis, avocat au
souverain Sénat de Savoie, et d'Anne Vassoi, d'Avignon. Il entra dans l'Ordre des Frères Mineurs en 1599, y fit
profession le 24 novembre 1600 et mourut vers 1656. Doué de grands talents pour la prédication et la controverse,
Religieux vertueux et théologien remarquable, il exerça souvent la charge de Gardien dans les couvents de sa Province,
et occupa celle de Provincial pendant dix-sept ans, à des intervalles divers. L'Evêque de Genève l'avait en grande
estime et affection ; le P. Philibert eut l'honneur de prêcher deux Carêmes en sa présence, et dans sa déposition
(Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 27), il raconte lui-même avec quelle débonnaireté le Prélat lui donna d'excellentes
leçons sur la manière d'annoncer fructueusement la parole de Dieu. De son côté, le pieux Capucin tenait François de
Sales pour un saint, et en rendit témoignage dans les trois livres qu'il composa : Abbregé de la Vie du B. François de
Sales, Lyon, Rigaud, 1623 ; Vie du B. François de Sales, Lyon, 1624 ; Le Soleil des parfaicts et vertueux Prélats de
ce siecle, etc., Lyon, 1625. (D'après sa déposition et le Nécrologe des FF. MM. Capucins de la Prov. de Savoie, 1611-
1902, par le P. Eugène de Bellevaux, Chambéry.)
170 Cf. la lettre suivante, p. 46. Le capitaine Quartery avait été, en effet, l'un des trois témoins dans l'information prise
sur le futur Evêque de Chalcédoine, (Voir le tome précédent, note (484), p. 136.)
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6.6 Page 56

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contree de la patrie ; et croy que mesme cela seroit proffitable au service temporel de Messieurs
du païs, pour plusieurs dignes considerations que l'estat des affaires du monde me suggere171. Or,
comme apres Dieu vous aves le veritable honneur de l'establissement de cet Ordre a Saint
Maurice172, aussi pouvés vous grandement participer a celuy de l'establissement du mesme Ordre
a Syon, ou je sçai que de long tems tous les bons le desirent. Et sur cett'esperance de vostre
assistence, et du zele, prudence, bonté et bienfaisance du Reverend Evesque de Valey173, j'ay donné
courage a ces deux Peres, qui sont vrays serviteurs de Dieu et dignes d'estre aymés, de faire de
leur part tout ce qu'ilz pourront bonnement pour ce bon œuvre, que je supplie de rechef la divine
Providence de vouloir benir, et de vous faire de plus en plus prosperer en sa grace,
Monsieur, me disant en toute verité,
Vostre tres affectionné, bien humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXI avril 1621, Annessi.
A Monsieur
Monsieur le Capitaine Quarteri.
St Maurice.
Revu sur l'Autographe appartenant à la famille de M. Oscar de Cocatrix, à Saint-Maurice
(Valais). [44]
_____
MDCCLXXV. A Don Juste Guérin, Barnabite. Dona Ginevra,
bienfaitrice des Barnabites. Une affaire en suspens. Le
monde et la vie de ce monde.
Annecy, 23 avril 1621.
Mon Reverend Pere,
C'est de tout mon cœur que je me res-jouis avec nostre tres chere signora D. Genevra du
bon œuvre qu'ell'a fait, donnant dequoy jetter les fondemens de vostre eglise de cette ville, et je
l'en remercie aussi par la lettre ci jointe174.
Nous roulons icy sans avoir pour encor nouvelles de la resolution que M. de Menthon
171 D'après la déposition du P. Philibert (ad art. 45), en même temps que cette lettre à Antoine Quartery, les Pères en
apportaient une autre du Saint à l'Evêque de Sion, au sujet de l'établissement des Capucins dans sa ville épiscopale. A
cause des troubles civils, l'affaire ne réussit qu'en 1631, sous le provincialat du P. Philibert.
172 Les Pères Capucins s'étaient introduits dans le Valais pour y prêcher des missions dès les premières années du
siècle, protégés par la faveur et le dévouement du capitaine Quartery. Un hospice fut fondé à Saint-Maurice en 1603
et réduit en couvent en 1612.
173 Hildebrand Jost (voir tome XVI, note (503), p. 158).
174 Cette lettre ne nous est pas parvenue ; mais l'on garde aux Archives communales d'Annecy (Série GG, Fonds du
Collège Chappuisien) une copie notariée de l'époque, de l'acte de donation fait par Dona Ginevra Scaglia en faveur
des Barnabites d'Annecy. Cet acte fut passé le 23 mars 1621, « au palais des Sérénissimes Infantes, paroisse Saint-
Jean, » à Turin. La bienfaitrice donne aux Barnabites d'Annecy, en considération de D. Guérin, un capital de douze
cent cinquante ducatons et son revenu de cent ducatons, sous la charge d'une Messe quotidienne à perpétuité « aux
intentions de ladite dame ; » en outre, ils la rendront » participante de tous les divins Offices, saints Sacrifices et
exercices de piété qui auront lieu dans cette église. » Sous le bon plaisir des Supérieurs majeurs, Dona Ginevra
demande que la somme capital ou revenu soit employée à la construction d'une église pour le collège d'Annecy
qui n'en avait point encore. (Voir tome XVII, note (1111), p. 331.)
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6.7 Page 57

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prendra, en attendant la venue de Monseigneur le Prince Thomas175 qui aura charge de faire
achever cett' affaire176, ainsy que Monseigneur le Prince dit a nostre frere, M. de Calcedoine ; [45]
mays je ne laisseray pas de presser un peu tout bellement.
O mon tres cher Pere, que le monde est mauvais et que je l'estime peu ! je dis la vie de ce
monde. Continues, je vous supplie, a m'aymer, puisque je suis sans cesse et seray a jamais
invariablement,
Vostre tres humble et tres asseuré, inseparable
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
M. de Calcedoine est a Sales, revenant de Bornand ou il alla il y a huit jours. Salues, je
vous supplie, cherement ma tres chere fille la signora Donna Genevra.
23 avril 1621.
Au R. P. en N. S.,
Le P. Juste, Prevost de St Dalmas177.
Revu sur l'Autographe conservé à Oloron, au Collège Sainte-Marie.
_____
175 Dès le mois d'août 1620, le prince Thomas était attendu à Chambéry. Le gouverneur de la Savoie, Sigismond d'Est,
marquis de Lans, avait mécontenté Charles-Emmanuel par un mariage morganatique avec Françoise d'Hostel, veuve
du seigneur d'Arestel. Le duc, sans dépouiller ostensiblement son neveu de sa charge, nomma lieutenant-général le
prince Thomas qui arriva dans les derniers jours de juin en Savoie.
176 En 1616, l'Evêque de Genève avait sollicité du prince de Piémont l'union du prieuré de Saint-Clair au collège des
Barnabites d'Annecy. (Voir tome XVII, Lettre MCLXXI, p. 153, et note (573), p. 154.) Bernard de Menthon (voir
tome XIII, note (864), p. 319), qui croyait avoir des droits sur ce bénéfice, y fit opposition par acte du 10 janvier 1617.
On lui donna du temps « pour produire et fere veoir ses raisons ; » (lettre du Cardinal de Savoie, 28 août 1621 ; voir
à l'Appendice I) puis, malgré toutes les résistances, l'Evêque, du consentement du procureur fiscal de Genevois et de
celui du Chapitre de la cathédrale, procéda à l'union du prieuré au collège, par acte du 19 novembre 1621. Le comte
de Menthon trouva alors moyen de faire conférer le bénéfice à son candidat, directement par le Vicaire général de
l'Ordre de Cluny, et se pourvut devant le Sénat. Il y a apparence que le droit de patronage du comte ayant été reconnu,
les Pères Barnabites se désistèrent des leurs. (R. E. et Inventaire raisonné des titres des Barnabites d'Annecy, tome
Ier.)
177 Voir tome XVII, note (626), p. 173.
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6.8 Page 58

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MDCCLXXVI. A M. Michel de Marillac178. Joie qu'apporte au
Saint le portrait de la bienheureuse Marie de l'Incarnation.
L'histoire de sa vie sera profitable aux gens du monde.
Annecy, 24 avril 1621.
Monsieur,
Je vous rens mille actions de graces du portrait de la [46] bien heureuse Seur Marie de
l'Incarnation179, et ne sçai ce que je pourrois recevoir de plus utile et aggreable a mon ame ; puisque
d'un costé j'ay un amour si plein de reverence pour cette sainte personne, et d'autre part, une si
grande necessité de resveiller souvent en mon esprit les pieuses affections que sa veuë et sa
tressainte communication a excitees autrefois en moy, tandis que six mois durant j'estois presque
son confesseur ordinaire, et que, pour tant de diverses occasions du service de Dieu, elle me parloit
et entretenoit presque tous les jours.
On m'a dit que l'on avoit escrit et fait imprimer sa Vie, et ce fut la Mere Prieure de Lyon,
que je vis l'autre jour estant la180. O quel proffit elle rendra, et mesme aux seculiers, si la piece de
son histoire du tems qu'elle fut au monde a esté bien representee, comme je croy qu'elle l'est,
puisque c'est M. du Val qui l'a composee181. En somme, [47] je suis amateur et admirateur de cette
sainte ame, et ayme tous ceux qu'elle a aymés en cette vie, et vous tres particulierement, Monsieur,
de qui elle mesme me procura la bienveuillance, que je vous supplie me conserver.
Et vous remerciant de rechef de ce saint portrait, je vivray, Dieu aydant, et mourray
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
D'Annessi, le 24 avril 1621.
_____
178 Noble et austère figure de magistrat que celle de Michel de Marillac, au milieu du monde véritable philosophe et
« grand serviteur de Dieu, » selon le témoignage de la bienheureuse Sœur Marie de l'Incarnation. Ame indépendante
et élevée, si les honneurs vinrent à lui, il n'alla jamais au-devant d'eux, et quand ils s'éloignèrent, il ne leur accorda
pas un regret, acceptant avec des dispositions dignes de la plus haute sainteté, les disgrâces et les humiliations qui
remplirent les dernières années de sa vie. Michel était né à Paris, le 9 octobre 1563, de Guillaume de Marillac et
de Renée d'Aligret. La volonté d'un tuteur l'ayant empêché d'entrer dans l'état ecclésiastique, il se dédia à la
magistrature. Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, lui donnèrent leur estime et leur confiance ; bien plus : le
maréchal d'Ancre, de Luynes, Richelieu lui-même en firent leur confident. Montant de charge en charge, il reçut les
sceaux en 1626, et les garda quatre ans à l'applaudissement général. Mais, trop fidèle à la Reine mère, il fut l'une des
victimes de la Journée des Dupes. Le lendemain (12 novembre 1630), sur l'ordre du Roi, M. de Marillac rendait les
sceaux, et était conduit prisonnier à Caen, puis à Lisieux, et enfin (22 janvier 1631) à Châteaudun, où il mourut le 1er
août 1632, deux mois et demi après le supplice du maréchal son frère (voir tome XV, note (459), p. 154). Il avait
épousé en premières noces (1587) Marguerite-Barbe de la Forterie, et en secondes noces (1601) Marie de Saint-
Germain (cf. le tome précédent, note (79), p. 6). On a du Garde des sceaux le Code Michau, et plusieurs ouvrages de
piété, soit en vers, soit en prose. (D'après Le Fèvre de Lezeau, Hist. de la vie de messire Michel de Marillac, etc.)
179 Mme Acarie était la sainte amie de M. de Marillac ; ils avaient activement travaillé ensemble pour l'introduction du
Carmel en France, et tous deux avaient donné leurs filles à ce saint Ordre. C'est peut-être sur la demande de la Mère
Marie de Jésus que M. de Marillac envoyait à l'Evêque de Genève le portrait en question. (Voir au tome précédent, la
Lettre MDCCV, p. 344.)
180 La Mère Thérèse de Jésus (voir ibid., note (1228), p. 389) que le Saint avait vue lors de son voyage à Lyon au mois
de mars. (Cf. ci-dessus, note (130), p. 29.)
181 Cet ouvrage venait en effet de paraître ; l'auteur (voir tome XII, note (434), p. 188) date son Epître dédicatoire «
Aux devotes et venerables Religieuses de l'Ordre de Nostre Dame du Mont-Carmel, » du 29 janvier 1621. Les
approbations des docteurs sont des 23 et 25 janvier.
58/342

6.9 Page 59

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MDCCLXXVII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand182. Une vertu essentielle. Obligation pour une
fille de quitter « beaucoup de ses consolations » afin d'en laisser
à sa mère. Les Anges, d'avis différents, s'unissant dans
l'amour à la volonté de Dieu. Deux points sur lesquels le
Saint ne veut point se prononcer. « L'amas des fourmis. »
Le seul exercice où il ne faut point user de modération. Ce
que la Mère Favre doit conseiller à Mme de Dalet.
Annecy, 23 avril 1621.
183 En somme, ma tres chere Fille, il est vray, ainsy que je vous ay souvent dit, que la
discretion est une vertu sans laquelle, au rapport de saint Anthoine184, nulle vertu [48] n'est vertu,
non pas mesme la devotion, si toutefois la devotion veritable peut estre sans une veritable
discretion.
Voyla la bonne madame de Canillac, des belles et rares qualités de laquelle vous m'aves la
premiere rendu amateur185, qui se plaint admirablement de madame de Dalet sa fille186, dequoy
ayant treuvé un esseim d'abeilles avec leur miel, elle s'amuse trop avec elles et mange trop de ce
miel, contre l'enseignement du Sage qui a dit187 : As tu treuvé du miel, manges en discrettement.
Elle vous aura dit toutes ses raysons en meilleurs termes que je ne sçaurois vous les representer,
ormis peut estre celle-la, que vostre religieuse Mayson luy a une tres grande obligation, ainsy que
vous mesmes m'aves escrit. Voyes, ma tres chere Fille, de contribuer au contentement de cette
mere ce que vous pourres aupres de cette fille, laquelle a la verité est obligee a quitter, je ne dis
pas un peu, mais beaucoup de ses consolations, pour spirituelles qu'elles soyent, pour en laisser
beaucoup a sa mere.
Je confesse que je ne sçai comme il se peut faire qu'une mere de tant d'esprit, de perfection
et de pieté, et une fille de si grande vertu et devotion, ne demeurent tout a fait unies en ce grand
Dieu, qui est le Dieu d'union et de conjonction188 ; mais je sçai bien pourtant que cela se fait, et
que mesme les Anges, sans cesser d'estre Anges, ont des contraires volontés sur un mesme sujet189,
sans pour cela estre en division ni en dissention, parce que ilz sont parfaitement amoureux de la
volonté de Dieu, laquelle, soudain qu'elle paroist, est embrassee et adoree de tous eux. Hé, mon
Dieu, ny a-il moyen que l'on ayde ces deux dames a la connoistre, cette sainte volonté ? car je suis
asseuré qu'elle les rangeroit toutes deux a son obeissance.
Cette bonne dame, qui est mere, me parle d'un vœu de chasteté fait par la fille, et dit que
c'est precipitamment. A cela je ne touche point ; car il y va bien des considerations pour juger
qu'un vœu de chasteté puisse [49] ou doive estre dispensé ou dispensable, puisque il ny a point
182 C'est à tort que les éditions précédentes adressent cette lettre à la Mère de Chastel ; l'affaire dont il s'agit, les
personnages mentionnés désignent clairement la Supérieure de Montferrand.
183 Il nous reste deux fragments autographes de cette lettre. C'est la moitié supérieure du premier feuillet, conservée
au Monastère de la Visitation de Venise transféré à Trévise. Nous avons ainsi le commencement du texte jusqu'à ces
mots : « Voyes, ma tres chere Fille, de contribuer au... » (lig. 14 de la page suivante) ; puis la partie comprise entre :
« ... sur un mesme sujet » (lig. 55 de la même page), et : « sa fille fait bourse a part parmi tant... » (p. 50, lig. 12).
184 Cf. Cassian., Collat. Patrum, l. II, c. IV.
185 Charlotte de Beaufort-Montboissier-Canillac, dame Le Loup de Montfan. (Voir ci-après, Lettre MDCCLXXIX,
note (197), p. 55, et à l'Appendice I, une lettre de la Mère Favre au Saint.)
186 Voir la lettre suivante et la note qui l'accompagne.
187 Prov., XXV, 16.
188 Cf. I Cor., XIV, 33.
189 Cf. Dan , X, 13, et tom. XVI, not. (367), p. 114.
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6.10 Page 60

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d'estime comparable a l'ame chaste.
Mays elle parle, cette mere, d'autre chose, qui est qu'elle aymeroit mieux que sa fille fut
Religieuse tout a fait, puysque en ce cas-la on ne la luy demanderoit plus pour caution, et que
l'administration des biens des enfans luy seroit conferee. Mais je ne sçai non plus que dire sur cela,
ne sachant pas quell'est la vocation du Ciel et voyant les enfans de Mme de Dalet si petitz.
Une chose seule me touche plus que les autres de tout ce que cette dame m'escrit : c'est ce
qu'elle dit que sa fille fait bourse a part parmi tant de peynes et travaux qu'elle void a sa mere, sans
la soulager de son assistence. Or cela, ma tres chere Fille, est tout a fait contraire a mes sentimens.
Saint François ne pouvoit gouster l'amas des fourmis190 ; mais il me semble qu'une fille qui a des
moyens ne doit jamais les espargner pour sa mere, je dis mesme pour son repos et juste
contentement.
Je vous escris la teste pleyne d'affaires et entre plusieurs tintamarres, et de plus, je vous
escris a tastons ; car je sçai bien que pour bien parler en cette occasion, il faudroit ouyr bien au
long les parties. Mais tandis que cela ne se peut, il faut parler pour la mere : il y a tous-jours un
juste prejugé pour elle.
Au reste, elle ne desire de vous sinon que vous employiés vostre entremise pour moderer
le zele que sa bonne fille a a ses retraittes, qui est chose qui ne se peut ni doit refuser, la moderation
estant tous-jours bonne en tous les exercices, ormis en celuy de l'amour de Dieu, qu'on ne doit
aymer par mesure, ains tout fait « sans mesure191. » Employes vous donq bien a cette moderation,
a laquelle il sera bien aysé de reduire cette bonne fille, [50] puisque sa bonne mere luy permet
qu'elle aille jouyr de la devotion en paix toutes les grandes festes de l'annee, et, outre cela, de six
semaines en six semaines trois jours, qui est beaucoup.
C'est asses. Je m'asseure, ma tres chere Fille, qu'apres avoir invoqué le Saint Esprit, il vous
donnera de la clarté pour bien faire, ou conseiller cette moderation.
Je suis, en Nostre Seigneur, parfaitement vostre. Je le supplie de regner tous-jours en vostre
ame et en vostre chere Congregation, et qu'il vous inspire toutes de prier souvent pour moy. Amen.
Ce 25 avril 1621.
_____
190 Ce détail ne se trouve pas dans la Vie du patriarche d'Assise, ni dans ses Opuscules ; c'est son compagnon, le
fameux Frère Egide, qui nous l'a conservé dans ses Aurea dicta, parues dans différentes anciennes compilations.
L'Evêque de Genève a sans doute emprunté sa citation à la Chronique et institution de l'Ordre du Pere sainct François,
composée premierement en Portugois par R. P. Marco de Lisbonne... maintenant en nostre langue Françoise par D.
S. (D. Santeuil), Parisien (Ire Partie, liv. VII, chap. XXIX). La première édition fut imprimée à Paris en 1600.
191 S. Bern., De diligendo Deo, initio.
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7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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MDCCLXXVIII. A la Comtesse de Dalet192. Les plaintes de Mme
de Montfan ; trois partis qu'elle propose pour sa fille.
L'Evêque de Genève ne peut rien dire sur les deux premiers.
Il demande à Mme de Dalet d'aider sa mère de ses biens. La
jalousie de l'amour maternel. Une tare très rare et très
aimable.
Annecy, 25 avril 1621.
Madame,
Je serois bien en peine de vous escrire sur le sujet qui me convie si je n'estois authorisé de
madame vostre mere ; [51] car a quel propos oserois je mettre la main aux affaires qui se passent
entre vous deux, et vous parler de vostre conscience, moy qui sçai que vous estes l'unique digne
fille d'une si digne mere, pleyne d'esprit, de prudence et de pieté ? Mais puisqu'il le faut, sous cette
si favorable condition, je vous diray donq, Madame, que madame vostre mere m'escrit tout ce
192 Gaspard Le Loup de Montfan (ou Monfant, Monfan) et Charlotte de Beaufort-Montboissier-Canillac (voir note
(197), p. 55), tous deux de haute naissance, eurent une fille unique, Anne, qui naquit le 24 juin 1593. Tout enfant, elle
suivit sa mère à la cour, où Marguerite de Valois lui donna place parmi ses demoiselles d'honneur. Si sa vertu demeura
toujours intacte, sa piété sombra ; le grand souci de la jeune fille était de plaire ; elle y réussit. Recherchée par
d'avantageux partis, Anne de Préchonnet (du nom d'une des plus belles terres du seigneur de Montfan) fut accordée,
le 11 septembre 1607, à Gilbert-Allyre, de cette maison de Langheac dont la marquise de Sévigné dira : « Langheac
est un terrible nom pour la grandeur et pour l'ancienneté ; je l'ai entendu louer jusqu'aux nues par le cardinal de Retz.
» (Lettre à Bussy-Rabutin, 9 octobre 1675 ; éd. des grands Ecrivains de France, tome IV, p. 172.) Une épreuve
singulière attendait les nouveaux époux. La Mère de Chaugy raconte l'aversion subite que Gilbert, comte de Dalet,
ressentit pour sa femme le jour même de leur mariage, les souffrances qui en furent la suite, la séparation, puis la
rencontre providentielle et la réconciliation dans le sanctuaire de Notre-Dame d'Orcival. Les années qui suivirent
furent des années de bonheur et de progrès constants vers la perfection ; l'Introduction à la Vie devote était devenue
la règle de conduite du comte et de la comtesse. Le 18 janvier 1620, Mme de Dalet demeura veuve avec quatre petits
enfants ; au vœu de chasteté perpétuelle qu'elle fit immédiatement, elle joignit celui d'établir une Maison de la
Visitation en Auvergne ; les choses marchèrent si bien qu'au mois de juin celle de Montferrand était fondée (voir le
tome précédent, note (658), p. 198). Bientôt, l'intimité la plus étroite unit la Mère Favre et la comtesse, mais l'assiduité
de celle-ci au monastère donna de l'ombrage à Mme de Montfan, sa mère. Sur ces entrefaites, un riche et puissant
seigneur sollicita la main de la pieuse veuve ; il avait deux enfants presque du même âge que les deux aînés de Mme
de Dalet, et prétendait, par une triple alliance, rehausser encore l'éclat de deux illustres maisons. Mme de Montfan se
laissa séduire et voulut emporter le consentement de sa fille qui restait inflexible dans sa fidélité à Dieu. Rien ne fut
épargné : prières, menaces, assemblée de docteurs, assemblée de parents devant lesquelles la jeune veuve dut
comparaître, scènes pathétiques des enfants préparées par leur grand'mère, enfin colère furieuse de celle-ci qui chasse
de sa propre demeure la comtesse de Dalet et sa petite famille. On en était là quand ces deux dames, qui avaient « ouy
raconter des merveilles en la cour de France » de l'Evêque de Genève, résolurent de le prendre pour arbitre de leur
différend et lui envoyèrent un messager exprès. Les lettres qui vont suivre, celles que nous rencontrerons encore plus
tard, montreront avec quelle sagesse, quelle prudence et quel tact le Saint traita cette délicate affaire. La décision finale
fut que le soin principal de la fortune des mineurs demeurerait à Mme de Montfan ce qui la contenta parfaitement,
« sa plus ardente passion n'êtant que pour l'interêt temporel, » et qu'elle laisserait sa fille faire habituellement son
séjour au monastère en qualité de bienfaitrice séculière. Dès lors, la comtesse de Dalet étonne l'Auvergne par l'humilité
de sa vie : elle remplit les fonctions de tourière à la Visitation ; infatigable et généreuse, elle ne recule devant aucune
démarche pour le bien de la Maison de Montferrand, pour l'établissement de celle de Riom. En 1628, profitant d'un
voyage de sa mère à Paris, elle prend l'habit religieux (17 septembre), et part à la fondation de Saint-Flour ; la
Communauté de Montferrand la rappelle pour lui faire prononcer les vœux, et le lendemain de sa profession, sur l'avis
formel de la Mère de Chantal, l'élit Supérieure. La Mère Anne-Thérèse de Préchonnet, ses deux triennats terminés,
gouverne le Monastère de Rouen (1637-1643) ; elle fonde le second de cette ville et celui de Dieppe, puis revient en
Auvergne. De nouveau élue à Montferrand, elle établit la Maison de Clermont, et meurt comme une sainte le juillet
1654. (Voir sa biographie dans Les Vies de VIII venerables Veves, Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie,
par la Mere de Chaugy ; Annessy, Jacques Clerc, 1659.)
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qu'elle vous a dit et fait dire [52] par plusieurs excellens personnages193 en comparayson desquelz
je ne suis rien, pour vous ranger au desir qu'elle a que vous ne l'abandonnies de vostre assistence
filiale en cette grande presse d'affaires temporelles en laquelle les occurrences que vous sçaves ont
poussé sa mayson, qu'elle ne peut supporter de voir tomber sous le faix, et sur tout faute de vostre
secours qu'elle tient y estre seul et uniquement necessaire.
Elle propose troys partis pour cela : ou que vous vous retiries tout a fait en Religion, affin
que les creanciers ne vous desirent plus pour caution et que la disposition des biens de vos enfans
luy soit libre ; ou que vous vous remanies avec les advantages qui vous sont offertz ; ou que vous
demeuries avec elle avec une seule bourse. Elle met dans sa lettre vos excuses pour les deux
premiers partis, car elle dit que vous aves voué a Dieu vostre chasteté, et que vous aves quatre bien
petitz enfans, desquelz deux sont des filles ; mais pour le troysiesme je ne voy rien dans sa lettre.
Quant au premier, je ne suis pas pour interposer mon jugement si le vœu que vous aves fait
vous oblige a ne point desirer dispense, bien qu'elle allegue une grande precipitation qui peut
prevenir la juste consideration ; car veritablement la pureté de la chasteté est de si haut prix, que
quicomque l'a vouee est tres heureux de la garder, et n'y a rien a preferer que la necessité de la
charité publique.
Quant au second, je ne sçai si vous vous pourries legitimement descharger du soin que Dieu
vous a imposé de vos enfans en vous rendant leur mere, et eux estans si petitz.
Mais pour le troysiesme, Madame, je vous dis que vostre bourse doit estre commune a
madame vostre mere, en ces cas de si grande necessité. O Dieu ! c'est la moindre communication
qu'on doive aux peres et aux meres. Je cuyde bien entrevoir quelque rayson pour laquelle il semble
qu'une telle fille, chargee d'enfans, puisse garder sa bourse, mais je ne sçai pas si vous l'aves ; et
si, je pense [53] qu'il faut que cette rayson soit grande et grosse, pour le faire voir et considerer
tout a fait. Entre les ennemis, l'extreme necessite rend toutes choses communes ; mais entre les
amis, et entre de telz amis comme sont les filles et les meres, il ne faut pas attendre l'extreme
necessité, car le commandement de Dieu nous presse trop194. Il faut en ce cas relever le cœur et les
yeux en la providence de Dieu, qui rend abondamment tout ce que l'on donne sur sa sainte
ordonnance. Je dis trop, Madame, car je n'avois rien a dire sur cela que de renvoyer vostre chere
conscience, pour ce regard, a ceux ausquelz vous vous en confies.
Au reste, pour vos exercices spirituelz, madame vostre mere se contente que vous les facies
a vostre accoustumee, ormis pour vos retraittes a Sainte Marie195, qu'elle desire estre limitees aux
grosses festes de l'annee, et, [outre] cela, a troys jours sur chaque quarantaine. Vous pouves aussi
vous en contenter et suppleer, par des retraittes spirituelles dans vostre mayson, la longueur de
celles que vous pourries faire en celle de Sainte Marie.
O mon Dieu, ma chere Dame, qu'il faut faire des choses pour les peres et meres, et comme
il faut supporter amoureusement l'exces, le zele et l'ardeur, a peu que je die encor l'importunité de
leur amour ! Ces meres, elles sont admirables tout a fait : elles voudroyent, je pense, porter tous-
jours leurs enfans, sur tout l'unique, entre leurs mammelles. Elles ont souvent de la jalousie ; si on
s'amuse un peu hors de leur presence, il leur est advis qu'on ne les ayme jamais asses et que l'amour
qu'on leur doit ne peut estre mesuré que par le desmesurement. Quel remede a cela ? Il faut avoir
patience, et faire au plus pres que l'on peut tout ce qui est requis pour y correspondre. Dieu ne
requiert que certains jours, que certaines heures, et sa presence veut bien que nous soyons encor
presens a nos peres et a nos meres ; mais ceux ci sont plus passionnés : ilz veulent bien plus de
jours, plus d'heures et une presence non divisee. Hé ! Dieu est si bon que, condescendant a cela, il
estime les accommodemens de nostre [54] volonté a celle de nos meres comme faitz pour la sienne,
pourveu que nous ayons son bon playsir pour fin principale de nos actions.
Or sus, vous aves la Moyse et les Prophetes, c'est a dire tant d'excellens serviteurs de Dieu
: escoutes les196. Et moy, j'ay tort de vous entretenir si longuement, mais j'ay un peu de
193 Voir la lettre suivante.
194 Exod., XX, 12 ; Deut., V, 16 ; Ephes. ult., 2.
195 Au monastère de la Visitation de Montferrand.
196 Luc., XVI, 29.
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7.3 Page 63

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complaysance de parler avec une ame pure et chaste, et de laquelle il n'y a aucune sorte de plainte
que pour l'exces de devotion ; tare si rare et si aymable, que je ne puis n'aymer pas et n'honnorer
pas celle qui en est accusee, et n'estre pas a jamais, Madame,
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 25 avril 1621.
_____
MDCCLXXIX. A Madame Le Loup de Montfan197 (Inédite).
Protestation d'estime et d'intérêt pour la destinataire. François
de Sales s'étonne qu'elle ait pu s'adresser à lui dans une affaire
délicate. Lettres à Mme de Dalet et à la Mère Favre. Le
Saint comprend la situation de Mme de Montfan et y compatit.
Se remettre à la Providence.
Annecy, 25 avril 1621.
Madame,
Il n'estoit pas besoin, pour me faire affectionner vostre [55] desir, que les Reverens Peres
Coton198 et Duchesne199, que j'honnore infiniment, employassent leur persuasion, car vostre seul
nom me faisoit asses connoistre ce que je vous dois ; et ma Seur Favre m'avoit, des le
commencement qu'elle fut a Montferrand, si vivement exprimé la consideration qu'elle fait de vos
dignes qualités, que je ne pourrois pas n'avoir du sentiment de vos afflictions quand vous me les
eussies proposees, et mesme avec cette vivacité d'eloquence que vous aves tesmoignee en vostre
lettre, capable d'esmouvoir un cœur de pierre.
Mais, Madame, permettes moy que j'admire comme vous aves peu penser qu'apres tant de
remonstrances faites de vive voix par ces grans serviteurs de Dieu, si excellens ouvriers, le
Reverend Pere Coton, le Pere Duchesne et autres, et sur tout l'employ de vostre authorité
maternelle, de vos larmes, de vos souspirs et de cette puissante representation de vos douleurs et
amertumes de cœur que vous aves mieux sceu faire qu'homme du monde, je puisse moy, pauvre
prestre, homme esloigné et de si peu de sens que je suis, par des seules lettres, qui n'ont ni repliques,
ni mouvement d'action, mettre la main dans le cœur de madame vostre fille pour le contourner a
197 Charlotte, fille de Jean de Beaufort-Montboissier, vicomte de La Motte-Canillac, et de Gilberte de Chabannes,
épousa en premières noces François de Montmorin, et ensuite Gaspard Le Loup, comte de Montfan, seigneur de
Préchonnet. Les lettres que l'Evêque de Genève lui adresse, et celles où il parle d'elle, aident à connaître ce caractère
extraordinaire. Digne par ses sentiments chrétiens d'être la sœur du saint P. de Canillac, S. J., large, généreuse pour
les Religieux et les pauvres, fondatrice d'un couvent de Capucins à Montferrand, très dévote à la Sainte Vierge, elle
était en même temps « d'une humeur imperieuse et dominante, et tres-haute à la main, » dit la Mère de Chaugy (Vie
de Sœur Anne Therese de Prechonet, citée ci-dessus, note de la p. 52, chap. IX). Sa fille, qu'elle aimait avec passion,
fut pourtant la victime de ses étranges colères quand elle la vit résister à ses volontés pour rester fidèle à Dieu.
Splendide dans son train et voulant maintenir l'éclat de sa maison, elle laissa en mourant (1630) les affaires de ses
petits-enfants extrêmement embrouillées et des dettes nombreuses, de sorte que Mme de Dalet, devenue la Mère Anne-
Thérèse de Préchonnet, dut, sur le commandement de la sainte Fondatrice, s'en occuper activement et n'eut pas peu de
peine à remettre tout en ordre. (D'après des Notes de M. le comte d'Aurelle-Montmorin et les Lettres de Ste J.-F. de
Chantal.)
198 Le P. Pierre Coton, Jésuite (voir tome XVI, note (715), p. 221).
199 Supérieur de l'Oratoire de Riom, le P. Jacques Duchesne, que M. de Bérulle reconnaissait « très expérimenté dans
les choses de piété, » (Lettre LXXII, Œuvres, p. 793) fut employé par lui à la visite des Monastères du Carmel. Il
mourut à Saintes le 12 avril 1650. (Archiv. Nat., MM 609.)
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vostre volonté. Neanmoins, Madame, je me range a vostre intention et escris a madame de Dalet
et a ma Seur Favre200, courtement, parce qu'elles sçavent bien toutes vos raysons, et parce que
vostre homme m'a treuvé ayant mon Sinode sur les bras, qui me tient a l'esprit et au cœur201. [56]
Nous n'avons pas laissé de conferer [de] vostre lettre, le Pere Bonaventure de Lyon, que
nous avons le bonheur d'avoir Gardien icy202, et moy. Je vous regarde, Madame, comme une mere
toute comblee d'amour pour sa fille unique, de jalousie pour la conservation de vostre mayson, si
digne d'estre conservee, pressee de mille attaques et affaires douloureuses. Tout cela je le ressens
au fond de l'ame, et d'autant plus que je vous porte de respect et de sainte dilection, puisque je me
souviens bien de madame de Montaret203, et de son amour et de sa passion pour son filz204.
Or sus, j'escris a ces deux filles que vous dites avoir tant de liayson ensemble205 ; c'est a
Dieu a donner l'efficace a mes paroles. Pries l'en, Madame, avec sousmission a son adorable
Providence, a laquelle jamais creature ne [57] se remit comme il est convenable, qu'elle n'en ayt
esté soulagee et secourue206.
……………………………………………………………………………………………………...
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Montferrand, par la
Mère de Chaugy, conservée au 1er Monastère d'Annecy.
_____
200 Epist. præced.
201 Le Saint écrivait ces lignes le deuxième dimanche après Pâques, et, selon les constitutions du diocèse, le Synode
devait s'ouvrir le mercredi suivant.
202 Avant d'être Gardien du couvent d'Annecy, le P. Bonaventure de Lyon, avait exercé les mêmes fonctions à
Chambéry en 1618. Il fut aussi Définiteur de la Province de la Mission ou des Capucins de Savoie en 1620, et Custode
de cette même Province en 1620 et 1622. (Note du R. P. Eugène de Bellevaux.) En 1623, nous dit le Nécrologe des
Capucins, le nom de ce Religieux disparaît des listes, sans qu'on sache le jour de sa mort.
On conservait encore en 1896, chez les PP. Maristes de Lyon, un exemplaire du Traité de l'Amour de Dieu
(1616) portant cette indication : Ex dono Reverendissimi hujus libri Auctoris, mihi, fratri Bonaventuræ a Lugduno,
Ordinis Capucinorum, facto. Et en français : « A l'usage des Capucins de Riom. »
203 Sœur de Mme de Montfan, Marie de Montboissier avait épousé, en 1593, Louis de Montmorin, seigneur de
Montaret, etc., qui fut général des armées du Roi en Piémont. La famille habita quelque temps la Savoie, et Mme de
Montaret se plaça sous la direction de l'Evêque de Genève ; elle en reçut le livre de Philothée qu'elle garda depuis
comme une précieuse relique. La fille qu'elle mit au monde à cette époque (vers 1613), filleule de Charles-Emmanuel
et de Marie de Médicis dont sa mère était dame d'honneur, fut plus d'une fois bénie avant sa naissance par saint
François de Sales qui la demanda à Dieu pour l'Ordre de la Visitation. Cette prière eut son accomplissement : en 1630,
Diane-Françoise de Montmorin recevait le voile au monastère de Riom. Mme de Montaret était restée veuve en 1622,
et, en 1634, la mort de Matthieu, chef de la branche aînée, qui ne laissait que des filles, fit passer à la postérité de
Louis le titre de marquis de Montmorin. (D'après des Notes de M. le comte d'Aurelle-Montmorin et l'Année Sainte de
la Visitation, tome I, pp. 115 seq.)
204 C'était Gilbert, son fils unique, qui hérita des seigneuries de la famille, épousa Anne d'Oisillier, devint gouverneur
de Verdun et lieutenant-colonel du régiment d'infanterie de Conti. Il fut tué à la bataille de Nordlingue en 1645.
(Moreri, 1740, tome VI.)
205 La Mère Marie-Jacqueline Favre et Mme de Dalet.
206 Cf. Eccli., II, 11, 13.
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7.5 Page 65

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MDCCLXXX. A M. Antoine Rigoullet, Abbé de Mauzac207
(Inédite). Une contestation née d'un excès d'amour. Comment
donner un avis après celui de plusieurs serviteurs de Dieu ?
Annecy, 25 avril 1621.
Monsieur,
J'escris selon vostre desir a ces d[ames]208, desquelles la conteste est toute aymable, puisque
elle procede de l'exces de l'amour, en l'une de sa fille, et en l'autre de la devotion. Je confesse que
je ne fus jamais si empesché d'escrire que j'ay esté, car apres vous, apres le grand Pere Coton209,
apres le P. Duchesne210 et tant d'autres serviteurs de Dieu, comme ose-je dire mot ? Je le fay
neanmoins tumultuairement, comme ayant la teste toute pleyne des affaires de mon Sinode, et par
consequent en une grande confusion d'attentions.
Monsieur, aymes moy tous-jours, je vous supplie, et [58] tenes pour certain que je vous
honnore de tout mon cœur, et suis,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXV avril 1621, Annessi.
A Monsieur
Monsieur l'Abbé de Mauzac211.
Lyon.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, à la Maison du Cénacle, rue de la Chaise.
_____
207 Antoine Rigoullet tint en commende l'abbaye de Saint-Pierre de Mozat ou Mauzac, de 1610 à 1639. Il se trouve
dans la liste des Abbés, le quarantième, entre Nicolas et Ferdinand de Neufville. Etroitement associé aux affaires de
cette famille, on le voit, le 14 novembre 1617 et le 17 mars 1619, prendre possession du prieuré de Saint-Romain-le-
Puy, en Forez, et de l'abbaye de l'Ile-Barbe, au nom de Camille de Neufville. (Archiv. dép. du Rhône, Insinuations,
Reg. 1617-1619.) Son ministère s'exerçait dans le diocèse de Lyon, et il fut Père spirituel de la Visitation de cette
ville, du 7 octobre 1617 au 6 février 1624. A Mauzac, il avait, depuis le 10 septembre 1613, pour vicaire général
Amable de Fretat, Religieux de la Chaise-Dieu, et son frère, Blaise Rigoullet, était prieur du Monastère.
208 Mmes de Montfan et de Dalet. (Voir les deux lettres précédentes.)
209 Le P. Jacques Duchesne, Oratorien (voir ci-dessus, note (199), p. 56).
210 Pierre Coton, Jésuite.
211 Fondée par saint Calmille ou Calmin, sénateur romain et gouverneur d'Auvergne, et par sa femme Namadie,
l'abbaye de Saint-Pierre de Mauzac était située près de Riom. Pépin le Bref fit rétablir le monastère et l'enrichit du
corps de saint Austremoine. En 1095, cette abbaye fut unie à l'Ordre de Cluny dont elle embrassa la réforme en 1675.
(D'après Hugues du Tems, Le Clergé de France, Paris, 1775, tome III. p. 165.)
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7.6 Page 66

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MDCCLXXXI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la
Visitation de Lyon212. Difficulté pour le saint Evêque de se
prononcer au sujet d'une Novice. Faire pour son salut tout ce
que requiert la charité ; nécessité qu'elle y coopère. Une
question impossible à résoudre entièrement. Qu'est-ce que
Dieu ? Sa présence en ce monde. Il est le principe et la vie
de toutes choses. Aveu de l'impuissance et du néant de
l'homme.
Annecy, 25 avril 1621.
Je ne me sçaurois determiner, ma tres chere Fille, sur la demande que vous me faites de
l'opinion que j'ay, s'il est a propos qu'on retienne ou qu'on renvoye cette fille, [59] parce que je ne
la connois pas asses213. Bien croy je que l'on pourroit luy donner encor un peu de tems, comme six
semaines, et luy dire ou faire dire ouvertement ce que l'on requiert en son esprit et en sa conduitte,
affin qu'elle vaquast serieusement a l'acquerir ; et si elle se rendoit souple on la pourroit garder,
car veritablement elle a un extreme besoin de demeurer en la vie religieuse, son esprit, ce me
semble, ne pouvant que courir fortune de beaucoup de detraquemens au monde. C'est pourquoy il
faut, par charité, faire ce qui se pourra bonnement faire pour son salut. Que si de son costé elle ne
coopere pas en s'humiliant, se sousmettant, renonçant a son esprit et suivant celuy de l'Institut
auquel elle aspire, ce sera son dam et sa coulpe seule.
Quant a l'autre demande que vous me faites, il est impossible d'y respondre entierement,
non seulement a moy, mais aussi aux Anges et aux Cherubins ; car Dieu est au dessus de toute
intelligence, et s'il y avoit une intelligence qui peust comprendre ou parfaitement dire ce que Dieu
est, il faudroit que cette intelligence fust Dieu, car il faudroit qu'elle fust infinie en perfection.
Voyes, je vous supplie, les trois premiers chapitres du 2. Livre de l'Amour de Dieu ; mais surtout
voyes le premier chapitre, et encor les 9 .10. 11. 12. 13. 14. 15. chapitres du 3. Livre de l'Amour
de Dieu, car cela vous donnera une suffisante lumiere pour concevoir en quelque sorte que c'est
que Dieu : c'est a dire, vous apprendres, autant qu'il est requis, ce qu'il faut en croire.
Et voicy ce que, pour le present, je vous en puis dire. Dieu est un esprit infini, qui est la
cause et le mouvement de toutes choses, auquel et par lequel tout est, tout subsiste et a son
mouvement. Il est, par consequent, invisible en soy mesme, ne pouvant estre veu qu'en l'humanité
de Nostre Seigneur, qu'il a unie a sa Divinité. Il est infini, il est par tout et tient tout par sa puissance
; rien ne le tient pour le comprendre, ains il comprend et contient [60] tout, sans estre contenu de
chose quelcomque. En somme, ma Fille, comme nostre ame est en nostre cors sans que nous la
voyons, ainsy Dieu est au monde sans que nous le voyons ; comme nostre ame tient en vie tout
nostre cors tandis qu'elle est en iceluy, ainsy Dieu tient en estre tout le monde tandis qu'il est en
iceluy, et si le monde cessoit d'estre en Dieu, il cesseroit tout aussi tost d'estre. Et comme, en
certaine façon, nostre ame est tellement en nostre cors qu'elle ne laisse pas d'estre hors de nostre
cors, n'estant pas contenue en iceluy, puisqu'elle void, elle entend, elle oyt, elle fait ses operations
hors de nostre cors et au dela de nostre cors, ainsy Dieu est tellement au monde qu'il ne laisse pas
d'estre hors du monde et au dela du monde et de tout ce que nous pouvons penser. Et pour fin,
Dieu est le souverain Estre, le principe et la cause des choses qui sont bonnes, c'est a dire qui ne
sont point peché.
212 Le ton de la lettre, les sujets qui y sont traités, font songer à la Sœur de Blonay pour destinataire. Esprit vif, profond,
réfléchissant, c'est elle, nous le savons, qui aimait à interroger le Saint sur les questions abstraites de la théologie.
213 Il s'agit probablement d'Antoinette de Revol de la Ramillière. (Voir le tome précédent, note (657), p. 198, et plus
loin, la lettre du 20 septembre 1621 à la Sœur de Blonay.)
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7.7 Page 67

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O ma Fille, c'est un abisme ! C'est l'Esprit qui vivifie tout, qui cause tout, qui conserve tout,
duquel toutes choses ont besoin pour estre ; et luy, n'a besoin de nulle chose, n'ayant jamais esté
que tres infini en tout ce qu'il est, et est tres heureux, ne pouvant ni commencer d'estre ni finir,
parce qu'il est eternel et ne peut n'estre pas eternel. A luy seul soit honneur et gloire. Amen214.
Je n'ay pas dit ceci pour vous dire ce que c'est, mais pour vous faire tant mieux entendre
que je ne le puis ni sçay dire, et que je ne sçay que confesser que je suis un vray neant devant
luy215, que j'adore tres profondement, comme aussi l'humanité de nostre Sauveur a laquelle il s'est
uni, affin qu'en icelle nous le puissions aborder, et le voir en nos sens et sentimens au Ciel, et en
nos cœurs et en nos cors icy en terre au divin Sacrement de l'Eucharistie. Amen.
……………………………………………………………………………………………………..
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 25 avril 1621, Annessi. [61]
_____
MDCCLXXXII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée.
Quelques affaires recommandées au prince.
Annecy, 30 avril 1621.
Monseigneur,
Ce porteur, Frere Adrian, va aupres de Vostre Altesse Serenissime pour des affaires de si
bonne condition pour le service de Dieu et du publiq216, et luy mesme est si zelé sujet de Son
Altesse, qu'il n'est nul besoin que je le recommande a la bonté de Vostre Altesse. Mays puisqu'il
le veut, je le fay tres humblement, Monseigneur, et avec luy encor l'affaire de la reformation des
Monasteres de deça les montz et l'establissement si necessaire des Peres de l'Oratoire a Thonon et
Rumilly ; qui suis a jamais, de Vostre Altesse Serenissime,
Monseigneur,
Tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 30 avril 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [62]
_____
214 I Tim., I, 17.
215 Ps. XXXVIII, 6.
216 Frère Adrien des Echelles se rendait sans doute à Turin pour l'affaire des moulins à soie qui l'y avait déjà amené
au mois de janvier précédent. (Cf. ci-dessus, Lettre MDCCXLVIII, p. 8, et note (131), p. 30.)
67/342

7.8 Page 68

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MDCCLXXXIII. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray.
Question et réponse d'amis. La « loy invariable de l'eternité »
de leur union. François de Sales emprunte son portrait pour
l'envoyer au destinataire. Elévation vers Notre-Seigneur.
Annecy, [février-mai 1621 217.]
Mon tres cher Frere,
Voyci la question que vous me faites : Vostre cœur n'aymera-il pas le mien tous-jours et
en toutes saysons ? Et voyci ma response : O mon tres cher Frere, c'est une maxime de trois grans
amans, tous trois saintz, tous trois Docteurs de l'Eglise, tous trois grans amis, tous trois grans
maistres de la theologie morale : saint Ambroyse218, saint Hierosme219, saint Augustin220 : Amicitia
quæ desinere potuit, nunquam vera fuit221.
Tenes, mon cher Frere, voyla l'oracle sacré qui vous annonce la loy invariable de l'eternité
de nostre amitié, puisqu'elle est sainte et non feinte, fondee sur la verité et non sur la vanité, sur la
communication des biens spirituelz et non sur l'interest et le commerce des biens temporelz. Bien
aymer et pouvoir cesser de bien aymer sont deux choses incompatibles. Les amitiés des enfans du
monde sont de la nature du monde : le monde passe, et toutes ses amitiés passent, mais la nostre,
elle est de Dieu, en Dieu et pour Dieu : Ipse autem idem ipse est, et anni ejus non deficient222.
Mundus perit, et concupiscentia ejus223 ; Christus non perit, nec dilectio ejus224 : consequence
infallible. [63]
La chere seur225 m'escrit tous-jours avec tant d'effusion de son cher amour, qu'en verité elle
m'oste le pouvoir de la bien remercier ; et j'en dis le mesme de vous, vous suppliant de vous
remercier tous deux l'un l'autre de ce contentement que vous me donnes.
Au reste, voyla donq l'image de cet homme terrestre, tant je suis hors de tout pouvoir de
refuser chose quelcomque a vostre desir. On me dit que jamais je n'ay esté bien peint, et je croy
qu'il importe peu.226 In imagine pertransit homo, sed cor frustra conturbatur227. Je l'ay empruntee
pour la vous donner, car je n'en ay point a moy228. Helas ! si celle de mon Createur estoit en son
lustre dans mon esprit, que vous la verries de bon cœur !
229 O Jesu, tuo lumine,
217 Cette lettre, semble-t-il, est postérieure à l'ordination de Marc-François de Malarmay (19 décembre 1620), peut-
être aussi au mois de janvier 1621 (cf. ci-dessus, note (89), p. 15). Nous croyons devoir la placer dans la première
moitié de cette année, sans toutefois vouloir absolument écarter la seconde. Plusieurs considérations ne permettent
pas de lui assigner la date de 1622.
218 De Officiis min., lib. III, § 126. (Mig., XVI, col. 180.)
219 Epist. III, ad Ruf.
220 Lib. de Amicitia. (Cf. tom. XV, p. 94.)
221 « L'amitié qui a pu cesser n'a jamais été véritable. »
222 Ps. CI, 28.
223 I Joan., II, 17.
224 Mais lui, il est toujours le même, et ses années n'ont point de fin. Le monde périt, et sa concupiscence aussi ; le
Christ ne périt point, et son amour non plus.
225 Il est difficile de décider s'il s'agit ici de Mme de Valfin, sœur du destinataire (voir le tome précédent, note (637), p.
192), ou de sa belle-sœur, la comtesse de Rossillon (tome XVIII, note (1169), p. 356).
226 L'homme passe comme une ombre, et c'est en vain que son cœur s'agite.
227 Ps. XXXVIII, 7.
228 Ce portrait du Saint et la lettre qui l'accompagnait furent légués comme un précieux trésor par leur possesseur aux
héritiers de son frère, et en 1702, Bonaventure de Malarmay, femme d'André d'Arnaut de Piémont, le donna au
Monastère de la Visitation de Besançon, où il fut vénéré jusqu'à la Révolution. (Sur les portraits antérieurs de François
de Sales, voir la note (818), p. 236 du tome XVIII.)
229 O Jésus, guérissez, réchauffez, perfectionnez, rendez conformes à vous ceux que vous avez marqués de votre
lumière, rachetés par votre sang.
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7.9 Page 69

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Tuo redemptos sanguine230,
Sana, refove, perfice,
Tibi conformes effice231. Amen. [64]
……………………………………………………………………………………………………...
_____
MDCCLXXXIV. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers (Fragment). La calomnie, marque
excellente de l'approbation divine. Effet que doivent produire
en l'âme les souffrances intérieures.
Annecy, [mars-mai] 1621 232.
Je loüe Dieu, ma tres chere Fille, dequoy cette pauvre petite Congregation des servantes de
la divine Majesté est fort calomniee. Helas ! je regrette les pechés des calomniateurs, mais cette
injure receue est une des meilleures marques de l'approbation du Ciel ; et, affin que nous sceussions
entendre ce secret, nostre Sauveur luy mesme de combien de façons a il esté calomnié ! Oh ! que
bienheureux sont ceux qui endurent persecution pour la justice233 !
Vostre affliction interieure est encor une persecution pour la justice, car elle tend a bien
ajuster vostre volonté a la resignation et indifference que nous aymons et louons tant. Plus Nostre
Seigneur soustrait ses consolations sensibles, plus il nous prepare de perfections, pourveu que nous
nous humiliions devant luy et que nous jettions toute nostre esperance sur luy.234 [65]
……………………………………………………………………………………………………..
_____
230 I Petri, 1, 18, 19 ; Apoc., V, 9.
231 Cf. tom. VIII, p. 101.
232 Après les difficultés des premiers jours de l'établissement à Nevers (voir le tome précèdent, note (1152), p. 365, et
l'Appendice III), la Mère de Monthoux avait, nous l'avons dit, gagné par sa vertu tous les esprits et tous les cœurs. Peu
après, nouveau revirement : « Des personnes qui avaient applaudi à sa bonne conduite se déclarèrent tout à coup contre
elle et » prirent « toutes les voies imaginables pour la décrier. On fit des railleries sur les plus sages règlements de
l'Institut ; l'esprit même et les manières de ses filles, dont on avait fait l'éloge, cessèrent de plaire. On n'en demeura
pas là : la calomnie s'en mèla, et après qu'on eut censuré l'esprit, on attaqua les personnes, on tâcha de les rendre
odieuses dans les compagnies... Les choses furent poussées si loin qu'on ne pensait plus qu'à renvoyer les fondatrices
comme des personnes inutiles. » (Hist. de la Fondation de la Visitation de Nevers.) Ces faits durent se passer dans les
premiers mois de 1621, et les présentes lignes furent vraisemblablement écrites entre mars et mai de la même année.
233 Matt., V, 10.
234 Dans l'édition de 1626 et les suivantes, ce fragment avait été ajouté au début d'une lettre à la Mère de Chantal,
datée du 13 mai 1615. (Voir tome XVI, note (1163), p. 359, et cf. tome XIV, note (67), p. 14.)
69/342

7.10 Page 70

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MDCCLXXXV. A un Magistrat de Dijon235 (Inédite). Prière de «
proteger en son bon droit » un ami du Saint.
Annecy, 1er mai 1621.
Monsieur,
Ce porteur, le sieur d'Areres, mon proche voysin et grand ami, allant pour voir, s'il peut, la
fin d'un affaire qu'il a devant la cour, je l'accompaigne de ma tres humble supplication, que je vous
fay, de le proteger en son bon droit qui ne m'est pas moins cher que si c'estoit le mien propre, pour
l'obligation d'amitié que je luy ay. Et je me prometz aysement, Monsieur, cette faveur de vostre
bonté, qui en ay des-ja tant receues d'autres, et qui sçai le playsir que vous prenes en l'exercice de
vostre courtoysie partout ou vous voyes de l'equité.
Ainsy je prie Dieu qu'il vous conserve et face abonder en ses tressaintes benedictions,
Monsieur, et suis invariablement,
Vostre tres humble et tres affectionné,
obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le premier may 1621.
Revu sur l'Autographe conservé dans l'église paroissiale de Vaysse-Péchaurie (Lot). [66]
_____
MDCCLXXXVI. A M. Claude de Blonay236. L'installation d'un
martinet dans les terres du baron de Thorens. Emprunt
d'outils sollicité auprès de la Sainte-Maison de Thonon.
Annecy, 2 mai 1621.
Monsieur,
Puysque la Sainte Mayson n'employe pas a present les outilz qu'ell'a pour un martinet, et
que mesme les Peres Chartreux ne s'en servent point, je vous prie de les faire prester a mon frere
de Thorens, qui fait dresser maintenant un martinet237. Et faysant peser et bien marquer lesditz
outilz, ilz seront rendus bien conditionnés toutes les fois que vous le desireres, ou ladite Sainte
Mayson.
Cependant je suis a jamais, Monsieur,
Vostre tres humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
2 may 1621, Annessi.
235 La différence de ton avec la lettre du 3 janvier 1621 où déjà le « sieur d'Areres » est recommandé (voir ci-dessus,
p. 2), ne permet pas de croire qu'elle soit adressée au même personnage. Le destinataire est plus probablement François
Fyot de Barain, membre du Parlement de Bourgogne. (Voir tome XVIII, note (943), p. 282.)
236 Voir tome XII, note (224), p. 124.
237 Déjà en 1609 la Sainte-Maison de Thonon possédait, à Ripaille, un martinet à faulx, avec « quatre enclumes de fer,
quatre sofflets, deux forges, deux olieres de cuivroz, onze paires de tenailles, un batteran et quatre marteaux. » (Mém.
de l'Acad. Salés., tome V, 1882, p. 369.) Ce sont ces « outilz » dont l'Evêque de Genève demandait le prêt pour son
frère Louis de Sales qui en avait besoin sans doute pour l'exploitation de la mine qu'il venait de faire ouvrir. (Voir le
tome précédent, note (793), p. 241.)
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8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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A Monsieur
Monsieur de Blonnay,
Præfect de la Ste Mayson.
Thonon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Thonon. [67]
_____
MDCCLXXXVII. A Madame des Gouffiers. Sur quoi l'on juge
souvent des affections. Un papier introuvable. Notre-
Seigneur a-t-il jamais plaidé ? Sa divine maxime. François
de Sales la défend avec énergie et appuie son raisonnement sur
la doctrine de saint Paul. la sagesse de Dieu, c'est la folie de
la Croix. Révolte de la prudence humaine. Petite
ouverture sur l'intérieur du Saint. Conseillers sûrs et prudents
pour Mme des Gouffiers. Sévère réprimande ; les ruses de
l'amour-propre démasquées. Décision dernière.
Annecy, commencement de mai 1621 238.
Je ne vous dis point l'amour plus que paternel, certes, que mon cœur a pour vous, ma tres
chere Fille, car je pense que Dieu mesme qui l'a creé vous le dira ; et s'il ne le vous fait entendre,
il n'est pas en mon pouvoir de le faire. Mais pourquoy vous dis je cela ? Parce, ma tres chere Fille,
que je ne vous ay pas escrit si souvent que vous eussies peut estre desiré, et que quelquefois on
fait jugement des affections plus par les feuilles de papier que par les fruitz des veritables
sentimens interieurs, qui ne paroissent qu'es occurrences rares et signalees, et qui sont plus utiles.
Or sus, vous me demandes un papier que jusques a present je n'ay sceu treuver, et que M.
n'a nullement. Vous desires que s'il n'est pas entre nos mains, on envoye vistement pour en avoir
un pareil de Romme. Mais, ma Fille, il me semble qu'a Troyes on a changé d'Evesque ; et si cela
est, il faut donq sçavoir son nom239. [68]
Et pour ne vous plus faire de preface, je vous vay dire sans art et sans deguisement ce que
mon ame desire de vous dire. Jusques a quand sera ce, ma tres chere Fille, que vous pretendres
d'autres victoires sur le monde et l'affection a ce que vous y pouves avoir, que celles que Nostre
Seigneur en a remportees et a l'exemple desquelles il vous exhorte en tant de façons ? Comment
fit-il, ce Seigneur de tout le monde ? Il est vray, ma Fille, il estoit le Seigneur legitime de tout le
monde : et plaida il jamais pour avoir seulement ou recliner sa teste240 ? On luy fit mille tortz :
quel proces en eut il jamais ? devant quel tribunal fit il jamais citer personne ? Jamais, en verité,
238 Il suffit de connaître l'histoire d'Elisabeth Arnault des Gouffiers (voir tome XV, note (972), p. 343), et de confronter
les lettres qui lui sont adressées pour être convaincu qu'elle est la destinataire de ces admirables pages. La démarche
humble et paternelle que le Saint fait auprès d'elle le 2 août 1621 aide à en fixer approximativement la date ; trois mois
tout au plus ont dû s'écouler entre les deux messages.
239 En 1614, Mme des Gouffiers, on s'en souvient, avait demandé à Rome, par l'intermédiaire du cardinal Barberini,
d'être soustraite à l'autorité de l'Evêque de Troyes dans le diocèse duquel se trouvait l'abbaye du Paraclet. (Voir tome
XVI, Lettre MLXXXIII, p. 376.) René de Breslay venait, en effet, de résigner son évêché en faveur de Jacques Vignier.
(Ibid., note (1214), p. 378.)
240 Matt., VIII, 20.
71/342

8.2 Page 72

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ains non pas mesme il ne voulut citer les traistres qui le crucifierent devant le tribunal de la justice
de Dieu ; au contraire, il invoqua sur eux l'authorité de la misericorde241. Et c'est ce qu'il nous a
tant inculqué : A qui te veut oster en jugement ta tunique, donne luy encor ton manteau242.
Je ne suis nullement superstitieux, et ne blasme point ceux qui plaident, pourveu que ce
soit en verité, jugement et justice ; mais je dis, j'exclame, j'escris, et, s'il estoit besoin, j'escrirois
avec mon propre sang, que quicomque veut estre parfait et tout a fait enfant de Jesus Christ crucifié,
il doit prattiquer cette doctrine de Nostre Seigneur. Que le monde fremisse, que la prudence de la
chair se tire les cheveux de despit, si elle veut, et que tous les sages du siecle inventent tant de
diversions, pretextes, excuses qu'ilz voudront ; mais cette parole doit estre preferee a toute
prudence : Qui te veut oster ta tunique en jugement, donne luy encor ton manteau.
Mays, ce me dires vous, cela s'entend en certain cas. Il est vray, ma tres chere Fille ; mais,
graces a Dieu, nous sommes en ce cas la, car nous aspirons a la perfection, et voulons suivre au
plus pres que nous pourrons celuy qui, d'une affection veritablement apostolique, disoit243 : Ayant
dequoy boire et manger, et dequoy nous vestir, soyons contens de cela ; et crioit apres les
Corinthiens244 : Certes, des-ja totalement et sans doute il y a faute et coulpe en vous, dequoy vous
aves des procès ensemble. [69]
Mays escoutes, ma Fille, escoutes le sentiment et le conseil de cet homme qui ne vivoit
plus en luy mesme, mais Jesus Christ vivoit en luy245 : Pourquoy, adjouste il, pourquoy n'endures
vous pas plustost qu'on vous de fraude246 ? Et notes, ma Fille, qu'il parle non a une fille qui aspire
d'un air particulier, et apres tant de mouvemens, a la vie parfaitte, mais a tous les Corinthiens ;
notes qu'il veut qu'on souffre le tort247 ; notes qu'il leur dit qu'il y a de la coulpe pour eux de plaider
contre ceux qui les trompent ou defraudent. Mais quel peché ? Peché, parce que par ce moyen ilz
scandalizoyent les mondains infideles qui disoyent : Voyes comme ces Chrestiens sont Chrestiens
! leur Maistre dit : A qui te veut oster ta tunique, donne luy encor ton manteau248 ; voyes comme
pour les biens temporelz ilz mettent en hazard les eternelz, et l'amour tendre et fraternel qu'ilz
doivent avoir les uns pour les autres. Notes de rechef, dit saint Augustin249, la leçon de Nostre
Seigneur : il ne dit pas : A qui te veut oster une bague, donne luy ton carcan, qui sont l'un et l'autre
superflus ; mais il parle de la tunique et du manteau, qui sont choses necessaires. O ma tres chere
Fille, voyla la sagesse de Dieu, voyla sa prudence, et qui consiste en la tressainte et tres adorable
simplicité, enfance, et, pour parler apostoliquement, en la tres sacree folie de la Croix250.
Mais, ce me dira la prudence humaine, a quoy nous voules vous reduire ? Quoy ? qu'on
nous foule aux pieds, qu'on nous torde le nez, qu'on se joue de nous comme d'une marotte, qu'on
nous habille et deshabille, sans que nous disions mot ? Ouy, il est vray, je veux cela ; et si, je ne le
veux pas moy, ains Jesus Christ le veut en moy. Et l'Apostre de la Croix et du Crucifix s'escrie251
: Jusques a present nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nuds, nous sommes bafoués ;
et en fin, nous sommes faitz comme une peleure de pomme, la racleure du monde, ou une peleure
de chastaigne, ou une coque de noix. Les habitans de Babylone n'entendent point cette doctrine,
mais les habitans du mont Calvaire la prattiquent. [70]
Oh ! me dires vous, ma Fille, mon Pere, vous estes bien severe tout a coup. Ce n'est pas
tout a coup, certes ; car des que j'eus la grace de sçavoir un peu le fruit de la Croix, ce sentiment
entra dans mon ame et n'en est jamais sorti. Que si je n'ay pas vescu conformement a cela, ç'a esté
par foiblesse de cœur, et non par sentiment ; le clabaudement du monde m'a fait faire
241 Is., LIII, ult. ; Luc. XXIII, 34.
242 Matt., V, 40.
243 I Tim., ult., 8.
244 I Ep., VI, 7.
245 Galat., II, 20.
246 I Cor., VI, 7.
247 Ibid.
248 Ubi supra.
249 De Serm. in Monte, l. I, c. XIX.
250 Cf. I Cor., I, 23.
251 Ibid., IV, 11, 13.
72/342

8.3 Page 73

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exterieurement le mal que je haïssois interieurement252. Et oseray je dire cette parole, a ma
confusion, a l'oreille du cœur de ma fille ? Je ne fis jamais revanche ni presque mal qu'a
contrecœur. Je ne fay pas l'examen de conscience, mais, selon que je voy en gros, je croy que je
dis vray ; et tant plus inexcusable suis-je.
Au reste, je le veux bien, ma Fille, soyes prudente comme le serpent253, qui se despouille
tout a fait, non de ses habitz, mais de sa peau mesme, pour rajeunir ; qui cache sa teste, dit saint
Gregoire254 (c'est a dire, pour nous, la fidelité aux paroles evangeliques), et expose tout le reste a
la mercy de ses ennemis pour sauver l'integrité de celle la.
Mais en fin, que vous veux je dire ? J'escris avec impetuosité cette lettre que j'ay esté forcé
de faire a deux fois ; et l'amour n'est pas prudent et discret, il va de force et devant soy. Vous aves
la tant de gens d'honneur, de sagesse, d'esprit, de cordialité, de pieté ; ne leur sera il pas aysé de
reduire madame de C. et madame de L.255 a quelque parti dans lequel vous puissies avoir une sainte
suffisance ? Sont elles des tigres, pour ne se laisser pas sagement ramener a la rayson ? N'aves
vous pas la M. N., en la prudence duquel tout ce que vous estes et tout ce que vous pretendes seroit
tres bien asseuré ? N'aves vous pas M. N.256, qui vous fera bien cette charité de vous assister [71]
en cette voye chrestienne et paysible ? Et le bon Pere [Binet257] ne prendra il pas playsir a servir
Dieu en vostre affaire, qui regarde a peu pres quasi le salut de vostre ame, et du moins tout a fait
vostre advancement en la perfection ? Et puis, madame de Chantal ne doit elle pas estre creuë ?
car elle est voirement, certes, je ne dis pas tres bien bonne, mais elle est encor asses prudente pour
vous bien conseiller en ceci.
Que de duplicités, que d'artifices, que de paroles seculieres, et peut estre que de mensonges,
que de petites injustices, et douces, et bien couvertes, et imperceptibles calomnies, ou du moins
des demi calomnies, employe-on en ce tracas de proces et de procedures ! Dires vous point que
vous vous voules marier, pour scandalizer tout un monde par un mensonge evident, si vous n'aves
un precepteur continuel qui vous souffle a l'oreille la pureté de la sincerité ? Ne dires vous point
que vous voules vivre au monde et estre entretenue selon vostre naissance, que vous aves besoin
de cecy et de cela ? Et que sera ce de toute cette formiliere de pensees et imaginations que ces
poursuittes produiront en vostre esprit ? Laisses, laisses aux mondains leur monde : qu'aves vous
besoin de ce qui est requis pour y passer ? Deux mille escus, et moins encor, suffiront tres
abondamment pour une fille qui ayme Nostre Seigneur crucifié. Cent et cinquante escus de
pension, ou deux cens, sont des richesses pour une fille qui croit en l'article de la pauvreté
evangelique.
Mays si je n'estois pas Religieuse de clausure, ains seulement associee a quelque
Monastere, je n'aurois pas dequoy me faire appeller Madame sinon par une ou deux servantes.
Et comment ? Aves vous jamais veu que Nostre Dame en eust tant ? Que vous importe il que l'on
sache que vous estes de bonne mayson selon le monde, pourveu que vous soyes de la mayson de
Dieu ? Oh ! [72] mais, je voudrois fonder quelque mayson de pieté, ou du moins faire des
grandes assistences a une Mayson ; car estant infirme de cors, cela me feroit plus gayement
supporter. Da, il est vray, ma tres chere Fille, je le sçavois bien que vostre pieté faysoit planche
a l'amour propre, tant elle est piteusement humaine. Certes, en somme, nous n'aymons pas les
croix, si elles ne sont d'or, emperlees et esmaillees. C'est une riche, quoy que tres devote et
252 Cf. Rom., VII, 15, 19.
253 Matt., X, 16.
254 Pro S. Joan. Chrysost. (?) hom. XXXIII, al. XXXIV, in Matt., § 1. (Patrol. lat., t. LVII, col. 390.)
255 Il s'agit évidemment des deux sœurs d'Elisabeth Arnault des Gouffiers. Hélène, femme de Paul Damas, baron
d'Anlezy (voir tome XVI, note (725), p. 225), portait peut-être le titre de la seigneurie de Crux qui passa à l'aîné de
ses petits-fils ; de là viendrait l'initiale donnée par les anciennes éditions. Vivienne, sa cadette, était marquise de
l'Ecluse (ibid., note (1364), p. 419). Toutes deux restèrent très attachées à l'Ordre de la Visitation ; la première fut
bienfaitrice du Monastère de Moulins, la seconde de celui de Lyon.
256 Quels personnages se cachent sous ces deux N. ? On peut proposer pour le second « M. Vincent » ou saint Vincent
de Paul, Supérieur du Monastère de la Visitation de Paris. (Voir le tome précédent, note (545), p. 155.)
257 Le P. Etienne Binet (sa note est donnée plus loin) s'occupa beaucoup de Mme des Gouffiers, comme on le voit par
les lettres de la Mère de Chantal et par celles du Saint.
73/342

8.4 Page 74

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admirablement spirituelle abjection que d'estre regardee dans une Congregation comme fondatrice,
ou du moins comme grande bienfaitrice. Lucifer se fust contenté de demeurer au Ciel a cette
condition-la. Mais de vivre d'aumosne comme Nostre Seigneur, de prendre la charité d'autruy en
nos maladies, nous qui d'extraction et de courage sommes cecy et cela, cela certes est bien fascheux
et difficile. Il est vray, il est difficile a l'homme, mais non pas au Filz de Dieu258, qui le fera en
vous.
Mais n'est ce pas une bonne chose d'avoir le sien pour l'employer a son gré au service de
Dieu ? Le mot a son gré fait l'esclaircissement de nostre differend. Mais je dis, a vostre gré,
mon Pere ; car je suis tous-jours vostre fille, Dieu l'ayant ainsy voulu. Or sus, mon gré donq est
que vous vous contenties de ce que M. [Vincent] et madame de Chantal aviseront, et que le reste
vous le laissies pour l'amour de Dieu, et l'edification du prochain, et la paix des ames de mesdames
vos seurs, et que vous le consacries ainsy a la dilection du prochain et a la gloire de l'esprit
chrestien. O mon Dieu, que de benedictions, que de graces, que de richesses spirituelles pour vostre
ame, ma tres chere Fille, si vous faites ainsy ! Vous abonderes et surabonderes ; Dieu benira vostre
peu, et il vous contentera. Non, non, il n'est pas difficile a Dieu de faire autant avec cinq pains
d'orge259, comme Salomon avec tant de cuisiniers et de pourvoyeurs.
Demeures en paix. Je suis tres invariablement
Vostre vray serviteur et Pere,
FRANÇS, E. de Geneve. [73]
_____
MDCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal, a Paris. On ne peut
avoir les mérites du Calvaire avec les consolations du Thabor.
Aversion de l'Evêque de Genève pour les procès.
L'exemple de Jésus-Christ. « Corniches dorees pour une
image de papier. » Unité en Dieu.
Annecy, commencement de mai 1621 260.
Ma tres chere Mere,
……………………………………………………………………………………………………..
Voyla que j'escris a ma tres chere fille261, selon mon veritable sentiment. C'est la verité :
on parle perpetuellement d'estre enfant de l'Evangile, et personne presque n'en a les maximes
entierement en l'estime qu'il faut. Nous avons trop de pretentions et de desseins, nous voulons trop
de choses : nous voulons avoir les merites du Calvaire et les consolations de Thabor tout ensemble,
avoir les faveurs de Dieu et les faveurs du monde.
Playder ! o vrayement, je ne le veux nullement. A celuy qui te veut oster ta robe, donne luy
encor ta tunique262. Que pense elle ? Quatre vies des siennes ne suffiroyent pas pour terminer son
affaire par voye de justice. Qu'elle meure de faim et de soif de justice, car bienheureuse sera elle263.
258 Cf. Matt., XIX, 26.
259 Matt., XIV, 19, 20.
260 Cette lettre est évidemment de même date que la précédente ; elles durent partir ensemble.
Dans l'édition de 1626 et les suivantes, le texte commence par quelques lignes appartenant à une lettre du 7
août 1621.
261 Mme des Gouffiers (voir la lettre précédente).
262 Matt., V, 40 ; Luc., VI, 29.
263 Matt., V, 6.
74/342

8.5 Page 75

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Est il possible que ses seurs264 ne lui veuillent rien donner ? Mais si cela est, est il possible
que les enfans de Dieu veuillent avoir tout ce qui leur appartient, leur Pere Jesus Christ n'ayant
rien voulu avoir de ce monde qui luy appartient ? O mon Dieu, que je luy souhaite de biens, mais
sur tout la suavité et la paix du Saint Esprit, et le repos qu'elle doit avoir en mes sentimens pour
elle ; [74] car je puis dire que je sçay qu'ilz sont selon Dieu, et non seulement cela, mais qu'ilz sont
de Dieu. Qu'est il besoin de tant d'affaires pour une vie si passagere, et de faire des corniches
dorees pour une image de papier ? Je luy dis paternellement mon sentiment, car je l'ayme, certes,
incroyablement ; mais je le dis devant Nostre Seigneur, qui sçait que je ne mens point265.266
…………………………………………………………………………………………………......
Que vous diray je plus ? Rien autre, ma tres chere Mere, sinon que je cheris
incomparablement vostre cœur, et comme le mien propre, si mien et tien se doit dire entre nous,
ou Dieu a establi une tres invariable et indissoluble unité, dont il soit eternellement beni. Amen.
1621.
_____
MDCCLXXXIX. A M. Jean de Chatillon267. Compassion et
approbation. Ce qu'il faut faire de quatre cents florins.
Annonce d'un voyage.
Annecy, 10 mai 1621.
Monsieur,
Je suis marri dequoy nous n'avons pas eu le bien de vous voir au Sinode268, mais sur tout
dequoy ça esté pour estre indisposé de santé.
Vous aves extremement bien procedé en l'affaire de Suzanne et de monsieur de Vallon269,
et vous ne sçauries [75] faire que bien a mon gré, puisque vous aves et le zele et la capacité.
Je vous prie d'assister M. le Curé de Vuallier270 pour le retirement des 400 florins, desquelz
on en donnera 150 a M. Sonnerat271, et a chacun des trois curés qui ont servi a Draillans272, 50 ;
les utres cent demeureront es mains dudit sieur curé de Vuallier, a conte des despens supportés et
de ceux qu'il faudra encor supporter au premier jour.
Vous sçaures que dans peu de jours j'iray par dela avec deux des seigneurs de la Chambre
des Comptes de Savoye, par ordre de Son Altesse et de Monseigneur le Prince273.
264 Mmes de Damas d'Anlezy et Garadeur de l'Ecluse (voir ci-dessus, note (255), p. 71).
265 II Cor., XI, 31 ; Galat., 1, 20.
266 Ici les premiers éditeurs intercalent un assez long passage de la lettre du 7 août 1621, suivi d'une phrase prise dans
le texte du 5 ou 6 juillet 1620. (Voir le tome précédent, p. 265, lignes 6-10.)
267 Voir tome XV, note (184), p. 58.
268 Le Synode du 28 avril (voir ci-dessus, note (201), p. 56).
269 Ferdinand Joly, seigneur de Vallon et de Drusilly, fils de Guy Joly (voir tome XIV, note (1031), p. 355) et de
Marguerite de Prez ; il épousa, par contrat dotal du 10 janvier 1619, Claudine de Brotty, et mourut en 1637. Il habitait
Thonon.
270 François de Lachat (voir tome XVIII, note (569), p. 167).
271 Serait-ce l'ancien prieur de Saint-Clair, Jean Sonnerat (voir tome XVII, note (573), p. 154), né à Dingy, prêtre
depuis le 21 décembre 1596, que l'on trouve en 1627 desservant la paroisse de Thorens au nom du Chapitre de la
cathédrale et qui meurt en novembre 1641 ? (R. E.) On peut aussi proposer Claude Sonnerat, curé de Reignier. (Voir
le tome précédent, note (726), p. 224.)
272 Le curé de Vailly, François de Lachat, celui des Allinges, Pierre Mojonier, et celui d'Orcier, Etienne Ollivier. (Voir
au tome XVIII, la Lettre MCD, p. 167, et les notes qui l'accompagnent.)
273 Ce voyage avait pour but d'examiner l'état de la Sainte-Maison dont les revenus étaient insuffisants, et dont, par
suite, la paix était troublée. (Voir le tome précédent, Lettre MDCXXVIII, p. 168, et ci-après, Lettres MDCCCIII,
MDCCCIV.)
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8.6 Page 76

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A tant, je demeure, Monsieur,
X may 1621, Annessi.
Vostre plus humble et tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur de Chatillon,
Plebain de Thonon et docteur en Theologie.
D'après une copie conservée à la Visitation d'Annecy. [76]
_____
MDCCXC. A la Comtesse de Dalet. « Rien d'estimable en
comparayson d'une ame continente. » Nulle obligation de
justice pour Mme de Dalet de soutenir sa maison paternelle ; en
quels cas elle doit ou ne doit pas le faire. La « separation des
sejours » souvent nécessaire à l'union des cœurs. — Une parole
qui a ravi le Saint.
Annecy, 11 mai 1621.
Madame,
C'est en la presence de Dieu que je vous dois particulierement escrire cette lettre, puisque
c'est pour vous dire ce que vous deves faire pour sa plus grande gloire es choses que vous m'aves
marquees.
Apres donq avoir invoqué son Saint Esprit, je vous dis que je ne voy nulle juste occasion
en tout ce que vous me dites et que madame vostre mere me dit, pour laquelle vous devies violer
le vœu que vous aves fait de vostre chasteté a Dieu ; car la conservation des maysons n'est pas
considerable sinon pour les princes, quand leur posterité est requise pour le bien publiq. Et si vous
esties princesse, ou celuy qui vous souhaite prince, puisque vous aves des enfans de vostre premier
mari l'on vous devroit dire : Contentes vous de la posterité que vous aves ; et a luy : Faites de la
posterité d'une autre princesse. En somme, le Saint Esprit a fait dire clairement qu'il n'y a rien
d'estimable en comparayson d'une ame continente274. Demeurés donq la, puisque Dieu vous a
inspiré de le vouloir et vous donne la grace de le pouvoir. Ce grand Dieu benira vostre vœu, vostre
ame et vostre cors, consacrés a son nom.
2. Il est tout vray que vous n'estes nullement obligee par droit de justice d'assister de vos
moyens la mayson de monsieur vostre pere275, puisque vos moyens et ceux [77] de vos enfans, par
l'ordre establi en la republique, sont separés et independans de la mayson de monsieur vostre pere,
et qu'il n'est point en necessité effective ; et d'autant plus qu'en effect vous n'aves rien receu de
vostre dot, promis seulement, et non payé.
274 Eccli., XXVI, 20.
275 Gaspard Le Loup, seigneur de Préchonnet, de Pierrebrune, de la Garde-Ferradure, de Montfan, etc., appartenait à
une maison d'ancienne chevalerie, riche et puissante, dont l'origine remonte au XIIIe siècle. Son père se nommait
Blaise Le Loup, et sa mère Périnelle de Cébazat-Blanzat. Il se distingua par sa bravoure et son adresse pendant les
guerres de la Ligue, soutint un long siège dans Blanzat qu'il fut pourtant obligé de rendre en 1590, s'empara de la ville
d'Herment et mit celle d'Ussel à contribution (1592) ; plus tard il devint gentilhomme de la chambre de Henri IV,
chevalier de son Ordre et capitaine de cinquante lances. Son mariage avec Charlotte de Beaufort-Montboissier-
Canillac (voir ci-dessus, note (197), p. 55) eut lieu au château de Préchonnet, le 20 octobre 1591. (D'après Bouillet,
Nobiliaire d'Auvergne, tome III, et Tardieu, Histoire de la ville de Montferrand, 1865.)
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8.7 Page 77

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3. Au contraire, s'il est veritable que vous ruineries vos enfans et ce qui est a eux, et que
vous vous ruineries vous mesme si vous vous chargies des affaires de vostre mayson paternelle,
sans pour cela l'empescher de se ruiner, vous estes obligee, du moins par charité, de ne le faire pas
; car a quel propos ruiner une mayson pour en laisser encor ruiner une autre, et donner des remedes
contre un mal irremediable, aux despens de vos enfans ? Si donq vous sçaves que vostre secours
sera inutile au soulagement de monsieur vostre pere, vous estes obligee de ne l'y point employer
au prejudice des affaires de vos enfans.
4. Mais, Madame, si vous pouves l'ayder sans endommager notablement vos enfans,
comme il semble apparemment que vous le puissies faire, puisque vous estes unique et que tout ce
que vous pourres empescher d'estre vendu demeurera en fin a vos enfans, monsieur vostre pere et
madame vostre mere ne pouvant avoir d'autres heritiers, il m'est advis que vous le deves faire ; car
ce ne sera qu'abandonner vos moyens d'une main et les reprendre de l'autre.
5. Et quand mesme vous incommoderies vos affaires pour contenter madame vostre mere,
pourveu que ce ne fut pas avec trop de perte de vos enfans, encor me sembleroit il que vous le
devries faire, pour le respect et l'amour que vous estes obligee de luy porter.
6. Et quant au reste, je pense qu'il seroit plus a propos, [78] pour vostre repos et pour la
suite de l'eslection que vous aves faite d'une perpetuelle pureté, que vous demeurassies a part en
vostre petit train, a la charge que vous vissies souvent madame vostre mere, laquelle, si j'entens
bien sa lettre, ne seroit point marrie que mesme vous fussies Religieuse, pourveu que vous luy
communiquassies vos moyens pour la retenir en possession des biens de la mayson. Et
veritablement, ne vous voulant pas ranger a un second mariage, ni ne pouvant pas seconder le
courage que je voy en cette dame a tenir grand train et portes ouvertes a toutes sortes d'honnestes
conversations, je ne voy comme ce ne seroit pas plus a propos que vous demeurassies a part, n'y
ayant rien d'esgal a la separation des sejours pour conserver l'union des cœurs entre ceux qui sont
de contraires, quoy que bonnes humeurs et pretentions.
Voyla mon opinion, Madame, sur la connoissance que j'ay de l'estat de vos affaires. Oh !
s'il eust pleu a Dieu que je vous eusse veuë a Lyon, que de consolation pour moy, et combien plus
certainement et plus clairement j'eusse peu vous expliquer mon sentiment ! Mais puisque cela n'a
pas esté, je m'attendray a recevoir vos repliques, s'il vous semble que j'aye manqué a comprendre
le fait que vous m'aves proposé, et je m'essayeray a reparer les manquemens. Et je vous supplie,
Madame, de ne point vous mettre en aucune consideration qui vous puisse oster la liberté de
m'escrire, puisque je suis et seray des-ormais tout a fait et sans reserve vostre tres humble et tres
affectionné serviteur, qui vous souhaitte le comble des graces de Nostre Seigneur, et sur tout un
progres continuel en la tressainte douceur de charité et la sacree humilité de la tres aymable
simplicité chrestienne ; ne me pouvant empescher de vous dire que j'ay treuvé parfaitement douce
la parole que vous mettes en vostre lettre, disant que vostre mayson est des communes et rien plus
; car cela est cherissable en un aage ou les enfans du siecle font de si gros broüa de leurs maysons,
de leurs noms et de leurs extractions.
Vives tous-jours ainsy, ma tres chere Fille, et ne vous [79] glorifies qu'en la Croix de Nostre
Seigneur, par laquelle le monde vous est crucifié, et vous au monde276. Amen.
Je me dis de rechef, de tout mon cœur,
Vostre serviteur tres humble,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 11 may 1621.
_____
276 Galat., ult. 14.
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8.8 Page 78

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MDCCXCI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier277.
Nombreuse famille en détresse par suite de la longueur d'un
procès. Le Duc est supplié d'y mettre ordre.
Annecy, 13 mai 1621.
Monseigneur,
La multitude des enfans, et notamment de filles, qui sont en la mayson de Bressieu
Roüer278, est veritablement digne d'extreme compassion. Or, ilz ont une prætention en Piemont,
laquelle ilz sollicitent il y a long tems et ne peuvent en voir l'issüe ; qui retient toute cette famille
en langueur279. Et par ce qu'ilz ont desiré mon [80] intercession aupres de Vostre Altesse, affin
qu'il luy playse d'ordonner au Magistrat de leur faire bonne et brieve justice, je la supplie en toute
humilité, Monseigneur, de leur departir cette si juste et charitable faveur qu'elle ne refuse a
personne et que, plus que nul autre, je me prometz de la veritable bonté et equité de Vostre Altesse
Serenissime, delaquelle j'ay lhonneur d'estre,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XIII may 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
277 Voir tome XI, note (389), p. 168.
278 Aux fils d'Emmanuel Roero de Bressieu et d'Ennemonde de la Forest déjà nommés (voir au tome XVII les notes
(376), p. 97, (381), p. 98, et (1095), p. 326), il faut ajouter Paul, destiné à l'Eglise en 1600, et dont le sort était inconnu
en 1633. Des six filles, nous connaissons Madeleine, mariée en 1613 à Louis de Sales (voir tome XVI, note (118), p.
27) ; Antoinette était, en 1631, femme de Michel Orset, sénateur de Savoie ; Jeanne-Marie-Françoise teste le 24 mai
1625, veuve de Pierre de Menthon-Lornay, seigneur d'Emion, au moment d'entrer chez les Bernardines de Rumilly ;
Françoise épouse, en 1632, Pierre-Amblardet Tortollier, et en secondes noces, Michel d'Echallon, seigneur de Dons ;
elle vit encore en 1670. Béatrix fut Chartreusine à Mélan ; son contrat d'entrée en religion est du 22 mai 1622. Enfin
Jeanne-Catherine, qui épousa Antoine de Motz, est enterrée à Lémenc le 20 juillet 1674. (D'après des Notes de M. le
comte de Mareschal de Luciane.)
279 L'affaire se termina cette même année 1621. François et Charles, fils d'Emmanuel-Philibert, transigèrent avec le
comte de Revigliasco (un Roero), au sujet de divers droits provenant de leur origine commune. La contestation était
née de ce fait, qu'Emmanuel-Philibert Roero, cousin du comte, en acceptant le fidéicommis apposé au testament de
son grand-père maternel, Louis Gallier de Bressieu, et en prenant son nom, avait perdu le droit de primogeniture de la
maison Roero de Piémont. (Cf. tome XVII, note (660), p. 189.)
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8.9 Page 79

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MDCCXCII. Au même. Voyage à Thonon sur l'ordre du prince.
Annecy, 14 mai 1621.
Monseigneur,
Ayant receu le commandement de Vostre Altesse pour m'acheminer a la Sainte Mayson, je
ne manqueray pas de me rendre a Thonon au premier jour280, et de luy rendre compte de tout ce
que j'y auray fait et treuvé, puisque je suis, de Vostre Altesse Serenissime,
Monseigneur,
Tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIIII may 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica. [81]
_____
MDCCXCIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée281. Un saint
projet en voie d'exécution. Liste des abbayes du diocèse de
Genève et de leurs titulaires.
Annecy, 14 mai 1621.
Monseigneur,
Je feray au plus tost le voyage de Thonon, selon le commandement de Vostre Altesse, ne
me pouvant empescher de me res-jouir avec elle du commencement qu'elle donne a l'execution du
saint projet qu'elle fit estant en cette ville, pour la reformation des Monasteres et le bien publiq de
l'Eglise en cette province ; ne doutant point que, comme c'est un tres grand service de Dieu, aussi
sa divine Majesté n'en recompense Vostre Altesse des tres grandes benedictions que je luy souhaite
incessamment, comme estant sans fin,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIIII may 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
Bien qu'il semble qu'il n'importe pas beaucoup de sçavoir a qui les prieurés et abbayes que
l'on veut unir appartiennent, puisque on ne pretend pas d'unir les portions des Abbés et Prieurs,
ains seulement celles des moines, si est ce que, pour obeir a Son Altesse, je marque icy les noms
des possesseurs des dittes abbayes et des prieurés282 : [82]
280 Saint François de Sales partit d'Annecy vers le 27 mai. (Cf. ci-dessus, note (273), p. 76)
281 La mention du séjour du destinataire « en cette ville » (août 1616) ne permet pas de douter que cette lettre ne
s'adresse au prince de Piémont et non au duc de Savoie, comme l'ont cru les éditeurs précédents.
282 Nous donnons ici les références des notes relatives aux abbayes, prieurés et à leurs titulaires ou commendataires,
qui figurent déjà dans notre Edition, en y ajoutant les notices qui manquent encore :
79/342

8.10 Page 80

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L'abbaye d'Aux est a Monseigneur le Serenissime Prince Cardinal.
Aulps voir tome XI, note (594), p. 266 Le cardinal Maurice de Savoie tome XIII, note (934), p. 345).
Chézery (tome XIX, note (303), p. 78 Gaspard Perrucard de Ballon (ibid.)
Tamié (tome XVII, note (1174), p. 351) François-Nicolas de Riddes. trente-septième abbé, était né en
1566 d'Antoine de Riddes de Belletour et de Claudine de la Croix « de Sionzy ». Il fut d'abord prieur d'Aulps ; en
1595, Jean de Chevron-Villette résigne l'abbaye de Tamié en sa faveur, et en 1607 il figure à la Profession de la Mère
Louise de Ballon comme vicaire général de l'Abbé de Cîteaux, « riere les Estats de Savoye. » Charles-Emmanuel le
nomma son aumônier, son conseiller intime, et, le 1er janvier 1608, membre du Sénat de Savoie. Le 12 août 1645,
Guillaume de Riddes, son neveu, qu'il avait choisi dès 1614 pour coadjuteur, recueillit sa succession. D. François-
Nicolas fut inhumé dans le tombeau de sa famille, à Flumet, où il décéda le 25 août. (D'après des Notes de M. le comte
de Mareschal de Luciane, et Burnier, Hist. de l'abbaye de Tamié, Chambéry, 1865, chap. VI, VII, etc.)
Bellevaux (tome XII, note (620), p. 275) Aimé Mermonio de Luyrieu (ibid., note (622), p. 276).
Contamine (ibid., note (552), p. 241) appartenait depuis 1599 à la Sainte-Maison de Thonon (tome XIV, note
(1071), p. 370).
Chindrieu (tome précèdent, note (558), p. 160) Louis de Gerbais de Sonnaz (ibid., note (1140), p. 358).
Rumilly (tome XVI, note (835), p. 258) Bernard de Grailly (tome précédent, note (1161), p. 370).
Le Chêne-en-Semine, de l'Ordre de Cluny, dépendant du prieur de Nantua. Robert de Loys-Jaquerod, fils
de Nicolas Jaquerod, seigneur de Bonnevaux, et de Françoise de Vigny, était né à Evian le 2 août 1577. Tonsuré le 26
janvier 1597 et songeant à revêtir l'habit monastique, il fut institué prieur du Chêne le 13 juillet suivant ; le 29 du
même mois, il obtenait des dimissoires pour recevoir les Ordres. En 1605, on le trouve moine profès de Talloires où
il exerce la charge d'Ouvrier qui lui avait été conférée le 25 mars de cette année, sans préjudice de son prieuré dont il
est encore titulaire le 24 juin 1633. (R. E.)
Bonneguête, prieuré bénédictin sous le titre de Saint-Blaise, près de Rumilly. existait déjà au XIVe siècle et
dépendait du prieuré de Saint-Victor de Genève ; il fut uni en 1600 à la Sainte-Maison. (Grand Bullaire.)
Saint-Paul, près d'Evian, de l'Ordre de Saint-Benoît, dont l'origine remonte au-delà de 1443, dépendant du
prieuré de Lutry, dans le pays de Vaud. (Cf. Mém. de l'Acad. Salés., tomes VIII, p. 66, et XI, p. 296.) Nous ignorons
à quelle date le prieur Jean-François de Blonay (tomes XII, note (666), p. 298, et XV, note (1003), p. 354), encouragé
par saint François de Sales, y introduisit « l'observance reguliere, conforme a l'estat clerical. » En 1624, ses prêtres y
vivaient « en commung, selon la vraye et ancienne discipline ecclesiastique..., jouxte les Constitutions de St Charles
Borromee aux Oblatz de St Ambroyse. » (Requête du prieur de Blonay, apostillée et signée par Mgr J.-F. de Sales, 13
août 1624.) La communauté parait même observée dès 1621.
Sillingy (tome XVII, note (572), p. 154) Bérard Portier, fils de Claude-Lambert, seigneur de Mieudry, et
de Guillermine de Loche, naquit à Boussy. Sur la présentation de son père, il obtint, le 17 septembre 1592, les chapelles
de la Sainte-Trinité, dans l'église de Rumilly, et des saints Pierre et Paul dans celle de Saint-Félix. Prêtre le 15 mars
1603, prébendé de Rumilly le 13 mai suivant (R. E.), en 1608 il est prieur commendataire de Sillingy, qu'il cède en
1630 aux moines de Talloires.
Vaulx, de l'Ordre de Cluny, dans le décanat de Rumilly. Ce prieuré, sous le vocable de Saint-Pierre, avait
pour patron le prieur de Saint-Victor de Genève. Fils de Jean de Loche et de Jeanne de Bellegarde, docteur en droit
civil et canonique, chanoine et chantre de la collégiale de Sallanches, successivement curé de Fleyrier (1588) et de
Villaz (1591-1597), Jacques de Loche avait été nommé prieur commendataire de Vaulx le 15 avril 1592 ; il résigne
ce bénéfice le 23 août 1623, et meurt en 1660. (R. E.)
Entremont (tome XII, note (553), p. 241) Pierre-Gaspard de Roncas, d'une noble famille d'Aoste, était
frère cadet de Pierre-Léonard, célèbre par ses ambassades (voir ibid., note (942), p. 378). Dès 1605, le 28 novembre,
il obtint en commende l'abbaye d'Entremont. (R. E.) L'Evêque de Trente ayant résigné le prieuré de Saint-Ours (Aoste),
ce bénéfice fut canoniquement conféré, le 3 novembre 1607, à Pierre-Gaspard qui, le surlendemain, avec l'aide du
docteur Gozio, en fit la visite et traça de sages règlements. Le nouveau prieur n'avait que douze ans ! Dès qu'il fut en
âge, il reçut les Ordres sacrés, après de sérieuses études. M. de Roncas mourut de la peste en 1630. (Voir Bulletin de
la Soc. Acad. d'Aoste, 1886, pp. 14-17.)
Saint-Jeoire ou Saint-Georges était une collégiale de Chanoines réguliers de Saint-Augustin, fondée avant
1255 par les seigneurs de Chignin ; elle relevait de l'Evêque de Grenoble. La Bulle de [599 l'unit à la Sainte-Maison.
En 1636. les Chanoines commencèrent des démarches pour se séculariser ; le Conseil de la Sainte-Maison les agréa,
le duc de Savoie donna son approbation en 1663. et le Pape un Bref, le 3 novembre 1667. Saint-Jeoire adoptait les
règlements de la Sainte-Maison, et. en échange, jouissait des mêmes privilèges. Une nouvelle Bulle 1762 supprime
définitivement le Chapitre collégial et transfère quelques-uns de ses membres à Thonon. (D'après les Mémoires de
l'Acad. Salés., tomes V, p. 381, VII, p. 314, et VIII, p. 258.)
Sixt (tome XI, note (716), p. 316) Humbert de Mouxy (tome précédent, note (1257), p. 396).
Peillonnex (tome XII, note (555), p. 242) Claude-Nicolas de Reydet (tome XVII, note (1145), p. 342).
Le Saint-Sépulcre d'Annecy (tome XII, note (556), p. 243) Claude de Menthon-Montrottier (tome XVI,
note (295), p. 86).
Hautecombe (tome XI, note (187), p. 76) Sylvestre de Saluces de la Mente (tome XVII, note (1280), p.
390).
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9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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Cheyseri, a R. M. Gaspard [de] Ballon, aumosnier de Madame.
Tamié, a R. P. François Nicolas de Riddes, aumosnier de Son Altesse, senateur au Senat
de Savoye, qui en est Abbé titulaire.
Bellevaux, a M. Aymé Mermonio de Luirieu, commendataire.
Contamine, a la Sainte Mayson de Thonon.
Chindrieu, a M. Louys de Gerbaix, dit de Saunax, clerc de l'Oratoire de Lyon.
Rumilly, a R. P. F. Bernard de Graillier, titulaire.
Le prieuré du Chesne, a R. P. Robert Jacquerod de Bonnevaud, Religieux de] Talloire,
titulaire. [83] Bonneguette, a la Sainte Mayson.
Saint Paul pres Evian, a M. Jean François de Blonnay, commendataire.
Silingie, a M. Berard Portier, dit de Mieudri, commendataire.
Vaux, a M. Jacques de Losche, commendataire.
L'abbaye d'Entremont, a M. Pierre Gaspard de Roncas, commendataire. [84]
Saint Joire pres Chamberi, a la Sainte Mayson de Thonon.
L'abbaye de Six, a M. Humbert de Mouxi, commendataire.
Pellionex, a M. Claude Reydet, dit de Choysi, commendataire.
Le Saint Sepulcre les Annessi, a M. Claude de Menthon de Montrottier, commendataire,
L'abbaye d'Autecombe, a M, l'Abbé de la Mente.
Les monasteres des filles appartiennent comme s'ensuit283 :
Sainte Claire hors ville de Chamberi, a dame de Rubod ; [85] Bonlieu, a dame de Lucey ;
Sainte Catherine les Annessi, a dame Peronne de Cirisier ; Le Betton, a dame Saint Agnes.
_____
283 Le premier de ces couvents, l'un des plus anciens de l'Ordre des Clarisses, fut établi vers 1230. Sa situation le fit
désigner sous le nom de Sainte-Claire hors ville, pour le distinguer de celui que fonda, en ville, Yolande de France
(1471), lorsque les Religieuses refusèrent d'adopter la réforme de sainte Colette. On les appelait Urbanistes, parce
qu'elles suivaient la Règle de Saint-François mitigée par Urbain IV, ou Minorètes, comme membres du second Ordre
des Frères Mineurs. Elles furent toujours protégées et favorisées par les princes de Savoie. Gouverné jusqu'en 1648
par des abbesses perpétuelles, et ensuite par des abbesses triennales, Sainte-Claire hors ville subit à la Révolution le
sort de tous les autres couvents. Quand revint le calme, après diverses vicissitudes, ses bâtiments furent transformés
en hôpital militaire (1830). Claire de Rubod, fille de Charles de Rubod et d'Isabeau de Rossillon, signala son
gouvernement par des constructions très importantes, achevées en 1618. On voit encore sur la porte principale de
l'ancien monastère un cartouche portant au centre le blason de l'Abbesse avec cette inscription : Anno Domini 1618,
Clara de Rubod, humilis Abbatissa, fieri fecit. (D'après Trepier, Sainte Claire hors ville et l'Hôpital militaire de
Chambéry, tome III de la 4e Série des Mém. de l'Acad. des sciences de Savoie, Chambéry, 1892.)
Bonlieu (tome XV, note (832), p. 292) Marguerite, fille de Jean de Mareste, baron de Lucey, et de Jeanne
de Rubod, fut reçue dans cette Maison le 9 janvier 1594, et la gouverna comme abbesse de 1595 à 1638.
Sainte-Catherine (tome XIII, note (334), p. 116) Péronne ou Pernette de Cerisier sera destinataire.
Le Beton, d'abord prieuré de Bénédictins fondé au VIe siècle, reçut vers 1150 une colonie de treize
Cisterciennes venues du diocèse de Grenoble sous la conduite de la mère de saint Pierre de Tarentaise. Le nouvel
établissement se développa rapidement tant au spirituel qu'au temporel, et fut transformé en abbaye à une date
comprise entre les années 1193 et 1225. Les abbayes de Bellerive, de Bons et de Bonlieu sortirent de celle du Beton
qui subsista jusqu'en 1792. En 1738, le Chapitre général de l'Ordre (Sess. VIa) avait autorisé les Religieuses de ce
monastère à célébrer dans leur église la fête de saint François de Sales et celle du bienheureux Amédée sub ritu
Sermonis majoris, qui est le rite des fêtes plus élevées, suivant le Bréviaire Cistercien et avec l'office pris au Commun
des Saints. (Note du R. P. Grégoire Müller, de l'abbaye de Mehrerau, rédacteur de la Chronique Cistercienne
allemande.) Anne de Commiers de Sainte-Agnès, d'une noble et très anciene famille dauphinoise, paraît comme
abbesse du Beton dans des actes de 1598 et de 1623. (D'après Melville Glover, L'Abbaye du Beton en Maurienne,
Chambéry, 1858 ; Morand, Les Bauges, vol. II, Chambéry, 1890. liv. V, chap. XXXVI.)
81/342

9.2 Page 82

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MDCCXCIV. Au Comte Claude-Jérome de Saint-Maurice284
(Inédite). Recours à la courtoisie du destinataire.
Annecy, 18 mai 1621.
Monsieur,
Je sçai combien vostre courtoysie est grande, et que vostre bon naturel vous fera tous-jours
favoriser monsieur [86] de Corsier, present porteur285 ; mays je ne puis esconduire le desir qu'il a
que je vous supplie de l'avoir en recommandation pour l'affaire qui le fait aller la. Et je vous en
supplie donq, et de me croire tous-jours tel que tous-jours je veux estre : c'est,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVIII may 1621, Annessi.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Saint Maurice.
Revu sur l'Autographe conservé à Bologne, dans la chapelle de Sainte-Catherine.
_____
MDCCXCV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Mme de
Charmoisy désire envoyer son fils à Paris pour affaires. Elle
en sollicite l'autorisation du prince par l'intermédiaire de
l'Evêque de Genève.
Annecy, 18 mai 1621.
Monseigneur,
Non seulement la tres humble sujettion a Vostre Altesse Serenissime que la nature a
imposee au sieur de Charmoysi par sa naissance, mais le soin qu'il a pleu a Vostre Altesse, par sa
bonté, de tesmoigner pour luy et l'honneur de tant de faveurs qu'il en a receües286, [87] obligent
madame de Charmoysi, sa mere, et ses parens a ne point disposer de sa personne sinon avec la
permission et l'aggreement de Vostre Altesse.
C'est pourquoy, Monseigneur, laditte dame ayant quelques affaires a Paris, et estant
conseillee d'y envoyer plus tost son filz que d'y aller elle mesme pour les conclure, ell'en demande
les commandemens de Vostre Altesse Serenissime, sous lesquelz et elle et son filz veulent a jamais
284 Claude-Jérôme de Chabod (1583-1653), comte, puis marquis de Saint-Maurice, était fils de Guillaume-François
de Chabod, seigneur de Jacob (voir tome XVI, note (681), p. 214), et de Louise-Marguerite de Seyssel de la Serraz.
Le 10 janvier 1619, il avait épousé Claudine-Adrienne de Mouxy, fille de Mme de Travernay. Il remplit comme son
père diverses missions diplomatiques, notamment au congrès de Westphalie, et fut grand-maître de l'artillerie, ministre
d'Etat, chevalier de l'Annonciade, etc.
285 Jean-Gaspard de Prez, seigneur de Corsier, prêtre de la Sainte-Maison de Thonon. (Voir tome XVII, note (257), p.
63.)
286 Voir le tome précédent, note (332), p. 83.
82/342

9.3 Page 83

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vivre en tres humble sousmission et obeissance287. Et si Vostre Altesse l'a aggreable, tandis que
son filz sera la, il employera les heures qui luy resteront apres ses affaires aux exercices
convenables a sa condition, affin qu'a son retour il ne soit pas treuvé moins capable de l'honneur
et du bonheur qu'il a d'estre tous-jours au service particulier de la personne de Vostre Altesse.
Et parce que la mere et le filz m'ont choysi entre tous leurs parens pour en faire la
supplication a Vostre Altesse, avec eux je la fay en toute humilité et reverence, comme estant,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XVIII may 1621.
A Monseigneur
Monseigneur le Serme Prince de Piemont.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Adélaïde Vuy, à Carouge (Genève). [88]
_____
287 Sans doute vers cette même date, Mme de Charmoisy s'excusait auprès d'un gentilhomme de la cour d'avoir différé
de renvoyer à Turin son fils Henri qui relevait de maladie. « Ainsi que j'en étais en résolution, » ajoute-t-elle, « m'est
survenue une affaire en France, où je suis nécessairement appelée, ou mon fils, pour l'éclaircissement d'un peu de bien
qui m'y reste. Et me voyant à présent en état de ne pouvoir faire ce voyage moi-même, tant pour la longueur du chemin
que pour être chargée de plusieurs affaires qui me sont tombées sur les bras par le décès de feu mon mari, je suis
contrainte d'y envoyer mon fils, si toutefois Monseigneur le Sérénissime Prince... lui en donne la permission. » (J.
Vuÿ, La Philothée de St Fr. de Sales, 1879. II, p. 232.)
83/342

9.4 Page 84

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MDCCXCVI. Aux Consuls et aux Habitants de Montferrand288.
Sur la demande des consuls, l'Evêque de Genève condescend à
laisser encore à Montferrand la Mère Favre, mais sans vouloir
sengager pour toujours.
Annecy, 31 mai 1621.
Messieurs,
Je respons a vostre lettre, et correspons, autant que je le puis, a vos desirs, vous asseurant
que je laisseray le plus long tems que le service de Dieu me le permettra ma Seur Marie Jacqueline
Favre au monastere ou, par vostre pieté, elle se treuve maintenant, et ou je suis grandement consolé
qu'elle employe les graces que la divine Providence luy departira. Que si je pouvois vous dire que
ce sera pour toute sa vie, je le ferois volontier pour [89] contenter vostre zele et celuy de tant
d'ames qui se consolent avec elle ; mais vous vous imagineres bien quelles occasions peuvent se
presenter pour la retirer et destiner ailleurs, selon que la gloire de Celuy auquel elle est vouee le
requerra.
Je vous le souhaite tous-jours propice, et a toute vostre honnorable ville, Messieurs ; je suis
en luy,
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Annessi, le 21 may 1621.
A Messieurs les Consulz et habitans
de Montferrand.
_____
288 Les consuls de Montferrand, nommés le 3 janvier 1621, étaient Amable Dumas, avocat à la Cour des Aides ;
François Valenson et Jean Portai, procureurs à la même Cour ; Antoine Chambrial, marchand. Archiv. municip. de
Clermont-Ferrand, Fonds de Montferrand, BB. 39.)
Toute la ville de Montferrand avait accueilli avec joie les Sœurs de la Visitation, et la Mère Marie-Jacqueline
Favre. par sa haute capacité et son aimable vertu, s'attira bientôt l'estime universelle. Aussi, quand le bruit courut que
cette Supérieure allait être envoyée à la fondation de Turin (voir le tome précédent, note (1283), p. 403), » Messieurs
de Montferrand... obtindrent que M. de Chevreuse, gouverneur de la province, en êcrivit à nôtre Venerable Fondateur,
et eux le firent aussi en corps, le conjurant avec de grandes supplications de ne leur point ôter cette bonne Mere ; et
ils faisoient un long narré des vertus qu'ils remarquoient en elle, et [de] l'utilité qu'elle apportoit à leur province ;
qu'aucune autre qu'elle ne pouvoit rien faire à l'égal ; que ce Monastere, qui êtoit l'ornement de leur province et avoit
fait un si grand progrez, demeureroit sans s'avancer s'il perdoit une telle conduite. Ce qui fit dire à nôtre Venerable
Fondateur ces belles paroles : qu'il avoit toujours les yeux tournez sur la Providence divine, et que les pensées des
enfans du monde luy êtoient insupportables. » (Vie de la Mère Favre par la Mère de Chaugy, chap. IX, dans Les Vies
de IV des premieres Meres, etc., 1659-1892.) Il répondit pourtant avec sa débonnaireté et sa prudence ordinaires ; la
Mère de Chantal écrivit de son côté (cf. Lettres, vol. I, p. 526). On temporisa, mais sans céder, et la Mère Favre,
inflexible elle-même sur l'obéissance, lorsque le moment fut venu, trompa la surveillance des consuls et des habitants,
et se jetant « de grand matin... sur une mêchante charrette, » quitta furtivement la ville où l'on aurait voulu la garder
toujours.
84/342

9.5 Page 85

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MDCCXCVII. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la
Visitation de Lyon. Des visiteuses qui porteront au monastère de
Valence « unguens et parfums de devotion. » Course en
Chablais. Prétendantes pour la Visitation d'Annecy.
Annecy, vers le 21 mai289 1621.
Ma tres chere Fille,
J'ay tant escrit aujourd'huy, que je n'ay plus aucun moyen de vous escrire au long comme
je desirerois. A moy ne tienne que la bonne Seur Marie290 entre en la Mayson [90] de la Visitation
de Valence291 toutes les fois qu'il luy plaira, et Mlle de Conches aussi292, asseuré qu'elles y [91]
porteront des unguens et parfums de devotion qui seront de grande utilité pour encourager les
Seurs. Entant que je puis, donq, je leur donne cette liberté. Mais veritablement, il faudra que
289 Migne qui, le premier, a publié cette lettre, donne pour date mai 1621. Le quantième, sans doute, avait disparu de
l'Autographe ; il est fixé d'une manière approximative par l'annonce du prochain voyage à Thonon qui eut lieu la
dernière semaine de mai. (Voir ci-dessus, note (280), p. 81.)
290 Le XVIIe siècle, dès son début, vit surgir toute une phalange d'âmes d'élite destinées à réparer les apostasies et les
ruines du siècle précédent. Au sein même de l'hérésie, Dieu alla choisir l'humble femme qui, par la puissance de sa
prière et de son exemple, devait avoir sa large part dans cette œuvre de résurrection. Marie de Valence excita
l'admiration, non seulement de ses concitoyens, mais de la France entière, non seulement du peuple, mais des hommes
les plus distingués par leur savoir et leur sainteté : saint François de Sales, saint Vincent de Paul, M. de Bérulle, M.
Olier, etc. Paris l'envia au Dauphiné et, à diverses reprises, députa pour l'emmener les dames de la plus haute noblesse.
Louis XIII, les deux Reines, Richelieu voulurent la voir, la consulter, se recommander à ses prières. le P. Coton et le
P. de la Rivière s'estimèrent honorés de la guider dans les voies spirituelles où Dieu lui-même s'était fait son maître.
François Aymar et Antoinette Blanchard, ses parents, avaient quitté le hameau de Teyssonnier, dont ils
retinrent le nom, pour se fixer à Valence. C'est là que naquit, en 1576, Marie, leur quatrième enfant. Elle n'avait que
douze ans lorsque le second mari de sa mère lui fit épouser Matthieu Pouchelon, notaire à la Baume-Cornillane,
calviniste comme elle l'était elle-même. Mais, dès son enfance, Marie avait senti son cœur incliné vers la religion
catholique ; la Providence dirigea les événements, et la jeune femme abjura vers 1592, gagnant, quelques années après,
son mari à la vraie foi. Bientôt veuve, elle se donna totalement à Dieu et mena une vie de prière, de mortification, de
dévouement au prochain, jusqu'à sa bienheureuse mort, le 1er avril 1648. Après son entrevue, en 1622, avec la servante
de Dieu, l'Evêque de Genève disait humblement : « Il fait grand bien à un pauvre pécheur comme moi de parler cœur
à cœur avec une sainte épouse de Jésus-Christ. » De son côté, Marie de Valence vénérait le grand Prélat, et elle fut le
premier instrument de la fondation de la Visitation dans la ville qu'elle habitait. Elle conserva toute sa vie des relations
d'intime amitié avec le Monastère, et Dieu permit, à l'heure de la Révolution, que ses précieux ossements, exhumés
de leur tombeau aux Minimes, fussent partagés entre les Religieuses Trinitaires et les Filles de Sainte-Marie. (D'après
Trouillat, Vie de Marie de Valence, 1875.)
291 Ce Monastère n'était pas encore établi, mais, en principe, il était fondé. La maison avait été achetée le 28 décembre
1620 ; le 20 janvier suivant, le Conseil de Ville donnait son consentement, et enfin la lettre d'obédience de Mgr de
Marquemont aux Sœurs fondatrices venait d'être signée le 4 mai.
Sur les avis de la « Seur Marie », Claudine, fille d'Aymar Meyssonnier, doyen de l'Université de Valence, et
de Jeanne Coutton, avait pris la résolution d'appeler dans sa ville natale les Religieuses de la Visitation. (Cf. le tome
précédent, note (543), p. 154.) Elle et sa sœur, Mme de Fay de Villiers, envoyèrent à Annecy un Père Minime pour
traiter l'affaire avec l'Evêque de Genève ; celui-ci écrivit aux deux sœurs et à Marie de Valence, les encourageant dans
leur entreprise. Comme la fondatrice était mineure, il y eut des difficultés avec les parents ; l'accord étant fait, la jeune
fille partit pour le Monastère de Lyon. Elle y fut admise à la vêture le 20 février 1620, et l'année suivante, le 25 mars,
elle eut la joie de prononcer ses vœux entre les mains de François de Sales lui-même, avec sa nièce Hélène-Marie
Guérin. Toutes deux firent partie de la petite colonie qui s'établit à Valence le 10 juin 1621. (Hist. de la Fondation et
Essai sur les origines monastiques dans le diocèse de Valence : L'Ordre de la Visitation, etc., Valence, 1880.)
292 Amie et fille spirituelle de Marie de Valence, Marguerite Chambaud de Conches, préféra à tout ce que pouvait lui
procurer sa noblesse et sa fortune, la société de l'humble servante de Dieu. Elle lia sa vie à la sienne et la mort seule
put les séparer. Ce fut Mlle de Conches qui partit la première, au printemps de 1647. (D'après les ouvrages cités aux
deux notes précédentes.)
85/342

9.6 Page 86

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Monseigneur de Valence293 ou le294 authorise ces entrees, car ce sont eux qui en auront le vray
pouvoir.
Je partiray la semaine qui vient pour aller a Thonon, ou je ne seray que huit ou dix jours,
pendant lesquelz nous parlerons bien de vous, le bon pere et les freres295 et moy ; ilz se portent
tous tres bien. Les [filles] qui doivent venir icy [le feront environ] le tems marqué, avant que je
parte ; ce pendant elles donneront ordre a leurs affaires et a l'asseurance de leur dot296.
Continues a estre toute a Nostre Seigneur, ma tres chere Fille, et salues toutes nos Seurs
bien cherement, je vous en prie, et M. l'Abbé de Mauzac, et M. Brun297 qui est tout de mes amis.
Je suis tres parfaitement vostre. Amen.
.. may 1621. [92]
_____
MDCCXCVIII. A la Mère de Chantal, a Paris. Un « desplaysir »
arrivant au milieu d'un sentiment de résignation. Première
impression au réveil. Nouvelles de la santé de François de
Sales. Il s'occupe des livres réguliers de son Institut.
Annecy, [vers la fin de mai] 1621 298.
Ma tres chere Mere,
Vous verres en la lettre de ce bon Pere le desplaysir qui certes m'a un peu touché ; mais
cette nouvelle m'ayant pris dans le sentiment que j'avois d'une totale resignation en la conduitte de
la tressainte Providence, je n'ay rien dit en mon cœur, sinon : Ouy, Pere celeste, car tel est vostre
bon playsir299. Et ce matin, a mon premier reveil, il m'est venu une si forte impression de vivre
tout a fait selon l'esprit de la foy et la pointe de l'ame, que, malgré mon ame et mon cœur, je veux
ce que Dieu voudra, et je veux ce qui sera de son plus grand service, sans reserve ni de consolation
sensible ni de consolation spirituelle ; et je prie Dieu que jamais il ne permette que je change de
resolution.
J'ay eu despuis Pasques, de perpetuelles incommodités ; mais je n'y voyois aucun remede
ni aucun danger. Elles sont tout a fait passees, graces a Dieu, que je supplie de me les renvoyer
quand il luy plaira.
J'ay reveu les Directoires300 ; je les fay copier pour vous les envoyer. Je reverray aussi les
Constitutions, affin qu'avant vostre depart vous les fassies reimprimer301. Je les tiendray tous-jours
293 Pierre-André de Gélas de Leberon (voir tome XVIII, note (888), p. 259).
294 Le Saint a-t-il mis : Pere spirituel, ou bien Vicaire generali Nous lisons dans l'Histoire de la Fondation du
Monastère de Valence : « M. Vernier, vicaire général, fit l'acte de réception et bénit la chapelle ; M. Millet, chanoine
théologal et archidiacre, fit l'exhortation et nous fut donné pour Père spirituel. » En tout cas, François de Sales ne
savait pas encore à qui appartiendrait ce dernier titre, puisqu'il écrit avant l'établissement.
295 Claude de Blonay avait deux fils : Jacques (voir tome XVI, notes (151), (152), p. 40), et Jean-François, prieur de
Saint-Paul (tome XII, note (666), p. 298).
296 A cette époque, entrèrent au monastère d'Annecy Mlles de Marigny, Rebitel et Daloz, qui prirent l'habit religieux le
22 juillet suivant.
297 Antoine Rigoullet, Père spirituel des Sœurs de Lyon (voir ci-dessus, note (207), p. 58), et Etienne Brun, leur
confesseur (tome précédent, note (662), p. 199).
298 D'après divers passages de ses lettres, on conclut que la Mère de Chantal ne reçut point de messages de l'Evêque
de Genève du 20 mars jusqu'au milieu de mai, et des premiers jours de juin jusqu'après le 7 août. Selon cette remarque,
et selon leur teneur, les présentes lignes doivent dater de la fin de mai. (Cf. ci-dessus, note (260), p. 74.)
299 Matt., XI, 26.
300 Voir le tome précédent, note (544), p. 155.
301 La seconde édition des Constitutions parut en 1622. (Voir ibid., note (1190). p. 378.)
86/342

9.7 Page 87

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courtes, reservant beaucoup de [93] choses pour mettre au livre des Advertissemens302, la briefveté
estant requise en semblables affaires ; et quand on escriroit trente ans, on n'empescheroit pas qu'il
ne demeurast tous-jours quelque doute pour les espritz delicatz et barguignans. Le soin des
Superieurs, leur devotion et leur esprit doit suppleer a tout.
Mille tres cheres salutations a vostre chere ame, ma tres chere Mere, a laquelle Dieu m'a
donné d'une maniere incomparable.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MDCCXCIX. A la Mère de la Roche, Supérieure de la
Visitation d'Orléans (Fragment inédit). « Un couple de filles »
cher à François de Sales.
Annecy, [mai ou juin 1621 303.]
…………………………………………………………………………………………………….
[Dieu soit] loué que vous ayes la mon autre tres chere fille, la Mere Seur Marie de Jesus,
qui m'a tant saintement aymé en ses plus jeunes annees et qui continue a cela. Certes, voyla un
couple de filles que je salue souvent en esprit, et sur tout a la sainte Messe.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur l'Autographe conservé au Carmel d'Orléans. [94]
_____
MDCCC. au prince de Piémont, Victor-Amédée. La bonté de
Son Altesse, seul espoir d'un homme d'honneur chargé d'enfants.
Thonon, 1er juin 1621.
Monseigneur,
Ce porteur, le sieur de Lespine304, se treuvant accablé de la recherche qui se fait par la
Chambre des Comptes des restatz et deniers desquelz feu son pere estoit demeuré debiteur et
obligé, sans moyen quelcomque ni esperance de pouvoir exiger lesditz restatz qui sont deuz par
les communes, lesquelles ont asses a faire de fournir aux charges presentes, il recourt a l'unique
remede, qui est la bonté et debonaireté de Son Altesse et a la vostre, Monseigneur, affin qu'il luy
302 C'est le livre qu'on appela plus tard Coustumier que le Saint désigne ainsi ; il ne fut pas imprimé durant sa vie.
(Voir tome I, p. LXXXIII.)
303 Il semble fort probable que ces lignes faisaient partie d'une lettre à la Mère Claude-Agnès Joly de la Roche ; elle
les aura détachées pour les envoyer au Carmel et réjouir le « couple de filles » chèrement aimées du Saint : la Mère
Marie de Jésus Acarie, Prieure (voir le tome précédent, note (131), p. 23), et la Sœur Thérèse de Jésus du Pucheul,
Sous-prieure (tome XIII, note (340), p. 119). La date doit être très peu antérieure ou postérieure à la visite des Sœurs
de la Visitation aux Carmélites (cf. le tome précèdent, note (1102), p. 342).
304 Il y avait plusieurs « sieurs de Lespine » à cette époque, et il est difficile de désigner celui dont il s'agit ici. Etait-
ce un fils du procureur Jacques de Lespine, mort en 1585 ? Pierre de Lespine, de l'Espine, ou Despine, avocat au Sénat
de Savoie (1608), « grand jurisconsulte, » d'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. IX, p. 546), était ami particulier
du Saint ; il l'accompagna à Sixt en novembre 1620. (Voir le tome précédent, note (568), p. 166, où, par erreur, il est
nommé Jacques.) Peut-être est-ce celui pour lequel intercède l'Evêque de Genève ; sa femme s'appelait Nicoline de
Faulcon, dite de Pomier. A la date du 18 juillet 1624 il était décédé. (Reg. par. d'Annecy.)
87/342

9.8 Page 88

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playse d'estre propice a son impuissance et le delivrer de cette recherche. Et par ce qu'il est
grandement chargé d'enfans et d'aillieurs homme d'honneur, je l'accompaigne de ma tres humble
supplication et recommandation aupres de Vostre Altesse Serenissime, delaquelle je suis,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant orateur
et tres fidele serviteur,
FRANÇS E. de Geneve.
A Thonon, le 1 juin 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [95]
_____
MDCCCI. A M. Barthélemy Flocard. Injustes soupçons sur de
fidèles serviteurs de Henri de Nemours, dissipés. En qui nous
devons placer toute notre confiance.
Annecy, 7 juin 1621.
Monsieur,
Mille actions de graces de vos deux lettres, receues a Tonon, ou j'estois allé selon le
commandement de Son Altesse et de Monseigneur le Serenissime Prince. Monsieur Le Poivre305
vous dira toutes nouvelles de Paris et de cette ville, et peut estre encor comme monsieur le
procureur fiscal est tout a fait a luy, et grandement estimé pour le fidele service quil a rendu et
rend tous les jours a Sa Grandeur306.
En somme, tout se raccommode avec le tems et l'entremise des amis aupres de ce grand
Prince, et je ne doute point qu'ainsy encor se remettront les affaires de tous les autres que Sa
Grandeur avoit soubçonnés de ne luy estre pas si utiles serviteurs307. Quelle esperance donq pour
nous autres qui n'avons jamais donné le moindre sujet de soupçon, mays sur tout pour vous qui,
avec tant de veritable fidelité et utilité, travailles pour son service ! Je veux esperer que vous en
seres tres bien contenté et recompensé.
Cependant, si mes souhaitz sont exaucés, vous vivrés tout en Dieu, auquel seul il faut
colloquer toute nostre [96] confiance, et me tiendres tous-jours de plus en plus, comme je le suis
tres constamment et de tout mon cœur,
Monsieur,
Vostre tres humble compere et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
7 juin 1621, Annessi.
Mille remercimens du bon office fait vers M. de Saint Riran308 ; j'attendray ce que M. le
305 Simon Le Poivre, secrétaire du duc de Nemours, né à Dormans en 1574, était domicilié à Grenoble, d'où il faisait
assez fréquemment des voyages, soit à Paris, soit à Annecy, pour le service de son prince. (Archives de la Visitation
d'Annecy, Mss. Lagrange.) On le trouve en 1630 contrôleur général des Finances de Savoie. La déposition de son
gendre, le P. Louis Armand, S. J. (Process. remiss. Parisiensis), nous donne le nom de sa femme, Isabelle Collavon.
306 Maurice Barfelly, procureur fiscal du duc de Nemours. (Voir tome XVI, note (826), p. 257.)
307 Allusion discrète à la disgrâce de M. de la Pesse. (Voir ci-après, note (348), p. 111.)
308 Migne, par une erreur singulière, a imprimé Saint-Cyran ; l'Autographe porte clairement Saint Riran. Il s'agit en
effet de François Damas, baron de Saint-Reran ou Riran, marquis de Celeran, seigneur de Ligneville, etc., colonel de
cinq cents chevaux et de quatre mille hommes de pied, créé chevalier de l'Annonciade en 1618, qui se distingua au
service du duc de Savoie, principalement au combat d'Asti en 1615 et à la défense de Verrue en 1625. Il était fils de
Jean Damas, seigneur de Saint-Reran, gouverneur de Beaune, et de sa seconde femme, Claudine d'Anglure ; le 18 août
88/342

9.9 Page 89

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President de Monthou m'en dira309.
A Monsieur
Monsieur Flocard,
Conseiller et Collateral au Conseil de Genevois.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Hélène de Thiollaz,
au château de Monpont (Alby). [97]
_____
MDCCCII. A Madame Rivolat310. Condoléances et consolations
à une veuve affligée et souffrante.
11 juin [1615-1621 311.]
Vous sachant vefve, ma chere Fille, je compatis a la douleur que vous aurés sentie en la
separation que vous aves souffert, et vous exhorte neanmoins de ne point vous laisser emporter a
la tristesse ; car la grace que Dieu vous a faite de le vouloir servir, vous oblige a vous consoler en
luy ; et les filles de l'amour de Dieu ont tant de confiance en sa Bonté, que jamais elles ne se
desolent, ayant un refuge auquel elles treuvent tout contentement. Qui a rencontré cette source
d'eau vive ne peut longuement demeurer alteré des passions de cette vie miserable312.
Je sçai que vous estes malade ; mais, ma chere Fille, a mesure que vostre maladie redouble,
vous deves redoubler vostre courage, en esperance que Celuy qui, pour monstrer son amour envers
nous, a choysi la mort de la croix313, vous tirera de plus en plus a son amour et a sa gloire par la
croix et tribulation quil vous envoye. Ce pendant, je prieray Nostre Seigneur pour vous et vostre
trespassé, et desire que vous me recommandies aussi souvent a la divine misericorde.
Je suis en luy
Vostre humble, affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XI juin.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Gaudin, à Pernes (Vaucluse). [98]
_____
1612, il épousa Jeanne de Grandmont, qui fut première dame d'honneur de Christine de France et intendante de sa
Maison. (P. Anselme, Histoire généalogique, tome VIII, p. 340.)
309 Claude-Louis Guillet de Monthoux (voir tome XV, note (177), p. 55).
310 Le nom de la destinataire seul reste connu. Des prêtres, des syndics, des notaires, etc., portaient ce même nom en
Savoie au XVIIe siècle. S'il faut en croire les indications obligeantes du possesseur actuel de la présente lettre, celle-
ci s'adresserait à la mère de Simon Rivolat, consul à Avignon en 1681. D'ailleurs, le Collège de Savoie à Avignon
facilitait beaucoup, comme on sait, les relations entre les deux pays.
311 D'après l'écriture, ces lignes ne seraient pas antérieures à 1615 ; d'autre part, le 11 juin 1622, saint François de Sales
était sur son départ de Pignerol : voilà pourquoi nous proposons la date oscillante de 1615-1621.
312 Cf. Joan., IV, 10, 13.
313 Philip., II, 8.
89/342

9.10 Page 90

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MDCCCIII. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Comment faire fleurir la Sainte-Maison de Thonon. Envoi
d'un Mémoire.
Annecy, 12 juin 1621.
Monseigneur,
Ayant visité la Sainte Mayson de Nostre Dame de Compassion, Ell' en recevra la relation,
qui est toute la mesme que celle de messieurs de la Chambre des Comptes314, et verra, s'il luy plait,
les necessités qu'il y a d'y faire des establissemens permanens pour la faire fleurir selon la tres
pieuse intention de Vostre Altesse qui l'a fondee315. Dequoy escrivant un Memoire a part316, dans
le paquet que j'addresse a Monseigneur le Serenissime Prince pour moins importuner Vostre
Altesse, il ne me reste que de continuer mes supplications a Dieu, qu'il face de plus en plus abonder
Vostre Altesse en ses saintes benedictions ; qui suis a jamais et invariablement,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres-obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XII juin 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [99]
_____
314 Le président de Lescheraine et le maître auditeur Bertier qui avaient accompagné le saint Evêque à Thonon. (Voir
la lettre suivante.)
315 Dès l'automne de 1598, le duc de Savoie avait doté Thonon d'un « mont de pieté » et d'une « Auberge de vertu ; »
l'année suivante, non seulement il encourageait le projet d'établissement de la Sainte-Maison, mais il donnait douze
mille écus pour les constructions à faire ; enfin, par ses patentes du 31 juillet 1601 et du 5 janvier 1602, il accordait à
la nouvelle institution de nombreux privilèges.
316 Voir ci-après, p. 101.
90/342

10 Pages 91-100

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10.1 Page 91

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MDCCCIV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. L'Evêque
de Genève adresse au prince le compte-rendu de sa visite à la
Sainte-Maison et quelques avis pour « remedier aux
manquemens » qu'il y a trouvés. Prière de poursuivre la
réforme du clergé régulier et séculier.
317 Monseigneur,
Annecy, 12 juin 1621.
Vostre Altesse verra par le resultat ci joint ce qui a esté treuvé bon par les sieurs de
Lescheraine318 et Bertier319 et moy touchant l'estat present de la Sainte Mayson de Thonon, en la
visite que, par le commandement de Son Altesse et de la Vostre, Monseigneur, j'y ay faite ces jours
passés. Mays les moyens de remedier aux manquemens qui y sont, je les ay mis a part en un [100]
feüillet que je joins a cette lettre, laquelle je finis suppliant tres humblement Vostre Altesse de ne
se point lasser en la poursuite et resolution que Dieu luy a inspiree de faire au plustost reformer
l'estat ecclesiastique, tant regulier que seculier, de la province de deça, estant chose tres asseuree
que Dieu contreschangera ce soin de Vostre Altesse de mille et mille benedictions que luy souhaitte
incessamment,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, 12 juin 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
317 [Une minute inédite de cette lettre appartient à M. Pearson (Londres) ; nous la reproduisons ici en son entier.]
Monseigneur,
Ayant obei a V. A. et fait le voyage de Chablaix pour visiter la Ste Mayson de N. D. de Compassion, j'envoye
ma relation avec celle des deux deputés de la Chambre des Comptes, puisque unanimement avec eux nous avons pris
les advis convenables, ainsy qu'elle verra, s'il luy plait ; ne me restant que de continuer mes tres humbles supplications
a Dieu, affin qu'il luy playse d'animer tous-jours de plus en plus V. A. de son saint esprit de pieté, et de la combler de
toute sainte prosperité : qui sont les souhaitz ordinaires que fait pour V. A.,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
318 Georges de Lescheraine, président de la Chambre des Comptes de Savoie. (Voir tome XV, note (249), p. 81.)
319 Fils d'André Bertier ou Berthier, procureur patrimonial à la Chambre des Comptes, François fut conseiller de Son
Altesse et maître auditeur à la même Chambre. En récompense de ses services et de ceux de son père, sa maison de
Saint-Vincent fut érigée en maison-forte le 20 septembre 1613. Il épousa Françoise-Aimée d'Arestel, et mourut avant
le 11 mars 1630.
91/342

10.2 Page 92

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Advis particulier pour les necessités presentes de la Sainte
Mayson de Nostre Dame de Compassion, fondee par Son
Altesse a Thonon
Les huit prestres de la Congregation qui font le service en l'eglise de Nostre Dame et portent
la charge des ames vivent veritablement en bons ecclesiastiques seculiers, sans scandale, et
celebrent les saintes Messes journalieres qui ont esté establies. Mays premierement : l'eglise n'est
pas entretenüe proprement, ni assortie des meubles convenables, par ce que lesditz prestres tirans
un chacun son gage a part, il ny a pas dequoy fournir aux necessités communes, lesquelles ensuite
sont negligees. Secondement, l'Office des Heures canoniales n'y est pas fait avec la bienseance et
devotion exterieure qu'il seroit requis, lesditz ecclesiastiques n'estans pas duitz et nourris a cela,
ains seulement assemblés sous la condition des gages. Tiercement, les maysons sont en mauvais
estat, par ce que ladite Congregation n'en a point de soin, et ce, dautant [101] que tout le revenu
d'icelle s'employe a l'entretenement des personnes et payement des gages ; de sorte que l'argent de
Son Altesse manquant, il ny a pas ou prendre les commodités requises aux reparations.
Quartement, le revenu de laditte Congregation n'est pas bien ramassé, parce que chascun y estant
a gage particulier, nul ne fait le mesnage commun, ains donnent tout le bien a cense, et
l'admodiateur gaigne une grande partie, de laquelle, par consequent, la Congregation est privee.
L'unique remede a ces inconveniens seroit de composer cette Congregation, non de prestres
a gages, mais de vrays prestres de l'Oratoire, ainsy que la Bulle fondamentale de la Sainte Mayson
porte320 ; puisque mesmement il y en a en France qui, pour la communion du langage, pourront
faire convenablement la charge des ames, et qu'il y en a qui sont sujetz de Son Altesse, et que tous
demeurent entierement sous-mis a la jurisdiction des Evesques, en sorte que l'Evesque de Geneve,
qui sera tous-jours dependant de Son Altesse, aura l'authorité de les contenir, sans qu'il soit
necessaire de recourir hors de l'Estat. Et ainsy, le revenu que possedent a present les ecclesiastiques
seculiers de Nostre Dame n'estant point employé en gages particuliers, ains estant mis tout en
commun, il y aura dequoy faire une Congregation de beaucoup davantage de Peres, qui,
mesnageant par leurs freres les biens, auront dequoy entretenir les meubles de l'eglise, les Offices
et ce qui dependra d'eux, en une grande reverence et politesse : et cette partie de la Sainte Mayson,
qui est la fondamentale, et laquelle paroist le moins, paroistra indubitablement le plus et edifiera
infiniment. Et dautant que les prestres qui y sont maintenant sont gens de bien, on pourra leur
prouvoir d'entretenement convenable leur vie durant, estans presque tous vieux, cependant que l'on
introduira les Peres de l'Oratoire petit a petit, par les moyens qui seront advisés.
Il y a encor un defaut notable en la Sainte Mayson, car il ny a point de refuge pour les
convertis, qui [102] neanmoins y doit estre selon la premiere intention pour laquelle fut erigee
cett'œuvre ; de sorte que mesme le sieur de Corsier321, converti auquel on avoit assigné entretien,
n'en a nulle sorte de commodité, et mourroit de faim si d'autres gens que ceux de la Sainte Mayson
ne s'incommodoyent pour luy. Et neanmoins, il est gentilhomme de bon lieu et duquel la parentee
a beaucoup souffert pour le service de Son Altesse322 ; il est tres homme de bien et bon
ecclesiastique, mais non pas propre pour la charge des ames. Et de plus, il se convertit de tems en
tems des honnestes hommes, comme de nouveau le sieur de Prez, sujet de Son Altesse et homme
de grande capacité, qui demeure tout a fait sans secours de ce costé la323.
Or, a cela il ny a point de remede, sinon en faysant bien revenir les deniers de la fondation
de Son Altesse, et ordonner que l'on face un establissement particulier pour ce membre de la Sainte
Mayson.
320 La Bulle du 13 septembre 1599 (voir le tome précèdent, note (737), p. 226).
321 Jean-Gaspard de Prez (voir tome XVII, note (258), p. 63).
322 Cette famille était alliée au baron d'Hermance, au seigneur d'Avully, etc.
323 Peut-être Jean le jeune, l'un des frères de Claude (voir tome XI, note (381), p. 162), ou mieux encore Charles, que
l'on croit être leur neveu et fils de Pierre ; c'était en effet un « homme de grande capacité. » Mais comme nous ne
savons rien de la date de leur abjuration, il est impossible de proposer un nom avec certitude.
92/342

10.3 Page 93

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Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCCV. Au même324. Cisterciennes et Clarisses qui désirent
une réforme. Mesure à prendre pour l'établissement des
Chartreux à Ripaille. Les scandales de l'abbaye d'Aulps.
Annecy, 12 juin 1621.
Monseigneur,
Puysque j'ay occasion d'escrire a Vostre Altesse Serenissime, je la supplie tres humblement
d'avoir aggreable [103] que je luy represente l'extreme besoin qu'ont les Religieuses de Cisteaux
de deça les mons, et celles de Sainte Claire hors la ville de Chamberi325 (sujettes au General des
Conventuelz surnommés, de deça, de la Grand'manche326), d'estre ou reformees ou changees selon
le projet ci devant envoyé a Vostre Altesse ; et cela est dautant plus desirable que la plus part des
Religieuses mesme le desirent et souspirent apres ce bien.
J'adjousteray de plus, Monseigneur, qu'il seroit requis, pour l'establissement des PP.
Chartreux a Ripaille327 et en l'abbaye d'Aux328, que Vostre Altesse commandast et fit commander
par leur General329 au P. D. Laurens de Saint Sixt, leur Procureur en Savoye330, de se rendre aupres
d'elle pour terminer ce projet ainsy qu'il est requis ; car, Monseigneur, de reformer ces Religieux
d'Aux qui y sont maintenant, il est impossible. Monsieur l'Abbé de Tamié331 a fait ce qu'il a peu
pour cela, et monsieur le President de Lescheraine ayant esté-la cette semaine, au retour de Tonon,
y a treuvé un si extreme scandale qu'il ne sçait plus qu'en dire. Et par aventure, Monseigneur, qu'il
seroit a propos que Vostre Altesse ou Monseigneur le Prince Cardinal appellast ledit sieur
President [104] pour ouïr plus de particularités sur ce sujet et sur celuy de la Sainte Mayson que
les escritz n'en peuvent declarer ; ce que je dis dautant plus volontier, que j'ay reconneu audit sieur
de Lescheraine une grande suffisance d'esprit et beaucoup de bon zele332.
Dieu, par sa bonté, face de plus en plus prosperer Vostre Altesse, delaquelle je suis tout a
fait,
Monseigneur,
324 C'est le prince de Piémont qui s'occupait de la réforme des Monastères de Savoie ; il est donc, à n'en pas douter, le
destinataire de cette lettre.
325 Voir ci-dessus, note (283), p. 85.
326 Le Général d'alors, homme remarquable par son zèle, sa doctrine et sa sainteté, s'appelait Jacques Montanari et
était originaire de Bagnacavallo en Romagne. Il fut Ministre provincial des Mineurs Conventuels à Constantinople et
en Hongrie, devint Procureur général en août 1611, et l'année suivante (15 décembre) Paul V le nomma Vicaire
apostolique de l'Ordre. Au Chapitre de 1617, on l'élut Ministre général ; il garda cette charge jusqu'au mois de juin
1623, et la remplit de telle sorte qu'il mérite d'être appelé le restaurateur de la discipline régulière. Le P. Montanari
écrivit divers ouvrages et mourut à Venise en 1631. (D'après des Notes du R. P. Jérôme-Marie Mileta, Assistant
général des FF. Min. Conventuels.)
327 Voir tome XVI, note (580), p. 183.
328 Les Chartreux ne s'établirent jamais à Aulps (voir tome XI, note (594), p. 266), et ce fut seulement en 1717 que les
Religieux de l'abbaye acceptèrent la Constitution d'Alexandre VII (26 avril 1666), qui, tout en atténuant les rigueurs
de la Règle de Saint-Benoît, maintenait les moines dans la régularité et la vie intérieure. (Cf. Mém. de l'Acad. Salés.,
tome XXVIII, 1905, pp. 24 seq.)
329 D. Bruno d'Affringues (voir tome XVI, note (640), p. 200).
330 Voir tome XVIII, note (578), p. 169.
331 François-Nicolas de Riddes (voir ci-dessus, p. 83, note).
332 Le président Georges de Lescheraine se rendit en effet à Turin au commencement de septembre. (Voir la lettre
précédente et, ci-après, celles du 31 août, pp. 139, 140.)
93/342

10.4 Page 94

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XII juin 1621, Annessi.
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCCVI. A un cardinal333. (Inédite). Demande d'une dispense
pour un jeune clerc nommé à un bénéfice.
Annecy, 22 juin 1621.
Illustrissimo et Reverendissimo Signor
Illustrissime, Révérendissime et très
mio colendissimo,
vénéré Seigneur,
Vacando la capellania di Nostra
Signora della Consolatione [105] eretta nella
parochia di Mentone334, si è provisto di quella
la persona di Bartolomeo Flocardo, ad instanza
della famiglia de fondatori della quale egli è, et
massime anco perchè è povero et non ha
peraltro modo de vivere. Ma perchè egli non è
di aetà per esser sacerdote infra annum, ha
bisogno della dispensatione Apostolica,
laquale si spera in favore de' prædecessori
fondatori, delli quali questo Bartolomeo è nato.
Et vengho a supplicar humilmente V. S. Illma
et Rma che si degni favorirlo et far questa carità,
essendo per altro detto Flocardo de boni
costumi et di buon spirito335. [106]
Et così, basciando humilissimamente le
mani de V. S. Illma, glie pregho dal Signore
ogni vera felicità.
Di V. S. Illma et Rma,
Humilissimo et divotissimo servitore,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
In Annessi, alli XXII di Giugnio 1621.
La chapellenie de Notre-Dame de
Consolation érigée dans la [105] paroisse de
Menthon étant vacante, Barthélemy Flocard en
a été pourvu sur les instances de la famille des
fondateurs à laquelle il appartient, et surtout
parce qu'il est pauvre et manque d'autres
moyens de subsistance. Mais comme il n'a pas
l'âge pour être prêtre dans le courant de l'année,
la dispense Apostolique lui est nécessaire ; on
l'espère en faveur des fondateurs ses
prédécesseurs dont ce Barthélemy est issu. Je
viens donc supplier humblement Votre
Seigneurie Illustrissime et Révérendissime de
daigner le favoriser et faire cette charité,
d'autant plus qu'il est de bonnes mœurs et de
bon esprit. [106]
Vous baisant très humblement les
mains, je souhaite que Notre-Seigneur vous
donne tout vrai bonheur, et suis,
De Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime,
Le très humble et très dévoué serviteur,
333 L'Autographe ne porte point d'adresse, et il est très difficile de suppléer à cette lacune. Tout au plus peut-on
remarquer que c'est ordinairement les cardinaux que François de Sales traite de colendissimo, et que le cardinal
Ludovisi avait succédé à Pierre Aldobrandini comme protecteur de Savoie : serait-il le destinataire ?
334 Cette chapelle, appelée tantôt de Notre-Dame, ou de Notre-Dame de Consolation, tantôt de Notre-Dame de
Consolation et de Saint-Bernard, était située dans le cimetière de la paroisse de Menthon. On la trouve mentionnée au
procès-verbal de la visite de 1470. Son patronage appartenait à la fois au curé de Menthon et à la famille Flocard, ce
qui suscitait bien des conflits lors d'une succession. Le service religieux consistait en deux Messes hebdomadaires.
335 Barthélemy Flocard, chanoine de Notre-Dame de Liesse et recteur de la chapelle dont il s'agit, la résigna le 19 juin
1621 en faveur d'un de ses parents, de même nom que lui, fils de Jean Flocard, et qui avait été tonsuré le 19 décembre
1615. Le second patron, curé de Menthon, mécontent de ce choix, réclama le bénéfice pour Jean Sonnerat, son vicaire
et son parent ; aussi, le 22 juin, nouvelle résignation du vieux recteur. Un procès entre les deux compétiteurs s'ensuivit
; l'Officialité diocésaine rendit une sentence contre le jeune Flocard, le 5 février 1622, et le 5 mars suivant, les parties
renonçant à l'appel, signent un accord. (R. E.) Quant à Barthélemy, aurait-il abandonné la carrière ecclésiastique ? Son
nom disparaît complètement de l'histoire du clergé de Savoie.
94/342

10.5 Page 95

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Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle
Hélène de Thiollaz, au château de Monpont
(Alby).
_____
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy, le 22 juin 1621.
MDCCCVII. A Madame de Chamousset336. Commune affliction
en la perte du baron de Villette. A Dieu de guérir les coeurs.
Pourquoi nous est donnée la vie en ce monde.
Annecy, 24 juillet 1621.
Mon cœur ayme trop le vostre, Madame ma tres chere Cousine, ma Fille, pour ne voir pas
et ne sentir pas sa douleur en cette si recente et veritablement grande perte que nous venons tous
de faire337. Mais, ma tres chere [107] Fille, de mettre la main a vostre cœur et d'entreprendre de le
guerir, il ne m'appartient pas, et sur tout le mien estant certes des plus affligés de toute nostre
parentee, comme celuy qui cherissoit passionnement ce cher oncle, qui m'honnoroit
reciproquement, avec beaucoup d'affection, de sa digne et aymable bienveuillance.
Je prie donq Dieu, ma chere Cousine, qu'il vous soulage luy mesme de sa sainte
consolation, et qu'il vous face ramentevoir, en cette occasion, de toutes les resolutions qu'il vous a
jamais donnees d'acquiescer en toutes occurrences a sa tressainte volonté, et de l'estime que sa
divine Majesté vous a donnee de la tressainte eternité a laquelle nous devons esperer que la chere
ame de celuy de qui nous ressentons la separation est arrivee ; car, helas ! ma chere Cousine, nous
n'avons de vie en ce monde que pour aller a celle de Paradis, a laquelle nous nous avançons de
jour en jour, et ne sçavons pas quand ce sera le jour de nostre arrivee. Or sus, vostre pere est hors
du pelerinage plein de tant de travaux ; il est arrivé au lieu de son asseurance, et s'il ne possede pas
encor la vie eternelle, il en possede la certitude, et nous contribuerons nos prieres a l'acceptation
de son bonheur perdurable.
Ma chere Cousine, je vous escris ainsy sans art, plein de desir que vous m'aymies tous-
jours, et que vous croyies que je seray toute ma vie,
Vostre tres humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 24 julliet 1621. [108]
_____
336 Dans le testament d'Amédée de Chevron-Villette, en date du 15 juillet 1621, de ses trois filles nommées, Charlotte
est la seule mariée ; c'est donc elle que le Saint appelle : « Madame ma tres chere Cousine. » Elle avait épousé avant
1608 Amédée de Bertrand, seigneur de Chamousset, dont elle était veuve le 6 avril 1635. L'Année Sainte de la
Visitation rapporte (tome III, p. 359) qu'avant la naissance de sa ]fille, plus tard Sœur Jeanne-Séraphine, l'Evêque de
Genève écrivit à Mme de Chamousset pour lui annoncer que son enfant serait un jour Religieuse. Cette lettre, comme
tant d'autres, est aujourd'hui perdue.
337 Celle d'Amédée de Chevron-Villette (voir tome XI, note (761), p. 341).
95/342

10.6 Page 96

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MDCCCVIII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers338. La prudence humaine bien éloignée de la
pure charité. Ce qu'il y a de naturel dans l'érection des
Maisons religieuses ; ce qui doit être surnaturel. Quel esprit
le Fondateur veut voir régner dans sa Congrégation. Le
Maître et la Dame des Monastères de la Visitation.
Annecy, 24 juillet 1621.
O ma tres chere Fille, quelle pitié de considerer les effectz de la prudence humaine en ces
ames dont vous m'escrives339 ! Le mien et tien regnent d'autant plus puissamment es choses
spirituelles, qu'il semble estre un mien et tien spirituel ; et cependant il est tout a fait non seulement
naturel, mais charnel. O combien tout cela est esloigné de cette pure charité, qui n'a point de
jalousie ni d'emulation, et qui ne cherche point ce qui luy appartient340 ! Ma Fille, cette prudence
est opposee a ce doux repos que les enfans de Dieu doivent avoir en la Providence celeste. [109]
On diroit que l'erection des Maysons religieuses et la vocation des ames se fait par les
artifices de la sagesse naturelle ; et je croy, certes, que, quant aux murailles et a la charpenterie,
l'artifice en peut estre naturel ; mais la vocation, l'union des ames appellees, la multiplication
d'icelles, ou elle est surnaturelle, ou elle ne vaut rien tout a fait. Nous avons trop de considerations
d'estat et trop de finesse mondaine en ces choses que Dieu fait par une speciale grace. Tous-jours
les pauvres rejettees ont eu la benediction et la multiplication, comme Lia, Anne et les autres.
Mays, ma tres chere Fille, il faut demeurer en paix, en douceur, en humilité, en dilection
non feinte341, sans se plaindre, sans remuer les levres342. O si nous pouvons avoir un esprit d'une
entiere dependance du soin paternel de nostre Dieu en nostre Congregation, nous verrons
multiplier avec suavité les fleurs des autres jardins, et en benirons Dieu comme si c'estoit es
nostres.343 Qu'importe il a une ame veritablement amante que le celeste Espoux soit servi par ce
moyen ou par un autre ? Qui ne cherche que le contentement du Bienaymé, il est content de tout
ce qui le contente. Croyes moy, le bien qui est vray bien ne craint point d'estre diminué par le
surcroist d'un autre vray bien.
Servons bien Dieu, et ne disons point : Que mangerons nous ? que boirons nous344 ? d'ou
nous viendront des Seurs ? C'est au Maistre de la mayson d'avoir cette sollicitude, et a la Dame de
338 Il ne peut y avoir le moindre doute pour la destinataire, cette lettre étant insérée dans la Vie de la Mère de Monthoux
(Les Vies de plusieurs Supérieures, etc., 1693, p. 56). La Mère de Chaugy y ajoute, avant la phrase finale, un alinéa,
variante de celui que les éditeurs de 1626 ont donné dans un texte différent. On trouvera l'un et l'autre ci-après, sous
la date approximative de fin 1621 ou commencement de 1622.
339 D'après l'Histoire de la Fondation de Nevers, les présentes lignes auraient été écrites au sujet de difficultés
nouvelles suscitées en 1621 par Mme du Tertre pour l'affaire des dix mille francs (voir le tome précédent, Appendice
III, pp. 433 seq.) ; mais on y voit plutôt une allusion aux persécutions dont le saint Evêque consolait déjà la Mère
Paule-Jéronyme quelques mois auparavant (voir ci-dessus, Lettre MDCCLXXXIV, p. 65). Les adversaires de la
Visitation ne s'étaient pas contentés, en effet, de semer des calomnies contre les Sœurs ; ils poussaient l'animosité
jusqu'à persuader aux Religieux de se servir de leur influence pour détourner les jeunes filles d'entrer au nouveau
monastère ; les amis du Carmel surtout se montraient ardents à cette poursuite, on le verra plus tard, et le noviciat de
Sainte-Marie demeurait presque désert. Le Fondateur ne veut pas que ses Filles s'en inquiètent, et, presque sévèrement,
il les blâme des petites tristesses et des soucis nés de ces événements.
340 I Cor., XIII, 4, 5.
341 II Cor., VI, 6.
342 Les variantes qui suivent sont tirées du texte donné dans la Vie de la Mère de Monthoux (voir note (338) de la page
précédente) :
les levres sans murmurer, dans cette nouvelle contradiction.
343 es nostres car, ma Fille,
344 Matt., VI, 31.
96/342

10.7 Page 97

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nos logis de les meubler ; et nos Maysons sont a Dieu et a sa sainte Mere. Dissimules avec345
amour toutes ces petites tricheries humaines, ma tres chere Fille ; donnes, tant que vous pourres,
l'esprit d'une veritable et tres humble generosité a nos cheres Seurs, que je salue de toute mon ame.
[110]
Vous estes tous-jours plus ma tres chere fille et tout a fait bienaymee, et je suis
Vostre tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 24 julliet 1621.
_____
MDCCCIX. Au Duc de Nemours, Henri de Savoie. Témoignage
rendu au zèle et au talent de M. de la Pesse. Un moyen, pour
le prince, de montrer son contentement à ses serviteurs et de
tenir en ordre ses affaires.
Annecy, 25 juillet 1621.
Monseigneur,
J'attens de jour a autre le despart de monsieur de Varenne346 pour vous envoyer le certificat
de l'execution fidele du vœu que Vostre Grandeur m'avoit confié pour Nostre Dame de Laurette347.
Mays ce pendant, monsieur de la Pesse m'ayant communiqué la prætention qu'il a de perseverer
au service qu'il a exercé ci devant en vostre Conseil de ce pays, je me sens obligé de recommander
a Vostre Grandeur sa tres humble supplication, non seulement par ce qu'il est fort homme de bien,
mais par ce qu'il s'est tres affectionnement employé en sa charge en un tems difficile et pour des
occasions esquelles on ne pouvoit pas nier qu'il ne fallut qu'il eüt du zele et du courage348 ; et peut
on dire que sans la fermeté et la diligence [111] de monsieur le collateral Floccard son beaufrere349,
et la sienne, le sieur Bonfilz, qui avoit une grande industrie et un grand support, ne fut jamais venu
345 Dissimules pour leur
346 François de Varenne, fils de Barthélemy de Varenne, premier valet de chambre du duc de Genevois et de Nemours,
et bourgeois de Casal, reçut le 23 juin 1621 des lettres de bourgeoisie des syndics d'Annecy. Sa femme s'appelait Anne
de Bellandot ; tous deux vivaient encore le 2 juillet 1628, date de la vêture, à la Visitation, de leur fille Marie. (Archiv.
dép. de la Hte-Savoie, E. 159, et Livre du Noviciat du 1er Monastère d'Annecy.)
347 Ce vœu avait été acquitté par Michel Favre. (Voir ci-dessus, Lettre MDCCLXXII, p. 39.)
348 François Viallon de la Pesse, fils de Guigues ou Hugues Viallon et de Françoise Crassus, seigneur des Ferrières et
de Saint-Marcel, fut conseiller de Son Altesse Royale et maître auditeur de la Chambre des Comptes de Savoie.
En 1621, le 3 juillet, Simon Le Poivre (voir ci-dessus, note (305), p. 96), réunissait à Annecy les officiers du
duc de Nemours, son maître, et leur représentait « comme cy devant il auroit pleut a Sa Grandeur d'octroyer
commission au sieur de la Pesse pour l'exercice de la charge et office de l'advocat fiscal jusques et en attendant
qu'aultrement fust prouveu ; que, du despuis, desirant de remettre ledict office en son premier estat, et pour faire
davantage paroistre le lustre de la justice, l'intention de sadicte Grandeur estoit de faire exercer ladicte charge... comme
avoit esté faict et praticqué cy devant. » A cet effet, le secrétaire de Henri de Savoie exhibait les lettres patentes du
prince portant révocation de la commission octroyée à M. de la Pesse. M. de Conflans, second mari de Françoise
Crassus, prit fait et cause pour son beau-fils ; il accusa Simon Le Poivre d'être l'auteur de cette disgrâce et d'y avoir
cherché un gain honteux. Aux reproches succédèrent les injures mutuelles, puis les voies de fait, et la chose fut portée
devant le Conseil de Genevois. C'est trois semaines après ces événements que l'Evêque écrit au duc de Nemours ces
lignes à la fois si prudentes et si courageuses, inspirées par la justice et la charité. Le prince obtempéra à sa requête,
puisque le 6 novembre 1622, François de la Pesse, signant comme témoin le testament du Saint, ajoute à son nom le
titre d' « advocat fiscal. » (Archives de la Visitation d'Annecy, Mss. Lagrange.)
349 Le collatéral Flocard était beau-frère de M. de la Pesse par sa femme Claudine de la Pesse. Un autre lien de parenté
les unissait encore, car François de la Pesse avait épousé Henriette Flocard, cousine-germaine de Barthélemy.
97/342

10.8 Page 98

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au compte auquel l'authorité de Son Altesse l'a reduit350. Et par ce, Monseigneur, que je suys
tesmoin d'une partie du soin que ledit sieur Floccard et le sieur de la Pesse ont eü pour cela, je ne
fay nulle difficulté d'interceder maintenant en ce sujet, auquel il me semble que Vostre Grandeur
doit tesmoigner le gré qu'elle sçait a ses serviteurs quand ilz luy ont rendu des bons services ;
laissant a part que la tranquillité et l'asseurance des serviteurs anime et tient en ordre les affaires,
comme les mouvemens ont accoustumé de les embarasser.
Et je supplie tres humblement Vostre Grandeur de croire que je luy propose mes sentimens
avec fidelité et sincerité, n'ayant aucun interest en toute cett' affaire que celuy de son service et du
repos de ceux qui y sont et s'y [112] employe (sic) utilement. Je me promez de Vostre Grandeur
cette creance, selon vostre bonté,
Monseigneur, qui suys invariablement
Vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXV julliet 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Brioude.
_____
MDCCCX. Au Baron Gaspard de Chevron-Villette351.
Condoléances et consolations.
Annecy, 28 juillet 1621.
Monsieur mon Cousin,
Ce porteur va de la part de M. de Chalcedoine et du Chevalier, mes freres352, comme aussi
de la mienne, pour vous offrir nostre service en cette occasion de la perte que vous aves faite,
laquelle, comme elle est extreme, aussi nous la ressentons vivement avec vous ; et ne laissons pas
pourtant de vous prier de soulager vostre cœur de tout vostre pouvoir, en consideration de la grace
que Dieu vous a faite, et a tous ceux qui ont le bien de vous appartenir, vous ayant laissé la
jouissance de ce bon pere a longues annees, ne l'ayant retiré qu'a l'aage apres lequel cette vie ne
pouvoit plus guere durer sans beaucoup de peines et de travaux qui accompaignent ordinairement
la viellesse.
Mais vous deves encor plus vous consoler dequoy ce bon pere a vescu toutes ses annees
dedans l'honneur et [113] la vertu, en l'estime publique, en l'affection de sa parentee et de tous
ceux qui le connoissoyent, et en fin dequoy il est decedé dans le sein de l'Eglise et parmi les actions
de la pieté : de sorte que vous aves dequoy esperer qu'il vous assistera mesme en la vie des
Bienheureux.
Et tandis, je vous offre de rechef mon fidele service, et a madame la Baronne de [Villette]
ma cousine353, qui suis de tout mon cœur,
Monsieur mon Cousin,
Vostre tres affectionné cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 28 julliet 1621.
350 Voir le tome précédent, note (766), p. 234, et (1244), p. 394.
351 Ces condoléances s'adressent évidemment au fils d'Amédée de Chevron-Villette, Gaspard, seigneur de Giez. (Voir
tome XV, note (758), p. 264, et cf. ci-dessus, Lettre MDCCCVII, p. 107.)
352 Jean-François et Janus de Sales. (Voir tome XV, note (1024), p. 362.)
353 La femme du destinataire, Claire-Marguerite de Challant. (Voir tome XVI, note (83), p. 16.)
98/342

10.9 Page 99

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MDCCCXI. A la Mère de Chantal, a Paris. Salut et souhait au
cœur de la Mère de Chantal. — Condescendances paternelles.
Le prix de la paix. Pourquoi « il faut tenir bon dans
l'enclos » des Règles. — Edification donnée par les Sœurs
d'Annecy. Hommage d'honneur et de respect à l'Archevêque
de Bourges, persécuté.
Annecy, vers la fin de juillet 1621 354.
Ma tres cher e Mere,
Dieu qui a disposé de nos ames pour n'en faire qu'une en sa dilection, soit a jamais beni. Je
salue vostre cœur qui m'est plus pretieux que le mien propre. Hé ! que je desire que nostre vie ne
vive pas en nous, mais en la vie de Jesus Christ Nostre Seigneur355 ! Et que puis je desirer de mieux
pour nostre cœur ?
Pour la grande fille356, je luy escriray au premier jour357, [114] car je voy bien que nous
sommes en une sayson en laquelle il faut que les peres commencent a faire leur paix. Helas ! il est
pourtant vray que mon cœur n'a point de tort ; car j'escrivis innocemment et tout a fait sans fiel358,
quoy qu'avec un peu de liberté et contre le sentiment de cette fille. La haine irreconciliable que
j'ay aux proces, aux contentions et aux tracas, me fit escrire ainsy.
359 Puisque le Reverend Pere360 et vous treuves bon de donner la somme que vous me
marques, je l'appreuve grandement, puisque cela est plus conforme a la douceur que Nostre
Seigneur enseigne a ses enfans. Je voudrois pourtant bien que cette chere fille prattiquast de son
costé ce mesme enseignement, et j'espere qu'elle le fera un jour. O que la paix est une sainte
marchandise qui merite d'estre achetee cherement !
Ouy, je dis qu'il faut tenir bon dans l'enclos de nos Regles et de nostre Institut, car Dieu ne
l'a pas produit pour neant, ni ne l'a pas fait desirer en tant de lieux pour estre changé. L'edification
que les Maysons donnent tous les jours fait foy de l'intention du Saint Esprit ; car c'est merveille
combien la reputation de la vie devote s'aggrandit par la communication de nos Seurs, lesquelles
je voy aussi proffiter tous les jours et devenir plus affectionnees a la pureté et sainteté de vie. Je
fus une heure et demie au parloir : je vis troys de nos Seurs, et je fus fort consolé de voir comme
la vraye lumiere leur fait voir la verité des grandes et profondes maximes de la perfection, qui plus
qui moins, mais toutes, a mon advis, avancees ; [115] et plusieurs dames estrangeres qui les ont
veuës s'en sont allees les larmes aux yeux et avec des goustz extremes.
Ma tres chere Mere, je salue vostre cœur de tout le mien, qui est tres parfaitement et
irrevocablement vostre en Nostre Seigneur, nostre unique amour. Je salue toutes nos Seurs, et vous
354 Il est difficile de garantir l'intégrité du texte, et par suite d'indiquer une date précise. Deux passages sont
certainement de la fin de juillet 1621 : ceux qui regardent Mme des Gouffiers et l'Archevêque de Bourges.
355 Cf. Galat., II, 20.
356 Mme des Gouffiers causait beaucoup d'ennuis aux Fondateurs de la Visitation. Elle réclama, soit au Monastère de
Moulins, soit à celui de Paris, des sommes d'argent que la seule charité, et non la justice, put lui faire accorder. D'après
une lettre de la Mère de Chantal du 18 août 1621, le règlement de compte venait d'être fait avec l'ancienne Religieuse
du Paraclet ; ce qui confirme notre date, le message du Saint ayant dû arriver les premiers jours d'août.
357 Vide infra, Epist. MDCCCXIII.
358 Ep. MDCCLXXXVII.
359 L'édition de 1626 reproduit deux fois l'alinéa suivant. D'abord dans la présente lettre, mais ainsi modifié : «
J'appreuve grandement que vous luy donnies la somme qu'elle desire, puisque cela est plus conforme a la douceur que
Nostre Seigneur enseigne a ses enfans. En fin, la paix est une sainte marchandise qui merite d'estre achetee cherement.
» En second lieu, tel que nous le transposons ici, dans un texte composé de fragments divers qui ne portaient aucune
date (voir ci-après, Lettre MDCCCXXVI, p. 142).
360 Le P. Etienne Binet, Jésuite.
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10.10 Page 100

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supplie de saluer tres humblement Monseigneur nostre Archevesque, que je ne puis asses
dignement honnorer a mon gré despuis qu'il a esté persecuté a la façon des anciens Evesques de
l'Eglise361. Je voudrois bien luy pouvoir manifester le sentiment d'honneur et de respect que j'ay
pour luy.
Je suis de plus en plus, ma tres chere Mere, tout uniquement vostre en Nostre Seigneur.
Dieu soit beni.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MDCCCXII. A une personne inconnue (Fragment). Un portrait
peu ressemblant d'une grande servante de Dieu. La faute que
regrette François de Sales, et quelle en fut la cause.
Annecy, [juin-août] 1621 362.
……………………………………………………………………………………………………..
Vous desires de voir le portrait de la tres devote madamoyselle Acarie que m'a fait avoir sa
fille aisnee, Prieure [116] des Carmelines d'Orleans363. Il n'a pas tout a fait son air, mais seulement
un peu, et la forme de son visage : si vous en desires un, je vous le feray faire par nostre peintre364.
Ce fut une grande servante de Dieu, que j'ay confessee plusieurs fois et
presqu'ordinairement six mois durant, et notamment en ses maladies de ce tems la. O que je fis
une grande faute de ne pas faire mon profit de sa tres-sainte conversation ! car elle m'eust tres
volontier communiqué toute son ame ; mays l'infini respect que je luy portois me retenoit de
l'enquerir. On a imprimé sa Vie, que je receu seulement hier. Dieu veuille qu'elle soit autant
exactement escrite comme je sçai qu'elle le sera veritablement, l'autheur estant un grand serviteur
de Dieu365.
……………………………………………………………………………………………………..
_____
361 Mêlé indirectement aux événements qui firent incarcérer Henri II de Bourbon, prince de Condé, à Vincennes,
André Frémyot subit, après l'élargissement du prisonnier, le contre-coup de ses vieilles rancunes, et il dut céder son
archevêché au confesseur du prince, Roland Hébert. (Voir ci-après, note (395), p. 129.)
362 D. Jean de Saint-François, qui cite ce fragment dans La Vie du Bien-Heureus Mre François de Sales (1624), liv. II,
p. 165, dit que la lettre fut adressée « à une personne confidente » ; il n'est pas possible de la désigner.
Le 24 avril 1621, le Saint n'avait pas encore reçu la Vie dont il parle dans ces lignes (voir ci-dessus, Lettre
MDCCLXXVI, p. 47) ; elle dut lui arriver pourtant sans un trop long retard. De là, notre date flottante entre juin et
août.
363 La Mère Marie de Jésus (voir le tome précédent, note (131), p. 23) pria sans doute M. de Marillac d'envoyer à
l'Evêque de Genève le portrait de sa sainte mère qu'il lui avait demandé (ibid., Lettre MDCCV, p. 344), car c'est en
effet par le Garde des sceaux qu'il parvint à François de Sales (voir ci-dessus, Lettre MDCCLXXVI, p. 46).
364 Probablement le Frère Nicolas de la Marche, Capucin. (Voir le tome précédent, note (1101), p. 341.)
365 Voir ci-dessus, note (181), p. 47.
100/342

11 Pages 101-110

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11.1 Page 101

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MDCCCXIII. A Madame des Gouffiers366. Démarche paternelle
du Saint auprès d'une personne froissée des avis reçus.
Mélange d'humilité, d'affection et de fermeté. Mieux vaut
perdre une fille spirituelle que de manquer à la sincérité envers
les âmes.
Annecy, 2 août 1621.
Je crains en fin, si nous demeurons ainsy sans dire mot, ma tres chere Fille, que vostre cœur
n'apprenne petit a petit a me des-aymer, et certes je ne le voudrois pas, car il me semble que la
chere amitié que vous aves [117] euë pour moy n'ayant pris ni peu prendre source que de la volonté
de Dieu, il ne la faut pas laisser perir ; et quant a celle que Dieu m'a donnee pour vostre ame, je la
tiens tous-jours vive et imperissable en mon cœur.
Or sus, puisque la methode de ce tems porte que c'est au Pere de commencer et
recommencer l'entretien et le sacré commerce de l'affection, dites tout ce que vous voudres, ma
chere Fille, mais en effect vous aves tort. Ma lettre367 n'estoit certes point si amere qu'une douce
fille ne l'eust addoucie ; elle estoit toute pleyne d'une paternelle confiance. Et je veux bien qu'il y
eust de la rusticité : mais faut il se despiter pour cela ? Vous sçaves bien le païs ou vous m'aves
pris : deves vous attendre des fruitz delicatz d'un arbre des montaignes, et encor, d'un si pauvre
arbre comme moy ? Oh ! bien, ne me soyes plus que ce qu'il vous plaira ; moy, je seray tous-jours
vostre, mais je dis tout a fait, et, si je ne puis autre chose, je ne cesseray point de le tesmoigner
devant Dieu es saintz Sacrifices que j'offriray a sa Bonté.
O ma Fille, ma Fille, Dieu veuille faire regner l'esprit de Jesus Christ crucifié sur nostre
esprit, affin que nostre esprit vive selon cet esprit souverain qui m'a rendu et me conserve
eternellement vostre. Et croyes que mon cœur, placé au milieu des montaignes de neige et parmi
la glace de mes propres infirmités, n'a point eu de froideur pour le cœur de ma tres chere Fille, que
ce mien malheur me ravit, mays que j'ayme mieux perdre, pourveu que Dieu ne soit point
courroucé, que de manquer en la sainte sincerité que j'ay voüee au service de son ame que je ne
sçaurois flatter sans la trahir, ni trahir sans la perdre ; et cette perte-la seroit mon affliction, car
j'ayme cette fille, comme estant
Son tres humble Pere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 2 aoust 1621. [118]
_____
366 Cette lettre est sûrement celle que François de Sales se proposait d'écrire « au premier jour » à l'infatigable plaideuse
et irascible dame des Gouffiers. (Voir ci-dessus, p. 114.)
367 Ep. MDCCLXXXVII.
101/342

11.2 Page 102

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MDCCCXIV. A la Sœur le Jay, prétendante tourière de la
Visitation de Paris368. Une condition de « grand proffit » en la
Maison de Dieu. Heureux changement de maîtres. La
fonction des tourières : sa noblesse et son importance.
Annecy, 2 août 1621.
Ma tres chere Fille,
Je suis grandement consolé de sçavoir que vous estes arrestee plus particulierement au
service de Nostre Seigneur en la Mayson de sa tressainte Mere, en une condition que j'estime de
grand proffit : J'ay choisi d'estre abject, dit le Prophete369, en la mayson de mon Dieu, plus que
d'habiter les tabernacles des grans, qui souvent ne sont pas si pieux.
Vous aves esté heureuse d'avoir jusques a present servi Dieu en la personne d'une
maistresse de laquelle Dieu est le Maistre et avec laquelle vous cives eu toutes sortes de sujetz de
proffiter spirituellement ; mais vous estes encor plus heureuse d'aller servir ce mesme Seigneur en
la personne de celles qui, pour le mieux servir, ont quitté toutes choses. C'est un grand honneur,
ma chere Fille, [119] d'avoir en charge la conservation d'une mayson toute composee d'espouses
de Nostre Seigneur ; car, qui garde les portes, les tours et les parloirs des monasteres, il garde la
paix, la tranquillité et la devotion de la mayson, et de plus, peut grandement edifier ceux qui ont
besoin d'aborder le monastere. Il n'y a rien de petit au service de Dieu, mais il m'est advis que cette
charge du tour est de tres grande importance, et grandement utile a celles qui l'exercent avec
humilité et consideration.
Je vous remercie de la participation que vous m'aves donnee de vostre contentement, et
vous prie de saluer mesdames de Lamoignon370, et, quand vous la verres, madame de
Villeneuve371.
Vostre tres humble frere et serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 2 aoust 1621. [120]
_____
368 L'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Paris raconte qu'en l'année 1624, la Mère de Beaumont se rendant
à Annecy, fut accompagnée par « la bonne Sœur Marie-Catherine Le Jay, tourière donnée par le Bienheureux dès le
commencement de notre établissement. C'est cette bonne fille qui avoit été en service chez Mme la présidente Amelot,
et qui avoit une si grande vénération pour notre saint Fondateur, qu'entendant quelquefois les entretiens qu'il faisoit à
nos Sœurs, elle disoit : — Monseigneur de Genève est un saint ; je le verrai un jour canoniser. En effet, elle a eu la
consolation de voir la cérémonie de sa béatification. » Nul doute que la présente lettre, adressée dans les anciennes
éditions A une Touriere de la Visitation, n'ait pour destinataire l'humble Catherine, fille de Denis Le Jay ou Le Geay,
et de Marguerite Saget. Elle fit son oblation seulement le 22 mars 1624, et plus tard fut admise à recevoir le voile de
novice (11 juin 1634). Elle mourut le 29 décembre 1663, âgée d'environ soixante ans. Plus de trois ans après, son
corps fut trouvé sans corruption. (Archives du 1er Monastère de la Visitation de Paris.)
369 Ps. LXXXIII, 11.
370 Marie des Landes, dame de Lamoignon (voir le tome précédent, note (67), p. 1), et ses trois filles : Anne, née le 24
octobre 1604, et qui en 1624 épousa François-Théodore de Nesmond, plus tard président au Parlement de Paris ; elle
mourut en 1663. Elisabeth, née le 24 avril 1607, triomphant des attraits du monde et de la tendresse de son père,
entra le 6 octobre 1628 au second Monastère de la Visitation de Paris, y fit profession en 1630 et mourut le 12 août
1658. (Voir sa biographie dans l'Année Sainte de la Visitation, tome VIII, p. 276.) Enfin Madeleine, la plus célèbre
de toutes et dont il n'est pas nécessaire de faire l'histoire. Chacun sait quelle somme de bonnes œuvres emportait au
Ciel cette admirable auxiliaire de saint Vincent de Paul, lorsqu'elle mourut dans sa soixante-dix-neuvième année, le
14 avril 1687.
371 Le même jour, le Saint écrit à Mme de Villeneuve ; aurait-il voulu nommer ici Mme Amelot, ancienne maîtresse de
Catherine Le Jay ?
102/342

11.3 Page 103

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MDCCCXV. A Madame de Villeneuve372. Peine de la
destinataire sur le prochain départ de la Mère de Chantal.
Paris et les montagnes de Savoie. Regard vers l'éternité.
Un désir de la Sœur Hélène-Angélique Lhuillier et une promesse
du Fondateur. Le Saint-Esprit, lien des âmes.
Annecy, 2 août 1621.
Certes, vous estes grandement ma tres chere fille ; or, penses donq si mon cœur n'est pas
touché de tendreté sur l'apprehension que vous me tesmoignes par vostre derniere, du retour de
nostre tres chere Mere de Sainte Marie en ce païs373. Oh ! si Dieu avoit disposé que nous fussions
tous-jours ensemble, que ce seroit une chose suave ! Mais quel moyen, ma tres chere Fille ? Nos
montagnes gasteroyent Paris et empescheroyent le cours de la Seine si elles y estoyent, et Paris
affameroit nos vallees s'il estoit parmi ces montagnes. Un jour, ou plustost en la tres-sainte eternité
a laquelle nous aspirons, nous serons tous-jours presens les uns aux autres, si nous vivons en ce
passage selon la volonté de Dieu.
Je le croy bien, ma tres chere Fille, que nostre chere Seur Helene Angelique, nostre chere
fondatrice, voudroit ou retenir la sa chere Mere, ou venir icy avec elle. O que si cela estoit
convenable, que volontier je desirerois de la voir un peu en ces desers ! Mays il ne faut pas
seulement [121] y penser. Une chose vous puis je dire : que cette tant chere Mere differera sa
venue jusques a l'extremité, quoy qu'elle soit grandement desiree et requise icy ; mays nous nous
promettons aussi que le tems estant venu, vous recevres doucement la separation de cette ame,
laquelle ne sera pas une mort comme l'est la separation que l'ame fait de son cors, car le Saint
Esprit, qui est la vie de nos cœurs, vous animera tous-jours de son saint amour, et vous tiendra de
plus en plus unie a nous et nous a vous.
Salues, je vous supplie, cherement le cœur de la tres aymee Seur Helene Angelique, qui est
bien heureuse de s'estre quittee d'elle mesme pour estre tout a fait a Dieu, qui la benisse et vous
aussi, Madame ma tres chere Fille.
2 aoust 1621.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Paris, par la Mère
de Chaugy, conservée à la Visitation d'Annecy.
_____
372 C'est à tort que Migne (tome VI, col. 1046) adresse cette lettre à la Mère Anne-Catherine de Beaumont. La Mère
de Chaugy, la citant dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastère de Paris, dit positivement : « Or, comme l'on
aprehendoit fort » le « despart » de la Mère de Chantal « de Paris, plusieurs personnes de qualité en escripvoient a
nostre Bienheureux Pere ; et nous avons treuvé une responce que ce Bienheureux faisoit a une Dame, si gratieusement
et sainctement amiable qu'il n'y a pas moyen de l'obmettre. » Le Saint lui-même appelle sa correspondante « Madame
ma tres chere Fille. » Elle n'est autre que Marie Lhuillier, dame de Villeneuve (voir tome XVIII, note (1173), p. 357),
comme le démontre la mention de sa sœur Hélène-Angélique (voir le tome précédent, note (695), p. 213).
373 La Mère de Chantal ne quitta Paris que le 21 février de l'année suivante.
103/342

11.4 Page 104

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MDCCCXVI. A M. Magnin374 (Inédite). Salutation et gratitude.
Annecy, 3 août 1621.
Monsieur,
Le sire Pierre Richard375 allant expres a Lyon pour vous offrir son service et s'asseurer de
vostre bienveuillance, [122] je l'accompaigne volontier pour vous saluer et vous remercier de
l'affection qu'il vous a pleu de me tesmoigner, particulierement des mon retour de Lyon376 ; vous
priant de tout mon cœur de continuer, comme je persevereray toute ma vie au desir de vous rendre
service, qui suis de tout mon cœur,
Monsieur,
Vostre affectionné et plus humble voysin
et serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
3 aoust 1621, Annessi.
[Je me réjouis377] infiniment du progres que Dieu donne aux justes [armes] du Roy378. Je
salue de toute mon affection monsieur de Saunax, avec esperance de luy escrire au premier jour
sur les affaires qu'[il] sçait379.
A Monsieur
Monsieur Magnin, marchand
a Lyon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lennick Saint-Quentin (Belgique). [123]
_____
374 Les Magnin étaient fort nombreux à Lyon au début du XVIIe siècle ; entre ceux qui s'occupaient du commerce de
la soie, on trouve un Etienne Magnin, marchand de soie, un Cyprien et un Pierre, tous deux moliniers de soie. Les
données manquent pour pouvoir identifier le correspondant du Saint. Tout ce que nous savons de lui, c'est qu'il établit
en 1614 le « traficq de soye » à Annecy, et qu'au mois d'août 1617, la Ville, reconnaissant lui avoir « de grandes
obligations, » lui quitta « le laoud » d'une maison par lui acquise « au dessoubz la platteforme de St Mauris » et lui
donna d'autres avantages encore au sujet du même achat. (Reg. des Délib. municip. ; cf. ci-dessus, note (131), p. 30.)
375 Voir tome XVI, note (1072), p. 330.
376 Saint François de Sales, on s'en souvient, avait fait un voyage à Lyon au mois de mars précédent. (Voir plus haut,
note (130), p. 29.)
377 Le post-scriptum est écrit en marge et mutilé par une coupure. Quelques mots ont ainsi disparu ; selon le sens, nous
les rétablissons entre [ ].
378 Après la capitulation de Saint-Jean d'Angély (juin 1621), Louis XIII, poursuivant sa campagne contre les
protestants, chargeait Condè du Berry, Mayenne de la Haute-Guyenne, et bientôt allait se trouver en personne devant
Montauban.
379 L'établissement des Oratoriens à Rumilly et la résignation du prieuré de Chindrieu en leur faveur. (Voir le tome
précédent, notes (558), p. 160, et (1140), p. 358.)
104/342

11.5 Page 105

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MDCCCXVII. A la Mère de la Martinière, Supérieure de la
Visitation de Valence380. Dieu, qui donne les charges, donne en
même temps son secours pour les remplir. Humilité et
vaillance. L'importance du gouvernement d'un Monastère.
Annecy, 4 août 1621.
Je vous connois asses, ma tres chere Seur, ma Fille, pour vous cherir de tout mon cœur en
la dilection de Nostre Seigneur, qui, ayant disposé de vous pour la charge en laquelle vous estes,
s'est par consequent obligé soy mesme a soy mesme de vous prester sa tressainte main en toutes
les occasions de vostre office, pourveu que vous correspondies de vostre part par une sainte et tres
humble, mais tres courageuse confiance en sa bonté. Dieu appelle a son service les choses qui ne
sont point381 comme les choses qui sont, et se sert du rien comme du beaucoup pour la gloire de
son nom.
Demeures en vostre propre abjection comme dans la chaire de vostre superiorité, et soyes
vaillamment humble et humblement vaillante en Celuy qui fit le grand coup de sa puissance en
l'humilité de sa Croix.
Une fille ou femme qui est appellee au gouvernement d'un Monastere est appellee a une
grande besoigne et de grande importance, sur tout quand c'est pour fonder et [124] establir ; mais
Dieu estend son bras tout puissant a mesure de l'œuvre qu'il donne. Tenes vos yeux en ce grand
Sauveur, et il vous delivrera de la pusillanimité et de l'orage382.
Ces Seurs qui sont avec vous sont bien heureuses de servir la, par leur bon exemple et
humble observance, de fondement a cet edifice spirituel383. Je suis a jamais
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 4 aoust 1621.
_____
380 La date de la lettre fait reconnaître facilement la destinataire, qui est la Supérieure de la récente fondation de
Valence, la Mère Claude-Marie de la Martinière. Issue d'une noble famille de Roanne, elle était entrée une des
premières au monastère de Lyon ; sainte Jeanne-Françoise de Chantal elle-même l'y avait accueillie (cf. tome XVII,
note (61), p. 4). Elle prononce ses vœux le 18 juin 1617, et, en 1620, coopère à la fondation de la Visitation de
Montferrand ; dirige ensuite, comme Supérieure, celles de Valence (1621-1628) et de Crest (1628-1634) ; gouverne
le Monastère de Blois de 1635 à 1641, celui de Lyon de 1644 à 1647, et, après huit ans passés dans un redoublement
de ferveur et d'humilité au rang d'inférieure, meurt à l'âge de soixante-dix ans, le 27 octobre 1655. (Voir sa biographie
dans l'Année Sainte de la Visitation, tome X, p. 709.)
381 I Cor., I, 28.
382 Ps. LIV, 9.
383 Les Sœurs qui avaient accompagné la Mère de la Martinière à Valence étaient : Marie-Marguerite de la Balme-
Montchalin, Claude-Cécile Meyssonnier (voir ci-dessus, note (291), p. 91), Marie-Constance Orlandini (cf. tome
XVIII, note (761), p. 217), Anne-Marie Chevalier, Marie-Françoise Gelas, Marie-Hélène Guérin, et Marie-Agathe
Michelar, novice.
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11.6 Page 106

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MDCCCXVIII. A Madame Le Loup de Montfan384. Le grand
défaut que peut avoir l'amour, hors celui de Dieu. « Passeport
» et « excuse » de l'excès dans la tendresse des mères. Douce
réprimande.
Annecy, 4 août 1621.
Madame,
Je vous honnore, et madame vostre fille385, tres parfaitement, et voudrois bien contribuer
tout ce qui seroit en moy pour vostre contentement reciproque. A elle, s'il plaist a Dieu, j'en diray
mon opinion a part ; mais a vous, je le dis maintenant, me promettant que vostre bon courage le
prendra en bonne part.
Madame, l'amour, quel qu'il soit, si ce n'est celuy de Dieu, peut estre trop grand, et quand
il est trop grand il est dangereux. Il passionne l'ame, parce qu'estant une [125] passion et la
maistresse des passions, il agite et trouble l'esprit ; parce que c'est une perturbation, et treuvant des
regles, il desregle toute l'economie de nos affections. Or ne faut il pas croire, Madame, que l'amour
des meres envers les enfans ne puisse estre de mesme ; ains, il l'est d'autant plus librement qu'il
semble qu'il le soit loysiblement, avec le passeport, ce semble, de l'inclination naturelle, et l'excuse
de la bonté du cœur des meres.
Nous parlons asses souvent de vous, le bon Pere [Bonaventure386] et moy, et nous en
parlons avec respect et dilection. Neanmoins, vous me pardonneres, s'il vous plaist ; mais quand il
me raconte les eslans et presseures de vostre cœur sur la maladie de madame de [Dalet], je ne me
puis tenir de dire qu'il y avoit de l'exces. Or sus, mais si vous treuves que je die trop librement ma
pensee et que j'aye tort, quel moyen y auroit il de m'excuser ? Et toutefois je ne desire nullement
de rien perdre de vostre bienveuillance, car je l'estime trop, et prise infiniment le cœur dont elle
vient et l'esprit de son origine. Et en somme, je veux dire en un mot, que vous aves tant de puissance
a mouvoir les cœurs, que le mien ayant sceu les traitz de vostre esprit, en estant tout espris, vous
n'aves pas besoin d'estre aydee pour mouvoir celuy de madame de [Dalet] a tout ce qu'il vous plaira
; m'asseurant qu'apres les forces de l'Esprit de Dieu, auquel il faut que tout cede, les vostres seront
en toutes occurrences les plus grandes.
Vives a Dieu, Madame, et a la tressainte Trinité, en laquelle je suis
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, jour de Saint Dominique, 1621.
_____
384 La comparaison de cette lettre avec celle du 25 avril (voir ci-dessus, p. 55) suffit à persuader qu'elle s'adresse à la
même personne.
385 Mme de Dalet (voir ibid., note (192), p. 51).
386 Le P. Bonaventure de Lyon, Gardien du couvent des Capucins d'Annecy. (Voir ci-dessus, note (202), p. 57.)
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11.7 Page 107

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MDCCCXIX. A la Mère de Chantal, a Paris. Départ trop
précipité d'un porteur. Le Saint revise les Constitutions de
son Institut. Il faut souffrir les lenteurs des officiers de la
Cour de Rome, puisqu'on s'est inopportunément mis à leur
merci. M. Rolland, démissionnaire de son canonicat pour
mieux servir son Evêque. « Deux grandes Filles » qui « sont
un peu de l'humeur de leur Pere. » Le retour de la Mère de
Chantal et les inclinations du Fondateur. Un archevêque sans
archevêché. Tristesse de François de Sales au sujet de Mme
des Gouffiers.
Annecy, 7 août 1621.
Si celuy qui doit porter ces lettres part, comm'il dit, demain de grand matin, certes, ma
pauvre tres chere Mere, il n'y a pas moyen de vous envoyer les Constitutions jusques a la semaine
suivante ; car il faut que je les revoye, ayant des-ja, des le commencement, treuvé des fautes en
l'escriture. Or, je les vous envoyeray ou par cette commodité, si le porteur retarde un jour de plus,
ou par la fine premiere qui se presentera, laquelle sera bien tost. Or, ce sera a vous de voir si on
les fera imprimer a Paris ou a Lyon387.
De Rome, je n'ay encor nulles nouvelles des le despart de M. Michel388. J'en attens tous les
jours, mais les choses y vont avec tant de tardiveté, que si je me croyois moy mesme, je ferois ce
que ceux qui y sont et qui entendent les affaires disent de nous, et particulierement de moy : Nous
importunons a force de demander des choses que nous pouvons faire sans les demander ; et
neanmoins, puisque nous les demandons, il faut souffrir de ne les point avoir que sous les
conditions ordinaires de ceux qui les expedient. Or sus, puisque toutefois nous sommes en ce train,
nous ne devons rien oublier pour obtenir, et nous n'oublierons rien, Dieu aydant. [127]
Je suis bien marry dequoy nostre fille a perdu son filz389, et ne laisse pas pour cela d'esperer
qu'elle portera plus heureusement ceux que Dieu luy donnera ci apres.
Quand il sera tems de vous envoyer un ecclesiastique pour vous accompaigner au retour,
vous m'advertires, et je vous envoyeray ou M. Michel, ou M. Rolland qui a une affaire par dela,
laquelle il pourroit peut estre bien faire en ce tems la, et vous serviroit bien au voyage pour tout le
tems que vous desireries, puisqu'il n'est plus chanoine de Nostre Dame, ayant quitté cette place
pour avoir plus de commodité de faire ce que je desire de luy ; mays il ne faut encor pas faire bruit
de ceci390.
Nous attendons le P. [D.] Juste, pour Saint Laurent, et nous sçaurons ce que l'on devra
attendre du Monastere de Turin ; et en cas qu'on n'y aille pas, au moins si tost, on pourroit laisser
davantage nostre grande Fille a Montferrand, ou l'employer ailleurs, sil estoit treuvé expedient.
Ces deux grandes Filles de Montferrand et d'Orleans391 sont un peu de l'humeur de leur
Pere, elles sont un peu penchantes du costé de la condescendance et complaysance au parloir ;
387 On les fit réimprimer à Paris, chez Tiffaine. (Voir le tome précédent, note (1190), p. 378, et cf. ci-dessus, Lettre
MDCCXCVIII, p. 93.)
388 Michel Favre, aumônier du saint Evêque. (Voir ci-dessus, note (150), p. 38.)
389 Mme de Toulongeon avait perdu son fils presque aussitôt sa naissance. (Voir ci-dessus, Lettre MDCCLXVIII, p.
33.)
390 Ce fut en effet Georges Rolland (voir tomes XI, note (273), p. 117, et XVI, note (437), p. 141) qui, en janvier 1622,
fut envoyé à Paris par le Saint pour accompagner la Mère de Chantal. Il avait résigné son canonicat le 12 juin 1621.
(R. E.)
391 Les Mères Marie-Jacqueline Favre et Claude-Agnès Joly de la Roche,
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11.8 Page 108

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mais il sera aysé de les moderer en bonne partie, car du tout, il ny a pas moyen. M. de Chalcedoine
m'a corrigé de ce costé la, et nous vivons avec plus de regie, mays il m'eschappe tous-jours de faire
quelque faute ; et bien que ce soit fort peu, neanmoins mes vielles habitudes m'estant imputees, on
me compte une faute pour trois.
Ma tres chere Mere, si vous connoissies qu'il fust plus utile que vous demeurassies la encor
quelque tems, quoy que mes sens y repugnent, ne laisses pas de demeurer doucement, car je me
plais a gourmander cet homme [128] exterieur ; et j'appelle l'homme exterieur mon esprit mesme,
entant qu'il suit ses inclinations naturelles392. Or je dis cecy pour ce que vous me dites en vostre
derniere lettre.
Si tost que nous aurons des nouvelles de Dijon, je vous en advertiray, et je me doute que
ce soit pour une Mayson, parce que le P. Arviset, Jesuite393, me dit a Lyon que cela se traittoit
encor.
J'ay releu vostre lettre, et je treuve que nostre Mgr l'Archevesque est fort bien
recompensé394. Dieu veuille que les habitans de Bourges le soyent aussi, et je l'espere, puisque
celuy qui succede est si capable et homme de bien ; mays je ne sçai si c'est le Penitentier de Bourges
ou celuy de Paris395. Je vous supplie, ma chere Mere, de bien cherement saluer ce cher
Archevesque qui sera tous-jours mon Archevesque, nonobstant qu'il quitte son archevesché et que
j'en aye un autre a Vienne396.
Je suis, ma tres chere Mere, et suis tous-jours plus entierement, plus invariablement et plus
parfaitement vostre, et tous-jours plus incomparablement.
Je suis de l'advis du P. Binet pour nostre seur de Gouffiez397, et neanmoins je voudrois bien
regaigner son cœur, car il me semble qu'elle n'en treuvera pas un qui soit plus pour elle que le mien
; et il n'est pas bon d'abandonner les amitiés que Dieu seul nous avoit donnees. Et [129] je me
souviens tous-jours que cette fille couroit un jour si vistement a la dilection de Dieu et
despouillement de soy mesme, que je suis tout estonné de voir qu'elle se soit revestue derechef
d'elle mesme, et si fortement. O pleust a Dieu que jamais elle ne fust partie d'icy ! Dieu eust bien
treuvé d'autres moyens d'eriger la Mayson de Moulins et de Paris. Toutefois, je me reprens, et dis
que Dieu a tout bien fait398 et a tout bien permis, et espere que, comme sans nous il nous avoit
donné cette fille, sans nous aussi il la nous redonnera, si tel est son bon playsir. Mais de l'inviter a
venir, il ne le faut pas faire, si Dieu ne nous fait expressement connoistre qu'il le veuille ; il luy
faut laisser faire ce coup purement a luy, selon sa douce Providence.
Helas ! je pensois escrire a ma tous-jours plus chere fille Mme de Port Royal, et il n'y a
moyen, non plus que de vous envoyer les Constitutions ; ce sera au premier jour. O que j'ay le
cœur affligé sur la nouvelle du trespas de M. de Termes399 !
Le 7 aoust 1621.
A ma tres chere Mere,
Madame de Chantal,
392 Dans l'édition de 1626, les six lignes précédentes avaient été placées au commencement de la Lettre
MDCCLXXXVIII (voir ci-dessus, note (260), p. 74).
393 Voir ibid., note (149), p. 37.
394 Pour dédommager André Frémyot de la perte de son archevêché (voir ibid., note (361), p. 116), on lui donna les
abbayes de Ferrières et de Breteuil, et le prieuré de Nogent-le-Retrou.
395 C'était le grand Pénitencier de Paris, Roland Hébert, originaire de Beaumont, au diocèse de Beauvais. Docteur en
théologie, curé des Saints-Côme-et-Damien, il avait été choisi comme confesseur par le prince de Condé durant sa
détention à Vincennes. Ce fut sur la demande de son illustre pénitent que l'archevêché de Bourges lui fut donné. Sacré
le 16 mai 1622, il gouverna son diocèse avec douceur et sagesse, remplissant exactement tous les devoirs d'un bon et
zélé Pasteur jusqu'à sa mort, arrivée le 21 juin 1638. (D'après Hugues du Tems, Le Clergé de France, Paris, 1775,
tome III.)
396 Jérôme de Villars, archevêque de Vienne et métropolitain de l'Eglise de Genève. (Voir tome XVII, note (827), p.
237.)
397 Cf. ci-dessus, p. 115. Pour la suite de cet alinéa, voir ibid., note (310), p. 75.
398 Marc., VII, ult.
399 César-Auguste de Saint-Lary, baron de Termes. (Voir tome XVII, note (478), p. 130, et cf. ci-après, p. 153.)
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Superieure de Ste Marie.
A Paris.
Revu sur une copie conservée à la Visitation de Montélimar. [130]
_____
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MDCCCXX. A une dame400. La bonne « affaire que de n'avoir
point de proces ! » Félicitations à la destinataire de ce qu'elle
fait pour les éviter. « Se contenter en la suffisance. »
Conseils et décisions pour la confession. De quoi dépend
surtout notre perfection. Petites obéissances. A quelle
leçon remettre un esprit vif et subtil.
Annecy, 21 août 1621.
J'attendois tous-jours que cette bonne fille vint pour vous escrire plus confidemment, ma
tres chere Fille, car je sçavois qu'elle viendroit bien tost.
J'escris a M. selon vostre desir, bien content que je suis de vous pouvoir rendre quelque
petit service, mesme pour vos affaires domestiques, et sur tout puisqu'elles sont utiles au bien de
vostre ame pour laquelle j'ayme tout ce qui vous appartient. O que c'est un bon affaire que de
n'avoir point de proces ! Je suis marri dequoy a Chamberi on ne parle quasi que de cela, et qu'on
en parle si chaudement et si passionnement ; et je suis consolé dequoy vous aves essayé
d'accommoder celuy duquel vous m'escrives, et dequoy vous en parles avec le respect qui est deu
a la partie, et dequoy monsieur vostre mary se rend si facile a lascher le sien pour l'assoupir.
Dieu soit loüé du contentement que vous aves de la suffisance qu'il vous a donnee ! Et
continues bien a luy en rendre graces ; car c'est la vraye beatitude de cette vie temporelle et civile,
de se contenter en la suffisance, parce que, qui ne se contente de cela ne se contentera jamais de
rien, et, comme vostre livre401 dit (puisque vous l'appelles vostre livre), a qui « ce qui suffit ne
suffit pas, rien ne » luy suffira jamais. Or, aymés le donq, ce pauvre livre, ma tres chere Fille, et
puisque Dieu y a mis des [131] consolations pour vous, pries bien sa sainte Bonté qu'il vous donne
le goust pour les bien savourer et les rendre utiles a vostre chere ame, pour bien se nourrir au pur
amour celeste pour lequel elle fut faite.
Au reste, ma tres chere Fille, cette si grande crainte qui vous a ci devant si cruellement
angoissee doit estre meshuy terminee, puisque vous aves toutes les asseurances qui se peuvent
avoir en ce monde d'avoir fort entierement expié vos pechés par le saint Sacrement de Penitence.
Non, il ne faut nullement revoquer en doute que les dependances de vos fautes n'ayent esté
suffisamment exprimees ; car tous les theologiens sont d'accord qu'il n'est nullement besoin de dire
toutes les dependances ni les acheminemens du peché. Qui dit : J'ay tué un homme, il n'est pas
besoin qu'il die qu'il a tiré son espee, ni qu'il a esté cause de plusieurs desplaysirs aux parens, ni
qu'il a scandalizé ceux qui l'ont veu, ni qu'il a troublé la ruë en laquelle il l'a tué ; car tout cela
s'entend asses sans qu'on le die ; et suffit seulement de dire qu'il a tué un homme par cholere, ou
de guet a pend par vengeance, qu'il estoit homme simple ou ecclesiastique : et puis, laisser le
jugement a celuy qui vous escoute. Qui dit qu'il a bruslé une mayson, il n'est pas requis qu'il die
ce qui estoit dedans par le menu ; ains suffit de dire s'il y avoit des gens dedans, ou s'il n'y en avoit
point.
O ma tres chere Fille, demeures tout a fait en paix ; vos confessions ont esté bonnes jusques
a l'exces. Pensés meshuy a vostre advancement a la vertu, et ne pensés plus aux pechés passés
sinon pour vous humilier doucement devant Dieu et benir sa misericorde qui vous les a pardonnés
par l'application des divins Sacremens.
L'Introduction a la Vie devote est toute souëfve et bonne pour vous, ma tres chere Fille. Ce
qui vous estonne, c'est que vous voudries estre tout a coup telle qu'elle prescrit ; et toutefois, ma
tres chere Fille, cette mesme Introduction vous inculque que de composer vostre vie a ses
400 N'ayant pu découvrir la destinataire, l'annotation de cette lettre devient impossible. On peut d'ailleurs se demander
si ce texte n'est pas composé de plusieurs pièces.
401 Tr. de l'Amour de Dieu, liv. VIII, ch. VIII.
110/342

12 Pages 111-120

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12.1 Page 111

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enseignemens n'est pas la besoigne d'un jour, ains de toute nostre vie, et que nous ne nous devons
nullement estonner des imperfections qui nous arrivent parmi les [132] exercices de nostre
entreprise. Ma Fille, la devotion n'est pas une piece qu'il faille avoir a force de bras : il faut
voirement y travailler, mais la grande besoigne depend de la confiance en Dieu ; il y faut aller
bellement, quoy que soigneusement.
Il est vray, certes, que l'obeissance vous sera fort utile ; et puisque vous desires que ce soit
moy qui vous en impose les loix, en voyci quelques unes :
Premierement, une fois le jour vous vous prosterneres devant Dieu, et, levant les yeux au
ciel, vous feres le signe de la Croix sur vous, adorant Dieu ; et vous releveres.
2. Vous feres un acte d'humilité tous les jours, donnant la salutation du bon jour ou du bon
soir a quelqu'un de vos serviteurs ou servantes, avec un acte interieur par lequel vous reconnoistres
cette personne-la vostre compaigne en la redemption que Nostre Seigneur a faite pour elle.
3. Vous appelleres le plus souvent que vous pourres vostre servante ma mie.
4. Vous lires tous les jours au moins une page de quelque livre spirituel.
5. Vous ne vous confesseres jamais d'avoir violé ces petites obeissances, quand mesme
vous ne les observeres point, puisqu'elles ne vous obligent ni a peché mortel ni a peché veniel ;
ains seulement, de tems en tems, vous m'advertires si vous les observes.
Il vous servira, si vous vous accoustumes de recommander une fois le jour mon ame avec
la vostre a la misericorde de Dieu, par quelque orayson jaculatoire, comme en sortant de table : O
Dieu, ayes pitié de nous et nous receves entre les bras de vostre misericorde.
Ma Fille, tout ceci est menu, mais profitable ; et avec le tems nous pourrons en changer, ou
adjouster. Ne vous lasses point, ma tres chere Fille ; il faut remettre vostre esprit, qui est vif et
subtil, en la leçon de l'enfance. Alles ainsy tout bellement, et Dieu vous aggrandira. Escrives moy
quand il vous plaira.
Or sus, il faut finir, ma tres chere Fille. Dieu soit a [133] jamais au milieu de vostre chere
ame, et je suis tout a fait, de toute la mienne et d'une affection toute sincerement paternelle,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 21 aoust 1621.
_____
MDCCCXXI. A la Mère de Chantal, a Paris. L'effort de l'amour
impuissant. Repos en la Providence. Ce que doivent faire
les « enfans du travail et de la mort de nostre Sauveur. »
Contradictions au sujet de l'Office récité par les Sœurs de la
Visitation. L'avis d'un solliciteur en Cour de Rome. Plan
des monastères.
Annecy, 24 août 1621.
O mon Dieu, ma chere Mere, que j'ay esté ayse ce matin de treuver mon Dieu si grand que
je ne pouvois seulement pas asses imaginer sa grandeur ! mais puisque je ne le puis magnifier ni
aggrandir, je veux bien, Dieu aydant, annoncer par tout sa grandeur et immensité402. Cependant,
cachons doucement nostre petitesse en cette grandeur ; et, comme un petit poussin tout couvert
des aisles de sa mere demeure en asseurance et tout chaudement, reposons nos cœurs sous la douce
et amoureuse providence de Nostre Seigneur, et abritons nous chaudement sous sa sainte
402 Cf. Ps. LXX, 15.
111/342

12.2 Page 112

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protection403. J'ay bien eu d'autres bonnes pensees, mais plustost par maniere d'escoulement de
cœur en l'eternité et en l'Eternel que par maniere de discours.
Dieu soit loué dequoy vous estes en vostre mayson. Les difficultés que vous aves euës d'y
aller y affermiront vostre demeure, selon la methode qu'il plait a Dieu d'employer en son service404.
Je juge qu'il soit a propos que vous revenies avec une bonne resignation pour retourner la
quand le service de Dieu le requerra ; car il faut ainsy vivre une vie exposee au travail, puisque
nous sommes enfans du travail et de la mort de nostre Sauveur. Mais vous ne vous deves point
haster ; car, comme vous dites, l'hyver ne vous empeschera point vostre voyage, estant necessaire
que vous arresties un peu parmi vos Filles qui sont en France405.
Helas ! que je deplore affectionnement cette absolue separation que cette grande fille fait
de nous pour demeurer a la mercy du monde406 ! Or neanmoins je n'en puis mais.
Quant a l'Office407, on m'a dit qu'on y treuvoit a redire dequoy, es festes principales, on
mettoit les Pseaumes de Nostre Dame avec le chapitre, les versetz et l'orayson du jour. Mon Dieu,
que cette plainte est delicate ! Les Peres de l'Oratoire font bien plus408 ; et en Italie, plusieurs
Evesques ont composé tout entierement les Offices des Saintz de leurs Eglises. Mais il n'y a
remede, il faut [135] souffrir que chacun parle a son gré ; et pour addoucir tout, tant que nous
pourrons, il faudra donq dire tout a fait l'Office de Nostre Dame, et a la fin adjouster une
commemoration du jour, car a cela on n'auroit rien a dire409.
On a obtenu a Rome la continuation du petit Office encor pour dix ans, apres les sept
escheus que l'on avoit des-ja410. Mon solliciteur411 dit que l'on a tort de recourir a Rome pour les
choses esquelles on s'en peut passer, et des Cardinaux l'ont dit aussi : car, disent ilz, il y a des
choses qui n'ont point besoin d'estre authorisees parce qu'elles sont loysibles, lesquelles quand on
veut authoriser sont examinees diversement ; et le Pape est bien ayse que la coustume authorise
plusieurs choses qu'il ne veut pas authoriser luy mesme, a cause des consequences. Mais de cela
nous en parlerons a vostre retour.
J'ay fait faire icy un beau plan de monastere que je vous envoyeray au premier jour ; et
celuy qui l'a fait est tres bon maistre412, et l'a fait sur les descriptions que saint Charles a fait faire
403 Cf. Pss. XVI, 8, LX, 5, XCI, 1 ; Matt., XXIII, 37.
404 Les derniers jours de juillet, la Communauté de Paris s'était transférée dans sa nouvelle demeure (voir tomes XVIII,
note (1210), p. 372, et XIX, p. 402, note), et la Mère de Chantal écrivait le 9 août au saint Evêque : « Enfin, nous voici
dans notre nouveau ménage avec un applaudissement et contentement de tout le quartier, grâce à Dieu ; mais croyez
que ce changement de lieu n'a pas été sans d'extrêmes difficultés de la part que nous n'en attendions nullement. Trois
ou quatre heures avant de partir nous ne savions où nous étions, quoique Notre-Seigneur me donnât toujours confiance
que tout s'apaiserait, comme il arriva par sa grâce ; car toutes ces passions n'avaient point de fondement. » (Lettres,
vol. I, p. 566.)
405 Dans la lettre citée à la note précédente, la Sainte dit encore, après avoir exposé les raisons pour et contre son départ
de Paris : « J'ai seulement à vous proposer simplement que je ne pense pas qu'il faille faire grande difficulté de voyager
en hiver, parce que nous nous arrêterons souvent, et qu'il sera utile que nous séjournions deux ou trois semaines à
Bourges, à Nevers et à Moulins, surtout dans ces derniers lieux. Peut-être est-ce présomption de penser pouvoir les
servir ?... » (Ibid., p. 568.)
406 Mme des Gouffiers, après avoir donné à la Mère de Chantal des occasions multipliées de support charitable, venait
de se séparer entièrement de la Visitation. « Elle nous a dit adieu pour jamais, » écrit la Sainte, le 18 août, à la Mère
de Bréchard ; « faites prier pour elle, et n'en parlez qu'avec honneur et témoignages d'obligations. » (Ibid., p. 570.)
407 Le petit Office de Notre-Dame, seul en usage à la Visitation.
408 M. de Bérulle avait composé, pour les prêtres de sa Société, plusieurs Offices ; entre autres, un Office en l'honneur
de l'état et des grandeurs suprêmes de Jésus, pour toute l'octave des fêtes de Notre-Seigneur, et des commémorations
quotidiennes de Notre-Seigneur et de la Sainte-Vierge. L'« Office de Jésus-Christ Notre-Seigneur » fut approuvé par
le Pape, le 1er février 1625. Voir Migne, Œuvres complètes de de Bérulle, Paris, 1856, col. 1707 seq.)
409 C'est ainsi qu'il fut réglé, comme on peut le voir au Coustumier : Directoire pour l'Office.
410 Voir à l'Appendice II les Mémoires et les Suppliques qui avaient été présentés au Saint-Siège quelques mois
auparavant.
411 Très probablement M. Beybin (voir le tome précédent, note (498), p. 139, et ci-dessus, Lettre MDCCLXXII, p.
39).
412 Nicolas Baytaz (cf. tome XVII, note (170), p. 38).
112/342

12.3 Page 113

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des monasteres413, en s'accommodant neanmoins a l'usage de la Visitation. Et je pense qu'il faudra
faire, au plus pres qu'il se pourra, selon la commodité des lieux, tous les monasteres ainsy ; et tous-
jours les treilles bien ferrees et les jalousies de bois esloignees des grilles ; car c'est un grand playsir
de parler en asseurance es parloirs. Il faudra aussi mettre un balustre derriere la grille du chœur,
en la mesme façon qu'au parloir. [136]
J'attens M. Crichant414, que je caresseray de tout mon cœur. Dieu vous benisse, ma tres
chere Mere, et vous sanctifie de plus en plus. Je suis pour jamais, ma tres chere Mere, vostre,
comme vous sçaves.
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 24 aoust 1621.
_____
MDCCCXXII. A M. Roch Calcagni415. Remerciements et offres
de services.
Annecy, 30 août 1621.
Monsieur,
J'ay tous-jours conservé la vive affection que vos merites ont aquise sur moy des il y a long
tems, et a laquelle vous m'aves obligé par les demonstrations d'amitié dont vous m'aves favorisé,
particulierement au passage de monsieur Michel par vostre ville416. Je vous en remercie [137] donq
bien humblement, et vous prie de croire que je conserveray constamment le desir que j'ay tous-
jours protesté, de vous honnorer de tout mon cœur et madamoyselle vostre femme417, et de vous
rendre toute ma vie service, si jamais je suis si heureux que d'en avoir le moyen. Au moins rendray
je ce devoir a vostre bienveüillance de prier Dieu qu'il vous comble de ses cheres graces, qui suys,
Monsieur,
Vostre bien humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXX aoust 1621, Annessi.
413 Saint Charles Borromée fit composer et publier un ouvrage intitulé : Instructiones fabricæ et supellectilis
ecclesiasticæ, Libri II ; ex officina Pacifici Pontii, anno MDLXXVI. Le chapitre XXXIII du premier Livre a pour
titre : De monasterio Monialium. L'auteur, jusqu'à présent inconnu, est le P. Laurent Binago (1550-1629), Barnabite
et architecte, ainsi que le prouvent des lettres de l'historien de saint Charles, le P. Bascapé (Basilica Petri), conservées
aux Archives des Clercs réguliers de Saint-Paul. (D'après une Note du R. P. Premoli Assistant général des PP.
Barnabites.)
414 « Je m'appelle Georges Crichant ; je suis marchand joallier, bourgeois de Paris, aagé de quarante deux ans ou
environ, natif de Paris, issu de parens catholiques. » Ainsi dépose ce personnage, le 10 avril 1628, au Procès de
Béatification de l'Evêque de Genève. (Process. remiss. Parisiensis, ad 2um interrog.) Il connut intimement François de
Sales, lui servit souvent de messager, s'assit à sa table, fut son pénitent et son fils spirituel, et par son grand sens des
choses surnaturelles se rendit vraiment digne de cet honneur. Nous le retrouvons plus tard dans l'état ecclésiastique,
aumônier du commandeur de Sillery ; et peut-être faut-il chercher l'origine de sa vocation au sacerdoce dans l'étreinte
mystérieuse et sanctifiante du Serviteur de Dieu dont il parle en termes émus : « Une fois..., l'estant allé visiter,... a la
fin, prenant congé de luy, il me rendit un tesmoignage de sa bienveillance quasy comme m'embrassant et joignant
cœur a cœur. Et cest acte se passa entre luy et moy, sans dire aucune parolle, ny luy, ny moy, et ainsy me congedia.
Or, je ressentis en cedit acte l'effect admirable de l'amour que ce bienheureux Prelat portoit a Dieu ; car, certes, je
ressentis dans mon cœur des vrays et puissantz attraictz au vray amour de Dieu et a le tousjours mieux servir. » (Ibid.,
ad art. 26.)
415 Voir tome XIV, note (850), p. 302.
416 Lors de son voyage à Rome (voir ci-dessus, Lettre MDCCLXXII), M. Michel Favre avait dû passer par Plaisance,
ville d'origine de la famille Calcagni.
417 Marguerite de Chavanes (voir tome XVIII, note (810), p. 233).
113/342

12.4 Page 114

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A Monsieur
Monsieur Calcagne.
A Playsance.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte Morandi, à Plaisance (Italie).
_____
MDCCCXXIII. A la Présidente de Sautereau418. Souvenir fidèle
et reconnaissant. Grand avantage des afflictions.
Annecy, 30 août 1621.
Madame,
Je continueray toute ma vie en l'affection que Dieu m'a fait concevoir et que les faveurs
receues de vostre mayson m'obligent d'avoir, pour vous honnorer avec un'invariable et extreme
dilection. Ce papier ne vous est presenté que pour vous ramentevoir cette verité, puisque la
suffisance du porteur m'excuse de vous entretenir davantage, et le peu de loysir que j'ay
m'empesche de le pouvoir faire. [138]
Madame, je vous regarde en esprit, et quoy que tous-jours vous ayes tenu vostre cœur en
Dieu, il m'est advis que maintenant il est encor plus entierement attaché a sa Bonté, n'ayant plus
aucun objet avec luy, comme il n'en eut jamais sans luy, ni hors de luy. Vives ainsy, Madame, en
cet estat auquel la condition de cette vie mortelle vous a reduit. Que bienheureuses sont les
afflictions qui relevent et lancent nos affections en Celuy qui est le Pere de misericorde et le Dieu
de toute consolation419 !
Je suis sans fin, Madame,
Vostre tres humble et fort fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
30 aoust 1621.
A Madame
Madame la Presidente de Sautereau.
Revu sur l'Autographe conservé à Grenoble, à la Bibliothèque de la Ville
(N°739).
_____
MDCCCXXIV. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Une
œuvre de piété qu'il faut soutenir et affermir.
Annecy, 31 août 1621.
Monseigneur,
Entre toutes les œuvres de pieté par lesquelles Vostre Altesse a signalé sa devotion envers
la tressainte Vierge Mere de nostre Sauveur, il n'y en a peut estre point de plus illustre que celle
418 Marie Gibert, veuve du président de Sautereau. (Voir tome XVIII, note (139), p. 25.)
419 II Cor., I, 3.
114/342

12.5 Page 115

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de la fondation de la Sainte Mayson de Thonon420 ; mays, pour l'affermir, il faut remedier a
quelques defautz quy y sont. Et par ce que monsieur le President de Lescheraine, qui vint sur le
lieu aux festes de Pentecoste de la part de Vostre Altesse421, en [139] sçait toutes les particularités,
je la supplie tres humblement de l'oüir ou faire ouir sur cela, et de seconder de sa protection une si
digne fondation ; qui suys invariablement,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
31 aoust 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCCXXV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Ce qu'il
faudrait pour empêcher la décadence de la Sainte-Maison de
Thonon. Supplique pour l'établissement des Pères de
l'Oratoire à Rumilly, et la réforme de quelques Monastères.
Annecy, 31 août 1621.
Monseigneur,
Puysque monsieur le President de Lescheraine aura l'honneur de vous faire la reverence et
qu'il fut l'autre jour a Tonon pour voir, de la part de Son Altesse, l'estat de la Sainte Mayson de
Nostre Dame de Compassion, je m'asseure que Vostre Altesse desirera de sçavoir toutes les
particularités des defautz qu'il y aura remarqués. Et je ne doute point qu'il ne represente a Vostre
Altesse, qu'entre tous les remedes par lesquelz on peut le mieux empescher la decadence de ce lieu
de pieté, l'introduction des Peres de l'Oratoire seroit le plus propre, ainsy qu'estans a Tonon
ensemblement nous l'avions jugé ; dont j'ay des-ja donné advis [à] Vostre Altesse Serenissime422,
laquelle je supplie tres humblement de proteger tous-jours cette Sainte Mayson, comme un œuvre
de grande qualité pour la gloire de Dieu et le lustre du nom de la serenissime Mayson de Son
Altesse, de la main delaquelle est sortie cette piece de devotion, affin qu'elle ne [140] perisse pas,
ou du moins qu'elle ne perde pas, faute de bon ordre, la grande reputation sous laquelle ell' a esté
fondee contre l'heresie et pour l'accroissement de la sainte religion catholique.
Je supplie encor Vostre Altesse Serenissime de se resouvenir de l'establissement des
Prestres de l'Oratoire en l'eglise de Rumilly, en l'occasion qui se presente maintenant, que le sieur
de Saunas, sujet de Son Altesse, un jeune gentilhomme des plus sçavans theologiens de son aage,
y desire contribuer sa personne des-ja vouee a cette Congregation, et son prieuré de Chindrieu423,
et que le Curé de Rumilly, decrepite et extremement malade, est jugé a mort par les medecins qui
asseurent que dans bien peu de jours il decedera424.
Je supplie encor Vostre Altesse de jetter les yeux de sa bonté et de son zele sur les
420 Voir ci-dessus, note (315), p. 99.
421 Voir ibid., Lettres MDCCCIII, MDCCCIV, MDCCCV, et la suivante.
422 Vid. Ep. MDCCCIV.
423 Voir le tome précédent, note (558), p. 160.
424 La mort de Jean Viret n'arriva qu'au mois d'octobre (voir tome XVI, note (836), p. 259). Sa cure fut donnée, en
février 1622, à Louis de Gerbais de Sonnaz. (Voir le tome précédent, note (1140), p. 358.)
115/342

12.6 Page 116

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Monasteres de Cisteaux, de Saint Benoist425 et de Saint Augustin de deça les montz, ou la Regie
n'est point observee, et ou elle ne peut estre restablie, ni mesme es Religions des filles ou ell'est si
necessaire, sans l'execution des projetz que Vostre Altesse fit icy en cette ville426, dont je luy
envoyay le Memoire l'annee passee427.
Et faysant en toute humilité la reverence a Vostre Altesse, je demeure,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
31 aoust 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [141]
_____
MDCCCXXVI. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragments).
Respect des Religieuses de la Visitation pour leurs curés. La
charitable réception des infirmes ne restera pas sans
récompense.
Annecy, [août] 1621 428.
Ma tres chere Mere,
……………………………………………………………………………………………………..
Je ne croy pas que monsieur le Curé de Saint Paul429 vous face aucune sorte d'ennuy,
puisqu'il n'y a point de Religion qui porte tant de respect aux curés que la vostre, ni qui ayt tant de
convenance avec l'estat ordinaire de l'Eglise.
J'ay treuvé fort bon que la Superieure puisse oster, quand bon luy semblera, les officieres,
comme c'est a elle de les establir430.
Je suis bien ayse aussi que vous aymies les boiteuses, les bossues, les borgnes et mesme
les aveugles, pourveu qu'elles veuillent estre droittes d'intention ; car elles ne laisseront pas d'etre
belles et parfaites au Ciel. Et si l'on persevere a faire la charité a celles qui ont ces imperfections
corporelles, Dieu en fera venir, contre la prudence humaine, une quantité de belles et aggreables,
mesme selon les yeux du monde431. [142]
Ma tres chere Mere, je suis tres parfaitement vostre tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
425 Pour les Monastères bénédictins, voir à l'Appendice I les lettres patentes du duc de Savoie au Saint, 20 octobre
1621.
426 En août 1616 (voir tome XVII, notes (916), p. 268, et (990), p. 290).
427 Ce Mémoire avait été envoyé à Turin le 17 décembre 1619. (Voir le tome précédent, Lettres MDLXXX, p. 80, et
MDLXXXI, p. 85.)
428 Le premier alinéa du texte publié dans l'édition de 1626, détaché pour de sérieuses raisons, se trouve ci-dessus p.
115, lignes 8-15. Ce qui suit doit être du mois d'août, comme l'indique la mention du « Curé de Saint Paul, » devenu
celui de la Visitation après son transfert à la rue du Petit Musc (voir ibid., note (404), p. 134).
429 Déjà curé de cette paroisse en 1608, Antoine Fayet avait été reçu docteur en théologie le 22 avril 1596. Il mourut
en 1634.
430 Voir ci-après, note (474), p. 155.
431 Ce dernier paragraphe a été donné une seconde fois par les éditeurs précédents dans un texte daté du 20 septembre
1621, dont toutes les parties ont retrouvé leur vraie place en différentes lettres.
116/342

12.7 Page 117

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MDCCCXXVII. A Madame Amaury432. Faire toutes choses en
leur temps. Une obéissance très agréable à Dieu ; exemple de
la Sainte Vierge. Double sacrifice de « la brebis » et de « la
brebiette ». Mme Amaury tapissant l « oratoire » de la
Visitation de Paris.
Annecy, [août-septembre] 1621 433.
Vostre lettre que M. Crichant434 m'a rendue m'est de grande consolation, ma tres chere
Fille, estant ayse de voir que, comme je n'oublie point vostre cœur, il n'oublie pas nomplus le mien.
Vous aves rayson, certes, de benir Dieu sur l'inspiration [143] qu'il donne a vostre fille, la
choisissant pour le meilleur parti de cette vie mortelle435. Mays, ma Fille, il faut faire toutes choses
en leur tems436. Ce n'est pas certes moy qui ay præfigé l'aage auquel il faut que les filles soyent
Religieuses, ains le sacré Concile de Trente437. Croyes moy, ma tres chere Fille, s'il ny a rien
d'extraordinaire qui presse, demeures sousmise en paix a l'obeissance des loix ordinaires de
l'Eglise. Mieux vaut l'obeissance que les victimes438. C'est une439 sorte d'obeissance grandement
aggreable a Dieu, que de ne point desirer de dispense sans grande occasion. Nostre Dame n'en
demanda point pour enfanter avant le terme ordinaire, ni pour parler avec Nostre Seigneur avant
l'aage auquel les enfans ont accoustumé de parler.
Marches ainsy doucement, et tout vous reüscira a benediction, et pour vostre personne
mesme. Apres l'enfant, Dieu ouvrira la porte a la mere440 ; et il n'est pas defendu de cuire, au
sacrifice, la brebis au lait de la brebiette441.
En toute occasion, je vous serviray tres affectionnement. Vous estes hors de necessité
432 Françoise Simon, née à Paris, veuve de Jean Amaury, conseiller du Roi et receveur des tailles à Tonnerre, avait
alors trente-trois ans. Depuis la mort de son mari, elle s'adonnait à la dévotion sous la conduite du P. Suffren. Quand
l'Evêque de Genève vint dans la capitale, elle eut le bonheur de le connaître intimement : « Je me suis trouvée aux
champz, dans la ville, et en des conversations recreatives avec ce Bienheureux, » dépose-t-elle (Process. remiss.
Parisiensis, ad art. 26) ; « j'ay eu l'honneur de me rencontrer quelquefois a sa table » (art. 28) ; et ce commerce fréquent
lui apporte édification, confort, consolation. Elle appelle le Serviteur de Dieu « le medecin des cœurs et le refuge de
ceux qui avoient leur ame blessée. » (Art. 31.) La sienne, du nombre de celles « qui aiment et veulent puissamment,
» prit auprès de François de Sales « un esprit de douceur et de modération qui la fit admirer de tout le monde et ne
contribua pas peu à la perfectionner, » racontent les Annales de la Visitation de Meaux. Mme Amaury se rendit
fondatrice de ce Monastère en 1631, et à partir de 1652 y fit ordinairement son séjour, ne sortant que pour visiter ses
deux filles Religieuses, l'une aux Annonciades de Paris, l'autre à la Visitation (voir note (435) de la page suivante).
La mort de cette dernière (1652) lui fut d'autant plus sensible que la guerre civile l'empêcha d'aller y assister, et la
violence faite à son cœur maternel en cette circonstance la conduisit au tombeau quelques mois après.
433 La phrase du Saint au sujet de la « nouvelle mayson » des Sœurs de Paris fixe à peu près la date de cette lettre.
434 Georges Crichant (voir ci-dessus, note (414), p. 137).
435 Sœur Jeanne-Catherine Amaury, qui entendit de si bonne heure l'appel à la vie religieuse (elle avait neuf ans), dut
sa vocation à la Visitation aux prières de sa mère, alarmée de la voir incliner vers un Ordre dont les austérités et l'esprit
ne semblaient pas convenir à sa fille bien-aimée. Elle prit l'habit au Ier Monastère de Paris le 2 avril 1626, et fit
profession le 30 mai 1627. En 1639, la Sœur Amaury coopéra comme Assistante et Directrice à la fondation du
couvent de Saint-Denis, et le gouverna six ans en qualité de Supérieure (1645-1651). Lors des troubles de la Fronde,
les Communautés de Dammartin, Chaillot et Saint-Denis vinrent s'abriter au 1er Monastère de Paris, et c'est pendant
cette édifiante réunion que mourut, dans la Maison où elle avait fait ses vœux, la Sœur Jeanne-Catherine. (Archives
du 1er Monastère de Paris.)
436 Cf. Eccles., III, 1.
437 Sess. XXV, de Regular., c. XV.
438 I Reg., XV, 22.
439 Le bas de l'Autographe a été coupé, et, par suite, la fin de plusieurs lignes écrite en marge. Nous rétablissons ce
qui manque, d'après le texte complet donné par Hérissant, tome V, p. 331.
440 Mme Amaury ne fut jamais Religieuse ; toutefois, elle prononça les trois vœux de Religion sur son lit de mort.
441 Cf. Deut., XIV, 21, et alibi.
117/342

12.8 Page 118

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d'estre aydee en ces occasions, puisque Dieu vous a laissé le R. P. Suffren442, et que ces Seurs de
la Visitation sont [tant obligées a votre dilection.] Et puisque vous aves monté sur l'eschelle pour
tapisser leur or[atoire au jour de leur entrée en leur] nouvelle mayson, elles [doivent] beaucoup
faire pour [144] tapisser leur monastere de vos [bonnes affections et de celles de votre chère fille.]
Recommandes moy a la misericorde de Dieu et a la bonté de sa Mere.
Vostre plus humble et plus affectionné
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Madame
Madame Amaury.
A Paris.
Revu en partie sur l'Autographe conservé à la Visitation de Meaux.
_____
MDCCCXXVIII. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de
la Visitation de Lyon (Inédite). Progrès de la Sœur de Blonay en
calligraphie. Bonté paternelle du Saint. Nouvelles de
famille.
Annecy, 20 septembre 1621.
Certes, vous estes bien brave, ma tres chere Fille, de sçavoir si bien escrire ; mays pour
vous rendre maistresse en ce mestier, il faut forcer vostre main, pour un tems, d'escrire ainsy a
tous, et non seulement a moy qui, plus que tous peut estre, supporterois plus doucement vostre
mauvaise escriture.
Dieu, par sa bonté, tienne de sa sainte main madamoyselle de la Ramilliere par tout ou
ell'ira443, et vous console de plus en plus en son saint service. Monsieur de Blonnay vostre pere, et
M. le Prieur vostre frere444, souperent [145] hier ceans, et ce porteur, qui est bien fort de mes
amis445, vous dira quilz se portent tres bien. A la premiere occasion je vous escriray tout
amplement, car je suis tout a fait vostre.
Dieu soyt a jamais nostre Tout, et a toutes nos Seurs, et a M. Brun446.
Annessi, le XX septembre 1621.
A la Mere Supre de Lyon.
Revu sur l'Autographe qui, en 1896, se conservait à la Bibliothèque Royale de Turin.
442 Voir le tome précédent, note (180), p. 40.
443 Antoinette de Revol de la Ramillière, après un long noviciat à la Visitation de Lyon, avait dû être congédiée. (Voir
le tome précédent, note (657), p. 198, et cf. ci-dessus, Lettre MDCCLXXXI, p. 59.)
444 Jean-François, prieur de Saint-Paul en Chablais. (Voir tomes XII, note (666), p. 298, et XV, note (1003), p. 354.)
445 Le lendemain, saint François de Sales confiait à M. Crichant plusieurs lettres pour Paris (voir ci-après, p. 151) ; on
peut supposer très vraisemblablement qu'il s'arrêta à Lyon et fut le porteur de ces lignes.
446 Etienne Brun, confesseur de la Visitation de Lyon. (Voir le tome précédent, note (662), p. 199.)
118/342

12.9 Page 119

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MDCCCXXIX. A Madame de Villeneuve447. Un amour qui vient
du « Maistre et Createur de l'amour. » Douces plaintes «
apprestees au verjus. » Pourquoi Mme Flocard mérite d'être
aimée.
Annecy, 20 septembre 1621.
Ouy certes, il est vray, ma tres chere Fille, j'ay tort, mais je dis tres grand tort, si je ne vous
cheris d'une dilection toute particuliere. Vostre cœur, qui en a une singuliere pour le mien, merite,
pour le moins, bien ce reciproque. Mays avec cela, ma tres chere Fille, le Maistre et le Createur de
l'amour a fait celuy qu'il m'a donné pour vous d'une façon que, le recevant, je le doy employer de
toutes mes forces. Aussi fay-je certes, ma tres chere Fille ; luy mesme, l'autheur, le sçait et le void
bien, et je ne doute point qu'il n'en asseure vostre esprit. [146]
Non, non, ma Fille, n'ayes pas crainte de me surprendre, j'entens tres bien vostre langage :
vos plaintes ne sont pas aigres, ce sont des douceurs d'un enfant envers son pere ; si elles sont
apprestees au verjus, ce n'est que pour leur donner le haut goust. Faites en seulement souvent de
ces plaintes, ma tres chere Fille, affin qu'autant de foys que vous feres semblant de ne croire pas
que vous estes ma tres particulierement tres chere fille, je proteste de mon costé que vous l'estes
et le seres a jamais invariablement ; car j'ay un extreme playsir a repeter cette verité.
O que nostre tres chere Seur Helene Angelique est bienheureuse d'estre en cette vocation
avec le bon playsir de Dieu, qui luy donne la clarté et la consolation convenable et propre a graver
profondement son tressaint et pur amour en son cœur.
M. Flocard qui vouloit revenir icy a cause de sa femme, avoit rayson, car sa femme est
digne d'estre aymee, puisqu'elle tasche de tout son cœur de bien aymer Dieu448 ; et ayant sceu
l'honneur que vous faites a son mari449 tous-jours privee de la presence de son mari qui est en
Piemont des il y [a] 11 moys450.
Or sus, ma tres chere Fille, je suis invariablement et tres singulierement
Vostre tres humble et tres fidele serviteur.
Et vous estes ma tres chere fille en Celuy qui est nostre Tout, qui est beni es siecles des
siecles.
20 septembre 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Thinault, à Poitiers. [147]
_____
447 L'Autographe n'a pas d'adresse ; Hérissant donne : A une Religieuse de la Visitation, mais c'est une erreur évidente.
Le ton et la mention de la Sœur Hélène-Angélique désignent Marie Lhuillier, dame de Villeneuve, pour destinataire.
448 La femme du collatéral Flocard était Claudine Viallon de la Pesse. (Voir tome XVIII, note (992), p. 300.)
449 Ici, deux tiers de ligne ont disparu par suite de l'usure de l'Autographe.
450 Barthélemy Flocard était parti pour Turin au commencement de novembre 1620. (Voir le tome précédent, Lettres
MDCCXVIII, MDCCXIX.)
119/342

12.10 Page 120

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MDCCCXXX. A une dame de Paris451. Quels sont les services
que Dieu préfère. Lenteur des meilleurs arbres à produire
leurs fruits. Un secret de la Providence. Comment un
Saint achève sa page.
Annecy, 20 septembre 1621.
Ce m'a esté une tres douce consolation de sçavoir des nouvelles de vostre ame, ma tres
chere Fille, de vostre ame, dis je, qu'en toute verité la mienne cherit tres singulierement.
La peine que vous aves a vous mettre en l'orayson n'en diminuera point le prix devant Dieu,
qui prefere les services qu'on luy rend parmi les contradictions, tant interieures qu'exterieures, a
ceux que l'on luy fait entre les suavités ; puysque luy mesme, pour nous rendre aymables a son
Pere eternel, nous a reconciliés a sa Majesté en son sang, en ses travaux, en sa mort452.
Et ne vous estonnes nullement si vous ne voyes pas encor beaucoup d'avancement, ni pour
vos affaires spirituelles, ni pour les temporelles. Tous les arbres, ma tres chere Fille, ne produisent
pas leurs fruitz en mesme sayson ; ains, ceux qui les jettent meilleurs demeurent aussi plus long
tems a les produire, et la palme mesme cent ans, a ce qu'on dit453. Dieu a caché dans le secret de
sa providence la marque du tems auquel il vous veut exaucer et la façon en laquelle il vous exaucera
; et peut estre vous exaucera il excellemment en ne vous exauçant pas selon vos pensees, mais
selon les siennes.
Demeures ainsy en paix, ma tres chere Fille, entre les bras paternelz, du soin tres amoureux
que le souverain Pere celeste a et aura de vous, puisque vous estes sienne et n'estes plus vostre ;
car en cela ay je une suavité nompareille de me ramentevoir le jour auquel, prosternee [148] devant
les pieds de sa misericorde, apres vostre confession, vous luy dediastes vostre personne et vostre
vie, pour, en tout et par tout, demeurer humblement et filialement sousmise a sa tressainte volonté.
Ainsy donq soit il, ma tres chere Fille ; et je suis irrevocablement
Vostre tres humble et obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 20 septembre 1621.
O mon Dieu, ma tres chere Fille, que cette Providence eternelle a de moyens differens de
gratifier les siens ! O que c'est une grande faveur quand il conserve et reserve ses gratifications
pourfla vie eternelle !
J'ay dit ce mot pour achever de remplir la page. Dieu soit a jamais nostre Tout. Amen.
_____
451 Impossible d'avancer un nom.
452 Coloss., I, 50, 22.
453 Cf. tom. præced., p. 75.
120/342

13 Pages 121-130

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13.1 Page 121

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MDCCCXXXI. A Madame Baudeau454. Pourquoi François de
Sales conseille à la destinataire de rester sous la conduite de son
confesseur ordinaire. Comment user de la direction de
l'Evêque de Belley.
Annecy, 20 septembre 1621.
Dieu soit au milieu de vostre chere ame, ma tres chere Fille, pour y regner a toute æternité.
Je suis consolé de la consolation que vous avés dequoy Monseigneur de Belley est vostre Praelat,
bien que ce soit [149] avec ma perte455. Je me confie en sa bonté qu'il vous verra de bon cœur es
occurrences de vostre profit spirituel ; mays puisque vous me demandes mon advis, je vous diray,
ma chere Fille, que c'est un personnage grandement appliqué au service de Dieu et de son Eglise,
au milieu de Paris qui est un monde ou tant de gens voudront avoir part a sa charité, que vous
deves faire vostre exercice ordinaire a l'Oratoire, sous la conduite de vostre Pere ordinaire, qui est,
ce me semble, le P. Menan456, et de troys moys en troys moys voir ce grand Prælat pour la suavité
de vostre esprit.
Ma tres chere Fille, je vous dis en toute verité que j'ay du contentement bien particulier a
penser en vous, ayant conneu en vostre cœur une veritable inspiration de bien servir Nostre
Seigneur par la sainte obeissance que vous deves a sa volonté. C'est un grand bonheur que ce soit
en cet aage, en cette condition et en cette ville.
Aymes moy tous-jours saintement, ma tres chere Fille, comme de tout mon cœur je vous
souhaite mille et mille benedictions.
XX septembre 1621.
A Madame
Madame Baudeau, marchande gantiere.
A la Perdrix, au Pont aux Oyseaux457.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Toulouse. [150]
_____
454 Dans le volume 216 des Pièces originales (Bibl. Nat.), se trouvent des documents de 1660 et 1661 relatifs à Charles
Baudeau, sieur des Bergeries, marchand bourgeois de Paris. Peut-être est-ce le fils de l'humble « marchande gantiere,
» Philothée de François de Sales. Elle était sans doute associée aux œuvres de charité des dames de Paris, car la Mère
de Chantal nous apprend (Lettres, vol. I, p. 591) qu'elle prit la fièvre pourpreuse en visitant les galériens avec Mme des
Gouffiers.
455 Mgr Camus avait pris possession, le 14 mai, du décanat de Saint-Germain-l'Auxerrois (voir le tome précédent,
Lettre MDCLXXVI et note (906), p. 276). Le Pont-aux-Oiseaux où logeait Mme Baudeau était sur le territoire de cette
paroisse.
456 Le P. Jean Menant, qui fut pendant quelque temps le confesseur de la Mère Madeleine de Saint-Joseph, décéda à
Paris le 25 janvier 1669. (Archiv. Nat., MM 609.)
457 Ce pont, construit aux frais de Charles Marchand après l'effondrement de celui des Meuniers en 1594, avait une
rue large de dix-huit pieds, bordée de chaque côté les uns disent de trente, les autres de cinquante maisons, toutes de
charpente et à deux étages. Elles étaient de même symétrie et peintes à l'huile ; chacune avait pour enseigne un oiseau,
ce qui fit appeler ce pont, le « Pont aux Oyseaux, » malgré les lettres patentes de 1598 qui ordonnaient de le désigner
sous le nom de « Pont aux Marchands. » (D'après Félibien, Hist. de Paris, tome II, p. 1247 ; voir ci-après, note (533),
p. 181.)
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13.2 Page 122

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MDCCCXXXI. A Madame Baudeau. Ce que sont pour l'Evêque
de Genève les lettres et l'âme de la Mère de Chantal ; désir de la
revoir en Savoie. Les Constitutions de la Visitation et le
privilège du petit Office. Projets de fondations en Provence et
dans la Val d'Aoste. Heureuse mort de M. de Termes.
Intérêt affectueux pour la parenté de la Sainte. Nouvelles de
la Communauté d'Annecy. Dijon va recevoir les Filles de
Sainte-Marie. Un point d'observance à insérer dans leurs
Constitutions. Accablement d'affaires. François de Sales
condescend à soigner sa santé. Promesse de lettres.
Annecy, 21 septembre 1621.
Je viens finalement a vous, ma tres chere Mere, pour vous dire que j'ay receu trois de vos
cheres lettres, et vous rens graces du soin que vous aves de m'escrire ainsy souvent ; aussi est ce
la plus grande consolation que j'aye en cett' espece, car vos lettres sont, en comparaison de toutes
les autres, ce que m'est vostre chere ame en parangon des autres, selon qu'il a pleu a Dieu de le
faire.
Vous aves donq esté bien malade, puysque vostre cœur n'a pas peu dissimuler qu'il ne
pouvoit pas donner asses de force a vostre cors pour aller a Bourges458. Ayes en soin encor de ce
cors, car il est a Dieu, ma tres chere Mere. Ce qui ne se peut faire aujourd'huy se fera demain, et
ce qui ne se peut faire icy se fera au Ciel.
Le porteur, M. Crichant459, que j'ayme grandement, vous dira en quel estat nous sommes
en ce païs ; et dans quinze jours ou troys semaines nous verrons, comme j'espere, clair en nos
affaires. Alhors, si je voy qu'il soit a propos, je vous envoyeray un homme pour vous
accompaigner. Si moins, je vous laisseray encor la en paix, quoy qu'avec quelque sorte
d'impatience de vous revoir de deça, puisque, comme vous m'escrives, l'air de Paris ne vous est
pas salutaire. [151]
Voyla les Constitutions. De sçavoir si, en les faysant reimprimer, il faudra les faire de
rechef appreuver par les docteurs de Paris, c'est a l'imprimeur de le sçavoir. Je pense, quant a moy,
que non, puisque mesme M. de Damas, qui a appreuvé la premiere impression, est docteur de
Paris460.
Il est vray qu'il ne faut plus recourir a Rome, puisque on peut eviter cet incomparable tracas
qu'on y a en telles matieres. Le Pape a octroyé encor pour dix ans le petit Office461 ; reste de sçavoir
si on fera tirer le despeche, car il coustera encor peut estre beaucoup.
Deux maysons de Congregation de Provence, qui ne sont es terres du Pape, veulent estre
reduites en Monasteres de nostre Institut et en ont escrit a Grenoble affin d'y pouvoir envoyer des
filles pour faire le novitiat462 ; si cela reuscit, ce sera par l'ordre de Rome, et cela affirmera de plus
en plus l'approbation, comm' aussi un autre Monastere ancien de la Val d'Aouste, qui fera mesme
458 Il était convenu que la Sainte, dans son voyage de retour, d'abord fixé au mois d'octobre, visiterait les Monastères
de Bourges, Nevers et Moulins.
459 Georges Crichant (voir ci-dessus, note (414), p. 137).
460 Robert Berthelot, évêque de Damas. (Voir tome XIV, note (1101), p. 384.)
461 Cf. ci-dessus, Lettre MDCCCXXI, p. 136, et voir à l'Appendice II les documents relatifs à cette affaire.
462 L'histoire des différentes fondations des Monastères de Provence n'a pas gardé le souvenir de démarches faites à
cette époque pour la transformation de Maisons religieuses en couvents de la Visitation. En 1624, les Ursulines
fondées à Avignon par la sainte Mme de Capelis ; en 1629, un Monastère relâché de Sainte-Claire, à Arles, subiront ce
changement ; mais nous n'oserions affirmer qu'il en fût déjà question du vivant de l'Evêque de Genève.
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supplication463. En somme, si ces examinateurs et censeurs sans authorité, qui font tant de
questions sur toutes choses, se peuvent donner un peu de patience, ilz verront que tout est de Dieu.
Je ne pense pas qu'il faille pour encor employer vostre argent en des chandeliers ; j'en diray
la rayson a M. Crichant, si je m'en resouviens tantost qu'il va partir.
M. Jantet464 ne part pas encor, et je reserveray a ce [152] tems-la d'escrire a beaucoup de
dames ausquelles il ne m'est pas possible de faire response maintenant. Je receu hier des lettres de
Paris, mais je n'ay eu loysir encor de les voir, a cause de nos troubles qui m'entretindrent hier au
soir bien tard avec M. le President, pour conferer de plusieurs choses465.
O certes, il est vray, la mort de M. de Termes m'a infiniment tourmenté le cœur ; je ne puis
m'empescher que je n'en sente de tems en tems des vives atteintes ; mays il est bien heureux d'estre
mort si chrestiennement, et pour une si juste cause466.
Je recommande a Dieu monsieur vostre filz et vostre beaufilz et monsieur vostre neveu467,
et tout ce a quoy vostre maternité m'oblige. J'ay grand' envie d'escrire a nostre Monseigneur
l'Archevesque quand il sera dehors de Bourges ; il me semble que Dieu l'ayme bien. J'escriray a
nos Seurs Anne Catherine, Jeanne Marie et Helene Angelique468.
Nos Seurs d'icy sont toutes bien, et nous avons des [153] braves et douces Novices469, que
j'ay confessees avec les autres pour l'extraordinaire d'aoust, et je les treuve a mon gré. Il y a quantité
de bonnes et braves postulantes, non en la mayson, car il n'y en a plus, mays parmi ce païs.
Quand je sçauray ce que je pourray faire pour ma tres chere fille de Port Royal, je le feray,
mays de quel cœur ! C'est beaucoup que sa mere soit gaignee470. Hier je receu une lettre de madame
la Premiere de Bourgoigne471, qui m'escrit que nos Seurs seront receues a Dijon pour la Saint
Martin ; si cela est, voyla une nouvelle peine pour vous472. Je n'ay point veu madame de Royssieux,
ni ne sçai pas ou elle est, bien que par la lettre de madame la Premiere il semble qu'elle ne soit plus
a Dijon473. [154]
463 C'était peut-être l'antique Monastère de Sainte-Catherine, des Chanoinesses régulières de Saint-Augustin, établies
à Aoste à la fin du XIIe siècle, que l'on songeait à réduire en Maison de la Visitation. Ce projet n'eut alors pas de suite
; en 1632 seulement, les Filles de Sainte-Marie s'établirent dans cette ville.
464 Benoît Jantet, aumônier de Mgr Camus. (Voir le tome précédent, note (209). p. 47.)
465 A l'occasion de quelques mesures prises par le nouveau lieutenant-général « de deça les monts, » le prince Thomas,
les Genevois crurent, ou affectèrent de croire à des préparatifs de guerre contre eux. Les protestants du Dauphiné,
profitant de l'absence de Lesdiguières. armaient sous le commandement de Montbrun, et donnaient ainsi une apparente
raison à leurs coreligionnaires de Genève. Ceux-ci firent appel à deux mille Suisses, et écrivirent assez insolemment
au duc de Savoie, que s'ils savaient que leur ville dût être attaquée, ils prendraient les devants « en bruslant et
saccageant les sujets de Son Altesse. » Antoine Favre les apaisa par de sages paroles (lettres du 17 et du 26 septembre
1621), et peu à peu tout rentra dans l'ordre. Le Président, venu à Annecy à ce moment-là pour le baptême de son petit-
fils (voir le tome précédent, note (920), p. 282), dut naturellement s'entretenir avec le saint Evêque de tous ces
événements. (Cf. Mugnier, Hist. du Président Favre, Paris, 1902-1903, chap. XXI, p. 478, et Correspondance, tome
II (suite), publié par la Société savoisienne, etc., 1906 ; Douglas et Roman, Actes et correspondance du connétable de
Lesdiguières, Grenoble, 1881, tome II.)
466 César-Auguste de Saint-Lary, baron de Termes, était mort en combattant contre les protestants. (Voir tome XVII,
note (478), p. 130.)
467 Celse-Bénigne de Rabutin-Chantal (voir tome XII, note (827), p. 328), Antoine de Toulongeon (voir ci-dessus,
note (139), p. 33) et Bénigne de Neufchèzes, baron des Francs (tome XIV, note (508), p. 170), suivirent le Roi dans
sa campagne en Guyenne et en Béarn.
468 Les Sœurs Anne-Catherine de Beaumont, destinataire plus loin, Jeanne-Marie Vincent de la Croix de Fésigny (voir
tome XVII, note (902), p. 264), et Hélène-Angélique Lhuillier (tome précédent, note (695), p. 213).
469 Seize novices, toutes voilées par le saint Fondateur, avec sept jeunes professes, composaient alors le Noviciat du
Monastère d'Annecy. Les plus remarquables étaient les Sœurs Humbert, Brung, Favrot, de Lucinge, de Marigny.
470 Mme Arnauld ne tarda pas, en effet, à entrer dans les vues de sa fille pour son changement d'Ordre.
471 Marie Bourgeois, femme de Nicolas Brûlart, premier président au Parlement de Bourgogne. (Voir tome XII, note
(598), p. 267.)
472 Ce fut la Mère de Chantal qui présida à la fondation de Dijon, mais le 8 mai 1622 seulement.
473 Dans le rapport fait le 18 décembre 1621 au Parlement de Dijon par le conseiller Odebert, sur les lettres patentes
de juin 1620, relatives à l'établissement des Religieuses de la Visitation, il est question de la « requeste presentee par
Claude Hanapree (sic pour Hanapier), veuve du sieur de Rossieux. » (Archiv. dép. de la Côte-d'Or, B. 12069ter.) C'est
d'elle assurément que le Saint parle ici, et les renseignements qui suivent, dus pour la plupart à l'obligeance de M.
Baillet, érudit Orléanais, permettent d'affirmer que c'est elle encore qui est mentionnée au tome XVIII, pp. 364, 375.
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Il sembleroit bon que l'on mist es Constitutions que la Superieure puisse changer les
officieres a son gré parmi l'annee, mais je n'ay pas eu le loysir de l'inserer : faites le, s'il vous plait,
a l'endroit le plus convenable474.
En somme, je me porte bien, mais je confesse que je suis plus accablé d'affaires que jamais.
Mon diocese m'en donne a cause de quelques accidens et d'une pretention que M. Crichant vous
dira.
Le bon Pere Binet ne me presse point de vous laisser ; je luy escriray par M. Jantet, et [à]
madame la Marquise de Menelay475 qui [m'a écrit] si cordialement. Nous vivons de regie quant au
manger, et je n'escris plus le soir, parce que mes yeux ne le peuvent pas porter, ni certes mon
estomach. Il ne tiendra pas a moy que je ne soys longuement vieux.
J'escriray par M. Jantet a Orleans, a nostre Superieure, et a toutes nos Superieures476, et a
la bonne Mere des Carmelites d'Orleans et a la Sousprieure477. Cette bonne Mere m'est une si
parfaitement bonne fille des-ja il y a vingt ans.
Dieu vous conserve, Dieu vous benisse, Dieu vous remplisse de plus en plus de son
tressaint amour. Amen, ma tres chere Mere.
Le 21 septembre 1621. [155]
_____
MDCCCXXXIII. Aux Religieux du Monastère de Sixt478
(Inédite). Exhortation à parachever la réforme du Monastère par
la Profession religieuse.
Annecy, 23 septembre 1621.
Messieurs mes Confreres,
Ayant treuvé icy monsieur Lachat, Curé de Vuallier479, j'ay voulu employer sa bonne
volonté pour vous faire tenir en main propre ces quattre motz, par lesquelz je desire vous
ramentevoir l'affection que vous aves tesmoigné ci devant, de vouloir faire la Profession de
Religion, qui est grandement necessaire pour le bon establissement de vostre Monastere480. Et
Les notes (1190), pp. 364, 365, et (1220), p. 375, doivent donc être rectifiées.
Issue d'une famille orléanaise et fille de Jacques Hanapier, seigneur d'Armonville et d'Amoy, receveur général
des Finances à Orléans, Claude était mariée avant mai 1591 à Denis de Rossieux ou Roissieux, écuyer du duc de
Guise, secrétaire du duc de Mayenne et trésorier de France au bureau des Finances d'Orléans. « Femme de qualité et
de mérite, » nous l'avons déjà vue (tome précédent, note (1004), p. 310) s'occuper activement de la fondation d'une
Maison de la Visitation dans sa ville natale ; elle « ne cessait d'aller de Paris à Orléans et d'Orléans à Paris, » raconte
une annaliste, « pour terminer cette importante affaire » qu'elle « passionnait depuis longtemps. » Non contente d'avoir
tout préparé pour les fondatrices, Mme de Rossieux leur donna, pour aider à l'installation, une de ses servantes, Anne-
Angélique Duneau, qui fut ensuite admise dans la Communauté comme Sœur domestique. Quant à la vertueuse
maîtresse, après avoir coopéré à l'établissement du Monastère de Dijon, elle se retira dans celui d'Orléans dont elle
n'avait cessé d'être l'amie et la bienfaitrice.
474 Cf. ci-dessus, p. 142. Ce point d'observance a été inséré à la fin de la Constitution XLVIIe, De l'election de la
Superieure et autres Officieres.
475 Charlotte-Marguerite de Gondi, marquise de Maignelais (voir tome XIV, note (553), p. 185).
476 Outre Annecy et Paris, l'Institut comptait déjà huit Maisons, toutes gouvernées, à l'exception de celle de Valence,
par des Religieuses d'Annecy. Sur sa route, M. Jantet devait rencontrer les monastères de Lyon, Moulins, Nevers,
Bourges, Orléans, et laisser des lettres aux Mères de Blonay, de Bréchard, de Monthoux, Rosset et de la Roche.
477 Les Mères Marie de Jésus Acarie et Thérèse de Jésus du Pucheul.
478 Voir tome XVIII, note (299), p. 81.
479 François de Lachat, curé de Vailly (voir ibid., note (569), p. 167).
480 En donnant aux Chanoines de Sixt de sages Constitutions (1618), l'Evêque de Genève leur avait enjoint, suivant
les intentions du Concile de Trente, de faire la Profession après un an de noviciat, d'autant que pas un ne l'avait faite
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13.5 Page 125

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partant, je vous prie de prendre une finale resolution du tems convenable et des personnes que
vous desires qui vous y assistent ; et m'en advertissant, je donneray ordre de mon costé affin que
rien ne vous manque, moyennant la grace de Dieu, lequel ce pendant je prie vous combler de sa
sainte grace ; qui suis,
Messieurs,
Vostre tres humble et tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XXIII septembre 1621.
A Messieurs
Messieurs les Religieux de Sixt.
Revu sur le texte inséré dans le Ier Procès de Canonisation. [156]
_____
MDCCCXXXIV. A Madame d'Aiguebelette481. Souffrir souvent
doit apprendre à bien souffrir. Délicatesse et prudence du
saint Evêque au sujet d'un avis contraire au sien pour la
fréquence des Communions.
Annecy, 25 septembre 1621.
Je vous voy bien tous-jours, ma tres chere Fille, sur vostre lit et parmi plusieurs sortes
d'afflictions. Que si mon cœur sçavoit treuver quelque bon allegement pour le vostre, il le
contribueroit tres affectionnement. Mays, ma Fille, tout ce que je sçai pour cela, vous le sçaves, et
l'ordinaire hantise que les desplaysirs ont avec vous, vous aura rendue encor plus sçavante en l'art
de bien souffrir. En somme, qui veut bien recevoir les coups des accidens de cette vie mortelle, il
doit tenir son esprit en la tressainte volonté de Dieu et son esperance en la bienheureuse seternité.
Tout ce tracas de peines et d'ennuys passera bien tost, ce ne sont que des momens482 ; et puis, nous
n'avons encor point respandu de sang483 pour Celuy qui respandit tout le sien pour nous sur la
croix.
Je suis consolé de la consolation que vous prenes en la reception du tres divin Sacrement,
mais je n'ay pas eu le loysir de parler au bon P. Recteur484 du desir que vous auries de communier
plus souvent ; et de plus, je n'eusse pas osé, n'estant pas la rayson que je donne la leçon a des si
braves maistres. Si c'estoit luy seul qui retranchast les Communions, j'auroys bien eu asses de
courage ; mays quand c'est par l'advis de toute la Compaignie, il me suffit bien d'user de mon
opinion contraire, [157] sans que je les importune contre la leur. Je croy bien que la resolution que
la Compaignie a pris sur cela, est en partie fondee sur l'extreme incommodité que ce leur seroit sil
failloit estre si souvent au confessional, ayans tant d'autres saintes occupations ; mais il faut
s'accommoder a cela et tant mieux ruminer la Communion du dimanche toute la semaine suivante.
Ma tres chere Fille, Dieu benira vostre sousmission, et supleera a la consolation que vous auries
«expresse » ; que s'ils croyaient avoir quelques raisons pour ne pas accomplir cette ordonnance, ils devaient les lui
soumettre. (Cf. Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. IX, p. 513.)
481 Françoise-Melchionne du Four, dame de Chabod-Lescheraine et d'Aiguebelette. (Voir tome XIV, note (1134), p.
393.)
482 Cf. II Cor., IV, 17.
483 Cf. Heb., XII, 4.
484 En 1621, le Recteur du collège de Chambéry était le P. François Bening. Né à Toulon le 6 janvier 1580, entré dans
la Compagnie de Jésus en 1602, profès des quatre vœux en 1618, il mourut à Avignon le 9 février 1662. (D'après des
Notes du regretté P. Van Meurs, ancien archiviste général de la Compagnie.)
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13.6 Page 126

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de communier plus souvent, par celle que vous aures d'avoir obei a vostre confesseur.
Je suis de plus en plus tout vostre.
F., E. de Geneve.
XXV septembre 1621.
A Madame d'Aiguebellete.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Cracovie.
_____
MDCCCXXXV. Au Père François Billet, Oratorien485 (Inédite).
Mémoires envoyés et à envoyer pour l'établissement des
Oratoriens à Rumilly.
Annecy, 27 septembre 1621.
Monsieur,
Je vous envoye le Memoire requis pour retirer les fruitz que, par artifice, on veut celer
appartenir a la cure [158] de Rumilly, et avec cela le double de la response que Monseigneur le
Prince a fait a la lettre par laquelle je luy ramentevois le desir qu'il a eu de l'introduction des RR.
PP. de l'Oratoire en l'eglise de ce lieu la486 ; et lundi prochain je luy envoyeray les Memoires qu'il
demande, affin quil ne tienne pas a moy que sa commission [d'] institution ne soit bien tost
executee.
Je vous prie de saluer madame de la Flechere, qui m'excusera bien si je ne luy escris pas,
n'en ayant nul loysir. Je suis,
Monsieur,
Vostre tres humble et tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 27 septembre 1621.
Au Reverend Pere Billet.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin. [159]
485 La famille Billet était originaire de Rumilly ; dans les Registres paroissiaux, figure comme parrain, en 1610,
François Billet, docteur en théologie. C'est, très probablement, le correspondant du Saint. Nous ne savons en quelle
année il entra dans la Congrégation de l'Oratoire ; mais quand, sur les instances de l'Evêque de Genève, M. de Bérulle
envoya l'un de ses fils préparer les voies au futur établissement de Rumilly (cf. le tome précédent, note (1140), p.
358), ce fut François Billet, alors Supérieur de la Maison d'Aixen-Provence, qu'il choisit pour cette mission. Il arriva
peu après l'accord entre les Altariens et le curé Viret (ibid., note (1165), p. 371). Celui-ci mourait en octobre, et, en
février 1622, son bénéfice était donné à Louis de Gerbais de Sonnaz ; mais M. Billet, en l'absence du nouveau curé,
en fit les fonctions. Quelques mois plus tard, la Providence se servait de lui pour seconder dans leur laborieuse
entreprise les Bernardines de Sainte-Catherine commençant leur réforme à Rumilly. Saint François de Sales l'établit
leur confesseur, et la Mère de Ballon ne craint pas d'en rendre ce témoignage : « S'il y a jamais eu un Pére capable de
conduire une Communauté, c'est assurément celui-ci... C'est un homme d'oraison presque continuéle et qui est dans
une intime union avec Dieu... Enfin, pour dire tout en un seul mot, c'est un homme si parfait, qu'il est tout à fait
irréprehensible. » le pieux Oratorien voyant ses efforts inutiles pour l'établissement de ses confrères à Rumilly, eût
bien désiré aller finir ses jours dans une Maison de sa Congrégation, mais il n'en eut pas la consolation. Il mourut en
odeur de sainteté, et fut inhumé dans le caveau des Bernardines. Le peuple recourut souvent à son intercession auprès
de Dieu et en reçut des grâces signalées. (Grossi, La Vie de la Vble Mere de Ballon, Annecy, Fontaine, 1695, liv. III,
chap. XX, et passim.)
486 Epist. MDCCCXXV.
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13.7 Page 127

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MDCCCXXXVI. A Madame de Pechpeirou487. Trois mots
d'affection. Humble demande de prières.
Annecy, 12 octobre 1621.
Tenes, voyla donq, ma tres chere Fille, trois motz tout fin seulz, pour vous dire que mon
cœur cherit le vostre et luy desire mille et mille benedictions, affin quil vive constant et consolé
parmi les accidens si varians de cette vie mortelle.
Mays pries bien Dieu, ma tres chere Fille, qu'il me face la misericorde de me pardonner
mes pechés, affin que je puisse un jour voir sa sainte face avec vous et nostre chere madame de
Villesavin488, es siecles des siecles. Amen.
Vostre serviteur tres humble,
FRANÇS, E. de Geneve.
12 octobre 1621.
A Madamoyselle
Madamoyselle de Piperou.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. La Caille, à Paris. [160]
_____
MDCCCXXXVII. A Don Juste Guérin, Barnabite. Cordiale
jalousie et défi d'amitié. La Cour céleste et la cour terrestre à
une cérémonie de prise d'habit.Princesses pleines d'humilité «
en leur serenissime altesse et grandeur. »
Annecy, 12 octobre 1621 489.
O mon tres cher Pere, Que mes yeux portent d'envie a ceux de N. et de ce garçon mon
neveu490, car ilz vous verront. Mais je ne porte point d'envie au cœur de qui que ce soit, car jamais
il n'y en aura qui vous ayme et cherisse plus que le mien fait, et si je ne craignois d'offencer celuy
de ma tres chere fille (dites moy son nom moderne491), je dirois absolument : ni tant que le mien
fait et fera a jamais.
Or sus, que fait elle, cette chere fille ? M. N. et M. N. me firent un grand cas dequoy toute
487 Tallemant des Réaux (Historiettes, tome I, p. 112) mentionne un M. de Puypeiroux que Mommerqué identifie avec
Bernard de Pechpeirou, gentil-homme ordinaire de la chambre du Roi, mort en 1622. Il avait épousé Eléonore de
Cheverri, fille du baron de la Réoule. Le frère de Bernard, Pons, chef de la branche des Guitaud, s'était allié, le 13
février 1596, avec sa parente Françoise de Comenge, fille de François de Comenge, seigneur de Guitaud, et de
Catherine de Tougès. (Cf. Moreri, 1740, tome VII.) Rien ne nous permet de décider laquelle de ces deux dames de
Pechpeirou est la correspondante de l'Evêque de Genève.
488 Comme plusieurs des Philothées de François de Sales, Mmes de Villesavin et « Piperou » s'unirent à Mlle Le Gras
pour se dévouer aux œuvres de charité dirigées par saint Vincent de Paul. (Cf. Baunard, La Vble Louise de Marillac,
Mlle Le Gras, Paris, 1898, chap. 1er, pp. 32, 33.)
489 La date de 1611 donnée par l'édition de 1641 et les suivantes, est évidemment une erreur. Toutes les circonstances
auxquelles il est fait ici allusion se rapportent à 1621.
490 Sans doute le jeune page de Christine de France, Bernard-Philibert, fils de Gallois de Sales et de Jeanne du Fresnoy.
(Voir la lettre suivante.) Né en 1609, il mourut en 1629, en combattant pour l'Empereur contre les Suédois.
491 Dona Ginevra Scaglia venait de prendre l'habit des Dominicaines au monastère de Chieri ; elle reçut le nom de
Marie-Christine, en l'honneur de la princesse de Piémont. (Voir tome XVIII, note (607), p. 177.)
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13.8 Page 128

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la cour de Madame, des serenissimes Princes et Princesses, furent a sa reception au novitiat ; et
moy, je me res-jouys en la creance que j'ay dequoy Nostre Dame, les Anges et les Saintz de Paradis
y furent et l'honnorerent de leur attention, et Dieu nostre Seigneur de sa benediction.
Nous sommes apres a faire les formalités pour le prieuré492. O mon Dieu, que le monde est
fascheux en ces saintes occasions !
Mais dites moy, je vous prie, mon tres cher Pere, puis [161] je loysiblement oser vous
supplier de faire tres humblement la reverence de ma part a nos Serenissimes Dames Infantes, ou
du moins a la Serenissime Princesse Catherine493 ? car, mon Pere, si cela est bonnement permis a
mon indignité, faites le, je vous en prie de tout mon cœur, et dites leur que je les revere infiniment
a cause de leur altesse, que je regarde avec toute extreme sousmission ; mais que je les revere tres
infiniment a rayson de la profonde humilité qu'elles prattiquent en leur serenissime altesse et
grandeur. Au moins, mon Reverend Pere, faites bien sçavoir a la Serenissime Infante Catherine
que je luy souhaite les benedictions des plus serenissimes Princesses qui furent jamais, et sur tout
la perseverance aux desirs fervens d'aymer de plus en plus Jesus Christ crucifié, qui est la
benediction des benedictions.
O mon Pere, on me presse, et il faut faire partir cet enfant, qui est vostre puisqu'il est mien,
filz de mon frere, qui me le donna, mourant tout a fait comme un saint entre mes bras, comme
l'autre mourut entre les vostres494.
Je suis tout vostre, mon cher Pere, je dis tout vostre, sans reserve.
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 12 octobre 1621. [162]
_____
MDCCCXXXVIII. A la Princesse de Piémont, Christine de
France495 (Inédite). Un neveu de François de Sales, page de
Madame. Délicate manière de remercier.
496 Madame,
Annecy, 19 octobre 1621.
Ce m'est un si grand honneur qu'il ayt pleu a Vostre Altesse Serenissime de commander
que le filz de mon frere soit receu au nombre de ses pages497, que je ne sçai comme former le tres
humble remerciment que j'en doy a vostre bonté ; laquelle je supplie donq, en toute reverence,
d'avoir aggreable qu'en lieu de tout autre tesmoignage de reconnoissance, je benisse Dieu de la
douceur et debonaireté qu'il a donné au cœur de Vostre Altesse, Madame, pour le bonheur de vos
serviteurs, et que, comme je suys infiniment tres-obligé de fayre, j'invoque journellement la divine
Providence pour vostre prosperité,
Madame, demeurant invariablement
Vostre tres humble, tres fidele et tres-obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 19 octobre 1621.
492 Le prieuré de Saint-Clair (voir ci-dessus, note (176), p. 45).
493 Françoise-Catherine de Savoie (voir tome XVII, note (1258), p. 385).
494 Gallois et Bernard de Sales (voir tomes XVI, note (630), p. 196bis, et XVIII, note (104), p. 17).
495 Voir le tome précédent, note (415), p. 115.
496 Voir le fac-simile placé en tête de ce volume. Nous ne croyons pas pouvoir nous dispenser de donner à
l'Appendice III la note pleine d'intérêt qui est jointe à l'Autographe de cette lettre et qui en raconte les diverses
pérégrinations.
497 Bernard-Philibert de Sales (voir la lettre précédente).
128/342

13.9 Page 129

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Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Metz. [163]
_____
MDCCCXXXIX. A Madame Talon498 (Inédite). Prières pour un
défunt et consolations à ceux qui le pleurent.
Annecy, 19 octobre 1621.
Madame,
Apres avoir souhaité a l'ame de feu monsieur Talon l'æternel repos que Nostre Seigneur a
aquis par son sang a tous ceux qui meurent en sa grace, je souhaite a vostre cœur la tressainte
consolation qu'il doit prendre en la volonté de sa divine Providence qui dispose de ses creatures
en sa bonté. Vostre bon Ange et vostre pieté vous auront des-ja suggeré les raysons pour lesquelles
il faut recevoir avec tranquillité ces ordinaires evenemens de nostre commune mortalité ; et pour
cela, il ne me reste qu'a vous asseurer que, comme j'estimois beaucoup les bonnes qualités et
l'amitié de ce cher trespassé, aussi vivray-je tous-jours avec un grand desir de vous pouvoir
tesmoigner par quelque service que je suis,
Madame,
Vostre plus humble et tres affectionné
serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
19 octobre 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Reims. [164]
_____
498 On ne trouve point de dame Talon, devenue veuve en 1621, dans la famille de Paris portant ce nom. Peut-être faut-
il chercher la correspondante du Saint parmi les Talon fixés à Moulins, assez nombreux au XVIIe siècle. C'est dans
cette ville que naquit en 1605, Nicolas, le futur Jésuite, auteur de la Vie de l'Evêque de Genève qui est insérée dans
l'édition de ses Œuvres de 1641. Ses parents furent Jean Talon, seigneur de Gaudet, et Pernette Février : n'aurions-
nous pas dans celle-ci la destinataire de ces lignes ?
129/342

13.10 Page 130

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MDCCCXL. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée499.
Dédommagement pour le grand Aumônier de la princesse de
Piémont, privé de remplir entièrement sa charge.
Annecy, 21 octobre 1621.
Monseigneur,
C'est la plus grande ambition, mays la plus juste que je puysse avoir, que celle d'estre
conservé au service de Madame, puisque Vostre Altesse, par sa seule bonté, m'y a appellé. Et par
ce que ma charge ne me permet pas d'y rendre mon devoir par ma presence, non plus que mon
insuffisance d'y estre utile, je remercie en toute humilité Vostre Altesse dequoy elle aggree que
l'un des enfans de feu mon frere entre au nombre des pages de Madame, pour apprendre en son
enfance les premiers elemens de ce service auquel sa naissance l'oblige de faire l'employ de toute
sa vie ; tenant lieu d'une marque visible que Vostre Altesse me fait lhonneur de m'advouer,
Monseigneur,
Son tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 21 octobre 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [165]
_____
MDCCCXLI. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation
de Grenoble (Fragment). Une prière en échange d'un souhait.
Belle situation du monastère de Grenoble. Hors de la
Providence divine, tout n'est qu'affliction.
Annecy, [octobre] 1621 500.
……………………………………………………………………………………………………..
Pries tous-jours bien devotement Nostre Seigneur pour moy qui ne cesse de vous souhaiter
la suavité de son saint amour, et, en iceluy, celle de la dilection bienheureuse du prochain, que
cette souveraine Majesté ayme tant.
Je m'imagine que vous estes la, en ce bel air, ou vous regardes, comme d'un saint hermitage,
le monde qui est en bas, et voyes le ciel auquel vous aspires, a descouvert.
Je vous asseure, ma tres chere Fille, que je suis grandement vostre, et croy que vous faites
bien de vivre totalement dans le giron de la Providence divine, hors de laquelle tout n'est
qu'affliction vaine et inutile501.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur. Amen.
499 Cette lettre, envoyée sans doute avec celle du 19 à Christine de France, a dû être écrite bien plus probablement au
prince de Piémont qu'au duc de Savoie.
500 Ce fragment s'ajoute, dans l'édition de 1626 et les suivantes, à la lettre autographe des 13-20 juin 1620 (voir le
tome précédent, note (841), p. 255). Comme date, il doit suivre d'assez près la prise de possession (30 septembre
1621), par les Religieuses de la Visitation de Grenoble, de leur monastère situé à Chalamont. (Voir ibid., note (518),
p. 146, et à l'Appendice I de ce volume la lettre d'Artus de Lionne, seigneur d'Aoste, au Saint.)
501 Cf. Eccles., II.
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14 Pages 131-140

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14.1 Page 131

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_____
FRANÇS, E. de Geneve. [166]
MDCCCXLII. A Madame Le Nain de Crevant502. Vocation
précoce. L'aiguille s'attachant à l'aimant. Message
affectueux.
Annecy, [fin septembre-novembre] 1621 503.
J'ay oüy de la bouche du bon M. Crichant l'histoire de l'entree et reception de vostre chere
petite fille en l'Ordre sacré des Carmelites, et comm'elle passa de vostre sein maternel, ma tres
chere Fille, dans celuy de la bonne Mere Magdeleyne de Saint Joseph504. J'espere que cette [167]
action sera benie de la main de Celuy qui ayme la promptitude des bons desseins et des bonnes
executions, et qui treuva mauvaise la trop grande prudence de cet enfant qui vouloit aller ensevelir
son pere avant que de se ranger tout a fait a sa suite505. Il y a un peu de l'extraordinaire en l'action
de cette fille, et peut estre encor en sa reception ; mays ce n'est pas merveille qu'une eguille non
engraissee, non distante, non frottee d'ail, non empeschee par le diamant, s'attache si promptement
et si puissamment a son aymant506. Or sus, Dieu soit loué, ma tres chere Fille : voyla vostre
holocauste presque consommé avant qu'il soit bonnement sur l'autel507.
La divine Majesté vous benisse de plus en plus de son saint amour, et le cœur de monsieur
vostre mari qui conspire si doucement avec vous pour aspirer tout a fait a Dieu et ne respirer qu'en
502 Anne de Bragelongne (voir le tome précédent, note (74), p. 4).
503 L'entrée de Mlle Le Nain au Carmel eut lieu en 162t. Georges Crichant, parti de Paris pour Annecy le 9 août, se
remit en route pour la capitale le 21 ou le 22 septembre. (Voir ci-dessus, Lettre MDCCCXXXII, pp. 151, 152.) Peut-
être fut-il le porteur de cette lettre, sinon le Saint la confia sans doute à M. Jantet en octobre, ou, au plus tard, à M. de
la Pesse, qui emporta les messages du 11 novembre.
504 Née à Paris le 17 mai 1578, Madeleine avait pour parents Antoine de Fonteines-Marans et Marie Prudhomme (voir
tome XVI, note (418), p. 135). La nature et la grâce s'unirent pour en faire une jeune fille accomplie, dans laquelle
dominaient surtout la virilité du caractère et la solidité de l'esprit. A peine âgée de quatre ans, la pensée de la mort lui
inspira le mépris du monde, tandis que la sainte Communion, reçue de bonne heure, l'attacha pour jamais au Verbe
incarné qui devait être la grande dévotion de sa vie. Une entrevue avec M. de Bérulle la gagna au Carmel sur le point
d'être introduit en France ; le 11 novembre 1605, devenue Sœur Madeleine de Saint-Joseph, elle faisait profession au
couvent de l'Incarnation, à la grande joie de Mme Acarie et des Mères espagnoles. Dès le lendemain, les novices lui
furent confiées, et le 20 avril 1608, la première des Carmélites françaises, elle était élue Prieure. Ses six ans de
gouvernement achevés, elle va rendre la vigueur au Carmel de Tours (1615), fonde celui de Lyon (1616), et revient à
Paris établir celui de la rue Chapon (1617). Elley resta jusqu'en 1624, rentra de nouveau au grand Couvent comme
Prieure et y mourut dans le rang d'inférieure le 30 avril 1637. Cette éminente Religieuse doit être considérée comme
la pierre fondamentale du Carmel français ; son intelligence du génie national et de l'esprit de sainte Thérèse lui permit
de les adapter l'un à l'autre, plus encore, de les fondre dans un ensemble harmonieux ; par ses exemples et par ses
leçons, elle fut à la fois le type et la maîtresse des héroïques générations dont la Mère Béatrix de la Conception écrivait
« que les Carmélites d'Espagne craignaient que celles de France, leurs sœurs cadettes, ne surpassassent en vertus les
aînées. » (Voir Sénault, La Vie de la Mère Magdeleine de Saint-Joseph, Paris, Le Petit, 1670.) La Mère Madeleine de
Saint-Joseph a été déclarée Vénérable.
505 Matt., VIII, 21, 22.
506 Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, liv. VII, ch. XIV.
507 Catherine Le Nain avait à peine quatorze ans lorsqu'elle entra au Carmel ; unique fille et tendrement aimée, il lui
fallut une grande générosité pour suivre l'appel de Dieu. Il était si réel que, malgré sa jeunesse, on n'hésita pas à revêtir
la postulante de l'habit religieux le 18 octobre 1621. Mais elle dut attendre jusqu'au 16 juin 1624 l'âge canonique pour
prononcer les vœux. La Mère Madeleine de Saint-Joseph, dont elle fut la dernière professe au couvent de la rue
Chapon, en prit un soin particulier, et la « divine semence étant jetée dans une terre prévenue des bénédictions du Ciel,
a porté des fruits abondants et l'a établie dans l'esprit de perfection et de sainteté de sa vocation. » Sœur Catherine de
Jésus, « sans aucune appréhension de la mort,... passa du temps à l'éternité » le 9 mai 1676. (D'après les Chroniques
manuscrites du Carmel de la rue Chapon, conservées au Carmel exilé à Natoye, Belgique.)
131/342

14.2 Page 132

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luy508. Je suis invariablement
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Mon cœur est tout a fait dedié a celuy de madamoyselle de Verton, vostre chere seur509,
dans lequel j'ay veu que Dieu regne. Playse a sa divine Majesté que ce soit a toute eternité. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Boulogne-sur-Mer. [168]
_____
MDCCCXLIII. A Madame de la Croix d'Autherin510 (Inédite).
Souhait d'amour de Dieu. Quelques nouvelles.
Annecy, 3 novembre 1621.
Sans un seul moment de loysir je vous escris ce mot, ma tres chere Fille, pour seulement
saluer tres cherement et tres ardemment vostre cœur bienaymé, auquel je souhaite incessamment
un perpetuel accroyssement de l'amour tressaint de nostre Dieu. Certes, je voudroys bien vous faire
mention de ce que vous m'escrivites la derniere foys que vous pristes la peyne de me faire sçavoir
de vos nouvelles ; mays il ny a pas moyen.
La chere seur de Cernex511 fut icy l'autre jour et me dit qu'elle y vouloit prendre mayson ;
ce ne sera donq pas sans parler de vous. La Seur de Chatel est tous-jours elle mesme, bonne fille512.
Or sus, Dieu qui a commencé en vous le bon œuvre de vostre salut l'achevera et parfaira
selon sa tres bonne et tres aymable volonté513. Tenes vostre ame eslevee en sa souveraine Bonté ;
c'est le souhait invariable de
Vostre tres humble Pere et serviteur,
F., E. de Geneve.
A la premiere asseuree commodité je vous escriray derechef.
3 novembre 1621.
A Madame
Madame de la Croix d'Auturin.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Boarelli di Verzuolo, à Saluces. [169]
_____
508 Issu d'une ancienne famille, Jean Le Nain, seigneur de Beaumont et de Crevant, était conseiller au Parlement de
Paris depuis 1604 ; il mourut sous-doyen de cette illustre Compagnie en juin 1655.
509 Marie de Bragelongne (voir le tome précédent, note (75), p. 4).
510 Jeanne-Antoine de Chapot, dame de Pradel-Autherin (voir tome XV, note (1011), p. 357).
511 Veuve du seigneur de Cernex, Jeanne-Françoise de Chapot était déjà remariée avec Vincent du Crest de
Menthonnex, mais elle pouvait avoir gardé le titre de son premier mari. (Voir tome XIV, note (937), p. 325.)
512 La Sœur Claude-Cécile de Chastel (voir ibid., note (77), p. 18).
513 Philip., I, 6, II, 13.
132/342

14.3 Page 133

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MDCCCXLIV. A Madame de Granieu514. La règle des désirs.
Joie de l'Evêque d'avoir des nouvelles de Grenoble. Les
Sœurs de la Visitation en leur monastère. — Malades et « petite
infirmiere. »
Annecy, 3 novembre 1621.
Dieu sçait pourquoy il permet que tant de bons desirs ne reuscissent pas qu'avec tant de
tems et tant de peyne, et que mesme quelquefois ilz ne reuscissent point tout a fait. Quand il n'y
auroit aucun autre proffit que celuy de la mortification des ames qui l'ayment, ce seroit beaucoup.
En somme, il faut ne vouloir point les choses mauvaises, vouloir peu les bonnes, et vouloir sans
mesure le seul bien divin, qui est Dieu mesme.
Je sçai veritablement, ma tres chere Fille, que mes lettres vous sont aggreables ; car Nostre
Seigneur, qui a voulu que mon ame fust toute vostre, me donne connois-sance de ce qui se passe
en vostre cœur par ce que je sens dans le mien. Il est vray, ma tres chere Fille, Grenoble est tous-
jours en mon cœur ; et vous, ma tres chere Fille, au milieu de ce mesme Grenoble. Je suis donq
bien consolé quand je sçai des nouvelles de cette ville-la, en ce tems auquel on en dit tant et de si
diverses.
Beni soit Dieu qui conserve la personne du Roy, si chere a tout ce royaume et a toute
l'Eglise. Nous faysons icy les prieres, et pour ses affaires militaires et pour les nostres.
Je suis bien ayse de la possession en laquelle nos Seurs sont de leur monastere515, et vous
aussi avec elles, puisque, par vostre assistence et de ces bonnes dames, les y ayant colloquees,
vous y estes en leurs personnes, et elles [170] y sont pour vous, qui, servant le mesme Seigneur en
vostre pieuse vocation, estes un mesme esprit avec elles.
Et vous aves aussi esté une petite infirmiere, puisque vous aves eu tant de malades ces
moys passés ; et vous aves esté infirme de leur infirmité, car puisque c'estoyent mesme des
personnes si cheres, comme monsieur vostre mary et vostre filz bienaymé516, vous aves bien peu
dire : Qui est infirme, que je ne sois infirme avec luy517 ? Dieu soit loué, qui, par ces alternatives,
nous conduit a la ferme et invariable tranquillité de l'eternel sejour.
Vives toute en Dieu, ma tres chere Fille, et aymés en luy
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 3 novembre 1621.
_____
514 On peut, avec beaucoup de probabilité, proposer pour destinataire Mme de Granieu ; le ton et les diverses allusions
de la lettre appuient l'hypothèse.
515 La translation à Chalamont avait été faite à la fin de septembre. (Cf. ci-dessus, note (500), p. 166.)
516 Si ces lignes s'adressent vraiment à Laurence de Ferrus, le « mary » est François de Gratet, seigneur de Granieu
(voir tome XVIII, note (769), p. 219) ; et le « filz bienaymé » serait, soit Pierre, seigneur du Bouchage, soit Claude,
seigneur de Dolomieu. (Ibid., note (865), p. 252.)
517 II Cor., XI, 29.
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14.4 Page 134

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MDCCCXLV. A Madame de la Fléchère (Inédite). Politesse à
rendre au prince Thomas de Savoie. La pensée de François
de Sales au sujet d'une alliance mal assortie.
Annecy, 6 novembre 1621.
Ma tres chere Fille, J'escris a M. Troulliou518 selon l'advis de M. Billet519 et le vostre. Il ny
a pas grande ceremonie a faire la reverence a Monseigneur le Prince520 pour le filz521, puisque
[171] il n'a rien pour le present a traitter avec luy. Monsieur le President de Monthouz522 fera cet
office sans difficulté.
Le Pape commit la dispense de M. de Cormand523 a l'Officiai de Belley524 ; mais je ne croys
pas qu'aucun prestre l'ayt celebré dans mon diocæse sans qu'il m'en ayt adverti. Comme que ce
soit, nous sçaurons la verité par le tems ; mays ayant veu la grande indisposition de la volonté des
parties, je ne puis que je ne doute qu'a l'advenir il ny ait quelque sorte de repentir. Neantmoins, les
parties estant si prudentes et asses d'aage, je m'en remetz a elles.
O ma Fille, demeurons en Dieu. Je suis tout a fait
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VI novembre 1621, Annessi.
525 A Madame
Madame de la Flechere.
Rumilly.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme de Loisy, née Chevreul, au château de Terrans (Saône-
et-Loire).
_____
518 Jean Troulliouz, seigneur de la Salle, était alors troisième président de la Chambre des Comptes. (Voir tome XVI,
note (63), p. 8.)
519 François Billet, Oratorien.
520 Le prince Thomas qui sera destinataire.
521 Charles de la Fléchère (voir tome XV, note (258), p. 86).
522 Claude-Louis Guillet de Monthoux (voir tome XV, note (177), p. 55).
523 Voir le tome précédent, note (256), p. 65, et (322), p. 82.
524 L'official de l'évêché de Belley était à cette époque Maurice Salteur ; il est qualifié dans un acte du 7 avril 1622, «
archiprêtre, chanoine de Belley, officiai et vicaire général, procureur syndic du clergé de Belley. » (Archiv. dép. de
l'Ain, G. 334.)
525 L'adresse est de la main de Georges Rolland.
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14.5 Page 135

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MDCCCXLVI. A Madame de Charmoisy (Inédite). Aimable
courroux du Saint ; il veut Henri de Charmoisy « habillé
convenablement. » Sage et chrétienne sentence. Le prince
Thomas content du séjour d'Annecy.
Annecy, 10 novembre 1621.
Je vous escrivis avanthier, ma tres chere Cousine ma Fille. Mais maintenant il faut que je
me courrouce un peu [172] avec vous, par ce que mon neveu526 n'est pas habillé convenablement
ni a sa qualité, ni au service auquel il est ; et outre que cela luy detraque l'esprit, voyant tous ses
compagnons beaucoup mieux que luy, cela est blasmé par ses amis, desquelz quelques uns m'en
ont parlé avec zele527. Il ny a remede, ma tres chere Fille, il faut suivre les loix du monde, puisque
on y est, en tout ce qui n'est pas contraire a la loy de Dieu.
Je vous escris ceci a la desrobbee et du cœur que vous sçaves que j'ay pour vous, ma tres
chere Fille, comm'estant tout a fait
Vostre tres humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
X novembre 1621.
Monseigneur le Prince treuve ce sejour beaucoup plus aggreable que celuy de Chamberi,
et delibere de venir fort souvent faire des alternatives. Je ne sçai pas encor quand il partira528.
A Madame
Madame de Charmoysi.
Revu sur l'Autographe conservé à Milan, Archives du prince Trivulzio. [173]
_____
526 Le fils de Mme de Charmoisy. Henri, alors à la suite du prince Thomas. (Voir le tome précédent, note (332), p. 83.)
527 Les douces remontrances du Saint furent entendues : quelques jours après, Henri de Charmoisy allait à Genève se
faire « coupper trois paires d'habitz, » du prix de six cent soixante-quinze florins. (Archives de Mlle A. Vuÿ, Compte-
rendu de la tutelle, nos 135, 136.)
528 Venant à pied du château de Monthoux, le prince Thomas était arrivé à Annecy le lundi, 8 novembre ; et c'est « au
logis du seigneur Evesque de Geneve, » où il se rendit tout d'abord, qu'il reçut les hommages des syndics et autres
députés. Le prince, après diverses parties de chasse aux environs, ne quitta définitivement Annecy qu'après le 30
novembre, jour où la Ville lui offre un superbe cheval. (Reg. des Délib. municip.)
135/342

14.6 Page 136

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MDCCCXLVII. A la Mère de Chantal, a Paris. Vains bruits de
guerre. Difficultés à Dijon pour l'établissement de la
Visitation ; les protecteurs du futur Monastère. M. Brûlart
mécontent à tort de l'Evêque de Genève. la mort du comte de
Fiesque ; compassion pour sa veuve. Une âme toute au gré du
Saint. En quel cas on peut permettre l'entrée des personnes
affligées dans les couvents. Prière à la Mère de Chantal de
revoir les Constitutions. Une petite ruse de cour. La lettre
à Mme de Villesavin. Deux ponts brûlés à Paris. L'affaire
de l'Abbesse de Port-Royal et celle de la Sœur Lhuillier. — C'est
à la Sainte à juger de l'opportunité de son retour ou de la
prolongation de son séjour à Paris. Contentement réservé
pour l'autre vie. Messages.
Annecy, 10 ou 11 novembre 1621 529.
En fin, ma tres chere Mere, monsieur Crichant est donq arrivé, puisque, comme je voy par
vostre derniere lettre, vous aves receu celles que je vous envoyois par luy530. Mais je suis marry
de l'allarme que vous aves prise pour l'estat de nos affaires de deça, qui, graces a Dieu, jusques a
present n'a rien d'extraordinaire, sinon que ceux de Geneve, s'estant mis en extreme defiance, font
contenance de se preparer a la guerre ; mais on ne croid pas pourtant qu'ilz veuillent commencer,
puisque s'ilz l'entreprenoyent sans le commandement du Roy, ilz seroyent tout a fait ruynés, et l'on
ne peut se persuader que Sa Majesté les veuille porter a ce dessein531 : de sorte que nous [174]
dormons les nuitz entieres, et fort doucement, sous la protection de Dieu.
Nous avons veu madame de Royssieu532, qui n'eut loysir de demeurer icy que deux jours.
Elle nous a dit tout ce qui s'est passé a Dijon, ou il sera a propos que vous arresties deux ou trois
moys pour appaiser ces messieurs du party contraire, qu'il faut combattre et abbattre par la douceur
et l'humilité533 ; encor qu'a mon advis nous ayons l'advantage, puisque monsieur le Duc et madame
529 François de la Pesse emporta à Paris les messages du 11 novembre (voir ci-après, Lettre MDCCCXLIX) ; celui-ci,
confié au même personnage (voir ibid., p. 181), est donc de la même date, à un jour près. Nous n'en avons
malheureusement qu'une partie, car la copie de M. Michel Favre, que nous reproduisons à défaut de l'Autographe, est
demeurée incomplète.
530 Epist. MDCCCXXIX-MDCCCXXXII.
531 Voir ci-dessus, note (465), p. 153. Il n'était pas probable, en effet, que le roi de France, malgré certaines raisons
politiques, voulût exciter ou soutenir ses alliés, les Suisses, contre Charles-Emmanuel, au moment où lui-même
poursuivait les protestants. Lesdiguières, cependant, ne laissait pas de tenir l'attention des Genevois éveillée du côté
de leur redoutable voisin, et il allait jusqu'à leur conseiller de « faire très bonne garde et dedans et au dehors de » leur
ville, pour prévenir une surprise ; « car c'est ce que vous aurez à craindre tousjours, tant qu'il y aura un duc de Savoye,
» leur écrit-il le ; février 1622. (Douglas et Roman, Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, tome II.)
532 Claude Hanapier, dame de Rossieux (voir ci-dessus, note (473), p. 154).
533 Les demoiselles Bertot et Parise (voir tome XVIII, note (757), p. 216), après avoir obtenu l'assentiment de l'autorité
ecclésiastique pour l'établissement d'un Monastère de la Visitation à Dijon, avaient présenté leur requête au Parlement,
choisissant pour commissaire le conseiller Odebert. Celui-ci s'intéressa vivement à l'affaire et ne négligea rien pour la
faire réussir ; mais les opposants formaient la majorité de l'assemblée ; chose singulière ! à leur tête se trouvait Nicolas
Brûlart, le mari de l'une des plus chères Philothées de saint François de Sales en Bourgogne, Marie Bourgeois. Les
poursuivantes ne perdirent pas courage, et avec l'aide de la Mère de Chantal, elles purent avoir des lettres patentes du
Roi. Le Parlement irrité multiplia les difficultés pour pousser à bout la patience des deux pauvres filles, mais sans y
arriver ; à elles resta en définitive la victoire. Les patentes furent enregistrées, et le 18 décembre 1621, les magistrats
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14.7 Page 137

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la Duchesse de Bellegarde534, madame de [175] Termes535 et la pluspart du Parlement est pour
nous, et particulierement Monsieur l'Evesque de Langres, qui a le zele, la prudence et l'authorité
apostolique en ce païs la536, et qu'outre cela nous aurons l'assistance de Monseigneur nostre bon
Archevesque537.
Madame de Royssieu m'a dit que monsieur le premier President538 avoit quelque amertume
contre moy a [176] rayson de ce qui s'est passé de la part de monsieur de Sauzea539 ; en quoy, sil
est vray, il a un tort tres grand, car non seulement je n'envoyay pas monsieur de Sauzea au Puis
d'Orbe, mais, avec toute la dexterité qui me fut possible, je m'essayay de divertir la poursuite que
l'on faisoit pour l'y attirer, comme sachant bien que son courage estoit trop fort et trop verd pour
la conduite d'une telle Mayson que je voyois devoir estre conduite doucement et avec respect.
Mais, ma tres chere Mere, je vous supplie de ne point parler de ceci, si vous ne voyes tout a fait
qu'il en soit tems ; et je croy que son cœur se laissera gaigner par la verité, puisque mesme, comme
se réunissaient tous dans un même sentiment pour approuver et conclure le projet qu'ils combattaient depuis neuf ans.
Sur leurs instances, M. Gallemand écrivit, le 23 décembre, àl'Evêque de Genève, pour lui annoncer cette heureuse
nouvelle et solliciter la venue à Dijon de la Mère de Chantal (voir cette lettre à l'Appendice I). Quand celle-ci arriva,
le 8 mai 1622, il n'y avait plus de « party contraire » à apaiser ; sa réception fut un triomphe. (D'après l'Histoire de la
Fondation.)
534 Roger de Saint-Lary, duc de Bellegarde (voir tome XV, note (833), p. 293), avait épousé en 1594 Anne de Bueil,
fille d'Honoré de Bueil, seigneur de Fontaines, et d'Anne de Bueil. Elle n'eut pas d'enfants, mais servit de mère au
poète Racan, son cousin-germain, qu'elle fit son héritier. C'était une femme de bien qui mérita toujours, par sa vertu
et sa piété, l'estime générale et arrêta la critique sur les lèvres des plus médisants. Elle mourut à cinquante-huit ans, le
1er octobre 1631. (Cf. Harangue funebre sur le Trespas de tres haute et puissante dame Anne de Bueil, duchesse de
Bellegarde, prononcée en la ceremonie de ses obseques, le 27 de novembre 1631, par le R. P. Louis Celot, de la Cie
de Jesus ; à Paris, chez Toussaint du Bray, M.DC.XXXII. Voir aussi Louis Arnauld, Honorat de Bueil, seigneur de
Racan, 2e édition, 1901.)
La duchesse de Bellegarde favorisa autant qu'elle le put la fondation de la Visitation à Dijon. Elle « voudrait
nous loger avec elle, » écrit la Mère de Chantal le 28 septembre 1621, « et pour cela, souhaite que M. son mari ne soit
pas à Dijon quand les Religieuses y arriveront. Enfin, elle témoigne une grande affection et désir que j'y aille pour le
commencement. » (Lettres, vol. I, p. 577.)
535 Femme de César-Auguste de Saint-Lary, baron de Termes, Catherine Chabot (voir tome XVII, note (938), p. 273)
était fille de Jacques, marquis de Mirebeau et d’Anne de Coligny. Devenue veuve, elle contracta une nouvelle alliance
en 1635, avec Claude Vignier, seigneur de Saint-Liébaut et de Villemont, président au Parlement de Metz, et mourut
en 1662. (Moreri, 1740, tome II.)
536 Dijon ne devint siège épiscopal qu'en 1731 ; jusque-là cette ville appartenait au diocèse de Langres qui, en 1622,
était gouverné par Sébastien Zamet, le fils du fameux financier (voir le tome précédent, note (1279), p. 401). D'abord
abbé de Juilly (1591), aumônier du Roi, Sébastien reçut en 1615 l'évêché de Langres, duché-pairie et l'un des plus
vastes du royaume. Sacré le 18 juin, le nouvel Evêque fit son entrée dans sa ville épiscopale le 31 octobre suivant, et
dès lors se montra le modèle des prélats et des pasteurs. Il était doué d'un sens droit, d'une modération remarquable,
d'une volonté ferme, d'un zèle ardent pour le bien ; pendant quarante ans, il mit en action ces précieuses qualités : son
peuple fut évangélisé, le clergé ramené à ses devoirs, la vie religieuse développée dans le diocèse. Non content de
faire des ordonnances, il prêchait d'exemple, et bien qu'héritier d'une immense fortune, il étonna par la simplicité et
l'austérité de sa vie. Si les prédilections de Zamet allèrent aux Congrégations soumises à l'autorité épiscopale, il ne
refusa pas sa bienveillance aux autres, malgré des démêlés passagers. Protecteur et réformateur des Instituts de
femmes, il s'occupa surtout de l'abbaye de Notre-Dame de Tart, et bientôt songea à l'unir à celle de Port-Royal pour
la fondation de l'Ordre nouveau du Saint-Sacrement (cf. tome XVIII, note (1199), p. 368). La pensée était belle et
promettait d'heureux fruits ; mais Saint-Cyran paraît, tout change de face, et l'Evêque de Langres ne recueille que
déceptions, tristesses et amertumes. Une autre création, celle des Filles de Sainte-Marthe (1628), lui avait donné des
résultats bien différents ; elle perpétue encore de nos jours le souvenir du pieux Prélat et de sa charité. Sébastien Zamet
mourut à Mussy-l'Evêque le 2 février 1655.
La Mère de Chantal apprécia hautement le mérite de l'Evêque de Langres et recourut souvent à lui pour des
questions intéressant non seulement le Monastère de Dijon, mais l'Institut tout entier ; même elle lui communiquait
volontiers son âme, trouvant que Dieu lui avait donné de « grandes faveurs et lumières » (Lettres, vol. II, p. 64) ; et il
est vrai qu'on doit lui marquer une place de choix parmi les grands directeurs du XVIIe siècle. ;Voir Prunel, Sébastien
Zamet... (1588-1655) : sa vie et ses œuvres ; Paris, Picard, 1912.)
537 Mgr Frémyot, ancien archevêque de Bourges, était alors à Dijon. (Cf. ci-dessus, note (361), p. 116.)
538 Nicolas Brûlart (voir tome XVIlI, note (200), p. 48, et note (79) de la page précédente).
539 L'ancien confesseur de la Communauté du Puits-d'Orbe, André de Sauzéa (voir tomes XIII, note (741), p. 271, et
XVIII, Lettre MCCCXXXI, pp. 47, 48).
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14.8 Page 138

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m'asseure madame de Royssieu, madame la premiere Presidente540 est toute portee a nous
favoriser, comm'aussi elle me l'a tesmoigné par une sienne lettre, et que la bonté et sincerité de son
cœur me le fait croire fermement.
Nos Seurs de Grenoble, avec leur Pere spirituel, monsieur d'Aouste541, qui est un grand
serviteur de Dieu, desirent que l'on face imprimer le Formulaire de la reception des Prætendantes
au novitiat et des Novices a la profession avec les Regles et les Constitutions ; mais je croy pourtant
que cela doit estre en deux petitz volumes, et que le Formulaire des receptions soit en lettre asses
grosse pour estre leüe aysement542.
J'ay grandement regretté la mort du bon monsieur le Conte de Fiesque, que j'honnorois
certes avec amour des il y a tantost vingt ans que j'eu le bien de le voir a Paris ; a quoy il m'avoit
mesme obligé a ce dernier voyage, quiil me fit la faveur de me voir de si bon cœur chez les Peres
de l'Oratoire. Mais je me res-jouis dequoy ayant vescu si devotement, on ne peut douter quil ne
soit trespassé saintement entre les bras de la misericorde de Dieu, veu [177] mesme quil a exposé
sa vie pour une si juste et digne cause543. Je me suis imaginé en cett'occasion la les douleurs du
cœur de madame la Contesse sa chere femme, et n'ay peu contenir le mien d'en recevoir de la
tendreté, bien que j'aye eu confiance en Dieu, a qui ell'est, qu'il la tiendrait de sa main paternelle
en la tranquillité et resignation qu'il a accoustumé de donner a ses enfans bien-aymés quand ilz
sont affligés. Je ne me resouviens pas d'avoir jamais veu cette dame qu'une fois chez madame de
Guise544, ou je ne luy parlay presque point, et un'autre fois chez monsieur de Montelon545, ou je
l'entretins environ une heure ; mais je confesse la verité, que je treuvay son ame tellement a mon
gré, que je ne puis ne la cherir pas et ne l'estimer pas autant qu'il m'est possible ; et je luy escrirois
fort volontier pour le luy tesmoigner, si ce n'estoit la pensee que j'ay que vous feres aussi bien cest
office pour moy comme moy mesme, puisque vous connoisses mon cœur comme le vostre, lequel
je vous prie de luy offrir avec mon tres humble service. Je suis extremement consolé qu'elle se soit
un peu soulagee parmy nos Seurs de Bourges, qui, je m'asseure, auront reciproquement receu un
grand contentement d'avoir eu lhonneur de sa presence.
Et a ce propos, ma tres chere Mere, je ne fay nulle difficulté que les Evesques et, en leur
absence, les Peres spirituelz des Maysons de la Visitation, ne puissent, ains ne doivent
charitablement faire entrer les dames en telles occurrences, sans quil soit besoin quelconque que
cela soit [178] declaré dans les Constitutions, par la douce et legitime interpretation de l'article du
Concile de Trente qui est mis en la Constitution De la Clausure546, car on le pratique bien ainsy
en Italie et par tout le monde, mesme pour des moindres occasions : car je vous laisse a penser, si
l'on fait bien entrer des jardiniers, des jardinieres, non seulement pour l'ageancement necessaire
des jardins, mais aussi pour les embellissemens non necessaires, ains seulement utiles a la
recreation, comme sont les berceaux, les palissades, les parterres, les entrees de telles gens estant
jugees necessaires non par ce que ce quilz font soit necessaire, ains seulement par ce que ces gens
la sont necessairement requis pour faire telle besoigne, si nous ne pourrons pas justement estimer
l'entree des dames desolees par quelque evenement inopiné estre necessaire, quand elles ne
peuvent pas aysement treuver hors du monastere les soulagemens et consolations si convenables.
En Italie, tout communement, on fait entrer les filles desquelles on craint en quelque sorte le peril
540 Marie Bourgeois, femme de Nicolas Brùlart. (Voir tome XII, note (598), p. 267.)
541 Artus de Lionne (voir tome XVIII, note (827), p. 240).
542 Les Formulaires de la vêture et de la profession furent en effet imprimés à part en plus gros caractères que les
Constitutions, à Paris, chez Triffaine, en 1622.
543 Fils d'Alphonsa Strozzi et de Scipion de Fiesque, proscrit de Gênes à la suite de la célèbre conjuration de Jean-
Louis, son frère aîné, François, comte de Lavagne et de Bressuire, avait épousé Anne Le Veneur (voir le tome
précédent, note (877), p. 266). Il fut tué à la guerre contre les protestants : « M. le comte de Fiesque... est mort comme
un saint, » écrivait la Mère de Chantal à l'Evêque de Genève, le 28 septembre 1621, « et Mme de Guise me disait l'autre
jour que monsieur son mari lui avait écrit qu'après qu'il fut passé, chacun s'efforçait de lui baiser les pieds, les mains,
lui couper sa chemise, et avoir quelque chose qui eût touché son corps. Voilà comme Notre-Seigneur honore les bons.
» (Lettres, vol. I, p. 579.)
544 Henriette-Catherine de Joyeuse (voir le tome précédent, note (876), p. 266).
545 François de Montholon (voir ibid., note (257), p. 65).
546 Constit. II.
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14.9 Page 139

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de leur pudicité ; les mal mariees, quand elles sont en doute d'estre grandement maltraittees de
leurs marys ; les filles qu'on veut instruire non seulement en la devotion, mais aussi a lire, escrire,
chanter. De sorte qu'a mon advis, Monsieur de Langres pourra prendre resolution sur cela, qui
suffit es occasions de grande pieté qui tiennent lieu de necessité morale, et qui, a mon advis, n'a
pas deu estre exprimé, pour eviter la censure de tant de gens qui ont tant de complaysance a
contreroller semblables choses, selon le zele quilz se forment en leur rigueur.
Je vous ay des-ja escrit que vous prenies la peine de voir si rien aura esté oublié es
Constitutions, affin que vous le facies adjouster ; car je ne puis jamais gaigner tant de loysir que
tout ce que je fay ne se ressente de mon tracas, et me semble quil va tous les jours croissant.
Vous pourres bien, ma tres chere Mere, complaire a madamoyselle la Princesse de
Montpensier547 en ce qui [179] regarde l'addition des commemoraisons des Saintz qui occurrent,
et, de Paris, porter cet usage es Monasteres dans lesquelz vous passeres venant a Dijon, et de Dijon
icy ; m'estant advis que la grande pieté et vertu de cette grande Princesse merite que l'on reçoive
ses desirs comme quelque sorte d'inspiration.
Monsieur Duret548, qui vous presenta sa petite niece tandis que nous estions la, m'avoit, il
y a quelques mois, prié de vous remercier avec luy de la reception de cette fille. Mais maintenant
il me fait prier de vous ramentevoir le desir que je vous avois tesmoigné pour la consolation de
cette fille et de ses parens ; qui me fait croire qu'il y a eu quelque changement en cest affaire, ou
bien, qu'a la façon de la court, il desire mon remerciement pour engager davantage celle a qui il
sera fait ; mais, comme que ce soit, en tout ce qui se pourra bien et legitimement passer, je le vous
recommande comme mon bon et ancien ami549.
M. Crichant m'a dit que nostre tres chere et tres bonne madame de Villesavin550 avoit une
de mes lettres qu'elle [180] aymoit bien fort ; et par ce que je crois que ce soit celle par laquelle je
luy envoyois l'Exercice du matin et de la reunion a Dieu, que j'escrivis avec une grande
affection551, je vous prie de luy en demander une copie dextrement, comme de vous mesme ;
m'estant advis que l'affection que je porte a cett'ame me fit exprimer mieux qu'a mon ordinaire.
J'avois escrit jusques icy, quand j'ay receu vostre lettre du 26e octobre, laquelle me donne
sujet de vous supplier, comme je fay de tout mon cœur, de ne vous mettre nullement en peine de
ce qui se passe en ce païs icy, puisque, comme vous dira monsieur de la Pesse, present porteur552,
graces a Dieu il ny a rien a craindre.
M. Crichant m'a veritablement escrit du bruslement des deux pontz553 ; mais il ne me donne
547 Fille du premier mariage d'Henriette de Joyeuse avec Henri de Bourbon, duc de Montpensier, Marie devint belle-
sœur du Roi le 6 août 1626, en épousant Gaston d'Orléans ; elle mourut prématurément le 4 juin 1627, après avoir
donné le jour à celle qu'on appela plus tard la grande Mademoiselle, Anne-Marie d'Orléans.
548 Il semble probable que ce personnage demeurait à Paris. Faudrait-il l'identifier avec l'un des fils de Louis Duret, le
célébre médecin de Charles IX et de Henri III, mort dans la capitale en 1586 ? (Cf. Moreri, 1740, tome III.) Un seul
nous est connu, Jean, qui naquit à Paris en 1563. Il fut médecin de Marie de Médicis et, comme son père, professeur
au collège de France ; il décéda en 1629.
549 Le 7 décembre suivant, la Mère de Chantal écrit à saint François de Sales au sujet de la « petite niece » de M. Duret
: « Son retardement a été par mon conseil, et j'ai cordialement pensé, qu'infailliblement, si l'on l'eût prise plus tôt, elle
eût été renvoyée. Je leur ai offert que nous la recevions dans six mois ; trois sont passés. Ils ont tort de craindre rien
de notre part ; car... ils se doivent confier à ce que nous devons à votre recommandation, mon très cher Père. Elle sera
donc reçue infailliblement ; mais je ne sais si elle persévèrera, car elle » a « peu de vocation, si Dieu avec l'âge ne [la]
lui accroît ; et c'est la cause pourquoi je leur ai conseillé de la retarder. » (D'après l'Autographe ; voir Lettres, vol. I,
p. 591.) Louise Loyseau, fille de Charles Loyseau et de Louise Tourtier, après six mois d'essai, prit l'habit à la
Visitation de Paris le 3 février 1622, à quinze ans, mais ne parvint pas à la Profession. (Livre du Noviciat du Ier
Monastère de Paris.) Ces données concordent assez bien avec le passage cité de la lettre de la Sainte ; toutefois nous
ignorons si Mlle Loyseau était parente de M. Duret.
550 Isabelle Blondeau, dame de Villesavin.
551 Voir tome XVIII, Lettre MDXXXIX, et note (1324), p. 415.
552 François de la Pesse (voir ci-dessus, note (348), p. 111).
553 « Dans la nuit du 22 au 23 octobre 1621, » raconte Félibien (Hist. de Paris, tome II, p. 1318), « le feu prit au pont
des Marchands, » ou aux Oiseaux (voir ci-dessus, note (457), p. 150), « d'où il se communiqua bientôt au Pont au
Change. L'incendie fut si prompt qu'en moins de trois heures les deux ponts, bâtis l'un et l'autre sur des pieux de bois,
tombèrent dans l'eau avec les maisons qui étaient dessus. L'embrasement consuma aussi quelques autres maisons tant
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14.10 Page 140

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point advis comme se sera passé cet accident pour le regard de madame Baudeau, marchande
gantiere qui demeuroit sur le Pont aux Oyseaux, de laquelle pourtant je ne puis m'empescher d'estre
en soucy, et a laquelle j'avois escrit par luy mesme554.
Je fay responce au R. P. Binet555, apres que vous l'aures veüe, je vous prie de la luy faire
recevoir cachettee. Quant au bon monsieur du Val556, je crois que sil eut esté en [181] ma place il
eust fait comme moy, qui, encor a present, ne me puis resoudre que comme j'ay fait, estimant de
ne pouvoir nommer un meilleur arbitre en l'affaire dont il s'agit que le Pape, lequel accordant la
demande de Port Royal, tesmoignera suffisamment de la volonté de Dieu, et speciale, puisque il
s'agit d'un point ou il y a beaucoup de difficulté.
Mme de Villeneuve ne m'escrit nullement de l'affaire de nostre chere Seur Helene
Angelique557, ni de rien qui en approche ; mais M. Crichant m'escrit bien que monsieur et
madamoyselle d'Interville558 desireroyent extremement que vous fussies presente a la Profession
de cette tres chere fille, a la consolation de laquelle je ne sçay ce que je ne voudrois pas contribuer.
Or, pour toutes telles affaires, il me semble que vous pouves vous resoudre plus aysement que je
ne sçaurois faire icy, puisque ce que vous voyes sur les lieux mesmes vous donne meilleure
instruction que je n'en sçaurois prendre. C'est pourquoy je vous supplie de vous servir en cette
occasion de vostre propre jugement ; car, comme vous dites, il se pourroit bien faire que les affaires
de Dijon vous donneroyent asses de loysir pour estre encor a Paris au mois de fevrier, attendu
mesme qu'aussi tost que j'auray l'asseurance de cest affaire et que je sçauray comm'elle se devra
conduire, j'escriray a nostre grande Fille de Monferrand affin qu'elle aille vous attendre la, et parmi
tout cela il se passera fort aysement deux ou troys moys559.
Certes, et moy aussi desirerois bien fort de revoir la bonne madame la Presidente Amelot560,
mais je ne le desire pas pourtant, puisque je ne voy rien qui me puisse [182] faire esperer ce
contentement en ce monde ; il faudra donq attendre apres cette vie. Ce pendant, je vous prie de la
saluer tres cherement et tres cordialement de ma part.
Je recommanderay a Dieu le cœur du bon monsieur de Marillac qui, je m'asseure, a bien
sceu treuver une sainte et veritable consolation au desplaysir de sa perte561.
Je me resouviens fort bien d'avoir veu M. Guichard et a Paris et a Belley562
Revu sur une copie faite par M. Michel Favre, conservée à la Visitation d'Annecy.
du côté de la rue de la Pelleterie que du côté du grand Châtelet. Plusieurs crurent que les huguenots avaient voulu
avoir leur revanche de leur temple brûlé » le temple de Charenton auquel le peuple avait mis le feu à la nouvelle
de la mort du duc du Maine, tué au siège de Montauban (cf. la lettre de sainte Jeannede Chantaldu 28 septembre 1621,
Lettres, vol. I, p. 578) ; « mais on n'en eut que des soupçons dépourveus de preuves. Ce qui est certain, est que la
perte fut très grande ; car les locataires des maisons eurent à peine le temps de sauver leur vie... Outre six mille livres
qu'on leur donna, on fit quester pour eux dans toutes les paroisses... Le prévost des Marchands fit travailler sans
discontinuation à tirer de la rivière la vaisselle d'argent et les autres meubles, avec les ruines qui empeschoient le cours
de la navigation. »
554 Epist. MDCCCXXXI.
555 Epist. seq.
556 André du Val combattait fortement le projet de la Mère Arnauld, de laisser sa crosse pour entrer à la Visitation.
(Cf. Lettres de Ste J-F. de Chantal, vol. I, p. 578.)
557 Hélène-Angélique Lhuillier, sœur de Mme de Villeneuve, fit profession le 12 février 1622, en présence de la Mère
de Chantal.
558 Le père de la Novice, François Lhuillier, seigneur d'Interville, et sa seconde femme, Anne Le Prestre. (Voir le tome
précédent, notes (1028), p. 316, et (1031), p. 317.)
559 Contrairement aux prévisions du saint Fondateur, la Mère Marie-Jacqueline Favre ne put quitter Montferrand pour
aller à Dijon, qu'après le 8 septembre 1622.
560 Jeanne-Catherine de Creil (voir le tome précédent, note (241), p. 59).
561 Le Garde des sceaux, Michel de Marillac (voir ci-dessus, note (178), p. 46), venait de perdre son fils aîné, emporté
par la maladie devant Montauban, le 29 septembre 1621. René de Marillac, marié à Marie de Creil, était né le 18
décembre 1588 ; conseiller au Grand Conseil, il avait été reçu maître des Requêtes en 1617. (Moreri, 1740, tome VI.)
562 Cet ecclésiastique, « pieux, discret, et fort affectionné et zélé au bien des âmes, » (Lettres de Ste J.-F. de Chantal,
vol. III, p. 498) était sans doute originaire du Bugey où nous trouvons, à cette époque, un chanoine de même nom. Il
fut confesseur de la Communauté de Paris. Mentionné plusieurs fois avec éloge dans la correspondance de la Mère de
Chantal, il y apparaît pour la dernière fois le 14 mars 1634.
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15.1 Page 141

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MDCCCXLVIII. Au Père Étienne Binet, de la Compagnie de
Jésus563. Les désirs de Mme de Port-Royal d'entrer à la Visitation.
Conduite du Saint en cette affaire ; à qui il en a remis la
solution. Eloge de la virilité de l'Abbesse. Pureté de vues
et désintéressement du Fondateur ; sa démission de ses propres
pensées.
Annecy, 11 novembre 1621.
Mon Reverend Pere,
Avec mille actions de graces de la peine que vous aves prise a m'escrire, je vous diray pour
response, qu'estant [183] a Paris, je ne voulus jamais acquiescer au desir que Madame de Port
Royal me tesmoigna de se retirer de l'Ordreauquel elleavoit si utilement vescu jusques alhors, et
veritablement, je n'apportay en ce païs non pas mesme aucune cogitation de cela ; mais, coup sur
coup, je receu par lettres force bonnes remonstrances par lesquelles elle m'excitoit a treuver bonnes
ses pensees et appreuver ses souhaitz. Je gauchis tant que je peus et ne me tesmoignay seulement
froid, mais tout a fait contraire a ses propositions ; jusques a ce qu'apres dixhuit moys, une personne
de grande consideration564 m'escrivit en sorte que je jugeay convenable de ne point faire le juge
souverain en cette occasion, ains de laisser la decision finale a l'evenement. Je m'abstins donq de
la conseiller, et luy escrivis que, puisque son cœur ne treuvoit pas du repos en tout ce que je luy
avois dit et escrit, elle pourroit faire faire la sollicitation de ce qu'elle desiroit. Que si Sa Sainteté
luy en faisoit la concession, il y auroit une tres probable apparence que son desir est de la volonté
de Dieu, attendu que la chose estant de soy mesme difficile, elle ne pourroit reuscir sans un special
concours de la faveur divine ; que si, au contraire, Sa Sainteté l'esconduisoit, il n'y auroit plus autre
occasion de faire autre chose que de s'humilier et appayser son cœur. Voyla, mon Reverend Pere,
jusques ou j'ay passé.
Je voyois bien que cette prætention estoit extraordinaire, mais je voyois aussi un cœur
extraordinaire ; je voyois bien l'inclination de ce cœur a commander, mais [184] je voyois que
c'estoit pour ruiner cett' inclination qu'elle vouloit se lier a l'obeissance ; je voyois bien que c'estoit
une fille, mais je voyois qu'elle avoit esté plus que fille a commander et gouverner, et qu'elle le
pourroit bien estre a bien obeir.
Pour l'interest de la Visitation, certes, mon Reverend Pere, je proteste devant Dieu et devant
Vostre Reverence que je n'y pensay nullement, ou si j'y pensay, ce fut si peu que je n'en ay nulle
memoire. Je confesse bien que j'ay une particuliere dilection pour l'Institut de la Visitation ; mais
madame de Chantal, vostre chere fille et la mienne, vous dira que pour cela je ne voudrois pas
avoir fourvoyé la plus excellente creature du monde et la plus accreditee, de sa juste vocation,
563 Etienne Binet, né à Dijon le 9 octobre 1569, entra en 1590 au noviciat de la Compagnie de Jésus dans la Province
de Venise. Après avoir enseigné les humanités et la rhétorique au collège de Bologne, il étudie la théologie à Padoue
et revient en France en 1603. Recteur à Rouen (1614-1617), Supérieur de la Maison professe de Paris (1618-1622), il
devint trois ans plus tard Provincial de Champagne et ensuite de Lyon. Il mourut dans la capitale le 4 juillet 1639.
(D'après des Notes du R. P. Hafner, archiviste général de la Compagnie.) Ce docte et pieux Jésuite avait été le
condisciple de François de Sales au collège de Clermont, et il reconnaissait lui devoir sa vocation religieuse : « non
pas, » disait-il, « qu'il m'y ait exhorté, mais c'est que m'estant lié d'affection avec luy..., ses saints exemples attirerent
mon cœur a la vertu. » (Dépos. de la Mère de Chaugy, Process. remiss. Gebenn. (II), ad interrog. II.) Les deux amis
eurent pour spécial point de ressemblance une invincible douceur, et de tous deux l'on put dire : Dilectus Deo et
hominibus ; la Mère de Chantal, qui connut beaucoup le Supérieur de Saint-Louis, assurait n'avoir « jamais ouï un
esprit plus conforme en solide dévotion à celui de » l'Evêque de Genève, « en la conférence particulière des choses de
l'âme. » (Lettres, vol. II, p. 14.) Orateur très apprécié, le P. Binet fut aussi un écrivain remarquable et fécond. (Voir le
P. de Guilhermy, Ménologe de la Cie de Jésus, Assistance de France, Partie II, Paris, 1892.)
564 La Mère de Chantal.
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15.2 Page 142

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encor qu'elle deut devenir sainte canonizee en la Visitation. Je me res-jouis quand Dieu y tire des
bons sujetz, mais je n'employay jamais ni parole ni artifice, pour saint qu'il fut, pour en attirer
aucun, sinon quelques foibles prieres devant Dieu. L'inconstance des filles est a craindre, mais on
ne peut pas deviner ; et la constance en celle cy est esgalement, ains advantageusement, a bien
esperer.
Mon Dieu, mon Pere, que nostre ancienne amitié me fait extraordinairement apprivoiser et
espancher mon ame avec la vostre ! C'est trop. Je me laissay aller a l'advis d'autruy ; je m'en
retourneray aussi volontier a l'advis de ceux qui prendront la peine d'examiner cette affaire, mais
sur tout au vostre, lequel donq j'attendray tres affectionnement et recevray tres cherement, estant
a jamais,
Mon Reverend Pere,
Vostre tres humble et tres affectionné
confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XI novembre 1621, Annessi.
Au R. P. Estienne Binet,
Superieur de la Mayson professe de St Louys
de Paris.
Revu sur une ancienne copie conservée dans la salle capitulaire de Notre-Dame de Paris. [185]
_____
MDCCCXLIX. A M. de Soulfour565 (Inédite). Respect et
affection. Recommandation en faveur de deux amis.
Annecy, 11 novembre 1621.
Monsieur,
Je ne separeray point ceux que Dieu a si saintement conjoint566. Je vous salue donq tres
humblement, et madamoyselle vostre tres chere compaigne, ma fille bienaymé (sic), vous
suppliant tous deux de m'aymer tous-jours aussi constamment comme fidelement et
invariablement je vous honnore.
Ce porteur, le sieur de la Pesse, vous dira toutes nos nouvelles, et comme nous ne cessons
point de faire prier Dieu pour les justes armes du Roy567. L'occasion pour laquelle il va, n'est qu'une
juste (sic) persecution, pour laquelle dissiper il aura besoin de vostre conseil et assistence568 ; mays
il est beaufilz de feu M. le President569
565 Le destinataire est évidemment un officier de Henri de Savoie, mais les recherches pour l'identifier, ainsi que sa
femme, n'ont pas abouti. Ne seraitce pas un fils de l'Oratorien Nicolas de Soulfour, qui avait été maître d'hôtel de la
duchesse de Nemours (voir tome XIII, note (776), p. 284), ou bien un fils de son frère Oudart et de Marie-Jeanne
Testu ?
566 Matt., XIX, 6.
567 Louis XIII venait d'être contraint de lever le siège de Montauban (1er novembre), et cet échec, en redonnant courage
aux protestants, menaçait d'avoir de funestes conséquences.
568 François de la Pesse allait sans doute à Paris plaider sa cause auprès du duc de Nemours, pour obtenir de garder sa
place d'avocat fiscal. (Voir ci-dessus, note (348), p. 111)
569 Ici l'Autographe est coupé, de sorte que les clausules et la signature ont disparu. La suite de notre texte est un post-
scriptum écrit en marge.
Le nom du Président, emporté par la mutilation, est facile à suppléer, M. de la Pesse étant le gendre de Louis
Flocard, mort entre le 17 mai et le 25 septembre 1602. Avant d'être président à la Chambre des Comptes du Genevois
142/342

15.3 Page 143

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Monsieur, il y a la un fort honneste advocat de ce païs, [186] nommé M. Monet570, qui a
quelque envie de pouvoir, es occasions, entrer au service de Monseigneur de Nemours es offices
de robbe longue ; en quoy je confesse qu'il ne suit pas mon sentiment, car il y a trop d'agitations
en ce tems ci ; mays il est mon ami, et je le sers selon son goust, vous suppliant, en ce qui se pourra
bonnement faire, de le favoriser.
Je suis humble serviteur de monsieur Le Fevre571.
XI novembre 1621.
A Monsieur
Monsieur de Soulfour.
Revu sur l'Autographe conservé au Carmel de la rue Denfert-Rochereau, à Paris.
_____
MDCCCL. A Monsieur et Madame de Foras572. « Un petit feu de
joye » sur le gain d'un procès. Sainte exhortation à persévérer
dans l'union mutuelle.
Annecy, 11 novembre 1621.
Mille et mille benedictions a Dieu, dequoy en fin, Monsieur mon tres cher Frere et Madame
ma tout a fait tres chere Seur ma Fille, vous voyla exemptz de ces fascheux proces, par lesquelz,
comme parmi des espines, Dieu a voulu que les commencemens de vostre heureux mariage se
soyent passés573. M. de Chalcedoine, mon frere, et moy en avons fait un petit feu de joye, comme
participant a tout ce qui vous regarde. [187]
Or sus, bien que vostre grossesse vous incommode un peu sensiblement tous deux, ma fille
qui la sent, et mon tres cher frere qui la ressent, il me semble toutefois que je vous voy tous deux
avec deux cœurs si contens et si courageux a bien servir Dieu, que ce mal mesme que vous sentes
et ressentes vous console ; comme marque que, n'ayant pas exemption entiere de toute affliction
en ce monde, vostre parfaite felicite vous est reservee au Ciel, ou je m'asseure que vous aves vos
principales pretentions.
O mon tres cher Frere, continues a bien soulager par vostre aymable presence ma tres chere
fille. O ma tres chere Seur, perseveres a bien lier mon tres cher frere a vostre cœur, car, puisque
Dieu vous a donnés l'un a l'autre, soyes donq bien tous-jours comme cela ; et croyes bien tous deux
que je suis, de l'un et de l'autre, mon tres cher Frere et ma tres chere Fille ma Seur,
Tres humble et invariable serviteur,
FRANÇS E. de Geneve.
D'Annessi, ce 11 novembre 1621.
Je vous prie de saluer cherement de ma part madamoyselle de Lamoignon574. S'il vous
arrive quelque commodité, mon tres cher Frere, de voir Mme de Soret575, je vous supplie de me
(voir tome XII, note (100), p. 60), le fils de Pierre Flocard fut avocat fiscal et conseiller du duc de Nemours. Il avait
épousé Marguerite de l'Alée, sœur du baron de la Tournette.
570 Claude-Aymon Monet (voir tome XVIII, note (1233), p. 381).
571 C'est probablement le père de Mme Rousselet (voir le tome précédent, notes (461), (463), p. 128), et on peut se
demander si Mme de Soulfour ne serait pas une sœur de celle-ci.
572 Voir les tomes XVI, note (728), p. 226, et XIX, note (68), p. 1.
573 On sait à quelles persécutions furent exposés Guillaume de Bernard de Foras et Anne Le Beau, veuve de
Vaulgrenant, au sujet de leur mariage. (Voir le tome précédent, note (154), p. 32, et pp. 79, 80.)
574 Marie des Landes, dame de Lamoignon (voir le tome précédent, note (67), p. 1).
575 On trouve à cette époque Adrienne de Godefroy, femme de Jean de Soret, conseiller du Roi, qu'elle avait épousé
en 1596, par contrat du 18 janvier ; mais nous ignorons si c'est elle qui est mentionnée ici.
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15.4 Page 144

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ramentevoir en sa chere et sainte bien-veuillance.
A Monsieur de Foras.
A Paris. [188]
_____
MDCCCLI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la
Visitation de Lyon (Inédite). Sollicitude de François de Sales
pour ses Filles de Valence. Ce qui ne nuit point au salut est «
bien peu considerable. » Avis pour la réception d'une Novice.
576 Ma tres chere Fille,
Annecy, 11 novembre 1621.
Je ne manqueray pas de respondre a tous les articles que vous m'aves envoyé, au premier
loysir que j'en auray, vous remerciant tres humblement des bonnes nouvelles que vous m'envoyes
des Seurs de Valence577, ausquelles je souhaitte toute sainte consolation. Mais j'eusse bien desiré
de sçavoir quelque particularité de la petite fondatrice, qui semble avoir si peu de force et de santé
corporelle pour resister a ce mauvais aïr que l'on dit estre en ce païs là præsentement578. J'espere
que Dieu les protegera affin qu'elles puissent faire là une heureuse succession de ses servantes.
Je voudrois bien pouvoir donner quelque consolation au cœur de la mere de ceste pauvre
malade que vous aves579 ; mais je pense que si elle releve un peu son attention a la vie æternelle,
elle moderera aysement l'apprehension que la nature luy peut avoir donné de [189] l'accident de
sa fille, lequel me semble bien peu considerable, puisqu'il ne nuit point au salut, ains souventefois
l'asseure daventage.
Je salue de tout mon cœur toute vostre trouppe. Et pour le point duquel vous m'escrives, de
la reception au voyle noir de ceste Novice580, il me semble que vous deves humblement et
respectueusement accepter la permission que monsieur de Saint Nizier581 vous donne, puisque,
comme vous m'escrives, la chose a esté arrestee du temps de monsieur l'Abbé de Mauzac582 ; sinon
que l'occasion se presentast de procurer que Monseigneur l'Archevesque583 en escrivist ou a
monsieur de Saint Nizier ou a vous, lequel M. de Saint Nizier, peut estre, ne veut pas assister
cest'action seulement en consideration de ce qu'elle n'a pas esté arrestee de son temps. Mais en
576 Cette lettre, écrite de la main de M. Michel Favre, dont nous maintenons l'orthographe, est seulement signée par le
Saint.
577 Voir ci-dessus, les notes (380), (383) des pp. 124, 125.
578 Sœur Claude-Cécile Meyssonnier (voir ibid., note (291), p. 91) eut une courte vie religieuse. Elle la termina le 15
février 1622, après avoir édifié ses Sœurs par une profonde humilité. A la voir, assurent les contemporaines, on aurait
dit une fille reçue par charité, et non pas une fondatrice.
579 La fille de Mme Colin, alors Sœur Jacqueline-Elisabeth (voir tomes XVI, note (779), p. 241, et XVIII, note (590),
p. 173), Sœur Anne-Claude, tomba peu après sa profession dans « des infirmités qui luy donnerent sujet d'humiliation
et de soubmission a » la « tres adorable volonté » de Dieu. (Livre du Couvent, du Ier Monastère de Lyon, transféré à
Trévise.)
580 Cette Novice est évidemment Anne-Françoise Joyet qui avait été admise à la vêture le 15 septembre 1620. Elle fit
profession au rang des Sœurs Choristes, le 21 novembre 1621, et mourut le 21 août 1632. (Livre du Couvent.) Elle
était « fort infirme, » disent les anciens Mémoires, et ne « pouvait servir la Religion comme elle le désirait ; mais en
échange, elle a donné de bons exemples de vertu, par son humilité, douceur et patience. »
581 Nicolas Ménard, curé de Saint-Nizier et vicaire général, qui, en l'absence de M. de Mauzac, Père spirituel du
Monastère, en exerçait les fonctions. (Voir tome XVII, note (397), p. 103.)
582 Antoine Rigoullet (voir ci-dessus, note (207), p. 58).
583 Denis-Simon de Marquemont (voir tome XVII, note (94), p. 16).
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15.5 Page 145

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toutes telles occurrences, ceux qui sont sur les lieux et qui voyent l'estat present des espritz a qui
vous aves affaire, vous pourront encor mieux conseiller.
Cependant, vives joyeuse en Nostre Seigneur, selon lequel je suis tres parfaitement vostre.
FR., E. de Geneve.
Annessy, le XIe novembre 1621.
A ma tres chere Fille en N. S.,
La Mere Superieure de la Visitation de Ste Marie.
A Lion.
Revu sur l'original qui se conservait à la Visitation du Puy. [190]
_____
MDCCCLII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand. « Mille ans » sans lettres. Une « nouvelle
besoigne » pour la grande Fille. Le bonheur de travailler
beaucoup pour Dieu. — Des cœurs que le départ de la Mère
Favre affligera.
Annecy, 11 novembre 1621 584.
585 Il y a, ce me semble, bien environ mille ans que je ne reçois point de vos lettres, non
plus que vous des miennes.
Or sus, voyci arriver une nouvelle besoigne pour vostre charité, ma tres chere grande Fille.
C'est que l'on va fonder a Dijon, ville de telle importance que vous sçaves. Nostre Mere ne peut
encor pas bonnement partir de Paris ; or, vous estes sa seconde en l'Institut, et sa premiere fille :
nous ne voyons pas moyen de vous exempter de la peine de cette fondation. Or je ne vous plains
pas, car c'est un grand bien de travailler beaucoup pour Dieu ; mais je plains nostre tres chere
madame de Dalet586, qui peut estre en souffrira dans son cœur, et je la cheris et honnore si fort,
que cela me fait bien de l'apprehension. Toutefois, ell'est toute a Dieu, et je m'asseure qu'elle
preferera son service a la consolation que vostre presence luy peut donner. Je plains aussi nos
Seurs de lâ, mays j'espere en la Providence divine qu'elle les soulagera.
On vous envoyera a propos587, et cependant, ma tres chere Fille, vives toute en Dieu, et
salues bien l'ame de madame de Dalet de la part de la mienne qui est toute [191] vostre et a elle
aussi. Monsieur vostre pere588 et tous les vostres se portent tres bien, et Mme de la Valbonne589 se
comporte encor mieux en la sainte devotion.
Annessi, le XI.
A ma tres chere Seur en N. S.,
[La Mère] Marie Jaqueline [Favre,]
584 Le Saint n'a écrit que le quantième, sans nom de mois ni millésime ; mais tout prouve que cette lettre est de même
date que les cinq précédentes. Quelques lignes de la Mère de Chantal, du 7 décembre 1621, confirmeraient au besoin
l'hypothèse. (Voir Lettres, vol. I, p. 590.)
585 Cette lettre est inédite, sauf les lignes 1-8 du deuxième alinéa, qui se trouvent dans la Vie de la Mère Favre par la
Mère de Chaugy (Les Vies de quatre des premières Mères, etc., éd. de 1892, chap. IX, (e), p. 39).
586 Anne de Préchonnet, comtesse de Dalet.
587 Voir ci-dessus, note (559), p. 182.
588 Le président Favre.
589 Belle-sœur de la destinataire (voir tome XV, note (631), p. 216).
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15.6 Page 146

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[Supérieure du Monastere Ste Marie de la Visitation.
A Montferrand.
590 Recommandee a la Supere de Lyon.
Je salue cherement nos Seurs, et ma chere Seur Anne Françoise a part591.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Collonges, aumônier de la Visitation de
Chambéry.
_____
MDCCCLIII. A M. Magnin. Remerciements, recommandation,
nouvelles.
Annecy, 12 ou 13 novembre592 1621.
Monsieur,
Je vous remercie du soin qu'il vous a pleu de prendre pour me faire avoir des lettres que les
Seurs de la Visitation vous ont addressees, comme encor de la varieté des nouvelles du monde,
que je prie Dieu de nous vouloir donner de jour en jour meilleures, pour la prosperité du
Christianisme, et en particulier pour celle du Roy et du royaume.
Je sçai que ce jeune garçon, estant de ce païs et asses [192] bien conditionné, treuvera en
vous une affection charitable pour, s'il se rencontre, estre logé a quelque service. Mais ses amis et
parens ayant desiré que je vous le recommandasse, je le fay volontier, avec esperance que vous ne
le prendres pas a importunité, puisque cette mienne recommandation, comme toutes les miennes,
se fait tous-jours avec la condition et reserve que vous n'en ayes aucune incommodité.
M. le Prince Thomas, qui a logé ceans ces trois ou quatre jours passés pour faire la chasse
en ces plaines voysines, a mis, comme l'on vient de me dire, en alarme ceux de Geneve, qui ont le
plus grand tort du monde de se laisser agiter par tant de vaines apprehensions, puisqu'on observe
si soigneusement les derniers articles qui ont esté passés593.
Je suis de tout mon cœur, Monsieur,
Vostre plus affectionné voysin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A M. Magnin, marchand [à Lyon].
_____
590 Ceci est écrit à la suite de l'adresse et après fermeture de la lettre.
591 Sœur Anne-Françoise Chardon (voir tome XVI, note (1097), p. 337).
592 Le prince Thomas était à Annecy depuis le 8 novembre (voir ci-dessus, note (528), p. 173), et le Saint disant qu'il
« a logé céans ces trois « ou quatre jours passés, » la date de cette lettre est donc presque exactement le 12 ou le 13.
593 Voir ci-dessus, note (465), p. 153. Il n'y avait pas eu de traité avec Genève depuis celui de Saint-Julien (21
juillet 1603), par lequel le duc de Savoie promettait de ne pas élever de forteresse voisine de la ville dans un rayon de
quatre lieues.
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15.7 Page 147

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MDCCCLIV. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la
Visitation de Lyon. La Supérieure de la Visitation de Valence
hors de danger ; vertu des Sœurs. — Ce qui mortifie plus que le
mal. Vérités de la foi douces et attrayantes ; vérités austères.
Qu'est-ce que la foi nue et simple ? Comment « vivre en
verité et non point en mensonge. » Messages.
Annecy, 28 novembre 1621.
Selon vostre lettre, ma tres chere Fille, du 14e novembre, nous avions des-ja pensé de
choisir icy une Superieure pour Valence ; mais Dieu soit loué dequoy pour maintenant vous n'en
aures pas besoin, puisque par sa [193] misericorde celle qui y est est hors de danger, ainsy que
vous nous escrives du 19 de ce mesme moys594 ; et je suis grandement consolé de ce que vous me
dites, qu'elle et ses compaignes sont si bien disposees a souffrir pour Nostre Seigneur, qui ne leur
aura pas donné ce courage qu'avec plusieurs autres vertus. Je vous prie, par la premiere commodité,
de les bien saluer toutes, specialement la Superieure, la fondatrice595 et madamoyselle de la
Gamelle596.
J'ay certes grande compassion du cœur de la mere de vostre malade597 ; car, combien qu'en
verité cet accident de la fille soit honnorable devant Dieu et ses Anges, et par consequent doive
estre souffert avec amour et douceur, si est ce neanmoins que je sçay combien les cœurs des meres
sont tendres et sujetz a s'inquieter en des pareilles occasions esquelles, selon les yeux vulgaires
des hommes, il y a quelque sorte d'abjection ; et c'est l'abjection des maux qui mortifie
principalement l'esprit du sexe. Que si j'ay du loysir, j'escriray quatre motz a cette bonne mere.
Les verités de la foy sont quelquefois aggreables a [194] l'esprit humain, non pas seulement
parce que Dieu les a revelees par sa parole et proposees par son Eglise, mais parce qu'elles
reviennent a nostre goust, et que nous les penetrons bien, nous les entendons facilement, et sont
conformes a nos inclination s. Comme, par exemple : qu'il y ayt un Paradis apres cette vie mortelle,
c'est une verité de la foy que plusieurs treuvent bien a leur gré, parce qu'elle est douce et desirable
; que Dieu soit misericordieux, la pluspart du monde le treuve fort bon et le croit aysement, parce
que la philosophie mesme nous l'enseigne : cela est conforme a nostre goust et a nostre desir. Or,
toutes les verités de la foy ne sont pas de la sorte : comme, par exemple, qu'il y ayt un enfer eternel
pour la punition des meschans, c'est une verité de la foy, mais verité amere, effroyable,
espouvantable et laquelle nous ne croyons pas volontier, sinon par la force de la parole de Dieu.
Et maintenant, je dis premierement : que la foy nue et simple est celle la par laquelle nous
croyons les verités de la foy sans consideration d'aucune douceur, suavité et consolation que nous
ayons en icelles, par le seul acquiescement que nostre esprit fait a l'authorité de la parole de Dieu
594 La maison où logèrent d'abord les fondatrices du Monastère de Valence était étroite, incommode ; « il faloit coucher
dans le galetas, exposées aux vents et à la pluie... ; le jardin si petit qu'à peine on y pouvoit faire quelques pas ; » l'eau
manquait, et les Soeurs « se levoient souvent de table sans avoir eu de quoi boire dans les grandes chaleurs de l'été. »
Dans de telles conditions, la maladie ne devait pas tarder à envahir la petite Communauté ; après avoir soigné jour et
nuit toutes ses filles, la Mère Claude-Marie de la Martinière fut elle-même prise « d'une fievre maligne qui la réduisit
à l'extrémité et la tint au lit trois mois. Les médecins l'ayant abandonnée, » poursuit l'annaliste, « le Seigneur qui
vouloit encore s'en servir pour sa gloire, lui rendit la santé. » (Hist. de la Fondation.)
595 Sœur Claude-Cécile Meyssonnier (voir ci-dessus, notes (291), p. 91, et (578), p. 189).
596 Anne, fille de François des Roys, seigneur de la Gamelle, et d'Emeraude du Roure, avait partagé dès le
commencement les aspirations de Claudine Meyssonnier. Au mois de janvier 1621, elle se rendit à Lyon, et promit «
d'aulmosner au Monastere » de « Valence... tous ses moyens et facultés ; » sur l'heure, elle remit à la Sœur de Blonay
trois mille livres pour la future fondation. La première, elle prit l'habit à Valence, avec le nom de Marie-Anne, et fut
reçue à la profession le 15 août 1622. (Livres du Noviciat et du Chapitre du Monastère de Valence, et Essai sur les
origines monastiques dans le diocèse de Valence, 1880.)
597 Sœur Anne-Claude Colin (voir ci-dessus, Lettre MDCCCLI, p. 189).
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15.8 Page 148

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et de la proposition de l'Eglise ; et ainsy nous ne croyons pas moins les verités effroyables que les
verités douces et aymables. Et alhors nostre foy est nue, parce qu'elle n'est point revestue d'aucune
suavité ni d'aucun goust ; elle est simple, parce qu'elle n'est point meslee d'aucune satisfaction de
nostre propre sentiment.
Secondement, il y a des verités de la foy lesquelles nous pouvons apprehender par
l'imagination : comme, que Nostre Seigneur soit né en la cresche de Bethleem, qu'il ayt esté porté
en Egypte, qu'il ayt esté crucifié, qu'il soit monté au Ciel. Il y en a des autres lesquelles nous ne
pouvons nullement apprehender par imagination : comme la verité de la tressainte Trinité,
l'eternité, la presence du cors de Nostre Seigneur au tressaint Sacrement de l'Eucharistie ; car toutes
ces verités sont veritables d'une façon qui est inconcevable a nostre imagination, d'autant que nous
ne sçavons imaginer comme cela peut estre, mais [195] neanmoins nostre entendement le croit tres
fermement et simplement, sur la seule asseurance qu'il prend en la parole de Dieu. Et cette foy la
est veritablement nue, car elle est destituee de toute imagination ; et elle est parfaitement simple,
parce qu'elle n'est point meslee d'aucune sorte d'actions que de celle de nostre entendement, lequel,
purement et simplement, embrasse ces verités sur le seul gage de la parole de Dieu. Et cette foy
ainsy nue et simple est celle que les Saintz ont prattiquee et pratiquent parmi les sterilités, aridités,
degoustz et tenebres.
Vivre en verité et non point en mensonge, c'est faire une vie totalement conforme a la foy
nue et simple, selon les operations de la grace et non selon les operations de la nature ; parce que
nostre imagination, nos sens, nostre sentiment, nostre goust, nos consolations, nos discours
peuvent estre trompés et errans. Et vivre selon ces choses la, c'est vivre en mensonge, ou du moins
en un perpetuel hazard de mensonge (mais vivre selon la foy nue et simple, c'est vivre en verité) :
ainsy qu'il est dit du malin esprit, qu'il ne s'arresta pas en la verité598, parce qu'ayant eu la foy au
commencement de sa creation, il s'en escarta, voulant discourir sans la foy sur sa propre excellence,
et voulut faire le fin soy mesme, non selon la foy nue et simple, mais selon les conditions naturelles,
qui le porterent a l'amour desmesuré et desreglé de soy mesme. Et c'est le mensonge auquel vivent
tous ceux qui n'adherent pas avec simplicité et nudité de foy a la parole de Nostre Seigneur, mais
qui veulent vivre selon la prudence humaine, qui n'est autre chose qu'une fourmiliere de mensonges
et de vains discours. Voyla ce qu'il m'a semblé vous devoir estre dit sur vos deux demandes.
Je desire fort de sçavoir comme vous aures fait sur la reception de la fille pour laquelle M.
de Saint Nizier faisoit difficulté599.
Je voy bien qu'il n'y aura pas loysir d'escrire a nostre Seur Colin ; c'est pourquoy je vous
prie de la saluer cordialement de ma part, et de me recommander a la [196] misericorde de Nostre
Seigneur, puisque je suis de tout mon cœur, parfaitement et tout a fait invariablement tout vostre,
qui salue toutes nos Seurs et M. Brun600.
28 novembre 1621.
_____
598 Joan., VIII, 44.
599 Il s'agit de la Sœur Anne-Françoise Joyet. (Voir ci-dessus, p. 190).
600 Etienne Brun, confesseur de la Communauté. (Voir le tome précédent, note (662), p. 199).
148/342

15.9 Page 149

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MDCCCLV. A Madame de la Fléchère. Excellent prédicateur
qui prêchera volontiers son premier Carême à Rumilly.
Annecy, 28 novembre ou décembre 1621 601.
Je vous escris courtement, ma tres chere Fille, et vous remercie de vostre lettre que j'ay
receue hier matin, suivant laquelle je vous diray que si vous n'aves point de predicateur pour ce
Caresme, j'en fourniray un des plus braves et bons que vous puissies desirer, qui prescha hier a la
Visitation et preschera un de ces jours devant ce peuple602. Je l'ouys, et, avec M. de Calcedoine,
M. l'Abbé d'Abondance603 et les Peres Barnabites et M. le Prevost604, je jugeay qu'il avoit un des
plus excellens talens qui aye esté de long tems en ce païs. Et bien quil n'ayt encor fait que six ou
sept sermons, si est ce quil est capable de prescher devant les Roys et les peuples egalement, et ce
qui me plait, c'est qu'il presche devotement. Or sera-il bien ayse de faire son premier Caresme sans
[197] ceremonie, en vostre ville, si je le luy dis. Si donq monsieur Billet605 le treuve a propos, il
pourra en parler selon sa prudence avec Messieurs de la ville ; et soudain que je sçauray ce qui
sera resolu, je l'arresteray tout a fait, car des hier je luy en parlay.
Je parleray a M. Faber606 pour faire faire l'adjournement de ce bon prestre, heritier de M.
Viret607, et reparleray de vostre bonne volonté a la premiere rencontre que je feray de ceux qui
vous blasment des dismes.
Ma tres chere Fille, je suis veritablement tout a fait
Vostre inseparable serviteur, compere et Pere.
28.
A Madame Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
601 Au bas de la copie authentique de Turin, se trouve le chiffre 28, sans nom de mois. Si c'est là, comme on doit le
supposer, un quantième et une date incomplète, on peut proposer le 28 novembre ou le 28 décembre 1621 ; la mort du
curé Viret ayant eu lieu en octobre de cette année-là (voir tome XVI, note (836), p. 259), il ne faut pas songer à une
époque antérieure, et le 28 janvier 1622 serait trop tardif pour assurer un prédicateur de Carême.
602 Le nom de ce prédicateur ne nous a pas été conservé.
603 Vespasien Aiazza (voir tome XIII, note (165), p. 48).
604 Louis de Sales, cousin du Saint. (Voir tome XII, note (22), p. 6.)
605 Le P. François Billet, Oratorien, était alors à Rumilly. (Voir ci-dessus, Lettre MDCCCXXXV, p. 158.)
606 Peut-être le médecin Jean Faber ou Favre (voir tome XV, note (438), p. 147).
607 L'ecclésiastique héritier du curé de Rumilly nous est inconnu.
149/342

15.10 Page 150

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MDCCCLVI. Au Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier608. Un
sûr moyen de faire prospérer l'Etat. Envoi d'une pièce
concernant l'établissement des Oratoriens à Rumilly.
Annecy, 29 novembre 1621.
Monseigneur,
Je loüe Dieu dequoy Vostre Altesse persevere au dessein de la restauration de la discipline
ecclesiastique en ce païs, asseuré que je suys qu'a mesure que le zele de Vostre Altesse fera croistre
en ses Estatz la gloire de la [198] divine Majesté, vostre coronne, Monseigneur, fleurira de plus en
plus. Et selon qu'il a pleu a Vostre Altesse de m'ordonner, je luy envoye ce qui est presentement
requis pour l'establissement des Peres de l'Oratoire a Rumilly, qui est une chose pressante ; et
demeure ce pendant, de toutes mes affections,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XXIX novembre 1621.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
Despeches requis de la part de Son Altesse Serenissime pour
l'introduction des peres de l'oratoire en la ville et Eglise de
Rumilly
1. Lettre au Pere Pierre de Berule, General de la Congregation de l'Oratoire609, affin quil
vienne ou depute quelqu'un pour accepter des mains de l'Evesque de Geneve ladite eglise
parroissiale.
2. Lettre a l'Evesque de Geneve en conformité.
3. A Monseigneur le Serenissime Prince Thomas610, affin que les gens de Son Altesse
tenans le Senat et la Chambre, entant qu'il fut besoin, portent et favorisent cett' affaire.
4. Brevet en faveur desditz Peres de l'Oratoire pour l'union du prieuré de Chindrieu611 et de
celuy de l'Aumosne, pres Rumilly612, et de celuy de Sainte Agathe [199] de la ville de Rumilly613,
a la Congregation dudit Oratoire establie en l'eglise d'iceluy Rumilly : qui tous trois les ditz
608 Si cette lettre a été vraiment adressée au duc de Savoie, comme certaines expressions le font supposer, il faut croire
que le saint Evêque en écrivit une autre qui ne nous est pas parvenue, au prince de Piémont. (Cf. la lettre suivante.)
609 Voir tome XII, note (350), p. 155.
610 On se rappelle que le prince Thomas était alors lieutenant-général de Charles-Emmanuel en Savoie. (Voir ci-dessus,
note (17), p. 45.)
611 Voir le tome précédent, note (558), p. 160.
612 Environ l'an 1240, Amédée de Conzié avait fondé ce Monastère en l'honneur de la Sainte Vierge, et l'avait confié
aux Chanoines réguliers de Saint-Augustin, fils de saint Bernard de Menthon. Ces hospitaliers ayant été supprimés en
Savoie l'année 1753, les biens du prieuré devinrent une commanderie de l'Ordre des saints Maurice et Lazare. Le
pèlerinage de Notre-Dame de l'Aumône est encore en honneur de nos jours. (Cf. Grobel, Notre-Dame de Savoie,
Annecy, Burdet, 1860, chap. XXVIII.)
613 Voir tome XVI, note (835), p. 258.
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prieurés ne valent que cinq cens ducatons, ou environ, de revenuz614.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MDCCCLVII. A M. Jean Carron. L'église de Rumilly et ses
quatre corps d'ecclésiastiques. Peines qu'elle a données à son
Evêque. Quel remède y apporter. Les désirs de M. de
Sonnaz. Avantages qui résulteraient pour la gloire de Dieu et
le service de Son Altesse de l'introduction des Pères de
l'Oratoire.
Annecy, 29 novembre 1621.
Monsieur,
Je vous rens mille actions de graces du soin qu'il vous a pleu de prendre pour me faire avoir
response de Monseigneur le Serenissime Prince en faveur de l'introduction des Peres de l'Oratoire
a Rumilly, ou l'on ne sçauroit dire combien leur venüe est necessaire ; car, Monsieur, imaginés
vous qu'en cette seule eglise il y a quatre diverses especes d'ecclesiastiques : 1. Le Prieur, qui est
Religieux de l'Ordre de Cluny615, dependant du prieuré de Nantua qui est a present en France616 ;
2. le sacristain [200] seculier, qui est dependant du prieuré617 ; 3. le curé et le vicaire ; et 4. cinq
ou six Altariens, qui font un petit cors a part618.
Il n'est pas croyable combien de peine cette petite trouppe ainsy composee m'a donné de
peine (sic) des 20 ans en ça, a cause des continuelz proces et altercatz que les uns ont eu
perpetuellement les uns (sic) avec les autres, avec un extreme scandale du peuple. Or, par
l'introduction des Peres de l'Oratoire, cette eglise demeure toute unie, et administree par un mesme
esprit de paix et de douceur ; car les Peres de l'Oratoire ne sont pas comme les autres Religieux,
qui ne peuvent pas avoir la charge des parroisses. Et de plus encor, ilz ne sont pas exemptz de la
jurisdiction des Evesques, ains demeurent en leur sujettion comme les curés ; de sorte qu'on n'a
pas besoin, en cas de desordre, de sortir du païs pour les ramener au devoir. Et de plus encor, il se
treuve des-ja des tres bons ecclesiastiques du pays qui n'attendent que leur venue a Rumilly pour
s'associer a eux et se ranger a la Congregation.
Au reste, monsieur de Saunaz est filz de monsieur de Saunaz qui fut pendu a Geneve pour
le service de Son Altesse, lors de l'Escalade619, et va achever a ces festes de Noël son noviciat en
614 Ce « brevet » ne dut être expédié au saint Evêque qu'au mois de septembre de l'année suivante. (Voir la lettre du
19 septembre 1622 au P. de Sonnaz.)
615 Bernard de Grailly (voir le tome précédent, note (1161), p. 370).
616 Voir tome XIII, note (453), p. 165.
617 Thomas Grez ou Grex, déjà prêtre en 1588, et d'abord prébendé à Rumilly, était devenu sacristain le 18 décembre
1602. (R. E.) Il signe, le premier des Altariens, la requête de mars 1620, qui sera donnée avec les Opuscules.
618 Depuis la mort du curé Jean Viret, le P. Billet exerçait les fonctions pastorales (voir ci-dessus, note (485), p. 158)
; les Altariens d'alors étaient, avec Thomas Grez : Jacques et Nicolas Nacot, Guido Perret, Louis Galley, Etienne
Pinard et Pierre Pajact.
619 Le père de Louis de Gerbais de Sonnaz (voir le tome précédent, note (1190), p. 358), François, était fils d'Amé de
Gerbais, dit le Grand, seigneur de Méral, baron d'Aiguebelle, etc., et de Claudine de Belly sa première femme.
Capitaine d'une compagnie d'ordonnance de Savoie, il fut un des premiers à pénétrer dans Genève lors de la tentative
connue sous le nom d'Escalade (22-23 décembre 1602), et l'un des douze qui, après une lutte courageuse, se rendirent,
vie sauve, au premier syndic de la ville. Malgré la parole donnée, ils furent, le même jour, tous pendus, et leurs têtes,
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la mesme Congregation, et meurt de desir que son prieuré de Chindrieu soit uni a l'eglise [201] de
Rumilly pour ce bon œuvre. Et quant au Prieur de Rumilly, on pourra traitter avec luy.
Et ce qui est grandement a noter, c'est que le prieuré de Rumilly depend de Nantua qui en
prouvoit, et Nantua est hors de l'Estat de Son Altesse, et encor, ledit Nantua a le droit de presenter
le curé. Comm' aussi, le prieuré de Chindrieu depend de Cluni, et bien que le Prieur moderne n'ayt
pas esté institué de la part de monsieur de Cluni620, ça esté par une grace speciale que fit le Pape
Clement a ce jeune gentilhomme, qui estoit lors un enfant, a ma remonstrance et supplication, en
consideration de la mort du pere qui mourut a moytié martir dans Geneve ; en faveur dequoy Sa
Sainteté se contenta de donner ce morceau de pain en commende, pour cette fois tant seulement.
Or, Monsieur, je vous escritz ainsy au long toutes ces particularités affin que vous voyiés
que cette introduction des Peres de l'Oratoire sera non seulement utile au service de la gloire de
Dieu et des ames, mays encor selon le service de Son Altesse Serenissime et l'utilité de nostre
patrie ; qui me fait d'autant plus hardiment vous supplier de nous procurer au plus tost les
expeditions que je demande, puis que je n'ay plus presque que deux moys de loysir pour disposer
de la cure de Rumilly, apres lesquelz la provision tumbera es mains du Pape.
Monsieur, je suis tout a fait
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIX novembre 1621, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [202]
_____
MDCCCLVIII. A une religieuse de la Visitation. Humilité et
confiance de François de Sales au jour anniversaire de son sacre.
Heureuse navigation sous la protection de la Sainte Vierge.
Annecy, 8 décembre [1619-1621 621.]
Hé certes, ma tres chere Fille, si je ne regardois qu'a ma conscience, cette journee me seroit
de grande confusion et digne de vos larmes, plustost que de vostre congratulation. Mais Dieu est
bon, il void la grandeur de ma charge et la vanité de mes forces ; c'est pourquoy je dis comme saint
Ambroyse622 : Je ne crains pas d'une crainte qui oste le courage, par ce que j'ay un bon Maistre.
Ma Fille, aymes moy bien tous-jours avec toutes nos cheres Seurs, et pries la divine
Providence de m'estre de plus en plus misericordieuse pour le pardon de mes fautes passees, et de
plus en plus propice pour mon amendement a l'advenir. La tres glorieuse Vierge, nostre tres
bonteuse Dame et tres pitoyable Mere, nous veuille combler de son saint amour, affin que vous et
exposées sur un bastion, y restèrent jusqu'au traité de Saint-Julien. (Cf. Guichenon, Hist. généal. de la Maison de
Savoie, 1778, tome II.)
620 C'est en 1607 que Louis de Sonnaz avait reçu de son oncle Louis d'Alby le prieuré de Chindrieu (voir le tome
précédent, note (558), p. 160). A cette époque, « M. de Cluni » était Claude de Guise, bâtard de Claude de Lorraine.
D'abord Abbé de Saint-Nicaise de Reims, puis coadjuteur de Charles, cardinal de Lorraine (24 octobre 1562), il fut
son successeur à la fin de 1574. De son temps, les calvinistes pillèrent le monastère. On destitua cet Abbé en 1593
pour crime de rébellion, mais on le rétablit l'année suivante. Il mourut le 23 mars 1612. (Moreri, 1740, tome V, et du
Tems, Le Clergé de France, 1775, tome IV, p. 647.)
621 Destinataire et date sont bien difficiles à préciser. Le quantième, il est vrai, est tout indiqué par le sujet de la lettre,
réponse à des félicitations filiales pour l'anniversaire du sacre du saint Evêque (8 décembre 1602). Nous pouvons dire
encore que, ces lignes partant vraisemblablement d'Annecy, on ne doit pas songer aux années 1616, 1617, 1618 et
1622, François de Sales étant alors hors de son diocèse. Inutile aussi de chercher une date antérieure, si, comme il est
fort probable, le Saint s'adresse à une Religieuse de la Visitation.
622 Epist. XXI, ad August. Valent., § 36.
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moy ensemblement, qui avons eu le bonheur d'estre appellés et embarqués sous sa protection et en
son nom, fassions saintement nostre navigation en humble pureté et simplicité, affin qu'un jour
nous nous treuvions au port de salut qui est le Paradis, pour louer et benir eternellement son Filz
nostre Redempteur. Amen. [203]
_____
MDCCCLIX. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation
de Grenoble623. Défaut de surnaturel dans les « meres
temporelles, » Ne pas regarder ses pensées. Grands et
petits esprits, D'où proviennent quelquefois les ardeurs et les
indifférences.
Annecy, 13 décembre 1621.
Je compatis infiniment a cette bonne dame624 ; elle n'est que de trop bon naturel, ou du
moins, son bon naturel n'est pas asses dompté par le surnaturel en elle. Helas ! ces pauvres meres
temporelles ne regardent pas asses leurs enfans comme ouvrages de Dieu, et les regardent trop
comme enfans de leur ventre ; elles ne les considerent pas asses comme enfans de la Providence
eternelle et des ames destinees a l'eternité, et les considerent trop comme enfans de la production
temporelle et propres au service de la republique temporelle. Or bien, si je puis, je luy escriray
maintenant, si j'en ay tant soit peu de loysir.
Puisque vous voyla montee en vostre nouvelle Mayson625, j'ay confiance en Dieu que vous
dites : Ah ! mon ame, vole au mont comme un passereau626. Mais vous regardes trop vos pensees.
Que vous importe il si vostre cœur reçoit des atteintes des apprehensions anciennes du temporel ?
Mocques vous de ces apprehensions, et demeures ferme sur la parole de nostre Maistre627 :
Cherches premierement le regne de Dieu et sa justice, et toutes les choses necessaires a cette
chetifve vie vous seront adjoustees. C'est la le port de nos asseurances ; et ne permettes point de
repliques ni de mais sur cela.
Qu'appelles vous grand esprit, ma tres chere Fille, et [204] petit esprit ? Il n'y a point de
grand esprit que celuy de Dieu, qui est si bon qu'il habite volontier es petitz espritz ; il ayme les
espritz des petitz enfans, et en dispose a son gré, mieux que des vieux espritz. Si la fille du
procureur dont vous m'escrives628 est douce, maniable, innocente et pure, ainsy que vous le dites,
mon Dieu, gardes vous en bien de la renvoyer ; car, sur qui habite l'Esprit du Seigneur, sinon sur
les pauvres et innocens qui ayment et craignent sa parole629 ? Icy, nous avons des filles du voyle
noir, Associees, qui font tres bien630 : mais qu'importe il que celle ci soit Associee, jusques a ce
qu'elle soit capable du chœur ? C'est pour des telles filles que ce rang de Seurs a esté mis es
623 Le contenu de ces pages suffit à désigner certainement la Mère de Chastel pour destinataire.
624 Par la lettre suivante à Mme de Veyssilieu, on peut conjecturer que cette « bonne dame » est Mme de la Baume. Il
semble qu'elle venait de perdre un enfant.
625 Voir ci-dessus, Lettre MDCCCXLI, et note (500), p. 166.
626 Ps. X, 2.
627 Matt., VI, 33.
628 Les Livres du Noviciat et des Vœux du Monastère de Grenoble n'ayant pu être retrouvés, il n'est pas possible de
nommer la « fille du procureur » et celle qui est mentionnée à l'alinéa suivant, ni de savoir si elles parvinrent à la
Profession.
629 Cf. Is., ult., 2.
630 La Communauté d'Annecy comptait alors trois Sœurs du rang des Associées (voir le tome précédent, note (467),
p. 130) : Claude-Charlotte de Nouvelles, professe depuis le 24 février 1619, Marie-Aimée de Sacconay, professe du
7 décembre 1619 (cf. tome IX, notes (601), (695), pp. 202, 240), et Jeanne-Marie de Fontany, encore novice (voir
tome XVIII, note (967), p. 291).
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Constitutions631.
632 [Je ne treuve non plus rien a redire pourquoy l'autre fille ne doive estre receuë, je dis
tres amoureusement.] O quand les filles ont le cœur bon et le desir bon, encor qu'elles n'ayent pas
ces grandes ardeurs de resolution, il n'importe. Les ardeurs viennent quelquefois de la condition
naturelle des espritz, comme quelquefois aussi les indifferences ; et Dieu sçait bien enter sa grace
sur l'un et sur l'autre dans les vergers des Religions.
Mais pour toutes telles occurrences, vous aves Moyse et les Prophetes633, vous aves vostre
tres bon Pere spirituel634 : oyés le, escoutes le, et le salues cherement de ma part. Vives, ma tres
chere Fille, de cette vie divine, toute remise es mains de Nostre Seigneur.
Je suis de plus en plus, tres entierement tout vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 13 decembre 1621. [205]
_____
MDCCCLX. A Madame de Veyssilieu635. Compassion pour des
afflictions multipliées. — Ne pas établir son cœur sur les choses
de ce monde. Quelle espérance doit nous réjouir.
Annecy, 13 décembre 1621.
Il ne faudroit pas vous avoir au milieu de mon cœur, ma tres chere Fille, pour ne pas avoir
avec vous part a vos afflictions636 ; mays il est tout vray, qu'estant ce que je vous suis, et a vostre
mayson, je compatis grandement a toutes vos afflictions, et de madame de la Baume, vostre seur637.
Mays, ma tres chere Fille, il me semble que vous estes un peu plus susceptible des consolations
que cette chere seur ; c'est pourquoy je vous dis que nous avons tort si nous regardons nos parens,
nos amis, nos satisfactions et contentemens comme choses sur lesquelles nous puissions establir
nos cœurs. Sommes nous, je vous prie, en ce monde qu'avec les conditions des autres hommes et
de la perpetuelle inconstance dans laquelle il est establi ? Il faut s'arrester la, ma tres chere Fille,
et reposer nos attentes en la sainte aeternité a laquelle nous aspirons. O paix du cœur humain ! on
ne te treuve qu'en la gloire et en la Croix de Jesus Christ.
Ma tres chere Fille, vives ainsy, et res-jouisses souvent vostre cœur bien aymé en la
veritable esperance de jouir un jour seternellement de la bienheureuse et invariable aeternité. Je
suis pressé, ma tres chere Fille, et ne me reste de loysir que pour vous dire que je suis a jamays
tout vostre et
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Et madame de Pizançon638 comme se porte elle ? Je [206] luy escriray tout a la fine
premiere commodité. La niece qui est icy est bienheureuse d'estre si bonne et douce Religieuse
comme ell'est639.
13. X. 1621.
631 Constit. I.
632 Cette phrase est tirée d'un ancien manuscrit conservé à la Visitation de Bourg, où l'on trouve plusieurs passages de
la présente lettre.
633 Luc., XVI, 29.
634 Artus de Lionne, seigneur d'Aoste (voir tome XVIII, note (827), p. 240).
635 Marguerite de la Croix de Chevrières, dame de Veyssilieu. (Voir tome XVII, note (1215), p. 371.)
636 Cf. la lettre précédente.
637 Catherine de la Croix de Chevrières, dame de la Baume. (Voir tome XVIII, note (719), p. 209.)
638 Anne Bally, dame de la Croix de Chevrières, belle-sœur de la destinataire. (Voir ibid., note (710), p. 207.)
639 Sœur Marguerite-Agnès de Rigaud de Rajat (voir le tome précédent, note (509), p. 143).
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16.5 Page 155

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640 A Madame
Madame de Visselieu.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Toulouse.
_____
MDCCCLXI. A une dame de Grenoble641. Un heureux échange
avec Dieu. Sentiments d'humilité et de confiance que doit
garder la destinataire. La Providence divine sur les êtres sans
raison et sur ses servantes.
Annecy, 13 décembre 1621.
L'une et l'autre pensee est bonne, ma tres chere Fille : puisque vous aves tout donné a Dieu,
vous ne deves rien chercher en vous que luy, qui est sans doute, luy mesme, le contreschange du
mauvais petit tout que vous luy aves donné. O comme cela aggrandira vostre courage et vous fera
marcher confidemment et simplement642 !
Et c'est bien fait de penser toutefois que vostre sterilité vient de vostre defaut, sans
neanmoins vous amuser a rechercher quel est ce defaut ; car cela vous fera marcher en humilité.
Penses vous, ma tres chere Fille, que Sara, Rebecca, Rachel, Anne mere de Samuel, sainte Anne
mere de Nostre Dame, et sainte Elizabeth, fussent moins aggreables a Dieu quand elles estoyent
steriles que quand elles furent fertilisees ? Il faut aller fidelement au chemin de Nostre Seigneur,
et demeurer en paix autant en l'hiver de la sterilité qu'en l'automne de la fertilité. [207]
Nos Seurs sont consolees sur l'esperance de la paix643 ; elles le doivent estre encor plus en
la parole de l'Espoux celeste, qui conserve les siens comme la prunelle de ses yeux644. Saint
Hierosme dit a une fille de ses devotes645 : Celuy n'a besoin de planche qui marche dessus la terre
; celuy n'a besoin de toit qui est couvert du ciel. Dieu, qui fait des maysons aux escargotz et aux
tortues, qui ne pensent point en luy et ne chantent point ses louanges, laissera il ses servantes
assemblees pour sa louange sans monastere ?
Ma Fille, je suis de plus en plus tout a fait
Tout vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 13 decembre 1621.
_____
640 L'adresse est de la main de M. Michel Favre.
641 Peut-être cette Philothée de Grenoble qui a « tout donné a Dieu » est-elle Mme de Granieu.
642 Cf. Prov., X, 9.
643 Montbrun, l'un des chefs du parti protestant en Dauphiné, avait pris les armes au mois de septembre 1621 (voir ci-
dessus, note (465), p. 153). Après s'être emparé de plusieurs châteaux, il fut jsur le point d'enlever Grenoble par
surprise. lesdiguières, alors auprès du Roi, lui envoya de la part de Louis XIII l'ordre exprès de désarmer (19
novembre) ; mais sa lettre ayant eu peu de succès, il revint dans son gouvernement et apaisa les rebelles. (Voir Douglas
et Roman, Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, tome II, p. 323, et Dufayard, Le connétable de
Lesdiguières, chap. XIX.)
644 Deut., XXXII, 10 ; Ps. XVI, 8.
645 Cf. epist. XLIII, ad Marcellam.
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16.6 Page 156

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MDCCCLXII. A Dom Bruno d'Affringues, Général des
Chartreux646. Conséquence d'une affection qui ne peut être
cachée. Mlle de Bressieu, postulante chartreusine. Bon espoir
du Saint.
Annecy, 13 décembre 1621.
Mon tres Reverend Pere,
Comme cacheroit on le feu ? Je ne puis non plus celer l'extreme affection que j'ay au milieu
de mon cœur a vous honnorer de toute ma force ; et chacun croid que, reciproquement, j'aye le
bonheur d'estre grandement aymé [208] de vostre bonté, et sur cela, comme vous voyes souvent,
on recourt a mon intercession es occurrences esquelles on recherche vostre faveur.
Messieurs de Bressieux647 ont une seur au monastere de Melans qui a grand desir d'y estre
Religieuse. Ilz vous supplieront, mon tres Reverend Pere, de les gratifier de vostre authorité,
requise pour cela ; et puis qu'ilz le souhaitent, j'implore avec eux vostre charité, ce que je fay
d'autant plus volontier, que si je puys prendre connoissance des qualités de cette fille par celles de
son aysnee qui est ma belleseur648, elle sera vertueuse et bonne servante de Dieu649. Et j'allegue
cet argument ainsy a la bonne foy, affin de dire encor une des raysons pour lesquelles je doy
cooperer aupres de Vostre Paternité pour le bien et la consolation de cett' ame, puis que mesme je
me prometz d'estre advoüé de vostre debonaireté tel que je suis et que l'on me croid,
Mon tres Reverend Pere,
Vostre tres humble et tres affectionné
confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIII decembre 1621, Annessi.
Au tres Reverend Pere en N. S.,
Le Pere General de l'Ordre des Chartreux.
Revu sur l'Autographe qui se conservait à la Grande-Chartreuse. [209]
_____
646 Voir tome XVI, note (640), p. 200.
647 Nicolas, Aimé-François, François, Charles et Paul Roero de Bressieu (cf. ci-dessus, note (278), p. 80).
648 Madeleine Roero de Bressieu, seconde femme de Louis de Sales. (Voir tome XVI, note (118), p. 27.)
649 A propos de l'entrée de Mlle de Lornay à la Chartreuse de Mélan, on a dit pourquoi l'intervention du saint Evêque
de Genève en faveur des postulantes était nécessaire. (Voir tome XVI, note (642), p. 201.) Elle fut encore cette fois
couronnée de succès. Béatrix Roero de Bressieu. quatrième fille d'Emmanuel-Philibert et d'Ennemonde de la Forest,
fut admise à la Chartreuse ; son contrat de réception est du 22 mai 1622. Elle vécut avec ferveur jusqu'en 1675, et à
sa mort on lui accorda le privilège d'une Messe de Beata dans tout l'Ordre. (Cf. Mém. de l'Acad. Salés., tome XX, pp.
197, 198.)
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16.7 Page 157

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MDCCCLXIII. A la Mère de Chantal, a Paris. « Une lettre
d'empressement. » Regrets sur la mort de Mme des Gouffiers.
Ce que dirait la Mère de Chantal si elle voyait François de
Sales écrire si tard.
Annecy, 15 décembre 1621.
C'est bien une lettre d'empressement, car veritablement je ny puis mettre sinon que nous
sommes icy tous en tres bonne santé, et moy particulierement, avec bonne esperance de vous revoir
de mesme quand Dieu nous donnera la consolation de vostre retour, pour lequel je vous envoyeray
ou M. Roland ou M. Michel650 pour le tems que vous m'advertirés, que vous marqueres a vostre
gré, selon que le service de Dieu vous semblera le requerir.
Helas ! que la pauvre madame de Gouffier est bien morte a l'improuvëu, et que j'en ay esté
touché ! Vous m'avies escrit qu'elle estoit hors de danger et pleyne d'un estreme desir d'estre retiree
dans vostre Mayson, et j'en avois esté consolé. Certes, je le suis encor de son trespas, puisque Dieu
l'a voulu ainsy et luy a donné la grace de s'unir a sa volonté651.
Bon soir, ma tres chere Mere ; Dieu vous comble de ses plus cheres benedictions, qui sont
ses dilections. Je vous escris tout a fait a la desrobee et si tard, que je vous voy, [210] ce me semble,
me dire : Retires vous. J'ay esté averti ce soir du*depart de ce porteur, beaufrere de la petite Seur
Jane Marguerite, que Dieu absolve652. Et je vay donq faire l'obedience a nos Seurs653.
A la chere Fille Mme de Port Royal654
XV decembre 1621.
Revu sur l'Autographe conservé au presbytère de l'église paroissiale de Subligny (Cher).
_____
650 Voir ci-dessus, note (128), p. 128.
651 Dans une lettre qui doit être de novembre 1621, la Mère de Chantal écrit à la Sœur de Blonay : « Notre pauvre très
chère sœur de Gouffiers est allée à Dieu fort heureusement, après avoir souffert avec grande douceur, patience et
résignation, une violente fièvre pourpreuse l'espace de trois semaines. » Cette maladie, la Sainte nous l'apprend ailleurs
(Lettres, vol. I, p. 592), Elisabeth Arnault des Gouffiers l'avait contractée dans l'exercice de la charité, au service des
galériens. « Priez, et faites faire les prières ordinaires des Sœurs pour le soulagement de sa chère âme, » continue la
Mère de Chantal, » et en avertissez nos Sœurs de Valence. Certes, ma Fille, cette mort a bien touché mon cœur. »
(Ibid., p. 600.) On aime à recueillir l'écho des regrets attendris des deux Fondateurs sur l'ancienne Religieuse du
Paraclet, transfuge de la Visitation. Malgré tout ce que fit souffrir son étrange esprit, elle ne réussit jamais à éteindre
leur surnaturelle affection et leur reconnaissance pour un dévouement, sincère sans doute, mais terriblement onéreux.
652 D'après le Livre de comptes du 1er Monastère de la Visitation d'Annecy, 1617-1628, un « monsieur de Chanel »
paie les derniers trimestres de la pension de la Sœur Jeanne-Marguerite de la Chavane (voir le tome précédent, note
(642), p. 201) : serait-il le beau-frère qui se rendait à Paris ?
653 Les Sœurs destinées à la fondation de Dijon. Elles devaient probablement quitter Annecy avec M. Roland, mais
leur départ fut retardé jusqu'au 23 avril 1622.
654 Angélique Arnauld. Le Saint a laissé la phrase inachevée.
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16.8 Page 158

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MDCCCLXIV. A une religieuse de l'Abbaye de Sainte-
Catherine. Visite qui aurait été faite volontiers. Les affections
qui naissent de la contemplation de la crèche. Mystère où se
mêlent l'amour et la rigueur. Sainte Paule préférant Bethléem
aux délices de Rome. Ardente prière.
Annecy, 25 ou 26 décembre [1619-1621 655.]
Me treuvant dans ces bonnes festes environné de mille affaires, il ne m'est presque pas bien
possible de vous aller visiter, ma tres chere Fille. Je l'eusse pourtant fait de bon cœur, pour vous
entretenir toutes de quelques considerations sur le saint mystere que nous celebrons ; [211] mais,
ma chere Fille, rien ne vous manquera, puisque vous seres en la presence de cet Enfant sacré
duquel vous tiendres l'idee en vostre memoire et imagination, comme si vous le voyies naistre dans
sa pauvre petite cresche de Bethlehem.
Mon Dieu, que cette naissance fait naistre de saintes affections dedans nos cœurs ! ains sur
tout de la parfaitte abnegation des biens, des pompes, des soulas de ce monde. Je ne sçai, mays je
ne treuve point de mystere qui mesle si suavement la tendreté avec l'austerité, l'amour avec la
rigueur, la douceur avec l'aspreté. Jamais on ne vit un plus pauvre ni un plus heureux
accouchement, ni jamais une si somptueuse et si contente accouchee. Certes, qui accouche du Filz
de Dieu n'a que faire de mendier du monde des consolations exterieures. Sainte Paule ayma mieux
aussi vivre hospitaliere en Bethlehem que de demeurer riche dame a Rome, luy estant advis que
jour et nuit elle oyoit en son cher hospital les cris enfantins du Sauveur en la cresche656, ou, comme
parloit saint François, du cher « Enfant de Bethlehem657, » qui l'incitoit au mespris des grandeurs
et affections mondaines et l'appelloit au tressaint amour de l'abjection.
Ce cher petit Sauveur le sçait bien, ma tres chere Fille, que des ce matin mon cœur crie et
reclame JESUS pour le vostre. Ouy, tres doux Jesus, bausme pretieux, qui donnes toute suavité
aux Anges, aux hommes, entres, possedes l'ame de cette chere fille ; qu'elle jouisse pleinement de
ces affections, affin que l'odeur de ce Nom parfumé658 rejaillisse en toutes ses actions.
Helas ! ma Fille, vous m'estes toute chere, parce que vous n'aves rien de cher que Jesus et,
qu'en luy et par luy, je sçai bien que je vous suis bien cher. Que je le sois donq encor plus cette
annee ; mais sur tout, que Jesus le soit de plus en plus jusques a la tressainte eternité. Amen.
Vostre tres affectionné Pere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [212]
_____
655 La destinataire, que le Saint, « environné de mille affaires, » ne peut « aller visiter, » est certainement une
Cistercienne de Sainte-Catherine. Du reste, c'est ordinairement avec ces Filles de saint Bernard que François de Sales
médite le suave mystère de la crèche. Mais à qui s'adresse-t-il ici ? On ne peut répondre qu'en excluant les Sœurs de
Ballon, à cause de l'absence du titre de « cousine. »
Quant à la date, elle semble devoir se fixer plus probablement aux dernières années de la vie du saint Evêque,
d'ailleurs hors de son diocèse au moment des fêtes de Noël 1616-1618,
656 S. Hier., ep. CVIII, ad Eustoch. (Epitaph. Paulæ), § 10.
657 S. Bonav., Legend. S. Franc. Assis., c. X.
658 Cf. Cant., I, 2.
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16.9 Page 159

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MDCCCLXV. A un ami (Fragment). Seule réponse au mépris.
Bonnes espérances que donne le nouvel Evêque de
Chalcédoine. La misère de ce siècle.
Annecy, [1621 659.]
……………………………………………………………………………………………………..
Ce n'a rien esté ou presque rien, ce petit mespris que l'on m'a fait ; et je dis de bon cœur :
660 Domine, ne statuas illis hoc peccatum661 ; et j'adjousterois volontier, si j'osois : 662 quia nesciunt
quid faciunt663.
Nous avons icy nostre Monseigneur de Chalcedoine, lequel, ou je suis trompé, ou il
reparera beaucoup de fautes que j'ay faites en ma charge, ou je confesse que j'ay failli en tout,
ormis en l'affection ; mais ce frere est d'un esprit zelé, et, ce me semble, brave homme pour reparer
mon meschef.
Je suis bien ayse que nos Filles de Sainte Marie soyent [213] en leur monastere ; ce ne sera
pas un petit attrait a plusieurs ames pour se retirer du monde, puisque l'on est si miserable en ce
siecle que l'on ne regarde pas tous-jours le celeste Espoux au visage, ains a ces ageancemens
exterieurs, et que souvent nous estimons les lieux plus devotieux que les autres, a cause de leur
forme.
……………………………………………………………………………………………………..
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
659 Le fragment que nous reproduisons ici se trouve, dans l'édition de 1641, à la suite d'un paragraphe qui est, à n'en
pas douter, adressé au duc de Bellegarde peu après 1614. (Il sera donné avec les lettres qui, arrivées après coup, n'ont
pu se classer dans les volumes précédents.) Mais ces trois alinéas, peut-être de mois différents, datent certainement de
1621 : le « petit mespris » dont parle le Saint paraît être l'insolente attaque provoquée par le baron de Tournon en
décembre 1620 (voir le tome précédent, Lettre MDCCXXXVIII, p. 405) ; Jean-François de Sales, évêque de
Chalcédoine, revint à Annecy à la fin de janvier 1621 ; enfin, les Sœurs de la Visitation de Grenoble, s'il s'agit d'elles
comme il est fort probable, entrèrent dans leur nouveau monastère le 30 septembre 1621.
Cette seconde partie du texte de 1641 a-t-elle le même destinataire que la première ? Tous les événements
auxquels il y est fait allusion étaient ignorés par le grand Ecuyer, ou avaient peu d'intérêt pour lui. Plus volontiers on
pense à M. d'Aoste, ce fils spirituel de François de Sales, qui s'occupait avec tant de dévouement des Filles de Sainte-
Marie. (Voir sa lettre à l'Appendice I.)
660 Seigneur, ne leur imputez pas ce péché.
661 Act., VII, ult.
662 car ils ne savent pas ce qu'ils font.
663 Luc., XXIII, 34.
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16.10 Page 160

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MDCCCLXVI. A Madame de la Chapelle Religieuse de
l'Abbaye de Sainte-Catherine. Que faire quand on se voit
toujours retomber dans les mêmes imperfections ? Une leçon
qu'il faut apprendre. Moyen d'acquérir la douceur de cœur à
l'égard du prochain.
[1618-1621 664.]
Ma chere Fille,
Je vous respondray en peu de paroles, puisqu'aussi bien sçay je ce que vous m'eussies dit,
par vostre lettre, comme si je vous eusse oüye parler de bouche ; car en fin, c'est que vous estes
tous-jours celle la que vous m'aves dit les annees passees. A quoy je vous respondray :
Premierement, que vous vous deves doucement supporter, en vous humiliant beaucoup
devant Dieu, sans chagrin ni descouragement quelcomque.
Secondement, vous deves renouveller tous les propos que vous aves ci devant faitz de vous
amender. Et bien que vous ayes veu que, nonobstant toutes vos resolutions, [214] vous estes
demeuree engagee en vos imperfections, vous ne deves pas pour cela laisser d'entreprendre un bon
amendement, et l'appuyer sur l'assistence de Dieu. Vous seres toute vostre vie imparfaitte, et y
aura tous-jours beaucoup a corriger ; c'est pourquoy il faut apprendre a ne se point lasser en cest
exercice.
Tiercement, travaillés pour acquerir la suavité du cœur envers le prochain, le considerant
comme œuvre de Dieu, et qui en fin jouyra, s'il plait a la Bonté celeste, du Paradis qui nous est
preparé. Et ceux que Nostre Seigneur supporte, nous les devons tendrement supporter, avec grande
compassion de leurs infirmités spirituelles.
……………………………………………………………………………………………………..
_____
664 Dans l'édition de 1626, cette lettre formait la première partie d'un texte composé de deux pièces, comme on a pu le
constater en retrouvant l'Autographe de la seconde, adressé à Mme de la Chapelle, Renée de Valence. (Voir ci-dessus,
Lettre MDCCLXVII, et note (135), p. 31.) La destinataire des présentes lignes est presque certainement la même.
Quant à la date, elle ne doit pas être antérieure à 1618, si l'on en juge par ces mots : « Vous estes tous-jours « celle la
que vous m'aves dit les annees passees. »
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17 Pages 161-170

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17.1 Page 161

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MDCCCLXVII. A la Mère de Chantal, a Paris. Danger de suivre
la prudence humaine pour la réception des sujets à la Visitation.
— Comment Dieu a fait le cœur de François de Sales. Son
amour pour les âmes, tout surnaturel.
Annecy, [1620 ou 1621 665.]
Ma tres chere Mere,
……………………………………………………………………………………………………..
Sur cest article que vous m'escrives, de la reception des filles, il y a un extreme danger
qu'on ne se jette trop [215] sur la prudence humaine, qu'on ne se fonde trop sur la nature et trop
peu sur la grace de Dieu. J'ay peine d'empescher qu'on ne considere la foiblesse de la complexion
et les infirmités corporelles. On voudroit qu'au festin, il n'y entrast ni borgne, ni boiteux, ni
maladif666 ; en somme, on a bien peine de combattre contre l'esprit humain, pour l'abjection et pure
charité.
J'adjouste donq ce mot, ma tres chere Mere, pour vous dire que, selon vostre ordre, j'ay
escrit a nostre Seur de N. amoureusement, et je vous asseure, ma tres chere Mere, que c'est de tout
mon cœur, car j'ayme cette pauvre fille d'un cœur parfait. Mays c'est grand cas, il n'y a point d'ames
au monde, comme je pense, qui cherissent plus cordialement, tendrement et, pour le dire tout a la
bonne foy, plus amoureusement que moy ; car il a pleu a Dieu de faire mon cœur ainsy. Mais
neanmoins, j'ayme les ames independantes, vigoureuses et qui ne sont pas femelles ; car cette si
grande tendreté brouille le cœur, l'inquiete et le distrait de l'orayson amoureuse envers Dieu,
empesche l'entiere resignation et la parfaitte mort de l'amour propre. Ce qui n'est point Dieu, n'est
rien pour nous. Comme se peut il faire que je sente ces choses, moy qui suis le plus affectif du
monde, comme vous sçaves, ma tres chere Mere ? En verité, je les sens pourtant ; mais c'est
merveille comme j'accommode tout cela ensemble, car il m'est advis que je n'ayme rien du tout
que Dieu et toutes les ames pour Dieu. Hé, Dieu ! Seigneur, faites encor cette grace a toute mon
ame, que ce soit en vous seulement667.
Ma tres chere Mere, ce discours est infini. Vives joyeuse, toute pleine de Dieu et de son
saint amour.
Bon soir, ma tres chere Mere. Je sens cette unité que Dieu a faite, d'un extraordinaire
sentiment.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
665 Il est impossible de déterminer exactement la date de ces lignes. Elles ont été écrites pendant que la Sainte était à
Paris, en 1620 ou 1621, c'est tout ce qu'on peut dire. Peut-être est-ce au passage sur la réception des infirmes que le
Fondateur fait allusion dans le dernier alinéa de sa lettre d'avant Noël 1620 (voir le tome précédent, p. 403). D'autre
part, si la « Seur N. » est Mme des Gouffiers, on pourrait rapprocher cette lettre de celle qui lui est adressée le 2 août
1621.
Nous ne garantissons pas l'intégrité du texte ; nous en avons retranché une phrase rattachée aux mots : « plus
amoureusement que moy » (lig. 15 de la page suivante), par l'expression « et mesme » ; elle appartient à la lettre du
30 avril 1618 et commence ainsi : « J'abonde un peu en dilection... » (Voir tome XVIII, p. 208, lignes 3-7.)
666 Cf. Luc., XIV, 13, 21.
667 Dans cette expression, « toute mon ame, » le saint Fondateur comprend la Mère de Chantal, et sollicite pour elle
ce qu'il demande pour lui-même.
161/342

17.2 Page 162

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MDCCCLXVIII. A Mademoiselle Jousse668 (Inédite). Conseils à
une aspirante à la Visitation.
Annecy, [1620 ou 1621 669.]
Ma chere Fille,
Sur la resolution que vous aves declairee a monsieur vostre pere670, je vous exhorte de
perseverer a demander sans cesse la clarté du Saint Esprit et sa sainte conduite, en attendant que
vous venies icy, et que Mme de Chantal [soit de re]tour, affin qu'en chose de si grand' importance
et en laquelle il s'agist de la disposition de toute vostre [217] vie mortelle, nous ne facions rien que
par la volonté et inspiration de Celuy qui nous a preparé l'eternelle. Je suis de tout mon cœur, ma
tres chere Fille,
Vostre humble, affectionné serviteur,
F., E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Trappe de Mortagne.
_____
668 L'Autographe, autrefois gardé avec vénération dans la famille Jousse, n'a pas d'adresse ; mais une note qui y est
jointe, commence ainsi : « Il y a tout lieu de croire que cette lettre a été écrite à la Sœur Claude Espérance Jousse. »
En 1619, revenant de Paris en Savoie, le saint Evêque passa avec la cour par Orléans, où il fut invité à prêcher
aux Carmélites. Ces bonnes Mères, après le sermon, lui présentèrent deux jeunes filles qui aspiraient à entrer parmi
elles, en le priant de leur donner sa bénédiction pour qu'elles réussissent dans leur pieux dessein. Le Prélat, les
regardant paternellement, répondit : « Non pas, non pas, ce sont deux de nos filles. » L'événement réalisa la prophétie
: l'une de ces postulantes, Anne Joquet, fut admise à la Visitation de Nevers ; l'autre, sa cousine, Mlle Jousse, entra au
monastère de Sainte-Marie d'Orléans en 1624, à l'âge de vingt-trois ans. Elle était douée, dit une annaliste, « d'un
grand esprit, d'un solide jugement, d'une capacité extraordinaire pour toutes choses, qui s'étendait sur le spirituel et le
temporel. » De 1634 à 1640, Sœur Claude-Espérance fut Supérieure de son Monastère de profession ; réélue en 1646,
elle fonda (1647) la Maison de Chartres qu'elle alla gouverner après sa déposition à Orléans en 1649. Nous la trouvons,
de 1656 à 1662, à la tête du Ier Monastère de Rouen, d'où elle passe au second de cette ville. Cette dernière
Communauté ne jouit pas longtemps de sa conduite, car elle mourut le 20 mai 1664, en odeur de sainteté. (D'après sa
Notice manuscrite et l'Histoire des Fondations des Monastères d'Orléans, Chartres, etc.)
669 Nous déduisons la date approximative de cette lettre de l'allusion faite par le Saint à l'arrivée de la Mère de Chantal.
Jamais celle-ci ne revint à Annecy du vivant de l'Evêque, mais depuis les derniers mois de 1620 jusqu'en septembre
1621, l'un et l'autre croyaient ce retour prochain, comme le prouvent plusieurs passages de leur correspondance.
670 Les noms des parents de Mlle Jousse nous sont inconnus.
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17.3 Page 163

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MDCCCLXIX. A M. Pierre Jay671. Une « ample » approbation.
Comment il faudrait traiter les choses pieuses et saintes pour
détourner habilement les âmes de la lecture des romans.
Hameçon du pêcheur d'hommes. La délicatesse du monde.
Projet d'un ouvrage.
Annecy, 1620 ou 1621.
Monsieur,
Apres avoir leu vos cayers, je vous les renvoye avec une approbation autant ample que
vous la sçauries desirer de [218] moy. Mais, mon Dieu, il faut que je vous die que la connoissance
que je prens tous les jours de l'humeur du monde me fait souhaitter passionnement que la divine
Bonté inspire quelque sien serviteur d'escrire au goust de ce pauvre monde. Je veux dire, Monsieur,
que s'il vous plaisoit de suivre vostre pointe et traitter des choses pieuses et saintes d'une façon
aggreable, historique et qui charmast un peu la curiosité des espritz du tems, cela les retireroit, ou
au moins divertiroit, de la pestilente lecture des Amadis672, des romans et de tant d'autres sottises,
et ilz avaleroyent insensiblement l'aggreable hameçon qui les retireroit de la mer du peché dans la
nacelle de la vertu.
En fin, Monsieur, nous sommes pescheurs, et pescheurs des hommes673. Nous devons donq
employer a cette pesche non seulement des soins, des travaux et des veilles, mais encor des appas,
des industries, des amorces, ouy mesme, si je l'ose dire, de saintes ruses. Le monde devient si
delicat, que desormais on ne l'osera toucher qu'avec des gans musqués, ni panser ses playes qu'avec
des emplastres de civette ; mays qu'importe, pourveu que les hommes soyent gueris et qu'en fin ilz
soyent sauvés ? Nostre reyne, la charité, fait tout pour ses enfans. Prenes donq courage, Monsieur,
suives les mouvemens de ce grand et gratieux genie qui vous anime.
Il faut que je vous confie un secret que je n'ay encor dit qu'a deux de mes bons amis.
Croiries vous que, tout pesant que je suis, je fay dessein d'escrire, par une methode de narration
671 Un personnage qui se cache sous le pseudonyme de F. E. de Melanie (qu'il faut peut-être lire Fidèle Enfant de
Metanie), entrait, en 1643, dans les ateliers du sieur Leyat, et y lisait quelques feuilles du livre de Metanie1 qu'on
achevait d'imprimer. Cette lecture lui rappelle une lettre de François de Sales, trouvée par lui, « il y a plus de dix ans,
dans les archives d'un grand homme d'estude. » Aussitôt, il l'envoie à Charles-Auguste de Sales pour l'exciter, par les
paroles mêmes de son saint Oncle, à poursuivre cette manière d'apostolat. C'était la lettre que nous donnons ici. A qui
s'adressait-elle ? De très fortes conjectures permettent de désigner Pierre Jay, frère aîné de Pierre-François (voir tome
XVI, note (737), p. 229), qui ne le lui cédait en rien pour la science et le talent d'écrire. Ayant renoncé en 1605 à son
vicariat d'Ayse, il se livra pendant quinze ans à des travaux littéraires et scientifiques. Il dut recevoir ces pages
encourageantes de son Evêque en 1620 ou 1621 ; la mention de la cour d'où, à cette époque, émanaient sans cesse des
ordres et des contre-ordres pour un voyage en France ou à Rome, et le projet de composition dont parle le Saint
indiquent assez probablement cette date. Mais Pierre Jay, au lieu de « suivre sa pointe, » fit le sacrifice de ses chères
études pour embrasser le ministère paroissial ; en 1620, il prend possession de la cure de Saint-Hippolyte, et meurt
curé de Scionzier au mois d'août 1630. (R. E.) C'est sans doute son frère Pierre-François, qui, devenu vicaire général
en 1639, communiqua au nouvel Evêque d'Hébron le précieux Autographe découvert dans les papiers de son aîné.
1 Metanie, Petit traicté Mystique de la Penitence, par Charles Auguste de Sales, Evesque d'Ebron, Elû Coadjuteur de
Geneve. (Annessy, par André Leyat M.DC.XL.) C'est par erreur que l'imprimeur a mis 1640, car Charles-Auguste
de Sales ne fut préconisé Evêque d'Hébron que le 3 août 1643.
La lettre de F. E. de Melanie à l'auteur est placée à la suite de la Table des matières et des Errata.
672 Ce vieux roman espagnol de chevalerie, commencé au XIVe siècle et continué par divers auteurs, avait été traduit
en français par d'Herberay des Essarts en 1540. Il obtint un égal succès dans les deux langues, et eut une influence
immense sur la littérature de l'Europe. L'Espagne, la France, l'Italie furent inondées des romans inspirés par l'Amadis
de Gaule ou de Galles, et tous remplis des aventures les plus bizarres et extravagantes.
673 Matt., IV, 19.
163/342

17.4 Page 164

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historique, les principaux pointz de nostre [219] croyance674 ? Mays, helas ! si je n'ay point d'autre
loysir que celuy que la cour me laisse, je mourray comme les femmes enceintes, sans produire ce
que j'ay conceu… [220]
_____
MDCCCLXX. A une dame. Le prix des tribulations.
Bonheur des âmes que Dieu appelle à son service.
[1616-1623 675.]
O que Dieu est bon, ma tres chere Fille ! Il est vray qu'il est bon a tous, mays
souverainement a ceux qui l'ayment. Les tribulations sont plus pretieuses que l'or et le repos aux
ames que Dieu a choysies.
J'escris a nostre Seur Superieure selon vostre desir et celuy de cette chere fille, car je ne
puis ni ne dois faire autrement ; elle sera bien heureuse, cette ame, si elle persevere constamment.
Meilleure est une heure es portiques de Dieu, que mille et millions es cabinetz des pecheurs676. Or
vous y estes encor, ma tres chere Fille, en ces porches sacrés de Nostre Seigneur, puisque vous
pretendes et pretendres invariablement a la conjonction de vostre ame a son Dieu, et qu'elle fait la
pluspart de son sejour au mont sacré du Calvaire.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre ame, pour l'enflammer de plus en plus de son pur
amour, qui est la plus digne et la plus desirable benediction de vostre esprit. Je suis de tout le mien,
tres invariablement et parfaitement
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
674 Le saint Prélat projetait plus d'un ouvrage. Peut-être celui dont il parle ici est-il l'Histoire théandrique (voir
l'Introduction générale de cette Edition, tome I, p. LIII). En 1622, il en exposait le plan à D. Jean de Saint-François !
« Quatre livres, dont le premier eust esté une version nette et en vulgaire des quatre Evangelistes unis et alliez ensemble
en maniere de concordance, selon la suitte des temps et des actions de Nostre Seigneur... Le second devoit estre pour
fonder et déduire la preuve des principaus points de la creance de l'Eglise catholique, debattus et mis en controverse
par les paroles mesmes de Nostre Seigneur contenues dans les Evangiles... Le troisiéme eust esté une instruction aus
bonnes mœurs et à la pratique des vertus chrestiennes, et conduite à la perfection de la vie spirituelle, par les maximes
de l'Evangile et par les exhortations et enseignemens mesmes de Jesus-Christ... Le dernier devoit, sur l'histoire des
Actes des Apostres, monstrer quelle estoit la face de l'Eglise primitive à sa naissance, et de l'ordre et de la conduite
que le Saint Esprit et les Apostres y établirent en son premier commencement. » (D. Jean de Saint François, La Vie
du Bien-Heureus Mre François de Sales, 1624, liv. III, p. 232.) Déjà, lors du sacre de son coadjuteur, Jean-François,
l'Evêque de Genève croyait le moment venu de mettre la main à cette grande œuvre, ainsi qu'à son livre des « quatre
Amours, » dans lequel il voulait enseigner comment nous devons aimer Dieu, nous-même, nos amis et nos ennemis ;
à celui des « Maximes evangeliques reduites en corps de doctrine, » et à «l'Explication familiere des Mysteres de notre
sainte Foy. » (De Hauteville, La Maison naturelle de St François de Sales, Paris, 1669, Ire Partie, p. 220.) Le 6 juin
1621, la Mère de Chantal écrivait à la Mère de la Roche : « Monseigneur... a commencé à faire quelque chose sur les
Evangiles, mais il me mande qu'on l'accable. » (Lettres, vol. I, p. 543.) « Il faut, » disait le saint Auteur au Général
des Feuillants, « prendre de la tasche beaucoup plus qu'on n'en sçauroit faire et comme si l'on avoit à vivre long-temps,
mais ne se soucier d'en faire plus que si l'on avoit à mourir dez demain. » (Ouvrage cité, p. 233.) La mort, en effet,
vint trop tôt arrêter cette plume féconde et apostolique ; elle ne put qu'ébaucher une si vaste composition, et de ces
ébauches, quelques fragments seuls sont parvenus jusqu'à nous.
675 Nombreuses sont les aspirantes à la Visitation qui furent l'objet de l'intérêt paternel du saint Fondateur ; il est donc
bien difficile de deviner celle dont il parle dans ces lignes et, par là même, d'indiquer le nom de leur destinataire. «
Nostre Seur Superieure » n'étant sûrement pas la Mère de Chantal, il s'ensuit que cette lettre doit être postérieure aux
premières fondations, et se placer, par conséquent, entre 1616 et 1622.
676 Ps. LXXXIII, 11.
164/342

17.5 Page 165

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MDCCCLXXI. A une dame. La merveilleuse importunité de la
prudence humaine. Manière de purifier nos intentions.
Deux volontés en l'âme de saint Paul, et en la nôtre. Agir
pour Dieu, afin de lui être agréable, et laisser le reste.
[1618-1622 677.]
Je respons a la demande que la bonne Mere de Sainte Marie m'a faite de vostre part, ma
tres chere Fille. Quand la prudence humaine se mesle de nos desseins, il est malaysé de la faire
taire ; car elle est merveilleusement importune, et se fourre ardamment et hardiment en nos affaires
malgré nous.
Que faut il faire la dessus affin que l'intention soit purifiee ? Regardons si nostre dessein
peut estre legitime, juste et pieux ; et s'il le peut estre, proposons et deliberons de le faire, non plus
pour obeir a la prudence humaine, mais pour, en iceluy, accomplir la volonté de Dieu.
Si nous avons une fille, par exemple, que la prudence humaine dicte devoir estre colloquee
en Religion pour quelques raysons de l'estat de nos affaires, or sus, nous dirons en nous mesmes
(je ne dis pas devant les hommes, mais devant Dieu) : O Seigneur, je vous veux offrir cette fille,
parce que, telle qu'elle est, elle est vostre ; et bien que ma prudence humaine m'incite et incline a
cela, si est ce, Seigneur, que si je sçavois que ce ne fust pas aussi vostre bon playsir, malgré ma
prudence inferieure je ne le ferois nullement, rejettant en cette action ladite prudence que mon
cœur sent, mays a laquelle il desire ne [222] point consentir, et embrassant vostre volonté que mon
cœur n'apperçoit pas selon son sentiment, mais a laquelle il consent selon sa resolution.
O ma tres chere Fille, c'est a tout propos que l'esprit humain nous travaille de ses pretentions
et se vient importunement ingerer parmi nos affaires. Nous ne sommes pas plus saintz que
l'Apostre saint Paul, qui sentoit deux volontés au milieu de son ame : l'une qui vouloit selon le viel
homme et la prudence mondaine, et cette cy se faisoit plus sentir ; et l'autre qui vouloit selon l'esprit
de Dieu, et celle cy estoit moins sensible, mais laquelle pourtant dominoit, et selon laquelle il
vivoit678 ; dont d'un costé il s'escrioit : O moy miserable homme, qui me delivrera du cors de cette
mort679 ? et d'autre part il s'escrioit : Je vis, non plus moy mesme, mais Jesus Christ vit en moy680.
Et a chaque pas, presque, il nous faut faire la resignation que Nostre Seigneur nous a enseignee :
Non ma volonté, mais la vostre, o Pere eternel, soit faite681. Et cela fait, laisses clabauder la
prudence humaine tant qu'elle voudra, car l'œuvre ne sera plus sienne ; et vous luy pourres dire
comme les Samaritains dirent a la Samaritaine apres qu'ilz eurent oüy Nostre Seigneur : Ce n'est
plus meshuy pour ta parole que nous croyons, mays parce que nous mesmes l'avons veu et
entendu682. Ce ne sera plus pour la prudence mondaine, bien que ce soit elle qui ayt excité la
volonté, que vous feres cette resolution, mais parce que vous aves conneu que Dieu l'auroit
aggreable : ainsy, par l'infusion de la volonté divine, vous corrigeres la volonté humaine.
Demeures en paix, ma tres chere Fille, et serves bien Dieu en la peyne et fascherie de la
grossesse et de l'enfantement, que vous dresseres aussi selon son bon playsir. Et je prie sa
souveraine Bonté qu'elle vous comble de benedictions, vous suppliant de m'aymer tous-jours en
677 Nulle donnée sûre ne nous permet de désigner la destinataire, et par suite de préciser la date. Tout au plus pouvons-
nous rappeler que saint François de Sales fut obligé de modérer l'empressement de Mme Amaury, lorsque la fille de
celle-ci eut le désir de la vie religieuse. La mère aurait-elle songé à cette vocation avant même son enfant ? Dans ce
cas, le dernier alinéa du texte de 1626 pourrait être une interpolation, et cette lettre serait antérieure à celle d'août-
septembre 1621 (voir ci-dessus, p. 143). Mais la supposition n'étant pas appuyée assez solidement, et la correspondante
pouvant être de Grenoble, nous devons nous en tenir aux dates extrêmes : 1618-1623.
678 Rom., VII, 21-23.
679 Ibid., v. 24.
680 Galat., II, 20.
681 Luc., XXII, 42.
682 Joan., IV, 42.
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17.6 Page 166

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luy et pour luy, qui m'a, en toute verité, rendu [223]
_____
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
MDCCCLXXII. A M. Albert de Genève-Lullin683. Mission
assignée par Dieu aux grands de ce monde. Où doivent-ils
mettre leur perfection. Efficacité de leur exemple. Un mot
de Trajan et les paroles de l'Apôtre. La première leçon des
maîtres.
[1618-1622.]
Monsieur,
Je vous prie de vous mettre souvent devant les yeux et rappeller en vostre esprit ce que la
tres sage bonté de Dieu a voulu operer en vostre ame et par vostre moyen, en vous donnant des
biens, de la faveur et de l'authorité.
Les princes et les grans seigneurs ont pour l'ordinaire en naissant ce que le simple peuple
s'efforce d'acquerir avec bien de la peine. Que si quelque chose leur manque, ilz peuvent tout en
Celuy qui leur a tout donné684, et il leur suffit de vouloir pour estre asses puissans. Mais affin que
leur volonté soit plus conforme a la regie de toute bonne volonté, leur perfection doit estre de
vouloir seulement ce que Dieu veut. Or, il est vray que Dieu ne veut autre chose d'un prince, sinon
qu'en regissant tous [224] ses sujetz avec crainte et amour, il ayme et craigne Dieu avec une crainte
filiale et un amour tres pur, tressaint et tres cordial. Souvent leur indulgence est une pure cruauté,
et leur justice, une grande misericorde. Leur exemple est le point d'ou depend le bonheur et le
683 D'après le P. Talon (La Vie du Bien-Heureux François de Sales, 1640), l'Evêque de Genève donna ces conseils à
un jeune seigneur qui s'était plaint à lui » de ce que la naissance luy avoit esté trop avare, et de ce qu'elle ne luy avoit
donné aucun instinct pour la vertu : « Hé bien, » dit l'aimable Saint, « je veux que vous ayes tout autant d'aversion
pour la vertu que l'on en peut avoir ; je vous asseure neanmoins que vous pourres changer de naturel, et que, pourveu
que vous facies ce que je vous diray, vous ne rencontreres point de difficulté a estre tel que vous deves, et acquerir
toute la perfection qui est conforme a vostre qualité. » Et, en effet, il lui laissa « par escrit quelques enseignemens sur
ce propos, luy mit en abregé tous les devoirs ausquels non seulement un gentilhomme, mais mesme un prince est
obligé. »
Si la mention des devoirs à rendre au « Roy » n'indique pas un seigneur français, les présomptions sont assez
fortes en faveur d'Albert-Eugène-Martin de Genève, marquis de Lullin, petit-fils de Gaspard (voir tome XI, note (645),
p. 285) et fils de Clériadus et de Sabine de Hornes (voir ci-dessus, note (53), p. 3). Né en 1602, il connut de bonne
heure le Serviteur de Dieu, et de 1613 à 1622, il le fréquenta familièrement, ainsi qu'il nous l'apprend dans sa belle et
intéressante déposition. En 1613, Albert accompagne le Saint, de Thonon à Chambéry ; en 1615 et 1622, il le suit à
Lyon ; en 1618, il est de l'ambassade à Paris, et dans tous ces voyages, il recueille les enseignements à la fois doux et
forts de François de Sales : de lui, il apprend ce que doit être un gentilhomme, un soldat, un chrétien, et s'entend
proposer pour modèles saint Louis et Judas Machabée. L'Evêque lui répète suavement « qu'un cavalier doit avoir une
pieté incorruptible au service de Dieu, une douceur charitable dans son gouvernement, une generosité heroique dans
ses entreprises, une patience invincible dans les difficultés, une singuliere prudence en sa conduite, une grande
promptitude en ses executions et une modestie qui serve a tout le monde. » (Process. remiss. Gebenn. (II), ad art. 58.)
Albert de Genève profita de ces leçons ; il fut vaillant militaire, admirablement fidèle à sa souveraine légitime,
Christine de France, dont il devint grand Ecuyer, bon pour ses sujets et chrétien sans reproche. Par son alliance avec
Catherine de Bruges (contrat dotal du 29 janvier 1622), il avait encore accru ses biens et ses titres ; il ne put laisser ni
les uns ni les autres à ses descendants, n'ayant eu qu'une fille, morte très jeune. Lui-même décéda en 1662.
En tenant compte de l'âge d'Albert de Genève, il semble que ces conseils ont dû lui être donnés entre 1618 et
1622, plutôt que dans l'une des années antérieures.
684 Cf. Philip., ult., 13.
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malheur du peuple, et partant ilz doivent tous dire avec Trajan : « Je dois estre tel prince envers
mes sujetz, que je desirerois de rencontrer un prince si j'estois sujet685. »
De mesme aussi, comme chaque seigneur et chaque gentilhomme est un petit monarque en
sa mayson, ilz ne doivent pas s'oublier de ces paroles de l'Apostre686 : Vous qui estes maistres,
faites a vos serviteurs ce qui est juste et convenable, vous souvenans que vous aves un autre
Maistre au Ciel et des Rois sur la terre, de qui vous dependes. Ilz ne doivent donq pas faire chez
eux comme des lions, et revolter leurs domestiques, et opprimer leurs serviteurs ; mais leur pieté
doit estre genereuse, et leur courage plein de clemence et de bonté. C'est la leur premiere leçon,
d'ou ilz apprendront a rendre a Dieu et a leur Roy tous les devoirs de leur sujettion, et a leurs sujetz
tous les offices d'une puissance qui ne doit marcher que sur la justice et sur la bonté. [225]
……………………………………………………………………………………………………..
_____
MDCCCLXXIII. A la Mère de Chantal, a Paris (Fragment).
Pensée du Saint sur le monde et les mondains. Nouvelles de
son âme.
[1619-1622 687.]
……………………………………………………………………………………………………...
Plus je vay avant, plus je treuve le monde haïssable et les pretentions des mondains vaines,
et ce qui est encor pis, plus injustes.
Je ne puis rien dire de mon ame, sinon qu'elle sent de plus en plus le desir tres ardent de
n'estimer rien que la dilection de Nostre Seigneur crucifié, et que je me sens tellement invincible
aux evenemens de ce monde, que rien ne me touche presque.
O ma Mere, Dieu comble de benedictions vostre cœur, que je cheris comme mon cœur
propre. Je suis sans fin vostre, en Celuy qui sera par sa misericorde, s'il luy plait, sans fin tout
nostre.
FRANÇS, E. de Geneve. [226]
_____
685 Eutrop., Breviar. ab urbe condita, l. VIII, c. V.
686 Coloss., ult., 1.
687 Nous donnons ici, avec la date flottante 1619-1622, ce qui reste d'un texte daté, dans l'édition princeps, du 26
février 1620. Des autres fragments qui le composaient, le premier se trouve au tome précédent, p. 101 (voir la note
(375) de cette page) ; les autres appartiennent auxlettres du 5-19 octobre 1619 (ibid., note (174), p. 39), du mois de
février 1611 (tome XV, p. 21, l. 5-9) et du 26 février 1620 (tome précédent, p. 152, ll. 17-22).
167/342

17.8 Page 168

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MDCCCLXXIV. Au Comte Claude-Jérome de Saint-Maurice
(Inédite). Réclamation d'un legs fait pour une chapelle par le
beau-père du destinataire.
Annecy, [1620-1622 688.]
Monsieur,
Ayant fort souvent esté prié par le sieur Peyssard, vicaire en l'eglise parroissiale de cette
ville689, de vous representer combien la chapelle de Chitri, qui y est690, a besoin de vostre soin et
d'un legat que feu M. de Treverney691 avoit fait pour icelle, je le fay maintenant par cette
commodité, sachant que vous aurés grandement aggreable que je vous rende ce devoir, et que vous
prendres playsir a faire ce bien-la en un lieu qui porte le nom et les marques d'une mayson qui n'est
qu'une avec la vostre et qui s'est si honnorablement, jadis, signalee en la vertu et pieté.
Ce pendant, je ne cesseray jamays de vous souhaiter [227] toute sorte d'accroissement de
prosperité en la grace de Nostre Seigneur, ni d'estre, Monsieur,
Vostre serviteur tres humble et tres affectionné,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Amiens.
_____
688 Le sujet de cette lettre désigne avec certitude le destinataire, Claude-Jérôme de Chabod, comte de Saint-Maurice ;
sa « mayson », en effet, n'était « qu'une avec » celle des seigneurs de Travernay, dont il portait même le titre depuis
son mariage avec Claudine-Adrienne de Mouxy. (Voir ci-dessus, note (284), p. 86.) Quant à la date de ces lignes,
elle est nécessairement postérieure à celle du mariage du comte ; de plus, l'absence de l'Evêque de Genève pendant la
majeure partie de 1619 fait écarter cette année, mais il est impossible de préciser davantage.
689 Thomas Peyssard (voir tome XVIII, note (146), p. 28).
690 En 1470, cette chapelle avait été fondée par Jean Mosserens dans l'église de Saint-Maurice (voir ibid.), sous le
vocable de Saint-Jean-Baptiste. Un siècle plus tard, elle devient chapelle de Notre-Dame, de Saint-Jean-Baptiste et de
Saint-Jacques, et après d'autres changements, de Saint-Jacques et de Saint-Jean-l'Evangéliste. (R. E.) Elle dépendait
de la seigneurie de Chitry, qui passa de la famille de Montfalcon dans celle de Travernay par le mariage de Péronne
de Montfalcon avec Balthazard de Mouxy. Leurs deux filles, Claudine-Adrienne et Anne-Françoise, héritèrent par
moitié de ce domaine, et le patronage de la chapelle, en 1630, appartenait à la seconde, mariée depuis 1625 à Jacques-
François Vidomne de Chaumont.
691 Balthazard de Mouxy (voir tome XIV, note (957), p. 333).
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17.9 Page 169

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MDCCCLXXV. A la Mère de Blonay, Supérieure de la
Visitation de Lyon (Fragment). Bénédictions et vœux de
François de Sales pour la petite Aimée de Blonay. Doux et
lointains souvenirs du Chablais.
[Juin 1620-1622 692.]
……………………………………………………………………………………………………...
Je vous peux bien appeller ma tres chere Fille, car vous m'aves esté chere, en verité je le
puis dire ainsy, des le ventre de vostre mere, ou au moins des la mammelle, ou je vous ay cent fois
benite et souhaité la couronne et le loyer des vierges, espouses de Jesus Christ, en ce tems
bienheureux, ma chere Fille, ou, avant que d'estre pasteur en chef, j'avois la grace de courir
chercher les brebis de mon Maistre, et que j'estois si courtoysement et si amiablement accueilli
chez vous. Ma vraye Fille, il me fait, je vous asseure, grand bien de m'entretenir avec vous de ces
premieres annees de mon premier service a la tressainte Eglise : cela m'anime a la ferveur et me
fait doucement souvenir combien il y a long tems que vous estes ma fille[228]
_____
MDCCCLXXVI. A un ecclésiastique. Pourquoi ne faut-il pas
accueillir facilement la calomnie. Conduite à tenir envers les
calomniateurs. En quel sens le pardon doit être héroïque.
Annecy, [1621 ou 1622 693.]
Monsieur,
Trois jours avant l'arrivee en cette ville de ce bon Frere hermite que je treuve bien a mon
gré694, j'eus des-ja quelque advis de cette fascheuse affaire qu'il m'a communiquee de vostre part ;
et comme apres avoir eu une bonne impression d'une personne qualifiee, j'ay beaucoup de
difficulté a m'en desprendre, je ne permis pas a cette relation si mauvaise d'entrer dedans mon
esprit, ains je l'arrestay a la porte, suyvant l'ancien advis :
Celuy que trop facilement
Par la calomnie on enchante,
Ou bien il est sans jugement,
Ou bien il a l'ame meschante.
692 Charles-Auguste de Sales (La Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, 1655, chap. 1, p. 6) dit que le Saint écrivit
ces lignes à la chère cadette « lorsqu'elle estoit Supérieure de la Visitation de Lyon en Bellecourt. » Or, la Sœur de
Blonay gouverna cette Communauté dès le départ de la Mère Favre (juin 1620), en qualité d'Assistante-commise, et
comme Supérieure à partir du 11 avril 1622. L'historien n'a pas fait de différence, sans doute, entre ces deux titres ;
aussi nous proposons la date : juin 1620-1623.
693 La mention de « monsieur l'Archidiacre » indique qu'on doit chercher le prêtre, destinataire de cette lettre, à La
Roche ou dans les environs, peut-être même dans la Collégiale de cette ville. Elle seule, en effet, avait, parmi ses
dignitaires, un Archidiacre, dont une des fonctions était la surveillance des chanoines.
Quant à la date, si nos conjectures sont justes pour le « bon Frere hermite, » elle ne peut être reculée au-delà
de 1621.
694 Dans son Histoire de la ville de La Roche (1790), p. 71, Grillet nous raconte, sans préciser davantage la date,
qu'après la construction de la chapelle de la Bénite-Fontaine (1620), « un hermite chablaisien, nommé André de Foraz,
vint s'y établir ; et la vie exemplaire et retirée qu'il mena... établit la célébrité de cet endroit. » Il n'est pas téméraire de
supposer que ce personnage est bien celui dont parle le Saint.
169/342

17.10 Page 170

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Neanmoins, la cheute de Salomon, que j'ay si souvent en la pensee, me mit, je vous asseure,
grandement en peine ; et fus grandement soulagé quand ce bon Frere m'eut parlé et que j'eus veu
le tesmoignage plus grand qu'aucune exception de monsieur l'Archidiacre695, duquel [229] le
tesmoignage est digne de tres grand respect. Or sus, Dieu soit loüé.
Voicy mon advis : Premierement, puisqu'ainsy que me dit ce porteur et que vostre lettre
me signifie, la calomnie n'est pas encor entree dans la foule du peuple, et qu'au contraire les plus
apparens et les plus dignes juges des actions humaines de ce païs la sont tout a fait resolus en
l'opinion de vostre probité, je prefere la dissimulation au ressentiment ; car nous sommes au cas
de l'ancien sage696 :
« Spreta exolescunt ; si irascare, agnita videntur ; »697
et, comme j'ay accoustumé de dire698, la barbe n'est ni arrachee ni bruslee, ains seulement coupee
ou rasee : elle recroistra facilement.
2. Je voudrois que la dissimulation fust franche, et comme doivent estre les actions
heroïques qui se pratiquent pour l'amour de Dieu : sans se plaindre, sans tesmoigner des grandes
repugnances au pardon, car la candeur du cœur qui pardonne fait tant plus connoistre le tort de
l'injuriant.
3. Neanmoins, il faudroit oster de devant les yeux des malins tout ce qui les peut provoquer
et qui n'est pas du service de Dieu.
……………………………………………………………………………………………………...
FRANÇS, E. de Geneve. [230]
____
MDCCCLXXVII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers. Bourrasque et contradiction suscitées par l'
« ennemy. » Le véritable esprit de l'Evangile ; ce qu'il aime,
comment il inspire nos paroles.
Annecy, [fin 1621, ou commencement de 1622 699.]
Ma tres chere Fille,
Cette brouillerie me tient en peine jusques a ce que je sache qu'elle soit accoysee700.
L'ennemy, qui a veu que c'estoit tout de bon que ce petit Institut s'augmentoit pour la gloire de
Dieu, a suscité cette bourrasque, et encor une autre contradiction de la part de certaines servantes
de Dieu, que j'honnore infiniment ; et croy que leur rare pieté ne leur permettra pas de vivre
longuement sans se remettre sur le train d'une pure et simple dilection de Dieu et du prochain701.
695 François de Saint-Sixt (voir tome XIV, note (913), p. 318).
696 Tacit., Annales, l. IV, c. XXXIV.
697
« Telle chose qu'on méprise tombe dans l'oubli ;
Si l'on s'en irrite, elle acquiert de l'importance. »
698 Cf. Introd. a la Vie dev., Part. III, ch. VIII.
699 Blaise (Lettres, tome IV, p. 130), sans donner aucune preuve, adresse cette lettre à la Mère Favre. Nous croyons
plus probable que la Supérieure de Nevers en soit la destinataire, car le second alinéa se retrouve, identique quant aux
pensées, modifié quant aux termes, dans la lettre du 24 juillet 1621 que la Mère de Chaugy cite dans la Vie de la Mère
de Monthoux (voir plus haut, note (338), p. 109, et la variante (702) ci-après). Si nous ne sommes pas en présence
d'un texte composé de plusieurs fragments, on peut assigner pour date probable les derniers mois de 1621 ou les
premiers de 1622.
700 Allusion aux difficultés survenues entre les Monastères de Moulins et de Nevers au sujet de la donation de Mme du
Tertre. (Voir le tome précédent, Appendice III.)
701 Les Religieuses du Carmel s'étaient établies à Nevers le 8 décembre 1619), par les soins de Jacquette Leroux, veuve
de M. Gascoing. Une sorte de petite jalousie s'éveilla chez leurs amis contre les Filles de la Visitation. « Mon enfant,
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18 Pages 171-180

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18.1 Page 171

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[231]
702Sa divine Bonté nous veuille a jamais defendre de la prudence et sagesse, et des saillies
de l'esprit humain, et nous face tout a fait vivre en la suite de l'esprit du saint Evangile, qui est
simple, doux, amiable, humble, et qui ayme le bien en tous, pour tous, et par tout ou il est ; et qui
nous fait tellement aymer nostre vocation que nous n'en aymons pas moins les autres, et qui nous
fait parler avec veritable sentiment d'honneur, de respect et d'amour de tout ce que Dieu veut estre
en son Eglise pour le bien de ses enfans et pour son service.
703 J'espere que ces bonnes ames cesseront de vous tourmenter quand elles feront une
serieuse reflexion sur la dilection de Dieu et du prochain, et sur vostre humble patience.
Ce grand Dieu vive a jamais en vostre ame, ma tres chere Fille, et je salue toutes nos cheres
Seurs.
FRANÇS, E. de Geneve. [232]
_____
» écrivait la Mère de Chantal à la Mère Paule-Jéronyme, « laissez dire tout ce que l'on voudra contre vous ; ne vous
en souciez point, mais humiliez-vous. » (Lettres, vol. I, p. 475.) Et un peu plus tard, vers le 15 novembre 1621 : «
Dieu raccommodera l'affaire des Carmélites ; il n'en faut point parler, ni craindre qu'elles vous divertissent les filles
que Dieu nous a destinées ; et il n'en faut point vouloir d'autres. » (Ibid., p. 535.) C'est peut-être à l'occasion de l'entrée
à la Visitation de Mlle Gascoing, sa parente (voir le tome précédent, note (1178), p. 375), que la fondatrice du Carmel
craignit de voir les vocations s'éloigner de la Maison qu'elle protégeait, et employa son zèle avec activité, et quelque
peu d'indiscrétion, à les ramener du côté où étaient justement toutes ses affections. (D'après l'Hist. de la Fondation de
la Visitation de Nevers. Cf. ci-dessus, note (339), p. 109, et plus loin, la lettre de fin août-commencement de septembre
1622.)
702 Dieu nous fasse tellement aymer nostre vocation que nous n'en aymions pas moins les autres. Qui ayme bien Dieu
parle avec un veritable sentiment d'honneur, de respect et d'amour de tout ce que Dieu veut qui soit en son Eglise pour
le bien de ses enfans et pour son service. Sa Bonté nous veuille defendre de la chair et des saillies de l'esprit humain,
si contraires a l'esprit de l'Evangile, qui est doux, amiable, simple et humble.
703 La phrase suivante termine, dans la Vie de la Mère de Monthoux, la variante donnée ci-dessus ; elle a été supprimée
dans l'édition de 1626.
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18.2 Page 172

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Année 1622
_____
MDCCCLXXVIII. Au Duc Roger de Bellegarde704 (Inédite).
Raison divine de l'élévation du destinataire. Une victime du «
crime d'autruy. » Prière instante de maintenir ce malheureux
dans sa charge. « Bien faire aux pauvres » pour obliger
Notre-Seigneur à prendre soin de nous.
1622 705.
Monsieur,
Dieu vous a mis au lieu et au grade auquel il vous a eslevé par vos merites, affin que vous
soyes, pour l'amour de luy, le refuge commun des affligés, mais particulierement de ceux qui
tombent en adversité plus par malheur que par malice.
Mondon, present porteur, est veritablement l'un de ceux la, grandement vexé pour le crime
d'autruy, ains pour le fait d'autruy qui n'est pas tout a fait crime, ainsy que Vostre Grandeur,
Monsieur, pourra mieux discerner que nul autre, sil vous plait d'oüir le discours de cet accident. Il
recourt donq avec la confiance qu'il a, et que mesme je luy ay augmentee, en vostre æquité et
debonaireté, affin qu'il vous playse, Monsieur, de le delivrer [233] de la totale ruine delaquelle il
est menacé et des-ja presque tout accablé, le conservant en l'office d'archer du prævost et en celuy
qu'il avoit pour la garde du sel, a Gex.
Vostre Grandeur, comme je sçai, a une tres singuliere inclination a bien faire aux pauvres,
et voyci une tres singuliere occasion de la pratiquer et, en certaine façon, d'obliger Nostre Seigneur
a prendre soin particulier de vostre chere ame, a laquelle je ne cesseray jamais de souhaiter mille
et mille benedictions, et sur tout l'æternelle a la fin de vos jours, pendant lesquelz je vous supplie
de m'advouer,
Monsieur,
Vostre invariable, tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
………. [16]22.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans.
_____
704 Nous savons que c'est au duc de Bellegarde que l'Evêque de Genève recommandait les malheureux du pays de Gex
; de plus, le titre de « Vostre Grandeur » montre bien qu'il s'adresse ici au gouverneur de Bourgogne. (Voir tome XV,
note (833), p. 293.)
705 Les deux derniers chiffres du millésime restent seuls sur l'Autographe. N'ayant pu trouver aucun renseignement
touchant les personnages et l'affaire dont il est parlé dans cette lettre, il est impossible d'indiquer le mois ; cependant
il y a toute apparence que ces lignes ont précédé le départ d'Annecy de François de Sales, en novembre.
172/342

18.3 Page 173

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MDCCCLXXIX. A Madame de Vaudan706. Prendre du loisir
pour arranger ses affaires, et être Religieuse d'affection, en
attendant de l'être d'effet.
1622.
Madame,
Je loüe Dieu de vostre perseverance, et vous aves rayson de prendre suffisamment du loysir
pour pourvoir [234] dignement aux affaires que vous laisseres au monde. Ce pendant l'œil de la
Providence eternelle, qui regarde vostre cœur, ne laissera pas de vous tenir au nombre de ses
espouses, puisque si vous n'estes pas encor Religieuse par effect vous l'estes en affection, et ne
differes de l'estre que pour l'estre mieux.
Continues, je vous prie, Madame, a prier pour mon ame, puisqu'elle cherit tres
affectueusement la vostre, et que je suis
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
707 A Madame la Chevaliere de Vaudan.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du Monastère de la Val d'Aoste,
conservée à la Visitation d'Annecy. [235]
_____
706 Peu après son apparition, l'Introduction a la Vie devote tomba entre les mains de Gaspard de Vaudan, commandeur
de l'Ordre des saints Maurice et Lazare. Ce gentilhomme, originaire d'une ancienne famille d'Aoste, « se plut tellement
à la lecture de ce livre, qu'il se faisoit un plaisir d'en entretenir presque continuellement Mme son épouse, » Cassandre
Fabri, fille de Jean Fabri, seigneur de Cly. Ensemble ils décidèrent d'employer une partie de leurs richesses à
l'établissement des Filles de l'Evêque de Genève à Aoste. Malheureusement, le chevalier mourut bientôt, laissant à sa
femme le soin de disposer de ses biens. Celle-ci, résolue dès lors de se donner tout à Dieu, se réserva pour elle-même
fort peu de chose, et écrivit à la Mère de Chantal son désir d'entrer dans son Institut. Une place au futur monastère de
Chambéry lui fut promise ; mais parents et amis s'interposèrent, prétextant le plus grand bien de ses enfants, et la
pauvre veuve, ne sachant à quoi se résoudre, consulta saint François de Sales. Elle en reçut la sage et consolante
réponse que nous donnons ici. Enfin, ayant marié sa fille au baron de Roncas, Mme de Vaudan vint commencer la vie
religieuse à la Visitation de Chambéry ; dix mois après, elle dut en sortir pour soigner son fils aîné, victime d'un
accident, et eut la douleur de le voir mourir. Il laissait par testament une maison dans sa ville natale pour la fondation
projetée par ses parents. On pouvait croire que les choses allaient marcher rapidement. Les obstacles, les oppositions,
cependant, se multiplièrent ; le 4 octobre 1631 seulement, les fondatrices arrivèrent à Aoste. Ce même jour, Mme de
Vaudan devait dire son dernier mot à un gentilhomme qui la recherchait en mariage ; tout fut tranché, et désormais la
pieuse dame ne s'occupa plus que d'aider les servantes de Dieu. Elle eût bien désiré embrasser leur Ordre, elle eut le
courage de se contenter de vivre dans le monastère avec l'habit séculier, pour garder la jouissance de ses revenus dont
les fonds ne lui appartenaient pas, afin de pouvoir les distribuer à la Communauté. On voulut lui donner le titre et les
privilèges de fondatrice ; elle n'accepta que l'humble nom de Sœur Marie-Thérèse, avec le bonheur de partager les
exercices réguliers et les travaux les plus pénibles. En 1653, tant de vertus eurent leur récompense ; sur son lit de mort,
Mme de Vaudan prononça les vœux et devint enfin « Religieuse par effect » après l'avoir été si longtemps « en affection.
» (D'après l'Histoire de l'Eglise d'Aoste, par Mgr Joseph-Auguste Duc, tome VII, pp. 73 seq., et l'Histoire de la
Fondation de la Visitation d'Aoste.)
Hérissant indique la date de 1622 ; nous n'avons aucune raison de la rejeter, comme nous n'avons aucun
indice qui nous permette de la préciser davantage.
707 L'adresse est donnée d'après l'édition de 1758.
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18.4 Page 174

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MDCCCLXXX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand. L'Evêque n'a autorité que sur les Religieuses qui
ont fait profession dans son diocèse, et celles-ci appartiennent
toujours au Monastère où elles ont prononcé leurs vœux. —
Formalités à remplir pour les fondations. Le président Favre
et ses justes désirs. Charges honorables de ses fils.
Pourquoi François de Sales voudrait voir retarder l'établissement
de la Visitation à Riom ; moyen terme que l'on peut prendre.
Projet pour Aurillac. Une petite Novice de treize ans.
Annecy, janvier 1622 708.
Ma tres chere Fille,
Il faut que je vous die naivement et comm'a vous, que je n'ay nulle authorité es Maysons
qui ne sont pas en mon diocsese, ni sur les personnes, ni sur les dependences, ormis sur les Seurs
qui sont sorties d'icy, qui, selon leurs vœux et la reciproque obligation qu'elles ont a ce Monastere
duquel elles sont tous-jours, et le Monastere envers elles pour les recevoir a toutes bonnes
occurrences, demeurent tous-jours membres inseparables de cette Mayson, delaquelle elles ne sont
nullement privees, puisque elles n'en sont point dehors sinon par obeissance et selon l'Institut.
C'est pourquoy, ma tres chere Fille, en toutes occasions de fondation, il faut que les
Superieures des lieux ou l'on recourt pour avoir des Seurs prennent advis et conseil avec les Peres
spirituelz et autres sages amis et amies, et que, avec le consentement du Chapitre et l'obeissance
de l'Evesque, ou, en son absence, du Pere spirituel, elle dispose (sic) des personnes convenables a
la fondation. Et quand c'est hors de la diocæse qu'il faut aller fonder et que l'obeissance est donnee
par le Pere spirituel, il faut que le Vicaire general de l'evesché atteste que le Pere spirituel est
deputé pour la direction du [236] Monastere ; et faut observer encor cela quand, selon que le
Concile de Trente l'ordonne709, un Monastere eslit et desire une Superieure d'un autre monastere
hors du diocæse ou se fait l'election.
De sorte, ma tres chere Fille, que pour les deux fondations que vous me marques, vous
n'avies nul besoin de m'advertir sinon en ce qui regarde la disposition de vostre chere personne,
pour laquelle je ne voy nul lieu de me dispenser contre les promesses faites a tant de personnes,
mays sur tout a monsieur vostre pere, qui ne peut quasi plus rien esperer pour l'accomplissement
de ses consolations en ce monde, que de vous voir au Monastere de Chamberi que l'on va
entreprendre710, affin de vous avoir aupres de luy, d'ou il a esloigné tous messieurs vos freres par
les charges honnorables dont ilz sont tous prouveuz maintenant, puisque, comme vous sçaves, M.
708 L'ensemble des faits mentionnés dans ces pages suggère pour date le commencement de l'année 1622.
709 Sess. XXV, de Regular., c. VIII.
710 Ce projet, formé dès longtemps (voir tome XVII, note (509), p. 141), n'eut sa réalisation qu'en 1624 (17 janvier),
un mois seulement avant la mort du président Favre. Ce fut la Mère de Chantal qui conduisit des Sœurs d'Annecy à
ce nouvel établissement ; la Mère Marie-Jacqueline n'en prit la direction qu'en 1635, et c'est là qu'elle mourut deux
ans plus tard.
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de Feliciaz est senateur et juge maje de la province de Chablaix711 ; monsieur de Charmettes712 a
la cour, aupres de Madame ; monsieur nostre President de Genevois icy713, d'ou il ne peut absenter,
non plus que monsieur de Vaugelaz de la cour de France714 ; de sorte quil ne reste que monsieur
[237] le Doyen de la Sainte Chapelle715. Mays, comme que ce soit, il est malaysé de repliquer au
desir d'un pere, si juste comm'est celuy de voir sa fille, puysque cela se peut bonnement faire, et
selon la gloire de Dieu. Et bien que ce tres bon pere, comme tout dedié a Dieu luy mesme, se remet
tres volontier a tout ce qui sera jugé plus a propos pour l'employ de sa fille au service de la plus
grande gloire de cette celeste Majesté, si est ce que cela mesme nous oblige tant plus a le consoler
en ce qui se pourra. Voyes la lettre quil m'escrit, ma tres chere Fille, et vous connoistres ce que
vous et moy devons vouloir en cette occasion. Voyla donq quant a ce point.
Et quant a la fondation de madame de Chazeron716, je vous diray mon advis, qui est que
l'on la contente en tout ce que l'on pourra, et sur tout quant a la qualité et quant aux privileges de
fondatrice, dont elle puisse jouir des maintenant.
Mays j'appreuverois merveilleusement que l'on ne se hastat pas tant de faire le Monastere
de Riom, non seulement pour donner du tems aux autres Institutz des filles, Carmelites, Urselines
et autres qui y sont, mays principalement pour en donner a vostre Monastere de Montferrant de se
bien establir, sur tout en personnes ; car c'est cela que j'apprehende en toutes les fondations, qu'elles
ne se facent sans filles bien formees et solides [238] en cette vertu religieuse que l'Institut requiert
autant ou plus qu'aucun autre Institut qui soit en l'Eglise, puisque dautant plus qu'il y a moins
d'austerité exterieure il faut quil y ayt de l'esprit interieur. Je voudrois donq que l'on prist du tems
pour ce Monastere de Rioms et que, sil se pouvoit, on retirast les filles qui en veulent estre en
vostre monastere de Montferrant, avec leurs pensions annuelles ; puys, la nouvelle Mayson estant
faite a Rioms comme une nouvelle ruche, on y envoyast des filles toutes faites, comm'un essein
711 Le seigneur de Félicia, Philibert Favre, avait été baptisé à Chambéry le 31 juillet 1593. Après de brillantes études
au collège des Jésuites de cette ville, il devint avocat au Sénat de Savoie en 1614. En 1618, il suivit en France, avec
son père, le cardinal Maurice, qui l'envoya même jusqu'en Angleterre. Nommé juge-maje du Chablais en 1621, reçu
sénateur le 28 janvier 1622, il mourut à Thonon et fut inhumé le 19 novembre 1650, très probablement sans avoir été
marié, ou du moins sans laisser de postérité. (Reg. par. de Chambéry et de Thonon ; Mugnier, Reg. des Entrées du
Sénat et Correspondance du Président Favre, passim.)
712 Jean-Claude Favre, seigneur des Charmettes (voir le tome précédent, note (306), p. 79).
713 René Favre de la Valbonne (voir tome XVIII, note (230), p. 57).
714 Né à Meximieux le 6 janvier 1585, dans la maison dite de Vaugelas, qui devint une part de son héritage, Claude se
forma de bonne heure, sous la direction de son père, à penser juste et à dire bien. A la fin de 1599, il l'accompagnait à
Rome, d'où il revint en 1601, et se rendit à Paris en 1602. Cinq ans après, le jeune homme entre au service du duc de
Nemours ; plus tard, il passe à celui de Gaston d'Orléans, et lui demeure si fidèle qu'il en perd les bonnes grâces de
Louis XIII et la pension de deux mille livres, obtenue en 1619 par l'entremise des princes de Savoie. Richelieu la lui
rendit en l'admettant à l'Académie française (1635) ; le ministre faisait justice au mérite, et attachait à la France un
homme dont l'influence sur notre langue nationale a été considérable, au témoignage d'autorités telles que Sainte-
Beuve et Brunetière. Sur la fin de sa vie, Vaugelas fut gouverneur des fils de Thomas de Savoie-Carignan, ce qui ne
l'empêcha pas de mourir presque dans la pauvreté en 1650.
715 Antoine Favre (voir le tome précédent, note (305), p. 79).
716 La fille du maréchal de Saint-Géran et d'Anne de Tournon (voir ibid., note (784), p. 237), Marie-Gabrielle de la
Guiche, avait épousé en 1614 Gilbert, baron de Chazeron. Devenue veuve, elle se remaria, le 12 juin 1627, à Timoléon
d'Epinay, marquis de Saint-Luc, maréchal de France, et mourut le 27 janvier 1632. (Moreri, 1740, tome IV.) Elle était
dame d'honneur de « la royne Marie dé Medicis qui l'aymoit comme l'une des plus aymables dames que l'on eut sceu
guiere treuver. » (Hist. de la Fondation de la Visitation de Riom, par la Mère de Chaugy.)
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18.6 Page 176

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d'abeilles prest a faire le miel717. J'en dis de mesme de la proposition que l'on fait pour Aurillac718,
ou j'aurois grande inclination, en voyant tant en ce bon Pere Recteur qui vous escrit719.
Je croy que nostre Mere ira la720 ; et avec ces dames [239] du païs et elle, vous pourres
prendre meilleur advis par l'opinion de vos bons Peres spirituelz721 que vous aves-la, et vos amis,
que non pas par la mienne qui ne void pas des icy ce qui pourroit estre plus a propos. A cela donq
je vous renvoye, m'estant advis que je le doy.
L'inconvenient que vous apportes pour Aurillac seroit dissipé par celuy que je propose, que
les filles vinssent faire leur novitiat a Montferrant.
Ma tres chere Fille, il ny a point de difficulté que l'on ne puisse donner l'habit a la petite
fille de treze ans, en consideration de son si bon pere722. Mays affin que cela se face comm'il est
expedient, il faut qu'elle face le premier essay de quelques semaines, apres lequel, sil (sic)
ell'estjugee propre, il faut avoir dispense de M. l'Evesque723 ou du Pere spirituel, car autrement
cela tireroit consequence plus grande. Et certes, il n'est pas convenable que l'on engage ces si
jeunes filles a l'habit, car il y [a] bien plus de peine a oster l'habit a une fille qu'a la renvoyer avant
qu'elle l'ayt (sic) pris l'habit724.
Je ne voy pas quil y ayt aucun inconvenient que madame de Dalet entre es monasteres de
cette province-la ; au contraire, il me semble que la gratitude et bienseance requierent qu'elle y
entre.
Je treuve que c'est une grande Providence de Dieu que [240] les Supperieurs, en ce
commencement, ne soyent pas trop empressés de vostre conduite ; elle se fera plus suavement par
les advis des amis que vous employerés.
717 Après un séjour de trois mois à la Visitation de Moulins, séjour motivé par « un desplaysir notable en son mariage
» (1620), Mme de Chazeron, « enamourée de la conversation des Religieuses,.... resoulut de moyenner l'establissement
d'un monastere ou elle peut entrer et se retirer par fois en
qualité de fondatrice. » Son mari s'unit à elle pour cette bonne œuvre, et l'on reprit l'ancien projet du lieutenant-général
de Riom, M. de Murat (voir tome XVII, note (587), p. 163, et note (983), p. 287). Le 25 septembre 1622, Mme de
Chazeron assignait aux Filles de Sainte-Marie de Moulins une pension de mille livres pour établir à Riom un
Monastère de leur Ordre. (Archiv. dép. de l'Allier, B. 737.) Mais bientôt elle tourna ses désirs du côté de la Mère Favre
et de la Maison qu'elle gouvernait pour avoir les fondatrices. « A ce que je vois, » écrit sainte Jeanne de Chantal le 12
février 1622 à la Mère Marie-Jacqueline, « il y a un nouveau dessein, plein de conditions qui ressentent fort l'esprit
humain. Or,... ce n'est pas à moi de résoudre de cela ; vous verrez et ferez ce que Monseigneur vous en ordonnera. »
(D'après l'Autographe ; voir Lettres, vol. II, p. 7.) L'Evêque de Clermont ne voulut pas céder la Supérieure de
Montferrand et la Communauté de Moulins demeura chargée de Riom. Là se rencontraient des obstacles multiples ;
« les plus puissans de la Chambre de Ville ce treuverent si peu affectionnez » à cette fondation que l'autorité de la
Reine mère, duchesse douairière d'Auvergne, ne suffit pas à les vaincre. Il fallut, pour triompher, l'intrépide courage
de la Mère de Bréchard et l'influence que la sainteté de la Mère de Chantal lui donnait sur les volontés. L'établissement
se fit enfin le 8 décembre 1623. (Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.)
718 Le Monastère d'Aurillac ne fut fondé qu'en 1651, par celui de Saint-Flour, sorti lui-même de Montferrand.
719 C'était le P. Hugon Parra. Né à Toulouse le 27 septembre 1570, entré dans la Compagnie de Jésus le 30 septembre
1586, il fut successivement professeur et prédicateur pendant de longues années, Vice-recteur quatre ans et Recteur
trois ans. Il mourut à Aurillac le 20 septembre 1648. (D'après des Notes du R. P. Van Meurs, ancien Archiviste de la
Compagnie.)
720 Voir ci-après, Lettre MDCCCLXXXV et note (753), p. 249.
721 Probablement M. Paireret, vicaire général du diocèse de Clermont, et le P. Jacques Duchesne, Supérieur de
l'Oratoire (voir ci-dessus, note (199), p. 56).
722 Ne serait-ce pas la Sœur Marie-Jacqueline Beaufort ? Née à Montferrand vers 1608, « de parents si honorables et
si pieux que la maison de son père était nommée l'asile des pauvres, » elle entra au monastère à treize ans, et attendit
« sous le voile » des « petites Sœurs » l'âge canonique de l'admission à la vêture. Elle mourut en 1668, après avoir été
Supérieure à Montferrand et à Billom pendant douze ans. Les anciens Mémoires résument sa vie en disant « qu'elle
ne savait que » la « doctrine » du Sauveur « et ne faisait que sa volonté. » (Année Sainte de la Visitation, tome X, p.
162.)
723 Joachim d'Estaing (voir le tome précédent, note (913), p. 280).
724 Tout en complétant le texte donné par les éditeurs de 1626, Hérissant (tome IV, p. 144) laisse encore deux passages
inédits : l'alinéa qu'on vient de lire, la dernière ligne de cette page et les lignes 1-7 de la suivante. Par contre, il
maintient l'alinéa final de la première édition : « Vives toute a Dieu, » etc. ; celui-ci ne se trouve pas dans les quatre
pages qui nous restent de l'Autographe, et devait être écrit, s'il appartient vraiment à la même lettre, sur un troisième
feuillet, aujourd'hui perdu.
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J'escris a ces deux bons Peres que vous me nommés et a Mme la Princesse de Joinville725,
avec les deux motz que Mme de Dalet a marqués de Monseigneur726 et l727. Salues, je vous prie,
ce cœur la de Mme de Dalet.
Vives toute a Dieu, ma tres chere Fille, et ne bouges, ce reste de tems, d'aupres du petit
Enfant qui vous dira, au commencement de ses ans, que l'eternité de laquelle il vient, a laquelle il
est, a laquelle il va est seule desirable. Bon jour, ma tres chere Fille, et a toutes nos Seurs.
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Aurillac.
_____
725 Henriette-Catherine de Joyeuse, mariée en secondes noces avec Charles de Lorraine, duc de Guise, prince de
Joinville. (Voir le tome précédent, note (876), p. 266.)
726 L'Evêque de Clermont.
727 Deux ou trois mots complètement oblitérés.
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18.8 Page 178

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MDCCCLXXXI. A la Comtesse de Miolans728. Compassion et
condoléances. Le seul Consolateur. Condition nécessaire
pour la guérison des corps et des cœurs. — Les « troys douces
paroles » de sainte Blandine. Où se retirer à l'abri des maux
de la terre. François de Sales se réjouit du repos que Mme de
Miolans a trouvé à la Visitation.
Annecy, 8 janvier 1622.
Madame,
Bien que je n'eusse pas eu le bonheur de vous connoistre quand j'eu la premiere nouvelle
de vostre desplaysir, si [241] est ce que je ne laissay pas d'estre vivement touché de compassion
pour vostre cœur, m'imaginant combien forte avoit esté cette inopinee secousse ; et si mes souhaitz
eussent esté autant pleins d'efficace comm'ilz le furent d'affection et de tendreté, je croy que des
lors vous eussies ressenti quelque sorte de veritable alegement. Mays, Madame, les pensees des
hommes sont vaynes729 et inutiles en elles mesmes ; Dieu seul est le Maistre et le Consolateur des
cœurs, c'est luy seul qui apayse les ames de bonne volonté730. Or, celles-la sont de bonne volonté
esquelles Dieu met son bon playsir, et il met son bon playsir es ames qui, selon sa bonne volonté,
esperent en luy.
Que ce fut un bon advis, Madame, que celuy que vous receutes de son inspiration, vous
proposant de vous retirer pour un peu de la presse des consolateurs du monde, quoy que bons
consolateurs, pour, en repos, remettre la playe de vostre cœur es mains du Medecin et Operateur
celeste ! puisque mesme les medecins terrestres confessent que nulle guerison ne se peut faire
sinon en la quietude et tranquillité. Les paroles interieures que Dieu dit au cœur affligé qui recourt
a sa bonté sont plus douces que le miel731, plus salutaires que le bausme prætieux a guerir toutes
sortes d'ulceres. Le cœur qui s'unit au cœur de Dieu ne se peut empescher d'aymer et d'accepter en
fin suavement les traitz que la main de Dieu descoche sur luy.
Vostre sainte Blandine ne treuvoit point de plus grand soulagement parmi les blessures de
son martire que la sacree cogitation qu'ell'exprimoit souspirant ces troys douces paroles : « Je suis
chrestienne. » Bienheureux est le cœur qui sçait bien employer ce souspir !
Madame, je vous dirois volontier, pour remede a vostre douleur, que qui veut exempter son
cœur des maux de la terre, il le faut cacher dans le Ciel, et, comme dit David732, il faut musser
nostre esprit dans le secret du visage de [242] Dieu et dans le fonds de son saint tabernacle.
Regardes bien a l'eternité a laquelle vous tendes ; vous treuveres que tout ce qui n'appartient pas a
cette infinie duree ne doit point mouvoir nostre courage. Ce cher filz est passé de ce monde a
l'autre sous des bons auspices, a la suite de son devoir envers Dieu et le Roy : ne voyes plus ce
passage qu'en l'eternité.
728 Gabrielle, fille de Guillaume de Guadagne, seigneur de Bothéon, etc., sénéchal et gouverneur du Lyonnais, et de
Jeanne de Sugny, fut la seconde femme de Jacques Mitte, dit de Miolans, seigneur de Chevrières et de Saint-Chamond,
lieutenant-général au gouvernement du Lyonnais. Elle n'eut qu'un fils, Jean-François, comte de Miolans, qui mourut
le 19 octobre 1621. (Moreri, 1740, tomes IV et VI ; La Chesnaye des Bois, 1757, tome II.) Mme de Chevrières témoigna
de la bienveillance au Monastère de Lyon dès ses débuts, et lui resta toujours fidèle amie, même lorsqu'échouèrent ses
projets de fondation à Mâcon (voir ci-après, note (885), p. 288). Elle obtint, par ses bienfaits, l'entrée de la Visitation
de Bellecour, et la Mère de Chantal jugeait qu'on ne devait attendre de ce privilège, « que du profit spirituel de toutes
parts, » cette dame étant « si vertueusement bonne. » (Lettres, vol. II, p. 527.)
729 Ps. XCIII, 11.
730 Luc., II, 14.
731 Ps. CXVIII, 103.
732 Ps. XXX, 21.
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18.9 Page 179

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Madame, on me presse de donner cette lettre, qui est des-ja trop longue pour estre si peu
consideré (sic). Je benis Dieu dequoy ces Seurs de Sainte Marie733 vous ont esté aggreables en
cett'occasion de vostre retraitte, et de quoy il vous a fait faire ce choix pour cette petite retraitte. Je
sçai qu'elles se tiennent pour avoir esté grandement honnorees et edifiees de vostre sejour parmi
leur abjection, et glorieuses que Monseigneur l'Archevesque734 les ayt favorisees de son
commandement qui, en toutes rencontres, leur doit estre tres cher, et particulierement quand il
regarde a vostre consolation.
Je suis a jamais de tout mon cœur, Madame,
Vostre tres humble et obeissant serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII j[anvier 1622 735].
A Madame
Madame la Comtesse de Miolans.
A Lion.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Voiron. [243]
_____
MDCCCLXXXII. Au Chanoine Jean Moccand, Prieur du
Monastère de Sixt736 (Fragment inedit). Les Constitutions de la
Visitation à Sixt.
Annecy, 15 janvier 1622 737.
……………………………………………………………………………………………………..
Je luy ay donné une copie des Regles de saint Augustin et des Constitutions de la Visitation,
affin que sur icelles vous puissies cueillir ce qui vous semblera a propos738.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans le Ier Procès de Canonisation. [244]
733 De Lyon.
734 Mgr de Marquemont (voir tome XVII, note (94), p. 16).
735 L'Autographe n'a plus que la première lettre du mois, j ; la date de la mort du comte de Miolans (voir note (728),
p. 241) ne permet pas de douter que le mot disparu ne soit janvier.
736 Voir tome XVIII, note (300), p. 81.
737 Bernard de Passier, chanoine de l'abbaye de Sixt, dépose (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 43) : Le Serviteur
de Dieu « donna aux Religieuses de » la Visitation « des tres belles Constitutions, le livre desquelles il me baillat luy
mesme de sa propre main, avec une lettre qu'il escrivit a nostre deffunct Prieur claustral, le 15 janvier 1612, ou, parlant
de moy, il dit : Je luy ay donné, » etc. « Je garde et conserve cherement ce livre et l'ay en veneration comme relique,
pour l'avoir receu de la propre main d'un Sainct. » Les Constitutions de la Visitation n'ayant été imprimées qu'en 1619,
nous corrigeons le millésime qui doit être une erreur du copiste.
738 Le Prieur le fit en effet, car dans les Constitutions manuscrites pour les Chanoines de Sixt, approuvées en 1635 par
Mgr Jean-François de Sales, on trouve bon nombre de passages empruntés textuellement à celles de la Visitation.
On sait que les Religieux suivaient la Règle de Saint-Augustin, que le bienheureux Ponce avait donnée à
l'abbaye d'Abondance, fondatrice du monastère de Sixt, même avant que le Concile de Latran de 1139 l'eût assignée
aux Chanoines réguliers. (Cf. Mém. de l'Acad. Salés., tome VIII, 1885, pp. 32-34.)
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18.10 Page 180

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MDCCCLXXXIII. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers739. La joie de l'âme au jour de la distribution
du salaire éternel. Réponse effective de Dieu à la confiance.
Douce réunion autour de la Mère de Chantal.
Annecy, 22 janvier 1622.
Ma tres chere Fille, Rien tout a fait maintenant, parmi ce deluge de lettres que j'escris, sinon
que je vous souhaitte tous-jours de plus en plus courageuse en ce saint service de Dieu auquel vous
estes. O combien de veritables consolations vostre ame recevra elle au jour auquel, comme dit
l'Evangile d'aujourd'huy740, le grand Maistre de la vigne dira a son facteur : Appelle les ouvriers,
et leur rens le salaire.
Il faut estre constante et toute remise en cette sainte Providence qui vous a mise en
besoigne. J'ay sceu, j'ay veu vos peines interieures et exterieures ; j'ay conneu que Dieu a sousmis
sa main a vostre cœur, affin qu'il ne flechist point sous la pesanteur du fardeau741. C'en sera tous-
jours de mesme, quand vous dresseres vos yeux et vos esperances devers son sanctuaire.
Je vous voy toute pleyne de consolation sur le passage de la bonne Mere, que ce porteur va
prendre742 ; car je vous laisse a penser quel contentement de se revoir [245] ensemble : nostre
Mere, nostre Seur Paule Hieronime et ma fille Marie Aymee.
Je suis tres parfaitement tout vostre, ma tres chere Fille.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 22 janvier 1622.
_____
MDCCCLXXXIV. A la Marquise de Maignelais743.
Remerciements pour des faveurs passées ; prière de les
continuer aux Sœurs de la Visitation de Paris. — L'exemple du
Sauveur, ami des petits et des enfants.
Annecy, 23 janvier 1622.
Madame,
Puisque non une seule rayson, mais plusieurs bien justes et urgentes retirent la bonne Mere
Superieure de la Visitation Sainte Marie de Paris a Dijon et de deça, il est bien raysonnable que je
739 Le Saint désigne lui-même la destinataire par la dernière phrase : « ... quel contentement de se revoir ensemble :
nostre Mere, nostre Seur Paule Hieronime et ma fille Marie Aymee. » Tout le texte d'ailleurs s'adapte très bien à la
Mère de Monthoux. Mais comment la Sœur Marie-Aimée de Morville est-elle nommée ici ? Les Annales des
Monastères de Moulins et de Nevers ne nous parlent pas de ses voyages de l'un à l'autre ; il n'est pas difficile de
soupçonner pourtant que l'ancienne Mme du Tertre profitait des permissions extraordinaires qu'elle avait réclamées
lorsqu'elle s'était posée comme fondatrice du couvent de Nevers.
740 Evang. in Dom. Septuag., Matt. XX, 1-16.
741 Cf. Ps. XXXVI, 24.
742 Georges Rolland.
743 Plusieurs lettres de la Mère de Chantal, revues sur les Autographes, nous montrent Charlotte-Marguerite de Gondi,
marquise de Maignelais (voir tome XIV, note (553), p. 185), s'intéressant au Monastère de la Visitation de Paris et,
en particulier, au séjour de la sainte Fondatrice dans la capitale. C'est ce qui nous permet de la proposer pour
destinataire de ces lignes dont le ton d'ailleurs lui convient parfaitement.
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19 Pages 181-190

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19.1 Page 181

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vous remercie, ainsy que je fay tres humblement, des consolations et faveurs qu'elle a recueillies
de vostre continuelle charité : vous suppliant neanmoins tous-jours de les luy continuer en la
personne de cette trouppe de filles qu'elle laisse la pour le service de la gloire de Dieu, qui est tout
vostre amour, et duquel la providence a preparé vostre cœur pour estre le refuge et la protection
des petites servantes de son Filz, qui en sont d'autant plus necessiteuses que l'aage et l'imbecillité
de leur establissement est plus tendre et sujet a la contradiction.
J'espere que l'humilité et la connoissance de leur petitesse les conservera non seulement en
la grace de Dieu, [246] mais aussi en vostre bienveuillance, Madame ; et que parmi tant d'autres
ames plus relevees et dignes de vostre faveur, que vostre pieté appuye de son zele, elles aussi, en
leur rang, vivront a l'abry de vostre debonaireté, laquelle se souviendra que son Mirouër et son
Exemplaire et Patron ayme plus tendrement les petites gens, basses et infirmes, ouy mesme les
plus jeunes petitz enfans, pourveu qu'ilz se laissent sousmettre a ses mains et prendre entre ses
bras744.
Et pour moy, je vous supplie de m'advoüer, comme je le suis de toute l'affection de mon
cœur,
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, ce 23 janvier 1622.
_____
MDCCCLXXXV. A la Mère de Chantal, a Paris. Un Père
spirituel pour la Visitation de Paris. Deux filles du Saint au
Carmel d'Orléans. Entente nécessaire pour le voyage de la
Mère de Chantal et le départ de nouvelles Sœurs destinées aux
fondations de France. « L'histoire de la consultation » pour la
Mère Angélique Arnauld. Comparaison « un peu rigoureuse
» entre la Règle de saint Benoit et l'Institut de la Visitation.
Avertissement qu'il faut donner à l'Abbesse. Une première
Communion. Quelques mots sur les futures fondatrices du
Monastère de Dijon.
Annecy, 23 janvier 1622 745.
……………………………………………………………………………………………………..
La pensee m'est venue, en escrivant a M. Berger, que peut estre Monseigneur le Cardinal746
le rendra vostre [247] Pere spirituel a Paris, puisque il se va rendre ecclesiastique aux Quatre Tems
des Cendres ; et je croy que la Mayson en seroit bien et cordialement assistee747.
Je vous prie qu'en entrant ou sortant d'Orleans vous prenies occasion de voir la Mere
744 Cf. Matt., XIX, 13-15 ; Marc., X, 13-16.
745 Cette lettre fut certainement remise à la Mère de Chantal par Georges Rolland qui aUait la chercher à Paris. Elle
est donc de la même date que les autres messages dont il fut porteur, soit du 23 janvier 1622. On ne comprend pas
comment Datta, Vives et Migne ont pu la dater de 1614 ; moins encore comment ils ont mis en vedette : Madame !
Le texte semble tronqué au commencement et à la fin.
746 Henri de Gondi, cardinal de Retz, évêque de Paris. (Voir tome XVIII, note (1203), p. 370.)
747 Pierre Berger (voir tome XVIII, note (1205), p. 371) ne fut jamais Père spirituel de la Communauté de Paris ; c'est
saint Vincent de Paul qui exerça cette charge, comme l'avaient désiré les deux Fondateurs. (Voir le tome précédent,
note (545), p. 155.)
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Prieure des Carmelines, fille aysnee de la Seur Marie de l'Incarnation, laquelle, tandis que je fus a
Paris, il y a vingt ans, estoit non seulement ma fille spirituelle, mais ma partiale, aagee d'environ
treize ans, et qui avoit un naturel bon, franc et naïf748 ; comm' aussi la Mere Sousprieure, qui fit en
ce tems la son premier vœu de virginité et sa confession generale devant moy749.
Je me trompe si vous ne treuves a Moulins quelque sorte de tentation a cause de la
singularité de ma Seur Marie Aymee750 ; mais je pense pourtant que ce ne sera qu'une tentation
humaine et digne de charité.
M. Boucher, chancelier et theologal d'Orleans, est mon ancien compaignon d'estude, qui
m'a tous-jours grandement aymé751.
Puisque la conduite de vostre chemin de Paris a Dijon, pour passer par les monasteres,
requiert que vous venies a Moulins, et que les Seurs que l'on prendra icy et a Grenoble vous aillent
prendre la, il faudra donq sçavoir a point nommé le tems auquel il les faudroit envoyer et comme
quoy les choses passeront, c'est a dire d'ou viendra l'advis que nous devons recevoir ; mais il me
semble [248] pourtant que n'y ayant que quarante lieuës d'icy a Dijon, ce sera grandement allonger
le chemin de passer a Moulins752. Je ne sçay pas bonnement combien il y a de Moulins a
Montferrant, mais si cela est asses commode, je pense que ce seroit de la consolation a ces filles
que vous allassies prendre leur Superieure pour Dijon, laquelle, comme je prevoy, il y aura peine
de tirer, selon que vous verres par la lettre qu'elle m'escrit, ci jointe753. J'ay des-ja adverti ma Seur
Marie Marguerite Milletot754, outre laquelle il seroit peut estre bon d'envoyer encor la, la Seur
Bernarde Marguerite755, laquelle s'est tellement amendee qu'en fin elle est receuë a la Profession.
Je suis de l'advis de M. de Marillac, que nos Seurs allant par les chams portent leur crucifix
avec elles756.
J'ay veu l'histoire de la consultation faite pour nostre tres chere fille madame de Port
Royal757, sur laquelle il n'y a rien a dire sinon que je voy un examen merveilleusement ponctuel,
en ce que on y a pensé que, [à cause de] la longueur du tems et [de] la multitude des actions de
superiorité, nonobstant la protestation et le continuel [249] desadveu interieur, cette fille soit
tellement obligee de demeurer qu'elle ne puisse pas faire autrement ; car bien que cela soit probable
en terme de conscience, si est ce que cela n'est pas advoüé de tous, et de plus, le Pape en peut
dispenser. Je tiens aussi la comparayson de la perfection de la Regie de saint Benoist avec l'Institut
de la Visitation un peu rigoureuse et desadvantageuse, car il faudroit faire la comparayson de la
748 La Mère Marie de Jésus Acarie (voir ibid., note (131), p. 23).
749 La Sœur Thérèse de Jésus du Pucheul (voir tome XIII, note (340), p. 119).
750 On se souvient avec quelle « singularité », en effet, vivait au monastère de Moulins Mme du Tertre, devenue Sœur
Marie-Aimée de Morville. (Voir le tome précédent, note (339), p. 87.)
751 Denis Boucher était chanoine d'Orléans depuis 1597 ; deux ans après, il parait comme scholastique et chancelier
de l'Université de lois. Quand les Sœurs de la Visitation arrivèrent, M. Boucher, alors grand-vicaire, leur fut donné
pour Père spirituel. En 1627, il est élu doyen du Chapitre, et meurt le 16 février 1629. C'était un homme de mérite,
que ses collègues honorèrent en le choisissant pour leur député à l'Hôtel de Ville de 1599 à 1606. (Note de M. le
chanoine Cochard, d'Orléans.)
752 La petite troupe des fondatrices de Dijon ne passa pas à Moulins ; elle se rendit à Alonne, près d'Autun, chez Mme
de Toulongeon, pour y rejoindre la Mère de Chantal et se diriger ensuite vers la capitale de la Bourgogne.
753 Sainte Jeanne de Chantal n'alla pas à Montferrand, et n'eut pas, pour ce coup, la Mère Marie-Jacqueline Favre. (Cf.
ci-dessus, note (559), p. 182.)
754 Cette Sœur était à Grenoble depuis 1618. (Voir tomes XV, note (55), p. 6, et XVIII, note (647), p. 192.)
755 Sœur Bernarde-Marguerite Valeray ne quitta pas Annecy. (Voir le tome précédent, note (988), p. 304.)
756 Le conseil de Michel de Marillac (voir ci-dessus, note (178), p. 46) fut en effet suivi, et le Coustumier (art. II, Des
Fondations) marque que les Sœurs étant en voyage, « chacune d'elles portera un crucifix sur sa poitrine. »
757 Plusieurs personnages, doctes et pieux, s'étaient occupés du changement d'Ordre que souhaitait ardemment
l'Abbesse de Port-Royal, Angélique Arnauld. Les uns l'approuvaient, d'autres n'y pouvaient consentir. « Notre chère
fille madame de Port-Royal, a été vivement combattue par M. du Val et M. le curé de Saint-Merry, mais non pas
vaincue, » écrit la Sainte le 28 septembre 1621. « Ils devaient aujourd'hui venir ici pour m'en parler ; ils sont toujours
sur cette assemblée. J'ai bien envie que le P. Binet la voie, je crois qu'elle le mettra de son côté. » (Lettres, vol. I, p.
578.) Au 7 décembre, le Supérieur de Saint-Louis avait « revu notre chère madame de Port-Royal, » il était « tout pour
elle, » et promettait de « lui gagner les autres Pères. » (Ibid., p. 592.) La « consultation » dut donc avoir lieu à la fin
de 1621, et les ecclésiastiques ci-dessus mentionnés, joints à d'autres, y prirent part.
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Regie de saint Benoist avec la Regie de saint Augustin ; et bien que peut estre la Regie de saint
Benoist demeurast encor superieure en perfection, si est ce que la comparayson empescheroit tout
mespris pour la Visitation, c'est a dire toute tentation de mespris. Mais tout ceci que je vous dis
sur cette consultation, ne doit estre nullement allegué, ains simplement consideré avec humilité, et
laisser en sincerité la decision a Rome. Et partant, il faut bien advertir cette chere fille qu'elle n'use
pas de la vivacité de son esprit pour repliquer et respondre, et qu'au moins en cela elle suive
l'Institut de la Visitation. Et comme que ce soit, elle pourra de tems en tems soulager son esprit,
puisqu'elle a la permission d'entrer a la Visitation ; et si, j'espere que s'accommodant doucement
au bon playsir de Dieu, il la consolera finalement.
Si vous sçavies, ma chere Mere, combien il m'arrive de destours en cette ville du depart de
M. Rolland, vous ne series pas estonnee si je n'escris pas aux cheres ames que la mienne et la
vostre ayment tant. Madame la Presidente Amelot sçait bien, je m'asseure, que mon cœur est tout
sien devant Dieu et ses Anges. Je me res-jouis avec elle de l'honneur [et] du bonheur que sa chere
fille Marie758 aura a cette feste de Pasques en sa premiere Communion ; et si j'estois la, je prendrois
bien a faveur d'estre son instituteur a cette action qui, a la verité, est bien [250] importante. Le petit
livret du Pere Fulve Androce, de la Confession et Communion759, contient plusieurs petitz pointz
propres a cela ; mais puisque, comme je croy, le R. P. Suffren est a Paris760, rien ne luy peut
manquer.
Nous envoyerons donq, quand vous le marqueres et ainsy [que] vous l'ordonneres, des filles pour
vous accompaigner a Dijon, selon le nombre que vous nous diries estre necessaire. Nous
avons pensé pour cela a ma Seur Marie Adrienne Fichet, laquelle est de bon esprit et de bon cœur,
comme vous sçaves761 ; a ma Seur Françoise Augustine, de Moyran pres Saint Claude, que je
confesse estre une fille grandement a mon gré, et, si je ne me trompe, tout a fait irreprehensible en
l'interieur et en l'exterieur762 ; ma Seur Marguerite Scholastique, de Bourgoigne, qui est douce,
maniable et de bon esprit, cousine germaine de vostre Assistante763 ; ma Seur Marguerite Agnes,
[251] qui est d'aupres de Vienne, qui est de bonne mayson, de bonne observance et d'une aggreable
758 Aînée des dix enfants du président Amelot et de Jeanne-Catherine de Creil (voir le tome précédent, note (241), p.
59), Marie avait été baptisée le 4 février 1611. Par contrat du 15 octobre 1627, elle épousa Antoine Nicolai', seigneur
de Goussainville et d'Ivor, premier président à la Chambre des Comptes de Paris, qui la laissa veuve le 1er mars 1656.
Elle-même mourut à Paris le 25 juin 1683, et fut inhumée le lendemain à Saint-Merry. (Moreri, 1740, tome V,
Additions à la lettre A.)
759 La préface de la première traduction française du livre du P. Fulvio Androzio ou Androzzi est signée « Cesar
Martin, prestre. » C'est un in-16, de 190 ff., portant ce titre : Traicté de la frequente Communion et des fruicts qui en
procedent. A Paris, chez la veufve G. Cavellat, 1596. L'auteur, né à Montecchio, était chanoine de la Sainte-
Chapelle à Lorette quand, à trente-deux ans (1555), il entra dans la Compagnie de Jésus. D'abord apôtre des campagnes
de la Marche d'Ancône, il fut ensuite placé à la tête du collège de Ferrare ; c'est dans cette ville que la mort le trouva,
le 27 août 1575. Il laissait après lui la réputation d'un homme de Dieu et d'un supérieur de haute valeur. (D'après des
Notes du R. P. Van Ortroy, S.J., et de Guilhermy, Ménologe de la Cie de Jésus, Paris, 1894, Assistance d'Italie, Partie
II, p. 223.)
760 Jean Suffren, Jésuite (voir le tome précédent, note (180), p. 40).
761 Sœur Marie-Adrienne Fichet (voir tome XV, note (70), p. 12) ne fut pas envoyée à Dijon.
762 Fille de Jean Brung et de Suzanne Jenneau, Sœur Françoise-Augustine avait pris l'habit à vingt ans, le 14 juin 1620,
et prononcé les vœux l'année suivante. L'éloge qu'en fait ici le saint Evêque suffit à lui donner une place distinguée au
milieu des premières Religieuses de la Visitation. Après avoir coopéré aux fondations de Dijon (1622) et de Bourg
(1627), elle établit en 1633 la Maison de Saint-Amour. Quatre ans plus tard, cette Communauté, chassée par les
guerres, se réfugia à Bourg. La Mère Françoise-Augustine réussit, en octobre 1640, à la transférer à Montluel, d'où un
essaim partit sous sa conduite pour former une seconde fois un Monastère à Saint-Amour (15 août 1653). Elle y décéda
le 17 janvier 1659. (Livres du Noviciat et du Couvent, du 1er Monastère d'Annecy ; Année Sainte de la Visitation, tome
I, p. 424, etc.)
763 L'Assistante du Monastère d'Annecy était alors Sœur Françoise-Marguerite Favrot (voir tomes XVIII, note (150),
p. 30, et XIX, Lettre MDCLXXII, p. 264). Sa cousine-germaine, fille de Jacques Favrot et de Catherine Grifon, avait
fait profession le 18 octobre 1621. Toutes deux quittèrent Annecy en 1623 pour la fondation de la Maison de Marseille.
Sœur Marguerite-Scholastique y fut d'abord employée aux offices les plus bas ; sa vertu s'y montra telle, que la Mère
de Chastel, visitant les Monastères de Provence, la fit nommer Directrice, et en 1635, on l'élut Supérieure. Elle mourut
le 22 avril 1638, à l'âge de quarante-trois ans. (Voir sa biographie dans l'Année Sainte, tome XII, p. 340.)
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simplicité764 ; a ma Seur Peronne Marie Benod, Seur domestique grandement douce et pliable765 ;
outre ma Seur Marie Marguerite Milletot, qui viendra de Grenoble, que vous connoisses, et ma
Seur Bernarde Marguerite, qui est celle de Dijon que vous nous envoyastes, de la capacité de
laquelle, bien qu'on ayt douté quelques moys durant, on a despuis eu bonne satisfaction. Il est a
considerer si vous treuveres plus a propos qu'on la fasse professe icy ou qu'on l'envoye pour faire
profession a Dijon, sur l'attestation qu'on luy feroit icy de sa capacité ; car nous avons pensé que
peut estre seroit on bien ayse que cette action se fist la, en presence de ses parens et amys, et la
rendre ainsy la premiere fille de ce Monastere.
Or, ce sera donq a vous, ma tres chere Mere, de nous, advertir si vous voudres ou moins ou
plus de filles, et quand elles devront partir[252]
_____
764 Sœur Marguerite-Agnès de Rigaud de Rajat (voir le tome précédent, note (509), p. 143) ne fut pas du nombre des
fondatrices.
765 Née d'une famille très honorable, mais peu riche des biens de la terre, Sœur Péronne-Marie fut la première des
Sœurs domestiques qui garda le voile blanc à la profession (13 juin 1621). Ses parents, François de Benno, ou Bennod,
ou Beynon, et Gervaise de Métral, eurent un peu de peine à l'accepter ; mais son oncle, M. Georges Rolland, s'en
montra surtout fort offensé. Le condescendant Fondateur eût cédé volontiers et donné le voile noir à la Sœur Péronne-
Marie si celle-ci ne se fût montrée saintement inflexible sur ce point. Toutefois, pour ôter au bon M. Rolland « ce petit
mal de cœur humain, » l'Evêque de Genève résolut d'employer à la fondation de Dijon l'humble Sœur converse. Elle
fut, dans cette nouvelle Maison, « un vrai exemple de vertus,... de vigilance au service du Monastere, ou elle est
decedee tres saintement apres y avoir vescu tres religieusement, » en 1666. (Livre du Couvent, du Ier Monastère
d'Annecy, et cf. Année Sainte, tome I, p. 425.)
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MDCCCLXXXVI. A la Mère de Beaumont, Supérieure de la
Visitation de Paris766. Humilité et courage. La face de «
l'ancienne Anne ; » son cantique. Dieu donne « abondance de
lait » aux mères. Vivre en joie. Une « condition qui suffit,
et sans laquelle rien ne suffit » à une Supérieure. Loisir trop
court pour toutes les lettres que le Saint voudrait faire.
Annecy, 23 janvier 1622.
Ma tres chere Fille, Je vous souhaite de tout mon cœur une grande humilité dedans un
grand courage, affin que vostre courage soit [253] tout a fait en Dieu, qui par sa bonté vous
soustienne, et, en vous, la sainte charge que l'obedience vous a imposee. Je l'espere, ma chere Fille,
et que vous seres comme l'ancienne Anne, laquelle, avant qu'elle fut mere, changeoit souvent de
visage, comme touchee de diversités de pensees et d'apprehensions ; mays estant devenue mere,
dit l'Escriture sacree767, sa face ne fut plus variante ni diversifiee, par ce, comme je croy, qu'elle
fut accoysee en Dieu qui luy avoit fait connoistre son amour, sa protection et son soin sur elle. Car
ainsy, ma tres chere Fille, si jusques a present le souci de vostre conduite et l'apprehension de
vostre future superiorité vous a un peu agitee et vous a souvent fait varier en pensees, maintenant
que vous voyla mere de tant de filles, vous deves demeurer tranquille, sereine et tous-jours egale,
vous reposant en la Providence divine qui ne vous eut jamais mis toutes ces cheres filles entre les
bras ni dans vostre sein, que quant et quand il ne vous eut destinée (sic) un secours, un'ayde, une
grace tres suffisante et abondante pour vostre soustien et appuy. Le Seigneur, disoit Anne768,
mortifie et vivifie, il mey ne aux enfers et en rameyne ; le Seigneur rend pauvre et enrichit, il
abbaysse et sousleve. Adjoustés, ma tres chere Fille, comme un'autre Anne : le Seigneur charge et
descharge. Et il est vray, car quand il impose quelque charge a une de ses filles, il la renforce
tellement que, soustenant la charge avec elle, elle est comme deschargee. Penses vous qu'un si bon
Pere comme Dieu voulut vous rendre nourrice de ses filles sans vous donner abondance de lait, de
beurre et de miel ? Or, de cela, il n'en faut point douter.
Mays prenes seulement garde a deux ou troys motz que mon cœur va dire au vostre. Rien
766 Ce ne fut pas sans de longues résistances que la fille de Paul de Beaumont-Carra (voir tome XVIII, note (694), p.
204) et d'Antoine-Charlotte de Divonne, se rendant à la grâce, consentit à sacrifier sa liberté avec les avantages de la
noblesse et de la fortune pour se donner à Dieu. Enfin, une maladie mortelle devint l'occasion d'une faveur
extraordinaire de la part de la Très Sainte Vierge qui guérit à la fois le corps et l'âme de la jeune mondaine. Remplie
désormais d'un courage sans défaillance, elle vint de Chambéry à Annecy en 1617 et commença avec beaucoup de
ferveur son noviciat. Quelques mois après sa profession (voir ibid., note (695), p. 204), on la jugea digne d'être la
compagne de la Mère de Chantal dans la fondation des Monastères de Bourges et de Paris ; et la Sainte quittant cette
dernière ville, lui laissa le soin de la Communauté (1622). La nouvelle Supérieure gagna non seulement les cœurs de
ses Filles, mais l'estime et l'affection de tous ceux avec qui elle eut à traiter, surtout des reines Marie de Médicis et
Anne d'Autriche. L'établissement d'un second Monastère dans la capitale accrut les applaudissements du monde. Mais
Dieu réservait une meilleure gloire à la Mère de Beaumont. Ses succès firent naître des jalousies, des persécutions ;
la chose alla si loin que la Mère de Chantal crut qu'il fallait « avoir des égards pour la foiblesse humaine » et qu'il
n'était pas « expédient de se roidir contre le torrent ; » la Mère Anne-Catherine fut rappelée à Annecy (1628). L'année
suivante, on l'envoya gouverner la maison de Grenoble où elle demeura jusqu'en 1636 ; celle de Pignerol lui dut
ensuite d'être sauvée de la ruine rendue imminente parla pauvreté et les guerres. Enfin, la fondation de Toulouse
réclama son zèle (1647) ; c'est là que cette grande Religieuse termina sa vie le 30 janvier 1656. Nature très énergique,
un peu austère, d'un jugement sûr et d'une humilité profonde, elle avait eu le bonheur d'être successivement guidée
dans les plus hauts sentiers de la perfection par saint François de Sales, saint Vincent de Paul, le P. Binet, et d'autres
remarquables serviteurs de Dieu. Partout elle rencontra la croix et la porta vaillamment, son âme, suivant sa propre
expression, « aiant été cachée par l'amour dans le cœur de… Jesus. » (Voir sa biographie dans Les Vies de plusieurs
Supérieures de l'Ordre de lu Visitation Sainte Marie, Anneci, 1693.)
767 I Reg., I, 18.
768 Ibid., II, 6, 7.
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ne fait tant tarir le lait es mammelles, que les regretz, les afflictions, les melancolies, les
amertumes, les aigreurs. Vives en sainte joye parmi vos enfans, monstres leur une poitrine
spirituelle de bonne veüe et de gracieux abord, affin qu'elles y accourent en gayeté. C'est cela que
le Cantique marque en la louange des mammelles de l'Espoux : Tes tetins sont meilleurs quelevin,
odorantz de parfums prætieux769 ; [254] le lait, le beurre et le miel sont sous ta langue770. Je ne dis
pas, ma Fille, que vous soyes flatteuse, cajoleuse et rieuse, mays douce, suave, amiable, affable.
En somme, aymes d'un amour cordial, maternel, nourricier et pastoral vos filles, et vous feres tout,
vous seres toute a toutes771 : mere a toutes, secourable a toutes. C'est la seule condition qui suffit,
et sans laquelle rien ne suffit.
Ma Fille, je me confie que Dieu, qui vous a choysi pour le bien de plusieurs, vous donnera
l'esprit, la force, le courage et l'amour pour plusieurs. A luy soit a jamais honneur, gloire et
benediction772. Amen. Je suis invariablement vostre, et je me confie que vous n'en doutes
nullement.
VIVE JESUS !
Le XXIII janvier 1622.
Quel moyen d'escrire a ma chere Seur Jeanne Marie, ma niece773, et a ma Seur Anne
Constance774, et a ma Seur Marie Anastase775, et a ma grande fille Marie Marguerite776 ? Il ne se
peut, car il ne me reste plus de loysir que pour un mot a ma tres chere fille Helene Angelique777,
la nouvelle espouse de nostre Maistre. Toutes sont neanmoins mes tres cheres filles, au milieu de
mon cœur.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Toulouse. [255]
_____
769 Cap. I, 1, 3.
770 Cap. IV, 11.
771 I Cor., IX, 22.
772 Apoc., V, 13.
773 Sœur Jeanne-Marie Vincent de la Croix de Fésigny (voir tome XVII, note (902), p. 264).
774 Sans doute Sœur Marie-Constance de Bressand (voir tome XVIII, note (1059), p. 323).
775 Sœur Marie-Anastase Pavillon (voir ibid., note (1272), p. 396).
776 Marie-Marguerite de Gondras des Serpens de la Guiche (voir le tome précédent, note (290), p. 74).
777 Ep. MDCCCLXXXIX.
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MDCCCLXXXVII. A la Présidente de Herse778. Insuffisance des
commissions verbales. Devoir auquell'Evêque ne manque
pas.
Annecy, 23 janvier 1622.
J'ay bien chargé ce porteur779 qu'il allast vous saluer, et monsieur vostre cher mary780 et
vostre petit homme mon cher filleul781, de ma part et tres humblement. Mays seroit il bien possible
que je ne luy donnasse pas cette petite marque visible de la verité du desir que j'ay de vivre
invisiblement en vostre chere ame, Madame ma chere Commere et ma Fille tres aymee ? Je ne
cesse point, je vous asseure, et ne celebre jamais le saint Sacrifice que je ne presente vostre cœur
a Dieu, et n'invoque sa protection et faveur sur vostre chere famille. Je le dois, je le sçai bien :
aussi ne le vous dis je pas, ma tres chere Fille, pour m'en vanter, mays pour la complaysance que
j'ay a le penser, et a croire que je vous fay playsir de vous en asseurer. Or sus, c'est asses.
Vives donq de plus en plus en ce celeste amour de Nostre Seigneur qui vous y oblige par
mille benedictions qu'il [256] vous a donnees, et sur tout par l'inspiration qu'il vous a departie de
le vouloir et de le desirer ; et, en ce desir, vivés joyeuse et saintement contente, voire mesme parmi
les ennuis et les afflictions qui ne manquent jamais aux enfans de Dieu.
Je suis tout a fait invariablement
Vostre tres humble et tres obeissant
serviteur et compere,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Annessi, le 23 janvier 1622.
A Madame
Madame la Presidente de Herce.
_____
778 Charlotte de Ligny, dame Vialart de Herse (voir tomes XVIII, note (1079), p. 331, et XIX, note (894), p. 271).
779 Georges Rolland.
780 Fils aîné de Félix Vialart, sieur de la Forest et de Herse, et de Jeanne Hennequin, Michel fut reçu conseiller au
Parlement le 19 janvier 1607, avec les éloges du président Potier, qui lui déclara que « la Compagnie » était «
grandement satisfaicte de ses estudes. » (Archiv. Nat., Reg. du Conseil du Parlement, Xia 1811.) Le 30 janvier 1613,
devant la Grande Chambre, la Tournelle et la Chambre de l'Edit assemblées, Michel Vialart présentait des « lettres de
provision de l'estat de president es Requestes du Pallais, » demandant à être reçu. On fit quelques difficultés parce
qu'il n'avait pas encore quarante ans, âge fixé pour cette charge. Néanmoins, on l'admit après avoir informé sur « sa
vye, mœurs, relligion et fidellité au service du Roy. » (Ibid., 1849.) Au dire de la Gazette de France (année 1634, p.
476), le président de Herse était ambassadeur en Suisse quand il mourut d'apoplexie à Soleure, le 27 octobre 1634.
781 François (voir le tome précédent, note (901), p. 274).
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MDCCCLXXXVIII. A la Mère de la Roche, Supérieure de la
Visitation d'Orléans. Trois choses apportant à François de Sales
de la consolation. Affection mutuelle de l'Evêque d'Orléans
et de l'Evêque de Genève. Espérance qui sera surpassée.
Un porteur de lettres pas encore en route. Fille de sainte qui
deviendra sainte. Les « douces Filles » du bienheureux
Fondateur.
Annecy, 23 janvier 1622.
Les larmes receües par les mains de Mme de Royssieu782, vostre lettre tout maintenant venue
par la voye de Lyon, mais sur tout vostre dilection tesmoignee par l'un et l'autre moyen, ma tres
chere Fille, me donnent un'extremement douce consolation. Monsieur Roland vous dira [257]
toutes les nouvelles que vous pourries desirer de deça, d'ou, comme je croy, plusieurs vous
escriront plus amplement que moy qui n'en ay nul loysir ; aussi est il a propos que je soys court,
pour ne point divertir la consolation que vous aures a recevoir nostre bonne Mere.
Si faut il pourtant que je vous die que rien ne me pouvoit estre plus doux et aggreable en
vostre lettre, que la bonne nouvelle que vous me donnés de la favorable souvenance que
Monseigneur l'Evesque d'Orleans a de moy783 ; et bien que je sache que ce bien provienne de son
bon naturel, qui est franc et genereux, si ne laisse je pas de le reconnoistre de Dieu, qui, m'ayant
donné une singuliere affection envers ce Prælat, a voulu quil y eut en luy cette aggreable
correspondance et qu'il eut une bonne inclination pour moy. Je connois certes en luy beaucoup
d'excellentes qualités grandement propres au service de Dieu et de l'Eglise, lesquelles il faut
esperer devoir estre egalement utiles quand elles seront bien employees, ainsy qu'il commence a
les rendre par la prædication, et qu'il continuera sans doute tous-jours plus fructueusement. Ce luy
sera un grand bien de s'obliger a la vie apostolique par cette solemnelle action de l'authorité
apostolique. Je sçai la grande esperance que son peuple a de luy, et je sçai que sil l'entreprend il la
surpassera ; et son courage le luy fera entreprendre. J'ay grande envie de luy escrire, mais il ny a
moyen [258] maintenant, tant je suis accablé ; et cependant je vous prie, ma tres chere Fille, de luy
baiser tres humblement les mains de ma part, l'asseurer de mon fidele service et, sans en faire
semblant, sçavoir dextrement de luy sil aura aggreable que je luy escrive par foys.
Nostre chere et cordiale Seur Prieure des Carmelites784 recevra, je m'asseure, le chapelet et
ma lettre par monsieur Jantet, a qui, si je m'en souviens bien, je remis le tout785 ; et n'estant pas
encor parti de Beley, ce n'est pas merveille si ni elle ni vous ne l'aves encor pas receu. Cependant,
782 Claude Hanapier, dame de Rossieux (voir ci-dessus, note (473), p. 154). Le Saint dit lui-même, dans une lettre du
7 juin 1622, ce qu'étaient « les larmes » envoyées par la Mère de la Roche. La fiole qui contenait la relique gardée à
l'abbaye de la Sainte-Trinité de Vendôme, avait été donnée par Geoffroy Martel, qui la tenait de l'empereur Henri III.
Elle venait, dit-on, de Constantinople, n'avait ni soudure, ni ouverture, et était blanche comme cristal. (Voir Migne,
Troisième Encyclopédie théologique, tome XVI, 1856, Dictionnaire des Abbayes et des Monastères, col. 775.)
783 Gabriel de l'Aubépine était fils de Guillaume de l'Aubépine, baron de Châteauneuf, et de Marie de la Châtre. En
1604, il succéda, sur le siège épiscopal d'Orléans, à Jean de l'Aubépine, son parent, et gouverna son diocèse avec
sagesse et piété. On lui doit divers ouvrages en latin et en français, sur la discipline ecclésiastique. Créé commandeur
des Ordres du Roi en 1619, il mourut le 15 août 1630. Mgr de l'Aubépine avait connu saint François de Sales lors du
premier voyage à Paris en 1602, et le revit plus longuement et intimement, soit dans la capitale soit à Orléans, en 1619.
Il voulut même qu'il exerçât dans sa ville les fonctions épiscopales, et lui donna toutes sortes de témoignages d'estime
et de vénération. Cependant, au premier abord, sa permission pour l'établissement des Religieuses de la Visitation
avait été assez difficile à obtenir ; mais elles ne furent pas plus tôt à Orléans qu'il se montra paternellement dévoué
pour leur Maison. Son zèle pour la canonisation de l'Evêque de Genève, à qui il devait une miraculeuse guérison,
mérite aussi d'être signalé. (D'après Moreri, 1740, tome I, et l'Hist. de la Fondation de la Visitation d'Orléans.)
784 La Mère Marie de Jésus Acarie.
785 Voir ci-dessus, p. 155.
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je salue tres cherement le cœur de cette fille bienaymee, qui sera sainte aussi bien que sa mere, si
mes souhaitz sont exaucés ; et si nostre bonne Mere la peut voir entrant en la ville ou sortant, j'en
seray consolé : aussi luy escris je786 que cette chere Seur est mon ancienne et partiale fille. Je salue
aussi tres affectionnement et intimement la Mere Sousprieure787, qui sçait bien que Dieu veut que
je la cherisse comme je fay.
La fille qui accompagna icy Mme de Royssieu me demanda une recommandation pour elle
envers vous, et je la luy donnay comme a une fille l'humeur et l'interieur de laquelle je ne connoy
nullement. Vous entendres bien ce que je desire, qui est sur tout le bien et la consolation de vostre
Mayson.
Je confesse que j'ay grand tort de ne point escrire a ma Seur Marie Michele788, que j'ayme
neanmoins de tout mon cœur ; ni a ma Seur Marie Françoise Belet, que j'affectionne grandement
non seulement parce qu'ell'est ma fille, mays par ce qu'ell'estoit chere a la bonne Mme Le Blanc789
; ni a ma petite fille Anne Marguerite Clement [259] qui, a la verité, est grandement bienaymee de
mon ame, nonobstant la petite duplicité des scrupules qu'elle me demanda avant son depart790.
Or sus, ce sont toutes mes douces Filles en Nostre Seigneur, que je supplie continuellement
de les rendre tout a fait saintes ; et vous de mesme, ma tres chere Fille, [260] a qui je suis tres
entierement tout dedié et, en verité, tres cordialement vostre. Amen.
Le XXIII janvier 1622.
791 A ma tres chere Fille en N. S.,
Ma Seur Claude Agnes de la Roche,
Supere de la Visiton de Ste Marie.
786 Ep. MDCCCLXXXV, p. 248.
787 Sœur Thérèse de Jésus du Pucheul.
788 Sœur Marie-Michelle Viallon de Nouvelles (voir tome XVIII, note (147) p. 29).
789 C'était en effet sur la recommandation et les instances de la présidente Le Blanc de Mions (voir tome XVII, note
(1210), p. 366) que Marie Bellet, fille de Michel Bellet et de Jeanne Dupuy, et sœur de Mme Chaudon (tome XVI, note
(112), p. 25), avait été reçue au Monastère d'Annecy. (Cf. Lettres de Ste J.-F. de Chantal, vol. I, p. 258.) Elle y prit
l'habit le 26 juillet 1618, et fit profession le 7 décembre 1619. Le saint Evêque prêcha aux deux cérémonies (voir tome
IX, pp. 170 et 240). Choisie pour la fondation d'Orléans (1620), Sœur Marie-Françoise demeura quinze ans dans ce
Monastère, y exerçant presque toutes les charges, et alla ensuite à celui de Montargis où elle mourut le 2 février 1639,
à l'âge de quarante ans. (Livres du Noviciat et du Couvent, du 1er Monastère d'Annecy.)
790 Marguerite Clément naquit à Cléron (Franche-Comté), le 7 mai 1593, de parents nobles et riches : Jean Clément et
Marguerite Belin. Quand sa mère mourut, elle n'avait pas encore deux ans ; dès lors la Sainte Vierge la prit sous sa
protection spéciale et l'amena dans sa maison de la Visitation d'Annecy en 1617 (voir tome XVIII, note (930), p. 278).
En 1620, Sœur Anne-Marguerite contribua à la fondation d'Orléans, où elle fut Assistante et Maîtresse des Novices ;
elle établit en 1628 la Maison de Montargis, puis celle de Melun en 1635, et y rencontra les humiliations que Dieu
réserve à ses saints. Elles lui vinrent du commandeur de Sillery, protecteur du Monastère, qui, tout en admirant sa
vertu, appréciait mal son gouvernement. La Communauté, cependant, la justifia par une réélection unanime (1638),
sans pouvoir empêcher qu'on prît à son égard des mesures très crucifiantes pour la nature. Dieu alors se chargea lui-
même de montrer le mérite de la vertueuse Supérieure en multipliant les bénédictions sur ses Filles, qu'elle dirigea
durant deux nouveaux triennats de 1644 à 1650. Le 3 janvier 1661, la Mère Anne-Marguerite Clément terminait
saintement une vie dont les événements extérieurs viennent d'être rapidement résumés, mais dont la surnaturelle beauté
ne peut être décrite en quelques lignes. L'Archevêque de Sens, Octave de Bellegarde, les PP. de Condren et Suffren,
et surtout le P. Galice (Gallicio), Barnabite, son directeur pendant de longues années, reconnurent la vérité et la
sublimité des faveurs extraordinaires que Notre-Seigneur prodigua à cette épouse privilégiée. Le témoignage de
François de Sales avait précédé le leur, celui de la Mère de Chantal ne manqua pas à la Mère Anne-Marguerite. Tous
assurèrent qu'elle n'avait rien à envier aux Gertrude, aux Thérèse, aux Catherine de Sienne et de Gênes. Avant les
révélations de Paray, elle sut le mystère d'amour du Cœur de Jésus, elle vit en lui l'origine, le but et les destinées de
son Ordre, et reçut pour elle-même l'assurance que cette part la meilleure — le Cœur du Christ qu'elle avait choisie,
ne lui serait jamais ôtée.
(D'après sa Vie manuscrite et plusieurs documents conservés au Ier Monastère de la Visitation d'Annecy ;
voir aussi sa Vie imprimée à Paris, chez Jean-Baptiste Coignard, en 1686 1.)
1 Plusieurs années auparavant, le P. Gallicio avait publié un volume intitulé : Idea Divinæ benignitatis, in Serva sua
Anna Margarita Clemente, Sanctimoniali Visitationis Beatæ Mariæ, per D. Joann. Augustinum Gallicium, Clericum
Regularem S. Pauli, exporta. Lugduni, sumptib. Laurent. Arnauld et Petri Borde, M.DC.LXIX.
791 L'adresse est de la main de M. Michel Favre.
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Orleans.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes.
_____
MDCCCLXXXIX. A la Sœur Lhuillier, Novice de la Visitation
de Paris792. La victime sur l'autel. Souhaits de bonheur, de
courage et de sainteté pour le jour du sacrifice. Mme de
Villeneuve unie à l'immolation de sa sœur. — La vie naissant de
la mort.
Annecy, 24 janvier 1622.
Or sus, ma tres chere Fille, en fin vous voyla donq sur l'autel sacré en esprit, affin d'y estre
sacrifiee et immolee, ains consumee en holocauste devant la face de Dieu vivant. O que cette
journee soit contee entre les journees que le Seigneur fait793 ! Que cette heure soit une heure entre
les heureuses que Dieu a benites de toute eternité et qu'il a assignees pour l'honneur de toute
l'eternité ! Que cette heure soit fondee en la tressainte humilité de la Croix et aboutisse a la tres
sacree immortalité de la gloire ! Que de souhaitz mon ame fera sur cette chere journee pour l'ame
de ma chere Fille ! O combien de saintes exclamations de joye et de bon augure sur ce cœur
bienaymé ! O combien d'invocations a la tressainte Mere Vierge, aux [261] Saintz et aux Anges,
affin qu'ilz honnorent de leur speciale faveur et presence cette consecration de l'esprit de ma tres
chere Fille, de laquelle ilz ont obtenu la vocation et inspiré l'obeissance a la vocation !
Je ne separe point de vostre esprit, ma tres chere Fille, celuy de la tres chere seur [de
Villeneuve], ma fille bien-aymee. C'est pourquoy je le considere avec le vostre en la mesme action
; car, comme vous sçaves, elle se treuva avec vous unie d'affection et d'amour au jour de vostre
Visitation794, et semble que des lhors elle immola des-ja en resolution son cœur avec le vostre.
Que je suis consolé quand je m'imagine que, selon mon esperance, on vous annoncera en
toute verité cette parole de la mort vitale : Vous estes morte, et vostre vie est cachee avec Jesus
Christ en Dieu795 ; car, ma tres chere Fille, de la verité de ce mot depend la verité de l'evenement
qu'on prononce consecutivement : Mais quand Jesus Christ apparoistra796, et ce qui s'ensuit797.
Ma tres chere Fille, je salue vostre chere ame et celle de la seur, et suis a jamais, en union
d'esprit selon Dieu, tres singulierement tout vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
792 « Il ne me reste plus de loysir que pour un mot a ma tres chere fille « Helene Angelique, la nouvelle espouse de
nostre Maistre, » écrit le Saint à la Mère de Beaumont le 23 janvier (p. 255), désignant ainsi à coup sûr la destinataire
de cette lettre.
793 Ps. CXVII, 24.
794 Le jour de la Visitation 1620, lorsque Mlle Hélène Lhuillier reçut la lettre de l'Evêque de Genève déterminant sa
vocation (voir le tome précédent, Lettre MDCLV, et note (695), p. 213), sa sœur, Mme de Villeneuve, était auprès
d'elle lisant en même temps les pages qui allaient décider de l'avenir de son aînée. « Je ne sortirai jamais d'ici, » lui
dit alors celle-ci. « Et elle, inspirée du Saint-Esprit, » racontait plus tard la Mère Hélène-Angélique, « me répondit :
Si vous ne le faites, vous n'aurez jamais de repos. Cette parole me soulagea, car, outre... la contrariété de mes
sentiments qui étaient tels qu'il me semblait qu'on m'arrachait le cœur et qu'on me disloquait tous les os, la
contradiction de cette sœur que j'aimais tendrement, m'eût été un nouveau martyre. » (Vie manuscrite de la Mère
Hélène-Angélique Lhuillier.)
795 Coloss., III, 3.
796 Ibid., v. 4.
797 Le Saint fait ici allusion au Formulaire de la Profession pour les Religieuses de la Visitation, où sont insérées ces
paroles de l'Apôtre.
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Le 24 janvier 1622, Annessi. [262]
MDCCCXC. A Madame Angélique Arnauld, Abbesse de Port-
Royal a Maubuisson. Le Saint voudrait savoir l'état du cœur de
l'Abbesse au sujet de la décision prise à son égard. La paix, et
toujours la paix. Quel est le « passeport des filles de Jesus
Christ. »
Annecy, 24 janvier 1622.
Que vous puis je dire en cette occasion, ma tres chere Fille, sinon qu'entre les consolations
que j'attens bien grandes de revoir nostre bonne Mere, celle de l'ouyr parler de vostre cœur en est
une ? Mais je ne veux pas dire, pourtant, que je veuille attendre son retour pour en apprendre des
nouvelles, de ce cher cœur. Dites moy donq, ma tous-jours plus chere Fille, que fait il ? car
maintenant il sçait la resolution qui a esté prise par ces six ou sept grans serviteurs de Dieu qui
s'assemblerent pour son sujet798.
Or sus, il faut donq attendre le mot de Rome, et ce pendant demeurer en paix ; et quand le
mot sera venu, demeurer en paix ; et quoy qu'il die, demeurer en paix, et tous-jours demeurer en
paix de tout nostre pouvoir. Le passeport des filles de Jesus Christ, c'est la paix ; la joye des filles
de Nostre Dame, c'est la paix.
Il est vray, ma tres chere Fille, que vous n'aves point de cœur qui soit ni plus ni certes tant
vostre que le mien. Dieu soit beni ! Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 24 janvier 1622. [263]
_____
MDCCCXCI. A la Sœur de Blonay, Assistante-Commise de la
Visitation de Lyon. Quelques tracasseries de la part de
l'Archevêque de Lyon. Nécessité de maintenir l'uniformité
dans tous les Monastères de la Visitation. A quoi il est utile
d'employer sa vie lorsqu'elle doit être courte. Des âmes qui
n'eussent pas été bonnes pour le mystère de la Purification.
Ne chercher que Dieu.
Annecy, 2 février 1622 799.
Je ne puis penser, ma tres chere Fille, que Monseigneur l'Archevesque800 apporte aucun
surcroist de loix a vostre Mayson, puisqu'il a veu que celles qu'on a prattiquees sont, graces a Dieu,
bien receuës. Que s'il luy playsoit de faire quelque notable changement, il le faudroit supplier qu'il
luy pleust de rendre ses ordonnances compatibles a la sainte correspondance que ces Maysons
798 Voir ci-dessus, Lettre MDCCCLXXXV, p. 249.
799 Le quantième est marqué par l'allusion au mystère de la Purification ; le millésime, par la mention de la Visitation
de Valence, fondée en juin 1621.
800 Denis-Simon de Marquemont (voir tome XVII, note (94), p. 16).
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doivent avoir toutes ensemble en la forme de vivre ; a quoy ces messieurs que vous sçaves801 vous
assisteront de leurs remonstrances et intercessions, car a la verité, ce seroit chose, a mon advis, de
mauvaise edification de separer et disjoindre l'esprit que Dieu a voulu estre un en toutes ces
Maysons. Mais j'espere en Nostre Seigneur qu'il vous donnera la bouche et la sagesse convenables
en cette occasion, pour respondre saintement, humblement et doucement. Vives toute en cette
sacree confiance, ma tres chere Fille.
J'escrivis l'autre jour a nos Seurs de Valence. Et la chere petite, douce fondatrice802 est bien
heureuse d'avoir [264] a souffrir quelque chose pour Nostre Seigneur, qui, ayant fondé l'Eglise
militante et triomphante sur la croix, favorise tous-jours ceux qui endurent la croix ; et puisque
cette petite creature doit demeurer peu en ce monde, il est bon que son loysir soit employé a la
souffrance.
J'admire ces bonnes Seurs qui s'affectionnent si fort a leurs charges : quelle pitié, ma tres
chere Fille ! Qui n'affectionne que le Maistre, le sert gayement et presque egalement en toutes
charges. Je pense que ces filles ainsy faites n'eussent pas esté bonnes pour celebrer le mystere du
jourd'huy, car si Nostre Dame leur eust donné Nostre Seigneur entre leurs bras, jamais elles ne
l'eussent voulu rendre ; mais saint Simeon tesmoigne bien que, selon son nom, il avoit la parfaite
obeissance803, recevant cette douce charge si doucement et la rendant si joyeusement.
J'admire bien encor cette autre Seur qui ne se peut plaire ou elle est. Ceux qui ont la santé
forte ne sont point sujetz a l'air ; mais il y en a qui ne peuvent subsister qu'en changeant de climat.
Quand sera ce que nous ne chercherons que Dieu ? O que nous serons heureux quand nous serons
arrivés a ce point la, car par tout nous aurons ce que nous chercherons, et chercherons par tout ce
que nous aurons.
Dieu vous face de plus en plus prosperer en son pur amour, ma tres chere Fille, avec toutes
nos cheres Seurs que je salue.
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS E. de Geneve.
_____
MDCCCXCII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée804.
Inconvénient du retard des dépêches relatives à la cure de
Rumilly. Triste état des bâtiments de la Sainte-Maison de
Thonon.
Annecy, 3 février 1622.
Monseigneur,
Je suys tous-jours attendant les despeches necessaires pour remettre l'eglise de Rumilly
entre les mains des Peres de l'Oratoire805, bien en peyne dequoy je n'ay plus que seze jours de
loysir pour disposer de la cure vacante, apres quoy elle vaquera en Cour de Rome, sans que j'y
puysse plus mettre la main806 ; et c'est sans doute qu'il ne manquera pas d'impetrans, qu'il sera par
apres malaysé de ranger au salutaire dessein de Vostre Altesse.
801 Sans doute le Père spirituel du Monastère, Antoine Rigoullet, abbé de Mauzac, le confesseur, Etienne Brun (voir
le tome précédent, note (662), p. 199), et les Pères Jésuites, si dévoués à la Communauté de Lyon.
802 Sœur Claude-Cécile Meyssonnier (voir ci-dessus, notes (291), p. 91, et (578), p. 189).
803 Cf. tom. VIII huj. Edit., p. 178.
804 Bien que Datta adresse cette lettre au duc de Savoie, nous n'hésitons pas à donner pour destinataire le prince de
Piémont, recours ordinaire du saint Evêque pour les questions traitées ici.
805 Voir ci-dessus, p. 199.
806 Cf. ibid., Lettre MDCCCLVII, p. 202.
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Que si Elle me permet de joindre a cette remonstrance un mot pour la Mayson de Thonon,
je luy diray qu'elle n'a pas moins besoin de la venue des mesmes Peres de l'Oratoire que l'eglise de
Rumilly, par ce que, sans cela, tout ce qui regarde l'eglise de Nostre Dame et les bastimens qui en
dependent s'en va ruiné, ainsy que messieurs les deputés de la Chambre ont reconneu et ont
tesmoigné a Vostre Altesse807, la providence et pieté delaquelle je reclame en toute humilité, qui
suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
3 febvrier 1622, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [266]
_____
MDCCCXCIII. A la Comtesse de Dalet808. Sages limites d'un
désir. Comment Dieu emploiera « une tentation de l'ennemy,
» et quand il en délivrera. Les pensées d'amour-propre ne
peuvent nuire à une âme qui considère souvent son néant.
Promesse de prières.
Annecy, 8 février 1622.
Madame,
Je respons a nostre chere Seur Superieure de Montferrant809 sur ce que vous me proposes
par vostre lettre, bien marri que, pour ce qui regarde sa personne, je ne puis pas seconder le desir
de madame de Chazeron810 ; car, quant au vostre, Madame, je sçai bien les limites dans lesquelles
vous le contenes affin que le service de Dieu soit en toutes occasions purement prattiqué : c'est
pourquoy je ne vous fay point d'excuse.
Quant a la crainte de la mort et de l'enfer qui afflige vostre chere ame, c'est veritablement
une tentation de l'ennemy, mais que l'Amy bienaymé de vostre cœur employera par sa bonté a
vostre progres en la pureté et humilité. Et quand, par une entiere sousmission et resignation a sa
providence, vous vous despouilleres du soin du succes de vostre vie, mesme eternelle, es mains de
sa douceur et de son bon playsir, il vous delivrera de cette peyne, ou vous donnera tant de force
pour la supporter que vous aures sujet d'en benir la souffrance.
Ma tres chere Fille, les suggestions de vantance, ouy mesme d'arrogance et outrecuydance,
ne peuvent nuire a une ame qui ne les ayme pas, qui tous les jours dit souvent a son Dieu, avec le
Roy David811 : Seigneur, je suis fait comme un néant devant vous, et je suis tous-jours [267] avec
vous. Comme s'il eust voulu dire : Je vous regarde, o souveraine Bonté, comme l'Estre infini, et
me regarde comme un neant devant vous ; et bien que vous soyes tel et moy telle, je demeure tous-
jours pleyne de confiance avec vous. Mon neant espere en vostre douce infinité avec d'autant plus
807 Georges de Lescheraine et François Bertieravaient, l'année précédente, visité la Sainte-Maison de la part de Son
Altesse. (Voir ibid., Lettres MDCCCIV, MDCCCXXV.)
808 Le premier alinéa ne laisse point de doute pour la destinataire, mais on peut se demander si cette lettre représente
un texte unique.
809 La Mère Marie-Jacqueline Favre.
810 Marie-Gabrielle de la Guiche, baronne de Chazeron (voir ci-dessus, notes (716), p. 238, et (717), p. 239).
811 Ps. LXXII, 22, 23.
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d'asseurance que vous estes infini ; j'espere en vous, en comparayson duquel je suis un vray neant.
Ma chere Fille, demeures en paix dedans vostre amertume812. Vous sçaves bien en la pointe
de vostre esprit que Dieu est trop bon pour rejetter une ame qui ne veut point estre hypocrite,
quelles tentations et suggestions qui luy arrivent. Or sus, je recommanderay vostre necessité a ce
grand Dieu d'affluence et d'abondance, et ce pendant, souspires souvent devant luy doucement vos
intentions : Je suis vostre, o Seigneur, sauvés moy813. Il le fera, ma tres chere Fille. Et qu'a jamais
son saint Nom soit beni.
Je suis sans reserve, Madame,
Vostre tres humble et tres fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 8 febvrier 1622, Annessi.
_____
MDCCCXCIV. A Madame de la Fléchère. Encore la cure de
Rumilly et les Pères de l'Oratoire.
Annecy, 13 février 1622.
J'ay fait ce mot par scrupule, ma tres chere Fille, car il me sembloit que je ferois mal si je
ne vous escrivois ce mot pour saluer vostre cœur de la part du mien, puisque j'envoyay expres a
M. Billet814.
J'attens demain ou passé demain des nouvelles de M. de Saunaz, et au cas qu'il ne vienne
pas, je prie M. Billet [268] de venir prendre la cure, pour la garder jusques a ce que le Pape ou
moy en disposions autrement815. Au reste, Monseigneur le Prince veut en toute façon que nos Peres
de l'Oratoire viennent, et on m'asseure que pour avoir les expeditions des secretaires de Son Altesse
il n'y va point d'argent, mais ouy bien la patience, que j'ay jusques a present.
Nostre Seur Jeanne Bonaventure816 se porte bien. Je suis cordialement tout vostre. Dieu
vous comble de benedictions. Amen.
13 febvrier 1622.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
812 Is., XXXVIII, 17.
813 Ps. CXVIII, 94.
814 François Billet, Oratorien. Il semble, d'après ces lignes, qu'un autre billet plus intime devait être joint à celui-ci,
ou bien que la première partie de la présente lettre nous manque.
815 Le jour même où expirait le pouvoir de l'Evèque de Genève de nommer à la cure de Rumilly, 19 février, il donna
provisoirement ce bénéfice à Louis de Gerbais de Sonnaz (voir le tome précédent, note (1140), p. 358) ; mais l'on a
dit déjà (note (485), p. 158) que ce fut le P. Billet qui l'administra. En 1623, les choses n'ayant pu s'arranger selon le
vœu de François de Sales, Pierre de Montfalcon (tome XVII, note (215), p. 51) fut institué curé de Rumilly.
816 Jeanne-Bonaventure de la Forest, sœur de Mme de la Fléchère et Religieuse de Bons (voir tome XIV, note (600), p.
204), était alors à la Visitation d'Annecy.
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MDCCCXCV. A Madame de Travernay817. Souhaits pour une
heureuse naissance. Papiers égarés par inadvertance. Une
cédule que M. Rolland cherchera.
Annecy, 17 février 1622.
Madame ma tres chere Fille, J'ay loué Dieu de vostre santé et du contentement que madame
la Comtesse de Saint Maurice818 vous a donné [269] et a tous ceux qui l'honnorent, par sa grossesse
; et si mes vœux sont exaucés, il reuscira a la parfaite jouissance du fruit que vous en desires819.
Quant aux papiers que vous avés desirés de mes freres pour les affaires qu'ilz ont eü avec
feu monsieur de Treverney820, puisque ilz ne les treuvent pas, il vous plaira d'en faire dresser telle
declaration pour l'aquit que vostre conseil jugera convenable, et ilz la passeront ; vous suppliant
de croire que l'egarement a esté fait sans dol ni dessein, par seule inadvertence. Et pour la cedule
des interestz remise a M. Rollant, quand il sera revenu de Paris ou il est allé prendre Mme de Chantal
pour l'accompagner a son retour821, je les (sic) luy feray chercher.
Et en tout je m'essayeray de vous tesmoigner que c'est de toute mon affection que je suis a
jamais, Madame,
Vostre tres humble et tres fidele
compere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVII febvrier 1622, Annessi.
822 Je salue cherement madamoyselle ma tres chere filleule823 et madamoyselle de Mont
Saint Jean824.
A Madame
Madame de Treverney.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Sorésine (Italie). [270]
_____
817 Péronne de Montfalcon, veuve de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay. (Voir tome XIV, note (955), p.
332.)
818 Fille aînée de la destinataire, Claudine-Adrienne de Mouxy, née le 21 janvier 1600, avait épousé en 1619 Claude-
Jérôme de Chabod, comte de Saint-Maurice (voir note (284), p. 86). Ils testent ensemble le 2 octobre 1643.
819 L'enfant attendu, Françoise, fut baptisée le 4 juin 1622. Elle épousa (10 février 1643) le marquis Victor-Amé
Pallavicini de Ceva, capitaine des arquebusiers de la garde, chevalier de l'Annonciade.
820 Voir tome XIV, note (957), p. 333.
821 Parti vers la fin de janvier, il fut de retour en Savoie le 22 avril. (Voir ci-dessus, note (745), p. 247, et ci-après, pp.
290, 292.)
822 Ce post-scriptum est inédit.
823 Anne-Françoise de Mouxy (voir tome XV, note (945), p. 332).
824 Sans doute Anne-Françoise, fille de Jean-Claude de Clermont-Mont-Saint-Jean (voir le tome précédent, note
(1173), p. 373) et d'Anne de Montfalcon, sœur de Mme de Travernay (tome XIV, note (958), p. 334). A dix-sept ans,
le 24 août 1625, elle prit l'habit de la Visitation au Monastère d'Annecy, et fit profession le 6 septembre de l'année
suivante. Sainte Jeanne de Chantal lui trouvait « le cœur, l'esprit et le jugement parfaitement bien faits. » (Lettres, vol.
IV, 1879, p. 86.) Elle l'aima très spécialement, la choisit pour sa secrétaire de confiance, et la pleura maternellement
quand, le 25 juillet 1636, Sœur Anne-Françoise quitta ce monde en l'absence d'Annecy de sa bonne Mère. (Voir sa
biographie dans l'Année Sainte, tome VII, p. 602.)
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MDCCCXCVI. A Madame de Picaraysin825 (Billet inédit).
Commission faite et avis donné.
Annecy, 18 février 1622.
Madame,
J'ay dit a monsieur le Curé de Chaumont826 ce qui se peut faire en l'affaire qu'il m'a proposee
de vostre part ; et vous saluant tres affectionnement, je demeure,
Madame,
Vostre tres humble parent et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
18 febvrier 1622.
A Madamoyselle
Madamoyselle de Picaresin.
A Chaulmont.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin. [271]
_____
MDCCCXCVII. A Madame de la Fléchère. Les contradictions
au service de Dieu. Ce qui restera aux contradicteurs.
Obéissance et dévouement du P. de Sonnaz. Le Saint va
travailler de nouveau à l'établissement des Oratoriens à Rumilly.
Annecy, 19 février 1622 827.
Ce porteur vous dira, ma tres chere Fille, a quoy nous en sommes pour les affaires de vostre
eglise. Quel moyen que le service de Dieu, qui a des le commencement esté exposé aux
contradictions, cesse de l'estre en un si miserable siecle ? Mays je ne doute point que les opposans
ne demeurent vains en leurs poursuites, sans autre satisfaction que d'avoir joué leur rollet et
contenté leur humeur contantieuse. Cependant, demeurons tous-jours en Dieu et vivons pour luy
seulement, ma tres chere Fille.
Le bon Pere de Saunaz, qui est venu comme une brebis par obeissance, s'en reva comme
un aigneau par obeissance, prest a revenir pour sacrifier a la gloire de Dieu sa vie, sa (sic) prieuré
et sa cure pour le bien de Rumilly et de tout ce païs. Je croy que les gens d'honneur luy en sçauront
gré. Et moy je vay, avec nouveau courage, solliciter les expeditions requises a cett'affaire828, la
douceur et suavité des Peres de l'Oratoire m'excitant a cela, comme prævoyant que leur venue sera
825 Jeanne-Françoise, fille de noble Gabriel d'Arlod, seigneur de Picaraysin et Lobla, et femme de noble Etienne du
Mollard, de Billiat, vendit le tiers de la terre de Picaraysin dont elle était héritière, à Charles-Emmanuel Perrucard de
Ballon, le 15 juin 1623.
826 Le curé de Chaumont, depuis le 26 août 1610, était Jacques Viret, ordonné prêtre le 5 juin de cette même année. Il
permute avec le curé d'Usinens le 6 juillet 1622, devient sacristain du prieuré de Rumilly le 19 mars 1625, curé
d'Ansigny le 22 janvier 1631, et meurt en octobre 1640. (R. E.)
827 Il est aisé de suppléer au millésime que ne porte pas l'Autographe. Le « Pere » de Sonnaz avait achevé son noviciat
à l'Oratoire aux fêtes de Noël 1621, et c'est le 19 février 1622 qu'il fut nommé curé de Rumilly. (Cf. ci-dessus, note
(815), p. 269.)
828 Cf. ibid., Lettre MDCCCXCII, et ci-après, Lettre MCMVIII.
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20.7 Page 197

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tout a fait salutaire a ce peuple.
Je suis, ma tres chere Fille,
19 febvrier.
Tout vostre en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lyon-Fourvière. [272]
_____
MDCCCXCVIII. A Madame de Charmoisy829. Ce qui rend une
longue lettre inutile. Avertissement paternel d'épargner
davantage sa santé, et un peu moins « les moyens. »
Annecy, 28 février 1622.
J'avoys pensé de vous escrire un'asses longue lettre, en response de celle que j'ay receüe de
vous ; mays puisque, comme monsieur le Baron de Vallon830 m'a dit, on a mis remede a tout ce
que vous craignies, il ne me reste a vous dire sinon que tous-jours je feray tout ce que je pourray
pour le bien de ce cher filz831 et le contentement de ma tres chere fille, sa mere, laquelle pourtant
il faut que j'advertisse d'avoir soin de sa santé : car on me dit, certes de tres bon lieu et de tres bon
cœur, que vous ne prenes pas asses de soulagement pour la conserver et que vous n'espargnes pas
autant quil est necessaire vostre force et complexion, et, plus quil ne faudroit, les moyens. Mays
ce qui est l'importance, c'est qu'on me dit qu'on n'ose pas vous le dire. Et moy, je suis tres bien
resolut (sic) de vous le dire, et d'autres choses et tout, puisque vous estes ma cousine et fille tres
chere, et que je suis
Vostre tres humble et invariable cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVIII febvrier 1622.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Favier, Supérieur du Petit-Séminaire de Saint-
Jean de Maurienne.
_____
829 Une simple lecture de ces lignes suffit à convaincre que Mme de Charmoisy en est la destinataire.
830 Le beau-frère de Mme de Charmoisy, Jacques de Gex, seigneur de Vallon. (Voir tomes XII, note (582), p. 260, et
XVI, note (327), p. 99.)
831 Henri de Charmoisy (voir le tome précédent, note (332), p. 83).
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20.8 Page 198

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MDCCCXCXIX. A Madame Angélique Arnauld, Abbesse de
Port-Royal, a Maubuisson (Inédite). Les nouvelles que le Saint
attend. Pourquoi il a « bien envie de revoir » la Mère de
Chantal. Salutations affectueuses à Mme Arnauld et à ses
enfants.
Annecy, [fin février] 1622 832.
O ma tres chere Fille, ce ne seront plus meshuy des lettres entieres, ains seulement des
billetz, jusques a ce que vous me donnies des nouvelles selon mon cœur. Certes, c'est bien tous-
jours le desir de mon cœur que vous m'escrivies franchement selon le vostre ; mays les nouvelles
du vostre seront selon [le] mien quand vous m'advertires ou que vostre affaire est passee a Rome,
si Dieu le veut ainsy, ou que si elle ne peut passer a Rome vous demeures accoysee, employant au
soulagement de vos desirs les permissions que vous aves et les autres remedes qu'en ce cas-la je
vous diray, Dieu aydant, selon quil plaira a la Providence souveraine de sa divine Majesté de me
suggerer et de vous inspirer. Il m'est advis, ma tres chere Fille, que mon esprit parlera au vostre
d'un nouvel air quand je sçauray que la determination de vostre affaire sera tout a fait prise. Or
sus, cependant humilies vous sous la main de Jesuschrist qui vous a tiree par sa misericorde a soy.
J'ay bien envie de revoir nostre bonne Mere, pour plusieurs bonnes raysons, mays
entr'autres, affin d'apprendre des nouvelles bien particulieres de vostre cœur, qu'elle m'apportera
pliees dedans le sien. Cependant, je [274] salue tres humblement vostre bon Ange, ma tres chere
Fille, et le supplie de vous bien proteger sous la faveur de l'amour celeste.
Je salue madamoyselle vostre chere mere833, que j'ay tous-jours cheri filialement des que
je l'ay conneue ; nostre tres chere seur Le Maistre834, que je prie Dieu vouloir establir en l'amour
du martire que son soin luy peut et doit donner ; madame la Coadjutrice de Port Royal835, que Dieu
veuille rendre sainte par la tressainte et courageuse humilité, et toutes nos autres Seurs qui sont
tous-jours au milieu de mon ame, notamment nostre Seur Anne, et nostre Seur Marie, et nostre
petite seur Magdeleine, et nostre frere Simon836.
Un petit mot ama Seur Marie Angelique de Thou837 et a toutes les autres ; M. Manceau838
et le bon Pere Jean839 y auront leur part. Helas ! je prieray bien pour la pauvre Seur Isabelle840.
A Madame
[Madam]e l'Abbesse de Port Royal.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Welhen, aumônier de l'Orphelinat de Bellevue
(Seine-et-Oise). [275]
832 L'Autographe ne porte pas de date ; peut-être a-t-elle été coupée avec une très petite bande de la marge d'en bas.
Ce qu'il y a de certain, c'est que cette lettre est postérieure à celle du 24 janvier 1622 ; de plus, l'allusion au retour de
la Mère de Chantal semble indiquer la fin de février, époque où la Sainte quitta Paris. On ne pouvait prévoir alors que
son séjour à Dijon se prolongerait plusieurs mois.
833 Mme Arnauld, née Catherine Marion (voir le tome précédent, note (146), p. 28).
834 Catherine Arnauld, dame Le Maistre (ibid., note (142), p. 27).
835 La Mère Catherine-Agnès de Saint-Paul Arnauld (ibid., note (126), p. 22).
836 Tous frère et sœurs de la Mère Angélique ; les deux premières, Religieuses de Port-Royal sous les noms d'Anne-
Eugénie de l'Incarnation et de Marie de Sainte-Claire (voir le tome précédent, notes (86), p. 9, et (85), p. 8). Pour
Madeleine et Simon, voir au même volume les notes (456), (457), p. 127.
837 Voir ibid., note (355), p. 95.
838 Julien Manceau, confesseur de l'abbaye de Port-Royal. (Ibid., note (459), p. 127.)
839 Les recherches pour identifier ce Religieux n'ont pas abouti.
840 Probablement Isabelle-Agnès de Châteauneuf (voir le tome précédent, note (450), p. 125).
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MCM. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de
Grenoble841. Ou peut recevoir une prétendante malgré une
promesse de mariage. Décision du Concile de Trente. Les
privilèges des fondatrices de Monastères devant Dieu et devant
les hommes. — Exemple de la Sœur Lhuillier. — Raisons pour
François dé Sales de s'intéresser spécialement à Mlle de Pressins.
Annecy, 2 mars 1622.
Il ny a nulle difficulté qu'on ne puisse, ains qu'on ne doive recevoir madamoyselle de
Pressin842, ma tres chere Fille, si son esprit est appellé, ainsy que vous me dites ; car encor bien
qu'ell'eut fait promesse de mariage, et de plus encor, bien qu'ell'eut contracté et celebré le mariage
en la face de la tressainte Eglise, pourveu qu'elle ne l'eut pas consommé, il est constant entre les
docteurs tant des loix que de la theologie, qu'elle ne laisseroit pas de pouvoir entrer en Religion,
et que par sa Profession elle rendroit le contract annullé et de nul effect. Combien plus donq se
peut elle vouer a Dieu, le mariage qui semble mettre en difficulté sa devotion estant nul de tant de
nullités comm'il l'est, devant Dieu et les hommes. Il se [276] faut arrester en cette affaire a la
determination de l'Eglise, declaree par le Concile de Trente en ces motz843 : « Si quelqu'un dit que
le mariage fait, appreuvé et confirmé, mais non pas consommé, n'est pas dirimé et annullé par la
solemnelle profession de Religion, qu'il soit anatheme. » De sorte, ma tres chere Fille, qu'en cela
il ny a seulement pas aucune apparence de doute ; et je vous ay ainsy marqué le Concile de Trente,
affin que si vous voules conferer de cett'affaire avec quelqu'un, il n'ayt pas occasion de faire
difficulté.
Quant au second point que vous demandes, si cette damoyselle pourra tenir lieu de
fondatrice, je dis qu'oùy, s'il est treuvé a propos par ceux qui vous conduisent, car les bienfacteurs
notables peuvent tenir ce rang la844. Mays quel privilege ont les fondatrices ? Devant Dieu, les
privilèges sont grans, car elles participent en une façon particuliere a touts les biens qui se font au
monastere. C'est un œuvre de charité presque le plus excellent qu'on puisse faire, bien plus grand
sans comparayson que de bastir un hospital, recevoir les pelerins, nourrir les orphelins. Mays
devant les hommes, il ny a point de privilege que celuy d'estre supportee et assistee et honnoree
au monastere, dans lequel les fondatrices seculieres obtiennent ordinairement l'entree plusieurs
foys l'annee, et apres la mort des services particuliers. Or cette fille icy voulant estre Religieuse,
establira quant a elle son privilege, je m'asseure, a mieux obeir, si elle peut, que les autres, et a
faire le plus de progres qu'elle pourra en l'humilité, pureté de cœur, modestie et obeissance845.
La bonne Seur Helene Angelique Lhuillier, de Paris, qui fit profession le 12 de febvrier
841 Le sujet traité, les personnes mentionnées ne laissent aucun doute sur l'adresse de cette lettre qui manque à
l'Autographe.
842 Dernière de la branche aînée des Fléard, à laquelle appartenait le titre de marquis de Pressins, Françoise-Virginie
était fille de François Fléard et de Charlotte Alleman. En 1622, elle fut amenée au monastère de la Visitation de
Grenoble par sa grand'mère maternelle, Virginie Bru ; la famille espérait ainsi la détourner d'une forte inclination pour
un gentilhomme qui la recherchait en mariage. La jeune fille essaya de feindre d'abord, mais son cœur n'était pas
changé. De son côté, le seigneur dont on avait voulu l'éloigner ne renonçait point à ses prétentions ; il trouva même le
secret de pénétrer sous un déguisement de manœuvre dans la partie du couvent encore en construction. La Mère de
Chastel rendit aussitôt Mlle de Pressins à son aïeule, sans crainte de désobliger cette dame qui était une bienfaitrice du
Monastère. Françoise-Virginie épousa plus tard Jacques de Clermont, qui fut connétable et grand-maître héréditaire
de Dauphiné. Elle vivait encore le 13 mars 1677. (D'après Guy Allard, Dictionnaire du Dauphiné, tome II ; Rivoire
de la Batie, Armorial du Dauphiné, et Hist. de la Fondation de la Visitation de Grenoble.)
843 Sess. XXIV, de Sacramento matrimonii, canon VI.
844 Tout ce qui précède est inédit, ainsi que les six dernières lignes de cette page et les lignes 1, 4-7, 12-19 de la
suivante. Pour le reste de notre texte, voir tome XVIII, note (900), p. 266.
845 Cf. Coustumier, art. III, Des Fondateurs et Fondatrices.
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passé, ayant donné quinze mille escus, et ses parens desirans que, comme fondatrice, ell'eut
quelques privileges, au jour de son vestement protesta que, puisque elle renonçoit a la mayson de
ses parens, elle renonçoit aussi a tous les privileges [277] qu'ilz luy avoyent voulu reserver, puisque
le privilege des vrayes Religieuses estoyt d'abonder en l'amour du cæleste Espoux.
Au reste, j'honnorois grandement feu monsieur de Pressin846, et je suis obligé d'honnorer
sa famille et sa posterité. Cette fille est cousine remuee de germain de ma belleseur de Thorens847.
C'est pourquoy, dautant plus je me res-joüys qu'elle face une si bonne election et que, quittant les
amours peu aymables des hommes, elle se consacre a l'amour tres aymable de son Dieu, vray
Espoux des ames genereuses.
A tant, je salue tres cordialement vostre ame, ma tres chere Fille, et par vostre entremise
celles de nos Seurs, et celle de monsieur dAouste848 tres cherement, et celle encor de cette chere
prætendente que je prie Dieu de vouloir benir eternellement.
Vostre tres humble en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le second mars 1622.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise Ménabréa, à Chambéry. [278]
_____
MCMI. A Dom Pierre de Saint-Bernard de Flottes, Feuillant849
(Inédite). Un prédicateur qu'il ne faut pas « divertir » et qu'on
salue sans vouloir de retour. Image très gracieusement
offerte.
Annecy, 4 mars850 1622.
Mon Reverend Pere,
Je n'ay garde de vous divertir par mes lettres de vostre sainte et fructueuse occupation
quadragesimale, du bon succes de laquelle on nous dit icy des merveilles. Dieu soit loué !
Nostre Pere Dom Eustache de Saint Paul851 me dit expres en sa lettre, que je vous addresse
celle qu'il desire de moy, et je l'ay fait tout a fait tres volontier, puisque ainsy j'ay un juste sujet de
vous saluer, protestant que je ne pretens pas le reciproque de vostre part tandis que vous estes en
exercice de ceux auxquelz il fut dit : 852 Neminem per viam salutaveritis853.
Nostre monsieur l'Abbé d'Abondance854 m'a dit que vous auries aggreable l'image ci jointe,
si je vous l'envoyois ; et la voyla donq a cette intention, consolé que vous ayes un petit memorial
de mon affection parmi vos outilz de devotion. Et en cor me semble il que c'est a propos que je
846 François, seigneur de Pressins (voir ci-dessus, note (842), p. 276), était fils de Gaspard Fléard et de Virginie Bru.
847 La seconde femme de Louis de Sales, Madeleine Roero de Bressieu (voir tome XVI, note (118), p. 27), était petite-
fille, par sa mère, de Madeleine Fléard, cousine-germaine de François, nommé dans la note précédente.
848 Artus de Lionne (voir tome XVIII, note (827), p. 240).
849 Voir tome XV, note (660), p. 227.
850 L'ancienne copie que nous reproduisons porte 4 février. Il y a évidemment erreur. L'Evangile de la Samaritaine
auquel le Saint fait allusion, se lit le vendredi de la troisième semaine de Carême ; or, en 1622, ce vendredi tombait le
4 mars.
851 Eustache de Saint-Paul Asseline (voir tome XV, note (338), p. 116).
852 Vous ne saluerez personne en chemin.
853 Luc., X, 4.
854 Vespasien Aiazza (voir tome XIII, note (165), p. 48).
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vous la destine aujourd'huy, jour de la Samaritaine855, a la conversion de laquelle la bienheureuse
[279] vierge Therese fut si devote, et a son cher mot salutaire : 856 Domine, da mihi hanc aquam857.
Mais si je ne retiens l'ayse que je sens de vous parler, je violeray sans doute le respect que
j'ay protesté de vouloir rendre a vostre sainte besoigne. Vives heureusement et longuement en
santé et en sainteté, mon Reverend Pere, et favorises tous-jours de vostre bienveuillance cordiale
Vostre tres humble et tres affectionné
Frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
4 1622, Annessi.
Revu sur une ancienne copie conservée au 1er Monastère de la Visitation de Paris.
_____
MCMII. A une prétendante de la Visitation858. Le séjour de la
montagne du Calvaire. Dépouillement nécessaire de ceux qui
l'habitent. La robe du festin. Laisser les appréhensions et
les craintes, et se confier en Dieu. Comment employer les
bonnes inclinations naturelles.
Annecy, 6 mars 1622.
Je ne vous vis jamais, que je sçache, ma tres chere Fille, sinon sur la montaigne de Calvaire,
ou resident les cœurs que l'Espoux celeste favorise de ses divines amours. O que vous estes
heureuse, ma tres chere Fille, si fidelement et amoureusement vous aves choisi cette demeure, pour
en icelle adorer Jesus crucifié en cette vie ! car ainsy [280] seres vous asseuree d'adorer en la vie
eternelle Jesus Christ glorifié.
Mais voyes vous, les habitans de cette colline doivent estre despouillés de toutes les
habitudes et affections mondaines, comme leur Roy le fut des robbes qu'il portoit quand il y
arriva859 ; lesquelles, bien qu'elles eussent esté saintes, avoyent esté profanees quand les bourreaux
les luy osterent dans la mayson de Pilate860. Gardés bien, ma chere Fille, d'entrer au festin de la
Croix, plus delicieux mille et mille fois que celuy des noces seculieres, sans avoir la robbe blanche,
candide et nette de toute autre intention que de plaire a l'Aigneau861.
O ma chere Fille, que l'eternité du Ciel est aymable et que les momens de la terre sont
miserables ! Aspirés continuellement a cette eternité, et mesprisés hardiment cette caducité et les
momens de cette mortalité.
Ne vous laisses point emporter aux apprehensions, ni des erreurs passees, ni des craintes
des difficultés futures en cette vie crucifiee de la Religion. Ne dites point : Comme pourray je
oublier le monde et les choses du monde ? car vostre Pere celeste sçait que vous aves besoin de
855 Voir note (850).
856 Seigneur, donnez-moi de cette eau.
857 Joan., IV, 15. (Cf. Tr. de l'Amour de Dieu, l. XII, chap. II.)
858 Sans les premières lignes, nous n'hésiterions pas à proposer Françoise-Virginie Fléard de Pressins pour destinataire
(voir ci-dessus, note (842), p. 276, et la lettre suivante). Mais, en vérité, cette jeune fille avait, jusqu'alors, logé ailleurs
que « sur la montaigne de Calvaire. » François de Sales, du reste, la connaissait peu ; pas assez, peut-être, pour se dire
son « tres humble frere. » Avouons toutefois qu'il y a quelques probabilités en faveur de la singulière prétendante de
Grenoble. (Cf. ci-après, p. 284.)
859 Cf. Matt., XXVII, 35.
860 Ibid., v. 28.
861 Cf. ibid., XXII, 11, 12 ; Apoc., XIX, 7, 8.
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cet oubli862, et il vous le donnera, pourveu que, comme une fille de confiance, vous vous jetties
entierement et fidelement entre ses bras.
Nostre Mere, vostre Superieure, m'escrit que vous aves de tres bonnes inclinations
naturelles. Ma chere Fille, ce sont des biens du maniement desquelz il vous faudra rendre compte
: ayes soin de les bien employer au service de Celuy qui vous les a donnés. Plantés sur ces
sauvageons les greffes de l'eternelle dilection que Dieu est prest de vous donner si, par une parfaitte
abnegation de vous mesme, vous vous disposes a les recevoir.
Tout le reste je l'ay dit a la Mere ; a vous je n'ay plus rien a dire, sinon que, puisque Dieu
le veut, je suis de tout mon cœur
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 6 mars 1622, Annessi. [281]
_____
MCMIII. A la Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de
Grenoble. L'imperfection du motif de la part de la créature
n'empêche pas la réalité de l'appel de Dieu. Vocations citées
dans l'Evangile et celles de quelques Saints. C'est la suite et
la persévérance qui témoignent de la bonté des dispositions.
Par quel moyen aider une âme que la nécessité et non l'attrait a
conduite au monastère. Avis prudent et sage pour des visites
au parloir. Laisser parler le monde comme il voudra de cette
vocation. La pensée du Fondateur sur une autre aspirante et
sur une Supérieure.
Annecy, [vers mi-mars] 1622 863.
……………………………………………………………………………………………………...
Or, quant a la vocation de madamoyselle de Pressin, je la tiens pour bonne, bien qu'elle soit
meslee de plusieurs imperfections du costé de son esprit, et qu'il seroit desirable qu'elle fut venue
a Dieu simplement et purement, pour le bien qu'il y a d'estre tout a fait a luy. Mais Dieu ne tire pas
avec esgalité de motifz tous ceux qu'il appelle a soy, ains il s'en treuve peu qui viennent tout a fait
a son service seulement pour estre siens et le servir864.
Entre les filles desquelles la conversion est illustre en l'Evangile, il ny eut que la
Magdeleine qui vint par amour et avec l'amour865 ; l'adultere y vint par confusion publique866,
comme la Samaritaine par confusion particuliere867 ; la Chananee vint pour estre soulagee en son
affliction temporelle868. Saint Paul premier hermite, aagé de quinze ans, se retira dans sa spelonque
862 Matt., VI, 32 ; Luc., XII, 30.
863 Dans l'édition de 1626 et dans la copie de M. Michel Favre, que nous reproduisons, ces pages faisaient suite à la
Lettre MCDXCIV qui figure au tome XVIII, p. 323 (voir ibid., note (1066), p. 326) ; mais il est évident qu'elles sont
de 1622 et postérieures à la lettre du 2 mars (voir ci-dessus, p. 276). Toutefois, elles ne peuvent en être très éloignées,
car on ne se fit pas longtemps illusion sur la vocation de Mlle de Pressins (note (842), ibid).
864 Vide tom. VI hujus Edit., Entretien XVII.
865 Luc., VII, 37-47.
866 Joan., VIII, 3.
867 Ibid., IV, 17-19, 29, 39.
868 Matt., XV, 22-28. (Cf. tom. X huj. Edit., Serm. XLVIII, pp. 81, 82.)
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21.3 Page 203

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pour eviter la persecution ; saint Ignace Loyole par la tribulation869, et cent autres.
Il ne faut pas vouloir que tous commencent par la [282] perfection : il importe peu comme
l'on commence, pourveu que l'on soit bien resolu de bien poursuivre et de bien finir. Certes, Lia
entra furtivement et contre la civilité dans le lict de Jacob destiné a Rachel ; mais elle s'y comporta
si bien, si chastement et si amoureusement, qu'elle eut la benediction d'estre la grand mere de
Nostre Seigneur870. Ceux qui furent contraintz d'entrer au festin nuptial de l'Evangile871 ne
laisserent pas de bien manger et de bien boire. Il faut regarder principalement les dispositions de
ceux qui viennent a la Religion, par la suite et perseverance ; car il y a des ames, lesquelles ny
entreroyent point si le monde leur faisoit bon visage, et que l'on void neanmoins estre bien
disposees a veritablement mespriser la vanité du siecle. Il est tout certain, ainsy que on raconte
l'histoire, que cette pauvre fille de laquelle nous parlons, n'avoit pas asses de generosité pour quitter
l'amour de celuy qui la recherchoit en mariage, si la contradiction de ses parens ne l'y eusse
contrainte ; mais il n'importe, pourveu qu'elle ayt asses d'entendement et de valeur pour connoistre
que la necessité, qui luy est imposee par ses parens, vaut mieux cent mille fois que le libre usage
de sa volonté et de sa fantasie, et qu'en fin elle puisse bien dire : Je perdois ma liberté si je n'eusse
perdu ma liberté.
Or, ma tres chere Fille, le moyen d'ayder cet esprit pour luy faire connoistre son bonheur,
c'est de la conduire le plus doucement que l'on pourra aux exercices de l'orayson et des vertus, de
luy tesmoigner un grand amour de vostre part et de toutes nos Seurs, sans faire nul semblant de
l'imperfection du motif par lequel ell'est entree, de ne point luy parler avec mespris de la personne
qu'elle a aymé872. Que si elle en parle, il faut renvoyer [283] le propos a Dieu, comme seroit de luy
dire : Dieu le conduira par le chemin qu'il sçait estre plus convenable.
Vous me demandes si on pourra permettre l'entreveüe entre eux deux. Je dis qu'a mon
advis, il ne faut pas l'esconduire tout a fait, si ell'est grandement desiree ; mais pour le
commencement, il faut gauchir et biayser le refus. Puis, quand vous connoistres que la fille est
bien resolue au party bienheureux de l'amour de Dieu, vous pourres permettre deux ou trois
entreveües. pourveu quil permette la presence de deux ou trois tesmoins ; et si vous en estes l'un,
il faut avec dexterité les ayder a se dire adieu, et, en louant leurs intentions passees, leur donner le
change et dire qu'ilz sont bienheureux de s'estre arrestés au chemin dans lequel la rayson les a
conduitz873, et qu'une once du pur amour divin quilz se porteront l'un a l'autre des-ormais, vaut
mieux que cent mille livres de l'amour par lequel ilz avoyent commencé leurs affections. Et ainsy,
sans faire semblant de craindre par trop leurs entreveiies, il faut petit a petit les conduire de la voye
de l'amour en celle d'une sainte et pure dilection.
Il y a une bonne histoire a ce propos es Confessions de saint Augustin874, de deux
gentilzhommes qui avoyent espousé deux damoyselles, qui, apres avoir renoncé aux pretentions
des noces, se firent, a l'imitation les uns des autres, tous quatre Religieux.
Si cette fille a l'esprit conditionné comme l'on m'a dit de vostre part, je m'asseure que bien
tost elle se treuvera toute transformee, et qu'elle admirera la douceur avec laquelle Nostre Seigneur
l'attire en son lict nuptial, parmi tant de fleurs875 et de fruitz odorans tout a fait celestes.
Quant a ce que le monde dira de cette vocation, il n'y faut faire nulle sorte de reflexion, car
869 Cf. tom. VI, p. 316, var. (990).
870 Gen., XXIX, 23, seq.
871 Luc., XIV, 16, 23.
872 Lises Platus, De l'Estat religieux1 ch. 36, la response quil fait a ceux qui disent qu'ilz ne peuvent connoistre s'ilz
sont appelles de Dieu.
1 C'est au Livre III de l'ouvrage de Platus (Piatti), Du Bien de l'Estat religieux (voit tomes VI, note (991), p. 317, et
XII, note (850), p. 337), que se trouve le chapitre indiqué par saint François de Sales, et c'est probablement à la dernière
édition, revue et corrigée par le P. Michel Coyssard, S. J., et imprimée à Lyon, chez Rigaud, en 1620, que le Saint
renvoie sa correspondante. A la page 1042 d'un exemplaire de cette édition conservé à la Bibl. Nat., D 48364, on lit
en manchettes le titre suivant : Reigles pour cognoistre par discours de raison si nous sommes appelez en Religion.
873 Ici s'arrête la copie de M. Michel Favre (voir ci-dessus, note (863). p. 282) ; la suite de notre texte est donnée
d'après celui de 1626.
874 Lib. VIII, c. VI.
875 Cf. Cant., I, 15.
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21.4 Page 204

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ce n'est pas aussi pour luy qu'on l'accepte. Je fay response a cette ame selon mon sentiment876 ;
vous la mesnageres comme vous verres mieux a faire. [284]
877 Quant a madamoyselle N., je dis de mesme qu'il la faut laisser venir, bien que le choix
du lieu tesmoigne quelque imperfection de tendreté ou de motif meslé parmi sa vocation ; comme
reciproquement il y en peut avoir en l'aversion que nostre Seur Supérieure] de N. a, par adventure,
de la voir venir de deça. Mais gardes vous bien de luy dire cette mauvaise pensee qui me vient en
l'esprit ; car, au reste, c'est une bien brave Seur que j'ayme parfaitement, parce que, comme je
m'asseure, elle ne vit pas selon ses sentimens, ses aversions et inclinations, qui luy font desirer
l'esclat et la gloire de son Monastere, ains plustost selon l'esprit de la Croix de Nostre Seigneur,
qui luy fait perpetuellêment renoncer aux saillies de l'amour propre.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu en partie sur une copie faite par M. Michel Favre, conservée à la Visitation de Venise.
_____
MCMIV. Au Prince de Carignan, Thomas de Savoie. Chrétien
privilège accordé à la confrérie du Crucifix. Le Saint
intercède pour en faire bénéficier un galérien, père d'une
nombreuse famille.
Annecy, vers le 20 mars 1622 878.
Monseigneur,
Il a pleu a Son Altesse d'accorder a la Confrairie de la Sainte Croix, autrement ditte du
Crucifix, de Chamberi, la delivrance d'un criminel prisonnier, tel qu'elle [285] nommeroit chasque
annee, le Jeudi Saint, en reverence de la Mort et Passion de Nostre Seigneur879 ; et la pitoyable
876 Voir note (858) de la lettre précédente.
877 L'alinéa suivant est-il bien de la même lettre ? Ne pouvant désigner la demoiselle qu'il « faut laisser venir, » il est
impossible de répondre à cette question et de nommer la Supérieure mentionnée par le Fondateur.
878 La date du Jeudi-Saint (24 mars) permet de fixer approximativement celle de ces lignes. Elles ont dû être écrites
peu de jours avant, et non pas au duc de Savoie, mais au prince Thomas qui, en qualité de « lieutenant general deça
les monts pour S. A., » résidait le plus ordinairement à Chambéry.
Franchise, promptitude, bravoure militaire, tels furent les principaux traits du caractère de François-Thomas,
cinquième fils de Charles-Emmanuel, né le 21 décembre 1596. De bonne heure il prit l'épée ; il la laissa en 1619 pour
accompagner son frère Victor-Amédée à Paris (voir tome XVIII, note (1099), p. 336), et pour remplir, en 1620, une
mission à Venise et à Rome. Au mois de juin 1621, nous l'avons vu passer en Savoie pour régler sa lieutenance (voir
ci-dessus, note (175), p. 45) ; cette même année, la principauté de Carignan fut jointe à son apanage, et il en porta
désormais le nom. Son mariage avec Marie de Bourbon-Soissons, le 6 janvier 1625 (le contrat dotal fut signé le 10
octobre précédent ; voir tome XVIII, note (1301), p. 406), devait, semble-t-il, le rapprocher de la France ; la politique
de Richelieu l'en éloigna, et quelques années plus tard, le prince était en Flandre, au service du Roi Catholique. La
mort du duc Victor-Amédée, en 1637, excita son ambition ; s'unissant au cardinal Maurice, il voulut disputer la régence
à Christine, et ne craignit pas de faire appuyer ses prétentions par les armes espagnoles. Enfin, le 24 mai 1646, Thomas
de Savoie prêtait serment de fidélité à Charles-Emmanuel II, successeur de François-Hyacinthe, et se ralliait à la
couronne de France. On lui donna des espérances du côté du royaume de Naples où il eût pu jouer le rôle d'un
Guillaume d'Orange, mais ses efforts furent malheureux, et il revint à Paris qu'il ne devait plus quitter jusqu'en 1655.
Il retourne alors en Piémont, tombe malade devant Pavie et meurt le 22 janvier 1656. (D'après Carutti, Storia della
Reggenza di Cristina di Francia, Torino 1868-1869, passim.)
Le prince de Carignan vénérait l'Evêque de Genève comme un saint, et son estime pour la Mère de Chantal
n'était pas moindre. Il lui en donna des preuves publiques lors de la fondation de la Visitation de Chambéry.
879 Voir tome XI, note (165), p. 67. Charles-Emmanuel, non content d'accorder des priviléges aux Pénitents-Noirs
de la Sainte-Croix, avait voulu s'inscrire lui-même dans la Confrérie de Turin, le 20 juillet 1595. (Burnier, Hist. du
Sénat de Savoie, 1864, chap. VIII, p. 460.)
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21.5 Page 205

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famille d'un homme de ce mandement d'Annessi a obtenu que il fut nommé et demandé en grace
cette annee par laditte Confrairie pour estre liberé de la galere. Et par ce, Monseigneur, que
veritablement sa femme et ses enfans qui sont en grand nombre sont dignes de compassion, et
qu'en la grace du pere est en-close la grace des enfans, de la femme et de toute la famille, qui ne
peut vivre sans l'assistence actuelle de ce pauvre homme, je joins a la tres humble supplication que
la Confrairie fait a Vostre Altesse pour ce sujet, ma tres humble recommandation ; qui suys,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [286]
_____
MCMV. A un gentilhomme (Fragment). Promesse de
s'employer à la conclusion d'une affaire.
Annecy, [février-avril 1620-1622 880.]
Monsieur,
Avec cette commodité, je m'excuse, sil vous plait, dequoy ayant esté si souvent remis en
memoire de mettre une fin, sil se peut, en l'affaire que vous aves avec les Dames de Sainte
Catherine881 et le sieur Prieur de Rumilly882, je n'ay neanmoins encor rien terminé. C'est, Monsieur,
que partie mes distractions, partie celles des parties mesmes, m'ont apporté de l'empeschement
jusques a cett'heure. Mais, ce Caresme passé, le bon monsieur de Chavanes883, qui n'a point de part
en cette negligence, ains qui est extremement affectionné a vostre service, et moy, qui ayant la
coulpe de cette lenteur, suis toutefois tout dedié a vous servir et honnorer, ferons
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Montélimar. [287]
_____
880 L'écriture de cette lettre, laissée inachevée par le Saint, est celle des dernières années, et le texte indique qu'elle fut
écrite d'Annecy, pendant le Carême. Nous pouvons donc, à coup sûr, lui assigner la date de 1620-1622. En 1620,
Pâques tombait le 19 avril, et le 27 mars en 1622 ; la station quadragésimale des trois dernières années est donc
comprise entre les mois de février et d'avril.
881 Nous n'avons pu identifier le destinataire de ces lignes, et par suite, les éléments nous manquent pour connaître
l'affaire qu'il avait à régler avec les Cisterciennes de l'abbaye de Sainte-Catherine.
882 Bernard de Grailly, prieur de Sainte-Agathe de Rumilly. (Voir le tome précédent, note (1161), p. 370.)
883 Parmi les de Chavanes assez nombreux à cette époque, on peut proposer : François, seigneur de Corbonex (voir
tome XVI, note (832), p. 258), marié à Isabelle de Grailly ; Charles son neveu, seigneur de Reynex, qui s'était allié en
1613 avec Gasparde de Gerbais de Sonnaz ; noble et spectable Jacques, fils de Claude de Chavanes, condisciple du
Saint. Il était docteur ès-droits, conseiller du duc de Nemours et premier auditeur en sa Chambre des Comptes, et avait
épousé vers 1620 Polyxène de Coysia.
205/342

21.6 Page 206

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MCMVI. A la Mère de Blonay, Supérieure de la Visitation de
Lyon. Quand on veut fonder un Monastère, il faut vouloir se
conformer à l'esprit de l'Ordre qu'on appelle. L'excellence de
la vie intérieure à la Visitation. Planter des figuiers si l'on
veut des figues, et des oliviers si l'on veut des olives. Quelles
filles préfère le saint Fondateur. Retour à Lyon de deux
anciennes professes.
Annecy, 22 avril 1622 884.
Ma tres chere Fille, En peu de motz je vous dis que les ames qui sont si heureuses que de
vouloir employer les moyens que Dieu leur a donnés, a sa gloire, doivent se determiner aux
desseins qu'elles font, et se resoudre de les prattiquer conformement a cette fin. Si elles sont
inspirees de faire un couvent de Chartreux, il ne faut pas qu'elles veuillent qu'on y face les escholes
comme aux Jesuites ; si elles veulent faire un college de Jesuites, il ne faut pas qu'elles veuillent
qu'on y observe la solitude et le silence.
Si cette bonne dame, que vous ne me nommes point, veut faire un monastere de Religieuses
de la Visitation, il ne faut pas qu'elle les charge de grandes prieres vocales, ni de plusieurs exercices
exterieurs ; car ce n'est pas vouloir des Filles de la Visitation885. Il doit, a mon [288] advis, suffire
que tout l'interieur et tout l'exterieur des Filles de la Visitation est consacré a Dieu ; que ce sont
des hosties de sacrifice et des holocaustes vivans, et toutes leurs actions et resignations sont autant
de prieres et d'oraysons ; toutes leurs heures sont dediees a Dieu, ouy mesme celles du sommeil et
de la recreation, et sont des fruitz de la charité. Cela employé pour son ame, et la gloire qui revient
a Dieu de la retraitte de tant de filles estant dediee pour l'accroissement de la charité de ce cœur,
fait une somme presque infinie de richesses spirituelles. Voyla mon sentiment.
De charger les Monasteres de la Visitation des pratiques qui divertissent de la fin pour
laquelle Dieu les a disposés, je ne pense pas qu'il le faille faire. De vouloir tirer des olives d'un
figuier ou des figues d'un olivier, c'est chose hors de propos : qui veut avoir des figues, qu'il plante
des figuiers ; qui veut avoir des olives, qu'il plante des oliviers.
Ma tres chere Fille, vous estes tout a fait de mon humeur en la reception des filles. Je
prefere infiniment les douces et les humbles, quoy qu'elles soyent pauvres, aux riches moins
humbles et moins douces, quoy qu'elles soyent riches. Mais nous avons beau dire : Bienheureux
sont les pauvres886 ; la prudence humaine ne laissera pas de dire : Bienheureux sont les Monasteres,
les Chapitres, les maysons riches. Il faut en cela mesme cultiver la pauvreté que nous estimons :
que nous souffrions amoureusement qu'elle soit mesestimee.
Vous aves receu deux nouvelles, mais anciennes filles de vostre Mayson ; le retour est tous-
884 Les deux notes suivantes, en expliquant cette lettre, justifient complètement l'adresse et la correction que nous
faisons du millésime 1612 donné par la première édition. A cette date, du reste, il n'existait qu'un seul Monastère de
la Visitation, celui d'Annecy.
885 Il est presque certain que François de Sales parle ici des projets de fondation de Gabrielle de Guadagne, comtesse
de Miolans de Chevrières (voir ci-dessus, note (728), p. 241). Cette dame voulait établir une Maison de la Visitation
à Mâcon, et les pourparlers commencèrent au printemps de 1622. Ils se prolongèrent longtemps ; les conditions étaient
si onéreuses que, disait la Mère de Chantal, « quand nous serions les plus affamées du monde de faire des Monastères,
ce que nous ne sommes nullement, » il serait impossible d'accepter. (Lettres, vol. II, p. 270.) Et le 7 avril 1624, elle
ajoutait : « Je n'ai jamais ouï parler d'une telle fondation... J'appréhende les embarrassements et notre Bienheureux
Père les appréhendait encore plus. » (Ibid., p. 287.) Enfin, on rompit le projet, et la comtesse s'occupa d'établir les
Annonciades ; la Sainte s'en réjouit sincèrement : « Je suis aussi contente que Dieu soit glorifié par les bonnes dames
de l'Annonciade que par vous ; mais je désire bien que sa douce Bonté nous conserve l'amour cordial de Mme de
Chevrières que j'honorerai chèrement tant que je vivrai. » (lettre du 15 octobre 1624, ibid., p. 356.)
886 Matt., V, 3.
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jours plus aggreable aux meres que le despart des enfans887. [289]
Je suis de tout mon cœur, ma tres chere Fille, tres entierement
Vostre tres humble Pere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 22 avril ....
_____
MCMVII. A la Mère de Chantal, a Alonne888. Départ précipité
d'une petite colonie de Religieuses. Portrait de celles-ci.
Le document qu'elles emportent. Une dame que le Saint aime
particulièrement sans l'avoir jamais vue. Occupations
multipliées. Messages rapides. Vivre, travailler et se
réjouir en Dieu.
Annecy, 23 avril 1622.
L'inopinee venue de M. Roland889 nous presse de despescher nos cheres Seurs, qui ne
devoyent partir, selon nostre compte, que sur la fin de la semaine suivante. Et par ce que nous vous
envoyons ma Seur Paule Hieronime Favrot qui de jour a autre attendoit de faire la Profession, affin
de ne l'envoyer pas novice nous la recevons a Profession ce mattin ; et soudain la ferons partir avec
les autres troys, puisque il ny a pas lieu dans la carrosse pour plus de filles que pour 4 890. [290]
Vous connoisses des-ja ma Seur Marie Marguerite891, de laquelle partant je n'ay rien a vous
dire, sinon qu'elle s'en va tres joyeusement. Ma Seur Paule Hieronime est une tres bonne fille,
propre a tout, de bon esprit et de meilleur courage ; ell'a autant de proprietés que la sauge, selon le
887 Sœur Françoise-Jéronyme de Villette (voir tome XVII, note (578), p. 159) et Sœur Jeanne-Françoise Estienne
(tomes XVII, note (1195), p. 359, et XIX, note (193), p. 44) venaient de rentrer dans leur Maison de profession. C'est
sans doute Georges Rolland qui, poursuivant sa route vers Annecy après avoir laissé la Mère de Chantal à Moulins,
les accompagna jusqu'à Lyon.
888 Après avoir quitté Paris, le 21 février, la Mère de Chantal visita les Monastères de Bourges et de Nevers, et, dans
la seconde quinzaine d'avril, alla chez sa fille, Mme de Toulongeon, à Alonne, attendre les fondatrices du Monastère
de Dijon. (Cf. ci-dessus, note (752), p. 249.)
889 Voir ci-dessus, note (745), p. 247. Georges Rolland, envoyé par la Sainte, venait chercher les Sœurs destinées à
Dijon.
890 La Sœur Paule-Jéronyme Favrot, par suite d'affaires temporelles, attendait le bonheur de prononcer ses vœux depuis
le 17 octobre 1621, jour où s'achevait son année de probation. Elle était née à Pontarlier, de « Humbert Favrot et
d'Anne Letcout » (Livre du Noviciat du 1er Monastère d'Annecy) qui l'élevèrent dans les principes d'une foi solide et
d'une fervente piété. Le récit des vertus pratiquées par les premières Religieuses de la Visitation détermina sa vocation,
et elle vint à Annecy en compagnie de sa cousine-germaine, Marguerite-Scholastique Favrot (voir ci-dessus, note
(763), p. 251). Le 23 avril 1622. parée de sa couronne de nouvelle professe, elle sortit de ce monastère pour se rendre
à la fondation de Dijon ; deux ans après, de retour en Savoie, elle dirigeait le nombreux noviciat d'Annecy, à
l'applaudissement de la Mère de Chantal elle-même, qui l'emmena en Lorraine comme Supérieure de la Maison
naissante de Pont-à-Mousson, en 1626. A peine ses six ans de gouvernement terminés, la Mère Paule-Jéronyme dut,
sur l'ordre de Mgr de Gournay, prendre la conduite des Filles repenties de Nancy. Ce qu'elle y endura fut un prélude
des croix qui l'attendaient dans l'établissement de la Visitation de cette ville (24 décembre 1632). Il y avait quelques
mois qu'il était commencé, lorsque la guerre éclata, et huit années d'extrême pauvreté, d'indicibles souffrances en
furent la conséquence pour la petite Communauté. Le courage de la Mère et des Filles ne faiblit pas ; tout au contraire,
elles firent une neuvaine de processions « pour rendre grâces à Jésus-Christ de ce qu'il les jugeait dignes de souffrir
la faim et la soif pour son amour. » Leur héroïsme eut sa récompense dans les secours que l'Institut leur envoya quand,
malgré leur silence, on découvrit leur misère, et plus encore dans les grâces surnaturelles dont elles furent comblées,
la Mère Paule-Jéronyme plus que toute autre. Pendant vingt-quatre ans, elle gouverna ce Monastère, et y mourut
octogénaire le 3 mai 1672. (Voir sa biographie dans l'Année Sainte de la Visitation, tome V, p. 70.)
891 Sœur Marie-Marguerite Milletot (voir tome XV, note (55), p. 6).
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mot de feu vostre filz de Torens892. Ma Seur Françoise Augustine est une brebis de grande
observance et devotion893. Ma Seur Peronne Marie894 est toute pleine de desir de bien s'employer.
Nous avions encor choysi ma Seur Françoise Agathe ; mays voyans qu'il ny avoit place que pour
4, nous avons un peu favorisé sa mere895 qui avoit de la tendreté sur son depart, et non elle, qui
partoit de bon cœur comm'ell'est demeuree de bon cœur. [291] Je leur ay baillé pour document, de
ne rien rechercher et ne rien refuser dans la vie religieuse.
La bonne madame de Dalet est bienheureuse de vouloir cette vie-la ; Dieu luy face la grace
qu'y estant, elle ne recherche plus rien et ne refuse plus rien. Je ne l'ay jamais veu, mais j'ay un
certain instinct interieur tout particulier pour elle et son esprit.
Je n'escris a personne sinon a nostre bon Monseigneur l'Evesque de Langres896 ; car, quel
moyen de faire en une matinee tant de choses, puysque hier il fallut confesser ces nouvelles
professes897, et parler a M. Roland et faire mille choses ? Vous sçaves mon cœur pour Mme la
Premiere898, pour messieurs et mesdamoyselles de Vilers899. Je salue tres humblement madame la
Duchesse de Bellegarde900, si ell'est la, et madame la Marquise de Termes901, et suis leur tres
obeissant serviteur. Au cœur de nostre madame de Tolongeon902 il ne faut dire mot, sinon qu'il
escoute bien celuy de sa mere : c'est tout ce que son vieux Pere luy desire. A monsieur Roland tout
le reste.
Je reviens de la Profession de nos Seurs, ma tres chere Mere, et pour faire partir nos Seurs
qui vont a vous, je finis cette lettre, vous recommandant toutes a la sainte grace de Nostre Seigneur.
Dans peu, j'envoyeray a nostre Seur Marie Jaqueline tout ce qui luy est necessaire pour venir903.
[292]
O Dieu, que c'est une bonne chose de ne vivre qu'en Dieu, ne travailler qu'en Dieu, ne se
res-jouir qu'en Dieu904 ! Ainsy je salue vostre cœur, ma tres chere Mere, de tout le mien, qui est
vostre. Amen. A Mlle Soyrot905, Arviset906, Binet907, a toutes les ames qui me font lhonneur d'avoir
892 Bernard de Sales (voir tomes XIII, note (834), p. 307, et XVIII, note (104), p. 17).
893 Françoise-Augustine Brung (voir ci-dessus, note (762), p. 251).
894 Péronne-Marie de Benno (ibid., note (765), p. 252).
895 Mère de Sœur Françoise-Agathe de Sales (voir tome XVII, note (824), p. 237), Nicoline de la Faverge était fille
de Louis, seigneur de Montpon, coseigneur de Cormand, et de Jacquemine de Richard. Son contrat de mariage avec
Gaspard de Sales, seigneur de Brens, est du 4 mai 1587. Elle mourut le 28 février 1625.
896 Cette lettre à Mgr Sébastien Zamet (voir ci-dessus, note (536), p. 176) ne nous est pas parvenue.
897 Avec la Sœur Paule-Jéronyme Favrot, firent profession le 23 avril 1622, les Sœurs Bernarde-Marguerite Valeray
(voir le tome précédent, note (988), p. 304), Gabrielle-Melchionne Briliat, et Marie-Innocente de Saint-André (ibid.,
note (1293), p. 407).
898 Marie Bourgeois, femme du président Brûlart. (Voir tome XII, note (598), p. 267.)
899 Pierre et Jean de Villers, et leurs femmes, Jeanne Chisseret et Pierrette Petit. (Voir ci-dessus les notes (147), (150)
des pp. 37 et 38.)
900 Anne de Bueil (voir ibid., note (534), p. 175).
901 La belle-sœur de la précédente, Catherine Chabot. (Voir tome XVII, note (938), p. 273.)
902 Françoise de Rabutin-Chantal.
903 La Mère Marie-Jacqueline Favre devait se rendre de Montferrand à Dijon, et ensuite à Chambéry où la fondation
projetée paraissait imminente. (Voir ci-dessus, Lettre MDCCCLXXX, p. 237, et ci-après, Lettre MCMIX, p. 295.)
904 Cette phrase avait été interpolée, par les éditeurs de 1626, dans un texte composé de fragments divers, et faussement
daté du 22 décembre 1620. (Voir le tome précédent, note (1221), p. 387.)
905 La famille de ce nom, originaire d'Arnay-le-Duc, où l'un de ses membres vivait au XVIe siècle, fut anoblie par des
charges de robe. Parmi les dames Soyrot qui demeuraient à Dijon en 1622, on peut proposer Avoye Arviset, fille de
Richard Arviset et de Louise Bouhier. Depuis le 15 septembre 1590, elle était veuve de Jean Soyrot, qu'elle avait
épousé le 1er décembre 1579 et qui figure comme conseiller-maître à la Chambre des Comptes en 1581. Elle mourut
le 26 novembre 1629. (D'Arbaumont, Armorial de la Chambre des Comptes, et Fatras généalogiques de M. de
Juigné.)
906 Emillan ou Emilien Arviset, écuyer, seigneur de La Cosme, Colonges et Marcilly-les-Mont-Saint-Jean, avocat du
Roi à la Chambre des Comptes, et, en 1606, conseiller au Parlement, s'était marié le 21 septembre 1601 avec Marie
Fyot qui devint, par cette alliance, nièce d'Avoye Arviset, dame Soyrot. (Voir la note précédente.) Peut-être est-ce elle
que mentionne François de Sales ; ou bien, si elle vivait encore, Jeanne Choillot, femme d'Etienne Arviset, conseiller-
secrétaire du Roi au Parlement (1574), vicomte-mayeur de Dijon en 1616, mort en 1633. (Ibid.)
907 Il s'agit sans doute de la mère du P. Etienne Binet, qui se livrait alors à toutes les œuvres de piété et de charité à
Dijon. Cette dame, dont on n'a pu découvrir le nom, était encore vivante en 1627, date où le pieux Jésuite lui dédie
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21.9 Page 209

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soin de prier pour moy ; a Mme du Puys d'Orbe908. Amen.
XXIII avril 1622.
A ma tres chere Mere,
chez madame de Tolongeon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes. [293]
_____
MCMVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée909. Nouvelle
supplication pour Thonon et Rumilly.
Annecy, 25 avril 1622.
Monseigneur,
Le pauvre peuple de Rumilly attend tous-jours en bonne devotion la venue des Peres de
l'Oratoire en leur ville, et moy j'attens de Vostre Altesse les expeditions necessaires pour les faire
venir et la et a Tonon, ou c'est la verité que rien ne peut remedier au mal qui y est, quant au mauvais
ordre qu'il y a en l'administration des biens, que par cette venue dé ces Peres910. Vostre Altesse me
pardonne si je luy suys aucunement importun ; mon excuse est toute faite au commandement
qu'elle m'a fait d'avoir le soin de cette affaire.
Et priant Dieu qu'il prospere de plus en plus la personne de Vostre Altesse,
Monseigneur, je demeure
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
25 avril 1622, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [294]
_____
son ouvrage : Le riche sauvé par la porte dorée du Ciel. Dans la dédicace, l'auteur rappelle aussi le souvenir de sa
sœur, «vierge de soixante ans, » qui « a voulu mourir n'ayant autre espoux que Jesus Christ. » Mais nous ignorons si
ce trépas eut lieu avant ou après 1622.
908 Rose Bourgeois (voir tome XII, note (607), p. 271).
909 Nous croyons que le prince de Piémont est le vrai destinataire de cette lettre, comme de toutes celles qui concernent
l'introduction des Pères de l'Oratoire à Rumilly.
910 Voir ci-dessus, lettres MDCCCXCII, MDCCCXCIV et MDCCCXCVII.
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21.10 Page 210

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MCMIX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand. Plusieurs lettres pour une même affaire. La
Mère Favre, après avoir établi le Monastère de Dijon, doit venir
fonder celui de Chambéry. Bonté de Dieu qui facilite la
retraite de Mme de Dalet. Conseils pour la visite canonique.
Avis différents, donnés par l'Evêque de Genève sous
l'inspiration divine.
Annecy, 26 avril 1622.
Tenes, ma tres chere Fille, voyla deux lettres pour Monseigneur de Clermont911, l'une du
bon monsieur vostre pere, l'autre de mov, qui tendent a mesme fin ; vous les verres toutes deux,
et, s'il vous plait, les cachetteres, et apres que le cachet sera sec, vous les luy rendres. Voyla vostre
obeissance sans date912. Voyla encor la lettre que monsieur vostre pere vous escrit et celle qu'il
m'escrit a moy, par lesquelles vous verres comme tout se dispose a la fondation d'un Monastere a
Chamberi ; et tandis que pour le commencement on fera preparer les logis, nostre Mere pourra y
estre, et vous a Dijon, affin que, comme en passant, vous y establissies cette Mayson-la avant que
de venir establir celle de Chamberi913 : et ainsy sera vray tout ce que nous escrivons a Monseigneur
de Clermont.
Je ne voy nulle sorte de difficulté en l'affaire de la bonne madame de Dalet, et me semble
qu'il n'est point necessaire d'employer le tems a voir comme reüscira la remise de ses enfans entre
les mains de M. et Mme de Monfan914 ; car il suffit de bien pourvoir a la personne et au bien [295]
maintenant, et d'avoir une tres probable conjecture que tout ira bien. Dieu n'est il pas bon, ma tres
chere Fille, d'avoir ainsy explané le chemin de la retraitte a cette chere ame, laquelle, comme vous
sçaves, je ne connois pas ; mais j'ay certain secret instinct pour elle, qu'il ne se peut dire combien
elle m'est chere. Je suis bien ayse que vous la soulagies de vostre presence en cette affaire ; nostre
Mere, ce pendant, sera vostre avant courriere a Dijon et puis a Chamberi.
En la Visite915, on pourra bien se dispenser es pointz moins essentielz. Vous pourres
mesme, si vous le juges a propos, procurer dextrement que l'on commette quelques personnes qui
ayent le loysir et la volonté entiere : comme seroit quelque bon Pere Jesuite, ou quelque Pere de
l'Oratoire, ou quelque bon ecclesiastique. Je me res-jouis dequoy cette Mayson-la est pleine de
bonnes filles ; celle qu'a mon advis vous voules laisser en vostre place, m'a escrit, et je luy
respons916.
Je respons aussi a madame Bonnefoy et luy desire une tres bonne charité917. C'est la verité
que son esprit estant de la condition que vous me marqués, elle doit moins faire de consideration
911 Joachim d'Estaing (voir le tome précédent, note (913), p. 280).
912 La Mère Marie-Jacqueline, on l'a dit déjà, ne put se servir de son obédience qu'au mois de septembre suivant. (Voir
ci-dessus, note (559), p. 182.)
913 Voir ibid., note (710), p. 237.
914 Voir ci-après les lettres du 6 juillet à Mmes de Montfan et de Dalet.
915 Il s'agit de la visite canonique du Monastère.
916 Epist. seq.
917 Cette dame appartenait vraisemblablement à la famille Bonnefoy d'Auvergne, établie à Montferrand au milieu du
XVIe siècle. Peut-être est-ce la femme d'un des fils de N. Bonnefoy : Gabriel ou Pierre. Ce dernier laissa veuve, en
1603, Angéline Guérin, qui mourut à Courpières (Puy-de-Dôme) le 2 novembre 1628. Gabriel, avocat au Parlement
et greffier à la Cour des Aides de Montferrand, paraît être décédé entre 1620 et 1622. Sa femme, dont le nom est
inconnu, serait donc plus probablement la correspondante de saint François de Sales, les conseils donnés laissant
entrevoir un veuvage assez récent. (D'après des Notes de M. Grellet de la Deyte et la Notice généalogique sur les
familles Bonnefoy et Pons de Pouzol, par G. de Bonnefoy, Clermont-Ferrand, 1894.)
210/342

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a se retirer et mettre a l'abry. Je fay chercher la lettre de madame de Chazeron918 pour l'envoyer.
Hier j'eus icy une damoyselle de grans moyens, nullement propre au mariage919, et neanmoins je
ne sceus jamais luy conseiller la Religion a laquelle elle [296] avoit pensé, qui estoit la Visitation,
ni aucune autre, ains la renvoyay au mariage ; et aujourd'huy je ne puis conseiller le mariage ni a
madame [de] Dalet, ni a madame Bonnefoy, ains suis tout a fait tiré a leur proposer la Religion. O
que madame [de] Dalet est heureuse d'avoir un esprit si ferme au desir de la perfection du saint
amour ! Je la salue tres cordialement, et toutes nos Seurs ; mais vostre chere ame, ma Fille
bienaymee, je la salue de toute l'estendue des affections de la mienne, qui suis
Vostre tres humble et inseparable frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
26 avril 1622.
_____
MCMX. A la Sœur Compain, Religieuse de la Visitation de
Montferrand. Préparation à la Supériorité. La gardienne de la
paix.
Annecy, 26 avril 1622 920.
C'est la verité, ma tres chere Seur, ma Fille, que vous m'aves grandement consolé en la
peine que vous aves [297] prise de m'escrire, puisque mesme, ainsy que je m'apperçois, vous estes
celle a qui Dieu dispose de faire remettre la charge de Superieure. On vous donnera le loysir de
vous bien preparer par une entiere sousmission a la celeste Providence et un parfait encouragement
a vous bien exercer a l'humilité et douceur, ou debonaireté de cœur, qui sont les deux cheres vertus
que Nostre Seigneur recommandoit aux Apostres921, qu'il avoit destinés a la superiorité de
l'univers.
Ne demandes rien ni ne refuses rien de tout ce qui est en la vie religieuse : c'est la sainte
indifference qui vous conservera en la paix de vostre Espoux eternel, et c'est l'unique document
que je souhaite estre prattiqué par toutes nos Seurs, que mon cœur salue tres cherement avec le
vostre, ma tres chere Fille.
918 Marie-Gabrielle de la Guiche (voir ci-dessus, notes (716), p. 238, (717), p. 239).
919 Peut-être Jeanne-Aimée de Beaufort, qui devint, quelques mois plus tard, la femme de François de Longecombe
de Peyzieu. (Voir tomes XVII, note (919), p. 268, et XIX, les notes (743), (745) des pp. 227, 228.)
920 Le 36 avril 1622, le Saint dit à la Mère Favre, alors Supérieure à Montferrand : « Celle qu'a mon advis vous voules
laisser en vostre place m'a « escrit, et je luy respons. » Selon toute apparence, la lettre que nous donnons ici, est cette
réponse, et elle s'adresse par conséquent à la Sœur Marie-Jacqueline Compain qui succéda en octobre à la « grande
Fille » dans le gouvernement de la Maison de Montferrand.
Elle était née à Lyon, de parents fort honorables et pieux dont les nombreux enfants se consacrèrent tous à
Dieu. A vingt-deux ans, Mlle Marie se présenta au monastère de Bellecour ; le 3 janvier 1619, elle fut admise à la
vêture et prononça ses vœux le 9 février 1620. Pendant son noviciat, elle avait eu la grâce de faire sa confession
générale au saint Evêque de Genève, et d'être présente lorsqu'il écrivit, comme résumé de tous ses désirs pour ses
Filles, ce seul mot : Humilité, en gros caractères, sur une feuille de papier qui se conserve encore précieusement au
monastère de Trévise. La jeune Religieuse observa si parfaitement ce suprême enseignement qu'elle mérita de recevoir
des grâces spirituelles très particulières. Sa vertu la désigna pour compagne à la Mère Favre quand il fallut aller à
Montferrand. et la lui fit juger capable de lui succéder à son départ pour Dijon. Sœur Marie-Jacqueline « écrivit a
nostre bon Pere saint François de Sales, » dit une annaliste, o pour luy mander les raisons qu'elle avoit de refuser cest
employ. Ce Bien-heureux luy répondit avec son zele ordinaire ; » et cette lettre « donna bien du courage à cette tres
honnorée Sœur ; » elle devint « une des plus dignes Supérieures de l'Institut qu'elle a servi en cette qualité en plusieurs
de nos Monasteres. » La Mère de Chantal lui témoigna son estime en l'appelant à l'assemblée des anciennes Mères qui
se fit à Annecy en 1624, pour la rédaction du Coustumier. Après une longue vie de mérites, la Mère Marie-Jacqueline
Compain s'éteignit pieusement à Lyon le 27 avril 1670. (D'après sa notice insérée dans la Circulaire du 1er Monastère
de Lyon, 10 avril 1671.)
921 Matt., XI, 29.
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_____
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [298]
MCMXI. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Montferrand (Fragment). « Bonnes besoignes pour l'unique
Mere et pour la grande Fille. »
Annecy, [avril 1622 922.]
……………………………………………………………………………………………………..
L'on parle fort de faire la fondation de Turin, ou je croy que nous aurons besoin de vostre
personne. L'on se dispose a Chamberi de recevoir nostre Visitation : sçaves vous comme vous y
estes desiree ? Monsieur vostre pere en a des-ja escrit a Monseigneur l'Evesque de Clermont.
Toutes ces bonnes besoignes sont pour l'unique Mere et pour la grande et brave Fille de nostre
cœur, qui sera, de plus, genereusement humble parmi tous ces employs.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy. [299]
_____
MCMXII. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragment inédit). Des
filles qui « font merveilles ». Conseil que le Saint leur
adresse.
Annecy, avril ou mai 1622 923.
……………………………………………………………………………………………………..
Nos Filles de Paris font merveilles et respandent par tout la bonne odeur de leurs vertus. Je
les incite fort a se tenir invariables dans la pureté et sincerité de l'esprit de leur Institut, puisque
c'est pour elles le chemin le plus asseuré pour parvenir a Dieu.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Paris, conservée au Ier
Monastère d'Annecy.
_____
922 Il est à craindre que la Mère de Chaugy n'ait pas cité textuellement le Saint dans ce fragment, ou du moins qu'elle
ait emprunté, pour le former, à plusieurs lettres différentes. (Cf. ci-dessus, note (94), p. 17.) L'allusion à la lettre du
président Favre à l'Evêque de Clermont, Joachim d'Estaing, indique la date d'avril 1622 (voir ibid., Lettre MCMIX, p.
295) ; mais à cette époque le projet de fondation à Turin paraissait assoupi. La première phrase appartiendrait donc
peut-être à un texte de 1620 ou de 1621 ; ou bien s'agit-il de l'établissement de Dijon au lieu de celui de Piémont ?
923 Après le départ de la Mère de Chantal (21 février 1622), la Communauté de Paris « continua a pratiquer les vertus
qu'elle » lui « avoit enseigné de paroles et d'exemples. Notre saint Fondateur, l'ayant appris, lui en écrivit ces paroles
: Nos Filles de Paris, » etc. (Hist. de la Fondation.) Ce fragment est donc, au plus tôt, d'avril 1622, et sans doute, il
n'est pas postérieur au mois de juin.
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22.3 Page 213

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MCMXIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée924. La
protection des convertis, premier but de la Sainte-Maison de
Thonon. Ce qu'il advient pour la pension annuelle due au
sieur de Corsier ; moyen d'en faciliter le payement.
Annecy, 2 mai 1622.
Monseigneur, Puysque ça esté l'intention de Son Altesse que la Sainte Mayson de Thonon
servit de refuge a ceux qui, [300] de l'heresie, se convertiroyent a la sainte religion catholique, et
que pour cela ell'a commandé par lettre expresse, et par mon entremise, encor, que, des revenuz
d'icelle Sainte Mayson, fussent donnés cinquante escus d'or de pension annuelle au sieur de
Corsier925, gentilhomme bien nay qui, despuys sa conversion qu'il fit entre mes mains, a tous-jours
vescu fort vertueusement en bon ecclesiastique, apres avoir perdu tous ses biens, il recourt a Vostre
Altesse Serenissime, affin qu'il luy playse de luy faire effectivement joüyr de ce bienfait que la
Sainte Mayson ne nie pas luy estre deu, mays qu'elle dit ne pouvoir payer, parce que les deniers
que Son Altesse luy a assignés pour sa fondation manquent.
Or, Monseigneur, le sieur Gilette926 estant en cour et ayant charge des affaires de la Sainte
Mayson, je croy que si Vostre Altesse luy commande efficacement de faire treuver laditte pension,
il le pourra bien faire. Et si d'ailleurs les Peres de l'Oratoire entrent en la Sainte Mayson, on
espargnera les gages que l'on donne aux ecclesiastiques seculiers qui y sont maintenant, et de cette
espargne on pourra payer cette pension et faire plusieurs autres bonnes affaires : qui sont les deux
moyens que je voy, quant a present, plus propres pour remedier a la miserable pauvreté de ce
gentilhomme, pourveu qu'il playse a Vostre Altesse que bien tost on les prattique, ainsy que tres
humblement je l'en supplie,
Monseigneur, qui suis,
Vostre tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
2 may 1622, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Deschamps à Rouen. [301]
_____
924 La mention de « Son Altesse » ne permet pas de maintenir l'adresse au duc de Savoie donnée par les éditeurs
précédents ; saint François de Sales écrit évidemment au prince de Piémont.
925 Jean-Gaspard de Prez (voir tome XVII, note (257), p. 63).
926 Pierre Gillette (voir tome XIV, note (119), p. 37).
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22.4 Page 214

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MCMXIV. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie927 (Inédite).
Misère et piété dignes d'être secourues.
Annecy, 2 mai 1622.
Monseigneur,
Je n'ose et ne doy pas aussi oser escrire a Vostre Altesse Reverendissime que pour des
occasions pressantes.
Ce pauvre gentilhomme ecclesiastique928 desire, forcé de necessité, une grace de Vostre
Altesse, selon que le R. P. Monod929 vous representera, Monseigneur. Et pour moy, je
n'adjousteray rien, sinon que veritablement la misere de ce personnage est digne de vostre
misericorde, et sa pieté digne d'estre pitoyablement secourue.
Ce pendant, faysant tres humblement la reverence a Vostre Altesse, et priant Dieu qu'il la
comble de toute sainte fœlicité, je demeure,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres fidele, tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
2e may 1622, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Cherasco (Piémont), dans les archives
de l'église Saint-Pierre. [302]
_____
MCMXV. A la Mère de Beaumont, Supérieure de la Visitation
de Paris. Ecrire courtement pour écrire souvent. Deux Pères
spirituels au Monastère de Paris. — Souhaits du cœur, et saluts
paternels aux Sœurs de la Visitation et aux dames, filles
spirituelles de François de Sales. Famille de la Mère de
Beaumont.
Annecy, 10 mai 1622.
Affin que, comme je desire infiniment, je vous puisse escrire souvent, ma tres chere Fille,
il faut que je vous escrive, tant que faire se pourra, courtement ; et je vous prie de me faire la
consolation que de m'escrire aussi le plus frequemment que vous pourres.
Non, ma tres chere Fille : que l'on ayt partagé la charge du Pere spirituel de vostre
Monastere, donnant a M. Le Blanc le soin de ce qui regarde vos affaires temporelles930, et a M.
927 Le Saint, en traitant son correspondant d' « Altesse Reverendissime », désigne clairement le cardinal Maurice.
(Voir tome XIII, note (934), p. 345).
928 Jean-Gaspard de Prez (cf. la lettre précédente).
929 Pierre Monod, Jésuite (voir ci-dessus, note (152), p. 39).
930 Vicaire général de Paris, Denis Le Blanc s'occupa avec un affectueux intérêt des Filles de la Visitation. Il concourut
en 1626 à l'établissement du second Monastère, et nous le trouvons encore Père spirituel du premier en 1641. Il figure,
avec le titre de grand-vicaire et official, et en qualité de « juge subdélégué, » au Procès fait à Paris en 1628 pour la
béatification du saint Evêque de Genève.
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22.5 Page 215

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Vincent celuy des choses purement spirituelles931, il ny a point d'inconvenient ; au contraire, il
semble a propos, eu egard a la grandeur de la ville en laquelle vous estes. Et les Constitutions, qui
renvoye (sic) a un Pere spirituel, ne disent pas qu'il ny en ayt qu'un, mays seulement quil y en ayt
un ; mays, quand elles le diroit (sic), il faudroit doucement aquiescer a ce qu'un si grand et si
favorable Prælat desireroit932.
Or sus, mon cœur salue le vostre de toute l'estendue de ses affections, et luy souhaite
perpetuellement une sainte et amoureuse generosité au service de l'Espoux celeste, et pour vous et
pour toutes nos Seurs ; et, comme vous [303] sçaves, les nostres de ce Monastere933 y sont
comprises, specialement ma Seur Jeanne Marie, ma niece, et ma Seur Marie Anastase, nostre
premiere professe934, et la grande fille de Moulins935 ; et puis vous sçaves ce que nostre Seur
Helene Angelique936 est a mon ame. O que de consolation quand je sçai que toutes sont bien unies
a Dieu !
Je salue aussi de toute mon ame madame la Præsidente Amelot937, Mlles de Cravant et de
Verton938. Je n'oublie point ces ames-la, ni jamais madame de Villesavin939, ni Mme Amori940. Je
seray bien consolé de la consolation de madamoyselle de Pont Chartrin941. Je ne dis mot a madame
de Villeneuve942, car ell'est tellement ma fille, qu'elle ne doute point de la perpetuité de mon
affection. Je ne puis oublier madame la Marquise de Dampierre, ni les mouvemens que le Saint
Esprit donne a son cœur ; playse a sa divine Majesté de les benir et faire reuscir a la plus grande
sanctification de son nom et de sa sainte Mere943. Je n'ose pas escrire a madame la Marquise de
[304] Menelay944 si souvent ; il suffit qu'ell'ayt aggreable que ce soit de tems en tems.
Le pere se porte bien, la mere est tous-jours malade945. Nous verrons icy les deux seurs
mariees946, et j'ay veu naguere le Frere Vincent, qui est tout brave homme et tres bon Capucin947.
931 Saint Vincent de Paul (voir le tome précédent, note (545), p. 155).
932 Henri de Gondi, évêque de Paris. (Voir tome XVIII, note (1203), p. 370.)
933 Du Monastère d'Annecy.
934 Sœur Jeanne-Marie de la Croix de Fésigny (voir tome XVII, note (902), p. 264) et Sœur Marie-Anastase Pavillon
(tome XVIII, note (1272), p. 396).
935 Sœur Marie-Marguerite de Gondras des Serpens de la Guiche (voir le tome précédent, note (290), p. 74).
936 Sœur Hélène-Angélique Lhuillier.
937 Jeanne-Catherine de Creil, dame Amelot (voir le tome précédent, note (241). p. 59).
938 Anne et Marie de Bragelongne (ibid., notes (74) et (75), p. 4).
939 Isabelle Blondeau, femme de Jean Phélipeaux, seigneur de Villesavin.
940 Françoise Simon, dame Amaury.
941 Belle-sœur de Mme de Villesavin, Anne de Beauharnais était fille de François de Beauharnais, seigneur de
Miramion, et d'Anne Bourdineau. Le 11 juin 1605, elle avait épousé Paul Phélipeaux, seigneur de Pontchartrain, qui
devint secrétaire d'Etat, et mourut le 21 octobre 1621. Sa veuve lui survécut jusqu'au 20 janvier 1653 ; le lendemain
elle fut inhumée à Saint-Germain-l'Auxerrois. (D'après Moreri, 1740, et d'Hozier.)
942 Marie Lhuillier, dame de Villeneuve.
943 La terre de Dampierre fut érigée en marquisat en 1616, un an après la mort de François de Cugnac, gouverneur de
l'Orléanais, qui n'en fut que baron. Sa veuve, Gabrielle Popillon du Riau (qui paraît avoir été sa troisième femme),
jeune encore, voulait se retirer dans un monastère avec sa fille, plus tard marquise de la Châtre, pour s'adonner
entièrement aux exercices de piété. Elle songeait pour cela à fonder une seconde Maison de la Visitation dans la
capitale. La somme qu'elle offrait paraissait insuffisante, mais le saint Evêque, consulté, répondit « qu'il faisait
beaucoup plus d'état de la vertu et de la piété de Mme la marquise de Dampierre que de l'argent qu'elle voulait donner,
et que, quand Dieu inspirait le commencement d'une bonne œuvre, il se fallait beaucoup fonder et appuyer sur sa
Providence. » (Histoire de la Fondation du 2d Monastère de Paris.) Cette sainte entreprise ne fut conclue cependant
qu'en 1626, et Mme de Villeneuve y aida aussi puissamment.
944 Charlotte-Marguerite de Gondi, marquise de Maignelais.
945 La femme de Paul de Beaumont-Carra (voir tome XVIII, note (694), p. 204), Antoine-Charlotte de Divonne, était
fille d'Etienne Dyvone ou de Divonne, général des Monnaies deçà les monts, et de Françoise de Jeonzel ou Hieruselle.
Son testament est du 4 juin 1622.
946 Le 28 avril 1621, Françoise de Beaumont-Carra avait épousé Jean-Jacques Pelard, seigneur du Noyret (cf. tome
XVI, note (127), p. 30). Une autre de ses sœurs, Gasparde, s'était mariée en 1619 avec Denis de Sacconay, seigneur
d'Ogny ; deux de ses filles furent Religieuses au second Monastère de la Visitation d'Annecy.
947 Marchant sur les traces de son aîné Claude-Hector, Vincent de Beaumont était en effet devenu fils de saint François
d'Assise. En 1632, lors du testament de son père, il est Gardien du couvent de Belley ; il remplit la même charge à
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Je salue monsieur Vincent et, par son entremise, madame la Generale948, et suis
Vostre tres humble frere,
F., E. de Geneve.
X may 1622, Annessi.
949 A ma tres chere Fille en N. S.,
Ma Seur Anne Catherine [de] Beaumont,
Superieure [de la] Visitation de Ste Marie.
A Paris, Rue St Anthe.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Toulouse. [305]
_____
MCMXVI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Le Saint
s'excuse de ne pouvoir passer à la cour avant de se rendre à
Pignerol, au Chapitre général des Feuillants.
Annecy, 17 mai 1622.
Monseigneur,
Ayant receu un brevet de Sa Sainteté, du vint huit d'avril, par lequel elle me commande de
me treuver au Chapitre general des PP. Feuillantins qui se doit celebrer d'aujourdhuy en quinze
jours a Pignerole950, je prevoy qu'il me sera presque impossible de partir asses tost d'icy pour
pouvoir aller faire, comme je serois obligé, la reverence a Son Altesse Serenissime et a vous,
Monseigneur, et a Madame, avant que de me rendre au lieu de l'assignation ; de sorte que je seray
contraint de differer la tres humble reddition de ce devoir jusques apres la celebration de
l'assemblee951. Ce que je supplie en toute humilité Vostre Altesse Serenissime de vouloir aggreer,
et de m'honnorer des commandemens de Son Altesse et [306] des siens, si d'aventure j'estois si
heureux de luy pouvoir donner quelque contentement en cette occasion, en laquelle, comme en
toute autre, je seray invariablement,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
celui d'Annecy en 1653, commele prouve une lettre de M. Bonal à la Mère Anne-Catherine de Beaumont. (Archives
de la Visitation de Toulouse.)
948 Françoise-Catherine de Silly, femme du comte de Joigny. (Voir tome XVIII, note (1219), p. 375.)
949 L'adresse est de la main de M. Michel Favre. Les mots entre crochets ont disparu à l'ouverture de la lettre.
950 Ce Chapitre avait une importance capitale ; on y devait élire le Supérieur général, et les Religieux au moins le
disait-on étaient assez partagés de sentiments ; les uns voulaient un italien, d'autres souhaitaient un français. Le
Pape jugea l'Evêque de Genève capable plus que tout autre de maintenir la paix et de diriger toutes choses avec
prudence et sagesse.
951 L'assemblée s'ouvrit le 30 mai et se clôtura le 10 juin. (Voir ci-après, Lettre MCMXX, p. 312.) Elle se tint dans
l'abbaye de Sainte-Marie de Pignerol, antique monastère qui devait son existence à la comtesse de Suse, Adélaïde,
femme d'Othon de Savoie (1064). La fondatrice et ses fils le dotèrent richement, et l'Abbé de Sainte-Marie devint
seigneur immédiat et indépendant de Pignerol. Dans la première moitié du XIIe siècle, le Monastère, soustrait à la
juridiction de l'Evêque de Turin, fut déclaré nullius diœcesis et ne releva plus que du Saint-Siège ; son église porta le
titre de cathédrale à partir du XVIIe siècle jusqu'à l'érection de l'évêché de Pignerol (décembre 1748). Les Feuillants
remplacèrent les Bénédictins en 1590 ; la Révolution les chassa en 1802, et le vieux couvent demeura abandonné. Ces
lieux sanctifiés pendant tant de siècles reprirent un peu de vie lorsque les Dames du Sacré-Cœur vinrent y établir un
pensionnat (1838-1848). Depuis 1855, l'ancienne abbaye appartient à l'Œuvre royale de la Providence. (D'après
Caffaro, Notizie e documenti della Chiesa Pinerolese, Pinerolo, Zanetti, 1893, vol. I, passim.)
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22.7 Page 217

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XVII may 1622, Annessi.
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCMXVII. A Madame de la Fléchère. Une commodité venue
tout à propos. Ce que l'Evêque de Genève va faire en
Piémont. Ordres qu'il donnera avant de partir.
Annecy, vers le 18 mai 1622 952.
Cette fille me donne tout a propos la commodité de saluer vostre chere ame de tout mon
cœur, ma tres chere Fille ; et je le desirois bien fort, puisque il faut que je parte dans peu de jours
pour aller en Piemont, par le commandement du Pape, qui m'oblige de me treuver au Chapitre
general des Feüillans le 30 de ce moys, affin d'y præsider au nom du Saint Siege953. Mays avant
que je parte, je dresseray tout ce quil faut pour l'eglise de Rumilly, selon que le Prince Thomas m'a
commandé954, et treuveray tout prest a mon retour, qui sera dans six semaines au plus tard.
Cependant, conserves moy vostre sainte affection et pries Dieu quil me donne la grace de
le bien servir. Je [307] suis tout a fait tres absolument vostre, ma tres chere Fille. Amen.
F., E. de Geneve.
A Madame
Madame de la Flechere.
Rumilly.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans.
_____
952 Cette lettre ayant été écrite « peu de jours » avant le départ de l'Evêque de Genève pour le Piémont, départ qui eut
lieu vers le 25 mai 1622, il est raisonnable de la dater des environs du 18.
953 Voir les notes de la lettre précédente.
954 Thomas de Savoie, prince de Carignan. (Voir la lettre suivante.)
217/342

22.8 Page 218

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MCMXVIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Évêque de
Montpellier955. Pénitence sans coulpe. Le prince Thomas à
Annecy. Mérite et vertus de son maître d'hôtel ; François de
Sales le recommande à la bienveillance du destinataire.
Annecy, 23 mai 1622.
Monseigneur,
Les affaires qui se sont passees au Languedoc des quelque tems en ça956 m'ont osté les
commodités de vous escrire si souvent comme je soulois et devroys faire ; et bien qu'en cela il n'y
ayt point de coulpe de mon costé, je ne laisse pas d'en sentir de la pœnitence, puisque veritablement
ce m'est une tres grande consolation quand je puys me ramentevoir en vostre chere souvenance et
vous rafraichir les offres de mon inviolable affection a vostre service. [308]
Nous avons icy maintenant l'honneur et le bonheur de la presence de Monseigneur le
Serenissime Prince Thomas957, des grandes qualités et parties duquel je vous escrivis mon
sentiment l'annee passee. Or, monsieur de Bellecombe est l'un des principaux suivans ordinaires
de Son Altesse et son maistre d'hostel actuellement servant maintenant ; chevallier que je regarde
avec un honneur extreme, non seulement par ce qu'il est serviteur d'un si grand Prince et qu'il est
de mes principaux amis, mais aussi par ce que veritablement il est plein de tant de vertu et de
merite qu'il est impossible de le connoistre et ne l'affectionner pas ardemment958. Or, Monseigneur,
il a besoin de vostre faveur pour les affaires dont je vous envoye la note au memoire ci joint ; et je
vous supplie donq tres humblement de l'en gratifier volontier, en sorte qu'il connoisse que vous
aves aggreable mon intercession, et que j'ay veritablement le bonheur d'estre aymé de vous en la
qualité que je porte de si bon cœur, Monseigneur, de
Vostre tres humble et tres-obeissant
frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
23 may 1622, Annessi.
A Monseigneur
Monseigneur l'Evesque de Monpelier,
Conseiller du Roy en ses Conseilz d'Estat et privé.
955 Voir tome XIV, note (47), p. 4.
956 A la fin de 1621, le duc de Rohan, « devenu chef et général des églises réformées du royaume ès provinces de
Languedoc et Haute-Guyenne, » exerçait un pouvoir absolu et se montrait inexorable pour les catholiques.
Lesdiguières, quoique protestant encore, mais dévoué à la cause royale et au bien de la paix, voulut à la fois réduire
le duc par les armes et le gagner par les négociations. Le 22 février 1622, l'un de ses envoyés, le président Ducros, fût
lâchement assassiné à Montpellier par des huguenots, fanatisés par leurs ministres. Rohan désavoua le crime, punit
les meurtriers, mais traîna en longueur les pourparlers. Le mois de mars se passa en batailles et en essais
d'accommodement. Enfin, le 3 avril, un projet de pacification était signé entre les deux capitaines, au village de Laval
en Languedoc. (Voir Dufayard, Le connétable de Lesdiguières, Paris, 1892, chap. XIX, et Douglas et Roman, Actes
et correspondance, Grenoble, 1881, tome II, p. 343.)
957 Nous lisons dans le Registre des Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy, à la date du 8 mai : « L'Altesse de
Monseigneur le prince Thomas doibt arriver demain... n'estant necessaire » de lui « aller au rencontre, puis que par
deux fois arrivé en ceste ville, il n'a volu que personne luy alla au » devant.
958 Jean-François de Thoyre, seigneur de Bellecombe, mourut le 10 mars 1625 (voir tome XII, note (583), p. 261) ;
mais aurait-il été « l'un des... suivans ordinaires » du prince Thomas, « et son maistre d'hostel » en 1622 ? Son âge ne
devait pas le lui permettre.
Il eut quatre fils, tous vivants en 1622 : Jean, dit aussi Jean-Antoine, Philippe, Claude et Emmanuel. L'un des
deux aînés doit, vraisemblablement, être l'ami dont l'Evêque de Genève fait un si bel éloge. Jean ne laissa pas de
postérité ; Philippe, seigneur de Cholex, épousa par contrat dotal du 29 avril 1612, Jeanne-Catherine de Montfalcon,
veuve de Jean-Baptiste Portier, seigneur de Charrières.
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22.9 Page 219

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Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nice. [309]
_____
MCMXIX. A une dame. Regret et contentement d'une courte
entrevue. Marché céleste entre le Créateur et la créature.
Permission pour des Communions plus fréquentes. Les
larmes de Vendôme.
Pignerol, 7 juin959 1622.
Je confesse, ma tres chere Fille, que je ne suis pas satisfait de vous avoir si peu veuë, mais
je le suis grandement de vous avoir si bien veuë, puisque j'ay veu vostre cœur bienaymé et, au
milieu de vostre cœur, nostre cher Redempteur qui y a rallumé le feu sacré de son amour celeste.
O mon Dieu, ma tres chere Fille, combien estes vous obligee a cet Amour eternel, qui vous est si
bon et si doux, et qui, comme un bon Pere, a tant de soin de vous inspirer continuellement le desir
d'estre toute sienne ! Comme pourries vous jamais esconduire ses paternelles semonces, ni rompre
le sacré et advantageux marché qu'il a fait avec vous, par lequel il se donne tout a fait a vous,
pourveu que vous soyes tout a fait a luy ? Soyons le meshuy sans reserve, ma tres chere Fille, et
sans condition quelcomque. C'est le grand et inviolable desir que j'ay pour vous et pour moy, qui
seul estant observé et prattiqué, nous consolera au depart de ce monde.
Je le veux bien, ma tres chere Fille, puisque vous en aves du desir, que vous facies la sacree
Communion tous les huit jours ; m'asseurant qu'a mesure que vous approcheres plus souvent de ce
divin Sauveur, vous tascheres [310] de luy rendre aussi plus d'amour et de fidelité en son service,
et que le jour de vostre Communion vous vous garderes de donner sujet a ceux avec lesquelz vous
converseres de penser que vous n'estimes pas asses l'honneur de la reception de vostre Salut.
Tenes, voyla une des larmes de Vandosme, c'est a dire une goutte de l'eau dans laquelle on
a trempé la fiole dans laquelle est, ainsy qu'on tient par la tradition ancienne des habitans de
Vandosme, de la terre sur laquelle tomberent les larmes de Nostre Seigneur, tandis qu'au tems de
sa mortalité et de ses peynes il pria et adora son Pere eternel pour la remission de nos pechés960.
On dit cela, et le tient on pour certain au diocese d'Orleans, d'ou nostre Seur Claude Agnes, qui est
Superieure la du Monastere de la Visitation, me l'a envoyee961. Mais comme que ce soit, gardes
cette representation de larmes comme un memorial de celles de Nostre Seigneur, qui vous face
ramentevoir de l'obligation que vous aves a la dilection qui fit pleurer cette infinie Bonté pour
nous, et d'un motif parfait de ne jamais offencer une si merveilleuse et aymable Douceur.
……………………………………………………………………………………………………..
Le 7 juin 1622. [311]
_____
959 Le 7 juin 1622, l'Evêque de Genève était à Pignerol ; il semble étonnant qu'il ait emporté « une des larmes de
Vandosme » en Piémont pour renvoyer la relique en Savoie où, très probablement, il faut chercher la destinataire. En
effet, le Saint parle d'une courte et récente entrevue avec sa fille spirituelle ; n'aurait-elle pas eu lieu pendant un arrêt
à Chambéry, en cours de voyage ? Là se trouvaient les sœurs des Mères de Chastel et de Beaumont, et bien d'autres
Philothées de François de Sales, notamment Mme de la Croix d'Autherin dont la pensée se présente plus particulière à
la lecture de ces lignes ; car leur ton ressemble assez à celui des lettres qui lui sont adressées.
960 Cf. Heb., V, 7.
961 Voir ci-dessus. Lettre MDCCCLXXXVIII, et note (782), p. 257.
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22.10 Page 220

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MCMXX. Au Cardinal Ludovic Ludovisi962. Une lettre arrivée
quatre heures après la clôture du Chapitre général. Ordre du
Pape, et difficulté de casser une élection canonique. Moyen
terme proposé par François de Sales.
Pignerol, 11 juin 1622.
Illustrissimo et Reverendissimo
Signor Padron colendissimo,
Illustrissime, Révérendissime et très
vénéré Seigneur,
Hieri, 10 del mese presente, alle hore
20, fu conchiuso et finito il Capitolo generale
di questa Religione Fogliense, et alle 24 hore
ricevei la lettera che V. S. Illma si compiacque
di farmi inviare, del 28 di Magio, per la quale,
d'ordine di Sua Santità, mi commandava di far
[312] elleggere per Priore di San Bernardo di
Roma963 un soggetto italiano.
Ma vedendo che tutte le elettioni eran
fatte duoi giorni inanzi, essendo di più tutti li
Padri capitulanti licentiati, ho pregato questa
mattina il Padre Generale et l'Assistenti di dar
ordine acciò che l'elettione fatta nel Capitolo
d'un soggetto francese964, fosse rivocata e
transferita in un italiano ; et per conto di questo
mi han risposto che havevano le mani legate,
et che l'elettione fatta canonicamente non
poteva da loro essere violata. Et tuttavia, il
Padre Generale dovendo andare in Roma al
mese di Settembre, si è risoluto che il Priore
eletto di San Bernardo non pigli il possesso del
suo carigo sin tanto che esso Generale habbi
fatto la debita riverentia a V. S. Illma et ricevuti
Hier, 10 de ce mois, à la vingtième
heure, fut clôturé et terminé le Chapitre général
des Feuillants ; et à la vingt-quatrième je reçus
la lettre du 28 mai que Votre Seigneurie
Illustrissime voulut bien me faire adresser, par
laquelle, suivant l'ordre de Sa Sainteté, elle
[312] m'enjoignait de faire élire un italien pour
Prieur de Saint-Bernard de Rome.
Mais toutes les élections étant faites
deux jours auparavant et tous les Pères
capitulants congédiés, j'ai prié ce matin le Père
Général et les Assistants de donner ordre à ce
que l'élection faite en Chapitre d'un français
soit révoquée et transférée à un italien. Là-
dessus, ils m'ont répondu qu'ils avaient les
mains liées, et ne pouvaient casser une élection
faite canoniquement. Toutefois, comme le
Père Général doit se rendre à Rome au mois de
septembre, on a décidé que le Prieur élu de
Saint-Bernard ne prendrait pas possession de
sa charge jusqu'à ce que le Général lui-même
ait présenté ses hommages à Votre Seigneurie
Illustrissime et reçu ses ordres ; de sorte que,
962 Ce Cardinal, du titre de Sainte-Marie in Traspontina, n'avait que vingt-sept ans et portait la pourpre depuis le 15
février 1621. Son père, Horace Ludovisi, noble bolonais, était frère du Pape Grégoire XV ; sa mère se nommait Lavinie
Albergati. L'élévation de son oncle au souverain Pontificat lui ouvrit la carrière des honneurs, dont il était digne
d'ailleurs par sa remarquable intelligence et ses éminentes qualités. D'abord référendaire des deux Signatures,
secrétaire de la sacrée Consulte, il devint successivement, une fois cardinal, archevêque de Bologne, camerlingue de
la Sainte Eglise, légat d'Avignon, secrétaire des Brefs, protecteur de Savoie, etc., enfin vice-chancelier, après la mort
du cardinal Montalto. Quand Urbain VIII eut succédé à Grégoire XV, Ludovisi se consacra entièrement au
gouvernement de son Eglise de Bologne ; il mourut dans la force de l'âge, le 18 novembre 1632. Chaque année, près
de quarante mille écus étaient pris pour les pauvres sur ses immenses revenus. Il en employa deux cent mille à
l'érection de l'église Saint-Ignace. Bienfaiteur et ami des gens de lettres, il écrivit lui-même plusieurs ouvrages.
(D'après Ciaconius, Hist. Pontif. et Card., 1677, tom. IV, et Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica,
1846, vol. XL.)
963 En 1594, la duchesse Catherine Sforza, comtesse de Santa Fiora, voyant le couvent des Feuillants de Sainte-
Pudentienne très malsain, voulut en donner un autre à ces Religieux. On le construisit au côté ouest des Thermes de
Dioclétien, dont un grand calidarium fut transformé en église. De là le nom de Saint-Bernard-aux-Thermes. Cette
église est titre cardinalice ; pendant un siècle elle fut paroisse, et n'a cessé de l'être qu'en 1910. Les Feuillants,
maintenant appelés Cisterciens réformés, occupent encore le monastère. (D'après des Notes du R. P. Fiorucci,
Cistercien de Saint-Bernard-aux-Thermes.)
964 Le P. Matthieu de Saint-Gérard qui avait été élu prieur de Saint-Bernard-aux-Thermes. Il prit possession de sa
charge le 5 décembre suivant, après avoir fait lire en Chapitre ses lettres d'institution. (Acta Monast. S. Bernardi.)
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li suoi commandamenti ; di modo che, essendo
Lei patrona, potrà all'ora, se così gli piace,
[313] trasportare l'elettione fatta nel Capitolo
della persona di quel francese, nella persona
del Priore di Santa Potentiana (sic), che è
italiano965 : essendo che tutta la Congregatione
Fogliense, et particolarmente il Generale di
essa, non haveranno mai magior desiderio che
di star humilissimamente sottoposti al
beneplacito della Santità di Nostro Signore et
a quello che da V. S. Illma glie verrà accennato.
Et così credo di haver compito, in quanto è
stato possibile, quanto da Lei mi è stato
commandato in questa occasione.
Et pregando il Signor Iddio che la
cumuli di santa prosperità, glie bascio
humilissimamente le mani.
Di V. S. Illma et Rma
Humilissimo et divotissimo servo,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
Da Pignaroli, alli 11 di Giugnio 1622.
en qualité de protecteur des Feuillants, Elle
pourra alors, si bon lui semble, transférer
l'élection de ce [313] français faite en Chapitre,
au Prieur de Sainte-Pudentienne, qui est
italien. La Congrégation, et surtout son
Général, n'auront jamais de plus ardent désir
que de demeurer soumis au bon plaisir de Sa
Sainteté et à ce qui leur sera indiqué par Votre
Illustrissime Seigneurie. Je crois avoir ainsi
accompli, autant qu'il m'a été possible, ce que
vous m'avez ordonné en cette occasion.
Priant Dieu notre Seigneur de vous
combler de toute sainte prospérité, je vous
baise très humblement les mains.
De Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime,
Le très humble et très dévoué serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
De Pignerol, le 11 juin 1622. [314]
Revu sur l'Autographe conservé à Rome, à la
Bibliothèque Barberini. [314]
_____
MCMXXI. Au Cardinal Scipion Caffarelli-Borghese966
(Minute)967. Fonctions épiscopales exercées à Pignerol par
l'Evêque de Genève. Le Chapitre des Feuillants. Prochain
voyage du Supérieur général à Rome.
Monseigneur Illustrissime,
Turin, 21 juin 1622.
Comme j'estoy ces jours passez à Pignerolle968 pour assister à la celebration du Chapitre
965 Le monastère de Sainte-Pudentienne fut érigé par une Bulle de Sixte-Quint, du 5 août 1587, pour les Feuillants qui
demeuraient auparavant à Saint-Bernard apud Columnam Trajanam (église aujourd'hui détruite) ; il a passé en 1816
aux Chanoinesses du Saint-Sauveur. Le Prieur élu au Chapitre de Pignerol se nommait D. Jean-Antoine de Sainte-
Apollonie ; pour la troisième fois il recevait cette charge. Appelé dans le siècle Marius Ferreri, et originaire du diocèse
d'Asti, il avait fait ses vœux à l'abbaye de Pignerol le 7 juin 1609, étant déjà professeur d'humanités. Depuis, possédant
malgré sa jeunesse « la prudence et la vertu des vieillards, » il avait exercé l'emploi de Maître des Novices et de
Supérieur à Sainte-Pudentienne. (Voir Bartolacci, Memorie inedite, pp. 683-685.)
966 Voir tome XVI, note (453), p. 147.
967 Les Autographes de cette lettre et des quatre suivantes n'ont pas été retrouvés ; nous devons nous contenter de
donner les textes de 1626 qui sont seulement des traductions de l'italien faites par Charles-Auguste de Sales. Cet
historien n'a eu entre les mains que des minutes, et non les rédactions définitives. Nous maintenons l'orthographe de
l'édition princeps.
968 François de Sales dut quitter Pignerol le 12 juin, car les documents de l'époque relatent qu'en ce jour, « le carrossier,
avec trois de ses aides et six chevaux, » était arrivé « pour emmener l'Evêque de Genève qui prenait son repas à
l'abbaye. » Dès le 4, la Ville lui avait offert une tourte et six boîtes de confitures du prix de 88 florins1. (Caffaro,
ouvrage cité, vol. III, p. 83.)
221/342

23.2 Page 222

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general des Peres Fueillans, j'ay esté convié par Vostre Seigneurie Illustrissime, par vostre Vicaire
general969 et encore par [315] Monseigneur le Nonce, qui est en ces quartiers970, d'administrer le
Sacrement de Confirmation au peuple de ce lieu, dequoy je me suis acquitté pendant les deux jours
consecutifs de Dimanche qui se sont rencontrez au temps de la tenuë du Chapitre971. J'ay conferé
aussi les Ordres mineurs à plusieurs, suivant le desir que monsieur vostre Vicaire general m'a
tesmoigné que vous en aviez.
Quant au Chapitre general qui y a esté celebré, je puis dire avec verité que je n'ay jamais
veu assemblée plus modeste, plus religieuse, ny où la paix reluisit avec plus d'esclat qu'en celle-
là. On y a fait l'eslection d'un General doué d'une doctrine eminente, d'une prudence rare et d'une
singuliere pieté ; et ceste eslection a esté faicte quasi par le concours de tous les suffrages. Je
m'asseure, que Vostre Seigneurie Illustrissime aura pour chose fort aggreable de le voir
favorablement quand il se rendra à Rome l'automne prochain ; parce que c'est un personnage de
tres-grand merite, et qui a servy et servira à l'advenir la saincte Eglise par ses doctes escrits, et
d'ailleurs, parce qu'ayant esté creé General au Monastere de Vostre Seigneurie Illustrissime, il se
promet et attend beaucoup de vostre protection.
Je remercie tres-humblement Vostre Seigneurie Illustrissime de ce qu'Elle a daigné me
commander et se servir de moy en ceste petite occasion ; car c'est la plus grande [316] gloire que
je pouvois esperer. Je luy baise tres-humblement les mains, et prie Nostre Seigneur qu'il respande
sur Elle toute sorte de saincte prosperité, selon la plenitude des desirs,
Monseigneur Illustrissime, de
Vostre tres-humble et tres-obeyssant serviteur,
FRANÇOIS, E. de Geneve.
De Turin, ce 21 juin 1622.
_____
1 Uno marsapano grande, ovato, lisons-nous dans le texte italien, con l'arma della città, intagliato, dorato et argentato
; con ll. 1 muscati grossi, ll. 1 fenochi di Spagna, ll. 1 semenze communi confete, ll. 1 mandorle confete, insieme con
sei scatole, del valore totale di 88 fiorini.
969 Le cardinal Borghese était, depuis le 17 août 1606. abbé commendataire de Sainte-Marie de Pignerol, et, comme
tel, vrai souverain spirituel et temporel du pays (voir ci-dessus, note (951), p. 306). Son représentant ou vicaire général
d'alors se nommait Renauld ou Raynald Ressano, docteur en l'un et l'autre droit, prévôt, dès 1569, des Collégiales
unies de Saint-Donat et de Saint-Maurice. Fils de Jean Ressano, citoyen et commerçant de Pignerol, et d'abord
Bénédictin, il avait obtenu du Pape en 1567 la permission de quitter l'habit monastique. Deux ans après, Bobba, abbé
de Sainte-Marie, lui accordait des dimissoires pour recevoir tous les Ordres sacrés. Ressano fut vicaire général de cinq
abbés commendataires successifs, de 1581 à 1623, date de sa mort, et montra toujours beaucoup de zèle pour le bien,
surtout pour l'observation des ordonnances du saint Concile de Trente. Il n'épargna pas même son neveu, Henri
Ressano, fils de son frère Horace, devenu son coadjuteur à la prévôté par Bulle pontificale du 22 mars 1605. Sur ses
instances, le Nonce apostolique obligea le jeune prévôt à la résidence et à la célébration de la Messe à la Collégiale.
Le neveu succéda aussi à son oncle dans la charge de vicaire abbatial, et même paraît, selon les documents, l'avoir
exercée conjointement avec lui dès 1621. Le 6 décembre de cette année-là, Henri reçoit du Pape, comme vicaire du
cardinal Borghese, le pouvoir de faire la visite pastorale. Il vivait encore le 1er juillet 1630. (D'après Caffaro, vol. I,
pp. 259 seq., et II, pp. 183-191.)
970 Pierre-François Costa (voir tome XIII, note (678), p. 251).
971 Les 5 et 12 juin se rencontraient, en 1622, les troisième et quatrième dimanches après la Pentecôte. Ces deux jours-
là, François de Sales remplit les fonctions épiscopales, soit dans l'église cathédrale du monastère, soitdans la chapelle
de la Sainte-Croix, des Pénitents. Ce fut au prix de rudes fatigues : « Les chaleurs estoient extremes, » raconte Charles-
Auguste (Histoire, etc., liv. X), « et le concours du peuple si grand, qu'une fois, parmy tous ces exercices, ayant
demeuré plusieurs heures dans la presse, continuellement occupé, il luy prit une defaillance, non sans une grande
frayeur de tous les Religieux qui, à chaque moment, avoient peur d'estre privés d'un si grand Prelat. Toutesfois, il
reprit un peu ses forces apres qu'il se fut retiré du costé du chœur des Peres, et ne laissa pas de continuer à conferer
les Sacrements jusques à tant que tout fust faict. »
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23.3 Page 223

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MCMXXII. Au Cardinal Octave Bandini972 (Minute). Une
assemblée d'Anges et non d'hommes mortels. Concours
universel de suffrages. Demande d'une continuation de
bienveillance.
Turin, 21 juin 1622.
Monseigneur Illustrissime,
La lettre que Vostre Seigneurie Illustrissime a eu aggreable de m'escrire, du sixiesme de
may, m'oblige de mettre la plume à la main pour vous asseurer que le Chapitre general des PP.
Fueillans a esté tenu avec tant de paix et un si unanime consentement des esprits et des [317]
volontez de ceux qui y ont assisté, que ces braves Religieux me sembloient plustost une assemblée
d'Anges, que d'hommes mortels. Il n'a esté veu entr'eux ny discorde, ny dispute, ny la moindre
contradiction, mesmement à l'eslection du General, qui a esté faicte d'une approbation tres-
generale et par le concours quasi de tous les suffrages ; comme certes il estoit tres-convenable,
puis qu'ils faisoyent choix d'une personne dont le sçavoir est tres-eminent, la probité exquise et la
prudence admirable, et duquel les travaux ont esté tres-heureusement et utilement employez pour
la propagation de la saincte foy catholique, comme ses diverses traductions de quelques anciens
Peres grecs et quelques traictez qu'il a escrits contre les heresies de ce temps le demonstrent
visiblement973 : de sorte qu'il n'estoit point necessaire que l'authorité Apostolique intervinst en un
Chapitre de telle qualité.
Et toutesfois, puis que le commandement de Sa Saincteté l'a ainsi ordonné, j'ay assisté à
tous les actes capitulaires qui ont esté faicts, et en rends compte à Vostre Seigneurie Illustrissime
; vous suppliant de toute mon affection, que, comme vous avez tousjours honoré de vostre faveur
ceste Congregation, il vous plaise luy continuer la mesme bienvueillance, la mesme protection, à
fin qu'elle aille tousjours perseverant et croissant en la saincte observance de la discipline
religieuse.
Je baise tres-humblement les mains de Vostre Seigneurie Illustrissime, et prie Dieu qu'il
vous comble de ses plus sainctes felicitez, selon l'estenduë des desirs,
Monseigneur Illustrissime, de
Vostre tres-humble et tres-obeyssant serviteur,
FRANÇOIS, E. de Geneve.
De Turin, ce 21 juin 1622. [318]
_____
972 Octave Bandini (cf. tome XVI, note (768), p. 238) naquit à Florence en 1558, de Pierre-Antoine Bandini et de
Cassandre Cavalcanti. La précocité de son talent fut telle, qu'à quinze ans il excita l'admiration générale par l'oraison
funèbre de Côme de Médicis, premier grand-duc de Toscane. Non content de la science acquise dans sa ville natale,
il alla étudier à Paris et à Salamanque, puis revint faire son cours de droit à Pise. Grégoire XIII le nomma protonotaire
apostolique, ses successeurs l'employèrent dans le gouvernement des villes et dans les affaires d'Etat ; en 1592,
Clément VIII le créait vice-légat à Bologne. Il était évêque de Fermo depuis un an, quand il fut fait cardinal du titre
de Sainte-Sabine le 5 juin 1596. A de grands dons d'intelligence, s'unissaient chez lui la générosité du cœur, la douceur
du caractère, l'affabilité des manières ; partout il avait su se faire aimer et respecter ; revêtu de la pourpre, il rendit
d'importants services au Saint-Siège comme membre de plusieurs Congrégations romaines. On l'avait appelé «
l'ornement de Florence ; » il fut « les délices des Cardinaux » et l'oracle de son temps. Octave Bandini mourut à Rome
en 1629, évêque d'Ostie et doyen du Sacré-Collège. (D'après Ciaconius, tom. IV, et Moroni, vol. IV.)
973 Voir tome XV, note (241), p. 77, la note biographique avec la liste des ouvrages de D. Jean-François Goulu, et ci-
après, notes (975), p. 319, et (976), (977), p. 320.
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23.4 Page 224

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MCMXXIII. Au Cardinal Alexandre Montalto974 (Minute).
Pourquoi François de Sales trouve que sa présence au milieu des
Pères Feuillants était inutile. Election qui ne pouvait être
meilleure. les traductions de D. Jean de Saint-François.
Turin, 21 juin 1622.
Monseigneur Illustrissime,
J'ay receu avec la tres-humble reverence que je doy, la lettre de Vostre Seigneurie
Illustrissime, du vingt-uniesme de may, laquelle m'a rencontré entierement et prompt et remply
d'allegresse pour vous obeyr. Mais c'est la verité que j'ay esté tres-inutile aux Peres Fueillans ; car
ils se sont comportez en leur Chapitre general avec tant de pieté, avec tant de paix, d'union et de
tranquillité, que je n'ay eu aucune occasion de les servir, comme Vostre Seigneurie Illustrissime
me commandoit et comme je le desirois ardamment.
Ils ont promeu à la charge de General un personnage si orné des lumieres d'erudition et de
prudence, qu'ils ne pouvoient faire une meilleure eslection. Il a tres-bien merité de la saincte
theologie ; car il a traduict beaucoup de livres de grec en latin, comme il se voit au second tome
de sainct Gregoire de Nice (sic) 975. La traduction [319] françoise qu'il a faicte de sainct Denys
Areopagite, avec de tres-belles annotations, est cogneuë par tout le royaume976. Il a escrit encore
avec une merveilleuse eloquence et une singuliere clarté, pour la deffence de la saincte foy contre
les heretiques de ce temps977. Et pour ce, je ne doute point que ceste eslection ne soit tres-aggreable
à Vostre Seigneurie Illustrissime, laquelle, pour ne point entretenir plus long-temps avec des
termes mal polis et grossiers, je supplie de me permettre que, comme Elle m'a recommandé ceste
Congregation, je la recommande semblablement avec une tres-profonde reverence à son affection
et à sa tres-amoureuse charité.
Je vous baise tres-humblement les mains, et vous souhaitte du Ciel les felicitez que
souhaitte pour soy-mesme,
Monseigneur Illustrissime,
Vostre tres-humble et tres-obeyssant serviteur,
FRANÇOIS, E. de Geneve.
De Turin, ce 21 de juin 1622. [320]
974 Avant d'être élevé au souverain Pontificat, Sixte-Quint se fit appeler le cardinal Montalto, tirant ce titre du lieu de
sa naissance. Sous ce même nom est connu le petit-fils de sa sœur, Alexandre Peretti Damasceni. Il était né le 10 juin
1570, et avait eu pour parents Fabio Damasceni et Marie Peretti. Son grand-oncle le promut au cardinalat dès 1585,
et le combla de riches bénéfices. Ce fut merveille de voir avec quelle libérale charité le jeune prince de l'Eglise employa
ses revenus. Jamais personne ne lui demanda une aumône sans l'obtenir, et même plus abondante qu'elle n'était
sollicitée. Aussi quand il mourut, le 1 juin 1623, Rome se mit en deuil, et les lamentations des enfants, des veuves,
des pauvres, des Religieux, furent le plus bel éloge funèbre du Cardinal. Il avait été neuf ans légat à Bologne, et en
1620, il était devenu évêque d'Albano. (D'après Ciaconius, tom. IV, et Moroni, vol. LII.)
975 C'est assurément de l'édition gréco-latine des Œuvres de saint Grégoire de Nysse par Fronton du Duc, 1615 (deux
tomes), que parle François de Sales. En tête du tome II, qui contient la traduction des traités contre Eunomius, on lit
en effet une préface de D. Jean de Saint-François, et à la fin, des corrections du texte par le même auteur.
976 Les Œuvres de Denys Areopagite, traduites du grecque en françois, avec une Apologie pour les mesmes Œuvres.
Paris, de Henqueville, 1608.
977 Ce livre avait paru deux ans auparavant, en latin et en français, avec ces titres : Liber, adversus librum de Vocatione
Pastorum Petri Molinæi, insignis nostrorum temporum novatoris. Auctore Joanne a Sancto Francisco, dicto Gullonio,
monacho Congregationis Fuliensis, Ord. Cisterciensis. Parisiis, 1620. Réponse au livre de la Vocation des Pasteurs
de Pierre du Molin, ministre de Charanton, par Dom Jean de S. François, prestre et Religieux en la Congrégation
des Feuillants. Paris, de Henqueville, 1620.
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23.5 Page 225

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MCMXXIV. Au Cardinal Ludovic Ludovisi (Minute). Compte-
rendu du Chapitre général des Pères Feuillants. Science,
prudence et piété du Supérieur élu.
Turin, 21 juin 1622.
Monseigneur Illustrissime,
L'asseurance que les Peres Fueillans m'ont donnée de l'amour et de la faveur que Vostre
Seigneurie Illustrissime porte à leur Congregation978, m'oblige de vous exposer comment, ayant
pleu à Sa Saincteté m'establir President de leur dernier Chapitre general, j'ay rencontré parmy eux
une concorde et une pieté si rare, que j'ay esté touché en moy-mesme d'un particulier sentiment
d'obligation de louer infiniment la divine Majesté, qui a communiqué à des hommes mortels une
si douce et aymable paix d'esprit.
D'avantage, ils ont faict l'eslection d'un General, avec toute la maturité et le choix qu'on
pouvoit desirer ; car ils ont jetté les yeux sur un personnage où la rencontre d'un sçavoir exquis,
d'une prudence non commune et d'une excellente pieté se trouve avec une tres-belle harmonie. Ses
rares escrits rendent une manifeste preuve de cecy, Dieu s'estant servy de sa plume pour apporter
beau-coup d'ornement à la saincte doctrine catholique, par les tres-utiles traductions qu'il a faictes
de quelques Peres grecs et par les tres-beaux livres qu'il a composés pour la refutation des heresies
de ce temps : dont je ne doute point que Vostre Seigneurie Illustrissime ne reçoive un grand
contentement de ceste eslection et de l'heureux succez du Chapitre. Je me promets encore qu'elle
continuera sa faveur à l'endroict de ceste Congregation ; dequoy je la supplie tres-humblement.
[321]
Et baisant tres-reveremment vos sacrées mains, je prie Dieu qu'il vous donne toute saincte
prosperité. C'est l'ardent desir de celuy qui est,
Monseigneur Illustrissime,
Vostre tres-humble et tres-obeyssant serviteur,
FRANÇOIS, E. de Geneve.
De Turin, ce 21 juin 1622.
_____
978 Cf. ci-dessus, Lettre MCMXX.
225/342

23.6 Page 226

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MCMXXV. Au Cardinal Scipion Cobelluzzi979 (Minute). Union
des esprits au Chapitre des Feuillants. Une élection unanime ;
regret qu'éprouve le Saint à ce sujet.
Turin, 21 juin 1622.
Monseigneur Illustrissime,
Puis que je cognoy l'affection particuliere dont le sainct zele de Vostre Seigneurie
Illustrissime a tousjours embrassé et procuré les interests et l'advancement de la Congregation des
PP. Fueillans, il m'a semblé estre de mon devoir de luy donner advis sur le succez de leur dernier
Chapitre general, auquel, comme sçait Vostre Seigneurie Illustrissime, Sa Saincteté m'a donné
ordre d'assister en qualité de President.
J'asseure donc Vostre Seigneurie Illustrissime que toutes choses s'y sont passées avec une
si estroicte union d'esprit, de paix et de pieté, que ces nobles qualitez n'y [322] pouvoient pas estre
desirées en un plus excellent degré : de sorte que je puis dire ma presence y avoir esté tres-inutile,
n'ayant eu autre exercice pendant cest employ, sinon de gouster en moy-mesme la douceur et la
consolation en la veuë de tant de modestie et de tant de vertu. Le General y a esté esleu avec un
tres-general consentement de tous, car de trente-cinq suffrages, les trente luy ont esté donnez ; et
quand son eslection a esté publiée, l'approbation de tous a esté recogneuë dans la commune
allegresse qu'ils ont tesmoignée.
Et pour moy, je ne trouve en tout cecy qu'une chose à redire : c'est qu'il me semble que ce
n'est pas un detriment de peu d'importance au public, qu'un personnage d'une condition si eminente
et qui a escrit tres-elegamment pour le service de l'Eglise, se trouve neantmoins maintenant occupé
ès affaires qu'apporte la charge et la Superiorité qu'on luy a imposée, encore que ceste charge soit
sur des personnes religieuses et qui font profession de la perfection monastique. Car il me semble
que luy ayant reüssy d'escrire avec l'heur et la grace qu'on remarque es traductions du grec en latin
et en françois qu'il a données au public, et en refutant les heresies de ce temps, il pouvoit rendre
un plus grand et plus important service à la saincte Eglise en la continuation de cest employ.
Toutesfois, puis que la divine Providence l'a ainsi ordonné, il est à esperer qu'elle se veut servir de
sa promotion au Generalat pour faire reüssir par ce moyen quelque grand fruict à son Ordre et à la
saincte Eglise catholique.
Je baise les mains de Vostre Seigneurie Illustrissime avec une tres-profonde reverence, et
souhaitte de Dieu en sa faveur toute sorte de saincte felicité, comme estant,
Monseigneur Illustrissime,
Vostre tres-humble et tres-obeyssant serviteur,
FRANÇOIS, E. de Geneve.
A Turin, ce 21 juin 1622. [323]
_____
979 Scipion Cobelluzzi, cardinal du titre de Sainte-Suzanne depuis le 19 septembre 1616, était né à Viterbe en 1565. Il
fit ses études à Rome, et devint secrétaire des lettres latines sous Paul V. Ce Pape, qui lui donna la pourpre, le chargea
en 1619 de la Bibliothèque Vaticane. Cobelluzzi fut un savant et un protecteur de la science ; sa maison et sa bourse
demeurèrent toujours ouvertes aux hommes de lettres et d'étude. Ce fut aussi un prélat plein de piété et de charité,
s'employant spécialement à soulager les chrétiens captifs des Turcs. Il mourut à Rome, le 29 juin 1627, constituant
pour ses héritiers les Jésuites du collège de sa ville natale. (D'après Ciaconius, tom. IV, et Moroni, vol. XIV.)
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23.7 Page 227

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MCMXXVI. A Sa Sainteté Grégoire XV980. Ce qui s'est fait au
Chapitre général tenu à Pignerol. Concorde parfaite qui y
présida. Le gage de la persévérance dans l'union des cœurs et
des esprits. Une question que l'Evêque de Genève n'a pas
voulu trancher. Son avis sur la réforme du Bréviaire
cistercien ; pourquoi il ne le fît pas prévaloir par un coup
d'autorité.
Turin, 22 juin 1622.
Beatissime Pater,
Très Saint-Père,
Litteris Sanctitatis Vestræ quibus me in
Præsidem Capituli generalis Congregationis
Beatæ Mariæ Fulliensis constituit, sine mora
parui et in monasterium Pinaroli me transtuli,
ubi Capitulum illud generale celebratum est. In
quo de variis, quæ undique allata sunt, negotiis
plurima decreta sunt et sancita ; ac tandem de
more Superior Generalis electus, et quidem
tanta animorum consensione, tanta morum
suavitate, nihil ut amabilius videri potuerit,
nihilque optandum supersit, nisi ut
quemadmodum [324] inter tot variarum
nationum capita non tam unio quam unitas
laudare nunc potest et debet, ita deinceps
laudari possit ac debeat.
Quod sane omnino hoc triennio
futurum sperandum mihi videtur, quando
quidem Domnus Frater Joannes a Sancto
Francisco, qui Congregationis Superior
Generalis est creatus, vir est non tantum
spectatæ ac eminentis eruditionis quippe qui
variis sacris et præclaris lucubrationibus
scripto Ecclesiam ornavit et adversus
hæreticos munivit, sed etiam vir est prudentia
ac rerum gerendarum peritia excultissimus,
quodque caput est, pietate ac zeli scientia
instructissimus, ut credendum sit, sub ejus
moderamine, Congregationem universam
Les Lettres de Votre Sainteté m'ayant
établi Président du Chapitre général de la
Congrégation des Feuillants, j'ai obéi sans
retard et me suis transporté au monastère de
Pignerol où s'est tenu ce Chapitre. On y a réglé
et décrété un grand nombre de points relatifs
aux affaires de la Congrégation, qu'on y avait
proposés de toutes parts. Enfin, selon l'usage,
on y a élu le Supérieur général, mais avec une
si parfaite concorde et tant de douceur dans les
procédés, qu'on ne saurait rien voir de plus
aimable. Aussi n'y a-t-il [324] plus rien à
désirer, sinon que cette union, ou mieux cette
unité entre tant de têtes de diverses nations,
que l'on peut et que l'on doit maintenant louer,
puisse et doive mériter les mêmes louanges à
l'avenir.
A mon avis, cet espoir paraît devoir se
réaliser certainement au cours de ce triennat,
puisque c'est Frère D. Jean de Saint-François
qui a été élu Supérieur général de la
Congrégation. Ce n'est pas seulement un
homme d'une érudition remarquable et
vraiment éminente, par la variété de ses pieux
écrits et par de brillants travaux (il a en effet
illustré l'Eglise, il l'a défendue contre les
hérétiques), c'est encore un homme d'une
prudence très avisée et fort exerce aux affaires
980 Alexandre Ludovisi, qui depuis le mois de février 1621 gouvernait l'Eglise sous le nom de Grégoire XV (voir ci-
dessus, note (98), p. 18), était né à Bologne en 1554, du comte Pompée Ludovisi et de Camille Bianchini. Après de
sérieuses études chez les Jésuites de Rome et dans sa ville natale, il fut nommé premier juge du Capitole, puis
référendaire des deux Signatures, auditeur de Rote, et, sous Paul V, archevêque de Bologne (1612), nonce
extraordinaire à la cour de Savoie, et cardinal le 19 septembre 1616. (Voir tomes XVII, note (1024), p. 303, et XVIII,
note (377), p. 106.) Les principaux actes de son pontificat furent : la canonisation des saints Ignace de Loyola, François
Xavier, Philippe de Néri, Isidore, et de sainte Thérèse ; un décret sur l'élection des Souverains Pontifes par votes
secrets ; l'érection de l'évêché de Paris en métropole et la fondation de la Propaganda fide. Il mourut le 8 juillet 1633.
(Voir Ciaconius, tome IV.)
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23.8 Page 228

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uberiores in dies proventus habituram.
Unum tamen est, Beatissime Pater,
quod in hac eadem Congregatione
desiderandum existimabam, quod tamen
urgere me debere non putavi, sed potius
providentiæ Vestræ Apostolicæ relinquere.
Utitur nimirum Breviario quodam Cisterciensi,
in quo multa sunt correctione, imo [325]
reprehensione dignissima : historiæ, scilicet,
leves et propemodum ludicræ, hymni
verborum perturbationibus intercepti, multa
sententiarum tenebris maculata ; quæ omnia
congruum est ut ab ecclesia Dei removeantur.
Verum, quia id quidem plerique capitulantium
doctiores et sapientiores expetebant, sed
simpliciores ac suarum antiquitatum, ut
vocant, plus sequo amantiores tueri conabantur
Breviarium usu inter eos hactenus receptum981,
non putavi Capitulum tanta alioquin concordia
celebratum, debere me fortiori authoritate
compellere ; [326] ratus fœlicius ac facilius
rem totam definiendam, si Beatitudo Sua
coram præcipiat Generali ut quamprimum
rejecto illo antiquato Breviario, monasticum
quod a Sede Apostolica non solum approbatum
est, sed omnibus Monachis maxime
commendatum in usum inducat982. Tuncenim,
omnes pro ea qua Pontificatus Sanctitatis
Vestræ apicem colunt ac venerantur
observantia, religiose conquiescent.
Deus autem optimus maximus,
Beatitudinem Vestram quam diutissime servet
; enfin, ce qui est capital, il est versé dans la
piété et dans la science de l'apostolat. Aussi y
a-t-il lieu de croire que sous son gouvernement
toute la Congrégation produira des fruits de
jour en jour plus abondants.
Sur un point pourtant, Très Saint-Père,
cette même Congrégation me paraît laisser à
désirer. Toutefois je n'ai pas cru devoir
trancher la question ; il m'a paru préférable de
la soumettre à votre sagesse Apostolique. La
Congrégation se sert, en effet, d'un Bréviaire
en usage chez les Cisterciens, dont il est
nécessaire de corriger, voire même de blâmer
un assez grand nombre de passages. [325] Ce
sont des récits peu sérieux et presque badins,
des hymnes sans suite, grâce au mélange des
mots, nombre d'endroits entachés de pensées
obscures : il est décent que tout cet ensemble
soit rejeté hors de l'église de Dieu. Sans doute,
la plupart des capitulants, les plus doctes et les
plus sages, réclamaient une telle mesure ; mais
d'autres, moins éclairés et attachés jusqu'à
l'excès à leurs anciennetés, comme ils disent,
ont mis toute leur ardeur à défendre le
Bréviaire usité jusqu'ici parmi eux. Le
Chapitre ayant fait preuve d'une grande
unanimité de vues sur les autres questions, il
m'a [326] semblé préférable de ne point lui
imposer, d'autorité, une décision. A mon avis,
toute l'affaire se conclura plus heureusement et
avec plus de facilité si Votre Sainteté fait un
précepte au Général de laisser au plus tôt ce
981 L'antique Bréviaire cistercien venait d'avoir encore plusieurs éditions récentes. Celle de 1617 avait paru sous ce
titre : Breviarium Ord. Cist. recens a mendis quam plurimis diligentissime repurgatum et propriis aliquot Sanctorum
officiis, authoritate ejusdem Ordinis comprobatis, adauctum. Huic novæ editioni adjectæ sunt additiones in margine.
Lutetiæ Parisiorum, Cramoisy, 1617. L'année suivante, 1618, le Chapitre général de Cîteaux décréta en ces termes
la correction du Bréviaire : Committitur R. Domino Cistercii et quatuor primis Abbatibus correctio Breviariorum
Ordinis ; ad quam commodius faciendam, personas Ordinis doctas sibi bene visas poterunt assumere. Et in hujusmodi
correctione advertendum erit, ut si quæ sint apocripha, vel Bibliorum textui adversantia, tollantur, et ex Breviario
Romano sumantur aliæ Lectiones, retentis Responsoriis et Antiphonis ad cantica Benedictus et Magnificat, simul cum
Evangeliis sicuti nunc sunt ; excepto quod Abbatibus et Monachis monasteriorum in urbibus et oppidis consistentium
permittitur, ut ordinem Evangeliorum Missalis Romani servare possint, si voluerint. (Ms. de Mehrerau, tom. XII, p.
724.) Quelques Abbés, que l'on appela Abstinentes, se montrèrent fort opposés à ce changement, craignant de voir le
Bréviaire romain imposé, ou le Bréviaire cistercien entièrement transformé, ce qui équivalait à la disparition complète
des derniers restes du rite de l'Ordre. Ces récalcitrants suscitèrent de longues querelles, et s'emparèrent même de
l'abbaye de Cîteaux avec l'aide du cardinal Richelieu qui se fit Supérieur général. En 1651 seulement, du consentement
du Chapitre général, l'Abbé Vaussin procura une nouvelle édition corrigée du Bréviaire cistercien ; elle parut en 1656
sous ce titre : Breviarium Cist. juxta Romanum. (Notes du R. P. Grégoire Müller, de l'abbaye de Mehrerau, rédacteur
de la Chronique Cistercienne allemande.)
982 Saint François de Sales fait allusion au Breviarium monasticum que Paul V avait prescrit, le 1er octobre 1612, aux
moines des diverses Observances bénédictines. Ceux-ci ne regardèrent jamais comme absolument prescriptif le décret
pontifical et se bornèrent à corriger leur Bréviaire de différentes manières. C'est par suite de la même ordonnance que
les Cisterciens résolurent en 1618 la révision du leur (voir la note précédente). Aujourd'hui, on ne trouve pas une seule
édition complète de celui de Paul V. (Voir D. Guéranger, Institutions liturgiques, 1878, tome I, pp. 511, 534, et D.
Bäumer-Biron, Hist. du Bréviaire, 1905, tome II, p. 276.)
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23.9 Page 229

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incolumem : ita summis et imis votis supplex Bréviaire vieilli, pour adopter l'édition
peto et expeto.
monastique, laquelle est non seulement
Sanctitatis Vestræ ad pedum oscula, approuvée, mais absolument recommandée à
Obsequentissimus, addictissimus, humillimus tous les moines par le Siège Apostolique. Alors
filius et servus, tous, en raison de la religieuse soumission dont
FRANÇS, Episcopus Gebennensis. ils honorent et vénèrent le suprême Pontificat
Taurini, anno 1622, die 22 Junii.
de Votre Sainteté, tiendront leur âme en paix.
Que Dieu très bon et très grand
Revu sur l'Autographe conservé à Rome, à la conserve le plus longtemps possible les jours
Bibliothèque Barberini. [327]
de Votre Sainteté : tel est l'objet de tous mes
vœux, de mon humble prière, de mon ardent
désir.
Je baise les pieds de Votre Sainteté,
dont je suis
Le très soumis, très dévoué, très humble fils
et serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Turin, le 22 juin de l'an 1622. [327]
_____
Minute de la lettre précédente
_____
Beatissime Pater,
Très Saint-Père,
Acceptis Sanctitatis Vestræ Litteris
Apostolicis, 28 mensis Aprilis hujus anni
expeditis, quibus me in Præsidem Capituli
generalis Congregationis Beatæ Mariæ
Fulliensis constituit, sine mora parui, et in
monasterium ejusdem Ordinis Pinerolii me
transtuli, ubi me præsente, et secundum
mandata Apostolica præsidente, Capitulum
illud generale celebratum est.
In quo, ut par erat, de variis, quæ
undique aliata sunt, negotiis totius
Congregationis plurima decreta sunt et sancita
; ac de more Superior Generalis, aliique tum
Provinciales, tum Abbates ac Priores electi, et
quidem tanta animorum consensione, tanta
pace, tanta morum suavitate, ut nihil suavius,
nihil amabilius videri potuerit. Ita sane, ut illud
Propheticum dici de hoc Capitulo existimem :
Quam bonum et quam jucundum habitare
[328] fratres in unum ! Sicut unguentum in
capite, quod descendit in barbam, barbara
Aaron. Nihil ut expectandum supersit, nisi ut
quemadmodum non tam unio quam unitas inter
tot variarum provinciarum ac nationum capita
hoc tempore laudanda est, ita et deinceps
Ayant reçu les Lettres Apostoliques de
Votre Sainteté, datées du 28 avril de cette
année, qui me constituaient Président du
Chapitre général de la Congrégation de Sainte-
Marie des Feuillants, j'ai obéi sans retard. Je
me suis rendu au monastère dudit Ordre à
Pignerol ; et là, en ma présence et,
conformément aux décisions Apostoliques,
sous ma présidence, s'est tenue cette
assemblée.
Comme il convenait, les diverses
affaires de la Congrégation, apportées de
toutes parts, y ont été l'objet de nombreuses
décisions et ordonnances. Puis, selon l'usage,
on a fait l'élection du Supérieur général et
d'autres, tant Provinciaux qu'Abbés et Prieurs.
Tout cela s'est passé dans une si parfaite
harmonie des coeurs, une si grande paix, une
telle douceur, que l'on ne saurait rien voir de
plus suave, de plus aimable. Aussi me semble-
t-il qu'on puisse appliquer à ce Chapitre la
parole du Prophète : Qu'il est bon, qu'il est
[328] agréable pour les frères d'habiter
ensemble ! C'est comme le parfum répandu sur
la tête, qui descend sur la barbe, la barbe
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23.10 Page 230

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laudari possit.
d'Aaron. Il ne reste plus qu'une chose à désirer
Superiorem autem Generalem nunc : c'est que cette union, ou plutôt cette unité,
habet ista Congregatio, maxima votorum ac entre des hommes de tant de provinces et de
suffragiorum conspiratione electum, cui sine nations différentes, continue dans l'avenir à
controversia omnes eruditionis, prudentiæ ac mériter les éloges qu'elle mérite aujourd'hui.
ingenii palmam cedere debent ; virum
Cette Congrégation possède
spectatissimæ probitatis et pietatis, qui maintenant pour Supérieur général un homme
gravissimis scriptis Ecclesiam Dei non solum qui a réuni la très grande majorité des
hactenus ornavit et munivit, sed deinceps, suffrages, et auquel, sans contredit, tous
quando ei per otium licuerit, ornare ac munire doivent céder la palme du savoir, de la
paratus sit ; ut sperandum sit, sub ejus prudence et du talent ; un homme d'une vertu
moderamine, totam istam Congregationem et d'une piété remarquables, qui, par des écrits
uberiores in dies proventus facturam. très profonds, a enrichi et défendu l'Eglise de
Cæterum, quandoquidem anno 1625 istius Dieu, et reste prêt à l'enrichir et à la défendre
Congregationis Capitulum generale Romæ in encore, quand ses loisirs le lui permettront. On
conspectu Sanctæ Sedis Apostolicæ doit donc espérer que, sous son gouvernement,
celebrabitur, si quid supersit ad tanti Ordinis toute cette Congrégation produira des fruits de
splendorem, ac majorem perfectionem jour en jour plus abondants. D'ailleurs,
addendum, nullo negotio et facillime addetur. puisque, en 1625, le Chapitre général doit se
[329]
tenir à Rome, sous les yeux du Saint-Siège
Deus autem optimus maximus, pro sua Apostolique, s'il reste à ajouter quelque chose
erga Ecclesiam singulari providentia, pour augmenter l'éclat et la perfection de cet
Sanctitatem Vestram tueatur incolumem, ut Ordre illustre, cela se fera sans peine et sans
summis ac imis votis supplex peto et expeto. difficulté. [329]
F., E. Geb.
Puisse Dieu très bon et très grand, dans
Taurini.
son admirable providence envers l'Eglise,
garder saine et sauve Votre Sainteté ! Je l'en
prie et l'en conjure à genoux, de mes vœux les
plus humbles et les plus ardents.
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
De Turin.
_____
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24 Pages 231-240

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24.1 Page 231

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MCMXXVII. A Madame Le Loup de Montfan. Les meilleures
réponses. Une véritable inspiration divine. Quand Dieu
parle, il ne faut pas contester, mais regarder l'Evangile et en
suivre les maximes. Ce dont la ferveur de Mme de Dalet devra
se contenter. Ses parents prendront soin de ses enfants.
Qualités qu'il faut joindre ensemble. Condescendance et
humilité du saint Evêque.
Turin, 6 juillet 1622 983.
Madame,
Les plus courtes responses sont ordinairement les meilleures, et avec cela, [je suis] pressé
de mon depart de cette cour984 et du desir de depescher vostre homme, qui me conjure ardemment
de ne le point retenir davantage. Or, [330] je ne diray rien des tiltres d'honneur et de faveur dont
vous estes si liberale envers moy, sinon que je ne cesseray jamais de vous souhaitter toute sorte de
consolation et quelque digne occasion de vous tesmoigner combien je vous honnore.
Je ne vous diray donq pas autre chose sur le dessein que madame [de Dalet], vostre fille, a
de se retirer dans le monastere, sinon que je croy fermement que c'est une veritable inspiration
divine, ne voyant tout a fait aucune rayson au contraire, puisque, graces a Dieu, elle a de si justes
et dignes garens de la personne et biens de ses enfans985, pourveu qu'il vous playse, et a monsieur
[votre mari], de vous charger de cette peine. Et affin qu'il vous playse, je ne veux point user de
longs discours, ains seulement dire que si vous le faites, vous feres une chose infiniment aggreable
a Dieu ; car cela suffit a une ame genereuse pour luy faire prendre toutes sortes de resolutions.
Je voy bien qu'il y a plusieurs repliques a ce que je dis ; mais je croy bien aussi qu'en ces
occurrences il n'est pas question de contester et de disputer, ains de considerer les maximes de
l'Evangile, qui sans doute nous conduisent au parfait despouillement, et au mespris de la sagesse
temporelle qui ne s'arreste a la sagesse de la vertu que requiert l'excellence et l'eminence de l'amour
celeste.
Mais, Madame, si cette chere fille de vostre cœur s'arreste dans les bornes que vostre
authorité luy préfixé, de n'estre au monastere que comme fondatrice, sans changement d'habit ni
de condition exterieure986, je ne croy pas que la plus sage sagesse humaine puisse sagement
gronder, ni, je m'asseure, probablement murmurer. Car, presupposé la charité de monsieur vostre
mari et la vostre [331] envers vos petitz enfans pour avoir soin d'eux et de leurs petitz affaires, et
asseurer madame vostre fille pour luy [donner] commodité de vivre plus parfaitement sous l'ombre
de la Croix, que peut on dire autre chose sinon que Dieu a donné l'inspiration a la fille de se retirer,
et au pere et a la mere de luy en donner les moyens ? Je sçai qu'a faire ces grandes et heroïques
vertus il y a de l'effort ; mays c'est aussi de la d'ou elles tirent leur plus grande gloire.
983 L'éditeur de 1758 ne s'est pas trompé en indiquant Mme de Montfan (voir ci-dessus, note (197), p. 55) pour
destinataire ; tous les traits de cette lettre lui conviennent, et le message suivant, adressé à sa fille, vient encore
confirmer l'hypothèse. Mais la date, avant le 12 septembre 1619, donnée par Hérissant, est fausse ; les deux courriers
sont évidemment du même jour, donc du 6 juillet 1622 (voir ci-après, note (987), p. 333).
984 François de Sales, alors auprès de la princesse de Piémont, désirait retourner promptement dans son diocèse ; la
maladie et d'autres obstacles l'arrêtèrent à Turin jusque vers la fin d'août.
985 Mme de Dalet était demeurée veuve avec quatre enfants. Nous en connaissons trois : Gilbert-Allyre, Catherine (voir
ci-après, notes (990), p. 333, et (1055), p. 357), et Antoine. Ce dernier reçut, en 1621, de son oncle Philippe de
Langheac, la seigneurie de Bonnebaud, fief destiné au membre de la famille qui se ferait promouvoir à la prêtrise, à
charge, en cas de négligence ou de défaut d'âge, de payer une rente à l'Hôtel-Dieu de Clermont. (Chabrol, Coutumes
locales de la Haute et Basse Auvergne, Riom, 1786, tome IV.) Le quatrième enfant dut mourir très jeune.
986 Voir la lettre suivante.
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24.2 Page 232

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Vous me marques, Madame, un defaut de cette fille, qui est qu'elle jure sous equivoque ; a
quoy, ce me dites vous, vous ne vous entendes point. C'est une des plus aymables conditions que
vous puissies avoir, je le confesse ; mais il faut adjouster une autre grandement pretieuse, qui est
de ne point user de vostre authorité maternelle contre cet esprit qui, pour eviter le coup, se desrobe
plustost que de parer.
Mais quant a moy, Madame, je vous proteste que je n'use point d'equivoque quand je vous
prometz en bonne foy que, demon costé, je ne consentiray point que madame [de Dalet] prenne
l'habit de la Visitation que quand, par une veritable attestation, j'auray esté asseuré de vostre
consentement : de cela je vous prie de le bien croire. Je vous en donne ma parole plus clairement
: je n'ay nulle authorité sur les Monasteres de la Visitation qui sont hors de mon diocese, de sorte
que je ne puis m'obliger sinon a ne point consentir, ains a faire tout ce que je pourray, non point
par authorité, mais par credit que j'espere d'avoir envers les Superieures de ces Monasteres, et
particulierement avec madame [Favre], de laquelle je suis grandement certain qu'elle suivra en
cela ma direction. Et partant, Madame, je vous donne de rechef asseurance de ce que dessus, et
signe expres sous la promesse que je vous en fay.
……………………………………………………………………………………………………...
FRANÇS, E. de Geneve. [332]
_____
232/342

24.3 Page 233

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MCMXXVIII. A la Comtesse de Dalet (Inédite). Comment Mme
de Dalet pourra contenter à la fois sa dévotion et sa mère.
Jugement sur des plaintes maternelles ; à laquelle de ces plaintes
le Saint a voulu répondre. Promesse de lettre ; douce
invitation à écrire aussi.
Turin, 6 juillet987 1622.
……………………………………………………………………………………………………..
Demeures donq ainsy en vostre habit seculier, mais prenant les habitudes religieuses pour,
en contentant vostre devotion dans le monastere, contenter encor madame vostre mere988. Vous ne
vivres pas moins au gré de l'Espoux celeste, qui ne prend pas garde a l'exterieur et duquel vous ne
seres pas moins [bien] veuë en verité, bien que l'apparence sera moindre. Ce n'est pas peu que
d'estre dans les porches de la mayson du Seigneur.
Madame vostre mere me fait asses de plaintes de vostre esprit, mais je connois bien la
jalousie maternelle et discerne bien en cecy les eslans de la nature d'avec ceux de la grace. Attaches
vous bien, ma tres chere Fille, a la Croix de Jesus Christ, qui pour vous a souffert une si grande
contradiction contre soy mesme989 ; il soit vostre seule mire et son aggreement vostre unique
consolation.
Je n'ay pas voulu respondre a toutes les plaintes maternelles pour ne point m'embarrasser,
ormis sur celle de madamoyselle vostre fille, que je consens estre remise a cette bonne mere,
attendant qu'elle puisse faire choix de sa vocation990. Je donne au reste toutes les asseurances [333]
que je puis pour vostre personne. Je croy que madame vostre mere s'en contentera ; au moins, la
reputation qu'elle a d'estre de si bon jugement l'y oblige.
Je suis sur mon depart de cette cour, mays je vous escriray soudain que je seray a
Annessi991, ou j'attendray a chaque commodité de vos lettres pour sçavoir en quel estat seront vos
saintes affaires, ne me pouvant empescher d'estre grandement touché du desir de vostre consolation
et sur tout de vostre perfection.
……………………………………………………………………………………………………..
Le [6] juillet 1622.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Montferrand, par la
Mère de Chaugy, conservée au Ier Monastère d'Annecy.
_____
987 Le manuscrit indique la date du 16 juillet ; mais, le 7, l'Evêque de Genève écrit à son frère Jean-François : « Je
renvoye l'homme d'Auvergne « despeché. » Le vrai quantième doit donc être le 6.
988 Voir la lettre précédente.
989 Heb., XII, 3.
990 Catherine de Langheac, dame du Crest, épousa en 1633 Antoine de Gilbertès-Chastelus qui vivait encore le 10
octobre 1655, jour où il est déchargé de sa caution, portée pour les Religieuses de la Visitation de Clermont le 12 août
1649. Catherine mourut sans postérité. (D'après des Notes de M. Francis Pérot, membre de plusieurs Sociétés savantes
de l'Allier.)
991 Vide infra, Epist. MCMXXXVIII.
233/342

24.4 Page 234

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MCMXXIX. A Monseigneur Jean-François de Sales, Évêque de
Chalcédoine, son frère992. Espérance de retour en Savoie. Une
affaire à considérer de nouveau. La réforme de Sainte-
Catherine. Voyage qui devient inutile, grâce à l'intervention
du Prince et du Pape.
Turin, 7 juillet 1622.
Monsieur mon Frere,
Je vous escrivis hier ; aujourdhuy je redis que j'espere, dans huit ou 9 jours, partir pour mon
retour993. Et tandis, je vous asseure que je n'ay nullement oubliee la priere que je vous fis a mon
depart, de prendre resolution sur l'affaire de Dumont994 par l'advis de nos amis ; et ce fut la premiere
chose que je luy dis quand il vint icy. Mays par ce que, d'un costé vous m'escrivies d'une sorte
[334] qu'il sembloit que vous n'avies pas faite une resolution finale, et que d'ailleurs il se
sousmettoit a l'examen de la cause, je luy dis que, estant arrivé, nous considererions de rechef son
affaire, et que si ce n'estoit point chose contraire a l'equité, nous aurions soin de ne point le
precipiter dans la demission de sa charge.
Je renvoye l'homme d'Auvergne despeché995. Je suis bien ayse que les filles de Sainte
Catherine ayent fait leur affaire en mon absence996 ; et avant que je parte on despechera a Rome
pour la reformation generale, ainsy que Monseigneur le Prince resolut avanthier.
Il ne sera, je pense, pas besoin d'envoyer a Louvain, puisque Son Altesse prendra les
moyens convenables pour accoyser'ces messieurs les Proviseurs, et que le Pape interviendra en
cett'affaire997. [335]
992 L'adresse manque à l'Autographe, mais il est évident que cette lettre fut écrite à l'Evêque de Chalcédoine.
993 Voir ci-dessus, note (984), p. 330.
994 Sans doute Philibert Dumont, greffier de l'Officialité. (Cf. tome XIII, note (911), p. 338.)
995 C'était le porteur des deux lettres précédentes. (Voir note (987), p. 333.)
996 Quand elles avaient eu nouvelle du prochain départ de l'Evêque de Genève pour le Piémont, les Religieuses de
Sainte-Catherine qui projetaient la réforme, s'étaient informées de ses intentions. « Je consens qu'elles métent la main
à l'œuvre, » répondit-il à leur messagère. « L'y mettront-elles durant votre absence ? Oui, » continua le Saint, « il
est mieux qu'elles y travaillent tandis que je serai éloigné d'elles. » Fortes de cette décision, les cinq Cisterciennes
firent d'actives démarches pour gagner à leur cause l'Abbé de Tamié, vicaire général en Savoie de l'Abbé de Cîteaux,
et pour obtenir de ce dernier les permissions nécessaires. Elles réussirent, grâce au concours intelligent et dévoué d'un
frère des Sœurs de Ballon, M. de Léaz ; le prince Thomas promit aussi sa protection. Ce sont ces bonnes nouvelles
que Jean-François de Sales avait transmises à son saint frère. Moins d'un mois après, le 1er août, en présence de l'Abbé
de Tamié, délégué du Supérieur général de l'Ordre, une assemblée solennelle se tint dans la salle du Chapitre de la
vieille abbaye. On y lut les patentes de l'Abbé de Cîteaux et les lettres du prince lieutenant-général de Savoie. Dès le
lendemain, malgré les protestations de l'Abbesse, les Sœurs de Vignod et de Monthoux partaient pour Rumilly. Le 8
septembre, leur petite chapelle était ouverte et l'établissement commençait ; après cette date seulement, arrivèrent les
Sœurs de Rochette et Louise de Ballon (voir ci-après, note (1081), p. 364). Gasparde de Ballon, retenue chez son père,
ne put les rejoindre que le 30 novembre. (Grossi, La Vie de la Vble Mere de Ballon, Annecy, Fontaine, 1695, liv. II,
chap. XIV, seqq.)
997 Des malveillances secrètes avaient réussi à indisposer les Proviseurs du collège de Louvain contre les PP.
Barnabites du collège d'Annecy (voir tome XVI, note (756), p. 234). On s'émut beaucoup en Savoie, et l'on ne trouvait
d'autre ressource que de députer en Belgique quelques personnes capables de traiter l'affaire de vive voix. L'autorité
souveraine intervint. Le 1er septembre 1622, Thomas de Savoie, ayant reçu les instructions de son frère Victor-
Amédée, défend aux Administrateurs d'envoyer personne à Louvain pour la ratification du contrat de 1614 (voir tome
XVI, note (734), p. 228), sans commandement exprès, et ordonne de prolonger le délai accordé aux Barnabites jusqu'au
mois de mai suivant. (Voir cette lettre à l'Appendice II, avec plusieurs autres concernant la même affaire.) Quelques
semaines plus tard, le 26 octobre, le prince de Piémont donnait ses instructions à l'ambassadeur de Savoie en Cour de
Rome pour le faire agir auprès du Pape en faveur des Barnabites. Deux décrets de la Congrégation de la Propagande,
reconnaissant les droits de ces Religieux, furent rendus le 22 janvier et le 23 juillet 1624. (Archiv. commun. d'Annecy,
série GG, Fonds du Collège Chappuisien.)
234/342

24.5 Page 235

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Je vous salue tres humblement, et tous nos freres998 et amis, avec nos seurs999 et amies. Je
suis,
Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
7 julliet 1622, a Turin.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.
_____
MCMXXX. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragment). Passage
de la Mère Favre de Montferrand à Dijon.
Turin, juillet-août 1622 1000.
……………………………………………………………………………………………………...
J'appreuve, ma chere Fille, ce que vous me proposes, de tirer de Montferrant ma chere
grande Fille, quoy qu'elle soit actuellement Supérieure, pour l'envoyer [336] occuper vostre place
a Dijon, d'ou vous ne partires point, ma chere Fille, qu'elle n'y soit establie.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Dijon, conservée au
1er Monastère d'Annecy.
_____
998 Louis, baron de Thorens (voir tome XII, note (165), p. 95), et Janus, chevalier de Malte (tome XV, note (1024), p.
362).
999 Le Saint mentionne sans doute ici, avec sa sœur Gasparde, dame de Cornillon (voir tome XIV, note (468), p. 158),
ses belles-sœurs Madeleine Roero de Bressieu, femme de Louis (tome XVI, note (118), p. 27), et Jeanne du Fresnoy,
veuve de Gallois (tome XV, note (757), p. 263).
1000 C'est en nous basant sur le récit des annalistes que nous datons ce fragment. Nous n'en garantissons pas l'intégrité
parfaite ; les copistes semblent avoir quelque peu altéré le texte ; tout au moins est-il bien probable que le Saint n'a
pas employé le terme de Fille en s'adressant à la Mère de Chantal.
235/342

24.6 Page 236

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MCMXXXI. A Monseigneur Jean-François de Sales, Évêque de
Chalcédoine, son frère (Fragment). Un désir de François de
Sales. Pourquoi il voudrait être « un peu en repos aux pieds
de Nostre Seigneur. »
Turin, [juillet-août] 1622 1001.
……………………………………………………………………………………………………..
Oh ! que je serois heureux si d'icy a un an ou deux je pouvois tellement partager avec vous
ma charge, que je peusse tenir la partie de Magdeleine, et vous celle de Marthe ! Non certes que
je desire celle de Magdeleine parce qu'elle est meilleure1002 ; mais parce que, si je pouvois estre
un peu en repos aux pieds de Nostre Seigneur, il m'est advis que j'apprendrois certaines choses que
je pourrois laisser tres utilement a la posterité par escrit, selon l'exhortation que tant de gens de
bien m'en ont fait1003. Mais apres cela, je proteste que je ne veux rien que vivre et mourir en la
grace et volonté de Dieu. [337]
……………………………………………………………………………………………………..
_____
1001 C'est D. Jean de Saint-François qui nous a conservé ces lignes dans La Vie du Bien-Heureus Mre François de Sales
(liv. V, p. 419) : « Et comme un seigneur de la cour de Son Altesse, » dit-il, « lui eut parlé fort avant de tendre à ceste
eminente dignité de l'Eglise, » celle de cardinal « il écrivit à Monseigneur de Calcedoine, son frere,... comme il
avoit entierement rejetté ceste proposition, et entre autres discours lui parle ainsi... » Suit notre texte. Les circonstances
indiquées font croire que tout ceci se passa durant le séjour de l'Evêque de Genève à la cour de Turin en juillet-août
1622.
1002 Cf. Luc., X, ult.
1003 Voir le tome précédent, Lettre MDCXCVIII, p. 321, et ci-dessus, note (674), p. 220.
236/342

24.7 Page 237

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MCMXXXII. A la Duchesse de Modène, Isabelle de Savoie1004.
Grande vertu des Infantes de Savoie. Consolation que le
Saint a trouvée dans leur société. Une précieuse faveur reçue
de l'Infante Françoise-Catherine.
Turin, 8 août 1622.
Serenissima Signora,
Sérénissime Madame,
Ritrovandomi adesso alla vigilia della
mia partenza di questa corte, vengo pure a far
humilissima riverentia a Vostra Altezza
Serenissima con queste poche righe, già che
continuamente l'ho havuta inanzi agli occhi
della [338] mente nelle persone di queste
Serenissime Infanti1005, le quali con tanto
affetto celebrano le virtù che dalla bontà del
Signor Iddio son state concesse all'Altezza
Vostra, che la tengono sempre presente a quelli
che con la debita riverentia stanno nella loro
serenissima conversatione, come ho fatto io
questi duoi mesi passati. Et confesso
ingenuamente a Vostra Altezza Serenissima
che in questa academia di pietà nella quale
vivono queste Serenissime Infanti, ho trovata
tanta consolatione, che quantunque la mia
professione ecclesiastica et la mia educatione
nelle lettere sacre siano assai discoste della vita
della corte, io nientedimeno ho havuto un
gusto particolare di stare qui, per godere in
particolare della vista di tanta divotione come
riluce in questa triade d'Infanti.
Non dirò già a Vostra Altezza li favori
ricevuti dalla loro benignità, ma dirò bene che
quello che ricevo dalla Serenissima Infante
Francesca Catarina, col quale mi ha dato
Me trouvant maintenant à la veille de
mon départ de cette cour, je viens, par ces
quelques lignes, offrir aussi mes très humbles
hommages à Votre Altesse Sérénissime que
j'ai eue continuellement [338] devant les yeux
de l'esprit en la personne des Sérénissimes
Infantes. Celles-ci proclament avec tant
d'affection les vertus accordées par la Bonté
divine à Votre Altesse, qu'elles vous tiennent
toujours présente au souvenir de ceux qui, en
tout respect, jouissent de leur auguste société,
comme je l'ai fait ces deux derniers mois.
J'avoue ingénuement à Votre Altesse, qu'en
cette académie de piété où vivent les
Sérénissimes Infantes, j'ai goûté une
consolation si grande, que, quoique ma
profession ecclésiastique et mon éducation
dans les lettres sacrées soient assez éloignées
de la vie de la cour, j'ai néanmoins éprouvé un
singulier plaisir à demeurer ici, pour jouir en
particulier de la vue d'une piété telle qu'elle
reluit en ce trio d'Infantes.
Je ne parlerai pas à Votre Altesse des
faveurs reçues de leur bonté ; mais je dirai bien
que celle que me fait la Sérénissime Infante
Françoise-Catherine en m'ordonnant de saluer
ainsi par écrit et à la hâte Votre Altesse, est une
1004 Seconde fille de Charles-Emmanuel, Isabelle de Savoie naquit le 11 mars 1591, et épousa le 22 février 1608 le fils
aîné du duc de Modène, Alphonse d'Est, de même âge qu'elle. Après lui avoir donné quatorze enfants, la princesse
mourut au mois d'août 1626 et fut inhumée, en habit de Capucine, dans l'église des Théatins. Le P. Louis Albrici
prononça son oraison funèbre, et un Observantin, le P. Pascal Codreto, écrivit un abrégé de sa vie. Isabelle avait été
un modèle de vertu et de piété ; aussi son père pouvait dire au duc de Nemours : « Cest la verité que j'ay ressanty la
perte de ma figlie de Modene jusques au plus profond du cœur, car je n'ay james reseu que du contentement d'elle...
et la cherissois estrememant. Mays sil y a rien quy me console, cest une relation qu'un Pere Capucin qui assistat a sa
mort escrit a un sien compagnon, par laquelle j'aprans quelle a seu vivre et mourir en la grace de Dieu... ; qui me fayt
esperer que nous aurons en Paradis qui intercederat pour nous. » (Bibl. Nat., Fonds français, Ms. 3803, fol. 42.)
Alphonse d'Est ne put se consoler de cette perte ; à peine garda-t-il un an les rênes du gouvernement que son père lui
laissa en 1628 ; les abandonnant à son fils François, il entra chez les Capucins, où il vécut jusqu'en 1644 sous le nom
de Frère Jean-Baptiste. (Guichenon, Hist. généal. de la Maison de Savoie, 1778, tome II.)
Voir à l'Appendice I la réponse de la Princesse à l'Evêque de Genève. C'est par erreur que cette lettre a été
attribuée à la sœur d'Isabelle, Marguerite, duchesse de Mantoue, au tome XVI, note (344), p. 104.
1005 Marguerite, duchesse de Mantoue (voir tome XVI, note (344), p. 104), Marie et Françoise-Catherine de Savoie,
sœurs cadettes d'Isabelle (tome XVII, note (1258), p. 385).
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24.8 Page 238

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ordine di salutare così in scritto et in fretta
Vostra Altezza Serenissima, è uno di magiori
et più prætiosi favori che io potessi sperare in
questo mondo, et mediante [339] il quale spero
che Vostra Altezza mi farà gratia di scusarmi,
et non attribuire a presuntione questa mia
confidentia.
Et fra tanto priegho Iesuchristo,
Redentore nostro, che a Vostra Altezza dia
ogni dì magior accrescimento nel suo divino
amore, con perfetta conformità alla sua
dilettissima Croce. Et così ritorno a farli di
nuovo humilissima riverentia, restando senza
fine,
Della Altezza Vostra Serenissima,
Humilissimo et divotissimo servo et oratore,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
In Torino, alli VIII di Agosto 1622.
des plus grandes et précieuses que je [339]
pusse attendre en ce monde. C'est pourquoi
j'espère, Madame, que vous daignerez
m'excuser et que vous n'attribuerez pas à
présomption cette marque de confiance.
En attendant, je prie Jésus-Christ notre
Rédempteur d'accorder chaque jour à Votre
Altesse de nouveaux accroissements en son
amour, avec une conformité parfaite à sa Croix
bien aimée. Je vous renouvelle mes très
humbles hommages et je demeure à jamais,
De Votre Altesse Sérénissime,
Le très humble et très dévoué serviteur et
orateur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
A Turin, le 8 août 1622. [340]
Revu sur l'Autographe conservé à Modène,
Archives de l'Etat. [340]
_____
MCMXXXIII. Au Cardinal Ludovic Ludovisi. Deux Pères
Feuillants en route pour Rome. Prière de s'intéresser aux
affaires qu'ils vont y traiter. Départ pour Annecy.
Turin, 17 août 1622.
Illustrissimo et Reverendissimo Signor
Illustrissime, Révérendissime et très
Padron colendissimo,
vénéré Seigneur,
Partono di questa città questi duoi
Padri1006 per li negotii che essi spiegaranno alla
Santa Sede. Et perchè sonno tutte cose
appartenenti alla magior gloria d'Iddio et che
non possono riuscire se non coll'interventione
della potentissima mano di V. S. Illma, a Lei et
alla sua pietà et providentia con profondissima
riverentia le raccommando ; partendo poi
domani per la mia residentia, [341] dove è il
Monasterio per la riformatione del quale questi
Padri vanno in Roma.
Ces deux Pères partent de cette ville
pour les affaires qu'ils expliqueront au Saint-
Siège. Et comme toutes regardent la plus
grande gloire de Dieu et qu'elles ne peuvent
réussir que par l'intervention de la main très
puissante de Votre Seigneurie Illustrissime, je
les lui recommande, et à sa piété et à sa
sollicitude, avec un très profond respect. [341]
Je pars demain pour ma résidence, où
se trouve le Monastère pour la réforme duquel
ces Pères vont à Rome.
1006 C'étaient certainement des Pères Feuillants que François de Sales recommandait au protecteur de leur Ordre, le
cardinal Ludovisi. Le grand désir du Saint, formé depuis longtemps, aurait été d'introduire leur réforme dans les trois
Maisons cisterciennes de son diocèse : Aulps, Chézery et Hautecombe, comme elle l'était chez les Chanoines réguliers
d'Abondance (voir la lettre à D. Asseline, tome XV, p. 116). Dans un Mémoire adressé au prince de Piémont (voir le
tome précèdent, pp. 80, 85), le même projet est de nouveau exprimé : « Quant aux Monasteres de l'Ordre de Cisteaux,
» dit l'Evêque de Genève, « je ne voy pas qu'aucune reformation se puisse faire, sinon en y « mettant des Religieux
Feuillans, comme on a fait a la Consolata de Turin, « a Pignerol et en Abondance. »
238/342

24.9 Page 239

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Di V. S. Illma et Rma,
De Votre Seigneurie Illustrissime et
Divotissimo et humilissimo servo, Révérendissime,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
Le très dévoué et très humble serviteur,
Da Torino, alli 17 di Agosto 1622.
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
De Turin, le 17 août 1622.
Revu sur l'Autographe conservé à Rome, à la
Bibliothèque Barberini.
_____
MCMXXXIV. A M. Philippe Sanguin de Roquencourt1007. Désir
de l'Evêque de Genève de complaire au destinataire. Son
vouloir limité par son pouvoir. A qui il appartiendra de
résoudre la difficulté au sujet d'une aspirante à la Visitation.
Rien de secret dans les Constitutions de l'Institut ; rien de
cabalistique dans les paroles et les écrits du Fondateur. La
seule impuissance de méditer n'exclut pas du cloître Ce n'est
pas sans raison ni pour fâcher le père que la Supérieure se
décide à ne pas recevoir la fille.
Annecy, 24 août 1622.
Monsieur,
J'estois malade en Piemont1008 quand je receu vostre lettre du 27 may ; maintenant, de
retour au lieu de ma residence, je vous remercie tres humblement de la souvenance que vous aves
de moy qui, reciproquement, ay gravé en mon ame le respect que je doy a vostre vertu [342] et
pieté, tesmoignee, de vray, par l'assistence que vous fistes a madame de Gouffier pour la reception
des Filles de Sainte Marie de la Visitation1009.
Ensuite dequoy je voudroys bien, je vous asseure, Monsieur, vous rendre quelque utile
service en toutes occasions, mays en particulier pour la consolation de madamoyselle vostre
fille1010, et mesme ayant receu une si grande recommandation et si puissante, comm'est celle de
Monseigneur le Duc de Nemours qui m'escrit ardemment pour vostre intention. Neantmoins,
Monsieur, (1011 scientibus legem loquor1012), je doys limiter mon vouloir par mon pouvoir, qui ne
s'estend pas hors de mon diocæse sinon par maniere d'intercession. Et partant, j'escritz a la
1007 Philippe Sanguin était fils de Jean Sanguin, seigneur de Vaulusseaux, Santeni et Roquencourt, et de Marie de
Baugi. Il fut conseiller au Châtelet, puis en la Cour des Aides, et épousa, le 9 mars 1595, Marie Maillard. Il meurt le
2 août 1632. (D'Hozier, Armorial général de France.)
1008 Voir ci-dessus, note (984), p. 330.
1009 L'Histoire de la Fondation du premier Monastère de la Visitation de Paris ne dit rien de l'intervention de M.
Sanguin dans cet établissement.
1010 Après un an et quatre mois de séjour au monastère de Paris, Anne Sanguin, à l'âge de seize ans, avait reçu l'habit
religieux et le nom d'Anne-Geneviève, le 18 octobre 1621. (Livre du Noviciat du 1er Monastère de Paris.) En octobre
1622, le Mère de Chantal écrit à la Sœur de Bressand, Maîtresse des novices : « Si la Sœur Sanguin peut être tolérée
et supportée sans intérêt, je le voudrais. Notre-Seigneur présidera, s'il lui plaît, en ce conseil. » (Lettres, vol. II, p. 67.)
Malgré la bonne volonté des saints Fondateurs, Mlle Sanguin, n'ayant pas de vocation, fut renvoyée.
1011 je parle à des hommes qui connaissent la loi.
1012 Rom., VII, 1.
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24.10 Page 240

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Superieure delaquelle vous vous plaignies1013, qu'autant qu'il se pourra bonnement faire selon
Dieu, elle contente vostre desir, en consideration de celuy que j'ay tres ardant de vous rendre
service. Que si, apres cela, il se treuve quelque difficulté, ce sera a l'authorité de Monseigneur le
Cardinal Evesque de Paris1014, ou a ceux qui ont charge de luy, de la resoudre.
Au reste, Monsieur, il ny a aucun article secret es Constitutions de l'Institut de Sainte Marie,
sinon qu'il ayt esté adjousté si secretement que je n'en aye jamays eu connoissance. Car, quant a
moy, je puis [dire], quant a cela, a l'imitation de Nostre Seigneur et Maistre1015 : In occulto locutus
sum nihil1016 ; il ny a rien de caballistique en tout ce que j'ay jamais dit ny escrit. Que si [343]
quelqu'un vous a dit le contraire, il a eu tort, de moy qui sçai, des le tems mesme que vous me
marques et duquel la memoire m'est si douce, quand j'avois le bonheur d'estre avec vous au
college1017, que1018 veritas non quærit angulos1019, et qu'il ny a nulle finesse au vray service de la
pieté.
Et de plus, Monsieur, bien que l'exercice de la meditation soit grandement desirable es
Monasteres, si est ce que, quand toutes les autres qualités se treuvent en un esprit, j'ay tous-jours
jugé que celle de n'estre pas propre a former les meditations n'estoit pas suffisante pour forclorre
un'ame du cloistre. Peut estre donq y aura-il en madamoyselle vostre fille quelqu'autre
manquement, non es choses essentielles de la pieté simplement, mays, a l'aventure, en ce qui est
requis au genre de vie des Seurs de la Visitation, qui provoque la Superieure a la desirer ailleurs ;
car je ne puis m'imaginer que, sans rayson, de gayeté de cœur, ni mesme de fierté de courage, elle
voulut fascher un personnage de vostre condition, et refuser le sejour au monastere a une fille si
bien nee comm'est la vostre, Monsieur. Et quant aux fraitz que vous aures faite pour l'essay, qui
n'auront pas esté employés pour la personne propre de celle qui l'a fait, je croy que vous n'en aures
pas du refus.
En somme, puisque vous m'aves fait lhonneur de m'aymer des il y a si long tems, je vous
supplie tres humblement de continuer tous-jours, Monsieur, et de croire que de tout mon cœur je
seray toute ma vie
Vostre plus humble et affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIIII aoust 1622, Annessi.
1020 A Monsieur
Monsieur Sanguin, seigr de Rocqu'encour,
Conseiller du Roy au Parlement de Paris.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Paris. [344]
_____
1013 La Mère Anne-Catherine de Beaumont.
1014 Henri de Gondi (voir tome XVIII, note (1203), p. 370).
1015 Joan., XVIII, 20.
1016 Je n'ai rien dit en secret.
1017 Au collège de Clermont, à Paris.
1018 « La vérité ne cherche pas les détours. »
1019 S. Hier., ep. CXXV, ad Rusticum monach.
1020 L'adresse est de la main de M. Michel Favre.
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25 Pages 241-250

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25.1 Page 241

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MCMXXXV. A la Mère de la Martiniere, Supérieure de la
Visitation de Valence (Inédite). Réponse tardive.
Adoucissements que l'on peut donner à une veuve âgée retirée
au monastère. Consolations et difficultés. Messages.
Annecy, 24-29 août1021 1622.
Ma tres chere Fille,
A [mon retour] de Piemont, j'ay treuvé ici vostre lettre du premier juing. Helas ! que vous
aures bien eu de la patience en l'attente de la response.
Je ne treuve nulle difficulté que la [mère de monsieur] de la Gamelle soit receue en vostre
Mayson pour y demeurer [en habit] seculier, pourveu qu'il soit modeste, selon son ordinaire ;
qu'elle] couche sur les plumes ou [en autre] telle sorte, pourveu; car en tout cela [il n'y a aucune]
messeancep[our la] cha[rité]par la plus doucebonnele plus grand secours de son
aage1022. [345]
Je me res-jouys dequoy vous aves un si bon Pere spirituel1023 et un si bon confesseur1024 ;
cela vous doit soulager au desplaysir que les incommodités de vostre logis vous doivent donner.
J'espere qu'en fin celuy qui s'estoit chargé de vous si bien accommoder s'empressera de satisfaire
a vostre juste desir et a sa conscience1025.
Je salue tres humblement le cœur de nostre devote Seur Marie et celuy de madamoyselle
1021 L'Autographe est en très mauvais état ; bien des mots ont entièrement disparu, et il est impossible de combler
toutes les lacunes. De la date, il reste le millésime, la première lettre du mois et le premier chiffre du quantième. Celui-
ci doit être compris entre le 24 et le 29, le saint Evêque n'étant pas revenu de son voyage en Piémont avant le 24.
1022 Mère de François des Roys, seigneur de la Gamelle, Emeraude du Roure fut reçue en effet au monastère de
Valence. Lorsque saint François de Sales s'y arrêta en allant à Avignon, la vénérable veuve lui exprima son ardent
désir d'être Religieuse ; il ne lui fut pas difficile de gagner le Fondateur à sa cause, et lui-même lui donna le voile de
novice à son retour, le 30 novembre. Dans son acte de vêture, la nouvelle Sœur Marie-Emeraude se dit fille de François
du Roure et d'Anne d'Orgon, âgée de soixante-quatre ans. On la reçut à la Profession le 14 avril 1624, et elle vécut
encore seize ans dans l'observance de ses vœux « avec une merveilleuse édification de la Communauté, »
s'assujettissant « à la Règle et aux exercices comme si c'eût été une jeune fille très austère. » (Livre du Noviciat et
Annales de la Visitation de Valence.)
1023 M. Millet, chanoine théologal et archidiacre de la cathédrale, avait été donné pour Père spirituel aux Sœurs de la
Visitation, dès le début de leur fondation. C'est lui qui prononça le discours d'usage le jour de l'établissement. (Hist.
de la Fondation.)
1024 C'était aussi un chanoine de la cathédrale, nommé Pierre Hatton, remarquable par sa vertu et sa charité. Il fut non
seulement confesseur dévoué des Religieuses, mais encore leur bienfaiteur, pourvoyeur, homme d'affaires. Pendant la
durée des constructions, il fit lui-même les achats nécessaires et surveilla activement les ouvriers ; puis, de ses propres
deniers, il décora l'église et l'enrichit d'ornements et de vases sacrés. Son oubli de lui-même et son affection pour la
Communauté éclatèrent surtout en l'année 1628-1629, lors de la peste qui désola la ville. M. Hatton n'abandonna point
ses Filles ; il leur donna comme auparavant le secours de son ministère, et pourvut à leurs besoins temporels. Ce vrai
serviteur de Dieu mourut en 1647, instituant les Sœurs de la Visitation ses héritières universelles. (D'après l'Essai sur
les origines monastiques dans le diocèse de Valence : L'Ordre de la Visitation, etc., Valence, 1880.)
1025 Il s'agit très probablement de Matthieu-Thomas de Vermenton, lieutenant-général de la justice de Valence et son
ressort. C'est de lui que les amis de la Visitation avaient acheté la maison provisoire des Sœurs le 28 décembre 1620
(voir ci-dessus, note (291), p. 91), pour la forte somme de dix mille trois cents livres, sous la condition que le
propriétaire la ferait réparer, l'approprierait aux besoins de la petite Communauté et construirait la chapelle. Ces
promesses n'étaient point encore remplies ; le personnel s'augmentait et l'on souffrait de plus en plus de l'insuffisance
et des incommodités du local. (Cf. ci-dessus, note (594), p. 194.) Lors du passage de l'Evêque de Genève à Valence,
au mois de novembre 1622, l'achat d'une autre maison fut décidé, et par acte du 23 février 1623, l'hôtel de noble Henri
de Bressac, situé au centre de la cité et entouré de cours et de jardins, devint la propriété des Filles de Sainte-Marie.
M. de Vermenton, malgré tout, leur était dévoué ; il avait été le solliciteur de l'établissement auprès du Conseil de
Ville (20 janvier 1621), et sa négligence à faire exécuter les réparations promises ne provenait pas d'un manque
d'affection ; il satisfit enfin « a sa conscience » en résiliant de bonne grâce le contrat de vente de son immeuble, sans
clauses trop onéreuses pour les Religieuses. (Essai cité.)
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des [Con]ches1026, les conjurant de recommander souvent le mien tres chetif a la souveraine bonté
de celuy de Nostre Seigneur, auquel [346] et par lequel je suis tres asseurement, ma tres chere
Fille,
Vostre [très h]umble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
2 ... a[oût] 1622.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans.
_____
MCMXXXVI. A Madame de Cerisier, Abbesse de Sainte-
Catherine1027. L'Abbesse a été avertie par François de Sales du
désir de quelques-unes de ses Filles ; quel était le sien pour la
réforme. — « Les defautz qui arrivent en une bonne œuvre n'en
gastent pas la bonté essentielle. » Se garder d'aller contre la
volonté de Dieu par intérêt propre. Pourvu que le bien se
fasse, il suffit.
Annecy, 29 août 1622.
Je respons clairement a vostre lettre, ma tres chere Cousine, ma Fille. Il est vray que des il
y a long tems je me suis apperceu des desirs que plusieurs de vos Filles avoyent de la reformation
; et, tout autant que la conscience me l'a peu permettre, je vous l'ay signifié de tems en tems. Mais
il est vray aussi que j'eusse souhaité qu'elles eussent eu encor un peu de patience1028, puisque nous
[347] sommes a la veille de voir un ordre general pour la reformation de tous les Monasteres de
cette province de deça les mons, notamment des filles, parmi lesquelles les moindres defautz sont
plus blasmés que les grans parmi les hommes. Or, ma tres chere Cousine, voyla donq la chose au
jour.
Qu'il se soit passé quelques impatiences, quelques immortifications, quelques fiertés,
quelques desobeissances, quelques amours propres, quelques imprudences, certes il ne se peut pas
nier ; mais, pour tout cela, le fond de l'affaire ne laisse pas d'estre bon et selon la volonté de Dieu.
Tous les defautz qui arrivent en une bonne œuvre n'en gastent pas la bonté essentielle : d'ou que le
bon vienne, il le faut aymer. Mon inclination estoit que l'on attendist de faire celuy ci jusques a ce
que l'ordre en fust venu de Rome, affin qu'il y eust moins de resistance ; la ferveur de la charité de
quelques unes ou, si vous voules, l'ardeur de la propre volonté des autres, a fait choisir un autre
1026 Marie de Valence et sa chère compagne Marguerite de Conches (voir ci-dessus, les notes (290), (292) des pp. 90,
91).
1027 Pernette de Cerisier, fille de Nicolas de Cerisier et de Claude de Menthon, entra à l'abbaye de Sainte-Catherine en
1593, et fit profession vers 1600. L'Abbesse Claudine de Menthon-la-Balme la choisit pour coadjutrice en 1605 (voir
tome XIII, note (334), p. 116) ; on ignore en quelle année elle lui laissa la crosse, ce fut seulement le 1er août 1622
que Pernette de Cerisier reçut, des mains de l'Abbé de Tamié, la bénédiction abbatiale. Cousine de François de Sales,
l'Abbesse aimait à recevoir les conseils de son saint parent, elle se montra même, au premier abord, favorable au projet
de réforme ; mais son caractère faible ne lui permit pas de résister à celles qui tenaient pour l'ancien état de choses, et
elle fit tout ce qu'elle put pour entraver la sortie de la Sœur de Ballon et de ses compagnes. Mme de Cerisier vivait
encore le 25 mars 1632 ; quelques jours auparavant, elle avait pris pour coadjutrice Françoise de Regard-Chanay.
(Voir Mém. de l'Acad. Salés., 1892, tome XV, p. 203.)
1028 Le Saint, avec sa sagesse et sa prudence ordinaires, laissa mûrir longtemps le dessein des futures réformatrices ;
pourtant, voyant leur persévérance, il les avait autorisées, avant de partir pour le Piémont, à commencer les démarches
nécessaires. (Voir ci-dessus, note (996), p. 335.)
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moyen qui leur sembloit plus court ; il ne faut pas pour cela le rejetter, ains il faut y contribuer tout
ce que la sainte, sincere et veritable charité nous suggerera. Et nous faut prendre garde de ne
permettre pas a nostre propre interest ou amour d'employer nostre propre prudence contre la
volonté de l'Espoux celeste. Mais de tout ceci il en faut parler plus au long, Dieu aydant.
Madame ma tres chere Cousine, ma Fille, que cette affaire ayt esté entreprise, je le sceu le
jour avant mon depart de cette ville1029 ; que l'on en soit venu a l'execution, je le sceu en
Argentine1030 ; mais vous aves esté la premiere qui m'aves donné connoissance de la particularité,
bien que despuis j'en aye appris encor davantage. Il [348] importe peu que le bien se face d'une
façon ou d'autre, pourveu qu'il se face en sorte qu'il en revienne plus grande gloire a Nostre
Seigneur. Je suis, Madame ma chere Cousine,
Vostre tres humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
29 aoust 1622.
A Madame l'Abbesse de Sainte Catherine.
_____
MCMXXXVII. A la Mère de Chantal, a Dijon. En quel cas
permettre le changement de monastère. Plusieurs affaires
pénibles. Mille écus que le Saint voudrait « au fons de la mer.
» Les effets du sens humain.Ne pas recevoir des
bienfaitrices qui exigent trop de conditions. Mort de la
présidente Brûlart et du cardinal de Retz. La « benediction
souverainement desirable. » Souvenir affectueux pour les
enfants de la Mère de Chantal.
Annecy, 30 août 1622.
1031 Je suis de retour, et en santé, ma tres chere Mere, mais sans loysir de vous faire long
discours. Il suffira que je responde aux principales demandes que vous m'aves faites.
Je le croys, ma tres chere Mere, car je le voys, que toutes les Superieures desirent de voir
les filles maussades et fantasques esloignees de leurs monasteres, car c'est la condition de l'esprit
humain de ne se plaire qu'aux choses plaisantes. Mais je suis tout a fait de vostre advis, que l'on
n'ouvre point la porte au changement de monastere pour les filles qui le desireront, ains seulement
pour celles qui, sans le desirer, seront pour quelqu'autre rayson envoyees par les Superieurs ; car
autrement, le moindre [349] deplaisir qui arriveroit a une fille seroit capable de l'inquieter et luy
faire prendre le change, et en lieu de se changer elles mesmes, elles penseroyent d'avoir
1029 Grossi, dans la Vie de la Mere de Ballon (liv. II, chap. XIV, p. 176). ne se serait-il pas trompé en marquant au 24
mars l'entrevue de François de Sales avec Mlle de Montfalcon, chargée de le consulter de la part des Sœurs ferventes
de Sainte-Catherine ? La vraie date est peut-être le 24 mai, veille très probable du départ de l'Evêque pour Pignerol.
1030 Vers le 21 août, le saint voyageur revenant dans son diocèse, fatigué et malade, s'arrêta près d'une journée à
Argentine (arrondissement de Saint-Jean-de-Maurienne), chez M. Castagneri. Ceux de sa suite l'y contraignirent, car,
nous rapporte Michel Favre, « nous... ne cregnions rien moins que de le perdre en chemin. » (Process. remiss. Gebenn.
(I), ad art. 31.)
1031 Cette lettre est écrite en grande partie de la main de M. Michel Favre, comme le Saint le dit à la fin. Nous
signalerons l'endroit où l'Evêque prend lui-même la plume.
Les éditeurs de 1626 ont tiré de ces pages plusieurs fragments pour, avec quelques autres, en fabriquer un
texte auquel ils ont laissé la date du 30 août 1622. (Voir ci-après, Lettre MCMXL, et note (1060), p. 360.)
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suffisamment remedié a leur mal quand elles changeroyent de monastere.
Je me res-jouis de quoy vous estes logees a vostre gré1032. J'ay respondu a madame de
Monfan et a madame de Dalet1033 sur les lettres qu'elles m'escrivirent tandis que j'estois a Turin.
J'ay veu l'exercice que ces deux filles font a nostre Superieure de Paris, mais je ny vois
point de remede, sinon celuy de la patience et de la confiance en Dieu1034. [350] Monsieur Sanguin
m'escrit une grande lettre et m'a fait escrire par Monsieur le Duc de Nemours sur les difficultés
que l'on fait a sa fille1035 ; mais je n'ay rien a respondre sinon que les Superieurs qui sont sur les
lieux doyvent decider ce fait, et non moy, qui ne puis estre instruit que par le recit des parties et
qui, au reste, ne suis pas juge competant.
Je suis bien plus scandalisé des contestes qui sont entre nos Seurs Superieures de Moulins
et de Nevers pour certains mille escus que je voudrois plustost estre au fons de la mer qu'en l'esprit
de ces filles1036. Est il possible que des filles nourries en l'escole de la folie de la Croix1037, soyent
tellement affectionnees a la prudence du monde que ny l'une ny l'autre ne veuille point ceder et
que chacune sache tant alleguer de termes de justice ? Il faudra tascher pourtant d'arrester celle qui
aura moins de rayson, pourveu qu'encores l'esprit du monde luy permette de se laisser condamner
; mais je ne croys pas que cela se puisse faire avant vostre venue. Celle de Nevers ne m'en a point
escrit, mais les plaintes de celle de Moulins tesmoignent que l'opinion du bon droit est grandement
enracinée en l'esprit de l'une et de l'autre.
J'ay aussi presque une mesme aversion au grand desir que les Superieures ont que l'on
decharge leurs Maysons [351] par le moyen des fondations ; car tout cela depend du sens humain
1032 En arrivant à Dijon, le 8 mai, la Mère de Chantal et ses Filles s'étaient « logées en la paroisse Notre-Dame, à la
Verrerie, où les dames de ce quartier » étaient « passionnées de » les « retenir. » (Lettres de la Sainte, vol. II, p. 17.)
Mais la maisonse trouvait « fort petite, et sans jardin ni cour, qu'une... guère plus grande qu'une table tirée d'un bout.
» (Ibid., p. 19.) Aussi fallut-il songer à chercher ailleurs. Le 15 juillet, la Sainte écrit : « Nous sommes dans la nouvelle
maison ; certes, c'est par une spéciale et visible conduite de Dieu, dont il soit béni !... Nous bâtissons un oratoire et
des parloirs, et j'espère que Notre-Seigneur donnera de quoi. » (Ibid., p. 33.)
1033 Epist. MCMXXVII, MCMXXVIII.
1034 Deux jeunes Sœurs du Monastère de Paris passaient alors par des épreuves extraordinaires ; elles s'appelaient
Marie-Louise Loyseau (voir ci-dessus, note (549), p. 180) et Claire-Marie Amaury. De l'avis de la Mère de Chantal,
les peines intérieures de la première provenaient un peu « de la maladie corporelle, » (Lettres, vol. II, p. 67) et l'on
reconnut son esprit n'être pas propre à la vie religieuse ; aussi fut-elle congédiée.
Le cas était bien différent pour la Sœur Claire-Marie Amaury. Née à Paris en 1604, de Jean Amaury, magistrat
distingué, et de Marie Bourdain, elle avait toujours donné des preuves d'un jugement solide et d'un excellent naturel.
Guidée par M. Jantet (voir le tome précédent, note (209), p. 47) vers la Visitation, elle y reçut le voile des mains de
sainte Jeanne de Chantal le 2 juillet 1621. Sa Profession eut lieu le 10 juillet de l'année suivante, et Dieu lui fit
comprendre dès lors qu'elle aurait beaucoup à souffrir. En effet, aussitôt après, les tentations les plus étranges et les
plus terribles fondirent sur la jeune Religieuse, et l'accablèrent au point de lui enlever toute liberté de prier. L'enfer
semblait l'avoir envahie avec ses blasphèmes et son désespoir, et l'on frémit au récit qu'elle-même a fait de ses peines.
(Process. remiss. Parisiensis.) Saint Vincent de Paul, M. de Bérulle, Mgr Zamet et plusieurs autres examinèrent cette
âme ; de leur aveu, il ne pouvait, en ce monde, s'en trouver de plus rudement éprouvée. L'obéissance seule gardait son
pouvoir sur la pauvre affligée, car sa volonté, au milieu du conflit des tempêtes infernales, demeurait tournée vers
Dieu. Enfin, au bout de sept mois d'un si cruel martyre, François de Sales, mort depuis trois semaines, manifesta sa
puissance en faveur de cette chère fille. La Supérieure, Anne-Catherine de Beaumont, attacha au bras de Sœur Claire-
Marie, sans lui dire ce que c'était, un morceau du rochet du saint Evêque. Quelques jours plus tard, le 30 janvier,
l'obsession diabolique prenait fin, et le corps, épuisé par tant de souffrances, retrouvait sa vigueur au même instant où
l'esprit rentrait dans la paix. L'heureuse délivrée consacra sans ménagement à Dieu les forces physiques et morales si
miraculeusement recouvrées. En 1626, elle coopérait en qualité de Directrice à la fondation du second Monastère de
Paris, et la Mère Favre la choisit en 1631 pour diriger celle de la Maison de Troyes. Elle y rencontra d'extrêmes
difficultés et contradictions ; son courage et sa patience vinrent à bout de tout. Après un intervalle de trois ans, la Mère
Claire-Marie reprit le gouvernement en 1644, pour le déposer en 1650. Le 10 octobre 1651, cette fidèle servante, qui
avait soutenu de si terribles combats, entrait pour toujours dans la joie de son Seigneur. (D'après sa déposition, et sa
biographie dans l'Année Sainte de la Visitation, tome X, p. 224.)
1035 Voir ci-dessus, Lettre MCMXXXIV et note (1010), p. 343.
1036 Les Mères Jeanne-Charlotte de Bréchard et Paule-Jéronyme de Monthoux. (Voir le tome précédent, pp. 308, 380,
381, et l'Appendice III, p. 437.) Les amis respectifs des deux Monastères circonvenaient l'esprit de ces deux
Supérieures et persuadaient à chacune que son devoir était de défendre les intérêts de sa Maison.
1037 Cf. I Cor., I, 18, 23.
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25.5 Page 245

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et de la peine que chacune a a porter son fardeau. Soit donq que l'on decharge la Mayson de
Monferrant ou celle de Moulins par la fondation de celle de Rion1038, il me semble qu'il importe
fort peu.
Je suis bien ayse du contentement que vous aves de nostre Seur Françoise Augustine1039 et
de nostre Seur Parise1040, comm'aussi je plains beaucoup l'esprit de nostre Seur Valeret1041 qui n'a
sceu s'accommoder a l'Institut. Dieu luy face la grace de l'attirer a une vocation qui soit propre a
son salut.
Je vous ay escrit cy devant sur le sujet des bienfaitrices, lesquelles, comme vous, je ne
voudrois pas estre en grande quantité ; mais pourtant cela se doit ordonner par la charité et par la
discretion. Quant a madamoyselle de Vigny, puisque c'est un si bon esprit comme vous m'escrives,
on pourra luy permettre ce qu'elle desirera1042 ; [352] mais dores-en avant il ne faut pas recevoir
de ces bienfaitrices qui desirent tant de conditions.
La quantité des malades de la Mayson de Paris1043 est un grand presage de la benediction
que Dieu y veut mettre, quoyque le sens y repugne.
J'eusse bien desiré une plus longue vie a madame la premiere Presidente, ma tres chere
fille1044 ; mais il faut s'arrester court et sans replique au decret de la volonté celeste, laquelle dispose
des siens selon sa plus grande gloire. Je suis consolé de l'agreable ædification qu'elle a laissé par
les bons exemples de sa vie, qui estoit certes totalement dedié (sic) au service de Dieu, ainsy que
j'ay reconneu des que j'ay eu le bien de la connoistre. Je crois que les mayson s pieuses de Dijon
et de la Bourgoigne auront beaucoup perdu en ce trespas, mais il arrive rarement que l'un proffite
sans la perte de l'autre. J'ay un grand desir d'escrire a ses deux filles sur ce sujet1045, mais
maintenant je n'ay pas la commodité, non plus que d'escrire a monsieur le premier President ; en
lieu dequoy je prie Dieu pour leur consolation et pour le repos de l'ame de cette chere personne
que j'aymois et honorois de tout mon cœur, et de l'absence de laquelle je serois bien affligé
davantage si je ne prenois asseurance en la misericorde [353] de Dieu qu'elle jouit des a present
1038 C'est, nous l'avons dit, le Monastère de Moulins qui établit celui de Riom. (Voir ci-dessus, note (717), p. 239.)
1039 Sœur Françoise-Augustine Brung (voir ibid., note (762), p. 251).
1040 L'humble fille de procureur dont le persévérant courage avait amené à Dijon les Sœurs de la Visitation (voir ci-
dessus, note (533), p. 175), fut une des premières prétendantes du nouveau Monastère. Sous la direction de la Mère
Anne-Marie Rosset, elle fit de grands progrès en la vertu, et domptant « son naturel impérieux, vif et prompt, » disent
les anciens Mémoires, elle se rendit remarquable par une entière abnégation de soi-même. Après dix ans passés dans
la Maison de Dijon, la Sœur Claire-Marie Parise fut envoyée comme Assistante à la fondation de Beaune (1632) ; plus
tard, la Mère Guélaud l'emmena à Semur. En 1641 elle revint à Beaune, où elle termina sa vie le 25 juillet 1670, à
l'âge de soixante-quinze ans, laissant le souvenir de grandes vertus et d'une admirable fidélité à la Règle. (D'après la
Lettre circulaire de la Visitation de Beaune, 23 avril 1671 ; voir Année Sainte de la Visitation, tome VII, p. 608.)
1041 C'était sans doute une sœur de Bernarde-Marguerite, Religieuse à Annecy. (Voir le tome précédent, note (988), p.
304.)
1042 Anne Berbis, mariée à Pierre de Vigny (1597), qui devint en 1603 lieutenant-général au bailliage de Dijon,
appartenait à la branche des Berbis qui possédait la seigneurie d'Esbarres et le marquisat de Rancy. Son père, Nicolas,
était conseiller au Parlement de Bourgogne ; sa mère se nommait Marie Morin, des seigneurs de Cromey. Mme de
Vigny demeura veuve fort jeune et sans enfants. Elle fut d'abord des plus ardentes à s'opposer à l'établissement des
Filles de Sainte-Marie à Dijon, et employa pour cela le crédit des hauts parlementaires, ses parents et alliés ; mais ses
sentiments changèrent à la suite de sa première visite à la Mère de Chantal dont elle devint l'amie la plus dévouée. «
Je n'ai jamais vu un meilleur cœur de femme, » put écrire la sainte Fondatrice, « ni plus entièrement fondu dans les
intérêts de la Visitation ; elle n'a amour, après Dieu, que pour cela. Je désire infiniment que nous lui correspondions.
» (Lettres, vol. II, p. 354.) La pieuse veuve n'épargna pour l'Institut qu'elle affectionnait ni son argent, ni son zèle, ni
son temps ; nous la trouvons tantôt à Dijon, tantôt à Annecy, à Chambéry, à Paris, à Rouen, à Beaune, à Chalon-sur-
Saône, accompagnant la Mère de Chantal dans ses voyages, s'occupant des affaires des Monastères, préparant de
nouvelles fondations, débrouillant les difficultés qui s'y opposent. Mme de Vigny mourut après 1636, date de
l'établissement de la Visitation à Chalon-sur-Saône dont elle fut une active ouvrière. (D'après des Notes de M. Musy,
érudit de Dijon, et l'Hist. des Fondations.)
1043 Avec quelques-unes de ses Filles, la Mère Anne-Catherine de Beaumont était elle-même éprouvée par la maladie
à ce moment-là. (Cf. Lettres de Ste J.-Fse de Chantal, vol. II, p. 47.)
1044 Marie Bourgeois, présidente Brùlart, était décédée le 22 juillet précédent. (Voir tome XII, note (598), p. 267.)
1045 Certainement l'aînée, Madeleine, Carmélite (voir tomes XIII, note (611), p. 228, et XIV, note (425), p. 138), et
Françoise, dame de Saulx-Tavannes (tome XIV, note (788), p. 278). Leurs sœurs (ibid., note (413), p. 134) ne
paraissent pas avoir longtemps vécu.
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25.6 Page 246

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du bien auquel elle a tous-jours aspiré.
Ce m'a esté aussi une deplaisante nouvelle que celle de Monseigneur le Cardinal de Rés1046,
non seulement pour la perte que l'Eglise a fait en son trespas, mais aussi parce que j'ay consideré
en iceluy le deplaisir de madame la Marquise de Menelay, de monsieur le General des Galeres et
de madame sa femme1047 et de toute ceste mayson la que j'honnore de tout mon cœur. En somme,
il n'est pas en nostre pouvoir de garder les consolations que Dieu nous a donnees, sinon celle de
l'aymer sur toutes choses, qui est aussi la benediction souverainement desirable.
Je vous supplie, ma tres chere Mere, de saluer cordialement de ma part madame de
Tolongeon, ma tres chere [354] fille, et, quand l'occasion s'en presentera, monsieur le Baron de
Chantal vostre filz, et monsieur de Tolongeon1048 vostre beaufilz1049.
Ma tres chere Mere, je vous escris de la main de monsieur Michel jusques a present, que
j'acheve de tout mon cœur, vous priant de me tenir tous-jours pour ce que je suis, ainsy que vous
sçaves vous mesme,
Vostre serviteur tres humble.
Vous fistes excellemment de recevoir la femme que Monseigneur de Langres vous
addressoit1050 : Bienheureux sont les misericordieux, car Dieu leur fera misericorde1051. Receves
les infirmes ; croyes moy, ma tres chere Mere, la prudence humaine est ennemie de la bonté du
1046 Henri de Gondi, cardinal de Retz, mourut au mois d'août 1622. (Voir tome XVIII, note (1203), p. 370.)
1047 Sœur, frère et belle-sœur du défunt : Charlotte-Marguerite de Gondi, marquise de Maignelais (voir tome XIV,
note (553), p. 185), Philippe-Emmanuel de Gondi et sa femme, Françoise-Marguerite de Silly (tome XVIII, note
(1219), p. 375).
Philippe-Emmanuel, second fils d'Albert de Gondi et de Claude-Catherine de Clermont, comte de Joigny,
marquis des Iles d'Or, baron de Montmirail, Dampierre et Villepreux, était né à Lyon en 1581. A dix-sept ans, par la
démission de son père et le consentement de Henri IV, il avait reçu le titre de général des galères et de lieutenant-
général du Roi ès Mers du Levant (patentes du 25 avril 1598). Remarquable par ses qualités de corps, d'esprit, de
caractère, vaillant et heureux, le jeune seigneur se donnait largement au monde, tout en écoutant volontiers les
exhortations de sa femme et, plus tard, de la Mère Marguerite du Saint-Sacrement (voir le tome précédent, note (133),
p. 24), tout en aidant dans ses bonnes œuvres le précepteur de ses fils, Vincent de Paul. Enfin, les prières de Marguerite
Acarie, la sainte Carmélite, et la mort de la comtesse de Joigny l'arrachèrent à tout le terrestre pour le jeter dans les
bras de Dieu. Il laisse aussitôt sa charge à son fils aîné, Pierre (1625), et demande à M. de Bérulle une place à l'Oratoire.
On le fit attendre jusqu'au 6 avril 1627. Désormais le P. de Gondi n'aspira qu'à oublier tous les honneurs passés et
n'usa plus de ses richesses que pour favoriser sa Congrégation et celle de la Mission. Le monde le poursuivit dans sa
retraite, mais pour le persécuter. Richelieu l'exila à Lyon (1641), après avoir dépouillé de sa charge le duc de Retz. Ce
fut pire encore sous Mazarin, l'adversaire acharné du fameux cardinal de Retz, et Philippe-Emmanuel de Gondi expia
durement l'erreur qu'il avait commise en engageant ce fils dans l'état ecclésiastique. Relégué d'abord dans sa terre de
Villepreux (1653), puis à Clermont en Auvergne (1654), on le rappela seulement en 1661 ; le pieux Oratorien se retire
alors à Joigny, où il meurt en saint le 29 juin 1662, et reçoit la sépulture dans l'église Saint-Magloire. (D'après
Chantelauze, Saint Vincent de Paul et les Gondi, Paris, 1882, passim.)
1048 Ici commence l'écriture du Saint.
1049 L'Evêque de Genève salue dans ces lignes Françoise de Chantal, Celse-Bénigne son frère (voir tome XIV, note
(1093), p. 376), et Antoine, comte de Toulongeon, son mari (voir ci-dessus, note (139), p. 33).
1050 Lors de la première visite de Sébastien Zamet, évêque de Langres (voir ci-dessus, note (536), p. 176), à l'abbaye
déchue de Tart, une des Religieuses se montra quelque peu ébranlée, et demanda la Confirmation qu'elle n'avait pas
encore reçue. Religieuse, Mme de Grantrye ne l'était que d'habit, suivant la résolution prise et déclarée par elle le jour
de sa Profession. Foulant aux pieds son voile, en présence de témoins, elle avait protesté que lorsque la mort de son
père et de sa mère lui aurait rendu sa liberté, elle réclamerait contre la violence qui lui était faite. Depuis, elle fut le
scandale et du cloître et du monde. Dieu, par l'intermédiaire de Mgr Zamet, la toucha et la convertit. Quand, après sa
confession générale, l'Evêque la vit résolue à vivre chrétiennement, il lui proposa d'agir en Cour de Rome pour la faire
relever de ses vœux, et lui promit de lui trouver dans le monde un établissement convenable à sa naissance. Mais la
fervente pénitente refusa ; elle voulait réparer le passé, et sa seule peine était de ne pouvoir mener une vie régulière
dans son abbaye, sans s'exposer aux railleries de ses compagnes. Le Prélat la fit alors conduire « dans son carosse,
bien accompagnée, crainte de surprise, » à la Visitation de Dijon, et la confia lui-même à la Mère de Chantal. Celle-
ci accepta, pour témoigner son respect et sa déférence à Mgr Zamet, gagna bientôt l'estime, l'affection de Mme de
Grantrye, et la recommanda soigneusement à la Mère Favre en quittant la Bourgogne. La convertie passa un an dans
le monastère, édifiant les Sœurs par sa vie austère et son ardeur aux travaux pénibles ; enfin elle rejoignit la Mère de
Pourlan et les Religieuses de Tart qui avaient commencé la réforme à Dijon même au mois de mai 1623. (D'après
Prunel, Sébastien Zamet, etc., chap. VIII, et l'Hist. de la Fondation de la Visitation de Dijon.)
1051 Matt., V, 7.
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Crucifix.
Au premier jour je vous escriray plus au long. Ce [355] pendant vives heureuse dans le sein
de la bonté de Nostre Seigneur, qui soit beni es siecles des siecles. Amen.
30 aoust 1622.
A ma tres chere Mere en Nre Seigr,
[La M]ere Superieure des [Se]urs de la Visitation de Ste Marie.
A Dijon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes.
_____
MCMXXXVIII. A la Comtesse de Dalet. Le chemin du cloître
ouvert devant Mme de Dalet. Fleurs et parfums qu'y jette la
Providence. A qui la comtesse laisse ses enfants. C'est à
Dieu de conduire sa fille àla vie religieuse. Inconvénient
d'entrer trop jeune au couvent. Encouragement à suivre
l'appel divin.
Annecy, fin août ou commencement de septembre 1622 1052.
Madame,
Je voy clair, ce me semble : Dieu, qui vous appelle si misericordieusement au monastere
de la Visitation pour son pur amour, vous ouvre le chemin et facilite librement vostre entree ; c'est
pourquoy je vous dis hardiment : Sortes maintenant du monde en effect, puisque des-ja vous en
estes dehors d'affection.
Quelle plus legitime descharge pouves vous faire de la personne et des biens de vos enfans,
que de les remettre entre les mains de monsieur vostre pere et de madame vostre mere1053 ? Et n'est
ce pas un trait visible et palpable de la Providence divine pour ce sujet, que cela se puisse faire
avec l'aggreement, ains avec le desir de cette mere, jadis si jalouse de vostre presence au monde ?
Il m'est [356] advis, certes, ma tres chere Fille, que Dieu luy mesme jette des fleurs et des parfums
aux chemins de vostre retraitte, affin qu'elle se face avec plus de douceur et que les plus coquilleux
l'appreuvent et benissent ; car, que peut on dire ? Que vous laisses vos enfans ? Ouy ; mais ou les
laisses vous ? Entre les bras de leur [premier] pere et de leur premiere mere. En charges vous vos
pere et mere ? Non, vous ne les charges pas tant que vous les descharges, puisque c'est selon leur
gré et a leur souhait que cela se fait.
Ainsy que vous me descrives tout cest affaire, je n'y voy nulle sorte de difficulté sinon pour
la chere petite fille, que la grand'mere retirera de la Religion dans la nourriture du monde1054 ; car
quant au garçon, aussi bien dans deux ou trois ans ne le pouves vous plus garder dans vostre giron,
ni le nourrir de vostre nourriture, ains de la nourriture du college ou de la cour1055. Et quant a la
1052 Si l'on étudie les textes et l'histoire de la vocation de Mme de Dalet, cette lettre semble suivre d'assez près les deux
courriers du 6 juillet. Peut-être est-ce le message promis par le Saint après son retour à Annecy (voir p. 334) ; il serait
alors des derniers jours d'août, ou des premiers de septembre.
1053 Gaspard Le Loup de Montfan (voir ci-dessus, note (275), p. 77) et Charlotte de Beaufort-Montboissier-Canillac.
1054 Voir ci-dessus, note (990), p. 333.
1055 Le 28 août 1634, Gilbert-Allyre de Langheac, comte de Dalet, seigneur de Malintrat, Préchonnet, etc., épousa
Barbe de Coligny-Cressia. A cette occasion, la Mère Anne-Thérèse de Préchonnet écrivait à la Mère de Chantal : «
Voila qui est fini, et mes enfans n'ont sujet que de benir Dieu de ma retraite en nôtre chere Visitation, qui leur a été
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chere petite, si Dieu l'appelle a la Religion, elle y viendra, ou tost ou tard, nonobstant l'inclination
de madame sa grand'mere ; il se servira mesme de la nourriture du monde pour luy faire gouster
le bien de la Religion. Cecy est vray, je vous asseure, ma tres chere Fille : il arrive quelquefois que
les jeunes enfans eslevés en Religion en rejettent par apres la sujettion, comme les chevaux que
l'on charge trop tost de la selle. La vocation a la Religion est une grace trop particuliere pour estre
donnee par l'industrie et prudence humaine. Dieu employe bien souvent l'education pour la
vocation ; [357] mais quand l'education ne previent pas, il ne laisse de faire son benefice
puissamment et suavement. Vos offrandes de cette fille a Dieu luy seront plus utiles que vostre
nourriture.
Mais mon esprit s'escarte par la consolation que je sens a vostre occasion. Je dis donq
simplement que je ne voy rien qui vous doive retenir au monde, non pas mesme le presage de la
future vocation de vostre fille, qui, estant encor incertain, ne doit pas estre preferé a la certitude de
vostre appel, lequel vous deves donq suivre soigneusement, fortement, diligemment, mais sans
empressement et sans inquietude.
Dieu, qui a commencé en vous ce saint œuvre, le veuille bien accomplir *, affin qu'apres
vous avoir tiree, conservee et entretenue dans le monastere de la Visitation en cette vie, il vous
appelle dans le monastere eternel de la perpetuelle Visitation en la vie future. Et sur ce desir, que
je fay de tout mon cœur, je suis sans fin et sans exception,
Ma tres chere Fille,
Vostre tres affectionné serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve. [358]
_____
MCMXXXIX. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers (Fragment). Conduite à tenir envers des
personnes qui contredisent et contrarient. Les Religieuses des
différents Ordres se doivent estimer et aimer. Pourquoi Satan
hait particulièrement l'Institut de la Visitation.
Annecy, [fin août ou commencement de septembre 1622 1056.]
……………………………………………………………………………………………………..
Ma Fille, gardes vous bien de correspondre en sorte quelconque a ces bonnes Seurs ni a
leur fondatrice1057, sinon par une tres invariable humilité, douceur et naïfveté de cœur. Ne vous
defendes nullement, ma tres chere Fille ; ce sont propres paroles du Saint Esprit, escrittes par saint
Paul1058. Il y a quelquefois des tentations humaines parmi les serviteurs et servantes de Dieu : si
nous sommes animés de la dilection, nous les supporterons en paix.
Si ces bonnes ames mesprisent nostre Institut parce qu'il leur semble moindre que le leur,
elles contreviennent a la charité, en laquelle les fortz ne mesprisent point les foibles, ni les grans
avantageuse en toute maniere, comme elle a êté mon unique bon-heur. Eux et moy conoissons bien ces veritez. » (Sa
biographie, chap. XIV, dans Les Vies de VIII venerables Veves... par la Mère de Chaugy, Annessy, 1659.) Devenu
veuf, Gilbert-Allyre se remaria le 27 janvier 1647 avec Gilberte d'Estaing. Trois de ses filles furent Religieuses dans
le monastère où leur sainte grand'mere s'était donnée à Dieu ; son fils, Gilbert-Allyre VII, s'allia à Louise de Rabutin,
arrière petite-fille de la Fondatrice de la Visitation. Le comte de Dalet mourut après 1669. (D'après Bouillet, Nobiliaire
d'Auvergne, tome III.)
1056 Cette lettre n'est-elle pas celle dont le Fondateur parle à la Mère de Chantal dans les pages suivantes ? Elle serait
donc de même date, ou peu antérieure.
1057 Les Carmélites et Mme Gascoing, leur fondatrice (voir ci-dessus, note (701), p. 231).
1058 Rom., XII, 19.
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les petitz. Il est vray, elles sont plus que vous : mays les Seraphins mesprisent ilz les petitz Anges
? et au Ciel, ou est l'image sur laquelle nous nous devons former, les grans Saintz mesprisent ilz
les moindres ? Mais apres tout cela, en somme, qui plus aymera sera le plus aymé, et qui aura le
plus aymé sera le plus glorifié. Aymes bien Dieu, et pour l'amour de Dieu toutes creatures,
notamment celles qui vous mespriseront, et ne vous mettes point en peine.
Le malin esprit fait des effortz parce qu'il void que ce [359] petit Institut est utile au service
et a la gloire de Dieu, et il le hait particulierement parce qu'il est petit et le moindre de tous ; car
cet esprit est arrogant et hait la petitesse parce qu'elle sert a l'humilité, luy qui a tous-jours aymé
la hauteur, la fierté et l'arrogance, et qui, pour n'avoir pas voulu demeurer en sa petitesse, a perdu
sa grandeur. Travailles en l'humilité, en l'abjection ; laisses dire et faire. Si Dieu ne bastit la
mayson, en vain travailleront ceux qui l'edifient1059 ; et si Dieu la bastit, en vain travailleront ceux
qui la veulent destruire. Dieu sçait quand et de quelles ames il remplira vostre monastere.
Demeures en paix ; et je suis
Vostre tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MCMXL. A la Mère de Chantal, a Dijon (Fragments). Faveurs
et consolations. Eloge de deux belles âmes. Un abus
contre la clôture. Haine du saint Evêque pour la sagesse
humaine. Des bienfaitrices peuvent être admises dans les
monastères quand elles n'en veulent sortir que rarement.
Peut-on recevoir à la Visitation des pénitentes ? Quelques
fondations en projet. Combattre le mal par le bien. Faute
qu'on ne doit jamais commettre.
Annecy, [commencement de septembre 1060] 1622.
……………………………………………………………………………………………………..
1061 apres mille faveurs receuës, et certes dix mille consolations, non seulement de la part de
Madame, de Leurs [360] Altesses et de ces rares Princesses, mais de plusieurs bonnes ames ; entre
lesquelles je vous dis, ma tres chere Mere, que l'Infante cadette, Madame Françoise Catherine1062,
est entierement tres bonne et tres pleine de vertu, de bonté et de sainte naïfveté. J'ay veu Seur Marie
Chrestienne1063, que j'ay treuvee au dessus de tout ce que j'en avois pensé, en pieté, en
generosité.1064
……………………………………………………………………………………………………..
1059 Ps. CXXVI, 1.
1060 Nous avons dit, note (1031), p. 349, que les éditeurs de 1626, puisant largement dans la Lettre MCMXXXVII et
ailleurs, avaient ainsi composé un texte, publié sous la date du 30 août 1622. Les passages qui nous en restent, après
le retranchement des interpolations, semblent appartenir au message promis par le saint Evêque ce jour-là (voir ci-
dessus, p. 335) et qui dut suivre de près le premier ; c'est pourquoi nous leur assignons le commencement de septembre.
1061 La première édition emprunte ici le début de la lettre du 30 août : « Je suis de retour et en santé, ma tres chere
Mere... »
1062 Voir tome XVII, note (1258), p. 385.
1063 Dona Ginevra Scaglia, qui avait pris ce nom en recevant l'habit des Dominicaines à Chieri. (Voir tome XVIII,
note (607), p. 177.)
1064 Ici, dans le texte de 1626, interpolation d'un passage de la lettre du 2 décembre 1614 (voir tome XVI, note (893),
p. 273) ; et à la suite, deux lignes du 30 août : « Je suis tout a fait d'advis (voir ci-dessus, p. 349, lignes 26, 27).
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car le changement est tout a fait contraire au bien des Monasteres qui ont la clausure perpetuelle
pour un article essentiel. Les filles, comme foibles, sont sujettes aux ennuis, et les ennuis leur font
treuver des expediens importuns et indiscretz. Que ces changemens donq procedent du jugement
des Superieurs, et non du desir des filles, qui ne sçauroyent mieux declairer qu'elles ne doivent
point estre gratifiees, que quand elles se laissent emporter a des desirs si peu justes1065. Il faut donq
demeurer la, et laisser chaque rossignol dans son nid.1066
……………………………………………………………………………………………………..
Je suis capable de souffrir toute autre sorte de desplaysir, mais celuy la1067 est au dessus de
mes forces. Pour qui travaille on sinon pour Dieu ? et si c'est pour Dieu, pourquoy dispute on ? Je
hay cette sorte de sagesse et de prudence. Qu'importe il que l'argent soit d'un costé ou d'autre,
pourveu qu'il soit pour Dieu ? Et neanmoins, ma chere Mere, il faudra dire ou a l'une ou a l'autre1068
qu'elle [361] a tort, quand nous aurons ouy l'une et l'autre. Celle qui aura le tort aura grand tort, et
non un petit tort ; car il n'y a rien de petit en ces opiniastretés du mien et du tien.1069
……………………………………………………………………………………………………..
Je ne treuve nul inconvenient que l'on reçoive Mme de Vigni1070 et telles autres
bienfactrices, sur tout quand elles ne veulent plus sortir du monastere, ou que du moins elles en
veulent sortir peu souvent ; car en cela il ny a rien de contraire a la bienseance.
Je ne croy pas qu'il faille recevoir dans les monasteres de la Visitation toutes les filles
repentantes, mais je ne croy pas aussi qu'il les faille esconduire toutes. Il faut moderer la prudence
par la douceur, et la douceur par la prudence. Il y a quelquefois tant a gaigner es ames pœnitentes,
qu'on ne doit leur rien refuser.
Il me semble que les balustres doivent estre a la grille du chœur comme a celle du
parloir1071.
Je pense qu'ouy, ma tres chere Mere, qu'il faudra dire qu'avec un peu de loysir on pourra
prouvoir a Marseille1072. Nos Seurs1073 vous auront escrit que l'on a envoyé [362] des Seurs a
1065 Ces lignes ont été insérées par sainte Jeanne de Chantal dans le Coustumier, à l'Article XXXVI, De la Closture,
ainsi que la phrase : « Je suis capable, » etc., à la fin de l'Article XXVIII.
1066 Suivent deux morceaux de la lettre du 30 août : « car autrement, le moindre deplaisir, » etc. (ci-dessus, p. 349,
dernière ligne, et p. 350, ll. 1-5), et le passage relatif au différend entre les Monastères de Moulins et de Nevers (p.
351, lignes 8-22), mais modifié et abrégé.
1067 La désunion entre les Monastères de la Visitation.
1068 A la Mère de Bréchard ou à la Mère de Monthoux.
1069 A cet endroit, deux nouveaux emprunts au (texte du 30 août : « J'ay aussi presque une mesme aversion... il importe
fort peu. » Et : « Je vous ay escrit cy devant... quoy que le sens y repugne. » (Voir ci-dessus, les derniers alinéas des
pp. 351, 352, et le premier de la p. 353.)
Quant aux alinéas qui suivent, ils forment une lettre complète dans les éditions antérieures. Nous les
rattachons cependant à ce qui précède, car les sujets traités indiquent approximativement la même date, et il est
évident, d'après l'examen du fragment autographe conservé à la Visitation de San Remo (Italie), que celui-ci représente
seulement le second feuillet d'une lettre.
1070 Anne Berbis, dame de Vigny (voir ci-dessus, note (1042), p. 352).
1071 C'est en effet ce qui fut déterminé au Coustumier, Article XXXVII, Des grilles du chœur et meubles de l'eglise.
1072 « Marseille est une bonne ville qu'il ne faut pas éconduire, » écrivait la Mère de Chantal à la Mère de Blonay, le
27 juillet 1622 ; « puis, j'estime beaucoup que ce soit par l'entremise des RR. PP. Jésuites que cette affaire se pratique.
» (Lettres, vol. II, p. 33.) C'était en effet le P. Isnard (voir tome XVIII, note (838), p. 244) qui avait donné l'idée de
cet établissement ; il y travailla jusqu'à sa complète réussite (14 mai 1623). Les fondatrices partirent d'Annecy, et ce
Monastère fut le premier institué après la mort du saint Evêque de Genève.
1073 Le bas de l'Autographe est coupé ; nous prenons ce qui suit dans l'édition de 1626, jusqu'à ces mots : « qu'il ne
faut nullement... » (lig. 10 de la page suivante). La fin a été copiée au verso de l'Autographe par la Sœur de Vosery,
secrétaire de la sainte Fondatrice.
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Belley1074 ; et je vous dis que dans peu de tems il en faudra pour Chamberi1075.
Madame la Duchesse de Mantoue a des grans desirs pour l'avancement de nostre
institution. C'est une tres digne Princesse, et ses seurs aussi1076.
Nostre Seur [Paule Jeronyme1077] m'escrivit que quelques Religieuses, bonnes servantes de
Dieu, la contrarient a descouvert ; je luy ay escrit [par] un billet1078, qu'elle demeurast en paix. Je
ne lairray jamais sortir de mon esprit, Dieu aydant, cette maxime : qu'il ne faut nullement vivre
selon la prudence humaine, mais selon la foy de l'Evangile. Ne vous defendes point, mes tres chers
freres, dit saint Paul1079. Il faut combattre le mal par le bien1080, l'aigreur par la douceur, et
demeurer en paix ; et ne commettre jamais cette faute de mespriser la sainteté d'un Ordre ni d'une
personne, pour la faute qui s'y commet sous l'erreur d'un zele immoderé.
Ma tres chere Mere, Dieu soit a jamais nostre unique dilection. [363]
_____
MCMXLI. A Madame de la Fléchère. Le Saint enverra deux de
ses Filles de la Visitation aux nouvelles Bernardines de Rumilly.
Ménagements à prendre avec l'Abbé de Tamié.
Annecy, 11 septembre 1622.
Dieu soit loüé, ma tres chere Fille ! Pressé, je respons courtement.
Non seulement nous envoyerons deux de nos Seurs pour un moys ou pour deux, sil est
besoin, mays il ne coustera rien a ces nouvelles filles, car on donnera aux Seurs ce qui sera requis,
sans qu'elles facent aucune despense sur leurs hostesses1081. Il me semble que tout ira bien. Il faudra
seulement mesnager en sorte que Monsieur de Tamy1082 soit satisfait en ce quil est grandement
1074 Sur les instances de Mgr Camus (voir à l'Appendice I sa lettre du 12 décembre 1621), François de Sales s'était
décidé à lui envoyer de ses Filles, et les avait désignées avant son départ pour le Piémont. Le 19 août, toutes les
permissions obtenues et une maison louée par les soins de M. Benoît Jantet (voir le tome précédent, note (209), p. 47),
arrivaient d'Annecy à Belley la Mère Marie-Madeleine de Mouxy (tome XV, note (790), p. 278) et les Sœurs
Françoise-Gasparde de la Grave, Claude-Simplicienne Fardel (tome XVII, note (800), p. 231), Françoise-Angélique
Brunier, Marie-Innocente de Saint-André (tome précédent, note (1293), p. 407), et Jeanne-Ignace du Poysal, novice.
L'établissement se fit le lendemain avec grand appareil.
1075 Voir ci-dessus, note (710), p. 237.
1076 Marguerite de Savoie, duchesse de Mantoue (voir tome XVI, note (344), p. 104), sœur des Infantes Françoise-
Catherine et Marie.
1077 La Mère Paule-Jéronyme de Monthoux, Supérieure à Nevers.
1078 Vide Epist. præced.
1079 Rom., XII, 19.
1080 Ibid., v. ult.
1081 Mlle Louise de Montfalcon, pensionnaire à Sainte-Catherine et future novice de la réforme, avait obtenu pour cette
œuvre le prêt d'une maison qu'un de ses oncles, sénateur, possédait à Rumilly. En attendant que cette demeure fût
prête, les Sœurs Bernarde de Vignod et Emmanuelle de Monthoux logèrent quelques semaines chez Mme de la
Fléchère. A cette date du 11 septembre, il y avait trois jours qu'elles venaient de quitter cette charitable hôtesse, et
s'étaient installées dans leur petit monastère où elles reçurent peu après leurs compagnes. (Voir ci-dessus, note (996),
p. 335, et la note de la lettre suivante.) Mais comme leur première éducation religieuse ne les avait pas formées à une
vraie vie monastique, il fut convenu que deux Sœurs de la Visitation iraient leur enseigner les exercices réguliers. Le
saint Evêque leur en renouvela la promesse lorsqu'il les visita le 5 octobre, ajoutant que la Mère de Chantal viendrait
les voir à son retour en Savoie. En effet, au mois de janvier 1623, la Sainte s'arrêta quelques jours à Rumilly, et envoya
ensuite aux Bernardines deux de ses Filles qui, après le séjour suffisant pour leur mission, et une mutuelle édification,
revinrent à leur monastère d'Annecy. (Voir Grossi, Vie de la Vble Mere de Ballon, Livres II, chap. X, XXII, et III, chap.
II, VII.)
1082 François-Nicolas de Riddes, abbé de Tamié et supérieur des Bernardines (voir ci-dessus, note (282), p. 83, et note
(996), p. 335). Plus tard, par dispense obtenue du Pape Urbain VIII, ces Religieuses se rangèrent sous l'autorité
épiscopale.
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præoccupé de la necessité de dire tout l'Office de leur Ordre et de le chanter en leur chant ordinaire
; il [364] faudra tout bellement le faire desprendre1083. En somme, l'humilité surmonte tout.
Je suis tous-jours de plus en plus, ma tres chere Fille,
Vostre tres humble compere et serviteur,
F., E. de Geneve.
11 7re 1622.
A ma tres chere Fille,
Me de la Flechere.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte Bérold Costa de Beauregard, au château de
Montaugey (Saône-et-Loire).
_____
MCMXLII. A Madame Louise de Ballon, Religieuse de
l'Abbaye de Sainte-Catherine. Coup d'éperon à un courage qui
défaille.
Annecy, 8-15 septembre1084 1622.
Ma chere Fille,
Si j'avois, comme vous, a esperer une reforme, je ne pourrois voir asses tost l'heure que j'y
fusse. Puis donq que vous aves l'obedience de vos Superieurs, vous n'aves [365] pas dequoy
apporter du retardement a son execution. Ainsy, partés au plus tost pour Rumilly, et salues bien de
ma part, a vostre arrivee, mes cheres Filles qui y sont des-ja.
_____
1083 Dans les Constitutions rédigées par la Mère de Ballon après l'affranchissement de la juridiction de Cîteaux, il fut
arrêté que les Bernardines réformées feraient usage du Bréviaire romain. (Voir Grossi, ouvrage cité, liv. IV, chap. IV.)
1084 Hérissant (tome IV, p. 513) donne à ce billet la date du 10 août 1622 ; il s'appuie sans doute sur le témoignage de
la Mère de Ballon elle-même qui dit avoir reçu ces lignes le soir du jour de saint Laurent. (Grossi, Vie de la Vble Mere
de Ballon, liv. II, chap. XXIV.) Mais elle fait certainement erreur, car le Saint, dans sa lettre du 29 août à l'abbesse
Pernette de Cerisier, déclare n'avoir su qu' « en Argentine, » où il passa vers le 21, que la réforme fût mise à exécution.
Au reste, l'histoire de la tentation de la jeune Cistercienne ne permet pas de placer ce message avant le retour à Annecy
de l'Evêque de Genève. Les Sœurs de Vignod et de Monthoux parties (voir ci-dessus, note (996), p. 335), Sœur Louise
tint ferme pendant quelque temps dans ses désirs de les rejoindre ; puis, l'amitié de son Abbesse et des anciennes,
l'attachement pour son monastère de profession, le spécieux désir de lui être utile, livrèrent à sa constance de furieux
assauts que sa nature, affaiblie par une maladie, repoussait avec peine. L'œuvre après laquelle elle avait tant soupiré
lui parut aussi dure que difficile, et elle tâcha de trouver un honorable prétexte pour revenir en arrière. Cependant, sur
le conseil de la Sœur de Rochette, elle consulta François de Sales ; il lui envoya la courte et décisive réponse qui fait
notre texte. Ce fut seulement entre le 8 et le 21 septembre que la Sœur de Ballon se rendit à Rumilly.
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26.3 Page 253

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MCMXLIII. Au Père Louis de Gerbais de Sonnaz, Oratorien1085.
Prieurés donnés aux Pères de l'Oratoire de Rumilly. Ce qu'il faut
faire pour ne pas rendre inutile cette faveur de Son Altesse.
Monsieur,
Annecy, 19 septembre 1622.
J'ay retiré le brevet de nomination, en faveur de vostre Congregation, pour l'eglise de
Rumilly, des prieurés de Chindrieu, de l'Aumosne, de Vaux, et de Sainte Agathe qui est le prieuré
de Rumilly1086, que Son Altesse a signé et fait expedier de tres bon cœur. Il ne reste plus sinon que
le R. Pere General1087 envoye des Peres pour commencer le service, et dans peu de jours je recevray
la lettre que Son Altesse luy fait a cett'intention1088.
Ce pendant, puisque le R. P. General desire que vous aillies avant toutes choses a Paris, je
le treuve bon aussi, tandis que quelqu'un de vos Peres pourra venir, pour ne point retarder l'effect
de l'esperance que nous avons de voir vostre Congregation establie a Rumilly. Mays je [366]
m'addresseray au P. Tiersaut1089 soudain que la lettre de Son Altesse au P. General m'aura esté
rendue ; et en attendant je vous prie de luy donner cet advis, affin que [je] puisse tous-jours
commencer a donner l'ordre quil jugera convenable pour cett'affaire. Et lors que les Peres auront
pris possession en vostre nom de l'office de l'eglise de Rumilly, il faudra moyenner a Rome l'union
des benefices desquelz Son Altesse a nommé en faveur de vostre Congregation.
Je prie Dieu, mon Reverend Pere, quil vous face de plus en plus croistre en son saint amour,
qui suis
Vostre tres humble et tres affectionné
confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIX 7re 1622, Annessi.
Monsieur, on m'asseure que le R. P. General a mis en lumiere un livre excellent ; sil se
treuvoit a Lion, je voudrois bien, par vostre entremise, en pouvoir avoir une copie1090.
A Monsieur
Monsieur de Saunax,
Prestre de l'Oratoire de Lion.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le marquis de l'Aigle, à Paris. [367]
1085 Voir le tome précédent, note (1140), p. 358.
1086 Chindrieu (voir ibid., note (558), p. 160), l'Aumône (voir ci-dessus, note (612), p. 199), Vaulx (ibid., p. 84, note)
et Sainte-Agathe (tomes XVI, note (835), p. 258, et XIX, note (1161), p. 370). ci-dessus, p. 199.
1087 M. de Bérulle.
1088 Cf. ci-dessus, p. 199, et ci-après, Lettre MCMXLVIII, p. 375.
1089 Pierre Thiersault était fils de Nicolas Thiersault, avocat au Parlement et conseiller du Roi en la Cour des Aides, et
de sa seconde femme, Jeanne d'Auvergne. Restée veuve jeune encore, celle-ci avait connu l'Evêque de Genève en
1602, et l'avait consulté sur sa vocation au Carmel, où elle désirait entrer aussitôt qu'il serait établi en France ; le Saint
lui conseilla de pourvoir d'abord à l'avenir de ses enfants. Après avoir, en 1617, donné aux Filles de sainte Thérèse sa
maison de la rue Chapon pour en faire un nouveau couvent, elle en devint la première professe (1618), sous le nom
de Jeanne de Jésus1. A cette époque, Pierre Thiersault était déjà à l'Oratoire ; nous le trouvons Supérieur à Lyon de
1621 à 1624 et de 1627 à 1630. Avant cette dernière date, il avait été pourvu en Cour de Rome du prieuré de Saint-
Germain-Lerm, au diocèse de Clermont ; en 1638, il est secrétaire du Père Bourgoing, Général de la Congrégation, et
meurt à Paris le 6 octobre 1665. (Arch. dép. du Rhône, Fonds de l'Oratoire, et Arch. Nat., MM 607, 609.)
1 Bien que certains détails donnés par les Chroniques de l'Ordre des Carmélites (Troyes, 1856, tome III, p. 200) soient
évidemment inexacts, il est sûr que Mme Thiersault eut des rapports assez intimes avec saint François de Sales.
1090 C'étaient les Discours de l'Estat et des Grandeurs de Jesus (voir ci-après, note (1112), p. 376). Le livre s'imprimait,
mais n'avait pas encore paru.
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26.4 Page 254

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MCMXLIV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1091. Au
mépris des ordres du prince, les prébendes vacantes de
Contamine ont été attribuées à des Religieux de Cluny.
Monastère et discipline monacale en ruines. Mesures à
prendre pour remédier au mal.
Annecy, 24 septembre 1622.
Monseigneur, A mon arrivee en ce pais, j'ay treuvé les sieurs Sousprieur et Sacristain de
Contamine1092, prestz a remplir les quatre præbendes que Vostre Altesse avoit ordonné devoir
demeurer vacantes pour estre appliquees aux colleges des Peres Barnabites1093 ; et d'effect, ilz les
ont maintenant remplies de quatre jeunes parens, ausquelz ilz ont mis l'habit de leur Religion par
l'authorité de Monsieur l'Abbé de Cluni qui en est le General1094. [368]
Vostre Altesse avoit judicieusement estimé qu'il estoit expedient de transferer le revenu de
ce monastere-la a l'entretenement des colleges et lecteurs Barnabites, attendu qu'il est un monastere
tout a fait ruiné et qui ne peut bonnement estre reparé, et que la discipline monacale ny est
nullement observee, non plus qu'es autres lieux de cet Ordre-la. Il reste que le juste dessein que
Vostre Altesse en a si souvent fait soit executé, non seulement empeschant que les præbendes
soyent remplies, mays impetrant de Sa Sainteté les provisions requises pour la translation du
revenu, de l'Ordre de Cluni a celuy des Peres Barnabites, infiniment plus utiles au service de Dieu
et au bien publiq. Vostre Altesse demeura en ceste resolution quand je partis de Turin ; il ne reste
donq plus sinon que la sollicitation s'en face, et c'est cela dont maintenant Ell' est tres humblement
suppliee.
Je suis tous-jours invariablement,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele orateur
et serviteur de Vostre Altesse Serenissime,
FRANÇS, E. de Geneve.
24 VIIre 1622, Annessi.
1091 Cette lettre a certainement le même destinataire que celle du 17 octobre, donc le prince de Piémont. (Voir ci-après,
note (1132), p. 383.)
1092 Par le titre de « Sousprieur », le Saint désigne, comme on le faisait souvent à cette époque, le Prieur claustral, Jean
de Lucinge (voir le tome précédent, note (994), p. 306) ; le sacristain était Louis Perret (ibid., note (231), p. 55).
1093 Lors de la visite faite à Contamine, du 23 au 30 mai 1618, par D. Louis de la Tour, vicaire général de l'Ordre de
Cluny, trois prébendes étaient vacantes. D'après le commandement du prince, les places restèrent libres et leurs
revenus devaient être affectés à la réparation des bâtiments. (Voir le tome précédent, Appendice I, p. 419.) Un décès
sans doute porta leur nombre à quatre ; et elles furent, en 1620, destinées à « l'establissement des « lectures de theologie
et du Novitiat des Peres Barnabites. » (Voir ibid., Lettre MDCLIX, p. 230.) Moines et Clercs de Saint-Paul luttèrent
pour en disposer, les uns tâchant par tous moyens de ne pas perdre pied complètement dans leur antique prieuré, les
autres, avec une énergie persévérante, s'enracinant peu à peu dans leur nouveau domaine. A ces derniers demeura la
victoire : l'Evêché et la Cour étaient pour eux. (Voir à l'Appendice II les lettres de Victor-Amédée au prince Thomas
et à l'ambassadeur Scaglia, du 10 août et du 26 octobre 1622.) Le 22 juillet 1624, une Bulle d'Urbain VIII transférait
définitivement aux Barnabites les prébendes des Bénédictins désormais supprimés. (Cf. Bouchage, Le Prieuré de
Contamine-sur-Arve, Chambéry, 1889, chap. VIII.)
1094 Au cardinal de Guise (cf. tome XVIII, note (1209), p. 372) avait succédé dans le gouvernement général de l'Ordre
de Cluny, Jacques de Veny d'Arbouze (12 mai 1622). Il était né au château de Villemour, le 10 janvier 1550, de
Michel, seigneur d'Arbouze, Mirabel, etc., et de Péronelle (alias Jeanne) de Marillac. Il entra de bonne heure à l'abbaye
de Cluny, devint grand Prieur en 1613, et, par ses persévérants efforts, rétablit la ferveur dans le Monastère et dans
ceux qui en dépendaient. Pour cette œuvre aussi difficile que nécessaire, Jacques d'Arbouze eut recours aux conseils
du Supérieur de la Congrégation de Saint-Maur, du Prieur des Chartreux de Paris, et du savant et pieux M. du Val. Sa
nièce, Marguerite, soutenue par son influence, établissait en même temps la réforme au Valde-Grâce, d'où elle devait
se propager dans d'autres Maisons. L'Abbé de Cluny se démit de sa charge en 1629 et mourut le 29 août 1635. (Voir
Gallia Christiana, tome IV, etc.)
254/342

26.5 Page 255

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Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica. [369]
_____
MCMXLV. A Madame de Valence, Religieuse de l'Abbaye de
Sainte-Catherine1095 (Inédite). En ne s'attachant qu'à la volonté de
Dieu, on se trouve bien partout, et partout l'on est en sûreté de
conscience. Deux visites en espérance.
Annecy, 26 septembre 1622.
J'ay tous-jours desiré de vous escrire, ma tres chere Fille, des que j'ay receu vostre lettre,
mais je n'ay presque sceu parmi le tracas auquel je me suis treuvé.
Maintenant, sur mon depart pour Belley1096, je vous diray que je suis grandement consolé
de voir vostre esprit presque en indifference pour aller a Rumilly ou pour demeurer au lieu ou vous
estes. C'est la vraye assiete d'un esprit religieux, que de ne point s'attacher sinon a la volonté de
Dieu, et ceux qui sont si heureux que d'avoir cette si bonne condition sont bien par tout et peuvent
demeurer par tout en bonne conscience. Vous ne vous deves donq nullement inquieter, ains
demeurer en paix ; les jours vous apprendront si Dieu desire que vous facies autre chose1097. Ce
pendant, vous treuveres sa divine Bonté au lieu ou vous estes, et le benires encor dequoy il a donné
le dessein et le courage a vos Seurs de l'aller benir au lieu ou elles sont. Je les verray avant mon
retour, si je puys1098, et vous en feray sçavoir des nouvelles, desirant, soudain que je seray revenu,
d'aller la haut visiter madame l'Abbesse ma cousine1099, et vous [370] voir toutes, grandement
content si je puis en quelque sorte vous donner a toutes quelque saint contentement, qui suis de
tout mon cœur, ma tres chere Fille,
Vostre serviteur tres humble,
FRANÇS, E. de Geneve.
26 7re 1622.
A Madame
Madame de Valence,
Religieuse de Sainte Catherine.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Pistoie (Italie).
_____
1095 Jeanne de Valence, déjà destinataire au mois de mars 1621, sous le nom de « Madame de la Chapelle. » (Voir ci-
dessus, Lettre MDCCLXVII, et note (133), p. 31.)
1096 Voir la lettre suivante.
1097 Mme de Valence ne quitta pas l'abbaye de Sainte-Catherine.
1098 Saint François de Sales se rendit en effet à Rumilly le 5 octobre, pour visiter les Sœurs de la réforme. (Voir ci-
dessus, note (1081), p. 364.) Le lendemain, il fit faire l'élection d'une Supérieure, et le choix tomba sur Louise de
Ballon.
1099 Pernette de Cerisier.
255/342

26.6 Page 256

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MCMXLVI. A M. Marc-François de Malarmay de Lauray
(Inédite). Raison pour laquelle des lettres sont demeurées sans
réponse. Condoléances tardives. Préparation à la mort.
Annecy, 26 septembre 1622.
Monsieur mon Frere,
J'ay demeuré troys moys en Piemont pendant lesquelz on a receu icy et gardé vos lettres,
de sorte que ce n'est pas merveille si vous n'en aves pas eu de moy, ni la response, ni le remerciment
que je vous en doys. Et bien que je vous escrive maintenant, c'est parmi tant de tracas, qu'encor ne
sçauroys-je bien m'aquiter de ce devoir, estant botté et pret a monter a cheval pour aller a Belley,
ou Monseigneur nostre bon Evesque m'attend, pour partir, soudain apres que je l'auray salué, pour
aller a Paris1100.
Monsieur mon tres cher Frere, les premieres nouvelles du trespas de monsieur le Comte de
Rossillon me furent donnees a Turin, mais avant (sic) tant d'incertitude, [371] que ny madame la
Marquise de Saint Damien1101, ni madamoyselle de Tornon, ni M. le Baron de Tornon1102 ne m'en
oserent pas asseurer1103. Qu'ay a vous dire la dessus, mon tres cher Frere, ni a madame la vefve, ni
a nostre chere seur Bonaventure1104 ? Dieu aura des-ja visité vos cœurs de ses saintes inspirations,
et vous aura dit interieurement les saintes paroles de sa consolation.
De vous dire que je participe a tous vos biens et a tous vos maux, cela, ce crois-je, est
superflu. Rien autre donques, sinon que nous nous disposions tous a faire le trespas saintement et
selon lhonneur que nous avons tous d'estre vivans par la mort de ce grand Dieu1105 qui a voulu, par
sa bonté, acheter nostre vie au pris de la sienne, et nous aquerir par sa mortalité la tressainte et
seternelle immortalité.
Je suis cependant de toute mon affection, Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble frere et serviteur,
et a ces deux cheres dames que je vous viens de nommer,
FRANÇS, E. de Geneve.
26 7re 1622, Annessi.
A Monsieur
Monsieur le Prothonotaire de Laurey.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Chaudon de Briailles, au château de la Cordelière
(Aube). [372]
1100 Le saint Evêque passa quelques jours auprès de Mgr Camus ; le 2 octobre il prêche sur le renoncement évangélique
à la Visitation de Belley (voir tome X, Sermon LXVI, p. 392), et le 5 il est à Rumilly. (Cf. la lettre précédente, et ci-
après, celle du 3 octobre.)
1101 Charlotte-Emmanuelle d'Urfé, femme de Henri de Maillard, marquis de Saint-Damien (voir tome XVII, note
(1292), p. 394). Son testament, du 16 décembre 1656, est modifié par elle le 8 octobre 1663.
1102 Frère et sœur de Mme de Rossillon : Marguerite de Maillard-Tournon, dame d'atours de la princesse de Piémont
(voir tome XVI, note (654), p. 204), et Alphonse de Maillard, baron de Tournon (tome précédent, note (1288), p. 405).
1103 Jean-Baptiste de Malarmay, comte de Rossillon, venait en effet de mourir. C'était le frère même du destinataire
(voir le tome précédent, note (471), p. 132) ; attaché au service du duc de Savoie à cause de ses terres du Bugey, il
servit ce prince avec fidélité et reçut de lui, en témoignage de sa valeur et de sa capacité, la conduite d'un régiment de
deux mille hommes de pied (10 janvier 1622). Dès 1613, Charles-Emmanuel l'avait fait son chambellan ; il dut aussi
au souverain son mariage avec Hélène-Ferdinande de Maillard-Tournon (voir la lettre suivante). D'après le Nobiliaire
de Varin (Bibl. de Besançon, Ms. 1187), le comte servait en Alsace Léopold d'Autriche, archiduc d'Inspruck, lorsque
la mort le frappa ; son corps, ramené à Besançon, fut inhumé en l'église Saint-Pierre, dans la chapelle des Chaudey.
1104 Bonaventure de Malarmay, dame de Valfin (voir le tome précédent, note (637), p. 192).
1105 Cf. Rom., VI, 3, 11.
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26.7 Page 257

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MCMXLVII. A la Comtesse de Rossillon. La douleur, pour être
juste, doit être raisonnable. A quoi nous oblige notre nom de
mortels. Réunion prochaine avec « nos trespassés. » Un
candidat à une cure recommandé par la destinataire.
Promesse de prières.
Annecy, vers le 26 septembre 1622 1106.
Nous avons esté icy, au moins moy, Madame ma tres chere Fille, entre la crainte et
l'esperance pour le sujet duquel j'ay sceu despuis peu que lé seul desplaysir vous estoit demeuré.
Et puis dire en verité, que la consideration de vostre ennuy fut une des plus promptes apprehensions
dont je fus touché, a l'abord de l'asseurance du mal qu'on nous avoit presagé par les bruitz incertains
qui nous en arrivoyent.
Mais, or sus, ma tres chere Cousine, il faut pourtant accoyser vostre cœur, et pour rendre
juste vostre douleur, il la faut borner par la rayson. Nous avons deu sçavoir que nous ne sçavions
l'heure en laquelle quelque semblable evenement nous arriveroit par le trespas des autres, ou aux
autres par le nostre. Que si nous n'y avions pas pensé, nous devons advoüer nostre tort et nous en
repentir, car le nom que nous portons tous de mortelz nous rend inexcusables.
Ne nous faschons pas, ma Fille ; nous serons bien tost tous reunis. Nous allons
incessamment et tirons païs du costé ou sont nos trespassés, et en deux ou troys momens nous y
arriverons. Pensons seulement a bien marcher, et a suivre tout le bien que nous aurons reconneu
en eux. Beni soit Dieu, qui a fait la grace a celuy duquel nous [373] ressentons l'absence, de luy
donner le loysir et la commodité de se bien disposer pour faire le voyage heureusement ! Mettes
vostre cœur, je vous prie, ma tres chere Fille, au pied de la Croix, et acceptés la mort et la vie de
tout ce que vous aymes, pour l'amour de Celuy qui donna sa vie et receut la mort pour vous.
Au reste, rien ne me pouvoit empescher de vous rendre le contentement que vous desires
de moy, sinon le devoir que j'ay au service de Nostre Seigneur et de l'Eglise ; lequel s'estant treuvé
favorable a vostre souhait, j'ay esté extremement consolé de vous pouvoir donner satisfaction,
comme je feray en tout ce qu'il me sera possible. Mais en la distribution des cures, je suis attaché
a une methode de laquelle je ne peux me departir. Si, selon icelle, je puis faire selon vostre desir,
ce sera mon contentement ; si je ne puis en l'occasion presente, ce porteur ne perdant point courage
et s'avançant aux lettres et en la vertu, comme je pense qu'il a fort bien commencé, il ne manquera
pas d'autres occurrences ou il treuvera vostre recommandation utile1107.
Au demeurant, je ne vous asseureray pas de mon service fidele en cette occasion : il vous
a esté dedié une fois pour toutes fort entierement, et je vous supplie de n'en jamais douter, non plus
que du soin que j'auray d'assister des Sacrifices que je presente a Dieu l'ame de ce digne chevalier,
les merites duquel je veux a jamais honnorer, avec tout ce qu'il a laissé de plus cher icy bas.
Dieu soit au milieu de vostre cœur, ma tres chere Cousine, ma Fille, et je suis de tout le
mien
Vostre plus humble et tres affectionné
Cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [374]
_____
1106 Tout l'ensemble de cette lettre convient à Hélène-Ferdinande de Maillard-Tournon (voir tome XVIII, note (1169),
p. 356), qui perdit dans l'été de 1622 son mari Jean-Baptiste de Malarmay, comte de Rossillon. Ces lignes ne peuvent
être très éloignées de celles que le Saint adresse au frère du défunt le 26 septembre (lettre précédente).
1107 Il n'est pas possible de désigner le porteur auquel la comtesse de Rossillon souhaitait un bénéfice ecclésiastique.
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26.8 Page 258

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MCMXLVIII. Au Père Pierre de Berulle1108 (Inédite).Etat des
choses à Rumilly pour l'établissement des Oratoriens. Prière
d'y envoyer incessamment deux Pères. Un livre de M. de
Bérulle ; ce que le Saint voudrait en rayer. Fraternel et franc
conseil.
Belley, 3 octobre 1622.
Monsieur,
Voyla une lettre de Son Altesse Monseigneur le Duc de Savoye, par laquelle il vous prie
d'envoyer de vos Peres pour prendre l'eglise de Rumilly, laquelle, quant a la cure, est des-ja au
Pere de Saunaz1109. Le lieu est petit, mays beau, au milieu de la Savoye, entre Chamberi et Geneve
en egale distance. J'ay rapporté de Turin la nomination de troys prieurés, dont les deux sont dans
la ville mesme, le troysiesme a deux lieues, et qui est desja au P. de Saunaz1110. Tous ensemble,
avec la cure, pourront valoir 700 escus annuelz ; mays ilz ne sont pas encor vacans maintenant.
On pourra cependant procurer l'union, que Son Altesse favorisera tant qu'il pourra par l'entremise
de son Ambassadeur a Rome1111, selon la lettre quil en a des-ja faitte et que j'ay entre les mains.
Je joins ma tres humble supplication a la priere qu'elle vous fait, et vous prometz toute
l'assistence et tout le service que je pourray rendre a ce dessein, que j'embrasse de tout mon cœur
pour le bien de mon diocæse et pour lhonneur que je porte a vostre personne et a vostre
Congregation. Nous attendrons donq que vous envoyies au plus tost deux Peres, pour, sur le lieu,
prendre les resolutions convenables a l'acheminement de ce saint œuvre. [375]
Au demeurant, j'ay receu icy a Belley, d'ou je partiray demain, Dieu aydant, le
commencement de vos Discours de l'Estat et des Grandeurs de Jesus1112, que le bon M.
Crichant1113 m'a apportés de vostre part. Je le liray attentivement et tres affectionnement, et dans
peu de jours je vous diray candidement ce qu'il m'en semblera, puis que vous le desires. En foy
dequoy je vous dis d'abord, que je voudroys qu'en tout et partout vostre douceur et humilité tint
fermement ses adventages sur vos adversaires, en consideration de ce quilz sont dans l'Eglise, et
qu'ilz portent le manteau, ou du moins le nom du manteau d'Helie, comme vou (sic) dites ; qui est
le premier trait que j'ay treuvé un peu trop penetrant, et que je desirerois estre rayé, affin qu'autant
quil sera possible on ne voye chose quelcomque dans vos Discours qui ne ressente parfaitement la
cordiale dilection et le support tres suave du prochain.
Mays je reserve a vous dire plus au long mes pensees quand j'auray tout leu, et je voudrois
bien encor avoir veu tous les escritz qui se sont divulgués, qui ont donné sujet ou occasion au
vostre1114 ; car j'en ay seulement eu [376] quelque vent par la communication de nostre
1108 Voir tome XII, note (350), p. 155.
1109 Voir le tome précédent, note (1140), p. 358, et ci-dessus, Lettre MCMXLIII, p. 366.
1110 Les deux prieurés de Rumilly étaient ceux de Sainte-Agathe et de l'Aumône ; le troisième, celui de Chindrieu.
1111 Philibert-Alexandre Scaglia (voir tome XVII, note (696), p. 197).
1112 Cet ouvrage fut livré au public seulement vers la mi-février 1623. Il parut sous ce titre : Discours de l'Estat et des
Grandeurs de Jésus par l'union ineffable de la Divinité avec l'Humanité, et de la dependance et servitude qui luy est
deué et à sa Très-Saincte Mere en suitte de cét Estat admirable. (A Paris, Antoine Estienne, MDCXXIII.)
Les huit premiers Discours avaient été imprimés dès le mois de mai ; le désir de recueillir un grand nombre
d'approbations pour une œuvre destinée à fermer la bouche à ses contradicteurs, obligea M. de Bérulle à retarder la
publication. Il eut ainsi le temps d'ajouter quatre nouveaux Discours. Une dédicace au Roi commençait le livre, qui se
terminait par un Narré de ce qui s'est passé sur le sujet d'un papier de Devotion icy inseré avec ses Approbations.
1113 Georges Crichant (voir ci-dessus, note (414), p. 137).
1114 M. de Bérulle, dans le premier de ses Discours, déclare lui-même qu'il ne prend la parole qu' « apres dix ans de
patience et de silence, apres trois ans de tempestes et orages suscitez en France et en Italie, par des esprits nez à cet
exercice ; apres plusieurs calomnies et six libelles injurieux et diffamatoires. » Entre ces libelles, citons l'Advis
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26.9 Page 259

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Monseigneur de Belley et du tres Reverend General des Feuillans1115. Vous m'obliges certes trop
et me tesmoignes un'estime tout a fait au dessus de tout ce que je suis, de me faire part de vos
besoignes, que j'admire infiniment en ce commencement, et que j'admireray tous-jours plus avec
amour au progres que je feray de leur veue ; qui suis, Monsieur, tres invariablement,
Vostre tres humble et plus obligé
confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Belley, 3 octobre 1622.
Au Tres Reverend P. en N. S.,
Monsieur de Berulle, General de la Congon de l'Oratoire.
Paris.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Paris. [377]
_____
salutaire sur un certain quatriesme vœu de Religion, composé par un bon ecclesiastique, et introduit dans un Ordre,
d'autorité propre et privee. Et encore : Recapitulation des injures, calomnies et ignorances contenues dans une epistre
imprimee a faux titre, ainsi que l'on doit croire, sous le nom de Monseigneur le Reverendissime Evesque de Nantes,
dediee au mesme Reverendissime Seigneur. Par l'ami de la verité. Jouxte la copie imprimee a Paris. Tout cet orage
avait été soulevé par une formule de Vœux ou elevations à Dieu sur le mystere de l'Incarnation, pour s'offrir à Jesus
en l'estat de servitude qui luy est deuë en suitte de l'union ineffable de la Divinité avec l'Humanité ; et pour s'offrir à.
la Tres-Saincte Vierge en l'estat de dépendance et servitude que nous luy devons en qualité de Mere de Dieu, et comme
ayant une puissance speciale sur nous en suitte de cette qualité admirable. Ces formules, simplement manuscrites,
circulèrent dans les Maisons du Carmel ; on en eut connaissance au dehors, et quelques Carmes, de ceux qui
disputaient au fondateur de l'Oratoire le gouvernement des Religieuses de leur Ordre en France, s'en servirent pour
attaquer l'orthodoxie de l'auteur des Vœux.
1115 Jean-Pierre Camus et D. Jean de Saint-François Goulu, nouveau Général des Feuillants (voir tome XV, note (241),
p. 77), soutenaient de tout leur pouvoir M. de Bérulle. Le premier donna son approbation aux Vœux le 3 novembre
1620, et aux Discours le 15 décembre 1622 ; celle de D. Jean de Saint-François est datée du 25 juin de cette même
année.
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26.10 Page 260

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MCMXLIX. Au Prince de Carignan, Thomas de Savoie (Minute
inédite). Annecy foulé par les troupes. Excès auxquels
menacent de se livrer les soldats. Supplication à Son Altesse
pour le peuple malheureux.
Annecy, vers le 7 octobre 1622 1116.
Monseigneur,
Je supplie tres humblement Vostre Altesse Serenissime d'avoir aggreable, que je recoure a
Elle1117 pour le soulagement de cette ville en la necessité delaquelle elle est pressee maintenant,
1118 pour l'entretenement des trouppes [378] qui sont icy1119, lesquelles sont a [la] veille d'entrer en
des effortz impitoyables pour faire treuver en desordre, aux particuliers, ce que la communauté ne
peut plus fournir par aucun1120 ordre dont on se puisse adviser, puisque meshuy l'on a espuisé
jusques aux bourses mesmes des Religieux et des Religieuses.1121 De sorte qu'il ne reste plus a ce
peuple aucun autre refuge qu'en la debonaireté de Vostre Altesse Serenissime, qu'il implore avec
moy [en] toute sousmission et reverence,1122 avec confiance que la bonté de Vostre Altesse est trop
grande pour laisser1123 perir dans le malheur d'une ruine toutale (sic) un peuple si fidele a son
Prince.
Monseigneur, forcé de la juste compassion1124 que je doy avoir et de l'invocation
continuelle que ces1125 pauvres gens font de mon intercession, je fay en toute humilité cette
supplication a Vostre Altesse, delaquelle je suis invariablement
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin. [379]
_____
1116 En parcourant le Registre des Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy, on rencontre presque à chaque page,
du 2 mai jusqu'en novembre 1622, des cris de détresse, des constatations douloureuses de la misère extrême de la cité
envahie par les troupes, rançonnée sans merci pour leur entretien. Beaucoup des habitants ont déserté pour échapper
aux dures nécessités du logement des soldats, qui, en juillet, excèdent mille. N'y tenant plus, les syndics adressent une
requête au prince Thomas ; mais celui-ci se sent impuissant à remédier à tant de maux, et tout au contraire, le président
d'Hostel, général des étapes deçà les monts, court de deniers, supplie la Ville, le 5 septembre, de faire des emprunts
pour nourrir les soldats. C'est alors que l'on puise dans les « bourses mesmes des Religieux et des Religieuses ; » les
Barnabites prêtent en deux fois, trois cents ducatons, et les Sœurs de la Visitation deux cent vingt. Le prince est touché
de ces efforts généreux ; il en témoigne sa reconnaissance (11 septembre), mais, hélas ! voici que la compagnie du
sieur de Flandres, lieutenant-colonel du marquis de Saint-Riran, vient s'ajouter aux troupes lorraines du marquis de
Selleran. « Le malheur tallonne tellement » la Ville, que le Conseil, « considerant la foulle estrange que les particuliers
souffrent, ordonne que l'on ira a Chambery pour presenter requeste, » auprès du premier Président, et que, s'il est
nécessaire, on poursuivra jusqu'à Lyon, où se trouvaient alors Thomas de Savoie et Henri de Nemours. Cette décision
est du 7 octobre ; la présente lettre de l'Evêque de Genève doit, nous semble-t-il, avoir accompagné les députés
d'Annecy et, par conséquent, être des premiers jours d'octobre.
1117 je recoure a [vostre bonté]
1118 en [cette extremité en laquelle elle se void] maintenant, [qu'elle ne peut plus ni sçait plus que faire]
1119 Cette accumulation de troupes françaises sur les terres de Savoie, trouvait sa raison d'être dans les troubles qui
agitaient la Valteline. Il fallait intimider les Espagnols et témoigner de la volonté de soutenir Charles-Emmanuel.
1120 aucun [moyen]
1121 adviser [ayant meshuy espuisé tout ce que l'on a peu estimer de pouvoir treuver... prendre par emprunt dans
les] bourses mesmes des Religieux et des Religieuses. [A quoy j'ay cooperé selon qu'il m'a esté indiqué... possible...]
1122 qu'il implore[avec] toute [humilité] et reverence, [et moy avec luy, qui ne cesse point de le tenir tous-jours en
confiance...]
1123 laisser [tumber]
1124 compassion [et des prieres...]
1125 ces [bonnes]
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MCML. A la Mère de la Roche, Supérieure de la Visitation
d'Orléans1126. Grâces divines qui se transformeront en «
merveilles pour le bien de la sainte Eglise. » Un accueil plein
d'honneur et de confiance sera fait à l'Evêque d'Orléans.
Encouragement à l'amour de la souffrance.
Annecy, 14 octobre 1622.
Dieu soit loué, ma tres chere Fille, de tout ce que vous m'escrivites le 2 de septembre. A
luy, louange des graces qu'il fait a ce digne Prelat1127 qui, les recevant avec reconnoissance et sans
resistance, fera des merveilles pour le bien de la sainte Eglise. On m'a dit de divers endroitz qu'il
passera icy, et je le recevray en la simplicité de mon cœur, selon nostre petitesse, avec la confiance
que vous me dites que je luy doy tesmoigner ; mais pourtant, je n'ay encor point de certaine
asseurance de cet honneur. La cour ne manque pas d'occupations et de divertissemens.
A Dieu encor la louange de l'exercice que sa providence vous donne par cette affliction de
maladie, qui vous rendra sainte, moyennant sa sainte grace ; car, comme vous sçaves, vous ne
seres jamais espouse de Jesus glorifié, que vous ne l'ayes premierement esté de Jesus crucifié, et
ne jouires jamais du lit nuptial de son amour triomphant, que vous n'ayes senti l'amour affligeant
du lit de sa sainte Croix. Ce pendant nous prierons Dieu qu'il soit tous-jours vostre force et vostre
courage en la souffrance, comme vostre modestie, douceur et humilité en ses consolations. [380]
Je salue cherement vostre cœur et celuy de toutes nos Seurs, et suis tout a fait de plus en
plus vostre, ma tres chere Fille.
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 14 octobre 1622.
_____
MCMLI. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Dijon.
Le Monastère de Dijon en progrès ; celui de Chambéry en
préparation. A quoi Dieu appelle la Mère Favre. Elle doit
le servir sans intérêt propre et avec une pleine confiance en sa
providence.
Annecy, 15 octobre1128 1622.
Mille et mille benedictions, si mes souhaitz sont exaucés, sur vostre cœur bienaymé, ma
tres chere Fille. Or sus, vous voyla donq en œuvre pour le bon gouvernement de ce nouveau
Monastere qui, moyennant la grace de Dieu, vous reüscira heureusement, tandis qu'en nostre
Chamberi on en disposera un autre. Or, quand tout sera resolu et qu'on aura pourveu a tout le
commencement, alhors il sera force de vous y avoir1129.
1126 Nulle hésitation pour la destinataire, car la Mère Claude-Agnès Joly de la Roche cite dans sa déposition (Process.
remiss. Aurelianensis, ad art. 31), le deuxième alinéa de cette lettre que le Bienheureux lui écrivit, dit-elle, pour l' «
encourager a l'amour de la souffrance. »
1127 Gabriel de l'Aubépine, évêque d'Orléans (voir ci-dessus, note (783), p. 258). Nous n'avons trouvé aucune trace
d'une visite de ce Prélat à Annecy, d'où François de Sales devait, d'ailleurs, bientôt partir.
1128 L'édition de 1626 porte 15 octobre. C'est ce jour-là même que la Mère Favre arriva de Montferrand à Dijon ; il
faut donc supposer, ou que le Saint croyait à un voyage plus prompt, ou que la vraie date serait 25.
1129 Voir ci-dessus, note (710), p. 237.
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27.2 Page 262

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Vous voyes donq bien, ma tres chere Fille, que Dieu vous appelle a beaucoup de peynes,
d'abnegations de vous mesme et de choses aigres, affin que, sans difference de lieux, de nations et
de personnes, vous servies a la dilatation de sa gloire purement et simplement, sans aucun autre
interest que celuy de son tressaint aggreement. Et vous deves vous reposer en cela, ma tres chere
Fille, et aggrandir tous les jours vostre cœur et vostre courage en une parfaite confiance du secours
celeste, puisque cette divine Providence n'employe jamais les ames a des [381] choses grandes et
difficiles, qu'il ne leur veuille quant et quant departir sa tressainte assistence.
Je ne cesse point d'implorer le Saint Esprit pour vous, affin qu'il vous eschauffe de plus en
plus, et qu'en fin il vous brusle toute du feu sacré de son saint amour, selon lequel je suis totalement
Tout vostre plus humble et invariable Pere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 15 octobre 1622.
_____
MCMLII. A la Mère Louise de Ballon, Supérieure des
Bernardines de Rumilly. Un nom dont les Bernardines doivent
se rendre dignes avant de l'adopter pour leur Congrégation.
Annecy, vers le 15 octobre1130 1622.
Ma Fille,
Le nom de la divine Providence est si excellent qu'il merite bien un an de terme, pour voir si
vous vous en rendres toutes dignes par vostre perseverance et par le progres que vous feres dans
la perfection religieuse. Ce tems expiré, vous pourres prendre un nom si beau et si glorieux1131.
[382]
_____
1130 Quelques jours après la visite de François de Sales à ses chères Filles, les Bernardines réformées de Rumilly (voir
ci-dessus, note (1098), p. 370), la Mère de Ballon proposa aux Sœurs de prendre le nom de Religieuses de la divine
Providence. On voulut avant tout soumettre la chose au saint Evêque ; il répondit par les présentes lignes, qui doivent
par conséquent dater des environs du 15 octobre.
1131 « Elles déferérent aussi ponctuélement à cét ordre que s'il leur fût venu du Ciel, » poursuit le P. Grossi. « Une
année entiére se passa avant qu'elles s'apropriassent le même surnom. Il leur fut dépuis confirmé par M. Jean François
de Sales, frère et successeur du Saint, dans l'Aprobation qu'il fit de leurs Constitutions (22 mai 1635). Toutefois, le
public n'étant pas entré dans leur désir, on les apela toûjours plus communément les Religieuses de Saint Bernard que
de la divine Providence ; et cela a continué jusqu'à cette heure. » (Vie de la Mere de Ballon, liv. III, chap. III.)
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27.3 Page 263

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MCMLIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1132. Toujours
la lutte entre Cluny et Thonon pour Contamine. L'à-propos
d'une assemblée devant le prince Thomas pour les affaires de la
Sainte-Maison.
Annecy, 17 octobre 1622.
Monseigneur,
Tous-jours les vieux Religieux de Contamine taschent, par divers moyens, de continuer la
possession de leur Ordre de Cluni es præbendes de ce Monastere, quoy qu'ilz sachent bien que
Vostre Altesse Serenissime a resolu de les faire employer a l'entretenement des colleges et du
Novitiat qui sont establis en ce pais pour les Peres Barnabites1133. Pour cela, Monseigneur, le P.
Prevost du college de Thonon1134, qui y a le premier interest, recourt a Vostre Altesse affin qu'Elle
donne ordre que son intention soit suivie en la suppression des moynes et præbendes de ce
Monastere la. Et par ce que Vostre Altesse m'a commandé que je l'advertisse des choses qui
regardent l'avancement de la gloire de Dieu en ce diocæse, je joins cet advis a la supplication dudit
P. Prevost des Barnabites.
Et de plus, Monseigneur, je supplie tres humblement Vostre Altesse d'escrire a
Monseigneur le Serenissime Prince Tomas quil face convenir pardevant luy tous les principaux
conseillers de la Sainte Mayson de Tonon, [383] affin que par son authorité il soit mis ordre aux
affaires de cette Mayson la, qui sans cela s'en vont tout a fait en ruine1135 ; qui seroit un extreme
dommage, qu'un'œuvre de si sainte et grande consequence, fondee avec tant de pieté par Son
Altesse, perit faute de secours et d'ordre.
Dieu, par sa bonté, conserve longuement Vostre Altesse, Monseigneur, delaquelle je suis
inviolablement
Tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVII octobre 1622, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
1132 Le Saint nommant « Son Altesse » à la fin de la lettre, il est évident que les éditeurs précédents se sont mépris en
l'adressant à Charles-Emmanuel.
1133 Voir ci-dessus, Lettre MCMXLIV, et note (1093), p. 368. Le Noviciat des Barnabites, qu'on avait espéré
pouvoir établir à Rumilly (voir tome XVII, note (1209), p. 365), fut érigé à Thonon le 30 avril 1618, mais ne s'ouvrit
de fait que le 1er février de l'année suivante, avec trois sujets : Jean Vuilliot, prêtre de Pontarlier, Jean-Etienne Chardon,
de La Roche, et Jacques Marin, fils du procureur fiscal du Chablais, l'ami de François de Sales. (D'après des Notes du
R. P. Premoli, Assistant général des Barnabites.)
1134 D. Chrysostome Marliano, déjà Prévôt à cette époque, bien qu'on ait indiqué l'année 1623 comme début de son
gouvernement, au tome XVI, note (741), p. 231.
1135 Cf. le tome précédent, Lettre MDCCXXXVI, p. 399, et ci-après, Lettre MCMLV, p. 387.
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27.4 Page 264

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MCMLIV. A la Mère de Chantal, a Dijon. Projet d'itinéraire
pour la Mère de Chantal ; désir du Fondateur qu'elle visite les
nouvelles Maisons. Pourquoi il ne peut écrire longuement.
Salutations.
Annecy, 22 octobre 1622.
Voyes, je vous prie, vous mesme, ma tres bonne et tres chere Mere, les lettres ci jointes, et
voyes s'il y a apparence que, sans vous incommoder beaucoup, vous puissies donner ce
contentement tant desiré a ces cheres ames1136 ; car, si cela se peut bonnement, pour moy, non
seulement j'y consens, mais je le souhaiterois tres volontier, sur tout s'il est vray que venant de
Dijon a Monferrant, ce fust vostre passage de voir vostre chere fille1137 ; et encor plus, si venant
de Monferrant a Lion, c'estoit vostre passage [384] de voir Saint Estienne de Forez1138. Et je
confesse que ce me seroit de la consolation de sçavoir des nouvelles de ces nouvelles plantes que
Dieu, ce me semble, a plantees de sa main pour son plus grand honneur et service.1139
……………………………………………………………………………………………………...
Or sus, je croy qu'un bon moys ou cinq semaines feront la rayson de tous ces destours1140 ;
mais j'entens tous-jours qu'il n'y ayt point de peril des gens d'armes sur les chemins de ces lieux
la1141.
Apres quoy, nous vous dirons pourquoy et comme a present je n'ay nul moyen d'escrire
davantage, quoy que [385] je me porte bien, graces a Dieu. Ce porteur, d'un costé, me presse
infiniment, affin qu'il vous puisse treuver a Dijon ; d'ailleurs, on me presse aussi pour d'autres
bonnes affaires, lesquelles je ne puis abandonner. Tout se porte bien icy, et je suis de plus en plus
Vostre tres humble et invariable [Père1142],
filz et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
1136 Les Sœurs des monastères de Montferrand et de Saint-Etienne, qui désiraient fort la visite de la Mère de Chantal.
1137 Mme de Toulongeon qui habitait le château d'Alonne.
1138 D'après l'Histoire de la Fondation du Monastère de Saint-Etienne, le saint Evêque de Genève aurait eu
connaissance de ce futur établissement plusieurs années auparavant, et l'aurait prédit à un des principaux habitants du
lieu, rencontré dans un voyage. La prédiction se réalisa en 1622. Catherine Moulin, veuve d'un riche marchand nommé
Réal, après une vie déjà longue toute livrée aux austérités, songeait à établir une Maison religieuse où les santés faibles
et les personnes âgées trouvassent une retraite ; on lui fit connaître la Visitation, et sa résolution fut prise. Avec
l'assentiment de ses trois gendres, elle obtient le consentement de la Ville, la permission du marquis de Saint-Priest,
seigneur de Saint-Etienne, se rend à Lyon pour avoir celle de Mgr de Marquemont, traite avec le Monastère de
Bellecour où elle laisse sa fille cadette. Puis, sans s'inquiéter des contretemps, de la défection de celles qui avaient
promis de se joindre à elle, des railleries du monde, la pieuse veuve, aidée seulement par une fidèle amie, Mlle Copier,
achète une place, fait bâtir, meuble la maison ; tout est prêt lorsque, le 30 septembre 1622, arrivent de Lyon la Mère
Françoise-Jéronyme de Chevron-Villette avec les Sœurs Marie-Elisabeth Chevalier, Marie-Philiberte Aysement,
Marie-Françoise Raton, et Jeanne-Françoise Coste, novice domestique. La cérémonie de l'établissement se fit le
lendemain, 1er octobre ; le P. Jacques Gaultier, Jésuite (voir le tome précédent, note (1049), p. 322), qui avait donné
tout son concours à la fondation, prononça le discours d'usage, et ce jour-là même Catherine Moulin, sa fille Madeleine
Réal, et sa compagne Antoinette Copier, commençaient leur noviciat.
1139 Les premiers éditeurs insèrent ici : d'abord un passage de la lettre du 14 mai 1615 (voir tome XVI, note (1181), p.
364), puis un paragraphe certainement étranger au présent texte, et que nous donnerons au tome XXI, parmi les lettres
sans date ; ensuite, une partie du billet imprimé au tome XVI (voir note (219), p. 59) ; enfin trois lignes du 11 décembre
1609 (voir tome XIV, p. 231).
1140 Partie de Dijon le 28 octobre, la Mère de Chantal vint directement à Lyon, après, peut-être, un arrêt à Alonne dont
nous ne trouvons pas la preuve certaine. Le 10 novembre, elle eut une courte entrevue à Bellecour avec saint François
de Sales, puis, sur son ordre, alla dans la seconde quinzaine du mois visiter les Monastères de Montferrand et de Saint-
Etienne ; vers le 3 décembre elle était de retour à Lyon.
1141 Les guerres contre les protestants qui avaient occupé toute cette année 1622, expliquent assez la crainte des « gens
d'armes sur les chemins » que devait parcourir la sainte voyageuse.
1142 Le mot « frere » donné par l'édition de 1626 est sans doute une faute d'impression.
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27.5 Page 265

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Le 22 octobre 1622, Annessi.
Je vous supplie de saluer vos bonnes vefves1143 ; je ne sçay pas leur nom. J'espere en la
misericorde de Dieu que je sçauray au Ciel comme on les nommera, du nom que tous sçauront, et
que personne ne sçaura, sinon celuy qui le recevra1144. [386]
_____
MCMLV. A M. Jean de Chatillon. Décision l'avant-veille d'un
départ. Maladie de M. de Blonay.
Annecy, 1er novembre 1622.
Monsieur,
Je remettray toutes les affaires a l'assemblee que Monseigneur le Prince Thomas doit faire
expres pour terminer tous les differens de la Sainte Mayson1145, puisqu'il faut que je parte passé
demain pour aller en Provence, d'ou je ne sçai pas quand je reviendray, bien que j'espere que ce
sera bien tost1146.
Je pars avec desplaysir de laisser M. de Blonnay malade1147, et vous dis seulement que les
Peres Barnabites pensent avoir rayson de vouloir nommer aux offices de Contamine, a cause des
paroles expresses : « avec toutes charges et honneurs1148. »
Je suis, Monsieur,
Vostre tres humble confrere,
FRANÇS E. de Geneve.
1 novembre 1622, allant dire la grand'Messe.
A Monsieur
Monsieur de Chastillon,
Plebain de Thonon. [387]
_____
1143 Le 10 août 1622, la Mère de Chantal écrivait : « Notre bienfaitrice est entrée, qui fait crier le monde ; mais c'est
un bon cœur de femme, tout à fait franche. » Elle parlait d'Anne Berbis, veuve de Pierre de Vigny (voir ci-dessus, note
(1042), p. 352). La Sainte poursuit : « La bonne Mlle la présidente Le Grand, vieille de soixante-douze ans, s'est jetée
céans avec une ardente charité et une détermination d'humilité non pareille. C'est une femme de qualité, fort robuste
pour son âge, bonne et très vertueuse ; tout le monde en pleure. » (D'après l'Autographe ; voir Lettres, vol. II, p. 40.)
Nous n'avons presque rien à ajouter à ce portrait d'Anne Tisserand, fille d'un conseiller au Parlement de Bourgogne et
de Marie Sirey, veuve de M. Le Grand, président au Parlement. Le monde pouvait la pleurer, en effet, car elle en avait
été l'ornement et le modèle, en même temps que la providence des pauvres. Entrée en Religion, elle oublia tout son
passé et se fit humble, simple et obéissante comme une enfant. Le 20 août, Mgr Zamet lui donna le voile de novice et
le nom d'Anne-Marie ; elle fit profession l'année suivante et mourut saintement en décembre 1629. (Voir sa biographie
dans l'Année Sainte de la Visitation, tome XII, p. 184.)
1144 Apoc., II, 17.
1145 Voir ci-dessus, Lettre MCMLIII, p. 383.
1146 Saint François de Sales partit d'Annecy le 8 novembre (voir ci-après, note (1152), p. 389), et n'y rentrait, hélas !
que couché dans son cercueil, le 23 janvier 1623.
1147 Il mourut le surlendemain, 3 novembre. (Voir tome XII, note (224). p. 124.)
1148 Le document qui contenait ces mots n'a pu être retrouvé.
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27.6 Page 266

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MCMLVI. A la Mère de Chevron-Villette, Supérieure de la
Visitation de Saint-Étienne1149. Un secret de bonheur et de
sainteté. La dignité d'une Supérieure. Avantage des Filles de
la Visitation et danger des Monastères sans clôture.
Annecy, 2 novembre 1622.
Je benis de tout mon cœur le sacré nom de Nostre Seigneur de la consolation que sa divine
providence donne a vostre ame au lieu ou vous estes et de la constance qu'elle establit en vostre
affection. Certes, ma tres chere Cousine, ma Fille, qui ne veut aggreer qu'a ce celeste Amant, il est
par tout tres bien, car il a ce qu'il veut. O que vous estes heureuse, et que vous le deviendres
tousjours davantage si vous perseveres a marcher en ce chemin ! Et combien vous rendres vous
parfaittement aggreable a l'Espoux de ces ames qu'il attire sur vostre giron, pour les rendre ses
espouses, si vous leur apprenes a regarder seulement les yeux de ce Sauveur, a perdre petit a petit
les pensees que la nature leur suggerera d'elles mesmes, pour les faire penser tout a fait en luy.
O ma tres chere Cousine, que de benedictions pour vostre esprit que Dieu a destiné pour
cultiver et gouverner sa sacree pepiniere ! Vous estes la mere, la nourrice et la dame d'atours de
ces filles et espouses du Roy : quelle dignité ! A cette dignité, quelle recompense, si vous faites
cela avec l'amour et les mammelles de mere ! Tenes vostre courage fort et ferme en cette poursuite,
et croyes tres invariablement que je vous cheris et affectionne sans condition et reserve, comme
ma tres chere cousine et fille bienaymee.
Je vis, il y a seulement un moys, nostre Seur [Jeanne-Antoinette [388] 1150], mais je la vis
fort peu ; et neanmoins je la vis dedans l'ame, et treuvay qu'elle estoit toute pleyne de bonnes
affections. O que bien advantagees sont les Filles de Sainte Marie de la Visitation, parmi tant de
moyens et d'occasions de bien aymer et servir Nostre Seigneur ! Helas ! ce sont des miracles de
voir de ces bonnes filles en ces monasteres, exposees a tant de venues et de visites.
Ma tres chere Cousine, ma Fille, Dieu soit loüé. Amen. Et je suis
Vostre tres humble cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 2 novembre 1622, Annessi.
_____
1149 Supérieure nouvellement en charge et cousine du saint Fondateur, la destinataire est évidemment la Mère
Françoise-Jéronyme de Chevron-Villette (voir tome XVII, note (578), p. 159), qui gouvernait la fondation de Saint-
Etienne depuis le 1er octobre (voir ci-dessus, note (1138), p. 385).
1150 Jeanne-Antoinette de Chevron-Villelte, Religieuse à l'abbaye de Bons (voir tome XVIII, note (203), p. 48) où le
Saint l'avait vue lors de son voyage à Belley. (Cf. ci-dessus, Lettres MCMXLV, MCMXLVI.)
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27.7 Page 267

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MCMLVII. Au Président Antoine Favre1151 (Inédite).
Recommandation pour une affaire pendante devant la Chambre
des Comptes.
Seyssel, 8 novembre 1622.
Monsieur mon Frere,
Passant icy a Sessel1152, je me sens obligé d'assister [389] monsieur de Losches, mon
cousin1153, de ma tres humble supplication aupres de vous, affin quil vous playse de le proteger en
l'affaire qu'il a devant messieurs de la Chambre des Comtes. Faites moy, je vous supplie, cette
faveur, Monsieur mon Frere, tandis que je vay en Provence ou Monseigneur le Prince Cardinal
doit aller faire la reverence1154, et ou, visitant les lieux de devotion qui y sont en grand nombre, je
prieray Dieu qu'il vous conserve, avec madame ma seur1155, et benisse tout ce que vous
affectionnes ; qui suis en toute verité,
Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble et fidele frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII novembre 1622, a Sessel.
Revu sur l'Autographe qui, en 1887, se conservait à la Visitation de Troyes. [390]
_____
1151 L'appellation de « Frere », la recommandation en faveur de M. de Loche, les prières promises pour « madame ma
seur », indiquent que le message s'adresse au président Antoine Favre. (Voir tome XI, note (68), p. 18.)
1152 Cette lettre, datée du 8 novembre, convainc d'erreur tous les historiens du Saint qui marquent son départ d'Annecy
soit au 9, soit au 10. Il dut s'éloigner de sa chère cité ce jour même du 8. « Tous les plus apparens de la ville, de courte
et de longue robbe, l'accompagnerent jusques à Seissel, » raconte Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. X) ; «
entr'autres, son tres-cher frere Janus de Sales, chevallier de Malte, alloit incessamment arrousant les chemins de ses
larmes ; mais à Seissel, quand il fallut se separer, ce fut alors que pour l'extreme douleur, entre les cris et lamentations,
les cœurs des uns et des autres se fendirent et esclatterent. » Des scènes semblables s'étaient produites à Annecy.
Chacun augurait mal de ce voyage entrepris dans une saison rigoureuse et avec une santé aussi ébranlée que celle du
saint Evêque. Celui-ci, au reste, avait à plusieurs reprises annoncé sa mort prochaine, et son peuple tout entier se
désolait de perdre un tel Pasteur et un tel Père.
L'arrêt à Seyssel fut fort court ; sans tarder, montant dans une barque, malgré une bise glaciale, François de
Sales descendit le Rhône jusqu'à Belley, et le lendemain, il célébrait la Messe chez ses chères Filles de cette ville.
Hâtant sa marche, il arrive à Lyon, ou le soir du 9, ou dans la matinée du 10.
1153 On peut proposer : Pierre de Loche, fils aîné de Charles (voir tome XIII, note (583), p. 217) et de Charlotte de
Riddes, avocat au Sénat de Savoie, puis conseiller de Son Altesse et maître auditeur à la Chambre des Comptes (18
juin 1621). Il épousa, par contrat dotal du 23 août 1623, Françoise de Bertrand. fille de Pierre, seigneur de la Perrouse,
et de Jeanne de Chastel ; il teste le 30 août 1630. Son cousin-germain, Jacques-Antoine, fils de Pierre et de Jeanne-
Gasparde de Riddes. Par contrat dotal du 12 septembre 1629, il s'allia avec Antoine ou Andréanne, fille de Gaspard
de Chevron-Villette et de Claire-Marguerite de Challant.
Ces deux seigneurs comptaient parmi leurs aïeules des Bellegarde, des Menthon, des Chissé, et étaient par
conséquent alliés à la famille de Sales.
1154 Louis XIII, après avoir signé la paix avec les protestants, devait remonter vers Paris en passant par Avignon. Les
deux Reines étaient déjà à Lyon, où, le 18 octobre, le prince Thomas les visitait et tâchait de les gagner à la politique
de son père. Celui-ci, malgré l'avis contraire de Thomas, envoya son fils, le cardinal Maurice, saluer le Roi en Provence
et le féliciter. Lui-même y arriva presque aussitôt, le 17 novembre, et fut reçu comme un frère par Sa Majesté. Les
deux princes traitèrent ensemble de l'affaire de la Valteline ; cette entrevue prépara le traité qui devait être signé peu
après (7 février 1623) entre la France, la Savoie, Venise et la Suisse. (D'après Garetta, Storia della reggenza di Cristina
di Francia, tom. I. cap. 1, pp. 64-67 ; Dufayard, Le connétable de Lesdiguières, chap. XXI, pp. 530-532.)
1155 Philiberte Martin de la Pérouse, femme d'Antoine Favre. (Voir tome XIV, note (1079), p. 372.)
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27.8 Page 268

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MCMLVIII. A la Sœur de Bréchard, Religieuse de la Visitation,
a Moulins (Fragment). Joie du Fondateur au sujet d'une élection.
Eloge de la nouvelle Supérieure.
Lyon, 10 ou 29, 30 novembre1156 1622.
Ma tres chere Fille,
A nostre arrivee en cette ville de Lion, vos lettres du 5 de ce mois m'apprennent l'heureuse
election que vous aves faite. Hé, que mon ame en benit le Sauveur ! Je vous asseure que cette chere
Mere est toute selon mon cœur ; mais que dis je ? je croy qu'elle est tout entierement selon le cœur
de Dieu, duquel je desire et j'espere qu'elle recevra tant de benedictions, qu'elle sera elle mesme
une Mere de benediction dans nostre cher Institut. Mon cœur le souhaite ; ainsy j'en prie Dieu, et
vous benis en son nom toutes deux.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Moulins, conservée au
1re Monastère d'Annecy. [391]
_____
MCMLIX. A M. Balthazard de Peyzieu1157 (Inédite). Passage
trop rapide à Vienne ; espérance d'un prochain séjour plus
prolongé. Heureux mariage de François de Longecombe.
Vienne, 11 novembre 1622.
Monsieur mon Frere,
Pensés si je suys pressé, puisque je ne m'ose pas dispenser d'un demi jour pour prendre le
loysir de bayser les mains a Monsieur l'Archevesque, mon superieur1158, ni a monsieur le
Gouverneur1159, a qui je suis tant obligé, ni a madame de Pezieu, ma chere seur1160.
Au retour d'Avignon, que j'espere faire dans quinze jours, je rendray tous ces devoirs, Dieu
aydant, avec mille desirs de me conserver la bienveuillance de ceux a qui je les ay, comm'a vous
principalement, Monsieur mon Frere, a qui je donne la nouvelle, si des-ja vous ne l'aves eue, que
nostre cher cadet, en fin fut marié par mes mains il y a aujourduy huit jours, avec tous les
tesmoignages de reciproque contentement que l'on pouvoit souhaiter es deux parties1161. Et parce
1156 La Mère Marie-Hélène de Chastellux fut élue Supérieure de la Visitation de Moulins le 4 novembre 1622. La
nouvelle, envoyée le 5, pouvait rencontrer le saint Evêque à son arrivée à Lyon le 10 (voir ci-dessus, note (1152), p.
389) ; il aurait alors répondu le jour même. Il est possible aussi que les lettres de la Sœur de Bréchard n'aient été
remises à François de Sales qu'à son retour d'Avignon, c'est-à-dire le 29 novembre.
1157 Diverses particularités de la lettre suppléent à l'absence de l'adresse ; le destinataire est certainement Balthazard
de Peyzieu. (Voir tome XVI, note (353). p. 110.)
1158 Mgr Jérôme de Villars. archevêque de Vienne, métropolitain du siège épiscopal de Genève. (Voir tome XVII, note
(827), p. 237.)
1159 César de Dizimieu, oncle maternel de Balthazard, qui fut gouverneur de Vienne au-delà de 1615, date indiquée au
tome XVI, note (267), p. 74.
1160 La femme du destinataire, Jeanne Armuet de Bonrepos (voir ibid., note (358), p. 111).
1161 « Nous avons receu, ma femme et moy, l'incomparable bonheur d'avoir esté mariés et espousés de sa main, » dit
François de Longecombe (voir le tome précédent, note (743), p. 227), dans sa déposition. « Ce fut le cinquiesme
novembre mil six centz vingt deux ; il estoit pour lors tout surchargé et accablé d'affaire, et assés incommodé de santé.
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27.9 Page 269

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que je me præparois au [392] voyage que je fay maintenant, je ne puys vous rien dire davantage,
n'ayant eu le tems d'attendre rien de plus.
Je suis de tout mon cœur, Monsieur mon Frere,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XI novembre 1622, a Vienne.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly, au château de la Roche-Mailly
(Sarthe).
_____
MCMLX. A Madame de Toulongeon1162. Heureuse rencontre
avec la Mère de Chantal. Délicats conseils, tact parfait et
largeur d'esprit du saint Directeur. La pensée de la mort
mêlée aux félicitations de bonheur.
Lyon, 17 décembre 1622.
Allant en Avignon, Madame ma tres chere Fille, j'eus ce bonheur de treuver nostre bonne
Mere icy, et l'y ay encor rencontree a mon retour1163. Vous croires aysement que ce n'a pas esté
sans parler souvent de vous, non sans beaucoup de consolation que j'ay receuë de sçavoir que vous
vivies tous-jours dans la crainte de Dieu, avec desir de faire progres en la devotion. [393]
Vous sçaves, ma tres chere Fille, combien je suis aysé a contenter et combien j'ay de facilité
a bien esperer des ames que j'affectionne : c'est des vostre enfance que j'ay une infinie passion
pour vostre salut, et que j'ay conceu une grande confiance que Dieu vous tiendroit de sa main1164,
pourveu que vous voulies correspondre a ses faveurs. Faites le donq, je vous en conjure, ma tres
chere Fille, et separés de jour a autre vostre cœur de toute sorte d'amusement de vanité. Comme
vous sçaves, je ne suis nullement scrupuleux, et n'appelle pas amusement de vanité sinon la
volontaire inclination que nous nourrissons aux choses qui veritablement nous divertissent des
pensees et deliberations que nous devons avoir pour la tressainte eternité.
Cette chere Mere m'a raconté la consolation qu'elle a de vous voir avec un si digne mary1165,
duquel vous estes parfaitement cherie. C'est un grand advantage pour vostre vertu, ma tres chere
Fille ; faites le bien profiter, et quoy que vostre aage, vostre complexion et vostre santé vous
promettent une longue vie, souvenes vous neanmoins qu'aussi pouves vous mourir bien tost, et que
vous n'aures rien de plus desirable a la fin, que d'avoir mis un grand soin a recueillir et conserver
les faveurs de la Bonté divine.
Cependant, je suis a jamais tout a fait, ma tres chere Fille,
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
Cependant sa bonté fut telle quil vouleut prendre la peyne de venir faire ceste bonne œuvre au chasteau de Sallagine,
troys lieuex loingtz d'Annessy. » Et faisant allusion au caractère indécis de Jeanne-Aimée de Beaufort (voir tomes
XVII, note (919), p. 268, et XIX, note (745), p. 228), son mari ajoute : « Peut estre, sans cela, » elle « n'auroit jamais
peu franchir ce passage... ; ce que cognoissant fort bien, le sainct homme vouleut venir faire cest acte d'incomparable
charité. » (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 27.)
1162 La simple lecture de cette lettre suffit à persuader qu'elle s'adresse à Françoise de Chantal, mariée à M. de
Toulongeon.
1163 François de Sales avait quitté Avignon, à la suite des cours de France et de Savoie, le 25 novembre ; il s'arrêta à
Barbières, à Valence, où il revit ses chères Filles de la Visitation, et enfin gagna Lyon le 29. La Mère de Chantal l'y
rejoignit au commencement de décembre. (Voir ci-dessus, note (1140), p. 385.)
1164 Cf. Ps. CXXXVIII, 10.
1165 Antoine de Toulongeon (voir ci-dessus, note (139), p. 33).
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27.10 Page 270

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A Lion, ce 17 decembre 1622.
_____
et de monsieur vostre mary,
FRANÇS, E. de Geneve.
MCMLXI. A une dame. Bonheur de la solitude au pied du
Crucifix. Véhémente aspiration vers l'éternité ; mépris de ce
monde et de ses grandeurs.
Lyon, 19 décembre 1622.
Mille remerciemens a vostre cœur bienaymé, ma tres chere Fille, pour les faveurs qu'il fait
a mon ame, luy donnant des si douces preuves de son affection. Mon Dieu, que bienheureux sont
ceux qui, desengagés des cours et des complimens qui y regnent, vivent paysiblement dans la
sainte solitude aux pieds du Crucifix ! Certes, je n'eus jamais bonne opinion de la vanité, mais je
la treuve encor bien plus vayne parmi les foibles grandeurs de la cour.
Ma tres chere Fille, plus je vay avant dans la voye de cette mortalité, plus je la treuve
mesprisable, et tous-jours plus aymable la sainte eternité a laquelle nous aspirons et pour laquelle
nous nous devons uniquement aymer. Vivons seulement pour cette vie, ma tres chere Fille, qui
seule merite le nom de vie, en comparayson de laquelle la vie des grans de ce monde est une tres
miserable mort.
Je suis de tout mon cœur, tres veritablement tout vostre, ma tres chere Fille, et
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Lion, ce 19 decembre 1622. [395]
_____
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28 Pages 271-280

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28.1 Page 271

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MCMLXII. A la Mère de Chastellux, Supérieure de la Visitation
de Moulins1166. Désirs rendus plus ardents par la charge que la
Providence a donnée à la Mère de Chastellux. Le fondement
de la prospérité spirituelle. Confiance toujours plus grande.
Lyon, 19 décembre 1622.
Dieu qui voit les desirs de mon cœur, sçait qu'il y en a de tres grans pour vostre continuel
avancement en son tressaint amour, ma tres chere Fille, sur tout maintenant que, selon la
disposition de la sainte Providence eternelle, vous voyla mere et conductrice d'une trouppe
d'espritz consacrés a la gloire de Celuy qui est l'unique bien auquel nous devons aspirer.
Nostre Mere a bien rayson de vous souhaiter une grande humilité, car c'est le seul
fondement de la prosperité spirituelle d'une Mayson religieuse, qui n'exalte jamais ses branches ni
ses fruitz qu'a mesure qu'elle enfonce ses racines en l'amour de l'abjection et bassesse.
Je suis plein de tres bonne esperance, ma tres chere Fille, et vous conjure de prendre de
plus en plus confiance en la misericorde de Nostre Seigneur, laquelle vous tiendra de sa sainte
main1167 et vous protegera de sa force.
Je ne pars pas encor de cette ville et, comme je pense, j'auray encor la consolation de vous
escrire. Ce pendant, Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur et de vostre Monastere, ma tres
chere Fille, et je suis de tout mon cœur
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 19 decembre 1622.
_____
MCMLXIII. Au Duc Roger de Bellegarde. Une œuvre de charité
proposée au duc.
Lyon, 24 décembre 1622.
Monsieur mon Filz,
La mesme solemnité de ces grans jours de Noel qui m'oste presque l'esperance de vous
voir1168, me donne l'asseurance de vous faire cette importunité pour ce pauvr'homme que la charité
m'oblige d'affectionner, et le bon exemple qu'il a donné de sa foy et de sa probité tandis qu'il a
sejourné dans le balliage de Gex, ou il a neantmoins des persecutions dans son innocence1169. Il
explique son indigence en sa requeste, laquelle si vous ne treuves pas convenable d'exaucer, il en
præsente une autre, Monsieur mon Filz : c'est qu'il playse a vostre bonté de luy donner une place
1166 En comparant cette lettre avec celles que la Mère de Chantal écrit à la Mère Marie-Hélène de Chastellux en
novembre et en décembre 1622 (Lettres, vol. II. pp. 74 et 84), on ne doute plus que celle-ci ne s'adresse également à
la nouvelle Supérieure du Monastère de Moulins, élue le 4 octobre. (Voir le tome précédent, note (1158), p. 368, et
ci-dessus, Lettre MCMLVIII, p. 391.)
1167 Cf. Ps. CXXXVIII, 10.
1168 Le grand Ecuyer avait rejoint la cour en novembre ; il demeura à Lyon après le départ du Roi (21 décembre), et le
27, jour de saint Jean, l'Evêque de Genève le rencontrant au sortir de l'église, causa avec lui « long temps, descouvert,
en un temps fort froid, et parmy de tres-espais brouillas. » (Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. X, p. 571.) Cet entretien
devait être funeste au saint Prélat ; quelques heures après, il tombait frappé d'apoplexie.
1169 Serait-ce le même personnage, « Mondon, » déjà recommandé au duc de Bellegarde ? (Voir ci-dessus, Lettre
MDCCCLXXVIII, p. 233.)
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28.2 Page 272

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es gardes du sel, ou en Forest, d'ou il est, ou ailleurs sous vostre authorité.
Ces œuvres de pitié sont de sayson en ces jours dediés a l'honneur de la souveraine
misericorde que le Filz de Dieu a exercee en sa nayssance pour nostre salut, que je supplie tres
humblement de vous estre a jamais favorable, Monsieur, selon le souhait continuel de mon cœur ;
qui suis
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce soir, veille de Noel 1622.
[A Mojnsieur
[Monsieur l]e Duc de Bellegarde,
Pair et grand Escuyer de France, Gouverneur de Bourgogne.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, Bibl. Nat., Fonds Clairambaut, 1062. [397]
_____
MCMLXIV. A la Mère de Monthoux, Supérieure de la
Visitation de Nevers. Messagère pleine de mérite et d'affection
pour la destinataire. — Ferveur de la la Sœur Emmanuelle de
Monthoux. Un ami du Monastère de Nevers.
Lyon, 25 décembre 1622.
Cette chere damoyselle qui vous porte ce billet est digne d'estre singulierement cherie,
parce qu'elle cherit tres affectionnement la divine Majesté de laquelle nous celebrons aujourd'huy
la sainte nayssance ; mais outre cela, ma tres chere Fille, elle vous ayme saintement, et a desiré
que je vous escrivisse par son entremise.
Je le fay de tout mon cœur, ma tres chere Fille, sans vous dire autre sorte de nouvelles,
sinon que nostre Seur Emmanuelle est toute pleyne de ferveur en la reforme du Monastere de
Sainte Catherine qui se fait a Rumilly1170. Car, que vous diray je de plus, ma tres chere Fille,
puisque cette bonne et vertueuse ame vous dira tres amoureusement tout ce qui se passe icy ?
1171 … asseure que le P. Suffren1172 . vous fera la faveur de vous voir dire par lettre
et de vive voix prose latine qu'il vous donna C'est un personnage tout aymable, et qui a une
affection toute sincere pour vous et pour vostre Monastere. [398]
Vives toute en Dieu, ma tres chere Fille, et pour Dieu, que je supplie vous recevoir dans le
sein de sa tressainte dilection, avec toute vostre chere compaignie ; qui suis sans fin,
Ma tres chere Fille,
Vostre tres humble et tres affectionné Pere,
oncle et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Lion, jour de Noel 1622.
1170 Emmanuelle de Monthoux (voir tome XVI, note (811), p. 250, et ci-dessus, notes (996), p. 335, (1081), p. 364).
1171 Hérissant (tome II, p. 432) a cru pouvoir suppléer par des mots entre parenthèses une partie de ceux qui se
trouvaient rongés par la vétusté de l'original ; mais il nous semble préférable d'indiquer les lacunes par des points de
suspension.
1172 Confesseur de Marie de Médicis, le P. Jean Suffren (voir le tome précédent, note (180), p. 40) se trouvait alors à
Lyon. La Reine mère, en effet, avait prolongé son séjour après le départ du Roi, pour jouir de la présence de sa fille,
la princesse de Piémont ; elle ne partit que le 26 décembre. Ainsi l'Evêque de Genève put voir à loisir le pieux et
savant Jésuite.
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28.3 Page 273

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A ma chere Fille en Nostre Seigneur,
Ma Seur Paule Hieronime de Monthouz,
Superieure du Monastere de Sainte Marie de Nevers. [399]
_____
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28.4 Page 274

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Les notes marginales indiquent la corrélation des pièces de l'Appendice avec le texte des Lettres
de saint François de Sales. [400]
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28.5 Page 275

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Appendice
_____
I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques
correspondants
_____
A. Lettre de la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Montferrand
(Fragment)
……………………………………………………………………………………………………...
1173 Encore que madame de Dalet, notre fondatrice1174, soit l'une des âmes la plus vertueuse
et la plus aimable que mon esprit ait jamais rencontrée, si je voyais tant soit peu de déraison dans
sa retraite, et que quelque autre attrait que le pur mouvement divin l'attirât à nous, je me retirerais
entièrement d'elle1175. Et vous assure, Monseigneur, que Dieu, qui vient toujours au secours de
votre grande fille qui n'est grande qu'en misère, conduit si bien les affaires, que madame de
Montfan, sa mère1176, a blâmé tout le [401] monde et m'a jugée la plus blâmable, [et cependant,]
nous sortons toujours l'une d'avec l'autre bonnes amies. Et encore l'autre jour, sortant du parloir où
sa passion maternelle avait assez paru, elle me voulut toucher la main et dit : Je ne m'étonne pas
que ma fille de Dalet aime cette fille de Monseigneur de Genève, mais je me passionne de ce
qu'elle aime plus le cloître que moi, qui suis sa mère.
……………………………………………………………………………………………………...
[Montferrand, fin mars ou avril 1621 1177.]
Revu sur le texte inséré dans une copie de la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de
Chaugy, conservée à la Visitation d'Annecy1178.
_____
1173 Vide p. 49, not. (185).
1174 Vide p. 51, not. (192).
1175 Cette phrase est insérée dans la Vie de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy (Les Vies de IV des premieres Meres,
etc., Annessy, 1659, chap. IX, p. 38) ; la suite de notre texte est inédite.
1176 Vide p. 55, not. (197).
1177 La lettre du 25 avril 1621 adressée par le saint Fondateur à la Mère Favre (voir ci-dessus, p. 48) indique
approximativement la date de celle-ci qui doit sans doute l'avoir précédée.
1178 L'annaliste n'ayant pas reproduit l'orthographe de la Mère Favre, il nous a semblé préférable de donner ces lignes
avec l'orthographe moderne.
275/342

28.6 Page 276

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B. Lettre du Prince Cardinal Maurice de Savoie
_____
Monsieur l'Evesque de Geneve,
1179 Vous vous ressouviendrez bien comme Monsieur le Prince mon frere, estant en
Savoye1180, vous commit d'assigner le prieuré de Saint Clair aux Peres Bernabites du Colleige
d'Annessi, et des oppositions qui y furent apportées par le Baron de Menton, pretendant avoir
droict sur ledit prieuré. Sur quoy lui fut donné temps pour produire et fere veoir ses raisons, à faute
de quoy les dits Peres en seroyent mis en possession. Ce que n'ayant effectué jusques à present, et
estant ledit temps espiré il y a une piece, ledit Sr Prince a voulu que je vous disse de sa part par
cette, qu'il sera bien que [402] vous faciez executer les exprditions desja faictes, et mettiez sans
autre delay lesdits Peres en possession dudit prieuré1181.
Ce que m'asseurant vous ferez volentiers, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
Vostre comme frere,
M. CARDL DI (sic) SAVOYE.
De Turin, le 28 aoust 1621.
A Monsr de Geneve.
Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du
Collège Chappuisien.
_____
C. Lettres patentes de Charles-Emmanuel Ier, Duc de Savoie
_____
1182 CHARLES EMANUEL, par la grace de Dieu Duc de Savoye, Chablais, Aoste et
Genevois, Prince de Piedmont, etc.
Estant amplement informé, et à nostre particulier contentement, du bon progrez et
avancement que prend de jour à autre la reforme restablie dez quelques annees en ça au prieuré de
Talloires en l'estroite observance de la Regie de St Benoist1183, et desirant, pour le service et plus
grande gloire de Dieu, non seulement de maintenir et favoriser ce louable commencement qui y
paroist aujourd'huy, mais encor de procurer autant qu'il Nous est possible l'entiere introduction de
la ditte reforme dedans tous les Monasteres du mesme Ordre qui ne sont encor unis à aucun autre
corps de Congregation reformee, riere nos Estats et pays dela les monts : pour a quoy parvenir,
comm'il est tres requis et necessaire de leur pourvoir d'un chef resident dans nos Estats, qui, par
capacité, dignité et vie exemplaire, puisse meriter et exercer dignement cette charge, et travailler
soigneusement a l'introduction de la ditte reforme, attandu mesme [403] que le dit prieuré de
Talloire depend de Superieurs d'Ordre non reformés et estrangers : Aussy, apres avoir jette l'œil
sur les Prelats et Evesques de nos provinces de Savoye, Nous avons, entre les autres, choisi la
personne de tres Reverend nostre tres cher, bien amé, feal Conseiller et devot Orateur, Messire
FRANÇOIS DE SALES, Evesque de Geneve, pour les preuves signalees et remarquables qu'il a
en tout tems donnees, tant de sa suffisance et vigilance au salut des ames, que par la connoissance
que Nous avons d'ailleurs de ses saintes œuvres, vie devote, tres louable et tres exemplaire ;
1179 Vide p. 45, not. (176).
1180 C'est au mois d'août 1616 que le prince de Piémont Victor-Amédée était venu à Annecy. (Voir tome XVII, note
(916), p. 268.)
1181 Cf. infra, Append. II, C.
1182 Vide p. 141, not. (426).
1183 Vide tom. XIV, p. 173, not. (518).
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28.7 Page 277

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esperant que non seulement il sera tres agreable aux Religieux de cette sainte reforme, mais tres
utile au bien et avancement d'icelle.
Pour ces causes, en tant qu'il Nous concerne, Nous avons deputé, choisi et eleu, ainsy que
par les presentes, de nostre certaine science, pleine puissance et authorité souveraine, avec l'advis
et participation de nostre Conseil, deputons, choisissons et elisons le dit Evesque de Geneve pour
chef de tous les Religieux reformés Benedictins riere nos dits Estats, avec pouvoir de visiter tous
les Monasteres qui s'y trouveront fondés et dependans de cet Ordre ; d'y introduire la dite reforme,
particulierement en ceux de Bellevaux1184, Contamine1185, Sindrieux (Chindrieu)1186 et Saint
Paul1187, en taschant de disposer tous les Religieux d'iceux a la recevoir chacun selon son pouvoir,
eu esgard a l'aage et force d'un chacun, et prenant en particuliere protection tous ceux qui se
rangeront et disposeront à cette salutaire et tres sainte resolution ; luy permettant en outre d'y
restablir ponctuellement l'observance, ensemble l'Office divin et autres fonctions spirituelles et
publiques, de predication, confessions, administration des saints Sacremens et autres qui s'y
trouveront annexees, lors toutefois que le nombre des Religieux se trouvera estre suffisant pour ce
faire.
Et affin que ces bons Peres Religieux reformés ayent plus de moyen de s'entretenir et
maintenir, Nous leur donnons dez à present, en tant qu'il Nous touche, tous les revenus, offices et
prebendes monastiques, tant du dit Talloire que des autres monasteres susdits, pour en jouir et les
unir à la dite reforme à perpetuité ; si qu'ils puissent en prendre possession apres qu'elles seront
vacantes, au cas que les possesseurs modernes n'acceptent la ditte reforme.
Declarons qu'il sera loisible au dit Evesque de Geneve, avec participation des Peres
principaux reformés du dit Ordre, de nommer et creer un d'eux pour Abbé et chef Provincial de la
ditte reforme, qui se pourra changer de tems en tems, selon les louables coustumes des
Congregations reformees.
Si mandons à tous nos Magistrats, Ministres et Officiers qu'il [404] appartiendra, d'ainsy
le faire observer et garder inviolablement sans aucune difficulté ; car ainsy Nous plait.
Donnees à Turin, le vingtiesme octobre mille six cents vingt un.
C. EMANUEL.
V. ARGENTERO.
PERNET.
Revu sur une ancienne copie inédite, conservée à Turin, Archives de l'Etat
(Abbazie, Talloires, Mazzo I, n° 10).
_____
1184 Vide tom. XII, p. 275, not. (620).
1185 Ibid., p. 241, not. (552).
1186 Vide tom. præced., p. 160, not. (558).
1187 Vide supra, p. 84, not.
277/342

28.8 Page 278

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D. Lettre du Chanoine Artus de Lionne, Seigneur d'Aoste1188
_____
Mon très honoré Seigneur,
1189 Enfin, voici nos chères colombes dans leur nouvelle retraite, si parfumée des odeurs
célestes que quantité de nos jeunes damoiselles prennent en vérité des ailes de colombe pour sortir
du déluge du monde et se reposer en cette arche, en la sainte société de celles que vous nous avez
envoyées pour adresser les autres dans le chemin du Ciel. Notre Mère1190 me fit prêcher en cette
assemblée, qui fut très grande et quasi de tous les principaux de Grenoble. Vos saintes solitaires
rendront cette montagne habitée de plusieurs bonnes âmes, et très visitée de quantité d'autres qui
se voudront bonifier à leur exemple.
Je dis quelque chose en faveur de notre chère Visitation, non pour la rendre
recommandable, car elle ne pourrait être plus honorée et estimée qu'elle est ici, mais pour satisfaire
à l'affection et dévotion des assistants, et pour rendre le devoir que j'ai aux Filles [405] d'un si
grand, digne et aimable Père, de la débonnaireté duquel j'espère que j'aurai toujours la grâce d'être
avoué
Son très obéissant fils et très humble serviteur,
ARTUS DE LIONNE.
De Grenoble, le 24 octobre 1621.
Revu sur le texte inédit, inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Grenoble, par
la Mère de Chaugy, conservée au 1er Monastère d'Annecy1191.
_____
E. Lettre de Mgr Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley1192
_____
Monseigneur et très cher Père et Maître,
1193 La vôtre, avec le Directoire, me fut délivrée, non sans quelque providence du Ciel, à
la pointe de mon voyage, et me consola en l'agonie que j'avais de m'embarquer sans cadran. Je l'ai
vu, mais à dire vrai, non pas tout lu. Il m'eût fallu presque autant de temps pour visiter ce volume
qu'il m'en faudrait pour visiter le tiers de mon diocèse. Votre jugement, en deux mots, m'a soulagé
; il me fallait la hache de ce même jugement, qui honore toutes les autres perfections qui vous
honorent, pour retrancher, ainsi que Périclès, sa harangue. Je crois que cet homme, observant tout
ce qu'il dit, va le cours de Saturne en la sphère de son voyage. Il me souvient de la repartie des
Spartains à ces longs harangueurs de Corinthe : la langueur et longueur du commencement fait
oublier les conséquences de la fin ; les conclusions sont étouffées dans la multitude des prémices.
Il m'est arrivé comme à l'avare : j'ai été pauvre de cette abondance et, comme aux grands festins,
j'ai plutôt été [406] rassasié des yeux que de l'estomac. Et certes, à dire vrai, vivre ponctuellement
selon les rudes casualités et règlements, selon les ordonnances des trop exacts médecins, est
embrasser une grande peine. Vive le cœur de mon Père qui met tous les cœurs en paix par
l'admirable brièveté de ses grands, incomparables et moelleux discours !
Mais, Monseigneur, je m'échappe. Ce n'est point de tout cela que je voulais parler, ains
1188 Voir tome XVIII, note (827), p. 240.
1189 Vide pp. 166, 213, not. (500), (659).
1190 La Mère de Chastel, Supérieure de la Visitation de Grenoble.
1191 Nous avons substitué l'orthographe moderne à celle de l'annaliste, ainsi qu'aux deux lettres suivantes.
1192 Voir tome XIV, note (426), p. 139.
1193 Vide p. 363, not. (1074).
278/342

28.9 Page 279

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vous souvenir que vous m'avez daigné écrire autrefois1194 : Et voici mon petit peuple qui veut être
votre peuple, pourvu qu'il vous plaise que de votre peuple je rende mon peuple. Est-il besoin de
vous dire que six filles de bonne volonté soupirent de désir de voir un monastère de la Visitation
en cette ville ? Alors elles seront entièrement vos filles, s'il vous plaît d'envoyer de celles qui le
sont déjà dans votre cher Nicy en notre petit Belley ; et alors je dirai à mon tour : Populus [tuus,
populus meus].
Considérez, mon cher Maître, que je suis un si pauvre homme que ces miennes brebis ne
sauraient vivre que dans votre pâturage, se rafraîchir que dans votre ruisseau, ni reposer que dans
votre bercail. Ce sont des lunes obscures, jusqu'à ce qu'elles soient illuminées des rayons de mon
Père, qui est aussi véritablement le soleil de ce siècle que cet astre unique est le flambeau du ciel
et de la terre. Nos bonnes filles entrent dans des impatiences contre moi, et m'est avis, quand elles
me regardent sans m'oser dire mot, que leurs yeux me voudraient faire entendre ce que disait
autrefois une désolée :
La pensée et l'espoir de ma félicité
Me plonge davantage dedans l'adversité.
Pourquoi prolongez-vous le temps de notre ennui ?
Que ne procurez-vous qu'elle vive aujourd'hui !
Les filles de ce Père, de ce Père tout saint,
Elles nous remettraient la joie dedans le sein.
Monseigneur, ayez, je vous conjure, pitié de ces souffrantes, faites-les chanter sur un autre
air. Vous pouvez penser si les Sœurs que vous nous envoyerez nous seront chères, à l'égal, certes,
de la prunelle de nos yeux. J'irai apprendre vers elles ce que j'ignorerai de vos saintes maximes, je
les regarderai comme mes sœurs, je les honorerai comme mes aides en la conduite de ce diocèse,
je les proposerai à mon peuple comme la règle de la vraie piété ; bref, Monseigneur, en la personne
des Filles, je renouvellerai l'idée que je ne perds jamais des vertus du Père.
J'espère de votre débonnaireté toute autre chose qu'un refus, et [407] vous dirai volontiers
un mot de la chanson que j'ouïs dernièrement chanter à quelques filles, en passant par la rue :
Que je serai réjoui
Si vous voulez dire : oui !
Mais que direz-vous de votre disciple, qu'il apprenne les chansons des fillettes ! Ce sont
des couplets innocents aux oreilles et à la mémoire.
Cependant, je vis encore dans l'attente d'une ample réponse sur ma lettre précédente, car il
faut dire de vos lettres, pour précipitées qu'elles soient, comme des Oraisons de Démosthène, que
les plus longues sont les meilleures. Il n'en est pas ainsi des miennes, mais vous me pardonnerez
volontiers, voyant que la nécessité me rend importun pour cette fois. Lisez dans la grandeur de ma
lettre la grandeur de mon désir ; assouvissez-le, et ce sera un acte de miséricorde glorieux à vous,
mais fructueux et joyeux à moi, qui suis,
Monseigneur et très honoré Père,
Votre très humble, très obéissant et très indigne fils,
disciple et serviteur,
JEAN-PIERRE, E. de Belley.
De Belley, ce 12 décembre 1621.
Revu sur le texte inédit, inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Belley, par la
Mère de Chaugy, conservée au Ier Monastère d'Annecy.
1194 Cf. tom. XVI, Epist. CMXCIV, p. 218.
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28.10 Page 280

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F. Lettre de M. Jacques Gallemand1195
_____
Monseigneur,
1196 Je tiens à bonheur particulier de m'ètre rencontré ici pour prendre part à l'heureuse et
joyeuse réception de l'établissement de vos chères Filles. L'on a désiré que je vous écrivisse un
mot sur ce [408] sujet ; commission qui m'est autant chère comme j'honore le sujet qui me l'a fait
donner, et révère celui à qui ma plume et mon cœur s'adressent.
Oui, Monseigneur, j'admire tous les jours les travaux que vous prenez pour la gloire de
Dieu et pour l'état de son Eglise : plaise à la divine Bonté de les accompagner toujours de cette
grâce accidentelle, que, comme les lauriers de ces anciens de la Grèce réveillèrent Thémistocle,
ainsi vos labeurs et vos trophées en la cause de la religion et dévotion réveillent quelques esprits
généreux de ce siècle, et les tirant hors du profond sommeil, les animent à des pensées et à des
actions dignes du temps où nous sommes et des nécessités où l'Eglise est réduite. O Dieu, en vous
admirant, j'ai bien quelque disposition d'en tirer des bons désirs ; mais je n'ai pas la force de les
mettre en effet, jusques à ce que vox Domìni præparantis cervos tonne en mon âme et lui donne
puissance d'enfanter tout ce qu'elle conçoit, pour conduire dans la vraie perfection ce qu'il vous a
plu de me conseiller quelquefois.
Cependant, Monseigneur, voici que l'on ne respire en cette ville que d'avoir de vos chères
Filles ; il ne faut nullement douter que vous favoriserez nos deux prétendantes, attendantes et
poursuivantes de ce bonheur tant pourchassé et tant désiré1197, et les souhaits de toute la ville, de
la grâce de Madame de Chantal. Tout est en une très bonne disposition, chacun l'attend avec
affection, et singulièrement ceux qui ont autrefois été témoins des heureuses ferveurs de son
commencement. Vous avez ici cueilli cette fleur ; au moins rendez-nous-en de la graine, et que
cette grande ménagère la vienne jeter dans sa terre natale.
J'ai trop de consolation d'avoir eu l'honneur de m'employer tant soit peu aux poursuites de
cette sainte œuvre, et de voir que, quoique j'y aie été serviteur inutile, la voici sur le point de son
accomplissement, dès qu'il aura plu à Votre Seigneurie Révérendissime nous prêter la main de
votre assistance et commandements, lesquels je recevrai toute ma vie en qualité de
Votre très humble et obéissant serviteur,
GALLEMAND, docteur.
A Dijon, ce 23 décembre 1621.
Revu sur le texte inédit, inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Dijon, par la
Mère de Chaugy, conservée au 1er Monastère d'Annecy. [409]
_____
1195 Voir tome XII, note (213), p. 118.
1196 Vide p. 175, not. (533).
1197 Mlles Bertot et Parise (voir ci-dessus, notes (533), p. 175, et (1040), p. 352).
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29 Pages 281-290

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29.1 Page 281

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G. Lettre de l'Infante Isabelle de Savoie, Duchesse de Modène
_____
A Monsignor Vescovo di Geneva,
Per la Serenissima Infanta.
1198 Le dimostrationi di stima et d'amore che le Signore Infante mie sorelle1199 hanno fatte
a V. S. mentre s'è fermata costì1200 sono state molto ben convenienti al suo merito ; et a me
rincresce di non aver potuto godere di così desiderabile conversatione, della quale però vengo ad
haver la mia parte del gusto, per l'affctuosa commemoratione che s'è fatto della mia persona. La
Signora Infante Caterina m'ha fatto favore.
Così del continuo ne ricevo da Lei in abbondanza, essortandola a scrivermi et a rinovarmi
gli effetti della sua amorevolezza, la quale come ho impressa nella memoria, così ho riconosciuta
molto volontieri in quest' occasione ; et ne la ringratio di cuore. Resta che io inviti V. S. a
riconoscer qualche volta la mia continuata affettione verso di Lei in cose di suo servigio, che ci
troverà dispostissima.
E prego Dio che lungamente la conservi et prosperi.
24 Agosto 1622.
Revu sur une minute inédite, conservée à Modène, Archives de l'Etat, Chancellerie Ducale. [410]
_____
1198 Vide Epist. MCMXXXII, et p. 338, not. (1004).
1199 Vide p. 339, not. (1005).
1200 A Turin (voir ci-dessus, note (984), p. 330).
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29.2 Page 282

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II. Suppliques et lettres de princes et autres personnages a
différents destinataires
_____
A. Supplique a Sa Sainteté Grégoire XV
____
Beatissimo Padre,
1201 Sendo stata instituita dal Vescovo di Genevra una Congregatione di donne, sotto il
nome et invocatione della Visitatione della Beatissima Vergine, nella terra di Annessy, della
diocesi di Genevra ; perchè da quella resultava gran frutto per la vita essemplare delle donne ivi
introdotte, che vivevano come Religiose, recitando l'Officio piccolo della Madonna, fù dalla felice
memoria di Paolo Vto 1202 commesso al Vescovo che erigesse detta Congregatione in titolo di
Monasterio, sotto la Regola di S. Agostino : il che fu fatto1203.
Dimandando poi le Monache di quel Monasterio licenza a detto Pontefice di poter,
nonostante che fossero fatte Regolari, recitar nel choro l'Officio piccolo, come prima solevano, il
detto Pontefice li concesse volontieri detta licenza per sette anni, liberandole in quel mentre dalla
recitatione dell' Officio grande1204, et dandoli buona speranza che, finiti detti sette anni, gli sarebbe
concessa detta licenza in perpetuo. Et perchè, Beatissimo Padre, da quel tempo, secondo la detta
facoltà, in detto Monastero si è recitato et recita sempre detto Officio piccolo della Madonna con
gran devotione et attentione in Dio, et con molta sodisfattione del popolo, si desidera tal licenza et
essentione in perpetuo ; et ciò per le raggioni seguenti :
1205 Primieramente : che l'istituto di detto Monasterio è non solo per ricevere zitelle, ma
vedove attempate, inferme et di debole [411] complessione, et che non possono sopportare
l'austerità delle altre Religioni ; che per ciò gli è difficile, per l'età et indispositioni, di poter recitar
l'Officio grande.
2°. Essendo che generalmente le donne, et particolarmente in Francia, ignorano la lingua
latina, pare che quanto appartiene alla loro edificatione poco importa qual dell' Officii recitino, già
che nè l'uno nè l'altro da loro è inteso. Et stante questa non intelligenza dell'uno et l' altro Officio,
è di molta importanza che sempre recitino il medesimo, per che avviene che più chiaramente et
distintamente pronunciano quello che sogliono giornalmente recitare, che non possono fare quando
ordinariamente gli conviene dire cosa inusitata ; da che anco gli viene sminuita l'attentione et
devotione, sendoli necessario dirigere tutta l'attentione loro al ben legere et pronunciare. Il che
tanto più procede nelle regioni di Francia, dove le donne, ignare della lingua latina, hanno di quella
non solo inettissima, ma affatto ridicula pronuntia ; tanto che nelli monasterii di Monache, quelli
che vanno a udir gl' Officii divini non possono contenere il riso che gli vien mosso da sì inetto
pronunciare. Oltre che le Monache di questo Monasterio, avezze alla recitatione dell'Officio
piccolo, con il studio che vi hanno fatto et fanno, lo recitano et pronuntiano tanto bene e
distintamente, e con tanta attentione, che vi sogliono mettere altretanto tempo quanto nell' altri
Monasterii si mette nel recitar l' Officio grande1206. Et si come la Chiesa santa ha quasi ogni
settimana destinato un giorno alla celebrità della Beatissima Vergine, non puole arrecare
inconveniente alcuno se vi sia qualche luogo pio, massime de sesso feminile, ove continuamente
si cantino le lodi della Santissima Vergine, Madre de Dio ; che più presto sarà cosa et al Figlio et
1201 Vide p. 40, not. (161), Epist. MDCCCXXXI, p. 136, et MDCCCXXXII, p. 152. Cf. infra, p. 415, not. (1211).
1202 Vide tom. XIII, p. 69, not. (220).
1203 Vide t. XVIII, p. 302, not. (999), et Append. I, D.
1204 Vide ibid., p. 425.
1205 Cf. tom. XVII, Epist. MCCXIX, p. 242 ; XVIII, Ep. MCCCLXXXVI, MCDIX.
1206 Cf. tom. XVIII, Epist. MCDXV.
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29.3 Page 283

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alla Madre gratissima.
Si aggionge anco che gran parte delle donne a pena mai vengono a perfettamente imparare
l' Officio grande, onde gli viene precluso l'ingresso della Religione ; alla cui devotione, spirituale
consolatione et salute dell' anime si porgerebbe molta commodità se non havessero a imparare
senon P Officio piccolo, perchè potendo ciò fare con maggior facilità, potrebbono conseguire il
desiderato fine di esser Religiose : e da qui avverebbe che possent omnes pariter senes cum
junioribus laudare nomen Domini.
E finalmente, la recitatione dell' Officio grande non è inseparabile dal stato Religioso,
perchè, per tralasciar la Compagnia di Giesù et l'Ordini militari, vi sono anco Monasterii di
Monache in Francia, cioè il Monasterio di Monache di Sto Agostino del luogo di Pontoise, diocesi
di Pariggi, et altri simili, ove non vi è obligo di recitare nel choro se non che P Officio piccolo ; di
modo che, se [412] bene ciò non sarebbe cosa molto usitata, nè tampoco sarebbe affatto nuova.
Per tanto si supplica Vostra Beatitudine, atteso dette ragioni, resti servita concedere tal
licenza et essentione, et ordinare che sopra di ciò se ne spediscili un Breve ; ch'oltre risultarà alla
gloria d'Iddio et della Madonna Santissima sua Madre, si riceverà per gratia singolarissima da
Vostra Santità.
Quam Deus...
Alla Santità di Nostro Signore.
Raccommandato dal Sigr Cardinale di Savoia, per il Monasterio di Monache sotto
l'invocatione della Visitatione della Madonna et Regola di S. Agostino eretto nel luogo d'Annessy,
Gebennen. Dioc., et altre Congregationi del medesimo Instituto.
1207 Alla Congregatione de Regolari.
Exhibeatur erectio, sive illius tempns designetur. Perquiratur prima gratia.
VI Maii 1621. Sanctissimus mandavit concedi per decennium a fine termini a Paulo PP. Vo
concessi incipiens, diebus feriatis Officium Beatæ Virginis, diebus autem festis Officium magnum
juxta rubricas Breviarii Romani recitare teneantur.
Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy1208.
_____
1207 Par l'ordre du Pape, cette Supplique fut renvoyée àia sacrée Congrégation des Réguliers, comme l'indiquent les
deux lignes que nous reproduisons.
1208 Le texte italien de cette Supplique et de la suivante est inédit ; une traduction latine en a été donnée dans les
Analecta ecclesiastica (Revue Romaine), avril 1894, pp. 175, 176. Bien que la rédaction originale ne soit pas de saint
François de Sales, l'une et l'autre de ces pièces résument sa pensée.
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29.4 Page 284

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B. Supplique au Cardinal Ludovic Ludovisi
_____
Illustrissimo et Reverendissimo Signore,
1209 Sendo stata instituita dal Vescovo di Ginevra una Congregatione di donne, zitelle et
vedove, sotto il nome et invocatione della Visitatione della Beatissima Vergine, nella terra di
Annessy, della diocesi di Ginevra ; perchè da quella risultava gran frutto per la [413] vita
essemplare delle donne ivi introdotte, che vivevano come Religiose, recitando l'Officio piccolo
della Madonna, fù dalla felice memoria di Paolo Vto commesso al Vescovo ch' erigesse detta
Congregatione in titolo di Monasterio, sotto la Regola di San Agostino : il che fù fatto.
Dimandando poi le Monache di quel Monasterio licenza a detto Pontefice di poter, non
ostante che fossero fatte Regolari, recitare nel choro l'Officio piccolo, come prima solevano, il
detto Pontefice li concesse detta licenza per sett'anni, liberandole in quel mentre dalla recitatione
dell'Officio grande, e dandoli buona speranza che, finiti detti sett' anni, gli sarebbe concessa detta
licenza in perpetuo da lui o suo successore. Et perchè, Illustrissimo Signore, da quel tempo,
secondo la detta facoltà, in detto Monasterio si è recitato et si recita detto Officio piccolo con molta
sodisfattione et edificatone del popolo, et havendo supplicato dette Monache Sua Beatitudine si
compiacesse essimerle dalla recitatione di detto Officio in perpetuo, è stato rimesso la risolutione
di questo negotio da Sua Beatitudine all' Illustrissimi Signori Cardinali della Sacra Congregatone
di Regolari, per sopra di ciò essere dette Monache intese.
Ora, essendone del tutto fatta relatione a Nostro Signore da Monsignore Volpio1210, per
parte di detti Illustrissimi Signori Cardinali, Sua Santità si è compiaciuta essimerle della recitatione
di detto Officio per dieci anni, ma con obligo però di recitarlo tutti li giorni di festa, et detti dieci
anni da principiarsi finito il tempo concesso dalla felice memoria di Paolo Vto, come è detto. Ma
perchè non ne puole nascere che confusione et poca divotione tra dette Monache, per tanto si
supplica humilmente V. S. Illustrissima resti servita voler raccommandare a detto Monsignore
Volpio che di nuovo riferisca a Sua Beatitudine li inconvenienti che ne possono nascere, et se
contenti concedere tale essentione in perpetuo. Et oltre che reuscirà alla gloria d'Iddio et della
Madonna Santissima, si riceverà a gratia singolarissima da V. S. Illustrissima et Reverendissima.
Quam Deus...
All'Illustrissimo et Reverendissimo Sigre,
Il Sigre Cardinale Lodovisio,
il Sre Principe Cardinale di Savoia, per il Monasterio di Monache sotto [414] l'invocatione della
Visitatione della Madonna et Regola di S. Agostino eretto nel luogo d'Annessy in Savoia, diocesi
di Ginevra.
(De la main du cardinal Ludovisi :) A Monsre Vulpio, che le habbia per raccommandate.
19 Junii 1621. Sanctissimus annuit de prorogatione ad quinquennium, et cum concessione
Indulgentiarum centum annorum illis qux Officium magnum recitaverint.
26 Junii 1621. Sanctissimus tandem annuit de prorogatione ad tantumdem et de
concessione Indulgentiarum ut in alio Decreto.
1209 Vide p. 40, not. (161), Epp. MDCCCXXI, p. 136, et MDCCCXXII, p. 152 ; cf. supra, II, A.
1210 Ulpien ou Vulpien Volpi, d'abord évêque de Chieti (1609), puis de Novare (1619), avait été nommé dataire et
secrétaire des Brefs par Grégoire XV ; Urbain VIII lui conféra en 1627 la charge de majordome qu'il exerça jusqu'à
sa mort, arrivée deux années plus tard, le 21 mars. (D'après Moroni, Dizionario di erudizione, etc., vol. XLI, p. 265,
et XLVIII, p. 135.)
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29.5 Page 285

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Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy1211.
_____
C. Lettre de Victor-Amédee, Prince de Piemont, au Prince de Carignan,
son frere
_____
Signor Fratello,
Gia sappete quanto S. A. et io desideriamo che gli PP. Barnabiti, et particolarmente quelli
del Collegio di Annessi, siano favoriti in tutte le occurenze loro, poichè a questo c' invita la
particolar affettione che eglino alla Casa nostra et a questi Stati vanno dimostrando. Riceverò
dunque a gusto particolare che vi adopriate per fargli havere il consenso del Barone di Mentone
per il priorato di S. Claro1212, perchè tale anco è la volontà di S. A.
Nè voressimo che prometteste alli Amministratori del sudetto [415] Collegio1213 di mandar
alcuno a Lovanio per la ratificatione del contratto fatto con essi Padri, senza ordine espresso di S.
A., ma che si prolongasse il termine ad essi Padri di farlo sin alla Pasqua prossima1214.
Et perchè non tanto i Monaci residenti in Contamina quanto altri tentano diverse cose in
pregiuditio delli detti Padri Barnabiti del Collegio di Tonone, sarà effetto della vostra bontà, molto
grato a S. A. et a me di singoiar piacere, il protegergli et diffendergli da qualunque ingiusto tentato
; et ve ne faccio particolar instanza1215.
A questi Padri del Collegio di Tonone tornarebbe commodo di permuttare o vendere la casa
che possedono di Bellagarda per comprarne un altra vicina al Collegio, o per impiegar il danaro in
altro magior profitto. Se in questo sarà necessaria l'auttorità et favor vostro, non sarete manco loro
amorevole di quello che essi se ne promettono ; et io ve ne prego.
Così Dio vi conservi felice come io ve l'auguro et desidero.
Vostro affettionatissimo fratello,
V. AMEDEO.
Da Torino, li 10 Agosto 1622.
Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales d'Annecy, Série
GG, Fonds du Collège Chappuisien.
_____
1211 Les deux Mémoires annoncés pour l'Appendice du présent volume dans les notes (161), p. 40, et (410), p. 136,
sont renvoyés aux Opuscules, caria récente découverte de la minute autographe du premier de ces Mémoires prouve
qu'il a été rédigé par François de Sales. Quant au second, il semble fort probable que le Saint en soit aussi l'auteur,
d'autant plus que le texte définitif des deux pièces a été copié sur la même feuille par M. Michel Favre, son aumônier.
1212 Vide p. 45, not. (176), et supra, Append. I, B.
1213 Le doyen de Notre-Dame de Liesse, Pierre-François de Rossillon, seigneur du Châtelard (voir tome XVII, note
(339), p. 83) ; Frère Bernardin de Charpenne, Prieur de Saint-Dominique (tome XVI, note (773), p. 239) ; Claude-
François Arpiaud, Jean Claret et Pierre Fenouillet, syndics d'Annecy.
1214 Vide p. 335, not. (997).
1215 Vide Epist. MCMXLIV, MCMLIII, et p. 368, not. (1093).
285/342

29.6 Page 286

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D. Lettre des proviseurs du College de Savoie a Louvain aux
administrateurs de celui d'Annecy1216
_____
1217 Vestras 25æ mensis superioris datas recepimus, et una summarium eorum quæ isthic
occasione litterarum nostrarum novissimarum [416] acta sunt cum Patribus Barnabitis. Quibus
quod respondeamus aliud non habemus quam insistere nos contentis priorum nostrarum literarum,
obligante ad id nos muneris nostri ratione et munificentissimi nostri fundatoris1218 suprema
voluntate.
Quod translationem Collegii in dictos Patres excusatis obtentu conditionis adjectæ et ab
iisdem Patribus in se receptæ procurandi nostri in eam translationem consensus, eam opportuerat
esse impletam antequam realis fieret Collegii translatio. At vero, tum demum ad nos
prædecessoresve nostros1219 hac de re scriptum est, cum res minus esset integra, traditione Collegii
jam facta et in ejus possessione dictis Patribus constitutis1220. Et cum prædecessores nostri
consensum suum adhibere recusaverint, pertinebat ad DD. VV. officium urgere dictos Patres ad
procurandum conditionis implementum, vel redintegrandum curare vestram possessionem.
Ut autem aliquando induci possemus ad consensum nostrum interponendum, tam evidenti
suprema ; fundatoris nostri voluntati contraveniendo, rationem aliquam non videmus. Sacrosancta
et inviolabilia nobis esse debent defunctorum suprema indicta, nec commutari illa possunt, nisi
summa necessitate vel utilitate exigente, et interveniente Summi Pontificis aucthoritate. Necessitas
autem nulla faciendæ hujus commutationis intercessit, nec utilitas aliqua obtendi potest, cum
juventutis eruditio non minus feliciter hactenus successerit, secularibus munus hoc secundum
fundatoris præscriptum obeuntibus quam nunc Patribus Barnabitis surrogatis.
Quarè, rogamus DD. VV. quam enixissime, ut ex defectu conditionis translationi Collegii
apposite, consensus videlicet nostri procurandi, in pristinum statum redintegrari Collegium
procurare velitis. Quo facto, nos unionem totis viribus fovere et conservare conabimur. Manente
illa in Patres Barnabitas translatione, nostrique Collegii alumnis exclusis a jure sibi competente in
vestro, non arbitramur æquum, ut in societate persistamus, quæ jam vere leonina esset, nobis ejus
omni commodo privatis, et vobis jus antiquum retinentibus. Nec est ut de nobis queri possitis,
quandoquidem vestro, non nostro facto, a societate recissum est, nobis nequidem interpellatis, nisi
postquam executioni omnia fuere demandata.
Quod ad Mathurinum Jacquet attinet, quem denuo admittendum sistitis, nonobstantibus
ultimis nostris rationeque in eisdem addita, etsi plurimum apud nos valeat clarissimus D. Fabricius,
obedire [417] tamen oportet magis Deo quam hominibus. Neque hoc eundem sequiorem in partem
accepturum existimamus quem jura nulla ullam ultimarum voluntatum eversionem permittere,
nequaquam latere satis scimus.
Bene valete, Reverendi, nobiles ac clarissimi Viri.
Lovanii, hac 16 Augusti, anno Domini 1622.
De mandato RR. et Clarissimorum DD. Provisorum Collegii per D. Chappuis Lovanii
fundati,
GERARDUS RIVIUS, Nots.
Reverendis, nobilibus et clarissimis
DD. Administratoribus Collegii per D. Chappuis fundati Anessii.
1216 Voir note (1213) ci-dessus.
1217 Vide p. 335, not. (997).
1218 Eustache Chappuis, fondateur des deux collèges. (Voir tomes XIV, note (825), p. 291, et XVI, note (756), p. 234.)
1219 Vide tom. XVI, p. 233, not. (748).
1220 Cf. ibid., p. 234, not. (756), et Append. II, p. 416, 1.
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29.7 Page 287

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Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales d'Annecy, série
GG, Fonds du Collège Chappuisien.
_____
E. Lettre de Thomas de Savoie, Prince de Carignan, aux mêmes
_____
Le Prince Thomas de Savoye.
Chers et bien amez,
1221 Pour dignes respects nous vous avons voulu dire par ces lignes que n'envoyez aucune
personne a Louven, pour la ratification de la transaction passée avec les RDS Peres Bernabites du
College d'Annissy, sans nostre advis et commandement expres ; ains vous prolongerez le terme
accordé auxdits Peres pour procurer ladite ratification, jusques au mois de may prochainement
venant : car tel est le vouloir de S. A.
Et nous asseurans qu'ainsy effectuerez tout ce que dessus, [418] prions Nostre Seigneur
qu'il vous veuille avoir en sa saincte garde.
Ecrit a Chambery, ce premier septembre 1622.
THOMAS.
PAULI.
A nos chers et bien amez
Les Administrateurs du College d'Annissy.
Annissy.
Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du
Collège Chappuisien.
_____
1221 Vide p. 335, not. (997), et supra, p. 415, C.
287/342

29.8 Page 288

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F. Lettres de Victor-Amédée, Prince de Piémont a l'Abbé Philibert-
Alexandre Scaglia1222
_____
I
Il Prencipe di Piemonte.
Molto magnifico nostro carissimo,
1223 S. A. desidera che il contratto fatto fra gli Amministratori del Collegio di Annesii con
gli PP. Barnabiti1224 habbi suo intiero effetto ; et però non mancherete di procurarne appresso Sua
Santità la confermatione, con tutto quello che di più sarà necessario, come sarete informato dal
Procuratore Generale de Barnabiti1225. Et quando venisse a comparire costì un certo Ramusso
Savardo per impedire detta confermatione in favore di quelli di Lovanio ch'amministrano il
Collegio, vedrete per ogni modo [419] operare che non gli sii dato orecchio, come che la mente di
S. A. resta dalla sua propositione al tutto contrariante.
Cosi essequirete, et Dio vi conservi.
Torino, gli 26 Ottobre 1622.
Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales d'Annecy, Série
GG, Fonds du Collège Chappuisien.
_____
II
Il Prencipe di Piemonte.
Molto magnifico nostro carissimo,
1226 Furono dalla Santità di Papa Paolo V assegnate le prebende et priorato di Contamina
alla Santa Casa di Tonone, la quale indi gli hà date a' PP. Barnabiti per mantenimento del lor
Collegio eretto, et manutentione delle scuole, far missioni in quei luoghi vicini alli heretici et altre
loro buone operationi. Et perchè talvolta gli Monaci d'esso priorato potriano dar l'habito ad alcuno
in grave preiudicio de sudetti Barnabiti, ne tratterete con Sua Santità, acciò non solo glie lo facci
vietare, ma facci ancora che alla morte de Monaci presenti le sudette prebende restino sopresse.
Et Dio Signor da male vi guardi.
Torino, gli 26 Ottobre [1622].
Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales d'Annecy, Série
GG, Fonds du Collège Chappuisien.
_____
1222 Voir tome XVII, note (696), p. 197.
1223 Vide p. 335, not. (997), et Epist. præced.
1224 Vide tom. XVI, p. 228, not. (734).
1225 D. Jean-Charles Alessi, né à Norcia en 1579, profès depuis le 29 janvier 1612, avait été élu Procureur général en
1620 ; douze ans plus tard, on le trouve à Rome, Supérieur de San Carlo a' Catinari. (Note du R. P. Premoli, Assistant
général des Barnabites.)
1226 Vide Epist. MCMXLIV, p. 368, not. (1093), et supra, p. 415, C.
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29.9 Page 289

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III. Note concernant l'autographe de la lettre du 19 octobre 1621
a Christine de France, Princesse de Piemont1227
_____
Recit veritable, comme le sieur de St Laurent Batilly, gentilhomme parent a monsieur le
Marquis de Beringhen, premier escuyer du Roy, et chevalier de l'Ordre du St Esprit, et a monsieur
de Mauroy, colonel de cavalerie et chevalier de St Louis, a un depost considerable : sçavoir, une
lettre de St François de Sales, vivant Evesque de Geneve, et la dite lettre escrite de sa main propre
; ce n'est point de copie, mais l'original mesme.
Feu Madame Royale, de glorieuse memoire, Duchesse de Savoye, ayant choisi le neveu de
Monseigneur l'Evesque de Geneve pour mettre au nombre de ses pages1228, ce grand et illustre
Prelat se sent obligé d'escrire une lettre de remerciment a ladite Altesse Madame Royale, Duchesse
de Savoye. Ce que ce saint Prelat fit le 19esme d'octobre de l'annee 1621, et peu de tems apres il
pleut au Seigneur de retirer a luy ce saint homme pour luy donner sa couronne ; et puis, quelques
annees apres estant beatifié et puis canonisé par le Pape Alexandre VII, dans le tems de la
Beatification, Madame Royale, Duchesse de Savoye, voulut bien dire un jour aux dames de sa
cour qu'elle avoit une lettre de St François de Sales qu'il luy avoit escrit de sa propre main de son
vivant. Ce que ces dames ayant entendu, elles prierent toutes ensemble sa dite Altesse Royale de
Savoye de leur faire tant de grace qu'elles puissent avoir chacune une copie de cette lettre ; ce que
Madame Royale leur accorda. Et pour cela, le lendemain elle fit venir a elle le sieur Philippeau,
alors ayde major a Turin, et Madame Royale sçavoit bien qu'il escrivoit bien, et mesme a peindre
; c'est pourquoy sadite Altesse donna es mains dudit sieur Philippeau la lettre de St François de
Sales, et luy ordonna d'en faire plusieurs copies mot a mot, lesquelles copies elle vouloit donner a
ses dames Et le sieur Philippeau ayant receu cette lettre, se retire chez luy, sans rien dire de cette
lettre a ame vivante, et Madame Royale n'en ayant parlé a personne. [421]
Peu de tems apres, Dieu appela a soy cette grande Princesse pour luy donner une couronne
de gloire. Personne ne sçavoit que le susdit sieur Philippeau eut en ses mains cette chere lettre de
St François de Sales, et luy, le scellant (sic) aussi, songe de revenir en France, ce qu'il fait peu de
tems apres avec le congé de Son Altesse Roÿale, Duc de Savoÿe. Apres quelque peu de tems de
sejour a la ville de Paris, il vient a Metz et s'y marie, et loüe un appartement dans la maison du
susdit sieur de St Laurent ; et apres quelques annees de sejour dans ledit logis, y viennent a mourir
en bons chretiens. Et ledit sieur de St Laurent leur ayant fait autant de plaisirs et de services qu'il
leur a pu faire pendant leur demeure en son logis, pour reconnoissance ils luy ont fait present de
cette lettre de St François de Sales, qu'il garde et conserve avec toute la reverence possible. Le R.
Pere Coclet, Jesuite et prefet au college de Metz, confesseur ordinaire desdits sieur et damoiselle
Philippeau, a bien aydé a la faire avoir audit sieur de St Laurent, comme bon converti et estant bien
touché de la ste vie de ce grand St François de Sales.
Signé :
G. DE St LAURENT,
cy devant ancien capitaine
dans la Ferté.
La susdite Lettre de St François de Sales a esté presentée et donnée a tres illustre Seigneur
Monseigneur Henri Charles du Cambout de Coislin, Evesque de Metz, Prince du St Empire,
Conseiller du Roy dans tous ses Conseils, Commandeur de l'Ordre du St Esprit et premier
Aumosnier de Sa Majesté, par son tres-humble et tres-obeissant serviteur.
G. DE ST LAURENT,
cy-devant ancien capitaine dans la Ferté.
1227 Voir ci-dessus, Lettre MDCCCXXXVIII, et note (496), p. 163.
1228 Bernard-Philibert de Sales (voir ibid., note (490), p. 161).
289/342

29.10 Page 290

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Donné pour bouquet
à Mgr de Metz
le jour de sa feste, St Henry,
le 14 juillet 1701.
Revu sur l'original conservé à la Visitation de Metz. [422]
_____
290/342

30 Pages 291-300

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30.1 Page 291

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Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans
une acception inusitee aujourd'hui1229
_____
(L'astérisque désigne les mots qui ont paru dans le Glossaire des tomes précédents.)
* A pour avec (pp. 55, lig. 1 ; 148, lig. 10 ; 264, lig. 7), de (pp. 49, lig. 16 ; 79, ll. 23, 24, etc.),
en (pp. 132, lig. 28 ; 193, lig. 2 ; 236, lig. 8, etc.), pendant de (p. 113, lig. 23), pour (pp. 24, lig.
16 ; 38, lig. 14 ; 296, lig. 22, etc.), vers (p. 108. lig. 16).
* AAGE pour temps (p. 141).
ABORD DE L'ASSEURANCE (a l') dès l'arrivée de la nouvelle certaine (p. 373).
* ABSENTER pour s'absenter (pp. 31, 237).
ACCEPTATION pour réception, entrée en jouissance (p. 108). Du lat. ACCEPTATIO.
* ACCOUSTUMÉ (avoir) avoir coutume (pp. 16, 37, 178, etc.)
* ACCOYSÉ, ACCOYSER apaisé, tranquillisé (pp. 231, 254), calme (p. 274), apaiser (pp.
335, 373).
A CES pour ces, aux prochaines (p. 201).
A CONTE comme acompte, en acompte (p. 76).
* ACTION pour acte (p. 196), cérémonie (pp. 190, 252).
* ADVENTURE, AVENTURE (par) pour peut-être (pp. 104, 285).
ADVISÉS (qui seront) dont on s'avisera (p. 102).
* A FAVEUR comme une faveur (p. 250).
* AFFECTION pour ardeur (p. 69), désir, volonté (pp. 156, 388).
* AFFECTIONNEMENT affectueusement (pp. 135, 144, 185, etc.), ardemment (p. 398), avec
affection, avec zèle (p. 111).
* AFFECTIONNER pour prendre à cœur (p. 55).
AFFIRMER du lat. FIRMARE, donner de la force, confirmer (p. 152).
* AGGREEMENT pour bon plaisir, contentement (pp. 333, 381).
AIGRE pour âpre (p. 381). [423]
* AINS au contraire, et de plus, et même, mais, même.
* AINSY QUE pour au moment où, comme (p. 18).
ALTERCAT altercation (p. 201).
AMAS (des fourmis) phrase elliptique pour amas que font les fourmis (p. 50).
* AMIABLE aimable (pp. 232, 255).
* AMIABLEMENT doucement, aimablement (pp. 37, 228, etc.)
* A PEU QUE peu s'en faut que (p. 54).
APPORTER pour annoncer (p. 240).
* APPRIVOISER pour rendre familier, confiant (p. 185).
* ARRESTER pour demeurer, s'arrêter (p. 135).
* ASSEURÉ pour sûr (pp. 32, 169).
* ASSEURER pour garantir l'entretien de (p. 332).
ASSEURER (s') être persuadé, être sûr (pp. 18, 183, 284, etc.), se persuader (p. 126).
* ASSISTER pour présider (p. 190).
* A TANT là-dessus, sur ce (pp. 76, 278).
* AU pour à l'égard du (pp. 351, lig. 23), dans le (pp. 47, lig. 14 ; 60, lig. 9 ; 183, lig. 6, etc.),
du (p. 132, lig. 3), par le (p. 294, lig. 10).
1229 Nous n'avons pas songé à dresser ici, pour ce volume, en toute rigueur scientifique, le Lexique de saint François
de Sales. Un tel travail, à peine est-il besoin de le dire, ne pourra être établi qu'après l'achèvement de cette publication.
Notre but a été surtout de rendre provisoirement service aux lecteurs français ou étrangers qui seraient peu familiarisés
avec les particularités du vieux langage. On voudra bien, en se servant de ce recueil, se souvenir de la pensée d'ordre
tout pratique qui l'a inspiré.
291/342

30.2 Page 292

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* AUCUNEMENT pour quelque peu (p. 294).
* AUQUEL pour dans lequel (pp. 34, 60, 196, etc.), (pp. 98, 148, 170, etc.)
* AUTANT pour aussi (pp. 218, 242).
* AUX pour sur les (p. 357, lig. 2), pour les (p. 394, lig. 12).
AVANCER (s') pour faire des progrès, progresser (p. 374).
* AVANT QUE DE avant de (pp. 168, 228, etc.)
AY pour ai-je (p. 372).
* BAILLER donner (p. 292).
* BELLEMENT (tout) tout doucement, avec calme (pp. 46, 133, 365).
* BENITE pour bénie (pp. 33, 228, etc.)
* BIEN pour avantage, honneur (pp.75, 113, 357, etc.), toutefois (p. 60).
* BIENFACTEUR du latin BENEFACTOR, bienfaiteur (pp. 277, 362).
* BIEN FAIRE pour faire du bien (p. 234).
* BONNEMENT pour facilement (pp. 40, 60, 187, etc.), même, seulement (p. 168), vraiment
(pp. 162, 249).
* BONTEUX bienveillant, bon (p. 203).
BOUCHE pour parole (p. 264).
* BRAVE pour bon (pp. 154, 157, 285), habile (p. 197), fier (p. 145).
BREVET pour Bref (p. 306).
* BRIEVE pour prompte (p. 81).
BRUSLEMENT incendie (p. 181).
* CARCAN collier (p. 70).
* CARESSER pour faire bon accueil, traiter avec bienveillance (p. 137).
* CARMELINE Carmélite (pp. 117, 248).
* CE pour cela.
* CEANS ici (pp. 146, 193).
CELUY pour celui-là (p. 208).
* CE PENDANT, CEPENDANT pour en attendant, pendant, présentement (pp. 28, 31, 98,
102, etc.)
* CETTE CY celle-ci (p. 223).
* CHAIRE pour siège (p. 124).
* CHAMS (par les) pour en voyage (p. 249).
* CI APRES pour dans la suite, plus tard (p. 128).
* CLAUSURE du lat. CLAUSURA, clôture (pp. 72, 361).
* COGITATION du lat. COGITATIO, pensée (pp. 184, 242).
* COLLOQUER du lat. COLLOCARE, mettre, placer (pp. 96, 170, etc.)
* COMBIEN QUE bien que, quoique (p. 194).
* COMME pour ce que (p. 196), comment, de quelle manière (pp. 49, 163, 281, etc.), que (p.
242).
* COMME QUE CE SOIT quoi qu'il en soit (pp. 172, 250, etc.)
* COMME QUOY comment (p. 248). [424]
COMMODITÉ pour occasion (pp. 43, 169), ressources pécuniaires (p. 102).
* COMMUNION pour conformité (p. 102).
* CONDUITTE pour itinéraire (p. 248).
CONFIER QUE (se) pour avoir confiance, être sûr que (p. 255).
* CONSIDERABLE pour à considérer (p. 77), digne de considération (p. 190).
CONSIDERATION pour circonspection (p. 120).
* CONSPIRER pour agir de concert, se réunir pour tendre au même but (p. 168).
* CONSTAMMENT pour avec constance (p. 15).
* CONTE, COMTE pour compte.
292/342

30.3 Page 293

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* CONTÉ pour compté (p. 261).
* CONTENTER (se) pour agréer, consentir (p. 202).
* CONTESTE pour contestation (pp. 58, 351).
* CONTRAIRE (au) pour contre (p. 331).
CONTRE LES pour contrairement aux (p. 237).
* CONTREROLLER contrôler (p. 179).
* CONTRESCHANGE compensation, récompense (p. 207).
* CONTRESCHANGERrécompenser (p. 101).
* CONTRIBUER pour aider de, ajouter, apporter (pp. 9, 108, 141, 157, etc.), faire pour sa
part (pp. 49, 125).
* CONVERSATION pour compagnie (pp. 16, 79).
* COPIE pour exemplaire (pp. 244, 367).
* COQUILLEUX difficultueux (p. 357).
* COULPE du lat. CULPA, faute (pp. 60, 287, 308), culpabilité (pp. 69, 70).
* COURAGE pour cœur (pp. 79, 125, 243).
* CREANCE pour croyance, assurance, certitude (pp. 113, 161).
* CUYDER du lat. COGITARE, croire, penser (p. 53).
* DANS pour à (p. 202).
DANS PEU pour sous peu, dans peu de temps (p. 292).
* D'AVANTAGE pour bien plus, en outre (p. 321).
* DE pour à (pp. 16, lig. 21 ; 98, lig. 3 ; 152, lig. 10, etc.), depuis (pp. 44, lig. 9 ; 197, lig. 20),
du (pp. 26, lig. 5 ; 108, lig. 16 ; 161, lig. 14), par la (p. 302, lig. 6).
* DEÇA (de) de ce côté-ci (p. 101), de ce pays, d'ici (p. 174), en ce pays, ici (pp. 42, 104, 151,
etc.)
* DEÇA LES de ce côté-ci des (p. 27).
* DEÇA LES (de) de ce côté-ci des (pp. 62, 104, 141, 348).
* DEDANS pour dans (pp. 14, 22, 113, etc.)
* DEFRAUDER faire tort, priver par fraude (p. 70).
DEHORS pour hors (p. 153).
DELICAT pour subtil, dénué de fondement (p. 135).
DE LUY pour de sa part (p. 343).
* DEPLAISANT pour douloureux (p. 354).
* DES pour au sujet des (p. 198), de (p. 395), depuis (pp. 29, 32, 123, etc.)
* DES-AYMER cesser d'aimer (p. 117).
* DESENGAGÉ dégagé (p. 395).
* DES ICY de ce lieu, d'ici (p. 240).
* DES IL Y A depuis (pp. 26, 137, 177, etc.)
* DESPECHE pour expédition, pièce (pp. 152, 199).
* DESPECHÉ pour chargé, pourvu de messages (p. 335).
* DES QUELQUE TEMS EN ÇA depuis quelque temps (p. 308).
* DESSUS pour sur (p. 208).
DESTOUR pour dérangement, embarras (p. 250).
DESTOURBIER empêchement, obstacle (p. 35).
* DETRAQUEMENT pour dérèglement (p. 60). [425]
* DEVERS vers (p. 245).
DEVOTIEUX propre à la dévotion (p. 214).
* DISCOURS pour récit (p. 233).
DISPENSABLE pour lequel on peut accorder dispense (p. 50).
DISPENSÉ pour lequel on a accordé dispense (p. 50).
* DISTRACTION pour dérangement, occupation (p. 287).
DIVERSIFIÉ présentant successivement des aspects différents (p. 254).
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30.4 Page 294

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DIVERSION pour raisonnement pour détourner le sens ; métaphore tirée du vocabulaire de la
stratégie (p. 69).
* DIVERTIR pour détourner (pp. 35, 177, 219. etc.), empêcher (pp. 25, 258).
* DONT pour c'est pourquoi, en suite de quoi (pp. 223, 321).
* DORES-EN AVANT dorénavant (p. 353).
* DRESSER pour diriger (p. 223), élever (p. 245).
* DU pour à cause du (p. 148, lig. 24), le (p. 194, lig. 2), pour le (p. 204, lig. 17).
* DUIT dressé, habitué (p. 101).
* DU TOUT pour entièrement (p. 128).
EFFECT (en) pour de fait (p. 356).
* EFFICACE du lat. EFFICACIA, efficacité (pp. 57, 242).
* EMPERLÉ orné de perles (p. 73).
* EMPESCHÉ pour embarrassé (pp. 25, 58).
* EN pour à (pp. 24, lig. 8 ; 118, lig. 29 ; 150, lig. 13, etc.), dans (p. 396, lig. 12), dans la (p.
98, lig. 13), par (pp. 235, lig, 5 ; 297, lig. 20), sur (p. 125, lig. 2).
* EN ÇA jusqu'à présent, jusqu'ici (pp. 29, 32, 201). Cf. l'ital. IN QUA.
* ENCOR (pour) pour le moment (pp. 45, 152).
* ENDOMMAGER pour causer du dommage à (p. 78).
ENGRAISSÉ pour graisse (p. 168).
* EN LIEU pour au lieu (pp. 13, 163, 350, etc.)
* ENSEMBLEMENT ensemble (pp. 140, 203).
* ENTRETENEMENT entretien (pp. 102, 369, 378, 383).
* ENTRETENIR pour retenir (p. 153).
* ENVERS pour auprès de (p. 259).
* ENVOYER pour avertir, mander (p. 191).
* ESCLARCIR procurer un éclaircissement, une explication (p. 30).
* ESLECTION pour libre choix (p. 79). Du lat. ELECTIO.
* ESSAYER (s') pour essayer (pp. 3, 79).
ESTABLIR SUR pour donner l'autorité sur, préposer (p. 35).
* ESTONNER pour effrayer (p. 132).
* ETERNITÉ, ÆTERNITÉ (a toute) éternellement, pendant toute l'éternité (pp. 149, 168).
* ET SI pour et de plus, et encore, et même (pp. 53, 70, 250).
* ET TOUT pour aussi (p. 273).
EXALTER pour élever, pousser en haut (p. 396).
* EXPLANÉ aplani (p. 296). Du lat. EXPLANARE.
FACTEUR pour fermier, métayer (p. 245).
* FAIRE pour donner (pp. 4, 191, 303, 350), effectuer (p. 392), fonder (pp. 238, 239, 288),
former (p. 358), pratiquer (p. 332), prêcher (p. 197).
FAIRE LE DESPART pour partir (p. 10).
FAIRE REUSSIR pour procurer (p. 323).
FAIRE SON BENEFICE pour opérer son action bienfaisante (p. 358).
FAIRE SUITE (en) pour continuer, en tirer conséquence (p. 35).
* FASCHERIE pour souffrance, désagrément (p. 223).
FEMELLE pour molle, efféminée (p. 216).
FONS TERRIENS propriétés foncières (p. 13). [426]
* FORCE (de) avec impétuosité (p. 71).
FORMER pour formuler (p. 163).
* GARDER pour se garder (p. 281).
* GRAND CAS (c'est) pour c'est admirable, c'est une chose surprenante (p. 216).
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30.5 Page 295

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* HEUR bonheur (p. 323).
* HUMEUR pour avis, sentiment (p. 289).
* ICY pour ci (pp. 181, 277).
IL pour ce (p. 19, lig. 22), qu'il (pp. 28, lig. 1 ; 333. lig. 14).
* IMBECILLITÉ du lat. IMBECILLITAS, faiblesse (p. 246).
* IMPETRER du lat. IMPETRARE, obtenir par supplications, demander (pp. 26, 369).
* IMPORTANCE (l') pour l'important (p. 273).
IMPORTUNITÉ pour demande importune (p. 397).
* IMPROUVËU (a l') à l'improviste (p. 210).
* INCOMMODER pour gêner, nuire à (p. 78).
* INCONVENIENT pour difficulté (p. 240).
INDISPOSITION pour disposition contraire, peu favorable (p. 172).
INSTITUTEUR pour qui forme, qui instruit quelqu'un à quelque chose (p. 350).
INSTITUTION pour Institut (p. 363).
JE NE PUIS QUE JE NE CROYE je ne puis moins faire que de croire, je ne puis m'empêcher
de croire (p. 33).
* JOURD'HUY (du) d'aujourd'hui, de ce jour (p. 265).
* LAIRRAY ancienne forme de laisserai (p. 363).
* LEGAT du lat. LEGATUM, legs (p. 227).
* LIEU pour place (p. 290), moyen (p. 237).
* LOYER pour récompense (p. 228).
LOYSIBLEMENT licitement (pp. 126, 162).
* MADAMOYSELLE appellation usitée jadis à l'égard de toute femme mariée qui n'était pas
noble, ou qui, étant noble, n'était pas titrée (pp. 11, 13, 30, etc.)
* MANQUEMENT pour défaut (pp. 100, 344, etc.)
* MARRI, MARRY fâché, peine (pp. 9, 75, 128, etc.), regrettant (p. 267).
MESCHEF insuccès, mauvaise réussite (p. 213).
* MESHUY désormais, maintenant (pp. 223, 274, 310, etc.)
* MESME pour d'autant plus, surtout (pp. 15, 17, 343).
* MESMEMENT même (p. 102), pas même (p. 318).
* MESNAGER pour ménager les choses (p. 364).
MESURE (a) pour en proportion (p. 125).
* MOUVOIR pour émouvoir (p. 243).
* MOYENNER procurer en se servant d'intermédiaire (p. 367).
* MUSSER cacher (p. 242).
* NE pour ne pas (p. 184).
* NOURRIR pour élever (pp. 33, 101, 351, etc.)
* NOURRITURE pour éducation (pp. 357, 358).
* OBEDIENCE du lat. OBEDIENTIA, obéissance (p. 254).
OCCURRENT (qui) qui se rencontrent, qui surviennent (p. 180).
* OFFICE pour service (p. 35).
* ORATEUR titre que prenaient autrefois les gens d'Eglise écrivant à des souverains (pp. 29,
62, 81, etc.)
* OR SUS or donc, hé bien ; parole d'encouragement. Cf. l'ital. ORSÙ.
* OUBLIER (s') pour oublier (p. 225). [427]
295/342

30.6 Page 296

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OUTIL pour objet (p. 279).
* OYT (elle) elle entend (p. 61).
* PAR pour en (p. 235).
* PARANGON de l'ital, PARAGONE, comparaison (p. 151).
* PAR APRES ensuite.
* PAR DELA là où vous êtes, de votre côté (pp. 76, 128).
* PARMI, PARMY pour avec (p. 182), chez (p. 178), dans (pp. 12, 132, 154, 285).
* PARTIAL pour préféré pp. 248, 259).
* PASSÉ DEMAIN pour après-demain (p. 387).
* PASSER pour se passer (p. 248).
* PASSION pour sentiment de douleur vif et profond (p. 37).
* PIECE pour partie (p. 47), œuvre (p. 140).
PITIÉ pour miséricorde (p. 397).
* PITOYABLE pour digne de pitie (p. 286).
PITOYABLEMENT pour avec pitié, avec compassion (p. 302).
* PLAISANT pour agréable (p. 349).
* PLUS pour plutôt (p. 119).
* PŒNITENCE — du lat. PŒNITENTIA, regret, repentir (p. 308).
* POINT pour ne... point (p. 72).
POINT TOUT A FAIT point du tout, pas du tout (p. 170).
POLITESSE pour bienséance, propreté (p. 102). Cf. l'ital. PULITEZZA.
* PORTER pour soutenir, employer son crédit en faveur de (p. 199).
* PORTION pour prébende (p. 82).
* POUR CE pour parce (p. 129).
POUR FIN pour enfin, pour conclure (p. 61).
* POUR UN PEU pour un peu de temps (p. 242).
* PRÆFIGÉ fixé (p. 144). Du lat. PRÆFIGERE.
PREFIXER fixer (p. 331).
PRESAGÉ pour annoncé, fait pressentir (p. 373).
PROGRES... DE LEUR VEUE (au) à mesure que je les lirai (p. 377).
* PRONONCER pour annoncer (p. 262).
* PROPOS pour sujet de conversation (p. 284).
* PROSPERER pour faire prospérer (p. 294).
* PROUVOIR du lat. PROVIDERE, pourvoir (pp. 102, 202, etc.)
* QUANT ET QUAND, QUANT ET QUANT en même temps (pp. 254, 382).
* QUARTEMENT quatrièmement (p. 102).
* QUE pour ce que (pp. 60, lig. 27 ; 74, lig. 2), dont (p. 210, lig. 6).
* QUI pour ce qui (pp. 3, lig. 17 ; 30, lig. 7 ; 51, lig. 4, etc.)
QUITTÉ DE pour quitté (p. 122).
* RAFRAICHIR pour renouveler (pp. 41, 308).
* RAMASSÉ pour recueilli (p. 102).
* RAMENTEVOIR faire ressouvenir de, rappeler, ressouvenir (pp. 32, 108, 138, 159, etc.)
* RAMENTEVOIR (se) se rappeler (p. 148).
* RAMENTEVOIR EN (se) se rappeler à (pp. 188, 308).
RECLINER reposer, appuyer (p. 69).
RECOMPENSÉ pour dédommage (p. 129).
* REFORMATION du lat. REFORMATA, réforme (pp. 62, 82, 335, etc.)
* REGARD (pour ce) pour ce sujet (p. 54).
REGARD DE (pour le) en ce qui concerne le (p. 181).
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30.7 Page 297

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* RELIGION pour état religieux (pp. 281, 283, etc.), Ordre religieux (pp. 141, 142, 205, etc.),
vie religieuse (p. 357).
RELIGION (profession de) pour religieuse (p. 156).
REMIS EN MEMOIRE (ayant esté) m'ayant été rappelé (p. 287).
* REMONSTRANCE pour représentation, réclamation (pp. 184, 202, 264, 266).
REMUÉ pour issu (p. 278).
* RENCONTRE pour réunion (p. 321). [428]
* RENFORCER pour augmenter les forces, fortifier (p. 254).
* RESIGNATION pour acte de résignation (p. 223).
RESTAT arrérage (p. 95).
* RETIREMENT perception, recouvrement (p. 76).
REUSCIR A pour revenir en, tourner en (p. 144).
* REVA (s'en) s'en retourne (p. 272).
SEJOUR (en) pour à demeure, arrêté (p. 20).
* SEMONCE pour invitation (p. 310).
* SENTIMENT pour peine (p. 56).
* SI pour aussi (p. 25, lig. 6), cependant, toutefois (p. 258, lig. 11).
SIED pour siège (p. 13).
* SI EST CE QUE cependant (pp. 197, 241), il est vrai que (p. 194), il n'en est pas moins vrai
que (pp. 222, 238), néanmoins, toutefois (pp. 15, 82, 250, etc.)
* SI FAUT locution affirmative (p. 21).
SI FAUT IL oui vraiment, il faut (p. 258).
* SI MOINS sinon (p. 151).
* SOIN pour sollicitude, souci (pp. 15, 275).
* SOUËFVE suave (p. 132).
SOULAS consolation (p. 212).
* SOULOIR du lat. SOLERE, avoir coutume (p. 308).
SOUSMETTRE A pour mettre, placer sous (pp. 245, 247).
* SOUVENANCE souvenir (pp. 238, 308, 342).
* SOUVENTEFOIS souvent (p. 190).
* SPELONQUE du lat. SPELUNCA, caverne, grotte (p. 282).
SUCCES (se despouiller du) se désintéresser de l'issue (p. 267).
* SUFFISANCE du lat. SUFFICIENTIA, capacité intellectuelle, mérite (pp. 29, 105, 138),
médiocrité (p. 131).
* SUITE pour action de suivre (p. 79).
SUITE (a la, en la) pour ensuite, en suivant (pp. 16, 232, 243).
* SUIVRE pour imiter (p. 373).
SUJET A L'AIR sujet aux inconvénients des variations de l'air (p. 265).
* SUPPORT pour appui (p. 112).
* SUR pour à l'occasion de (pp. 28, lig. 28 ; 245, lig. 16), au sujet de (pp. 17, lig. 29 ; 143, lig.
14), par (p. 208, lig. 1).
* TANDIS pour en attendant (pp. 114, 334).
* TANT pour autant (p. 263).
TANT DE pour tant (p. 25).
* TANT MIEUX pour d'autant mieux (pp. 61, 158).
* TANT PLUS d'autant mieux, d'autant plus (pp. 71, 230, 238).
* TANT SEULEMENT seulement (p. 202).
* TARDIVETÉ lenteur (p. 127).
* TENDRETÉ du lat. TENERITAS, tendresse (pp. 121, 212, 242), attendrissement (pp. 178,
291, etc.), douilletterie, mollesse (p. 216), considération personnelle (p. 285).
297/342

30.8 Page 298

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TESMOIGNER (se) se montrer (p. 184).
* TIERCEMENT troisièmement (pp. 101, 215).
TIRER pour attirer, pousser (p. 297).
* TOUT A COUP pour tout d'un coup, tout de suite (p. 132).
* TOUT FIN SEUL tout seul, seulement (p. 160).
* TOUT MAINTENANT à l'instant (p. 257).
* TRAVAUX pour peines, sollicitudes, souffrances (pp. 24, 50, 113, etc.)
* TREILLE pour grille (p. 136).
TRES pour tout a fait (p. 103).
* TRICHERIE pour bagatelle, chose de peu d'importance (p. 110).
URSELINE Ursuline (p. 238).
VANTANCE action de se vanter, vanterie (p. 267).
* VARIANT variable, changeant (pp. 160, 254).
VERITABLEMENT pour en effet (p. 181). [429]
* VERS pour auprès de (p. 97).
VESTEMENT pour vêture (p. 277).
* VILETTE petite ville (p. 13). Cf. l'ital. VILLETTA.
* VISITATION du lat. VISITATIO, visite (p. 39), visite divine reçue (p. 161).
* VOIREMENT à la vérite (pp. 72, 133).
ZELE pour ressentiment (p. 173). [430]
_____
298/342

30.9 Page 299

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Index des correspondants et des principales notes
biographiques et historiques de ce volume1230
_____
ACARIE. Voir MARIE DE L'INCARNATION.
ADMINISTRATEURS DU COLLÈGE CHAPPUISIEN * …………
ADRIEN DES ECHELLES, Capucin ……………………………….
Affringues Bruno (d'), Général des Chartreux ………………………
AGLIÉ Ludovic d' …………………………………………………...
Aiguebelette Françoise-Melchionne du Four (dame d') …………….
ALTARIENS de Rumilly. Voir GREZ ………………………………
AMADIS DES GAULES ……………………………………………
AMAURY Claire-Marie, Religieuse de la Visitation ……………….
Amaury Françoise Simon (dame) …………………………………..
AMAURY Jeanne-Catherine, Religieuse de la Visitation …………..
AMBASSADEURS. Voir SCAGLIA.
AMELOT Marie ……………………………………………………..
ANDILLY Catherine Le Fèvre de la Boderie (dame Arnauld d') …..
ANDROZIO OU ANDROZZI (Androce) Fulvio, Jésuite …………..
ANNECY. Voir BARNABITES, COLLÈGE CHAPPUISIEN,
CONSEIL DE VILLE, NOTRE-DAME DE LIESSE, VISITATION.
ANNECY (Envahissement de troupes à) ……………………………
AOSTE Artus de Lionne * (seigneur d') …………………………….
AOSTE (monastère de Sainte-Catherine et de la Visitation d'). Voir
VISITATION (Projets de fondations), VAUDAN.
Arnauld Angélique, Abbesse de Port-Royal ………………………..
ARVISET Bénigne, Jésuite ………………………………………….
ARVISET Jeanne Choillot et Marie Fyot (dames) ………………….
AUBÉPINE Gabriel (de l'), Evêque d'Orléans ………………………
AULPS (abbaye d') ………………………………………………….
Pages
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
416, 418
30, 62
208
28
157
201
219
350
143, 143, 144
144
250
12
251 [431]
378
405
249, 263, 274
37
293
258
104
Ballon Charles-Emmanuel Perrucard (seigneur de) ………………… »
Ballon Louise (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine. Voir
BERNARDINES …………………………………………………… »
Bandini Octave, Cardinal ………………………………………….. »
BARNABITES. Voir BOERIO, GUERIN.
BARNABITES d'Annecy (collège des). Voir COLLEGE
CHAPPUISIEN, SAINT-CLAIR.
BARNABITES d'Annecy (Donation en faveur des) ……………….. »
BARNABITES de Thonon. Voir CONTAMINE.
BARNABITES de Thonon (Noviciat des) ………………………….. »
Baudeau (Mme) ……………………………………………………... »
BEAUFORT Marie-Jacqueline, Religieuse de la Visitation ……….. »
Beaumont-Carra Anne-Catherine (de), Religieuse de la Visitation.. »
19
365, 365, 382
317, 317
45
383
149, 149
240
253, 253, 303
1230 Les pages des Lettres sont indiquées par des chiffres ordinaires ; les caractères et les chiffres gras désignent les
noms des correspondants et leurs notes biographiques. Quant aux autres notes, leurs titres sont donnés en caractères
ordinaires.
Les noms suivis d'un astérisque * indiquent les auteurs ou les destinataires des pièces qui figurent à
l'Appendice.
Dans cet Index, on a donné aux personnages la désignation que leur attribue le texte des Lettres. (Cf. tome
XII, note (1239), p. 491.)
299/342

30.10 Page 300

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BEAUMONT-CARRA Antoine-Charlotte de Divonne (dame de) et
ses enfants. Voir PELARD, SACCONAY, VINCENT …………….. »
Bellarmin Robert, Jésuite (Cardinal) ………………………………. »
BELLECOMBE. Voir THOYRE.
BELLEGARDE Anne de Bueil (duchesse de) ……………………… »
Bellegarde Roger de Saint-Lary (duc de) …………………………… »
BELLET (Belet) Marie-Françoise, Religieuse de la Visitation …….. »
BELLEY (Official de l'évêché de). Voir SALTEUR.
BENING François, Jésuite ………………………………………….. »
BENNO ou BENNOD (Benod) Péronne-Marie (de), Religieuse de la
Visitation ……………………………………………………………. »
BERNARDINES à Rumilly (Fondation des). Voir BALLON,
BILLET ……………………………………………………………... »
BERTIER OU BERTHIER François ……………………………….. »
Bérulle Pierre (de). Voir ORATOIRE ……………………………… »
BETON. Voir LE BETON.
Billet François, Oratorien …………………………………………… »
Binet Etienne, Jésuite ………………………………………………. »
BINET (Mme et Mlle) ………………………………………………… »
Blonay Claude de …………………………………………………… »
Blonay Claudine (de), Abbesse de Sainte-Claire d'Evian ………….. »
BLONAY Jean-François (de). Voir SAINT-PAUL.
Blonay Marie-Aimée (de), Religieuse de la Visitation …………….. »
Boerio Jérôme, Général des Barnabites …………………………….. »
BONAVENTURE DE LYON, Capucin ……………………………. »
BONNEFOY Angéline Guérin (dame) ……………………………... »
BONNEFOY (membres de la famille) ……………………………… »
BONNEGUÊTE (prieuré de) ……………………………………….. »
Borghese Scipion Caffarelli, Cardinal. Voir RESSANO …………… »
BOUCHER Denis …………………………………………………... »
Bréchard Jeanne-Charlotte (de), Religieuse de la Visitation ………. »
BRÉSSIEU-ROUER. Voir ROERO DE BRESSIEU.
BRÉVIAIRE CISTERCIEN ………………………………………... »
BRÉVIAIRE MONASTIQUE ……………………………………… »
BRUNG Françoise-Augustine, Religieuse de la Visitation …………. »
305
4
175
233, 397
259
157
252 [432]
335, 364, 365, 382
100
375, 376
158, 158
183, 183
293
67
12
59, 90, 145, 189,
193, 228, 264, 288
6
57
296
296
84
315
248
391
326
327
251
Caffarelli-Borghese Scipion. Voir BORGHESE.
Calcagni Roch ……………………………………………………… »
CAMUS Jean-Pierre *, Evêque de Belley ………………………….. »
CAPUCINS. Voir ADRIEN des Echelles, BONAVENTURE de
Lyon, DOMINIQUE de Chambéry, PHILIBERT de Bonneville.
CAPUCINS d'Annecy (Gardien des). Voir BONAVENTURE de
Lyon.
CAPUCINS en Valais ………………………………………………. »
Cardinal (un) ………………………………………………………. »
CARMEL de Nevers. Voir VISITATION DE NEVERS.
CARMÉLITES. Voir LE NAIN DE CREVANT, MADELEINE DE
SAINT-JOSEPH.
CARRIER Claude …………………………………………………... »
Carron Jean ………………………………………………………… »
Cerisier Pernette (de), Abbesse de Sainte-Catherine ………………. »
CHABOD SAINT-MAURICE. Voir SAINT-MAURICE.
»
137
406
44
105 [433]
28
27, 200
347, 347
2, 2
300/342

31 Pages 301-310

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31.1 Page 301

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Chaillot Bonaventure, Ursuline ……………………………………..
Chalcédoine (Evêque de). Voir SALES (Jean-François).
Chamousset Charlotte de Chevron-Villette (dame de) …………….. »
107, 107
Chantal Françoise de Rabutin. Voir TOULONGEON.
21, 74, 93, 114, 127,
Chantal Jeanne-Françoise Frémyot (Sainte), Mère de. Voir
134, 135, 142, 151,
ARNAULD, BINET, DURET, FIESQUE, GOUFFIERS, LE
174, 210, 215, 226,
GRAND, VIGNY, VISITATION DE DIJON, PARIS et NEVERS,
247, 290, 290, 300,
ZAMET ……………………………………………………………...
336, 349, 360, 384,
»
385
Chapelle Jeanne de Valence (de la), Religieuse de l'abbaye de Sainte-
Catherine. Voir VALENCE ………………………………………… »
31, 31, 214
Charles-Emmanuel Ier *, duc de Savoie. Voir SAINTE-MAISON 80, 81, 99, 139, 198,
DE THONON ………………………………………………………. »
286, 403
CHARMOISY Henri de ……………………………………………. »
173
Charmoisy Louise du Chastel (dame de) …………………………… »
88, 172, 273
Chastel Péronne-Marie (de), Religieuse de la Visitation …………… » 166, 204, 276, 282
Chastellux Marie-Hélène (de), Religieuse de la Visitation ………… »
396
Châtillon Jean de …………………………………………………… »
75, 387
CHAUMONT (curé de). Voir VIRET.
CHAVANES (membres de la famille de) …………………………… »
287
CHAZERON Marie-Gabrielle de la Guiche (baronne de) …………. »
238, 239
Chevron-Villette Françoise-Jéronyme (de), Religieuse la Visitation »
388 [434]
Chevron-Villette Gaspard de ………………………………………. »
113
CHITRY (chapelle de) ……………………………………………… »
227
Christine de France, Princesse de Piémont ………………………… »
163
CLARISSES d'Evian (Abbesse, confesseur et père temporel des).
Voir BLONAY, LOYS ……………………………………………… »
12
CLÉMENT Anne-Marguerite, Religieuse de la Visitation …………. »
260
CLUNY (Abbé de). Voir GUISE, VENY D'ARBOUZE.
Cobelluzzi Scipion, Cardinal ……………………………………….. »
322, 322
COLIN Anne-Claude, Religieuse de la Visitation ………………….. »
189
COLLÈGE CHAPPUISIEN. Voir ADMINISTRATEURS ………… »
335
Compain Marie-Jacqueline, Religieuse de la Visitation …………… »
297, 297
CONCHES Marguerite Chambaud de ……………………………… »
91
CONSEIL DE VILLE D'ANNECY. Voir ADRIEN des Echelles,
MAGNIN.
Consuls et habitants de Montferrand …………………………….. »
89, 89
CONTAMINE (prieuré de)
»
368
CONVENTUELS (Général des). Voir MONTANARI. COURS DE
FRANCE ET DE SAVOIE à Avignon et à Lyon …………………… »
390, 398
Crevant. Voir LE NAIN. CRICHANT Georges …………………… »
137
Croix d'Autherin (Auturin) Jeanne-Antoine de Chapot (dame de la) »
169
Dalet Anne Le Loup de Montfan de Préchonnet, comtesse de (Anne- 51, 51, 77, 267, 333,
Thérèse, Religieuse de la Visitation) ………………………………... »
356
DALET Antoine de Langheac de …………………………………… »
331
DALET Catherine de Langheac de …………………………………. »
333
DALET Gilbert-Allyre de Langheac (comte de) …………………… »
357
DAMPIERRE Gabrielle Popillon du Riau (marquise de) ………….. »
304
DESPINE. Voir LESPINE (de).
Destinataires inconnus. Voir CARDINAL, ECCLÉSIASTIQUE,
MAGISTRAT ………………………………………………………. »
116, 213, 287
301/342

31.2 Page 302

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Destinataires inconnues. Voir PRÉTENDANTE, RELIGIEUSE,
SUPÉRIEURE ………………………………………………………
»
Dominique de Chambéry, Capucin ……………………………….. »
DUCHESNE Jacques, Oratorien ……………………………………. »
DURET (M.) et sa nièce ……………………………………………. »
24, 131, 148, 207,
221, 222, 310, 395
[435]
8, 29
56
180
Ecclésiastique (un) …………………………………………………. »
229
Favre Antoine ……………………………………………………… »
FAVRE Claude. Voir VAUGELAS.
Favre Marie-Jacqueline *, Religieuse de la Visitation. Voir
CONSULS, VISITATION DE CHAMBERY et DE
MONTFERRAND ………………………………………………….. »
Favre Michel ……………………………………………………….. »
FAVRE Philibert. Voir FELICIA.
FAVROT Marguerite-Scholastique, Religieuse de la Visitation …… »
FAVROT Paule-Jéronyme, Religieuse de la Visitation …………….. »
FAYET Antoine, curé de Saint-Paul, de Paris ……………………… »
FÉLICIA Philibert Favre (seigneur de) …………………………….. »
Fenouillet Pierre, Evêque de Montpellier ………………………….. »
FEUILLANTS. Voir JEAN-ANTOINE DE SAINTE-APOLLONIE,
MATTHIEU DE SAINT-GÉRARD, PIERRE DE SAINT-
BERNARD.
FEUILLANTS. Chapitre général des ……………………………….. »
Projet de leur introduction en quelques Monastères de Savoie ….. »
FIESQUE François (comte de) ……………………………………… »
Fléchère Madeleine de la Forest (dame de la) ………………………
»
Flocard Barthélemy, collatéral ……………………………………... »
FLOCARD Barthélemy. Voir NOTRE-DAME DE CONSOLATION »
FLOCARD Louis …………………………………………………… »
Foras Anne Le Beau (dame de) …………………………………….. »
Foras Guillaume de Bernard (de) …………………………………… »
FORAZ André de …………………………………………………… »
FOREST Marguerite de Seyssel-la-Chambre (comtesse de la) …….. »
FRANCE (Guerre religieuse en). Voir PROTESTANTS …………… »
FRÉMYOT André, Archevêque de Bourges ……………………….. »
Frémyot Claude …………………………………………………….. »
389
17, 48, 182, 191,
236, 292, 295, 299,
381, 401
38
251
290
142
237
308
306
341
178
9, 10, 36, 171, 197,
268, 272, 307, 364
17, 96
106
186
187
187
229
9
123, 186 [436]
116, 129
1, 1
GALLEMAND Jacques* …………………………………………… »
GAMELLE Anne des Roys (de la), Marie-Anne, Religieuse de la
Visitation ……………………………………………………………. »
GAMELLE Emeraude du Roure (dame des Roys de la), Marie-
Emeraude, Religieuse de la Visitation ……………………………… »
GARD Jean-Baptiste ……………………………………………….. »
GÉNÉRAL DES GALERES. Voir GONDI.
GENÈVE. Voir PROTESTANTS.
Genève-Lullin Albert de ……………………………………………. »
GONDI Philippe-Emmanuel (de), Général des Galères ……………. »
Gouffiers Elisabeth Arnault des …………………………………….
»
408
194
345
29
224, 224
354
68, 114, 117, 135,
210
302/342

31.3 Page 303

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Granieu Laurence de Ferras (dame de). Voir DESTINATAIRES
INCONNUES ………………………………………………………. »
GRANTRYE (Mme de), Religieuse de l'abbaye de Tart ……………. »
Grégoire XV * (Alexandre Ludovisi) ……………………………… »
GREZ OU GREX Thomas ………………………………………….. »
Guérin Juste, Barnabite …………………………………………….. »
GUICHARD (M.) …………………………………………………... »
GUISE Claude (de), Abbé de Cluny ………………………………… »
170
355
18, 324, 324, 411
201
19, 45, 161
183
202
HATTON Pierre …………………………………………………….. »
346
HÉBERT Roland, Archevêque de Bourges ………………………… »
129
Herse Charlotte de Ligny (dame Vialart de) ……………………….. »
256
HERSE Michel Vialart de ………………………………………….. »
256
Isabelle de Savoie *, duchesse de Modène ………………………… »
338, 338, 410
JAQUEROD DE BONNEVAUX. Voir LOYS-JAQUEROD.
Jay Pierre …………………………………………………………… »
JEAN-ANTOINE DE SAINTE-APOLLONIE, Feuillant ………….. »
JÉSUITES. Voir ANDROZIO, ARVISET, BELLARMIN,
BENING, MONOD, PARRA, RÉGINALD. [437]
JESUITES (Recteurs des collèges de Chambéry, Lorette et
Montferrand). Voir BENING, LORETTE, PARRA.
Joly de la Roche Claude-Agnès et Jean. Voir ROCHE (de la).
Jousse (Mlle), Claude-Espérance, Religieuse de la Visitation1231 ….. »
JOYET Anne-Françoise, Religieuse de la Visitation ……………….. »
218, 218
314
217, 217
190
LAMOIGNON (filles de Mme de) …………………………………… »
LANGRES (Evêque de). Voir ZAMET.
LANS Sigismond d'Est (marquis de) ……………………………….. »
Lauray Marc-François de Malarmay (seigneur de). Voir
MALARMAY.
LE BETON (abbaye et Abbesse) …………………………………… »
LE BLANC Denis …………………………………………………... »
LE GRAND Anne Tisserand, présidente (Anne-Marie, Religieuse de
la Visitation) ………………………………………………………… »
Le Jay Catherine, prétendante tourière de la Visitation ……………. »
Le Loup de Montfan Charlotte de Beaufort-Montboissier-Canillac
(dame) ………………………………………………………………. »
LE LOUP DE MONTFAN Gaspard ………………………………… »
Le Maistre Catherine Arnauld (dame) ……………………………… »
Le Nain de Crevant Anne de Bragelongne (dame) ………………… »
LE NAIN DE CREVANT Catherine (Catherine de Jésus, Carmélite) »
LE NAIN DE CREVANT Jean ……………………………………... »
LE POIVRE Simon …………………………………………………. »
LESDIGUIÈRES Edme de Malain (maréchal de). Voir
PROTESTANTS.
LESPINE Pierre ( ?) de ……………………………………………… »
Lhuillier Hélène-Angélique, Religieuse de la Visitation …………… »
LIONNE Artus * (de). Voir AOSTE. [438]
»
120
45
86
303
386
119, 119
55, 55, 125, 330
77
11
167
168
168
96
95
261, 262
84
1231 Des recherches ultérieures qui ont abouti nous permettent d'ajouter à la note (668), p. 217, les noms des parents
de Mlle Jousse : Ponce Jousse et Espérance Rousselet. (Livre du Noviciat de la Visitation d'Orléans.)
303/342

31.4 Page 304

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LOCHE Jacques (de), Prieur de Vaulx ………………………………
LOCHE Jacques-Antoine et Pierre de ………………………………. »
LORETTE (Pénitencerie, Pénitenciers et Recteur des Jésuites de) …. »
Louis XIII. Voir COURS et FRANCE.
LOYS-JAQUEROD Jacques de …………………………………….. »
LOYS-JAQUEROD Robert (de), Prieur du Chêne-en-Semine …….. »
LOYSEAU Marie-Louise, Novice de la Visitation …………………. »
LUCEY Marguerite de Mareste (de), Abbesse de Bonlieu …………. »
Ludovisi Ludovic *, Cardinal ……………………………………….
»
LULLIN (Lulin) Sabine de Homes (marquise de) ………………….. »
LYON (Derniers voyages de saint François de Sales à). Voir SALES »
390
39
13
83
180, 350
86
312, 312, 321, 341,
413
3
29
MADELEINE DE SAINT-JOSEPH de Fonteines-Marans
(Vénérable), Carmélite ……………………………………………… »
Magistrat de Dijon (un) ……………………………………………. »
Magnin (M.) ………………………………………………………... »
Malgnelais Charlotte-Marguerite de Gondi (marquise de) ………… »
Malarmay de Lauray Marc-François de ………………………….. »
MARIE (Sœur). Voir MARIE DE VALENCE.
MARIE DE L'INCARNATION Barbe Avrillot, dame Acarie,
Carmélite. (Portrait et Vie de la Bienheureuse) …………………….. »
MARIE DE VALENCE (Marie Teyssonnier) ……………………… »
Marillac Michel. Voir MARIE DE L'INCARNATION …………… »
MARILLAC René de ………………………………………………. »
Martinière Claude-Marie (de la), Religieuse de la Visitation ……… »
MATTHIEU DE SAINT-GÉRARD, Feuillant …………………….. »
Maurice de Savoie *, Cardinal …………………………………….. »
MAUZAC (abbaye de) ……………………………………………… »
Mauzac (Abbé de). Voir RIGOULLET.
MENANT Jean, Oratorien ………………………………………….. »
MENTHON, Voir NOTRE-DAME DE CONSOLATION. [439]
MENTHON Bernard (comte de). Voir SAINT-CLAIR.
MEYSSONNIER Claudine (Claude-Cécile, Religieuse de la
Visitation) …………………………………………………………... »
MILLET (M.) ………………………………………………………. »
Miolans Gabrielle de Guadagne (comtesse de) …………………….. »
MIOLANS Jean-François Mitte (comte de) ………………………… »
Moccand Jean, Prieur du Monastère de Sixt ……………………….. »
MONOD Pierre, Jésuite …………………………………………….. »
Montalto Alexandre Peretti Damasceni, Cardinal …………………. »
MONTANARI Jacques, Général des Mineurs Conventuels ……….. »
MONTARET Marie de Montboissier (dame de) ……………………. »
MONTFERRAND. Voir CONSULS, VISITATION.
Monthoux Paule-Jéronyme, Religieuse de la Visitation. Voir
VISITATION DE NEVERS ………………………………………... »
MONTMORIN Gilbert de ………………………………………….. »
MONTPENSIER Marie de Bourbon (princesse de) ………………… »
MONT-SAINT-JEAN Anne-Françoise (de Clermont), Religieuse de
la Visitation …………………………………………………………. »
167
66
30, 122, 122, 192
246
15, 63, 371
47
90
46, 46
183
124, 124, 345
313
302, 402
59
150
91, 189
346
241, 241, 288
241
244
39
319, 319
104
57
65, 65, 109, 231,
245, 359, 398
57
179
270
Nemours Henri de Savoie (duc de Genevois et de) ………………… »
28, 111
304/342

31.5 Page 305

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NOTRE-DAME DE CONSOLATION (chapelle de). Voir
FLOCARD ………………………………………………………….. »
106
NOTRE-DAME DE L'AUMONE (prieuré de) …………………….. »
199
NOTRE-DAME DE LIESSE d'Annecy (chanoines de la Collégiale
de). Voir CARRIER, GARD.
ORATOIRE (Office pour les Pères de l') …………………………… »
135
ORATORIENS. Voir BÉRULLE, BILLET, DUCHESNE,
MENANT, SONNAZ, THIERSAULT.
ORLÉANS (Evêque d'). Voir AUBÉPINE.
OUVRAGES projetés par saint François de Sales ………………….. »
220
PARIS. Voir PONT-AUX-OISEAUX, VISITATION. PARISE
Claire-Marie, Religieuse de la Visitation …………………………… »
PARRA Hugon, Jésuite …………………………………………….. »
PASSIER Bernard (de), Religieux du Monastère de Sixt ………….. »
Pechpeirou ou Puypeiroux (Piperou) Eléonore de Cheverri ou
Françoise de Comenge ? (dames de) ………………………………… »
PELARD DU NOYRET Françoise de Beaumont-Carra (dame) ……. »
Perrucard de Ballon Charles-Emmanuel. Voir BALLON.
PESSE François Viallon de la ………………………………………. »
Peyzieu Balthazard de Longecombe de …………………………….. »
PEYZIEU François de Longecombe de …………………………….. »
PEYZIEU Jeanne-Aimée de Beaufort (dame de Longecombe de) …. »
PHILIBERT DE BONNEVILLE, Capucin …………………………. »
Picaraysin Jeanne-Françoise d'Arlod (de), dame du Mollard ……… »
Pierre de Saint-Bernard de Flottes, Feuillant …………………….. »
PIGNEROL (Saint François de Sales à) ……………………………. »
PIGNEROL. Voir FEUILLANTS, SAINTE-MARIE.
PONT-AUX-OISEAUX, de Paris …………………………………... »
PONTCHARTRAIN (Pont Chartrin) Anne de Beauharnais (dame
Phélipeau de) ………………………………………………………... »
PORTIER DE MIEUDRY Bérard, Prieur de Sillingy ……………… »
PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES COMPTES DU
GENEVOIS. Voir FLOCARD Louis.
PRESSINS Françoise-Virginie Fléard (de). Voir PRÉTENDANTE
DE LA VISITATION ………………………………………………. »
Prétendante de la Visitation ………………………………………. »
PROTESTANTS (Soulèvements et tentatives de guerre des) ……… »
PROVENCE (Congrégations de). Voir VISITATION (Projets de
fondations).
PROVISEURS DU COLLÈGE DE SAVOIE à Louvain * …………. »
Puypeiroux. Voir PECHPEIROU.
352
239 [440]
244
160, 160
305
111, 112
392
392
392
42
271, 271
279
315, 316
150, 181
304
84
276
280
153, 174, 208, 308
416
Quartery Antoine …………………………………………………... »
42, 42
RÉGINALD ou REGNAULT Valère, Jésuite ……………………… »
Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine ……………………… »
Religieuse de la Visitation (une). Voir PRÉTENDANTE,
RELIGIEUSE, SUPÉRIEURE ……………………………………... »
RESSANO Henri …………………………………………………… »
RESSANO Renauld ou Raynald, vicaire généralde Sainte-Marie de »
7
211 [441]
22, 203
315
315
305/342

31.6 Page 306

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Pignerol ……………………………………………………………...
RIDDES François-Nicolas (de), Abbé de Tamié …………………… »
Rigoullet Antoine, Abbé de Mauzac ……………………………….. »
Rivolat (Mme) ……………………………………………………….. »
Roche Claude-Agnès Joly (de la), Religieusede la Visitation ……… »
Roche Jean Joly (seigneur de la) ……………………………………. »
ROERO DE BRESSIEU Béatrix, Chartreusine ……………………. »
ROERO DE BRESSIEU (famille et procès) ……………………….. »
ROLLAND Georges ………………………………………………... »
RONCAS Pierre-Gaspard (de), Abbé d'Entremont …………………. »
ROSSIEUX ou ROISSIEUX (Royssieux) Claude Hanapier (dame de) »
Rossillon Hélène-Ferdinande de Maillard-Tournon (comtesse de) … »
ROSSILLON Jean-Baptiste de Malarmay (comte de) ……………… »
Ruans Françoise de Simiane (dame de) ……………………………. »
RUBOD Claire (de), Abbesse de Sainte-Claire hors ville, de
Chambéry …………………………………………………………… »
RUMILLY (Bernardines de). Voir BERNARDINES.
RUMILLY (clergé et cure de). Voir ALTARIENS, BILLET. GREZ,
SONNAZ …………………………………………………………… »
SACCONAY Gasparde de Beaumont-Carra (dame de) ……………. »
SAINT-BERNARD-AUX-THERMES, de Rome (monastère et
Prieur de). Voir MATTHIEU DE SAINT-GÉRARD ………………. »
SAINT-CLAIR (prieuré de) ………………………………………… »
SAINTE-AGNÈS Anne de Commiers (de), Abbesse du Beton …….. »
SACCONAY Gasparde de Beaumont-Carra (dame de) ……………. »
SAINTE-CATHERINE (abbaye, Abbesse et Religieuses de). Voir
BALLON, BERNARDINES, CERISIER, CHAPELLE (de la),
RELIGIEUSE, VALENCE (de).
SAINTE-CLAIRE HORS VILLE, de Chambéry (Abbesse et couvent
de) …………………………………………………………………... »
SAINTE-MAISON DE THONON. Voir SAINT-JEOIRE …………. »
SAINTE-MARIE, de Pignerol (abbaye, Abbé et Vicaire général de).
Voir BORGHESE, RESSANO …………………………………….. »
SAINTE-PUDENTIENNE, de Rome (monastère et Prieur de). Voir
JEAN-ANTOINE DE SAINTE-APOLLONIE …………………….. »
SAINT-GEORGES Guy-François Aldobrandini (comte de) ………. »
SAINT-JEOIRE (Saint Joire) prieuré de ……………………………. »
Saint-Maurice Claude-Jérôme de Chabod (comte de) …………….. »
SAINT-MAURICE Claudine-Adrienne de Mouxy (comtesse de) …. »
SAINT-MAURICE Françoise de Chabod ………………………….. »
SAINT-MAURICE d'Annecy. Voir CHITRY.
SAINT-PAUL, de Paris (curé de). Voir FAYET.
SAINT-PAUL (prieuré de) …………………………………………. »
SAINT-RERAN ou RIRAN François Damas (baron de) …………… »
SALES Bernard-Philibert1232 de ……………………………………. »
SALES FRANÇOIS * de (Saint). Voir AMAURY, AUBÉPINE, »
83
58, 58
98
94, 257, 380
41
209
80
128
84
154
373
372
14, 23
85
269
305
313
45
86
305
85 [442]
67, 99
306
314
20
85
86, 86, 227
269
270
84
97
161
64, 330, 348, 370,
1232 A la note de Bernard-Philibert de Sales, p. 161, l'année 1629 est indiquée par erreur comme étant celle de son
décès ; c'est la date de son testament. Un document du 14 septembre 1658, conservé dans les archives de Thorens-
Sales, fait mention de « feu noble Bernard de Sales, seigneur de Boisy, » titre qu'il portait depuis la mort de Jean-
Antoine, son frère (1639). Il dut mourir vers 1657, époque à laquelle la seigneurie de Boisy passa à son neveu François
II, comte de Sales.
306/342

31.7 Page 307

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BINET, CONSULS DE MONTFERRAND, CRICHANT,
FEUILLANTS, JOUSSE, LYON, MARIE DE VALENCE,
OUVRAGES, PHILIBERT DE BONNEVILLE, PIGNEROL, SIXT
Sales Jean-François (de), Evêque de Chalcédoine ………………….. »
SALES Nicoline de la Faverge (dame de) ………………………….. »
SALTEUR Maurice ……………………………………………….... »
SANGUIN DE ROQUENCOURT Anne (Anne-Geneviève, Novice
de la Visitation) ……………………………………………………... »
Sanguin de Roquencourt Philippe ………………………………… »
SAPPIN Antoine ……………………………………………………. »
Sautereau Marie Gibert (présidente de) ……………………………. »
SCAGLIA Ginevra. Voir BARNABITES D'ANNECY (Donation,
etc.)
SCAGLIA Philibert-Alexandre *, ambassadeur de Savoie à Rome … »
SIXT (Constitutions et Règles du Monastère de) …………………… »
Sixt (Religieux de). Voir MOCCAND, PASSIER …………………. »
SONNAZ (Saunaz) François de Gerbais de ………………………… »
Sonnaz (Saunax) Louis de Gerbais (de), Oratorien ………………… »
SONNERAT Jean …………………………………………………... »
SORET Adrienne de Godefroy ? (dame de) ………………………… »
Soulfour (M. de) ……………………………………………………. »
SOYROT Avoye Arviset (dame) …………………………………… »
Supérieure de la Visitation (une) ………………………………….. »
371, 387, 389, 393,
397
334, 337
291
172
343
342, 342
36
138 [443]
419, 420
244
156, 156
201
41, 366
76
188
186
293
34
Talon Pernette Février ? (dame) ……………………………………. »
TERMES Catherine Chabot (baronne de) ………………………….. »
TEYSSONNIER Marie. Voir MARIE DE VALENCE.
THIERSAULT Pierre, Oratorien …………………………………… »
Thomas de Savoie *, Prince de Carignan …………………………..
»
THONON. Voir SAINTE-MAISON, URSULINES.
THONON (Voyage de saint François de Sales à) …………………… »
THOYRE DE BELLECOMBE (membres de la famille de) ……….. »
TOULONGEON Antoine (comte de) ………………………………. »
Toulongeon Françoise de Rabutin-Chantal (comtesse de) …………. »
Travernay (Treverney) Péronnede Monfalcon (dame de) …………. »
164
176
367
45, 173, 285, 285,
309, 378, 415, 418
76
309
33
32, 393
269
URSULINES à Thonon (Projet d'une fondation d'). Voir LULLIN.
URSULINES de Besançon (Supérieure des). Voir CHAILLOT.
VAL D'AOSTE, Aouste (Monastère de la). Voir VISITATION
(Projets de fondations).
Valence Jeanne (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine.
Voir CHAPELLE (de la) ……………………………………………. »
VALLON Ferdinand Joly (seigneur de) ……………………………. »
VARENNE François de …………………………………………….. »
Vaudan Cassandre Fabri (dame de) ………………………………… »
VAUGELAS Claude Favre (seigneur de) …………………………... »
VAULX (prieuré de) ………………………………………………... »
VÈGE ou VEIGE (famille de) ………………………………………. »
VENDÔME (larmes de) …………………………………………….. »
VENY D'ARBOUZE Jacques (de), Abbé de Cluny ………………… »
370
75
111 [444]
234, 234
237
84
41
257
368
307/342

31.8 Page 308

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VERMENTON Matthieu-Thomas ………………………………….. »
Veyssllieu Marguerite de la Croix de Chevrières (dame Rabot
dAurillac de) ………………………………………………………… »
Victor-Amédée de Savoie *, Prince de Piémont ……………………
»
VIGNY Anne Berbis (dame de) …………………………………….. »
Villeneuve Marie Lhuillier (dame de) ……………………………… »
Villers Jean et Pierre de …………………………………………….. »
VILLERS Jeanne Chisseret (dame de) ……………………………… »
VILLERS Pierrette Petit (dame de) …………………………………. »
Villette Françoise-Jéronyme (de). Voir CHEVRON-VILLETTE.
VINCENT (Frère) de Beaumont-Carra, Capucin …………………… »
VIRET Jacques ……………………………………………………… »
VISITATION (Constitutions, Directoire, etc., de la) ………………. »
— Ordre de la ……………………………………………………….. »
— Projets de fondations …………………………………………….. »
VISITATION D'ANNECY (Religieuses de la). Voir BEAUMONT,
BELLET, BENNO, BLONAY, BRÉCHARD, BRUNG,
CHANTAL, CHASTEL, CLÉMENT, FAVROT, MONTHOUX ,
MONT-SAINT-JEAN, MOUXY, ROCHE (de la) …………………. »
VISITATION D'AOSTE (Fondation de la). Voir VAUDAN.
VISITATION DE BELLEY (Fondation de la). Voir CAMUS …….. »
VISITATION DE CHAMBÉRY (Fondation de la) ………………… »
VISITATION DE DIJON (Fondation, fondatrices et Religieuses de
la). Voir BELLEGARDE, GALLEMAND, LE GRAND, PARISE,
ROSSIEUX, VIGNY ……………………………………………….. »
VISITATION DE LYON (Religieuses de la). Voir COLIN,
COMPAIN, JOYET. [445]
VISITATION DE MACON (Projet de fondation de la). Voir
MIOLANS ………………………………………………………….. »
VISITATION DE MARSEILLE (Projet de fondation de la) ………. »
VISITATION DE MONTFERRAND (Monastère et Religieuses de
la). Voir BEAUFORT, COMPAIN, CONSULS, DALET, FAVRE
(Marie-Jacqueline).
VISITATION DE NEVERS (Monastère et Religieugieuses de la).
Voir CHASTELLUX, MONTHOUX ………………………………. »
VISITATION D'ORLÉANS (Monastère et Religieuses de la). Voir
AUBÉPINE, JOUSSE, ROCHE (de la), ROSSIEUX.
VISITATION DE PARIS (Confesseur, Père spirituel et Religieuses
de la). Voir AMAURY, DURET, GUICHARD, LE BLANC, LE
JAY, LHUILLIER, SANGUIN DE ROQUENCOURT ……………. »
VISITATION DE RIOM (Fondation de la) ………………………… »
VISITATION DF. SAINT-ETIENNE (Fondation et fondatrices de
la). Voir CHEVRON-VILLETTE …………………………………... »
VISITATION DE VALENCE (Fondation, fondatrices, monastère et
Religieuses de la). Voir GAMELLE, MARIE DE VALENCE,
MARTINIÈRE, MEYSSONNIER, VERMENTON ………………... »
DE VALENCE (Père spirituel et confesseur de la). Voir
HATTON, MILLET.
346
206
26, 62, 82, 87, 95,
100, 103, 140, 165,
266, 294, 300, 306,
368, 383, 415, 419,
420
352, 386
121, 146, 262
37, 37
37, 38
37, 38
305
271
177, 249
40
152, 239
35, 92, 154, 155,
205, 292
363
237
175, 211, 249, 350
288
362
65, 109, 231
134
239
385
91, 92, 125, 194,
346
308/342

31.9 Page 309

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VOLPI Ulpien ou Vulpien ………………………………………….. »
ZAMET Sébastien, Evêque de Langres …………………………….. »
_____
414
176 [446]
309/342

31.10 Page 310

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Table de correspondance de cette nouvelle edition avec
les précédentes, et indication de la provenance des
manuscrits
__________
NOUVELLE ÉDITION
MDCCXLIV
MDCCXLV
MDCCXLVI
MDCCXLVII
MDCCXLVIII
MDCCXLIX
MDCCL
MDCCLI
MDCCLII
MDCCLIII
MDCCLIV
MDCCLV (fragment)
MDCCLVI
MDCCLVII (fragmt)
MDCCLVIII
PROVENANCE DES
MSS.
ANNECY. Visitation
(Fac-simile)
TURIN. Archiv de
l’Etat (Copie)
MALINES
(Belgique). Archiv. de
l’Archevêché, vol.
Ignatiana, no 11
(Copie)
TURIN. Archiv de
l’Etat (Copie)
MILAN. Visitation
TURIN. Archiv de
l’Etat (Copie)
Idem
………………………
BESANÇON. M. de
Longeville
TURIN. Visit. (Copie)
………………………
ANNECY. Visitation.
(Vie manuscrite de la
Mère Favre)
CHATEAU DE
MONPONT (Alby).
Mlle Hélène de
Thiollaz
………………………
PARIS. Prêtres de la
PREMIÈRE
PUBLICATION1233
………………………
Grosez, S. J., Vie de la
Mere de Xaintonge
(Lyon, 1691), liv. III,
ch. VI, p. 186
Acta Beatificationis
Ven. Card. Bellarmin
(Rome, 1712),
Summarium
additionale, p. 81
Datta, II, p. 292
………………………
………………………
………………………
Lettre aux Religieuses
de la Visitation de
Paris (1697)1234
………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1629, l. IV
Vie de la Mère M.-J.
Favre (Paris, 1892),
ch. IX, p. 39, (e) [447]
………………………
Arpaud, Vie de Mgr D.
Juste Guérin (1837),
liv. I, chap. XII
Hérissant, IV, p. 328
ÉDITIONS
MODERNES
Mig. VI, col.
1042
Viv. VI, p. 469
Mig. VI, col. 801
Inédite
Mig. VI, col.
1043
Ibid.
Viv. XI, p. 251
Mig. V, col. 1284
Inédite
Inédite
Viv. XI, p. 146
Mig. V, col. 1406
Mig. VI, col.
1088
Mig. VI, col.
1044
Viv. VII, p. 438,
1233 Les indications qui figurent dans cette colonne sont données sous toutes réserves, et pour des raisons déjà exposées
dans l'Avant-Propos du tome XI.
La numérotation des pièces étant souvent très inexacte dans les éditions du XVIIe siècle, quand nous
remontons à celles-ci, au lieu de citer le numéro d'ordre des Lettres, nous indiquons seulement la série, soit le Livre
dans lequel elles sont insérées.
1234 Voir le tome précédent, note (1408), p. 463.
310/342

32 Pages 311-320

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32.1 Page 311

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MDCCLIX (fragmts)
MDCCLX
MDCCLXI
MDCCLXII
MDCCLXIII
MDCCLXIV
MDCCLXV
MDCCLXVI
MDCCLXVII
MDCCLXVIII
MDCCLXIX
MDCCLXX
MDCCLXXI
MDCCLXXII
MDCCLXXIII
MDCCLXXIV
MDCCLXXV
Mission
PARIS. Visitation (1er
Monastère)
………………………
………………………
………………………
LONDRES. Mme
Morrison
………………………
PARIS. Biblioth. Nat.
(Fonds français, 3820,
fol. 93)
AURILLAC.
Visitation
GEORGETOWN
(Etats-Unis).
Visitation
………………………
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
………………………
………………………
POITIERS. Visitation
St-MAURICE
(Valais). Famille de
Cocatrix
OLORON. Collège
Sainte-Marie
MDCCLXXVI
………………………
MDCCLXXVII
pp. 48,
49 (ll.
1-14,
25-35)
VENISE. Visitation
p. 50,
ll. 1-12
suite ………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Ibid., l. V
Ibid.
Datta, II, p. 285
Ibid., p. 286
Etudes religieuses S.
J., mars 1900
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Ibid.
Ibid., l. V
………………………
Hérissant, VI, p. 301
Datta, II, p. 336
Hérissant, II, p. 324
………………………
Dubarat, Une crosse
de St Fr. de Sales et
une Lettre inédite
(Bourges, 1890)
Œuvres, 1641, t. II.
Epist. XXXVII
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Ibid.
et XII, p. 129
Mig. V, col. 1290
Inédits
Viv. XI, p. 454
Mig. V, col. 1489
Viv. XI, p. 254
Mig. V, col. 1288
Viv. XI, p. 255
Mig. V, col. 1289
Viv. VI, p. 444
Mig. VI, col. 796
Viv. VI, p. 445
Mig. VI, col. 797
Viv. X, p. 484
Mig. V, col. 917
Viv. XI, p. 466
Mig. V, col. 1496
(Voir note (135),
p. 31)
Viv. X, p. 434
Mig. V, col. 853
Mig. VI, col.
1059
Viv. XII, p. 183
Mig. V, col. 1653
Viv. XI, p. 245
Mig. VI, col. 827
Viv. VII, p. 197
Mig. V, col. 797
Mig. VI, col.
1044
Viv. IX, p. 545
Mig. V, col. 1294
[448]
Viv. XI, p. 260
Mig. V, col. 1296
Viv. XI, p. 261
Mig. V, col. 1298
311/342

32.2 Page 312

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MDCCLXXVIII
MDCCLXXIX
MDCCLXXX
MDCCLXXXI
MDCCLXXXII
MDCCLXXXIII
MDCCLXXXIV (fragt)
MDCCLXXXV
MDCCLXXXVI
MDCCLXXXVII
MDCCLXXXVIII
MDCCLXXXIX
MDCCXC
MDCCXCI
MDCCXCII
MDCCXCIII
p. 82, ll.
1-16
P.-S.
MDCCXCIV
MDCCXCV
MDCCXCVI
MDCCXCVII
………………………
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fondation
de la Visitation de
Montferrand)
PARIS. Maison du
Cénacle
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
………………………
VAYSSE-
PÉCHAURIE (Lot).
Eglise paroiss.
THONON. Visitation
………………………
………………………
ANNECY. Visit.
(Copie)
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat
TURIN. Biblioteca
Civica
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
BOLOGNE. Chapelle
de Sainte-Catherine
CAROUGE (Genève).
Mlle Adélaïde Vuÿ
………………………
………………………
Ibid., l. III
………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VII
Datta, II, p. 294
Epistres spirituelles,
1626, l. VII
Ibid., l. VI (Voir note
(234), p. 65)
………………………
………………………
Vie du Saint, par le P.
de la Rivière (1625), l.
IV, chap. XVII ;
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Epistres spirituelles,
1626, l. III (Voir notes
(260), (266) pp. 74,
75)
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Datta, II, p. 926
Ibid., p. 295
Ibid., p. 297
Ibid.
………………………
J. Vuÿ, La Philothée
de S. Fr. de Sales
(1878), I, p. 293, et II,
p. 287 [449]
Hérissant, IV, p. 362
………………………
Viv. XI, p. 263
Mig. V, col. 1298
Inédite
Inédite
Viv. IX, p. 542
Mig. V, col. 1292
Viv. VI, p. 476
Mig. VI, col. 801
Viv. XI, p. 59
Mig. V, col. 1405
Viv. X, p. 511
Mig. V, col. 968
Inédite
Mig. VI, col.
1045
Viv. XI, p. 318
Mig. V, col. 1592
Viv. VII, p. 436
Mig. V, col. 1262
et 1285
Mig. VI, col.
1089
Viv. XI, p. 266
Mig. V, col. 1302
Viv. VI, p. 477
Mig. VI, col. 803
Viv. VI, p. 478
Mig. VI, col. 802
Viv. VI, p. 471
Mig. VI, col. 803
Viv. ibid.
Mig. ibid, col.
804
Inédite
Viv. VII, p. 441
Mig. V, col. 1306
Mig. VI, col.
312/342

32.3 Page 313

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MDCCXCVIII
MDCCXCIX (fragmt)
MDCCC
MDCCCI
MDCCCII
MDCCCIII
texte
MDCCCIV
variante
ADVIS
PARTICULIERS
MDCCCV
MDCCCVI
MDCCCVII
MDCCCVIII
MDCCCIX
MDCCCX
MDCCCXI
pp. 114,
115 (ll.
1-7)
ll. 8-15
suite
MDCCCXII (fragmt)
MDCCCXIII
MDCCCXIV
MDCCCXV
………………………
ORLÉANS. Carmel
TURIN. Archiv. de
l’Etat
CHATEAU DE
MONPONT (Alby).
Mlle Hélène de
Thiollaz
PERNES (Vaucluse).
M. Gaudin
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Idem
LONDRES. M.
Pearson
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Idem
CHATEAU DE
MONPONT (Alby).
Mlle Hélène de
Thiollaz
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fondation
du 1er Mtère de Paris)
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
………………………
Datta, II, p. 302
………………………
………………………
Datta, II, p. 304
Ibid., p. 303
………………………
Datta, II, p. 299
Ibid., II, p. 305
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Ibid. (Voir note (338),
p. 109)
Hérissant, I, p. 276
Epistres spirituelles,
1626, l. V
Ibid., l. VI, p. 742.
(Voir note (359), p.
115)
Ibid., p. 715
Ibid., p. 743
Vie du Saint, par D.
Jean de St-François
(1624), l. II, p. 165
Œuvres, 1641, t. II,
epist. LII
Epistres spirituelles,
1626, l. VI ;
Hérissant, IV, p. 373
………………………
1064
Mig. V, col. 1342
Inédit
Viv. VI, p. 479
Mig. VI, col. 806
Mig. VI, col.
1090
Viv. XII, p. 71
Mig. VI, col. 875
Viv. VI, p. 481
Mig. VI, col. 808
Viv. VI, p. 480
Mig. VI, col. 807
Inédite
Viv. VI, p. 473
Mig. VI, col. 805
Viv. VI, p. 482
Mig. VI, col. 808
Inédite
Viv. XI, p. 274
Mig. V, col. 1309
Viv. XI, p. 272
Mig. V, col. 1308
Viv. X, p. 35
Mig. V, col. 459
Viv. XI, p. 275
Mig. V, col. 1310
Viv. XI, p. 223
Mig. V, col. 1464
Viv. VII, p. 395
Mig. V, col. 1150
Viv. XI, p. 224
Mig. V, col. 1465
Viv. XI, p. 278
Mig. V, col. 1311
Viv. XI, p. 276
Mig. V, col. 1310
Mig. VI, col.
1046 [450]
313/342

32.4 Page 314

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MDCCCXVI
MDCCCXVII
LENNICK St-
QUENTIN
(Belgique). Visitation
………………………
MDCCCXVIII
………………………
pp. 127,
128 (ll.
1-29)
MONTÉLIMAR.
Visitation (Copie)
pp. 30-
33
p. 129,
ll. 1, 2
Idem
ll. 3-8 Idem
MDCCCXIX ll. 9-16 Idem
ll. 17-
21
ll. 22-
25
p. 130,
ll. 1-14
Idem
Idem
fin
Idem
MDCCCXX
………………………
MDCCCXXI
MDCCCXXII
MDCCCXXIII
MDCCCXXIV
MDCCCXXV
………………………
PLAISANCE (Italie).
Cte Morandi
GRENOBLE. Bibl. de
la Ville (No 739)
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Idem
MDCCCXXVI
deux
1ers
alinéas
………………………
3e
alinéa
………………………
pp.
MDCCCXXVII 143, MEAUX. Visitation
144 (ll.
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Ibid., l. V
Hérissant, IV, p. 272
Epistres spirituelles,
1626, l. III, p. 301 ;
Hérissant, IV, p. 274.
(Voir note (392), p.
129)
Hérissant, IV, p. 274
Ibid., p. 275
Ibid.
Epistres spirituelles,
1626, l. III, p. 302 ;
Hérissant, IV, p. 275.
(Voir note (266), p.
75)
Hérissant, IV, p. 276
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Ibid., l. VI
………………………
Mémoires de l’Acad.
Salés., t. VII (1884)
Datta, II, p. 167
Ibid., p. 165
Epistres spirituelles,
1626, l. VI, p. 715.
(Voir note (428), p.
142)
Epistres spirituelles,
1626, l. VI, p. 715 et
765. (Voir note (431),
p. 142)
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Inédite
Viv. XI, p. 279
Mig. V, col. 1312
Viv. XI, p. 281
Mig. V, col. 1313
Viv. VII, p. 421
Mig. V, col. 1261
Viv. VII, p. 423
Mig. V, col. 1262
et 1285
Viv. VII, p. 423
Mig. V, col. 1262
Viv. VII, p. 423
Mig. V, col. 1262,
et VI, col. 1047
Viv. VII, p. 423
Mig. V, col. 1262
Viv. VII, p. 423
Mig. V, col. 1262
et 1286
Viv. VII, p. 424
Mig. V, col. 1263
Viv. XI, p. 284
Mig. V, col. 1315
Viv. XI, p. 288
Mig. V, col. 1318
Mig. VI, col.
1100
Viv. VI, p. 383
Mig. VI, col. 731
Viv. VI, p. 381
Mig. VI, col. 730
Viv. VII, p. 395
Mig. V, col. 1150
Viv. VII, p. 396,
et XI, p. 290
Mig. V, col. 1150
et 1320
Viv. XI, p. 488
Mig. V, col. 1514
314/342

32.5 Page 315

▲back to top
1-9)
ll. 10-
20
suite
MDCCCXXVIII
MDCCCXXIX
MDCCCXXX
MDCCCXXXI
MDCCCXXXII
MDCCCXXXIII
MDCCCXXXIV
MDCCCXXXV
MDCCCXXXVI
MDCCCXXXVII
MDCCCXXXVIII
MDCCCXXXIX
MDCCCXL
MDCCCXLI (fragmt)
MDCCCXLII
MDCCCXLIII
MDCCCXLIV
MDCCCXLV
MDCCCXLVI
MDCCCXLVII
tron-
quée
authen-
tique
MDCCCXLVIII
MDCCCXLIX
………………………
MEAUX. Visitation
TURIN. Bibl. Royale
POITIERS. Mme
Thinault
………………………
TOULOUSE.
Visitation
………………………
Ier Procès de Canonis.
CRACOVIE.
Visitation
TURIN. Visit. (Copie)
PARIS. M. La Caille
………………………
METZ. Visitation
REIMS. Visitation
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
BOULOGNE-SUR-
MER. Visitation
SALUCES. Mme
Boarelli di Verzuolo
………………………
CHATEAU DE
TERRANS (Saône-et-
Loire). Mme de Loisy,
née Chevreul
MILAN. Archives du
prince Trivulzio
………………………
ANNECY. Visitation
(Copie)
PARIS. Salle
capitulaire de Notre-
Dame (Copie)
PARIS. Carmel de la
Ibid. ; Hériss., V, p.
332. (Voir note (439),
p. 144)
Ibid.
………………………
Hérissant, IV, p. 399
Epistres spirituelles,
1626, l. V
Mgr Douais, La
visitation de Toulouse
(Paris, 1905), ch. XIII
Datta, II, p. 307
………………………
………………………
………………………
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 25
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XIII
………………………
………………………
Datta, II, p. 311
Epistres spirituelles,
1626, l. VI, p. 733.
(Voir note (500), p.
166)
Hérissant, V, p. 360
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III
………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Datta, II, p. 315
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XXII
………………………
Viv. XI, p. 489
Mig. V, col. 1515
Viv. et Mig. ibid.
[451]
Inédite
Viv. XI, p. 294
Mig. V, col. 1322
Viv. XI, p. 292
Mig. V, col. 1320
Viv. XI, p. 295
Mig. VI, col. 810
Inédite
Viv. XII, p. 16
Mig. V, col. 1323
Inédite
Viv. XI, p. 295
Mig. VI, col. 810
Viv. X, p. 406
Mig. V, col. 813
Inédite
Inédite
Viv. VII, p. 442
Mig. VI, col. 812
Viv. VI, p. 541
Mig. V, col. 1219
Viv. XII, p. 19
Mig. V, col. 1528
Inédite
Viv. XI, p. 300
Mig. V, col. 1324
Inédite
Inédite
Viv. XI, p. 316
Mig. V, col. 1426
Viv. VII, p. 443
Mig. VI, col. 814
Viv. XI, p. 305
Mig. V, col. 1334
Inédite
315/342

32.6 Page 316

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MDCCCL
MDCCCLI
MDCCCLII
MDCCCLIII
MDCCCLIV
MDCCCLV
pp.
187,
188
post-
script.
p. 191,
ll. 1-3
ll. 4-
11
suite
pp.
193,
194
(ll. 1-
20)
pp.
195,
196
(ll. 1-
31)
fin
MDCCCLVI
pp. 199, 200
MDCCCLVII
MDCCCLVIII
MDCCCLIX
MDCCCLX
MDCCCLXI
MDCCCLXII
MDCCCLXIII
MDCCCLXIV
p. 211,
ll. 1-5
rue Denfert-
Rochereau
………………………
………………………
LE PUY. Visit. (1887)
CHAMBÉRY. Chne
Collonges
Idem
Idem
………………………
………………………
………………………
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Idem
Idem
………………………
………………………
TOULOUSE.
Visitation
………………………
GRANDE-
CHARTREUSE
SUBLIGNY (Cher).
Eglise paroissiale
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III ;
Hérissant, IV, p. 430
Hérissant, ibid., p.
431
………………………
………………………
Vie de la Mère M.-J.
Favre (1892), ch. IX,
p. 39, (e)
………………………
Hérissant, Opuscules,
II, p. 327
Datta, II, p. 313
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Datta, II, p. 314
………………………
Datta, II, p. 322
………………………
Datta, II, p. 323
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Œuvres, 1652, l. IV,
col. 1348
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
………………………
Bulletin paroiss. de
Subligny, janvier 1908
Datta, II, p. 360
Viv. XI, p. 307
Mig. V, col. 1336
[452]
Inédite
Inédites
Inédite
Viv. XI, p. 495
Mig. V, col. 1521
Viv. IX, p. 547
Mig. V, col. 1337
Mig. VI, col.
1040
Viv. VI, p. 484
Mig. VI, col. 819
Inédites
Viv. VI, p. 485
Mig. VI, col. 819
Viv. XII, p. 245
Mig. V, col. 1693
Viv. XI, p. 308
Mig. V, col. 1340
(Voir not. (632),
p. 205)
Viv. X, p. 407, et
XI, p. 299
Mig. V, col. 815
et 1324
Viv. XI, p. 409
Mig. V, col. 1341
Viv. X, p. 409
Mig. V, col. 816
Viv. XII, p. 201
316/342

32.7 Page 317

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suite ………………………
MDCCCLXV (fragmt) ………………………
MDCCCLXVI
………………………
MDCCCLXVII
MDCCCLXVIII
MDCCCLXIX
………………………
MORTAGNE.
Monastère de la
Trappe
………………………
MDCCCLXX
MDCCCLXXI
MDCCCLXXII
………………………
………………………
………………………
MDCCCLXXIII (fragt) ………………………
MDCCCLXXIV
AMIENS. Visitation
MDCCCLXXV (fragt) ………………………
MDCCCLXXVI
………………………
MDCCCLXXVII
………………………
MDCCCLXXVIII
MDCCCLXXIX
ORLÉANS. Visitation
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fondation
de la Visitation de la
Val d’Aoste)
tronquée ………………………
pp. 236-
240 (ll.
1-8)
AURILLAC.
Visitation
MDCCCLXXX ll. 9-19 Idem
ll. 20-23 Idem
l. 24, et
p. 241,
ll. 1-7
fin
Idem
………………………
Ibid. et Epistres
spirituelles, 1626, l.
VII
Œuvres, 1641, t. II,
epist. LI. (Voir note
(659), p. 213)
Epistres spirituelles,
1626, l. III (Voir note
(664), p. 214)
Ibid., l. VI (Voir note
(665), p. 215)
………………………
Ch.-Aug. de Sales,
Metanie, [1643]. (Voir
note (671), p. 218)
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XXX
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Vie du Saint, par le P.
Talon (1640), ch. IX
Epistres spirituelles,
1626, l. IV (Voir note
(687), p. 226.)
………………………
Ch.-Aug. de Sales, Vie
de la Mere de Blonay,
(1655), ch. I
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Ibid., l. VI
………………………
Hérissant, IV, p. 442
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Hérissant, IV, p. 444
………………………
Hérissant, IV, p. 449
………………………
Epist. spir., 1626, l.
Mig. V, col. 1656
Viv. XI, p. 253
Mig. V, col. 1287
Viv. XI, p. 465
Mig. V, col. 1496
Viv. XI, p. 394
Mig. V, col. 1428
[453]
Inédite
Viv. XII, p. 147
Mig. V, col. 1627
Viv. XII, p. 125
Mig. V, col. 1608
Viv. IX, p. 574
Mig. V, col. 1573
Viv. XI, p. 194
Mig. V, col. 1231
Inédite
Viv. XI, p. 200
Mig. V, col. 1237
Viv. IX, p. 569
Mig. V, col. 1408
Viv. XI, p. 424
Mig. V, col. 1469
Inédite
Viv. XI, p. 315
Mig. V, col. 1345
Viv. VII, p. 449
Mig. V, col. 1345
Inédites
Viv. VII, p. 452
Mig. V, col. 1348
Inédites
Viv. VII, p. 453
317/342

32.8 Page 318

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MDCCCLXXXI
MDCCCLXXXII (fragt)
MDCCCLXXXIII
MDCCCLXXXIV
MDCCCLXXXV
MDCCCLXXXVI pp.
253-255
post-scriptum
MDCCCLXXXVII
MDCCCLXXXVIII
MDCCCLXXXIX
MDCCCXC
MDCCCXCI
MDCCCXCII
MDCCCXCIII
MDCCCXCIV
MDCCCXCV
MDCCCXCVI
MDCCCXCVII
MDCCCXCVIII
MDCCCXCIX
MCM
pp. 276,
277 (ll. 1-
14)
VOIRON. Visitation
Ier Procès de Canonis.
………………………
………………………
………………………
TOULOUSE.
Visitation
Idem
………………………
RENNES. Visitation
………………………
………………………
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
SORÉSINE (Italie).
Viasitation
TURIN. Visit. (Copie)
LYON-FOURVIÈRE.
Visitation
St-JEAN-DE-
MAURIENNE. Abbé
Favier, Supérieur du
Petit-Séminaire
BELLEVUE (Seine-
et-Oise). Abbé
Welhen, Aumônier de
l’Orphelinat
CHAMBÉRY. Mise
Menabrea
IV ; Hérissant, IV, p.
449
Epistres spirituelles,
1626, l. V
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Ibid., l. VI
Datta, II, p. 120
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Mgr Douais, La
Visitation de Toulouse
(1905), p. 114
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 78
Hérissant, IV, p. 460
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Ibid., l. IV
Ibid., l. VI
Datta, II, p. 325
Epistres spirituelles,
1626, l. III
………………………
Datta, II, p. 326
………………………
Etudes religieuses S.
J., mars 1868
………………………
………………………
………………………
Mig. V, col. 1348
Viv. XII, p. 168
Mig. V, col. 1642
Inédit
Viv. XI, p. 326
Mig. V, col. 1352
Viv. XI, p. 330
Mig. V, col. 1355
Viv. VI, p. 338
Mig. VI, col. 701,
et 1047, 1053
(fragts) [454]
Viv. XI, p. 335
Mig. V, col. 1358
Viv. XI, p. 331
Mig. V, col. 1355
Viv. XI, p. 327
Mig. V, col. 1353
Viv. XI, p. 332
Mig. V, col. 1356
Viv. XI, p. 334
Mig. V, col. 1357
Viv. VI, p. 536
Mig. V, col. 1455
Viv. VI, p. 487
Mig. VI, col. 821
Viv. XI, p. 337
Mig. V, col. 1360
Mig. VI, col.
1050
Viv. VI, p. 488
Mig. VI, col. 821
(V. note (822), p.
270)
Inédite
Mig. VI, col.
1090
Inédite
Inédites
318/342

32.9 Page 319

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MCMI
ll. 15-29
ll. 30-35
p. 278, ll.
1, 4-7, 12-
19
ll. 2, 3, 8-
11
MCMII
MCMIII
MCMIV
pp. 282-
284 (ll. 1-
15)
suite
MCMV
MCMVI
MCMVII
MCMVIII
MCMIX
MCMX
MCMXI (fragment)
MCMXII (fragment)
MCMXIII
MCMXIV
MCMXV
MCMXVI
MCMXVII
MCMXVIII
Idem
Epistres spirituelles, Viv. XI, p. 77
1626, l. VI, p. 762
Mig. V, col. 1126
Idem
………………………
Inédites
Idem
PARIS. Visitation, 1er
Monastère (Copie)
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI, p. 762
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Viv. XI, p. 78
Mig. V, col. 1127
Inédite
Viv. XI, p. 339
Mig. V, col. 1361
[455]
VENISE. Visit.
(Copie)
TURIN. Archiv. de
l’Etat
MONTÉLIMAR.
Visitation
………………………
RENNES. Visitation
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
………………………
ANNECY. Visitation
(Vie manuscrite de la
Mère Favre)
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fondation
du 1er Mtère de Paris)
ROUEN. M.
Deschamps
CHERASCO
(Piémont). Archives
de l’église Saint-
Pierre
TOULOUSE.
Visitation
TURIN. Archiv. de
l’Etat
LE MANS. Visitation
NICE. Visitation
Epistres spirituelles,
1626, l. II, p. 91. (Voir
note (863), p. 282)
Datta, II, p. 327
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 39
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
(Voir note (904), p.
293)
Datta, II, p. 328
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 73
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Vie de la Mère M.-J.
Favre (1892), ch. IX,
p. 39, (e)
………………………
Datta, II, p. 74
………………………
Mgr Douais, La
Visitation de Toulouse
(1905), ch. XIII
Datta, II, p. 329
………………………
Datta, II, p. 330
Viv. VI, p. 531
Mig. V, col. 1450
Viv. VI, p. 489
Mig. VI, col. 822
Viv. XI, p. 99
Mig. VI, col. 876
Viv. X, p. 425
Mig. V, col. 837
Viv. XI, p. 342
Mig. V, col. 1343
Viv. VI, p. 491
Mig. VI, col. 823
Viv. XI, p. 345
Mig. V, col. 1362,
et VI, col. 1362
Viv. XI, p. 449
Mig. V, col. 1485
Inédite
Viv. IX, p. 429
Mig. VI, col. 675
Inédite
Viv. VI, p. 492
Mig. VI, col. 823
Mig. VI, col.
1051
Viv. IX, p. 550
319/342

32.10 Page 320

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MCMXIX
MCMXX
MCMXXI
MCMXXII
MCMXXIII
MCMXXIV
MCMXXV
MCMXXVI
texte
définitif
minute
MCMXXVII
MCMXXVIII
MCMXXIX
MCMXXX (fragment)
MCMXXXI (fragment)
MCMXXXII
MCMXXXIII
MCMXXXIV
MCMXXXV
MCMXXXVI
MCMXXXVII
tronqée,
interpo-
lée
authen-
………………………
ROME. Bibliothèque
Barberini
………………………
………………………
………………………
………………………
………………………
ROME. Bibliothèque
Barberini
………………………
………………………
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fond. de
la Visit. de
Montferrand)
TURIN. Visitation
ANNECY. Visit.
(Hist. de la Fond. de
la Visit. de Dijon)
………………………
MODÈNE. Arch. De
l’Etat
ROME. Bibliothèque
Barberini
PARIS. Visitation (2d
Monastère)
LE MANS. Visitation
………………………
………………………
RENNES. Visitation
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Pieralisi, Rimedio alle
dispute, etc. (Rome,
1878)1235
Epistres spirituelles,
1626, l. I
Idem
Idem
Epistres spirituelles,
1626, l. I
Idem
Pieralisi, Rimedio, etc.
(1878)
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte latin), l. I
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XLII
………………………
Bouchage, Notes hist.
sur St Fr. de S. (1880)
………………………
Vie du Saint, par D.
Jean de St-François
(1624), l. V, p. 419
Cibrario, Lettere
inedite1236, etc. (1861),
p. 139
Pieralisi, Rimedio, etc.
(1878)
Datta, II, p. 83
………………………
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 76
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
………………………
Mig. VI, col. 824
Viv. XI, p. 358
Mig. V, col. 1371
Viv. VII, p. 457
Mig. V, col. 1376
Viv. VII, p. 462
Mig. V, col. 1379
Viv. VII, p. 456
Mig. V, col. 1375
[456]
Viv. VII, p. 459
Mig. V, col. 1377
Viv. VII, p. 460
Mig. V, col. 1377
Viv. VII, p. 453
Mig. V, col. 1372
Viv. XI, p. 124
Mig. V, col. 1167
Inédite
Mig. VI, col.
1050
Viv. VII, p. 219
Mig. V, col. 1382
Inédite
Viv. XI, p. 364
Mig. V, col. 1384
Mig. IX, col. 110
Viv. VII, p. 463
1235 Voir tome XV, note (1175), p. 442.
1236 Voir tome XVIII, note (1417), p. 474.
320/342

33 Pages 321-330

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33.1 Page 321

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tique
MCMXXXVIII
MCMXXXIX (fragmt)
MCMXL
pp. 360-
362 (ll.
1-3)
ll. 4-19
suite
MCMXLI
MCMXLII
MCMXLIII
MCMXLIV
MCMXLV
MCMXLVI
MCMXLVII
MCMXLVIII
MCMXLIX
MCML
MCMLI
MCMLII
MCMLIII
MCMLIV (fragments)
MCMLV
MCMLVI
MCMLVII
………………………
………………………
………………………
SAN-REMO (Italie).
Visitation
(Voir note (1073), p.
362)
CHATEAU DE
MONTAUGEY
(Saône-et-Loire)
………………………
PARIS. Mis de l’Aigle
TURIN. Biblioteca
Civica
PISTOIE (Italie).
Visit.
CHATEAU DE LA
CORDELIÈRE.
(Aube). Mme Chaudon
de Briailles
………………………
PARIS. Visitation (2d
Monastère)
TURIN. Visitation
………………………
………………………
………………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat
………………………
………………………
………………………
TROYES. Visit.
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Ibid.
Ibid., p. 811 (Voir
notes (1060), p. 360,
(1064), (1066), p. 361,
et (1069), p. 362)
Ibid., p. 724
………………………
Grossi, Vie de la Mere
de Ballon (1695), l. II,
ch. XXIV, p. 239
Datta, II, p. 332
Ibid., p. 333
………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
………………………
………………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
Ibid., l. VI
Grossi, Vie de la Mere
de Ballon, l. III, ch.
III, p. 289
Datta, II, p. 335
Epistres spirituelles,
1626, l. IV. (Voir note
(1139), p. 385)
Revue Savoisienne, 25
mars 1867
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
………………………
Mig. V, col. 1385
Viv. XII, p. 17
Mig. V, col. 1526
Viv. XI, p. 428
Mig. V, col. 1472
Mig. IX, col. 110
Viv. VI, p. 543, et
X, p. 418
Mig. V, col. 1459,
et VI, col. 832
[457]
Mig. VI, col.
1077
Viv. XI, p. 363
Mig. V, col. 1382
Viv. VI, p. 493
Mig. VI, col. 825
Viv. VI, p. 495
Mig. VI, col. 825
Inédite
Inédite
Viv. VII, p. 254
Mig. V, col. 937
Inédite
Inédite
Viv. XI, p. 366
Mig. V, col. 1389
Viv. XI, p. 367
Mig. V, col. 1390
Viv. VI, p. 497
Mig. VI, col. 826
Viv. XI, p. 368
Mig. V, col. 1390
Viv. XI, p. 372
Mig. V, col. 1393
Inédite
321/342

33.2 Page 322

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MCMLVIII (fragmt)
MCMLIX
MCMLX
MCMLXI
MCMLXII
MCMLXIII
MCMLXIV
(1887)
ANNECY. Visit. (Hist
de la Fondation de la
Visitation de Moulins)
CHATEAU DE LA
ROCHE-MAILLY
(Carthe). Mise de
Mailly
………………………
………………………
………………………
PARIS. Biblioth. Nat.
(Fonds Clairambaut,
1062, fol. 76)
………………………
Vie de la Mère M. H.
de Chatelus
(1693)1237, p. 226
………………………
Epistres spirituelles,
1629, l. III
Ibid., 1626, l. III
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Revue des questions
historiques, janvier
1876
Hérissant, II, p. 432
Mig. VI, col.
1052 et 1091
Inédite
Viv. XI, p. 373
Mig. V, col. 1394
Viv. XI, p. 376
Mig. V, col. 1396
[458]
Viv. XI, p. 375
Mig. V, col. 1395
Viv. XI, p. 377
Mig. V, col. 1397
APPENDICE
I
ANNECY. Visit. (Vie Vie de la Mere M.-J.
A
1er phrase mste de la Mère
Favre)
Favre (1659), chap.
IX
suite
Idem
………………………
Inédite
ANNECY. Archives
B
communales, Série ………………………
Inédite
GG
TURIN. Archiv. de
C
l’Etat (Abazzie,
Talloires, Mazzo 1, no
………………………
Inédite
10, copie)
ANNECY. Visit. (Hist
D
de la Fondation de la ………………………
Inédite
Visit. de Grenoble)
ANNECY. Visit. (Hist
E
de la Fondation de la ………………………
Inédite
Visitation de Belley)
ANNECY. Visit. (Hist
F
de la Fondation de la ………………………
Inédite
Visitation de Dijon)
MODÈNE. Arch. de
G
l’Etat (Chancellerie ………………………
Inédite
Ducale)
II
1237 Les Vies de plusieurs Supérieures de l’Ordre de la Visitation Sainte Marie, revues et corrigées par un Père de la
Compagnie de Jesus. A Anneci, chez Humbert Fonteine, M.DC.XCIII.
322/342

33.3 Page 323

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A
B
C
D
E
FI
II
APPENDICE III
ANNECY. Visitation
(copie)
Analecta ecclesiastica
(Rome, avril 1894),
traduction latine
Idem
Ibid.
ANNECY. Arch.
comm., Série GG
………………………
(copie)
Idem (copie)
………………………
Idem
………………………
Idem (copie)
………………………
Idem (copie)
………………………
METZ. Visitation
………………………
__________
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite [459]
323/342

33.4 Page 324

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Table des matières
_____
Avant-Propos …………………………………………………………………………...
V
Avis au Lecteur ………………………………………………………………………… XVIII
_____
ANNÉE 1621
LETTRE
MDCCXLIV
MDCCXLV
MDCCXLVI
MDCCXLVII
MDCCXLVIII
MDCCXLIX
MDCCL
MDCCLI
MDCCLII
MDCCLIII
MDCCLIV
MDCCLV
MDCCLVI
MDCCLVII
MDCCLVIII
A M. FRÉMYOT. Deux raisons qui font espérer à François
de Sales la bienveillance du destinataire. Sollicitation en
faveur de M. de la Tour d'Arerex ……………………………….
A LA SŒUR CHAILLOT. — L'Evêque de Genève se réjouit
d'un projet de fondation d'Ursulines dans son diocèse.
Témoignages qu'il a donnés déjà et assurance nouvelle de son
estime pour cet Institut ………………………………………….
AU CARDINAL BELLARMIN. La protection du Cardinal
demandée pour le P. Reydellet ………………………………….
AU GÉNÉRAL DES BARNABITES. Instante
recommandation au sujet d'un aspirant à la vie religieuse ………
AU PÈRE DOMINIQUE DE CHAMBÉRY (Inédite).
Nécessité pour le bien public et la gloire de Dieu d'un voyage du
Frère Adrien à Turin ……………………………………………
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Une condition pour être exaucé
de Dieu. Préparation au départ. Promesse et souhait
paternels ………………………………………………………..
A LA MÊME. Incertitude au sujet d'un départ ……………..
A Mme LE MAISTRE. Beaucoup de lettres, lettres courtes.
Une vie attachée à la croix. Arrêt facile et salutaire sur le
chemin de Rome. Famille chrétienne ……………………….
A L'ABBESSE DE SAINTE-CLAIRE D'EVIAN (Inédite).
Affection réciproque de l'Evêque de Genève et du confesseur des
Clarisses. Sollicitude pour obtenir à ces Religieuses de hautes
protections. Une inquiétude de l'Abbesse et une permission
du Pape …………………………………………………………
A Mme DE RUANS (Inédite). Ce qui empêche une âme d'être
submergée par les eaux de la tribulation. Dieu « dans le
buisson espineux. » Un feu qui n'a point consumé la patience.
Déplaisirs qui déplaisent et consolent ………………………
A M. DE MALARMAY DE LAURAY. Quel remède à une
déception. Peine que donne à l'Evêque de Genève la
perspective d'un séjour à la cour. Le cantique qu'il souhaite
chanter quelque jour ……………………………………………
A LA MÈRE FAVRE. Un Père qui réclame des nouvelles de
sa chère Fille ……………………………………………………
A M. FLOCARD. Heureuse arrivée et saints désirs de Mgr de
Chalcédoine. Mort du Pape ; le Cardinal de Savoie en route
pour Rome. Souhait de l'Evêque de Genève ………………..
A DON GUÉRIN. Un doux sujet de conversation ………….
A M. DE BALLON. Un visiteur bravant l'âpreté de l'hiver.
Le voyage de France retardé par celui du Prince Cardinal à
1
2
4
6
8
9
10
11
12
[461]
14
15
17
17
19
19
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33.5 Page 325

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MDCCLIX
MDCCLX
MDCCLXI
MDCCLXII
MDCCLXIII
MDCCLXIV
MDCCLXV
MDCCLXVI
MDCCLXVII
MDCCLXVIII
MDCCLXIX
MDCCLXX
MDCCLXXI
MDCCLXXII
MDCCLXXIII
MDCCLXXIV
Rome ……………………………….…………………………..
A LA MÈRE DE CHANTAL (Fragments inédits). Voyage
rompu par la mort du Pape. Décision au sujet de la récitation
de l'Office. Le Monastère de Turin ………………………….
A UNE RELIGIEUSE DE LA VISITATION DE PARIS. Un
cœur que le Saint a aimé « sur la foy de » son « bon Ange ». —
Les grâces qui accompagnent celle de la Profession religieuse.
« Foible ombre d'attaque » au logis de l'Evêque de Genève
A Mme DE RUANS. Le feu et la fièvre. Exemple de Job.
Une fille du Crucifié doit participer à sa croix. Où nous
conduisent les afflictions ……………………………………….
A UNE DAME. Trois causes de la diminution des lettres de
François de Sales à sa fille spirituelle. Une tribulation
redoutable. Job au milieu des reproches de ses amis. Aimer
Dieu dans les consolations, mais surtout dans les peines et les
adversités ……………………………………………………….
AU PRINCE DE PIÉMONT. Réponse à une réclamation de
Son Altesse. Un « Memorial » à traduire pour être envoyé à
Rome …………………………………………………………...
A M. CARRON. Prière au destinataire de faire chercher un
Mémoire déjà envoyé que le prince de Piémont réclame ………
AU DUC DE NEMOURS. Les raisons qui plaident en faveur
de M. Gard pour lui obtenir un canonicat ………………………
AU PÈRE DOMINIQUE DE CHAMBÉRY. Prière d'envoyer
le Frère Adrien à Lyon tandis que François de Sales y sera ……
A Mme DE LA CHAPELLE. Etre fidèle dans les petites
occasions, pour obtenir de l'être dans les grandes. Les «
ennemis de la devotion. » Ce qui doit être attaché « au bout
du desplaysir du peché » ………………………………………..
A Mme DE TOULONGEON. Espoir d'une visite qui fit
retarder une lettre. Compliments affectueux à la destinataire
au sujet de son mariage et de sa prochaine maternité. A quelle
fin Dieu nous donne ses faveurs. Souvenir des bonnes
résolutions prises autrefois. Assurance de prières …………..
A UNE SUPÉRIEURE DE LA VISITATION. L'éducation
des petites filles incompatible avec la manière de vie des
Religieuses de la Visitation. Combien en prendre, si l'Evêque
le commande ……………………………………………………
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Un messager pour Avignon.
Visite forcément remise ………………………………………...
A MM. DE VILLERS. Condoléances offertes sur la mort d'un
père. Motifs de consolation proposés à ses enfants ………….
A M. FAVRE. Recommandations à un pèlerin de Lorette et
de Rome. Affaires qu'il doit traiter ; personnages qu'il doit
voir. Permissions à obtenir pour l'entrée de quelques dames à
la Visitation …………………………………………………….
A M. JOLY DE LA ROCHE. — Une œuvre pie recommandée
à M. de la Roche. Nouvelles du prieur de Sonnaz …………..
A M. QUARTERY. Actions de grâces pour des témoignages
de bienveillance. Comment l'Evêque de Genève veut
contribuer à la récompense de nombreuses bonnes œuvres faites
par le destinataire. Il lui en propose une nouvelle :
21
22
23
24
26
27
28
[462]
29
31
32
34
36
37
38
41
42
325/342

33.6 Page 326

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l'établissement des Pères Capucins à Sion ………………………
MDCCLXXV A DON GUÉRIN. Dona Ginevra, bienfaitrice des Barnabites.
Une affaire en suspens. Le monde et la vie de ce monde .. 45
MDCCLXXVI A M. DE MARILLAC. Joie qu'apporte au Saint le portrait de
la bienheureuse Marie de l'Incarnation. L'histoire de sa vie
sera profitable aux gens du monde …………………………….. 46
MDCCLXXVII A LA MÈRE FAVRE. Une vertu essentielle. Obligation pour
une fille de quitter « beaucoup de ses consolations » afin d'en
laisser à sa mère. Les Anges, d'avis différents, s'unissant dans
l'amour à la volontê de Dieu. Deux points [463] sur lesquels
le Saint ne veut point se prononcer. « L'amas des fourmis. »
Le seul exercice où il ne faut point user de modération. Ce
que la Mère Favre doit conseiller à Mme de Dalet ………………
4
MDCCLXXVIII A LA COMTESSE DE DALET. Les plaintes de Mme de
Montfan ; trois partis qu'elle propose pour sa fille. L'Evêque
de Genève ne peut rien dire sur les deux premiers. Il demande
à Mme de Dalet d'aider sa mère de ses biens. La jalousie de
l'amour maternel. Une tare très rare et très aimable ………… 51
MDCCLXXIX A Mme LE LOUP DE MONTFAN (Inédite). Protestation
d'estime et d'intérêt pour la destinataire. François de Sales
s'étonne qu'elle ait pu s'adresser à lui dans une affaire délicate.
Lettres à Mme de Dalet et à la Mère Favre. Le Saint
comprend la situation de Mme de Montfan et y compatit. Se
remettre à la Providence ……………………………………….. 55
MDCCLXXX A M. RIGOULLET (Inédite). Une contestation née d'un
excès d'amour. Comment donner un avis après celui de
plusieurs serviteurs de Dieu ? ………………………………….. 58
MDCCLXXXI — A LA SŒUR DE BLONAY. — Difficulté pour le saint Evêque
de se prononcer au sujet d'une Novice. Faire pour son salut
tout ce que requiert la charité ; nécessité qu'elle y coopère.
Une question impossible à résoudre entièrement. Qu'est-ce
que Dieu ? Sa présence en ce monde. Il est le principe et
la vie de toutes choses. Aveu de l'impuissance et du néant de
l'homme ………………………………………………………... 59
MDCCLXXXII AU PRINCE DE PIÉMONT. Quelques affaires
recommandées au prince ……………………………………….. 62
MDCCLXXXIII A M. DE MALARMAY DE LAURAY. Question et réponse
d'amis. La « loy invariable de l'eternité » de leur union.
François de Sales emprunte son portrait pour l'envoyer au
destinataire. Elévation vers Notre-Seigneur ………………… 63
MDCCLXXXIV A LA MERE DE MONTHOUX. La calomnie, marque
excellente de l'approbation divine. Effet que doivent produire
en l'âme les souffrances intérieures ……………………………. 65
MDCCLXXXV A UN MAGISTRAT DE DIJON (Inédite). Prière de «
proteger en son bon droit » un ami du Saint ……………………. 66
MDCCLXXXVI A M. DE BLONAY. L'installation d'un martinet dans les
terres du baron de Thorens. Emprunt d'outils sollicité auprès
de la Sainte-Maison de Thonon ………………………………… 67
MDCCLXXXVII A Mme DES GOUFFIERS. Sur quoi l'on juge souvent des
affections. Un papier introuvable. Notre-Seigneur [464] a-
t-il jamais plaidé ? Sa divine maxime. François de Sales la
défend avec énergie et appuie son raisonnement sur la doctrine 68
326/342

33.7 Page 327

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MDCCLXXXVIII
MDCCLXXXIX
MDCCXC
MDCCXCI
MDCCXCII
MDCCXCIII
MDCCXCIV
MDCCXCV
MDCCXCVI
MDCCXCVII
MDCCXCVIII
MDCCXCIX
MDCCC
MDCCCI
MDCCCII
MDCCCIII
de saint Paul. la sagesse de Dieu, c'est la folie de la Croix.
Révolte de la prudence humaine. Petite ouverture sur
l'intérieur du Saint. Conseillers sûrs et prudents pour Mme des
Gouffiers. Sévère réprimande ; les ruses de l'amour-propre
démasquées. Décision dernière ……………………………..
A LA MÈRE DE CHANTAL. On ne peut avoir les mérites
du Calvaire avec les consolations du Thabor. Aversion de
l'Evêque de Genève pour les procès. L'exemple de Jésus-
Christ. « Corniches dorees pour une image de papier. »
Unité en Dieu …………………………………………………...
A M. DE CHATILLON. Compassion et approbation. Ce
qu'il faut faire de quatre cents florins. Annonce d'un voyage..
A LA COMTESSE DE DALET. « Rien d'estimable en
comparayson d'une ame continente. » Nulle obligation de
justice pour Mme de Dalet de soutenir sa maison paternelle ; en
quels cas elle doit ou ne doit pas le faire. La « separation des
sejours » souvent nécessaire à l'union des cœurs. — Une parole
qui a ravi le Saint ……………………………………………….
AU DUC DE SAVOIE. Nombreuse famille en détresse par
suite de la longueur d'un procès. Le Duc est supplié d'y mettre
ordre ……………………………………………………………
AU MÊME. Voyage à Thonon sur l'ordre du prince ………..
AU PRINCE DE PIÉMONT. Un saint projet en voie
d'exécution. Liste des abbayes du diocèse de Genève et de
leurs titulaires …………………………………………………..
AU COMTE DE SAINT-MAURICE (Inédite). Recours à la
courtoisie du destinataire ……………………………………….
AU PRINCE DE PIÉMONT. Mme de Charmoisy désire
envoyer son fils à Paris pour affaires. Elle en sollicite
l'autorisation du prince par l'intermédiaire de l'Evêque de
Genève ………………………………………………………….
AUX CONSULS ET AUX HABITANTS DE
MONTFERRAND. Sur la demande des consuls, l'Evêque de
Genève condescend à laisser encore à Montferrand la Mère
Favre, mais sans vouloir s'engager pour toujours ……………….
A LA SŒUR DE BLONAY. — Des visiteuses qui porteront au
monastère de Valence « unguens et parfums de devotion. »
Course en Chablais. Prétendantes pour la Visitation d'Annecy
A LA MÈRE DE CHANTAL. Un « desplaysir » arrivant au
milieu d'un sentiment de résignation. Première impression au
réveil. Nouvelles de la santé de François de Sales. Il
s'occupe des livres réguliers de son Institut …………………….
A LA MÈRE DE LA ROCHE (Fragment inédit). « Un couple
de filles » cher à François de Sales ……………………………..
AU PRINCE DE PIÉMONT. La bonté de Son Altesse, seul
espoir d'un homme d'honneur chargé d'enfants …………………
A M. FLOCARD. Injustes soupçons sur de fidèles serviteurs
de Henri de Nemours, dissipés. En qui nous devons placer
toute notre confiance ……………………………………………
A Mme RIVOLAT. Condoléances et consolations à une veuve
affligée et souffrante ……………………………………………
AU DUC DE SAVOIE. Comment faire fleurir la Sainte-
74
75
77
80
81
82
86
87
89
90
[465]
93
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95
96
98
99
327/342

33.8 Page 328

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Maison de Thonon. Envoi d'un Mémoire ……………………
MDCCCIV AU PRINCE DE PIÉMONT. L'Evêque de Genève adresse au
prince le compte-rendu de sa visite à la Sainte-Maison et
quelques avis pour « remedier aux manquemens » qu'il y a
trouvés. Prière de poursuivre la réforme du clergé régulier et
séculier …………………………………………………………
ADVIS PARTICULIER POUR LES NECESSITÉS PRESENTES DE LA SAINTE
MAYSON ……………………………….………………………………………………
MDCCCV AU MÊME. Cisterciennes et Clarisses qui désirent une
réforme. Mesure à prendre pour l'établissement des Chartreux
à Ripaille. Les scandales de l'abbaye d'Aulps ……………….
MDCCCVI A UN CARDINAL (Inédite). Demande d'une dispense pour
un jeune clerc nommé à un bénéfice ……………………………
MDCCCVII A Mme DE CHAMOUSSET. Commune affliction en la perte
du baron de Villette. — A Dieu de guérir les cœurs. — Pourquoi
nous est donnée la vie en ce monde …………………………….
MDCCCVIII A LA MÈRE DE MONTHOUX. La prudence humaine bien
éloignée de la pure charité. Ce qu'il y a de naturel dans
l'érection des Maisons religieuses ; ce qui doit être surnaturel.
Quel esprit le Fondateur veut voir régner dans sa Congrégation.
Le Maître et la Dame des Monastères de la Visitation ………
MDCCCIX AU DUC DE NEMOURS. Témoignage rendu au zèle et au
talent de M. de la Pesse. Un moyen, pour le prince, de montrer
son contentement à ses serviteurs et de tenir en ordre ses affaires
MDCCCX AU BARON DE CHEVRON-VILLETTE. Condoléances et
consolations …………………………………………………….
MDCCCXI A LA MÈRE DE CHANTAL. Salut et souhait au cœur de la
Mère de Chantal. Condescendances paternelles. Le prix de
la paix. Pourquoi « il faut tenir bon dans l'enclos » des Règles.
Edification donnée par les Sœurs d'Annecy. — Hommage
d'honneur et de respect à l'Archevêque de Bourges, persécuté
MDCCCXII A UNE PERSONNE INCONNUE. Un portrait peu
ressemblant d'une grande servante de Dieu. La faute que
regrette François de Sales, et quelle en fut la cause …………….
MDCCCXIII A Mme DES GOUFFIERS. Démarche paternelle du Saint
auprès d'une personne froissée des avis reçus. Mélange
d'humilité, d'affection et de fermeté. Mieux vaut perdre une
fille spirituelle que de manquer à la sincérité envers les âmes
MDCCCXIV — A LA SŒUR LE JAY. — Une condition de « grand profit » en
la Maison de Dieu. Heureux changement de maîtres. La
fonction des tourières : sa noblesse et son importance ………….
MDCCCXV A Mme DE VILLENEUVE. Peine de la destinataire sur le
prochain départ de la Mère de Chantal. Paris et les montagnes
de Savoie. Regard vers l'éternité. — Un désir de la Sœur
Hélène-Angélique Lhuillier et une promesse du Fondateur.
Le Saint-Esprit, lien des âmes ………………………………….
MDCCCXVI A M. MAGNIN (Inédite). Salutation et gratitude …………..
MDCCCXVII A LA MÈRE DE LA MARTINIERE. Dieu, qui donne les
charges, donne en même temps son secours pour les remplir.
Humilité et vaillance. L'importance du gouvernement d'un
Monastère ………………………………………………………
MDCCCXVIII A Mme LE LOUP DE MONTFAN. Le grand défaut que peut
100
101
103
105
107
109
111
113
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117
119
121
122
124
125
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MDCCCXIX
MDCCCXX
MDCCCXXI
MDCCCXXII
MDCCCXXIII
MDCCCXXIV
MDCCCXXV
MDCCCXXVI
MDCCCXXVII
MDCCCXXVIII
MDCCCXXIX
MDCCCXXX
MDCCCXXXI
avoir l'amour, hors celui de Dieu. « Passeport » et « excuse »
de l'excès dans la tendresse des mères. Douce réprimande
A LA MÈRE DE CHANTAL. Départ trop précipité d'un
porteur. Le Saint revise les Constitutions de son Institut.
Il faut souffrir les lenteurs des officiers de la Cour de Rome,
puisqu'on s'est inopportunément mis à leur merci. M.
Rolland, démissionnaire de son canonicat pour mieux servir son
Evêque. « Deux grandes Filles » qui « sont un peu de l'humeur
de leur Pere. » Le retour de la Mère de Chantal et les
inclinations du Fondateur. Un archevêque sans archevêché.
Tristesse de François de Sales au sujet de Mme des Gouffiers
A UNE DAME. La bonne « affaire que de n'avoir point de
proces ! » Félicitations à la destinataire de ce qu'elle fait pour
les éviter. « Se contenter en la suffisance. » Conseils et
décisions pour la confession. De quoi dépend surtout notre
perfection. Petites obéissances. A quelle leçon remettre un
esprit vif et subtil ………………………………………………..
A LA MÈRE DE CHANTAL. L'effort de l'amour impuissant.
Repos en la Providence. Ce que doivent faire les « enfans
du travail et de la mort de nostre Sauveur. » Contradictions
au sujet de l'Office récité par les Sœurs de la Visitation. — L'avis
d'un solliciteur en Cour de Rome. Plan des monastères …….
A M. CALCAGNI. Remerciements et offres de services …..
A LA PRÉSIDENTE DE SAUTEREAU. Souvenir fidèle et
reconnaissant. Grand avantage des afflictions ……………….
AU DUC DE SAVOIE. — Une œuvre de piété qu'il faut soutenir
et affermir ………………………………………………………
AU PRINCE DE PIÉMONT. Ce qu'il faudrait pour empêcher
la décadence de la Sainte-Maison de Thonon. Supplique pour
l'établissement des Pères de l'Oratoire à Rumilly, et la réforme
de quelques Monastères ………………………………………...
A LA MÈRE DE CHANTAL. Respect des Religieuses de la
Visitation pour leurs curés. La charitable réception des
infirmes ne restera pas sans récompense ……………………….
A Mme AMAURY. Faire toutes choses en leur temps. Une
obéissance très agréable à Dieu ; exemple de la Sainte Vierge.
Double sacrifice de la « brebis » et de « la brebiette ». Mme
Amaury tapissant l' « oratoire » de la Visitation de Paris ………
A LA SŒUR DE BLONAY (Inédite). Progrès de la Sœur de
Blonay en calligraphie. Bonté paternelle du Saint.
Nouvelles de famille ……………………………………………
A Mme DE VILLENEUVE. Un amour qui vient du « Maistre
et Createur de l'amour. » Douces plaintes « apprestees au
verjus. » Pourquoi Mme Flocard mérite d'être aimée ………..
A UNE DAME DE PARIS. Quels sont les services que Dieu
préfère. Lenteur des meilleurs arbres à produire leurs fruits.
Un secret de la Providence. Comment un Saint achève sa
page ……………………………….……………………………
A Mme BAUDEAU. Pourquoi François de [468] Sales
conseille à la destinataire de rester sous la conduite de son
confesseur ordinaire. Comment user de la direction de
l'Evêque de Belley ……………………………………………...
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MDCCCXXXII
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MDCCCXXXVII
MDCCCXXXVIII
MDCCCXXXIX
MDCCCXL
MDCCCXLI
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MDCCCXLIII
MDCCCXLIV
MDCCCXLV
MDCCCXLVI
MDCCCXLVII
A LA MÈRE DE CHANTAL. Ce que sont pour l'Evêque de
Genève les lettres et l'âme de la Mère de Chantal ; désir de la
revoir en Savoie. Les Constitutions de la Visitation et le
privilège du petit Office. Projets de fondations en Provence
et dans la Val d'Aoste. Heureuse mort de M. de Termes.
Intérêt affectueux pour la parenté de la Sainte. Nouvelles de
la Communauté d'Annecy. Dijon va recevoir les Filles de
Sainte-Marie. Un point d'observance à insérer dans leurs
Constitutions. Accablement d'affaires. François de Sales
condescend à soigner sa santé. Promesse de lettres …………
AUX RELIGIEUX DU MONASTÈRE DE SIXT (Inédite).
Exhortation à parachever la réforme du Monastère par la
Profession religieuse ……………………………………………
A Mme D'AIGUEBELETTE. Souffrir souvent doit apprendre
à bien souffrir. Délicatesse et prudence du saint Evêque au
sujet d'un avis contraire au sien pour la fréquence des
Communions …………………………………………………...
AU PÈRE BILLET (Inédite). Mémoires envoyés et à envoyer
pour l'établissement des Oratoriens à Rumilly …………………
A Mme DE PECHPEIROU. Trois mots d'affection.
Humble demande de prières …………………………………….
A DON GUÉRIN. Cordiale jalousie et défi d'amitié. La
Cour céleste et la cour terrestre à une cérémonie de prise
d'habit.Princesses pleines d'humilité « en leur serenissime
altesse et grandeur ………………………………………………
A LA PRINCESSE DE PIÉMONT (Inédite). Un neveu de
François de Sales, page de Madame. Délicate manière de
remercier ………………………………………………………..
A Mme TALON (Inédite). Prière pour un défunt et
consolations à ceux qui le pleurent ……………………………..
AU PRINCE DE PIÉMONT. Dédommagement pour le grand
Aumônier de la princesse de Piémont, privé de remplir
entièrement sa charge …………………………………………..
A LA MÈRE DE CHASTEL. Une prière en échange d'un
souhait. Belle situation du monastère de Grenoble. Hors
de la Providence divine, tout n'est qu'affliction …………………
A Mme LE NAIN DE CREVANT. Vocation précoce.
L'aiguille s'attachant à l'aimant. Message affectueux ……….
A Mme DE LA CROIX D'AUTHERIN (Inédite). Souhait
d'amour de Dieu. Quelques nouvelles ……………………….
A Mme DE GRANIEU. La règle des désirs. Joie de
l'Evêque d'avoir des nouvelles de Grenoble. — Les Sœurs de la
Visitation en leur monastère. Malades et « petite infirmiere »
A Mme DE LA FLÉCHÈRE (Inédite). Politesse à rendre au
prince Thomas de Savoie. La pensée de François de Sales au
sujet d'une alliance mal assortie ………………………………..
A Mme DE CHARMOISY (Inédite). Aimable courroux du
Saint ; il veut Henri de Charmoisy « habillé convenablement. »
Sage et chrétienne sentence. Le prince Thomas content du
séjour d'Annecy ………………………………………………...
A LA MÈRE DE CHANTAL. Vains bruits de guerre.
Difficultés à Dijon pour l'établissement de la Visitation ; les
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protecteurs du futur Monastère. M. Brûlart mécontent à tort
de l'Evêque de Genève. La mort du comte de Fiesque :
compassion pour sa veuve. Une âme toute au gré du Saint.
En quel cas on peut permettre l'entrée des personnes affligées
dans les couvents. Prière à la Mère de Chantal de revoir les
Constitutions. Une petite ruse de cour. La lettre à Mme de
Villesavin. Deux ponts brûlés à Paris. L'affaire de
l'Abbesse de Port-Royal et celle de la Sœur Lhuillier. — C'est à
la Sainte à juger de l'opportunité de son retour ou de la
prolongation de son séjour à Paris. Contentement réservé
pour l'autre vie. Messages …………………………………..
MDCCCXLVIII AU PÈRE BINET. Les désirs de Mme de Port-Royal d'entrer
à la Visitation. Conduite du Saint en cette affaire ; à qui il en
a remis la solution. Eloge de la virilité de l'Abbesse. Pureté
de vues et désintéressement du Fondateur ; sa démission de ses
propres pensées ………………………………………………… 183
MDCCCXLIX A M. DE SOULFOUR (Inédite). Respect et affection.
Recommandation en faveur de deux amis ……………………… 186
MDCCCL A M. ET Mme DE FORAS. « Un petit feu de joye » sur le gain
d'un procès. Sainte exhortation à persévérer dans l'union
mutuelle ………………………………………………………... 187
MDCCCLI — A LA SŒUR DE BLONAY (Inédite). Sollicitude de François
de Sales pour ses Filles de Valence. Ce qui ne nuit point au
salut est « bien peu considerable. » Avis pour la réception
d'une Novice …………………………………………………… 189
MDCCCLII A LA MÈRE FAVRE. « Mille ans » sans lettres. Une «
nouvelle besoigne » pour la grande Fille. Le [470] bonheur
de travailler beaucoup pour Dieu. — Des cœurs que le départ de
la Mère Favre affligera …………………………………………. 191
MDCCCLIII A M. MAGNIN. Remerciements, recommandation,
nouvelles ……………………………………………………….. 192
MDCCCLIV — A LA SŒUR DE BLONAY. — La Supérieure de la Visitation
de Valence hors de danger ; vertu des Sœurs. — Ce qui mortifie
plus que le mal. Vérités de la foi douces et attrayantes ; vérités
austères. Qu'est-ce que la foi nue et simple ? Comment «
vivre en verité et non point en mensonge. » Messages …….. 193
MDCCCLV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Excellent prédicateur qui
prêchera volontiers son premier Carême à Rumilly ……………. 197
MDCCCLVI AU DUC DE SAVOIE. Un sûr moyen de faire prospérer
l'Etat. Envoi d'une pièce concernant l'établissement des
Oratoriens à Rumilly …………………………………………… 198
DESPECHES REQUIS POUR L'INTRODUCTION DES PERES DE L'ORATOIRE
EN LA VILLE DE RUMILLY …………………………………………………………. 199
MDCCCLVII A M. CARRON. L'église de Rumilly et ses quatre corps
d'ecclésiastiques. Peines qu'elle a données à son Evêque.
Quel remède y apporter. Les désirs de M. de Sonnaz.
Avantages qui résulteraient pour la gloire de Dieu et le service
de Son Altesse de l'introduction des Pères de l'Oratoire ………. 200
MDCCCLVIII A UNE RELIGIEUSE DE LA VISITATION. Humilité et
confiance de François de Sales au jour anniversaire de son sacre.
Heureuse navigation sous la protection de la Sainte Vierge 203
MDCCCLIX A LA MÈRE DE CHASTEL. Défaut de surnaturel dans les « 204
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MDCCCLX
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MDCCCLXX
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MDCCCLXXIV
meres temporelles. » Ne pas regarder ses pensées. Grands
et petits esprits. D'où proviennent quelquefois les ardeurs et
les indifférences ………………………………………………...
A Mme DE VEYSSILIEU. Compassion pour des afflictions
multipliées. — Ne pas établir son cœur sur les choses de ce
monde. Quelle espérance doit nous réjouir ………………….
A UNE DAME DE GRENOBLE. Un heureux échange avec
Dieu. Sentiments d'humilité et de confiance que doit garder
la destinataire. La Providence divine sur les êtres sans raison
et sur ses servantes ……………………………………………...
AU GÉNÉRAL DES CHARTREUX. Conséquence d'une
affection qui ne peut être cachée. Mlle de Bressieu, postulante
chartreusine. Bon espoir du Saint ……………………………
A LA MÈRE DE CHANTAL. « Une lettre d'empressement.
» Regrets sur la mort de Mme des Gouffiers. Ce que dirait
la Mère de Chantal si elle voyait François de Sales écrire si tard
A UNE RELIGIEUSE DE L'ABBAYE DE SAINTE-
CATHERINE. Visite qui aurait été faite volontiers. Les
affections qui naissent de la contemplation de la crèche.
Mystère où se mêlent l'amour et la rigueur. Sainte Paule
préférant Bethléem aux délices de Rome. Ardente prière …..
A UN AMI. Seule réponse au mépris. Bonnes espérances
que donne le nouvel Evêque de Chalcédoine. La misère de ce
siècle ……………………………….…………………………..
A Mme DE LA CHAPELLE. Que faire quand on se voit
toujours retomber dans les mêmes imperfections ? Une leçon
qu'il faut apprendre. — Moyen d'acquérir la douceur de cœur à
l'égard du prochain ……………………………………………..
A LA MÈRE DE CHANTAL. Danger de suivre la prudence
humaine pour la réception des sujets à la Visitation. Comment
Dieu a fait le cœur de François de Sales. — Son amour pour les
âmes, tout surnaturel ……………………………………………
A Mlle JOUSSE (Inédite). Conseils à une aspirante à la
Visitation ……………………………………………………….
A M. JAY. Une « ample » approbation. Comment il
faudrait traiter les choses pieuses et saintes pour détourner
habilement les âmes de la lecture des romans. Hameçon du
pêcheur d'hommes. La délicatesse du monde. Projet d'un
ouvrage …………………………………………………………
A UNE DAME. Le prix des tribulations. Bonheur des
âmes que Dieu appelle à son service ……………………………
A UNE DAME. La merveilleuse importunité de la prudence
humaine. Manière de purifier nos intentions. Deux
volontés en l'âme de saint Paul, et en la nôtre. Agir pour Dieu,
afin de lui être agréable, et laisser le reste ………………………
A M. DE GENÈVE-LULLIN. Mission assignée par Dieu aux
grands de ce monde. Où doivent-ils mettre leur perfection.
Efficacité de leur exemple. Un mot de Trajan et les paroles
de l'Apôtre. La première leçon des maîtres …………………
A LA MÈRE DE CHANTAL. Pensée du Saint sur le monde
et les mondains. Nouvelles de son âme ……………………..
AU COMTE DE SAINT-MAURICE (Inédite). Réclamation
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MDCCCLXXV
MDCCCLXXVI
MDCCCLXXVII
d'un legs fait pour une chapelle par le beau-père du destinataire
A LA MÈRE DE BLONAY. — Bénédictions et vœux de
François de Sales pour la petite Aimée de Blonay. Doux et
lointains souvenirs du Chablais …………………………………
A UN ECCLÉSIASTIQUE. Pourquoi ne faut-il pas accueillir
facilement la calomnie. Conduite à tenir envers les
calomniateurs. En quel sens le pardon doit être héroïque …..
A LA MÈRE DE MONTHOUX. Bourrasque et contradiction
suscitées par l' « ennemy. » Le véritable esprit de l'Evangile ;
ce qu'il aime, comment il inspire nos paroles …………………..
[472]
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ANNÉE 1622
MDCCCLXXVIII
MDCCCLXXIX
MDCCCLXXX
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MDCCCLXXXII
MDCCCLXXXIII
MDCCCLXXXIV
MDCCCLXXXV
AU DUC DE BELLEGARDE (Inédite). Raison divine de
l'élévation du destinataire. Une victime du « crime d'autruy.
» Prière instante de maintenir ce malheureux dans sa charge.
« Bien faire aux pauvres » pour obliger Notre-Seigneur à
prendre soin de nous ……………………………………………
A Mme DE VAUDAN. Prendre du loisir pour arranger ses
affaires, et être Religieuse d'affection, en attendant de l'être
d'effet …………………………………………………………...
A LA MÈRE FAVRE. L'Evêque n'a autorité que sur les
Religieuses qui ont fait profession dans son diocèse, et celles-ci
appartiennent toujours au Monastère où elles ont prononcé leurs
vœux. — Formalités à remplir pour les fondations. Le
président Favre et ses justes désirs. Charges honorables de
ses fils. Pourquoi François de Sales voudrait voir retarder
l'établissement de la Visitation à Riom ; moyen terme que l'on
peut prendre. Projet pour Aurillac. Une petite Novice de
treize ans ………………………………………………………..
A LA COMTESSE DE MIOLANS. Compassion et
condoléances. Le seul Consolateur. Condition nécessaire
pour la guérison des corps et des cœurs. — Les « troys douces
paroles » de sainte Blandine. Où se retirer à l'abri des maux
de la terre. François de Sales se réjouit du repos que Mme de
Miolans a trouvé à la Visitation …………………………………
AU PRIEUR DU MONASTERE DE SIXT (Fragment inédit).
Les Constitutions de la Visitation à Sixt …………………….
A LA MÈRE DE MONTHOUX. La joie de l'âme au jour de
la distribution du salaire éternel. Réponse effective de Dieu à
la confiance. Douce réunion autour de la Mère de Chantal …
A LA MARQUISE DE MAIGNELAIS. Remerciements pour
des faveurs passées ; prière de les continuer aux Sœurs de la
Visitation de Paris. L'exemple du Sauveur, ami des petits et
des enfants ……………………………………………………...
A LA MÈRE DE CHANTAL. Un Père spirituel pour la
Visitation de Paris. Deux filles du Saint au Carmel d'Orléans.
Entente nécessaire pour le voyage de la Mère de Chantal et le
départ de nouvelles Sœurs destinées aux fondations de France.
« L'histoire de la consultation » pour la Mère Angélique
Arnauld. Comparaison « un peu rigoureuse » entre la Règle
de saint Benoit et l'Institut de la Visitation. Avertissement
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MDCCCLXXXVI
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MDCCCXCV
MDCCCXCVI
MDCCCXCVII
MDCCCXCVIII
qu'il faut donner à l'Abbesse. Une première Communion.
Quelques mots sur les futures fondatrices du Monastère de Dijon
A LA MÈRE DE BEAUMONT. Humilité et courage. La
face de « l'ancienne Anne ; » son cantique. Dieu donne «
abondance de lait » aux mères. Vivre en joie. Une «
condition qui suffit, et sans laquelle rien ne suffit » à une
Supérieure. Loisir trop court pour toutes les lettres que le
Saint voudrait faire ……………………………………………..
A LA PRÉSIDENTE DE HERSE. Insuffisance des
commissions verbales. Devoir auquel l'Evêque ne manque
pas ………………………………………………………………
A LA MÈRE DE LA ROCHE. Trois choses apportant à
François de Sales de la consolation. Affection mutuelle de
l'Evêque d'Orléans et de l'Evêque de Genève. Espérance qui
sera surpassée. Un porteur de lettres pas encore en route.
Fille de sainte qui deviendra sainte. Les « douces Filles » du
bienheureux Fondateur …………………………………………
A LA SŒUR LHUILLIER. — La victime sur l'autel.
Souhaits de bonheur, de courage et de sainteté pour le jour du
sacrifice. Mme de Villeneuve unie à l'immolation de sa sœur.
La vie naissant de la mort …………………………………..
A L'ABBESSE DE PORT-ROYAL. Le Saint voudrait savoir
l'état du cœur de l'Abbesse au sujet de la décision prise à son
égard. La paix, et toujours la paix. Quel est le « passeport
des filles de Jesus Christ ………………………………………...
A LA SŒUR DE BLONAY. — Quelques tracasseries de la part
de l'Archevêque de Lyon. Nécessité de maintenir l'uniformité
dans tous les Monastères de la Visitation. A quoi il est utile
d'employer sa vie lorsqu'elle doit être courte. Des âmes qui
n'eussent pas été bonnes pour le mystère de la Purification.
Ne chercher que Dieu …………………………………………..
AU PRINCE DE PIÉMONT. Inconvénient du retard des
dépêches relatives à la cure de Rumilly. Triste état des
bâtiments de la Sainte-Maison de Thonon ……………………..
A LA COMTESSE DE DALET. Sages limites d'un désir.
Comment Dieu emploiera « une tentation de l'ennemy, » et
quand il en délivrera. Les pensées d'amour-propre ne peuvent
nuire à une âme qui considère souvent son néant. Promesse
de prières ……………………………………………………….
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Encore la cure de Rumilly et les
Pères de l'Oratoire ………………………………………………
A Mme DE TRAVERNAY. Souhaits pour une heureuse
naissance. Papiers égarés par inadvertance. Une cédule
que M. Rolland cherchera ………………………………………
A Mme DE PICARAYSIN (Billet inédit). Commission faite
et avis donné ……………………………………………………
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Les contradictions au service de
Dieu. Ce qui restera aux contradicteurs. Obéissance et
dévouement du P. de Sonnaz. Le Saint va travailler de
nouveau à l'établissement des Oratoriens à Rumilly ……………
A Mme DE CHARMOISY. Ce qui rend une longue lettre
inutile. Avertissement paternel d'épargner davantage sa santé,
253
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et un peu moins « les moyens » …………………………………
MDCCCXCXIX A L'ABBESSE DE PORT-ROYAL (Inédite). Les nouvelles
que le Saint attend. Pourquoi il a « bien envie de revoir » la
Mère de Chantal. Salutations affectueuses à Mme Arnauld et
à ses enfants ……………………………………………………. 274
MCM A LA MÈRE DE CHASTEL. On peut recevoir une
prétendante malgré une promesse de mariage. Décision du
Concile de Trente. Les privilèges des fondatrices de
Monastères devant Dieu et devant les hommes. Exemple de
la Sœur Lhuillier. — Raisons pour François de Sales de
s'intéresser spécialement à Mlle de Pressins ……………………. 276
MCMI A DOM PIERRE DE SAINT-BERNARD (Inédite). Un
prédicateur qu'il ne faut pas « divertir » et qu'on salue sans
vouloir de retour. Image très gracieusement offerte ………… 279
MCMII A UNE PRÉTENDANTE DE LA VISITATION. Le séjour
de la montagne du Calvaire. Dépouillement nécessaire de
ceux qui l'habitent. La robe du festin. Laisser les
appréhensions et les craintes, et se confier en Dieu. Comment
employer les bonnes inclinations naturelles ……………………. 280
MCMIII A LA MÈRE DE CHASTEL. L'imperfection du motif de la
part de la créature n'empêche pas la réalité de l'appel de [475]
Dieu. Vocations citées dans l'Evangile et celles de quelques
Saints. C'est la suite et la persévérance qui témoignent de la
bonté des dispositions. Par quel moyen aider une âme que la
nécessité et non l'attrait a conduite au monastère. Avis
prudent et sage pour des visites au parloir. Laisser parler le
monde comme il voudra de cette vocation. La pensée du
Fondateur sur une autre aspirante et sur une Supérieure ………. 282
MCMIV AU PRINCE DE CARIGNAN. Chrétien privilège accordé à
la confrérie du Crucifix. Le Saint intercède pour en faire
bénéficier un galérien, père d'une nombreuse famille …………. 285
MCMV A UN GENTILHOMME. Promesse de s'employer à la
conclusion d'une affaire ………………………………………... 287
MCMVI A LA MÈRE DE BLONAY. Quand on veut fonder un
Monastère, il faut vouloir se conformer à l'esprit de l'Ordre qu'on
appelle. L'excellence de la vie intérieure à la Visitation.
Planter des figuiers si l'on veut des figues, et des oliviers si l'on
veut des olives. Quelles filles préfère le saint Fondateur.
Retour à Lyon de deux anciennes professes …………………… 288
MCMVII A LA MÈRE DE CHANTAL. Départ précipité d'une petite
colonie de Religieuses. Portrait de celles-ci. Le document
qu'elles emportent. Une dame que le Saint aime
particulièrement sans l'avoir jamais vue. Occupations
multipliées. Messages rapides. Vivre, travailler et se
réjouir en Dieu …………………………………………………. 290
MCMVIII AU PRINCE DE PIÉMONT. Nouvelle supplication pour
Thonon et Rumilly …………………………………………….. 294
MCMIX A LA MÈRE FAVRE. Plusieurs lettres pour une même
affaire. La Mère Favre, après avoir établi le Monastère de
Dijon, doit venir fonder celui de Chambéry. Bonté de Dieu
qui facilite la retraite de Mme de Dalet. Conseils pour la visite
canonique. Avis différents, donnés par l'Evêque de Genève 295
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MCMX
MCMXI
MCMXII
MCMXIII
MCMXIV
MCMXV
MCMXVI
MCMXVII
MCMXVIII
MCMXIX
MCMXX
MCMXXI
MCMXXII
MCMXXIII
MCMXXIV
MCMXXV
sous l'inspiration divine ………………………………………..
A LA SŒUR COMPAIN. — Préparation à la Supériorité. La
gardienne de la paix …………………………………………….
A LA MÈRE FAVRE. « Bonnes besoignes pour l'unique
Mere et pour la grande Fille » ………………………………….
A LA MÈRE DE CHANTAL (Fragment inédit). Des filles
qui « font merveilles ». Conseil que le Saint leur adresse …..
AU PRINCE DE PIÈMONT. La protection des convertis,
premier but de la Sainte-Maison de Thonon. Ce qu'il advient
pour la pension annuelle due au sieur de Corsier ; moyen d'en
faciliter le payement …………………………………………….
AU CARDINAL MAURICE DE SAVOIE (Inédite). Misère
et piété dignes d'être secourues …………………………………
A LA MÈRE DE BEAUMONT. Ecrire courtement pour
écrire souvent. Deux Pères spirituels au Monastère de Paris.
— Souhaits du cœur, et saluts paternels aux Sœurs de la
Visitation et aux dames, filles spirituelles de François de Sales.
Famille de la Mère de Beaumont ……………………………
AU PRINCE DE PIÉMONT. Le Saint s'excuse de ne pouvoir
passer à la cour avant de se rendre à Pignerol, au Chapitre
général des Feuillants …………………………………………..
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Une commodité venue tout à
propos. Ce que l'Evêque de Genève va faire en Piémont.
Ordres qu'il donnera avant de partir ……………………………
A Mgr FENOUILLET. Pénitence sans coulpe. Le prince
Thomas à Annecy. Mérite et vertus de son maître d'hôtel ;
François de Sales le recommande à la bienveillance du
destinataire ……………………………………………………..
A UNE DAME. Regret et contentement d'une courte
entrevue. Marché céleste entre le Créateur et la créature.
Permission pour des Communions plus fréquentes. Les
larmes de Vendôme …………………………………………….
AU CARDINAL LUDOVISI. Une lettre arrivée quatre
heures après la clôture du Chapitre général. Ordre du Pape et
difficulté de casser une élection canonique. Moyen terme
proposé par François de Sales ………………………………….
AU CARDINAL CAFFARELLI-BORGHESE. Fonctions
épiscopales exercées à Pignerol par l'Evêque de Genève. Le
Chapitre des Feuillants. Prochain voyage du Supérieur
général à Rome …………………………………………………
AU CARDINAL BANDINI. Une assemblée d'Anges et non
d'hommes mortels. Concours universel de suffrages.
Demande d'une continuation de bienveillance ………………….
AU CARDINAL MONTALTO. Pourquoi François de Sales
trouve que sa présence au milieu des Pères Feuillants était
inutile. Election qui ne pouvait être meilleure. Les
traductions de D. Jean de Saint-François ……………………….
AU CARDINAL LUDOVISI. Compte-rendu du Chapitre
général des Pères Feuillants. Science, prudence et piété du
Supérieur élu ……………………………………………………
AU CARDINAL COBELLUZZI. Union des esprits au
Chapitre des Feuillants. Une élection unanime ; regret
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qu'éprouve le Saint à ce sujet …………………………………..
MCMXXVI A SA SAINTETÉ GRÉGOIRE XV. Ce qui s'est fait au
Chapitre général tenu à Pignerol. Concorde parfaite qui y
présida. Le gage de la persévérance dans l'union des cœurs et
des esprits. Une question que l'Evêque de Genève n'a pas
voulu trancher. Son avis sur la réforme du Bréviaire cistercien
; pourquoi il ne le fit pas prévaloir par un coup d'autorité ……… 324
MINUTE DE LA LETTRE PRÉCÉDENTE ……………………………………………. 328
MCMXXVII A Mme LE LOUP DE MONTFAN. Les meilleures réponses.
Une véritable inspiration divine. Quand Dieu parle, il ne
faut pas contester, mais regarder l'Evangile et en suivre les
maximes. Ce dont la ferveur de Mme de Dalet devra se
contenter. Ses parents prendront soin de ses enfants.
Qualités qu'il faut joindre ensemble. Condescendance et
humilité du saint Evêque ………………………………………. 330
MCMXXVIII A LA COMTESSE DE DALET (Inédite). Comment Mme de
Dalet pourra contenter à la fois sa dévotion et sa mère.
Jugement sur des plaintes maternelles ; à laquelle de ces plaintes
le Saint a voulu répondre. Promesse de lettre ; douce
invitation à écrire aussi ………………………………………… 333
MCMXXIX A Mgr DE SALES, SON FRÈRE. Espérance de retour en
Savoie. Une affaire à considérer de nouveau. La réforme
de Sainte-Catherine. Voyage qui devient inutile, grâce à
l'intervention du Prince et du Pape …………………………….. 334
MCMXXX A LA MÈRE DE CHANTAL. Passage de la Mère Favre de
Montferrand à Dijon …………………………………………… 336
MCMXXXI A Mgr DE SALES, SON FRÈRE. Un désir de François de
Sales. Pourquoi il voudrait être « un peu en repos aux pieds
de Nostre Seigneur » …………………………………………… 337
MCMXXXII A LA DUCHESSE DE MODÈNE. Grande vertu des Infantes
de Savoie. Consolation que le Saint a trouvée dans leur
société. Une précieuse faveur reçue de l'Infante Françoise-
Catherine ………………………………………………………. 338
MCMXXXIII AU CARDINAL LUDOVISI. Deux Pères Feuillants en route
pour Rome. Prière de s'intéresser aux affaires qu'ils vont y
traiter. Départ pour Annecy ………………………………… 341
MCMXXXIV A M. SANGUIN DE ROQUENCOURT. Désir de l'Evêque
de Genève de complaire au destinataire. Son vouloir limité
par son pouvoir. A qui il appartiendra de résoudre la difficulté
au sujet d'une aspirante à la Visitation. Rien de secret dans
les Constitutions de l'Institut ; rien de cabalistique dans les
paroles et les écrits du Fondateur. La [478] seule impuissance
de méditer n'exclut pas du cloître. Ce n'est pas sans raison ni
pour fâcher le père que la Supérieure se décide à ne pas recevoir
la fille …………………………………………………………... 342
MCMXXXV A LA MÈRE DE LA MARTINIERE (Inédite). Réponse
tardive. Adoucissements que l'on peut donner à une veuve
âgée retirée au monastère. Consolations et difficultés.
Messages ………………………………………………………. 345
MCMXXXVI A L'ABBESSE DE SAINTE-CATHERINE. L'Abbesse a été
avertie par François de Sales du désir de quelques-unes de ses
Filles ; quel était le sien pour la réforme. « Les defautz qui 347
337/342

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MCMXXXVII
MCMXXXVIII
MCMXXXIX
MCMXL
MCMXLI
MCMXLII
MCMXLIII
MCMXLIV
MCMXLV
MCMXLVI
MCMXLVII
arrivent en une bonne oeuvre n'en gastent pas la bonté
essentielle. » Se garder d'aller contre la volonté de Dieu par
intérêt propre. Pourvu que le bien se fasse, il suffit …………
A LA MÈRE DE CHANTAL. En quel cas permettre le
changement de monastère. Plusieurs affaires pénibles.
Mille écus que le Saint voudrait « au fons de la mer. » Les
effets du sens humain.Ne pas recevoir des bienfaitrices qui
exigent trop de conditions. Mort de la présidente Brûlart et
du cardinal de Retz. La « benediction souverainement
desirable. » Souvenir affectueux pour les enfants de la Mère
de Chantal ………………………………………………………
A LA COMTESSE DE DALET. Le chemin du cloître ouvert
devant Mme de Dalet. Fleurs et parfums qu'y jette la
Providence. A qui la comtesse laisse ses enfants. C'est à
Dieu de conduire sa fille à la vie religieuse. Inconvénient
d'entrer trop jeune au couvent. Encouragement à suivre
l'appel divin …………………………………………………….
A LA MÈRE DE MONTHOUX. Conduite à tenir envers des
personnes qui contredisent et contrarient. Les Religieuses des
différents Ordres se doivent estimer et aimer. Pourquoi Satan
hait particulièrement l'Institut de la Visitation ………………….
A LA MÈRE DE CHANTAL. Faveurs et consolations.
Eloge de deux belles âmes. Un abus contre la clôture.
Haine du saint Evêque pour la sagesse humaine. Des
bienfaitrices peuvent être admises dans les monastères quand
elles n'en veulent sortir que rarement. Peut-on recevoir à la
Visitation des pénitentes ? Quelques fondations en projet.
Combattre le mal par le bien. Faute qu'on ne doit jamais
commettre ………………………………………………………
A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Le Saint enverra deux de ses
Filles de la Visitation aux nouvelles Bernardines de Rumilly.
Ménagements à prendre avec l'Abbé de Tamié …………………
A Mme DE BALLON. Coup d'éperon à un courage qui
défaille ………………………………………………………….
AU PÈRE DE GERBAIS DE SONNAZ. Prieurés donnés aux
Pères de l'Oratoire de Rumilly. Ce qu'il faut faire pour ne pas
rendre inutile cette faveur de Son Altesse ………………………
AU PRINCE DE PIÉMONT. Au mépris des ordres du prince,
les prébendes vacantes de Contamine ont été attribuées à des
Religieux de Cluny. Monastère et discipline monacale en
ruines. Mesures à prendre pour remédier au mal ……………
A Mme DE VALENCE (Inédite). En ne s'attachant qu'à la
volonté de Dieu, on se trouve bien partout, et partout l'on est en
sûreté de conscience. Deux visites en espérance ……………
A M. DE MALARMAY DE LAURAY (Inédite). Raison
pour laquelle des lettres sont demeurées sans réponse.
Condoléances tardives. Préparation à la mort ……………….
A LA COMTESSE DE ROSSILLON. La douleur, pour être
juste, doit être raisonnable. A quoi nous oblige notre nom de
mortels. Réunion prochaine avec « nos trespassés. » Un
candidat à une cure recommandé par la destinataire.
Promesse de prières …………………………………………….
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MCMXLVIII
MCMXLIX
MCML
MCMLI
MCMLII
MCMLIII
MCMLIV
MCMLV
MCMLVI
MCMLVII
MCMLVIII
MCMLIX
MCMLX
MCMLXI
MCMLXII
MCMLXIII
AU PÈRE DE BERULLE (Inédite). Etat des choses à
Rumilly pour l'établissement des Oratoriens. Prière d'y
envoyer incessamment deux Pères. Un livre de M. de Bérulle
; ce que le Saint voudrait en rayer. Fraternel et franc conseil..
AU PRINCE DE CARIGNAN (Minute inédite). Annecy
foulé par les troupes. Excès auxquels menacent de se livrer
les soldats. Supplication à Son Altesse pour le peuple
malheureux ……………………………………………………..
A LA MÈRE DE LA ROCHE. Grâces divines qui se
transformeront en « merveilles pour le bien de la sainte Eglise.
» Un accueil plein d'honneur et de confiance sera fait à
l'Evêque d'Orléans. Encouragement à l'amour de la
souffrance ………………………………………………………
A LA MÈRE FAVRE. Le Monastère de Dijon en progrès ;
celui de Chambéry en préparation. A quoi Dieu appelle la
Mère Favre. Elle doit le servir sans intérêt propre et avec une
pleine confiance en sa providence ………………………………
A LA MÈRE DE BALLON. Un nom dont les Bernardines
doivent se rendre dignes avant de l'adopter pour leur
Congrégation …………………………………………………...
AU PRINCE DE PIÉMONT. Toujours la lutte entre Cluny et
Thonon pour Contamine. L'à-propos d'une assemblée devant
le prince Thomas pour les affaires de la Sainte-Maison ………..
A LA MÈRE DE CHANTAL. Projet d'itinéraire pour la Mère
de Chantal ; désir du Fondateur qu'elle visite les nouvelles
Maisons. Pourquoi il ne peut écrire longuement.
Salutations ……………………………………………………...
A M. DE CHATILLON. Décision l'avant-veille d'un départ.
Maladie de M. de Blonay ……………………………………
A LA MÈRE DE CHEVRON-VILLETTE. Un secret de
bonheur et de sainteté. La dignité d'une Supérieure.
Avantage des Filles de la Visitation et danger des Monastères
sans clôture ……………………………………………………..
AU PRÉSIDENT FAVRE (Inédite). Recommandation pour
une affaire pendante devant la Chambre des Comptes ………….
A LA SŒUR DE BRÉCHARD. Joie du Fondateur au sujet
d'une élection. Eloge de la nouvelle Supérieure ……………..
A M. DE PEYZIEU (Inédite). Passage trop rapide à Vienne ;
espérance d'un prochain séjour plus prolongé. Heureux
mariage de François de Longecombe …………………………..
A Mme DE TOULONGEON. Heureuse rencontre avec la
Mère de Chantal. Délicats conseils, tact parfait et largeur
d'esprit du saint Directeur. La pensée de la mort mêlée aux
félicitations de bonheur …………………………………………
A UNE DAME. Bonheur de la solitude au pied du Crucifix.
Véhémente aspiration vers l'éternité ; mépris de ce monde et
de ses grandeurs ………………………………………………...
A LA MÈRE DE CHASTELLUX. Désirs rendus plus ardents
par la charge que la Providence a donnée à la Mère de
Chastellux. Le fondement de la prospérité spirituelle.
Confiance toujours plus grande …………………………………
AU DUC DE BELLEGARDE. — Une œuvre de charité
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proposée au duc ………………………………………………..
MCMLXIV A LA MÈRE DE MONTHOUX. Messagère pleine de mérite
et d'affection pour la destinataire. — Ferveur de la la Sœur
Emmanuelle de Monthoux. Un ami du Monastère de Nevers 398
_____
APPENDICE
I
LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES
PAR QUELQUES CORRESPONDANTS
A LETTRE DE LA MÈRE FAVRE ……………………………………………….. 401
B LETTRE DU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE ………………… 402
C LETTRES PATENTES DE CHARLES-EMMANUEL Ier, DUC DE SAVOIE ... 403
D LETTRE DU CHANOINE ARTUS DE LIONNE………………………………. 405
E LETTRE DE MGR JEAN-PIERRE CAMUS ……………………………………. 406
F LETTRE DE M. JACQUES GALLEMAND …………………………………… 408
G LETTRE DE L'INFANTE ISABELLE DE SAVOIE …………………………… 410
II
SUPPLIQUES ET LETTRES DE PRINCES ET AUTRES PERSONNAGES
A DIFFÉRENTS DESTINATAIRES
A SUPPLIQUE A SA SAINTETÉ GRÉGOIRE XV ……………………………… 411
B SUPPLIQUE AU CARDINAL LUDOVIC LUDOVISI ……………………….. 413
C LETTRE DU PRINCE DE PIEMONT AU PRINCE DE CARIGNAN ………… 415
D LETTRE DES PROVISEURS DU COLLEGE DE SAVOIE A LOUVAIN AUX
ADMINISTRATEURS DE CELUI D'ANNECY ………………………………. 416
E LETTRE DU PRINCE DE CARIGNAN AUX MÊMES ………………………..
F LETTRES DE VICTOR-AMÉDÉE, PRINCE DE PIÉMONT A L'ABBÉ
PHILIBERT-ALEXANDRE SCAGLIA ……………………………………….. 418
I ……………………………….……………………………….………………………... 419
II ……………………………….………………………………………………………... 420
III
NOTE CONCERNANT L'AUTOGRAPHE DE LA LETTRE DU 19 OCTOBRE 1621
A CHRISTINE DE FRANCE ……………………………….………………………….. 421
_____
Glossaire des locutions et des mots surannés ……………………………………………
Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de ce
volume ……………………………….…………………………………………………..
Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes, et indication de
la provenance des Manuscrits ……………………………….…………………………..
_____
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Annecy, imprimé par J. ABRY, 1918
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35.2 Page 342

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Annecy, Imp. J. ABRY, rue de la République
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