Accompagnement Orientations_fr


Accompagnement Orientations_fr

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Dicastère pour la Formation
Dicastère pour la Pastorale des jeunes
Jeunes Salesiens
et accompagnement
Orientations et directives
Rome 2019

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Jeunes Salesiens
et accompagnement

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Dicastère pour la Formation
Dicastère pour la Pastorale des jeunes
Jeunes Salesiens
et accompagnement
Orientations et directives
Rome 2019

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Composition graphique :
Andrea Marconi
Presse :
Scuola grafica salesiana di Milano
Avril 2020
Tous droits réservés :
Société de Saint François de Sales
(Salésiens de Don Bosco)
Édition hors commerce (2019)
Sede Centrale Salesiana
Via Marsala, 42
00185 Rome

1.6 Page 6

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Table des matières
ABREVIATIONS, pag. 9
PRÉSENTATION, pag. 11
INTRODUCTION, pag. 15
PREMIERE PARTIE - RECONNAÎTRE, pag. 23
1. L’etude de l’accompagnement personnel Salesien, pag. 25
1.1 Le processus, pag. 25
1.2 Eléments macroscopiques concernant les interviewés, pag. 29
1.2.1 Salésiens qui ont émis la première profession religieuse, pag. 29
1.2.2 Distribution démographique, pag. 32
1.2.3 Langues, pag. 34
1.2.4 Âge, pag. 36
1.3 Le document présent, pag. 38
2. Themes emergents, pag. 43
2.1 Les personnes impliquées dans l’accompagnement spirituel personnel, pag. 43
2.1.1 Une congrégation jeune, pag. 44
2.1.2 Les guides spirituels, pag. 46
2.1.3 Accompagnement communautaire, pag. 50
2.2 Comment l’accompagnement spirituel personnel est-il compris?, pag. 51
2.2.1 La façon de comprendre de celui qui est accompagné, pag. 52
2.2.2 La façon de comprendre de celui qui accompagne, pag. 54
2.3 Qu’est-ce qui se passe durant l’accompagnement spirituel personnel, pag. 55
2.3.1 Quelques facteurs externes qui conditionnent, pag. 55
2.3.2 Directeurs comme guides spirituels: tendance à la diminution, pag. 56
2.3.3 Carences dans la réserve et la confidentialité, pag. 56
2.3.4 Ouverture et transparence, pag. 57
2.3.5 Autres aspects problématiques, pag. 58
2.3.6 Un comportement externe auquel se conformer, pag. 58
2.3.7 La superposition entre accompagnement et autorité, pag. 60
2.4 Le rôle joué par certaines médiations, pag. 62
2.4.1 Evaluations trimestrielles (scrutins), pag. 62
2.4.2 Diverses formes et visages de la prière, pag. 63
2.4.3 Le projet de vie personnel, pag. 65

1.7 Page 7

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DEUXIEME PARTIE - INTERPRETER, pag. 67
3. Inspirations qui naissent de notre tradition, pag. 69
3.1 L’originalité de l‘accompagnement spirituel salésien des jeunes, pag. 69
3.2 Accompagnement spirituel salésien dans les processus de formation, pag. 74
3.2.1 La pratique de don Bosco se reflète dans les processus de formation, pag. 74
3.2.2 Le système préventif et les processus de formation, pag. 74
3.2.3 Le splendide accord entre esprit de famille et accompagnement, pag. 78
4. A l’ecoute de l’esprit, pag. 83
4.1 Une formation inculturée, pag. 83
4.2 Clarifier la signification d’accompagnement spirituel salésien, pag. 89
4.3 Au-delà du seuil du for externe, pag. 93
4.4 L’aspect critique de l’expérience du pré-noviciat, pag. 94
4.5 La qualité de la Pastorale des jeunes détermine les processus de formation, pag. 96
4.6 La dynamique fondamentale de grâce et de liberté, pag. 99
4.6.1 La superposition problématique du rôle de l’autorité et de l’accompagnement
spirituel personnel, pag. 99
4.6.2 Grâce et liberté, pag. 100
4.6.3 Respecter le dynamisme de la grâce et de la liberté, pag. 102
4.7 Le Directeur, l’accompagnateur spirituel et le confesseur: trois figures clés, pag. 106
4.8 Continuité dans l’accompagnement, pag. 109
4.9 Le rôle de la communauté et de la mission, pag. 110
4.10 Respecter la confidentialité et créer la confiance, pag. 115
4.11 Retourner au système préventif, pag. 119
4.12 Apprendre de l’expérience, pag. 123
4.13 Accompagnement spirituel holistique, pag. 124
4.14 Les évaluations trimestrielles comme aide à la croissance, pag. 125
4.15 Assumer la responsabilité personnelle de la formation, pag. 126
4.16 Apprendre que l’accompagnement continue tout au long de la vie, pag. 127
4.17 L’urgence de sélectionner et de préparer les guides spirituels, pag. 129

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TROISIEME PARTIE - CHOISIR, pag. 133
5. Chemin a parcourir, pag. 135
5.1 Suggestions émergentes, pag. 135
5.2 Stratégies, pag. 136
5.2.1 Clarifier la nature de l’accompagnement spirituel salésien, pag. 136
5.2.2 Renouvellement de l’animation vocationnelle et des aspirantats, pag. 136
5.2.3 Adopter le système préventif comme notre modèle de formation, pag. 138
5.2.4 Prendre soin de l’accompagnement de la communauté, pag. 140
5.2.5 Garantir la liberté dans l’accompagnement spirituel personnel, pag. 142
5.2.6 Renforcer la figure et le rôle du directeur, pag. 145
5.2.7 Préparation des formateurs et des guides spirituels, pag. 146
5.2.8 Faire en sorte que l’accompagnement spirituel devienne permanent, pag. 150
5.2.9 Contextualiser les stratégies, pag. 151
CONCLUSION, pag. 155
APPENDICE: QUESTIONS ET PISTES POUR LA REFLEXION, pag. 159
BIBLIOGRAPHIE CHOISIE, pag. 169

1.9 Page 9

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Commentaire
des images
En couverture, vue de Tel Morasti, patrie du prophète Michée
(Photo : communauté Ratisbonne).
Mi 6,8 : « Homme, on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur
réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appli-
quer à marcher avec ton Dieu. »
« Marcher » a été l’inspiration suivie pour les images qui accompagnent le
texte.
Le premier pas est fait par le Bon Pasteur ([2] Catacombes de Saint Calixte),
icône qui dit tout sur le parcours de la vocation et de la mission salésiennes,
centre focal de toutes les pages qui suivent.
Toujours en ouverture, nous trouvons la petite maison des Becchi et le Colle
Don Bosco. Pour conclure : le Valdocco et la Basilique N.D. Auxiliatrice. Sur ce
chemin de notre Père et de la Famille Salésienne qu’il a suscitée et qui conti-
nue de se développer dans le monde, se situent les trois parties du texte.
La première partie, RECONNAÎTRE, c’est là où l’on écoute attentivement tout
ce que dévoilent les étapes franchies par de nombreux jeunes en formation et
leurs accompagnateurs, ainsi qu’ils se sont exprimés dans la grande enquête
internationale où sont nées les orientations et directives contenues dans le texte.
Le cercle de pieds [22] et le saut d’une mare d’eau [42] renvoient à la marche
des premiers protagonistes de ce travail qui sont les jeunes eux-mêmes.
La seconde partie, INTERPRÉTER, trace la voie que l’on veut suivre ; c’est le
point où nous nous trouvons – ainsi que cela ressort de la recherche – qui nous
renvoie aux débuts du parcours, à l’inspiration qui provient de Don Bosco,
pour pouvoir ensuite regarder en avant et pressentir où nous devons diriger
nos pas avec un enthousiasme renouvelé.
La route est longue [64] mais on la parcourt volontiers car ce n’est pas un
chemin solitaire qui nous isole du reste du monde. Elle nous fait plutôt entrer
dans la vie des gens à qui nous sommes envoyés [78] avec, au-dedans de
nous, un cœur toujours plus semblable à celui de Don Bosco.
La troisième partie, CHOISIR, fait place aux suggestions qui ressortent
d’elles-mêmes de l’itinéraire suivi jusqu’ici. Ce sont plus des suggestions que
des normes, qui devront être interprétées et concrétisées au niveau des Ré-
gions, des Provinces et des Communautés.
L’image des jeunes qui expriment le besoin de recevoir et le désir de donner
de l’amour avec leurs mains [126] met en évidence la LIGNE DIRECTRICE qui
donne vie à tout le cheminement et à chacune de ses étapes.
« Aime et fais ce que tu veux » (St Augustin)

1.10 Page 10

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Abreviations
AL Amoris laetitia.
9
Alburquerque Eugenio Alburquerque Frutos, San Francesco di Sales come direttore spirituale Prassi pasto-
rale della direzione spirituale del vescovo di Ginevra, in: Attard- García 17-32.
Attard-García Fabio Attard e Miguel Angel García, L’accompagnamento spirituale. Itinerario pedagogico
spirituale in chiave salesiana al servizio dei giovani, Elledici, Torino 2014.
Bay Marco Bay, Giovani salesiani e accompagnamento. Risultati di una ricerca internazionale, LAS, Roma
2018.
Buccellato Giuseppe Buccellato, L’esperienza della direzione spirituale vissuta da Don Bosco negli anni del
Convitto ecclesiastico di Torino (1841-1844), in Attard-García 107-175.
C Constitutions de la Société de saint François de Sales (2015).
CV Christus vivit.
EG Evangelii gaudium.
CEP Communauté éducative et pastorale.
DF XVe Assemblée Générale Ordinaire du synode des Evêques 2018, Les jeunes, la foi et le discernement
vocationnel – Document final.
CdR La Pastorale Salésienne des Jeunes. Cadre de Référence (2014).
FSDB La Formation des Salésiens de Don Bosco. Principes et normes (IV édition italienne, 2016).
GE Gaudete et exsultate.
Giraudo Aldo Giraudo, Direzione spirituale in san Giovanni Bosco. Connotazioni peculiari della direzione
spirituale offerta da don Bosco ai giovani, in Attard-García 148-160. Direzione spirituale in san Giovanni Bo-
sco. Contenuti e percorsi dell’accompagnamento spirituale dei giovani nella prassi di don Bosco, in At-
tard-García 161-172.
Grech Louis Grech, Salesian Spiritual Companionship with Young People Today inspired by the Thought and
Praxis of St John Bosco. Horizons, Malta 2018.
IL XVe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques 2018, Les jeunes, la foi et le discernement
vocationnel: Instrumentum Laboris.
McDonnell Eunan McDonnell, La direzione spirituale in san Francesco di Sales – Linee fondamentali del
metodo spirituale e pedagogico nella prospettiva salesiana, Attard-García 69-103.
OEA Oeuvres de saint François de Sales. Annecy 1892-1932.
R Règlements généraux de la Société de Saint François de Sales.
Struś Józef Struś, La persona del direttore spirituale secondo san Francesco di Sales, in Attard-García 33-68.
VC Vita consecrata.
VN A vin nouveau outres neuves, CIVCSVA, Rome 2017.

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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2.2 Page 12

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Présentation
Chers confrères,
11
Je suis heureux de vous présenter Jeunes Salésiens et Ac-
compagnement: Orientations et directives, en le promulguant ad
experimentum pour une période de trois ans. Il ne s’agit pas
d’un supplément à la Ratio (La Formation des Salésiens de Don
Bosco) et, en cas de discordance, ce document a la prévalence
sur la Ratio.
Je suis particulièrement joyeux de pouvoir dire que ce docu-
ment est le fruit de la collaboration entre les dicastères de la For-
mation et de la Pastorale des jeunes de notre congrégation. L’ac-
compagnement spirituel, comme cela apparaît toujours plus
évident, est central tant pour la Pastorale des jeunes que pour la
Formation. A la demande du Recteur Majeur et de son Conseil,
les deux dicastères ont entamé une collaboration avantageuse
qui a comporté un exercice intense d’écoute des jeunes salésiens
et de leurs guides spirituels. Les deux dicastères ont suivi, en fait,
la méthode du discernement, qui a été utilisée dans les synodes
sur la famille et dans le synode récemment conclus sur Les jeunes,
la foi et le discernement vocationnel.
Même si le document actuel est le résultat de la collaboration
entre les deux dicastères, l’attention s’est focalisée sur l’accom-
pagnement des salésiens dans les processus de formation ini-
tiale. A l’intérieur de l’accompagnement, l’intérêt va surtout à la
relation d’accompagnement spirituel personnel. Toutefois, parce
que dans notre tradition et pratique il existe une relation très
étroite entre l’accompagnement personnel et celui de la commu-
nauté, le document met aussi en lumière l’accompagnement de la
communauté, le colloque personnel avec le directeur et d’autres
éléments du processus formatif.
En outre, ce qui a émergé avec une claire évidence à travers
cet exercice d’ “écoute” c’est que ce qui qui se passe dans la
Pastorale des jeunes influence la Formation et vice versa. S’il y

2.3 Page 13

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12
a un bon accompagnement et discernement vocationnel dans
notre Pastorale des jeunes, les vocations salésiennes qui en
sortent entreront bien préparées dans les processus de forma-
tion. Et s’il y a un bon accompagnement dans la formation, nous
pouvons espérer avoir des salésiens bien préparés pour la Pas-
torale des jeunes et pour l’accompagnement des jeunes. Notre
mission « donne à toute notre existence son allure concrète »
(C 3), et “l’identité de consacré apôtre, comme le fut don Bosco,
constitue le fil conducteur du processus de formation” (FSDB
41). Devenir des “compagnons de marche” pour les jeunes,
comme don Bosco l’a été à Valdocco, est au centre de notre
mission. C’est une des meilleurs façons de préparer les salé-
siens à embrasser cette mission et de leur offrir des expériences
valides d’accompagnement spirituel pendant leur formation ini-
tiale, à travers le service de confrères « capables de communi-
quer de façon vitale l’idéal salésien, aptes au dialogue et possé-
dant une expérience pastorale suffisante. » (C 104).
Le document s’adresse donc à tous ceux qui sont impliqués
de diverses manières dans les processus de formation initiale:
guides spirituels, formateurs et confesseurs; directeurs des
jeunes et confrères en formation initiale – y compris les stagiaires
– et les membres du Conseil local; les provinciaux et leurs
Conseils, les délégués provinciaux de la formation et leurs com-
missions respectives. Mais à la lumière de ce que j’ai dit plus
haut sur la connexion entre la Pastorale des jeunes et la Forma-
tion, il s’adresse aussi de quelque manière à tous les salésiens
impliqués dans la Pastorale des jeunes, et surtout à ceux qui
travaillent avec les aspirants à la vie salésienne. Ils sont tous
invités à lire ce document, en se laissant défier et provoquer par
lui, afin de trouver ensemble les modalités les plus profitables –
avec l’implication des jeunes salésiens eux-mêmes – pour pou-
voir adopter les orientations et mettre en pratique des directives
que le Recteur Majeur et son Conseil confient maintenant à toute
la Congrégation.

2.4 Page 14

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Au cœur du message que le document communique il y a l’in-
13
vitation faite aux formateurs et aux guides spirituels à être de
vrais et authentiques salésiens. En écrivant de la basilique du
Sacré Coeur, je ne peux pas ne pas vous demander de retourner
à la lettre de Rome de don Bosco et de faire du système préven-
tif notre modèle de formation. Don Bosco l’a dit d’une manière
très efficace: studia di farti amare! La croix de notre profession
perpétuelle est une invitation constante et un rappel de ce prin-
cipe central du système éducatif de Don Bosco.
L’approche du 400ème anniversaire de la mort de notre patron
Saint François de Sales est un autre appel à récupérer la centra-
lité du coeur dans notre charisme et dans notre système éduca-
tif et à redonner à l’accompagnement spirituel le poste proé-
minent qui lui revient tant dans la proposition pastorale de qui
s’inspire de Don Bosco, que dans les processus de formation de
ses salésiens.
Ángel Fernández Artime, SDB
Recteur Majeur
Sacré Coeur - Rome, 25 août 2019

2.5 Page 15

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2.6 Page 16

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Introduction
Dans les dernières années, les dicastères de la Pastorale des
15
jeunes et de la Formation des salésiens de Don Bosco ont été en-
gagés dans un processus d’étude approfondie de l’accompagne-
ment personnel salésien (APS). Par une heureuse coïncidence, le
récent synode des évêques sur Les jeunes, la foi et le discerne-
ment vocationnel a réfléchi sur comment accompagner les jeunes
dans le discernement de leur vocation. Nous nous trouvons donc
face à un thème vraiment important, qui regarde aussi bien la for-
mation que la pratique pastorale.
Cheminer avec les jeunes et les encourager à s’engager dans
un dialogue libre et responsable avec le Seigneur qui appelle, est
une tâche qui est au coeur de la vocation et de la mission salé-
sienne. Créer un climat de confiance et de familiarité, dans lequel
les jeunes se sentent aimés comme ils sont, fait partie du système
éducatif et de la spiritualité de don Bosco et constitue le cadre
d’interprétation de l’accompagnement spirituel salésien.
L’accompagnement spirituel, tant communautaire que person-
nel, est une partie également importante des processus de for-
mation initiale et, indubitablement, aussi de la formation perma-
nente. En fait il existe une interaction intrinsèque et continuelle
entre l’accompagnement offert dans les milieux de notre Pastorale
des jeunes et celui offert et expérimenté au long des processus
de formation. L’accompagnement vécu durant les processus de
la formation initiale sera d’autant plus facilité et potentiellement
fructueux que l’accompagnement des jeunes dans leur contexte
de vie aura été meilleur et il est d’autant plus probable que les
salésiens deviennent de bons guides spirituels pour les jeunes et
pour les laïcs qui partagent notre mission.
Déjà avant le CG27, l’accompagnement salésien était au centre
de l’attention du dicastère de la Pastorale des jeunes et du dicas-
tère de la Formation, chacun selon la perspective qui est la sienne,
avec l’objectif de promouvoir une redécouverte et une revalorisa-
tion de cette partie tellement typique de la mission salésienne. Le

2.7 Page 17

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16
dicastère de la Pastorale des jeunes a organisé trois séminaires
sur le thème de l’accompagnement spirituel des jeunes1, tandis
que le dicastère de la Formation s’engageait dans un processus
de consultation qui devait conduire à un supplément de notre Ra-
tio sur le thème de “l’accompagnement personnel salésien” – qui,
bien qu’il se distingue de l’accompagnement de la communau-
té, devait inclure diverses formes d’accompagnement comme le
colloque avec le directeur, l’accompagnement spirituel person-
nel (« direction spirituelle »), le sacrement de la Réconciliation,
l’accompagnement psychologique, les évaluations périodiques
(« scrutins » et l’accompagnement intellectuel, liturgique et pastoral.
Au mois de juin 2015, une ébauche de ce supplément – avec le
titre Critères et normes pour l’accompagnement personnel salé-
sien – a été présentée au Recteur Majeur et à son Conseil, mais
elle n’a pas été promulguée. Don Ángel Fernández Artime, a plu-
tôt invité les deux dicastères de la Formation et de la Pastorale
des jeunes à collaborer dans un nouveau processus d’écoute
plus attentive de tous ceux qui sont impliqués dans l’accompa-
gnement spirituel salésien avant de procéder à l’interprétation et
à des indications sur le chemin à parcourir. L’objectif était toujours
celui d’offrir des lignes directrices sur le thème de l’accompagne-
ment personnel salésien pour les itinéraires de formation.
Les deux dicastères ont fait un choix précis du domaine: d’une
part de s’en tenir à une compréhension ample de l’”accompa-
gnement personnel salésien”, comme elle avait été déjà définie
initialement par le dicastère de la Formation dans le travail fait
précédemment, mais en se concentrant, d’autre part, de manière
particulière sur « l’accompagnement spirituel personnel » ou le
rapport de « direction spirituelle personnelle » dans les processus
de formation initiale. A partir du moment où l’accompagnement
1 Cfr. L’accompagnamento spirituale. Itinerario pedagogico spirituale in chiave salesia-
na al servizio dei giovani, a cura di Fabio Attard e Miguel Angel García, Elledici, Torino
2014.

2.8 Page 18

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spirituel personnel est toujours fait dans le contexte de la commu-
17
nauté, l’étude finale jette aussi une lumière sur d’autres éléments,
comme le colloque avec le directeur, le sacrement de la Réconci-
liation, et le rôle de la communauté qui accompagne le chemin de
croissance de chacun de ses membres. La délimitation du champ
d’observation aux processus de formation initiale, signifiait que
l’on ne se serait pas intéressé à l’accompagnement spirituel dans
le contexte ample de la Pastorale des jeunes, ou à ce niveau d’ac-
compagnement à l’intérieur de la formation permanente (dans le
sens de post-initiale). Toutefois, comme nous verrons, d’impor-
tantes implications ont émergé de l’étude, qui regardent ces aires
de notre vie et de notre ministère.
Méthode
Dans notre étude, nous avons suivi la méthode de discerne-
ment spirituel – reconnaître, interpréter, choisir – qui n’est plus
optionnelle aujourd’hui, mais doit devenir l’habitus de chaque
communauté chrétienne. Il est important d’ajouter que l’écoute
et le reconnaître, qui font partie du discernement des situations
dans lesquelles nous vivons, ne sont pas non sono qui recon-
ductibles à une analyse de type purement sociologique. Les don-
nées que l’on recueille de la réalité ne sont jamais un matériau
neutre, comme s’il s’agissait d’un échantillon de laboratoire. Nous
sommes toujours préventivement immergés dans la grâce, tou-
jours à l’œuvre dans notre existence quotidienne. Nous vivons
dans un monde qui a été racheté, dans lequel l’Esprit, comme le
Pape François nous le rappelle, a été donné à tous les baptisés. 2
Par conséquent le discernement signifie écouter ce que l’Esprit
nous dit, dans notre cas à travers le grand don que sont les 4000
candidats et jeunes en formation, avec leurs guides spirituels, qui
se sont exprimés dans la recherche sur l’accompagnement. Les
2 François, Constitution apostolique Episcopalis communio sur le Synode des évêques
(15 Septembre 2008) 5.

2.9 Page 19

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18
jeunes, comme l’a affirmé le synode de 2018, sont un lieu théo-
logique “où le Seigneur nous fait connaître certaines de ses at-
tentes et de ses défis pour bâtir demain” (DF 64).
Utilisation
Ce texte entend fournir des orientations et des directives sur
l’accompagnement personnel salésien dans les processus de
formation initiale, avec une attention particulière à l’accompagne-
ment spirituel personnel. Inévitablement, les orientations et les
directives toucheront aussi l’”avant” et l’”après” : l’”avant” parce
que la qualité de la Pastorale des jeunes et de l’animation voca-
tionnelle influence directement la formation initiale; et l’”après”,
parce que l’accompagnement tant communautaire que person-
nel, est compris comme partie intégrante de la formation com-
prise comme permanente, en plus d’être un service précieux que
nous sommes appelés à offrir aux jeunes et à ceux qui parmi les
laïcs qui partagent notre mission.
Le texte s’adresse principalement à ceux qui sont impliqués de
différentes façons dans les processus de la formation initiale :
directeurs, formateurs, confesseurs et guides spirituels, délégués
provinciaux de la formation et leurs commissions respectives,
provinciaux et leurs conseils. Il s’agit d’un texte de la Congré-
gation auquel les jeunes en formation doivent évidemment avoir
accès, pas seulement pour la lecture et la réflexion personnelle.
On peut avoir des moments de partage et de vérification commu-
nautaire ou de groupe entre formateurs et jeunes en formation,
en s’inspirant des différents thèmes présents dans ce document.
En plus de fournir des orientations et des directives, le texte
est à utiliser, avec le livre de Marco Bay, Giovani salesiani e ac-
compagnamento, pour l’animation au niveau mondial, régional et
provincial..

2.10 Page 20

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Remerciements
19
Nous ne pouvons terminer sans remercier les nombreuses per-
sonnes qui ont fait partie de ce processus d’étude de l’accompa-
gnement personnel salésien.
Ceux qui se sont engagés et ont contribué à la rédaction de
Critères et normes pour l’accompagnement personnel salésien:
Francesco Cereda, alors conseiller général pour la formation,
Chrys Saldanha, et tous les coordinateurs régionaux de formation
et les délégués provinciaux et leurs commissions respectives.
Les membres du dicastère de la Pastorale des Jeunes: Miguel
Ángel García, Patrick Antonyraj, Daniel García, Tarcízio Morais.
Les membres du dicastère pour la Formation: Raymond Callo,
Salvador Cleofas Murguía Villalobos (actuel évêque de Mixes –
Messico), Silvio Roggia et Francisco Santos Montero.
Les confrères qui ont participé aux séminaires de 2016 et
2017: Javier Altamirano, Patrick Anthonyraj, Simon Asira, Luca
Barone, Raymond Callo, Daniel Costa, Francesco de Ruvo, Sal-
vador Delgadillo, Guido Errico, Robert Falzon, Enrique Franco,
Daniel García, Sahaya Gnanaselvam, Louis Grech, Zenon Klaw-
ikowski, Jose Kuttianimattathil, Erino Leoni, Francesco Marcoc-
cio, Francesco Santos Montero, Assis Moser, Salvador Cleofas
Murguía Villalobos, Johny Nedungatt, Luis Onrubia, Alphonse
Owoudou, Loddy Pires, Shaji Puykunnel, Giuseppe Roggia, Silvio
Roggia, Roque Sibioni, Juan Carlos Solis, Luis Timossi, Gerald
Umoh, Maurizio Verlezza, Roneldo Vilbar, Carlo Maria Zanotti.

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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20
Ceux qui se sont engagés dans la préparation et le traitement
du questionnaire. 3
Les candidats et confrères – ceux en formation initiale et ceux
qui offrent le service de guide spirituel – qui ont participé à ce
sondage.
Le grand nombre de confrères et de jeunes qui ont consacré
leur temps comme volontaires à la tabulation des données. 4
Le groupe de rédaction qui a travaillé à l’élaboration de ces
Orientations et directives : Miguel Ángel García, Koldo Gutierrez,
Louis Grech, Cleofas Murguía Villalobos, Silvio Roggia, Francisco
Santos Montero e Michal Vojtaš.
Les traducteurs : Zdzisław Brzęk, Placide Carava, Zenon Klawi-
kowski, Luis Onrubia, Jean-Luc Vande Kerkhove, José Antenor
Velho.
Enfin, un remerciement particulier à Marco Bay et Silvio Roggia,
pour la passion et la compétence avec lesquelles ils se sont ac-
quittés de ce travail : sans eux il eut été impossible..
Ivo Coelho, SDB
Conseiller général pour la formation
Fabio Attard, SDB
Conseiller général pour la Pastorale des Jeunes
Sacré Coeur – Rome, 25 juillet 2019
3 Les noms sont énumérés en Bay 18.
4 La liste des noms se trouve en Bay 18-19.

3.2 Page 22

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3.3 Page 23

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3.4 Page 24

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Premiere partie
23
Reconnaître

3.5 Page 25

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24

3.6 Page 26

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1. L’etude
de l’accompagnement
personnel Salesien
1.1 LE PROCESSUS
25
1. Le parcours qui a conduit à cette étude a déjà été décrit dans
l’introduction. Nous nous limitons ici à décrire le processus qui
a conduit aux Orientations et directives pour l’accompagnement
spirituel salésien.
Le premier pas dans la collaboration entre les dicastères de la
Pastorale des Jeunes et de la Formation a été de convoquer un
séminaire international à Rome, du 22 au 24 avril 2016, avec des
représentants des secteurs de la pastorale des jeunes et de la
formation des sept régions dans lesquelles la congrégation est
subdivisée. 1 Un des fruits immédiats de ce séminaire a été un
clair itinéraire pour les mois suivants : être à l’écoute du groupe
le plus nombreux et le plus important des acteurs dans le pro-
cessus d’accompagnement personnel salésien, c’est-à-dire les
jeunes salésiens eux-mêmes. Ce groupe a été défini comme l’en-
semble de ceux qui sont occupés de vivre les différentes étapes
de la formation initiale – ceux qui se préparent à la vie salésienne
dans le pré-noviciat, les novices, les post-novices, les stagiaires,
les deux groupes en formation spécifique (aspirants au sacerdoce
et salésiens laïcs). Un questionnaire « ad hoc » a été préparé pour
les confrères dans les cinq premières années après l’ordination
sacerdotale ou la profession perpétuelle (le quinquennium).
2. Sous la conduite de Marco Bay, salésien laïc, directeur du
Centre de Recherches et d’élaboration des données inter-facul-
taire de l’Université Pontificale Salésienne (U.P.S.), et de Silvio
Roggia du dicastère de la Formation, sept questionnaires ont été
préparés, un pour chacune des phases ci-dessus mentionnées,
et un huitième pour ceux qui offrent le service d’accompagne-
ment et de guide spirituel. Les questionnaires, avec une moyenne
1 Voici les sept régions définies par le CG27: Afrique et Madagascar, Amérique Cône
Sud, Amérique Interamérique, Asie Est et Océanie, Asie Sud, Europe Centre Nord et
Méditerranée.

3.7 Page 27

▲back to top
de 15 pages chacun, tournaient autour de 12 thèmes clés qui
avaient émergé lors du séminaire d’avril 2016. Après une première
administration à l’essai et une révision successive, les huit ques-
tionnaires ont été traduits dans les six langues les plus utilisées
dans la congrégation: anglais, français, espagnol, portugais, po-
lonais et italien.
Une première perspective était l’administration online des ques-
tionnaires. Mais celle-ci a vte été abandonnée pour deux motifs.
Avant tout, l’approche réflexive et pondérée requise par les nom-
26
breuses demandes ouvertes dans les questionnaires est proba-
blement mieux favorisée par le papier que par le clavier et la
souris. La seconde raison a été la géographie de la formation
initiale dans la congrégation: où se trouve le plus grand nombre
d’aspirants et de confrères en formation, la cassure digitale est
encore très marquée, et les possibilités de connexion internet ne
sont pas encore telles qu’elles puissent garantir une approche
calme et sans précipitation pour les questionnaires qui requièrent
chacun entre 30 et 60 minutes pour la compilation.
3. La lecture de certaines demandes, en particulier celles qui
sont transversales et simultanément présentes dans les diffé-
rentes phases aide à percevoir la nature de la recherche.
Quels sont les points forts, qualifiants et positifs qui t’aident
à croître dans ton cheminement vocationnel salésien? Com-
ment évalues-tu tes convictions sur les itinéraires de crois-
sance dans la vie spirituelle ? Qu’est-ce qui t’a aidé le plus
à atteindre les objectifs spécifiques de chaque étape de la
formation vers la vie salésienne? Comment considères-tu ton
expérience d’accompagnement spirituel personnel ? Peux-tu
décrire l’accompagnement spirituel personnel?
Qu’est-ce que tu apprécies le plus ou le moins chez certains
confrères coresponsables de ta formation initiale? Quel rôle
est indispensable de la part de celui qui coordonne, anime,
guide et gouverne la communauté religieuse? Si le sacrement
de la Réconciliation est un grand don pour la croissance spiri-
tuelle peux-tu essayer d’exprimer ce que tu vis et tu penses et
de quelle façon le sacrement t’aide?
Si tu jettes un regard d’ensemble au cheminement fait jusqu’ici,
en considérant les aides que tu as reçues de celui qui t’a ac-
compagné: exprime ce que tu as découvert de nouveau et
d’important sur toi-même, sur tes dons et tes limites; raconte
brièvement les éléments les plus importants de ta vie passée,
en positif et en négatif, qui font partie de ce cheminement de

3.8 Page 28

▲back to top
découverte de toi-même ; indique comme images ton chemi-
nement vocationnel en fixant ton regard sur le futur.
Jusqu’ici as-tu pu vivre une expérience positive de commu-
nauté avec des compagnons de chemin et d’autres salésiens
avec lesquels tu as pu te confronter dans les relations? Dans le
milieu salésien, dans la maison où tu as vécu, qu’est-ce qui t’a
le plus aidé à grandir? Peux-tu essayer d’exprimer, dans ton
expérience personnelle d’accompagnement spirituel person-
nalisé vécue dans le milieu salésien, ce qui a créé un malaise
ou une difficulté? Ce qui s’est bien passé et ce qui pouvait aller
mieux de ton côté et du côté de l’accompagnateur?
27
Pour les jeunes qui te suivront pour devenir salésiens, que
suggérerais-tu de changer pour rendre l’accompagnement
spirituel plus utile? (Bay 9)
4. Durant les premiers mois de 2017, les questionnaires ont
été envoyés à toutes les provinces sur la base du nombre de
copies pour chacune des phases indiqué par les délégués pro-
vinciaux de la formation. La participation est allée au-delà des
prévisions les plus optimistes, comme on peut le voir dans le
tableau 02 qui indique le nombre de questionnaires remplis qui
sont parvenus sous pli fermé au Centre inter-facultaire de Re-
cherche et d’Elaboration des données de l’U.P.S. (Bay 28). On
note, en particulier, le pourcentage de réponses par rapport au
nombre de candidats/confrères dans chaque phase de la forma-
tion initiale, sur la base des données fournies par le siège central
de Rome (Décembre 2017).
Pré-novices
Novices
Post-novices
Stagiaires
Spécial théologie
Spécial coadjuteurs
Prêtres du quinquennium
Accompagnateurs spirituels
Total
Cadences des questionnaires
remis et disponibles
455
399
903
554
701
54
369
538
4.000
Pourcentages selon les
nouvelles brèves provinciales
87
92
93
78
87
79
41
-
-
Tableau 02. Sujets distincts pour les étapes de formation et les guides
Même dans les phases pendant lesquelles le pourcentage d’in-
terviewés est relativement bas, comme le stage et le quinquen-

3.9 Page 29

▲back to top
nium, on a enregistré une forte participation. Il s’agit en fait de
confrères qui ne vivent pas ensemble dans des maisons de for-
mation et qui, toutefois, ont choisi de répondre séparément.
5. L’intérêt pour ce type de recherche et la volonté de participer
émerge aussi du service généreux de plus de 220 confrères de
toutes les régions qui se sont offerts comme volontaires pour la
tabulation des données. Entre juin et août 2017, les réponses de
plus de 4000 questionnaires parvenus en version papier et scan-
nés ont été compilées et insérées dans le serveur. Si nous te-
28
nons compte du fait que pour ce travail une moyenne de 20 à 40
minutes est nécessaire pour chaque questionnaire, suivant l’am-
pleur des réponses ouvertes qu’il contient, on peut se faire une
idée du nombre d’heures de service qui ont été volontairement
données, en plus par des postnovices et des étudiants en théo-
logie, Tout le travail de compilation a été fait par voie numérique.
6. A la fin de septembre 2017 à Genzano de Rome s’est tenu
un deuxième séminaire international pour étudier ces données.
La plus grande partie des participants avait déjà pris part au pre-
mier séminaire en 2016. On a fait le choix de ne pas entrer à ce
moment dans l’interprétation des données, mais plutôt d’affiner
la capacité d’écoute, pour percevoir avant tout la richesse des
messages offerts par ce grand chœur de voies, qui représentent
24.18% du nombre total des membres de la congrégation (no-
vices inclus).
Pour garantir l’anonymat, que le questionnaire exige par sa na-
ture, il a été demandé aux interviewés de ne pas indiquer le nom,
la communauté et la province. A travers un catalogage attentif
des réponses, sur la base du lieu à partir duquel elles ont été en-
voyées (référence postale), il a été possible de classer les contri-
butions par région d’origine. Cette identification sur base régio-
nale constitue une importante valeur ajoutée pour la recherche,
en rendant possible la confrontation non seulement par phases et
groupes linguistiques, mais aussi par régions.
7. Avec le tableau des pourcentages et les graphiques fruits
des indications exprimées à travers les réponses fermées, et les
abondantes réponses ouvertes en différentes langues, le premier
rapport de récolte et d’organisation des données a dépassé les
5000 pages. Ce fut le grand mérite de Marco Bay d’avoir ulté-
rieurement compacté les données et d’avoir rendu accessible
cette masse de données dans les 584 pages du volume Giovani
salesiani e accompagnamento. Risultati di una ricerca internazio-
nale (LAS, Roma 2018). Qu’on garde présent à l’esprit que ce

3.10 Page 30

▲back to top
volume n’entend pas être une interprétation, mais une première
synthèse des données reçues, facile à explorer.
1.2 ELÉMENTS MACROSCOPIQUES
CONCERNANT LES INTERVIEWÉS
8. Dans l’introduction à Giovani salesiani e accompagnamen-
to, Bay observe que certains “éléments macroscopiques” émer-
gent directement des données (Bay 12). Ceux-ci nous donnent
une idée de la variété des situations et contextes dont proviennent
ceux qui ont répondu, et en même temps offrent une image réa-
29
liste de la congrégation salésienne, quant à sa distribution géogra-
phique et linguistique, en indiquant la richesse et la complexité.
Nous reportons ces éléments en détail, avec quelques tableaux
explicatifs du premier chapitre du livre (Bay 12-17, 30-36)
9. Toutefois il est bon de percevoir d’abord avec clarté la consis-
tance numérique de ceux qui ont répondu selon les phases.
Pré-novices
Novices + SDB
en formation initiale
Guides spirituels
Total (novices +
profès)
Total (31.12.2017)
521
3827
14.660
Réponses
455
3007
538
4000
Réponses % total SDB
20.51
27.29
On note que les novices et les profès en formation (le quinquen-
nium inclus) qui ont répondu forment les 20,51% du nombre to-
tal des membres de la congrégation au 31 décembre 2017 (no-
vices inclus). Les novices, les profès en formation et les guides
spirituels qui ont répondu forment les 24,18% du nombre total
des membres de la congrégation au 31 décembre 2017 (novices
inclus).
1.2.1 Salésiens qui ont émis la première
profession religieuse
10. Au 50e anniversaire du Concile Vatican II et après 15 ans
de cheminement dans le nouveau millénaire, la congrégation sa-
lésienne montre une diminution du nombre des néo-profès (cfr. fi-
gures 01a, 01b e 01c). Toutefois, ces données doivent être lues en
concomitance avec la réduction significative du nombre de ceux

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

▲back to top
30
Fig. 01a. Confrères néo-profès entre 1996 et 2016
Fig. 01b. Confrères néo-profès, sdb laïcs et aspirants au sacerdoce, dans la
période 1996-2016

4.2 Page 32

▲back to top
31
Fig. 01c. Confrères à voeux temporaires qui ont abandonné la congrégation
(1996-2016)
Fig. 01d. Nombre de membres d’instituts religieux et de sociétés de vie
apostolique et différence (1965-2015)

4.3 Page 33

▲back to top
qui abandonnent le noviciat avant la première profession: tandis
qu’il y a une baisse du nombre des novices, il y a en même temps
un taux plus élevé de ceux qui émettent la première profession.
Depuis 2011 il y a une tendance à la baisse aussi dans le taux des
abandons parmi ceux qui ont des voeux temporaires. La congré-
gation a donc un remplacement générationnel effectif et consis-
tant, qui indique sa vitalité et son grand potentiel, même si elle ne
semble pas à même d’assurer la même présence et consistance
sur tous les fronts éducatifs et pastoraux. Les centaines de nou-
veaux membres qui embrassent la vie salésienne permettent à
32
la congrégation d’affronter les défis éducatifs-pastoraux et vo-
cationnels de manière solide, mais il est clair qu’à partir de leur
témoignage ces nouvelles générations de Salésiens requièrent
attention, soutien et stimulus de différente nature en réponse aux
défis d’aujourd’hui et aux nouveaux contextes de jeunes.
Figure 02. Distribution démographique des interviewés selon les provinces
Les cercles en rouge indiquent les aires de plus grande concen-
tration de ceux qui ont répondu (Bay 15).
1.2.2 Distribution démographique
11. Quasi un tiers des jeunes interviewés se trouvent en Inde
(1235-30,9%); suivent l’Italie (292 – 7. 3% – où sont toutefois pré-
sents de nombreux novices et confrères étudiants d’autres na-
tions et régions –, le Brésil (205 – 5,1%), les Philippines (156 – 3,9

4.4 Page 34

▲back to top
%), et la République démocratique du Congo (145 – 3,6%). Ceux-ci sont suivis
par le Kenya (144 – 3,6%), avec des salésiens provenant de différents pays et
provinces, la Pologne (130 – 3,3%), la Colombie (115 – 2,9% avec des salésiens
provenant de divers pays et provinces), le Timor Est (98 – 2,5%) et ainsi de suite
(cfr. Bay, chapitre 1, tableau 04).2
Qu’est-ce que cela signifie en termes de ressources humaines pour la Société
salésienne dans les prochaines vingt années?
Valable
Manquant
Total
RASS
RAFM
RASE
RAMI
RAMS
RMED
RECN
UPS
Total
non relevé
Cadence des
pourcentages
Pourcentage
Pourcentage
valable
Pourcentage
cumulatif
33
1274
31,9
32,0
32,0
836
20,9
21,0
53,0
480
12,0
12,1
65,1
402
10,1
10,1
75,2
336
8,4
8,4
83,6
336
8,4
8,4
92,0
266
6,7
6,7
98,7
51
1,3
1,3
100,0
3981
99,5
100,0
19
0,5
4000
100,0
Tableau 04. Interviewés suivant les régions salésiennes (fréquences et pourcentages)
Abréviations: RASE Asie Est Océanie; RASS Asie Sud; RAFM Afrique Madagascar; RECN Eu-
rope Centre-Nord; RMED Méditerranée; RAMI Inter-Amérique; RAMS Amérique Cône Sud; UPS
Quasi-province Roma.
Fig. 01. L’échantillon suivant les régions et les phases de formation
2 Nous devons tenir compte du fait que l’Italie, les Philippines, le Kénya et la Colombie ont des pourcentages
relativement élevés à cause des grandes communautés interprovinciales présentes dans ces pays.

4.5 Page 35

▲back to top
1.2.3 Langues
12. Plus de la moitié des interviewés (53%) fait usage de la langue
anglaise. Ils représentent des contextes géographiques, sociaux,
religieux et culturels très divers (Inde, Philippines, Kenya, Nigéria,
Tanzanie, Ethiopie, Malawi, Ghana, Vietnam, Australie, Sri Lanka,
Zambie, Etats Unis d’Amérique, Indonésie, Israël, Corée, Rwanda,
Grande Bretagne, Irlande, Thaïlande, Chine, Autriche, Malte, Myan-
mar, Papouasie Nouvelle Guinée, Slovaquie, Afrique du Sud, Timor
Est, Japon, Croatie, Allemagne ...). 10% utilise l’italien.
34
Plusieurs questions surgissent. Quelles nuances ou différences
en formation sont requises avec des panoramas anthropolo-
giques et culturels de cette nature et de cette portée ? Quels sont
les implications pour consolider l’identité salésienne et l’appar-
tenance à la congrégation ? Etant donné que la formation doit
tenir compte à la fois de la tradition et de l’innovation, comment
garantir l’accès aux sources historiques (étude critique de don
Bosco et de la congrégation) ?
Langue
EN Anglais
ES Espagnol
FR Français
PT Portugais
IT Italien
PL Polonais
TOTAL
Cadence
2101
521
468
394
388
128
4.000
Pourcentage
52,5
13,0
11,7
9,9
9,7
3,2
100,0
Pourcentage
valable
52,5
13,0
11,7
9,9
9,7
3,2
100,0
Pourcentage
cumulatif
52,5
65,6
77,3
87,1
96,8
100,0
Tableau 07. Ceux qui ont répondu sur la base de la langue de rédaction du
questionnaire (fréquences et pourcentages)
NB: Les réponses en polonais ont été traduites en italien. Comme
nous y avons fait déjà allusion ci-dessus, nous devons tenir
compte du fait qu’un bon nombre de réponses en italien ont été
faites par des novices et des confrères dans les différentes phases
d formation initiale ou d’étude en Italie.

4.6 Page 36

▲back to top
35
Fig. 2. Ceux qui ont répondu sur la base de la langue de rédaction du
questionnaire (pourcentages)
Fig. 03. Interviewés sur la base de la phase de formation (pourcentages)
(Bay 36)

4.7 Page 37

▲back to top
1.2.4 Âge
13. Si nous excluons les guides spirituels, nous nous trouvons
face à des personnes qui ont répondu dans une tranche d’âge
entre 20 et 30 ans, principalement en Afrique-Madagascar, en
Asie et en Océanie (cfr. Fig. 03). La base de données du siège
central indique que les Salésiens et les novices en dessous des 35
ans étaient 3.355; ceux représentés dans la recherche sont 2.726,
c’est-à-dire 81 % du nombre global. Ces chiffres, par rapport aux
2.751 salésiens de plus de 75 ans pendant la même période, sont
36
plutôt réconfortants parce que indice d’un bon changement géné-
rationnel. Mais si nous allons au niveau régional, comme indiqué
dans le graphique (fig. 3°), on note des déséquilibres significatifs,
Phase de formation
Prénoviciat
Noviciat
Postnoviciat
Stage pratique
Spécial théologie
Spécial coadjuteurs
Prêtres du quinquennium
Accompagnateurs spirituels

4.8 Page 38

▲back to top
37
D’une analyse de l’échantillon de ceux qui ont répondu (4000).
à partir de l’État Civil de l’ensemble de la population sdb
Classes d’âge
Fig. 3a. Groupes d’âge de ceux qui ont répondu par région d’origine. * Novices inclus; ** pré-no-
vices inclus. De la base centrale de données (nombre total de Salésiens = 14.758 au 31 décembre
2017)

4.9 Page 39

▲back to top
14. Investir dans les segments générationnels plus jeunes est d’une
importance fondamentale pour le présent et le futur de la congréga-
tion, comme voie royale pour la fidélité et la fécondité vocationnelle.
En outre, on peut voir que les guides spirituels (cfr. Figure 04)
sont de divers âges, avec une autre concentration dans le seg-
ment entre 40 et 50 ans. 27,4 % d’entre eux opère dans la région
de l’Asie méridionale et 16,9 % dans l’Afrique-Madagascar. Envi-
ron la moitié (48,3 %) a répondu en anglais. Il existe un autre seg-
ment générationnel significatif : les plus de 70 ans, un peu moins
38
d’une centaine, dont plus d’un quart se trouve en Amérique, un
cinquième dans la région de l’Asie méridionale et un autre cin-
quième en Afrique. Il s’agit d’un groupe important de personnes,
actives et appréciées pour leur expérience, fiabilité et sagesse.
Fig. 4. Guides spirituels sur la base de la tranche d’âge
1.3 LE DOCUMENT PRÉSENT
15. Nous avons déjà dit que le livre de Bay n’entend pas inter-
préter les données mais offrir une première synthèse.
Le travail d’interprétation a été réalisa par les dicastères e la For-
mation et de la Pastorale des jeunes, avec l’aide d’un groupe compé-
tent de salésiens. Rien n’empêche que des experts se consacrent à
une étude approfondie des données de la recherche, qu’ils étudient,

4.10 Page 40

▲back to top
par exemple le rapport entre interculturalité et accompagnement, ou
en interprétant les données dans une perspective psychologique, ou
en faisant l’analyse textuelle des termes qui recourent le plus dans
les phases spécifiques, comme le stage ou le quinquennium…
Le groupe d’experts effectuera des études approfondies des don-
nées, en ouvrant la voie à des études ultérieures, en reprenant des
thèmes comme inter-culturalité et accompagnement, interprétation
de ce qui émerge de la recherche d’un point de vue psychologique,
analyses textuelles des éléments récurrents dans quelques phases
spécifiques comme le stage et le quinquennium, etc.
39
16. L’interprétation des dicastères de la Formation et de la Pasto-
rale des jeunes est au contraire exprimée dans le document présent
Accompagnement personnel salésien : Orientations et directives.
Ce deuxième effort interprétatif comporte à sa manière un mou-
vement de retour aux groupes impliqués dans la recherche : qui se
trouve en formation initiale, qui accompagne comme guide, les délé-
gués provinciaux pour la formation et leurs commissions respectives.
Pour mieux comprendre ce travail interprétatif nous empruntons une
image à la trigonométrie: la triangulation. La synergie des trois points
prospectifs consent de mieux comprendre la réalité en examen.
• La première perspective est celle des données émergentes
de la recherche, qui a été un recensement plutôt qu’en recherche
sur base d’un échantillon, vu le nombre élevé des interviewés
dans chaque phase.
• Une deuxième perspective est celle de l’expérience ‘de pre-
mière main’ des réalités locales. Le niveau local revêt une impor-
tance particulière pour saisir les particularités qui émergent dans
chaque région et pour chercher à comprendre les différences entre
les diverses aires de la congrégation. Les moments privilégiés de
ce travail sont les rencontres annuelles des commissions régio-
nales de formation, les rencontres périodiques des commissions
provinciales de formation, tout comme les rencontres de forma-
teurs des phases particulières, comme celles qui ont eu lieu pour
les directeurs et les présidents des post-noviciats en 2018-2019.
• La troisième perspective vient de la précompréhension de l’ac-
compagnement personnel salésien qu’ont tous les salésiens. Cette
précompréhension pourrait être comprise comme un préjudice res-
trictif; mais il est évident qu’il n’y a pas de manière de s’ « échapper »
de notre précompréhension. L’unique façon est d’en être conscients
et de s’engager dans un processus continuel d’enrichissement, de

5 Pages 41-50

▲back to top

5.1 Page 41

▲back to top
changement et de purification, en valorisant le mieux possible les
nouvelles données dont nous venons de prendre connaissance
–c’est ce que nous avons décrit en utilisant l’image de la triangulation.
17. Données, expériences de première main et précompréhen-
sion salésienne se rencontrent dans la méthode de discernement
qui a structuré l’étude et qui donne aussi une structure au présent
document en ses trois parties :
1. Reconnaître: cette première partie fournit un compte-rendu
40
du processus d’écoute (l’étude sur l’accompagnement personnel
salésien), et poursuit ensuite en indiquant les thèmes émergents
de la recherche, en les organisant autour de quatre points : ce
qu’est l’accompagnement spirituel personnel; qui est impliqué en
lui; comment il se déroule ; quelques médiations.
2. Interpréter: la deuxième partie peut être vue comme le fruit de
la triangulation dont on a parlé ci-dessus; interpréter les données
en syntonie avec l’expérience de première main des réalités de
la formation et au niveau régional et provincial, sur la base de la
précompréhension salésienne illuminée par le magistère récent
de l’Eglise et du charisme et de la tradition salésienne.
3. Choisir: la troisième partie définit des stratégies et des lignes
d’action suggérées par l’interprétation des données. Les orienta-
tions qui sont offertes servent de stimulus pour la réflexion, la dis-
cussion et le renouvellement, avec l’objectif de rendre l’accompa-
gnement personnel salésien un élément encore plus fécond dans
le cheminement de la fidélité vocationnelle.
18. Tout ceci peut sembler trop ambitieux, et il le serait cer-
tainement, s’il s’agissait seulement d’un texte imprimé. Mais en
réalité ce document est seulement un pas à l’intérieur d’un che-
minement plus long, qui a impliqué des milliers de personnes,
presque un tiers de la congrégation.
Le processus d’implication est déjà une partie du changement –
qui a donc déjà commencé. Notre ferme espérance est que ce pro-
cessus continue, en associant chaque circonscription, communau-
té et confrère. En réalité, il ne s’agit pas d’ajouter encore quelque
chose en plus à nos tâches de travail déjà pesantes. Il s’agit de
redécouvrir la richesse et la beauté d’un trésor qui nous appar-
tient déjà par vocation, un don charismatique qui peut nous rendre
plus fidèles à don Bosco et aux jeunes de notre temps, à partir de
ceux qui se sentent appelés à partager notre vie, mais sans exclure
ceux à qui nous sommes envoyés. Parce que, comme il apparaî-

5.2 Page 42

▲back to top
tra ensuite, il y a une corrélation la plus étroite entre formation et
mission, entre la qualité de l’accompagnement spirituel dans les
processus de formation initiale et la qualité et la place de tel ac-
compagnement dans la Pastorale des jeunes et dans l’animation
et la formation des laics qui partagent la mission salésienne.
19. La recherche fournit aussi des données importantes sur la
diversité entre les régions, qui peuvent être confrontées tant avec
les résultats globaux qu’avec ceux particuliers à chaque région.
Toutefois, le présent document ne peut entrer dans l’analyse de
ces variations, alors qu’il s’agit d’une approche plus consonante
41
au niveau régional, en particulier pour les centres régionaux de
formation permanente, les commissions régionales de formation
et les communautés de formation interprovinciales.
20. L’article 119 de nos Constitutions – le dernier de la troi-
sième partie consacrée à la formation et donc la clé qui résume
l’entière troisième partie – offre une bonne exégèse du fruit de
l’accompagnement personnel salésien: formation permanente
comme attitude permanente et mentalité. Lu avec l’article R
99, il indique aussi que l’accompagnement spirituel n’est pas
quelque chose de réservé aux années de formation initiale, tout
comme la formation n’est pas quelque chose qui “finit” avec la
dernière phase de la formation initiale.
Art. 119 La formation permanente comme attitude per-
sonnelle
Vivant au milieu des jeunes et en rapport constant avec les
milieux populaires, le salésien s’efforce de discerner dans les
événements la voix de l’Esprit, acquérant ainsi la capacité
d’apprendre à partir de la vie. Il attribue un rôle formateur à
ses activités habituelles et tire également profit des moyens
de formation qui lui sont offerts.
Dans la période de sa pleine activité, il trouve l’occasion de re-
nouveler le sens religieux et pastoral de sa vie, et se de rendre
à même d’effectuer son travail avec plus de compétence.
Enfin, il se sent appelé à vivre n’importe quelle situation avec
le souci de se former, voyant en elle un moment favorable à
la croissance de sa vocation.
Comme la formation, l’accompagnement spirituel est perma-
nent, pour toute la vie, et doit devenir attitude et habitude per-
sonnelle qui justement continue. Voilà le grand processus dans
lequel s’insère le présent document, comme une petite contribu-
tion, que l’on espère utile.

5.3 Page 43

▲back to top
42

5.4 Page 44

▲back to top
2. Themes emergents
21. Dans le chapitre précédent, on a décrit le processus qui a
43
conduit à ce document, en mettant aussi en évidence quelques
éléments macroscopiques concernant les interviewés. Dans ce
chapitre, nous présenterons quelques thèmes qui émergent de
la recherche, en en réservant l’interprétation à la deuxième part-
ie. Ces thèmes ont été organisés autour de quatre noyaux, déjà
anticipés: [1] les principaux acteurs dans l’accompagnement spi-
rituel personnel; [2] la compréhension dominante de l’accompa-
gnement spirituel personnel entre ceux sui sont accompagnés
et leurs guides; [3] ce qui se passe effectivement dans l’accom-
pagnement spirituel personnel salésien; [4] le rôle accompli par
certaines médiations importantes et instruments importants.
Nous rappelons encore une fois que le focus de la recherche a
été l’accompagnement spirituel personnel dans les processus de
formation salésienne initiale. Ce point focal jette une lumière sur
des éléments connexes, comme, par exemple, le colloque avec le
directeur, l’accompagnement spirituel communautaire, le sacre-
ment de la réconciliation, les évaluations périodiques (scrutins) et
le rôle de la communauté dans son ensemble.
2.1 LES PERSONNES IMPLIQUÉES DANS
L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL PERSONNEL
22. Les principaux acteurs dans l’accompagnement spirituel
personnel sont les jeunes accompagnés, leurs guides spirituels,
les équipes de formateurs et les communautés. Les données
brutes relatives aux nombres et aux pourcentages ont déjà été
présentées; ici nous essayons d’identifier les thèmes qui émer-
gent de telles données, tout comme d’autres éléments présents
dans les réponses aux questionnaires.

5.5 Page 45

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2.1.1 Une congrégation jeune
La tranche d’âge de 20 à 30 ans
23. Un premier point est l’émergence d’un visage de la Congré-
gation salésienne jeune dans son ensemble, peut-être plus que
nous le pensons communément. Le nombre de Salésiens qui
se sont exprimé dans le questionnaire – ici nous excluons les
pré-novices mais nous incluons les novices et ceux qui offrent
un service d’orientation – est de 24,18 % du total: un peu moins
44
d’un quart des 14.660 membres de la congrégation (à la date du
31 décembre 2017, inclus les novices).
Si nous excluons les guides spirituels, les interviewés sont plu-
tôt jeunes, la plus grande partie dans la tranche d’âge prise en
compte par le synode de 2018 sur Les jeunes, la foi et le discer-
nement vocationnel:
En excluant les guides spirituels on se trouve face à des in-
terviewés entre 20 et 30 ans principalement africains et asia-
tiques (cfr. Figure 03). De la base centrale de données les SDB
+ novices en dessous des 35 ans sont au nombre de 3.355;
ceux de l’échantillon sont 2.726 (exclus les pré-novices). On a
atteint environ 81 % des confrères et des novices en-dessous
des 35 ans. (Bay 15)
24. Nous avons déjà vu la distribution des jeunes confrères se-
lon les différentes phases de la formation initiale. Garons à l’esprit
que la distribution est aussi influencée par la durée différente de
ces phases : un maximum d’un an pour le pré-noviciat ; un an
pour le noviciat, de deux à quatre ans pour le post-noviciat ; de
deux à trois ans pour le stage ; quatre ans pour la formation spé-
cifique au sacerdoce; deux ans pour la formation spécifique pour
les Salésiens laïcs.
Par conséquent au 31 décembre 2017, les nombres enregistrés
par l’archive centrale étaient les suivants : 521 pré-novices; 435
novices; 942 post-novices; 676 stagiaires; 740 aspirants au sa-
cerdoce en formation spécifique ; 68 Salésiens laïcs en formation
spécifique; 966 prêtres salésiens dans la période du quinquen-
nium (Bay 24). De toute évidence le nombre relativement réduit de
Salésiens laïcs dans l’ensemble de la formation initiale1 se reflète
aussi sur leur nombre pour la période de la formation spécifique.
On notera que le nombre limité devient aussi limitant pour l’inter-
1 214 au 31 décembre 2015: cfr. ACG 424 (2017) 73.

5.6 Page 46

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prétation des réponses conditionnées justement par les modifica-
tions que les rapports en pourcentage subissent quand l’échantil-
lon est très réduit et quand il est confronté à d’autres groupes où
l’échantillon est très ample.
Changements géographiques et linguistiques
25. Un autre visage de la congrégation qui apparaît dans la
recherche est son internationalité, en même temps qu’un change-
ment évident de centre de gravité géographique et linguistique en
cours. On mesure l’impact des grands projets missionnaires de la
45
congrégation comme le projet Afrique.
Les réponses au questionnaire nous sont jointes de confrères
ou candidats à la vie salésienne de 61 nations, distribuées en 88
circonscriptions, regroupées à leur tour en 7 régions.
Le changement géographique émerge quand nous regardons
la distribution continentale, approximativement représentée par
les régions salésiennes. Commençons à prendre en considéra-
tion le groupe avec la plus haute représentation dans le ques-
tionnaire, c’est-à-dire celui des post-novices : 76,7 % provient
de l’Afrique-Madagascar, Asie-Océanie (34,9 % de l’Asie du Sud,
28,2% de l’Afrique-Madagascar, 13,6% de l’Asie orientale et de
l’Océanie). Ce sont les trois régions avec la croissance vocation-
nelle la plus significative, avec l’Afrique-Madagascar en tête. Trois
quarts du nombre total des post-novices salésiens proviennent
de ces régions.
26. Quand nous regardons le facteur linguistique, nous ne pou-
vons que constater que 53% des réponses sont parvenues en
anglais.
Les implications que ce déplacement géographique et lin-
guistique a sur la formation doivent être étudiées attentivement.
Comme premier pas, Toutefois il est important de noter que la
plus grande partie de nos interviewés considère l’inter-culturali-
té comme un don, sans ignorer les difficultés et les défis qu’elle
comporte.
27. Il est intéressant de constater que le plus haut degré d’ap-
préciation pour l’internationalité et l’inter-culturalité provient des
novices et des confrères de la région Afrique-Madagascar, où
la formation se fait principalement dans la région elle-même.
Même un seul continent peut contenir une telle diversité réelle
en son sein!

5.7 Page 47

▲back to top
L’inter-culturalité est un grand défi pour ceux qui offrent le ser-
vice d’accompagnement, appelés à respecter, reconnaître, ac-
cepter et accueillir la diversité. Dans ce cas aussi, les supposi-
tions faciles doivent être évitées. On ne peut donner pour acquis,
par exemple, qu’un formateur appartenant à un groupe culturel
particulier sera déjà, pour cette raison, à même de comprendre et
de se rapporter sagement avec ceux de son groupe. La capacité
de comprendre les personnes demande beaucoup plus que le
simple fait de la même origine ou nationale.
46
Il est encourageant de voir que nos guides spirituels consi-
dèrent l’inter-culturalité présente dans beaucoup de contextes de
formation de manière positive. « En général, les situations dans
lesquelles il y a des différences de provenance culturelle (par
exemple, pays, langue, façons de s’exprimer, habitudes, cou-
tumes…) entre accompagné et accompagnateur, sont perçues
par l’accompagnateur lequel envisage l’incidence de cet aspect
sur la dynamique de l’accompagnement pour 13% entre négative
et problématique et pour 87% positive et enrichissante (Bay 418).
Il semble qu’une expérience personnelle d’inter-culturalité –
comme elle peut se produire à travers la formation ou le travail
missionnaire dans un contexte culturel différent – soit une pré-
cieuse ressource pour un guide spirituel. La recherche montre
que 91% des confrères qui ont eu cette expérience considèrent
les différences culturelles entre eux et ceux à qui ils offrent le ser-
vice de guide comme positives et enrichissantes (Bay 418).
2.1.2 Les guides spirituels
28. Le nombre de guides spirituels qui ont répondu est de 528.
Nous ne connaissons pas le nombre total des confrères qui offrent
le service de guide spirituel, il est donc impossible de déterminer
le pourcentage des réponses par rapport au total de ce groupe
spécifique, même de manière seulement hypothétique.
L’âge des interviewés va de 1 à 91 ans – en tenant compte du
fait, assez singulier, que 26 stagiaires ont choisi de répondre au
questionnaire pour les guides spirituels – probablement en plus
de celui pour les stagiaires (Bay 379).
29. Il peut être intéressant de confronter le pourcentage des
réponses des jeunes en formation [A] (Bay 456) et des guides [B]
(Bay 379) sur la base de leurs régions, comparativement au total
des questionnaires reçus respectivement des jeunes en formation

5.8 Page 48

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[A] et des guides [B]. Pour l’Asie de l’Est - Océanie, l’Amérique
Cône Sud et l’Europe Centre Nord, le pourcentage est quasi le
même (par exemple, pour l’Amérique Cône Sud les [A] confrères
en formation sont 8,4% du total, et les formateurs [B] repré-
sentent 8,0% des 538 guides qui ont pris part au sondage). Si
nous considérons les régions Inter-Amérique et Méditerranée, [B]
dépasse [A] d’environ 5 points de pourcentage (par exemple pour
l’Inter-Amérique [A] = 10,1% et [B] = 15,8%). Par contre, pour
l’Asie du Sud et l’Afrique-Madagascar la situation est inversée
(par exemple pour l’Asie méridionale [A] = 31,9% e [B] = 27,3%).
47
Guides spirituels qui sont directeurs de communauté
30. Le nombre de guides spirituels qui sont aussi directeurs de
communauté est de 243 ou 45,16 % du nombre total de guides
qui ont répondu. De ce groupe 119 sont directeurs de maison de
formation initiale (probablement sans inclure les directeurs des
stagiaires), et 42 sont directeurs de noviciat (Bay 379). Les autres
peuvent être des directeurs, mais pas des candidats ou jeunes
confrères à qui ils prestent leur service de guide.
Concernant les directeurs de communauté qui sont aussi guides
spirituels (de leurs ‘sujets’), la recherche indique que cela a lieu
pour 75% des pré-novices, pour 64% des post-novices, 55%
des stagiaires, 37% des aspirants au sacerdoce en formation
spécifique, 28% des Salésiens laïcs en formation spécifique et
37% des salésiens-prêtres du quinquennium (Bay 439). Si nous
considérons le noviciat à part, nous pouvons voir qu’il y a une
diminution constante dans le pourcentage des directeurs qui sont
guides spirituels.
Guides spirituels qui sont aussi confesseurs
31. Il n’est pas possible d’établir à partir des données de notre
étude combien parmi les guides spirituels sont aussi confesseurs
de ceux qui s’adressent à eux pour l’accompagnement. Toute-
fois, nous pouvons dire que pour la plus grande partie de ceux
qui ont répondu le sacrement de la Réconciliation et l’accompag-
nement spirituel sont considérés de manière distincte, en faisant
référence à des personnes différentes pour la confession et pour
l’accompagnement spirituel ; mais ici aussi il y a une diminution
de ce pourcentage quand on se rapproche des phases finales de
la formation initiale (Bay 439). En effet un bon nombre de salé-
siens dans le quinquennium et un nombre encore plus grand de
guides indiquent que leur confesseur est aussi leur guide spirituel.

5.9 Page 49

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Aide reçue du directeur, du guide spirituel et du confesseur
32. Pour ce qui regarde l’aide reçue du directeur, du guide
spirituel et du confesseur, certaines tendances émergent assez
clairement et de manière transversale par rapport aux différentes
phases de la formation.
Si nous considérons tous les interviewés ensemble, comme
un groupe unique – inclus les guides – seulement distincts sur la
base de leur âge, le confesseur émerge comme la figure la plus
48
appréciée (55,92%), atteignant une valeur maximale de 67% de
la part des guides plus avancés en âge.2 Si nous nous limitons
seulement aux confrères en formation initiale, plus de 80% affir-
ment avoir une grande confiance dans le confesseur, et déclare
qu’il n’est pas difficile de parler avec lui de ce qui pèse sur la
conscience (Bay 453).
Le guide spirituel vient après, avec un indice d’appréciation de
50,53%. Toutefois il est intéressant de noter que pour le groupe
inférieur à 40 ans, qui correspond à quasi tous ceux qui sont en
formation initiale, le guide spirituel reçoit une évaluation positive
de 62% – 2 points en pourcentage en plus du confesseur (60%).
Pour ce qui regarde le directeur, pour tout le groupe de ceux qui
ont répondu (inclus les guides), l’appréciation pour l’aide reçue
est en moyenne de 32,15%. Si l’on considère la grande partie
de ceux qui ont répondu, c’est-à-dire ceux en dessous des 40
ans, l’indice d’appréciation monte à 48,8%. Si, au contraire, on
sélectionne le groupe au-dessus des 55 (42% des guides qui ont
répondu) l’indice d’appréciation descend à 16,6%.
Appréciation pour le colloque avec le directeur
33. Il semble qu’en général il y a aussi un bon niveau d’ap-
préciation pour le colloque avec le directeur, vu comme un des
services importants liés à son rôle d’animation et de guide de la
communauté. Dans les réponses aux demandes sur l’importance
des différentes tâches confiées au directeur, le colloque est consi-
déré de manière constante, du post-noviciat à la formation spé-
cifique, comme une partie assez importante du rôle du directeur
pour le service d’accompagnement spirituel personnel (Bay 130,
182-183, 261, 306-307).
2 Les données et pourcentages des trois paragraphes suivants proviennent pour une
part d’une élaboration des résultats qui n’a pas été incluse dans Giovani salesiani e
accompagnamento. Risultati di una ricerca internazionale.

5.10 Page 50

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Ceci est en syntonie avec les réponses à la question sur quel
aspect de son service le directeur ne devrait jamais négliger. Les
post-novices mettent le colloque à la quatrième place suivi du
service du guide spirituel (Bay 130); les aspirants au sacerdoce
en formation spécifique mettent le colloque à la quatrième place
et le service du guide spirituel à la sixième (Bay 262); les Salé-
siens coadjuteur en formation spécifique mettent le colloque en
deuxième position, tandis qu’ils n’indiquent le service du guide
spirituel (Bay 307). Il est intéressant de noter que seuls les sta-
giaires (Bay 183).
49
Préparation des guides spirituels
34. En ce qui concerne la préparation à leur service, 78,6%
(423) des guides affirment avoir appris de l’expérience 57,1%
(307) en lisant, réfléchissant et méditant personnellement, et
41,3% (222) en cherchant des conseils et en confrontant leur es-
pérance avec celle des autres.
24,7% (133) parlent de supervision de la part d’un expert en
direction spirituelle (Bay 420). Pour 40,3% (205) des guides, leur
recours à l’accompagnement spirituel fait partie de leur style de
vie, tandis que 44,6% (227) confessent une certaine inertie à ce
propos. Paradoxalement, 15,1% (77) des guides affirment ne pas
avoir encore mûri une conviction et une motivation forte qui les
incitent à croître dans cette direction (Bay 403).
45,7% (246) rapportent ne pas avoir reçu un certain niveau de
préparation formelle pour le service de guide spirituel. Cette prépa-
ration comprend la licence en théologie spirituelle ou en pédagogie
(formation des formateurs), des cours de troisième cycle en psy-
chologie ou théologie spirituelle, le cours pour la formation des for-
mateurs (UPS - Roma), la Escuela Salesiana de Acompañamento
Espiritual (Quito), le cours pour les directeurs (Don Bosco Renewal
Centre - Bangalore) et le cours d’études salésiennes (Berkeley). En
outre, il existe des cours plus brefs, qui durent en moyenne une
semaine, organisés par des diocèses ou des congrégations reli-
gieuses sur le counseling et plus spécifiquement le counseling pas-
toral, la direction spirituelle, etc. (Bay 419-420).
Il faut tenir compte du fait que la préparation formelle à laquelle
on se réfère est de nature très variée. Certains cours sont accordés
au monde académique et à la préparation intellectuelle, d’autres
se concentrent sur l’acquisition de compétences et d’aptitudes,
tandis que d’autres promeuvent surtout le changement et la crois-
sance de la personne du formateur (cfr. ACG 426 [2018] 40-42).

6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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2.1.3 Accompagnement communautaire
Le désir de la présence et de la proximité des formateurs
35. Quand on demande aux interviewés “ce qu’il faut chan-
ger ou ajouter pour améliorer la façon d’accomplir la formation”,
émerge une insistance chorale, de toutes les aires linguistiques,
la suggestion d’améliorer la proximité dans la relation des for-
mateurs envers les formés. Nos jeunes provenant du monde en-
tier demandent à leurs formateurs d’être présents avec eux dans
50
les moments informels, d’être sincèrement disposés à partager,
à raccourcir les distances, à favoriser l’amitié, à construire des
relations riches de confiance et de proximité, et à créer un esprit
de famille.
Il est évident que l’environnement communautaire influence
notablement la croissance vocationnelle et est déjà en soi une
forme d’accompagnement. En aucune manière il remplace le dia-
logue spirituel personnel, mais conditionne beaucoup l’efficacité
de cette rencontre, comme l’a répété avec insistance le récent
synode (DF 95-97).
L’environnement communautaire n’est pas toujours favorable
36. A partir des données comme elles se présentent, émerge à
plusieurs reprises que l’environnement communautaire ne favo-
rise pas toujours l’accompagnement spirituel.
En parlant des pré-novices, par exemple, Bay observe : “Un
groupe intéressant d’environ un quart de ceux qui ont répondu,
24,9% (110), a des conversations [avec des confrères qui font
partie de leur communauté] uniquement une-trois fois le mois ou
peu de fois pendant l’année.
Il est intéressant de voir aussi l’importance de la communauté
pour ceux qui se trouvent à l’autre extrémité de l’arc de la forma-
tion initiale : le quinquennium. De toutes les aires linguistiques
émerge de manière insistante l’importance donnée au partage,
à l’interaction et la rencontre entre confrères, jeunes et laïcs qui
partagent la mission, comme également émerge la manifestation
des difficultés dans les rapports, surtout entre les confrères eux-
mêmes en communauté.
Variations régionales
37. Noter quelques variations régionales et selon les langues

6.2 Page 52

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dans les réponses du quinquennium peut être très instructif pour
ce qui est des difficultés liées à la vie communautaire:
ITALIEN: trop de travail et solitude, avec peu de possibilités de
partage avec les confrères à cause du fossé générationnel, qui
porte à l’individualisme et au sectorialisme.
ANGLAIS: trop de travail et difficulté d’entrer en relation avec les
anciens, ce qui porte à des incompréhensions et à des comporte-
ments contraires à la vocation salésienne.
51
FRANCAIS: incompréhensions, préjugés, problèmes de com-
munication.
POLONAIS: distance générationnelle et rare ouverture de la part
des confrères âgés, avec une tendance à la « diocésanisation ».
PORTUGUAIS: fossé générationnel, conflits de mentalité, trop
de travail, incohérences.
ESPAGNOL: beaucoup de travail, avec des demandes relatives
à l’utilisation de l’argent et du pouvoir ; assez peu d’accompagne-
ment et de dialogue.
Dimensions de la communauté
38. Un bon nombre de confrères dans le quinquennium se ré-
fère aux dimensions de la communauté: si elle est trop petite, les
difficultés mentionnées ci-dessus augmentent.
Des communautés numériquement très grandes émergent aussi
des problèmes typiques, avec le risque de dépersonnalisation et
d’affaiblissement des processus d’accompagnement formatif.
2.2 COMMENT L’ACCOMPAGNEMENT
SPIRITUEL PERSONNEL EST-IL COMPRIS?
39. La compréhension que l’on a de l’accompagnement spiri-
tuel personnel tend à orienter de manière conséquente sa propre
pratique. Nous voudrions donc savoir, ce que les jeunes confrères
en formation initiale et les guides spirituels entendent par « ac-
compagnement spirituel personnel », et comment ils pensent qu’il
se rapporte à d’autres formes d’accompagnement, comme le col-
loque avec le directeur et le sacrement de Réconciliation.

6.3 Page 53

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2.2.1 La façon de comprendre de celui qui est
accompagné
Distinction entre accompagnement spirituel personnel
et colloque avec le directeur
40. Un premier point qui émerge avec clarté est la tendance
parmi nos jeunes à marquer la distinction entre accompagnement
spirituel personnel et colloque avec le directeur. Les pourcentages
de ceux qui affirment de manière nette une telle distinction sont
52
les suivants : pré-novices 46%; novices 46%; post-novices 57%;
stagiaires 67%; aspirants au sacerdoce en formation spécifique
70%; Salésiens laïcs en formation spécifique 71% (Bay 439).
Il existe toutefois des variantes générales intéressantes. Donc
quand on demande aux post-novices si « le colloque que j’ai avec
la personne responsable de la phase de formation est distincte de
l’accompagnement spirituel (deux choses différentes) », les pour-
centages de « oui » sont les suivantes :
76% dans la Méditerranée,
71% dans l’Europe Centre-Nord,
61% en Asie de l’Est – Océanie,
59% en Inter-Amérique,
54% en Afrique - Madagascar et Asie du Sud,
46% en Amérique Cône-Nord.
Estime sincère pour l’accompagnement spirituel personnel
41. Un deuxième point intéressant: ceux qui sont accompagnés
manifestent une estime sincère pour l’accompagnement spirituel
personnel. Un grand nombre d’éléments qui émergent de toutes
les phases de la formation initiale reflètent la conscience qu’il
s’agit d’un trésor dans le champ, à redécouvrir et à revaloriser.
Le témoignage des confrères du quinquennium est particuliè-
rement digne de considération 89.80% (344 sur 383) considèrent
l’accompagnement spirituel comme important pour leur chemine-
ment, même si la formation initiale est achevée.
L’accompagnement est “spirituel”
42. Un autre élément qui émerge, spécialement dans les ré-
ponses de ceux qui sont dans les dernières phases de la forma-
tion initiale, est la centralité spirituelle de l’accompagnement. Nos
jeunes croient que l’accompagnement doit se concentrer princi-

6.4 Page 54

▲back to top
palement sur ces aspects qui aident à croître dans la vie spiri-
tuelle et dans sa relation avec Dieu.
Ainsi les étudiants de théologie affirment : “L’attention à la ren-
contre va surtout à la vie de prière et sur la façon de vivre le rap-
port avec Dieu, les engagements de la vie spirituelle, etc.. pour
l’88,60% (615) .... La Parole de Dieu fait aussi souvent partie du
dialogue selon 67,60% (468)” (Bay 225).
On pourrait ajouter que tandis que le mot “Dieu” apparaît
1607 fois dans les réponses ouvertes de ceux qui sont en for-
53
mation initiale, les termes « Jésus » et « Christ » recourent en-
semble 730 fois.
Attention au charisme
43. La vie en communauté et l’implication dans la mission
apostolique sont des facteurs extrêmement significatifs dans les
processus de formation. La croissance dans le charisme salésien
est partie intégrante du cheminement d’accompagnement spi-
rituel, dont l’objectif ultime est de croître comme disciples du
Christ en s’inspirant de comment don Bosco l’a été.
La recherche indique que l’attention au charisme est particu-
lièrement forte au noviciat, mais moins dans les phases succes-
sives. 95,9% des novices posent l’amour pour don Bosco et pour
la mission salésienne en deuxième place, tout de suite après la
possibilité d’une meilleure connaissance de soi (97,5%) et avant
le cheminement de croissance personnelle à travers le silence, la
prière et la méditation (94,7%) (Bay 76).
Il est aussi intéressant de noter que la “salésianité” est généra-
lement plus appréciée dans certaines régions que dans d’autres.
Plus de la moitié des interviewés en Afrique-Madagascar, Asie de
l’Est – Océanie a souligné de manière positive l’aide reçue du fait
de mieux connaître don Bosco et de l’étude des Constitutions
(Bay 470).
On peut ajouter que le mot “Bosco” revient 596 fois dans les
réponses ouvertes ds jeunes en formation, et 33 fois chez les
guides spirituels.
Caractéristiques de l’accompagnement
44. On accorde une grande importance au fait de se sentir à
l’aise dans les rencontres de d’accompagnement spirituel. sans

6.5 Page 55

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avoir peur d’ouvrir le coeur sur des questions délicates et person-
nelles (84% des étudiants de théologie).
Plus importante encore est l’atmosphère de liberté (96% des
étudiants de théologie, mais aussi des stagiaires).
La liberté de choix du guide est évaluée positivement avec des
indices très élevés (91% des étudiants de théologie, 93% du
quinquennium).
Les étudiants de théologie soulignent que la confiance et l’ou-
54
verture (97%), la transparence et la sincérité avec le guide sont
importantes pour eux (95%).
L’absolue confidentialité de la part du guide est considérée de
la plus haute importance (94% des étudiants de théologie).
2.2.2 La façon de comprendre de celui qui
accompagne
La “centralité spirituelle” de l’accompagnement
45. Comment les guides spirituels comprennent-ils l’accompa-
gnement spirituel personnel et quelle valeur lui accordent-ils?
On a demandé aux Salésiens qui offrent le service de guide
spirituel de s’exprimer sur “l’intensité et la qualité des attitudes
assumées, vécues et pratiquées par les guides dans l’”accom-
pagnement des autres”. Ils pouvaient choisir entre 12 réponses
fermées, qui exprimaient une gamme d’attitudes toutes positives.
La réponse qui a obtenu le consentement le plus élevé est la sui-
vante : « Je crois que la tâche la plus importante, mais aussi la
plus difficile est de « transmettre Dieu », ou bien aider la personne
à vivre toujours plus consciemment en la présence de Dieu. Séré-
nité, paix, miséricorde, passion pour les plus petits et les pauvres,
joie intérieure ... Ce sont là les signes de l’”union à Dieu” que
celui qui accompagne doit expérimenter en soi pour pouvoir le
conduire à le communiquer » (Bay 391).
Dans les réponses ouvertes des guides, le mot « Dieu » appa-
raît 237 fois, le mot “Jésus” et “Christ” 43 fois, tandis que le mot
“Bosco” est présent 33 fois.

6.6 Page 56

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2.3 QU’EST-CE QUI SE PASSE DURANT
L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL PERSONNEL
46. On ne peut donner pour acquis que ce que l’on pense coïn-
cide toujours avec ce qui se passe effectivement. C’est pourquoi
nous nous sommes demandé ce qui se passe effectivement dans ce
qu’on définit comme « accompagnement spirituel personnel » ; nous
avons prêté attention à ces indications qui pouvaient être d’une cer-
taine façon révélatrices de ce qui se passe dans l’accompagnement
spirituel personnel à l’intérieur de nos processus de formation.
55
2.3.1 Quelques facteurs externes qui
conditionnent
Initiation à l’accompagnement pendant le pré-noviciat
47. Un premier point est que pour plus de 80 % des inter-
viewés, y compris ceux qui offrent le service de guide spirituel,
l’initiation à l’accompagnement proprement dit a eu lieu au
pré-noviciat (Bay 438).
Toutefois, une partie des interviewés reconnaît en même temps,
avec des pourcentages qui vont d’un tiers à la moitié, une forme
d’accompagnement avait déjà eu lieu avant le pré-noviciat (Bay
472-473).
Directeurs/Chargés avec un temps insuffisant pour
l’accompagnement
48. En deuxième lieu, on se lamente du fait que les directeurs et
les responsables n’ont pas toujours le temps suffisant pour l’ac-
compagnement. Ainsi 45,70% (403 sur 882) des post-novices af-
firment que le directeur a tellement de choses à faire qu’il n’a pas
le temps de les suivre spirituellement (Bay 131). Il est encore plus
surprenant que 31,40% (124 sur 389) des novices disent la même
chose du maître des novices (Bay 85). C’est aussi la situation que
33,90% des pré-novices rapportent (Bay 49). Le même problème
est mentionné par 46,10% des stagiaires (Bay 184), de 37,90%
des aspirants au sacerdoce en formation spécifique (Bay 263) et
de 54,90% des Salésiens laïcs en formation spécifique (Bay 308).
Nous devons aussi garder à l’esprit que l’accompagnement ne
coïncide pas toujours ici avec l’accompagnement spirituel person-
nel, vu que le directeur n’est pas toujours le guide spirituel choisi.

6.7 Page 57

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2.3.2 Directeurs comme guides spirituels:
tendance à la diminution
49. Nous avons vu ci-dessus (cfr. ci-dessus section 2.2.1) que
nos jeunes en formation tendent toujours plus à distinguer entre
le colloque avec le directeur et l’accompagnement spirituel. Tou-
tefois la distinction ne signifie pas nécessairement séparation; je
peux distinguer clairement ce qui est le colloque avec le direc-
teur de ce que je considère comme accompagnement spirituel,
et choisir la même personne pour les deux services d’écoute et
56
d’aide personnelle. Donc, tandis que 46% des pré-novices fait
une telle distinction, 75% d’entre eux indique que celui qui est
chargé du pré-noviciat est leur guide spirituel. En passant aux
phases successives de la formation initiale, 93% des novices af-
firment que le maître des novices est leur guide spirituel; de la
même façon 67% des post-novices, 55% des stagiaires, 37%
des aspirants au sacerdoce en formation spécifique et 28% des
Salésiens laïcs en formation spécifique font référence au directeur
comme leur guide spirituel (Bay 439).
Si nous considérons séparément les novices, nous voyons donc
que les jeunes en formation tendent non seulement à distinguer
entre le colloque avec le directeur et l’accompagnement spirituel,
mais aussi à séparer toujours plus l’accompagnement spirituel de
la relation qu’ils ont avec le directeur de la maison.
2.3.3 Carences dans la réserve
et la confidentialité
50. Il existe une donnée qui émerge de manière transversale de
toutes les régions: la question délicate de la réserve par rapport
à ce qui a été partagé dans l’accompagnement spirituel. Nous
avons déjà vu qu’à ce niveau la confidentialité est considérée
d’une absolue importance (cfr. ci-dessus section 2.2.1). Toutefois,
beaucoup de nos interviewés ont l’impression que ce qui est par-
tagé avec un guide est souvent révélé à d’autres.
Le pourcentage de ceux qui s’expriment en ce sens est parti-
culièrement haut au pré-noviciat: “87,90% (385) des pré-novices
ont fait émerger comme malaise principal que le guide utilise
l’information donnée par le pré-novice avec d’autres et parfois
contre le pré-novice. Seuls 12,10% (53) de ceux qui ont répondu
ont indiqué que cela ne fait pas problème” (Bay 63).

6.8 Page 58

▲back to top
Dans les autres phases, les scores relatifs aux violations de la ré-
serve sont beaucoup plus bas: novices 12,10% (47); post-novices
14,30% (78); stagiaires 14,90% (78); étudiants en théologie 13,40%
(91); Salésiens laïcs en formation spécifique 25,5% (12 sur 47); quin-
quennium 21,10% (79). Il est intéressant de noter que même 16,7%
des guides salésiens dénoncent cette difficulté quand ils com-
mentent l’expérience d’accompagnement spirituel personnel vé-
cue durant la formation initiale (Bay 408).
51. Dans différentes réunions des commissions régionales de
formation pendant l’année 2018, certains se demandaient si ces
57
sentiments étaient plus subjectifs que fondés sur la réalité, sur-
tout en considérant que les pré-novices tendent à appréhender
l’admission au noviciat, et la peur d’en être exclu peut condition-
ner leur manière d’évaluer le rapport avec les formateurs.
Quelle que soit l’opinion que nous pouvons avoir à ce sujet,
nous ne pouvons ignorer le fait, c’est-à-dire le pourcentage de
pré-novices qui s’expriment en ces termes est non seulement très
haut (quasi 90%), mais aussi qu’il passe de manière transversale
entre tous les pays et toutes les régions. Même s’il devait refléter
une impression purement subjective, il serait toutefois un indi-
cateur de de la qualité de la relation entre jeunes en formation,
formateurs et communautés. Ceci constitue une des données de
la recherche qui sollicite une réflexion sérieuse et une réponse la
plus urgente possible.
2.3.4 Ouverture et transparence
52. Nous avons vu que 97% des étudiants de théologie consi-
dèrent la confiance, l’ouverture, la transparence et la sincéri-
té comme importantes dans l’accompagnement spirituel (cfr.
ci-dessus section 2.2.1). Toutefois, en réalité, une telle ouverture
pourrait ne pas être toujours présente de fait.
A la question si l’accompagnement spirituel est un moment
pendant lequel on peut partager librement des sentiments, des
doutes, des joies et des difficultés, des valeurs très élevées en
positif sont exprimées dans les deux régions de l’Europe, dans les
deux régions de l’Amérique, et en Afrique-Madagascar ; les deux
régions de l’Asie suivent, mais avec une différence considérable
de 10-12 points de pourcentage 10-12 (Bay 476).
Est-ce que l’accompagnement personnel est un moment dans
lequel on se sent à l’aise, sans la peur d’ouvrir son cœur sur des

6.9 Page 59

▲back to top
questions très personnelles ? A nouveau, les valeurs les plus hautes
sont données par les régions Méditerranée et Europe Centre-Nord
(88-89%), tandis que les valeurs les plus basses sont celles que
l’on enregistre dans les deux régions de l’Asie (Bay 476).
Est-ce que nous sommes disposés à révéler de nous-mêmes
pendant l’accompagnement personnel est seulement ce qui est
« strictement nécessaire » ? La prévalence des réponses positives
vient une fois encore de l’Asie du Sud et l’Asie de l’Est – Océa-
nie, cette fois avec l’Afrique – Madagascar: on exprime des sen-
58
timents d’estime envers le guide, mais il n’y a pas encore cette
pleine confiance, au point de tout dire (Bay 477).
En d’autres paroles, il existe une certaine méfiance au sujet de
l’ouverture et de la transparence dans certaines régions, ce qu’au
contraire, on ne trouve pas dans d’autres.
2.3.5 Autres aspects problématiques
53. Quand nous passons à d’autres aspects problématiques
regardant le rapport d’accompagnement, la diversité entre les
régions devient encore plus prononcée. Nous ne pouvons ne
pas noter une différence claire et constante d’au moins +9,14 de
points de pourcentage entre les indices provenant de l’Asie méri-
dionale et de l’Asie orientale - Océanie (43% du nombre total des
interviewés) par rapport à ceux des autres régions au sujet des six
éléments suivants :
manque de confiance de la part du guide;
rencontres peu fréquentes;
faible capacité d’écoute: le guide veut écouter ce qui l’inté-
resse, et non ce que l’accompagné préférerait partager;
incompréhension;
trop d’attention à des questions de caractère et de psycho-
logie;
peur de s’ouvrir de la part de celui qui est accompagné (Bay
482-483).
2.3.6 Un comportement externe auquel se
conformer
54. Dans de nombreux cas, la formation est identifiée avec la
capacité de s’adapter à un ensemble de comportements, en vue

6.10 Page 60

▲back to top
de se conformer aux standards auxquels l’aptitude des jeunes en
formation sera mesurée et évaluée.
Voilà que 29,80% (117 sur 389) des novices affirment que la
régulation minutieuse de chaque moment de la journée laisse peu
d’espace à l’initiative personnelle. Presqu’un quart, 24,20% (94),
affirment se sentir plus observés et contrôlés qu’accompagnés.
23,70% (93) affirment que le maître des novices insiste tellement
fortement sur la discipline et l’obéissance qu’en agissant ainsi il
accroît la crainte et la peur plutôt que la sincérité et la spontanéi-
té. Pour un sur cinq – environ 21% (83) – la rencontre personnelle
59
avec le maître des novices est plus un devoir à satisfaire, qu’une
rencontre désirée, dans laquelle partager ce que quelqu’un sent
vraiment et épreuve en lui (Bay 85).
55. Quand nous arrivons aux post-novices, les pourcentages
sont encore plus élevés: 393 sur 885 (44,60%) affirment se sen-
tir plus observés et contrôlés qu’accompagnés, et que la forte
insistance sur la discipline et l’obéissance favorise la peur plutôt
que la sincérité et la spontanéité; et 378 (42,70%) retient que la
rencontre avec le directeur est plus un devoir à satisfaire qu’une
rencontre au cours de laquelle on n’a pas peur de partager ce que
l’on sent vraiment (Bay 131).
Pour ce qui regarde les stagiaires, 29% se sentent plus observés
et contrôlés qu’accompagnés, 26% retient que l’insistance sur la
discipline et l’obéissance porte à la peur, et pour 36,20% la ren-
contre avec le directeur est surtout un devoir à satisfaire (Bay 185).
Pour les jeunes confrères en formation spécifique vers le sacer-
doce et pour les Salésiens laïcs en formation spécifique, respec-
tivement 33,30% (221) et 44,9% (22) se sentent plus observés et
contrôlés qu’accompagnés, et respectivement 36,90 % (250) et
46,9% (23) ressent le colloque avec le directeur plutôt comme un
devoir que comme un moment au cours duquel on peut partager
ce que l’on vit vraiment (Bay 263 et 308).
56. On recueille les reflets d’un modèle de formation qui se
sert d’une discipline rigide et d’une obéissance formelle à un
programme touffu d’obligations et d’événements, comme si ceci
aplanissait une sorte de “voie ferrée” qui facilite la réalisation
d’objectifs clairs et bien définis pour chaque phase. Parmi ces
obligations, il y a le colloque mensuel avec le responsable.
A partir du moment où à la fin du post-noviciat ce colloque coïn-
cide pour un grand nombre avec l’accompagnement spirituel per-

7 Pages 61-70

▲back to top

7.1 Page 61

▲back to top
sonnel, même ce dernier court le risque de devenir un des compor-
tements auxquels se conformer pour “avancer”.
2.3.7 La superposition entre accompagnement
et autorité
57. A plusieurs reprises et avec divers degrés d’insistance, nos
Règlements et la Ratio encouragent à faire en sorte que le service
de guide spirituel soit offert par le responsable d’une phase parti-
60
culière, au moins jusqu’au stage inclus.
“Les communautés de formation auront un directeur et une
équipe de formateurs spécialement préparés, surtout à la direc-
tion spirituelle qui, d’ordinaire, sera assurée par le directeur en
personne” (R 78, italiques ajoutés).
“[Le directeur] est responsable du processus de formation per-
sonnelle de chaque confrère. Il est aussi le directeur spirituel pro-
posé, non imposé, aux confrères en formation” (FSDB 233).
“Le Directeur [du post-noviciat] continue l’action du maître
de noviciat. Avec intelligence et sagesse il anime le milieu et le
cheminement de la communauté, suit et aide les pré-novices, en
particulier par l’accompagnement personnel et l’entretien, la di-
rection spirituelle de conscience et les conférences périodiques.”
(FSDB 417, italiques ajoutés).
Cette superposition entre accompagnement et autorité émerge
de manière transversale avec une sérieuse difficulté, justement
par le fait que celui qui est proposé et recommandé comme guide
spirituel est aussi celui qui a les responsabilités les plus grandes
dans le processus d’admission. 3
La fusion des rôles est tolérée dans les phases initiales
58. Notre sondage révèle qu’une fusion des rôles est tolérée pour
autant qu’elle ne peut être évitée, et que la majorité la laisse tom-
ber, dès qu’il est possible de le faire – en général entre le post-no-
viciat et le stage (cfr. 2.3.2).
Même parmi les novices, où 93% affirment que le maître est
3 La FSDB propose le directeur/chargé comme guide spirituel jusqu’au stage: cfr. 339,
345 (pré-noviciat); 417, 420 (post-noviciat); 437, 438 (stage). Au sujet de la phase de
formation spécifique, on dit simplement: “[Le directeur] soignera l’animation spirituelle
communautaire et personnelle” (FSDB 490).

7.2 Page 62

▲back to top
aussi leur guide spirituel (Bay 439), le fait que plus de la moi-
tié d’entre eux (67,50 %) vit cette situation en étant mal à l’aise
donne à penser.4
Insistance sur la liberté de choisir le guide
59. Il existe une convergence notable dans toutes les aires lin-
guistiques – et donc dans toutes les sept régions – sur la liberté
de choisir le guide. Ceci émerge avec une force spéciale quand
on demande aux interviewés de suggérer librement (dans les
réponses ouvertes) ce qu’ils retiennent devoir être changé pour
61
améliorer la qualité de la formation.
Il existe, toutefois, des variations régionales. La plus grande par-
tie des pré-novices qui demandent de ne pas être obligés de re-
courir à leur responsable comme guide spirituel, dénonçant aussi
ouvertement certaines limites chez leurs formateurs (manque de
confiance, etc.), sont de langue française et de langue anglaise,
provenant de l’Afrique – Madagascar, de l’Asie du Sud et de l’Asie
de l’4Est-Océanie (cfr. Les réponses aux demandes ouvertes sur ce
qui pourrait être amélioré et sur ce qui devrait changer: Bay 63-70).
60. Une autre particularité de caractère régional: la parole “li-
berté” recourt beaucoup plus souvent dans les réponses aux
demandes ouvertes provenant de l’Asie anglophone que dans
d’autres régions ?
Le désir d’une plus grande liberté dans le choix du guide spiri-
tuel est verbalisé de manière explicite, et pas peu - spécialement
dans les trois phases initiales de la formation – se plaignent du fait
qu’il n’y a pas de liberté.
Positivement, la liberté de choisir son guide spirituel est une des
caractéristiques les plus appréciées dans les phases de la forma-
tion spécifique, tant pour les candidats aspirants au sacerdoce
que pour les Salésiens laïcs. On trouve ci-dessous la réponse des
étudiants en théologie à la question 16 sur “Les éléments d’aide à
l’expérience d’accompagnement spirituel personnalisé” (gardons
4 Ici il faut corriger l’affirmation de Bay 98 qui affirme: “Un groupe important d’envi-
ron un tiers des novices, c’est-à-dire 32,50% (127), a fait remarquer que le forma-
teur/maîtres et le directeur spirituel sont une même personne, même si pour les trois
quarts, soit 67,50% (264), il n’en est pas ainsi”. La question regardait ce qui crée le
malaise ou la difficulté: “Essaie maintenant d’exprimer, dans ton expérience person-
nelle d’accompagnement spirituel salésien, ce qui crée un malaise ou une difficulté.
67,50% ont indiqué comme difficulté “le fait que mon formateur/maître et mon direc-
teur spirituel sont une même personne”. 32,50% a indiqué le contraire – c’est-à-dire
que ce fait ne crée pas pour eux un malaise ou une difficulté.

7.3 Page 63

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à l’esprit que les interviewés ont été 87% du total des étudiants
sdb dans cette phase de formation en 2017):
Pour la quasi-totalité de ceux qui ont répondu au questionnaire
(outre 90-98%) appartenant à cette phase de formation ont été
indiquées la confiance et l’ouverture envers le guide pour 96,70%
(665 sur 688), l’attitude positive et de grand respect de la part de
l’accompagnateur pour 96,10% (661), le climat de liberté pour
95,90% (658) et l’ouverture et la confiance du guide envers celui
qui est accompagné pour 94,40% (645)... La liberté de choisir
62
l’accompagnateur spirituel comme élément ultérieur d’aide pour
croître est remarquable pour 90,50% (620) des profès en forma-
tion spécifique (Bay 278).
Comment interpréter cette insistance transversale sur la liberté
de choisir le guide, et les variations régionales à ce sujet?
2.4 LE RÔLE JOUÉ PAR CERTAINES MÉDIATIONS
2.4.1 Evaluations trimestrielles (scrutins)
61. Un sujet sur lequel un grand nombre de ceux qui ont par-
ticipé au questionnaire se sont exprimés avec vivacité est l’éva-
luation personnelle trimestrielle, qui devrait être de par sa nature
une aide pour la croissance personnelle, complémentaire par rap-
port à ce qui est offerte dans l’accompagnement personnel. Cette
évaluation pourrait être décrite comme un accompagnement per-
sonnalisé réalisé par la communauté. “Une forme d’accompa-
gnement explicitement prévue par la pédagogie de la formation
salésienne consiste dans les moments périodiques d’évaluation
personnelle (“scrutini”) par lesquels le Conseil de la communauté
aide le confrère à évaluer le point où il en est dans sa formation
personnelle, l’oriente et l’encourage concrètement dans son tra-
vail de maturation” (FSDB 261).
62. Sur ce sujet, la recherche met en évidence de fortes et per-
sistantes critiques dans toutes les phases de la formation, avec
des variations de pourcentages, mais toujours avec des chiffres
significatifs.
“Pour un tiers des novices, c’est-è-dire 30,3% (106), il est plus
ressenti comme un jugement sur soi, non objectif, qui ne saisit
que quelque chose de ce que l’on fait et non de ce qu’on est
vraiment. Enfin, plus d’un quart des novices, 28,1% (106 sur 377),
soutient que l’incidence des scrutins sur l’admission au renouvel-

7.4 Page 64

▲back to top
lement des vœux porte le novice plus à le craindre qu’à le dési-
rer” (Bay 106). Si déjà au noviciat cet instrument de croissance
est évalué de manière négative par plus d’un tiers, le problème
n’est pas personnel ni isolé, mais structurel.
L’indice de négativité augmente quand nous arrivons au post-
noviciat. “Pour quatre post-novices sur dix, c’est-à-dire 41,6%
(366), il est plus ressenti [A] comme un jugement sur soi, non ob-
jectif, qui saisit seulement quelque chose de ce que l’on fait et
non ce que l’on est vraiment. Enfin, plus d’un quart des post-no-
vices, c’est-à-dire 27,9% (244 sur 875), soutient que [B] l’inci-
63
dence des scrutins sur l’admission au renouvellement des vœux
porte le post-novice plus à les craindre qu’à les désirer” (Bay
158). Sur les mêmes questions, les pourcentages qui émergent
des questionnaires des confrères en stage sont [A] 38,3% et [B]
31,9%, et pour les étudiants en théologie aspirants au sacerdoce
[A] 35.30% et [B] 27,5%.
63. Un examen plus détaillé des variations régionales serait si-
gnificatif. Toutefois, les données en général constituent déjà un
fort rappel, si pour un nombre très élevé de jeunes en formation
cet exercice ne semble pas être de fait cette aide à la croissance
qu’il est appelé à être.
2.4.2 Diverses formes et visages de la prière
64. En général, nos jeunes en formation tiennent en haute
considération la vie de prière et beaucoup d’entre eux voient dans
l’accompagnement spirituel personnel une aide spécifiquement
orientée à la croissance de la vie de prière.
Il est toutefois intéressant d’examiner plus en détail les réponses
à différentes expressions personnelles et communautaires de la
prière. L’Eucharistie quotidienne recueille le consensus maxi-
mum, même s’il est ici difficile de distinguer entre la « tête » et le
« coeur », autrement dit entre une valeur qui doit être affirmée par
principe et par foi et la manière selon laquelle, de fait, l’Eucharis-
tie est effectivement vécue et valorisée dans la vie quotidienne. Il
peut être toutefois significatif de faire attention aux réponses qui
regardent la prière personnelle, la prière communautaire, la médi-
tation et la Parole de Dieu:

7.5 Page 65

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Pré-novices
Prière
personnelle
74,60%
Prière com-
munautaire
Méditation
61,80%
Pas entre
les 22 options
Parole
de Dieu
69,80%
Novices
83,00%
71,60%
65,00%
Pas entre
les 22 options
Post-novices
73,80%
60,60%
52,40%
68,20%
Stagiaires
77,70%
61,43%
42,23%
67,82%
Etudiants en théol. cl
74,90%
57,90%
46,50%
73,20%
64
SDB laïcs form. spéc.
69,20%
69,20%
59,60%
63,50%
Quinquennium
74,20%
62,10%
42,30%
68,20%
Le tableau confirme dans l’ensemble l’estime qui existe pour
ces expressions de prière, surtout pour la prière personnelle. On
note que l’Asie de l’Est - Océanie est la région qui donne la plus
grande valeur à la prière personnelle, à la prière communautaire
et à la méditation. (Bay 472).
65. Toutefois il existe aussi des signes de fatigue. Que l’on
considère, par exemple, les réponses au quinquennium au su-
jet de la liturgie des heures, identifiée comme une des dimen-
sions de la vie de prière la moins authentique et la moins vivante
et vivifiante. Il s’agit d’une donnée qui fait réfléchir: comment
la liturgie des heures, qui est une des formes de prière les plus
constantes dans toute la formation initiale, finit par être conçue
comme quelque chose de purement extérieur et non de vivant et
de vivifiant ?
Et que dire de la méditation, dont la fidélité quotidienne est ga-
rantie durant toute la formation initiale ? Clairement, la présence
constante n’est pas automatiquement une garantie de croissance
et d’appropriation de sa valeur et de sa beauté à l’intérieur de la
personne. La personne doit être aidée à écouter et reconnaître
ce qui advient dans son monde intérieur tandis qu’elle médite,
de sorte à pouvoir activer un propre itinéraire de croissance et à
mûrir des convictions profondes. Dans le tableau ci-dessus, la
méditation est l’expression de la prière avec des indices d’appré-
ciation les plus faibles.

7.6 Page 66

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2.4.3 Le projet de vie personnel
66. Une autre médiation qui peut être très significative dans le
cheminement d’accompagnement personnel est le projet de vie
personnel.
Il est significatif que le projet personnel de vie soit un des instru-
ments auxquels les guides spirituels donnent beaucoup d’atten-
tion. Parmi un certain nombre d’instruments, celui-ci est en effet
celui qu’ils ont indiqué comme particulièrement précieux, avec un
ample consensus (83,7%).
65
Dans l’enquête, il y a une question dans chaque phase pour
savoir dans quelle mesure on utilise et apprécie “les méthodes,
techniques, modèles pour mieux se connaître et grandir dans la
vie spirituelle. Il est intéressant de confronter l’importance donnée
au projet personnel de vie par rapport à d’autres instruments.
Novices
Post-novices
Stagiaires
Etudiants de
théologie
Salésiens laïcs
en formation
spécifique
Quinquennium
Projet
personnel
de vie
78,20%
72,40%
64,20%
75,40%
76,60%
70,10%
Exercice
d’analyse
personnelle et
d’évaluation
78,20%
68,80%
62,40%
69,30%
72,00%
65,40%
Journal
68,80%
50,60%
47,80%
45,50%
45,70%
28,90%
Autobiographie
65,80%
38,60%
32,50%
39,80%
40,40%
28,50%

7.7 Page 67

▲back to top
66

7.8 Page 68

▲back to top
Deuxieme partie
67
Interpreter

7.9 Page 69

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7.10 Page 70

▲back to top
3. Inspirations
qui naissent
de notre tradition
3.1 L’ORIGINALITÉ DE L‘ACCOMPAGNEMENT
69
SPIRITUEL SALÉSIEN DES JEUNES
67. Il vaut la peine d’insister sur la particularité de l’accom-
pagnement spirituel salésien des jeunes: il s’agit d’un processus
complexe, comme le synode de 2018 le met bien en évidence
(DF 95-97). “Il existe une complémentarité constitutive entre l’ac-
compagnement personnel et celui communautaire, que toute spi-
ritualité ou sensibilité ecclésiale est appelée à articuler de manière
originale.” (DF 95).
Dans la ville de Turin en rapide expansion, avec une grande af-
fluence de jeunes à la recherche de travail, encourant des risques
très sérieux pour leur personne, don Bosco a trouvé dans lequel
il était appelé et envoyé. Il s’est rendu compte que pour realiser
cette mission, il devait fournir la preuve à ces jeunes gens qu’ils
avaient trouvé un vrai ami, quelqu’un à qui il pouvait se confier
et à qui ils pouvaient ouvrir leurs coeurs. Il compris l’importance
fondamentale de faire que chaque jeune se sente à l’aise; de lui
faire sentir d’être aimé.
Tandis qu’il cherchait à donner une réponse à tant de besoins
du groupe de jeunes qui accouraient à son oratoire, don Bosco a
pris à coeur et a maintenu en vie les relations interpersonnelles.
Son but était de preparer les jeunes gens pour la vie et de les
rendre conscients de l’amour de Dieu pour eux, mettant leur foi à
profit, une foi à vivre dans la quotidienneté. Ainsi l’oratoire deviant
une maison, une paroisse, une école et un cour de récréation.
Le diagramme suivant illustre l’originalité et la richesse de la
pratique de don Bosco (Grech 251-254):

8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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LA PRATIQUE DE DON BOSCO
DANS L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL
APPROCHE
INFORMELLE
APPROCHE
FORMELLE
ORATOIRE
CONTEXTE IDÉAL POUR LA
CROISSANCE SPIRITUELLE
70
GROUPE
INDIVIDUEL
68. La direction spirituelle pratiquée par don Bosco est un itiné-
raire qui se développe simultanément dans le milieu et au niveau
individuel. Il ne se limite pas à la rencontre périodique interperson-
nelle entre le directeur spirituel et l’individu qui cherche un guide.
Don Bosco a réussi à maintenir un splendide équilibre entre un milieu
saint et mûr et la rencontre personnelle avec chacun. A l’intérieur de
cette dynamique de base, nous pouvons distinguer ultérieurement
entre une approche formelle et une approche informelle.
L’approche formelle est régulière et se base sur un accord. Au
niveau du groupe elle inclut des récollections, la vie liturgique,
la catéchèse et d’autres rencontres, avec un input de différents
genres, organisés (formels). Au niveau individuel, il se traduit dans
la rencontre “interpersonnelle” entre le directeur spirituel et la per-
sonne à la recherche d’accompagnement
L’approche informelle trouve un exemple clair dans la “parole à
l’oreille”. Elle advient de manière occasionnelle et peut impliquer
une variété de sujets qui interviennent et guident.
69. Le processus d’accompagnement spirituel a lieu à l’inté-
rieur d’une communauté de foi, ouverte à l’oeuvre de la grâce et
à l’action de l’Esprit Saint, où nous trouvons un enchevêtrement
naturel d’approches formelles et informelles. L’approche régulière
et structurée a de plus grandes probabilités d’être transformatrice
et fructueuse, mais il est aussi vrai que sans différentes interven-
tions informelles et l’environnement favorable de la communauté,
l’efficacité des moments formels serait pour le moins réduite, si-
non carrément compromise.

8.2 Page 72

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Ce type de pratique “holistique” fait aussi comprendre combien
de temps don Bosco a consacré à ses jeunes. Pour lui, dépen-
ser peu d’heures à la semaine au dialogue “interpersonnel” ne
suffisait pas. Son originalité consiste à créer une approche ho-
listique qui inclut les dimensions de groupe et les dimensions in-
dividuelles, à travers diverses approches formelles et informelles
à l’intérieur d’un environnement qui favorise spécifiquement tout
cela (Grech c. 4; Giraudo 178-150).
L’accompagnement spirituel “interpersonnel” d’Ignace
de Loyola
71
70. Il est intéressant de saisir la multiplicité et la variété des
liens entre la pratique de don Bosco et celle d’Ignace de Loyola
et de François de Sales.
La pratique de la direction spirituelle d’Ignace de Loyola est
centrée sur des rencontres individuelles avec un guide. Comme
Thérèse de Jésus, Ignace a donné une grande importance au dis-
cernement des esprits dans le but d’établir une relation solide
avec Dieu. Ses Exercices spirituels ont été forgés par la réflexion
et impliquent une claire option pour l’introspection et l’examen
des motivations intérieures qui se trouvent derrière les choix. La
proposition d’Ignace consiste à éloigner les affects désordonnés
et à chercher la connaissance de la volonté de Dieu sur la base de
la nouvelle liberté acquise.
71. Les Exercices ont été un élément central dans le projet for-
matif du Convitto Ecclesiastico où don Bosco a passé trois an-
nées décisives de sa première vie sacerdotale et où il a « appris à
être prêtre ». 1 Don Bosco a seulement fait les Exercices chaque
année, mais les a aussi proposés dès le début à ses jeunes, mal-
gré la pauvreté dans laquelle ils vivaient dans ces années, en
plus d’aider régulièrement Cafasso avec les Exercices pour des
groupes de prêtres et de laïcs à Saint Ignace au-dessus de Lan-
zo pour de nombreuses années. Offrir les Exercices aux jeunes
et aux personnes simples était, en effet, un des cinq objectifs
de la Congrégation salésienne depuis les premières Constitutions
écrites par don Bosco lui-même.
1 Le Convitto a été fondé par Luigi Guala grâce à l’Inspiration de Pio Brunone Lanteri.
Celui-ci était un disciple de Nicolaus von Diessbach, un jésuite qui était un disciple
enthousiaste d’Alphonse Marie de Liguori. Diessbach avait initié Lanteri à la propaga-
tion des Exercices Spirituels de saint Ignace comme instrument privilégié d’apostolat.
Ce fut une des intuitions centrales du Convitto Ecclesiastico dans lequel se forma don
Bosco (Cfr. Buccellato 108-114).

8.3 Page 73

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François de Sales : amitié spirituelle dans l’accompagnement
72. L’influence ignatienne sur François de Sales est forte. A Pa-
ris il a choisi de fréquenter le collège des jésuites de Clermont,
contrairement à la préférence de son père pour le collège de la
Navarre. Etudiant à Padoue il a recouru au jésuite Antonio Pos-
sevino comme directeur spirituel. Jeune évêque il s’est confié au
P. Fourier, directeur du collège jésuite de Chambéry. Toutefois,
dans sa pratique, à ce qu’il avait appris de la tradition ignatienne,
il ajoute l’élément de l’amitié spirituelle. “Le trait qui caractérise
72
peut-être le mieux la direction spirituelle salésienne est le climat
d’amitié réciproque qui unit le directeur er la personne dirigée par
lui. Il me semble que l’on peut affirmer que pour François de Sales
il n’y a pas de vraie direction spirituelle s’il n’y a pas une vraie
amitié autrement dit communication, influence réciproque qui unit
le directeur ; et il s’agit d’une amitié qui parvient à être vraiment
spirituelle”. (Albuquerque 29) “Dans l’esprit de la terminologie de
saint François de Sales ... le vocable qui exprime la manière et le
style d’être “plein de charité” du directeur spirituel dans la direc-
tion spirituelle est “amitié“» (Struś 57), et l’insistance de François
sur l’amitié est probablement un tournant dans l’histoire de la di-
rection spirituelle dans l’Eglise (Struś 40, 47-48).
La relation personnelle, centrale dans la pratique
de don Bosco
73. En se basant sur ce qu’il avait appris de la tradition igna-
tienne au Convitto, don Bosco semble aussi avoir spontanément
adopté l’élément salésien de l’amitié et des rapports person-
nels chaleureux dans la pratique de l’accompagnement spiri-
tuel. “Dans la direction spirituelle salésienne, le rapport du direc-
teur avec le jeune n’est pas secondaire tout au long du processus,
mais il est essentiel pour sa guérison et pour sa croissance ...
Cette attention paternelle et maternelle peut se référer à la ma-
nière extraordinaire de direction spirituelle de saint François de
Sales et de sainte Jeanne-Françoise [de Chantal], dans laquelle
“ils conservaient leurs propres élèves dans le le coeur””. (McDon-
nell 79) “Le rapport entre formateur salésien et jeune doit être
imprégné de la “plus grande cordialité”, parce que “la familiarité
conduit à l’amour, et l’amour porte à la confiance. C’est ce qui
ouvre les coeurs et les jeunes expriment tout sans crainte [ ... ],
deviennent francs en confession et en dehors de la confession et
se prêtent docilement à tout ce que veut commander celui dont
ils sont sûrs d’être aimés”.2
2 Giraudo 154, citant G. Bosco, Deux lettres de Rome, 10 mai 1884.

8.4 Page 74

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Il existe, en effet, une belle résonance entre l’étymologie de
la parole accompagnement et la familiarité salésienne: accom-
pagner signifie “être compagnon de voyage”, avec ce niveau de
solidarité qui naît du partage du pain, du cum-panis, et les échos
qu’elle suscite dans le contexte biblio-chrétien et le contexte sa-
lésien qui est le nôtre.
Comunità, gruppo e accompagnamento personale
in Don Bosco
74. Aux rapports d’amitié et de cordialité avec les jeunes, don
73
Bosco a ajouté la communauté et les dimensions du groupe - et
c’est là son originalité. Nous le trouvons bien reflété dans le Cadre
de référence de la pastorale des jeunes (CdR), quand on observe
que la communauté éducative et pastorale (CEP) est animée par
l’accompagnement de l’environnement, du groupe et de chaque
personne.3 Dans le contexte de l’accompagnement de la commu-
nauté et du groupe : “Le dialogue restitue des attitudes pastorales,
comme on le voit dans la rencontre du jeune Jean Bosco avec don
Calosso ou la rencontre du prêtre don Bosco avec Barthélémy
Garelli. L’action salésienne veut éveiller chez le jeune une collabo-
ration active et critique du cheminement éducatif, adaptée à ses
possibilités, à ses choix et à ses expériences personnelles : la re-
cherche de motivations de fond pour vivre, le besoin de clarté en
un moment précis, le désir de dialogue et de discernement, l’in-
tériorisation des expériences quotidiennes pour en déchiffrer les
messages, la confrontation et l’instance critique, la réconciliation
avec soi-même et la récupération de son calme intérieur, la conso-
lidation de sa maturité personnelle et chrétienne.” (CdR 116).
Accompagnement dans l’étrenne de 2018
75. L’originalité et la particularité du style d’accompagnement
salésien des jeunes est confirmée par don Ángel Fernández Ar-
time dans l’étrenne de 2018 sur le thème de l’accompagnement :
« Seigneur, donne-moi de cette eau » (Jn. 4,15). Cultivons l’art
d’écouter et d’accompagner” (ACG 426). En premier lieu, comme
pour don Bosco, l’accompagnement salésien ne se limite pas à
un moment de dialogue personnel, mais insère cette rencontre
interpersonnelle dans le contexte vivant d’un environnement édu-
catif attrayant “riche de propositions éducatives et de rapports
humains” (ACG 426 24). En deuxième lieu, mais en continuité
avec ce qui a été mis plus haut comme premier aspect – l’ac-
3 Dans son exhortation post-synodale, le pape François dit que l’Eglise grandit dans la
conscience que c’est toute la communauté qui évangélise les jeunes (CV 202).

8.5 Page 75

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compagnement personnel salésien est une partie vivante de notre
pédagogie spirituelle de la relation, qui rejoint la conquête du
coeur : la tonalité affective et la création d’un climat de confiance
et de sympathie sont pour don Bosco des conditions fondamen-
tales de sa méthode éducative » (ACG 426 23).
Tout ceci trouve une confirmation dans ce que dit le pape Fran-
çois: dans la Pastorale des jeunes “il faut privilégier le langage
de la proximité, la langue de l’amour désintéressé, relationnel et
existentiel qui touche le cœur, atteint la vie, éveille l’espérance
74
et les désirs. Il est nécessaire de s’approcher des jeunes avec la
grammaire de l’amour, non pas par prosélytisme”. (CV 211).
3.2 ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL SALÉSIEN
DANS LES PROCESSUS DE FORMATION
3.2.1 La pratique de don Bosco se reflète dans
les processus de formation
76. L’originalité et la richesse de la pratique de l’accompagnement
spirituel en don Bosco doit être considérée non seulement en réfé-
rence à la Pastorale des jeunes, dans la variété de ses expressions,
mais aussi dans les processus qui caractérisent la formation initiale.
Ainsi, en commentant la Ratio dans la lettre “Vocation et formation”,
don Pascual Chávez observait que l’accompagnement dans la for-
mation “ne se limite pas à l’entretien individuel, mais constitue un
ensemble de relations, un milieu et une pédagogie, propres au Sys-
tème préventif” (FSDB 258; ACG 416 47). L’accompagnement com-
munautaire joue un rôle très important dans la communication vitale
des valeurs salésiennes. Naturellement, cet accompagnement doit
être personnalisé et pour cela nous devons garantir qu’il y ait “la pré-
sence et la disponibilité de personnes engagées dans la formation,
leurs compétences et l’unité des critères” (ACG 416 48).
3.2.2 Le système préventif et les processus
de formation
77. Le système préventif est notre mode de faire les choses: il
est aussi bien une spiritualité qu’une méthodologie pastorale. Il
est, en dernière instance, notre modèle de formation.
La fameuse triade du système préventif peut être traduite dans
les attitudes fondamentales pour l’accompagnement; l’accueil en

8.6 Page 76

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référence à l’amour, la pédagogie en référence à la raison et la
mystagogie en référence à la religion.
78. L’accueil implique des valeurs comme l’acceptation incon-
ditionnée, la loyauté, le respect et la confiance, l’écoute patiente,
la sensibilité envers l’autre, une relation pleine d’humanité et l’ob-
jectif d’une croissance intégrale. Au centre de l’éducation et de
la formation il y a la personne dans sa singularité et sa concré-
tude.4 « La première sensibilité ou attention est à la personne. Il
s’agit d’écouter l’autre qui se donne lui-même à nous dans ses
paroles. Le signe de cette écoute est le temps que je consacre
75
à l’autre. Ce n’est pas une question de quantité, mais que l’autre
sente que mon temps est à lui: celui dont il a besoin pour m’ex-
primer ce qu’il veut. Il doit sentir que je l’écoute inconditionnel-
lement, sans m’offenser, sans me scandaliser, sans m’ennuyer,
sans me fatiguer”. (CV 292).
L’accueil signifie regarder la personne de manière positive, écou-
ter, s’engager dans le dialogue, faire des propositions concrètes
pour la croissance et puis accompagner les processus de crois-
sance avec patience, être présents à des moments-clés de dé-
cision et de difficulté? La recherche montre que les jeunes per-
çoivent immédiatement si leurs formateurs se consacrent de tout
coeur au service de l’accompagnement, ou si, au contraire, ils sont
plus préoccupés de leur agenda personnel. Un guide qui est trop
préoccupé de son temps sera difficilement à même de créer l’envi-
ronnement favorable pour l’accueil et l’écoute.
Le formateur aide la personne à être elle-même, et à savoir
courir le risque de prendre ses propres decisions et à prendre sa
propre vie en charge. C’est ce climat d’accueil qui crée un espace
dans lequel on se sent en sécurité, où ceux qui sont en formation
trouvent le courage d’ouvrir leur coeur et de se confier à leurs for-
mateurs et à leurs guides. C’est cette ouverture, cette confiance
et cette transparence qui permet l’attention voulue à la dimension
humaine, y compris l’aire de l’affectivité et de la sexualité, et rend
possible l’émergence de motivations et de convictions profondes.
La pédagogie implique de partir du point où le jeune se trouve,
en commençant un cheminement, en s’engageant dans un pro-
cessus, en proposant des objectifs et des phases, en aidant à
penser de manière attentive et critique, en éduquant à la foi. Se
mettre à l’écoute sincère e l’histoire de la vue de chaque per-
4 C’est là un des aspects fondamentaux de la direction spirituelle de Saint François de
Sales. Cfr. Alburquerque 23.

8.7 Page 77

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sonne dans son unicité est le point de départ de l’accompagne-
ment et requiert justement de bonnes capacités d’écoute de la
part de celui qui accompagne les candidats, spécialement dans
les premières phases de leur parcours vocationnel. Il existe une
diversité croissante et une fragmentation dans le monde de nos
jeunes, liées aussi au vécu familial et aux contextes sociaux en
constante transformation. Accompagner les jeunes en partant du
“du point où ils en sont de leur liberté” (C 38) est un art pédago-
gique qui requiert une excellente sensibilité salésienne et aussi
une préparation spécifique. On peut obtenir beaucoup d’aide du
76
counseling, de la psychologie et des sciences humaines, dans
une préparation qui doit impliquer en plein la personne et l’expé-
rience de vie des formateurs.
La mystagogie implique de réveiller le désir de la foi, d’aider
les personnes à prendre conscience de leur propre intériorité, en
syntonie avec les demandes profondes sur le sens, en reconnais-
sant l’inhabitation d’une présence, vraie initiation à l’expérience
de Dieu. Le document final du synode sur les jeunes rappelle
l’exemple du diacre Philippe:
Le service de l’accompagnement est une mission authentique,
qui sollicite la disponibilité apostolique de celui qui l’accom-
plit. Comme le diacre Philippe, l’accompagnateur est conduit
à obéir à l’appel de l’Esprit, en sortant et en abandonnant l’en-
ceinte des murs de Jérusalem, symbole de la communauté
chrétienne, pour se diriger dans un lieu désert et inhospita-
lier, peut-être même dangereux, où il faut peiner pour parvenir
jusqu’à un char. Après l’avoir rejoint, il doit trouver la façon
d’entrer en relation avec le voyageur étranger, pour susciter
une question qui n’aurait peut être pas été formulée spontané-
ment (cfr. Ac 8, 26-40). (DF 101).
79. Tout ceci fait partie du rôle maternel de l’Eglise. “Eduquer,
c’est donc participer avec amour paternel et maternel à la crois-
sance du sujet. Et c’est aussi, dans le même but, avoir soin de
collaborer avec d’autres, car la relation éducative, suppose en
effet divers organismes collectifs” (Viganò ACG 33713-14). Le
soin personnalisé et l’intimité maternelle deviennent mystagogie
(Giraudo 160).
La dimension mystagogique implique la reconnaissance du fait
que le guide est un médiateur. Comme pour le Baptiste, c’est le
Seigneur qui doit grandir, tandis que le guide doit diminuer (cfr. Jn
3,28-30). Les grandes vertus du médiateur sont l’humilité et l’ab-
négation. Le guide humble est d’une grande aide; le guide plein
de lui-même est un grand danger. “Bref, accompagner exige de se

8.8 Page 78

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mettre à la disposition de l’Esprit du Seigneur et de celui qui est
accompagné, en offrant toutes ses qualités et ses capacités, et
en ayant le courage de se mettre de côté avec humilité.” (DF 101).
80. Les tentations du guide sont nombreuses: vouloir occuper la
place du Seigneur, apparaître comme quelqu’un de spécial, cher-
cher des adeptes et des disciple, penser que tout dépend de lui,
ou que les victoires de celui qu’il accompagne sont ses propres
victoires, et vice-versa que les échecs de celui qu’il accompagne
sont ses propres échecs comme accompagnateur. Ou encore, i
pourrait être tenté de se substituer à la personne accompagnée –
77
en ne respectant pas sa liberté ou son processus de croissance,
en prenant des décisions pour elle, en trahissant la réserve, en
ne réussissant pas à en encourager l’indépendance, et créant au
contraire des dépendances. Le guide, dit le pape François, “à un
moment donné, on doit disparaître pour le laisser poursuivre ce
chemin qu’il a découvert. C’est disparaître comme le Seigneur
disparaît à la vue de ses disciples et les laisse seuls avec la brûlure
du cœur qui devient un élan irrésistible de se mettre en chemin.
(cfr. Lc 24, 31-33). Au retour dans la communauté, les disciples
d’Emmaüs recevront la confirmation que vraiment le Seigneur est
ressuscité (cfr. Lc 24, 34).” (CV 296).
81. La dimension mystagogique présuppose sans aucun doute
de la part du guide un intense amour pour Jésus. “Avoir connu
Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que
marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons,
que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même
chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui,
ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de
construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose
que de le faire seulement par sa propre raison.” (EG 266).
L’amour pour le Seigneur se nourrit de prière. Pour alimenter l’amour
il est nécessaire de dialoguer avec la personne aimée: “Notre tristesse
infinie ne se soigne que par un amour infini” (EG 265). “Nous parlons
avec l’ami, nous partageons les choses les plus secrètes. Avec Jé-
sus aussi, nous parlons. (…) La prière nous permet de lui dire tout
ce qui nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même
temps elle nous offre des instants de précieuse intimité et d’affec-
tion, où Jésus répand en nous sa propre vie. En priant, nous lui « ou-
vrons le jeu » et nous lui faisons la place « pour qu’il puisse agir et
puisse entrer et puisse triompher ».” (CV 155).
La prière est fondamentale pour qui est guide spirituel:: “Sans
des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la

8.9 Page 79

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Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, les tâches se vident
facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue
et des difficultés, et la ferveur s’éteint” (EG 262). Le guide prie
pour ceux qu’il accompagne. Sa prière est une humble requête
à l’Esprit d’illuminer et accompagner celui qui demande d’être
guidé et de suppléer aux limites et aux manques du guide lui-
même. Quand le guide ne donne pas de l’importance à la prière
d’intercession, l’accompagnement perd lentement de sa fraicheur
et devient routine.
78
82. Enfin, l’accompagnement devient école de sainteté et porte
des fruits de joie et d’authentique bonheur autant chez celui qui
accompagne que chez ceux qu’il accompagne. “N’aie pas peur
de la sainteté. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie ni la joie.
C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pen-
sé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être” (GE 32).
3.2.3 Le splendide accord entre esprit de famille
et accompagnement
83. Des récits de don Bosco dans ses Mémoires et dans les bio-
graphies de jeunes écrites par lui, nous voyons que l’interaction
entre l’environnement et l’accompagnement personnel est telle-
ment intense qu’on ne peut imaginer l’un sans l’autre. “Le splen-
dide accord de nature et de grâce” qui dépeint complètement
notre fondateur (C 21) se reflète dans la manière dont il accompli
sa mission au milieu des jeunes, dans la splendide harmonie entre
l’esprit de famille et l’accompagnement personnel que Magon,
Besucco, Savio et leurs compagnons ont trouvé à Valdocco.
Notre recherche confirme l’importance de la relation entre un
environnement communautaire où l’on respire l’esprit de famille
(cfr. C 16) et l’attention donnée à chacun à travers les trois formes
principales d’accompagnement. Celles-ci sont réalisées de ma-
nière unitaire dans la personne de don Bosco, qui était supérieur,
guide spirituel et confesseur. L’histoire a donné lieu à de nom-
breux changements dans l’animation de la communauté et dans
la manière par laquelle la congrégation a vécu l’accompagnement
spirituel, mais la valeur de ces trois modalités reste inaltérée.
Directeur
84. Dans notre tradition, le rôle du directeur est strictement lié à
l’expérience pédagogique et spirituelle de don Bosco, et est donc
assez différente de ce que l’on trouve dans d’autres instituts re-

8.10 Page 80

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ligieux. On peut maintenant trouver beaucoup sur cette figure
dans Le directeur salésien – un ministère pour l’animation et le
gouvernement de la communauté locale (2019), qui est l’édition
totalement revue du Manuel du directeur, requise par le CG37.
Aux fins de des orientations et directives présentes il est suffisant
de rappeler que [1] le directeur est le guide spirituel au service de
l’unité de la communauté religieuse et de la communauté édu-
cative et pastorale; [2] il est le gardien de l’identité charismatique
salésienne, en favorisant l’engagement commun vers une fidélité
créatrice à don Bosco, dans le contexte et dans la situation par-
ticulière dans laquelle la présence salésienne est appelée à s’in-
79
carner; [3] “a une responsabilité directe envers chaque confrère ;
l’aide à réaliser sa vocation personnelle” (C 55), en particulier à
travers le colloque personnel (C 70). Ce type d’accompagnement
personnel conserve toute sa valeur, même quand il est distinct
de l’accompagnement spirituel personnel, où l’on entre dans dif-
férents aspects de la vie qui regardent le for interne. Celui qui est
appelé à être père de la famille connaît son confrère dans ces
aspects qui se manifestent à l’intérieur de la vie de la commu-
nauté et dans la mission et a une responsabilité spéciale dans les
moments de discernement, de demandes et d’admissions.
Confesseur
85. Le sacrement de la Réconciliation est un élément d’une
importance centrale dans la spiritualité et la pédagogie de don
Bosco. Nous aurons d’autres choses à dire sur le confesseur
dans la suite (cfr. ci-dessous section 4.7). Ici il suffit de noter
que cette forme d‘accompagnement, dans laquelle la grâce et
la liberté trouve une expression plus intime et sacramentelle, est
en plein accord avec les rôles du directeur et du guide spirituel.
C’est dans cette harmonieuse interaction de vie intérieure et
d’engagement externes, relations communautaires et itinéraires
personnels, que nous trouvons le meilleur soutien pour notre
“chemin de sanctification” (C 25).
Guide spirituel
86. L’accompagnement spirituel personnel demande de par
sa nature d’être vécu en sincère harmonie avec l’environnement
communautaire, avec le rôle fondamental du directeur dans
l’accompagnement de la communauté et des confrères, et avec
l’expérience sacramentelle de la réconciliation. Mieux on vit l’in-
tégration harmonieuse de ces dons, plus riche sera le chemin
de croissance vocationnelle. Nous donnons beaucoup d’impor-
tance, et justement, à la liberté personnelle, incluse la liberté

9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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de choisir celui à qui nous pouvons confier nos expériences les
plus personnelles. Toutefois, cela ne diminue pas la sagesse qui
dérive de notre tradition d’un guide qui non seulement connaît
notre charisme mais soit aussi un témoin direct du déploiement
de l’expérience de chaque jour à l’intérieur de la communauté.
Nos interactions avec les autres et notre style de vie quotidienne
font partie de ce que l’on partage dans l’accompagnement per-
sonnel ; ce peut être une aide que celui qui offre le service de
guide partage la même vie de communauté, avec son expérience
directe et qui ne dépend pas de ce qui lui est communiqué durant
80
le dialogue d’accompagnement. Un directeur sage sait comment
aider ses confrères à valoriser au mieux l’accompagnement spiri-
tuel et à se fier à des guides capables.

9.2 Page 82

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9.3 Page 83

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82

9.4 Page 84

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4. A l’ecoute de l’esprit
87. Dans le deuxième chapitre nous avons structuré les don-
83
nées de notre exercice d’écoute à l’aide de quatre demandes:
quelles sont les personnes impliquées dans le processus d’ac-
compagnement spirituel? Que comprennent-elles par accompa-
gnement spirituel personnel ? Qu’est-ce qui se passe réellement
dans l’accompagnement spirituel personnel ? Quel est le rôle joué
par certaines médiations? Dans le chapitre troisième nous nous
sommes laissé illuminer et inspirer par la tradition salésienne et
par l’enseignement récent de l’Eglise.
Nous pouvons maintenant procéder au deuxième pas de notre
exercice de discernement spirituel, qui est l’interprétation: que
nous dit l’Esprit à travers ce que nous avons écouté ? Nous ne
suivrons plus l’ordre des quatre demandes énumérées ci-dessus;
laissons plutôt que les thèmes émergent spontanément.
4.1 UNE FORMATION INCULTURÉE
Dialogue avec la culture des jeunes
88. Un premier point qui émerge de notre étude est l’invitation
à dialoguer avec la culture des jeunes, de manière à garantir une
formation qui soit inculturée. Rencontrer les jeunes “au point où
ils en sont de leur liberté” (C 38) implique aussi d’entrer en dia-
logue avec leur culture, leur façon de comprendre la vie et leurs
modèles de communication.
S’il s’agit d’un défi qui concerne tous les Salésiens, il est sans
doute extrêmement important pour ces confrères qui se consacrent
au service d’accompagnement personnel, spécialement dans les
phases initiales de la formation. C’est précisément là que la ren-
contre entre la vie salésienne et les nouvelles générations de ceux
qui ont l’intention de l’embrasser a lieu, année après année, avec
de nouveaux visages, dons, exigences et défis.

9.5 Page 85

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Se rapporter à une culture qui est digitale
89. Un élément central dans la culture des jeunes d’aujourd’hui
est l’univers numérique. « Le monde numérique caractérise le
monde contemporain. De vastes portions de l’humanité y sont
plongées de manière ordinaire et continuelle. Il ne s’agit plus seu-
lement d’”utiliser” des instruments de communication, mais de
vivre dans une culture largement numérisée, qui influence profon-
dément les notions de temps et d’espace, la perception de soi,
des autres et du monde, la façon de communiquer, d’apprendre,
84
de s’informer et d’entrer en relation avec les autres.» (CV 86).
C’est une donnée de fait que la plus grande partie des jeunes
en formation dans la congrégation a entre 20 et 30 ans, et sont
par conséquent des natifs numériques, appartenant à la Généra-
tion Z.1 Ils ont grandi dans une culture dominée par les technolo-
gies de la communication virtuelle. A l’intérieur de cet espace, ils
sont devenus des acteurs et des metteurs en scène, avec un lan-
gage proper et avec leur monde d’intérêts. Ils découvrent e se ré-
inventent, et demandent le droit de naviguer et de dialoguer dans
le cyberespace. “La vie nouvelle et débordante des jeunes, qui les
pousse à chercher et à affirmer leur personnalité, est confrontée
aujourd’hui à un nouveau défi: interagir avec un monde réel et
virtuel dans lequel ils pénètrent seuls comme dans un continent
global inconnu. Les jeunes d’aujourd’hui sont les premiers à faire
cette synthèse entre ce qui est personnel, ce qui est propre à
chaque culture et ce qui est global. C’est pourquoi il faut qu’ils
parviennent à passer du contact virtuel à une bonne et saine com-
munication” (CV 90).
Dans le processus, un des risques est de « plus proches, les
plus éloignés, et en même temps de rendre plus éloignés ceux
qui sont proches ». Avec l’hyperconnectivité, paradoxalement,
la solitude n’est pas du tout diminuée: on tend facilement à de-
venir « solitaire ensemble ». En même temps, les jeunes appré-
cient beaucoup de pouvoir se connecter avec n’importe qui et
à n’importe quel moment. Le défi qui devant eux est de “passer
du contact virtuel à une communication bonne et saine » (CV 90).
90. Parmi les risques émergents il y a la pornographie, le jeu
de hasard, le cyber-intimidation, les dangers qui naissent dans
la chat room et la manipulation idéologique, et nos jeunes candi-
dats et confrères ne sont pas exempts de ces dangers. Ceux qui
1 D’après une étude, la Génération Y inclut ceux qui sont nés entre 1980 et 2000, tan-
dis que la Génération Z ceux qui sont nés après 2000.

9.6 Page 86

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leur offrent l’accompagnement spirituel ne peuvent s’exempter
d’être attentifs et compétents dans la façon d’intervenir quand
on rencontre ces obstacles à la croissance, avec leur tendance à
s’enraciner et à devenir des habitudes, jusqu’à se transformer en
dépendances.
91. Mais la tâche des guides ne se limite pas un usage sain et
éthique du réseau. Pour nous, la communication sociale est un
champ d’action qui entre parmi les priorités apostoliques de la
mission salésienne (C 43). De nouveau, le Pape François nous
invite à faire confiance aux jeunes: «Mais les jeunes sont capables
85
de créer de nouvelles formes de mission dans les domaines les
plus divers. Par exemple, puisqu’ils utilisent si bien les réseaux
sociaux, il faut qu’ils les organisent pour les remplir de Dieu, de
fraternité et d’engagement (CV241). En grandissant comme per-
sonnes animées par la foi et profondément enracinés dans le cha-
risme salésien, nos jeunes confrères de la génération numérique
créeront de nouveaux langages à travers lesquels ils communi-
queront avec leurs contemporains et partageront la bonne nou-
velle portée par le Seigneur Jésus.
Une culture qui n’encourage pas les engagements définitifs
92. Au fond, les dernières générations trouvent difficile de
prendre des engagements définitifs. Ils sont caractérisés par un
état de fluidité, et d’incertitude, dans lequel la liberté est comprise
comme la possibilité d’accéder et de choisir une gamme indéfi-
nie d’occasions, toujours nouvelles. Une telle fluidité et incertitude
conduisent à un sens diffus de crainte face à des engagements
définitifs.2 En même temps les natifs numériques sont encore “les
jeunes sont de grands chercheurs de sens et tout ce qui rejoint leur
quête de sens pour donner de la valeur à leur vie suscite leur atten-
tion et motive leurs efforts” (IL 7). Nonobstant la sécularisation, il y
a encore une profonde faim de Dieu chez les jeunes d’aujourd’hui.
93. En outre, un autre revers de la question est que dans l’actuel
paysage social, économique et culturel, la période de la jeunesse
varie beaucoup. “Dans certains pays, en moyenne, on se marie,
on entre au séminaire ou dans la vie religieuse avant même 18
ans, tandis que dans d’autres cela se fait après 30 ans, quand la
jeunesse est désormais passée. Dans de nombreux contextes, la
transition à l’âge adulte est devenue un chemin long, complexe et
non linéaire, où alternent des pas en avant et des pas en arrière,
2 Cfr. F. Cereda, “La fragilité de la vocation. Mise en route de la réflexion et propositions
d’intervention,” ACG 385 (2004) section 2.1: Incapacité de décisions définitives.

9.7 Page 87

▲back to top
et où en général la recherche d’un travail prévaut sur la dimension
affective. Cela rend plus difficile pour les jeunes la décision de po-
ser des choix de vie définitifs et, comme le souligne par exemple
une CE africaine, cela « met en évidence la nécessité de créer
pour eux un cadre formel de soutien personnalisé” (IL 16).
94. Deux facteurs ultérieurs sont l’idée prédominante de liber-
té et le capitalisme de consommation. Quand la liberté est com-
prise comme la possibilité d’avoir un accès illimité à des occa-
sions toujours nouvelles, et quand celle-ci est renforcée par le
86
capitalisme de consommation, avec un étalage constant d’une
grande variété de choix, les jeunes sont facilement portés à hési-
ter à faire des choix définitifs qui semblent limiter et restreindre les
champs : “Aujourd’hui le choisis ceci, demain on verra”. Ou en-
core: “Jusque maintenant je suis heureux. Demain, si les choses
changent, je verrai. »
Se rapporter à l’interculturalité
95. Il existe un élément ultérieur de l’inter-culturalité. La distri-
bution planétaire des Salésiens de don Bosco n’est pas seule-
ment un facteur géographique, mais une dynamique d’internatio-
nalité qui est unique en son genre. Présents en plus de 133 pays,
nous sommes sans doute parmi les congrégations religieuses les
plus répandues dans le monde. Cette réalité ne peut pas ne pas
avoir un impact sur le processus de formation, en particulier pour
ce qui regarde l’accompagnement spirituel.
Parlant seulement en termes de diversité, nous avons des jeunes
candidats des grands centres urbains et d’autres des zone rurales
éloignées; ceux qui appartiennent à des groupes de population
majoritaires et socialement dominants, et d’autres qui proviennent
de minorité ethniques; ceux qui ont la possibilité de réaliser les
processus de formation dans leur langue maternelle, et d’autres qui
doivent passer par une deuxième et même une troisième langue; et
ainsi de suite. A ceci s’ajoute la diversité régionale, nationale et
économique, pour ne pas parler de castes et d’autres stratifica-
tions ou facteurs de classification, plus ou moins évidents et pro-
fonds, qui prévalent dans différentes parties du monde.
96. Face à cette diversité, la congrégation encourage explici-
tement l’inter-culturalité, aussi bien dans les phases de formation
initiale que dans d’autres situations et formes.3 Quel type de for-
3 CG27 75.5; Á. Fernández Artime, ACG 419 (2014) 25-26; F. Cereda, “Favoriser les
communautés internationales (GC27 75.5),” ACG 429 (2019) 44-46.

9.8 Page 88

▲back to top
mateurs, guides et équipes sont nécessaires pour accompagner
la diversité et l’inter-culturalité? Comment devrions-nous prépa-
rer de tels formateurs et guides? Surtout, comment la congréga-
tion peut-elle réaliser une action de gouvernement efficace pour
les réalités inter-provinciales qui sont la situation que l’on trouve
déjà dans un nombre croissant de maisons de formation dans
le monde entier, quand la plus grande partie de ses structures
actuelles ont été mises en vue d’un gouvernement de type et
d’échelle provinciale ?
En outre, la congrégation doit prendre en considération le fait
87
que 53 % des interviewés ont répondu en anglais. Nous devons
nous demander quelles implications ceci comporte pour nos pro-
cessus de formation.
En outre, si l’apprentissage d’une langue étrangère requiert
application et constance, plus exigeante et en même temps né-
cessaire est l’ouverture au nouveau mode de comprendre, d’ac-
corder ou non de la valeur aux choses, de communiquer, qui est
typique des nouvelles générations. Cette modalité de langage,
de grammaire et de culture requiert une disponibilité à l’écoute,
au dialogue à l’apprentissage qui n’est pas moins intense que
celle qui est demandée d’un confrère envoyé dans un nouveau
pays comme missionnaire ad gentes.
Construire des ponts entre les cultures
97. Nous sommes en train d’assister au passage d’une notion
classisiste à une notion empirique de la culture, où il n’y a plus
une culture normative, à même de se poser comme idéal vers
lequel tendre.4 Foi et charisme sont fondamentalement des réali-
tés transculturelles, qui exigent de s’incarner dans la variété des
cultures de l’humanité.
98. Dans une telle situation, les formateurs et les guides sont
appelés à une inculturation sans aucun doute aujourd’hui plus
que jamais nécessaire, qui est la capacité de créer des ponts
entre les distances qui existent entre des cultures différentes. Et
ceci, à notre avis, n’est pas tant une question de connaissance
4 La distinction (même si elle n’est pas exprimée exactement de la même façon) se
trouve dans le magistère ecclésiastique et salésien, comme, par exemple, en EG 117
et ACG 419 25. Le classicisme considérait la culture comme la norme; les autres en
dehors étaient de simples barbares. La notion empirique de culture est simplement la
négation du classicisme. Elle reconnaît une pluralité de cultures, parce qu’elle con-
sidère la culture comme la manière dont n’importe quelle personne apprend la signifi-
cation et la valeur dans sa propre manière de vivre.

9.9 Page 89

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des cultures, qu’une familiarité avec le “noyau le plus intime” de
la personne du formateur. C’est l’intériorité existentielle spirituelle
du formateur qui est le vrai pont entre les distances culturelles.
Aucun formateur ou guide spirituel peut même seulement espérer
réussir à connaître à fond chacune des cultures présentes dans
sa communauté souvent inter-culturelle, mais nous pouvons cer-
tainement nous attendre qu’il continue à grandir de façon belle
et mûre dans son intériorité. Nous retournons ainsi à l’exigence
incontournable de la préparation et de la formation continue des
formateurs, avec une insistance élémentaire mais en même temps
88
forte sur le système préventif, qui sait valoriser la personne dans
sa particularité et s’engager dans un dialogue patient, fondé sur
la conviction que nous sommes tous animés et accompagnés par
la grâce et même immergés en elle.
Notre recherche laisse entendre qu’être exposé comme per-
sonne pour un temps raisonnable à une culture qui n’est pas la
sienne est perçu comme quelque chose de très utile pour un for-
mateur (cfr. ci-dessus section 2.1.1). “Jusque quand un homme
n’acquiert pas une certaine connaissance d’une autre culture, il
ne peut pas se dire éduqué, parce son entière perspective est
tellement conditionnée par son environnement social qu’il ne peut
se rendre compte de ses limites”.5
En gardant à l’esprit que la majorité des jeunes salésiens
viennent maintenant de l’Afrique-Madagascar, de l’Asie du Sud
et de l’Asie de l’Est-Océanie, la nécessité de cultiver une atten-
tion plus profonde envers les cultures qui alimentent la vie de ces
jeunes et confrères, spécialement dans la formation des forma-
teurs, devient une importante stratégie de futur pour la congré-
gation. Sans une compréhension correcte des cultures il n’y aura
pas d’inculturation de la formation et de la mission. La formation
et la mission, sont par leur nature appelées à entrer le mieux pos-
sible en syntonie, dans leur interaction avec la vie et la culture des
peuples et nations, dans cet “accord de nature et de grâce” (C 21)
qui est au cœur de tout cheminement vocationnel.
Des pas courageux sont nécessaires dans l’inculturation des
programmes d’étude, avec ce qi est proposé dans Veritatis
Gaudium.6
5 Christopher Dawson, The Crisis of Western Education (New York, Sheed and Ward,
1961) 113. Notre traduction (“Until a man acquires some knowledge of another culture,
he cannot be said to be educated, since his whole outlook is so conditioned by his
own social environment that he does not realize its limitations”).
6 Cfr. Mauro Mantovani, “La ‘filosofia’ nel Proemio di Veritatis Gaudium, vent’anni
dopo Fides et ratio” Salesianum 81/1 (2019) 27-46 et Andrea Bozzolo, “Trasforma-

9.10 Page 90

▲back to top
Nouvelles formes de discernement vocationnel et aspirantat
99. L’accompagnement des jeunes qui montrent de l’intérêt
pour la vie consacrée salésienne doit tenir compte des grands
changements qui influencent le monde social et culturel des
jeunes aujourd’hui, changements qui non seulement sont ca-
ractérisés par le rythme effréné avec lequel ils adviennent, mais
aussi par de notables variations suivant les régions et provinces
concernées. La lettre conjointe de 2011 des dicastères pour la
Pastorale des jeunes et pour la Formation cherche de donner une
réponse à une variété d’approches différentes pour l’expérience
89
de l’aspirantat:
Nous nous rendons compte aujourd’hui que les temps de ma-
turation sont plus longs et les rythmes des processus person-
nels sont diversifiés. Beaucoup de facteurs concourent à cette
situation. Il ne s’agit toutefois pas de prolonger les temps du
processus de formation, mais de changer de méthodologie
pédagogique …. Aujourd’hui l’aspirantat assume des formes
différentes et nouvelles suivant les différentes situations des
candidats [Suit une liste des différentes typologies d’aspiran-
tats] ... Nous espérons que l’on cherche de nouvelles formes
pour répondre aux situations des jeunes, en particulier pour les
universitaires, les travailleurs, les immigrés, les autochtones. Il
est possible aujourd’hui d’avoir dans une province deux ou
plus formes d’aspirantats. Il revient à chaque province d’iden-
tifier le type ou les types d’aspirantat dont elle a besoin pour
rencontrer la diversité des candidats et des situations dans le
territoire qui est le leur. 7
4.2 CLARIFIER LA SIGNIFICATION
D’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL SALÉSIEN
Notre accompagnement est centré sur la spiritualité
100. Nous avons vu que tant les confrères en formation que
leurs guides ont principalement une perception de l’accompa-
gnement d’où émerge sa « centralité spirituelle » Ceci peut être
interprété comme un signal positif et encourageant, qui révèle un
intérêt et une prédisposition à découvrir à l’intérieur de son histoire
personnelle le projet de Dieu et l’action de l’Esprit. Cela signifie
zione missionaria e rinnovamento degli studi nel Proemio di Veritatis Gaudium” Sale-
sianum 81/1 (2019) 47-71.
7 Lettre de Fabio Attard et Francesco Cereda, Orientamenti sull’Esperienza dell’Aspi-
rantato. 26 Luglio 2011, prot. 11/0377.

10 Pages 91-100

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10.1 Page 91

▲back to top
aussi que les jeunes sont à la recherche d’adultes qui peuvent
les accompagner dans ce type de cheminement, en les aidant à
progresser vers une « haut degré de la vie chrétienne ordinaire ».8
En considérant la fréquence des termes dans les réponses ou-
vertes des jeunes en formation comme des formateurs, on ne peut
pas ne pas noter la claire prépondérance de la parole « Dieu » sur
les paroles « Jésus », « Christ » et « Esprit ». Se pourrait-il que
ceci doit être saisi comme une indication de la nécessité que l’ac-
compagnement personnel soit plus clairement trinitaire et chris-
90
tocentrique ?
Elle n’est pas toujours charismatiquement consistante
101. La centralité spirituelle de l’accompagnement personnel
n’est pas toujours équilibrée par une densité spirituelle de poids et
de portée égale. Comme déjà noté (Cfr. ci-dessus section 2.2.1),
l’attention au charisme salésien est très forte pendant le noviciat,
mais beaucoup plus faible dans les phases successives. Nous
avons déjà fait remarquer que la “salésianité” en général est plus
appréciée dans certaines régions (Afrique - Madagascar, Asie de
l’Est – Océanie) que dans d’autres.
Notre identité doit orienter notre formation
102. Les Constitutions insistent sur le fait que “la nature reli-
gieuse apostolique de la vocation salésienne détermine l’orien-
tation spécifique de notre formation” (C 97) La Ratio indique à
plusieurs reprises dans l’identité consacrée salésienne le point de
référence constant pour tout l’accompagnement formatif:
L’identité de consacré apôtre, comme le fut don Bosco, consti-
tue le fil conducteur du processus de la formation. C’est en ef-
fet par la formation que se réalise l’identification charismatique
et s’acquiert la maturité nécessaire pour vivre et agir en confor-
mité avec le charisme des Fondateurs; à partir du premier état
d’enthousiasme émotif pour don Bosco et pour sa mission en
faveur des jeunes, on arrive à devenir vraiment semblable au
Christ, à s’identifier en profondeur avec le Fondateur, à assu-
mer les Constitutions comme Règle de vie et critère d’identité,
et à se sentir fortement appartenir à la Congrégation et à la
communauté provinciale.
Le rapport étroit entre la formation et l’identité “comporte pour
tous les membres une étude assidue de l’esprit de l’Institut
8 Novo millennio ineunte 31.

10.2 Page 92

▲back to top
d’appartenance, de son histoire et de sa mission, pour mieux
l’assimiler personnellement et en communauté ». Il souligne
l’importance de la “salésianité”, c’est-à-dire du patrimoine spi-
rituel et de la “mens” de la Congrégation, qui doivent être pro-
gressivement étudiés, assimilés et cultivés (FSDB 41).
Guidés par l’Esprit “pour vivre Jésus »
103. Chez St François de Sales nous trouvons l’inspiration
pour orienter l’accompagnement spirituel de manière plus expli-
cite dans la direction de la condition de disciple et de la configu-
ration au Christ. Le but de tout accompagnement est la trans-
91
formation et la transfiguration au Christ – ou, comme François le
dit simplement « vivre Jésus ». Notre croissance dans le Christ,
dirait l’évêque de Genève, est une continuation de l’incarnation
en nous. “Si nous suivons ses émotions et nous commençons à
nous unir à Lui [...] il soutient nos faibles efforts et s’unit à nous
de telle sorte que nous pouvons percevoir qu’Il est entré en nous,
dans notre cœur, avec une incomparable douceur” (OEA V 11, in
McDonnell 70).
104. Notre transfiguration en Christ est l’oeuvre de l’Esprit: “Et
nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un
miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette
même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur
qui est Esprit ” (2 Cor 3,18). L’accompagnement spirituel est donc
par sa nature profondément trinitaire. Dieu vient à nous à travers
les missions du Fils et de l’Esprit ; c’est l’Esprit qui “suscita saint
Jean Bosco… forma en lui un cœur de père et de maître…. le
conduisit à donner naissance à diverses forces apostoliques” (C
1), et c’est l’Esprit qui nous transforme à l’image et à la ressem-
blance du Christ.
Rendre l’accompagnement plus charismatique
105. Vu que don Bosco sert de médiateur dans notre sequela
Christi, il est nécessaire d’accorder une attention explicite et plus
grande à la dimension charismatique de notre sequela Christi, et
ceci est un intérêt et une préoccupation qui doit être chère à ceux
qui offrent le service d’accompagnement spirituel.
La nouvelle attention de la congrégation à la lecture théologi-
co-spirituelle de l’expérience de don Bosco et au cheminement
spirituel salésien sera très utile ici. N’importe quel effort dans
cette direction sera d’une grande aide pour l’accompagnement
spirituel personnel et pour la formation permanente.

10.3 Page 93

▲back to top
L’attention à la dimension charismatique demande d’aider les
jeunes en formation à connaître don Bosco et à découvrir avec lui
la présence de Dieu dans ceux à qui nous sommes envoyés (C
95). Par conséquent il serait important d’élaborer au niveau local
des plans de formation plus adéquats, de manière à définir et à
mettre en œuvre les bons processus pédagogiques de croissance
qui en résultent.
Une partie de cet engagement est l’accompagnement des ex-
périences pastorales, l’attention au champ de la communication
92
sociale et à la dimension missionnaire, comme composantes dé-
cisives de la croissance vocationnelle.
L’accompagnement des activités pastorales (FSDB 198-199)
servira d’école pour apprendre à “faire l’expérience des valeurs”
et de la signification de la vocation salésienne (C 98), en syntonie
avec chaque phase de formation, et avec une progression qui
suit la qualification éducativo-pastorale décrite dans le Cadre de
référence de la Pastorale salésienne des jeunes. Celle-ci est aussi
une des aires les plus fécondes pour la formation conjointe entre
Salésiens et laïcs.
106. La communication sociale “relève des priorités apos-
toliques de la mission salésienne” (C 43), avec un impact en
croissance constante que nous ne pouvons nous permettre de
sous-évaluer quand nous considérons l’environnement dont pro-
viennent nos candidats, les contextes des communautés dans
lesquelles ils vivent et le monde des jeunes vers qui ils sont en-
voyés. L’équipe des formateurs soit donc être formée de manière à
être à même de répondre à cette priorité apostolique, aux défis et
aux besoins qui émergent dans l’accompagnement des jeunes en
formation. Des pas fructueux vers ce type de formation viennent
de la collaboration avec le dicastère de la communication sociale
au niveau provincial, inter-provincial et régional et de la constitu-
tion de réseaux avec d’autres réalités ecclésiales et éducatives,
en valorisant l’apport qui peut venir d’experts dans le domaine de
la communication.
107. La dimension missionnaire qualifie le charisme salésien en
chaque phase de la croissance vocationnelle. Elle est un élément
clé dans le processus de discernement vocationnel initial, parce
qu’elle représente de manière synthétique, symbolique et réa-
liste le type de vie qu’on se sent appelé à embrasser. L’absence
de signes positifs clairs d’attraction pour la mission envers les
jeunes et les plus pauvres d’entre eux, serait déjà par lui-même
une claire indication de l’absence de la vocation salésienne. Les

10.4 Page 94

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projets de formation au niveau local et un processus d’accompa-
gnement personnel assidu et de qualité aideront le zèle salésien à
croître tout au long de la formation initiale.
En contemplant le Christ avec les yeux de don Bosco nous ap-
prenons à lire la vie dns toutes ses expressions avec les yeux du
Bon Pasteur.
4.3 AU-DELÀ DU SEUIL DU FOR EXTERNE
93
108. Nous avons vu qu’un grand nombre de jeunes en formation
considère l’accompagnement spirituel personnel comme quelque
chose de bien distinct du colloque avec le directeur, et que telle
distinction devient plus évidente, transversalement à travers les
sept régions dans les phase plus avancées de la formation initiale,
en atteignant le point de plus grande intensité pendant la forma-
tion spécifique (cfr. ci-dessus section 2.2.1).
Nous avons ressenti le désir transversal entre celui qui est en
formation initiale de pouvoir choisir librement son propre guide
spirituel (cfr. ci-dessus section 2.3.7).
Laissons de côté le noviciat, où le directeur des novices est
par disposition canonique le guide spirituel des novices, et la for-
mation spécifique, où globalement, pratiquement partout, la li-
berté de choix de son guide est une réalité. Il reste le fait que
dans les autres phases, un grand nombre opte pour le directeur
comme personne de référence pour l’accompagnement spirituel
(75% des pré-novices, 64% des post-novices, 55% des sta-
giaires). Nous devons nous interroger sur la nature et la qualité de
l’accompagnement spirituel dans ces cas-là. Il peut arriver qu’un
jeune en formation qui, bien qu’il considère le colloque avec le
directeur et l’accompagnement spirituel comme deux formes de
dialogue bien distinctes, choisisse librement le directeur pour les
deux services, et cela va très bien. Mais il pourrait aussi arriver
qu’un jeune en formation choisisse le directeur comme guide spi-
rituel pour d’autres motifs. Dans ce cas, il y a le risque que ce qui
est appelé accompagnement spirituel ne dépasse pas en réalité
le seuil du for externe – ou à cause de la peur enracinée dans la
superposition entre rôle d’autorité et service d’accompagnement,
ou simplement parce que le jeune en formation choisit de ne pas
ouvrir son cœur.
Gardons naturellement à l’esprit que nos jeunes confrères ex-
priment une grande appréciation pour la croissance spirituelle,

10.5 Page 95

▲back to top
les valeurs salésiennes authentiques et l’accompagnement avec
des adultes significatifs et dignes de confiance. Il y a un désir
authentique d’un fructueux accompagnement personnel salésien.
En même temps ils mettent le doigt avec une grande franchise
sur ces éléments qui deviennent des obstacles sur le chemin, que
nous devons affronter courageusement et éloigner, si l’accompa-
gnement spirituel personnel veut aller au-delà du for externe et
devenir ce qu’il est appelé à être.
94
4.4 L’ASPECT CRITIQUE DE L’EXPÉRIENCE
DU PRÉ-NOVICIAT
109. Le pré-noviciat est une phase d’une importance cruciale
pour ce qui regarde l’expérience de l’accompagnement, étant
donné que pour 80% des interviewés l’initiation à l’accompa-
gnement spirituel personnel a eu lieu pendant cette phase. La
façon de la vivre dans le pré-noviciat influence et détermine
– positivement ou négativement – l’expérience successive d’ac-
compagnement.
Si la personne responsable des pré-novices et des aspirants est
à même de poser les bases pour un rapport de vraie confiance
réciproque, les jeunes qui lui sont confiés seront à même d’ap-
prendre à lire les signes de la présence de Dieu dans leur vie,
d’avoir le courage d’ouvrir les pages de leur mémoire, de se
mettre en route dans un processus de guérison des blessures, de
grandir dans la foi et d’entrer dans des processus d’authentique
discernement vocationnel. Ce peut être le plus grand don que le
pré-noviciat offre, et de cette façon le pré-novice peut revivre, au
moins en partie, ce que Jean Bosco a vécu à Morialdo pendant
les neuf mois passés avec don Calosso.
Mais si les dynamiques sont différentes et que le responsable du
pré-noviciat n’a pas le temps, l’intérêt et la manière juste d’entrer
en relation qui favorise ce type d’initiation, un paradigme est créé
dans l’esprit du pré-novice, qui deviendra la mesure dans les re-
lations d’accompagnement suivantes. 144 sur 455 (31.54%) des
pré-novices interviewés disent avoir de l’estime pour le guide,
mais pas une pleine confiance et ne sont pas disposés à lui
confier leurs secrets personnels. 151 (33,18%) affirment que le
rôle de l’autorité communique le respect et la peur, mais n’aide
pas à avoir confiance ou à s’ouvrir (Bay 48-49).
110. Beaucoup a été fait pour renforcer le pré-noviciat. Dans
presque toutes les provinces et circonscriptions nous avons main-

10.6 Page 96

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tenant des pré-noviciats qui durent au moins six mois, si pas toute
une année – et ceci a déjà donné de bons fruits, si nous considé-
rons la diminution des sorties du noviciat dans les dernières an-
nées. Toutefois, il est nécessaire de faire beaucoup plus à travers
la consistance quantitative et qualitative des équipes de formation,
et d’assurer que les projets et les processus de formation se fo-
calisent clairement sur la croissance de la foi ; c’est uniquement
à l’intérieur de cette croissance qu’un authentique discernement
vocationnel peut avoir lieu. Le pape François l’écrit explicitement:
“Ce que Jésus désire de chaque jeune, c’est avant tout son amitié.
Il est essentiel de discerner et de découvrir cela. C’est le discerne-
95
ment fondamental.” (CV 250) Il insiste sur le fait que la croissance
dans la foi ne peut être réduite à la formation doctrinale et morale,
même si elles sont nécessaires: n’importe quel projet de de forma-
tion doit être centré sur deux axes principaux: l’approfondissement
du kérygme et la croissance dans l’amour fraternel ; dans la vie
communautaire, dans le service.9
A l’intérieur de l’équipe, le responsable des pré-novices a un
rôle extrêmement important et délicat à accomplir en termes d’ac-
compagnement formatif et de discernement vocationnel. Quand il
est sélectionné et préparé avec soin, la différence qualitative est
grande pour l’expérience du pré-noviciat.
111. Dans cette phase, la question de la liberté de choix du
guide spirituel est beaucoup plus délicate. Nous avons vu qu’un
grand nombre de pré-novices demande la liberté de pouvoir choi-
sir le guide (cfr. ci-dessus section 2.3.7). Mais nous pouvons ima-
giner ce qui se passe pendant “l’accompagnement spirituel per-
sonnel” – c’est ainsi que nous l’appelons – quand un pré-novice
s’approche de son guide spirituel “d’office” avec peur, trépida-
tion, angoisse, appréhension etc. Nous reprendrons ce problème
dans les sections suivantes. Sans un libre choix du guide, l’ex-
périence de l’accompagnement elle-même risque d’être viciée.
D’autre part, il est vrai que le responsable doit aider les pré-no-
vices à atteindre un clair choix vocationnel. Nous espérons que la
réflexion sur la dynamique de grâce et de liberté (cfr. ci-dessous
section 4.6) pourra faire la lumière sur ce thème.
112. Au pré-noviciat il y a aussi le domaine de l’accompagne-
ment et de la vérification psychologique.
9 Cfr. Aussi toute la section “Les grandes lignes d’action” (CV 209-215). Les deux
lignes sont “la recherche, l’invitation, l’appel qui attire de nouveaux jeunes à faire l’ex-
périence du Seigneur et la croissance, le développement d’un chemin de maturation
pour ceux qui ont déjà fait cette expérience.” (CV 209).

10.7 Page 97

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Avant ou durant le pré-noviciat, il est opportun qu’il y ait un
contrôle médical et un examen psychologique pour vérifier
l’existence de la base humaine pour commencer l’itinéraire
de formation salésienne, restant sauves les dispositions du
canon 220. Les résultats du contrôle médical et de l’examen
psychologique peuvent être communiqués par le médecin ou
par le psychologue au directeur du pré-noviciat et au provin-
cial, si avant le contrôle médical et l’examen psychologique le
pré-novice en aura donné le consentement écrit “dans la pers-
pective du discernement et dans l’esprit de nécessaire colla-
boration avec les responsables du processus de formation”
96
(CN 36). Ce consensus doit être “préalable, explicite, informé
et libre” (FSDB 352).
Il convient d’accorder une attention adéquate à cet aspect, où
les laïcs avec une compétence professionnelle dans les sciences
humaines peuvent être d’une grande aide, tout comme les ins-
titutions de l’Eglise locale qui offrent de tels services. Ceci peut
être un mode de pratiquer ce que le synode sur les jeunes dit au
sujet de l’inclusion des laïcs, surtout des femmes et des couples
mariés, dans les processus de formation (DF 163-164).
4.5 LA QUALITÉ DE LA PASTORALE
DES JEUNES DÉTERMINE LES PROCESSUS
DE FORMATION
L’accompagnement personnel est encore une exception
dans notre Pastorale des jeunes
113. 80% des interviewés disent avoir été initié à l’accompa-
gnement spirituel personnel seulement au pré-noviciat, un certain
nombre (d’un tiers à plus de la moitié) affirme avoir été accompa-
gnés de quelque façon déjà avant le pré-noviciat (cfr. ci-dessus
2.3.1). Ceci signifie qu’un grand nombre (de deux tiers à un peu
moins de la moitié) n’a expérimenté aucune forme d’accompa-
gnement et d’aide au discernement vocationnel avant le début du
cheminement vocationnel explicite vers la vie salésienne. Nous
ne pouvons donc donné pour acquis que l’accompagnement per-
sonnel soit toujours assuré dans beaucoup de nos présences. 10
10 Giraudo est sévère sur ce point: “Parmi les grands directeurs spirituels charisma-
tiques de l’histoire de l’Eglise, on peut dire que don Bosco est celui qui de manière la
plus explicite s’est consacré de manière principale aux préadolescents et a élaboré
une méthode pour leur accompagnement spirituel, en suscitant une école de forma-
tion spirituelle pour jeunes gens qui a eu une grande résonance historique, à l’intérieur
et à l’extérieur de l’Oeuvre salésienne. Il semble aujourd’hui que les salésiens l’aient

10.8 Page 98

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Et aussi chez nos aspirants
114. Ceci semble aussi être malheureusement vrai pour beau-
coup de nos aspirantats, qui sont par définition des périodes d’ac-
compagnement et de discernement vocationnel. La plus grande
partie des pré-novices interviewés proviennent d’une phase
précédente d’aspirantats vécue à temps plein dans une maison
salésienne, mais malheureusement tous ne peuvent pas parler de
l’expérience de l’accompagnement spirituel comme faisant partie
de leur aspirantat simplement parce que pour eux il n’y en a pas
eu. Le fait que nos aspirants eux-mêmes ne fassent pas l’expé-
97
rience de l’accompagnement spirituel personnel, est déjà en soi
un indice d’un état de choses sérieux et dramatique
En regardant ensemble les signaux que nous recevons de la
recherche et de l’étude des statistiques de la congrégation sur
ceux qui abandonnent pendent le noviciat, les voeux tempo-
raires et même après les voeux perpétuels, la conclusion qui en
dérive est très claire : le discernement et l’orientation vocation-
nelle avant le pré-noviciat sont extrêmement importants. 11 “Le
candidat n’est admis au pré-noviciat que lorsqu’il a fait choix
de la vie salésienne et présente, au jugement des responsables,
les conditions d’aptitude humaine, chrétienne et salésienne qui
lui correspondent” (FSDB 330). Le chemin à suivre ne peut être
seulement celui d’une plus grande rigueur dans la sélection des
candidats; il faut avant tout un bon accompagnement et une
aide au discernement.
Accompagnement et discernement comme partie intégrante
de la pastorale des jeunes
115. La congrégation dit depuis des années qu’accompagner
les jeunes dans “le développement de leur vocation” fait partie
intégrante et constitue le “couronnement de toute note action
éducative et pastorale ... soutenu par la prière et le contact per-
sonnel, surtout dans la direction spirituelle” (C 37). Toutes les di-
mensions de la Pastorale des jeunes convergent vers la dimen-
sion vocationnelle, “horizon ultime de notre pastorale” (CdR 152).
“La dimension vocationnelle configure l’objectif premier et dernier
de la Pastorale Salésienne des Jeunes” (CdR 152). Dans le cha-
pitre 7 sur les activités et les oeuvres de la pastorale salésienne
des jeunes, le Cadre de référence consacre une section aux “ex-
périences ou services d’animation et d’orientation vocationnelle”,
complètement oublié.” Giraudo 150-151.
11 Cfr. DF 163 sur le besoin d’un sérieux discernement au début du cheminement.

10.9 Page 99

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comme “communauté d’accueil, communauté de proposition,
centres d’orientation vocationnelle” (CdR 248-249).
116. Tout ceci rappelle le synode sur Les jeunes, la foi et le dis-
cernement vocationnel, qui parle aussi de “pastorale des jeunes
vocationnelle”, pour indiquer que l’animation vocationnelle est in-
trinsèque et essentielle pour la pastorale des jeunes. Donc, avec
le synode nous insistons sur la nécessité urgente d’offrir un ac-
compagnement personnel de qualité à tous les jeunes au service
desquels nous sommes envoyés, et non seulement de ceux qui
98
veulent embrasser la vie salésienne (Cfr. IL 1). Comme le fait re-
marquer Aldo Giraudo, l’accompagnement spirituel vers la per-
fection chrétienne est une parte essentielle et nécessaire de la
pédagogie salésienne (Giraudo 149). A la base de tout cela il y a
la foi dans l’appel universel à la sainteté, qui a été une partie aussi
importante dans la pratique de saint François de Sales et de don
Bosco lui-même.
L’accompagnement communautaire, de groupe et personnel
est le contexte approprié dans lequel le discernement vocation-
nel peut se produire effectivement. Une saine culture vocation-
nelle favorise l’émergence de vocations spécifiques à l’intérieur
de l’Eglise, comme la vocation à la vie religieuse salésienne.
117. Pour ce qui regarde l’aspirantat, une lettre conjointe des
dicastères de la Pastorale des jeunes et du dicastère de la Forma-
tion l’avait décrit de cette manière: “L’environnement, les condi-
tions adaptées, l’itinéraire et l’accompagnement proposés aux
jeunes, orienté vers la vie consacrée salésienne, constituent l’ex-
périence de l’aspirantat”. Au sujet des aspirants on dit :
Commencent l’expérience de l’aspirant ces jeunes qui ont
déjà fait un cheminement de maturation dans la foi et d’orien-
tation vocationnelle, ordinairement à l’intérieur de ces proces-
sus de pastorale des jeunes salésienne, qui favorisent la crois-
sance de vocations apostoliques pour l’Eglise et la Famille
salésienne. Commencent aussi une telle expérience d’autres
jeunes attirés par le charisme de don Bosco qui n’ont pas vécu
dans une communauté éducative et pastorale salésienne. A
tous ces candidas la province offre un accompagnement spé-
cifique à travers une des différentes formes d’aspirantat, qui
répondent le mieux aux exigences de leur histoire personnelle
et de leur situation. 12
12 Cfr. Attard et Cereda, prot. 11/0377 à la date du 27 juillet 2011.

10.10 Page 100

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La nécessité de continuer le chemin de renouveau
de la Pastorale des jeunes
118. La qualité de la Pastorale des jeunes détermine la qua-
lité de la formation et vice-versa. Nous sommes invités à pour-
suivre sur la route du renouvellement de la pastorale des jeunes,
déjà entrepris avec vigueur par le Dicastère de la Pastorale des
Jeunes, afin que notre pastorale devienne vraiment un processus
d’éducation et d’évangélisation, dans lequel l’accompagnement
personnel et de groupe trouvent leur habitat juste et nécessaire
pour que chaque jeune puisse être aidé à découvrir le sentier pour
99
sa vie et sa vocation à l’amour.
D’autre part, si l’expérience d’accompagnement personnel
dans la phase de la formation initiale a été significative et fruc-
tueuse, il existe une bonne probabilité qu’un confrère continue à
chercher un guide dans les années suivantes et, à son tour, qu’il
soit prêt à accompagner les jeunes vers qui il sera envoyé. Mal-
heureusement le contraire est également vrai: si pour quelques
Salésiens l’expérience de l’accompagnement a été “soufferte” ou
simplement tolérée, il n’est pas probable qu’ils continueront à se
prévaloir de l’aide d’un accompagnateur spirituel une fois la for-
mation initiale conclue, ni qu’ils seront enclins et disposés à offrir
un accompagnement spirituel aux jeunes.
Entre la Pastorale des jeunes et la Formation il existe donc une
circularité et une interaction beaucoup plus profonde que ce qui
pourrait sembler.
4.6 LA DYNAMIQUE FONDAMENTALE DE
GRÂCE ET DE LIBERTÉ
4.6.1 La superposition problématique du rôle
de l’autorité et de l’accompagnement spirituel
personnel
Facteurs dans la superposition entre autorité et accompa-
gnement spirituel personnel
119. Nos interviewés ont prêté beaucoup d’attention à la su-
perposition entre accompagnement spirituel personnel et rôles
d’autorité, suite à la façon dont, dans notre tradition, a été codifié
le fait que le directeur de la maison est aussi ordinairement le
guide spirituel (R 78), proposé, et non imposé (FSDB 233). (Cfr.

11 Pages 101-110

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11.1 Page 101

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Ci-dessus les sections 2.3.7 et aussi la précédente 2.3.6).
Ce double rôle semble moins problématique dans les lieux où
les nombres sont plus réduits, le climat de fraternité très bon, et
où il n’y a pas de barrière entre les formés et les formateurs. Il
est assez problématique, au contraire, où les nombres sont éle-
vés, où la formation tend à se conformer (cfr. par après la section
4.11), et également si on rencontre une certaine distance entre
les formés et les formateurs. Dans ces situations, la superposition
entre autorité et accompagnement conduit facilement à la peur
100
et à une adéquation aux normes et aux formes requises de com-
portement, sans conviction, incluse l’obéissance à la rencontre
régulière pour le colloque/l’accompagnement spirituel.
Trois éléments sont donc impliqués dans la superposition
entre accompagnement spirituel personnel et autorité : (1) la
tradition salésienne codifiée dans notre droit propre, (2) le mo-
dèle de formation qui conduit à se conformer et (3) les per-
sonnalités des formateurs, en particulier celle du directeur ou
responsable. Mais commençons par la réflexion sur la grâce et
la liberté, qui est le dynamisme fondamental de chaque chemi-
nement vocationnel.
4.6.2 Grâce et liberté
La liberté est fondamentale pour l’accompagnement spirituel
120. Il est nécessaire d’affirmer clairement que la liberté est
fondamentale pour l’accompagnement spirituel. C’est déjà la
conviction de Saint François de Sales quand il affirme que la li-
berté est un des principes de base de la spiritualité. A Jeanne
Françoise de Chantal, François écrit el lettres majuscules: FAITES
TOUT PAR AMOUR, RIEN PAR FORCE. “Au centre de cette in-
sistance salésienne plus sur la douceur que sur la contrainte se
trouve la conviction fondamentale que tout doit être fait par amour
et non par obligation, parce que la volonté ne peut être forcée de
se mouvoir dans une direction qui soit opposée à elle-même. La
gentillesse, si nous voulons, correspond à la liberté de l’esprit”.
“Cette liberté d’esprit est une des caractéristiques de la direction
spirituelle salésienne, universellement reconnue par les commen-
tateurs de saint François” (McDonnell 78).
François “ne veut imposer sa propre volonté, il préfère moti-
ver la personne accompagnée, de manière à ce qu’elle arrive à
prendre les décisions nécessaires. Au fond c’est le respect de

11.2 Page 102

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la personne et de sa liberté qui apparaît clairement, tout comme
le sens de la direction spirituelle dans la praxis de François de
Sales; elle ne prétend pas dominer les âmes ou les consciences,
mais les aider, les motiver...”. (Alburquerque 29).
121. La liberté, en effet, est l’unique mode pour accéder à la
vérité de la personne et de créer un espace pour sa pleine im-
plication dans le cheminement spirituel, pour une croissance qui
implique la totalité d’elle-même. Là où la liberté est réduite ou
même remplacée par des comportements qui sont seulement ex-
térieurs et formels, l’accompagnement est vidé de l’intérieur de
101
sa signification et de sa valeur. On peut être fidèle et régulier aux
moments d’accompagnement spirituel personnel, mais ils restent
comme un champ vide, sans aucun trésor caché à l’intérieur.
Seul ce qui est librement assumé devient conviction et atteint le
niveau de motivation, où “l’intention droite”, que la Ratio indique
comme élément fondamental de l’ensemble du cheminement,
naît et se développe: “Un signe fondamental de la maturité reli-
gieuse requise pour la profession perpétuelle est l’intention droite,
c’est-à-dire la volonté claire et décidée de s’offrir entièrement au
Seigneur, de Lui appartenir et de le servir dans le prochain selon
la vocation salésienne. » (FSDB 504).
Le profond respect pour la personne et sa liberté fait partie de
cette “raison” ou “caractère raisonnable” qui constitue un des pi-
liers du système préventif de Don Bosco. Il devrait être pédago-
giquement naturel pour nous de favoriser la rencontre entre les
jeunes et le Seigneur, en respectant le cheminement de chacun et
en les rencontrant “au point où ils en sont de leur liberté » (C 38).
Grâce et liberté sont le coeur de l’accompagnement
122. La liberté est fondamentale parce que la dynamique de
grâce et de liberté est le cœur de l’accompagnement. L’accom-
pagnement spirituel n’est rien s’il n’est pas en syntonie avec le
dialogue entre le Seigneur et la liberté de ce jeune, appelé à ré-
pondre.
Le cheminement spirituel de chaque être humain est le mystère
de la rencontre en cours entre deux liberté – celle de Dieu et celle
de la personne elle-même. La grâce ne parle pas seulement à la
liberté, mais elle la renforce et la rend toujours plus pleine. C’est
la grâce qui rend notre réponse possible, parce c’est l’amour qui
appelle à aimer.

11.3 Page 103

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Mais il ne peut y avoir d’amour sans liberté, et ainsi même la plus
grande grâce n’enlève pas la liberté. François de Sales dit: “Mal-
gré la force toute puissante de la main amoureuse de Dieu, qui
touche, couvre et enveloppe l’âme par tant d’inspirations … la
grâce n’a pas le pouvoir de dominer, mais d’attirer notre cœur. »
(OEA IV 126-127, in McDonnell 92). Comme l’aimait le dire Be-
noît XVI, Dieu tout-puissant est un mendiant devant le coeur hu-
main.13 Et le pape François l’exprime en termes d’amitié: Jésus se
présente comme ami (Jn15, 15), et nous invite à l’amitié avec Lui,
avec une invitation qui ne nous contraint pas, mais se propose
102
délicatement à notre liberté (CV 153). Le formateur salésien et le
guide spiritueI ne peuvent se permettre d’agir autrement.
4.6.3 Respecter le dynamisme de la grâce
et de la liberté
Commencer à partir de la qualité de nos relations
123. Ayant à nous confronter avec l’intense insatisfaction face
au système actuel et le désir qui s’est manifesté avec force de
pouvoir choisir librement son guide spirituel, notre tentation pour-
rait être de nous réfugier dans la tradition ou de décharger la faute
sur les jeunes confrères en formation de ne pas être disposés à se
fier avec simplicité à ce confrère qui leur est indiqué (« proposé »,
mais pas « imposé ») par les documents officiels.
Notre réflexion sur la grâce et la liberté met en lumière ce qui
a émergé du synode sur la jeunesse. Comme l’affirme Rossano
Sala (secrétaire spécial du synode des Evêques): “Le premier fruit
de ce Synode, bien visible dans le document final, est qu’on ne
saurait problématiser les jeunes parce qu’ils se sont éloignés de
l’Eglise; il faut au contraire vérifier et relancer la qualité évangé-
lique de l’Eglise dans son”.14 Cette vérification et cette relance
commence par la qualité relationnelle de ses membres – les jeunes
inclus.15
124. Prêtons attention – nous tous – y compris les jeunes sa-
lésiens – à la qualité de nos relations. Le processus formatif est
13 BENOIT XVI, Messages de Sa Sainteté Benoît XVI pour le Carême 2007 (21 no-
vembre 2006).
14 Rossano Sala, “Invito alla lettura,” in XV Assemblea generale ordinaria del Sinodo
dei vescovi, I giovani, la fede e il discernimento vocazionale: Documento finale, Elledi-
ci, Torino, 2018, 14.
15 Ibid.

11.4 Page 104

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réciproque par nature. stiamo attenzione – tutti noi, compresi i
giovani salesiani – alla qualità delle nostre relazioni. Les jeunes
en formation ne sont pas objets de la formation, mais sujets et
protagonistes principaux (cfr. CV 203, 206). Ils sont “lieux théolo-
giques” dans lesquels le Seigneur nous fait connaître certaines de
ses attentes et de ses défis pour construire le lendemain” (DF 64).
Imiter Dieu Lui-même
125. Que nous disent nos jeunes salésiens à travers leur cri?
Que nous dit le Seigneur à travers ce que nous disent nos jeunes
103
salésiens ? C’est là la demande à laquelle il nous faut répondre.
Nous sommes invités à imiter Dieu lui-même qui respecte notre
liberté et qui est infiniment patient avec nous.
Nous sommes invités à une formation qui rejoint et touche le
coeur et qui transforme.
Nous sommes invités à apprendre et à écouter.
Repartir à nouveau de Don Bosco
126. Nous sommes avant tout appelés à retourner à Don Bosco
et à redécouvrir la méthode éducative de Don Bosco dans toute
son authenticité. Nous sommes invités à écouter le cri de don
Bosco dans sa lettre de Rome de 1884. Il nous est rappelé avec
force que la confiance et la familiarité ne peuvent être méritées
et conquises – elles ne peuvent être imposées par aucune règle.
Nous pouvons dire que le système préventif est notre modèle
de formation, et son thème conducteur est le “efforce-toi de te
faire aimer” qui est inscrit sur la croix que nous recevons à la pro-
fession perpétuelle.
Vers une formation qui “touche le coeur”
127. En ouvrant les yeux sur l’horizon plus ample de la vie re-
ligieuse, nous voyons que l’Eglise a insisté sur une formation ca-
pable de “rencontrer la liberté » des jeunes. Nous reconnaissons
les graves difficultés qui émergent quand la vie dans les maisons
de formation « ne touche pas le coeur.”:
Nous devons pour cela nous interroger sérieusement sur le
système de formation. Certes, ces dernières années, nous
avons apporté des changements, y compris positif et dans la

11.5 Page 105

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bonne direction. Mais cela s’est fait de manière discontinue
et sans parvenir à modifier les structures essentielles et por-
teuses de la formation. Il semble que, malgré tous les efforts
et l’engagement consentis dans la formation, on ne parvient
pas à toucher le coeur des personnes et à le transformer réel-
lement.
On a l’impression que la formation est plus informative que
performative. Le résultat est la permanence d’une fragilité des
personnes, que ce soit dans leurs convictions existentielles ou
dans leur parcours de foi. Cela conduit à une aptitude psycho-
104
logique et spirituelle minimale, avec pour conséquence une
incapacité de vivre sa mission avec générosité et de manière
courageuse en ce qui concerne le dialogue avec la culture et
l’insertion sociale et ecclésiale. (VN 12)
Il est plus important d’initier des processus que de dominer des
espaces, comme l’enseigne le Pape François:
L’obsession n’est pas éducative; et on ne peut pas avoir sous
contrôle toutes les situations qu’un enfant pourrait traverser.
Ici vaut le principe selon lequel ‘le temps est supérieur à l’es-
pace ‘. [EG 222] ... la grande question n’est pas: où se trouve
l’enfant physiquement, avec qui il est en ce moment, mais: où
il se trouve dans un sens existentiel, où est-ce qu’il se situe
du point de vue de ses convictions, de ses objectifs, de ses
désirs, de son projet de vie. Par conséquent, les questions
que je pose aux parents sont: ‘essayons-nous de comprendre
vraiment où les enfants en sont dans leur cheminement? Où se
trouve réellement leur âme, le savons-nous? Et surtout, vou-
lons-nous le savoir? (AL 261)
Apprendre à écouter
128. L’écoute est la clé. “Quand il nous incombe d’aider l’autre à
discerner le chemin de sa vie, la première chose est d’écouter (CV
291). Mais en quoi consiste l’écoute? Comment pouvons-nous
écouter ensemble le Seigneur? Il vaut la peine de méditer sur les
trois “sensibilités ou attentions”, distinctes et complémentaires
que le Pape François nous offre dans Christus vivit: (1) l’attention
à la personne, qui exige une écoute inconditionnelle, “sans m’of-
fenser, sans me scandaliser, sans m’ennuyer, sans me fatiguer.
Cette écoute est celle que le Seigneur exerce quand il se met à
marcher à côté des disciples d’Emmaüs et qu’il les accompagne
un long moment par un chemin qui allait dans la direction oppo-
sée à la bonne direction. ”; (2) l’attention à la vérité profonde que
l’autre veut exprimer à travers un discernement entre la grâce et

11.6 Page 106

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la tentation; (3) l’attention aux impulsions à aller de l’avant que
l’autre est en train d’expérimenter, “ne regarde pas tant ce qui lui
plaît, ses désirs superficiels, mais ce qui plaît plus au Seigneur”
(CV 294). Le Pape ajoute: “Cette écoute est attention à l’intention
ultime, celle qui en définitive décide de la vie, parce qu’il existe
Quelqu’un comme Jésus qui entend et évalue cette intention ul-
time du cœur” (CV 294).
Nous avons ici un enchevêtrement merveilleux entre la per-
sonne, l’accompagnateur, et le Seigneur. Il s’agit d’écouter le Sei-
gneur à travers la personne, pour découvrir ce qui serait agréable
105
au Seigneur, le cadeau qui le ferait sourire (cfr. CV 287). Il s’agit
d’un discernement d’amitié, qui devient encore plus merveilleux
quand nous réalisons qu’Il nous précède toujours, il nous a de-
vancés, “en nous distançant” (cfr. CV 153), parce que c’est Lui qui
le premier est occupé de penser au cadeau qui nous ferait le plus
plaisir et le plus de bien (cfr. CV 288-290).
L’expérience de Jean Bosco avec Cafasso, et celle de Domi-
nique Savio avec don Bosco sont quelques unes des Emmaüs
salésiennes des origines, dont la fécondité est la preuve de la
valeur de cette ouverture à la présence de Dieu. Dans les ré-
ponses données par les 538 guides spirituels, il est significatif
de noter que, parmi les approches ou types d’accompagnement
possibles, celui qui a recueilli le plus grand consensus est le
suivant:
[Une forme d’accompagnement qui] ne se concentre pas ex-
clusivement sur la solution d’un problème, mais est finalisé à
entamer et renforcer la vie spirituelle. Dans cette approche, ce
ne sont pas à proprement parler les thèmes qui focalisent le
travail d’accompagnement, encore moins la sécurité person-
nelle et les capacités de la personne en tant que telle, mais, te-
nant compte des problèmes et de la personne spécifique, l’ac-
compagnateur se focalise plus sur le but auquel la personne
est appelée, prête attention à la vocation à laquelle elle doit
répondre, veille à la croissance continuelle en Christ (Bay 386).
Apprendre à répondre
129. Tout ceci comporte naturellement aussi une grande res-
ponsabilité de la part de ceux qui sont en phase de formation
initiale. Même si ils avaient à disposition les meilleurs parmi les
formateurs et guides, il peut encore arriver que ce soit le jeune en
formation qui n’ouvre pas son coeur et lui refuse toute confiance.
Comme l’affirme le don de la vocation presbytérale: “Dans le pro-
cessus formatif, on exige que le séminariste se connaisse et se

11.7 Page 107

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laisse connaître, en se rapportant aux formateurs de manière sin-
cère et transparente.16
Sans l’implication complète et totale de sa propre liberté, il n’y
a pas de réponse à l’appel, et le cheminement vocationnel n’a
même pas encore commencé.
Loin d’être une manière de rendre ‘plus facile’ le processus, re-
connaître pleinement le poids de la liberté dans le dialogue avec
la grâce rend beaucoup plus exigeant l’itinéraire de quiconque
106
veut vivre sincèrement comme disciple.
Si un candidat n’est pas prêt à s’engager pleinement sur ce chemin
vocationnel et à avoir confiance en ceux qui ont été donnés comme
médiations pour le processus de discernement et de croissance vo-
cationnelle, cela signifie qu’il a choisi librement de ne pas cheminer
sur cette route, et plus vite il s’en rend compte, mieux c’est.
Formateurs pour les jeunes salésiens d’aujourd’hui
130. Les paroles des jeunes lors de la rencontre pré-synodale
synthétisent bien le profil du formateur nécessaire pour les jeunes
d’aujourd’hui.
les accompagnateurs ne devraient pas conduire les jeunes
comme s’ils étaient des sujets passifs mais marcher avec eux
en leur permettant d’être acteurs de leur cheminement. Ils de-
vraient respecter la liberté des jeunes qu’ils rencontrent sur
leurs chemins de discernement et les équiper pour discerner
en leur donnant les outils utiles pour avancer.
Un accompagnateur devrait profondément croire à la capacité
du jeune à participer à la vie de l’Eglise. Il devrait semer la se-
mence de la foi dans la terre des jeunes sans attendre de voir
immédiatement les fruits du travail de l’Esprit-Saint. (CV 246,
citant le Document de la Réunion pré-synodale)
4.7 LE DIRECTEUR, L’ACCOMPAGNATEUR
SPIRITUEL ET LE CONFESSEUR: TROIS
FIGURES CLÉS
131. Comme nous l’avons dit (cfr. Ci-dessus section 3.2.3),
16 Congrégation pour le Clergé, Le don de la vocation presbytérale Ratio Fundamenta-
lis Institutionis Sacerdotalis Rome, 2016, 45.

11.8 Page 108

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dans notre tradition nous trouvons trois figures clés dans le do-
maine de l’accompagnement personnel: le directeur de la com-
munauté, le guide spirituel et le confesseur.
La recherche montre que ces trois rôles sont centraux dans le
développement de de l’expérience salésienne et aussi au-delà
d’elle, comme le montrent les réponses données par les guides.
Mais il existe de grandes variations dans la manière dont sont
perçues et évaluées ces trois présences, sur la base de l’âge, de
la phase de formation et de la région.
107
132. Un élément commun est la grande valeur accordée à
l’atmosphère fraternelle de la communauté, à la proximité entre
confrères plus âges et plus jeunes, soit quand elle apparaît
comme quelque chose qui existe déjà, de très apprécié ou, plus
souvent, comme quelque chose de fortement désiré (cfr. les ré-
ponses ouvertes dans toutes les phases). Ce type d’ “accompa-
gnement communautaire“ est strictement lié au rôle d’animation
du directeur. Il ne faut pas oublier que le colloque fraternel avec le
directeur est un instrument important pour le bon fonctionnement
et la qualité de vie de la communauté. Quand il est vécu correc-
tement, il n’est pas seulement une aide pour le confrère, mais
aussi une aide pour toute la communauté, renforçant la commu-
nion des intentions et favorisant une attention personnalisée aux
exigences et rythmes de chacune de ses composantes.
133. Il est clair que le directeur a la responsabilité première
et dernière de la formation dans la communauté, mais cela ne
signifie pas qu’il soit l’unique responsable. Il est le garant de l’en-
semble du processus formatif et de sa congruence charismatique
salésienne. Il accompagne spirituellement la communauté de dif-
férentes manières, et chaque confrère à travers le colloque et des
interventions informelles. Il fait de son mieux pour que le colloque
conserve toute sa valeur de moment important et irremplaçable
d’accompagnement formatif, et d’instrument extrêmement utile
pour la construction de la communauté. Il est très important qu’il
garantisse une vraie liberté de choix pour ce qui regarde l’accom-
pagnement spirituel personnel, en même temps qu’il se tienne
ouvert et disponible envers ceux qui librement désirent le choisir
comme guide spirituel. Il aide le jeune confrère dans la formation
initiale à opérer une synthèse avec les phases précédentes et à
se préparer pour la suivante, dans la mesure du possible. En outre
il assure que les confrères en formation initiale soient réellement
impliqués dans le processus d’élaboration ou de révision du pro-
jet formatif de la communauté.

11.9 Page 109

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134. Le confesseur offre le ministère de l’accompagnement sa-
cramentel, qui entre dans le domaine de la conscience. Il semble-
rait qu’un nombre important de jeunes en formation optent pour
combiner le sacrement de la Réconciliation avec l’accompagne-
ment spirituel. Ici le confesseur doit assurer, avec délicatesse,
que le rapport d’accompagnement spirituel ne se réduise à une
simple formalité. Une approche qui aide dans ce sens est de dis-
tinguer les deux moments de la confession sacramentelle et de
l’accompagnement spirituel personnel, même quand cela advient
avec la même personne et pendant la même rencontre.
108
L’appréciation pour le sacrement de la Réconciliation exprimé
de différentes manières par la recherche est une invitation et un
défi. Combien sommes-nous disposer à investir dans la prépara-
tion et la qualification des confrères pour ce ministère? Les choix
faits par ceux à qui est confié le service de l’autorité sont une indi-
cation évidente de la hiérarchie des valeurs que l’on suit. Si le rôle
de confesseur devient synonyme de quelqu’un qui ne sait rien
faire d’autre pour raison d’âge ou de santé, quel type de message
donnons-nous à nos confrères?
135. Que ce soit pour le guide spirituel ou pour le confesseur,
la Ratio exprime le fort désir qu’il soit salésien: “Si le confrère
demande un confesseur ou un directeur spirituel spécial, les su-
périeurs le lui accorderont, mais ils rappelleront qu’il convient for-
tement que, dans les périodes de la formation initiale, il soit sa-
lésien et stable. » (FSDB 292). En tout cas le directeur et l’équipe
des formateurs doivent garantir et assurer la liberté de choix, et
surtout imiter l’exemple de Don Bosco qui avait conquis la pleine
confiance des jeunes et de ses confrères. A l’intérieur d’un tel
rapport de confiance réciproque, avec respect et gentillesse ils
trouveront la façon d’illuminer les choix à faire.
136. Il faut clairement une vision et des objectifs partagés entre
les trois figures du directeur, de l’accompagnateur spirituel et du
confesseur, et c’est le directeur qui assume la responsabilité pre-
mière d’une telle syntonie. Il l’exerce aussi en impliquant ceux
qui exercent les deux rôles, dans la mesure du possible, dans les
réunions de l’équipe. Les documents de l’Eglise accordent la plus
haute importance à une telle unité.17
17 Voir, par exemple: Optatam totius 5; Potissimum institutioni 32; Pastores dabo vobis
66; Directives sur la préparation des éducateurs dans les séminaires (1993) 29-32; Le
don de la vocation presbytérale, Introduction section 3.

11.10 Page 110

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4.8 CONTINUITÉ DANS L’ACCOMPAGNEMENT
137. Le problème de la fragmentation de l’accompagnement
spirituel a émergé à des degrés divers dans notre enquête; il peut
être synthétisé par le fait qu’un confrère change de manière répé-
tée de guides qui le suivent tout au long de la formation initiale.
L’idéal est-il d’avoir un guide spirituel à travers toutes étapes
de la formation initiale? Apprendre à gérer la distance et à migrer
vers de nouvelles saisons et personnes à qui se référer ne fait-il
pas partie du processus de croissance et de maturité ? Ceci vaut
109
pour l’accompagnement spirituel comme pour d’autres domaines
de la vie, aussi bien de la part de celui qui est accompagné, que
du guide lui-même, qui doit rester sur ses gardes contre la tenta-
tion de la possessivité.
138. Ceci étant dit, il est toutefois important de garantir la
continuité dans l’accompagnement formatif. Un rôle clé peut être
joué ici par le provincial, avec sa sollicitude paternelle, et par le
délégué provincial de la formation, à travers des rencontres pé-
riodiques et des visites aux maisons de formation initiale, mais
surtout aux maisons des stagiaires et des confrères du quinquen-
nium. Les réunions des formateurs des différentes phases sont
aussi utiles à cet égard, pour garantir une vision et des styles de
formation communs, et pour assurer une communication conti-
nuelle entre les communautés et les équipes, en sauvegardant
en même temps la réserve et la confidentialité sur les situations
personnelles. Naturellement ce qui favorise beaucoup la continui-
té, c’est la volonté de la part du salésien en formation de s’ouvrir
avec transparence à son guide, malgré les changements qui ac-
compagnent les phases de formation.
139. Comme nous l’avons dit, une attention spéciale doit être
offerte aux phases du stage et du quinquennium, et pas en der-
nier lieu avec un choix sage des communautés à même de fournir
un bon niveau d’accompagnement. C’est là la responsabilité di-
recte du provincial.
La responsabilité revient aussi au provincial de sélectionner,
préparer et proposer un certain nombre de confrères comme
guides spirituels pour la communauté provinciale. En plus, il serait
opportun de proposer aussi quelques critères pour le choix des
guides spirituels de la part des confrères en formation initiale: la
possibilité d’une rencontre mensuelle (ce qui signifie que le guide
doit être assez proche, de manière à ne pas rendre trop difficile
la possibilité de rencontres suffisamment fréquentes); la connais-

12 Pages 111-120

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12.1 Page 111

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sance, de la part du guide, du charisme salésien et des caracté-
ristiques formatives des différentes phases de la formation ; la
possibilité, de la part du guide, de participer au moins à quelques
rencontres de l’équipe de formation.
4.9 LE RÔLE DE LA COMMUNAUTÉ ET
DE LA MISSION
140. Mission et communauté sont les éléments constitutifs de
110
l’identité de la vie consacrée salésienne et émergent comme des
thèmes importants dans la recherche. La relation d’accompagne-
ment spirituel est donc fortement marquée par la mission et la vie
de la communauté.
Accompagnement spirituel et communauté
141. Il existe une relation réciproque entre l’accompagnement
spirituel et la communauté. Gardons à l’esprit que par commu-
nauté nous n’entendons pas uniquement la communauté reli-
gieuse salésienne, mais aussi la communauté éducative et pas-
torale (CEP). Ceci est particulièrement significatif dans la phase
du stage.
Un bon cheminement de formation aide à devenir toujours plus
ouverts aux autres et plus disponibles au don de soi dans le ser-
vice.
Il est également vrai que l’environnement de la communauté a
un grand impact sur le cheminement de chaque membre et sur
son ouverture et sa capacité de bénéficier au mieux de l’accom-
pagnement spirituel. L’environnement physique lui-même est
éducatif: “L’oratoire de don Bosco critère permanent” (C 40) doit
être source d’inspiration aussi pour l’architecture et le mobilier,
pour le soin des espaces communautaires. La pratique du discer-
nement communautaire (C 66) devient une école pour la formation
de communautés qui seront demain capables de discernement.
L’atmosphère de la communauté religieuse crée la confiance et
la familiarité qui caractérisent tous les rapports humains qui la
constituent, inclus celui de l’accompagnement personnel. Le
contraire est aussi vrai, comme on peut le voir surtout dans les
réponses ouvertes de certaines régions. En outre, dans toutes
les aires linguistiques, comme nous avons vu, les jeunes en for-
mation demandent que leurs formateurs soient proches d’eux,
partageant leur vie dans les moments informels, construisant des
relations d’amitié et de confiance. L’accompagnement commu-

12.2 Page 112

▲back to top
nautaire et l’accompagnement personnel sont dialectiquement
corrélés, de telle manière que si l’un souffre, l’autre s’en ressent.
Il est intéressant que le synode de 2018 s’est soucié de mettre en
lumière ce point de vue typiquement salésien (DF 95-97), comme
nous l’avons vu ci-dessus quand on a parlé de l’originalité de la
pratique de don Bosco (Cfr. section 3.4).
La ‘culture de la province’
142. Nous devons nous arrêter aussi à la relation qui intervient
entre formation initiale et “culture de la province”
111
Ce qui se passe chez les confrères dans une maison de forma-
tion, même quand ils vivent en communautés interprovinciales en
dehors et loin du territoire de leur province, n’est pas indifférent à
la vie de celle-ci. La qualité de leur expérience formative et de la
manière dont ils sont accompagnés déterminera la qualité de la
vie et de la mission de la province.
Le contraire est encore plus vrai; la culture de la province a un
poids déterminant sur les processus de formation. Le style de vie
des confrères de la province dans leur ensemble a inévitablement
un impact positif ou négatif sur ceux qui sont en formation initiale
et qui regardent vers ceux qui sont plus avancés dans le chemi-
nement comme exemple et inspiration.
Une conséquence immédiate est que les “questions de la for-
mation” - comme l’accompagnement – ne peuvent être confinées
ou réservées aux communautés de formation initiales. Si c’est le
cas, c’est déjà un signe que quelque chose ne va pas bien dans le
milieu de la formation – le plus étendu et le plus influent de tous
– qui est la culture de la province.
Le groupe des pairs
143. Comme pasteur et éducateur des jeunes (C 98), chaque
salésien est appelé à valoriser le grand potentiel de l’expérience
de groupe dans la formation des jeunes. Ce principe pédagogique
général est aussi valide dans le contexte de la formation initiale.
L’expérience de groupe dans les phases de la formation initiale a
un grand impact sur le parcours vocationnel des candidats et des
confrères.
Ceci vaut également pour l’accompagnement personnel salé-
sien. Les compagnons peuvent encourager ou décourager, d’une
manière qui est souvent plus influente par rapport à ce qui est

12.3 Page 113

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proposé par les formateurs. Ceci est un autre élément crucial
dans l’accompagnement de la communauté et pour l’atmosphère
que l’on crée en communauté.
Dans le monde digital d’aujourd’hui, nous ne pouvons, en outre,
oublier que les amis virtuels sur les réseaux sociaux pourraient
être encore plus influents que les compagnons et les collègues
dans la communauté.
Dans certaines maisons de formation, l’interaction de petits
112
groupes devient elle-même une forme d’accompagnement spi-
rituel. Le groupe crée un environnement accueillant et rassurant,
où on peut partager son cheminement de foi et les valeurs fon-
damentales de la vie, pour l’enrichissement réciproque de tous. A
son tour, une telle expérience de groupe facilite les autres formes
d’accompagnement, comme le cheminement fait avec un guide
spirituel personnel.
La question des grandes communautés de formation
144. Il faut accorder une attention particulière à la situation des
grandes communautés de formation. Même lorsque ces com-
munautés sont caractérisées par un climat pacifique dans l’en-
semble, nous sommes toujours plus convaincus que la qualité
de l’interaction et de l’accompagnement formatif est au fond bien
meilleur dans des communautés plus petites. La division éven-
tuelle de grandes communautés comporte naturellement de plus
grands investissements en termes de formation du personnel, et
ceci n’est pas toujours facile. Toutefois dans une certaine mesure,
les processus de groupe de différents types (groupe de cours,
cluster groupes transversaux par rapport aux années de cours,
etc.) peuvent compenser et mitiger les difficultés que rencontrent
les communautés excessivement grandes.
Mission et accompagnement spirituel
145. L’atmosphère de la communauté et l’engagement dans
la mission apostolique sont extrêmement importants pour la
croissance de ces aspects de notre vie qui sont typiquement
salésiens. Il s’agit là d’un domaine d’intérêt toujours valide pour
l’accompagnement spirituel salésien, vu que notre objectif est
justement de croître comme disciple du Christ sur le chemin tra-
cé par don Bosco. Nous avons déjà vu que nous devons plus
prendre soin de cette dimension, spécialement dans les phases
qui suivent le noviciat (cfr. ci-dessus section 4.2).

12.4 Page 114

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Outre le colloque personnel avec le directeur et la possibilité d’ac-
céder au sacrement de la Réconciliation, la communauté offre
aussi d’autres formes d’accompagnement, comme, par exemple,
l’accompagnement des expériences apostoliques, de l’engage-
ment intellectuel dans le domaine académique, et l’aide qu’on
reçoit de la part d’experts dans le domaine de la psychologie.
Indubitablement, déjà dans les phases de la formation initiale,
nous avons besoin d’une “initiation au partage de l’esprit et de la
mission salésienne avec les laïcs, et d’une implication des jeunes
en formation à l’intérieur d’une CEP dans laquelle nos confrères
113
font partie du noyau animateur avec les laïcs qui partagent notre
mission. Les apostolats de la fin de la semaine et les apostolats
des vacances estivales peuvent être tous les deux extrêmement
fructueux s’ils sont accompagnés de manière appropriée – si les
formateurs sont à même d’aider les jeunes Salésiens à faire “l’ex-
périence des valeurs de la vocation salésienne” (C 98). Les forma-
teurs et les guides seront particulièrement attentifs à aider ceux
qui sont en formation à apprendre à rencontrer Dieu à travers ceux
à qui ils sont envoyés (C 95), et à discerner la voix de l’Esprit Saint
en chaque expérience, en faisant le meilleur usage formatif de
chaque situation (C 119). Leur service de formation serait encore
plus efficace s’ils étaient à même de participer de quelque façon
aux expériences apostoliques dans lesquelles sont engagés les
jeunes en formation. Evidemment, l’accompagnement pastoral et
spirituel est une contribution formative indispensable pour l’ex-
périence du stage; sans celui-ci, cette phase de formation risque
d’être réduite simplement à une charge de travail à accomplir.
Le style de collaboration dans l’accompagnement salésien
146. Un environnement de formation sain et serein, de style
familial, est essentiel pour l’accompagnement spirituel dans la vie
salésienne. La collaboration et le travail d’équipe sont la condi-
tio sine qua non pour la création d’un tel environnement. Le pro-
cessus de formation ne devrait et ne peut être l’effet de l’effort
héroïque de quelque individu particulièrement doué, mais plutôt
le fruit d’un travail d’équipe efficace. Dans un monde dans lequel
l’individualisme est tellement fort, nos jeunes Salésiens ont be-
soin de savoir que travailler ensemble est possible et beau. Ils
ont besoin de voir leurs confrères plus adultes vivre et travailler
ensemble.
Une des tâches essentielles est donc de construire des équipes
de formation soudées et harmonieuses. Evidemment, il ne suf-
fit pas de choisir un groupe d’individus singulièrement doués et

12.5 Page 115

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qualifiés. Ils doivent être à même de s’accorder et de former en-
semble une bonne équipe, capable d’améliorer l’atmosphère de
la communauté et de favoriser une interaction significative, le plus
possible à tous les niveaux. La sélection des formateurs et la pré-
paration de l’équipe de formation capables d’une bonne cohésion
est une tâche de gouvernement, au niveau provincial et interpro-
vincial, d’une importance vitale pour la formation.
147. L’esprit de famille est une condition fondamentale pour un
bon cheminement formatif, et est absolument la première chose
114
dont la communauté doit prendre soin. “Don Bosco voulait que,
dans ses maisons, chacun se sente chez soi. La maison salé-
sienne devient une famille quand l’affection est réciproque entre
ses membres et que tous, confrères et jeunes, s’y sentent accueil-
lis et responsables du bien commun. Dans un climat de confiance
mutuelle et de pardon quotidien, on éprouve le besoin et la joie
de tout partager, et les relations sont réglées bien moins par le
recours aux lois que par le mouvement même du cœur et de la foi.
Pareil témoignage suscite chez les jeunes le désir de connaître et
de suivre la vocation salésienne (C 16).
Le dialogue d’accompagnement spirituel personnel salésien pré-
suppose et se base sur des relations qui sont enracinées dans le
contexte de la communauté. Toute la communauté et les structures
de formation offrent en ce sens un important accompagnement in-
formel, complémentaire et en soutien aux moments plus formels.
148. Si chaque membre de la communauté est responsable de
l’esprit de famille, le directeur l’est d’autant plus, en raison du rôle
clé qu’il joue pour créer les conditions pour une expérience com-
munautaire positive et pour favoriser les processus personnels
(cfr. Bay 404). Il connaît l’importance du colloque fraternel, dont
l’objectif est le bien du confrère et aussi le bon fonctionnement de
la communauté (C 70), et il se rend disponible pour cela. Il s’as-
sure que les confrères, spécialement ceux en formation initiale,
jouissent d’une réelle liberté de choisir leur guide spirituel.
149. Un bon vicaire du directeur est aussi précieux dans une
communauté de formation, surtout s’il sait comment soutenir le
directeur et s’il se charge des questions de discipline et d’organi-
sation, en libérant le directeur de tâches semblables pour pouvoir
mieux exercer son rôle de père, d’animateur et de gardien de l’es-
prit de famille.
150. Le directeur comme les autres membres de l’équipe de
formation sont conscients de l’importance de l’unité et de la co-

12.6 Page 116

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hésion de l’équipe elle-même et font tout le possible pour la pro-
mouvoir. L’absence d’unité interne est suffisante pour compro-
mettre tous les autres efforts en faveur de la formation.
De l’importance de l’équipe découle aussi le fait qu’il n’y a ja-
mais dans une équipe de formation de “simples enseignants”:
tout enseignant est aussi toujours un formateur, par l’impact qu’il
a dans tous les cas dans sa communauté et en particulier sur les
plus jeunes. Qui voudrait être exclusivement enseignant et non
formateur serait déjà par son attitude disqualifié tant pour la pre-
mière tâche que pour la seconde.
115
151. Le directeur et l’équipe reconnaissent l’importance de la
famille d’origine des confrères. Plus nous réussissons à “chemi-
ner ensemble” avec la famille, plus les parcours de croissance,
tant humaine que dans la foi, acquerront valeur et force.
4.10 RESPECTER LA CONFIDENTIALITÉ
ET CRÉER LA CONFIANCE
Accompagnement spirituel
152. Dans la relation d’accompagnement spirituel il est impor-
tant de créer un espace où on se sent accueilli et respecté, de
manière à se sentir à l’aise même en partageant ses sentiments
profonds. Maintenir la réserve est la meilleure façon de garantir un
environnement qui garantit ce haut niveau de respect et de sens
de sécurité. “La réserve est un don que nous pouvons encore
offrir aux personnes, dans un monde où sont restés aussi peu de
secrets”.18
Sans confiance, il n’est pas possible d’entrer en contact avec la
vérité de la personne. La nature et le but de l’accompagnement
spirituel est justement d’être en contact avec la vérité intérieure
de la personne, pour aider à se connaître en toute sincérité, dans
le but de devenir pas à pas ce fils (fille) que Dieu veut que nous
devenions.19
18 Richard Gula, Ethics in Pastoral Ministry, Paulist Press, Mahwah NJ, 1996, 117.
19 Le discernement peut être défini comme l’art à travers lequel l’homme comprend
la parole qui lui est adressée, et reconnaît dans cette parole la manière dont il doit
marcher pour répondre à la Parole. L’attitude du discernement est par conséquent une
façon de se voir et de voir l’histoire avec les yeux de Dieu, une manière de voir com-
ment Dieu réalise son œuvre en nous et dans les autres et comment nous pouvons
nous disposer vis-à-vis de cette oeuvre de manière à devenir intimement participants
du mystère pascal de Jésus-Christ, en laissant toujours plus au Christ la possession

12.7 Page 117

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La recherche sur l’accompagnement nous fournit une claire indi-
cation que, de la part de ceux qui sont accompagnés, la liberté est
indispensable, si l’on veut que l’accompagnement soit un chemin
dans la vérité. Du côté de ceux qui offrent le service de guides
spirituels, la condition indispensable est plutôt la confiance.
153. Dans notre système éducatif l’accompagnement n’est pas
l’équivalent de se fier à l’un ou l’autre maître spirituel dans un
monastère ou un sanctuaire. C’est la maison de formation qui sert
de bonne terre, dans laquelle on instaure un climat de confiance,
116
de respect et d’engagement, qui devient l’humus pour que les
personnes puissent grandir, fleurir et donner des fruits.
Les résultats du sondage donnent l’impression que beaucoup
de ce qui est proposé dans les différentes maisons de formation
est accepté au niveau d’adéquation comportementale parce que
c’est ce qui est demandé. Il est difficile de dire combien devient
conviction personnelle. Des réponses ouvertes, spécialement des
stagiaires et des étudiants de théologie, nous voyons la tendance
à « spiritualiser » les choses tant de la part des formateurs que de
ceux qui sont en formation, en donnant une espèce de « priorité
officielle » à des « choses spirituelle » par rapport aux autres élé-
ments de l’ensemble de la journée et du programme. Les évalua-
tions périodiques se fixent sur ce qui est visible extérieurement
(p. ex. la présence à la méditation). Mais le contenu et l’impact
réel et profond de ces “pratiques” ne peuvent être élaborés que
dans un accompagnement personnel caractérisé par la liberté et
la confiance.
154. Dans la littérature salésienne classique il existe un texte
avec une force incomparable quand il s’agit de thèmes comme la
liberté et la confiance, l’intimité et l’ouverture: la lettre de Rome
de 1884. Méditer sur elle à la lumière des résultats de notre son-
dage peut être très instructif.
La lettre est l’expression mûre de l’expérience pédagogique et
spirituelle de don Bosco, avec une perspective qui embrasse dé-
sormais un horizon mondial. Don Bosco sait qu’il est en train de
transmettre son héritage et son testament, sa façon d’être père et
maître de la jeunesse. C’est le même type d’approche qu’il avait
suivie dix ans plus tôt, quand il écrivit les Mémoires de l’Oratoire,
en un moment où les Constitutions de la congrégation à peine
de nous-mêmes “jusqu’à ce que nous parvenions tous à la pleine maturité” (Eph 4,13)
“je complète dans ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps,
qui est l’Eglise” (Col 1,24). Cfr. Marko Ivan Rupnik, Discernimento, Roma, Lipa, 2004.

12.8 Page 118

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née étaient finalement approuvées et où la première expédition
missionnaire s’apprêtait à partir. Il est convaincu que retourner à
l’esprit des origines est la meilleure façon de se projeter dans le
futur. Le récent synode sur la jeunesse et les orientations adres-
sées à toute l’Eglise montrent combien étaient prophétiques les
intuitions contenues dans cette lettre écrite en mai 1884 et remise
à chaque Salésien avec les Constitutions, le jour de la première
profession.
Le pape François parle de la même “confiance solide et affec-
tueuse” par rapport à la vie familiale: “une famille où règne fon-
117
damentalement une confiance affectueuse, et où on se refait tou-
jours confiance malgré tout, permet le jaillissement de la véritable
identité de ses membres et fait que, spontanément, on rejette la
tromperie, la fausseté ou le mensonge” (AL 115). “La formation
morale devrait toujours se réaliser par des méthodes actives et
par un dialogue éducatif qui prend en compte la sensibilité et le
langage propres aux enfants. En outre, cette formation doit se
réaliser de façon inductive, de telle manière que l’enfant puisse
arriver à découvrir par lui-même la portée de certaines valeurs,
principes et normes, au lieu de se les voir imposées comme des
vérités irréfutables” (AL 264).
Le colloque avec le directeur
155. Le colloque fraternel avec le directeur est en soi protégé
par un très haut niveau de réserve dans tous les documents de
l’Eglise et de la Congrégation, conformément avec ce qui est de-
mandé aujourd’hui pour beaucoup de professions d’aide. Qu’il
nous suffise de citer la Ratio: “L’accompagnement formateur à
ses divers niveaux exige de ceux qui prêtent ce service... (de)
s’en tenir aux critères de prudence et de justice qui, selon les cas,
requièrent de la discrétion ou un respect absolu du secret pro-
fessionnel et du secret sacramentel” (FSDB 264). Comme le dit
don Albera, il existe une corrélation tellement étroite entre la ré-
serve et la confiance, que même un seul léger relâchement dans
la première cause la perte presque complète et immédiate de la
seconde. 20
20 “Le colloque est défendu, de par sa nature, par un secret rigoureux. ‘Le directeur
doit se garder attentivement de manifester aux uns les défauts des autres, même
quand il s’agit de choses que peut-être on connaît par d’autres voies. Qu’il donne la
preuve à ses subalternes qu’il est capable de conserver le secret sur ce qui lui a été
confié. Une petite indiscrétion en cette matière suffirait à diminuer et peut-être même
à détruire entièrement la confiance qu’ils posent en lui.’ (du Manuel du Directeur de
don Paolo Albera n. 131) Pour des raisons inhérentes à ta fonction, le provincial peut
te demander un avis sur ce confrère ou sur tel autre. Dans ce cas, tu donneras les
informations avec objectivité et grand sens des responsabilités. Mais leur source sera

12.9 Page 119

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Même les choses externes, si elles sont communiquées au di-
recteur pendant le colloque, comme, par exemple, des questions
de santé ou des difficultés personnelles, sont considérées comme
confidentielles, parce que chacun a le droit à sa bonne renommée
et à sa privacy. Elles cessent d’être des questions réservées si le
directeur en prend connaissance ensuite par le for externe: toute-
fois, il serait opportun que le directeur communique au confrère in-
téressé que ce fait est aussi connu par d’autres, au niveau externe.
En outre, parce que un des buts du colloque est le bon fonction-
118
nement de la communauté, le directeur a toujours la possibilité,
avec la permission du confrère, d’intervenir sur la base des infor-
mations reçues.
La réserve qui regarde l’entretien avec le directeur, ainsi que la
rencontre avec l’accompagnateur spirituel, n’est toutefois pas ab-
solue, comme l’est le secret du sacrement de la Réconciliation. Il
existe, en effet, des circonstances graves qui peuvent suspendre
le de­voir de réserve, comme, par exemple, le cas d’abus de mi-
neurs, d’homicide ou de suicide.
Admissions
156. Quand il s’agit d’admissions, exception faite pour les cas
mentionnés plus haut (n. 155), le principe formulé par le CG19
reste valide: “L’obligation du secret autour des choses enten-
dues dans le colloque est très rigoureux. S’agissant des choses
intimes, le directeur est tenu à ne rien révéler ni directement ni
indirectement pour aucun motif, à aucun moment, moins encore
quand il s’agit d’admissions aux vœux ou aux ordres” (CG19 –
ACS 244 97-98).
En pratique, cela signifie que le directeur ne peut ni partager les
informations reçues dans le colloque, avec d’autres membres de
son Conseil, ni ne peut les utiliser pour en tirer des conclusions
personnelles au moment de prendre position. Il exprime son ju-
gement exclusivement sur la base de ses propres observations et
de celles de son conseil.
S’il arrive que, avant les admissions dans le Conseil local, le
directeur retient en conscience que quelqu’un ne devrait pas pro-
fesser ou recevoir les ordres sacrés “on a l’obligation grave de
exclusivement la conduite externe du confrère intéressé et ce que les autres peuvent
avoir rapporté à sa charge. Les confidences du colloque sont protégées par un secret
rigoureux: nihil, unquam, nulli (rien, jamais, à personne).” Le Directeur salésien, Editrice
SDB, Rom, 1986, 264.

12.10 Page 120

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conscience de dire avec une clarté charitable et avec sérieux à
l’intéressé ; qui ne peut ni ne doit – même pour son bien – aller de
l’avant» (ACS 281 49).
Si, malgré cela, le confrère fait sa demande, le directeur doit
agir au Conseil comme dans n’importe quel autre cas. En d’autres
mots, il ne peut se laisser influencer par son propre jugement et
par la communication préalable avec l’intéressé.
4.11 RETOURNER AU SYSTÈME PRÉVENTIF
119
Les divers modèles de formation
157. Il existe une certaine uniformité et un caractère commun
dans la manière dont la formation se déroule dans le monde en-
tier, et ceci dérive de notre tradition partagée, des efforts faits
pour mettre en oeuvre la Ratio et de l’unité qui dérive de l’anima-
tion et du gouvernement au niveau mondial. Nous devons toute-
fois admettre qu’il y a aussi de grandes différences, comme cela
émerge clairement du sondage.
En dessinant à grandes lignes, nous pourrions dire que dans
certaines aires la dynamique de la fraternité est assez visible et
prédominante, tandis que dans d’autres persiste un écart entre
“supérieurs” et “sujets”, comme on peut le voir dans des choses
relativement secondaires, comme la manière d’arranger les
places au réfectoire. Le terme “peur” revient fréquemment dans
les réponses provenant de certaines zones, avec une tendance
conséquente à la conformité externe (formalisme) plutôt que la
vraie transformation des motivations, attitudes et convictions. Ce
sont les aires où, d’après l’ensemble des réponses, les jeunes
en formation exigent instamment une distinction entre le direc-
teur/responsable et le guide spirituel (cfr. ci-dessus 2.3.7), et
où la possibilité d’ouvrir librement son cœur et de donner une
confiance sans réserve est indiquée avec les valeurs les plus
basses (cfr. ci-dessus 2.3.4); où, enfin, la parole « liberté revient
avec le plus d’insistance. Malheureusement c’est toujours dans
ces aires que les rencontres personnelles ne sont pas très régu-
lières (cfr. ci-dessus 2.3.5), et où le colloque coïncide pour beau-
coup avec l’accompagnement spirituel personnel et devient une
des pratiques prescrites à laquelle se conformer.
Nous pouvons donc parler de différentes modèles prédomi-
nants et opérationnels de formation – même quand tous adhèrent
théoriquement au modèle défini et proposé par la Ratio.

13 Pages 121-130

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13.1 Page 121

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Le modèle de la “conformité extérieure” dans la formation
et ses effets
158. Le modèle prédominant de formation est un élément clé
dans le processus de formation et dans le rapport d’accompagne-
ment personnel – comme nous l’avons déjà dit nous entendons
par prédominant non ce qui est défini en tant que tel, mais ce qui
prédomine dans la pratique, ce qui est de fait le modèle opéra-
tionnel en acte. En effet il est possible, comme tous le savent, de
dire une chose et d’en faire une autre. Il est possible de jurer fidé-
120
lité au système préventif, mais ne pratique, de se mouvoir dans
une direction assez différente. Dans la réalité, on peut suivre une
pratique, tandis que ce qu’exige le système préventif en exige
une autre, et l’on peut aussi rester inconscient de la différence.
Ne pas être conscient signifie aussi ne pas disposer d’un lan-
gage capable de saisir et d’exprimer de manière appropriée ce
que l’on fait, continuant par conséquent à en termes de raison,
de religion et d’amorevolezza ; un processus se déclenche ainsi
de dévalorisation, de distorsion, de dilution, de corruption de ce
langage et des contenus auxquels on se réfère avec ces termes.
Il s’agit d’une dévalorisation qui peut être limitée seulement à
quelques individus. Mais elle peut aussi se produire à une plus
large échelle, au point que les paroles sont répétées et amplifiées,
mais leur vraie signification n’existe plus ; elle a disparu. Et il s’agit
d’une situation vraiment difficile – quand non seulement peu d’in-
dividus, mais un groupe entier est affecté par une dévaluation et
une distorsion de la tradition charismatique.
159. Si le modèle dominant de formation vise l’acquisition d’un
ensemble de comportements, le résultat obtenu après un nombre
considérable d’années de formation initiale sera conforme à ce
qui est poursuivi: adaptation comportementale, avec un ensemble
d’habitus qui sont devenus des habitudes, et l’espoir que se soient
développées en même temps des motivations correspondantes. Si
le modèle se fixe comme objectifs une plus grande profondeur, et
vise à l’acquisition d’un ensemble de compétences nécessaire pour
le ministère, le résultat sera un groupe de personnes qualifiées. Si
le modèle vise à une transformation de la personne, autrement dit
sa transfiguration dans le Christ sen suivant la voie tracée par don
Bosco – le résultat sera un groupe de personnes qui ont assumé
une responsabilité personnelle pour leur croissance et qui, selon
toute probabilité, continueront à croître dans le Christ, que ce soit
individuellement ou comme groupe.
Nous pourrions parler d’un modèle de formation du haut vers le
bas, de configuration formelle, quand l’objectif est, en pratique, la

13.2 Page 122

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conformité externe. Ce type de modèle tend à être marqué par
une distance entre ceux qui ont l’autorité et ceux qui sont sujets
à l’autorité. Il ne faut pas s’étonner que de forts éléments de peur
et d’anxiété soient présents parmi les jeunes en formation.
160. Même à l’intérieur du modèle vertical, de configuration,
il existe certainement des personnes qui ont bien grandi et
sont même allées jusqu’à atteindre la sainteté. Mais, il est as-
sez improbable qu’aujourd’hui la simple adaptation comporte-
mentale extérieure soit une bonne recette pour la vie religieuse
salésienne. Les rythmes de vie actuels dans nos communautés
121
locales consomment rapidement la fidélité, quand celle-ci est
seulement ancrée dans de bonnes habitudes comportemen-
tales. Seul ce qui est devenu raison, conviction et motivation
profonde est à même de soutenir la fidélité, en aidant à trouver
un nouvel équilibre et à intégrer les défis et les opportunités
qui émergent constamment. Le rythme de la vie d’aujourd’hui
exige beaucoup de force intérieure et une vie spirituelle solide,
comme une docilité pour discerner la voix de l’Esprit Saint dans
les événements de chaque jour (C 119). L’importance d’un bon
cheminement d’accompagnement spirituel personnel devient
évidente. Il s’agit, en effet, du moyen principal à travers lequel les
expressions de notre vie de prière peuvent devenir divers par-
cours de croissance personnelle, qui continueront à nous nour-
rir indépendamment des situations extérieures que nous ren-
contrerons. “Nous sommes appelés à former les consciences,
mais non à prétendre nous substituer à elles” (AL 37).
L’importance de l’intériorité et de la transformation
du coeur
161. Un modèle de formation qui reste seulement au niveau
extérieur, est profondément dissonant avec la tradition salé-
sienne. (cfr. McDonnell 72-75) François de Sales était sceptique
face à ceux qui focalisaient leur attention et leurs énergies sur
l’aspect extérieur: “En ce qui me concerne, je n’ai jamais été
capable d’approuver la méthode de celui qui, pour réformer
quelqu’un, commence par l’extérieur, avec l’apparence, la ma-
nière de s’habiller, les cheveux. Au contraire, je sens qu’il est
nécessaire de commencer par l’intérieur”. (OEA III 23. in Mc-
Donnell 72). Il était convaincu que “ceux qui ont Jésus dans leur
coeur, l’auront vite dans toutes leurs manifestations externes”.
(OEA III 27. in McDonnell 72) La spiritualité salésienne souligne
l’importance de l’intériorité: pour François, le coeur est central.
Un des premiers objectifs de l’accompagnement spirituel salé-
sien est celui de permettre aux jeunes de se reconnecter avec

13.3 Page 123

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le centre de leur être – avec leur cœur. Ce primat du cœur est la
marque authentique de l’humanisme chrétien de saint François
de Sales. Le cheminement spirituel est un voyage intérieur, un
cheminement vers son propre cœur, et l’accompagnement spi-
rituel vise à la transformation du cœur, à la configuration de la
personne au Christ.
En revisitant ce qui a été expérimenté dans la formation
initiale
122
162. Une réflexion ultérieure sur le modèle de formation est
suggérée par les observations faites par 538 Salésiens qui offrent
le service d’accompagnement. Il est surprenant que plusieurs
des difficultés mises en évidence par les autres interviewés (du
pré-noviciat au quinquennium) soient semblables, même en
pourcentages, aux problèmes vécus par ces confrères quand ils
étaient eux-mêmes en formation initiale. Ceci suggère que cer-
taines tendances soient en quelque manière constante, liées aux
structures ou au modèle de formation.
Si les expériences vécues pendant la formation initiale ont été
marqués par de graves limitations (par exemple, le manque de
respect de la réserve et de confidentialité), il est difficile et impro-
bable que les générations de Salésiens qui sont passés par de
tels « filtres » auront dans le futur les meilleures dispositions et
préparation pour être de bons guides spirituels de leurs confrères
plus jeunes. Les exceptions sont possibles, comme quand on
est à même d’apprendre de ses expériences négatives, mais la
tendance la plus commune est celle de reproduire ce que l’on a
vécu.
163. Par conséquent, devenir conscient du modèle opération-
nel de la formation qu’on est en train de suivre est important et
urgent. Découvrir son propre modèle opérationnel, signifie pou-
voir l’examiner de manière critique et décider s’il est nécessaire
de le changer.
A notre avis, le modèle de conformation comportementale dans
la formation est trop proche du système répressif, et ne peut s’ac-
corder avec l’esprit salésien (cfr. Constitutions chapitre 2). Nous
avons besoin d’en faire une évaluation honnête et retourner avec
courage au système préventif. La recommandation de don Bos-
co au premier jeune directeur de la congrégation, Michel Rua, -
efforce-toi de te faire aimer – est inscrite sur la croix qui nous
est donnée le jour d. e notre profession perpétuelle et exige avec
force d’être appliquée, corroborée par cette exégèse d’inesti-

13.4 Page 124

▲back to top
mable valeur qu’est la lettre de Rome de 1884. La prendre au
sérieux de la part des directeurs, formateurs et guides spirituels,
mais aussi de la part de chaque Salésien appelé au service d’ac-
compagnement sous ses différentes formes, comportera assuré-
ment un chemin de purification et d’ascèse que nous accueillons
comme notre façon quotidienne d’embrasser la croix et de nous
mettre à la sequela du Christ.
4.12 APPRENDRE DE L’EXPÉRIENCE
123
164. L’article 98 de nos Constitutions nous offre une métho-
dologie fondamentale pour la formation: le Salésien “fait l’expé-
rience des valeurs de la vocation salésienne”. Ceci est une autre
façon d’exprimer la centralité du coeur et de l’intériorité dans la
tradition de François de Sales.
Apprendre de l’expérience ne signifie pas simplement accumu-
ler des expériences. Il s’agit d’“entrer” dans ces expériences et
de réfléchir sur elles dans un esprit de prière, en vue de discerner
en elles la voix de l’Esprit (C 119). C’est l’habileté principale, pour
ainsi dire, qui fait que la formation devienne permanente. Quand
nous vivons de cette façon, nous vivons vraiment dans une atti-
tude permanente de discernement (ACG 425 30-33).
165. Il n’est donc pas suffisant, de tenir nos jeunes en forma-
tion constamment occupés avec mille choses à faire. L’accom-
pagnement consiste à les aider et à focaliser leur attention sur
ce qui se passe en eux, au profond du cœur, tandis qu’ils vivent
diverses expériences, pour reconnaître la voix de l’Esprit dans
chaque situation. Un tel accompagnement peut se faire en com-
munauté, et devrait aussi se faire dans de petits groupes quand
la communauté est grande. Il devrait être le cœur et la substance
de l’accompagnement spirituel. Et nous pouvons apprendre de
l’expérience à tous les niveaux, parce que partout « il y a de l’ex-
périence » : dans les relations dans la vie de communauté, dans
le travail pastoral, dans les engagements intellectuels, dans les
pratiques de piété, dans la vie de prière et ainsi de suite. Quand
ceci ne se produit pas, on peut comprendre comment beaucoup
d’entre nous « passer à travers » certaines pratiques de piété du-
rant toute leur formation initiale sans apprendre vraiment à prier.
Il est bon de rappeler ici que la pédagogie de la prière a été
centrale dans la proposition éducative de don Bosco: “L’envi-
ronnement fondamental d’accompagnement est la formation à
la prière, qui, en partant de l’exercice de la présence de Dieu

13.5 Page 125

▲back to top
et des pratiques de piété, conduit à l’acquisition de l’esprit de
prière, à l’union à Dieu et à l’état d’oraison vécu dans le quoti-
dien” (Giraudo 171).
4.13 ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL HOLISTIQUE
166. Dans l’interaction harmonieuse de toutes les dimensions
qui font partie de l’histoire de vie unique de chacun se trouve
le parcours de vraie croissance vocationnelle. Celui qui accom-
124
pagne est appelé à syntoniser son interaction avec le processus
dans lequel la vie s’épanouit, guérit et fleurit, en rencontrant les
jeunes “au point où ils en sont de leur liberté” (C 38).
Accompagner les jeunes qui entendent suivre le Christ dans la
congrégation salésienne est donc un processus holistique, dans
lequel la communauté et les individus sont impliqués dans tous les
aspects de la vie quotidienne. L’accompagnement spirituel s’inté-
resse à la totalité de la personne, et non seulement à l’aspect “spi-
rituel” compris de manière réductrice. Nous pouvons nous inspirer
ici de la “promotion intégrale” décrite dans l’article 31: “Nous édu-
quons et nous évangélisons selon un projet de promotion intégrale
de l’homme, orienté vers le Christ, homme parfait”.
Toutes les dimensions de l’être humain entrent donc dans la
« substance » de l’accompagnement spirituel. Le moment de l’ac-
compagnement personnel est surtout un espace de respect et
d’accueil, où on se sent en sécurité, dans lequel il est possible
de faire émerger toute l’expérience de la personne : condition
physique et santé, vie émotive dans son passé et son présent,
vie communautaire, vie de groupe et relations interpersonnelles,
l’aspect éducatif et intellectuel qui forme à certains moments une
partie tellement importante de la formation initiale, la vie de prière
dans ses expressions communautaires et dans son aspect le plus
intime, où la vie devient prière, expériences pastorales, et la voca-
tion consacrée salésienne, qui pénètre tout ce à quoi nous venons
à peine de nous référer. Un bon guide permettra à la personne
d’apporter graduellement son expérience de la vie dans la relation
d’accompagnement et l’aidera à découvrir et à discerner la voix
et l’action de l’Esprit. (C 98, 119).
Une telle approche holistique s’accorde bien avec le principe de
base proposé par le Pape François, selon lequel le temps est su-
périeur à l’espace : “Ce principe permet de travailler à long terme,
sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter
avec patience les situations difficiles et adverses, ou les change-

13.6 Page 126

▲back to top
ments des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. Il est une
invitation à assumer la tension entre plénitude et limite, en accor-
dant la priorité au temps. Un des péchés qui parfois se rencontre
dans l’activité socio-politique consiste à privilégier les espaces de
pouvoir plutôt que les temps des processus.” (EG 223).
4.14 LES ÉVALUATIONS TRIMESTRIELLES
COMME AIDE À LA CROISSANCE
167. L’unique but des évaluations personnelles périodiques
125
(scrutins) est de favoriser la croissance intégrale de chaque jeune
en formation. A travers eux, le conseil de la maison évalue, encou-
rage, corrige et renforce le cheminement vocationnel de chaque
personne. Idéalement, donc, des évaluations devraient consti-
tuer une aide complémentaire significative de la communauté en
plus de ce qui advient sans le colloque avec le directeur et dans
l’accompagnement spirituel personnel. Si elle est bien vécue elle
peut devenir une expérience très fructueuse. Mais si l’évaluation
est menée de manière irréfléchie et imprudente, elle peut endom-
mager gravement la relation de confiance entre le confrère en for-
mation et l’équipe des formateurs. 21
168. Les équipes de formation sont invitées à réfléchir de manière
attentive sur le but et sur les modalités de l’évaluation périodique,
afin de garantir un processus sain, qui favorise vraiment la formation
et la croissance des jeunes dans leurs communautés. Il importe de
souligner que l’ l’évaluation n’est pas en elle-même un processus
de discernement lié à l’admission d’un candidat à la phase suivante.
Les admissions dont des actes juridiques qui impliquent la province
et pas seulement le Conseil de la maison, tandis que le but principal
des évaluations périodiques est celui de favoriser la croissance vo-
cationnelle de ceux qui la reçoivent, à travers les contributions qua-
lifiées offertes par les membres du Conseil local. Le scrutin formatif
est une évaluation du cheminement du jeune en formation. Utilisé
dans la formation initiale pour personnaliser le chemin de forma-
tion, il est un moyen à valoriser par le directeur et le guide spirituel
pour l’accompagnement personnel du jeune en formation. Parce
que chaque phase de formation a ses objectifs spécifiques par rap-
port à la dimension humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale,
les formateurs, et plus précisément le directeur avec son Conseil de
21 30,3% des novices disent vivre le scrutin comme un “jugement non objectif sur soi-
même, qui ne retient que ce que l’on fait et pas ce qu’on est vraiment”. Au post-novi-
ciat ce sentiment est encore plus répandu – 41,6%. Cfr. Evaluation de la pratique du
scrutin in Bay 106, 211, 290, 319.

13.7 Page 127

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communauté, évaluent le progrès du jeune en formation selon de
tels objectifs. Le scrutin tient compte du progrès fait par rapport aux
évaluations précédentes.
169. La Ratio offre une suggestion importante: impliquer active-
ment le jeune en formation dans le processus d’évaluation. “Du-
rant la période de la formation initiale, pour évaluer et stimuler
le processus de formation personnelle, on fera les scrutins tous
les trois mois. On confrontera les objectifs et le cheminement du
confrère en évaluant la maturation de sa vocation en continui-
126
té avec les évaluations précédentes. Le confrère sera associé à
l’évaluation de différentes façons.” (FSDB 296).
Ce qui reste de toute façon comme principe fondamental est
que les évaluations doivent faire constamment référence à la “voie
évangélique tracée par les Constitutions salésiennes” (C 24). Elles
font en effet partie de cette assistance de nos frères salésiens,
que nous invoquons dans la formule de profession, comme aide
pour être fidèles jour après jour. Nos confrères en formation initiale
doivent être aidés à comprendre qu’une telle assistance dans le
vécu de notre style de vie évangélique est une partie essentielle
de notre croissance et de notre fidélité.
4.15 ASSUMER LA RESPONSABILITÉ
PERSONNELLE DE LA FORMATION
170. Il ne suffit pas d’avoir une bonne équipe de formateurs et
de guides spirituels bien préparés. Comme l’affirment nos Consti-
tutions “chaque Salésien est responsable de sa formation” (C 99)
et doit prendre une décision consciente et convaincue pour s’ouvrir
à ses guides de telle sorte qu’il “se connaisse et se laisse connaître
grâce à une relation sincère et transparente avec les formateurs” 22.
La communauté et les formateurs ont leur rôle important et nous
savons qu’il n’existe pas de communautés ni de guides parfaits.
Mais rien ne peut remplacer ce qui est confié à la libre réponse
de chacun. Même le guide le meilleur ne sera pas à même d’aider
quelqu’un qui n’est pas prêt à s’ouvrir, à partager sincèrement
son expérience et à s’engager dans le processus de croissance.
De la même façon, si les motivations fondamentales d’une per-
sonne ne sont pas sincères et la dissimulation est délibérément
adoptée comme une manière de “survivre”, le préjudice causé au
discernement et au processus de formation est incalculable, et
22 Cfr. Le don de la vocation presbytérale 45.

13.8 Page 128

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est une grave responsabilité que la personne assume elle-même..
Quand, au contraire, il y a pleine disponibilité et promptitude
pour une pleine implication en réponse à l’appel “en dialogue
avec le Seigneur”, alors nous apprenons à “vivre n’importe quelle
situation avec le désir de se former” (C 119).
171. La lettre sur la “fragilité vocationnelle” (ACG 385) avait
aidé à réfléchir sur les racines, les expressions et les causes d’une
telle fragilité, et avait ensuite suggéré différentes interventions,
dont beaucoup se retrouvent dans notre document: soin pour
127
l’animation vocationnelle et pour l’accompagnement de ceux qui
se sentent appels à la vie consacrée salésienne, attention pour le
pré-noviciat, méthodologie de formation personnalisée et qui pri-
vilégie l’accompagnement personnel, renforcement de l’équipe
des formateurs et de la vie communautaire. La lettre “Fidélité à la
vocation” (ACG 410) a invité chaque confrère à revisiter l’histoire
de sa vocation, et à renforcer la conscience de son identité de
consacré, à prendre soin de sa maturité humaine, de la vie spi-
rituelle, de l’engagement apostolique et de la formation intellec-
tuelle, à acquérir la mentalité de la formation qui est permanente
et à assumer la responsabilité personnelle de cette formation qui
dure toute la vie. Elle a aussi souligné le rôle vital de la commu-
nauté locale et provinciale quant à la fidélité vocationnelle.
La grande insistance du présent document sur la qualité et la
formation des formateurs et des guides spirituels ne s’écarte nul-
lement de la réalité fondamentale, à savoir que toute la formation
est en définitif “autoformation” (PDV 69). Dans la dynamique de
grâce et de liberté qui est au centre de la croissance vocationnelle
et du rapport d’accompagnement spirituel personnel, chaque
confrère reste responsable : il est le premier invité à répondre,
chaque jour, à l’appel du Seigneur (C 96; ACG 416).
4.16 APPRENDRE QUE L’ACCOMPAGNEMENT
CONTINUE TOUT AU LONG DE LA VIE
172. Un confrère en formation initiale apprend que la formation
est permanente. Il apprend que même l’accompagnement spiri-
tuel personne dure toute la vie.
Nos Constitutions parlent de la direction spirituelle comme un
des moyens mis à disposition de tous les confrères pour grandir
dans la chasteté: «il se confie avec simplicité à un guide spirituel»
(C 84). En outre, nos Règlements font référence à la direction spiri-

13.9 Page 129

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tuelle comme un des éléments de la formation permanente (R 99).
173. Le CG26 et le CG27 ont invité les Salésiens (tous!) à une
expérience régulière de l’accompagnement spirituel. Le CG26 a
demandé que chaque salésien, pour faire du Da mihi animas ce-
tera tolle son programme de vie spirituelle et pastorale, “reprenne
ou renforce, en regardant vers l’expérience de Don Bosco, la pra-
tique de se faire accompagner par un guide spirituel” (CG26 20).
Le CG27 a proposé que, afin de devenir mystiques dans l’Esprit et
de vivre la sequela de Jésus avec passion, nous nous engagions
128
à “avoir un guide spirituel stable et le rencontrer périodiquement”
(CG27 67,2). Nous avons ici un grand exemple en don Bosco qui
a été guidé pendant près de 30 ans par Cafasso, jusqu’à sa mort
prématurée à 49 ans, et avant par une série d’autres accompa-
gnateurs spirituels, à commencer par le bon don Calosso.
174. Le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres (2013)
parle de la nécessité pour les prêtres de chercher un guide spiri-
tuel pour eux-mêmes:
Il est nécessaire que les prêtres pratiquent eux-mêmes la di-
rection spirituelle « parce qu’avec l’aide de l’accompagnement
ou du conseil spirituel […] il est plus facile de discerner l’ac-
tion du Saint-Esprit dans la vie de chacun ».[340] En remettant
dans les mains d’un sage confrère, instrument de l’Esprit Saint,
la formation de leur âme, ils Pour contribuer à l’approfondisse-
ment de leur spiritualité, il est nécessaire que mûriront dès le
début de leur ministère dans la conscience de l’importance de
ne pas marcher seul sur les chemins de la vie spirituelle et de
l’engagement pastoral. 23
Nous assistons ici et dans les enseignements de Benoît XVI et
de François, à une expansion de ce qui avait été dit dans Vita
consecrata, où Jean-Paul II avait parlé de “recours confiant et
humble à la direction spirituelle” comme d’une grande aide dans
le cheminement de la fidélité à l’Evangile, “en particulier dans la
période de formation ou à d’autres moments de la vie” (VC 95).
L’accompagnement spirituel personnel n’est donc pas seulement
compris comme aide pour gérer les crises; son but est la crois-
sance continuelle dans le Christ. Tout comme la formation est per-
manente, l’accompagnement spirituel personnel est permanent.
23 Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, nou-
velle édition Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano, 2013, 73. La citation interne
est de la Congrégation pour le Clergé, Il sacerdote ministro della misericordia divina.
Sussidio per confessori e direttori spirituali (9 Marzo 2011) 98.

13.10 Page 130

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4.17 L’URGENCE DE SÉLECTIONNER
ET DE PRÉPARER LES GUIDES SPIRITUELS
Une bonne sélection
175. Le don de l’accompagnement spirituel ou “don de conseil”
comme on l’appelle parfois, fait partie de notre patrimoine charis-
matique24, mais cela ne signifie pas que tous les Salésiens aient
ce don. Ceux qui se trouvent dans un service d’autorité ont néan-
moins la tâche délicate de choisir les guides spirituels avec un
bon discernement. En parlant de la formation des séminaristes et
129
des personnes consacrées, la première insistance du synode sur
les jeunes concerne le choix des formateurs: “il ne suffit pas qu’ils
soient culturellement bien formés, mais ils doivent être capables
aussi de relations fraternelles, d’une écoute empathique et d’une
profonde liberté intérieure” (DF 163). Précédemment le document
a présenté le profil du guide:
Le bon accompagnateur est une personne équilibrée, capable
d’écouter, portée par la foi et la prière, et qui s’est confrontée à
ses propres faiblesses et fragilités. Voilà pourquoi il sait être ac-
cueillant envers les jeunes qu’il accompagne, sans moralismes
et sans fausses indulgences. Quand c’est nécessaire, il sait offrir
aussi la parole de la correction fraternelle.
La conscience que l’accompagnement est une mission qui re-
quiert un enracinement profond dans la vie spirituelle l’aidera
à demeurer libre vis-à-vis des jeunes qu’il accompagne : il res-
pectera l’issue de leur parcours, en les soutenant par la prière
et en jouissant des fruits que l’Esprit produit chez ceux qui lui
ouvrent leur cœur, sans chercher à imposer sa volonté ou ses
préférences.
Il sera également capable de se mettre au service des autres,
plutôt que d’occuper le centre de la scène et d’adopter des
attitudes possessives et manipulatrices qui créent des dépen-
dances et font obstacle à la liberté des personnes. Ce profond
respect sera aussi la meilleure garantie contre les risques de
plagiat et d’abus en tout genre. (DF 102; cfr. aussi CV 246).
Evidemment tant les Salésiens prêtres que les coadjuteurs
peuvent offrir le service de l’accompagnement spirituel, étant
donné que le service de l’accompagnement spirituel n’est pas lié)
l’ordination sacerdotale.
24 Don Bosco avait certainement le don de conseil (Don Bosco avec Dieu de Ceria, a un
chapitre consacré à ce thème), tout comme son guide don Cafasso (cfr. Buccellato 86).

14 Pages 131-140

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14.1 Page 131

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Le rôle d’accompagnateur ne doit pas être limité aux prêtres et
aux consacrés, mais les laïcs doivent être encouragés à prendre
aussi part à cette mission. Tous devraient bénéficier d’une sé-
rieuse formation initiale et continue ».25
Préparation spécifique
176. Une sélection attentive ne doit pas rendre la préparation
des guides spirituels moins nécessaire. Que ceux qui ont ce don
bénéficient de la préparation spécifique pour leur service de la
130
même façon que celui qui a un talent musical réussit à le dévelop-
per justement grâce à la formation spécifique qu’il recevra dans
un domaine artistique particulier.
“Pour pouvoir accomplir son service, l’accompagnateur aura
besoin de cultiver sa vie spirituelle, en nourrissant sa relation à
Celui qui lui a confié cette mission. En même temps, il aura besoin
de sentir le soutien de la communauté ecclésiale dont il fait par-
tie. Il sera important qu’il reçoive une formation spécifique pour
ce ministère particulier et qu’il puisse bénéficier à son tour d’un
accompagnement de supervision” (DF 103, cfr. aussi CV 246).
L’accompagnement personnel salésien ne peut être improvisé:
il exige de fortes racines dans le charisme et en même temps une
capacité constamment mise à jour d’écouter les nouvelles géné-
rations, tellement exposées au changement.
Formation permanente des formateurs
177. Evidemment ceux qui offrent le service d’accompagne-
ment spirituel doivent prendre soin de leur propre formation per-
manente. Cela signifie avant tout qu’ils doivent être les premiers à
être fidèles et à accorder une grande valeur à leur accompagne-
ment personnel. Ce point est tellement important qu’il exige une
attention spécifique dans le paragraphe qui suit.
Guides qui sont guidés
178. Comme tous les confrères, ceux qui offrent le service
d’accompagnement spirituel ont besoin d’être eux-mêmes ac-
compagnés.
25 CV 246, citant le document de la rencontre pré-synodale. Cfr. aussi IL 126, et le Dis-
cours du Saint Père François aux participants à la plénière de la Congrégation pour les
Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, Samedi 28 janvier 2017.

14.2 Page 132

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Le pape François utilise l’image de “guides qui sont guidés”.
26 Evangelii gaudium est très clair sur ce point: “Plus que jamais,
nous avons besoin d’hommes et de femmes qui, à partir de leur
expérience d’accompagnement, connaissent la manière de pro-
céder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension,
l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit” (EG 171). “L’expérience per-
sonnelle de nous laisser accompagner et soigner, réussissant à
exprimer en toute sincérité notre vie devant celui qui nous ac-
compagne, nous enseigne à être patients et compréhensifs avec
les autres, et nous met en mesure de trouver les façons de ré-
veiller en eux la confiance, l’ouverture et la disposition à gran-
131
dir” (EG 172). L’enseignement du pape François est repris dans
le document final du synode de 2018: “Une fois la phase initiale
de la formation achevée, il faut assurer la formation permanente
et l’accompagnement des prêtres et des personnes consacrées,
hommes et femmes, surtout des plus jeunes. Ceux-ci se trouvent
souvent confrontés à des défis et à des responsabilités dispro-
portionnées” (DF 100).
Supervision
179. En plus de l’accompagnement spirituel personnel, il est
aussi nécessaire de bénéficier d’une supervision pour le service
d’accompagnement spirituel que l’on offre aux autres. “Il sera im-
portant … qu’il puisse bénéficier à son tour d’un accompagne-
ment de supervision… (DF 103, italiques ajoutés). Une telle su-
pervision est nécessaire parce qu’on ne peut s’attendre à ce que
le guide “ait toutes les réponses”, et aussi pour faire en sorte que
ses réactions et ses dynamismes personnels ne constituent pas
un obstacle à son service d’accompagnement.
Une telle supervision est normalement menée avec l’aide de
quelqu’un de préparé pour cette tâche, avec des niveaux de
qualifications officiellement éprouvés et reconnus. Toutefois,
même la supervision entre pairs se révèle utile, avec l’aide oc-
casionnelle d’un expert. Il existe enfin un niveau d’auto-supervi-
sion qui est non seulement utile, mais que tous ceux qui offrent
l’accompagnement spirituel doivent apprendre à faire. Elle com-
porte une capacité de s’écouter soi-même tandis qu’on écoute
une autre personne (une conscience toujours plus grande de
soi-même), et la bonne pratique de prendre le temps de réfléchir
personnellement sur les sessions d’écoute tout de suite après
les avoir terminées.
26 François, Homélie de la 19e journée de la Vie consacrée, 2 février 2015.

14.3 Page 133

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14.4 Page 134

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Troisieme partie
133
Choisir

14.5 Page 135

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14.6 Page 136

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5. Chemin a parcourir
5.1 SUGGESTIONS ÉMERGENTES
135
180. Notre parcours d’interprétation fait apparaître une série de
choix et de suggestions pour l’action.
On comprend, par exemple comment une formation inculturée
requiert des formateurs capables d’entrer en dialogue avec la
culture des jeunes, d’où l’invitation à la congrégation à s’engager
toujours plus pour assurer une communication adéquate dans les
langues les plus répandues, comme l’anglais.
Nous devons sans doute mieux mettre en évidence dans l’ac-
compagnement spirituel l’aspect de la configuration au Christ
comme personnes consacrées qui trouvent leur inspiration en
don bosco. Nous avons aussi besoin d’investir beaucoup dans
la préparation des formateurs et des guides spirituels. En outre,
nous devons être particulièrement attentifs à l’interaction dyna-
mique entre la communauté et les dimensions personnelles de
l’accompagnement spirituel, en sélectionnant et en préparant les
directeurs avec soin et en même temps en garantissant la réelle li-
berté de choix du guide spirituel. En plus de tout cela, conscients
du grand impact formatif de notre engagement dans la mission
salésienne, nous sommes appelés à sélectionner des formateurs
avec une suffisante expérience pastorale.
Nous sommes avant tout appelés à un profond respect pour
la dynamique de grâce et de liberté au centre de la formation et
de l’accompagnement spirituel. Ici nous voulons “repartir” du
Système préventif, qui est non seulement une pédagogie et une
spiritualité, mais aussi un modèle de formation, avec son pro-
fond respect pour la personne et la volonté de l’accompagner
avec patience, dans un esprit de famille, d’affection et d’amitié.
En même temps, ceux qui sont en formation initiale sont mis
devant l’importance absolue de l’ouverture, de la sincérité et de
la transparence dans chaque processus de formation et d’ac-
compagnement spirituel.

14.7 Page 137

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Le rôle crucial du pré-noviciat dans l‘initiation à l’accompagnement
personnel salésien requiert une attention continuelle pour cette
phase de formation, spécialement en termes de sélection attentive et
de préparation du responsable et de l’équipe des formateurs. En
même temps la réflexion sur le pré-noviciat nous a rendus plus
conscients du lien étroit entre Pastorale des jeunes et Formation,
avec la nécessité d’un renouvellement continuel de la Pastorale sa-
lésienne des jeunes et de l’aspirantat, dans la variété de ses formes.
181. L’exercice de l’écoute de l’Esprit qui parle à travers nos
136
confrères ouvre la voie à quelques stratégies de grande ampleur.
Nous les présentons dans cette troisième partie, avec des sug-
gestions de possibles lignes d’action qui devront être concréti-
sées ultérieurement, contextualisées et donc réalisées au niveau
régional, provincial et local.
5.2 STRATÉGIES
5.2.1 Clarifier la nature de l’accompagnement
spirituel salésien
182. La première stratégie est de clarifier la nature de l’accom-
pagnement spirituel salésien.
Le présent document peut être considéré comme faisant part
de ce processus, spécialement dans la deuxième Partie, où nous
avons cherché de lire les signaux provenant des voix de nos
jeunes candidats et confrères en formation initiale et des Salé-
siens qui rendent le service de l’accompagnement spirituel, à la
lumière du magistère de l’Eglise et de notre tradition salésienne.
Toutefois ceci n’est que le début du cheminement. Beaucoup doit
encore être fait à travers l’approfondissement, l’assimilation et la
croissance dans ce domaine important de notre vie et de notre mis-
sion, qui est l’accompagnement spirituel personnel salésien. Nous
aurons certainement besoin de faire un investissement généreux en
énergies pour la formation de formateurs et de guides spirituels.
5.2.2 Renouvellement de l’animation
vocationnelle et des aspirantats
183. Une autre stratégie fondamentale est celle de continuer le
renouvellement de la Pastorale des jeunes et d’assurer que les as-

14.8 Page 138

▲back to top
pirantats soient vraiment des expériences de discernement voca-
tionnel à travers l’accompagnement communautaire, de groupe
et personnel. En accord avec les “Orientations sur l’expérience
de l’aspirantat” (prot. 11/0377 - 27 juillet 2011) nous considérons
l’attention aux aspirantats comme une tâche conjointe des dicas-
tères de la Formation et de la Pastorale des jeunes. 1
Il sera important de clarifier la différence entre le recrutement
des vocations et l’accompagnement et le discernement vocation-
nel, en valorisant ce qui est déjà clairement élaboré par la congré-
gation et les documents du synode sur les jeunes (l’Instrumentum
137
Laboris, le Document Final, et Christus Vivit).
Comme nous avons dit (cfr. Ci-dessus section 4.5), il existe une
relation directe entre la qualité de la pastorale des jeunes et l’ani-
mation vocationnelle et les processus de la formation initiale. Plus
l’accompagnement et le discernement vocationnel avant d’entrer
en congrégation est soigné, et meilleur sera la capacité de ceux
qui sont en formation de bénéficier de ce qui leur est offert, inclus
l’accompagnement spirituel personnel. De même, meilleure est
la qualité de la formation et de l’accompagnement spirituel, et
plus la pastorale des jeunes sera peuplées de salésiens capables
d’un bon accompagnement des jeunes vraiment ce qu’elle de-
vrait être: l’accompagnement des jeunes jusqu’à la découverte de
leur vocation et à leur réponse avec une générosité enthousiaste.
Suggestions pour des lignes d’action dans les
régions, les provinces et les communautés locales
1. Etude et évaluation de la part de la Pastorale des jeunes provin-
ciale et des commissions de formation de la mesure dans laquelle
l’accompagnement personnel salésien fait vraiment partie du tra-
vail ordinaire éducatif et pastoral dans les œuvres salésiennes.
2. Etude et évaluation de la part de ceux qui sont plus directe-
ment impliqués dans la Pastorale des jeunes, dans l’animation
vocationnelle et dans la formation initiale, de l’animation voca-
tionnelle au niveau provincial et régional, à la lumière de ce qui
émerge de ces orientations et directives.
3 . Evaluation de l’étude de la théologie pastorale et de la ma-
nière dont les activités pastorales sont accomplies durant la
formation spécifique, à la lumière de la présente étude. La pré-
paration graduelle au service d’accompagnement personnel
est un aspect qualifiant de la formation spécifique salésienne.
1 Cfr. Attard et Cereda, prot. 11/0377 dt. 27 juillet 2011.

14.9 Page 139

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4. Favoriser la régularité et la qualité de l’accompagnement
spirituel personnel dans l’aspirantat, à travers des parcours de
formation et des moments d’évaluation.
5.2.3 Adopter le système préventif comme notre
modèle de formation
184. Recommencer à partir du Système préventif n’est pas tant
une stratégie qu’un processus de conversion et de renouvelle-
138
ment spirituel. C’est retourner à nos racines charismatiques, spé-
cialement à ce testament inspirateur que don Bosco nous a laissé
dans la lettre de Rome de mai 1884.
Cela comporte la migration d’un modèle de formation qui se
concentre sur la conformité extérieure et sur des changements
comportementaux, à un processus d’accompagnement commu-
nautaire et personnel qui reconnaisse e respecte les dynamiques
de grâce et de liberté. Les tendances à se lamenter et à des ju-
gements faciles doivent faire place à la capacité de valoriser et
d’apprécier les jeunes confiés aux communautés et aux équipes
de formation. La formation est question de commencer des pro-
cessus plutôt que de chercher de dominer les espaces.
Ceux à qui est confié le service de la formation sont appelés
à prendre soin d’eux-mêmes et à améliorer et harmoniser leur
personnalité, de manière qu’elle devienne une aide et non un
obstacle aux processus de formation. Ceux qui offrent le service
de guide spirituel devront être constamment conscients que l’ac-
compagnement est une “entreprise à trois”, et qu’ils doivent ap-
prendre à remplir leur rôle de formateurs et de guides, au service
de la rencontre entre la grâce et la liberté.
L’accompagnement de personnes consacrées qui suivent le
Christ obéissant, pauvre et chaste va à la racine des motivations
et implique la totalité du cheminement vocationnel dans son pré-
sent, son passé et son futur. Sans une relation marquée par une
authentique confiance réciproque, le partage à ce niveau de pro-
fondeur ne peut advenir et l’aide qui pourrait être rendue ou reçue
sera minime, sinon insignifiante.
185. Le Système préventif nous appelle aussi à vivre en vé-
rité l’esprit de famille. L’accompagnement communautaire, tant
formel qu’informel, est comme l’autre face de la médaille par
rapport à l’accompagnement spirituel personnel, également es-
sentiel. La présence et la proximité de celui qui est en formation

14.10 Page 140

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sont nécessaires pour créer le climat de confiance et de familiari-
té qui arrive ensuite à maturité dans l’accompagnement spirituel
personnel. Ceci va de pair avec l’apprentissage de l’écoute des
jeunes, non seulement dans la relation un à un, mais aussi dans
les communautés, provinces, régions et congrégation, en passant
de la communication unidirectionnelle au dialogue authentique, et
d’être formateurs qui se limitent à enseigner à être formateurs qui
participent aussi aux moments récréatifs et de travail.
Suggestion pour des lignes d’action contextualisées
139
dans les régions, les provinces et les communautés
locales
1. Liberté, responsabilité, confiance sont les éléments clé pour
tout parcours de croissance et de réponse vocationnelle. Des
instruments pour améliorer la compréhension et l’exercice cor-
rect de la liberté, la responsabilité et la confiance (cours, sé-
minaires, aides....) peuvent être offerts en particulier pour ceux
qui sont au début du cheminement – aspirants, pré-novices,
novices.
2. La commission de Formation et le Conseil provincial peuvent
exercer un discernement attentif/évaluation du personnel salé-
sien à qui les candidats et les confrères en formation initiale
peuvent s’adresser pour l’accompagnement personnel (proxi-
mité, disponibilité, préparation, etc., en incluant aussi les com-
munautés avec des confrères en stage.
3. Des sessions de formation pour les directeurs et confrères
engagés dans le ministère d’accompagnement peuvent être
organisées au niveau provincial ou interprovincial, avec comme
objectif d’aider à bien comprendre la différence entre colloque
avec le directeur et accompagnement spirituel personnel, pour
promouvoir chacune de ces deux formes précieuses et dis-
tinctes de formes d’aide à la croissance.
4. Les commissions provinciales pour la formation peuvent
étudier des voies pour évaluer le niveau de discrétion et de
respect de la réserve dans les processus d’accompagnement
personnel des candidats et des confrères et pour organiser
des sessions de formation, afin de promouvoir la valeur et la
pratique fidèle de la réserve.
5. Avec l’aide de la commission de formation, le provincial peut
revoir le plan de qualification provinciale pour les formateurs,
en évaluant les capacités de relations humaines significatives
pour les confrères intéressés, et en considérant en particulier la

15 Pages 141-150

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15.1 Page 141

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façon dont ont été vécus par eux le stage et le quinquennium.
6. Différentes initiatives à divers niveaux (université, centres
de formation permanente, centres d’études salésiens)
peuvent être entreprises pour réfléchir sur le renouvellement
de la formation en réponse aux changements générationnels
et contextuels, en impliquant les jeunes confrères en forma-
tion initiale.
140
5.2.4 Prendre soin de l’accompagnement
de la communauté
186. Garantir un accompagnement communautaire adé-
quat dans la formation initiale comporte un investissement
dans la formation des directeurs des maisons de formation et
des communautés avec des stagiaires. Cela implique aussi de
s’engager à faire en sorte que les enseignants de nos centres
d’études de la philosophie et de la théologie deviennent plei-
nement conscients du fait qu’ils sont toujours et tout lieu aussi
formateurs.
187. Les processus de formation s’enrichiraient considérable-
ment du point de vue qualitatif s’ils étaient à même d’inclure de
différente façon des personnes des trois états de vie : consacrés,
prêtres et laïcs ; assurant la présence de femmes et de couples
mariés (DF 163-164). Naturellement la congrégation demande
que les Salésiens coadjuteurs fassent partie de l’équipe de for-
mation, avec une préparation adéquate pour la formation et pour
l’accompagnement spirituel.
188. Le colloque avec le directeur peut être redécouvert
dans toute sa potentialité comme un précieux instrument pour
la construction de la communauté, encore plus quand il est dis-
tinct avec clarté de la direction spirituelle (cfr. ci-dessus sections
4.7 et 4.9). De toute façon, la paternité, comporte aussi la respon-
sabilité, et pour ceux qui doivent accomplir des pas importants
dans le discernement vocationnel le directeur reste un point de
référence fundamental, comme gardien du charisma au nom de
toute la congregation; il a une responsabilité directe envers chaque
confrère et sa vocation (C 55).
L’accompagnement personnel salésien ne peut, par conséquent,
être réduit à une expérience privée. Il reflère toujours la vie vécue
en communauté, et dans cette vie il orientera chaque personne, en
encourageant un dialogue continuel entre confrères et en particu-

15.2 Page 142

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lier avec le confrère à qui il a été demandé de rendre ce service de
père de famille.
189. Parce que le Salésien n’est pas seulement membre d’une
communauté religieuse, mais aussi d’une communauté éducative
et pastorale,2 l’expérience d’accompagnement sera conditionnée,
enrichie et modelée par l’interaction avec les laïcs qui partagent
de près notre mission éducative et avec tous ceux avec qui nous
sommes appelés à collaborer. La contribution provenant des di-
vers états de vie à l’intérieur de l’Eglise est un trésor précieux, et
nous devons tous apprendre comment être membres de l’Eglise
141
qui est communion, dans laquelle chaque état de vie a son rôle et
sa tâche en relation aux autres et à leur service. Comme membres
de la communauté religieuse salésienne, nous devons aussi ap-
prendre à exercer notre rôle de “point de référence charismatique”
à l’intérieur de la communauté éducative et pastorale.
Suggestions pour des lignes d’action contextualisées
dans les régions, provinces et communautés locales
1. Investir dans la formation des directeurs des maisons de
formation, y compris les communautés.
2. Valoriser le plus possible le projet communautaire et le pro-
jet personnel de vie, les assemblées communautaires et les
réunions du conseil local, comme instruments importants et
moments d’accompagnement spirituel de la communauté.
3. Consacrer du temps aux rencontres de communauté pour
réfléchir sur la qualité de la vie communautaire et sur le col-
loque avec le directeur, comme instrument pour construire la
communauté.
4. Organiser des cours au niveau provincial et interprovincial
pour les équipes de formateurs de l’aspirantat, du pré-noviciat
et du noviciat, pour développer ces attitudes qui contribuent à
créer un bon environnement familial, qui favorise à son tour un
bon niveau d’accompagnement personnel.
5. Soigner l’initiation des aspirants, pré-novices et novices à
l’accompagnement personnel et à la pratique du diaire person-
nel (journal), à travers des séminaires et avec des instruments
pédagogiques adéquats. .
2 Le directeur salésien (2019) 121-123.

15.3 Page 143

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6. Proposer des moments de “renforcement des capacités”
pour les équipes de formation dans le but d’améliorer la façon
dont sont menées les évaluations périodiques.
7. Soigner l’initiation de ceux qui sont en formation initiale au
travail apostolique dans les communautés éducatives et pas-
torales salésiennes.
8. Indiquer explicitement dans la lettre d’obédience aux
confrères chargés d’enseigner dans les centres pour l’étude
de la philosophie et de la théologie qu’ils sont à la fois ensei-
142
gnants et formateurs.
5.2.5 Garantir la liberté dans l’accompagnement
spirituel personnel
190. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu dans le l’action de
garantir cette liberté qui est au centre du processus d’accompagne-
ment spirituel: la liberté dans le choix du guide spirituel; le modèle de
formation qui soit l’expression du système préventif; la personnalité et
la préparation du directeur ou de celui qui est le premier responsable.
Nos Constitutions et Règlements et la Ratio, comme nous
avons vu, sont prudemment attentifs à tenir ouverte la fenêtre de
la liberté de choix, mais le langage qu’ils utilisent tend à accorder
un poids marqué au choix du directeur comme guide spirituel ; le
directeur est « ordinairement » le guide, proposé et non imposé, il
fonctionne comme maître des novices… (cfr. ci-dessus sections
2.3.7 et 4.6). Surtout dans les domaines où la formation est plus
conformante que transformante, ceci tend à être interprété de
manière erronée aussi bien par celui qui exerce le service d’auto-
rité que par celui qui est en formation initiale.
191. Afin d’éviter de telles situations, qui exercent un impact
sur la majorité des jeunes en formation de notre congrégation,
nous proposons les modifications suivantes de la Ratio.
TEXTE ACTUEL “Il est responsable du processus de formation
personnelle de chaque confrère. Il est aussi le directeur spirituel
proposé, non imposé, aux confrères en formation.” (FSDB 233)
TEXTE PROPOSE Él es responsable del proceso formativo
personal de cada hermano. Si el hermano lo desea, el director
también puede ofrecer su servicio de acompañamiento espiri-
tual personal”. (FSDB 233)

15.4 Page 144

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TEXTE ACTUEL : « 417. Le Directeur continue l’action du
maître de noviciat. Avec intelligence et sagesse, il anime le
milieu et le cheminement de la communauté, suit et aide les
postnovices, en particulier par l’accompagnement person-
nel et l’entretien, la direction spirituelle de conscience et les
conférences périodiques. » (FSDB 417).
TEXTE PROPOSE “Le directeur continue l’action du maître
de noviciat. Avec savoir et sagesse il anime l’environnement et
le cheminement de la communauté, il suit et aide les post-no-
vices particulièrement à travers l’accompagnement person-
nel et le colloque, les conférences périodiques, et, si le jeune
143
confrère le désire, aussi la direction spirituelle de conscience
(FSDB 417).
192. Cette proposition ne modifie rien de notre vénérable tradi-
tion salésienne. Il reste vrai que don Bosco n’était pas seulement
supérieur, mais aussi confesseur et guide spirituel de ses jeunes
et de ses Salésiens. Et c’est ainsi qu’il voulait que soient ses di-
recteurs. Il est tout aussi vrai que, par volonté de l’Eglise, nous
avons accepté que les directeurs ne puissent pas écouter ordi-
nairement les confessions de ceux qui étaient confiés à leur soin,
que ce soit les jeunes ou les confrères. Mais le directeur salésien
reste le guide spirituel de la communauté, avec une responsabilité
spéciale par rapport à chaque confrère, qu’il rencontre réguliè-
rement pour le colloque, et quand l’un ou l’autre confrère lui de-
mande d’être aussi son guide spirituel, il se charge volontiers de
cette responsabilité.
C’est pourquoi nous mettons notre confiance dans le système
préventif, avec le désir de travailler pour une actualisation toujours
plus complète de cette merveilleuse cristallisation des intuitions
pédagogiques de don Bosco, où la familiarité et la confiance sont
méritées et non pas imposées. Nous sommes en train d’opérer
une migration dun système lié à des normes à une harmonie plus
forte avec l’esprit du système préventif, exprimé avec intensité
dans la lettre de Rome.
193. Le point clé est donc comment changer les modèles opé-
rationnels de formation, de manière à bien les accorder avec le
système préventif, et comment rendre au moins plus probable la
présence de formateurs et de guides qui soient à même d’inspi-
rer la familiarité et la confiance, en respectant en même temps
pleinement la liberté de ceux qui leur sont confiés. Nous devons
encourager et soutenir des processus d’animation et de forma-
tion des formateurs et guides spirituels, tout comme de bon gou-
vernement, où se prennent les décisions dans le choix des per-

15.5 Page 145

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sonnes pour la tâche de formation et d’accompagnement, et où
on investit sagement dans leur préparation.
C’est là la stratégie centrale pour affronter le problème difficile
et débattu de la fusion des rôles, de la superposition entre auto-
rité et accompagnement spirituel, qui peut conduire à la peur, à
la conformité externe, et, en général, à vider de son sens la vraie
signification et la fécondité des processus de formation, et, en
particulier, de l’accompagnement spirituel.
144
194. Evidemment, garantir la liberté de choix du guide spirituel
est seulement une face de la médaille. Si la personne en forma-
tion ne décide pas d’être ouverte et transparente avec son guide,
le processus d’accompagnement spirituel personnel est vicié de
l’intérieur et rendu vain. Dans la dynamique de la grâce et de la
liberté, la responsabilité de chaque personne n’est jamais sous-
traite ou diminuée (cfr. ci-dessus section 4.16).
195. Le libre choix du guide spirituel dans le pré-noviciat est un
point particulièrement délicat, comme nous l’avons déjà dit (cfr.
ci-dessus section 4.4). Nous devons garantir avant tout que chez
nos pré-novices prévale l’authentique esprit de famille et la pra-
tique du système préventif, surtout à travers un soin attentif pour
la composition de l’équipe de formation et pour la préparation
préalable des formateurs, et, en particulier, de celui qui est chargé
des pré-novices. Dans une atmosphère de confiance réciproque,
il est possible d’obtenir la confiance des jeunes, en leur garan-
tissant la liberté de base dans le choix de leur guide spirituel. Le
provincial et le délégué provincial pour la formation apporteront
leur contribution à orienter les pré-novices au sujet du rôle délicat
et crucial du responsable, spécialement en ce qui concerne le
discernement vocationnel. Un corrélat est de garantir la liberté de
choix du guide spirituel et de garantir que les membres du groupe
de formation soient spécifiquement préparés pour l’accompagne-
ment spirituel et qu’il y ait au moins un confesseur parmi eux qui
ne fasse pas partie du conseil local.
196. Le guide spirituel doit-il être choisi parmi les formateurs
de l’équipe de la communauté, et doit-il nécessairement être sa-
lésien ? Dans ce cas aussi, le principe de base est le même: il
vaut mieux mettre notre confiance dans la qualité salésienne des
formateurs et de la communauté plutôt que dans une règle ou une
directive. Toutefois il est important d’assurer aussi deux autres
éléments: que le guide choisi soit quelqu’un qui soit familier de
notre charisme et de notre spiritualité et qu’il soit possible de le/
la rencontrer régulièrement. Dans une relation caractérisée par la

15.6 Page 146

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confiance réciproque et la familiarité, le directeur sait comment
dialoguer et faire le discernement avec le confrère en formation
aussi en ce qui concerne le choix du guide spirituel.
5.2.6 Renforcer la figure et le rôle du directeur
197. Nous avons déjà dit que le directeur continue à être res-
ponsable de l’accompagnement formatif, tant communautaire
que personnel, et qu’il a une responsabilité particulière pour la
vocation de chaque confrère (C 55). La figure charismatique et
145
le rôle du directeur salésien ne doivent être minimisés d’aucune
manière. Au contraire, la valeur charismatique salésienne qui est
intimement liée à sa figure doit être encore plus valorisée, en lui
demandant d’être, avec son équipe de formateurs, vraiment et
pleinement les salésiens qu’ils ont professé être. Garantir une
authentique liberté dans le choix du guide spirituel ne peut se
traduire par un abaissement des standards dans le choix des di-
recteurs. L’orientation à suivre est exactement à l’opposé: tous
nos directeurs, et à plus forte raison ceux de nos maisons de
formation, sont appelés à exercer leur paternité et leur autorité de
telle façon que les confrères soient attirés à leur ouvrir leur cœur,
comme cela arrivait avec François de Sales et avec don Bosco.
Le provincial et le délégué provincial pour la formation sont en-
couragés à présenter clairement aux confrères dans la formation
initiale la figure, le rôle et la responsabilité du directeur, en garan-
tissant simultanément la liberté de choix du guide spirituel. Que
ceux qui offrent le service d’accompagnement spirituel, pour leur
part, peuvent aussi toujours suggérer, en particulier dans les mo-
ments les plus importants de discernement vocationnel, de parler
avec le directeur et/ou le provincial.
Suggestions pour des lignes d’action contextualisées
dans les régions, provinces et communautés locales
1. Comme directeurs des communautés de formation, les pro-
vinciaux sont invités à choisir des confrères exemplaires par
leur vie de foi et avec une suffisante expérience pastorale sa-
lésienne, capables d’un authentique dialogue avec les jeunes
confrères (C 104), et de communiquer de manière vitale l’idéal
salésien. Qu’ils leur assurent une préparation adéquate de ma-
nière à favoriser au mieux un rapport de confiance réciproque
avec les jeunes en formation. .

15.7 Page 147

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2. Le directeur reste le guide spirituel de la communauté, en
l’animant à travers des conférences, des mots du soir, des
rencontres, la rédaction du projet communautaire, etc..
3. Le provincial et le directeur s’engagent à faire en sorte que
la dimension charismatique de la formation soit authentique-
ment vécue et conservée.
4. Quand un confrère en fait la demande, le directeur offrira
volontiers le service d’accompagnement spirituel personnel.
146
5. Le directeur convoque périodiquement les réunions de
l’équipe de formation, en incluant aussi ceux qui rendent le
service de guide spirituel, de façon à assurer l’unité de la for-
mation et de créer un espace pour le partage des difficultés
et des défis dans le domaine de la formation et de l’accompa-
gnement.
6. Connaissant l’importance de la présence salésienne, le di-
recteur sera attentif à ne pas assumer des engagements qui le
portent à être trop fréquemment absents de la communauté.
7. Le directeur fera tout ce qui est possible pour être dispo-
nible pour le colloque personnel avec les confrères, en particu-
lier avec ceux en formation initiale (C 70, R 49 e R 79).
5.2.7 Préparation des formateurs et des guides
spirituels
198. La formation et préparation de guides spirituels et des
formateurs en général (directeurs et équipes de formateurs, direc-
teurs de communauté avec des stagiaires et des confères du quin-
quennium, des confesseurs) est clairement une stratégie d’une
importance fondamentale pour renforcer et améliorer la qualité de
l’accompagnement spirituel personnel. Nous avons déjà vu que le
Document final du Synode sur les jeunes insiste sur la nécessité
d’une formation spécifique de guides spirituels (DF 103 et ci-des-
sus la section 3.13). Nous pourrions lire les trois propositions du
n°164 du Document final comme adressées non seulement aux
jeunes en formation mais aussi aux formateurs eux-mêmes : (1)
la formation de guides spirituels menée conjointement par des
laïcs et les prêtres ; (2) l’inclusion dans les curricula de cours et
d’expériences pastorales ; (3) l’insertion graduelle dans la vie et
les activités de communautés éducatives et pastorales. Celui qui
exerce un rôle de guide ou d’accompagnateur doit développer la

15.8 Page 148

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capacité de l’exercer de manière qui fait autorité mais non auto-
ritaire; toute tendance au cléricalisme doit être surmontée: être
capable de travailler en équipe; avoir une sensibilité envers les
pauvres, la transparence de la vie et, une fois encore, la volonté
d’être soi-même accompagné. (DF 163).
199. Même si le thème de l’affectivité et de la croissance hu-
maine pourrait ne pas émerger explicitement dans ces Orienta-
tions et directives, le point central de ce document est de fournir
les conditions qui permettront à ceux qui sont en formation de
parler librement de ce qu’ils ont sur le cœur, entre autre l’affec-
147
tivité, la sexualité et les relations. Depuis le dernier sexennat, le
dicastère pour la Formation a animé les régions pour élaborer des
programmes d’éducation à la sexualité, à l’affectivité et au voeu
de chasteté consacrée. Evidemment les programmes à eux seuls
ne suffisent pas; nous avons besoin de formateurs capables de
créer des espaces dans lesquels celui qui est en formation puisse
trouver à son aise, se sentir en sécurité, et avoir le courage d’ou-
vrir le dialogue même sur ce qui est le plus intime et le plus per-
sonnel. Le défi devant la Congrégation n’est pas tant de parler de
l’affectivité et de la maturité humaine, que de créer les conditions
dans lesquelles une telle croissance peut se produire effective-
ment.
Pendant longtemps nous avons concentré l’attention sur les
jeunes en formation: maintenant nous apprenons à clore le cercle
en tournant aussi notre attention vers les formateurs, dans la
conviction que la formation a lieu dans la relation entre les jeunes
en formation et les formateurs, dans l’interaction entre les as-
pects personnels et communautaires, et où ce « nous » trouve da
maison dans le Nous de Dieu. 3
Suggestions pour des lignes d’action contextualisées
dans les régions, les provinces et les communautés
locales
1. Promouvoir des processus et des initiatives u niveau de la
congrégation, des régions et des provinces pour la formation
des formateurs avec les objectifs et finalités suivantes:
- prêter attention à l’intériorité des formateurs, sur le plan hu-
3 Expression extraordinaire de J. Ratzinger, “On the Understanding of ‘Person’ in The-
ology,” Dogma and Preaching: Applying Christian Doctrine to Daily Life, ed. Michael J.
Miller, Ignatius Press, San Francisco ,2011, 195.

15.9 Page 149

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main et spirituel, et à leur capacité de dialogue, pour qu’ils
soient mieux préparés à se rapporter à la dimension affective
et humaine et avec la culture des jeunes en formation, toujours
plus multicultural et digital.
- soutenir l’acquisition de compétences et de capacités des
formateurs pour qu’ils soient cpabless d’aider à croître dans
la connaissance de soi et à “apprendre de l’expérience”, de
manière à y discerner la voix de l’Esprit (C 98, 119);
- aider les formateurs à avoir une perception holistique de l’ac-
148
compagnement spirituel, capable d’atteindre la totalité de la
personne dans sa dimension physique, émotive et affective,
communautaire, intellectuelle, pastorale et spirituelle, en les
préparant de telle sorte qu’ils soient acocmpagnés et qu’ils
accompagnent.
- apprendre à gérer l’affectivité surtout en soi-même, pour
pouvoir aider les jeunes à eux confiés.
2. Promouvoir une culture de la formation inspirée du système
préventif dans la province, en soignant les aspects suivants:
- l’unité de l’équipe des formateurs avec le directeur;
- la nécessité pour tous les confrères, spécialement les forma-
teurs et ceux qui rendent le service d’accompagnement per-
sonnel, d’avoir leur guide spirituel, suivant l’exemple de don
Bosco lui-même. Le magistère ecclésiastique récent (y com-
pris le synode sur la jeunesse) et les Chapitres généraux 26
et 27 (cfr. Ci-dessus la section 4.15); ceci peut être un point
d’évaluation spécifique avec les membres de l’équipe de for-
mation pendant la visite canonique;
- des idées claires et des convictions sur la réserve relative à
différentes contextes: le sacrement de la Réconciliation, l’ac-
compagnement spirituel personnel, le colloque avec le direc-
teur, l’accompagnement psychologique;
- la distinction entre évaluations périodiques et procédures sui-
vies pour les admissions, en réfléchissant sur le but et les mo-
dalités des évaluations, en impliquant les jeunes en formation
dans le processus d’évaluation;
- assurer que les formateurs et les guides spirituels disposent
du temps suffisant pour l’accompagnement.
3. Certains choix impliquent directement le niveau décisionnel
dans les provinces:

15.10 Page 150

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- choisir les formateurs qui ont eu une bonne expérience du
système préventif pendant leur stage (cfr. C 115), plutôt que de
se concentrer principalement sur ceux qui ont obtenu de bons
résultats dans les études philosophiques ou théologiques;
- assigner les meilleurs guides aux phases initiales (aspirantat,
pré-noviciat), en conformité avec la nature très délicate et en
même temps décisive de ces phases.
4. Demander que le cours de formation des formateurs pour
quatre mois auprès de l’U.P.S. soit aussi offert en anglais, de
149
préférence au premier semestre.
Ecole salésienne d’accompagnement
200. Dans le domaine de la formation des guides spirituels, une
ligne d’action clé au niveau de la congrégation est le lancement
d’une école d’accompagnement salésien, en synergie avec ce qui
est déjà offert dans différentes régions. L’objectif est d’activer les
processus et d’offrir des instruments pour aider les confrères et
les laïcs à devenir des experts dans l’art de l’accompagnement
personnel spirituel salésien. Les modalités doivent tenir compte
de la diversité des contextes dans lesquels le charisme salésien
est à l’oeuvre, en faisant en sorte que celui qui se qualifie dans
ce secteur devienne à son tour un propagateur du don reçu, dans
son milieu d’origine.
Cette école fonctionnera en différentes langues et entend va-
loriser pleinement le potentiel charismatique des lieux salésiens.
Plan de qualification provincial pour la préparation de guides
spirituels
201. Il est demandé aux provinciaux et aux curatorium des mai-
sons de formation interprovinciales de sélectionner attentivement
et de préparer les confrères (et d’autres) pour le service d’accom-
pagnement spirituel. Cela signifie préparer des guides spirituels,
des confesseurs et aussi des directeurs. Ces choix et ces déci-
sions sont non seulement cruciaux, mais aussi porteurs d’effets à
long terme: ils ont un fort impact sur l’identité salésienne et sur la
façon dont nous réalisons notre mission. Par conséquent, pour-
ront en bénéficier non seulement les jeunes en formation initiale,
mais aussi tous les confrères de la province. Nous ne devrions
plus entendre la plainte: “Je ne sais pas à qui m’adresser pour
avoir un guide. Il n’y a pas de confrères préparés”.

16 Pages 151-160

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16.1 Page 151

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Il est demandé aux provinciaux dans leur province et dans les
curatorium, de mettre régulièrement à jour le plan de qualification
qui inclut la préparation de confrères pour le service d’accompa-
gnement spirituel.
202. Les statuts des curatorium doivent être revus de manière
à assurer la contribution de toutes les provinces participantes à la
sélection et à la préparation de formateurs, enseignants et guides
spirituels. Par “provinces participantes” nous comprenons celles
qui ont fait l’option déclarée dans leur directoire provincial d’une
150
maison de formation particulière pour chaque phase. De telles
options n’excluent pas la possibilité d’envoyer des confrères en
d’autres maisons de formation, mais, dans ce cas, il n’y a pas
d’obligation de contribuer avec du personnel pour l’équipe des
formateurs.
Procédure à suivre pour la nomination des directeurs dans
les maisons de formation et pour les maîtres de novices
203. Nous suggérons que le Recteur Majeur et son conseil pro-
mulguent une norme selon laquelle les directeurs des maisons de
formation et les maîtres de novice seront seulement nommés s’ils
ont une préparation préliminaire au service de formation auquel
ils sont appelés. Le module pour leur désignation devrait indiquer
ce prérequis.
Plans de formation et processus de formation
204. A travers des organismes comme les commissions régio-
nales de formation, le dicastère de la formation lancera un proces-
sus d’étude et d’aggiornamento des plans de formation locaux,
de manière à garantir l’inclusion des processus pédagogiques
adéquats pour la croissance dans la foi et dans le charisme.
5.2.8 Faire en sorte que l’accompagnement
spirituel devienne permanent
205. Si la formation est permanente, l’accompagnement per-
sonnel l’est aussi (cfr. Ci-dessus section 4.16). Tous les Salésiens
sont donc invités à avoir un guide spirituel stable et à mettre à
profit l’accompagnement spirituel personnel régulier.
Si l’accompagnement personnel est nécessaire pendant la for-
mation initiale, il est d’autant plus nécessaire quand nous l’avons
conclue, étant donné qu’à partir de ce moment nous sommes ex-

16.2 Page 152

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posés à des situations de vie beaucoup plus engageantes, avec
une grande responsabilité pour la vie et pour la croissance de
beaucoup d’autres personnes. Précisément comme la supervi-
sion est indispensable aujourd’hui dans les professions d’aide,
l’accompagnement personnel est pour nous la façon normale de
croître dans notre vocation, quelle que soit la tâche apostolique
particulière qui nous est confiée. Une fois encore l’expérience de
notre fondateur est significative. La présence de don Cafasso fut
beaucoup plus importante et significative pour la vie et la mission
de don Bosco après son ordination sacerdotale en 1841 qu’elle
ne l’a été dans la période de sa formation initiale. L’encourage-
151
ment que le Pape François a adressé à tous les prêtres dans sa
lettre du 4 août 2019, date du 160ème anniversaire de la mort de
saint Jean-Marie Vianney, va dans le même sens.
Je vous encourage à ne pas négliger l’accompagnement spi-
rituel, à avoir un frère avec qui parler, confronter, discuter et
discerner, en pleine confiance et transparence, son propre
chemin; un frère sage avec qui vivre l’expérience de se sa-
voir disciple. Le chercher, le trouver et profiter de la joie de
vous laisser guider, accompagner et conseiller. C’est une aide
irremplaçable pour pouvoir vivre le ministère en faisant la vo-
lonté du Père (Cf. Hb 10,9) et laisser le cœur battre avec «les
dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2,5). Qu’elles
nous font du bien les paroles de l’Ecclésiaste «Mieux vaut être
deux qu’un seul... S’ils tombent, l’un relève l’autre. Malheur à
l’homme seul : s’il tombe, personne ne le relève» (4,9-10).
Malgré l’insistance de l’Eglise et de la congrégation, l’accompa-
gnement spirituel personnel après la période de formation initiale
est encore un trésor à découvrir et à s’approprier pour beaucoup
de confrères et communautés. Le travail de sensibilisation à ce
sujet doit être attentivement planifié et mené au niveau provincial
et régional. Surtout, un nombre croissant de salésiens doit être
initié et préparé de manière adéquate à ce ministère, en se rappe-
lant que la première et indispensable école est notre expérience
comme accompagnés, notre détermination d’être des ”guides qui
sont guidés ”.
5.2.9 Contextualiser les stratégies
206. Notre étude sur l’accompagnement personnel salésien
nous a donné une perception très fidèle de la diversité qui existe
dans la congrégation. Un telle diversité implique que les straté-
gies suggérées ci-dessus doivent être contextualisées au niveau

16.3 Page 153

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des régions et des provinces. C’est précisément à ces niveaux
que seront élaborées des lignes d’action concrètes et assignées
les responsabilités et les délais.
Nous suggérons par conséquent:
1. Approfondissement des résultats de la recherche sur l’accom-
pagnement personnel salésien au niveau régional et provincial;
2. Etude des orientations et lignes d’action sur l’accompagne-
152
ment personnel salésien dans une optique de contextualisation
et d’exécution;
3. Partage et échange de réflexions et de plans d’action pour pro-
mouvoir l’accompagnement personnel salésien entre les groupes
de provinces et les phases de formation à l’intérieur de la même
région;
4. Dialogue avec les centres régionaux de formation permanente
pour élaborer des plans pour la formation des formateurs, confor-
mément aux réflexions et aux plans d’exécution liés à l’accompa-
gnement ;
5. Implication des délégués provinciaux pour la formation, les
commissions provinciales de formation et les équipes de forma-
teurs, pour assurer une réflexion systématique sur les présentes
orientations et directives dans chaque communauté, à mener
avec les jeunes candidats et confrères en formation. Une atten-
tion particulière sera accordée aux communautés interprovin-
ciales, aux communautés avec des confrères en stage et dans le
quinquennium, et spécialement aux communautés de formation
spécifique, qui sont plus proches du passage de la formation ini-
tiale à la pleine insertion dans les communautés éducatives et
pastorales de la province.
207. Toutefois, l’animation à elle seule ne suffit pas: nous avons
aussi besoin d’un bon gouvernement. Nous rassemblons ici di-
verses suggestions qui ont émergé pour le service du gouverne-
ment:
Au niveau mondial:
1. La proposition d’une nouvelle procédure pour la nomination
des directeurs des maisons de formation et des maîtres de novi-
ciat (cfr. Ci-dessus section 5.2.7).

16.4 Page 154

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Au niveau interprovincial:
2. Renforcer les curatorium pour garantir la sélection, la prépara-
tion et l’engagement à long terme des formateurs, guides spiri-
tuels et enseignants.
Au niveau provincial:
3. Plans de qualification pour garantir une sélection à long terme
et la préparation de formateurs, guides spirituels et enseignants.
4. Garantir la constitution d’équipes de formateurs qui soient qua-
litativement et quantitativement significatives et à même de bien
153
travailler en équipe.
5. Attribuer les confrères en stage et ceux du quinquennium aux
seules communautés où il est possible de garantit un bon accom-
pagnement.
6. Garantir que les délégués provinciaux de la formation rem-
plissent leur travail de réflexion, de planification, d’accompagne-
ment de la formation initiale et post-initiale; le travail d’équipe
et de coordination en réseau avec le provincial et son Conseil,
d’autres délégués provinciaux, le coordinateur régional pour la
formation et la commission régionale ainsi que le conseiller géné-
ral pour la formation.

16.5 Page 155

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16.6 Page 156

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Conclusion
208. Notre étude s’est centrée sur l’accompagnement personnel
155
salésien pendant la formation initiale, avec une emphase particu-
lière sur l’accompagnement spirituel personnel, en tenant consi-
dérant que l’accompagnement personnel inclut d’autres formes
d’accompagnement, comme, par exemple, le sacrement de la
Réconciliation, le colloque avec le directeur, l’accompagnement
psychologique, intellectuel, liturgique et pastoral, comme les éva-
luations périodiques et les scrutins.
Etant donné notre tradition, il était inévitable que l’étude mette
aussi en lumière le colloque avec le directeur et sa relation parti-
culière avec l’accompagnement spirituel personnel.
L’étude a aussi indiqué un très haut niveau d’appréciation en
ce qui concerne le sacrement de la Réconciliation, et une cer-
taine insatisfaction pour l’accompagnement de la communauté
et les évaluations périodiques. Il n’est par contre pas entré dans
les domaines de l’accompagnement psychologique, intellectuel,
liturgique et pastorale, même s’il avait parfois quelque chose à
faire observer quant aux pratiques de piété, comme l’Eucharistie,
la méditation et la liturgie des heures
209. Le fait que la congrégation, à travers deux dicastères, ait
choisi de focaliser son attention pendant deux sexennats sur l’ac-
compagnement spirituel personnel dans la Pastorale des jeunes
et sur les processus de formation, tout comme le fait même la col-
laboration entre les deux dicastères, action qui a conduit à l’éla-
boration du présent texte d’orientations et de lignes directrices,
est en soi représentatif d’un moment très important de notre his-
toire. Providentiellement, le synode sur Les jeunes, la foi et le dis-
cernement vocationnel a justement eu lieu pendant cette période
et, avec grand profit, il y a eu une interaction dialectique entre les
deux processus.
Nous pouvons faire nôtres les paroles du Pape François: du

16.7 Page 157

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synode il nous faut apprendre une méthode, ou mieux un style
d’être Eglise.
Les fruits de ce travail sont déjà en train de “fermenter”, comme
le jus de raisin dans les fûts après la vendange. Le Synode
des jeunes a été une bonne vendange, et promet du bon vin.
Mais je voudrais dire que le premier fruit de cette assemblée
synodale devrait être dans l’exemple d’une méthode que l’on
a cherché à suivre, depuis la phase de préparation. Un style
synodal qui n’a pas comme objectif principal la rédaction d’un
document, qui est toutefois précieux et utile. Mais plus que
156
le document il est important que se répande une façon d’être
et de travailler ensemble, jeunes et anciens, dans l’écoute et
le discernement, pour arriver à des choix pastoraux qui ré-
pondent à la réalité.1
210. Certainement que l’Esprit nous invite aussi, comme
congrégation, à une redécouverte de ce joyau dans la proposition
éducative de don Bosco qui est l’accompagnement spirituel, dans
toute sa richesse et son originalité, avec la présence simultanée
de la communauté, du groupe et des dimensions personnelles
dans une tension féconde et dynamique. Que nos efforts pour
entrer en possession de ce trésor, pour nous préparer à ce service
et accomplir les pas nécessaires en termes d’animation et de bon
gouvernement portent des fruits selon le temps de Dieu, pour le
bien des jeunes et de tous ceux qui partagent la mission de don
Bosco dans le grand mouvement qui tire son origine de lui.
Que la Madone, la petite Bergère, soit notre mère et notre maî-
tresse ! Que notre père don Bosco nous inspire par sa vie et son
exemple et que tous les membres de la famille puissent intercéder
pour nous, à commencer par notre grand et vénéré patron François
de Sales, dont nous célébrerons le 400e anniversaire en 2022.
1 Cfr. Angelus du 28 octobre 2018.

16.8 Page 158

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16.9 Page 159

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16.10 Page 160

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Appendice:
questions et pistes
pour la reflexion
Chap 1 – L’ETUDE DE L’ACCOMPAGNEMENT
159
SPIRITUEL SALESIEN
A. La recherche sur l’accompagnement personnel salésien a
prouvé combien les jeunes en formation sont prêts à contribuer à
une maélioration des processus de formation, en partageant les
opinions et les propositions, quand on les écoute.
Quels processus d’implication des jeunes en for-
mation sont déjà en cours dans notre province?
Quels sont les pas ultérieurs que l’on peut faire
dans cette direction?
B. La croissance de la congrégation dans les années à venir
comme nombre de confrères sera surtout forte en Afrique et en
Asie. La qualité du futur de cette partie toujours plus majoritaire
de la congrégation sera égale à la qualité de la formation qu’on
dispense dans chaque province..
Est-ce que dans la culture et dans le cadre de
valeurs de notre province la conviction grandit
que l’investissement dans la formation est le
plus urgent et plus important “travail salésien”
pour notre futur, avec un impact plus fort que
n’importe quel autre sur la mission qui nous est
confiée auprès des jeunes ?
Deux expressions directes de la valeur que l’on accorde à la for-
mation ans la culture provinciale sont. [1] Combien investit-on
dans la formation, la qualification des confrères dans les do-
maines de spécialisation [2] Comme s’équilibrent la qualification
des confrères et l’expansion vers de nouvelles présences.
Sommes-nous disposés à faire un discernement sérieux
sur les choix que nous faisons sur ces deux fronts et, si
nécessaire, à changer notre stratégie ?

17 Pages 161-170

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17.1 Page 161

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C. La recherche met en évidence la multiculturalité de la congré-
gation avec une nette prédominance de la langue anglaise comme
véhicule culturel de communication.
Quelle est la qualité de l’inter-culturalité dans ta
province? Dans quelle mesure l’apprentissage
des langues devient une partie de la mission
– formation que la province promeut et réalise
surtout avec les jeunes confrères ?
D. La grande majorité des jeunes en formation appartient à la gé-
160
nération des “natifs numériques”, avec un bon groupe qui est né
après l’année 2000. Celui qui se consacre à la formation devrait
être parmi les plus experts dans l’aggiornamento nécessaire pour
le dialogue avec les nouvelles générations, dont les paradigmes
culturels et linguistiques sont décidément différents de ceux des
générations précédentes.
Nos équipes de formation sont-elles prêtes à ce
processus d’aggiornamento constant ? Quels
sont les pas que l’on peut proposer pour favori-
ser ce type d’inculturation aujourd’hui ?
E. Les jeunes en formation plus les destinataires sont les premiers
protagonistes de leur cheminement.
a. L’esprit de famille et le dynamisme caractéristique de notre
mission rendent particulièrement valide la contribution aposto-
lique des jeunes salésiens.
b. Ils sont plus proches des nouvelles générations, capables d’ani-
mation et d’enthousiasme, disponibles pour de nouvelles solutions.
c. La communauté, en encourageant et en orientant cette géné-
rosité, aide à leur maturation religieuse apostolique. (C 46)
Notre communauté provinciale est-elle prête et ca-
pable d’impliquer aussi les jeunes confrères dans
les processus de discernement et de décision
quant à la vie des communautés et de la mission,
qui leur sera confiée? Dans quelle mesure sont-
ils activement protagonistes des choix de fond qui
règlent la vie des communautés de formation ?
Chap 2 – THEMES EMERGENTS
A. Un des appels les plus fortement présents dans la recherche,
dans toutes les phases de la formation initiale et dans toutes les

17.2 Page 162

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raisons, est celui d’une plus grande proximité, dialogue, familiari-
té entre formateurs et jeunes en formation.
Ceci devient un stimulant pour une vérification
sérieuse et détaillée de comment chaque équipe
de formation dans la province, y compris celles
avec des stagiaires, opère en syntonie avec la
familiarité qui est au coeur du système préventif
(lettre de Rome de 1884) ou non, dans la ma-
nière ordinaire d’interagir entre formateurs et
jeunes en formation.
161
B. La recherche indique qu’il existe une distinction nette entre ac-
compagnement spirituel et colloque avec le directeur, aussi bien
dans la façon de comprendre les deux formes de dialogue que
pour la claire préférence à distinguer les personnes à qui se réfé-
rer pour l’un ou l’autre type de rapport.
Comment activer une réflexion attentive et ap-
profondie sur accompagnement spirituel et col-
loque avec le directeur dans les maisons de la
province, à la lumière de ce qui est apparu dans
la recherche et est indiqué dans le présent do-
cument d’orientations et de directives?
C. Le fait que quatre-vingt pour cent indique le pré-noviciat
comme le temps où in commence un parcours d’accompagne-
ment personnel pousse à vérifier avec attention la vie des com-
munautés dans la province en deux directions.
[1] Est-ce que ce qui est offert à l’aspirantat et
au pré-noviciat à chaque candidat est une bonne
initiation à l’accompagnement personnel, sa-
chant que de la façon dont on vit cette première
expérience dépendra grandement la manière de
vivre l’accompagnement dans les phases suc-
cessives ?
[2] L’accompagnement et le discernement voca-
tionnel font-ils intégralement partie de la Pasto-
rale des jeunes dans nos œuvres d’éducation ?
Avec le délégué de la Pastorale des jeunes et
avec ceux qui sont plus directement impliqués
dans la pastorale des jeunes et dans l’anima-
tion vocationnelle, pouvons-nous activer une
sérieuse vérification en ce sens ?

17.3 Page 163

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Le facteur temps peut être l’objet d’une attention particulière, vu
qu’à plusieurs reprises on mentionne dans la recherche que les
salésiens “n’ont pas de temps à consacrer à l’écoute, parce que
trop occupés à d’autres activités”.
D. Un risque qui ressort de manière répétée dans la recherche est
celui du conformisme, quand les jeunes en formation s’adaptent
aux exigences posées devant eux, non pas parce que mus intérieu-
rement par leurs convictions, mais parce qu’il existe un fort élément
de contrôle, et, assez souvent de peur. On court ainsi le risque que
162
même les aspects les plus vitaux du cheminement formatif, comme
la vie de prière, soient conditionnés par un formalisme qui en vide
la valeur de l’intérieur. Ce risque est plus fort où il y a superposition
du rôle d’autorité et du rôle d’accompagnement.
Ceci pousse à une vérification courageuse, avec
l’implication des jeunes, sur l’authenticité et la sin-
cérité de l’engagement dans les processus formatifs,
en vérifiant non seulement la réponse de ceux qui
sont en formation, mais aussi et plus encore le type
d’approche avec lequel on anime et dirige les com-
munautés.
E. De la recherche émerge un signal alarmant du côté de la confi-
dentialité, qui semble être assez faible surtout dans certaines
phases de la formation initiale.
Il convient de faire un sérieux examen dans ce do-
maine, en prenant en considération chaque com-
munauté, pour corriger des erreurs et créer les pré-
supposés nécessaires pour favoriser un authentique
climat de confiance, indispensable pout de départ
pour l’accompagnement personnel salésien et pour
son efficacité.
F. Les évaluations trimestrielles sont une forme d’accompagne-
ment communautaire? La recherche met en évidence beaucoup
d’éléments de difficultés à cet égard.
On propose de vérifier comment ces instruments sont
proposés et vécus dans les maisons de formation de la
province (y compris les communautés avec stagiaires),
de façon à en améliorer la qualité et l’efficacité.
Il importe que la vérification implique les jeunes eux-mêmes, dont
la croissance est l’unique raison qui motive l’exercice des scrutins
trimestriels.

17.4 Page 164

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Chap. 3 – INSPIRATIONS QUI NAISSENT DE
NOTRE TRADITION
A. La réflexion sur la façon dont don Bosco pratiquait l’accompa-
gnement spirituel aide à saisir comment le soin de l’environne-
ment communautaire et du groupe, et l’approche personnelle
sont tous deux fondamentaux pour la croissance.
Comment favoriser dans les maisons de la province
cette harmonie féconde entre climat communautaire
et rapport personnel, en vue de la croissance de cha-
163
cun, formateurs et jeunes en formation?
B. Vivre le système préventif dans l’accompagnement signifie
donner le meilleur de soi dans la qualité des relations.
Comment aider les éducateurs et les formateurs à
renouveler la qualité du système préventif dans le
rapport avec chaque personne, inspirée par le res-
pect de l’autre, la capacité d’écoute, “participant
avec un amour paternel et maternel à la croissance
du sujet”, en collaboration avec les autres?
C. La dimension mystagogique est fondamentale pour l’applica-
tion du système préventif, autrement dit une profonde vie de foi et
de prière, qui est à la base du service éducatif et pastoral que l’on
rend à chacun.
Est-ce là l’horizon de fond que l’on respire et qui anime
l’engagement formatif des confrères dans la province ?
Comment raviver constamment cette dimension por-
tante qui unit spiritualité et service de formation?
Chap. 4 - A L’ECOUTE DE L’ESPRIT
A. Lors de leur rencontre avant le Synode, les jeunes ont tracé un
portrait-type de l’accompagnateur qui a été intégralement repris
par le Pape François en Christus Vivit au n° 246: « Les mêmes
jeunes nous ont décrit quelles sont les caractéristiques qu’ils es-
pèrent trouver chez un accompagnateur et ils l’ont exprimé avec
beaucoup de clarté. « Les qualités d’un tel accompagnateur in-
cluent: qu’il soit un chrétien fidèle et engagé dans l’Eglise et le
monde, qui cherche constamment la sainteté, quelqu’un en qui l’on
peut avoir confiance, qui ne juge pas, qui écoute activement les
besoins des jeunes et y répond avec bienveillance, quelqu’un qui

17.5 Page 165

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aime profondément avec conscience, qui reconnaît ses limites et
comprend les joies et les peines d’un chemin de vie spirituelle. A
leurs yeux, la reconnaissance de leur humanité et de leur vulnérabi-
lité revêt une particulière importance. Parfois les accompagnateurs
spirituels sont mis sur un piédestal, et cela a un impact dévastateur
qui ruine la capacité des jeunes à continuer leurs engagements
dans l’Eglise. Ils ajoutent que les accompagnateurs ne devraient
pas conduire les jeunes comme s’ils étaient des sujets passifs mais
marcher avec eux en leur permettant d’être acteurs de leur chemi-
nement. Ils devraient respecter la liberté des jeunes qu’ils ren-
164
contrent sur leurs chemins de discernement et les équiper pour
discerner en leur donnant les outils utiles pour avancer. Un accom-
pagnateur devrait profondément croire à la capacité du jeune à
participer à la vie de l’Eglise. Il devrait semer la semence de la foi
dans la terre des jeunes sans attendre de voir immédiatement les
fruits du travail de l’Esprit-Saint. Le rôle d’accompagnateur ne doit
pas être limité aux prêtres et aux consacrés, mais les laïcs doivent
être encouragés à prendre aussi part à cette mission. Tous de-
vraient bénéficier d’une sérieuse formation initiale et continue ».
Ce pourrait être une excellente piste de réflexion
dans la province sur le profil que l’accompagnateur
salésien est aujourd’hui appelé à avoir, tant pour la
mission à l’intérieur de la Pastorale des jeunes que
dans les communautés de formation initiale.
B. L’ouverture à la diversité des cultures, situations, générations,
histoires de vie est une attitude qui part de l’intériorité plus que
d’un ajustement extérieur.
Quels sont les domaines de la vie de la province où res-
sortent les diversités les plus grandes et comment ré-
pond-on à ces difficultés? (Bonnes pratiques, éléments
de faiblesse, aspects qui exigent un changement)
C. “La centralité spirituelle de l’accompagnement personnel” de-
mande d’être “équilibrée par une densité charismatique de poids et
de portée égale. “La nature religieuse apostolique de la vocation sa-
lésienne détermine l’orientation spécifique de notre formation” (C 97).
Est-ce que ce sont là les fondements sur lesquels
est basée la formation dans la province, sur lesquels
s’oriente aussi l’accompagnement personnel ? Com-
ment renforcer cette vision spirituelle et intensément
salésienne chez les guides comme chez les jeunes
en formation initiale?

17.6 Page 166

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D. La qualité de la Pastorale des jeunes détermine les processus
de formation.
Proposer une vérification conjointe de la pastorale
des jeunes et de la formation sur l’animation vocation-
nelle, pour évaluer si ce qui est réalisé est en syntonie
avec ce qui depuis des années désormais le Cadre de
référence propose pour l’animation vocationnelle, in-
trinsèque et essentielle pour toute forme de pastorale
des jeunes (CdR 152; 248-249). Une attention particu-
lière doit être accordée aux expériences de l’aspiran-
tat, en les évaluant aussi à la lumière de la lettre de
165
Cereda et Attard sur l’aspirantat (juillet 2011).
E. Pré-noviciat.
Dans la province, donne-t-on au pré-noviciat un poids et
une importance pareils à ceux que l’on donne au novi-
ciat, comme le demande la Ratio, en particulier pour ce
qui concerne le choix du responsable et de l’équipe qui
collabore avec lui (FSDB 345)? Quelle est l’implication
des laïcs dans ce parcours formatif des pré-novices?
F. Grâce et liberté. Cette partie des orientations (121-132) est comme
le fondement théologique de l’accompagnement spirituel salésien.
Plutôt que de se limiter à une demande, on propose
un processus de réflexion et d’étude, de partage et
de dialogue, pour vérifier ensemble avec les équipes
de formateurs et les groupes de jeunes en forma-
tion la syntonie avec ces vérités fondamentales qui
nourrissent les processus d’accompagnement. On
ouvre ainsi la voie aux processus et aux itinéraires
de conversion progressive.
G. Directeur, accompagnateur, confesseur.
Comment ces trois figures sont-elles comprises et va-
lorisées dans les communautés en rapport avec l’ac-
compagnement ? Quelle préparation est proposée pour
ces ministères? Où enregistre-t-on une faiblesse quant
à ces rôles dans la province, comment y remédier dans
l’immédiat et dans une planification à long terme?
H. L’accompagnement de la communauté et de l’équipe de forma-
tion.
On propose une vérification courageuse tant de la

17.7 Page 167

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part des formateurs que des jeunes en formation sur
la valeur formative des communautés et des équipes
comme elles sont actuellement (ex. analyse FFOM).
I. La lettre de Rome de 1884.
On propose de la reprendre comme paradigme de ce
que confiance et ouverture, confidence et familiarité
signifient dans l’accompagnement personnel salé-
sien, à travers une “lectio salesiana” et des moments
166
de partage sur ce texte fondamental e notre tradition.
J. Les modèles de formation.
Plus qu’une demande, on propose une réflexion
calme et attentive de cette partie du document (156-
163) avec une évaluation [1] du modèle vécu dans
sa propre formation, [2] du modèle dont on s’inspire
actuellement [3] et de la perception du modèle que
les jeunes en formation en ont.
K. Le scrutin comme opportunité de renouvellement.
Tandis que l’on vérifie et repense la modalité avec
laquelle les scrutins sont réalisés, on peut activer un
processus conjoint qui portera tant à une amélio-
ration de cet instrument qu’à renouveler la relation
entre équipes et jeunes en formation.
L. Formation des formateurs: deux lignes de vérification sont pro-
posées.
[1] Vérification comme commissions provinciale pour
la formation et comme conseil provincial du discer-
nement pour le choix des formateurs, leur formation,
la préparation spécifique et la formation permanente.
[2] Pour les équipes locales de formation et le for-
mateur: vérifier sa propre ouverture à la supervision,
c’est-à-dire à être “un guide qui est à son tour guidé”
(175-178).
NOTE: la troisième partie (CHOISIR) est déjà toute orientée à des pro-
positions opérationnelles, avec une série de “Suggestions pour des
lignes d’action contextualisées dans les régions, les provinces et les
communautés locales”. Il est par conséquent superflu de proposer des
demandes qui favorisent la contextualisation des orientations dans la
province.

17.8 Page 168

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167

17.9 Page 169

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17.10 Page 170

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Bibliographie choisie
Documents de l’Eglise
169
Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés
de vie apostolique, A vin nouveau outres neuves. Depuis le Concile
Vatican II. La vie consacrée et les défis encore ouverts. Orienta-
tions. Rome 2017.
Congrégation pour le Clergé. Le don de la vocation presbytérale:
Ratio fundamentalis Institutionis Sacerdotalis. Rome 2016.
François. Exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia
sur l’amour dans la famille. Rome 2016.
François. Exhortation apostolique post-synodale Christus vivit.
Rome 2019.
François. Exhortation apostolique Evangelii gaudium sur l’an-
nonce de l’Evangile dans le monde actuel Rome 2013.
François. Exhortation apostolique Gaudete et exsultate sur l’ap-
pel à la sainteté dans le monde contemporain, Rome 2018.
Jean-Paul II. Exhortation apostolique post-synodale Vita conse-
crata sur la vie consacrée et sa mission dans l’Eglise et dans le
monde. Rome 1996.
XV Assemblée Générale Ordinaire du synode des Evêques 2018.
Les jeunes, la Foi et le Discernement vocationnel. Document Final
XV Assemblée Générale Ordinaire du synode des Evêques 2018. Les
jeunes, la Foi et le Discernement vocationnel. Instrumentum Laboris.
Littérature salésienne
Attard, Fabio e Miguel Ángel García, ed. L’accompagnamento spi-
rituale: Itinerario pedagogico spirituale in chiave salesiana al servi-

18 Pages 171-180

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18.1 Page 171

▲back to top
zio dei giovani. Elledici, Torino 2014.
Alburquerque Frutos, Eugenio. “San Francesco di Sales come di-
rettore spirituale: Prassi pastorale nella direzione spirituale del
vescovo di Ginevra” 17-32.
Buccellato, Giuseppe. “L’esperienza della direzione spirituale vis-
suta da Don Bosco negli anni del Convitto ecclesiastico di Torino
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